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GPA Entrepreneur

Et
GPA Recherche et Innovation

Encourager l'innovation dans les PME françaises


Propositions du Groupe Projet PME et Innovation,
Présidé par Hugues-Arnaud Mayer1

1
La composition du groupe est indiquée en annexe

MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »


GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 1
INNOVER OU DISPARAÎTRE

Dans un environnement de plus en plus incertain, une seule certitude : seules survivront et se
développeront les entreprises capables de défricher de nouveaux secteurs d'activité, de
développer des créneaux porteurs par leur créativité, d'exploiter des marchés existants en y
prenant une place prépondérante grâce à leur compétitivité et leur capacité à innover.

L’innovation : un enjeu majeur pour les PME

La somme des connaissances scientifiques et techniques double maintenant tous les


sept ans. La durée de vie des produits se raccourcit. La concurrence s’accroît. Le
consommateur devient plus exigeant, plus versatile.

Cet environnement tranche avec celui dans lequel évoluaient les entreprises au siècle
dernier. A cette époque, les sociétés étaient créées à partir d’une innovation, d’un
nouveau produit, ou plus rarement d’un nouveau service. Et bien souvent la durée
d’exploitation de cette innovation était suffisante pour amener le créateur à une retraite
confortable. Car le cycle de vie du produit correspondait plus ou moins avec celui de
l’entreprise et de son fondateur.

Aujourd’hui, une entreprise est en danger si elle n’est pas capable de renouveler son
offre suffisamment souvent. De l’idée géniale qui assurait une rente à vie, on est passé
à l’innovation permanente qui permet de se maintenir dans la course. Dans le même
temps le concept d'innovation s'est élargi et n'est plus cantonné au seul domaine de la
technologie. La majorité des nouvelles entreprises sont des entreprises de service où
l'innovation concerne essentiellement les process et l'organisation. Le manager du
XXIème siècle, pour assurer la survie et le développement de son entreprise, doit savoir
mobiliser et augmenter le potentiel créatif de ses collaborateurs à travers un processus
continu et collectif d’innovation tous azimuts.

La France en retard

Les grandes entreprises françaises, industrielles ou de services, sont à un niveau de


compétitivité souvent comparable à leurs principaux concurrents mondiaux. En
revanche les PME françaises semblent assez peu ouvertes à un processus continu
d’innovation. Deux entreprises sur trois n’ont pas introduit de nouveaux produits ou
services ces cinq dernières années2. Et pour la moitié de celles qui innovent, la part de
ces nouveautés dans leur chiffre d’affaires ne dépasse pas 10%

Les dirigeants de PME sont conscients de l’importance de l’innovation pour leur


entreprise. Le développement des parts de marché et la rentabilité sont leurs
principales motivations pour innover. Le tiers d’entre eux entrevoit d’ailleurs
l’innovation comme une nécessité pour préserver l’indépendance ou la survie de leur
entreprise3.

2
Source : OCDE – novembre 2002
3
Source : Commission européenne – octobre 2002
MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »
GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 2
Cette réticence des chefs d’entreprise français à se lancer dans l'innovation n’est pas
sans raison. Innover, c'est toujours prendre un risque important d'échouer, une forte
probabilité de se tromper sur les attentes du marché, sur la puissance des concurrents.
C'est remettre en cause les frontières de l'entreprise, la cohérence de son activité. C’est
parfois devoir ouvrir le capital de sa société, partager ses compétences et son pouvoir
de décision. Innover peut être un pari lourd de conséquences pour l'entreprise tant les
investissements nécessaires dans le domaine de la recherche et du développement sont
souvent importants. Enfin, comment demander à l'entreprise, étouffée au quotidien par
le poids de la réglementation et soumise à une forte pression fiscale, de se mettre à
risques sur des enjeux à long terme ?

Un pari européen qui engage fortement les PME françaises

Le Sommet de Lisbonne4 a fixé à l’Union européenne un objectif stratégique


ambitieux pour la prochaine décennie : devenir l'économie fondée sur la connaissance
la plus concurrentielle et la plus dynamique du monde, capable d'une croissance
économique durable, accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitative des
emplois, avec une plus grande cohésion sociale. Le sommet de Barcelone d’avril 2002
a fixé pour objectif de porter l’effort d’investissement dans l’innovation à hauteur de
3% du PIB européen5 dont les deux tiers devront être réalisés par les entreprises.

Un tel défi revient à doubler le volume des investissements consacrés par les
entreprises françaises à l’innovation d’ici la fin de la décennie. Mais il repose surtout
sur la capacité des PME à concevoir plus de produits et de services, plus fréquemment,
plus rapidement, mieux et à moindre coût. Les PME ne pourront fournir cet effort que
si l'Etat assume aussi ses responsabilités : assurer un environnement économique
favorable et partager les risques.

L'entreprise doit développer ses compétences pour entrer dans une démarche
permanente d'innovation, précéder le marché et la concurrence plutôt que les suivre.
Elle doit apprendre à remettre en cause sa façon de concevoir, développer, fabriquer,
lancer et vendre de nouveaux produits tout en gérant les opérations quotidiennes. Elle
doit encourager la créativité, l'innovation, le travail d'équipe, la rapidité et l'efficacité
d'action. Elle doit enfin s'organiser, mobiliser et déployer les ressources pour réussir,
identifier les obstacles, évaluer les risques et la pertinence de ses choix et de ses
décisions.

Les entreprises innovantes ne le sont pas par hasard. Ce rapport, à travers différents
témoignages, présente un certain nombre de bonnes pratiques permettant au chef
d’entreprise de gagner ce pari. Pour que de plus en plus d'entreprises s'engagent dans
l'innovation, l'Etat a lui aussi un rôle à jouer en devenant un véritable partenaire des
entreprises et en partageant avec elles les risques et les efforts demandés. Encourager
l'innovation, c'est rompre avec les politiques traditionnelles de soutien de la demande
pour s'engager résolument dans une politique de développement de l'offre. C'est, pour la
France et pour l'Europe, renoncer au déclin économique.

