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La pathologie douloureuse non traumatique de l’épaule a gagné en importance ces dernières années. Les
raisons en sont notamment le vieillissement de la population et par conséquent l’augmentation de la
fréquence des lésions dégénératives de l’épaule. Le diagnostic d’une épaule douloureuse est avant tout
clinique. L’interrogatoire permet de préciser les caractéristiques de la douleur. L’examen physique cherche
une limitation passive ou active des mouvements articulaires de l’épaule, une recrudescence de la douleur
aux manœuvres contre résistance et des arguments pour des douleurs projetées : névralgie
cervicobrachiale. Les radiographies standards de l’épaule sont indispensables pour visualiser des
anomalies osseuses. Elles peuvent être complétées par l’échographie, l’imagerie par résonance
magnétique, la tomodensitométrie ou l’arthroscanner de l’épaule. Au terme de ce bilan se distinguent les
épaules douloureuses simples, bloquées, les épaules pseudoparalytiques et les épaules instables. Environ
80 % des douleurs de l’épaule non traumatique sont abarticulaires, dominées principalement par l’épaule
instable, la pathologie liée à la pratique du sport chez le sujet jeune et la pathologie dégénérative au-delà
de 40 ans. Le traitement est le plus souvent médical, incluant des anti-inflammatoires, des antalgiques,
des infiltrations locales et de la kinésithérapie. Le traitement chirurgical n’est préconisé qu’en dernier lieu.
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Urgences 1
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24-410-A-20 ¶ Épaule douloureuse non traumatique
1
.
Radiologie
7
Radiographies standards de l’épaule
2 8 Pratiquées en première intention, elles comprennent six clichés
9 dont trois clichés de face (rotation de l’épaule neutre, externe et
10 interne) et trois clichés de profil : le profil de Neer (profil sous-
3 acromial ou profil de Lamy) qui permet l’étude de l’arche
11
acromioclaviculaire, le profil axillaire (articulation glénohumérale)
4 et le profil glénoïdien de Bernageau (épaule instable). Des
incidences complémentaires sont parfois utiles [7, 8].
Échographie
5
C’est un examen opérateur-dépendant, qui nécessite d’être
réalisé par un praticien expérimenté, toujours après des radio-
graphies simples. Il a une valeur diagnostique positive [7, 8].
Tomodensitométrie
C’est l’examen le plus utilisé. Elle est utile dans les instabilités
antérieures et postérieures récentes ou anciennes pour analyser
les structures osseuses glénoïdiennes et humérales [7, 8].
Figure 1. Schéma représentant la coiffe des rotateurs. 1. Acromion ;
2. tendon supraspinatus ; 3. tendon infraspinatus ; 4. tête humérale ; Arthroscanner avec temps arthrographique
5. tendon caput longum biceps brachii ; 6. clavicule ; 7. ligament acro-
miocoracoïdien ; 8. apophyse coracoïde ; 9. espace sous-coracoïdien ; L’arthrographie consiste à injecter un produit de contraste
10. intervalle des rotateurs ; 11. tendon subscapularis. dans l’articulation. L’arthroscanner consiste à réaliser un
scanner en profitant de l’injection intra-articulaire du produit
de contraste pour dégager les structures antérieures et postérieu-
res. Dans la rupture de coiffe, l’arthrographie peut permettre de
tendons supra- et infraépineux. Un décollement de l’omoplate
reconnaître les ruptures tendineuses profondes et des fissures de
signe la paralysie du grand dentelé [2-6].
la coiffe des rotateurs, mais elle ne permet d’évaluer de façon
satisfaisante le siège et l’étendue de la rupture, ni d’apprécier
Étude de mobilités passive et active l’état des muscles. Dans la capsulite rétractile, l’arthrographie
L’étude comparative des amplitudes passives, réalisée au avec mesure de la capacité articulaire est une excellente
mieux en se plaçant derrière le patient debout ou en décubitus méthode pour confirmer le diagnostic [7, 8].
dorsal, est fondamentale pour vérifier la liberté de l’articulation
glénohumérale et l’absence de rétraction capsulaire. On mesure Imagerie par résonance magnétique (IRM)
successivement : .
