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VertigO - la revue
électronique en sciences de
l'environnement
Hors-série 12 | mai 2012
Adaptation aux changements climatiques et trames vertes : quels enjeux pour la
ville?
Services écosystémiques et
adaptation urbaine interscalaire
au changement climatique : un
essai d’articulation
ALEKSANDAR RANKOVIC, CHANTAL PACTEAU ET LUC ABBADIE
Résumés
Français English
Le questionnement des liens entre végétation et climat urbain est assez ancien dans l’histoire des
idées, mais il prend une dimension particulière dès lors que l’on remanie les termes du problème
en « services écosystémiques et adaptation au changement climatique ». Cette nouvelle
association appelle à un effort particulier d’articulation et d’évaluation, et donc à un retour sur les
différents enjeux que recoupe l’exploration du lien entre écosystèmes et adaptation urbaine au
changement climatique. L’article revient dans un premier temps sur le concept de services
écosystémiques et propose une première esquisse de cadre pour l’évaluation du recours aux
services écosystémiques comme stratégie urbaine d’adaptation au changement climatique.
Ensuite, une revue des services et desservices écosystémiques en lien avec l’adaptation urbaine
est proposée, tout un insistant sur la nécessité d’une approche intégrée. Enfin, l’article aborde les
jeux d’échelles inhérents à la conception de la durabilité urbaine, et interroge le concept de trame
verte quant à sa pertinence dans le cadre d’une adaptation urbaine interscalaire au changement
climatique.
Interest in the links between vegetation and urban climate dates rather far back in the history of
ideas, but it takes a whole new dimension when reframed as an "ecosystem services and climate
change adaptation" problem. This new association calls for articulation and evaluation, and thus
implies a review of the different issues encountered when exploring the link between ecosystems
and urban adaptation to climate change. In this paper, we first give an overview of the concept of
"ecosystem services". We suggest a framework to analyse the usefulness of this notion in the
design of urban adaptation strategies. We then review ecosystem services and disservices in
relation with urban adaptation, arguing that this requires an integrated approach. Last, we tackle
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cross-scale interactions that are inherent to urban sustainability design, and question the
greenway concept regarding its relevance to cross-scale urban adaptation to climate change.
Entrées d’index
Mots-clés : écosystèmes, services écosystémiques, desservices écosystémiques, adaptation,
changement climatique, urbain, interscalaire, trame verte, ville
Keywords : Ecosystems, ecosystem services, ecosystem disservices, climate change, adaptation,
urban, cross-scale, greenway, city
Lieux d'étude : Europe
Texte intégral
Introduction
1 La journée d’étude ACTV1 a souhaité revisiter le triptyque climat-nature-ville pour
rapprocher les questions liées à l’adaptation urbaine au changement climatique et aux
trames vertes urbaines, en prenant acte qu’une « telle association était encore rare ».
Toutefois, la végétation urbaine avait déjà été désignée par des climatologues comme
outil de mitigation de l’îlot de chaleur urbain depuis le 18e siècle : Noah Webster par
exemple écrivait en 1799 que de « larges rues, bordées par des rangs d’arbres, seraient
infiniment préférables à tout l’ombrage artificiel qui pourrait être inventé. Les arbres
sont les refroidisseurs2 qui nous sont donnés par la nature » (Webster, 1799, cité par
Meyer, 1991). Stephen Smith, chirurgien américain et pionnier des questions de santé
publique, fut en 1872 à l’origine d’un rapport imputant à l’excès de chaleur la
surmortalité estivale3 qui touchait la ville de New York. Fort de ses conclusions, il
travailla ensuite au dépôt d’un projet de loi – non abouti – donnant autorité au
Département des Parcs pour la plantation et l’entretien « d’arbres, de buissons, de
plantes et de vignes dans toutes les rues, avenues, et places publiques de la ville »,
projet qu’il défend en 1899 dans un article au titre évocateur4 (Smith, 1899). Les
publications sur l’ilot de chaleur urbain se comptent aujourd’hui par centaines
(Stewart, 2011), et les études de l’effet refroidissant des espaces verts urbains
constituent aussi un large corpus (voir par exemple Bowler et al., 2010).