4
http://www.europarl.eu.int/summits/lis1_fr.htm
5
ftp://ftp.cordis.lu/pub/documents_r5/natdir0000023/s_1869005_20021015_112155_GERC021869fr.pdf
MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »
GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 3
Ce rapport est organisé en trois chapitres regroupant chacun les bonnes pratiques
observées et les mesures proposées pour assurer un environnement économique
favorable à l’innovation.

I. BATIR UNE ORGANISATION INNOVANTE


Le dirigeant et ses salariés

Innover, c’est mener une réflexion globale sur le fonctionnement de l’entreprise afin de
pouvoir la rendre plus souple, plus réactive et plus compétitive. Cette démarche ne
s’improvise pas. Elle doit reposer sur un engagement clair du dirigeant. Elle fait appel aux
compétences de l’ensemble des salariés que le chef d’entreprise doit mobiliser et encourager
en direction d’un projet commun.

II. S’INFORMER, CAPITALISER ET PARTAGER LA CONNAISSANCE


Le dirigeant, ses salariés et l'environnement

Depuis quelques années il est devenu crucial pour l'entreprise d'être en écoute permanente et
de mettre en œuvre un management de toute son «intelligence embarquée», c'est à dire de sa
capacité collective à décrypter les signaux faibles de l'environnement pour aller plus vite que
ses concurrents sur les marchés, mais aussi pour mieux satisfaire ses clients dans tous les
domaines. Cela suppose de savoir mobiliser globalement les capacités de traitement de
l'information à tous niveaux, qu'il s'agisse de ses propres ressources ou de celles de ses
partenaires, fournisseurs et clients pour être plus performant dans la compétition mondiale.

III. PREFERER LA RUCHE AU TERRIER


Le dirigeant, ses salariés et leurs partenaires

S’associer pour innover, répondre à des appels d’offres, mutualiser des achats, des services…
Face à une concurrence qui surgit du monde entier, les entreprises ne peuvent plus gagner
seules. Elles doivent pouvoir développer leurs réseaux d’alliances au-delà de leurs
partenariats traditionnels. Et entrer ainsi dans un processus de valorisation globale de leur
innovation.

MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »


GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 4
I. BATIR UNE ORGANISATION INNOVANTE

L’innovation permanente ne s’improvise pas. Elle se décide. Elle implique de la part du chef
d’entreprise une vision stratégique, une aptitude à l’ouverture et une capacité à mobiliser
l’ensemble de ses salariés.

A. Innover : une volonté et une responsabilité du chef d’entreprise

Le chef d’entreprise ne peut plus innover seul. Mais son rôle est déterminant : c'est à lui de
montrer la voie et de créer les conditions favorables.

Innover, c’est une priorité qui se décide

Les entreprises innovantes se distinguent par la volonté clairement affichée de leur


dirigeant d’inscrire l’innovation dans une stratégie globale. Sans message mobilisateur
du chef d’entreprise autour de cette idée, les tentatives restent vaines. « Le principal
frein à l’innovation est d’ordre culturel » témoigne le gérant d’une entreprise de 40
salariés. « C’est au dirigeant d’insuffler l’innovation et la créativité à tous les niveaux
de sa société. C’est pour moi un véritable état d’esprit ». Une réunion hebdomadaire
avec l’ensemble de ses cadres leur permet de faire le point sur d’éventuelles idées
susceptibles d’être exploitées. « Je réponds ainsi à une demande constante de mes
collaborateurs : leur transmettre ma vision des enjeux et des défis de notre
entreprise ».

Innover, c’est savoir varier les profils et les expériences

Les entreprise innovantes misent sur le recrutement de collaborateurs dont les profils
et les expériences professionnelles sortent de leur secteur d’activité. « En embauchant
des salariés venant d’horizons différents, je bénéficie d’un regard neuf sur l’activité de
ma société. L’investissement que je réalise dans une formation complémentaire est
inférieur aux gains réalisés grâce à cette stratégie de recrutement innovante » déclare
le dirigeant d’une PME du secteur bois. D’autres chefs d’entreprise ont une démarche
plus pragmatique. Le PDG d’une PME du secteur des TIC privilégie l’embauche de
jeunes issus des meilleurs DUT de France ainsi que d’écoles de commerce.
« L’approche terrain de leur enseignement est pour moi un réel gage d’innovation ».

Innover, c’est savoir générer la confiance

« Tous les obstacles rencontrés en interne ou en externe proviennent de la peur du


changement » témoigne le dirigeant d’une petite entreprise de travaux publics. « Je
place la confiance au centre de mon management en accordant une grande autonomie
à mes salariés et en les responsabilisant ».

La mise en place d’un management des compétences au sein de l’entreprise6 permet la


maîtrise d'un métier et l'autonomie professionnelle. « Plus que des diplômes, nous

6
Objectif Compétences – Medef – Cahiers de Deauville 1999
« La compétence professionnelle, c’est une combinaison de connaissances, savoir-faire, expériences et
comportements s'exerçant dans un contexte précis. Elle se constate lors de sa mise en œuvre en situation
professionnelle. C'est donc à l'entreprise qu'il appartient de la repérer, de l'évaluer, de la valider et de la faire
évoluer. Elle est essentiellement le produit de deux facteurs, ce que maîtrise l'individu, c'est-à-dire ses
ressources, ses capacités, et ce que met en œuvre l'entreprise, c'est-à-dire les moyens qu'elle met à la disposition
MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »
GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 5
réclamons des compétences » déclarent de nombreux dirigeants afin de pouvoir
confier à leurs salariés, dans le cadre de leurs missions, la possibilité de concevoir et
de mettre en forme un projet.

B. Mobiliser et motiver les salariés

La réussite d’une organisation innovante repose sur la capacité du dirigeant à mobiliser et à


encourager l’ensemble de ses salariés. L’innovation ne peut se concevoir sans créativité, le
chef d’entreprise doit pouvoir créer au sein de sa société un contexte favorable à l’éclosion de
nouvelles idées.

Innover, c’est impliquer l’ensemble des salariés

« Décider l’innovation dans son entreprise, c’est accepter de remettre en cause son
fonctionnement ; les freins au changement sont parfois aussi forts en haut qu’en bas »
rapporte le dirigeant d’une entreprise de travaux publics. L’importance du dialogue
dans le processus d’innovation est une condition incontournable de sa réussite.
« Aujourd’hui, les idées proposées par la base comptent tout autant que celles de la
maîtrise. Nous arrivons ainsi à anticiper plus facilement les attentes de nos clients ».
Un autre dirigeant a instauré un système de notation particulier au sein de son
entreprise, adaptant à son entreprise un modèle utilisé par de grands groupes anglo-
saxons. « C’est une question de confiance réciproque. C’est aussi une façon simple
d’impliquer l’ensemble des troupes autour d’un même projet d’entreprise ».