C’est une très bonne méthode pour reconnaître les ruptures
• l’élévation antérieure (antépulsion) ; transfixiantes de la coiffe sauf pour les désinsertions sous-
• l’élévation latérale (abduction) ; scapulaires et les luxations internes du tendon du long biceps.
• la rotation externe : RE1 (bras le long du corps, coude fléchi .
L’IRM paraît moins fiable dans le diagnostic de la capsulite
à 90°) ; RE2 (bras en abduction à 90°, coude fléchi à 90°) ; rétractile, dans celui des petites ruptures tendineuses profondes
• la rotation interne : RI1, bras en abduction à 90°, ou en de la coiffe des rotateurs et en préopératoire d’une arthrose
portant la main dans le dos, et on apprécie le niveau verté- .
glénohumérale.
bral atteint par le pouce [2-6]. L’arthro-IRM de l’épaule est actuellement en voie d’évalua-
L’étude des mouvements actifs est faite sur un patient assis tion [7, 8].
pour éviter les compensations rachidiennes. Ces mouvements
sont simplement accompagnés par l’examinateur et reprennent
les manœuvres de la mobilisation passive [2-6]. Arthroscopie
Cet examen peut mettre en évidence, par exemple, une perte Du fait de son caractère invasif, il n’y a pas lieu d’utiliser
de la force musculaire en rotation externe, coude au corps, l’arthroscopie comme méthode diagnostique sans qu’un bilan
attestant d’une rupture de l’infraépineux ou une perte de la complémentaire préalable se soit avéré négatif ou insuffisant.
force musculaire en rotation externe à 90° d’abduction attestant Elle apporte généralement une sanction thérapeutique en plus
d’une rupture de l’infraépineux et du terres minor (petit rond). de son intérêt diagnostique [7, 8].
L’association d’une mobilité passive complète et d’une mobilité
active déficitaire oriente vers une rupture de la coiffe des
rotateurs [2-6].
Autres
Le reste de l’examen clinique ne doit pas oublier l’examen de • Des examens biologiques simples, la numération-formule
l’articulation sternoclaviculaire, un examen neurologique sanguine et la C-reactive protein (CRP), peuvent être utiles
attentif à la recherche d’un déficit moteur et un examen notamment en cas de suspicion de pathologie infectieuse ou
vasculaire avec palpation des pouls à la recherche d’un syn- inflammatoire.
drome du défilé thoracobrachial. • L’électromyogramme peut aider à reconnaître un syndrome
Les tests dynamiques de l’épaule permettent ensuite d’orien- canalaire au niveau de l’épaule, surtout une compression du
ter le diagnostic étiologique (Fig. 2) [2-6]. Un test d’orientation nerf sus-scapulaire ou du grand dentelé [7].
est proposé initialement : le test rapide de mobilité combinée • La bursographie n’a actuellement pas d’intérêt diagnosti-
(Fig. 3) [2]. En cas d’anomalie de ce premier test, il est possible que [7].
d’effectuer divers tests spécifiques pour orienter l’étiologie vers • La scintigraphie osseuse a pour seul intérêt d’éliminer d’autres
une atteinte articulaire pure, une atteinte de la coiffe des diagnostics, notamment des tumeurs [7].
