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Philosophie de la culture


L’héritage structuraliste :
la philosophie française
contemporaine et les sciences
de la culture

L3PHY07

Patrice MANIGLIER

2018-2019


Transcription : Philippe Mallard – philippe.mallard@parisnanterre.fr


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L3PHY07 – Philosophie de la Culture – CM – 2h hebdomadaires
Patrice MANIGLIER – patrice.maniglier@gmail.com
L’héritage structuraliste : la philosophie française contemporaine et les sciences de la
culture
La philosophie française contemporaine reste marquée par le « moment philosophique des
années soixante », avec des figures telles qu’Althusser, Foucault, Deleuze, Derrida, Lyotard,
etc. Le cours fait l’hypothèse que ce moment est déterminé par les controverses
philosophiques suscitées par un événement non-philosophique : l’introduction des méthodes
structurales dans les sciences de la culture (ou « sciences humaines et sociales »). Il se propose
donc 1) de doter les étudiants d’une culture théorique leur permettant de restituer ces
philosophes dans leur contexte d’émergence ; 2) d’exposer les controverses philosophiques
sur le sens du « structuralisme » et de sa relève interne (le « post-structuralisme »), en
insistant sur les enjeux plus spécifiquement ontologiques des innovations structuralistes.
Cette année, le cours portera plus spécifiquement sur l’oeuvre de Louis Althusser. Il resituera
l’oeuvre d’Althusser dans l’histoire du matérialisme et s’intéressera aux raisons pour
lesquelles le philosophe marxiste a pu ressentir l’intérêt d’introduire des considérations
structuralistes dans ces recherches, avant de s’en démarquer, en confrontant son concept de
structure avec celui qu’on peut voir à l’oeuvre dans les textes de linguistique (Saussure) et
d’anthropologie (Lévi-Strauss) structurales, ainsi que d’autres philosophes contemporains,
notamment Gilles Deleuze.

Oeuvres au programme ou bibliographie :
Ferdinand de SAUSSURE, Cours de linguistique générale, Paris, Payot, 1972 (édition Tullio de
Mauro).
Louis ALTHUSSER, Pour Marx, [1965] Paris, La Découverte, 1995 (rééd.).
Louis ALTHUSSER et alii, Lire le Capital [1965], Paris, PUF, 1996 (réed.).
Gilles DELEUZE, “À quoi reconnaît-on le structuralisme?” [1973], in L’Île déserte et autres
textes, Paris, Minuit, 2002.
Claude LÉVI-STRAUSS, La Pensée sauvage, Paris, Plon, 1962

COURS du 14 septembre 2018

1. Exposé liminaire.
P. Maniglier, spécialiste philosophie française contemporaine, de Bergson à Latour en
passant par l’existentialisme, le structuralisme et le post-structuralisme, : s’intéresse
plus particulièrement aux liens entre la philosophie et les sciences de la culture
(linguistique, anthropologie, sociologie, psychanalyse, histoire…). La manière dont ces
disciplines sont travaillées par des questions philosophiques et la manière dont, en
retour, des intervenions philosophiques peuvent modifier le cours de ces disciplines,
ouvrir des perspectives.
Philosophie de la culture = philosophie et sciences de la culture.


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Ces questions philos ne relèvent pas exclusivement de la philo sociale, mais aussi de
la métaphysique (identité et différence, l’un et le multiple, singularité et universalité…).
S’intéresse à l’opérabilité de la métaphysique dans des domaines non philosophiques,
la métaphysique comme puissance de transformation du monde.

Le cours est un cours d’archéologie de la philosophie française contemporaine.


La question : où en sommes-nous en philosophie aujourd’hui ? Problème de
« situation » (Sartre). D’où faut-il partir pour pouvoir repartir ? Qu’est-ce que c’est
aujourd’hui qu’une intervention pertinente dans un certain contexte de la philosophie
contemporaine. Pour mieux comprendre notre contemporain, besoin de faire une
archéologie de la philo française contemporaine à partir des sciences de la culture.
Hypothèse de travail : l’événement structuraliste qui est l’introduction d’une réforme
méthodologique dans les sciences de la culture (introduction de méthodes
structurales) à partir de la linguistique vers l’anthropologie, l’histoire, la psychanalyse,
la sociologie, a constitué la matrice problématique de la philosophie en France dont
nous sommes encore au fond les héritiers.
Quels sont les noms qui ont reçu cette matrice problématique pour la
philosophie sont : Althusser, Foucault, Deleuze, Derrida, Lyotard. Ces cinq constituent
la constellation qui à la fin des années 60 a formé un espace problématique, un espace
dans lequel il y a des problèmes partagés et donc des directions de travail, dans
lesquels ces œuvres discutent les unes avec les autres, et dans lesquels nous
pouvons comprendre comment ces propositions philosophiques travaillent,
interviennent. Il s’agit d’éviter une lecture fermée des textes philosophiques dans
laquelle on se contente de replier sur la pensée d’un auteur les énoncés qu’il produit.
Ce que la philosophie peut faire pour infléchir le cours d’une pratique. Le
structuralisme donne ce contexte dans lequel ces grandes œuvres peuvent être
observées au travail. Le structuralisme, c’est le réel de la philosophie française des
années 60. Cette philosophie est restée le point d’interrogation qui nous est resté sur
le mode interrogatif : « Qu’allez-vous faire de nous ? ».
Cette philosophie française là est considérée comme le dernier grand moment du XX°
siècle philosophique français. Très souvent, la recherche travaille sur ces auteurs. Il y
a quelque chose comme un problème de transmission qui a eu lieu avec ce corpus
philosophique.


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Pour résoudre cette difficulté de transmission, je suis cette méthode qui


consiste à replonger ces textes philosophiques dans la contexte théorique
général du structuralisme afin de comprendre quels sont les problèmes et les
propositions.
Voilà le projet général du séminaire. Ce qui implique que l’opposition qu’on fait
généralement entre le structuralisme et le post-structuralisme (Judith Butler, Slavoj
Žižek, Badiou, Rancière) n’est pas pertinente. Le cas le plus exemplaire, c’est
Deleuze, auteur qu’on a le plus associé au post-structuralisme est incompréhensible
si on ne plonge dans le contexte des recherches structurales et de leurs conséquences
philosophiques.
2 temps : l’introduction des méthodes structurales dans les sciences humaines ET la
question de leur réception, de leur reprise philosophique et de la manière dont cette
élaboration philosophique des problème posés dans les sciences de la culture qui sont
de nature philosophique peut rétro-agir sur ces sciences de la culture elle-même.

IMPORTANT : objectif du séminaire => avoir une vision moins caricaturale du


structuralisme. Ce que l’on dit du structuralisme c’est souvent des bêtises.
Objectif central du séminaire. Ne pas répéter les âneries qu’on entend sur le
structuralisme. Objectif pédagogique.