Les différences de perception du salarié par le dirigeant sont essentielles. Si celui-ci


appréhende son employé comme une simple variable d’ajustement, il a peu de chance
de le responsabiliser et d’encourager ses capacités d’innovation. Au contraire, si le
salarié est perçu comme une ressource clé pour l’entreprise, la donne peut changer.

Innover, c'est libérer la créativité

« La créativité est une qualité importante demandée aux candidats lors de nos
recrutements » déclarent les chefs d’entreprise d’entreprises innovantes « parce que
nous recherchons régulièrement des solutions nouvelles à des problèmes anciens. Le
créatif perçoit et analyse des situations d’une façon différente. Il est un innovateur
permanent ». Des expériences inédites sont parfois conduites. Le dirigeant d’une PME
de la plasturgie a installé un atelier d’artiste à côté d’un de ses ateliers de production
afin de stimuler la créativité de ses salariés.

Innover, c’est créer un contexte favorable à l’éclosion de nouvelles idées


Les innovations naissent souvent de hasards, par exemple de l’analyse d’un événement
qui paraît insolite, ou d’une idée inattendue, ou bien encore d’une erreur. « Je donne la
possibilité à chacun de mes salariés de prendre une part sur leur temps de travail afin
d’approfondir des sujets personnels qui les passionnent ». Les PME innovantes placent
leurs salariés dans des situations propices à provoquer leur étonnement. « Je confie
régulièrement à mes salariés des missions variées » témoigne un dirigeant.

des salariés, son organisation, son management. Les ressources d'un individu deviennent des compétences
lorsque l'entreprise les mobilise dans une action précise et qu'elle apporte à cet individu les moyens de réussir
cette action »
MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »
GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 6
« J’encourage les changements de poste, je les mets en contact avec des gens qui
pensent différemment à l’occasion de séminaires, par la venue d’experts extérieurs ou
en leur faisant côtoyer des clients ».

D’autres chefs d’entreprise insistent sur la formation. « Je favorise le


perfectionnement personnel et professionnel de mes salariés à travers un accès
aménagé à des cours ».

« Je fais le maximum pour que le personnel de ma société travaille dans les meilleures
conditions : la souplesse des horaires et les possibilités de télétravail sont développées.
Mais la législation sociale est parfois trop rigide » affirme le PDG d’une entreprise de
services.

Innover, c’est savoir reconnaître et récompenser les comportements propices à


l’innovation

« J’ai tenté de mettre en place des opérations favorisant la créativité pendant plusieurs
années mais sans véritable succès. Les réunions de brainstorming ou les boîtes à idées
ne produisaient pas réellement de résultats » explique le PDG d’une entreprise de
menuiserie industrielle. «Sans récompense, les salariés ne sont pas motivés. J’ai donc
mis en place un système d’intéressement financier7 ». Conscient que l’innovation
reposait sur l’ensemble de ses salariés, le dirigeant d’une jeune société d’édition de
jeux vidéo s’est appuyé sur un plan BSCPE (Bon de Souscription de Parts de
Créateurs d’Entreprise).

MESURES D’ACCOMPAGNEMENT :

Lancer une campagne nationale pour mobiliser les PME et agir sur le système éducatif

1. LANCER UNE CAMPAGNE NATIONALE POUR MOBILISER LES PME

Lancer une campagne nationale de promotion de l’innovation et d’information sur les


dispositifs français et européens d’accompagnement aux entreprises

Une action nationale de communication axée sur le thème « L’innovation est le principal moteur de la
croissance » doit être lancée afin de mobiliser les chefs d’entreprise français. Elle intégrera également
un volet relatif au développement des systèmes productifs locaux, équivalents nationaux des districts
italiens. L’expérience montre que le succès de tels projets est directement lié à l’engagement d’un
noyau de chefs d’entreprise, soutenus par la suite par les collectivités. Une attention particulière sera
aussi accordée aux jeunes entrepreneurs qui ignorent souvent, faute d’information suffisante, les
dispositifs d’accompagnement nationaux et européens à l’innovation.

7
On estime à près de 85 % le nombre des demandes de brevets qui sont le fruit d’innovations réalisées par des
salariés dans le cadre de leur fonction. Certes la loi du 26 novembre 1990, a rendu obligatoire le versement par
l’entreprise d’une rémunération supplémentaire aux inventeurs salariés. Les conditions d’application sont
déterminées par les conventions collectives, les accords d’entreprise et les contrats individuels de travail. Or
moins du quart a défini les conditions de pareilles rémunérations. De plus 62 % des PME françaises qui ont
déposé au moins un brevet au cours des 5 dernières années indiquent ne pas pratiquer de telles incitations. La
grande majorité d’entre elles ne connaissent pas l’existence de cette obligation légale. Source : « Le brevet pour
l’innovation » - Rapport de Didier Lombard. Décembre 1997.
MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »
GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 7
Permettre une prise en charge partielle des diagnostics de créativité au sein des PME par des
aides de type FRAC

Dans la continuité d’une campagne nationale de promotion de l’innovation, des diagnostics de


créativité doivent être proposés aux PME. Ils auront pour objectif d'évaluer le potentiel de
développement par l'innovation de l'entreprise et d'inciter le dirigeant à élaborer un plan d'action. Pour
encourager leur développement, une prise en charge partielle, via des aides de type FRAC (Fonds
Régional d’Aide au Conseil) doit être possible.

2. AGIR SUR LE SYSTEME EDUCATIF FRANÇAIS

Réformer le système éducatif dès l’école primaire par une mise en œuvre d'activités créatives
incluant le multimédia afin d’initier également les élèves le plus tôt possible aux technologies
de l’information et de la communication

Innovation et créativité sont inséparables. Les dirigeants se plaignent du manque de créativité des
candidats qu'ils rencontrent lors des recrutements. Les causes sont comportementales et culturelles. 70
% du temps passé par un élève, de l’entrée en primaire jusqu’à 5 années après le bac, est consacré à la
seule prise de notes. Notre système éducatif étouffe la créativité, le plus souvent laissée aux activités
extra-scolaires.

