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CHAPITRE
Suites et principe de
récurrence
L’effet domino est une réaction en chaı̂ne qui peut se produire lorsqu’un
changement mineur provoque un changement comparable à proximité, qui
provoquera un autre changement similaire, et ainsi de suite au cours d’une
séquence linéaire. Il a fallu plus de 300 ans pour formaliser le raisonnement
par récurrence C’est Fermat et Pascal au XVIIe qui jetteraient les bases
de ce type de preuve, le principe fut axiomatisé par Peano (mathématicien
italien) à la fin du XIXe.
1 Généralités
Une suite numérique est une fonction de N (ou une partie de N) dans R
Définition 1 u: N→R
n 7→ un
Remarques.
• Une suite (un ) est définie par une formule explicite lorsque il existe une relation
directe entre le terme un et n, pour tout n ∈ N.
• Une suite (un ) est définie par récurrence lorsque il existe une relation entre chaque
terme un et le ou les précédent(s) pour tout n ∈ N∗ .
Exemples.
1. La suite (un ) définie sur N par un = 2n2 + n + 5 est définie de manière explici-
tement en fonction de n.
2. La suite (vn ) définie par v0 = 1 et vn+1 = 2vn + 3 pour tout n ∈ N est définie
par récurrence. Le calcul d’un terme nécessite de connaı̂tre le terme précédent.
Dire d’une suite (un ) qu’elle est croissante (resp. décroissante) signifie que pour
Définition 2 tout entier n
un 6 un+1 (resp. un > un+1 ).
Remarques.
• Une suite (un ) est strictement croissante (resp. strictement décroissante) si pour
tout entier n, on a un < un+1 (resp. un > un+1 ).
• Il existe des suites ni croissantes ni décroissantes, par exemple la suite u définie pour
n
tout entier n par un = (−1) .
Méthodes.
Pour étudier le sens de variation d’une suite (un ) on pourra :
• étudier le signe de la différence un+1 − un ;
• lorsque pour tout entier n, un est non-nul et de signe constant on peut comparer le
un+1
rapport à 1 ;
un
• si pour tout entier n on a un = f (n) avec f une fonction définie et monotone sur
[0; +∞[ alors la suite u et la fonction f ont la même monotonie.
Dire d’une suite (un ) qu’elle est majorée (respectivement minorée) signifie qu’il
existe un réel M (respectivement m) tel que pour tout entier n, un ≤ M (respec-
Définition 3 tivement un ≥ m).
Dire d’une suite (un ) qu’elle est bornée signifie qu’elle est minorée et majorée c’est-
à-dire il existe un réel m et un réel M tels que pour tout entier n, m ≤ un ≤ M .
2
Exemple. Soit la suite (un ) définie sur N par un = 2 − (2n + 3) . La suite (un ) est
minorée en effet pour tout n ∈ N on a :
2
(2n + 3) > 0
2
−(2n + 3) 6 0
2
2 − (2n + 3) > 2
un > 2
3 Chapitre 1. Suites et principe de récurrence
Remarques.
• La propriété Pn peut être de différentes natures égalité, inégalité, proposition . . .
• Les conditions d’intialisation et d’hérédité sont indispensables (cf contre-exemples)
• La condition d’hérédité est une implication, on suppose que Pk est vraie puis on
tente de montrer que Pk+1 est vraie.
k+1 2
On souhaite démontre qu’alors la pro- X k(k + 1)(2k + 1) + 6(k + 1)
position Pk+1 est aussi vraie. Pour cela i2 =
i=1
6
on a : k+1
k+1 k X (k + 1)[k(2k + 1) + 6(k + 1)]
i2 =
X X 2
i2 = i2 + (k + 1) 6
i=1 i=1 i=1
k+1
or on a supposé que Pk est vraie. On X (k + 1)[2k 2 + 7k + 6]
remplace : i2 =
i=1
6
k+1
X k(k + 1)(2k + 1) 2 k+1
i2 = + (k + 1) X (k + 1)(k + 2)(2k + 3)
i=1
6 i2 =
i=1
6
La propriété Pk+1 est vraie
3
3 Limite d’une suite
3 1 Limite infinie
uN1
A1
un
x
n N1
De même, une suite (un ) a pour limite −∞ quand n tend vers +∞ si tout intervalle
de la forme ] − ∞; A[ contient tous les termes un à partir d’un certain rang.
Exemple. La suite (un ) définie sur N par un = n2 a pour limite +∞. En effet
pour√tout A ∈ R+ , l’intervalle ]A; +∞[ contient tous les termes de la suite (un ) pour
n > A.