2 Ainsi, si nouveauté il y a dans le triptyque climat-nature-ville, il nous semble qu’elle
ne se situe pas dans la question en soi des liens entre végétation et climat urbains, mais
bien dans la nouvelle question du rôle des écosystèmes dans l’adaptation urbaine au
changement climatique. Aborder la gestion des écosystèmes comme outil stratégique
dans ce cadre impose au préalable un vaste travail d’articulation critique. En effet, si de
nombreux exemples de projets « d’adaptation basée sur les écosystèmes » (ecosystem-
based management) sont répertoriés dans la littérature grise (voir par exemple
UNFCCC, 2011), un rapide survol fait apparaître deux limites importantes pour ce qui
nous concerne. La première est que la vaste majorité des exemples ne concerne pas les
écosystèmes urbains, et se concentre sur les écosystèmes agricoles, forestiers ou encore
marins et côtiers (ibid.). La seconde, plus dommageable selon nous, est une certaine
propension à croire au « gagnant-gagnant » systématique entre la grande diversité
d’enjeux que constituent l’adaptation au changement climatique, la protection de la
biodiversité et la gestion des services écosystémiques.
3 Cet article propose donc une série d’articulations entre différents enjeux centraux que
recouvre l’exploration du rôle des écosystèmes dans l’adaptation urbaine au
changement climatique. Tout d’abord, après avoir distingué les objectifs de gestion des
services écosystémiques et de protection de la biodiversité, il s’agira de comprendre de
quelle manière la gestion des services écosystémiques peut s’insérer dans les stratégies
urbaines d’adaptation au changement climatique. Ce sera l’occasion de proposer un
premier cadre d’évaluation de la pertinence du recours aux services écosystémiques
dans des projets d’adaptation urbaine au changement climatique. Ensuite, nous
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utiliserons ce cadre pour structurer une revue des services écosystémiques d’adaptation
au changement climatique, et nous reviendrons sur l’importance d’une prise en compte
intégrée des services et « desservices » écosystémiques, en particulier pour éviter les
risques de maladaptation. Enfin, nous aborderons les jeux d’échelles inhérents à la
conception de la durabilité urbaine, et interrogerons le concept de trame verte quant à
sa pertinence dans le cadre d’une adaptation urbaine interscalaire au changement
climatique.
services écosystémiques aux humains ». Si, dans bien des cas, maximiser la biodiversité
permet d’augmenter les services écosystémiques liés au fonctionnement d’un
écosystème, les cas de figure où un niveau inférieur de biodiversité permettra malgré
tout de maintenir les services écosystémiques sont potentiellement nombreux
également : il doit y avoir, en termes d’objectifs d’intervention sur les écosystèmes, une
distinction analytique fondamentale (Vira et Adams, 2009) à faire entre des objectifs de
biodiversité et des objectifs de services écosystémiques. Évidemment, de nombreuses
synergies peuvent être trouvées entre les deux approches, mais d’un point de vue
logique, la réduction de l’une à l’autre est impossible, voire dangereuse.
7 Il faut souligner que l’on touche ici aux limites de l’argumentaire utilitariste en faveur
de la conservation : on sait que toutes les espèces ne nous sont pas « utiles », au moins
à court terme (rappelons que certaines espèces sont même considérées comme
nuisibles !), et le retour de bâton peut être sévère tant la logique utilitariste peut si
facilement aboutir au « tant pis pour les espèces bonnes à rien, tant pis pour les
écosystèmes encombrants » (Blandin 2010, p. 231). La protection de la biodiversité est
un choix social qui peut se satisfaire à lui-même, et doit probablement reposer sur
d’autres discours de légitimation. Comme le souligne Larrère (2005), « la
"remarquabilité" est une construction sociale, sans rapport évident avec l’intérêt
naturel de la présence d’une espèce (ou d’un habitat) sur un site (ou dans un ensemble
paysager plus vaste) ». Si l’on veut étendre cette remarquabilité à l’ensemble du vivant,
même le plus « ordinaire », les services écosystémiques ne peuvent au mieux que
constituer une étape, et il faudrait selon nous très rapidement réussir à intégrer dans
l’analyse et dans l’action les autres registres d’attachement des humains aux non-
humains7.
8 Nous y reviendrons en dernière partie, mais cette distinction entre objectifs de
biodiversité et de services écosystémiques se pose de notre point de vue avec une acuité
particulière lorsque l’on aborde les trames vertes urbaines et leur rôle dans l’adaptation
urbaine au changement climatique.
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Type de
Définition
stratégie
Choix Les choix s’orientent vers des options flexibles, qui peuvent s’adapter en
préférentiel fonction de l’acquisition d’information (par exemple, le choix des zones
d’options constructibles autour d’un hydrosystème doit appliquer le principe de
réversibles et précaution, et se moduler en fonction des nouvelles connaissances sur
flexibles les zones qui seront exposées aux inondations dans le futur).
