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Monsieur le Président
SAINT DENIS DE LA REUNION
Requête en référé-liberté
Article L521-2 du Code de Justice Administrative
A la requête de :
1°) DOBOUT&SOLIDER, Association Loi 1901 dont le siège social est sis aux AVIRONS (LA
REUNION), 3bis Route des Poivriers, régulièrement enregistrée auprès de la Sous-Préfecture
de SAINT PAUL (LA REUNION) sous le numéro W9R2009154, représentée par son Président,
Monsieur Thierry ROBERT.
2°) Monsieur Thierry Jean-Bernard ROBERT, de nationalité française, né le 1er avril 1977 à
SAINT DENIS (LA REUNION), gérant de sociétés, demeurant à SAINT LEU, 52 chemin de
l'entre deux 97424 PITON SAINT-LEU.
REQUERANTS
Ayant pour Avocat la société d’avocats G&P LEGAL, société d’avocats interbarreaux inscrite
aux Barreaux de PARIS et SAINT DENIS, représentés par Maître Olivier GUERIN-GARNIER,
Avocat au Barreau de PARIS et MaîtreEric LEBIHAN, Avocat au Barreau de SAINT DENIS,
élisant domicilie en ses bureaux de SAINT DENIS (LA REUNION), 128 rue Roland Garros.
Contre :
1°) AGENCE REGIONALE DE SANTE DE LA REUNION, dont le siège est sis 2bis, Avenue
Georges Brassens – CS 61002 – 97442 SAINT DENIS CEDEX 9
DEFENDEURS
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Ont l’honneur de vous exposer ce qui suit :
1.11.
« Par dérogation aux dispositions de l’article L. 3131-13 du code de la santé publique, l’état d’urgence
sanitaire est déclaré pour une durée de deux mois à compter de l’entrée en vigueur de la présente loi ».
En application de cette loi, le décret n°2020-293 du 23 mars 2020 a précisé les règles du
confinement initialement ordonné à la population par le décret précité du 16 mars.
Il est important de préciser que ces mesures ont été rendus sur la base d’un Avis du Conseil
Scientifique en date du 23 mars qui précise :
1.12.
En France
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19 354 personnes hospitalisées dont 4 632 cas graves en réanimation
34% des patients hospitalisés en réanimation ont moins de 60 ans, 64% ont entre 60 et 80 ans,
1.3% ont moins de 30 ans
31 retours a domicile
159 cas ont été investigué à cette heure par l’ARS et Santé publique France.
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Ainsi, il résulte des données de l’AGENCE REGIONALE DE SANTE de LA REUNION, que
L’espérance de vie à la naissance a progressé entre 2000 et 2014 : de 72 à 77,1 ans pour les
hommes (France métropolitaine: 79,3), et de 80,2 à 83,7 ans pour les femmes (France
métropolitaine : 85,4).
Mais les affections de longue durée restent plus fréquentes qu’en métropole :
https://www.lareunion.ars.sante.fr/etat-de-sante-4?parent=13248
Ce simple rappel montre, sans l’ombre d’un doute, que la REUNION est de manière très
importante, défavorisée par rapport à la métropole.
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(Production n°8 : PRS2 ARSOI 2017)
Et pour cause, puisque selon les dernières déclarations de l’ARS (source 20 minutes) le nombre
de lits de réanimation serait porté à 230 lits.
Soit un ratio d’environ 1 lit pour 3.800 habitants, identique à celui annoncé en métropole
(nombre de lits portés de 5.000 à 15.000 lits), mais avec deux nuances de taille :
Ce n’est pas le cas à ce jour et rien n’est précisé quant à la manière de porter sur un
plan opérationnel, et de manière concrètre, cette extension de lit. Il s’agit pour l’instant
d’incantations administratives
En métropole, la pénurie de lit est organisée via un transfert massif de patients en TGV
médicalisé ou via transport aérien militaire. Ceci n’est pas possible à LA REUNION,
distante de 9.300 kilomètres de la métropole (11 heures d’avion).
