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revue neurologique 166 (2010) 816–821

Journées internationales de la SFN 2010

Maladie de Parkinson : de la physiopathologie des troubles


psychiques à la maı̂trise du traitement dopaminergique
Behavioral disorders in Parkinson’s disease: From pathophysiology to
the mastery of dopaminergic treatment

S. Thobois a, C. Ardouin b, E. Schmitt b, E. Lhommée b, H. Klinger a, J. Xie a, C. Lagrange b,


A. Kistner b, M. Aya Kombo b, V. Fleury b, A. Poisson a, V. Fraix b, E. Broussolle a,
P. Pollak b, P. Krack b,*
a
Service de neurologie C, université Lyon-I, hospices civils, hôpital neurologique Pierre-Wertheimer, 69500 Bron, France
b
Université Joseph-Fourier, UM des troubles du mouvement, clinique universitaire de neurologie, pavillon de neurologie,
CHU de Grenoble, 38043 Grenoble cedex 9, France

info article r é s u m é

Historique de l’article : Introduction. – Les troubles psychiques de la maladie de Parkinson peuvent être classés dans
Disponible sur Internet le deux catégories opposées : hypodopaminergiques s’ils sont liés à la dénervation dopami-
23 août 2010 nergique et hyperdopaminergiques s’ils sont en rapport avec le traitement dopaminergique.
État des connaissances. – L’apathie est le trouble comportemental le plus fréquent dans la
Mots clés : maladie de Parkinson. Elle fait partie d’un syndrome comportemental hypodopaminergique
Maladie de Parkinson plus large comprenant, par ailleurs, l’anxiété et la dépression. La stimulation subthala-
Dopamine mique, autorisant un sevrage en traitement dopaminergique à un stade avancé de la
Comportement maladie de Parkinson, constitue un modèle d’étude de certains signes non moteurs
Apathie dopa-sensibles. Les fluctuations non motrices qui sont essentiellement des fluctuations
Dépression de l’état psychique traduisent une dénervation mésolimbique mise en évidence en tomo-
Anxiété graphie par émission de positons, la sensibilisation du système mésolimbique dénervé
Syndrome de dysrégulation expliquant les troubles comportementaux hyperdopaminergiques. Les signes psychiques
de la dopamine liés à la dénervation mésolimbique déterminent la qualité de vie plus que les signes moteurs
liés à la dénervation nigrostriatale.
Perspectives et conclusions. – Ces constatations nous amènent à proposer une nouvelle prise
en charge de la maladie en soulignant : (1) l’importance du suivi neuropsychologique pour
détecter les signes psychiques hypodopaminergiques appartenant à la maladie et les signes
hyperdopaminergiques comportementaux liés au traitement et (2) en redéfinissant le rôle
respectif des agonistes dopaminergiques et de la L-dopa dans la prise en charge des signes
non moteurs et moteurs.
# 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : Paul.Krack@ujf-grenoble.fr (P. Krack).
0035-3787/$ – see front matter # 2010 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.neurol.2010.07.006
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abstract

Keywords: Introduction. – Behavioral changes in Parkinson’s disease are complex and their pathophy-
Parkinson’s disease siology is not yet fully understood. The dopaminergic system seems to play a major role and
Dopamine most of the behavioral disorders in Parkinson’s disease can be classified into either hypo-
Behavior dopaminergic if related to the disease itself or hyperdopaminergic if related to dopaminergic
Apathy treatment.
Depression State of the art. – Subthalamic stimulation, which enables withdrawal of dopaminergic
Anxiety medication at an advanced stage in the disease, provides a model for the study of certain
Dopamine dysregulation syndrome nonmotor, dopamine-sensitive symptoms. Such a study has shown that apathy, which is the
most frequent behavioral problem in Parkinson’s disease, is part of a much broader hypo-
dopaminergic behavioral syndrome which also includes anxiety and depression. Nonmotor
fluctuations – essentially fluctuations in the patient’s psychological state – are an expression
of mesolimbic denervation, as shown in positron emission tomography. Drug-induced
sensitization of the denervated mesolimbic system accounts for hyperdopaminergic behav-
ioral problems that encompass impulse control disorders that can be alternatively classified
as behavioral addictions. The association of impulse control disorders and addiction to the
dopaminergic medication has been called dopamine dysregulation syndrome. While L-dopa
is the most effective treatment for motor symptoms, dopamine agonists are more effective
in improving the nonmotor levodopa-sensitive symptoms. On the other hand, L-dopa
induces more motor complications and dopamine agonist more behavioral side effects.
There is increasing data and awareness that patients’ quality of life appears to be dictated by
hypo- and hyperdopaminergic psychological symptoms stemming from mesolimbic dener-
vation and dopaminergic treatment rather than by motor symptoms and motor complica-
tions related to nigrostriatal denervation and dopaminergic treatment.
Perspectives. – Better management requires knowledge of the clinical syndromes of hyper-
and hypodopaminergic behaviors and nonmotor fluctuations, a better understanding of
their underlying mechanisms and the development of new evaluation tools for these
nonmotor symptoms.
Conclusions. – The neurologist who strives to gain mastery of dopaminergic treatment needs
to fine tune the dosage of levodopa and dopamine agonists on an individual basis, depending
on the presence of motor and nonmotor signs respectively.
# 2010 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. L’apathie parkinsonienne 2. Modèle du patient parkinsonien stimulé.