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moindre que si l’adaptation doit se faire ultérieurement – "retrofitting" –
et implique de changer tout le système de drainage).
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26 À notre connaissance, la seule publication proposant une revue des services rendus
par les différents types d’écosystèmes urbains est celle de Bolund et Hunhammar
(1999). De manière intéressante, les auteurs développent une approche spécifiquement
urbaine pour classer les services : leur raisonnement consiste d’abord à se demander
quels problèmes les services écosystémiques peuvent contribuer à résoudre au niveau
de la ville, puis à identifier les types d’écosystèmes rendant ces services. Ils relèvent
ainsi six services rendus par sept types d’écosystèmes (Tableau 1) :
27 Les sept types d’écosystèmes identifiés par les auteurs sont : les arbres d’alignement,
les pelouses des parcs, les parcelles forestières urbaines, les terres cultivées urbaines,
les zones humides urbaines, les cours d’eau, les lacs et l’océan (leur modèle d’étude était
Stockholm).
28 Malgré l’intérêt de la vue d’ensemble proposée par les auteurs (même si elle n’est pas
exhaustive), on peut regretter le manque d’informations sur les aptitudes respectives
des différents types d’écosystèmes à rendre tel ou tel service, ce qui ne facilite pas leur
hiérarchisation par rapport à la problématique de l’adaptation. Dans le cadre de celle-
ci, parmi les services que relèvent les auteurs, il semble que ce soient les services de
rafraîchissement, d’épuration de l’air et de drainage des eaux de pluie qui présentent
l’intérêt le plus direct12. Comme nous l’avons souligné au-dessus, les revues exhaustives
sur le sujet semblent inexistantes. Ci-après, nous proposons toutefois quelques
éléments issus de la littérature.
Services de rafraîchissement
29 Concernant le rafraîchissement, ce service est lié au phénomène d’évapotranspiration
et à l’ombrage apporté par les arbres. L’évapotranspiration est le phénomène de
transfert d’eau vers l’atmosphère depuis les systèmes sol-plantes, via l’évaporation de
l’eau des sols et la transpiration des plantes. Elle est un modulateur important du
microclimat : Taha (1997) rapporte des cas où l’évapotranspiration urbaine peut créer
des « oasis de fraîcheur » à la température inférieure de 2°C à 8°C par rapport aux
environs. Le faible taux d’évapotranspiration est l’un des facteurs majeurs de
l’augmentation des températures diurnes en ville, et les espaces verts urbains sont
généralement plus frais : à Tokyo, il a été mesuré que les zones à couvert végétal étaient
en moyenne 1,6°C plus fraîches que les zones sans couvert végétal (cité par Taha, 1997),
et une différence de 2,5°C a été mise en évidence entre des parcs urbains et le milieu
bâti alentour à Montréal (ibid.) ainsi qu’à Valence (Espagne) (Gomez et al., 1998).
Onerc (2010) citent une simulation numérique portant sur la ville de New York et
concluant que la combinaison de plantation d’arbres et de toitures végétalisées
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Évaluation sommaire
33 De ce bref survol, il semble que vis-à-vis de l’adaptation au changement climatique,
les écosystèmes paraissent surtout efficaces pour le rafraîchissement et le drainage.
