Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.
L
es entreprises cherchent à créer de la valeur par l’implé-
mentation – entre autres- de systèmes d’information qui
génèrent des gains tangibles et intangibles. Pour cela,
elles ne cessent d’investir dans les systèmes d’information
pour améliorer leur performance et générer aussi des résultats.
Pour aider à ce développement, les entreprises ont recours à un
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 160.177.18.195 - 25/12/2019 17:46 - © Direction et Gestion
Ali ELIDRISSI
Maître de Conférences HDR, 1. Contribution des systèmes
Université de Nice-Sophia Antipolis d’information à la performance
Laboratoire CRIFP E. A 1195 – IAE Nice
IUT de Nice, France La réflexion théorique sur les systèmes d’information s’appuie
sur les débats menés entre déterminisme et interactionnisme à
janvier-février 2010
Article disponible sur le site http://www.larsg-revue.com ou http://dx.doi.org/10.1051/larsg/2010006 Dossier
56 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 241 – Organisation
propos des concepts que sont la technologie et l’organisation. de son développement que dans ses usages. Dans le cadre de
Nous ne reviendrons pas sur ces débats, et nous privilégierons, ce déterminisme mutuel deux approches s’opposent :
dans notre réflexion, la conception interactionniste pour justifier – une approche socio-technique2 basée sur l’adéquation entre
les relations entre les technologies et l’organisation. A travers système technique et système social qui favorise l’intégration
cette dimension, nous essayerons de montrer la contribution et l’harmonisation de ces sous-systèmes. L’introduction d’une
Innovation – réseaux et territoires
des systèmes d’information à la performance des organisations. nouvelle technologie au sein de l’organisation ne peut réussir
Analyse conceptuelle technologie-organisation : que si les utilisateurs de celle-ci l’acceptent et se l’approprient ;
La technologie occupe une place centrale dans le dévelop- – une approche co-évolutionniste qui privilégie l’idée d’interac-
pement des organisations et les relations entre les deux tion entre technologie et organisation (M. Akrich, 1993), et où
(technologie/organisation) ont fait l’objet de nombreux travaux prédomine le principe de co-développement et d’action d’une
(W.J. Orlikowski, 1992, 2000 ; M.L. Markus & D. Robey, 1988 ; variable sur l’autre. Cette approche favorise l’interaction et la
H. Kefi et M. Kalika, 2004…). Cette approche qualifiée de « déter- construction mutuelle de la technologie et de l’organisation tout
minisme technologique » repose sur de nombreuses disciplines en tenant compte de la dimension humaine (D. MacKenzie &
telles que la sociologie, l’économie et la gestion. L’hétérogénéité J. Wajcman, op. cit, 1999).
de ces approches permet, selon D. MacKenzie et J. Wajcman, Pour analyser la nature et l’impact des technologies, le recours
(1985,1999), d’extraire plusieurs caractéristiques : à la théorie de la structuration adaptative (TSA) de G. De Sanctis
– la technologie est considérée comme un artefact doté d’un et M.S. Poole (1994) est intéressant en raison de l’introduction
ensemble de caractéristiques matérielles ; de notions comme :
– son développement est structuré par des lois scientifiques – les coûts de maintenance du système,
extérieures à la sphère organisationnelle ; – le degré de satisfaction des utilisateurs,
– ses effets sont appréhendés en termes d’impacts sur les – les caractéristiques techniques des outils comme la puissance,
usages et l’organisation. la rapidité, la fiabilité…,
Ainsi, la technologie est perçue comme un objet matériel, un outil – « l’esprit de la technologie », concept flou qui comprend l’ensemble
se développant de manière autonome et extérieur à l’organisation, des valeurs, des intentions et des finalités sous-jacentes à un
expliquant ainsi leur relation de causalité. Aussi, d’un point de ensemble bien déterminé de dispositifs structurels inhérents
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 160.177.18.195 - 25/12/2019 17:46 - © Direction et Gestion
janvier-février 2010
Dossier
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 241 – Organisation 57
se sont juxtaposés au fil du temps au gré des choix stratégiques, des données brutes. Ceci est favorisé par la capacité des systèmes
des évolutions technologiques des systèmes informatiques mis informatiques qui peuvent traiter un nombre accru de données.
en place, du développement de l’organisation elle-même ». En Pour illustrer nos propos, nous prenons le cas des établissements
effet, des applications informatiques centrées sur des objectifs bancaires, car ils ont su profiter à la fois des systèmes d’infor-
locaux et immédiats ont été réalisées, sans une recherche mation intégrés et des innovations technologiques pour assurer
janvier-février 2010
Dossier
58 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 241 – Organisation
et nos contraintes. Cette étude s’appuie, à côté d’un traitement en l’an 2000, à l’instauration des normes IAS-IFRS, de Bâle 2,
de données secondaires (revues, colloques, conférences…), sur de Target 2, de SEPA… Le système d’information est, de ce
de l’observation directe, des interviews et des entretiens semi- fait, témoin et acteur du changement. En conséquence plusieurs
directifs auprès de responsables de différents établissements interrogations apparaissent : comment le système d’information
financiers (chef d’agence, DSI, directeur de groupe…) localisés a-t-il accompagné les mutations stratégiques ? Comment a-t-il
Innovation – réseaux et territoires
dans les Alpes-Maritimes. permis aux banques de relever le défi ? Comment le système
d’information a-t’il été structuré, et urbanisé ?
