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Thème 1 d'histoire : Les mémoires de la guerre d'Algérie, lecture historique.

La guerre d'Algérie, ou les "évènements "d'Algérie selon les Français, s'est déroulée du 1er
novembre 1954 au 3 juillet 1962. Cette guerre a lieu principalement sur le territoire algérien même si
des répercussions sur le territoire national se font sentir. Elle démarre lorsque des commandos du
Front de Libération National (F.L.N., pro-indépendance) déclenchent des attaques dans différents
territoires algériens.
Rapidement, une multitude d'acteurs se retrouve bon gré mal gré partie prenante de ce conflit qui
oppose la France à l'Algérie certes, mais avec de nombreuses subtilités. D'un côté, les soldats
français du contingent et les Harkis, contre le F.L.N. mais aussi d'autres branches armées. D'un côté
les "pieds-noirs" et la population civile française avec ses perceptions diverses d'un conflit éloigné, de
l'autre des populations dites "indigènes" ou "musulmanes" elle-même souvent prises en étau.
Ce long conflit de huit ans, à l'issue victorieuse pour beaucoup d'Algériens pour cause
d'indépendance acquise, n'en a pas moins laissé de lourdes traces pour ces nombreux acteurs. Les
mémoires liées à la guerre d'Algérie sont donc multiples dans les deux pays, jusqu'à nos jours puisque
de nombreux contemporains des faits vivent encore et les générations suivantes sont souvent relais,
transmettrices de ces mémoires.
On entends par mémoire les souvenirs, ressentis, vécus, racontés, parfois réels, parfois fictifs.
Une mémoire est souvent un sentiment perçu, subjectif. Elle est un matériau important pour
construire une histoire scientifique, c'est-à-dire une lecture du passé basée sur la confrontation de
sources, de la manière la plus objective possible. A ce titre, les mémoires de la guerre d'Algérie
fournissent une somme de sources pour les historiens. Leur évolutions mêmes, et la nature de leur
expression ont changé, ont évolué entre 1954, date de début du conflit et nos jours.
Nous allons donc chercher à comprendre l'histoire des mémoires de la guerre d'Algérie. Comment
se sont-elles exprimées de 1954 à nos jours ? Comment les historiens ont-ils pu travailler avec des
matériaux si sensibles pour offrir une lecture scientifique de ce conflit ?

Il convient d'entamer l'étude avec l'observation des mémoires dès 1954 jusqu'au début des années
1970. Nous pourrons alterner avec les représentations françaises puis en second temps les
représentations algériennes.

Entre 1954 et 1962 le gouvernement français ne parle pas de guerre mais des « événements »
d’Algérie. Ce terme vise à atténuer l'importance des dommages subis par l'autorité française lors de
la nuit de 1er novembre 1954, la "Toussaint rouge". Ainsi, les membres du FLN sont assimilés à des
« rebelles », des « terroristes », des « hors-la-loi ». Les soldats envoyés font des opérations de
"maintien de l'ordre" et non la guerre.
Dans le même temps l’Etat cherche à contrôler l’information. La loi du 3 avril 1955 qui déclare l’état
d’urgence habilite les autorités administratives à prendre toutes les mesures pour assurer le contrôle
de la presse : Saisies de journaux, censure, sont surtout visés les livres, articles qui critiquent les
méthodes de l’armée et en particulier la torture. C’est le cas par exemple de l’ouvrage d’Henri Alleg, la
question, 1958.
Il en va de même de l’image et des informations télévisées. A l’époque,une seule chaîne. Le menu du
journal du soir est préétabli chaque jour par le Service de Liaisons interministérielles (le
gouvernement).
Une fois la guerre achevée on cherche à l’oublier. Les années 60 correspondent à la période des
Trente glorieuses et à l'essor de la société de consommation. On préfère commémorer d’autres
guerres : Dans la décennie 60/70 près de 43 musées militaires sont créées : ils sont consacrés à la
Première Guerre mondiale, à la Seconde Guerre. On crée aussi des musées de la résistance mais rien
pour commémorer l'engagement des soldats français en Algérie.
Le gouvernement cherche ainsi à tourner la page de ce qui a été une guerre civile. Un symbole de
cette volonté d’oubli apparait dans les lois d’amnistie. Le 17 décembre 1964  le gouvernement fait
voter la première loi d’amnistie, liée aux « événements d’Algérie ». Les membres de l’OAS bénéficient
d’une grâce présidentielle. L'OAS pour Organisation de l’Armée secrète était une organisation
politico-militaire clandestine française, créée le 11 février 1961 pour la défense de la présence
française en Algérie par tous les moyens, y compris le terrorisme à grande échelle. Les membres de
l’OAS ont même cherché à assassiner le président de la République, notamment le 22 août 1962 dans
l’attentat du Petit-Clamart.
La guerre d’Algérie reste donc un sujet difficile à aborder en France. En 1966, quatre ans après la
défaite, sort La bataille d’Alger de Gilles Pontecorvo. Projeté au festival du cinéma de Venise car
interdit en France, les officiers coloniaux y sont décrits comme des professionnels froids de la lutte
antiguérilla. La bataille d’Alger ne sera pas montrée en France. Il est projeté pour la première fois le
20 août 1970 mais très vite retiré des salles. La situation est tout autre de l'autre côté de la
Méditerranée.