Cette année, le séminaire part de 68. Raison ? Les auteurs cités apparaissent sur la
scène commune vers le milieu et la fin des années 60. Les grands livres
structuralistes : Allthusser : Pour Marx (1965) et Lire le Capital (1965) ; Foucault, Les
mots et les choses (1966) ; Deleuze, Différence et répétition (1968) et Logique du sens
(1969) ; Derrida De la grammatologie (1967) et L’Ecriture et la différence (1969).
Peut-être un rapport entre mai 68 et le structuralisme. Le rapport est plus net quand
on regarde la littérature sur le structuralisme. Par exemple, quand on lit l’Histoire du
structuralisme de François Dosse qui a la forme de chronique. C’est un livre fait
avec des témoignages et des fiches de lecture : c’est utile mais c’est pas très poussé
philosophiquement. Son hypothèse : le structuralisme est un moment dans l’Histoire
de la détestation de soi de l’Occident. Ce n’est pas une hypothèse sérieuse. Un
chapitre : « Mai 68 et le structuralisme ou le malentendu ». Nous avons aussi d’autres
historiens de Mai 68 qui disent qu’il existe un rapport entre 68 et le structuralisme en
particulier, Kristin Ross, historienne étasunienne de la culture française, qui a écrit :


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Fast Cars, Clean Bodies: Decolonization and the Reordering of French Culture
(interprétation marxiste de la culture française des années 50, moment de la
modernisation de la France – technocratie, modernisation etc… comme chaîne
idéologique), et May '68 and Its Afterlives, dans lequel une de ses thèses est de dire
que le structuralisme est l’idéologie que Mai 68 va périmer, Mai 68 met un terme à
l’hégémonie du structuralisme. Enfin, une troisième référence, un livre qui a beaucoup
de succès, La Pensée 68 de Luc Ferry et Alain Renaut, pamphlet caractéristique de
l’ambiance idéologique des années 80, qui se veut un livre sur le structuralisme et qui
soutient la thèse exactement opposée à celle de K. Ross, à savoir que le structuralisme
c’est l’idéologie de Mai 68 : Foucault, Bourdieu, Deleuze, Guattari, Lyotard. Il aurait un
lien entre ces textes philosophiques et cet événement politico-sociale et culturel.
Cette question d’un lien entre le contenu philosophique et un événement historique est
en fait une question classique de la philosophie de la culture. Dans quelle mesure la
philosophie appartient à la culture ? Dans quelle mesure les production culturelles
peuvent être rapportées à des processus et/ou des évènements sociaux,
économiques, technologiques, politiques ? Quel est le rapport entre Beethoven et la
Révolution Francaise, entre Platon et la guerre entre les Athéniens et les Perses, quel
est le rapport entre Spinoza et la révolution libérale dans les Pays-Bas, etc…

Objectif : clarifier cette question des rapports entre le structuralisme, notamment la


philosophie associée au structuralisme et Mai 68. Enorme corpus qui sera mis en ligne,
corpus raisonné des ces pensées associées à 68. Faire dialoguer ce corpus avec
d’autres auteurs concernés par Mai 68 mais qui n’appartiennent pas de près ou de loin
au structuralisme. Hypothèse : la philosophie française des 50 dernières années peut
être comprise comme différentes manières de se rapporter à l’événement Mai 68. Cela
va inclure des auteurs comme Sartre, Castoriadis (farouche adversaire du
structuralisme), Rancière, Badiou, Butler,…
Choisir dans ce corpus un angle, un texte, une idée et de la faire dialoguer avec la
colonne vertébrale du cours qui sera sur le structuralisme et son héritage. Cela peut
être la question du genre avec Butler et son articulation avec le structuralisme et post-
structuralisme.


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Travaux : petit mémoire à faire ou dissertation pour les présentiels. Faire quelque
chose de pertinent par rapport au sujet de recherche du mémoire de M1. Pour ceux
qui veulent juste s’entraîner, cela pourra être un sujet de dissertation. Une seconde
note : partiel.
Pour les étudiants à distance (dérogatoire) : partiel dans la semaine des examens et
un oral (20 minutes de préparation, 10 minutes de passage, 10 minutes de reprise).
La présentation à l’oral : sorte de « blitz » de dissertation. Capacité à problématiser
très rapidement le sujet, faire un plan et convoquer les ressources d’un cours. Ex.
« Signe et signifiant ». Le cours permet de répondre normalement facilement au sujet.

Première partie : Relations entre l’événement et la philosophie en


général et en particulier sur le cas de Mai 68.

Philosophie et Mai 68 : de quoi s’agit-il ? Philosophie DE Mai 68 (idées actives en


mai ? Etat de la philosophie EN Mai ? Ou encore savoir ce que Mai 68 représente
comme défi pour la philosophie en général ?
3 sens possibles.

1. Philosophie EN mai 68. L’état historique de la philosophie en Mai 68.


Par Mai 68, je vais me contenter des « évènements » de Mai 68 en France qui
appartient à tout un cycle d’évènements mondiaux. 68 en France, c’est l’importation
de luttes insurrectionnelles qui ont lieu en Algérie, puis au Vietnam. 68, c’est
incompréhensible sans la guerre d’Algérie et la guerre du Vietnam. Pour éviter des
généralités creuses, pas de panorama des évènements mondiaux (Allemagne, Italie,
Printemps de Prague…), mais accrocher des énoncés philosophiques à des
documents historiques. Telle ou telle thèse est associable de manière précise à tel ou
tel processus de Mai 68.

2. La philosophie DE Mai 68
Sorte de signification philosophique à Mai 68.


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3. Mai 68 EN philosophie.
N’y a-t-il pas un équivalent de l’événement socio-politique qu’on appelle Mai 68 dans
le champ philosophique sans qu’il y ait nécessairement une relation causale entre
l’évènement socio-politique et l’évènement philosophique.

J’en défends une, la dernière.

1. Philosophie EN mai 68. L’état historique de la philosophie en Mai 68.


Etat de la philosophie en Mai 68. Pas seulement ce que les acteurs de 68 avaient sur
leurs étagères, mais ce qui se passait dans la philosophie française en 68, notamment
du point de vue de ses pratiques (comment ? Etat des institutions ? Etat du lieu
d’existence en 68 ? Quel contenu était enseigné ? Qu’est-ce que ça voulait dire faire
de la philosophie en mai 68 ?... ) : réponse matérialiste de la question.
Le phénomène des « nouveaux philosophes » a bouleversé le rapport à la philosophie.
Apparaissent dans les années 70 les « nouveaux philosophes » (BHL, Finkielkraut,
Glucksmann,…) liés à mai 68 et à une modification d’une part du degré d’instruction
des gens (10% classe d’âge à le Bac – aujourd’hui plus de 80%) et d’autre part de la
nature des médias était différente (ORTF contrôlé). La figure du philosophe n’est pas
la même qu’aujourd’hui. A l’époque, les gens pour avoir l’air cultivé lisaient Michel
Foucault ou Lacan. Rien n’était plus chic que de se balader avec le livre de Foucault.
Aujourd’hui c’est Michel Onfray qui représente la figure du philosophe, car l’autorité, le
degré, la structure de l’autorité n’est pas la même. On était dans un monde ultra
autoritaire, les figures autorisées étaient celles que les gens avaient. Cette catastrophe
intellectuelle qui fait que les gens pensent que Onfray c’est de la philosophie est en
même temps un signe de la démocratisation de la culture : plus de liberté en un certain
sens.
Beaucoup de livres sur l’histoire ou la sociologie en mai 68, mais peu de livres sur la
philosophie en mai 68. Utile d’avoir un travail historique, mais de manière prioritaire,
on va faire de l’épistémologie historique (Canguilhem, Foucault ou même
Bachelard) : essayer de dégager les enjeux conceptuels des travaux scientifiques.
Par exemple, dans la Loi de Newton, montre Bachelard, il y a des enjeux sur le concept
même de force. La notion de vivant doit être modifiée si on veut prendre en compte


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les progrès des sciences de la vie (Canguilhem). De la manière, il y a des enjeux


conceptuels au sein des sciences de la culture.