L’apathie fait partie des symptômes de la maladie de Parkinson, Le bénéfice moteur du traitement par stimulation du noyau
et comme la dépression ou l’anxiété elle peut précéder les subthalamique – visant essentiellement la partie sensorimo-
symptômes moteurs. Les patients l’expriment fréquemment en trice de cette cible – permet un sevrage important en
termes de « fatigue », en précisant parfois « fatigue traitement dopaminergique. La stimulation subthalamique
intellectuelle » ou « fatigue mentale ». Cette « fatigue » se décrit a mis à jour un nouveau profil de maladie de Parkinson : des
comme un manque de désirs, d’idées, d’envies, une difficulté à patients pratiquement sans handicap moteur mais qui se
concrétiser un projet et/ou une platitude émotionnelle. Le désir révèlent moins actifs, apathiques, voire moins heureux
de se faire plaisir est éteint, sans sentiment d’ennui ou de qu’avant leur chirurgie. Cette dissociation entre l’état moteur
souffrance. Par conséquent, une plainte spontanée d’apathie et l’état psychique pose question et a été discutée de façon
est rare. On peut identifier trois composantes de l’apathie controversée dans la littérature. L’apathie postopératoire est-
(cognitive, comportementale et émotionnelle), qui se traduisent elle directement liée à la stimulation du noyau subthala-
toutes par une réduction des activités volontaires. L’apathie mique (Drapier et al., 2006 ; Le Jeune et al., 2008 ; Le Jeune et al.,
parkinsonienne est fréquente, de 16 à 42 % selon l’instrument 2009 ; Temel et al., 2009) ou correspond-elle à un sevrage
d’évaluation utilisé (Dujardin, 2007 ; Pluck et Brown, 2002) et elle dopaminergique (Czernecki et al., 2008 ; Funkiewiez et al.,
reste souvent sous-évaluée au profit de la dépression. Il est vrai 2004 ; Krack et al., 1998 ; Krack et al., 2002) ? Afin de répondre à
que la distinction entre une apathie, une dépression ou une cette question, nous avons mené une étude clinique des
inhibition anxieuse n’est pas toujours aisée, mais peut être facteurs prédictifs de l’apathie postopératoire et une étude en
facilitée par l’utilisation d’outils adaptés. L’apathie parkinso- imagerie de la dénervation dopaminergique mésolimbique
nienne est en partie attribuée à la dénervation dopaminergique chez un groupe de patients devenus apathiques comparés à
mésocorticolimbique et semble répondre au traitement dopa- un groupe de patients contrôles non apathiques (Thobois
minergique (Czernecki et al., 2008 ; Remy et al., 2005). et al., 2010).
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3. Facteurs prédictifs d’une apathie dopaminergiques) puis après administration de méthylphé-


