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Laurent V. Le serment antilatin du patriarche Joseph Ier (juin 1273). In: Échos d'Orient, tome 26, n°148, 1927. pp. 396-407;
doi : https://doi.org/10.3406/rebyz.1927.4633
https://www.persee.fr/doc/rebyz_1146-9447_1927_num_26_148_4633
(Juin 1273)
(1) La politique d'Andronic semble avoir voulu exploiter la mort de Joseph, en essayant
de réunir autour de son tombeau glorifié les deux grandes factions qui déchiraient alors
l'Eglise dissidente elle-même. Elle fit proclamer, sans doute par un synode (N. Chumnos
dit par l'Eglise), que le prélat défunt, pour les souffrances endurées au temps de
l'union, méritait le titre de confesseur du même droit que les patriarches, ses
prédécesseurs, qui avaient supporté les mêmes luttes pour l'orthodoxie. Mais cette manoeuvre
ne lit que grandir le ressentiment des moines arsénites contre celui qu'ils tenaient pour
un « intrus », et il fallut le syuode d'Adramytium (1284) pour y mettre un terme d'ailleurs
éphémère. Le chrysobulle d'Andronic, malgré ses appeis à l'union contre Beccos et ses
partisans déchus, semble donc être resté sans^effet. (Voir ce document dans Boissonadk,
Aneciota graeca, t. II, p. 70-77, ou la reproduction de Migne, P. G., t. CLXI, col. 107H-
1081). Le nom de Joseph est inscrit au calendrier grec au 3o octobre. Il semble qu'on
n'en ait jamais fait que mémoire à l'office de ce jour; nous n'avons, en effet, découvert
nulle part d'acolouthie à son nom.
(2) Lire la lettre-préface que cet auteur a mise à l'édition de la Confession autographe
de Joseph dont il sera question plus bas. (Cf. J. Carki.lius : Nuova Raccolta d'opuscoli
scientifici e fdologici, t. XXIII, 1755, 1-10. Cf. aussi L. Petit, Diet. Je Th. calh., art.
κ Joseph le Cialésiote ■*, fasc. LXV, col. i5.|i).
LE SERMENT ANTILATIN DU PATRIARCHE JOSEPH Ier
- (i) La meilleure notice sur le patriarche Joseph est due à ΜεΓ Petit. Cf. Diet, de Th.
cath., art. « Joseph le Galésiote », fasc. LXV, 192.5, col. 1541, 1542, avec littérature. Les
sources qui ont servi à la présente note sont: Pachymère, De Mich. Palaeol., IV, 23
(son portrait moral) 2.5, 28 (hostilité des arsénites); V, 2, et surtout 14-16, 28, 29; De
Andren. Pal., I, 3-12. — G. le Métochtte, Historia dogmatica, 1. I, n. 27, 28, 67, 6&.
Cf. Mai, Nova Patrum Bibliolh, t. VIII, p. 37-48, 89-90. Nicéphore Chumnos : Λόγος
χρυσόβουλλος Ιπί τη ενώσει των δίαστάντων μονάχων... Ed. BoiSSONADE, loc. cit., p. 74,
7.5. — Cf. aussi la 'lettre des prélats grecs au concile de Lyon dans Mansi; Conçu.,
t. XXlVvcol. 76, 77, et Ephrem, Catalog. Pair. Constant., io3oo-io325; P. G., t. CXLI1I,
col. 376-377. Les polémistes de ce temps lui consacrent aussi de fréquentes mentions.
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du côté des unionistes, c'est que seul son serment l'en empêchait.
C'est, en effet, de ce nom, nous dit le Métochite, qu'il désignait
lui-même le document signé à cette occasion.
Or, la tradition manuscrite de cette intéressante pièce semblait
éteinte. En effet, tandis que les uns assimilaient ce document à la
Confession autographe, qui lui est étroitement apparentée et qu'a
publiée Carellius après Dosithée, d'autres le disaient perdu. En
réalité, il nous a été conservé en deux bonnes copies : du Vatic. Reg.
grec 66, fol. 5a de i56o et du Paris, grec 1284, fol. 6a.
Mais, avant d'en examiner le contenu, il n'est pas superflu d'en
établir l'authenticité.
Authenticité.
Le texte.
(1) Cf. Pachym., De Mich. Pal., V, 8; P. G., t. CXLIII, col. 810, 811 ; la jeune mémoire
de Grégoras (né vers 1296) semble surtout avoir été impressionnée par le souvenir encore
récent de ce terrible homme de guerre. Il nous en a laissé un beau portrait. Cf. Byz.
Hist., IV, c. 1, 6, 8; Ed. P. G., t. CXLVIII, col. 261, texte et notes. Cf. aussi la
« Chronique de Primat » éd. Recueil des Histor. de la Gaule et de la France, t. XXIII,
p. 73.