2. La philosophie DE Mai 68
Signification philosophique à Mai 68 ? Qu’est-ce qui est arrivé aux gens en France en
Mai 68. Noyau de signification philosophique qu’on peut dégager en regardant ce qui
se joue dans ce corpus philosophique des cinq auteurs pré-cités.
On suppose qu’il y ait derrière ce processus insurrectionnel une signification soit
consciente et volontaire, soit même inconsciente et involontaire, et impérieuse. On
suppose que la vérité dans ce mouvement est à trouver dans les idées, que quelque
part il exprime, qu’il manifeste, qu’il extériorise. On met en jeu tout un ensemble de
couples conceptuels (matière/pensée ; corps/esprit ; visible/invisible ; sens/signe) qui
sont ceux de la métaphysique occidentale (logo-phallocentrique).
Donner une interprétation philosophique de Mai 68, cela peut vouloir dire quand dans
cet événement il y avait des idées propres à cet événement.
Qu’est-ce que la signification d’un événement ? Comment on peut penser que des
évènements aient un contenu philosophique ? Normalement des évènements
pourraient être considérés comme contraires à la philosophie, si la philosophie
consiste à dégager les vérités les plus universelles. Tension entre l’idée d’événement
et l’idée de philosophie. Mais, on a quelques exemples d’évènements qui ont un
contenu philosophique.
Le premier événement c’est la vie du Jésus-Christ, la naissance et la mort de JC : sa
signification est philosophique. Les grandes questions de la pensée sont toutes
concernées par cet événement : la nature de la vérité, l’essence de la liberté, la
structure du monde, la possibilité du bien et du mal. Le sens philosophique de cet
événement suppose une interprétation : le passage d’un mode d’exposition à un autre,
une sorte de traduction des phénomènes historiques, des récits, en propositions
générales à caractère conceptuel. Cela se fait beaucoup par la méthode de l’allégorie.
C’est une manière de dégager le sens d’un événement. Cette relation d’interprétation
a fiat l’objet de multiples élaborations théoriques (ex. doctrine des 4 sens de l’Ecriture :
allégorique, littérale, morale et anagogique). Différentes manières d’interpréter les
Ecritures. Il y a des méthodes qui se confondent avec les méthodes de l’interprétation.
Ce qui nous intéresse, c’est de voir si on peut faire ça avec Mai 68.


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Essayer de penser rigoureusement l’idée que 68 a un contenu philosophique : le traiter


commes les paraboles du Nouveau Testament. Mais, on peut aussi essayer
autrement.
Dans l’histoire de la philosophie, quels sont les évènements qui ont été investis par la
philosophie : la Révolution Française, considérée par Kant comme un événement
philosophique ; Hegel quand il dit qu’il a vu passer l’esprit du monde sous ses fenêtres
à Iéna en 1807 (Bonaparte sur son cheval) : philosophie herméneutique chez Hegel
(hermeneia : interprétation) qui consiste à définir le sens de quelque chose par sa
manière dont elle contribue à l’avènement d’une rationalité complète de l’expérience :
le sens de quelque chose ne réside pas dans le fait qu’elle vérifie des principes
rationnels a priori et éternels, de manière statique. La rationalité : processus de
conquête, dynamique. Le sens de quelque chose, c’est sa manière de contribuer, dont
elle s’inscrit dans ce processus d’avènement de la rationalisation effective du monde :
le réel et le rationnel sont identiques. Dans ce contexte, Hegel propose une
interprétation de l’Histoire humaine comme étant orientée de manière téléologique (de
manière finalisée) vers ce processus de rationalisation du réel. De telle sorte que nos
activités, nos institutions, nos manières de vivre soient des moyens par lesquels la
réalité est conforme à son concept. Pour Hegel, les habitus humains sont réglés de
telle sorte qu’il y a une rationalité immédiate à la vie collective, donc les évènements
politiques et sociaux sont interprétés par Hegel en fonction de la manière dont ils
contribuent à l’avènement de cette situation. Napoléon en bouleversant les frontières
serait quelqu’un qui accomplit ce destin. Hegel trouve un sens à un évènement
historique parce qu’il a une certaine idée de la totalité de l’histoire, une philosophie de
l’histoire. Cela suppose d’avoir une conception téléologique de l’histoire : l’histoire est
orientée vers l’accomplissement d’une idée. Hegel est un idéaliste absolu. Le réel est
intégralement polarisé vers la réalisation de son propre idéal.
Hypothèse philosophique coûteuse : sens à l’événement car on a déjà donné un sens
à l’histoire humaine, l’idée philosophique guide l’histoire humaine. On a défini l’histoire
comme ayant un sens, donc l’événement a un sens. Mais le coût de ça, c’est
l’idéalisme : l’idéal détermine le réel. Si on n’est pas complètement convaincu par cette
thèse idéaliste, cela va être plus compliqué de donner un sens à un évènement.

Supposons que l’on s’interdise d’être idéaliste, peut-on parler du sens philosophique
d’un événement ? Challenge…


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Peut-être, avec d’autres exemples. La révolution de 17 (Sartre) ; La bombe atomique


(Günther Anders) ; Auschwitz (Adorno, impossibilité d’écrire de la poésie après la
Shoah) ; Fukuyama et la théorie de la « fin de l’histoire » en 1989 ; le 11 septembre
2001 : dialogue Derrida et Habermas : le concept du 11 septembre. Dans quel mesure
un événement peut-il s’élever au statut de concept ? Geste étrange ; L’Anthropocène :
« concept géologique » (l’activité des hommes comme force géologique majeure).
Rupture chronologique. Notion discutée. Bruno Latour, Face à Gaïa : thèse centrale,
dire que le réchauffement climatique est un événement qui concerne immédiatement
la philosophie et le sens même de ce que veut dire faire de la philosophie. Isabelle
Stengers, Au temps des catastrophes : intrusion de Gaïa pour nommer l’événement
dont nous sommes contemporains, le système planétaire terrestre devient un acteur
historique au même titre que les humains.
Rapide repérage de différents exemples.

Arrêt sur Kant et Derrida.

Kant, Pléiade p. 893 dans Le conflit des facultés, §5 et §6.


L’événement comme signe d’une tendance morale de l’espèce humaine.
Kant introduit cette idée selon laquelle un événement peut avoir une signification
philosophique, mais rien n’est simple. Il donne des conditions. L’histoire semble
orientée vers une fin : la réalisation de la liberté humaine. Pourquoi ? Qu’est-ce qui
peut avoir du sens ? Ce qui est rationnel. La capacité d’utiliser les concepts pour
évaluer la vérité de ce qu’on dit. Une proposition analytique est vrai car le prédicat est
contenu dans le concept du sujet de la phrase (ex. la grandeur est quantifiable, un
corps est étendu). La raison c’est le fait qu’en s’appuyant uniquement sur les concepts
on peut affirmer quelque chose. A du sens ce qui serait pleinement rationnel. Un acte
moral est pleinement rationnel. S’il doit y avoir un sens dans l’histoire, le sens de
l’histoire ne peut être rien d’autre que la réalisation d’agents moraux, des agents libres
(sinon, ils ne seraient pas moraux). L’histoire doit permettre la réalisation d’une morale.
La providence : la nature telle qu’elle est soit ainsi faite que son évolution la conduit
naturellement à cet état de réalisation de la vie morale. La vie organisée de telle sorte
qu’on peut espérer que l’état provisoire aboutisse à un état final qui a un sens.
Comment prouver que la nature est en voie de la moralisation ? On ne peut pas le
prouver car on ne peut se rapporter à la nature qu’en établissant des relations de cause


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à effet. On ne peut que supposer, espérer, l’intervention d’une liberté, car extra-
phénoménale. En revanche, on peut l’espérer et en voir des signes à travers les
évènements. Pour qu’il y ait un sens en général, il faudrait qu’il y ait des signes d’un
processus de moralisation de la nature, ces signes ne peuvent advenir que par des
évènements : ex. La Révolution Française. Mais ce texte écrit en 1798 dans une
période dans laquelle on n’est pas extrêmement favorable à la RF. Kant est alors
considéré comme dangereux : interdiction de la publication de ses livres. Kant dit alors
qu’il n’écrira plus sur le contemporain.

