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DU CHRU DE LILLE
JUIN 2010
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SOMMAIRE
I. Introduction 3
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I. Introduction
L’IRM a complètement révolutionné l’étude morphologique et fonctionnelle du système
nerveux, modifiant ainsi l’approche thérapeutique des pathologies crânio-encéphaliques
et contribuant aux progrès de la neurochirurgie. Elle est aujourd’hui la modalité
d’imagerie de référence pour l’essentiel des pathologies neurologiques et
neurochirurgicales. Selon le guide des Bonnes Pratiques des examens d’imagerie publié
par la Société Française de radiologie (SFR), l’exploration du système nerveux central
(SNC) en urgence doit relever de l’IRM (en dehors de la céphalée aiguë suspecte
d’hémorragie méningée et des traumatismes crâniens).
L’IRM est notamment désignée comme l'examen de choix pour la prise en charge
des patients suspects d’accident vasculaire cérébraux (AVC), en particulier pour
détecter et évaluer l’étendue des lésions ischémiques et pour adapter le traitement.
Malgré ces recommandations le scanner cérébral reste l’examen le plus utilisé en
France dans le cadre de l’urgence et ce, en raison d’un faible accès à l’IRM. Chez un
patient présentant un déficit neurologique d’apparition brutale et suspect d’AVC, le
scanner ne permet de détecter qu’un accident hémorragique, certes avec une grande
sensibilité mais le plus souvent cet examen reste normal en cas d’accident ischémique
exploré dans les 12 premières heures. Ainsi, les études antérieures ont montré qu’une
proportion importante de patients hospitalisés en neurologie à la suite du scanner pour
une suspicion d’AVC présentent en réalité une autre pathologie (migraine accompagnée,
crise partielle,...). Une exploration complémentaire par IRM cérébrale dans les jours
suivants est le plus souvent nécessaire, à la suite et en plus du scanner, afin de confirmer
ou infirmer l’AVC, ce qui conduit à des hospitalisations parfois inutiles ou prolongées.
Alors qu’un examen IRM, réalisé d’emblée, dès l’admission du patient, permettrait une
meilleure prise en charge, d’orienter le patient vers l’unité d’hospitalisation appropriée,
d’éviter des examens inutiles, et de raccourcir la durée d’hospitalisation notamment chez
les patients présentant une pathologie non neuro-vasculaire, un infarctus mineur ou un
accident ischémique transitoire.
Une IRM entièrement dédiée aux urgences a été installée au CHU de Lille en avril 2009.
Son installation à proximité du service d’accueil des urgences (SAU) du CHU de Lille
qui accueille chaque année environ 90 000 patients est une avancée incontestable car cet
examen permet de porter un diagnostic précoce dans la plupart des maladies du système
nerveux central.
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II. Plateau technique IRM
Le CHU de Lille est le seul établissement en France possédant une IRM dédiée aux
urgences. Cette IRM est destinée aux pathologies d’urgence quelque soit le domaine
(neuroradiologique, ostéo-articulaire, digestif, gynécologique ou cardio-vasculaire).
L’IRM est implantée dans le service de Radiologie des urgences de l’hôpital Salengro
qui comprend déjà 3 salles de radiologie conventionnelle, une salle d’échographie et un
scanner 16 barrettes. La proximité de l’IRM par rapport aux Urgences Médicales
favorise la prise en charge rapide des patients devant bénéficier d’une IRM en urgence,
en particulier en cas d’AVC avec indication éventuelle de thrombolyse. Un accès direct
est possible, sur appel, pour les patients des Urgences Pédiatriques. Tous les patients de
réanimation ont un accès à l’IRM des urgences.
1. Aspects organisationnels
Le fonctionnement est continu, 24 heures sur 24 et 365 jours par an avec un
manipulateur et un radiologue sur place.
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identique à celle d’un examen de consultation. Ces critères de qualité ont motivé la
création d’un groupe de manipulateurs commun entre l’IRM programmée et l’IRM des
urgences.
Le brancardage est pris en charge par le pool de brancardiers d’imagerie, tous les jours
de 7 heures à 21 heures. La nuit, les missions de brancardage sont assurées par les
brancardiers de porte des urgences.
Certaines modifications ont été faites au cours de la mise en place de l’activité de l’IRM
des urgences. Désormais, une angiographie RM des vaisseaux cervico-encéphaliques
avec injection de gadolinium est systématiquement réalisée chez tous les patients
suspects d’AVC (en dehors du protocole thrombolyse) ou d’accident ischémique
transitoire. Cette démarche évite de reprogrammer le patient le lendemain de l’examen
pour un complément IRM et permet aux neurologues de disposer d’un bilan d’imagerie
complet dès l’admission du patient en hospitalisation.
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Les demandes d’examens sont issues principalement du pôle des urgences, chirurgicales,
médicales, soins intensifs et déchocage, et du pôle de réanimation. Les services
d’hospitalisation des neurosciences sont également concernés par les demandes d’IRM
en urgence.