C’est à cette série de questions que nous allons apporter des
2.1. Les orientations stratégiques éléments de réponse – sans prétendre à l’exhaustivité- à travers
des systèmes d’information bancaires quatre axes :
Le modèle métier est le fruit d’expériences réussies dans la
Depuis les années quatre-vingts, le monde bancaire français subit banque d’une part et d’autre part d’une approche urbanisée des
de profondes mutations impliquant des répercussions culturelles, processus métier et d’une couverture fonctionnelle très large :
stratégiques et organisationnelles considérables. Ces évolutions A. Le premier axe consiste à automatiser les activités faisant
ont plusieurs origines : partie du cœur de métier (back office) de manière à pouvoir
– la globalisation du marché bancaire ; traiter plus rapidement et plus efficacement les opérations
– l’intensification de la pression concurrentielle provenant des courantes des clients bancaires et ce, dans une logique de
banques étrangères, des compagnies d’assurance mais aussi traitement tout au long du processus. En effet, le traitement
de nouveaux venus issus de la grande distribution et plus des opérations quotidiennes est devenu la règle commune
récemment la Banque Postale ; pour gérer l’ensemble des opérations bancaires du système
– la multiplication des canaux de distribution et d’information ; d’information. C’est déjà le cas pour les opérations titres et
– la banalisation des produits bancaires : la gamme et la tarifi- les opérations de montants importants mais cela reste à faire
cation des produits bancaires ne sont plus des critères de pour les opérations de petit montant (directive de SEPA). Le
différenciation ; système d’information devient alors un outil au service de la
– la volatilité de la clientèle : les clients sont mieux informés, productivité et de la maîtrise des coûts.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 160.177.18.195 - 25/12/2019 17:46 - © Direction et Gestion
janvier-février 2010
Dossier
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 241 – Organisation 59
d’information et des flux entre les différents sous-systèmes est En définitive, la représentation ci-dessous détermine un cadre
intéressant. Ce système d’information bancaire peut être découpé général d’architecture suivant trois zones fonctionnelles homogènes
de la manière suivante : du point de vue de l’organisation des métiers dans la banque.
• Le Back Office ou le cœur de Métier : fournit un soutien adminis-
tratif et logistique aux opérations menées par le Front office.
Figure 2. Architecture du système d’information des métiers de la banque. Source : O. Imberti, (2007), Les grandes tendances du Marché Bancaire, Finmarkets. Chaque
zone fonctionnelle est divisée en un ou plusieurs services (s).
janvier-février 2010
Dossier
60 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 241 – Organisation
– L e service « gestion des objectifs et des réalisations des ventes » une logique de résultats : réduction des coûts, meilleure qualité
représentant la déclinaison opérationnelle de la stratégie commer- des services, une meilleure réactivité, une simplification des
ciale de la banque par point de vente et par agent gestionnaire ; procédures…
– Le service « marketing » chargé d’élaborer et de maintenir les une logique création de la valeur.
nouveaux produits ou services par rapport à la concurrence ; La notion de création de valeur est polymorphe car elle génère
Innovation – réseaux et territoires
– Le service « gestion du réseau commercial » (gestion des postes de nombreux indicateurs qui prennent essentiellement appui sur
opérationnels, composition de la structure organisationnelle, des bases comptables, boursières ou économiques.
communication interne, guides de procédure, guides opéra- De ce fait, la création de la valeur s’apprécie à deux niveaux :
toires…) permettant d’assurer une présence physique et géogra- – au niveau de l’actionnaire : une entreprise crée de la valeur
phique. si le résultat dégagé par l’exploitation est supérieur au coût
Les fonctions étendues qui font partie intégrante du Front office des capitaux investis. Cette valeur revient aux actionnaires
représentent la banque multi canal et regroupent l’ensemble des en raison des risques encourus. Les indicateurs traditionnels
canaux de distribution de services ou de paiements électroniques. comme le bénéfice net, le bénéfice net par action ou encore la
• le Middle office : concerne les employés d’un établissement valeur boursière sont jugés insuffisamment pertinents et ils sont
financier qui contrôlent les risques, calculent les profits et les remplacés par les concepts de création de valeur. Le recours à
pertes, gèrent les systèmes informatiques et leur sécurité. Le l’EVA « Economic Value Added »6 créée dans les années quatre-
Middle office utilise les données qui lui sont transmises par le vingt dix est considéré comme un indicateur utilisé en complément
Front et le Back office. des indicateurs financiers de ROI. L’EVA mesure l’accroissement
ou la diminution de la valeur pour l’actionnaire, telle qu’elle
résulte d’un investissement. Elle exprime la richesse générée
2.2. Contribution des systèmes par l’entreprise diminuée du coût des ressources financières
d’information à la création de valeur nécessaires au fonctionnement de l’entreprise.
Il s’agit d’un élément central du tableau de bord de tout décideur7.-
Selon W. Delone & E. McLean (1995) 1992, la performance d’un au niveau de l’entreprise : la valeur pour l’entreprise s’exprime à
SI peut se mesurer de différentes manières La qualité du système travers les gains réalisés au-delà du coût du capital investi. Un
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 160.177.18.195 - 25/12/2019 17:46 - © Direction et Gestion
janvier-février 2010
Dossier
La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 241 – Organisation 61
janvier-février 2010
Dossier