Plus grave, alors que le gouvernement précise que le porte hélicoptère MISTRAL doit soulager
la pénurie de lit, le Tribunal de céans lira avec consternation dans les ièces versées aux débats
qu’en fait de lits, le porte-hélicoptère en question est en sortie de mission opérationnelle et
donc démuni de lits, dixit le Général METAYER.
Il en résulte que, de manière indubitable, le Département de LA REUNION est donc bien plus
exposé, de par son éloignement et son caractère insulaire, à une vague épidémique de COVID-
19.
La question qui se pose alors est celle de savoir, indépendamment de la question de toute
responsabilité et/ou de toute polémique qui n’a pas sa place ici, comment contrôler et anticiper
une vague épidémique qui a d’ores et déjà commencé à déferler à LA REUNION.
***
5
2°) DISCUSSION
En l’espèce, l’article 2 « But Objet » des statuts de l’association requérante stipule ainsi qu’il
suit :
« Ancrée dans la République, L’association DOBOUT & SOLIDER a pour but d’initier l’émancipation
de LA REUNION, afin de lui permettre de devenir un département à part entière, dynamique, affranchi,
uni et solidaire.
Elle se veut libre, indépendante et toutes ses actions se feront dans le cadre de l’intérêt général et non
d’intérêts particuliers (…)
Elle apportera toute aide utile à ceux qui en ont besoin, sans disctinction d’âge, de race, d’opinion, ou
de religion «
Dans le cadre du paragraphe qui précède l’association requérante a donc bien intérêt à agir
dans le cadre d’une procédure visant à augmenter la protection sanitaire de la population de
LA REUNION dans le cadre du droit au respect à la vie, ainsi que ci-après exposé.
Du reste, dans une Ordonnance rendue sur le respect du droit précité par Monsieur le
Président du Tribunal Administratif de GUADELOUPE, cet intérêt a été interprété de manière
très large, s’agissant d’un syndicat professionnel :
« Si le syndicat requérant (…) ne saurait, en temps normal, se prévaloir des termes généraux de ses
statuts relatifs à la « défense des droits démocratiques » pour justifier d’un intérêt lui donnant qualité
pour demander au juge des référés de mettre en œuvre ses pouvoirs d’injonction au cas d’atteinte au
droit d’atteinte au respect de la vie de l’ensemble de la population guadeloupéenne, qu’il n’a pas vocation
à représenter dans sa globalité, il résulte toutefois de l’instruction et des débats à l’audience, que ce
syndicat confédéral regoupe plusieurs organisations syndicales de professionnels de la santé (…). Par
sa nature même, cette pandémie est susceptible de s’étendre à l’ensemble de la population de l’archipel
guadeloupéen et à ce titre, dans les circonstances très exceptionnelles de l’espèce, l’intérêt à agir du
syndicat requérant doit être admis ».
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A tout le moins et en tout état de cause, l’intérêt à agir de Monsieur Thierry ROBERT est
incontestable : il vit à LA REUNION, il y travaille et doit y effectuer des déplacements
professionnels dans le respect des régles applicables de confinement, et par voie de
conséquence la politique sanitaire menée par l’ARS de LA REUNION a une influence directe
sur sa vie tant personnelle que professionnelle.
« Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes
mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale à laquelle une personne morale de
droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion d'un service public aurait porté,
dans l'exercice d'un de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale. Le juge des référés
se prononce dans un délai de quarante-huit heures. »
Une urgence,
Comme cela a été rappelé, l’article L 521-2 du Code de justice administrative dispose que :
Il sera rappelé que traditionnellement, la condition d’urgence « doit être regardée comme remplie
lorsque la décision administrative contestée préjudicie de manière suffisamment grave et immédiate à
un intérêt public, à la situation du requérant ou aux intérêts qu’il entend défendre » (CE, 19 janvier
2001, CONFEDERATION NATIONALE DES RADIOS LIBRES, req. n°228815).
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Cela ressort également de la philosophie générale de la réforme du 30 juin 2000 telle
qu’explicitée dans le rapport de M. COLCOMBET (Doc. AN n° 2002, p. 37) aux termes duquel
l'urgence pourrait être conçue afin : « D’éviter qu'un préjudice grave ne soit porté à la situation
du requérant ou à un intérêt public (sans que soient désormais exclus les préjudices pouvant donner
lieu à réparation pécuniaire), mais aussi [afin] de tenir compte de conséquences qui risqueraient d'être
difficiles à faire disparaître si la décision administrative devait être exécutée ».
