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PIERRE-YVES BEAUREPAIRE
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3. Boulonnais, noble et Révolutionnaire, le journal de Gabriel Abot de Bazinghen (1779-1798), éd. Alain
Lottin, Louisette Caux-Germe et Michel de Sainte-Maréville (Arras, 1995).
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Les Anglais affirment avoir respecté les clauses du traité jusqu’à la mort
du Grand Maı̂tre français, le comte de Clermont. C’est le sens de la lettre
qu’adresse John Salter, Deputy Grand Master, le 15 mars 1768, au frère
Brest de La Chaussée, important officier de la Grande Loge de France:
I have received some letters from different parts in France, particularly one
from Bordeaux6 praying a Deputation to appoint a Provincial Grand Master,
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but I have ordered the Grand Secretary to acquaint them that I could not
comply with their Request as there is a Grand Master and Grand Lodge in
France to whom they ought to apply in all affairs relative to Masonry and I
beg leave to assure you that the Grand Lodge of England will not for the
future interfere with lodges in France as we look upon it to be highly
improper to take cognizance of lodges under the jurisdictions of your Grand
Lodge.7
7. Paris, Archives de la Grande Loge d’Ukraine (il s’agit en réalité des papiers personnels de
Nicolas Choumitzki), 1734 M.
8. La Candeur a été constituée le 2 mai 1772.
9. Paris, Archives de la Grande Loge d’Ukraine, 1743 M.
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10. Paris, Archives de la Grande Loge d’Ukraine, 1752 M. Note de Guillotin, 2 octobre 1775.
11. Le 18 juin 1773, répondant à la demande de constitutions adressée par la Candeur, orient
de Strasbourg, à Londres, l’officier chargé du dossier regrette son manque de maı̂trise de
la langue française, et rédige sa planche en anglais (Grand Lodge Library, Freemasons’ Hall,
Archives de la Grande Loge Unie d’Angleterre, Letter book 2, f.102 A).
12. A. Bernheim, ‘Notes on early Freemasonry in Bordeaux (1732-1769)’, Ars Quatuor
Coronatorum 101 (1989), p.66.
13. L’article 14 du règlement général du Grand Orient stipule que ‘le Grand Orient de France
ne constitue pas d’Ateliers dans les pays étrangers où il existe une puissance maçonnique
régulière et en relations fraternelles avec lui.’
14. Paris, BnF, Cab MSS, FM, FM2 169 bis, dossier Amitié, orient de Bordeaux, f.68v.
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15. Grand Lodge Library, Freemasons’ Hall, Archives de la Grande Loge Unie d’Angleterre,
Letter book 2, f.102 A.
16. Lettre dont l’original français a été traduit et édité par Sitwell, Transactions of the Lodge of
Research noCC, 1928, p.49-50.
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17. Ils répondent à la lettre du 17 décembre 1773 du secrétaire général du Grand Orient au
Deputy Grand Master Charles Dillon, où l’on pouvait lire: ‘C’est pour nous procurer ce
précieux avantage [l’union des francs-maçons] que le Grand Orient de France m’a chargé
de vous faire part de cette intéressante révolution, de vous demander la faveur de votre
correspondance, votre protection et votre appui pour ceux de ses membres que le hasard
pourroit conduire dans votre Orient.’ Paris, Archives de la Grande Loge d’Ukraine, 1736 M.
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the intentions of your Grand Lodge with respect to Foreign Nations, and in
particular whether you mean to adhere to a Treaty entered into between our
Grand Lodge, and that of France, about the year 1765.18
aux yeux des dirigeants. D’emblée, les Français fixent le principe de toute
relation future: ‘l’intention du g[rand] o[rient] de france est de traiter
avec celui de Londres d’égal à égal cette égalité devant être la base du
traité d’union.’19 Le Grand Orient n’est pas une Grande Loge Provinciale
émancipée de la tutelle de la mère britannique. L’insistance des Français
sur ce point est permanente. Au-delà de l’affirmation des principes de
souveraineté, cette attitude se comprend mieux si l’on s’intéresse à
l’interlocuteur des négociateurs français, de Vignoles.20
Vignoles porte le titre de Grand Maı̂tre Provincial pour les pays
étrangers.21 Le contenu réel de ses attributions est fort vague, et l’usage
qu’il en fait importe dans un premier temps assez peu aux dirigeants de
la Grande Loge. En effet, à cette époque, et on l’oublie trop souvent, un
frère pouvait être revêtu par le Grand Maı̂tre de la Grande Loge
d’Angleterre de la charge de Grand Maı̂tre Provincial, sans que la Grande
Loge Provinciale correspondante n’existât dans les faits. Il lui revenait
d’ériger ‘sa’ Grande Loge Provinciale et de payer capitation à Londres.