Promouvoir l’enseignement des sciences et des technologies dès l’école primaire

Notre pays manque de scientifiques. Pour remédier à cette situation, les opérations de type « La main à
la pâte » visant à promouvoir l'enseignement des sciences à l'école primaire à travers la construction
des connaissances par l'exploration, l'expérimentation et la discussion doivent être étendues à
l’ensemble du système scolaire.

Initier les doctorants à l’entreprise durant leurs études

Malgré la multitude d’initiatives existantes – dont la Semaine Ecole Entreprise, initiée par le MEDEF
en 2000 - l’entreprise demeure encore mal connue des élèves et de leurs professeurs. Dans
l’enseignement supérieur, peu de doctorants ont eu l’occasion de connaître le monde de l’entreprise
durant leurs études. Il convient donc de veiller au développement de la professionnalisation des
doctorants dans la double perspective de leur intégration dans l’entreprise et du renforcement de la
coopération entre la recherche publique et les équipes de Recherche et Développement des entreprises.

MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »


GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 8
II. S’INFORMER, CAPITALISER ET PARTAGER LA CONNAISSANCE

L’information est devenue un véritable outil de management, une aide à la décision et même
une arme chaque jour plus indispensable du fait de la mondialisation des échanges, de
l’exacerbation de la concurrence et de la complexité toujours plus grande des réglementations.

A. Connaître les potentiels du marché et de son environnement

Aujourd’hui celui qui contrôle l’information rapidement, qui sait l’utiliser et l’intégrer dans
les stratégies qu’il développe, a un véritable avantage concurrentiel. Cette veille est d’autant
plus indispensable à une PME qu’elle est plus vulnérable qu’un grand groupe. C’est un outil
efficace d’anticipation et d’aide à la décision. Les Technologies de l’Information et de la
Communication permettent aujourd’hui aux PME d’accéder potentiellement aux mêmes
informations que les grandes entreprises.

Systématiser l’accumulation et l’échange de savoir

« Afin de pouvoir aller plus vite que nos concurrents mais aussi pour mieux satisfaire
nos clients, nous avons dû apprendre à mobiliser globalement nos capacités de
traitement de l’information ». Pour le PDG d’une PME spécialisée dans le traitement
des eaux, l’information est une composante essentielle de l’innovation. « L’innovation
demande une excellente connaissance du marché. Pour atteindre cet objectif, j’ai mis
en place un dispositif de veille technologique au sein de mon entreprise et un logiciel
de traitement et d’analyse d’informations ». Un autre dirigeant convaincu de
l’importance de la veille a préféré externaliser cette mission. « Je travaille depuis 15
ans avec la première société française de veille technologique et d’intelligence
stratégique. Cela donne au comité stratégique de mon entreprise une vision très en
amont ». Le MEDEF Paris, conscient de l’importance du sujet, a mis en place un
Cercle d’Intelligence Economique en collaboration avec l'ACFCI. Son but est de
mettre à la disposition des entreprises et plus particulièrement des PME, toutes les
ressources de l’intelligence économique au service de leur stratégie défensive et
offensive.

L'Intelligence économique est une priorité chez les Anglo-saxons mais reste sous-
estimée en France8. Les pouvoirs publics ont pourtant un rôle essentiel à jouer en
direction des PME afin de leur donner en temps utile les informations nécessaires pour
leur permettre d’anticiper les évolutions majeures susceptibles de bouleverser les
conditions de la concurrence ou de détecter de nouvelles opportunités de
développement. Ce rôle d'éclairage public vis-à-vis du tissu des PME doit être
renforcé.

Une source majeure d'information est souvent sous-estimée : 80% de la connaissance


mondiale scientifique, technique et technologique est consignée dans les brevets et
conservée dans les bases de données des offices nationaux et internationaux de
propriété industrielle. Elle est intégralement disponible par internet. Toute veille
technique ou technologique doit s’appuyer sur cette source.
Une innovation est souvent le résultat de l’amélioration d’une innovation préexistante.
Apprendre à raisonner à partir des brevets, c’est se donner les moyens d’adopter un

8
Si la France est le 3ème producteur mondial d'information scientifique, technique et économique, elle n'en est
que le 16ème utilisateur – Source ADIT. 2002
MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »
GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 9
comportement innovant en cherchant à améliorer l’existant pour affiner le
positionnement de son offre.

Faciliter l’intégration des connaissances et leur exploitation

« L’innovation est un processus et pas simplement un résultat » témoigne le dirigeant


d’une PME spécialisée dans la production de matériel agricole. A ce titre ce processus
concerne la conception de produits ou de services nouveaux mais aussi l’apparition, la
circulation et la réalisation d’idées nouvelles. Tant au sein de l’entreprise qu’à
l’extérieur. « Nous utilisons Internet et une base de données commune accessible à
l’ensemble de nos fournisseurs et de nos clients ». Un autre chef d’entreprise met en
avant les avantages de son progiciel de gestion intégré ou ERP (Enterprise Resource
Planning).

« En mettant en réseau, à travers une base de données unique, l'ensemble des données
relatives aux fonctions de mon entreprise (comptabilité, gestion de la production,
gestion des ressources humaines, communication, finance, marketing (…), et relations
clients/fournisseurs) je dispose aujourd’hui d’un outil de gestion et d’analyse
optimisant la diffusion de l'information en interne pour une meilleure réactivité ».
Cependant la mise en place d’un tel progiciel nécessite la mobilisation et la formation
de l’ensemble du personnel.

