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ALLIAGES MAGNÉTIQUES DOUX __________________________________________________________________________________________________________
Notations et Symboles
B T induction magnétique
Br T induction rémanente
J T aimantation
Js T aimantation à saturation
W · kg-1
y
Wx pertes massiques pour une excursion d’induction de x (T) à la fréquence de y (Hz)
l100 , l111 nombres coefficients de magnétostriction dans les directions cristallographiques [100] et [111]
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1. Alliages ferromagnétiques et
B = m0 H+J (2)
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2,19 T
Fe
2
1,82 T
Co
Js /J0
Ferromagnétique Paramagnétique 1
1,0
0,65 T Ni
0
TC T (K) 1.2.2 Alliages
J0 valeur à 0 K de l'aimantation à saturation
TC température de Curie Les alliages magnétiques doux industriels sont généralement des
solutions solides d’une grande pureté où un élément ferromagnéti-
b variation de l'aimantation avec la température que domine. L’action sur l’aimantation à saturation Js ou la tempé-
rature de Curie TC des impuretés en solution, tant métalliques que
non métalliques (P, S, C, etc.), est insignifiante si elle n’amène
Figure 1 – Comportement ferromagnétique qu’une faible dilution (< 0,1 %) des moments magnétiques. En
revanche, les impuretés précipitées, particulièrement celles donnant
des composés stables, peuvent avoir une action très néfaste sur les
— soit les atomes voisins s’ignorent et la somme de leurs propriétés d’usage (perméabilité, pertes) comme nous le verrons
moments magnétiques demeure statistiquement nulle : c’est le paragraphe 3.3.
paramagnétisme qui est sans intérêt pour l’électrotechnique ; Lorsque l’on ajoute volontairement un ou plusieurs éléments
— soit il apparaît une interaction entre les moments magnétiques d’addition, la dilution devient sensible. Les éléments non magnéti-
et ils s’ordonnent, soit parallèlement (ferromagnétisme), soit antipa- ques amènent, d’abord, une baisse linéaire de l’aimantation, puis
rallèlement (antiferromagnétisme), soit quelquefois de façon plus souvent une baisse plus rapide au moment où la concentration en
complexe (ferrimagnétisme). élément ajouté conduit à une modification de la structure électroni-
que de l’alliage (figure 3).
Le cas le plus simple et le plus intéressant pour les applications Quand on mélange deux éléments ferromagnétiques, les lois de
est le ferromagnétisme (figure 1) que l’on observe dans le fer, le dilution ne s’appliquent pas aussi bien. Ainsi quand on ajoute du fer
cobalt et le nickel et la plupart de leurs alliages. L’alignement des porteur de 2,2 mB au nickel qui n’en a que 0,6 mB , on relève l’aiman-
moments magnétiques atomiques conduit à une sorte de magné- tation à saturation de ce dernier et sa température de Curie comme
tisme géant : l’aimantation à saturation est très grande (figure 2). on s’y attend ; en revanche, une addition de cobalt porteur de 1,7 mB
au fer augmente aussi l’aimantation à saturation du fer : phéno-
Quand on chauffe un solide ferromagnétique, l’agitation crois- mène intéressant pour développer des alliages pour machines à
sante des atomes contrarie le couplage entre les moments magnéti- forte énergie spécifique (matériel embarqué), mais qu’on ne peut
ques des différents atomes et la perfection de leur alignement expliquer que dans la théorie des bandes [32].
décroît avec la température, d’abord lentement, ensuite de façon L’addition d’éléments d’alliage ou même une modification de la
catastrophique à l’approche de la température de Curie TC où cet ali- température peuvent amener un changement de phase du solide
gnement disparaît pour laisser place au désordre paramagnétique dans lequel la nouvelle phase peut ne plus être ferromagnétique, car
(figure 1). L’intensité du couplage et, par suite, la température de les conditions du couplage ferromagnétique ne sont plus remplies.
Curie TC dépendent naturellement des éléments en présence. Par exemple :
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Co 2,0 <111>
1 >
<11
1,5
Ni
W 1,0
2,0 <100>
Cr 0,5
0
0 2 4 6 8 10
Champ magnétique (en 104 A/m)
Al
Figure 4 – Courbe d’aimantation d’un monocristal de fer
1,6 Si
Mn
K1 (en 104 J/m3)
5
0 5 10
Co
Élément d'alliage (% masse)
4
— les alliages FeCo 50-50 sont ferromagnétiques en phase a à
l’ambiante, mais paramagnétiques en phase g ;
— les aciers inoxydables ferritiques sont ferromagnétiques, alors
que les aciers inoxydables austénitiques sont paramagnétiques.
Si, dans l’alliage, il apparaît deux phases dont l’une n’est pas fer- Ge
V
romagnétique, comme le changement de composition amène une
variation de la proportion des phases, l’aimantation à saturation de
l’alliage varie avec la composition ; en revanche, on n’observe que la
température de Curie de la phase ferromagnétique. 3
Si
1.3 Anisotropies du ferromagnétisme Cr
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matériaux techniquement intéressants (§ 5.3 et 5.5). Dans ces allia- 1.3.2 Anisotropie magnétique induite
ges à faible anisotropie, l’anisotropie magnétocristalline est forte-
ment influencée par l’état d’ordre qui peut alors être utilisé comme Quand certains alliages (FeNi, FeCo, etc.) sont traités à une tempé-
paramètre de réglage des propriétés magnétiques. rature inférieure à leur température de Curie dans un champ magné-
tique, il apparaît une anisotropie magnétique uniaxiale supplé-
Les constantes d’anisotropie magnétocristalline K1 décroissent mentaire Ku , avec un axe de facile aimantation parallèle à la direc-
généralement avec la température, pour s’annuler à la température tion du champ pendant le traitement. Cette anisotropie est due à un
de Curie ou légèrement avant. réarrangement des atomes par rapport à l’aimantation locale. Elle se
superpose à l’anisotropie magnétocristalline mais son intensité est
en général plus réduite. Elle permet toutefois des adaptations inté-
ressantes des propriétés magnétiques, particulièrement sur des
alliages FeNi, FeCo, les alliages amorphes et nanocristallins dont les
Ku (en 102 J . m–3) autres termes d’anisotropie sont faibles ou évanescents.
4
Les valeurs de Ku dépendent de la composition chimique et de la
température du traitement de recuit sous champ comme le montre
la figure 6.
60
%
Ni
3 1.3.3 Magnétostriction
70
Quand un cristal ferromagnétique s’aimante, il change de dimen-
%
sion. Ce phénomène d’une faible amplitude (quelques 10-6) se
N
i
décrit au moyen des constantes de magnétostriction du cristal l100
2 et l111 [32]. À ces changements de dimension s’associe une énergie
50
magnétoélastique qui dépend des constantes de magnétostriction
%N
et des contraintes du cristal. Cette énergie magnétoélastique est
i
analogue aux énergies magnétocristallines ou induites et interfère
80 avec elles (relation (12)).
%
1 Ni L’évolution des constantes de magnétostriction dans les alliages
est souvent curieuse, comme le montre la figure 7 relative aux allia-
ges FeNi.
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S’il s’agit d’un cristal réel avec des dislocations, des précipités,
ne
ai
Moment
Do
des atomes ainsi ralenties, voire bloquées, dans leurs mouvements. Le champ
nécessaire pour vaincre tous ces obstacles correspond au champ
coercitif du matériau. Comme dans nombre de phénomènes de pro-
rd
pagation, on trouve que les obstacles les plus nuisibles ont approxi-
u
se
2. Mécanismes d’aimantation
e1
ain
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Domaine de Weiss
Joints de grains
Bm
Br
Direction de facile
aimantation
Induction
II I
– Hc + Hc
Parois de Bloch – Hm
a structure idéalisée 0 Champ
+ Hm
– Bm
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■ On distingue souvent trois régions d’importance pratique iné- 2.3 Aimantation en champ alternatif
gale dans la courbe d’aimantation et on a pu leur associer des
mécanismes d’aimantation prépondérants.
