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Gestion de la colère par thérapie cognitivo-comportementale

Article  in  World Pumps · March 2011


DOI: 10.1016/j.jtcc.2010.11.001

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1 3,268

2 authors:

A.-S Deborde Vanwalleghem Stephanie


Université de Vincennes - Paris 8 Université Paris-Nanterre
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Journal de thérapie comportementale et cognitive (2011) 21, 5—11

ARTICLE ORIGINAL

Gestion de la colère par thérapie


cognitivo-comportementale
Cognitive-behavioral therapy for management of anger

A.-S. Deborde a, S. Vanwalleghem b,∗

a
Service de psychiatrie, hôpital Cochin, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France
b
Service de génétique, hôpital A.-Trousseau, 26, avenue du Dr A.-Netter, 75012 Paris, France

Disponible sur Internet le 23 décembre 2010

MOTS CLÉS Résumé La colère peut être appréhendée grâce à un modèle tridimensionnel comportant
Thérapie une dimension physiologique, une dimension cognitive et une dimension comportementale. À
comportementale et partir de ce modèle, une thérapie cognitivo-comportementale, intégrant ces trois dimensions
cognitive ; et dont l’objectif principal est la gestion de la colère, peut être envisagée. Nous avons choisi de
Colère ; présenter l’étude d’un cas clinique : celle d’un patient présentant des accès de colère intenses
Troubles du et fréquents. Dans le cadre de la thérapie de ce patient, l’axe physiologique a été organisé
comportement autour de l’apprentissage de la relaxation et de la prise de conscience de l’hypervigilance.
L’axe cognitif a ciblé les schémas cognitifs, les pensées dysfonctionnelles et leur mécanisme
interprétatif. L’axe comportemental avait pour objet l’apprentissage de compétences sociales
et de nouveaux comportements par exposition avec prévention de la réponse.
© 2010 Association française de thérapie comportementale et cognitive. Publié par Elsevier
Masson SAS. Tous droits réservés.

Summary The anger could be conceived by a tri-dimensional model incorporating a physio-


KEYWORDS logical dimension, a cognitive dimension and a behavioral one. From this model, we extract a
Cognitive-behavioral cognitivo-behavioral therapy including all three dimensions. The main objective of this therapy
therapy; is to enable individuals to manage their anger. We present one clinical study: a patient who
Anger; presents frequent manifestations of intense anger. In the frame of therapy of this patient, the
Behavior disorders physiological dimension focuses on learning relaxation techniques and facilitating consciousness
of hyper-awareness. Next, the cognitive dimension is centered on cognitive schema, exploring
dysfunctional thinking and its underlying interpretative mechanisms. Finally, the behavioral
dimension aimed to acquire social competences and to learn new behaviors through exposure
with response prevention.
© 2010 Association française de thérapie comportementale et cognitive. Published by Elsevier
Masson SAS. All rights reserved.

∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : svanwalleghem@gmail.com (S. Vanwalleghem).

1155-1704/$ – see front matter © 2010 Association française de thérapie comportementale et cognitive. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.jtcc.2010.11.001
6 A.-S. Deborde, S. Vanwalleghem