En l’espèce, l’urgence est manifestemen établie puisqu’il s’agit d’astreindre l’ARS et le CHU a
une obligation de faire dans le cadre de la politique de santé menée actuellement face à la
pandémie de COVID-19 qui déferle en ce moment même sur le département de LA REUNION.
L’article L. 521-2 précise que la mesure prescrite doit être « nécessaire » à la sauvegarde d’une
liberté fondamentale, c’est-à-dire indispensable à sa préservation.
Le nécessaire, selon le Littré, est ce « Qui doit être pour que quelque chose soit fait ou se fasse ».
Le concept de nécessité introduit donc ici une idée de proportionnalité dans le choix de la
mesure.
Pour respecter cette exigence, la mesure doit être en rapport avec le comportement incriminé
de la puissance publique et adaptée à la gravité de celui-ci.
La nécessité d’une mesure se distingue ainsi de son utilité, pour reprendre l’expression
mentionnée par exemple à l’article L. 521-3 du code de justice administrative.
La Juridiction de céans en sa qualité de juge du référé-liberté doit retenir la mesure non pas
simplement utile à la sauvegarde d’une liberté fondamentale mais véritablement
indispensable à celle-ci.
Autrement dit, il est exigé un rapport de nécessité entre la mesure prescrite et la gravité de la
situation.
Si une mesure est utile mais non nécessaire, le juge des référés doit opter pour une autre
mesure plus en rapport avec le comportement litigieux.
Cette exigence, néanmoins, ne paraît pas de nature à atténuer substantiellement les pouvoirs
qui lui sont reconnus.
Elle s’apparente davantage à une finalisation ou à une orientation qu’à une véritable
restriction.
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Les pouvoirs conférés au juge du référé-liberté demeurent particulièrement larges et font de
lui un véritable décideur.
Ces pouvoirs permettent théoriquement toutes mesures utiles mais « Ces mesures doivent en
principe présenter un caractère provisoire, sauf lorsqu'aucune mesure de cette nature n'est susceptible
de sauvegarder l'exercice effectif de la liberté fondamentale à laquelle il est porté atteinte (…). Dans
tous les cas, l'intervention du juge des référés dans les conditions d'urgence particulière prévues par
l'article L. 521-2 précité est subordonnée au constat que la situation litigieuse permette de prendre
utilement et à très bref délai les mesures de sauvegarde nécessaires. » (.Conseil d'État, 10ème - 9ème
chambres réunies, 28/07/2017)
Si le juge des référés n’est pas un juge du principal, , en référé-liberté, le provisoire peut
épuiser le litige lorsqu’aucune mesure provisoire n’est de nature à faire disparaître les effets
d’une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale, il appartient au
juge des référés de « prendre toute disposition de nature à sauvegarder l’exercice effectif de la liberté
fondamentale en cause » (Juge des référés du Conseil d’Etat, 30 mars 2007, Ville de Lyon ; CE, 31
mai 2007, Syndicat CFDT Interco 28)
C’est exactement dans le cadre précité que le Conseil d’Etat a pu ainsi décider, aux termes
d’une Ordonnance n°139674 en date du 22 mars 2020 que :
Lorsque l’action ou la carence de l’autorité publique crée un danger caractérisé et imminent pour la vie
des personnes, portant ainsi une atteinte grave et manifestement illégale à cette liberté fondamentale, le
juge des référés peut, au titre de la procédure particulière prévue par cet article, prescrire toutes les
mesures de nature à faire cesser le danger résultant de cette action ou de cette carence.
Toutefois, ce juge ne peut, au titre de cette procédure particulière, qu’ordonner les mesures d’urgence
qui lui apparaissent de nature à sauvegarer, dans un délai de 48 heures, la liberté fondamentale à laquelle
il est porté une atteinte grave et manifestement illégale.