Concernant l’épuration de l’air, un travail de mise en regard des ordres de grandeur,
entre d’une part la capacité des écosystèmes à stocker les polluants, et d’autre part les
quantités émises et présentes dans l’atmosphère, nous semble nécessaire. Par ailleurs,
s’appuyer sur ces services écosystémiques dans le cadre de l’adaptation peut
vraisemblablement produire des co-bénéfices, par exemple la production de biomasse,
la fourniture d’espaces récréatifs ou encore l’amélioration esthétique de quartiers. Via
des bénéfices en termes de mitigation du changement climatique (par exemple le
stockage biogénique de carbone ou les réductions de consommation d’énergie liées à
une climatisation naturelle), le recourt aux services écosystémiques pourrait constituer
des « adaptations mitigatives », pour reprendre le terme de Simonet (2011). Les coûts
associés à de telles stratégies seraient les coûts initiaux de conception et
d’aménagement puis les coûts liés à l’entretien des écosystèmes. Sur ce dernier point, il
serait important de se reposer autant que possible sur les propriétés auto-organisatrices
des écosystèmes – l’un des objectifs de l’ingénierie écologique – bien que ceci puisse
être en contradiction avec certaines demandes sociales (par exemple, l’exigence encore
fortement ancrée d’avoir des pelouses bien tondues et « propres »). Concernant la
faisabilité, la contrainte majeure est vraisemblablement celle de l’espace. Une
opportunité intéressante, en plus d’interventions sur des sites plus « classiques »
(espaces verts déjà en place), pourrait consister à « hybrider » certains espaces
auparavant imperméabilisés, ou à augmenter la surface de sols (au sens pédologique) là
où il en existe déjà. Les techniques alternatives de gestion des eaux de ruissellement,
par exemple, peuvent être employées au niveau des stationnements, le long des
trottoirs ou encore des rondpoints (Lovell & Johnston, 2009). On peut aussi
évidemment penser aux toitures végétalisées. Au niveau des arbres d’alignement, en
plus de la plantation d’un million d’arbres, la ville de New York prévoit d’agrandir le
volume de sol où les arbres sont plantés (profondeur et surface), et d’installer des
chenaux végétalisés pour collecter et contenir les eaux de ruissellement13. Mais, là
encore, des compromis devront être faits vis-à-vis, dans le cas de la gestion de l’espace
des trottoirs par exemple, des divers réseaux enfouis qui nécessitent de rester
accessible, d’être protégés des racines d’arbres, etc. Il y a là des opportunités
d’innovation importantes pour multiplier les fenêtres d’opportunités, et mieux articuler
les services écosystémiques dans le cadre de stratégies d’adaptation pourrait aider à
mieux formaliser ce que l’on en attend et rendre de telles approches plus crédibles.
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distances de freinage des véhicules par exemple. Escobedo et al. (2011) proposent une
liste plus exhaustive de ces desservices, que nous reproduisons dans le Tableau 2.
35 Des desservices sont vraisemblablement également à prendre en compte dans la
question de l’adaptation urbaine au changement climatique. Comme le notent à juste
titre Gill et al. (2007), les écosystèmes urbains auront besoin d’eau pour fonctionner, et
si leur irrigation est nécessaire, le risque existe d’entrer en compétition avec d’autres
usages de l’eau dans un contexte où cette ressource serait rare. De même, certains
composés émis par les végétaux (notamment les composés organiques volatils) peuvent
aggraver la pollution atmosphérique, et tous les végétaux n’ont pas le même niveau de
transpiration. La sélection des espèces pour les projets devra prendre en compte tous
ces facteurs (résistance au stress hydrique, au stress thermique, bilan net sur la qualité
de l’air, impact microclimatique, etc.) et choisir les espèces selon la combinaison de
traits fonctionnels la plus pertinente par rapport à l’adaptation au changement
climatique. De manière générale, il semble primordial d’intégrer les desservices
écosystémiques à la réflexion, et ce notamment afin d’éviter la « maladaptation », c’est-
à-dire des mesures d’adaptation allant à l’encontre de l’atténuation du changement
climatique (Magnan, 2010). Le cas typique de maladaptation est le renforcement des
systèmes de climatisation, qui aboutit à une émission supplémentaire de gaz à effet de
serre liée à une surconsommation d’énergie ; mais ceci est également valable pour des
écosystèmes urbains nécessitant trop d’entretien (Tableau 2).
36 En outre, dans le cadre d’objectifs de protection de la biodiversité, certains choix
d’adaptation pourraient engendrer des desservices. Par exemple, dans le cas du
rafraîchissement des rues, si l’on trouvait la variété d’arbres optimale en termes de
services et desservices écosystémiques (forte évapotranspiration, fort ombrage, forte
rugosité, forte résistance aux conditions urbaines, faible émission d’allergènes et de
polluants, etc.), la logique utilitariste voudrait que cette espèce soit prépondérante en
ville, ce qui ne serait de toute évidence pas optimal en termes de biodiversité. Cet
exemple peut sembler extrême, mais des cas de ce type existent déjà. Le tilleul argenté
(Tilia tomentosa) par exemple, espèce originaire du bassin méditerranéen, est très
résistant aux conditions urbaines (sécheresse, pollution atmosphérique, etc.) et
esthétiquement assez plaisant : il est de ce fait très utilisé comme arbre d’alignement
dans de nombreuses villes d’Europe occidentale. Or, pour des raisons encore mal
connues, cette espèce entraîne une grande mortalité de plusieurs espèces d’abeilles et
de bourdons, représentant une menace d’extinction pour des populations urbaines, déjà
fragilisées, de ces insectes pollinisateurs (voir Rasmont, 2010).