Début du §5 : « il faut que dans l’espèce humaine survienne quelque expérience qui,
comme événement, indique une propriété et une capacité de cette espèce à être cause
de son avancée vers le mieux…»
Il faut quelque chose de l’ordre de l’exception : un événement
Indique : fait signe
Cause : libre

Il faudrait qu’il y ait un événement qui nous indique que l’homme est capable d’être
libre, qu’il y a en lui cette faculté qui le rend capable de moralité, mais cet événement,
au mieux on peut montrer que rien dans l’histoire le rend impossible, mais on ne peut
pas prouver qu’il est advenu. On ne peut pas le prédire. Je peux dire qu’il y a de bonnes
raisons de penser que cet évènement peut arriver mais je ne peux pas le prédire. On
peut voir des signes qui permettent de penser que l’événement est possible : un
événement annonciateur de l’événement final dans lequel enfin on assistera à la
moralisation de la nature par le biais de l’humanité. Cet événement annonciateur
n’est pas la cause, mais un signe. Non pas la cause du progrès, mais le signe que
le progrès est possible. Trois propriétés de ce signe : rememorativum (rétroactif),
demonstrativum (il dit quelque chose sur le présent), prognostikon (il dit quelque chose
sur l’avenir).
§6 : il ne faut pas juger un événement à caractère philosophique à la taille de
l’événement. Ce n’est pas en termes de cause et conséquence, ce n’est pas
l’ensemble des bouleversements observables, qui va nous nous permettre de savoir
si un événement a une portée philosophique ou non. L’événement ne doit pas être
confondu avec la différence entre l’état de fait antérieur et l’état de fait
postérieur. Il faut regarder son impact moral.


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Pour qu’il y ait un événement, c’est la réception subjective qui compte. C’est
l’expression publique de cette réception, bien au-delà des acteurs qu’il concerne. Un
événement à caractère philosophique est un évènement polémique, conflictuel, qui
divise. Il faut prendre partie (caractère moral). Celui qui prend partie risque quelque
chose pour manifester la manière dont il se sent impliqué dans un événement dans
lequel il n’est pas impliqué. Ce sont des indices du caractère moral de cet événement
et mieux, du caractère moral l’humanité. L’humanité se met à exister comme sujet
moral par l’unisson avec lequel elle se sent concerné par un événement qui ne la
concerne pas. Prouve tendance morale de l’espèce humaine.
Un événement incarne tout ça : la Révolution Française.
Les événements de Mai 68 ont rayonné au Japon, au Chili. Mai 68 a réveillé la
conscience morale de l’humanité. C’est pour cette raison qu’il a un sens philosophique.

Fin du cours.

Séance n°2 – 21 septembre 2018.

Suite de la partie 2. La philosophie DE Mai 68


Essayer d’extraire le noyau philosophique réel de l’événement. Texte de Kant lors de
la dernière séance. Ce qui fait que la philo est concerné par un événement :
- L’événement est discontinu par rapport à l’ordre de la nature. Fait écho à la
transcendance des objets de la philosophie.
- L’événement touche à la question du possible. Le possible : l’homme peut se
gouverner lui-même librement. Cela concerne l’espérance. Ce n’est pas que
quelque chose soit arrivé, ce qui est important, c’est ce qu’il laisse soupçonner
du possible
- L’événement est un signe qui a un caractère rétrospectif. Il dit quelque chose
sur la nature passée, présente et future.
- Il concerne les âmes. La manière dont les âmes réagissent : « vibrations
animiques ». Un certain de personnes pas directement concernées par
l’événement se sentent impliquées par des raison morales, désintéressées.

Petit rappel Mai 68 (cf. fiche rappel des évènements). Contexte de la guerre d’Algérie,
puis la guerre de Vietnam. Agitation ouvrière dès 67. Massification de l’enseignement


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supérieur qui commence dans les années 60. Nanterre a été créé à toute vitesse pour
répondre à l’apparition des baby-boomers dans le supérieur. Nanterre, bidonville.
Communications faibles et difficiles entre étudiants et habitant du bidonville. Extension
de la Sorbonne.
Question de mœurs : interdiction faite aux filles majeures de sortir après 23h (ce qui
n’était pas le cas des garçons). On dit à tort qeu mai 68 commence de l’occupation à
Nanterre le 21 mars du bâtiment des filles. Mais il y avait d’autres occupations.
Le déclencheur est lié à la guerre du Vietnam. Suite à une manif contre la guerre du
Vietnam (local d’American Express saccagé) : arrestations. Pour protester contre cette
arrestation est lancé le mouvement du 22 mars. Daniel Cohn-Bendit (mvt anarchiste
avec une composante situationniste – sorte de résurgence du surréalisme. Pas de
structure hiérarchique). Occupation des locaux administratifs : Pierre Grappin, le
doyen, commet l’erreur tactique de fermer le campus de Nanterre, le 2 mai, cela
entraîne l’occupation de la Sorbonne. Les violences policières vont renforcer le
mouvement. Naissance des comités d’actions (bottom up). Nuit des barricades (cf
1830 et La Commune). Dans un deuxième temps, la contestation sociale émerge. CE
n’est pas le prolétariat qui est l’avant-garde de la Révolution. Contestation à l’intérieur
des usines. Les ouvriers ont le souvenir des répressions des grandes grèves de la
Libération. Charonne et 17 octobre 61 : forte répression policière. Police complice d’un
Etat abject, criminelle : très présent dans l’esprit du monde ouvrier. Occupations
d’usines. Mai 68, la plus grande grève de toute l’histoire des pays industrialisés : 10
millions de personnes en grève. 7 morts en 1968, surtout en juin dans le contexte des
grèves ouvrières. Accords de Grenelle. Chirac répand une fausse rumeur, que le
gouvernement préparait un accord négocié avec d’autres syndicats, donc Séguy a
signé les accords dans la nuit. Mais la base rejette les accords notamment à Boulogne-
Billancourt. Baden-Baden, nouvelles élections, succès gaulliste. On sait par les
archives de l’intérieur que De Gaulle était favorable à la force armée, Pompidou était
contre. Renégociation des Accords de Grenelle. Mai 68 est un immense mouvement
ouvrier. Film La Reprise d’Hervé Leroux
https://www.youtube.com/watch?v=1jbt9NW4OZM
https://www.youtube.com/watch?v=ht1RkTMY0h4

La volonté collective, populaire est-elle dans la déclaration électorale ou dans l’action ?


Pourquoi cette victoire gaulliste ? Plusieurs explications : Paris contre la Province.


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Si Mai 68 est un événement discontinu, Mai 68 répond à un certain nombre


de caractéristiques qui ne cadrent pas avec ce qui disait Kant (idée que
l’événement inscrit dans le sens de l’histoire) :
Mai 68 met en question l’idée même d’un sens de l’histoire. Transgresse les schémas
de lecture d’évènements historiques permettant de l’inscrire dans un grand récit. Le
grand récit marxiste fait de l’histoire une succession de luttes des classes, destinée à
aboutir à l’abolition de la lutte des classes. Les révolutions indus en prolétarisant les
travailleurs donnent les moyens de renversement des classes. Avec cette doctrine
marxiste vient s’ajouter l’édifice politique du léninisme : idée selon laquelle ce
processus de transformation historique est clairement conflictuel, donc violent,
moments révolutionnaires. Théorie des avant-gardes chez Lénine : la mise en œuvre
du processus dépend d’une toute petite minorité de gens conscients qui peuvent
interpréter les évènements en les mettant en relation avec la dynamique générale de
l’histoire, et donc orientent la direction politique. Dans le ML, une survalorisation de la
science. Ce schéma global est mis en cause en Mai 68.