Dans cette région, on peut écrire la variation de l’aimantation sous r (W · m) résistivité électrique.
la forme :
a
J = J s æè 1 Ð ---- öø Pertes massiques (W/kg)
H
400
a étant un coefficient propre à chaque alliage.
c) La région intermédiaire, la plus importante, correspond prati- 350
quement à la totalité de l’aimantation technique et au déplacement +x
irréversible des parois de Bloch sur des distances de l’ordre de gran-
deur de la largeur des domaines de Weiss.
300
Dans les matériaux polycristallins, il existe plusieurs types de
parois avec, généralement, un environnement particulier (impure-
tés, défauts cristallins, orientation par rapport au champ appliqué,
250
etc.) pour chacune.
L’analyse quantitative du déplacement des parois est, de ce fait,
pratiquement inextricable.
m
200
4m
l’action du champ sur une paroi plane freinée dans son mouvement
=
m
saccadé, car elle est successivement bloquée par des obstacles 20
variés nécessitant des champs de grandeurs variables pour être 0,
=
franchis. La valeur du champ qui permet de franchir tous les obsta- d m
100 0m
cles correspond au champ coercitif du matériau. Il représente, éga- 0,1
=
d
lement, le champ qui produit le déplacement des parois sur +x
pratiquement toute la largeur des domaines et ainsi provoque la 50
plus grande variation d’aimantation dans le matériau. Sa valeur est +
approximativement celle qui correspond à la perméabilité maximale +x
du matériau, puisque pour cette valeur du champ toutes les parois +
0 +x
se déplacent.
0 200 400 600 800 1 000
De nombreux auteurs ont essayé de modéliser l’environnement Fréquence (Hz)
que rencontrent les parois pour obtenir une estimation du champ
coercitif, mais la complexité du problème est telle que l’on n’obtient Figure 12 – Courbes pertes-fréquence à B = 2 T dans le FeCo
qu’une description qualitative des phénomènes. Transformer pour trois épaisseurs
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Alors :
2 2 2 2
p f Bm d 1,0
W ® --------------------------- (7)
6r
Cette expression est la même que celle obtenue sur un matériau
idéalement isotrope du point de vue magnétique (pas de domaine)
et on peut la considérer comme la valeur minimale des pertes par
courants de Foucault.
En utilisant le même modèle, on trouve pour les tôles d’alliages
magnétiques doux, en négligeant l’hystérésis, une perméabilité
maximale d’impédance : 0,5
2
p r
m max z » ---------------- (8)
16 fd ,
Les relations ci-dessus montrent le rôle de la géométrie du maté-
riau magnétique en fonctionnement alternatif et soulignent la
nécessité de feuilleter les circuits magnétiques (diminuer d ) pour
limiter les pertes et éviter une chute trop rapide des perméabilités
surtout dans les alliages métalliques dont la résistivité est générale-
ment faible. 0
Il convient également de noter que la structure magnétique des 0,4 0,8 1,6 mm
matériaux intervient non seulement dans l’hystérésis, mais aussi Figure 13 – Représentation schématique de l’effet de peau
sur leur comportement dynamique et joue ainsi le rôle fondamental magnétique, à 50 Hz, dans un alliage FeSi (d’après [2])
sur les propriétés d’usage.
■ La description du processus d’aimantation en régime alternatif,
comme nous venons de la faire, n’est valable que si la fréquence et Une autre manifestation bien connue et fâcheuse de l’effet de
l’épaisseur de la tôle sont suffisamment faibles pour que la pénétra- peau est la baisse rapide de la perméabilité avec la fréquence de
tion du champ dans le matériau soit complète, c’est-à-dire qu’il n’y fonctionnement du matériau.
ait pas d’effet pelliculaire. Il n’en est pas toujours ainsi.
Pour les matériaux réels, qui s’aimantent par déplacement de
Pour un matériau magnétiquement isotrope dont on admet que la parois de Bloch, la situation est encore plus complexe, car le champ
perméabilité demeure constante et indépendante du champ appli- effectif sur la paroi décroît à partir de la surface de la tôle et conduit
qué, on montre que la valeur de l’induction à la distance x du plan à une courbure des parois qui se déplacent davantage en surface
médian d’une tôle d’épaisseur d s’écrit : qu’au cœur de la tôle. Ensuite, comme il apparaît un déphasage
1¤2
entre le champ excitateur et la variation locale d’induction, les
ch ( 2 x ¤ d ) + cos ( 2 x ¤ d ) parois ne peuvent plus rester en phase avec les variations du
B x = B 0 -------------------------------------------------------------- (9)
ch ( d ¤ d ) + cos ( d ¤ d ) champ, ce qui conduit progressivement à l’inefficacité de leur mou-
vement et à une décroissance de la perméabilité avec la fréquence
avec d épaisseur de peau : encore plus rapide que pour le matériau magnétiquement isotrope.
r ■ Nous avons décrit le fonctionnement en régime alternatif d’une
d = ------------------ (10)
p m0 mr f tôle magnétique dans le cas simple unidirectionnel où l’induction
reste macroscopiquement parallèle au champ et où on suppose une
B0 induction à la surface. variation approximativement sinusoïdale de l’induction.
La figure 13 donne une illustration de ce qu’est l’effet de peau En fait ce type de fonctionnement bien que très habituel n’est pas
magnétique à 50 Hz sur des tôles de FeSi de différentes épaisseurs. le seul, et tend à se réduire avec l’usage de plus en plus courant des
On note que, pour avoir une induction à peu près constante dans dispositifs électroniques d’alimentation des machines. En effet,
l’épaisseur de la tôle, il faut la réduire aux environs de l’épaisseur de d’une part, on utilise fréquemment des formes d’ondes non sinusoï-
peau. On peut alors estimer l’épaisseur de la tôle qui permet, pour dales [trapèzes, sinusoïdes redressées etc., voir cycles spéciaux
chaque fréquence de travail, d’utiliser au mieux le matériau ferro- (§ 5.4)], d’autre part, dans les machines tournantes, le champ d’exci-
magnétique en évitant l’effet de peau. Le tableau 1 donne, pour tation et l’induction sont rarement colinéaires en permanence.
divers alliages FeSi et FeNi, ces estimations. On remarquera qu’elles ■ Ainsi, quand on soumet des tôles magnétiques à un champ tour-
correspondent aux épaisseurs retenues dans la pratique indus-
trielle. nant, il apparaît un déphasage dans l’espace entre B et H .
Tableau 1 – Épaisseur des tôles en fonction de la perméabilité pour éviter l’effet pelliculaire à 50 Hz
Perméabilité relative maximale mmax cc . . . . . . . . . . . . . . (en 10-3) 10 20 50 100 300 600
Épaisseur maximale FeNi conseillée . . . . . . . . . . . . . . . . . . (mm) 0,53 0,38 0,24 0,17 0,10 0,07
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Dans la zone où il existe encore des parois (loin de la saturation), Nous nous limitons ici à la détermination des caractéristiques
l’aimantation continue à se faire par déplacements des parois de principales d’emploi des matériaux magnétiques doux c’est-à-dire
Bloch, mais ceux-ci sont plus complexes et amènent des réorganisa- perméabilité, pertes, relevé du cycle d’hystérésis... pour différents
tions locales de la structure magnétique. La dissipation d’énergie est champs d’excitation et à fréquence modérée (0 < f < 10 kHz).