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Environnementaux Quantité et qualité de l’eau – afflux de fertilisants et de
pesticides
Apports de fertilisants – perturbation des cycles des nutriments
Accroissement des dépenses énergétiques à cause de
l’entretien
Pollution de l’air liée à l’entretien : émission de dioxyde de
carbone et de méthane à cause de la décomposition, polluants
atmosphériques
Émission de composés organiques volatils et d’aérosols
secondaires
Retrait d’espèces natives
Introduction d’espèces invasives
Un besoin de synthèse
37 De toute évidence, les déficits de connaissances et les besoins de recherche qui en
découlent sont nombreux pour évaluer de manière approfondie la pertinence des
stratégies d’adaptation urbaine faisant appel aux services écosystémiques. Sans pouvoir
prédire la direction que prendront les travaux en la matière, on peut néanmoins
s’avancer sur la nécessité de prendre en compte le sujet de manière structurée et
intégrée. La figure 1 regroupe et articule les différents points que nous avons soulevés
au-dessus.
Légende : Pour un contexte urbain donné, une fois identifiées les vulnérabilités climatiques que l’on souhaite
atténuer à l’aide des écosystèmes, la première étape consiste à identifier les écosystèmes en présence ou
potentiellement présents via des projets de restauration ou de création (exemples : restauration des berges
d’un fleuve urbain, création d’une toiture végétalisée). Ensuite, il s’agit de différencier, au moins dans
l’analyse, les objectifs sociaux de protection de la biodiversité et de gestion des services écosystémiques
d’adaptation urbaine aux risques climatiques, pour mieux les articuler. Puis, faire le bilan des services et
desservices écosystémiques, en tenant compte du plus grand nombre possible d’enjeux environnementaux.
Ensuite, articuler services et desservices écosystémiques dans une stratégie d’adaptation et évaluer la
pertinence de ladite stratégie.
38 Il nous reste à présent à aborder le dernier point qui nous interpelle dans le sujet
traité par la journée ACTV, et qui concerne l’échelle à laquelle se conçoit l’adaptation
des systèmes urbains au changement climatique.
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subissent les systèmes urbains (Pacteau, 2011). On retrouve ici, d’une certaine manière,
la vision proposée par Bertrand et Simonet (2012).
villes satellites. La région s’étend jusqu’à une frontière floue, jusqu’à laquelle il y a
dédensification progressive du bâti et des interactions sociales, et une augmentation
corrélée des espaces non-bâtis. Lorsque ces deux tendances, respectivement,
s’inversent, cela signifie que nous entrons dans une autre région urbaine, et que nous
avançons vers son noyau central. Forman, assisté d’une équipe pluridisciplinaire, a
appliqué, sur commande, le concept à la région barcelonaise. En adoptant une vision
prospectiviste, l’équipe a tenté d’identifier les tendances à moyen terme de la région, en
termes d’usage des sols, de disponibilité en ressources, de démographie, etc., et a
proposé différents plans d’aménagement pour la région, avec un accent particulier sur
la mise en place de corridors et la gestion des ressources agricoles et de l’eau.
50 Si le concept de « région urbaine » est particulièrement intéressant par rapport à
l’échelle qu’il adopte, on peut regretter la faible place laissée aux questions de flux
régionaux (c’est encore la connexion biologique qui est prépondérante). Il nous semble
qu’il y a pourtant ici l’occasion d’associer une vision spatialisée d’un métabolisme
urbain régional, faisant écho à l’appel de Billen (2003) à la constitution d’une véritable
« écologie des anthroposystèmes régionaux » mêlant entre autres écologie scientifique
« classique », écologie industrielle (analyse des flux régionaux et identification de
leviers pour circulariser le métabolisme régional) et sciences humaines et sociales
(Billen, 2003). On referait ainsi le lien avec la version métabolique de l’écologie urbaine
initiée par Wolman en 1965 (Wolman, 1965), mais dans une version spatialisée au
niveau des systèmes ville-hinterland et plus équilibrée en termes de collaboration entre
disciplines (voir Barles, 2010 pour une perspective historique sur ces questions). Le
concept d’écocomplexe proposé par Blandin et Lamotte en 1985 (Blandin et Lamotte,
1985) pourrait également enrichir la réflexion, car il reconnaît les « multiples
interdépendances physiques, chimiques, biologiques et humaines [qui] associent les
divers écosystèmes d’un territoire, chacun devenant un élément d’un "système spatial"
à l’échelle duquel il devient possible de développer une analyse structurale et
fonctionnelle » (Blandin 1992, p. 275). L’analyse semble en tout cas se placer dans le
cadre d’une analyse régionale des systèmes socio-écologiques (Bourgeron et al., 2009)
que le concept de trame verte, même s’il répond à des objectifs nécessaires de
connexion biologique, ne recouvre que d’une manière néanmoins très partielle.