Introduction interlocuteurs (cela n’est jamais arrivé). Quand il est seul,


l’agressivité de M.P. s’oriente vers les objets environnants :
Spielberger et al. [1] ont décrit la colère comme un état « Chez moi, tout est cassé ».
émotionnel d’intensité variable, qui va de la contrariété M.P. ne peut pas contrôler ses colères, ni se soustraire
passagère à la rage. Selon Selye [2], sa fonction consisterait aux situations qu’il sait susceptibles de l’énerver. Notam-
à préparer et à protéger les individus des menaces exté- ment, il ne peut s’empêcher d’attirer l’attention sur lui,
rieures, mais lorsqu’elle est déclenchée trop souvent, trop par exemple en intervenant en cours pour donner son point
intensément ; quand elle persiste trop longtemps ou qu’elle de vue : « Vous comprenez, je ne peux quand même pas lais-
est associée à un comportement agressif ou évitant, elle ser le prof dire des bêtises ». Ses interventions attirent, non
génère des comportements inadaptés [3]. Spielberger et al. seulement l’attention des autres étudiants, mais aussi leur
[1] proposent de distinguer trois dimensions de l’expression hostilité, dans la mesure où ses interruptions intempestives
de la colère : ralentissent le cours, quand elles ne déclenchent pas des
débats passionnels dans lesquels M.P. est désigné par les
• l’anger-out, qui correspond à la colère orientée vers des autres étudiants comme celui qui a tort. « À chaque fois que
personnes ou des objets de l’environnement ; j’interviens, je sais que cela va mal se finir, mais c’est plus
• l’anger-in, qui correspond à la colère dirigée envers soi fort que moi, si le prof ou un étudiant a tort, ou pire, si le
ou non exprimée ; prof laisse un étudiant dire quelque chose de faux, alors je
• l’anger-control, qui renvoie à la capacité de l’individu dois absolument intervenir ».
à contrôler sa colère (ex : un faible anger-control Cela fait deux ans que les accès de colère se mani-
s’accompagne d’un comportement impulsif). festent avec une intensité et une fréquence que M.P. estime
gênantes. Avant de venir consulter, M.P. a déjà essayé de se
maîtriser, surtout en public, mais sans succès. M.P. explique
Différents mécanismes peuvent être à l’origine d’un
que lorsqu’une situation susceptible de l’énerver se pré-
sentiment de colère et d’un comportement agressif. On
sente, il ressent une émotion très forte. Le seul moyen
peut par exemple citer une faible tolérance à la frustra-
d’éviter l’explosion est alors de se taire. Mais cette situation
tion, une hypervigilance, une interprétation erronée de
n’est pas satisfaisante pour autant car M.P. se sent alors cou-
sensations physiques, des pensées dysfonctionnelles, une
pable de ne pas avoir exprimé son désaccord et est persuadé
impulsivité cognitive (ex : ne pas écouter l’intégralité du
que les autres pensent qu’il est d’accord avec ce qui s’est
discours d’un interlocuteur), une impulsivité comportemen-
dit du fait qu’il n’est pas intervenu. Dans ces moments là,
tale et enfin, une anxiété. L’excès de colère et d’agressivité
sa colère est si intense qu’il quitte généralement le lieu où
s’accompagne souvent d’une souffrance du fait des retentis-
il se trouve pour aller fumer ou, si cela est possible, manger
sements qu’elle entraîne sur la santé mais aussi sur le plan
de manière excessive.
social et psychologique. Au niveau de la santé, la colère et
Depuis deux ans, M.P. a pris 15 kilos et il s’est mis à fumer
l’agressivité constituent un facteur de risque au dévelop-
(actuellement deux paquets par jour).
pement de maladies cardiovasculaires, d’une hypertension
M.P. se dit particulièrement déprimé et anxieux. Il a du
et d’ulcères. La prise de conscience de ces retentisse-
mal à envisager l’avenir.
ments est à l’origine d’une forte motivation au changement,
Au niveau relationnel, M.P. n’a aucun ami. Il est toujours
qui permet ensuite de travailler sur la modification des
seul, à l’université comme dans la vie.
comportements inadaptés et la régulation du sentiment de
La solitude l’attriste et le rassure à la fois : « Quand je suis
colère. Sur le plan social, elle peut générer une détério-
seul, je ne risque pas de péter un câble devant quelqu’un ».
ration des relations personnelles et professionnelles. Sur le
En fait, M.P. redoute profondément ce que les autres pour-
plan psychologique, elle peut être à l’origine d’une baisse
raient dire ou penser de lui. Après chaque accès de colère,
de l’estime de soi, de symptômes anxio-dépressifs, d’une
il se sent honteux, coupable et impuissant : « Je suis nul, je
consommation de substances psycho-actives et de compor-
ne sais pas communiquer sur mes idées, même quand j’ai
tements suicidaires.
raison. En me mettant en colère ça ne marche pas alors je
Nous allons rapporter ici le cas d’un patient qui présente
ne vois vraiment pas comment faire autrement ». Un peu
des difficultés de régulation de la colère. Nous décrirons
plus tard dans l’entretien, il dira : « Je sais que c’est mal vu
l’analyse fonctionnelle réalisée selon un modèle tridimen-
de se mettre en colère, mais j’ai l’impression d’être hypo-
sionnel intégrant une dimension physiologique, cognitive et
crite si je fais semblant que tout va bien. [. . .] Je sais que
comportementale ainsi que la thérapie cognitive et compor-
les gens ne me respectent pas, qu’ils parlent sur moi. . . Au
tementale (TCC) proposée et ses résultats.
moins quand ils me voient en colère, ils n’osent rien dire et
me respectent ».
Cas clinique