alors plus forte, ce qui conduit aux faibles et moyennes inductions Ces caractéristiques décrivent la réponse du matériau à un champ
de travail à des pertes plus élevées qu’en régime unidirectionnel excitateur H. On veut connaître, en général, quelle induction B (ou
classique (figure 14). aimantation J) prend le matériau dans le champ H ; on en déduit
ensuite les perméabilités, la forme du cycle d’hystérésis... Pour cela,
En revanche, à l’approche de la saturation, où la majorité des on excite le matériau avec un bobinage primaire, ayant n1 spires
parois a disparu et l’aimantation essaie de suivre le champ par rota- (figure 15), qui crée un champ H proportionnel au courant i1 , qui le
tion des moments, les pertes sont moindres et tendent vers une parcourt ( , étant la longueur du circuit magnétique) :
limite à la saturation (figure 14).
n1
H = ------ i 1
,
2.4 Principe de la mesure (théorème d’Ampère) et on détecte l’induction B prise par le maté-
des caractéristiques magnétiques riau avec un bobinage secondaire en mesurant la tension induite v2
à ses bornes :
df
Le lecteur pourra se reporter à la référence bibliographique [33]. v 2 = n 2 -------
dt
òv
(W/kg) 1
B = Ð ---------- 2 dt
Sn 2
+
+ + obtenir B, il faut intégrer v2 (souvent de faible niveau) ; cela se fait
+
+
0,5 W r (B )
+
+ ■ Une autre complication est d’ordre fondamental, car un échan-
+
+
+ N
H d = Ð ------ J
+
+
0 m0
0 0,5 1 1,5
Induction (T)
N étant le coefficient de champ démagnétisant
Figure 14 – Pertes en induction unidirectionnelle (sens longitudinal caractéristique de la forme de l’échantillon.
WL et sens transversal WT) et en induction circulaire (champ
Ce champ Hd est généralement très grand devant les champs
tournant) Wr d’une tôle de FeNi 50-50 en 0,3 mm d’épaisseur
appliqués, et sa correction est incertaine. Pour s’en affranchir, on
s’arrange, dans toute la mesure du possible, à effectuer les mesures
sur des circuits fermés (figure 15) :
Matériau à mesurer — soit sur un tore fait de rondelles empilées ou d’une bande
i1 enroulée ; c’est la meilleure solution pour les matériaux très
A perméables ;
— soit sur un circuit fermé démontable constitué de bandes ou de
Hz n1 n2 v2 V tôles en U ; les alliages FeSi sont ainsi caractérisés, principalement,
au cadre Epstein ;
— soit, enfin, en utilisant un échantillon droit dont le flux est
refermé sur lui même par une culasse en matériau très perméable.
A ampèremètre n 1 enroulement primaire Les perméamètres, ainsi réalisés, sont très commodes et donnent
Hz fréquencemètre n 2 enroulement secondaire de bons résultats pour la mesure du champ coercitif et des pertes,
V fluxmètre mais sont moins fiables pour les perméabilités.
Figure 15 – Principe d’une expérience de mesure des propriétés Ces méthodes de mesure ont été normalisées et sont décrites
magnétiques dans les normes CEI 404-2, 404-3, 404-4, 404-6 et 404-7 entre autres.
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3. Physico-chimie des alliages Cette relation, peut finalement, se mettre, en utilisant des expres-
sions usuelles pour mcc et mCF , sous la forme :
magnétiques doux 1 b + K 1 + K u + ls 16 fd ,
----- » -------------------------------------------------
industriels mz AJ s
- + ---------------
p r
2
- (12)
1 1 1
----- » -------- + --------- (11) 3.3 Imperfections des alliages
m z m cc m CF
avec mcc perméabilité relative en polarisation continue, L’évolution des constantes électromagnétiques principales (Js , r,
mCF perméabilité relative due aux courants de K1 , l ) en fonction de la composition est généralement connue et elle
Foucault. permet la plupart du temps le choix des alliages suivant l’applica-
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+
matériau, qu’elles soient chimiques (impuretés, précipités etc.),
+
4
physiques (lacunes, dislocations, joints de grains) ou mécaniques
(contraintes). Leur présence ralentit, bloque ou rend plus irréversi-
ble le mouvement des parois et ainsi dégrade les propriétés d’usage
des alliages magnétiques doux.
3
■ La nocivité des impuretés chimiques et leur mode d’action
dépendent à la fois de leur nature, de leur concentration, de la forme C = 180 p.p.m
sous laquelle elles se trouvent et du type d’alliage. Essayons de
+
résumer les grandes lignes. 2 C = 120 p.p.m+
+
+
+
Les éléments faiblement électropositifs ou faiblement électroné- +
+
gatifs, qui peuvent rester en solution solide dans l’alliage, modifient +
+
peu les caractéristiques magnétiques des produits. La situation est 1
opposée pour les éléments fortement électronégatifs ou fortement
électropositifs qui souvent agissent simultanément ou en associa- C = 60 p.p.m
+ +
tion (précipités). +
+
C = 30 p.p.m
0 +
+
■ La dégradation des caractéristiques magnétiques par ces 0 50 100 150 200
impuretés relève alors essentiellement de deux processus. Durée du vieillissement (h)
● En combinaison, les impuretés électronégatives forment des C concentration d'azote (p.p.m masse)
inclusions non magnétiques (oxydes, carbures, sulfures, etc.), qu’il
est pratiquement impossible d’éliminer dès que l’alliage est solidifié Figure 17 – Vieillissement à 100 oC d’un acier décarburé
et qui contribuent à détériorer les caractéristiques magnétiques. (concentration de carbone < 10 p.p.m masse) provoqué par l’azote
(d’après [3])
Leur rôle dépend, de leur nombre et de leur taille (figure 16), mais
peu de leur nature chimique ; celles dont le diamètre est voisin de
l’épaisseur de la paroi de Bloch du matériau sont les plus nocives.
Variation de Hc (%)
En solution solide, la migration des impuretés de faible rayon ato-
mique (carbone, azote), puis leur lente précipitation au cours du
.m.
temps provoquent une dégradation progressive des caractéristi- 14 + C = 180 p.p +
+
ques en fonctionnement appelée vieillissement magnétique
(figures 17 et 18). +
+
12 +
+
p.p.m. +
+ C = 170
10
+
8 + +
+
Hc (A . m–1)
6 +
4 C = 60 p.p.m.
0,6
2
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400
Durée du vieillissement (h)
0,4 C concentration de carbone (p.p.m masse)
0,2
On parvient à minimiser le rôle des impuretés en utilisant des
matières premières sélectionnées, des techniques d’élaboration
sophistiquées (élaboration sous vide) et des atmosphères de recuit
purificatrices ou au minimum non polluantes (hydrogène pur).
0
0 50 100
Nombre d'inclusions au mm2
3.4 États de recristallisation
Figure 16 – Variation du champ coercitif avec le nombre d’inclusions
d’une taille voisine de celle de la paroi de Bloch pour des Permalloys La mise en forme des alliages magnétiques, souvent utilisés en
issus de différentes élaborations bandes minces, nécessite d’importants corroyages à froid. Les
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Hc (A . m–1) Hc (A . m–1)
150 100
+
80
+
100 +
60
+ 40
+
50
+
+ 20
0 0
0 20 40 60 80 100
120 140 0 10 20 30 40 50 60 70
1 (mm–1) 1 (mm–1)
O O
+ gamme Rotor gamme Transformer
Figure 20 – Champ coercitif Hc en fonction du diamètre Æ des grains
Figure 19 – Champ coercitif Hc en fonction du diamètre Æ des grains dans un alliage FeNiMo 15-80-5
dans un alliage FeCoV à 50 % de cobalt
50
recuits destinés, d’une part, à éliminer les défauts du solide écroui, Pertes W 1,5 (W/kg)
d’autre part, à provoquer la recristallisation jouent un rôle capital
sur les propriétés magnétiques et doivent être pratiqués avec grand
soin. Différents phénomènes, favorables ou non, s’observent au
cours des traitements thermiques.