postopératoire nidate, une substance qui augmente la libération de dopamine
et permet de mesurer la capacité de libération de dopamine au
Dans cette étude prospective, nous avons surveillé l’apparition niveau des terminaisons dopaminergiques. Nous avons
d’une apathie au cours de la première année de traitement par observé, avant méthylphénidate, que les index de fixation
stimulation subthalamique et recherché les facteurs prédictifs du [11C]-Raclopride étaient plus grands chez les apathiques au
de cette apathie postopératoire (Thobois et al., 2010). Les niveau du cortex orbitofrontal, dorsolatéral, temporal et
agonistes dopaminergiques étaient arrêtés en phase post- cingulaire postérieur de manière bilatérale, au niveau du
opératoire immédiate et la L-dopa rapidement diminuée en striatum dorsal et ventral gauche et de l’amygdale droite. Cela
fonction de l’état moteur du patient suite à la mise en route de la traduit une baisse du taux de dopamine endogène et/ou une
stimulation subthalamique. L’apathie et la dépression étaient augmentation de la densité des récepteurs dopaminergiques
évaluées de façon mensuelle en utilisant l’échelle d’apathie de D2/D3. Après méthylphénidate, le déplacement du [11C]-
Starkstein et l’inventaire de dépression de Beck. En cas Raclopride était plus important chez les non apathiques au
d’apparition d’une apathie ou d’une dépression, le piribédil, niveau du cortex orbitofrontal et dorsolatéral préfrontal
un agoniste dopaminergique, était introduit. Les fluctuations gauche, du cortex cingulaire antérieur et postérieur bilatéra-
non motrices préopératoires de la vie quotidienne ont été lement et du thalamus et pallidum interne gauche. Cela
évaluées en utilisant l’échelle d’évaluation comportementale traduit une plus grande capacité de libération de dopamine et
(Ardouin et al., 2009). De plus, lors d’un test à la L-dopa, les une plus grande densité ou « réactivité » des terminaisons
fluctuations aiguës de l’humeur, de l’anxiété et de la motivation dopaminergiques chez les patients qui ne développent pas
ont été quantifiées en utilisant des échelles spécifiques en phase d’apathie après stimulation du noyau subthalamique. L’effet
« off » et « on ». L’analyse des prédicteurs de l’apathie s’est faite psychostimulant du méthylphénidate n’était en revanche
avec un modèle de Cox. Chez 63 patients consécutifs traités par observé que chez les sujets apathiques, peut-être via un
stimulation subthalamique, le traitement dopaminergique était mécanisme de désensibilisation incomplet au niveau post-
diminué de 82 % en postopératoire. Une apathie apparaissait au synaptique. Nos résultats corroborent ceux d’une autre étude
bout de 4,7 (3,3–8,2) mois chez 34 patients et était réversible chez qui a montré une corrélation entre apathie, dépression et
50 % d’entre eux au 12e mois. Dix-sept patients, parmi lesquels dénervation dopaminergique et noradrénergique au niveau du
un seul n’appartenait pas au groupe apathique, ont développé, thalamus et striatum ventral (Remy et al., 2005). À l’inverse, il
au bout de 5,7 (4,7–9,3) mois, une dépression transitoire (durée est bien établi que le syndrome de dysrégulation dopaminer-
maximale quatre mois). À l’état de base avant chirurgie, les gique chez le patient parkinsonien est lié à une sensibilisation
fluctuations psychiques étaient plus marquées dans le groupe de la libération de dopamine au niveau du striatum ventral
de patients ayant développé une apathie après chirurgie. Dans (Evans et al., 2006 ; Steeves et al., 2009). On peut en déduire que
le modèle de Cox, en analyse univariée, ces fluctuations les fluctuations non motrices (Maricle et al., 1995) sont liées à
psychiques non motrices préopératoires étaient des facteurs une dénervation mésolimbique dopaminergique. Notre travail
prédictifs de l’apparition d’une apathie postopératoire, ce qui souligne qu’un profil particulier de dénervation dopaminer-
n’était pas le cas pour l’état moteur ou cognitif ni pour la baisse gique à prédominance mésolimbique rend certains patients
du traitement dopaminergique. En analyse multivariée, les plus vulnérables que d’autres à l’apparition d’une apathie
fluctuations non motrices de la vie quotidienne et les lorsque le traitement dopaminergique est réduit après
fluctuations aiguës du score d’anxiété lors du test à la dopa stimulation du noyau subthalamique (Thobois et al., 2010).
étaient deux facteurs prédictifs indépendants d’apparition
d’une apathie postopératoire.
5. Le syndrome hypodopaminergique
comportemental
4. Dénervation dopaminergique
mésolimbique L’apathie, la dépression et l’anxiété font partie de la maladie
de Parkinson dont le phénotype varie selon la topographie
Afin de mieux comprendre le rôle de la dénervation exacte de la dénervation dopaminergique. Ce syndrome
dopaminergique mésolimbique dans la physiopathologie de hypodopaminergique comportemental peut être démasqué
l’apathie parkinsonienne, nous avons mené une étude en après chirurgie par la baisse du traitement dopaminergique
tomographie par émission de positons (TEP) utilisant le [11C]- (Thobois et al., 2010), de façon comparable au syndrome de
Raclopride, un ligand des récepteurs dopaminergiques D2 et sevrage dopaminergique décrit chez le patient non opéré
D3 (Thobois et al., 2010). Cette étude a été conduite après (Maricle et al., 1995 ; Rabinak et Nirenberg, 2010). Cet état
stimulation du noyau subthalamique et réduction majeure du psychique est souvent exprimé par le patient en termes de
traitement dopaminergique chez 12 patients devenus apa- fatigue ou de douleur gênant toute activité (Fig. 1).
thiques et 13 patients qui ne sont pas devenus apathiques
(groupe témoin) sur 12 mois de suivi. En plus d’un score
pathologique d’apathie, les patients apathiques avaient des 6. Qualité de vie et syndrome
scores plus élevés de dépression et d’anxiété que les témoins, hypodopaminergique
même si en moyenne ces scores n’étaient pas pathologiques.
Tous ont passé un examen TEP [11C]-Raclopride avant (étude L’apathie, la tristesse et l’anxiété, signes non moteurs les plus
du taux de dopamine endogène et de la densité des récepteurs fréquents de la maladie de Parkinson (Chaudhuri et al., 2006 ;
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[(Fig._1)TD$IG]
ou de réadaptation à une « vie normale » qui nuisent à la
qualité de vie.

