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[Georges Didi-Huberman, séminaire Soulèvements, séance 18]

On ne reste pas avec un auteur pendant tant d'années sans que ce soit crucial et
fondamental, évidemment. Donc dire que Bataille était anti-hégélien c'est évidemment
insuffisant. Il s'agissait en fait de s'expliquer avec Hegel, et moi je dirais, garder toute la
puissance de la dialectique en tant que devenir, en tant que conflit, désir, complexification,
ouverture et en inachevant le travail du négatif. Evidemment il y avait une conséquence. C’est
que au lieu d'aller comme ça [GDH dessine devant lui avec son doigt une courbe rectiligne
ascendante], ça allait comme ça [GDH dessine devant lui en un mouvement oscillé de la main
une courbe, successivement compliquée et sinusoïdale]. Le devenir et la dialectique pouvaient
tout aussi bien être des processus de régression que des processus de progression. Ça, Bataille
s’en fichait il savait très bien que c'était comme ça. Eisenstein, je vous ai montré un jour que
c'était pareil. Aussi ce que Hegel nommait le travail du négatif, encore que si on entend travail
comme une activité qui vise à la fin d'un produit bien fini alors ce sera pas un travail et à ce
moment-là Bataille réfutera même le mot travail en parlant de négativité sans emploi. Une
négativité sans emploi c'est une négativité qui n'a pas le statut d'un travailleur, c’est vraiment
un intermittent du négatif, ou alors, ce qui sauverait le mot travail, ça serait le sens freudien
du travail, mais on en est pas là. Bataille va faire régresser ce que Hegel appelait le travail, qui
suppose une finalité, vers quelque chose eh bien de tout à fait régressif, enjoué, merveilleux,
nietzschéen, risqué, tout ce que vous voudrez, c'est-à-dire le jeu. C'est à dire aborder Hegel, le
prendre, et le faire jouer, au lieu de de le faire travailler. C'est ça la négativité sans emploi.
[…] [GDG cite ensuite un texte de Bataille en ajoutant] Bataille, dans un texte posthume,
inédit qui date de la rédaction des Larmes d’Eros (1961, publié chez Pauvert). On trouve ça
dans le dossier des Larmes d’Eros publié dans le volume X des œuvres complètes. C’est un
texte, donc, qui n’a jamais été publié de son vivant et c’est étrange parce qu’il est pas tout à
fait à sa place… C’est un texte sur Hegel mais dans un dossier sur l’érotisme […] [voilà la
citation que je prolonge un peu, c’est tellement beau]
« Ma doctrine de la chance est la seule partie de ce que j'ai dit qui soit extérieure à Hegel. Le
reste y peut rentrer (au besoin par une modification que j'accepte d'avance). Mais je ne dis pas
cela comme Hegel lui-même aurait pu le dire. Sur ce point l'aléa ? 
Je n'ai pas l'intention dans ces quelques pages introduisant à celle de mes œuvres qui compte
le plus devant mes yeux de parler d'un principe d'où ma réflexion procéderait, mais je veux
dire ici de quelle manière ma pensée me semble s'éloigner de celle des autres, surtout de celles
des philosophes. Il me faut dire, en premier lui, que j'ai peur, et que [...Le manuscrit
s'interrompt] »

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