De son côté, Vignoles considère d’une manière toute différente sa
Grande Maı̂trise Provinciale, et revendique une tutelle des plus strictes
sur les ateliers continentaux constitués par Londres. Sa vénalité et ses
abus de pouvoir qui devaient le rendre tristement célèbre parmi les
francs-maçons et conduire à sa radiation de l’ordre n’étaient pas encore
connus. Entre le manque d’empressement de la Grande Loge
d’Angleterre à négocier avec les obédiences continentales et le soin
jaloux de Vignoles – qui est l’une des nombreuses figures de chevalier
d’industrie comme on nomme alors les aventuriers qui profitent de la
franc-maçonnerie – à veiller sur ses intérêts (il prélevait une véritable
dı̂me sur les fonds adressés par les ateliers pour obtenir leurs patentes), le
Grand Orient de France allait devoir faire preuve de patience et de
détermination.
Le ‘traité d’union’ qu’étudie la commission ad hoc du Grand Orient
désigne en fait un traité d’amitié, sinon de non-agression, entre deux
puissances maçonniques: ‘le g[rand] o[rient] de france et celui
d’angleterre, pour maintenir entr’eux l’union et l’amitié, entretiendront
une correspondance mutuelle.’22 Mais il n’est pas d’amitié sans bon
voisinage, tout particulièrement dans une Europe maçonnique où les
fondations françaises et étrangères coexistent dans une même ville: en
19. Paris, BnF, Cab MSS, FM, FM1 118, f.408r, article 1.
20. Qui se prétend marquis.
21. Voir W. Wonnacott, ‘De Vignoles and his lodge L’Immortalité de l’Ordre’, Ars Quatuor
Coronatorum 34 (1921), p.132-69; N. S. H. Sitwell, ‘The marquis de Vignolles and the
Provincial Grand Lodge for foreign countries’, Ars Quatuor Coronatorum 49 (1936), p.122-
28; E. E. Stolper, ‘More about de Vignoles’, Ars Quatuor Coronatorum 96 (1983), p.211-218
22. Paris, BnF, Cab MSS, FM, FM1 118, f.408v, article 3.
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23. Paris, BnF, Cab MSS, FM, FM1 118, f.408r, article 2.
24. Paris, BnF, Cab MSS, FM, FM1 118, f.413r.
25. Les relations franco-britanniques se tendent alors de plus en plus sur le plan profane en
raison de l’engagement français aux côtés des ‘Insurgents’ d’Amérique. On sait par
ailleurs quel rôle a joué la commune appartenance à l’ordre maçonnique, dans les
premiers contacts entre officiers français et américains.
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continuera de jouir du droit d’établir des l[oges] dans les autres quand il en
sera requis.26
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Une seconde note, non datée, précise la première. Il n’est pas question de
visée expansionniste, mais de faire assaut de zèle maçonnique, de prof-
iter d’une saine émulation pour relayer plus vite le flambeau
31. Paris, BnF, Cab MSS, FM, FM1 118, Commission pour les Grands Orients étrangers, f.431r.
32. Paris, BnF, Cab MSS, FM, FM1 118, f.432r en réponse au f.431r.
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33. Londres, Grand Lodge Library, Freemasons’ Hall, Archives de la Grande Loge Unie
d’Angleterre, document communiqué par M. Brodsky.
34. Paris, Archives de la Grande Loge d’Ukraine, 1754 M. Londres, 4 juin 1776.
35. Paris, Archives de la Grande Loge d’Ukraine, 1749 M. Londres, 23 juin 1776.