7. Traitement du syndrome
hypodopaminergique par des agonistes
dopaminergiques

Une étude « non contrôlée » a montré une très bonne réponse


de l’apathie parkinsonienne au traitement par le ropinirole
(Czernecki et al., 2008). Dans une étude contrôlée en double
insu, le pramipexole a amélioré la dépression parkinsonienne
(Barone et al., 2009). Une étude en double insu est actuellement
en cours pour tester l’intérêt d’un traitement par piribédil sur
l’apathie postopératoire. Un premier résultat a montré que la
dépression postopératoire apparaissant dans un contexte
d’apathie postopératoire est réversible suite à l’introduction
d’un agoniste lors de l’évaluation en ouvert un an après
Fig. 1 – Le syndrome hypodopaminergique. Les plaintes chirurgie (Thobois et al., 2010). Les effets bénéfiques du
des patients en termes de fatigue ou de douleur piribédil sur les scores de dépression, d’apathie et d’anxiété
correspondent au pic de l’iceberg, partie visible, exprimée, sont présentés dans le Tableau 1 illustrant une amélioration
qui peut cacher un syndrome hypodopaminergique : de l’ensemble du syndrome hypodopaminergique par un
apathie, anxiété, dépression (Aquarelle par Daniel agoniste dopaminergique lors d’une évaluation en ouvert un
Ardouin). an après chirurgie (Ardouin et al., 2009).
The hypodopaminergic syndrome. The typical complaints of
the patients of fatigue or pain represent the visible tip of the
iceberg. These complaints expressed by the patient should 8. Dénervation mésolimbique : facteur de
incite the neurologist or neuropsychologist to screen for risque pour développer des troubles
apathy, anxiety and depression. Apathy, an apathetic hyperdopaminergiques ?
presentation of depression and anxiety are not always very
obvious in the context of a consultation where the patient is Les patients souffrant d’un syndrome de dysrégulation
stimulated and reassured. These symptoms can also be dopaminergique (associant trouble de l’impulsivité ou addic-
masked by drug condition (douleur = pain; fatigue = fatigue; tion comportementale à l’addiction au traitement dopami-
apathie = apathy; anxiété = anxiety; nergique) (Lawrence et al., 2003) développent une
dépression = depression). sensibilisation du striatum ventral mésolimbique corrélée à
la sévérité de l’addiction au traitement dopaminergique et à
l’importance des troubles comportementaux hyperdopami-
nergiques appétitifs. Notre étude en imagerie (Thobois et al.,
Martinez-Martin et al., 2007) ont, sur la qualité de vie du 2010) a montré que les patients avec des fluctuations non
patient parkinsonien, une influence parfois plus importante motrices plus sévères ont une dénervation mésolimbique plus
que les signes moteurs. La dépression explique déjà 60 % de la sévère. Cette dénervation mésolimbique à l’état non traité
dégradation de la qualité de vie du patient parkinsonien explique le syndrome hypodopaminergique et semble être
(Schrag et al., 2000 ; Schrag, 2006). L’anxiété et la « fatigue » ont également le principal facteur de risque pour développer une
aussi été identifiées comme prédictives de la qualité de vie sensibilisation et un syndrome hyperdopaminergique, tout