Le caractère manifestement illégal de l’atteinte doit s’apprécier notamment en tenant compte des moyens
dont dispose l’autorité administrative compétente et des mesures qu’elle a, dans ce cadre, déjà prises »
Il résute de l’Article L3131-1 du Code de la Santé Publique dans sa rédaction issue de la loi
n°2020-290 du 23 mars 2020 que
« En cas de menace sanitaire grave appelant des mesures d'urgence, notamment en cas de menace
d'épidémie, le ministre chargé de la santé peut, par arrêté motivé, prescrire dans l'intérêt de la santé
publique toute mesure proportionnée aux risques courus et appropriée aux circonstances de temps et de
lieu afin de prévenir et de limiter les conséquences des menaces possibles sur la santé de la population.
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Le ministre peut également prendre de telles mesures après la fin de l'état d'urgence sanitaire prévu au
chapitre Ier bis du présent titre, afin d'assurer la disparition durable de la situation de crise sanitaire.
Le ministre peut habiliter le représentant de l'Etat territorialement compétent à prendre toutes les
mesures d'application de ces dispositions, y compris des mesures individuelles. Ces dernières mesures
font immédiatement l'objet d'une information du procureur de la République »
« Les agences régionales de santé sont chargées, en tenant compte des particularités de chaque région et
des besoins spécifiques de la défense :
1° De mettre en œuvre au niveau régional la politique de santé définie en application des articles L.
1411-1 et L. 1411-1-1, en liaison avec les autorités compétentes dans les domaines de la santé au travail,
de la santé scolaire et universitaire et de la protection maternelle et infantile, et le protocole prévu à
l'article L. 6147-11.
A ce titre (…)
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2.4. Sur les demandes
Il résulte des faits qui précèdent qu’il n’est pas contestable que (i) non seulement la santé des
réunionnais est bien plus précaire que celle des métropolitains mais aussi que (ii) l’offre en
lit de réanimation est notablement insuffisante en cas de développement de la pandémie.
Du fait de l’absence généralisée de tests, par définition les données relatives au nombre de
personnes contaminées par le virus SRARS-COV 2, ayant ou non contracté la maladie
COVID-19, ne sont pas fiables.
Cette situation met en péril imminent tous ceux, simples citoyens ou professionnels de santé,
qui ne sont pas systématiquement équipés en masque de protection FFP2, et en première
ligne :
Les agents prioritairement en contact avec les zones d’entrées et de sortie du territoire
(aéroport, port de débarquement des marchandises..).
Les assistants aux personnes malades, agées, à mobilité reduite, aux sans domiciles
fixes.
Les salariés en relation de proximité avec le public, notamment dans le secteur agro-
alimentaire.
Tout ceci constitue à n’en pas douter des atteintes graves et manifestement illégales au respect
de la vie.
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Dans un juste souci de proportionnalité, et fin d’atténuer ces atteintes, il apparait nécessaire
que l’ARS puisse faire le nécessaire afin de pouvoir procéder à un dépistage massif de la
population réunionnaise, ainsi que préconisé par Madame Françoise BARRE-SINOUSSI, Prix
Nobel de Médecine et Président edu Comité analyse, recherche et expertise qui a déclaré le 25
mars 2020 que « l’urgence aujourd’hui, c’est bien évidemment la prise en charge médicale des patients.
Les tests vont être importants en période de l’après-confinement de façon à éviter le redémarrage d’une
épidémie ».
Au-delà de cette position, c’est bien celle du Conseil Scientifique déjà citée mais qu’il faut
rappeler :
De surcroit une telle mesure viendrait largement soulager les laboratoires locaux qui peinent
déjà à assurer vaillamment près de 600 test/jour et sont en manque de réactifs
A cet égard, il convient de mettre en exergue le décalage important entre le discours tenu par
l’ARS (le soi-disant recours un généralisation du dépistage) et la réalité sur le terrain, ainsi
que le démontre le courrier adressé par l’ensemble des députés de la REUNION à Madame
la Ministre des Outre-Mers :
"Madame la ministre,
Nous sommes « en guerre » contre la pandémie COVID 19 alors que la dimension et l’éloignement de
notre territoire nous donnent peu d’atouts pour lutter contre ce virus. Il y a donc urgence dans les
mesures fortes à prendre pour faire face à cette situation hors norme qui pourrait rapidement, selon tous
les médecins, dépasser l’ensemble de nos capacités d’accueil dans les hôpitaux et les cliniques privées.