Cf. entretien Sartre - Cohn Bendit (fichier sources primaires).


Sartre : phrase « l’imagination au pouvoir » : le pouvoir ne sait pas d’avance ce vers
quoi il va aller. Etrange révolution, sans objectifs et sans dirigeants.
On peut interpréter Mai 68 comme une révolte anti-technocratique (le gouvernement
des compétents, des experts).
Contestation de la notion même de hiérarchie. Refuser l’opposition dirigeant-exécutant
c’est aussi la remettre en cause à l’intérieur des structures révolutionnaires elles-
mêmes.
Thème de la brèche : le rôle d’une organisation politique est de déclencher, d’ouvrir la
simple possibilité d’une organisation de masse.
« spontanéité incontrôlable ».


- 15 -

- La dimension non intentionnelle de Mai 68. Il n’est pas le signe d’un


mouvement finalisé, mais au contraire se refuse à s’inscrire dans un processus
historique. Mai 68 revendique le présent.

Sartre, la critique de la raison dialectique est la référence des acteurs de Mai 68. Mai
68 n’est pas un processus révolutionnaire, mais une révolte ? Question différence
révolte/révolution. Il y a quand même bien un processus révolutionnaire. Le rôle de
avant-gardes : donner un élan, mais pas canaliser.
Vision artistotélicienne de l’action : un but, des ressources, des intermédiaires pour
passer de la situation présente à la situation future. Délibérations pour fixer les


- 16 -

finalités. Ici, pas du tout ça : le but de l’action n’est pas de réaliser un programme, le
but de l’action est d’ouvrir le champ des possibles, d’ouvrir l’espace même de ce qu’on
peut revendiquer. Par exemple, se passer de chef, décider collectivement,… Tradition
anarcho-syndicaliste.
Les revendication de poétiser la vie quotidienne au travail est un exemple (pas dans
la tradition des revendication ouvrières). DCB : « la seule chance du mouvement, c’est
le désordre ». Refus de prendre en charge la représentation collective. Penser les
choses différemment de la direction d’un mouvement.
C’est le mouvement qui va déterminer l’apparition des finalités.
L’un des traits de 68 c’est qu’il ne cadre pas du tout avec le sens de l’histoire. Volonté
de l’involontarisme. Mai 68 n’a pas débouché sur une transformation révolutionnaire
de la société. Donc, événement énigmatique : sa place dans l’histoire est
obscure. Le monde tel qu’il est aujourd’hui est-il le résultat de Mai 68 ou
l’effacement de Mai 68 ?
Paradoxe des commémorations de Mai 68 : presque systématiquement des réfutations
de Mai 68, une insulte à l’événement même. Ex. Théâtre de l’Odéon, la prise du
théâtre, grand événement de Mai 68, par un groupe situationniste. Les slogans les
plus éclatants sont à l’Odéon. Le reenactment de l’Odéon avec des acteurs qui
parlaient dans la pièce était à l’opposé de Mai 68 au théâtre : casser la représentation,
mettre la puissance du théâtre au service de la transformation sociale. Le simulacre
de reenactment est contradictoire. Tensions avec des étudiants de Tolbiac. Les CRS
encadrent l’Odéon alors que célébration de la prise de l’Odéon… Cela témoigne du
pb : est-ce que la situation actuelle peut se rapporter à mai 68 commet étant l’origine
de notre situation présente ou est-ce que Mai 68 est quelque chose qui au fond n’a
pas sa place dans notre présent. Ce n’est pas l’un ou l’autre, c’est propre à Mai 68
(rien à voir avec la RF et la Libération). Caractère fondateur et en même temps obscur.

Donc, Mai 68 ne cadre pas avec l’idée d’un sens de l’histoire. C’est pour ça
que Mai 68 a un caractère philosophique, non par parce qu’il incarne un sens de
l’histoire lui-même philosophiquement interprétable, mais au contraire parce
que c’est un événement qui met en crise les moyens par lesquels nous donnons
du sens. Un événement aurait un caractère philosophique car il détruit les
conditions par lesquelles nous donnons sens à un événement.


- 17 -

Comprendre le régime d’évènementialité de 68 : c’est le problème


philosophique. Penser que les choses ont un sens, ce n’est pas n’importe quel sens,
c’est ordonné à la réalisation d’un état du monde qui est lui-même idéal.
Est-ce qu’il y a moyen de penser que la philosophie est concernée par un
événement même s’il n’a pas de sens ?
Question méthodologique : qu’est-ce qu’on appelle mai 68 ? Mai 68 fait partie d’un
processus mondial de la fin des 60’s et début 70’s.
Ici, je me fixe au Mai 68 français. Distinction processus/évènements.

Texte de Derrida, le « concept » de 11 septembre (cf. dossier ressources


primaires). Dans quel mesure le 11 septembre a une dimension philosophique.
Premier problème : nommer l’événement. Dans quelle langue ? nine eleven ? C’est le
nom propre d’un événement.
La mesure dans lequel c’est un événement, c’est parce que c’est un événement
spectaculaire : « a major event ». Le fait que quelque chose a eu lieu dépend de sa
représentation. Ce n’est pas une vérité de la transformation profonde d’une
situation, ce dont en parle c’est quelque chose qui est repéré comme un grand
événement.
Un grand événement ? Parce qu’il est représenté de manière massive. La quantité de
représentation fait l’événement. La chute de deux immeubles, c’est grave, mais cela
ne constitue pas en soi l’événement. Ce sont les médiations qui font l’événement.
L’événement est inséparable de sa rumeur, de la manière dont ils médié, repris.
C’est le cas de Mai 68 qui continue à exister par la médiation.
Thèse forte : il n’y a pas d’originarité de l’événement. L’événement st le résultat
de son récit, de son transport, de sa médiation.
Derrida réfléchit sur le dispositif technologique, matériel qui fait que l’évènement
circule. S’interroge sur ce qui fait l’événement : un événement majeur est un
événement qui ressemble terriblement à ce qu’on attend d’un événement.
Retournement extraordinaire : si un événement correspondait à son concept il
ne serait pas un évènement. Un événement doit modifier la forme même de
l’événement. Au fond, un événement est ce qui ne ressemblerait pas à ce qu’on
attendait d’un événement.
Un événement remet en cause les conditions de préhension de l’événement. Il touche
à ce que la philo appelle les structures transcendantales, ie les conditions de possibilité


- 18 -

d’une expérience. Ex. La causalité d’après Kan t a un caractère transcendantal, on ne


découvre la catégorie de causalité en observant le monde, parce que la catégorie de
causalité est nécessaire pour qu’il y ait observation.
Ce que dit Derrida : l’événement a toujours caractère transcendantal. Il touche à
la philosophie parce qu’il détruite les conditions sous lesquelles nous trouvons
du sens. Si la question du sens est énigmatique pour mai 68, c’est précisément
ce pour quoi il intéresse la philosophie.

Séance n°3 – 28 septembre 2018.

Suite de la présentation introductive. Rappel des trois approches.


1. Philosophie EN mai 68. L’état historique de la philosophie en Mai 68.
2. La philosophie DE Mai 68

L’approche de Derrida cadrerait mieux avec 68. En quoi 68 défie un certain nombre
de catégories de pensée, d’abord celle d’événement même. 68 invente un nouveau
régime d’évènementialité ? Hypothèse que le cours va explorer. 68 interroge
rationalité, temps, histoire, l’espace, le monde, l’action…
C’est pourquoi on va voir la manière dont 68 traverse la philosophie. Dans quelle
mesure la philosophie est interpellé par l’événement.