(Barone et al., 2009 ; Rahman et al., 2008). La « fatigue » est la comme la dénervation nigrostriatale, qui explique l’akinésie,
plainte subjective principale du patient. Elle peut être présente est le facteur de risque principal d’apparition de dyskinésies
à tout stade de la maladie mais elle surprend d’autant plus si (Nutt et al., 1996). Les agonistes dopaminergiques actuelle-
elle est isolée et si les signes moteurs sont peu visibles comme ment utilisés (à la différence notable de l’apomorphine qui est
en début de maladie ou chez un patient à un stade plus avancé un agoniste D1/D2) ont une affinité plus particulière pour la
traité par stimulation du noyau subthalamique. The doctor is famille du récepteur dopaminergique D2 qui inclut le
happy, the patient less so (le médecin est content, mais pas le récepteur D3 spécifique du système mésolimbique. Cela
malade) (Agid et al., 2006) reflète l’étonnement du neurologue explique non seulement que les agonistes soient plus efficaces
devant l’insatisfaction de certains patients pourtant très que la L-dopa sur le syndrome hypodopaminergique mais
améliorés par la chirurgie sur le plan moteur. Cette insatisfac- aussi qu’ils induisent plus de troubles comportementaux
tion exprime des difficultés d’ajustement familial, social et hyperdopaminergiques. La L-dopa à l’inverse est plus puis-
professionnel. Même si les causes peuvent être multifacto- sante sur les signes moteurs mais au prix d’une tendance plus
rielles et complexes (Agid et al., 2006 ; Schüpbach et al., 2006), importante à induire des dyskinésies. Ainsi, agonistes dopa-
l’apathie, interprétée comme un syndrome de sevrage psy- minergiques et L-dopa sont bien complémentaires et ont
chique du traitement dopaminergique (Thobois et al., 2010) chacun leur place dans la prise en charge du patient
paraı̂t être le facteur principal de ces difficultés d’adaptation parkinsonien.
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Tableau 1 – Évaluation non motrice chez 12 patients parkinsoniens consécutifs ayant développé une apathie de sevrage
après un délai moyen de 4,5 mois après chirurgie (TX), la stimulation subthalamique ayant permis une diminution de
80 % de leur dose équivalente de dopa journalière. Un an après chirurgie (T12), suite à l’introduction de piribédil, les scores
d’apathie, de dépression et d’anxiété ont évolué favorablement. À noter que la dose de L-dopa et les paramètres de
stimulation restaient stables entre TX et T12 (Ardouin et al., 2009).
Nonmotor evaluation in 12 consecutive patients who had developped apathy after subthalamic stimulation allowing for
withdrawal of dopaminergic treatment. This hypodopaminergic withdrawal syndrome occurred after a mean delay of 4.5 months
after surgery (TX). One year after surgery (T12), after introduction of piribedil, a dopamine agonist drug, the scores of apathy,
depression and anxiety were all improved. The daily doses of L-dopa and stimulation parameters had remained stable between TX
and T12 (Ardouin et al., 2009).
TX T12 p

Apathie (échelle de Starkstein) 20,9  4,1 12,5  5,4 p < 0,01


Dépression (Beck Depression Inventory) 15,8  6,5 9,6  6,6 p < 0,05
Anxiété (Beck Anxiety Inventory) 11,3  10,1 5,6  5,4 p < 0,05
L-dopa (mg/j) 183  166 225  158 NS
Piribédil (mg/j) 0 242  85