(…)
Actuellement il manque des équipements, des réactifs et du personnel pour réaliser ces tests de dépistage
à grande échelle. Six sites fonctionnent, le CHU Bellepierre, le GHER à Saint-Benoit, les sites du
laboratoire privé de CERBALLIANCE au Port, Saint-Pierre et Sainte-Clotilde, mais nous ne dépassons
pas les 600 tests par jour alors qu’il nous faudrait environ 3000 tests pour dépister à peu près 10% de
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la population concernée par le virus dans les dix jours qui viennent. Par exemple, la fermeture du
laboratoire de biologie moléculaire depuis deux mois au sein du CHU Sud est vraiment contreproductive
alors que les automates, les locaux, les réactifs et même les compétences techniques sont disponibles dans
le Sud. Nous serons dans quelques jours obligés de rouvrir ces locaux pour dépister les malades.
Pourquoi ne pas le décider dès maintenant ? A la crise de l’épidémie du COVID-19 s’ajoute celle de la
dengue en forte explosion dans l’île et dont les symptômes peuvent se confondre avec ceux de la pandémie
actuelle.
Actuellement, tous les scientifiques de La Réunion de tous les organismes de recherche (INSERM, IRD,
CNRS, CIRAD, de l’Université, du CYROI, de l’ANSES) se mobilisent pour mettre en place une
nouvelle plateforme visant à accélérer le dépistage massif. Il faut les aider à rendre cette plateforme
opérationnelle sous forme de « Drive » comme il en existe déjà actuellement pour limiter les contacts
entre les personnes. Les médecins nous proposent ensuite de mettre en place un système informatique
efficace, sous la forme de plateforme mail, pour informer et transmettre les résultats aux sujets prélevés.
Les patients porteurs du virus sont ensuite contactés individuellement pour la suite du traitement, les
autres continuent à suivre le strict respect des gestes barrières.
Le dépistage massif et efficace est la pierre angulaire de notre guerre contre le COVID19.
Nous vous remercions par avance, Madame la Ministre, pour les suites que vous voudrez bien accorder
à notre demande »
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2.42. sur l’utilisation du protocole du Professeur RAOULT
Aux termes de l’article 1 du Décret n° 2020-314 du 25 mars 2020 complétant le décret n° 2020-
293 du 23 mars 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie
de covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, il est précisé ainsi qu’il suit :
« Les médicaments mentionnés au premier alinéa sont fournis, achetés, utilisés et pris en charge par les
établissements de santé conformément à l'article L. 5123-2 du code de la santé publique.
« Ils sont vendus au public et au détail par les pharmacies à usage intérieur autorisées et pris en charge
conformément aux dispositions du deuxième alinéa de l'article L. 162-17 du code de la sécurité sociale.
Le cas échéant, ces dispensations donnent lieu à remboursement ou prise en charge dans ce cadre sans
participation de l'assuré en application des dispositions de l'article R. 160-8 du même code. L'Agence
nationale de sécurité du médicament et des produits de santé est chargée, pour ces médicaments,
d'élaborer un protocole d'utilisation thérapeutique à l'attention des professionnels de santé et d'établir
les modalités d'une information adaptée à l'attention des patients.
« Le recueil d'informations concernant les effets indésirables et leur transmission au centre régional de
pharmacovigilance territorialement compétent sont assurés par le professionnel de santé prenant en
charge le patient dans le cadre des dispositions réglementaires en vigueur pour les médicaments
bénéficiant d'une autorisation de mise sur le marché.
« Afin de garantir l'approvisionnement approprié et continu des patients sur le territoire national, en
officines de ville comme dans les pharmacies à usage intérieur, l'exportation des spécialités contenant
l'association lopinavir/ ritonavir ou de l'hydroxychloroquine est interdite. Ces dispositions ne
s'appliquent pas à l'approvisionnement des collectivités relevant des articles 73 et 74 de la Constitution
et de la Nouvelle-Calédonie.