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(1) Vatic. Reg. gr., c. 66, f. 37-39. Pour avoir suivi les Latins, ces Grecs (οι νέοι
άρτι θεολόγοι τους Λατίνους επόμενοι) se sont révoltés contre le Fils de Dieu (κάντεΰθεν
ελέγχονται κατεπαιρόμενοι τοϋ Υίοΰ τοΰ Θεοϋ) et se sont jugés plus sages que les i5o Pères
d'Ephèse. Aussi tombent-ils sous leur anathème (f. 38). Ce passage est reproduit à la
lettre de la Confession autographe. Mais, plus haut, il précise la nouvelle position
dogmatique des Unionistes « επειδή μυριάκις κακώ; φρονοϋντας κ*! ού% ορθώς τους λέγοντας
το πνεΰμα εκ του Υίοΰ την ύ'παρξιν Ιχειν τη ν -υποστ ατ ι κή ν. » (F. 38'.)
(2) De Jibris suis. P. G., t. CXLI, col. 1024 A/B.
LE SERMENT ANTILATIN DU PATRIARCHE JOSEPH Ier
35. πλειόνων όντων, και πρασελθεΐν τώ évi και άχορραγέντι; 'Εάν μέντοι έκ πάντων
τών άγιωτάτων πατριαρχών και τών Ιν διαφόροις εθνεσιν αγίων 'Εκκλησιών
συνέλθωσιν ol προσήκοντες τοποτηρήται προμήθεια και κελεύσει του κρατίστου
και αγίου μου αΰτοκράτορος, κα\ θελήσωσι κοινώς πάντες οικονομία* ποιησαί
τίνα δια το της ειρήνης καλόν, όπερ αν απασι δόξη και κατά κοινήν συμφώνειάν
4Ο. τε και άρέσκειαν, τοΰτο και ό Θεός αποδέξεται πάντως, και ημείς στέρξωμεν
μετά πάσης χαράς, και μόνιμον εσται και άσκανδάλιστον .
Ταύτα απαραποίητα κατά πάντα στέρξαι και φυλάξαι τη άντιλήψει Χρίστου
κατασφαλισάμενος, και όρίσας υπέγραψα, μην! ίουνίω ινδ. α'.
'Ιωσήφ ταπεινός μοναχός, ελέω δε Θεού αρχιεπίσκοπος Κωνσταντινουπόλεως
45. νέας 'Ρώμης, και οικουμενικός πατριάρχης.
Desunt in duplici nostro apographo, quas Pachymeres
commendat, episcoporum subscriptiones.
Traduction
ι) Rom. ix, 3.
(2) Rom. vin, 3ç.
LE SERMENT ANTILATIN DU PATRIARCHE JOSEPH Ier 407
et rien autre, mais seulement ces deux choses en échange de la paix, afin
de faire cesser les maux que l'occasion de la séparation a, semble-t-il,
suscités, et de les remplacer par l'avantageuse concorde — en ce qui me
touche — puisque l'Église de l'ancienne Rome garde immuables les
nouveautés introduites par elle, je m'en tiens, moi aussi, inébranlablement,
à propos de ces deux points, à l'avis et à la décision que j'ai exprimés
plus haut, et on ne m'en séparerait jamais pas plus que du Christ, surtout
que je sais que la concession plus grande de la commémoraison du nom
entraîne à un danger plus que manifeste. Et puis, d'ailleurs, comment
puis-jele faire sans l'avis des très saintes Églises, qui, dans les diverses
nations, nous sont unies, et des autres saints patriarches d'Alexandrie,
d'Antioche et de Jérusalem? Comment puis-je leur donner occasion de
scandale et de schisme, me séparer de ceux de notre communion, et cela
pour aller de la majorité vers l'unique et le dissident? Cependant, si les
représentants autorisés de tous les saints patriarches et de toutes les
saintes Églises se rassemblent par les soins et sur l'ordre de mon
excellent et saint empereur, et que tous également veuillent que l'on fasse une
certaine économie pour le bien de la paix, ce qui paraîtra-convenir et plaire
à tous également, cela Dieu même l'agréera entièrement, et nous, nous
l'embrasserons de tout notre cœur; car ce procédé sera sûr et sans scandale.
Je m'engage, avec le secours du Christ, à vouloir et à garder ces
déclarations en tout intactes. En foi de quoi, définissant je signe (i), en ce mois
de juin de la première indiction :
Joseph, humble moine, mais par la miséricorde de Dieu
Archevêque de Constantinople, la nouvelle Rome, et
Patriarche œcuménique.
V. Laurent.
(1) II n'était pas d'usage que le clergé byzantin émît un serment corporel; leur
signature, par une pratique reçue, en'avait la valeur. Nicolas III, qui voulut, vers 127g, changer
cette coutume, semble n'avoir abouti qu'à froisser les Grecs et à justifier les craintes
émises par Joseph. Le concile de Lyon n'avait pas été si exigeant. Voir à ce sujet la
déclaration des légats de Michel Paléologue dans L. Delisle, Notices et extraits des
mss. de la Bibl. Nat., t. XXVIP, p. 161-163, n. 7.