M.P. est un brillant étudiant âgé de 20 ans qui présente fré- Méthode
quemment de violents accès de colère. Au cours de ses accès
de colère, M.P. ressent une forte violence intérieure. Au Questionnaires
niveau physique, la colère s’accompagne de tremblements
et parfois d’un bégaiement (qui renforce le sentiment de M.P. a rempli quatre auto-questionnaires au début de la
colère). Si la colère se déclenche en public, M.P. présente prise en charge et à la fin. Le premier questionnaire est
un comportement agressif qui se manifeste par des cris et l’inventaire d’expression de la colère Trait-État (STAXI)
des insultes. M.P. prend sur lui pour ne pas frapper ses de Spielberger [4]. Il permet d’évaluer la colère et les
Gestion de la colère par thérapie cognitivo-comportementale 7

comportements associés. Le patient doit coter, sur une colère (anger-out) en recourant à l’anger-in, mais le fait de
échelle de type Likert allant de 1 à 4, 44 items qui sont ne pas avoir donné son avis génère une baisse de l’estime
ensuite regroupés afin d’évaluer six dimensions : la colère- de soi, des ruminations et une augmentation des comporte-
état (intensité de la colère à un moment donné), la ments autodestructeurs. De plus, ces attitudes d’évitement
colère-trait (disposition habituelle à ressentir de la colère), ne permettent pas à M.P. d’apprendre à réguler sa colère
l’anger-in, l’anger-out, l’anger-control et la fréquence et à développer des compétences sociales adaptées afin
de l’expression de la colère. Le deuxième questionnaire d’exprimer son désaccord tout en respectant autrui.
est l’inventaire abrégé de dépression de Beck (BDI). Il
est composé de 13 items et permet d’évaluer la dépres- Contrat thérapeutique
sion [5,6]. Le troisième questionnaire permet d’évaluer
l’anxiété, il s’agit de l’échelle d’Anxiété Trait (STAI-T) et Un contrat thérapeutique a été proposé au patient. Ce
d’Anxiété-État (STAI-E) de Spielberger [6,7]. Le dernier contrat incluait une TCC composée d’une quinzaine de
questionnaire est l’échelle de Rathus, celle-ci permet de séances, au rythme d’une séance par semaine, la parti-
quantifier l’affirmation de soi [6,8]. cipation à un groupe d’affirmation de soi pendant cinq
semaines et une consultation avec un psychiatre. Cette
Analyse fonctionnelle consultation a permis la prescription d’un traitement anti-
dépresseur en vue d’améliorer l’humeur dépressive et de
Nous avons établi, au cours des quatre premières séances, réguler l’irritabilité. Lors de l’établissement du contrat thé-
l’analyse fonctionnelle des difficultés de M.P. [9]. rapeutique, il a été expliqué à M.P. que la thérapie serait
organisée autour de trois axes, physiologique, cognitif et
Analyse fonctionnelle diachronique comportemental et les objectifs ci-dessous ont été présen-
Contexte familial et facteurs de maintien au sein de tés :
la famille. Dans la famille de M.P., les argumentations
sont valorisées, même lorsque leur valence est agressive. • réduire la fréquence des accès de colère, leur intensité
L’excellence est de rigueur, le fait d’avoir le dernier mot et améliorer leur contrôle ;
est important et l’isolement social est minimisé. • favoriser la détente et le plaisir dans les relations inter-
Facteurs déclenchants corrélés au début des troubles. personnelles ;
Dépistage d’une précocité intellectuelle (supériorité qui • améliorer l’estime de soi ;
doit susciter le respect). • réduire les sentiments dépressifs et l’anxiété associée.
Facteurs précipitants la demande. Augmentation de la fré-
quence et de l’intensité des accès de colère depuis l’entrée Déroulement de la thérapie
à l’université, il y a deux ans.
Répercussions de l’agressivité. Isolement social, grande Le déroulement de la thérapie est présenté sur la Fig. 2 et le
souffrance psychologique (dépression, anxiété), augmen- contenu des différents axes travaillés est détaillé ci-après.
tation des comportements autodestructeurs (tabagisme,
hyperphagie). Axe physiologique
Hypervigilance. Grace au self-monitoring, nous avons
Analyse fonctionnelle synchronique amené M.P. à prendre conscience qu’il interprétait de
Elle a été réalisée à l’aide de la grille SECCA et est présentée manière erronée les sensations physiques qu’il ressentait
sur la Fig. 1. dans les moments précédants les crises de colère. Ces sen-
M.P. présente une colère extériorisée (anger-out), une sations physiques étaient liées à un état d’hypervigilance
colère intériorisée (anger-in) [1], de l’impulsivité (anger- orienté vers ce que les autres pourraient faire, dire ou
control) ainsi qu’une hypervigilance [10—12]. En général, penser qui pourrait aller à l’encontre de ses croyances.
les discussions suscitent chez lui des pensées automatiques L’état d’hypervigilance est très proche de la colère
négatives [13,14]. Par ailleurs, si une personne aborde puisque par exemple, on retrouve la tension musculaire
un domaine dans lequel M.P. se juge compétent, il res- ou l’augmentation du rythme cardiaque, ce qui explique la
sent une vive colère [14]. Il est possible que, dans cette confusion possible entre les deux états.
situation, M.P. ressente de manière automatique des sen- Relaxation. L’apprentissage progressif de la relaxation a
sations physiques (rythme cardiaque, tension musculaire, permis d’améliorer le seuil de tolérance du patient [15] et
respiration. . .) qu’il interprète lui-même comme de la colère de lui faire prendre conscience de la différence entre la
[2,3,10]. colère, processus automatique, et la relaxation, processus
Sur le plan cognitif, on relève de nombreuses erreurs contrôlé.
d’interprétation que l’on peut mettre en lien avec des sché-
mas et des pensées dysfonctionnelles [13,14], telles que Axe cognitif
le sentiment d’être rejeté, le catastrophisme, la surgé- Motivation au changement. La motivation du patient au
néralisation, une pensée dichotomique, une interprétation changement a été évaluée à l’aide de la procédure de la
erronée des pensées et/ou de l’intentionnalité des autres. . . balance décisionnelle. En se centrant sur un épisode précis
Sur le plan comportemental, M.P. a développé des de colère, M.P. a considéré les avantages et les inconvé-
conduites d’évitement des situations sociales afin de ne pas nients de son comportement [15]. Par exemple, dans la
s’exposer à la colère que les gens suscitent chez lui (béné- balance, il a noté que ses colères entraînaient un mal-être
fice immédiat). En société, M.P. évite parfois l’explosion de physique et un isolement social, à l’origine de sa dépression
8 A.-S. Deborde, S. Vanwalleghem