Une fois l’examen terminé, le dossier du patient peut être confié au brancardier qui
ramène le patient dans son service d’origine. Si l’interprétation de l’examen n’est pas
terminée, le dossier radiologique est rangé dans un casier situé dans le couloir
« médecin » de l’IRM, accessible à tous les médecins demandeurs d’examens en
urgence. Le médecin demandeur peut revoir l’examen avec le neuroradiologue dans le
local « staff médical », situé en dehors de la zone contrôlée, où une console de traitement
IRM est disponible.
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1. Accidents vasculaires cérébraux (AVC)
L’AVC est l’affection neurologique la plus fréquente en hospitalisation (28,3 % des
consultations de neurologie en urgence). L’incidence est estimée à 130 000 nouveaux
cas par an en France. C’est une pathologie pour laquelle la notion de prise en charge
urgente est récente ; pourtant, les conséquences en termes de santé publique sont bien
connues : dans les pays occidentaux, l’AVC est la première cause de handicap acquis de
l’adulte, la deuxième cause de démence après la maladie d’Alzheimer (30 % des
démences sont entièrement ou en partie dues à des AVC) et la troisième cause de
mortalité.
Les AVC se répartissent en deux types : ischémiques (80 %) et hémorragiques (20 %).
La nature vasculaire d’un déficit neurologique est quasi-certaine quand quatre critères
cliniques sont réunis : installation brutale, caractère focal du déficit neurologique,
caractère déficitaire des symptômes et intensité d’emblée maximale.
Cependant, même si le diagnostic d’AVC doit être évoqué devant tout déficit
neurologique de survenue soudaine, 25 % des patients hospitalisés pour une suspicion
d’AVC ont un diagnostic final différent.
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procédure organisationnelle efficace afin que l’imagerie puisse être réalisée dans les
meilleurs délais.
Dans les années 1970, le scanner a révolutionné le diagnostic des AVC en permettant de
distinguer les lésions ischémiques des lésions hémorragiques. Au cours des 10 dernières
années, c’est l’IRM qui a profondément modifié l’approche diagnostique et
thérapeutique des AVC, en particulier ceux de nature ischémique.
2. Céphalées
Les céphalées sont un motif quotidien de consultation auprès du médecin urgentiste (9 %
des consultations neurologiques dans les SAU. La problématique principale est de
différencier les céphalées essentielles bénignes et les céphalées symptomatiques d’une
affection organique, en particulier neurologique. L’interrogatoire et l’examen clinique
permettent de connaître le mode d’installation des céphalées et de rechercher des signes
d’alerte faisant suspecter une céphalée secondaire à une pathologie organique, intra ou
extra-crânienne.
4. Tumeurs cérébrales
Les manifestations cliniques devant faire suspecter un processus expansif (PE) intra-
crânien sont l’hypertension intra-crânienne (HTIC) (secondaire au volume du PE lui-
même ou à une hydrocéphalie liée à l’obstruction de l’écoulement du liquide cérébro-
spinal (LCS), une crise comitiale partielle ou généralisée et des signes neurologiques
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focaux (liés à une compression ou à une infiltration tumorale du parenchyme cérébral)
d’apparition progressive en quelques jours.
L’IRM encéphalique permet, grâce aux séquences morphologiques classiques, de faire
un diagnostic positif, un bilan précis avant traitement et de guider l’indication et la
planification du geste chirurgical (biopsie ou exérèse) quand il est indiqué.
5. Patients de réanimation
- Coma inexpliqué
Le coma est un trouble de la vigilance, non réversible par des stimuli, qui traduit une
détresse neurologique sévère. Devant un coma avéré, certaines causes doivent être
rapidement identifiées afin de débuter une prise en charge thérapeutique adaptée. Après
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avoir recherché des signes de détresse vitale imposant des gestes thérapeutiques
immédiats, l’examen clinique comprend un interrogatoire de l’entourage, un examen
clinique complet, et en particulier neurologique, qui sera répété. La profondeur du coma
est estimée par le score de Glasgow.
Les explorations complémentaires comprennent un bilan biologique exhaustif, une
recherche de toxiques, en cas de fièvre des hémocultures et une ponction lombaire
précédée le plus souvent d’un scanner cérébral, un ECG et un EEG.
Le scanner cérébral sera réalisé en première intention, devant tout coma inexpliqué, en
raison de son accessibilité et de la durée d’acquisition des images, inférieure à celle de
l’IRM. Cependant, un grand nombre de diagnostics échappe au scanner, tels qu’une
lésion ischémique aiguë, une encéphalite ou des contusions cérébrales non
hémorragiques, et l’IRM doit lui être préférée chaque fois que possible.