Conclusion
51 Penser l’adaptation nécessite de spécifier qui ou quoi s’adapte, à quoi, ainsi que le
cheminement et la forme que cette adaptation peut prendre (Smit et al. 2001). Pour
nous ici, qui ou quoi s’adapte : c’est le milieu bâti, mais également tout le système ville-
hinterland. Le stimulus : les risques climatiques qui pèsent sur le milieu bâti, mais
également les changements d’interaction (nouvelles pressions, renforcement
d’anciennes pressions, raréfaction des ressources locales, etc.) avec les milieux
alentours. La forme de l’adaptation : pour ce qui nous concerne ici, une gestion intégrée
des services écosystémiques au niveau de la région urbaine, avec vraisemblablement
une attention particulière, au niveau de l’urbain dense, aux services de
rafraîchissement, de drainage des eaux et d’épuration de l’air, et au niveau régional aux
services d’approvisionnement.
52 L’objet trame verte fournit un point focal intéressant dans ce contexte, mais peut-être
les questions de l’adaptation et de la durabilité urbaines en appellent-elles à un cadre
conceptuel plus large. Notamment, et c’est en lien avec ce que nous évoquions en
deuxième partie, l’objectif de connexion biologique, dans un objectif de protection de la
biodiversité, nous semble dans l’analyse pouvoir se justifier à lui-même. Chercher des
bénéfices annexes, en termes d’adaptation au changement climatique par exemple, est
également compréhensible et justifié dans une perspective de multifonctionnalité des
territoires. Toutefois, on peut se demander si le but premier des trames vertes ne risque
pas d’être « dilué » dans des attentes qui le dépassent finalement largement.
Réarticuler la trame verte dans un ensemble plus vaste de stratégies d’adaptation
urbaine au changement climatique pourrait permettre de lui donner une identité claire,
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et donc pouvoir affirmer avec peut-être plus de force ses objectifs premiers. Cela
pourrait revenir, par exemple, à toujours bien appuyer les objectifs de connexion
biologique dans des objectifs plus généraux de connectivité écologique.
53 L’exploration des liens entre écosystèmes et stratégies d’adaptation au changement
climatique crée de nombreux besoins de recherche en écologie, et on peut en citer
quelques-uns. Tout d’abord, si de nombreuses études sur l’impact du changement
climatique sur les écosystèmes existent déjà et sont en cours, il nous semble que l’étude
du rôle des écosystèmes comme outil d’adaptation reste encore largement à
développer ; il y a là un besoin important de création d’interfaces entre l’écologie et les
recherches sur l’adaptation au changement climatique, que nous avons à peine
esquissées ici. De même, consolider la théorie et la pratique de la gestion des services
écosystémiques nécessite obligatoirement une collaboration poussée avec l’ensemble
des sciences humaines et sociales, et vraisemblablement les autres sciences de
l’environnement. L’écologie des milieux urbains doit continuer de se renforcer, de
nombreuses connaissances fondamentales manquent encore. Enfin, penser la
connectivité écologique régionale demande de faire appel aux domaines de l’écologie
indusrielle et du métabolisme urbain qui étudient les flux anthropiques de matière et
d’énergie. Enfin, le caractère heuristique de ces questions nous semble être une
occasion particulièrement féconde d’un travail réflexif particulier pour les sciences
écologiques. La nécessité posée à l’écologie d’intégrer les problèmes de structure et de
fonctionnement dans une perspective spatialisée et temporelle la renvoie au
(sempiternel) problème du rapprochement entre ses composantes fonctionnelle,
populationnelle, évolutive et paysagère, rapprochement qu’il sera sans doute nécessaire
d’adresser pour que l’écologie contribue de son plein potentiel à cette thématique.
54 Il y a ici des perspectives d’échanges disciplinaires incroyablement féconds, qui
permettront souhaitons-le de mieux comprendre comment les écosystèmes, à la fois
enjeu (on cherche à les protéger) et moyen (on leur demande de nous protéger !) de
l’adaptation, s’intègrent dans une perspective régionale d’adaptation urbaine à un
changement climatique à l’ampleur incertaine.
Remerciements
55 Les auteurs remercient la région Ile-de-France, le GIS R2DS, le GIS « Climat,
Environnement, Société » et le PIR IngECOtech (CNRS, Cemagref-IRSTEA) pour leur
support financier. Ils remercient chaleureusement Philippe Boudes, Raphaël Billé et
Benoît Geslin pour leurs commentaires sur une version précédente du manuscrit.