Problème cible : colère pendant les cours

ANTICIPATION

Images anticipatrices : s’imagine argumentant en cours, seul contre tous


Pensées anticipatrices : si je réagis ça va encore mal se finir
Réactions physiques : rougeur,
rougeur tension dans les muscles
muscles, sentiment d’étouffement
d étouffement, tremblements

SITUATION déclenchant une réaction démesurée de colère

Dans la vie en général, en cours en particulier :


- « quand quelque chose de faux est dit »
- « quand le professeur dit quelque chose de faux ou laisse dire »
- « quand on me rabroue alors que j’ai raison »
- « quand
d lles autres
t préfèrent
éfè t rester
t ddans l’i
l’ignorance plutôt
l tôt que dde m’écouter
’é t »

EMOTIONS

-1er temps : colère contre les autres


(anger-out)
-2ème temps : colère contre soi-même
(anger-in),
g culpabilité, sentiment d’être
ridicule, injustice, tristesse, impression
de n’avoir aucune valeur. COGNITIONS

COMPORTEMENTS Croyance
Se mettre en colère
-rétablit la vérité quel que soit le contexte -donne une image forte de moi
-accès de colère (impulsivité) -permet d’imposer mes idées et d’être convaincant
-montre que je suis en désaccord avec ce qui a été dit

Pensées automatiques
-« je ne comprends pas que l’on puisse préférer rester dans
l’erreur plutôt que de m’écouter »
-« quand j’interviens, j’ai toujours raison, en plus je suis
surdoué »
-« je suis ridiculisé par les autres alors que j’ai des choses
intéressantes à dire » [injustice]
ENTOURAGE -« jj’agace
g les professeurs
p et les autres »
-« les autres ne me comprennent pas » [injustice,
-non reconnaissance du problème par la isolement]
famille ; le père et le frère ont la même -« je voudrais être respecté comme les autres » [injustice]
attitude -« si je ne me mets pas en colère, les autres ne me
-dénonciation du problème par les autres respecteront pas »
étudiants : « va te faire soigner » -« si je ne me mets pas en colère, les autres vont penser
que je suis d’accord avec eux »