3 2 Limite finie
suite convergeante
Une suite admet pour limite le réel l si tout intervalle ouvert contenant l contient
Définition 5 tous les termes de la suite à partir d’un certain rang.
On note lim un = l.
n→+∞
5 Chapitre 1. Suites et principe de récurrence
2n + 1
Exemple. Soit (un ) définie sur N par un = .
n
La suite (un ) est convergente et a pour limite 2.
Considérons un intervalle ouvert I =]2 − α; 2 + α[ avec α > 0.
1
Tout d’abord remarquons que un = 2 + .
n
1
Si n > E + 1 (E désigne la fonction partie entière), on a
α
1
< α d’où 2 − α < un < 2 + α.
n
admis
Théorème 2
Lorsqu’elle existe la limite d’une suite est unique.
Exemples.
n
1. La suite (un ) définie sur N par un = (−1) alterne entre les valeurs −1 et 1.
2. La suite définie par vn = cos n sur N n’ a pas de limite, ses termes ne s’accumulent
autour d’aucune valeur et sont uniformément répartis dans l’intervalle [−1; 1].
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
5
4 Limites et comparaison
wn
un
vn
4 2 Théorème de comparaison
5 Opérations et limites
5 1 Somme
Limite de (un ) l l +∞ −∞
Limite de (vn ) l0 ±∞ +∞ −∞
0
Limite de (un + vn ) l+l ±∞ +∞ −∞
Dans le cas où lim un = −∞ et lim vn = +∞ on ne peut pas tirer de conclusion
n→+∞ n→+∞
générale pour (un + vn ), il s’agit d’une forme indéterminée.
5 2 Produit
Limite de (un ) l l 6= 0 +∞ +∞ −∞
0
Limite de (vn ) l ±∞ +∞ −∞ −∞
0
Limite de (un × vn ) l×l ∗∞ +∞ −∞ +∞
∗ : + ou − appliquer la règle des signes.
Dans le cas où lim un = 0 et lim vn = ±∞, on ne peut pas tirer de conclusion
n→+∞ n→+∞
générale pour (un × vn ), il s’agit d’une forme indéterminée.
5 3 Quotient
Limite de (un ) l l +∞ −∞
0 0 0
Limite de (vn ) l 6= 0 ±∞ l 6= 0 l 6= 0
un l
Limite de ( ) 0 ∗∞ ∗∞
vn l0
∗ : + ou − appliquer la règle des signes.
Dans les cas où lim un = ±∞ et lim vn = ±∞, lim un = 0 et lim vn = 0, on ne peut
un
pas tirer de conclusion générale pour , il s’agit de formes indéterminées.
vn
Exemples.
1. Soit (un ) la suite définie sur N par un = 2n2 + n + 1.
Cette suite est la somme de deux suites (2n2 ) et (n + 1) or lim 2n2 = +∞ et
n→+∞
lim n + 1 = +∞ donc la limite de la somme est +∞ d’où lim un = +∞.
n→+∞ n→+∞
n+1
2. Soit (vn ) la suite définie sur N par vn = .
n2 + 1
Cette suite est un quotient de deux suites (n+1) et (n2 +1) or lim n+1 = +∞
n→+∞
et lim n2 + 1 = +∞
n→+∞
Il s’agit d’une forme inderterminée, on ne peut pas conclure en utilisant les régles
opérations et limites . Cependant on peut écrire vn sous forme factorisée :
n(1 + n1 )
vn = 2 pour tout n ∈ N∗ .
n (1 + n12 )
1 1 + n1
soit vn = × on reconnait un produit et un quotient.
n 1 + n12
1 1 + n1
On a lim = 0 et lim = 1 d’où lim vn = 0.
n→+∞ n n→+∞ 1 + 12 n→+∞
n
7
6 limites de suites arithmétiques et géométriques
6 1 Suites arithmétiques
On rappelle que le terme de rang n d’une suite arithmétique (un ) de premier terme u1
et de raison r est un = u1 + (n − 1)r.
Si le premier terme est u0 alors le terme de rang n est un = u0 + nr.
6 2 Suites géométriques
On rappelle que le terme de rang n d’une suite géométrique (un ) de premier terme u0
et de raison q est un = u0 × q n .
Si le premier terme est u1 alors le terme de rang n est un = u1 × q n−1 .
Démonstration.
• Pour q > 1 il existe un réel a > 0 tel que q = 1 + a, on utilise l’inégalité de Bernouilli
n
d’où pour tout n ∈ N on a (1 + a) > 1+na soit q n > 1+na or lim 1+na = +∞
d’après le théorème de comparaison on a lim q n = +∞
• Pour −1 < q < 1, le cas q = 0 se résume
àn une suite constante égale à 0. Si q 6= 0
1 1
alors on peut considerer la suite . On a > 1 comme vu précédement
n |q| |q|
1 n
on a lim = +∞. Par passage à l’inverse on en déduit que lim |q| = 0
|q|
soit lim q n = 0.