B. Capitaliser son savoir pour mieux le valoriser : exploiter les ressorts de la


propriété industrielle

Les 4/5ème des PME françaises ne disposent d’aucun titre de propriété industrielle. Ce déficit
est particulièrement criant dans le domaine des brevets. Avec 17.000 dépôts par an dont plus
de 60% en provenance des grands groupes, les entreprises françaises détiennent à peine 10%
des brevets nationaux. Ce résultat est faible comparé à l’effort de leurs homologues allemands
et anglais qui déposent respectivement par an plus de 40.000 brevets en Allemagne et environ
25.000 en Grande-Bretagne. La part française est encore plus faible au niveau européen. Elle
représente à peine 6% des brevets européens. En effet pour la majorité des dirigeants français
de PME, l’avantage concurrentiel à être le premier sur le marché est encore le moyen le plus
efficace pour protéger leur innovation, bien avant les instruments légaux de protection. Certes
le brevet n’est pas une solution universelle. Les améliorations des processus de fabrication
sont souvent difficiles à protéger par le brevet et celui-ci n’est pas toujours pertinent pour les
inventions techniques à cycle de vie court. Dans ce cas de figure, seule en Europe, la France
offre un début de solution juridique avec le système de l’enveloppe Soleau qui est largement
inférieur à la protection garantie par le brevet. Dans tous les autres domaines techniques, le
brevet reste un sésame pour la conquête des marchés et le développement des partenariats.

« Face à une concurrence croissante dans mon domaine d’activité, il me préserve


efficacement de la contrefaçon et me donne la faculté de bénéficier de la totalité des profits
réalisés par la production et la diffusion - notamment commerciale - de mes innovations »
témoigne le dirigeant d’une PME spécialisée dans le traitement des eaux.

En effet, sans propriété, aucun partage ne peut s’opérer, aucun bénéfice ne peut être garanti,
aucun effort ne peut être rémunéré à sa juste valeur. Loin d’être un frein, la propriété
industrielle est un outil de saine gestion et de valorisation de l’innovation.

MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »


GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 10
L’ignorance des enjeux et des vertus du brevet conduit les dirigeants à de mauvaises
décisions. Les brevets permettent l’autofinancement des efforts de Recherche et de
Développement. Ils sont souvent à l’origine de partenariats et d’alliances permettant
l'ouverture de nouveaux marchés.

L’industrie lunetière est un bon exemple d’utilisation des droits de propriété industrielle à des
fins stratégiques9. Elle fait en France l’objet de 500 demandes de brevets par an et de 150
modèles déposés. Chacune des pièces optiques, chaque composant mais aussi l’assemblage, le
traitement, le filtre, les montures, les verres, les foyers sans oublier le revêtement, la
décoration et le design font l’objet de recherches et d’innovations qui sont suivies de dépôt de
brevets.

MESURES D’ACCOMPAGNEMENT :

Favoriser l’entrée des entreprises dans la société de la connaissance et permettre aux PME de
protéger leurs innovations.

1. FAVORISER L’ENTREE DES ENTREPRISES DANS LA SOCIETE DE LA CONNAISSANCE

Recréer un véritable dispositif national d'animation et d'orientation de la politique


d'Intelligence Économique

La collecte, le traitement et la diffusion d’informations utiles, de l’Etat vers les entreprises et les
structures professionnelles, sont insuffisantes. A la différence des Etats-Unis, il n’existe pas de
véritable dispositif d'animation et d'orientation de la politique d'Intelligence Économique en France au
service des entreprises. Créé en 1995, puis abandonné, le Comité pour la Compétitivité et la Sécurité
Economique (CCSE) doit renaître afin de devenir un véritable dispositif d'animation et d'orientation de
la politique d'Intelligence Économique de notre pays au service des entreprises et de fédérer
l’ensemble de ses acteurs.

Développer, dans les modules de formation initiale et continue, la formation à l’utilisation


des technologies de l’information et de la communication ainsi qu’aux pratiques de la veille
économique

80% de la connaissance mondiale scientifique, technique et technologique est consignée dans les
brevets. Elle est conservée dans les bases de données des offices nationaux et internationaux de
propriété industrielle. Elle est intégralement disponible par internet. Peu de dirigeants de PME
l’utilisent pour deux raisons : une formation insuffisante à l’utilisation des technologies de
l’information et de la communication ainsi qu’aux pratiques de la veille économique.

Déduire sur le bénéfice imposable des petites entreprises le coût d'achat de leur matériel
informatique

Pour accéder à l’information disponible sur Internet, les PME doivent être convenablement équipées10.
Or le coût d’acquisition du matériel informatique est encore un frein pour de nombreuses petites
entreprises. Il convient donc de faire passer ces investissements en charge plutôt qu’en amortissement.

9
Sa gestion stratégique de la protection industrielle la place au 6ème rang des exportateurs mondiaux.
10
En moyenne, les PME de 6 à 200 salariés possèdent 9 ordinateurs. Ce résultat est lié à la taille des entreprises :
5 ordinateurs pour celles de 6 à 9 salariés, 48 pour celles de 100 à 200 salariés. Selon les secteurs d’activité, le
BTP (4 ordinateurs) et le Transport (4 ordinateurs) sont les moins équipés, le Commerce de gros (13 ordinateurs)
et les Services (12 ordinateurs) sont les plus équipés. Source : http://www.bnpparibas-leasegroup.com/. Juillet
2002.
MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »
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Promouvoir l’accès au haut-débit en accélérant son redéploiement à des coûts raisonnables
pour les entreprises et les particuliers

Les deux tiers des PME connectées à Internet le sont via un simple modem. 20% des français sont, du
fait de zones d’habitats peu denses, exclus de l’offre de haut débit11 . Dans le cadre d’un aménagement
équitable du territoire, l’Etat doit assurer à l’ensemble des entreprises les mêmes possibilités d’accès.
La Commission européenne à travers son plan d’action e-Europe 2005 a proposé un ensemble de
mesures répondant à ces préoccupations. Une déclinaison française exemplaire de ce plan est
nécessaire. Les grandes lignes du programme d’actions gouvernementales, intitulé RESO 2007 - pour
une "REpublique numérique dans la SOciété de l'information" – présenté par le Premier ministre le 12
novembre 2002 va dans le bon sens. Il est cependant regrettable que ses objectifs et ses échéances ne
soient pas synchrones avec le calendrier européen.

Etendre l’usage de la signature électronique et les possibilités de paiement numérique à tout


le service public

Le manque de confiance des entreprises et des consommateurs au regard de la sécurité des systèmes
d’informations freine le développement des TIC en France et l’empêche d’atteindre une masse
critique. L’Etat doit démontrer que ces craintes sont de moins en moins justifiées en accélérant l’entrée
de son administration dans l’ère du numérique.