IMAGERIE
-s’imagine en classe, rabroué par les autres
-imagine les murmures dans son dos
-imagine les propos des autres

Figure 1 Analyse fonctionnelle.

et de son anxiété, mais qu’elles avaient pour avantage de donne-t-elle une image de soi, forte ou faible ? M.P. a éga-
lui permettre d’imposer ses idées aux autres et de donner lement été amené à travailler sur ces questions au sein du
une image forte de lui-même. Ces deux avantages consti- groupe d’affirmation de soi.
tuaient un frein à la thérapie. Nous avons donc amené M.P. Analyse des accès de colère. Afin que M.P. prenne cons-
à réfléchir aux questions suivantes : est-ce qu’il faut imposer cience de l’ensemble du processus qui l’amène à un
ses idées aux autres, s’agit-il davantage de les partager ou comportement dysfonctionnel, certains accès de colère ont
de convaincre ? Peut-on convaincre par la force ? La colère été analysés précisément (séquence de déclenchement, ton,
Gestion de la colère par thérapie cognitivo-comportementale 9

Tâches à domicile Thérapie

Séances 1 à 4 •Analyse fonctionnelle

Séance 5 •Présentation du contrat thérapeutique

Séance 6 •Evaluation de la motivation


•Présentation du groupe d’affirmation de soi

•Travail sur la motivation au Séance 7


Groupe d’affirmaon de soi

changement Consultaon •Bilan self monitoring et substitution de pensées


ntal

chez un psychiatre
Traitement
alternatives
Axe comportemen

•Self-monitoring sur andépresseur •Relaxation


les accès de colère Séance 8

Séance 9
•Noter les pensées alternatives
•Recherche de pensées dysfonctionnelles
•Présentation de la notion de schéma
•Relaxation Séance 10 •Réflexion / prise de conscience
•Prise de conscience des
G

schémas au quotidien
Séance 11
•Repérage physiologique
Séance
Séance 12
•Prise de conscience de l’interprétation erronée des
sensations physiques
1à4 •Notion d’hypervigilance / lien avec les schémas
•Principe de l’exposition et de la prévention de la
Séance 13 réponse
•Relaxation
R l ti

Séance 14
•Exposition / prévention de la réponse
•Relaxation
•Jeux de rôle
Séance 15 •Relaxation
•Exposition
•Prévention de la réponse
Séance 16
•Bilan
•Exposition •Jeux de rôle
•Prévention de la réponse •Relaxation
Séance 17

•Exposition
•Prévention de la réponse Séance 18 •Bilan

Séance 19 •Fin de la thérapie

Figure 2 Déroulement de la thérapie.

postures, contenu verbal, conséquences. . .) à l’aide d’un il perdait le contrôle de la situation. L’objectif était donc
cahier de relevé des accès de colère [15] et de jeux de rôle. d’amener M.P. à prendre conscience que ce n’est pas parce
Restructuration cognitive/travail sur les pensées dysfonc- qu’il ne se met pas en colère quand ses valeurs sont violées
tionnelles. La restructuration cognitive est importante, qu’il est en accord avec cette violation.
car certains schémas/pensées dysfonctionnels favorisent Le Tableau 1 présente un exemple du travail réalisé
une réponse agressive [11]. Par exemple, l’une des cog- avec M.P. (analyse des accès de colère et restructuration
nitions dysfonctionnelles de M.P. était de penser que cognitive).
lorsqu’une personne ne réagit pas à une provocation, c’est
qu’elle donne la permission à son interlocuteur de continuer Axe comportemental
cette provocation. Cette pensée dysfonctionnelle amenait Développement des compétences sociales. Le développe-
M.P. à utiliser la colère pour contrôler le comportement ment des compétences sociales avait pour objectif de rem-
d’autrui car, selon lui, s’il ne se mettait pas en colère, placer les comportements agressifs par un comportement
10 A.-S. Deborde, S. Vanwalleghem

Tableau 1 Analyse des accès de colère et restructuration cognitive.