9 Chapitre 1. Suites et principe de récurrence
Dans le cas général, pour étudier le comportement d’une suite géométrique on utilise
cette propriété en tenant compte du signe du premier terme u0 puisque pour tout
entier n on a un = u0 × q n .
u0 < 0 u0 > 0
q 6 −1 Pas de limite
Propriété 3
−1 < q < 1 la suite (un ) tend vers 0
q=1 la suite (un ) tend vers u0
q>1 la suite (un ) tend vers −∞ la suite (un ) tend vers +∞
Si une suite croissante a pour limite l, alors tous les termes de la suite sont inférieurs
Propriété 4
ou égaux à l.
Ce théorème est un théorème d’existence, il justifie l’existence d’une limite finie mais
ne précise pas cette limite.
9
EXERCICES
O”nffl `affl R0 = 0 6= 1
n
3
un = 4 −2
4 ˜l„˛h‹y˙p`o˘t‚h`è˙sfi`e ”nffl’`e˙sfi˚t ¯p`a¯s ”vfléˇr˚i˜fˇi`é´e `a˚uffl
.
n2 + n + 2
Correction et commentaires en vidéo https://www. ˚r`a‹n`g 0 `d`o“n`c Rn 6= .
youtube.com/watch?v=bi1SEak9WMw 2
Ci-dessous la solution proposée par l’élève B :
2 Formule explicite bis.
Soit (un ) la suite de premier terme u0 = 1 définie P̀o˘u˚rffl n = 1 `o“nffl R1 = 2
12 + 1 + 2 4
sur N par un+1 = un + 2n + 3. `eˇt = =2
2 2
1. Étudier le sens de variation de la suite u.
˜l„˛h‹y˙p`o˘t‚h`è˙sfi`e `e˙sfi˚t ”vfléˇr˚i˜fˇi`é´e `a˚uffl ˚r`a‹n`g 1
2. (a) Montrer que pour tout entier n, un > n2 .
(b) En déduire la limite de la suite u. S˚u¯p¯p`o¸sfi`o“n¯s `qfi˚u`e ¯p`o˘u˚rffl ˚t´o˘u˚t n `o“nffl
3. Conjecturer une expression de un en fonc- `a˚i˚t
tion de n, puis démontrer la conjecture par n2 + n + 2
Rn =
récurrence. 2
(n + 1)2 + (n + 1) + 2
Rn+1 =
3 Somme de produits. `a˜l´o˘r¯s 2
Soit Sn = 1 × 2 + 2 × 3 + . . . + n(n + 1) pour n entier n2 + 3n + 4
Rn+1 =
naturel. 2
˜l„˛h‹y˙p`o˘t‚h`è˙sfi`e `e˙sfi˚t ”vfléˇr˚i˜fˇi`é´e `a˚uffl ˚r`a‹n`g
1
Montrer que Sn = n(n + 1)(n + 2).
3
n + 1.
4 Somme des n premiers carrés.
n
X D`o“n`c `dffl’`a¯p˚r`è˙s ˜l´e ¯p˚r˚i‹n`cˇi¯p`e `d`e ˚r`é-
Soit, pour n un entier naturel non nul, Sn = k2 . `cˇu˚r˚r`e›n`c´e `o“nffl `affl ¯p`o˘u˚rffl ˚t´o˘u˚t `e›n˚tˇi`eˇrffl
k=1
Démontrer par récurrence que Sn = n>1
n(n + 1)(2n + 1) n2 + n + 2
Rn = .
6 2
Expliquer pourquoi aucune des deux réponses
5 Factorielle et inégalité. d’élèves n’est satisfaisante puis en rédiger une
Montrer que pour tout entier naturel non nul n : qui le soit.
n−1
X 7 Variation de fonction et de suite.
p! 6 n!
Soit h la fonction définie sur R \ {−2} par h(x) =
p=0
7x − 4
x+2
6 Copie d’élèves. 1. (a) Déterminer les limites de h aux bornes de
On considère n droites du plan non parallèles deux son domaine de définition.
à deux ni concourrantes trois à trois. On note Rn (b) Déterminer h0 la fonction de dérivée de h
le nombre de régions du plan délimitées par ces n puis étudier le signe de h0 (x) pour tout x
droites. de R \ {−2}.
11 Chapitre 1. Suites et principe de récurrence
Limites
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