2 Urgences
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Segment
Signe Description Interprétation Illustrations
Urgences
examiné
Tests de la Test du muscle sus- Bras en extension au niveau du coude, en abduction Un test de Jobe positif (incapacité à maintenir le bras
coiffe des épineux de Jobe à 90°, en flexion horizontale à 30° et en rotation interne. contre la pesanteur) indique une lésion du sus-épineux
rotateurs L’examinateur exerce une pression vers le bas sur (sensibilité de 77 % à 95 %, spécificité de 65 % à 68 %)
l’avant-bras Le test de Jobe positif avec une rotation inversée
(pouces dirigés vers le haut) du bras indique une lésion
du muscle sous-scapulaire
Test du muscle Le coude écarté du corps, on compare l’amplitude de la Une rotation externe passive plus ample d’un côté que
sous-scapulaire rotation externe passive entre les deux côtés, ainsi que de l’autre signale une rupture du muscle sous-
(Belly-press test) la rotation interne active de l’articulation gléno-humérale scapulaire
contre une résistance
Test du Le bras étant en rotation interne, le patient pose le dos de En cas de rupture du muscle sous-scapulaire, le patient
décollement (lift sa main sur son dos et essaie, en opposant une résistance n’y arrive pas
off test = test de à I’examinateur, de l’écarter du dos
Gerber)
Test du muscle Les coudes fléchis à 90°, l’examinateur pose la paume Une douleur ou une faiblesse lors de la rotation externe
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sous-épineux de sa main sur le dos de la main du patient. On demande caractérise une atteinte du muscle sous-épineux
alors à ce dernier de faire une rotation externe en
opposant une résistance aux mains de I’examinateur
Test du muscle À l’état normal, le muscle grand rond (muscle teres En cas de lésion, le bras touché est en rotation interne
grand rond major) entraîne une rotation interne du bras et la paume de la main est dirigée en arrière
contrairement à la paume de l’autre main
3
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4
Segment
Signe Description Interprétation Illustrations
examiné
120°
Test de Neer Une douleur à la mobilisation lors de l’adduction/ Ce test traduit une friction des tendons avec le bord
soulèvement antérieur forcé du bras en extension antérieur de l’acromion
est en faveur du syndrome d’impingement de Neer
Test L’examinateur immobilise l’omoplate avec une main Un syndrome d’impingement positif se manifeste par
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d’impingement de pendant que l’autre main porte en adduction le bras une douleur marquée lors de la mobilisation, liée à
Hawkins et en rotation interne forcée à 90° un choc ou à un blocage du tendon du sus-épineux
Kennedy sous ou contre le ligament coracoacromial
B
Figure 2. (Suite) Tests de mobilités active et passive [2] (A à C).
Urgences
Segment
Signe Description Interprétation Illustrations
Urgences
examiné
Test des Palm-up test (speed Le patient doit maintenir ou poursuivre le mouvement Des douleurs dans la région du sillon intertubérositaire
tendons du test) du bras en extension. ll le met en abduction à 90° et en (coulisse bicipitale) sont dues à une atteinte du tendon
biceps flexion horizontale à 30°, avec la paume de la main du long biceps
dirigée vers le haut, contre la résistance de la main de
l’examinateur qui exerce une pression de haut en bas
sur l’avant-bras en supination
Tests de Test L’examinateur tente de subluxer l’épaule en antérieur L’apparition de douleurs au niveau de la partie
l’instabilité d’appréhension antérieure de l’épaule avec une contraction réflexe
de l’épaule antérieur de la musculature signale un syndrome d’instabilité
Test d’appréhension L’examinateur tente de subluxer l’épaule en inférieur L’apparition de douleurs au niveau de la partie
inférieur inférieure de l’épaule avec une contraction réflexe
de la musculature signale un syndrome d’instabilité
Test d’appréhension L’examinateur tente de subluxer l’épaule en postérieur L’apparition de douleurs au niveau de la partie
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postérieure postérieure de l’épaule avec une contraction réflexe
de la musculature signale un syndrome d’instabilité
Sulcus test L’examinateur tire doucement l’humérus vers le bas Le test est positif si la tête descend en laissant
apparaître un sillon sous le bord externe de l’acromion
L’importance du sillon peut être mesurée
C
Figure 2. (Suite) Tests de mobilités active et passive [2] (A à C).
5
Épaule douloureuse non traumatique ¶ 24-410-A-20
24-410-A-20 ¶ Épaule douloureuse non traumatique
Poussée
Bursite aiguë
congestive
Figure 4. Arbre décisionnel. Tests diagnostiques devant une épaule douloureuse non traumatique.
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restent de loin les plus fréquentes (85 %). Elles touchent le sujet .
calcifications tendineuses de l’épaule sont constituées de
.
d’âge mûr et sont alors d’origine dégénérative. L’arthroscanner cristaux d’apatite carbonatés et intéressent surtout la population
pose le diagnostic en objectivant un aspect de flammèche à la féminine (sex-ratio = 7/1), avec un pic à la cinquantaine. Le
face profonde du tendon sans communication avec la bourse . diabète et le groupe human leukocyte antigen (HLA) A1 augmen-
.