« Pour l'application du présent article, sont considérés comme établissements de santé les hôpitaux des
armées, l'Institution nationale des Invalides et les structures médicales opérationnelles relevant du
ministre de la défense déployées dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire. ».
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Dans sa seconde étude publiée en ligne le 27 mars, les conclusions du Professeur RAOULT
sont les suivantes :
“In conclusion, we confirm the efficacy of hydroxychloroquine associated with azithromycin in the
treatment of COVID-19 and its potential effectiveness in the early impairment of contagiousness. Given
the urgent therapeutic need to manage this disease with effective and safe drugs and given the negligible
cost of both hydroxychloroquine and azithromycin, we believe that other teams should urgently evaluate
this therapeutic strategy both to avoid the spread of the disease and to treat patients before severe
irreversible respiratory complications take hold.”
Ainsi que précisé aux termes de l’Ordonnance précité de Monsieur le Président du Tribunal
admininistratif de GUADELOUPE, ce qui est d’ailleurs de notoriété publique, « la combinaison
de l’ hydroxychloroquine à un antibiotique peut donner des résultats encourageants dans le traitement
de cas sévères au nouveau coronavirus. Cette combinaison est d’ailleurs incluse dans un essai clinique
européen de grande envergure baptisé DISCOVERY, qui porte sur plusieurs centaines de patients en
Europe, notamment en France, en Italie et en Espagne, et dont le but de lutter contre le conoravirus ».
« Dans les cas où les preuves scientifiques pertinentes seront insuffisantes, un membre pourra
provisoirement adopter des mesures sanitaires ou phytosanitaires sur la base des renseignements
pertinents disponibles, y compris ceux qui émanent des organisations internationales compétentes ainsi
que ceux qui découlent des mesures sanitaires ou phytosanitaires appliquées par d’autres membres.
Dans de telles circonstances, les membres s’efforceront d’obtenir les renseignements additionnels
nécessaires pour procéder à une évaluation plus objective du risque et examineront en conséquence la
mesure sanitaire ou phytosanitaire dans un délai raisonnable »
En l’espèce, il est clair que la solution médicamenteuse préconisée par le Professeur RAOULT
entre dans ce cas de figure et que, sans certitudes pour autant, il est néanmoins SUSCEPTIBLE
DE SAUVER DES VIES.
Encore faut-il avoir de telles doses, ce qui n’est pas le cas en l’espèce.
C’est la raison pour laquelle, dans le respect des dispositions du décret précité, afin d’anticiper
les besoins de la population, et sauf à porter une atteinte grave et manifestement illégale au
droit au respect de la vie, il est demandé que Monsieur le Président du Tribunal administratif
de céans puisse enjoindre à l’ARS et au CHU de LA REUNION de passer sans délais
commande des doses nécessaires* au traitement de l’épidémie de COVID-19 à LA REUNION
par hydroxychloroquine et l azithromycine, afin de tenir compte :
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d’une fin de confinement pouvant raisonnablement être fixée au 30 avril 2020 ;
(*A TOUT LE MOINS 85.000 DOSES, SOIT 3,4 % d’une population comptant 850.000 habitants,
majoré d’un facteur de morbidité supérieur à celui de la métropole et après avoir pris en
considération le fait que plusieurs doses peuvent être nécessaires aux malades les plus atteints
(taux moyen de mortalité du coronavirus au sein d’une population de plusieurs état européen
selon l’OMS).
« Dans toutes les instances, le juge condamne la partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante,
à payer à l'autre partie la somme qu'il détermine, au titre des frais exposés et non compris dans les
dépens. Le juge tient compte de l'équité ou de la situation économique de la partie condamnée. Il peut,
même d'office, pour des raisons tirées des mêmes considérations, dire qu'il n'y a pas lieu à cette
condamnation. »
Compte tenu de l’enjeu public majeur objet de cette requête, il ne sera fait aucune demande à
ce titre.
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PAR CES MOTIFS, et tous autres à produire, déduire ou suppléer, au besoin d’office, Les
requérants concluent à ce qu’il plaise à Monsieur le Président Tribunal administratif de céans
de :
Vu l’urgence,
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A SAINT DENIS LE 30 MARS 2020
Productions
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