L'Algérie, en effet, cultive la vision d'une guerre révolutionnaire.


En Algérie la guerre d’indépendance est célébrée par le nouveau régime, contrôlé par le FLN. Le
pays est dirigé par Ahmed Ben Bella (1962-1965), puis Houari Boumédiène (1965-1978). Elle
correspond en effet à une victoire et elle débouche sur l’indépendance du pays. La date de la fête
d’indépendance est fixée au 5 juillet 1962. La date n’est pas choisie au hasard. Elle correspond à la
colonisation d’Alger par les Français le 5 juillet 1830.
Le nouveau régime cherche à construire une histoire/mémoire officielle. Les autorités proclame la
« falsification de l’histoire » par la France. Ils condamnent la colonisation et tout ce qui lui est
associé. Le nouveau régime entreprend de « décoloniser l’histoire ». Pour les hommes du FLN il faut
reprendre le contrôle de son passé, de son histoire en effaçant un siècle et demi de présence
française. C'est le mouvement d'arabisation de la société, comme un large pan du Moyen-Orient
d'ailleurs. Le FLN souhaite effacer toute trace du français. En 1974, la création du centre National
d’études historiques (CNEH) atteste que l’histoire est contrôlée par l’Etat Algérien.
Cette histoire repose sur plusieurs postulats indiscutables . Pour le FLN la lutte pour
l’indépendance a commencé le 1er nov 1954 avec le soulèvement du FLN. Du même coup, tous les
combats antérieurs sont gommés, effacés, niés. Or dès 1926, la fondation de l’Etoile nord-africaine
sous l’égide de Messali Hadj qui se prolonge en Mouvement National Algérien (M.N.A.) est passée sous
silence. De plus, le FLN fait de cette guerre une cause nationale, autrement dit toute la population
était rassemblée derrière l’organisation.
Mais les choses sont plus complexes. D'abord parce que pendant la guerre le FLN combat le MNA.
Ensuite, les Algériens ne sont pas tous « rassemblés » derrière le FLN. Il y a des musulmans
profrançais qui servent sous l’uniforme français (178 000). Et de nombreux villageois se battent « aux
côtés » des français pour des motifs variés. Enfin, le FLN lui-même est divisé entre différentes
factions.

La perception de la guerre d'Algérie est donc tronquée sur les deux rives méditerranéennes. Les
mémoires sont trop vivaces pour pouvoir s'exprimer réellement et l'histoire ne peut pas encore
trouver de place.

Les choses changent à partir des années 70 jusqu'à la fin des années 1980.