sous-acromiale. Plusieurs thérapeutiques ont été proposées : tent de façon significative l’incidence de la maladie. Aucun
rééducation, traitement arthroscopique avec sutures des lésions facteur étiologique n’a pu être formellement authentifié. Les
ou acromioplastie chirurgicale [6, 9, 10]. . calcifications sont fréquemment bilatérales, visibles sur la
Les ruptures partielles du sujet jeune sportif pratiquant le radiographie standard, et siègent essentiellement dans le
sport de lancer sont associées dans la moitié des cas à des supraépineux (80 % des cas) [9, 13-19].
lésions du bourrelet glénoïdien sur lesquelles viennent s’impac- Les tendinopathies calcifiantes évoluent de façon asympto-
ter le tendon du supraépineux lors des mouvements matique dans deux tiers des cas ; cette évolution peut être
d’abduction-rotation externe. émaillée par des crises aiguës hyperalgiques (bursite aiguë
Le traitement est fonctionnel (arrêt du sport, rééducation) et microcristalline sous-acromiale) avec mobilisation activopassive
arthroscopique [6, 7, 10]. très douloureuse. Parfois, un tableau douloureux subaigu ou
Les ruptures partielles de la face superficielle sont plus rares chronique peut s’installer : douleur à composante nocturne avec
(10 % des ruptures partielles) et surviennent chez le sujet jeune un retentissement marqué et un examen peu spécifique [9, 13-19].
à la suite d’un traumatisme [6, 7, 10]. Le traitement est toujours médical en première intention. La
L’évolution naturelle des tendinopathies de la coiffe des rééducation a pour but de soulager les douleurs et d’éviter
rotateurs n’est pas élucidée. Si les tendinopathies calcifiantes l’évolution vers une capsulite rétractile. En cas d’échec du
évoluent exceptionnellement vers la rupture, les ruptures
traitement médical bien conduit après 6 à 12 mois, la ponction-
partielles se complètent fréquemment à la suite d’un trauma-
aspiration-lavage (résultats satisfaisants dans 70 % des cas) ou
tisme, même minime.
l’arthroscopie-exérèse de la calcification peuvent être
Mouvements actif limité et passif normal proposées [13-19].
C’est le cas de la rupture de la coiffe des rotateurs. Chacun Capsulite rétractile idiopathique de l’épaule
de ses éléments peut être lésé isolément ou en association. Le
tendon du supraépineux est le plus souvent atteint, de manière C’est une raideur sans arthropathie glénohumérale associée.
isolée ou associée, dans 92 % des cas. Les 8 % restants sont Cette raideur se traduit par une limitation de toutes les ampli-
représentés par des lésions isolées du sous-scapulaire. Les tudes passives avec une prédominance sur la rotation externe
ruptures véritablement isolées du long biceps représentent coude au corps [20-22].
moins de 4 % de la pathologie globale de la coiffe des rota- Dans sa forme typique, le diagnostic est facile. Le terrain de
teurs ; elles ne justifient pas de geste chirurgical si ce n’est à des prédilection est la femme entre 40 et 60 ans. La maladie évolue
fins thérapeutiques [6, 9, 10]. en trois phases [20-22].
L’interrogatoire recherche des antécédents personnels et
spécifiques de l’épaule. La douleur de l’épaule par sa chronicité Phase initiale
doit attirer l’attention. Elle siège au niveau du moignon de Elle dépasse rarement 2 mois et est caractérisée par le
l’épaule ou de sa face antérieure, avec irradiation au niveau du symptôme principal qui est une douleur permanente inflamma-
bras. Elle est fluctuante, liée aux efforts, insomniante empê- toire qui va s’intensifier en quelques jours ou quelques semai-
chant le patient de se coucher sur l’épaule. L’impotence nes. À ce stade, l’examen physique est pauvre. Le traitement est
fonctionnelle peut aller d’une simple fatigabilité à l’effort symptomatique incluant des antalgiques, des anti-
jusqu’à l’épaule pseudoparalytique avec perte totale de la force inflammatoires non stéroïdiens, de la physiothérapie, ainsi que
des rotateurs externes. La présence d’une épaule pseudoparaly- des infiltrations de corticoïdes. La kinésithérapie n’a pas
tique traduit une impotence majeure avec dissociation activo-
d’intérêt à ce stade [20-22].
passive des mouvements articulaires de l’épaule (impossibilité
d’obtenir une élévation antérieure active contre la pesanteur). Phase intermédiaire
En revanche, l’élévation passive dans le plan de l’omoplate est
Elle est marquée par l’installation d’une raideur, alors que la
normale ; cependant, le patient ne peut pas maintenir sans aide
douleur est en voie de régression ; cette phase peut durer de 2
son bras à la verticale [6, 9, 10].