2,9
■ D’abord, relaxation des contraintes, puis recristallisation
de l’alliage. Ces phénomènes sont indispensables pour obtenir des
matériaux magnétiques doux performants. Dans la plupart des cas, H2 humide
la perméabilité croît et le champ coercitif décroît avec la taille des 2,6
grains Æ suivant une relation linéaire (figures 19 et 20).
a
H c » ---- + bN
Æ 2,3
Dans les tôles minces (d < 0,3 mm), par recristallisation primaire
poussée, la taille des grains est limitée à des diamètres du même
ordre de grandeur que l’épaisseur de la tôle. Cette taille des grains 1,7
est donc en moyenne de plus en plus réduite à mesure que l’épais- 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
seur de la tôle décroît. Ainsi, les pertes par hystérésis croissent Épaisseur de la tôle (mm)
quand l’épaisseur de la bande décroît et viennent contrebalancer la
baisse des pertes par courants de Foucault amenée par une réduc- 50
Figure 21 – Pertes W 1,5 , à 1,5 T et 50 Hz, en fonction de l’épaisseur
tion d’épaisseur. Cela explique que, pour la plupart des alliages
magnétiques en tôles, les pertes totales passent par un minimum d’alliages FeSiAl traités dans différentes atmosphères
(figure 21) et les perméabilités par un maximum (figure 22) en
fonction de l’épaisseur [10].
■ Ensuite, purification des alliages. Elle est favorisée par une propriétés d’usage comme l’illustre la figure 21 sur des bandes de
atmosphère convenable (souvent réductrice), des conditions ther- FeSiAl recuites dans de l’hydrogène humide.
modynamiques permettant aux réactions d’affinage de se produire
(température, dilution, etc.) et des conditions cinétiques adaptées ■ Enfin, et plus exceptionnellement (FeSi 3 %, FeNi 50-50), appari-
(faible épaisseur des tôles, bonne circulation des gaz de réaction tion d’une texture au cours de la recristallisation. Parfois, cette
etc.) texture peut être favorable, mais ce n’est pas toujours le cas.
Toutefois, aux températures nécessaires à la recristallation cer- En effet, comme les cristaux ferromagnétiques s’aimantent plus
tains alliages, surtout s’ils contiennent des éléments facilement oxy- facilement suivant certaines directions (anisotropie magnétocristal-
dables (Si, Al...), peuvent aussi s’oxyder ou plus généralement se line), si l’on réussit à orienter tous les grains qui constituent la tôle
polluer en surface. On peut, alors, assister à une dégradation des suivant l’une de ces directions et si l’on applique le champ d’excita-
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1 ¶m 1 ¶K
--- ------ » Ð ---------- --------1- (13)
m ¶T 2 K 1 ¶T
430
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Prix (F/kg)
r (en 10 – 8 W . m)
1 000 80
8
6
Si
4
Al
2
FeNi 20-80 60
100 FeNi 50-50
8
6 Ge
4
2 40
FeSi HiB
10 FeSi
8 FeSi
6 grains orientés Mn
non orienté Ni
4
20 Mo
FeSi Co
2 semi process
1
2 4 6 8 2 4 6 8 2 4 6 8
0,1 1 10 100
Hc (A . m–1) 0
0 2 4 6 8
Élément d'alliage (% masse)
Figure 23 – Relation prix-qualité magnétique
Figure 24 – Résistivité électrique, à 20 oC, de quelques alliages
de fer
grande variété des épaisseurs de tôle et la qualité magnétique. La
figure 23 en donne une idée et montre clairement la relation entre le
prix et la qualité magnétique, représentée schématiquement par la
Une addition d’au moins 2,5 % de silicium supprime la transfor-
valeur du champ coercitif. ® g du fer, ce qui autorise des traitements aux températu-
mation a ¬
Le fer pur s’utilise peu comme matériau magnétique alors que res élevées (supérieures à 900 oC) favorables à l’affinage en phase
tout le destine a priori à cet usage : abondance, prix, aimantation à solide (élimination des impuretés indésirables par diffusion à la sur-
saturation élevée, etc. Malheureusement, le fer technique, c’est-à- face et réaction avec l’hydrogène ou la vapeur d’eau) et à la recris-
dire l’acier doux, se présente pratiquement toujours avec un cortège tallisation des produits.
d’impuretés qui compromettent son utilisation en électrotechnique.
Le carbone et l’azote précipitent lentement aux températures de Enfin, la présence de silicium réduit le vieillissement magnétique.
fonctionnement et provoquent le vieillissement magnétique
(figures 17 et 18). Les éléments désoxydants, ajoutés volontaire- ■ Améliorer la pureté
ment ou non à l’élaboration (Mn, Si, Cr, Al, etc.), forment des préci-
pités néfastes aux propriétés magnétiques. Enfin, le diagramme de On s’efforce d’avoir des concentrations en impuretés très faibles
phase est peu propice puisqu’il présente des transformations de principalement pour l’azote, le carbone, le soufre et les éléments
phase aux températures moyennes où se réalisent les traitements très électropositifs (Ti, Al, Cr, etc.). Ces précautions appellent des
thermiques. matières premières adéquates et des techniques d’élaboration soi-
gnées.
Pour avoir des produits magnétiques à prix modérés, on a cher-
ché à adapter le fer aux exigences des électrotechniciens. Les solu-
tions ont évolué avec les technologies mais les objectifs
demeurent les mêmes.
4.2 Le fer pur
■ Augmenter la résistivité
La faible résistivité du fer (10-7 W · m) conduit à des pertes éle-
vées en régime alternatif ; on cherche donc à l’accroître par l’addi- Le cycle de fabrication des produits ferreux par oxydo-réduction
tion d’éléments d’alliage (figure 24), mais en diminuant le moins ne conduit pas naturellement au fer pur. Toutefois, avec l’évolution
possible l’aimantation à saturation. Les éléments les plus efficaces récente des techniques sidérurgiques, on peut s’en approcher. Ainsi,
(Dr » 10-7 W · m par pour-cent d’alliage) sont le silicium, l’aluminium si on part de matières premières sélectionnées et si l’on pratique en
et le germanium. Le germanium n’est pas utilisé pour des raisons fin d’élaboration une étape de métallurgie en poche sous vide pour
économiques et l’aluminium l’est rarement à des teneurs supé- éliminer certains résiduels (N, C, O...) on obtient un fer contenant
rieures à 0,5 %, car il complique sérieusement la fabrication. moins de 30 p.p.m. (masse) d’azote et de carbone, moins de 20
p.p.m. d’oxygène et moins de 10 p.p.m. de soufre.
■ Faciliter la production
Ce métal techniquement pur est ensuite transformé suivant deux
L’addition de silicium au fer lui apporte trois avantages supplé- voies selon l’application visée.
mentaires.
Sa dureté et sa rigidité augmentent, ce qui facilite la manutention ■ En barres : leur usinage ultérieur fournit des pièces utilisées
des tôles ; toutefois, au-dessus de 3,5 % à froid et 4,5 % à chaud, le dans divers ensembles électromagnétiques (relais, circuits auxillai-
métal devient fragile et ne peut plus être laminé. res d’aimant...). Après mise en forme, ces pièces doivent être trai-
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tées quelques heures à 850 oC sous atmosphère neutre ou 4.3.1 Les deux classes de tôles FeSi non orientées
réductrice. Les caractéristiques magnétiques atteignent alors :
H c » 50 A × m
Ð1
; m max cc » 8 000 Les alliages FeSi actuels en tôles à grains non orientés contien-
nent de 0,1 à 3,2 % de silicium, mais la composition n’est pas une
■ En tôles, spécialement en tôles minces (d = 0,1 à 0,2 mm) : elles caractéristique essentielle de cette famille de produits très utilisés
sont employées comme écran magnétique contre le champ magné- en génie électrique. L’ensemble des considérations techniques
tique terrestre dans les tubes de télévision couleur et les écrans (niveau des pertes, facilité de découpe...) ou économiques a conduit
informatiques. Dans ce cas, les tôles laminées à froid sont recuites, à proposer, suivant l’application, deux classes de tôles de composi-
puis skin passées et enfin traitées sous atmosphère oxydante vers tions voisines mais de présentation sensiblement différente, bien
750o après mise en forme par emboutissage. Ce traitement sert à la qu’obtenue l’une et l’autre par laminage à froid.
fois à développer les caractéristiques magnétiques :
■ Tôles « semi-process »
Ð1
H c » 80 A × m Elles sont livrées à l’utilisateur à l’état non traité (tableaux 2 et 3).