La mémoire de la guerre d’Algérie en France à cette période voit apparaitre une forte éclosion des
mémoires. Cela ne pénètre pas encore le débat public, mais ceux qui l’ont vécu s’expriment à travers
des livres. Benjamin Stora parle à cet égard de guerre « intériorisée ». Dans les années 70-80 près de
mille livres sont ainsi publiés en France avec pour objet principal la guerre d’Algérie. Les plus
nombreux sont les ouvrages de partisans de l’Algérie français. Près de 70% des ouvrages publiés en
France entre 1962 et 1982 sont favorables à ce point. Par ailleurs, le genre dominant est
l’autobiographie ; Entre 1962 et 1982, près de 500 ouvrages paraissent qui tiennent surtout du récit
de vie
Des groupes porteurs de mémoires s’affirment comme les pieds noirs. Ils développent leur propre
mémoire du conflit. Le nom de « Pieds-Noirs » désigne de manière familière les Français originaires
d'Algérie, et par extension les Français de souche européenne installés en Afrique française du Nord
jusqu'à l'indépendance. En 1962, ils sont près d’un million quatre cent mille rapatriés en France. Parmi
ces rapatriés : 930 000 français d’Algérie. Ils ont leurs journaux. Le cri du rapatrié, leurs
associations comme l'ANFANOMA (Association Nationale des Français d'Afrique du Nord, d'Outre-
Mer et de leurs Amis) fondée en novembre 1956.
Les pieds noirs développent une mémoire structurée autour de l’exil, de la difficulté à s’intégrer en
France, du racisme, de la nostalgeria, de la question de l’indemnisation de leurs biens laissés en
Algérie. Une première indemnisation a lieu en 1970, puis 1974 et 1978. Au total, 25 milliards de
francs.
Autre groupe porteurs de mémoires, les Harkis. Cela désigne de façon générale les musulmans
algériens engagés aux côtés des forces françaises. Ils étaient près de 120 000 combattants sous les
drapeaux français. En 1962 à l'indépendance, pour le F.L.N., le harki est un ennemi, un traître, un
comploteur. A partir de juillet 1962 et jusqu’à l’automne une vague d’arrestations frappe les harkis.
Eliminations physiques, lynchages et exécutions en place publiques sont légions. Il y a eu probablement
entre 55 000 et 75 000 disparus en 9 mois. Alors que l’armée française est encore sur place, elle ne
bouge pas. Le gouvernement français ne souhaitait pas les rapatrier ou alors le minimum et avait passé
des ordres dans ce sens. Certains officiers décident de rapatrier les harkis contre l’avis de l’Etat.
Des dizaines de milliers de harkis arrivent en France. Employés dans l’industrie, dans le secteur
forestier, ils subissent des conditions d'installations très sommaires. Certains sont parqués dans des
camps. Six camps de transit sont ouverts dont celui de Rivesaltes, près de Perpignan. Ces conditions
d'accueil souvent déplorables ont engendré une forme de rancœur au sein des groupes concernés ce
qui a conduit les enfants des harkis (années 70) et petits-enfants (à partir des années 90) à
demander réparation.
Enfin, l'autre groupe important qui apparait en France est constitué des soldats. Ils écrivent dans
les années 70-80 mais ils ne sont pas écoutés. A leur retour à la vie civile on ne leur reconnaît même
pas le statut de combattant car ce n'étaient officiellement que des « opérations de maintien de
l’ordre ». Ils créent leur propre organisation. En 1958 l'UNCAFN (union nationale des combattants et
des anciens d’Afrique du Nord) ou la FNACA : fédération nationale des anciens combattants d’Algérie,
du Maroc et de la Tunisie. Ces associations divergent sur leurs positions. Quand la FNACA milite pour
l'apaisement des rancœurs et le rapprochement avec l’Algérie, l'UNCAFN rappelle les valeurs de la
patrie, de la famille.
Les mémoires perceptibles en France sont donc vives, conflictuelles, et potentiellement amères
vis-à-vis des institutions.

Les mémoires sont encore ankylosées durant les années 70 en Algérie. Mais dans les années 80,
l’Etat algérien se montre plus souple à l’égard des travaux historiques sous le président Chadli
Bendjedid (1979-1992).
Tout d'abord entre 1982-1984 se tient l'organisation de séminaires d’écriture de l’histoire par le
FLN. Pour cela, une vaste opération de collecte et d’enregistrement de témoignages verbaux sur les
différentes étapes de la révolution algérienne est effectuée. Et des figures du FLN oubliés sont
réhabilités. Par exemple Krim Belkacem. Il fait partie de ceux qui ont signé les accords d’Evian en
1962. Après la guerre il a été complètement oublié. Exclu du pouvoir dès l’avènement de Ben Bella, il
s’oppose par la suite à Houari Boumédiene et se réfugie en Allemagne. Il est assassiné à Francfort en
1970. Avec l’avènement de Bendjedid il est réhabilité. Le 24 octobre 1984 a lieu la réinhumation
solennelle à Alger de Krim Belkacem et de 8 dirigeants du FLN.