3. Mai 68 EN philosophie.
Dans quelle mesure 68 événement pour la philosophie ? En quoi la philo est concernée
par l’altération propre à l’événement.
Plusieurs approches :

1. Les influences de 68 sur le cours de la philosophie.


Un événement authentique met en cause les catégories fondamentales
d’appréhension des évènements, parmi celles-ci la causalité. La manière dont on
rapporte un événement à d’autres.
Mais, ne pas se limiter à une approche linéaire sur la question des influences.


- 19 -

Dans quelle mesure la philosophie doit se sentir concernée ?


Ce n’est pas simplement la question causale (qu’est-ce que 68 a changé dans le philo),
c’est aussi une question de droits. Par exemple, si certains auteurs n’ont pas eu
d’intérêt subjectif pour mai 68, ce n’est pas pour cette raison que leur trajectoire
philosophique n’est pas d’une certaine manière une réponse à Mai 68. M. Foucault
n’était pas en France en Mai 68, ce n’est pas pour cette raison que son travail
philosophique ne s’est pas transformée subjectivement en référence à Mai 68. Autre
exemple Gilles Deleuze, impliqué en Mai 68 à Lyon. On lui a demandé en 1981, de se
présenter et il dit « n’a jamais été inscrit au PC, n’a jamais fait de psychanalyse, n’a
jamais été phénoménologue, n’a pas répudié Mai 68 ». Ce qui est important : les
repérages subjectifs.
Par ailleurs, la relation de la philosophie à un événement va au delà de leur implication
directe, de leur implication subjective, puisque en fait, la question est de savoir dans
quelle mesure leur pensée constitue des ressources intellectuelles pour ceux
qui souhaitent se tenir dans une relation de fidélité à l’événement.

Les influences ne couvrent pas pas tout le champ de Mai 68 EN philosophie.

2. Les influences de la philosophie sur Mai 68.


Herbert Marcuse [markouz], héritier de l’Ecole de Francfort, est traduit en France en
avril 1968 : l’homme unidimensionnel, critique de la société marchande aux regards
de la justice sociale et de l’épanouissement libidinal. 350 000 exemplaires en 2 mois.
Guy Debord et le Situationnisme. Certains acteurs sont des affiliés directs à l’IS. IS,
sorte de néo-surréalisme, mouvement artistique et politique. Les Situationnistes liés
aux Enragés de Nanterre. L’IS aussi à Strasbourg : texte signé par l’UNEF (l’IS avait
pris le pouvoir) De la misère en milieu étudiant.
D’autres auteurs : Louis Althusser (ENS), mais aussi Sartre.
Cohn-Bendit sur les influences : Bakounine, Marx, Sartre. La référence majeure
serait Sartre.
Les influences n’expliquent pas tout. L’ampleur du mouvement ne s’explique pas
seulement par une adhésion à des idées philosophiques.

Question : dans quelle mesure ces auteurs ne sont pas plutôt des symptômes ?


- 20 -

Ce qui nous intéresse, c’est la manière dont l’événement traverse la philosophie, donc
si on reste aux influences de la philosophie sur Mai 68, on a l’impression que les
évènements se contentent de confirmer ce que dit la philo, alors que ce qui nous
intéresse, c’est la manière dont l’événement interroge mai 68.

Si on ne cherche ni la signification profonde de l’événement, ni des influences (dans


les deux sens), on peut réfléchir un terme d’équivalence.

3. Les analogies structurales.


N’y-a-t-il pas quelque chose dans le champ philosophique français qui est
équivalent à l’événement Mai 68 ?
Cherche des analogies d’altération. Mai 68 constitue en événement qui altère un
certain nombre de domaines, dans quel mesure le champ philosophique est altéré
d’une manière analogue.
Ce qui ferait d’un certain nombre de phénomènes philosophiques des phénomènes
qui relent de Mai 68, ce n’est pas les liens causaux qu’ils ont avec les évènements, ce
sont les analogies structurales qu’ils ont avec d’autres aspects de l’événement. Même
type d’onde. Le type d’altération du même ordre.

On va définir l’événement plutôt par ses analogies structurales que par les
séries linéaires d’enchaînement des phénomènes.
IE : Il faut se demander si avant et après 68 on n’observe pas un certain nombre de
modifications dans le champ philosophique qu’on pourrait rapporter à des
modifications analogues dans d’autres domaines.

Pour faire cela : analyser un corpus.


Pour étudier les différences entre une situation A et B, il faut qu’il y ait une continuité,
idée de devenir : une différence continue. Le critère de continuité : le même auteur
(Foucault, Althusser, etc…) : regarder entre A et B si différence du fait de Mai 68 pour
l’auteur X, puis regarder si ce n’est pas analogue pour l’auteur B, etc…
Mai 68 répartissait un certain nombre d’inflexions dans le discours philosophique.
Ex. Foucault passe dans le discours d’une recherche centrée sur le savoir (Les mots
et les choses) à une recherche centrée sur la notion du pouvoir (Surveiller et punir).


- 21 -

Ex. Althusser passe d’une définition de la philosophie comme théorie de la différence


entre la science et l’idéologie à une définition de la philosophie comme une lutte, lutte
des classes dans la théorie (et s’accuse d’avoir donné trop de place à la théorie).
Déplacement du projet.
Chez Deleuze, on passe de la question du sens, Logique du sens, à une réflexion qui
met au cœur la notion de machine, d’efficacité de production. L’anti-Œdipe.

Passage d’éléments idéaux à des éléments plus « matériels ». Sorte de


rematérialisation de la philosophie, du langage au corps, de la théorie à la
pratique, de la science à la lutte.

La méthode consiste à repérer ces variations : les topiques (topos : lieu


commun), lieux communs considérés comme ce autour de quoi il faut débattre.

EXISTENTIALISME (POST-)STRUCTURALISME GAUCHISME


Existence Structure Luttes
(Devenir/Evénement)
Liberté Science Lutte des classes
Littérature Linguistique Politique
(Analyse existentiale)
Sujet Actant Subjectivation
(Codes / Règles / Fonction) (Désir/pulsion/plaisir)
Négation Manque Débordement
Opprimés Assujettis Minoritaires
Expérience Système Révolte
(Action)
Philosophie Théorie Pratique
Histoire Synchronie/Diachronie Révolution
Conscience Inconscient Identité (classe, genre,
sexualité, etc.)
Existentiel Formel Matériel
Totalisation Totalité Fragmentation
Kierkegaard Saussure Marx
Sartre Lévi-Strauss Foucault
Intellectuel Savant Militant
Essai Théorie Enquête

Trois ensembles se superposent (pas de succession) et constituent l’espace


problématique de Mai 68. Dialogue et tensions entre ces 3 ensembles :
existentialisme, (post-) structuralisme, gauchisme.


- 22 -

Ex. Passage d’une problématique structuralisme à une problématique des luttes.


Insistance sur la question de la science (produire un savoir scientifique sur nous-
mêmes) à l’insistance de la question de la lutte comme opérateur épistémique :
l’intensité de la lutte fait voir et comprendre.

Mai 68 : passage du structuralisme au post-structuralisme ? Non.


Certes, critique du structuralisme et de bonnes raisons de le soutenir, mais en
réalité cette critique a des formes tout à fait différentes, et au fond ce n’est pas
tout à fait ce qui se passe dans le gauchisme (gauchisme spéculatif) différent de la
famille structuraliste.

Quelle est la catégorie philosophique première ?