à 8 mois. À ce stade, la douleur ne gêne plus l’examen clinique ;
Des tests dynamiques permettent d’étudier les différents
composants de la coiffe (Fig. 2) : ce dernier retrouve une limitation de la mobilité passive
• le supraépineux est apprécié par la manœuvre de Jobe ; prédominant dans deux secteurs : l’élévation antérieure et la
• le sous-scapulaire est testé par le belly-press test ; rotation externe. À ce stade, le but du traitement est d’éviter
• le tendon du long biceps est testé par le palm-test. l’ankylose en récupérant de façon précoce une mobilité globale
Les autres muscles ou tendons sont testés par d’autres de l’épaule indolore permettant la reprise des activités quoti-
manœuvres. Ces dernières ne sont pas spécifiques. Elles doivent diennes. Les injections de corticoïdes dans la cavité articulaire
être complétées par une cotation chiffrée de la force muscu- et la kinésithérapie représentent les traitements classiques mais
laire [6, 9, 10]. controversés. La rééducation doit être entreprise dès que la
Toute épaule pseudoparalytique et enraidie relève d’un douleur le permet. Dans la phase douloureuse, elle est réduite à
traitement médical et de la rééducation. Une intervention une autorééducation pendulaire. Elle est surtout utile à la phase
chirurgicale sur la coiffe des rotateurs en présence d’une épaule d’enraidissement lorsque la douleur s’est estompée et à la phase
enraidie conduit à pérenniser définitivement la raideur et la de régression pour éviter les séquelles. Lorsque la gêne algo-
douleur. Les décompressions arthrobursoscopiques ont fait fonctionnelle est importante, la distension arthrographique peut
preuve de leur efficacité et les indications chirurgicales doivent être proposée avec une efficacité démontrée [20-26].
être discutées en fonction des lésions anatomiques [9, 11, 12]. Phase chronique de rétraction
Mobilités active et passive anormales À ce stade, le traitement proposé est une mobilisation sous
anesthésie générale. En cas d’échec, la capsulotomie arthrosco-
Dans ce groupe, on reconnaît « l’épaule hyperalgique » pique peut être indiquée au stade tardif si la gêne fonctionnelle
témoignant d’une tendinopathie calcifiante et « l’épaule gelée est majeure ou si le contexte psychologique et social
ou rétractile ou bloquée » représentée par la capsulite rétractile. l’impose [20-22].
Les capsulites rétractiles peuvent être secondaires à de
Tendinopathies calcifiantes nombreuses causes : traumatisme, diabète sucré, dermatopoly-
Sept pour cent des patients consultant pour une épaule myosite, infarctus du myocarde, hémiplégie, hyperthyroïdie ou
douloureuse présentent une calcification tendineuse. Les toxiques (isoniazide, iode 131, et surtout les barbituriques) [20].
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• les douleurs d’origine neurologique : syndrome de Parsonage- [11] Burks RT, Crim J, Brown N, Fink B, Greis PE. A prospective
Turner, atteinte tronculaire ou névralgie cervicobrachiale ; randomized clinical trial comparing arthroscopic single- and double-
• les lésions osseuses de voisinage : tumeur épiphysaire primi- row rotator cuff repair: magnetic resonance imaging and early clinical
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dans un contexte d’altération de l’état général survenant sur un 57:149-66.
terrain prédisposé. L’hospitalisation et la réalisation de prélève- [18] Serafini G, Sconfienza LM, Lacelli F, Silvestri E, Aliprandi A,
ments bactériologiques sont alors indispensables avant de Sardanelli F. Rotator cuff calcific tendonitis: short-term and 10-year
débuter une antibiothérapie adaptée. En dehors de cette outcomes after two-needle us-guided percutaneous treatment--
situation, la pathologie abarticulaire représente les quatre nonrandomized controlled trial. Radiology 2009;252:157-64.
cinquièmes des causes ; le diagnostic est fait selon la présence [19] Buss DD, Freehill MQ, Marra G. Typical and atypical shoulder
ou non d’une dissociation activopassive des amplitudes articu- impingement syndrome: diagnosis, treatment, and pitfalls. Instr Course
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les tests dynamiques permettent le plus souvent de porter le factor for neck, shoulder and low back pain? A longitudinal study
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S. Rouaghe (saad.rouaghe@jvr.aphp.fr).