2. PERMETTRE AUX PME DE PROTEGER LEURS INNOVATIONS

Parvenir à la création d’un brevet communautaire compétitif et conforme aux attentes des
usagers

La création d’un brevet unitaire est aussi essentiel au marché unique que la création, avec l’euro, d’une
monnaie commune. Celui-ci doit répondre prioritairement à l’attente des acteurs économiques
(entreprises, chercheurs et inventeurs indépendants) et être au moins aussi compétitif que le système
des brevets des pays concurrents (Etats-Unis, Japon). Il est impératif de s’attacher au respect de trois
conditions nécessaires à sa réalisation : unicité de sa délivrance (maintien de la procédure de
délivrance sous l’autorité et la compétence de l’Office Européen des Brevets), coût abordable
(principalement au regard des coûts de traduction) et sécurité juridique (mise en place d’un système
judiciaire unifié avec un tribunal unique en première instance et en appel).

Ratifier l’accord de Londres sur la simplification des traductions afin de réduire le coût
d’obtention du brevet européen

Pour permettre aux PME d’exploiter pleinement les ressorts de la propriété industrielle, les réformes
européennes et nationales en cours doivent aboutir rapidement. Aujourd’hui en effet, une très grande
majorité des petites et moyennes entreprises françaises se limitent, faute de moyens financiers
suffisants, au dépôt d’un brevet français, moins cher mais ne couvrant que le territoire national.

Elles se voient ainsi contraintes de divulguer et d’abandonner le fruit de leur recherche à leurs
concurrents directs, sans contrepartie. Le coût élevé du brevet européen est dissuasif. (coût global
45.000 € - pour un dépôt Europe/USA/Japon, compter une enveloppe globale de 90.000 €). L'accord
de Londres permet une baisse de 40% des coûts du brevet européen grâce à un allègement sensible des
obligations de traduction. Il importe que le nouveau gouvernement procède dans les plus brefs délais à
cette ratification. Elle serait un signe encourageant pour aboutir à la création du brevet communautaire
et la claire manifestation de régler sur des bases équilibrées la question linguistique qui, avec celle de
l'organisation judiciaire pour traiter des contentieux du brevet, sont les principaux freins à
l'aboutissement définitif d'un accord réglementaire sur la création du brevet communautaire.

11
82% des PME sont connectées à Internet et les 2/3 d’entre elles n’utilisent pas le haut-débit. Source :
http://www.bnpparibas-leasegroup.com/. Juillet 2002.

MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »


GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 12
Simplifier les procédures de dépôt et sanctionner d’avantage les contrefaçons en en
s’inspirant des modèles anglais et allemand

La complexité des procédures et leur lenteur, le manque d’harmonisation des décisions judiciaires sur
la validité du brevet et la sanction de la contrefaçon rendent le système difficilement lisible et
intelligible. Le projet de dépôt de brevet en France sous forme électronique prévu à partir de l’année
prochaine doit être étendu ultérieurement à la demande européenne et internationale de brevet (PCT).
Dans le même temps, la volonté du gouvernement d’ouvrir une réforme pour sanctionner plus
sévèrement la contrefaçon dans le cadre de son plan pour l’innovation doit être soutenue.

MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »


GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 13
III. PREFERER LA RUCHE AU TERRIER

Face à une concurrence qui surgit du monde entier, les entreprises ne peuvent plus gagner
seules. Elles doivent apprendre à développer leurs réseaux d’alliances au-delà de leurs
partenariats traditionnels, en particulier pour trouver les financements nécessaires et pour
entrer dans un processus de valorisation globale de leurs innovations.

A. Trouver les moyens financiers de ses ambitions

La plupart des solutions financières des PME souhaitant innover passent par des partenariats
qui vont de l’ouverture de capital jusqu’à l’utilisation d’instruments financiers européens ou
nationaux voire de dispositifs fiscaux tel que le Crédit d’Impôt Recherche.

Utiliser les fonds et les incitations publics disponibles

Les entreprises françaises, malgré un rattrapage sensible ces dix dernières années,
continuent d'accuser un retard d'investissement dans ce domaine comparé à leurs
concurrentes des principaux pays européens12. Parallèlement l'Etat ne cesse de se
désinvestir dans le soutien à la recherche dans les entreprises et y transfère moins de
10% du budget de la recherche publique, contre 30% en 1978.

Le crédit impôt-recherche demeure le principal outil incitatif à l'innovation des PME.


Le dispositif actuel n’est pas suffisamment incitatif et attractif13 comparé à d'autres
systèmes concurrents plus compétitifs (Canada, Espagne ou Royaume-Uni). Les
instructions fiscales françaises retiennent une définition de la recherche trop restrictive
au regard des standards internationaux.

Afin d’encourager un plus grand nombre de PME à participer aux programmes de


recherche et développement de l’Union européenne, des instruments spécifiques ont
été mis au point14 sous forme de primes exploratoires ou de projets de recherche
coopérative (CRAFT). Pourtant une grande majorité de chefs d’entreprise restent
dubitatifs. « Les temps d’instruction des dossiers d’aides européennes sont trop lourds
et trop longs. Il faut compter deux ans. Entre temps ma PME peut changer de stratégie
ou même disparaître » déclare le gérant d’une société spécialisée dans la prothèse
médicale. Face à cette situation mais également fort du constat que 75% des
bénéficiaires d’un fonds européen de recherche ont sollicité le renouvellement de cette
expérience, le MEDEF a lancé en mai 2001 SME Forum15, consortium créé avec son
homologue allemand le BDI. SME Forum appuie les PME gratuitement et de manière
personnalisée pour l’établissement et l’instruction de leur dossier. Il leur permet de
trouver en Europe le ou les développeurs de technologies les mieux adaptés à leur
projet. Il rend possible la création d’un partenariat de PME européennes qui élargit la
portée de leur innovation en terme de marché.