Existentialisme : existence, problème philosophique premier
Structuralisme : la structure
Gauchisme : lutte(s).

Quelle est la valeur philosophique première ?


Existentialisme : liberté
Structuralisme : la science
Gauchisme : la lutte des classes.

Quelle est la discipline première ?


Existentialisme : littérature pour découvrir la vérité
Structuralisme : la linguistique
Gauchisme : le politique.

Quelle est la catégorie première ?


Existentialisme : sujet (exister, c’est être un sujet)
Structuralisme : actant (pas de sujet. Les actants occupent des positions à l’intérieur
des structures)
Gauchisme : subjectivation (inventer le corps qui va avec le devenir).
Quelle est la catégorie qui permet de saisir la nature du changement ?
Existentialisme : négation. Une situation se nie elle-même.
Structuralisme : manque. il y a toujours dans une structure un manque.


- 23 -

Gauchisme : débordement, l’excès.

Quelle est la catégorie négative ?


Existentialisme : oppression qui opprime une liberté originaire.
Structuralisme : assujettissement (double sens : devenir sujet/se soumettre à)
Gauchisme : minoritaire, celui qui est soustrait à la distribution entre les opprimés et
les oppresseurs.

Les concepts qui saisissent la réalité ?


Existentialisme : expériences.
Structuralisme : construire des systèmes.
Gauchisme : révolte (action).

L’élément épistémologique ? Le type de configuration du savoir imaginé.


Existentialisme : primat de la philosophie (susceptible d’une immédiateté dans son
rapport à l’objet)
Structuralisme : primat de la théorie (passe par une médiation dans son rapport à la
réalité)
Gauchisme : primat du pratique.

L’élément épistémologique ?
Existentialisme : primat de la philosophie
Structuralisme : primat de la théorie
Gauchisme : primat du pratique.

Catégorie temporelle
Existentialisme : histoire
Structuralisme : diachronie/synchronie
Gauchisme : Révolution

Références majeures et grandes figures.

Le corpus.


- 24 -

ONT INFLUENCE OU TRAVERSES PAR MAI 68 SONT NES DE MAI 68 SUR UN


ACCOMPAGNE MAI 68, MODE POSITIF OU NEGATIF
POSITIVEMENT OU
NEGATIVEMENT
Sartre (STRUCTURALISME/POST-
- Critique de la Raison STRUCTURALISME) Etienne Balibar
dialectique (1960) « Trois concepts de la
- Situations VIII, Autour de Althusser politique : émancipation,
68 (1972). - Pour Marx (1965) transformation, civilité », in
- Gavi, Sartre, Victor, On a - Lire le Capital (1965) La Crainte des masses
raison de se révolter - Éléments d’autocritique
(1974). (1972)
- « A propos de l’article de
Michel Verret sur « Mai
étudiant » » (1969)

Situationnisme Lacan (LES MAOS)
- De la misère en milieu Ecrits (1966)
étudiant… (1966) Autres écrits (2001) Le « lacano-althussérisme »
- Debord, La société du - Cahiers pour l’analyse
spectacle (1967) « Les structures descendent (1966-1969)
- Vaneigem, Traité de dans la rue » http://cahiers.kingston.ac.uk/
savoir vivre à l’usage des
jeunes générations (1967)
Marcuse, L’Homme Barthes Badiou
unidimensionnel Éléments de sémiologie - Théorie du sujet (1977)
(traduction française, (1964) - L’Être et l’événement (1988)
1968) « L’écriture de
l’événement » (1968)
Le Plaisir du texte (1973)
Lefebvre Foucault Rancière
- Critique de la vie Les Mots et les Choses - Révoltes logiques (1968-
quotidienne (2 tomes, (1966) 1978)
1947, 1961) Surveiller et punir (1972) - Le Maître ignorant (1988)
- L’irruption de Nanterre au La Volonté de savoir (1976) - Moments politiques (2009)
sommet, 1968
- La Vie quotidienne dans le
monde moderne (1968)
- L’idéologie structuraliste
(1975)
Socialisme ou barbarie : Deleuze - Jambet et Lardreau
Morin, Lefort, Castoriadis, Différence et Répétition L’Ange (1976)
Mai 68 : La Brèche, suivi de (1968) - Robert Linhart
Vingt ans après (1988). Logique du Sens (1969) L’établi, Paris, Minuit, 1978.
Deleuze et Guattari - Benni Lévy
Anti-Œdipe (1973) Le Meurtre du Pasteur (2002)


- 25 -

Bourdieu, Guattari Jean-Claude Milner


Les Héritiers (1964) - Les Années d’hiver, 1980- L’Amour de la langue (1978)
Homo academicus (« Le 1985 (1986) L’Arrogance du présent
moment critique », 1984) (2009)

Aron, La Révolution Derrida Jacques-Alain Miller
introuvable (1968) L’Ecriture et la différence Un Début dans la vie (2002)
(1967)
Glas (1974)

Ricoeur, « Réforme et Lyotard (LES TROTSKYSTES)
révolution dans Discours, Figure (1971) Bensaïd et Krivine
l’Université » (1968) Economie libidinale (1974)
Blanchot De Certeau, (LES NOUVEAUX PHILOSOPHES)
- Tracts et textes divers in La Prise de parole et autres Bernard-Henri Lévy
Ecrits politiques. écrits politiques (1994) Glucksmann
- « La parole quotidienne », in Lipovetski
L’Entretien infini (1969) Finkelkraut
Le Débat
- Gauchet
- Nora
(HERITAGE INTERNATIONAL ET
CONTEMPORAIN)
Laclau et Mouffe
Butler
Zizek
Agamben
Boltanski, Le Nouvel esprit du
capitalisme

Commentaire du corpus.
Colonne, les influences :

Sartre
- Critique de la Raison dialectique (1960) : reformulation de son système comme une forme
de marxisme humaniste, marxisme existentialiste.
- Situations VIII, Autour de 68 (1972). Entretiens donnés au Nouvel Obs.
- Gavi, Sartre, Victor, On a raison de se révolter (1974). Entretiens avec deux jeunes étudiants
maoïstes. Livre d’époque.


- 26 -

IS - Situationnisme
- De la misère en milieu étudiant… (1966)
- Debord, La société du spectacle (1967). Livre néo-marxiste.
- Vaneigem, Traité de savoir vivre à l’usage des jeunes générations (1967). Enormément
d’influence, révolutionnarisme de la vie quotidienne. Explose les cadres de l’ascétisme
révolutionnaire marxiste-léniniste.
Marcuse, L’Homme unidimensionnel (traduction française, 1968
Lefebvre (marxiste situationniste dissident).
- Critique de la vie quotidienne (2 tomes, 1947, 1961)
- L’irruption de Nanterre au sommet, 1968. Critique de la vie intellectuelle française de
l’époque à la lumière de Mai 68. Idées reprises dans son livre de 1975.
- La Vie quotidienne dans le monde moderne (1968)
- L’idéologie structuraliste (1975)

Trotskystes de Socialisme ou Barbarie, eux-mêmes associés à Merleau-Ponty. Tradiiton
importante en France. Lyotard sera très actif. Anti PC. Sont marxistes et léninistes.
Socialisme ou barbarie :
Morin, Lefort, Castoriadis, Mai 68 : La Brèche, suivi de Vingt ans après (1988). Sortie en Juin
68, influence très grande dans la lecture des événements.

Bourdieu, sociologue critique de l’éducation.
Les Héritiers (1964)
Homo academicus (chapitre « Le moment critique » sur Mai 68, 1984)

Aron, La Révolution introuvable (1968). A fondé la revue Les Temps Modernes avec Sartre
pendant la guerre. Rupture avec Sartre pendant la guerre froide. Aron se considérait comme
un social-démocrate, plutôt anti-gaulliste, mais pour lui Mai 68 : farce d’étudiants.