O. Fain.
Service de médecine interne, Hôpital Jean Verdier, Université Paris 13, 93140 Bondy, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Rouaghe S., Fain O. Épaule douloureuse non traumatique. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Urgences,
24-410-A-20, 2012.
Urgences 9
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Radiographie de face de l'épaule : ascension de la tête humérale et diminution de l'espace sous-acromial inférieur à 7 mm. Le
pincement sous-acromial témoigne de la présence d'une rupture étendue et ancienne de la coiffe des rotateurs. Il n'y a pas
d'arthrose sous-acromiale.
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Imagerie par résonance magnétique, coupe frontale. Aspect de tendinopathie du tendon supraspinatus. Le tendon est totalement
déstructuré alors que la couche superficielle n'est pas rompue. Il existe en regard une géode du trochiter. Cet aspect est en faveur
d'une tendinopathie dégénérative avec composante inflammatoire plutôt que d'une rupture interstitielle.
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Imagerie par résonance magnétique (IRM), coupe frontale. Important épanchement de la bourse sous-acromiale. Le tendon
supraspinatus n'est pas rompu. Sa structure reste homogène. L'acromion est en contact avec la face superficielle du tendon
supraspinatus. Il s'agit de la définition IRM d'un conflit sous-acromial.
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Imagerie par résonance magnétique, coupe frontale. Rupture transfixiante de la coiffe des rotateurs aux dépens des supra- et
infraspinatus. Il existe un important épanchement communicant avec effet arthrographique. Le moignon tendineux reste épais et
rétracté au niveau de l'interligne glénohuméral. Il s'agit d'un stade III de Bernageau. La qualité musculaire de l'infraspinatus
apparaît satisfaisante. On peut penser qu'il s'agit d'une rupture récente avec un tendon de bonne qualité.
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Imagerie par résonance magnétique, coupe frontale. Hypersignal liquidien à la partie distale du tendon supraspinatus alors que les
couches superficielles et profondes du tendon sont en continuité. Cet aspect est évocateur d'une rupture interstitielle, bien qu'il soit
difficile d'affirmer la nature exacte de la lésion : tendinite inflammatoire ou rupture.
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Imagerie par résonance magnétique, coupe frontale. Rupture de petite taille et distale du tendon supraspinatus. Il existe un
épanchement glénohuméral communiquant avec la bourse sous-acromiale. Le moignon tendineux supraspinatus apparaît aminci,
témoin d'une lésion plutôt dégénérative.
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Radiographie de face de l'épaule. Volumineuse calcification de type A du tendon supraspinatus. La partie médiale de la
calcification est en train de se modifier.
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Radiographie de face de l'épaule. Volumineuse calcification de type B du tendon supraspinatus. La calcification, inhomogène dans
sa texture, est polylobée avec des cloisons.
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Radiographie de face de l'épaule. Tendinopathie calcifiante de type C du tendon supraspinatus. La calcification n'est pas
homogène. Il s'agit d'une infiltration calcique irrégulière de l'ensemble du tendon.
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Radiographie de face. Ascension de l'humérus qui vient au contact de l'acromion. L'extrémité supérieure de l'humérus est arrondie
fémoralisée. Il existe une néoarticulation acromiohumérale alors que l'interligne glénohuméral est sain. Stade 3 de Hamada.
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Iconographie supplémentaire 15
Radiographie de face de l'épaule. Arthrose sous-acromiale complète et début de pincement supérieur de l'interligne glénohuméral.
Il s'agit d'un stade 4 de Hamada.
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Radiographie de face. Arthrose sous-acromiale avec fémoralisation de la tête humérale et pincement glénohuméral complet
associé à un volumineux ostéophyte glénohuméral inférieur. Il s'agit d'une double arthrose de stade 5 de Hamada.
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Radiographie de face de l'épaule. Cuff tear arthropathy. Il existe un pincement sous-acromial complet associé à un pincement
glénohuméral supérieur mais surtout à une nécrose humérale permettant d'affirmer le diagnostic de cuff tear arthropathy.
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