12
55% des investissements nationaux dans la R&D sont réalisés en France par les entreprises, contre 65 % en
Allemagne, 68% en Angleterre, et plus de 75% aux Etats-Unis.
13
Si le nombre d'entreprises déclarantes n'a que légèrement fléchi entre 1990 et 1999, le nombre d'entreprises
bénéficiaires a lui chuté de plus de 50%.
14
http://www.cordis.lu/sme
15
http://www.sme-forum.net/
MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »
GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 14
Accéder aux financements de haut de bilan

Beaucoup de dirigeants de PME sont encore réticents à ouvrir leur capital. Certains
franchissent le pas : « il faut être prêt à perdre du pouvoir en termes de capital pour
gagner du pouvoir économique. C’est une équation gagnante. Je n’ai plus 100% de
mon capital, mais je suis leader européen dans mon métier ».

Mais les possibilités de financement sont réduites en France. Le rapport entre le


montant des investissements en capital-risque et le PIB est dix fois inférieur en France
à celui d’autres pays comme les Pays-Bas, la Finlande, le Danemark ou la Suède. Ce
sont surtout les "business angels", ces investisseurs de proximité, qui font défaut en
France.

B. Développer des réseaux d’alliances au-delà des partenariats traditionnels

Pendant longtemps, les réseaux d’alliances des PME en France se sont cantonnés à des
partenariats entre donneurs d’ordres et sous-traitants. La nécessité d’innover a conduit
certaines entreprises à envisager de nouveaux types d’associations, avec des centres de
recherche publics et plus rarement avec des entreprises concurrentes. La donne est en train de
changer.

Faire tomber les barrières entre le public et le privé

Si les relations entre les laboratoires publics de recherche, les universités ou les lycées
technologiques et les PME existent, elles ne sont pas aussi importantes que dans
d’autres pays européens. Des freins existent de part et d’autre. La production d’idées
nouvelles et d’opportunités commerciales ne peut être que privilégiée par le
développement de la diffusion des connaissances et l’établissement de réseaux forts
entre les acteurs publics de la recherche et les entreprises.

Une meilleure co-gouvernance des programmes communs de recherche tournés vers


l’innovation, entre les PME et les laboratoires publics est nécessaire. L’implication des
entreprises dans la définition des priorités et la conduite des programmes est en effet
indispensable. Celles-ci doivent aussi participer à l’évaluation des résultats. C’est le
meilleur moyen de traduire cette recherche en nouveaux biens et services. L’Etat doit
mieux arbitrer ses dépenses de recherche publique et privilégier les choix prioritaires
définis entre les organismes publics et les entreprises. Il doit également encourager la
mobilité des chercheurs publics dans l’entreprise.

« Nous n’avons pas d’homme interface, c’est-à-dire une personne compétente et à


même de comprendre culturellement nos besoins et ceux du CNRS » déclare un
dirigeant. Le développement des métiers d’interface entre chercheurs publics et PME
doit être encouragé. L’ANRT est en charge au niveau national des conventions
industrielles de formation par la recherche (bourses CIFRE). Les enquêtes de
satisfaction menées sur de telles méthodes révèlent que les étudiants entrant dans ce
dispositif sont par la suite souvent embauchés par l’entreprise pour laquelle ils ont
travaillé (62% d’entre eux). Ils deviennent pour l'entreprise un lien pérenne et efficace
de coopération avec la recherche publique.

MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »


GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 15
Interagir avec des partenaires privés en phase avec le marché

Alors que la concurrence est désormais mondiale, la solidarité locale devient de plus
en plus nécessaire pour les PME. L'efficacité économique des districts industriels
italiens, composés de petites entreprises de même métier, aux liens très étroits,
engagés ensemble dans l'innovation, la recherche et l'exportation montre que l'union
fait souvent la force. Ce modèle italien a d'ailleurs fait école de par le monde. Le
Danemark, dont l'économie est depuis longtemps constituée d'une constellation de
PME, a lancé un programme de promotion des réseaux d'entreprises. Au Québec, un
programme public aide les projets de coopération et les actions interentreprises lancées
dans le cadre de systèmes productifs locaux identifiés : les « clusters ». Au pays de
Galles, la Welsh Development Agency (WDA)16 chargée depuis 1976 d'accompagner
les restructurations lourdes du charbon et de l'acier, encourage les PME locales à
s'organiser en réseau pour constituer une offre de sous-traitance qualifiée. Toutes ces
appellations renvoient à une même forme spécifique de coopération interentreprises
locale, plus généralement réunies sous le terme SPL ou systèmes productifs locaux.

« L’innovation nécessite des moyens financiers et humains de plus en plus importants.


Je pense que les petites et les grandes entreprises doivent se réunir pour faire de la
recherche partagée. Et quand cela va très loin, chacun peut mener sa propre recherche
et son propre développement pour aboutir à des procédés ou a des produits nouveaux
qui lui sont propres. Chacun peut alors prendre son propre chemin pour des
applications spécifiques » déclare le directeur général d’une PME fabricant des
engrenages et membre d’un SPL du sud-ouest.

Cependant ce réflexe de mise en réseau, incluant des entreprises jusque là


concurrentes, n’est pas évident à mettre en place. Un problème culturel important
demeure en France. Même si les avantages pour les entreprises d’adhérer à un système
productif local sont indéniables. « Il est clair qu’avant de m’investir dans une telle
structure, j’ai longuement réfléchi » déclare un chef d’entreprise de la région
stéphanoise et adhérent de l’association Mécapole regroupant près de 150 industriels.
« La mutualisation des coûts de recherche et de développement est financièrement
séduisante. Mais les mentalités ne sont pas toujours faciles à changer ».

MESURES D’ACCOMPAGNEMENT :

Faciliter le financement de l’innovation et développer la diffusion de la connaissance entre la


recherche publique et les entreprises

1. FACILITER LE FINANCEMENT DE L’INNOVATION

Elargir la définition de l’assiette du Crédit d’Impôt Recherche sur le standard international


pour en faire un Crédit d’Impôt Recherche et Innovation

Le Crédit d’Impôt Recherche demeure le principal outil incitatif à l’innovation des PME. Mais les
instructions fiscales françaises retiennent une définition de la recherche trop restrictive au regard des
standards internationaux. A titre d’exemple, la conception, la construction et les essais de prototypes
entrent dans la définition de recherche et développement retenue par l’OCDE alors que ces opérations
ne sont pas éligibles en France au Crédit d’Impôt Recherche. Les activités de démonstration qui ont
pour finalité de vérifier la fiabilité technique du nouveau produit ou procédé avant leur mise sur

16
http://www.wda.co.uk/en/wda_home/index.cfm
MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »
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marché doivent aussi pouvoir entrer dans le champ d’application du Crédit d’Impôt Recherche, tout
comme la mise en place de dispositifs de veille au sein des entreprises. Son caractère restrictif élimine
donc de nombreuses entreprises potentiellement éligibles. Les sociétés de services sont
particulièrement touchées par ce problème car le Crédit d’Impôt Recherche s’attache à l’aspect
technologique et technique de l’invention plutôt qu’à son caractère innovant.