Situation

Contexte « En cours, je participe à un débat. Je ne suis pas d’accord avec ce que dit un étudiant »
Colère
Sensations physiques Inspirations saccadées
Tremblements
Tensions musculaires
Intensité (/10) 10
+++
Possibilité de contrôle (/10) 0
———
Expression de la colère « Je crie, je parle vite, je parle tellement vite que les mots ne sortent plus, je jette mon livre
par terre, je sors de la classe »
Émotion Rage
Pensées associées « Ils sont trop cons »
« Ils ne veulent pas m’écouter car ils ne m’aiment pas, pourtant j’ai raison »
« Si je parle plus fort, ils seront forcés de m’entendre »
« Ils font semblant de ne pas comprendre »
« On est obligé de réagir à de telles conneries, sinon c’est qu’on approuve, ou pire, qu’on est
lâche »
Pensées alternatives « Les gens ont le droit d’avoir un avis différent du mien »
« Les gens sont parfois dans l’erreur, mais ce n’est pas mon problème »
« S’ils ne veulent pas m’écouter, c’est peut-être parce qu’ils ne m’aiment pas, mais c’est
aussi parce que je ne sais pas exposer mes idées sans hurler et c’est désagréable pour eux »
« Quand je crie, les autres ne me prennent pas au sérieux »
« Quel intérêt ont-ils à faire semblant de ne pas comprendre si ce n’est me montrer qu’ils ne
sont pas d’accord avec mon comportement »
« Quand quelqu’un me donne son avis, je suis libre de lui faire part du mien »
« Ne rien dire ne signifie pas être d’accord »
« Ne pas être d’accord ne légitime pas le fait d’être agressif »
« Je peux signifier mon désaccord simplement »
« La justification de mon désaccord peut ne pas intéresser les autres »

assertif. À cet effet, M.P. a participé à un groupe négatifs de la relation : « lorsque quelqu’un m’adresse la
d’affirmation de soi, structuré en cinq séances, présen- parole, je suis sur la défensive, à l’affût des propos qui vont
tant les bases d’un comportement assertif et permettant m’excéder ; j’oublie que l’autre a fait l’effort de venir vers
un entraînement par jeux de rôle. moi pour faire connaissance ».
Exposition. Brondolo et al. [15] recommandent Prévention de la réponse. La prévention de la réponse est
l’exposition à la colère afin de réduire les sentiments utilisée pour rompre l’association entre l’émotion (la colère)
de peur et de ressentiment associés à l’émotion elle-même et la réponse automatique (agression ou colère intériorisée).
et non à la nature de la provocation. Il est important de s’assurer que le patient ne va pas adop-
L’exposition a d’abord été réalisée au sein d’un groupe ter une suppression impulsive de la colère (anger-in au lieu
d’affirmation de soi, puis dans deux types de situations de d’anger-out). Pour éviter cette difficulté, le thérapeute doit
la vie quotidienne : être attentif au langage infra verbal, à l’expression faciale
et à la posture du patient. Il ne s’agit pas d’éviter de faire
• exposition à des situations sociales sans intervenir : se part de son mécontentement, mais de se donner toujours
mettre au contact des autres, sans prendre part aux un temps pour réfléchir à ce qui génère la colère (pensées
conversations. M.P. devait mettre en œuvre un monologue dysfonctionnelles, interprétations erronées), se demander
intérieur visant à repérer les réactions des autres et à si la colère est justifiée, quelle intensité elle doit avoir et
prendre conscience de ses propres pensées dysfonction- comment elle peut être exprimée (refus, critique, expres-
nelles et de ses interprétations erronées ; sion de l’émotion).
• exposition en participant à des débats : M.P. devait
mettre en pratique ses nouvelles compétences sociales :
Résultats
faire/recevoir une critique, utiliser l’écoute active, expri-
mer un refus, exprimer une opinion différente.
L’amélioration de M.P. a été quantifiée par les différents
M.P. a remarqué qu’il maintenait lui-même son état de auto-questionnaires remplis au début et à la fin de la prise
tension et d’irritabilité en se focalisant sur les éléments en charge (Tableau 2).
Gestion de la colère par thérapie cognitivo-comportementale 11

Tableau 2 Résultats de M.P. aux auto-questionnaires lors des évaluations initiale et finale.

