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Les dix versets sur le Réel (Tattvadaśaka)1

གང་ཞིག་ཡོད་མེད་སྦྱོར་བ་སྤངས།། 1. Ce qui est à l'abri de l'être ou du non-être

གང་ལ་རྙོག་པ་མེད་པ་ཉིད།། Qui [reste] immaculé (S. nirmala) en toute chose

བྱང་ཆུབ་རྟོགས་པའི་རང་བཞིན་ཅན།། Qui a pour être propre (S. svabhāva) l'accès à l'éveil (S. sabodhi)

དེ་བཞིན་ཉིད་ལ་ཕྱག་འཚལ་བཏུད།། Devant le Réel (S. tattva) je m'incline.

དེ་བཞིན་ཉིད་ནི་ཤེས་འདོད་པས།། 2. Ceux qui souhaitent connaître le Réel

རྣམ་བཅས་མ་ཡིན་རྣམ་མེད་མིན།། N'y arriveront ni avec ni sans les formes mentales/représentations


(S.ākāra)
བླ་མའི་མན་ངག་གིས་མ་བརྒྱན་པའི།། La voie du Milieu (S. madhyamaka) qui n'est pas ornée2 des
instructions du Guide
དབུ་མ་འབྲིང་པོ་ཙམ་ཉིད་དོ།། N'est que la voie du Milieu intermédiaire

དངོས་པོ་འདི་ནི་བྱང་ཆུབ་འགྱུར།། 3. Ce qui est présent (S. bhāva) est l'éveil (S. sabodhi)

ཆགས་པ་སྤངས་པའི་རང་བཞིན་ཉིད།། Et a pour être propre l'absence d'attachement

ཆགས་པ་ལས་ནི་འཁྲུལ་པར་འགྱུར།། C'est à partir de l'attachement qu'il y a méprise (S. bhrānti)

འཁྲུལ་པ་གནས་ནི་མེད་པར་འདོད།། Cette méprise n'a donc pas de fondement.

དེ་ཉིད་ཅི་ན་དངོས་རང་བཞིན།། 4. Qu'est-ce le Réel ? L'être propre de ce qui est présent (S. bhāva)

དངོས་པོ་དངོས་མེད་གང་ཡིན་པའི།། Ce qui est présent est non-existent (S. abhāva)

དངོས་པོ་མེད་པར་ཡང་དངོས་པོར་འགྱུར།། Mais même sans existence il est présent (S. bhāva)

རྒྱུ་དན་འབྲས་བུའི་རང་བཞིན་གྱིས།། En tant que (S. svabhāva) causalité.

དེ་ལྟར་ཆོས་རྣམས་རོ་གཅིག་སྟེ།། 5. Ainsi les faits (S. dharmā) ont une saveur/sève identique

ཐོགས་པ་མེད་ཅིང་གནས་མེད་པར།། Ils sont libres (S. asaga) et ne durent pas

ཇི་ལྟར་འབྱུང་བའི་ཏིང་འཛིན་གྱིས།། Quoiqu'il arrive pendant la méditation (S. samādhi)

འདི་དག་ཐམས་ཅད་འོད་གསལ་ཏེ།། Tous [les faits] sont les reflets de la Luminosité (S. ābhās-vara).

1
Traduit à partir d'une version tibétaine reconstituée à partir du commentaire de Sahajavajra, Tattvadaśakaṭīka - de kho na nyid bcu pa'i
grel pa DGTG n° 2254 PKTG N° 3099
2
Le mot ornement (S. alakāra, qui peut aussi signifier "poésie") forme toujours une opposition avec la substance, la matière (S. vastu).
Les ornements sont fabriqués avec de la matière, sans matière pas d'ornement. Quand il y ornement, il y a matière.
ཇི་ལྟར་འབྱུང་བའི་ཏིང་འཛིན་ཡང།། 6. Quoiqu'il arrive pendant la méditation (S. samādhi)

རབ་ཏུ་འཇུག་པའི་སེམས་ཀྱིས་འགྱུར།། Celle-ci est soutenue par un fort engagement (S. prasthānacitta)


[d'éveil]
གང་ཕྱིར་དེ་ཡི་གནས་རིག་པས།། En faisant l'expérience (T. rig pa) de cet état (T. gnas)

དེ་ཉིད་རྒྱུན་མི་འཆད་ལས་སྐྱེ།། Le Réel se produira sans cesse.