Les objectifs de l’imagerie sont de rechercher des anomalies encéphaliques expliquant le
tableau clinique et de faire le bilan des lésions encéphaliques lorsque la cause du coma
est identifiée.
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- Origine vasculaire : infarctus cérébral (du tronc cérébral ou associé à un œdème
parenchymateux important), hématome intra-parenchymateux, hémorragie sous-
arachnoïdienne, thrombose veineuse cérébrale (TVC)
- Origine infectieuse : méningo-encéphalite bactérienne, méningo-encéphalite
herpétique, abcès cérébral ;
- Origine épileptique : état de mal épileptique (anomalies de signal parenchymateuses
focales intéressant le cortex ou les thalami).
- Arrêt cardio-respiratoire
Les progrès concernant la prise en charge thérapeutique des patients présentant un arrêt
cardio-respiratoire (ACR) ont permis une augmentation de la survie mais
s’accompagnent souvent de lourdes séquelles neurologiques pouvant aller jusqu’à l’état
végétatif. Des problèmes éthiques se posent quant à l’utilisation de thérapeutiques
invasives chez des patients dont le pronostic neurologique est sombre.
L’IRM encéphalique peut apporter une aide à la décision thérapeutique dans ce contexte
en recherchant des anomalies parenchymateuses secondaires à l’ACR et en orientant le
pronostic. Les régions les plus fréquemment atteintes sont les régions pariéto-occipitales,
à la confluence des territoires des artères cérébrales antérieures, moyennes et
postérieures, ainsi que les noyaux gris centraux. Les anomalies retrouvées sont un
œdème cérébral diffus, des anomalies de signal des noyaux lenticulaires, des noyaux
caudés et des thalami
Cependant, les résultats de l’IRM ne peuvent être pris en compte de manière isolée pour
guider la prise en charge thérapeutique et doivent être corrélés aux constatations de
l’examen clinique, aux données de l’EEG et aux marqueurs sériques.
6. Pathologie de la moelle
Le syndrome médullaire aigu est une urgence diagnostique et thérapeutique. L’IRM
médullaire est l’examen de choix pour l’exploration de la moelle épinière, car elle
permet la réalisation de coupes multiplanaires et l’étude de la moelle osseuse et des
tissus mous péri-vertébraux. Le protocole comprend des séquences sagittales T2 et T1
sans et avec injection de gadolinium complétées par des séquences axiales centrées sur
la lésion en T2 et T1 après injection.
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L’objectif principal de l’IRM est de rechercher une compression médullaire pouvant
nécessiter un traitement neurochirurgical en urgence ; les étiologies compressives sont
d’installation généralement progressive mais peuvent décompenser brutalement. Elles
sont dominées par les lésions extradurales (métastases vertébrales, hématome
extradural). Les compressions d’origine intradurale (neurinome, méningiome,
épendymome de la queue de cheval) et les lésions tumorales intramédullaires sont de
révélation aiguë en cas de complication hémorragique ou ischémique.
L’IRM médullaire permet aussi de faire le diagnostic différentiel entre une compression
médullaire et une myélite d’origine inflammatoire ou infectieuse. En cas de myélite,
l’IRM montre un ou plusieurs hypersignaux T2 du cordon médullaire pouvant être
associés à un hyposignal sur la séquence T1, à une prise de contraste après injection de
gadolinium et à une augmentation de volume de la moelle. L’anamnèse, l’examen
clinique et les examens paracliniques, en particulier biologiques, permettent de
différencier les myélites d’origine infectieuse, virale, bactérienne ou parasitaire, des
myélites inflammatoires.
En cas de syndrome médullaire d’apparition brutale, l’IRM recherche des signes
d’infarctus médullaire ; elle peut être normale dans les 6 premières heures mais permet
alors d’éliminer les autres causes de syndrome médullaire aigu. Les anomalies en faveur
d’un infarctus médullaire sont une lésion centrée sur la substance grise, prenant le
contraste, une lésion unique sans anomalie cérébrale et un infarctus associé du corps
vertébral.
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III Conclusion
Notre étude préliminaire a montré que l’IRM dédiée aux urgences a permis d’améliorer
la prise en charge diagnostique des patients hospitalisés pour une suspicion d’AVC,
grâce à la réalisation d’un bilan précis et complet immédiat. Cet examen a permis de
visualiser directement l’infarctus, de révéler éventuellement une autre pathologie et
d’orienter ainsi les patients vers les services appropriés. L’IRM a également facilité la
prise en charge diagnostique et thérapeutique des patients présentant un processus
expansif intra-crânien avec notamment la réalisation du bilan post-opératoire précoce
des patients opérés d’une tumeur cérébrale, comme le préconisent les recommandations.
L’IRM des urgences a entraîné une diminution significative de la DMS des patients
admis aux urgences pour une suspicion d’AVC, améliorant ainsi l’accès à l’UNV pour
les patients présentant un AVC confirmé.
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