Ces tôles correspondent souvent à des nuances moins chargées en
et à noircir le blindage (pour éviter qu’il réfléchisse les radiations et silicium et dans des épaisseurs plus fortes. Elles sont utilisées prin-
affaiblisse le contraste du tube cathodique). cipalement dans les petits moteurs à fonctionnement intermittent
(électroménager, accessoires d’automobile).
Ces tôles après découpage en pièces doivent être recuites par
4.3 Tôles magnétiques FeSi non orientées l’utilisateur à 780-800 oC pendant 5 à 10 minutes (recuit continu). Ce
recuit se termine généralement sous atmosphère oxydante
(20 % H2 + 80 % N2 saturée en eau à 35 oC) qui développe un film
Le lecteur pourra se reporter à la référence bibliographique [34]. d’oxyde suffisant pour isoler les tôles entre elles.
fully process 0,50 2,70 1,49 1,71 Moteurs de grosse et moyenne puissance
Teneur Aimantation
Aimantation Champ pour Propriétés
en silicium Pertes pour d = 0,5 mm
à saturation coercitif mécaniques (1)
(ou Si + Al) H = 2500 A · m-1
Applications
50 50
W1 W 1,5 R A
(%) (T) (A.m-1) (T)
(MPa) (%)
(W.kg-1) (W.kg-1)
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Filière Filière
fully process semi process
Tableau 4 – Principales couches isolantes déposées
sur les tôles FeSi non orientées Décapage Décapage
Il existe trois types principaux d’isolant pour les tôles FeSi non Figure 25 – Cycles de fabrication des tôles électriques non orientées
orientées « fully process » (tableau 4).
3,5 1,85 % Si
4.3.2 Fabrication des tôles électriques
non orientées 2,8 % Si
3,0
Elle a largement bénéficié de l’évolution des techniques d’aciérie :
élaboration à l’oxygène, traitement du métal liquide sous vide, cou-
lée continue, etc. qui permettent d’obtenir des alliages à bas rési- 2,5 3,2 % Si
duels (O, S, etc. < 30 p.p.m. masse et C < 80 p.p.m. masse).
Le laminage à froid conduit à des tôles d’une grande régularité
d’épaisseur et d’un excellent état de surface qui permettent d’obte- 2,0
0 50 100 150 200
nir de bons coefficients de remplissage des circuits magnétiques
Diamètre moyen des grains (mm)
( r > 0,95 ) .
50
Ce mode de fabrication conduit toutefois à une légère anisotropie Figure 26 – Pertes W 1,5 , à 1,5 T et 50 Hz, en fonction de la taille
des caractéristiques magnétiques (les propriétés sont meilleures des grains dans un alliage FeSi non orienté (d’après [14])
dans le sens longitudinal de la tôle) qui dépend principalement du
taux de réduction au dernier laminage.
Le cycle de fabrication de ces tôles est donné figure 25. — les pertes alternatives habituelles ;
— les pertes rotationnelles provoquées par le champ tournant ;
— les pertes harmoniques dues aux harmoniques de la machine.
4.3.3 Fonctionnement des tôles non orientées
Bien que ces pertes aient toutes pour origine le mouvement des
parois, les facteurs métallurgiques les affectent différemment.
Les tôles FeSi non orientées s’utilisent essentiellement dans les
machines tournantes (tableaux 2 et 3) où l’aimantation du matériau Les pertes alternatives dépendent de la pureté du métal, mais
n’est pas toujours colinéaire au champ d’excitation. Les pertes sont aussi de la taille des grains (figure 26), car l’orientation aléatoire
alors plus complexes à analyser, on les décompose parfois en trois entre les grains et la forte anisotropie de l’alliage FeSi favorisent peu
fractions équivalentes : la continuité des structures magnétiques entre grains.
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0,80
4.4 Tôles magnétiques FeSi à grains
orientés 1,8
B 800
Le lecteur pourra se reporter à la référence bibliographique [34]. 0,70
1,7
4.4.1 Généralités
0 5 10 15
q m (¡)
Dans les tôles FeSi non orientées, d’une part, l’orientation des
grains, issus de la recristallisation primaire, est quelconque, d’autre
50
part, la teneur en silicium varie de 0,1 à 3,2 %. La situation est radi- Figure 27 – Pertes W 1,5 , à 1,5 T et 50 Hz, et induction B 800
calement différente dans les FeSi à grains orientés :
pour un champ de 800 A · m-1, en fonction des désorientations q m
— la teneur en silicium est toujours voisine de 3 % ;
maximales entre les grains
— l’orientation des grains obtenus par recristallisation secon-
daire est très marquée.
En effet les tôles FeSi à 3 % Si, élaborées et parachevées dans des 4.4.3 Revêtement minéral (glass-film)
conditions particulières (§ 4.4.3 et 4.4.4), conduisent par recristalli-
sation secondaire à la texture (110) [001] ou texture de Goss où tous
les grains de la tôle ont leurs plans cristallins {110} parallèles à la Le recuit final des tôles FeSi se réalise sur grosses bobines
surface de la tôle et la direction <001> de facile aimantation parallèle (10 tonnes) à 1 170 oC sous hydrogène pendant une vingtaine d’heu-
à la direction de laminage. Cette orientation des grains conduit à res. Pour éviter le collage interspire, on enduit la bande avant enrou-
une structure magnétique particulièrement simple avec des domai- lage d’un lait de magnésie. Au cours du recuit à haute température,
nes en bandes parallèles séparés par des parois à 180o très mobiles une partie de cette magnésie réagit avec les éléments superficiels de
(figure 10) qui permettent d’obtenir des propriétés magnétiques la bande pour donner un silicate de fer et de magnésium : le glass-
excellentes dans la direction de laminage. film.
Ce film de verre, de quelques micromètres d’épaisseur, adhère
fortement à la bande et assure, d’une part, une excellente isolation
4.4.2 Importance de la texture [17] diélectrique, d’autre part, une protection contre l’oxydation jusqu’à
des températures de l’ordre de 800 oC où se pratique éventuelle-
ment le traitement des bandes après découpage. Il est enfin insensi-
Les grains bien orientés possèdent une structure en domaines ble aux huiles des transformateurs.
favorable mais, dès que leur orientation s’écarte de la valeur idéale,
la structure magnétique se complique, rendant le chemin magné- On améliore encore les propriétés du revêtement par dépôt d’un
tique plus complexe et la mobilité des parois moindre. On assiste phosphate de magnésium qui colmate le glass-film, augmente la
ainsi à une baisse progressive des propriétés magnétiques à mesure tenue diélectrique et diminue la friction entre bandes au cours du
que la désorientation entre grains s’accentue (figure 27). montage des transformateurs.