Ricoeur, « Réforme et révolution dans l’Université » (1968). Le juste milieu. Homme modéré,
faire des compromis. Se prend une poubelle après 68 pour avoir accepté d’être doyen. Dans
ce texte, il propose des mesures radicales : instaure un conseil autogéré à l’université.


- 27 -

Maurice Blanchot. A vu dans 68 l’événement qui correspondait à sa définition. Un


événement est un événement qui n’a pas de concept. A influencé Derrida, JL Nancy.
- Tracts et textes divers in Ecrits politiques.
- « La parole quotidienne », in L’Entretien infini (1969)

Colonne, traversés pas Mai 68 :


Auteurs qui ont été bouleversé par l’événement.

(STRUCTURALISME/POST-STRUCTURALISME)

Althusser
- Pour Marx (1965)
- Lire le Capital (1965)
- Éléments d’autocritique (1972)
- « A propos de l’article de Michel Verret sur « Mai étudiant » » (1969)

Le PC est réservé, peu enthousiaste à l’égard de Mai 68. Althusser a cependant pris
partie pour le monde étudiant.

Lacan. Kristen Ross développe la thèse que les structuralistes étaient tous contre 68
particulièrement Lacan. Séminaire créé à Vincennes après 68, comme cadeau fait par De
Gaulle aux communistes. Pas de chance, les gauchistes ont investi Vincennes. Aquarium de
la radicalité politique. Rasé au début 8à, devenu Paris VIII. Lacan parle en 69, chahuté. Il leur
dit « Vous révolutionnaires, vous voulez un maître, et vous l’aurez ». C’est resté comme
une profession de foi contre-révolutionnaire. Anecdote avec Castro qui demande à Lacan de
l’argent pour La cause du peuple. Réponse : « Pourquoi vous voulez que je vous donne mon
fric ? La Révolution, c’est moi ».
En vérité, Lacan, premier signataire d’une pétition le 11 mai 6 ! en défense des étudiants en
insurrection. De plus, Lacan s’est mis en grève.

Ecrits (1966)
Autres écrits (2001)


- 28 -



« Les structures descendent dans la rue » prononcée en 69 suite à la conférence de Foucault.
Slogan tagé en mai 68 : « les structures ne descendent pas dans la rue, d’ailleurs Barthes non
plus. ». Lacan interprète à l’inverse de l’efficace de la structure pendant mai 68.

Barthes. Trajectoire. Avant 68, du côté de la science, après 68, du côté du désir. Chahuté en
68. Il a même décidé de quitter la France. Opposé à « l’hystérie politique ». Barthes lui-
même s’est interprété comme traversé par l’événement.
Éléments de sémiologie (1964)
« L’écriture de l’événement » (1968) : très subtil et très ambiguë. Profond.
Le Plaisir du texte (1973)

Foucault : déjà dit
Les Mots et les Choses (1966)
Surveiller et punir (1972)
La Volonté de savoir (1976)

Deleuze : déjà dit
Différence et Répétition (1968)
Logique du Sens (1969)

Deleuze et Guattari
Anti-Œdipe (1973)

Guattari Félix.
Deleuze a décidé de se tourner vers Guattari (philosophe psychanalyste lacanien, Clinique de
La Borde avec Oury : développer de psychothérapie institutionnelle qui implique les relations
sociales. Guérir c’est aussi travailler sur l’organisation de l’institution.).
- Les Années d’hiver, 1980-1985 (1986)


- 29 -

Derrida : enseignant ENS, en 68 organise manifs de l’ENS. Pas un révolutionnaire. Mais son
écriture va être traversée par l’événement.
L’Ecriture et la différence (1967)
Glas (1974)

Lyotard : déjà dit.
Discours, Figure (1971)
Economie libidinale (1974)

De Certeau. Michel de Certeau, historien, psychanalyste jésuite
La Prise de parole et autres écrits politiques (1968) : interprétation de Mai 68. Un des meilleurs
livres de 68. Livre décisif pour Deleuze. De Certeau proche de Foucault. De Certeau bouleversé
par mai 68.

Colonne : auteurs nés de Mai 68 sur un mode positif ou négatif


Etienne Balibar
« Trois concepts de la politique : émancipation, transformation, civilité », in La Crainte des
masses
Cherche à prendre la mesure de l’après 68 : la transformation politique :
Deux approches :
- Tradition philosophie politique (Hobbes, Rousseau) : adéquation de la réalité sociale à
des valeurs idéales.
- Matérialisme (Marx) : transformation des conditions réelles et matérielles d’existence
qui conditionnent les valeurs elles-mêmes.
Civilité : la question des identités. Conditions « imaginaires » : les identifications. Question
de classe, question d’identité.

Elève d’Althusser.

(LES MAOS)
Badiou, Millner, Balibar, Rancière : promotion 66 ENS.
Maoïsme français : réception spéculative de la doctrine de Mao et de la compréhension de
la Révolution Culturelle. Cette révolution contre les autorités intellectuelles. Mise en avant
de l’opposition manuel/intellectuel.
Maoïsme : rupture avec l’URSS. Dénonciation de l’appareil bureaucratique soviétique.
Le maoïsme français : critique de la bureaucratie. Comme le trotskysme.


- 30 -

De plus maoïsme : révolution dans un contexte pas favorable : majorité de paysans. Primat
du politique contre le matérialisme historique.
Sorte d’exaltation du volontarisme politique. Il faut gagner le combat des idées, être
révolutionnaire à tout prix, en toute circonstance.

Le « lacano-althussérisme »
- Cahiers pour l’analyse (1966-1969)
http://cahiers.kingston.ac.uk/

Badiou
- Théorie du sujet (1977)
- L’Être et l’événement (1988). La question de l‘évènement est héritée de mai 68. Distinction
être/événement.

Rancière : point de vue de l’égalité des esprits. Egalité des sachants et et des ignorants.
Critique sachant/orientant : point de départ d’une nouvelle pensée de la politique. Refuser en
toute circonstance la supériorité du savoir sur l’ignorance.
- Révoltes logiques (1968-1978)
- Le Maître ignorant (1988)
- Moments politiques (2009)


3. La gauche prolétarienne
Jambet et Lardreau : sont allés vers l’Islam. Maoïsme : réaffirmation du primat du politique
sur l’économie et le social. Manière de faire un pas de côté par rapport au matérialisme. Ce
qui importe c’est galvaniser les subjectivités politiques. C’est une forme de néo-sprititualité
politique. Les idées redeviennent des agents. Intérêt pour les familles spirituelles.
L’Ange (1976)

Robert Linhart
L’établi, Paris, Minuit, 1978.

Benni Lévy : idem que Jambet et Lardreau, mais vers le judaïsme.
Le Meurtre du Pasteur (2002)

Jean-Claude Milner
L’Amour de la langue (1978)
L’Arrogance du présent (2009)

Jacques-Alain Miller, gendre et héritier de Lacan.
Un Début dans la vie (2002)

(LES TROTSKYSTES)
Bensaïd et Krivine

(LES NOUVEAUX PHILOSOPHES)
Bernard-Henri Lévy


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Glucksmann
Lipovetski
Finkelkraut

Le Débat
- Gauchet
- Nora

(HERITAGE INTERNATIONAL ET CONTEMPORAIN)
Laclau et Mouffe
Butler
Zizek
Agamben
Boltanski, Le Nouvel esprit du capitalisme

Fin de cours.

Séance n°4 – octobre 2018.

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