56 Bibliographie
Bibliographie
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globaux. In Barbault, R. et Chevassus-au-Louis, B. (Dir.). Biodiversité et Changements Globaux.
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Billen, G., 2003, From ecology of natural systems to industrial ecology. The need for an extension
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Notes
1 « Adaptation aux Changements Climatiques et Trames Vertes : Quels enjeux pour la ville ? », 1er
Avril 2010, GIS « Climat, Environnement, Société » – ANR Trame Verte Urbaine – LADYSS-
CNRS – MNHN – EIVP – REEDS/UVSQ, École d’Ingénieurs de la Ville de Paris, Paris.
http://www.gisclimat.fr/sites/default/files/Journee_0104.pdf (dernière consultation le 25
janvier 2012)
2 "Trees are the coolers given us by nature.", souligné par nous.
3 Avec la culture médicale de l’époque : la motivation était anticontagioniste, l’excès de chaleur
devant être combattu, car censé augmenter la quantité de miasmes et de gaz de putréfaction dans
l’air, auxquels la surmortalité estivale était attribuée (Smith 1899, Meyer 1991).
4 "Vegetation as a remedy for the summer heat of cities.", sous-titré "A plea for the cultivation of
trees, shrubs, plants, vines, and grasses in the streets of New York for the improvement of the
public health, for the comfort of summer residents, and for ornementation".
5 L’article 2 de la Convention sur la Diversité Biologique définit la diversité biologique comme
suit : « Variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les
écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques
dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle
des écosystèmes ».
6 La citation suivante en est un exemple particulièrement parlant : « Le temps est passé où les
protecteurs de la nature parlaient seulement au nom de la morale et de l’esthétique. Il n’est guère
à l’honneur de l’homme de devoir ainsi admettre que ces deux valeurs humaines, parmi les plus
pures et les plus élevées, n’ont cependant sur son comportement qu’un pouvoir déterminant
incontestablement faible. Aujourd’hui, l’heure est venue d’invoquer en faveur d’une vaste action
conservatrice des sols, des couverts végétaux et des faunes sauvages, un ensemble d’arguments
anthropocentriquement utilitaires, donc convaincants pour les masses. » Jean-Paul Harroy,
Secrétaire Général de l’UIPN, 1949, cité par Blandin (2009).
7 Ceci est d’ailleurs très bien présenté dans le rapport du Millenium Ecosystem Assessment dédié
spécifiquement à la biodiversité, à partir de la page 77 notamment, et la figure 6.1. p. 81
(Millenium Ecosystem Assessment 2005). Les auteurs y soutiennent que le niveau de biodiversité
que l’on peut espérer en 2100 ne sera à son niveau le plus élevé que si les considérations non-
utilitaristes sont prises en compte, et à un niveau bien supérieur à celui obtenu si c’est
uniquement le rôle de la biodiversité dans le lien B-FE-SE qui est considéré.
8 Costanza (2008), dans une mini controverse l’opposant à Wallace (une réponse à son article de
2007) pose très bien le problème des approches cherchant à définir des typologies standards trop
rigides pour les services écosystémiques : « La solution de Wallace au problème de classification
pourrait marcher si le monde avait des frontières toujours bien délimitées, des processus
linéaires sans rétroactions, une distinction claire entre les moyens et les fins, une faible
incertitude, un seul usage pour les systèmes de classification, et des individus qui connaissent
toujours tout sur le monde et la façon dont celui-ci affecte leur bien-être – en d’autres mots une
planète bien différente de celle que nous habitons. » (p. 350).
9 Dans un rapport sur l’adaptation des villes au changement climatique, l’Observatoire national
sur les effets du réchauffement climatique revient sur les impacts attendus du changement
climatique sur les villes, impacts qui s’ajoutent et menacent d’aggraver des risques déjà existants
(Onerc, 2010). On peut ainsi citer, en termes d’aléas : l’augmentation de la fréquence des vagues
de chaleur estivales, s’ajoutant au stress thermique déjà présent et lié à l’effet d’îlot de chaleur ; la
diminution des ressources en eau, problématique en terme de quantité, mais également de
qualité de l’eau, les polluants pouvant se trouver plus concentrés à cause de débits d’étiages plus
faibles ; un impact sur la qualité de l’air, la chaleur augmentant notamment l’intensité de
réactions photochimiques à l’origine de pollutions à l’ozone troposphérique ; les inondations liées
aux crues et au ruissellement, les épisodes de fortes pluies pouvant dépasser les capacités des
réseaux de drainage des eaux de pluie, problème aggravé par l’imperméabilisation des sols en
ville ; la submersion des zones côtières, à cause de la montée permanente des eaux et/ou des
épisodes de fortes tempêtes où l’eau est chassée vers l’intérieur des terres ; enfin, on peut
attendre des changements dans les aires de répartition des maladies, la modification des flux
migratoires ou encore l’augmentation du phénomène de retrait-gonflement des argiles.