On observe dans les tôles à texture de Goss que la répartition des Enfin, depuis l’apparition des nuances pour haute perméabilité,
désorientations des grains est approximativement constante à on a développé des revêtements minéraux complexes moins dilata-
l’intérieur d’un angle solide entourant l’orientation idéale. On mon- bles (4 · 10-6 K-1 au lieu de 8 · 10-6 K-1) qui mettent la bande sous
tre alors que les propriétés magnétiques techniquement importan- légère tension uniaxiale, en améliorent la structure magnétique et
tes (pertes, aimantation dans un champ de 800 A · m-1, etc.) réduisent ainsi les pertes (figure 28) et le bruit des circuits.
dépendent seulement de l’angle de désorientation maximal qui défi-
nit l’angle solide. La figure 27 représente l’évolution des pertes et
de l’aimantation pour un champ de 800 A · m-1 avec la désorienta- 4.4.4 Tôles à grains orientés conventionnelles
tion maximale et montre toute l’importance de ce paramètre.
La valeur de la désorientation maximale sépare ainsi les FeSi à Les tôles à grains orientés sont employées dans la construction
grains orientés en deux catégories : des transformateurs où leurs excellentes qualités magnétiques dans
le sens du laminage peuvent être utilisées au mieux. On évite, en
— les tôles conventionnelles ou qm . 5 à 7o (§ 4.4.4) ; revanche, de faire circuler le flux dans la direction transverse qui
— les tôles à haute perméabilité plus récentes où qm , 5o environ présente des propriétés moins avantageuses (pertes 2 à 4 fois plus
(§ 4.4.5). importantes).
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Le développement de la recristallisation secondaire généralisée à Ce processus de fabrication conduit toutefois à des grains géants
toute la tôle s’obtient en bloquant, par un inhibiteur convenable et ainsi à des domaines magnétiques très larges peu favorables à la
(MnS, MnSe etc.), la recristallisation normale qui conduirait à une réduction des pertes.
tôle isotrope et à petits grains. Pour diminuer la taille des domaines, on crée des petits défauts de
surface sur la tôle (scratching) par exemple avec un laser pulsé. Ce
La fabrication de ces produits relève ainsi d’une métallurgie diffi- traitement de la tôle finie ne se pratique que sur les nuances les plus
cile à toutes les étapes (tableau 5) : nobles.
— d’abord, à l’élaboration, où il faut obtenir un alliage très pur Une méthode plus conventionnelle pour réduire les pertes, mise
mais contenant néanmoins les éléments inhibiteurs ; en œuvre depuis la dernière décennie, tant sur les nuances conven-
tionnelles que haute perméabilité, consiste à réduire l’épaisseur.
— ensuite, au laminage à chaud, où on doit réchauffer les brames Cette opération d’apparence simple est en réalité très délicate car il
vers 1 350 oC pour obtenir une bonne répartition des inhibiteurs faut conserver la qualité de la texture. Pour ce faire, on a dû renfor-
avant le laminage, opération technologiquement difficile car le FeSi cer l’effet inhibiteur du MnS en ajoutant un peu de cuivre. On peut
s’oxyde en fayalite (Fe2SiO4) qui fond à basse température alors obtenir industriellement des tôles de 0,23 mm d’épaisseur.
(1 250 oC) et encrasse les outils ;
Le tableau 6 donne les caractéristiques magnétiques de quelques
— enfin, au cours des différents recuits où les atmosphères tôles FeSi à grains orientés.
jouent un rôle très important.
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r (en 10–8 W . m)
Tableau 8 – Caractéristiques magnétiques des tôles FeSi
de faibles épaisseurs
0,8 60
Pertes
Épaisseur
Type de tôle W 1400 400
W 1,5
(mm) r 40
(W · kg-1) (W · kg-1) 0,4
Non orientée 0,10 10 30 20
spéciaux
thermiques qui permettent de développer leurs propriétés magné-
tiques au mieux.
5.1 Caractéristiques principales Les figures 29 et 30 montrent les principales caractéristiques
des alliages FeNi électromagnétiques des alliages FeNi. Elles conduisent, en les asso-
ciant éventuellement à d’autres propriétés, à silhouetter les princi-
pales familles de produits.
Le lecteur pourra se reporter aux références bibliographiques [22]
et [35]. ■ Les alliages à 36 % Ni associent à une très faible dilatabilité la
plus grande résistivité.
Les alliages FeSi, bien que commercialisés dans un nombre
important de nuances, sont limités par les caractéristiques de ■ Les alliages vers 48 % Ni sont dotés de l’aimantation à saturation
l’alliage à 3 % de silicium. Les alliages FeNi et FeCo, au contraire, la plus élevée.
présentent une palette plus étendue dans leurs constantes électro-
magnétiques qui leur ouvre des applications variées. ■ Les alliages à environ 80 % Ni qui, traités convenablement, ont
simultanément l’anisotropie magnétocristalline et la magnétostric-
Les alliages FeNi ne sont utilisés pour leurs propriétés magnéti-
tion voisines de zéro et conduisent aux perméabilités les plus éle-
ques que pour des teneurs en nickel supérieures à 28 %. Leur struc-
vées.
ture est alors cubique à faces centrées et ils ne présentent pas de
transformation de phase à l’état solide (sauf une mise en ordre au On a également vu, figures 6 et 7, l’évolution des constantes
voisinage de Ni3Fe). Ces deux propriétés leur confèrent une grande d’anisotropie induite et de magnétostriction des alliages FeNi en
facilité de laminage à froid (jusqu’à 5 à 10 mm) et de traitements fonction de la teneur en nickel.
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Js (T)
K1 (103 J . m–3)
1,6
+2
1,4 40 %
+1 Ni
58
%N
i
1,2
0
Ni3 Fe
1,0
– 1 78
,5
%
Ni
0,8
–2
0,6
–3
40 60 80 100 0,4
Ni (% masse) 0 2 4 6 8 10
Mo (% masse)
Figure 30 – Anisotropie magnétocristalline des alliages FeNi
Figure 32 – Variation de l’aimantation à saturation Js de divers
alliages FeNi avec la concentration en molybdène
r (en 10– 8 W . m)
100 5.2 Alliages FeNi pour l’électrotechnique
miniaturisée
i
N
%
90 45 % Ni
58
Le prix des FeNi les oriente vers des applications spécialisées où
souvent on met en œuvre non seulement leurs propriétés magnéti-
80 ques remarquables, mais également des propriétés complémentai-
i res (faible dilatation, facilité de mise en forme etc.) ; en voici
N
% quelques exemples.
,5
70 78
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■ Ces alliages se trouvent en tôles minces (0,1 à 0,3 mm) dans les
circuits empilés (téléphonie, stator et rotor de petits moteurs, etc.).
TC (¡C)
On adapte leurs propriétés à l’usage par les traitements. Schémati-
200 quement, on trouve deux types principaux de traitements :
— les recuits vers 1 050 oC, souvent réalisés sur tôles à faible taux
d’écrouissage qui conduisent à des produits isotropes intéressants
pour les machines tournantes miniatures ;
150 — les recuits vers 1 150 oC, réalisés généralement sur tôles très
écrouies qui donnent par recristallisation secondaire des produits
texturés.
Les caractéristiques de ces alliages sont données tableau 9.
100
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Tableau 10 – Caractéristiques physiques et magnétiques des alliages FeNi à très hautes perméabilités
Composition Épaisseur Masse Résistivité Aimantation Champ Perméabilité d’impédance Pertes
nominale volumique à saturation coercitif à 50 Hz 50
W 0,5
m5 z
m max z
(% masse) (mm) (g · cm-3) (en 10-8 W × m ) (T) (A · m-1) (en 103) (en 103) (W · kg-1)
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(% masse) (mm) (g · cm-3) (en 10-8 W × m ) (T) (°C) (A · m-1) (en 103) (W · kg-1)
Fe74,5-Co25- 0,3 7,9 22 2,4 950 150 5 W 250 = 9,5
Cr0,5
Fe49-Co49-V2 0,3 8,2 40 2,35 930 80 10 W 250 = 4
(Rotor)
Fe49-Co49-V2 0,1 8,2 40 2,35 930 40 20 W 2400 = 25
(Transformer)
Fe6-Co94 0,3 8,7 15 1,9 1 040 35 12 50 = 3,2
W 1,5
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■ L’alliage Fe75-Co25 est peu fragile mais ses propriétés magné- modestes (tableau 14), mais évoluent peu avec la fréquence,
tiques restent modestes dans les champs faibles (< 100 A · m-1). On jusqu’à plusieurs centaines de kilohertz.
l’utilise plutôt vers la saturation (pièces polaires pour électro-
aimants, spectographes, etc.).