Ajouter au Crédit impôt recherche calculé en accroissement une part proportionnelle au


volume des dépenses

Le mode de calcul de l’assiette doit favoriser autant l’effort continu de recherche que son
accroissement. Tout en veillant à limiter les effets d’aubaine, l’impact du Crédit d’Impôt Recherche
doit être durable et non ponctuel pour produire tous ses effets et bénéficier à l’ensemble de
l’économie. C’est d’ailleurs l’une des conditions d’un retour sur investissement maximal pour l’Etat.

Rendre l’application du Crédit d’Impôt Recherche plus simple

La lourdeur et la complexité d’établissement des dossiers découragent les dirigeants à recourir à ce


dispositif. Le déclenchement automatique du contrôle fiscal des PME qui en bénéficient est tout aussi
dissuasif. Dans une logique de partenariat, la confiance entre l’Etat et l’entreprise est nécessaire. Plutôt
que de suspecter toute PME bénéficiaire du Crédit d’Impôt Recherche, l’administration fiscale doit
privilégier les contrôles aléatoires, quitte à renforcer les sanctions pour les PME de mauvaise foi. Le
recours à un expert indépendant en cas de contrôle sera permis.

Accorder aux business angels une réduction d’impôt sur le revenu égale à 25% des sommes
placées

Pour faciliter le financement de l’innovation, le secteur informel de l'activité d'investissement (les


Business angels) peut être développé en accordant aux personnes physiques une réduction d’impôt sur
le revenu égale à 25% des sommes placées, non plafonnées, dans le cas d’une augmentation de capital.
Les éventuelles plus-values seraient taxées. Si l’entreprise se retrouve en cessation de paiement, le
particulier pourrait déduire ses pertes du revenu imposable (avantage fiscal initial déduit).

Déplafonner les investissements privés dans les fonds dédiés à la recherche et à l’innovation

Les remises fiscales sont encore timides comparées aux régimes concurrents (USA, Grande-Bretagne).
Le plafond est de quelques dizaines de milliers d’euros en France contre plusieurs centaines de
milliers d’euros dans ces pays. Le gouvernement dans le cadre de son plan pour la recherche et
l’innovation envisage de défiscaliser d’avantage les dons effectués par des particuliers à des
fondations en faveur de la recherche et de l’innovation et de permettre à celles-ci d’être exemptées
d’impôts sur les revenus de leurs produits financiers (placements en capital).

2. DEVELOPPER LA DIFFUSION DE LA CONNAISSANCE ENTRE LA RECHERCHE PUBLIQUE ET LES


ENTREPRISES

Reconsidérer la gestion des carrières des chercheurs publics et la contractualiser


progressivement

Les critères académiques (recherche fondamentale, publications) restent largement prédominants dans
l’évolution des carrières des chercheurs publics et des universitaires. La recherche appliquée et la
diffusion de ses résultats aux entreprises est rarement récompensée en terme de promotion et
n’encourage pas le chercheur-fonctionnaire à transférer ses compétences dans le privé. La France est
le dernier pays de l’OCDE où un chercheur public peut le demeurer à vie grâce au statut de
fonctionnaire. Il importe de reconsidérer cette situation à l’occasion des nombreux départs à la retraite
des chercheurs publics à l’horizon 2015 et de recourir d’avantage à la voie contractuelle
particulièrement pour les chercheurs des disciplines orientées sur l’innovation et les domaines
d’application de l’entreprise (telles les Sciences Pour l’Ingénieur – SPI).
MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »
GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 17
Veiller à la pérennité des ADER

Les Services Administratifs Industriels et Commerciaux (SAIC) autorisés par la loi Allègre et créés
par les universités ne doivent pas se substituer aux ADER (Association pour le Développement de
l’Enseignement et des Recherches) qui comprend à parité des représentants de l’université (chercheurs
pour la plupart) et des représentants de l’entreprise (l’une de leur mission est de gérer les bourses
régionales de la recherche en entreprise reprises progressivement par les SAIC). Ces structures sont
des relais de médiation pertinents entre les PME et les universités. Elles permettent le rapprochement
d’un projet d’entreprise avec les compétences d’un laboratoire universitaire et l’intervention à bon
escient dans le choix des étudiants susceptibles de bénéficier de bourses régionales de recherche pour
réaliser un programme de recherche pour une PME au sein d’un laboratoire public, notamment dans le
cadre d’une thèse.

Encourager le développement des Conventions Industrielles de Formation par la Recherche


(CIFRE)

Les Conventions Industrielles de Formation par la Recherche (CIFRE) ne concernent pour le moment
que quelques centaines de thésards en majorité scientifique chaque année (à peine 10% en sciences
dures). Pourtant les enquêtes de satisfaction menées révèlent que 62% des étudiants entrant dans ce
dispositif sont par la suite souvent embauchés par l’entreprise pour laquelle ils ont travaillé. Ils
deviennent pour l'entreprise un lien pérenne et efficace de coopération avec la recherche publique.

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GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 18
Composition du Groupe Projet
« PME & Innovation »

Président : Hugues Arnaud Mayer


Vice-président : Jean-Eudes Tesson

Membres : Jean-Jacques Duby


Pierre Antoine Gailly
Jean-Eudes Lebeaupin
Rafik-Charles Rathle
Jacques Reboul

Catherine Gabay
Jean-Pierre Bournat

Rapporteurs : Eric Ingargiola – GPA Entrepreneur


Patrick Schmitt – GPA Recherche Innovation

MEDEF – « Encourager l’innovation dans les PME françaises »


GPA Entrepreneur – GPA Recherche et Innovation – 9 décembre 2002 19

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