L’augmentation des risques associés, quel que soit le secteur envisagé, sera liée aux enjeux en
présence et à leur vulnérabilité, ce qui sera évidemment fonction des spécificités du contexte
général de chaque ville.
10 Les univers controversés s’opposent aux univers stabilisés et sont caractérisés par les
propriétés qui suivent. (1) La perception des problèmes par les personnes ayant à décider ne peut
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se faire directement, elle repose sur « une construction scientifique, administrative, médiatique
et politique préalable » (Godard et al., 2002, p. 55), donc ici notamment sur les sciences
climatiques et leur appréhension par les acteurs de la vie publique. (2) En outre, une partie des
acteurs concernés sont « absents ou privés de tout moyen de faire connaître leurs préférences et
de peser sur les choix collectifs » et l’intégration dans le débat de leurs préférences, intérêts et
droits est dépendante de leur prise en compte par les acteurs présents (ibid.) : il en va ainsi des
générations futures qui verront leurs sociétés placées dans des conditions environnementales
semble-t-il bien différentes de celles où nous nous trouvons aujourd’hui. (3) De plus, les
phénomènes en jeu sont frappés « d’une présomption d’irréversibilité qui en démultiplie la
gravité potentielle et la complexité » (ibid., p. 56-57), ce qui est le cas des modifications en cours
du climat. (4) Enfin, le degré de stabilisation des connaissances scientifiques est faible, « les
savoirs scientifiques disponibles sont partiels, hypothétiques et marqués de façon durable par
diverses controverses scientifiques et sociales quant à la réalité, aux causes ou aux conséquences
des dangers » (ibid., p. 57), ce qui est le cas de nos connaissances sur l’amplitude et les
conséquences du changement climatique.
11 Sans le faire toujours toutefois, cf. par exemple la construction en zones à haut risque
d’inondation.
12 Nous ne traiterons pas de la question ici, mais on peut également penser aux écosystèmes
côtiers qui peuvent dans une certaine mesure diminuer la vulnérabilité aux inondations (voir par
exemple Costanza et al. 2008).
13 http://www.nyc.gov/html/planyc2030/html/home/home.shtml,
http://www.milliontreesnyc.org/html/about/about.shtml
14 Selon l’article L371-1 de la Loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour
environnement : « La trame verte et la trame bleue ont pour objectif d’enrayer la perte de
biodiversité en participant à la préservation, à la gestion et à la remise en bon état des milieux
nécessaires aux continuités écologiques, tout en prenant en compte les activités humaines, et
notamment agricoles, en milieu rural. »
15 Selon le projet ANR Trame Verte Urbaine : « La trame verte est un outil d’aménagement du
territoire, constitué de grands ensembles naturels et de corridors les reliant ou servant d’espaces
tampons. La trame verte est un projet de maillage vert qui met en connexion des chemins, des
haies ou des canaux sous forme de corridors qui permettent les flux d’espèces animales et
végétales. » http://www.trameverteurbaine.com/spip.php ?rubrique7
16 Une zone de connexion biologique est « [un] ensemble de corridors qui pourrait être constitué
aussi bien de haies, ruisseaux, bords de route, bois, cultures, qui serviront chacun au
déplacement d’un type d’espèce » (Clergeau, 2001, p. 28).
URL http://journals.openedition.org/vertigo/docannexe/image/11851/img-
1.png
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Auteurs
Aleksandar Rankovic
Doctorant à l’UPMC, chercheur contractuel CNRS, Laboratoire Bioemco, École Normale
Supérieure, 46 rue d’Ulm, 75230 Paris Cedex 05, Courriel : aleksandar.rankovic@ens.fr
Chantal Pacteau
Chargée de recherche CNRS, Directrice adjointe à l’interdisciplinarité du Groupe d’Intérêt
Scientifique « Climat, environnement, société », Laboratoire Bioemco, Université Pierre et Marie
Curie – Paris VI, 4 place Jussieu - Case 120 - 75252 PARIS, Courriel :
chantal.pacteau@gisclimat.fr
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