5.6.3 Poudres FeNi
■ L’alliage Fe50-Co50 avec une addition de 2 % de vanadium fournit
l’un des matériaux magnétiques les plus utilisés dans le matériel
embarqué (avions, sous-marins, etc.). Son induction à saturation Ces poudres (tableau 14) ne sont utilisées que lorsque les pou-
élevée permet de construire des machines à forte puissance massi- dres de fer ou les ferrites ne peuvent convenir.
que. Il est commercialisé sous deux nuances : Il existe essentiellement deux techniques pour obtenir des pou-
— « Rotor », alliant résistance mécanique et propriétés magnéti- dres FeNi :
ques et destiné aux machines tournant à grande vitesse ; — le broyage du solide fragilisé par addition de soufre (grains
— « Transformer », optimisant les pertes. polyédriques) ;
— l’atomisation d’un jet d’alliage liquide par un gaz sous pression
■ L’alliage Fe6-Co94 n’a pas de transformation de phase a ¬ ® g et
(grains sphériques).
présente une température de Curie très élevée ce qui lui permet de
travailler jusque vers 950 oC (pompes électromagnétiques pour
métaux liquides). 5.6.4 Pièces en poudres frittées
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Parmi les différents procédés de préparation, seule la trempe 6.2 Alliages amorphes magnétiquement
énergique d’un filet de métal liquide sur une roue refroidie semble
industriellement intéressante pour produire les tôles fines utilisées doux
en électrotechnique (figure 35). La vitesse de trempe nécessaire
pour figer la structure du liquide et obtenir l’état amorphe est très
6 Ð1
élevée dans les alliages de la famille du fer ( v > 10 K × s ) ce qui 6.2.1 Caractéristiques électromagnétiques
conduit naturellement à des tôles fines (20 < d < 40 mm).
■ Les alliages amorphes ferromagnétiques présentent deux pro-
Les alliages amorphes issus du liquide par trempe conservent cer- priétés intéressantes pour les applications électrotechniques
taines caractéristiques de ce dernier : pas de structure périodique, (tableau 15) :
absence des défauts du solide cristallin (joints de grains, disloca- — absence d’anisotropie magnétocristalline macroscopique,
tions, etc.). Une partie de l’originalité des propriétés des alliages intéressante pour les applications en champs faibles ;
amorphes découle de ces caractéristiques. Toutefois, ils présentent — résistivité électrique environ trois fois plus grande que celle
également des inconvénients propres à leur mode d’élaboration : des alliages cristallins (r » 1,3 · 10-6 W · m) et pratiquement indé-
métastabilité naturelle qui fait redouter une évolution des propriétés pendante de la température jusqu’à la température de cristallisation.
dans le temps, contraintes résiduelles importantes peu favorables
Ces deux propriétés, associées à la faible épaisseur des rubans
aux propriétés magnétiques, etc.
(d » 30 mm), destinent particulièrement les alliages amorphes aux
applications moyenne fréquence (10 à 100 kHz).
Les alliages des métaux ferromagnétiques ne sont pas amorphi-
sables directement. Pour réaliser l’amorphisation, il faut leur adjoin- ■ En revanche, l’adjonction d’éléments métalloïdiques sans
dre environ 20 % atomique d’élément métalloïdique tel que P, B, C, moment magnétique entraîne :
Si, etc. On s’approche ainsi de la composition eutectique qui pré- — une baisse très sensible de l’aimantation à saturation (environ
sente une température de fusion basse (environ 1200 oC), une plus 20 % par rapport à l’alliage cristallin correspondant),
grande viscosité du liquide et favorise l’obtention de l’état amorphe. — un affaiblissement du couplage ferromagnétique qui conduit à
de basses températures de Curie (TC < 450 oC).
Cependant, la présence des éléments métalloïdiques modifie peu
la magnétostriction et l’anisotropie magnétique induite. Cette der-
nière se trouve alors être souvent la plus importante et explique
l’efficacité du recuit sous champ sur ces matériaux.
Creuset
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qui limite leurs applications dans l’appareillage des industries chi- Bloch, d’où un champ coercitif triple mais des caractéristiques
miques et alimentaires. mécaniques moindres (tableau 17).
■ Les aciers au chrome (aciers inoxydables ferritiques), au-dessus
de 12 à 15 % de chrome, en revanche se passivent et résistent à ces
milieux. Tableau 17 – Caractéristiques magnétiques et mécaniques
Le chrome est alphagène, ainsi la phase a ferromagnétique du fer de tôles d’acier maraging écroui et traité
est maintenue à toute température pour une concentration supé-
rieure à 12 % dans l’alliage, à condition que les résiduels gamma- Traitement Champ Perméabilité Induction Résistance
gènes (C, N...) soient à un bas niveau [13]. En pratique industrielle, thermique coercitif à saturation mécanique
les FeCr ne sont a à toute température qu’à partir de 17 % Cr.
(A · m-1) (T) (MPa)
Si, par une élaboration soignée, le carbone reste bas (C < 0,03 %),
pour limiter la précipitation de martensite puis de carbures qui pour- Revenu 4 h 1 200 500 1,9 2 200
raient nuire à la douceur magnétique et provoquer une corrosion à 480 °C
localisée, on réalise un acier inoxydable dont les propriétés magné- Revenu 4 h 3 500 1,8 1 800
tiques sont proches de celles du fer : à 570 °C
Hc » 150 A · m-1 ; mmax » 2 500 Les aciers maraging à haut champ coercitif appartiennent à la
famille des alliages semi-rémanents qui font la transition entre les
Après mise en forme, ces aciers doivent être recuits sous hydro- matériaux doux :
gène ou sous vide pendant plusieurs heures entre 800 et 900 oC sui-
vant les propriétés magnétiques et mécaniques recherchées. Hc , 1 000 A · m-1
■ Pour les milieux moins corrosifs (injecteurs et pompes de et les aimants traditionnels :
moteurs thermiques), on a proposé des nuances moins chargées en
chrome (Cr = 8 à 12 %). Elles doivent être recuites à plus basse tem- Hc . 36 000 A · m-1
pérature (750 à 800 oC) pour rester ferritiques et éviter la transfor-
® g qui nuirait aux propriétés magnétiques. Les Les alliages semi-rémanents sont utilisés dans les rotors des
mation a ¬
moteurs à hystérésis (ultracentrifugation), les relais bistables, etc.
caractéristiques magnétiques de ces nuances sont moins bonnes
Ces alliages sont généralement biphasés a + g et leur champ coerci-
que celles des 17 % Cr :
tif augmente avec la fraction de phase g. Le tableau 18 donne quel-
Hc » 200 à 300 A · m-1 ques exemples de ces matériaux. Leurs traitements thermiques sont
complexes.
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absence de ferromagnétisme d’autres propriétés intéressantes — les cristallins, qui peuvent être considérablement rénovés par
(résistance mécanique, inoxydabilité...). Nous ne citerons que quel- l’usage des technologies de l’industrie électronique (CVD Chemical
ques exemples. Vapor Deposition) pour fabriquer des alliages FeSi à 6,5 % Si impos-
sible à obtenir autrement.
■ Aciers inoxydables amagnétiques
■ Les améliorations des produits existants ont été continuel-
Le plus simple est l’acier austénitique 18-12 (Cr18, Ni12). D’autres
les, tantôt modestes tantôt considérables. On peut en retenir que
nuances sont également employées dans la construction des tubes
quelques unes pour la démonstration, mais toutes ont demandé
de télévision couleur.
constance et opiniâtreté dans leur mise au point industrielle.