Évaluation initiale Évaluation finale

STAXI (/note max)


Colère trait (/40) 34 15
Colère état (/40) 10 10
Anger-in (/32) 23 13
Anger-out (/32) 28 14
Contrôle de la colère (/32) 11 17
Expression de la colère (/96) 62 44
BDI (39) 14 — dépression modérée 3 — non déprimé
STAI-T (/80) 64 20
STAI-E (/80) 71 10
Rathus (/90) 40 — agressif 15 — affirmé

Les résultats à l’échelle STAXI montrent, qu’à l’issue de Conflit d’intérêt


la thérapie, M.P. présente une propension réduite à ressentir
et à exprimer de la colère ainsi qu’une moindre propension à Aucun.
diriger sa colère vers les autres ou vers lui-même. Les résul-
tats suggèrent donc que M.P. contrôle mieux sa colère. Le
score global d’expression de la colère est également signi-
Références
ficativement moins important, ce qui indique que les accès
de colère se déclenchent moins intensément et moins fré- [1] Spielberger C, Reheiser E, Sydeman S. Measuring the expe-
rience, expression, and control of anger. Issues Compr Pediatr
quemment.
Nurs 1995;18:207—32.
En ce qui concerne les échelles de dépression (BDI) [2] Selye H. The Stress of Life. New York: Mc Graw-Hill; 1956.
et d’assertivité (Rathus), les scores indiquent une dépres- [3] Novaco R. Treatment of chronic anger through cognitive and
sion d’intensité modérée et un comportement agressif au relaxation controls. J Consult Clin Psychol 1976;44:681.
début de la prise en charge ; alors qu’à la fin de la théra- [4] Forgays D, Spielberger C. Factor structure of the State-Trait
pie, les résultats indiquent une normalisation des scores, anger expression inventory. J Pers Assess 1997;69:497—507.
qui suggère une humeur non dépressive et un compor- [5] Beck A, Beamesderfer A. Assessment of depression: the depres-
tement affirmé. De même, on observe une normalisation sion inventory. Psychol Meas Psychopharmacol 1974;7:151—9.
des scores d’anxiété à la STAI à l’issue de la prise en [6] Bouvard M, Cottraux J. Protocoles et échelles d’évaluation en
charge. psychiatrie et en psychologie. Paris: Masson; 2001.
[7] Spielberger C. State-Trait anxiety inventory: comprehensive
bibliography. Palo Alto, CA: Consulting Psychologists Press;
Conclusion 1983.
[8] Rathus SA. A thirty items schedule for assessing assertive beha-
Une thérapie cognitive et comportementale a été pro- viors. Behav Ther 1973;4:298—406.
posée à M.P. dans le but d’améliorer ses capacités [9] Cottraux J. Les thérapies cognitives: comment agir sur nos
pensées. Paris: Retz; 2001.
de régulation de la colère. Cette thérapie a ciblé
[10] Berkowitz L. On the formation and regulation of anger and
l’axe physiologique (relaxation, prise de conscience de aggression. A cognitive-neoassociationistic analysis. Am Psy-
l’hypervigilance), cognitif (identification des schémas chol 1990;45:494—503.
cognitifs, des pensées dysfonctionnelles, des interpré- [11] Lazarus R. Emotion and adaptation. London: Oxford University
tations erronées) et comportemental (amélioration des Press; 1991.
compétences sociales, prévention de la réponse et expo- [12] Price J, Dodge K. Reactive and proactive aggression in child-
sition). hood: relations to peer status and social context dimensions.
Les résultats montrent une amélioration des capacités J. Abnorm Psychol 1989;17:455—71.
de régulation de la colère, une amélioration de l’humeur, [13] Deffenbacher J. Anger reduction: issues, assessment and inter-
de l’anxiété et des compétences sociales. vention. In: Siegman A, Smith T, editors. Anger, hostility and
the heart. Hillsdale: Lawrence Erlbaum associates; 1994. p.
Ainsi, la thérapie cognitive et comportementale s’est
239—69.
révélée bénéfique pour M.P.. Toutefois, la poursuite d’une [14] Ellis A. Reason and emotion in psychotherapy, revised and upda-
psychothérapie a été conseillée afin de maintenir, voire ted. New York: Birch Lane Press; 1994.
d’améliorer, les compétences acquises. M.P. a décidé de [15] Brondolo E, DiGiuseppe R, Chip Tafrate R. Exposure-based
poursuivre un travail sur lui-même, axé sur les schémas et treatment for anger problems: focus on the feeling. Cogn Behav
pensées dysfonctionnelles. Pract 1997;4:75—98.

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