9. Vers une nouvelle prise en charge de la détecter précocement des changements anodins du compor-
maladie de Parkinson ? tement, de classer ces comportements en hypo- ou hyper-
dopaminergiques et d’éviter par une adaptation du traitement
L’apathie et plus globalement le syndrome hypodopaminer- l’apparition de troubles importants. Les outils plus experts et
gique est délétère pour la qualité de vie du patient, mais il est chronophages des neuropsychologues serviront de base à la
amélioré par un traitement par agoniste dopaminergique. Il prise en charge du patient ayant développé des comporte-
est donc de première importance de rechercher ce syndrome, ments qui posent problème.
de le reconnaı̂tre à travers le discours du patient, à travers ses Le neurologue doit viser la maı̂trise du traitement dopami-
mots et ses maux. Comme nous l’avons souligné précédem- nergique qui prend en compte les signes moteurs et non
ment, des plaintes telles que « fatigue » ou « douleur » doivent moteurs de la maladie. Selon les recommandations actuelles, le
mettre en alerte. La Movement Disorder Society (MDS) a revu choix entre agonistes dopaminergiques et L-dopa est très
récemment l’échelle Unified Parkinson’s Disease Rating Scale fortement orienté par l’âge du patient (Conférence_De_
(UPDRS) en mettant un accent plus important sur les signes Consensus, 2000). Ainsi, le patient jeune est traité par agonistes
non moteurs de la maladie de Parkinson en publiant l’échelle dopaminergiques en première intention dans le but de différer
MDS-UPDRS (Goetz et al., 2008). Face à la fréquence et à la les complications motrices, puis par L-dopa. Chez le patient âgé,
répercussion de ces symptômes comportementaux, des outils on privilégie la L-dopa du fait de la « réserve cognitive » moindre
spécifiques évaluant plus finement l’apathie, la dépression et favorisant une vulnérabilité à certains effets secondaires des
l’anxiété nous semblent très utiles pour le suivi longitudinal agonistes notamment les hallucinations et la psychose. Nous
d’un patient. Tout traitement dopaminergique impose aussi proposons, non pas de changer mais de pondérer ces
une surveillance ciblée permettant de détecter des troubles recommandations en prescrivant les agonistes en première
hyperdopaminergiques. intention si les signes psychiques hypodopaminergiques sont
L’évaluation comportementale de la maladie de Parkinson au premier plan et la L-dopa si les signes moteurs sont au
couramment appelée échelle Ardouin est un outil récent premier plan. Ainsi, chaque classe de médicaments a sa place
spécifiquement construit pour identifier les troubles compor- spécifique. Les doses d’agonistes sont à adapter de façon très
tementaux aussi bien hypodopaminergiques qu’hyperdopa- individuelle en surveillant leur tolérance comportementale. Le
minergiques. Cet instrument qui appartient au matériel des traitement par L-dopa vise l’amélioration des signes moteurs
neuropsychologues permet de bien identifier le profil compor- avec un traitement d’emblée fractionné insistant sur la
temental d’un patient parkinsonien et permet une quantifica- recherche d’une dose unitaire adaptée pour chaque patient
tion des troubles hypo- et hyperdopaminergiques facilitant afin d’éviter au mieux les dyskinésies. Ainsi, le traitement sera
une adaptation ciblée du traitement dopaminergique. Au-delà adapté au phénotype du patient qui varie en fonction de
de cet instrument utile pour anticiper, prévenir, ou prendre en l’étendue des dénervations nigrostriatale et mésolimbique
charge des troubles comportementaux avérés, des échelles sous-jacentes (Thobois et al., 2010).
d’autoévaluation sont utiles comme instruments brefs per-
mettant de détecter de façon précoce des troubles du
comportement. Un outil d’autoévaluation de pathologies Conflit d’intérêt
hyperdopaminergiques avérées a été proposée récemment
(Weintraub et al., 2009). Une échelle d’évaluation brève P.P., P.K. ont reçu des bourses de la part de Medtronic pour
permettant de détecter non seulement des pathologies l’enseignement et la recherche dans le domaine de la
psychiatriques hyperdopaminergiques à la phase d’état mais stimulation cérébrale profond. P.P., P.K., S.T., E.B. ont reçu
aussi des changements du comportement plus précoces à la une bourse de recherche du laboratoire Euthérapie pour des
fois dans le sens hyper- et hypodopaminergique sera bientôt études en cours sur l’effet du piribédil sur l’apathie post-
proposée. Un tel instrument permettra au neurologue de opératoire. P.P., P.K., S.T., E.B. ont reçu des remboursements de
surveiller le comportement lors du suivi longitudinal, de frais de déplacement pour des participations à des congrès
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scientifiques de la part des laboratoires Medtronic et Euthé- Krack P, Pollak P, Limousin P, Hoffmann D, Xie J, Benazzouz
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