■ Aciers à hautes caractéristiques mécaniques (R » 950 ● Citons, d’abord, l’évolution du plus vieux matériau de culasse,
MPa) la tôle FeSi non orientée, vers les nuances à haute perméabilité.
Ils sont employés pour les frettes de rotors de gros alternateurs ; ● Ensuite, la réactivité des FeSi à grains orientés face à la menace
on peut citer le FeMnCr (Z50MC 18-4). des amorphes avec les nuances scratchées, les nuances à plus fai-
bles épaisseurs... poursuivant ainsi la course vers les faibles pertes.
■ Alliages FeMnCr et FeMnNi amagnétiques ● Les FeNi à 80 % Ni qui ont su répondre à toutes les exigences
Ce sont en réalité des paramagnétiques, mais, aux basses tempé- des fabricants de sécurité différentielle : haute perméabilité, stabilité
ratures où ils sont parfois utilisés (physique des particules), certains en température, cycles de forme adaptée...
d’entre eux peuvent devenir antiferromagnétiques (surtout ceux ● Les nuances qui accompagnent les évolutions technologiques :
contenant Mn et Cr). FeCr pour injection automobile, tôles magnétiques issues de coulée
Leur susceptibilité magnétique c (mr = 1 + c), au lieu de croître continue de bandes minces, FeCo à bas cobalt etc.
quand la température s’abaisse comme dans un paramagnétique Innovations et améliorations cheminent souvent de concert et la
normal (loi de Curie : c = C/T, C étant la constante de Curie), passe pression de notre monde sur l’industrie électrique est telle qu’il est
par un maximum pour la température de Neel TN et décroît ensuite. bien improbable qu’on en reste là.
Cela peut être un avantage pour les emplois à basse température.
L’alliage Fe60 - Mn20 - Cr20 montre un exemple de ce comporte-
ment (TN = 250 K).
■ Mentionnons pour terminer l’utilisation maintenant fréquente de 9. Annexe. Aperçu sur les
l’azote à la place du carbone pour obtenir des nuances austéniti-
ques stables qui sont amagnétiques (tableau 19) et présentent des
propriétés magnétiques
caractéristiques mécaniques et de corrosion intéressantes. des aciers courants
Le lecteur pourra se reporter en bibliographie à la référence [12].
Tableau 19 – Aciers amagnétiques à haute résistance
mécanique
Composition Résistance 9.1 Structure et propriétés magnétiques
(% masse) mr mécanique
Nuance
C Mn Si Cr Ni N (MPa) Les aciers composés principalement de fer présentent le plus sou-
vent le ferromagnétisme de cet élément. Bien qu’on utilise surtout
Z5 MC 0,05 18 0,5 18 1 0,6 1,002 1 200 les aciers pour leurs propriétés mécaniques, on s’intéresse quelque-
1818 fois à leurs propriétés magnétiques. Toutefois, comme les pièces
Z2 CN 0,03 1,5 0,5 18 10 0,15 1,003 520 mécaniques sont souvent massives, le mode de fonctionnement se
1810 restreint généralement au régime continu car, en régime alternatif,
l’échauffement et les pertes d’énergie par courants de Foucault ne
seraient pas tolérables.
La variété des aciers tant dans leurs compositions que dans leurs
8. Conclusion propriétés est telle qu’il est difficile de donner une description de
leurs propriétés magnétiques, d’autant que celles-ci étant en
général secondaires devant les propriétés mécaniques ne sont la
plupart du temps pas déterminées. Nous nous limiterons donc à
Les matériaux magnétiques doux en accompagnant le développe- souligner les aspects principaux.
ment du génie électrique ont joué un rôle capital, bien que discret,
sur les industries du XXe siècle. Leur développement a d’abord été Contrairement à la plupart des alliages magnétiques doux (FeSi,
très rapide sous-tendu par de nombreuses découvertes et innova- FeNi, etc.), les aciers ne sont pas des solutions solides simples. Ils
tions. Actuellement, leur progression paraît moins soutenue, sur- tirent leurs bonnes propriétés mécaniques de mélanges appropriés
tout si on les compare à certains autres matériaux du génie de phases différentes (ferrite + perlite, martensite + austénite, etc.).
électrique : aimants, supraconducteurs... La réalité est probable- Généralement, l’une des phases est dispersée dans l’autre souvent
ment plus nuancée, si on élimine les effets médiatiques. riche en fer. La phase dispersée dans la matière ferromagnétique
produit un ancrage des parois de Bloch (§ 3.3) qui conduit, suivant
■ En nous limitant au dernier quart de siècle, on doit inscrire parmi son importance, à des champs coercitifs intermédiaires entre ceux
les nouveautés : des alliages doux et ceux des aimants :
— l’avènement des amorphes et leurs propriétés magnétiques 100 < Hc < 104 A · m-1
tout à fait inattendues ; leur originalité tant magnétique que mécani-
que fait qu’ils cherchent encore leur place ; L’évolution des propriétés magnétiques d’usage (champ coercitif,
— les amorphes, qui ont conduit incidemment aux nanocristal- perméabilité, etc.) se trouve ainsi principalement affectée par la frac-
lins, amènent une petite révolution dans certaines applications tion volumique de la phase minoritaire qui est peu ou pas ferroma-
spéciales ; gnétique. Cette affirmation est illustrée sur les figures 39 et 40, où
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4 000
200
3 000
150
2 000
100 1 000
0 5 10 15 20 25 30
Temps (h)
l’on peut observer l’accroissement du durcissement magnétique Figure 37 – Corrélation entre champ coercitif Hc et dureté Vickers
(baisse de la perméabilité magnétique et augmentation du champ dans les aciers (d’après [12])
coercitif) des aciers au carbone et alliés avec la teneur en carbone.
Toutefois, la nature, la forme et la répartition de la phase précipitée
jouent un rôle très important (figure 36) et expliquent que les pro-
priétés magnétiques des aciers dépendent beaucoup des traite-
ments thermiques. Elles sont de ce fait difficiles à prévoir a priori. Perméabilité initiale m i
a
Le fait que m max » ------ explique pourquoi en général les perméabi-
Hc 100
lités sont une fonction approximativement hyperbolique de la
+
m
Les propriétés intrinsèques (aimantation à saturation, tempéra-
ture de Curie) des aciers sont en revanche essentiellement détermi-
nées par leur composition (§ 1.2.2). On observe une baisse rapide de Figure 38 – Perméabilité initiale m i en fonction de la dureté
l’aimantation à saturation à mesure que le fer est de plus en plus pour différents aciers au carbone (d’après [12])
allié et que la fraction volumique de phases non magnétiques
s’accroît. Les aciers fortement alliés sont ainsi souvent peu magné-
tiques à l’ambiante et encore moins quand ils s’échauffent. Les aciers au carbone sont les plus simples et, dans leur version à
bas carbone (C < 0,10 %) représentent la forme économique du fer.
Ils sont à ce titre utilisés comme matériau de culasse bon marché
dans le matériel électrique à usage intermittent ou en polarisation
9.2 Aciers au carbone continue (relais, embrayages...).
Ces aciers s’obtiennent maintenant facilement par les techniques
La structure métallurgique des aciers se complique rapidement de métallurgie secondaire sous vide. Quelquefois au cours du traite-
avec les additions et leurs propriétés magnétiques suivent une évo- ment de recristallisation on procède à une décarburation sous
lution parallèle (figure 39). atmosphère légèrement oxydante.
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20CND10
1,5
9.3 Aciers alliés de construction 11CD13
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P
O
U
Alliages magnétiques doux R
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par Georges COUDERCHON
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Responsable du groupe Alliages magnétiques
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