ཤེས་དང་ཤེས་བྱ་རྣམ་བྲལ་བ།། 7. En absence de toute connaissance et de connaissable

འགྲོ་བ་ཉིད་ནི་གཉིས་མེད་འདོད།། La destinée (S. durgati) est dite non-duelle (S. advaya)

གཉིས་དང་བྲལ་བར་རློམ་པ་ཡང།། Même l'identification (S. mananā) de l'absence de dualité

གང་ཕྱིར་དེ་ནི་འོད་གསལ་འདོད།། Est dite n'être autre que la Luminosité et son rayonnement

དེ་ལྟའི་དེ་ཉིད་ངེས་རྟོགས་ནས།། 8. Ayant définitivement accès au Réel de cette façon

ཇི་ལྟ་དེ་ལྟར་གང་དེ་ན།། Quoiqu'il en soit et quoiqu'il fasse

རྣལ་འབྱོར་མིག་ནི་རྒྱས་འགྱུར་བ།། Le contemplatif (yogi) aux yeux grands ouverts


Se comportera en toutes circonstances comme un lion3.
ཀུན་ཏུ་སེང་གེ་དེ་བཞིན་རྒྱུ།།

འཇིག་རྟེན་ཆོས་ལས་རྣམ་ལོག་འདིས 9. En se détournant des [huit] arguments mondains4

སྨྱོན་པའི་བརྟུལ་ཞུགས་ལ་བརྟེན་ནས།། Et en suivant le style de vie (S. vrata) d'un insensé (S. unmattaka)

དམིགས་པ་མེད་པས་ཐམས་ཅད་བྱེད།། Tout est fait sans appui/de façon insaisissable (S. ālambana)

རང་བྱིན་བརླབས་པས་རྣམ་བརྒྱན་པའོ།། Les formes mentales étant ornées de leur propre grâce (S. adhihāna)

10. Ce qui est enseigné comme le principe immaculé5


རྙོག་མེད་དེ་ཉིད་གང་བསྟན་ཅིང།།
གཉིས་སུ་མེད་པས་གང་སྨྲས་པ།། Et tout ce à quoi adhèrent les adeptes de la non-dualité (S. advayavādin
T. gnyis su med pa smra ba)
མཉམ་དང་མི་མཉམ་སྤང་པའོ།། Est libre de notions d'égalité ou d'inégalité

3
Cette image se rattache aux quatre types d'activité (T. lus kyi spyod lam rnam bzhi : marcher, être assis, manger et dormir) et se trouve
dans le dohākośagīti de Saraha (n° 56).
4
L'équanimité (S. upekṣā T. tang snyoms) est définie comme l'indifférence à l'égard des profits et des pertes (lābha, alābha), des gloires et
des déshonneurs (yasa, ayasa), des éloges et des blâmes (pasansā, nindā), des bonheurs et des malheurs (sukha, dukkha), bref des huit
arguments mondains.
5
nirmala-tathatā). Dans le Ratnagotravibhāga chapitre 6, premier verset le principe souillé (S. samala-tathatā) est un terme pour l'Elément
(S. dhātu) non-libéré des voiles, le Tathāgatagarbha. Nirmala-tathatā est un terme pour le même Elément caractérisé par la parfaite
manifestation à la base (āśraya-parāvṛt) dans le stade de Bouddhéité, le Dharmakāya du Tathāgatagarbha.
བློ་གཏན་རྣམས་ཀྱིས་ཤེས་བྱར་རིགས།། Et convient (T. rigs) comme un objet de connaissance pour les
philosophes.

jv240510

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