Les décennies 70-80 voient donc l'éclosion de mémoires multiples en Algérie comme en France. Les
historiens sont conviés à la réalisation d'étude sur les matériaux oraux et peuvent entamer leurs
travaux. La vision historique des évènements commencent à prendre forme.

Depuis les années 80 pourtant, les mémoires n'ont pas cessé de rester multiples et conflictuelles,
à la fois à l'intérieur de chaque pays mais également dans leur relations internationales.
En France, les mémoires de la guerre d’Algérie restent difficiles à évoquer et suscite des
crispations.
Il y a une mémoire nostalgique de l’Algérie française. Cette mémoire croise un discours anti-
immigration, sur l’impossible assimilation des arabes en France. Le Front National, parti politique
d'extrême -droite entretient ces éléments comme dans le discours du 2 avril 1987 de son président-
fondateur, Jean-Marie Le Pen, ancien volontaire parachutiste durant la bataille d'Alger, au Zénith de
Paris, quand il " demande aux beurs d’aimer la France, d’adopter ses lois, ses mœurs, sa langue, sa
façon de penser »…
Il y a aussi une mémoire des immigrés d’origine algérienne qui réclament d’être reconnu comme
Français. Elle s'exprime par exemple en 1983 avec la marche pour l’égalité.
Il y a enfin la mémoire des fils de harkis.
Ces mémoires entrent en concurrence, sont conflictuelles. Le général Paul Aussaresses publie un
ouvrage en 2001, Services spéciaux : Algérie 1955-1957 dans lequel il reconnait et justifie avoir
pratiqué la torture. Certains souhaitent mettre en avant les aspects positifs de la colonisation. La loi
du 23 février 2005 qui souhaite évoquer "le rôle positif de la colonisation" et portée par des députés
UMP souligne ce clivage.
D’autres courants comme le collectif des Indigènes de la République voient dans la France un
régime qui continue de pratiquer une forme de néocolonialisme. Pour eux, les Français d’origine
immigrée sont exclus de la société. La France refuse la différence, c’est un régime impérialiste qui se
pense comme telle.

Depuis le début des années 90, la situation en Algérie s'est dégradée. La place des mémoires et de
l'histoire de la guerre d'Algérie également.
Ce conflit a été largement instrumentalisée. Bouteflika ne cesse de faire référence à l’histoire et
à l’identité nationale pour légitimer le pouvoir du FLN en Algérie. La question de la guerre d’Algérie
est ainsi omniprésente dans les relations franco-algériennes. En avril 2006, le président Bouteflika
fait des déclarations à Constantine sur le génocide de l’identité culturelle algérienne pendant la
période coloniale. En réponse peut-être au projet de loi UMP. L’Etat algérien entend également porter
devant les juridictions internationales l’affaire des algériens exécutés par l’armée coloniale française
pendant la guerre.
En parallèle, la guerre d'Algérie commence à surgir dans sa complexité. Les historiens algériens se
livrent à un travail critique. Par exemple Abane Ramdane, un leader algérien du FLN. Il est assassiné
en 1957. Pendant longtemps le FLN laisse croire qu’il s’agit des français alors qu’il a été éliminé par
ses propres camarades. Autre exemple  avec le massacre de Mélouza le 29 mai 1957. 374 villageois
sont massacrés par le FLN pour sympathie messaliste.

Depuis 1954 jusqu'à nos jours, il semble que les mémoires sur la guerre d'Algérie ne sont pas
taries. Multiples, collectives et individuelles, les mémoires n'ont d'abord pas pu trouver de place pour
se faire entendre. Ce n'est qu'à partir des années 70-80 qu'en Algérie comme en France, les langues
et les plumes se sont libérées, et les historiens ont pu entamer leurs recherches. Malgré cela, les
décennies 90 et 2000 n'ont pas permis d'éviter les crispations et les tensions résiduelles dès lors que
l'Histoire aborde ce sujet épineux et tragique pour de nombreuses familles encore.

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