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La famille berceau d’amour et d’affection pour les enfants peut-elle également être pour eux violence, souffrance
et négligence ? Le concept de maltraitance des enfants est un concept récent qui remplace les notions classiques
de ‘mauvais traitements à enfants’, ‘d’enfance maltraitée’ ou ‘d’enfants battus’.
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant définit la maltraitance comme : « toute forme de violence,
d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou
d’exploitation, y compris la violence sexuelle ».
La Convention définit également l’actant : « pendant qu’il est sous la garde de ses parents ou de l’un deux, de son
ou ses représentants légaux ou toute personne à qui il est confié ».
En clair, la maltraitance est représentée par des violences physiques, psychologiques, sexuelles ou une négligence
commises sur l’enfant par un adulte qui exerce une responsabilité ou une autorité sur l’enfant, qu’il soit un des
parents ou les deux, un tuteur ou toute personne qui en a la charge.
Importance du problème :
S’agit-il d’un grand et grave problème, comme semblent l’accréditer de nombreux spécialistes dans le domaine ?
Son importance est étouffée par la ‘loi du silence’ qui semble s’imposer à tous les acteurs !
Les chiffres disponibles provenant de différentes sources confortent l’existence de maltraitances chez les enfants
tout en s’interrogeant sur le caractère très sous estimé des chiffres publiés : s’agit-il du sommet de l’iceberg ?
Quoi qu’il en soit, le nombre d’enfants victimes de maltraitances est difficile à déterminer pour plusieurs raisons.
La définition de la maltraitance a des limites floues, à partir de quand une correction ‘appuyée’ devient
maltraitance ? Les personnels de santé ne sont pas suffisamment formés pour dépister ces cas, même présentés à
la consultation du fait des problèmes posés sur le plan du diagnostic. Les cas dépistés ne font pas l’objet d’un
enregistrement systématique. Face à ces difficultés, nous avons essayé d’apprécier l’importance du phénomène de
la maltraitance à travers plusieurs sources.
Ces données montrent une progression inquiétante des violences exercées sur les enfants. Ces dernières ont
pratiquement doublé entre 1999 et 2002. Les cas de coups et blessures volontaires portés à des enfants ont
augmenté de 250 % chez les garçons et de plus de 400 % chez les filles. Les cas de violence sexuelle ont été
multipliés par deux dans les deux sexes. Le nombre d’enlèvements s’est élevé de 240 % chez les garçons et de
155 % chez les filles.
Ces sévices s’exercent sur les enfants de tout âge, cependant la tranche d’âge des 13-16 ans est la plus touchée.
Les moins de 10 ans ne sont pas épargnés, ils sont même plus touchés que les 10-13 ans.
Les violences sexuelles exercées par les adultes, proches ou mêmes inconnus, sur des enfants mineurs ont été
longtemps cachées par la chape de plomb des tabous. Elles commencent aujourd’hui à être mieux connues, même
si elles restent largement sous estimées:
Ce tableau montre bien l’évolution croissante des cas répertoriés par les services de police. La répartition selon
l’âge montre qu’aucune tranche d’âge n’est épargnée mais contrairement aux données classiques ce sont les
adolescents et plus particulièrement les 13-16 ans qui sont les plus affectés pour les garçons et les 16-18 ans pour
les filles :
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Tel : (213.21) 23 16 55 / Fax : (213.21) 23 16 44
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4- Enquête du Ceneap sur les enfants de la rue (2003) : cette enquête qui a concerné 527 enfants (374
garçons et 153 filles) a montré que la violence familiale a été une des causes principales (62,2 %)
d’abandon par les enfants du domicile familial. Seulement 13.1 % des enfants interrogés ont déclaré avoir
été victimes de violences sexuelles (34 % des filles contre 4.5 % chez les garçons). L’existence de cas
d’inceste commis par le père et le beau-père a été retrouvée chez 13.5 % des filles ayant subi des
violences sexuelles.
5- Notre enquête :
Nous avons effectué une enquête en 2003 sous forme d’un questionnaire remis à 1 700 jeunes, les
interrogeant sur la violence familiale dont ils ont été victimes durant leur enfance. La plupart des
personnes interrogées, était âgée de 18 à 25 ans (39,82 %). Dans cet échantillon : 69,71 % des
personnes ont reçu une punition corporelle dans leur enfance. Dans 25,59 % des cas, c’était leur mère qui
les a punit, pour 22,41 % c’était le père et pour 18,12 % c’étaient les deux parents. L’âge de la première
punition est intervenu lorsqu’ils étaient âgés entre 6 et 10 ans chez 32,94 % des personnes interrogées.
C’est également dans cette même tranche d’âge que l’on note la plus pénible punition qui a touché 28 %
des enfants. La punition corporelle s’est répétée plusieurs fois dans l’année chez 29,41 %. L’âge de la
dernière punition pour 25,88 % des personnes était situé entre 11 et 15 ans.
La maltraitance subie par l’enfant est commise par un adulte à qui est confié l’enfant, qu’il soit son parent, son
tuteur ou toute autre personne. La violence est unique, occasionnelle ou plurielle et répétée. Elle implique dans
tous les cas un comportement violent envers l’enfant, de telle manière que l’enfant est blessé physiquement ou
mentalement ou a failli l’être.
La violence physique revêt une multitude d’expressions. Les plus fréquentes sont : battre, frapper, secouer,
pousser, étouffer, mordre, brûler, donner des coups de pied, agresser un enfant avec une arme, jeter des objets
sur l’enfant, tenir l’enfant sous l’eau parfois dans la selle d’un WC…
En médecine, on identifie les mauvais traitements physiques par le nom de ‘syndrome des enfants battus’ lequel
comporte des lésions cutanées (ecchymoses, hématomes, griffures, morsures, brûlures [par ébouillantement, par
cigarettes, fer à repasser, tisonnier..], plaques d’alopécie témoignant d’un arrachement de cheveux), des fractures
(pouvant réaliser le fameux syndrome de Silverman caractérisé par des fractures multiples, d’âges différents
souvent négligées, ou le ‘nez de boxeur’…), un hématome sous dural (collection sanguine dans l’espace sous dural
s’exprimant par des signes neurologiques), des lésions oculaires, des lésions de la bouche, des dents et de la face,
lesquelles sont très fréquentes et enfin des lésions viscérales avec parfois rupture de la rate ou du foie… Une étude
récente suggère même que les mauvais traitements infligés au cours de l’enfance influent sur le volume de
l’hippocampe gauche, ceci dans le contexte d’une dépression majeure survenant chez la femme (Vythilingam M et
coll. : “Childhood trauma associated with smaller hippocampal volume in women with major depression”. Am J
Psychiatry 2002; 159: 2072-2080).
Parallèlement, l’exclusion de l’enfant et sa marginalisation sont une autre forme de violence lorsque celle-ci est le
fait de personnes qui sont sensées protéger l’enfant. Elle s’exprime lorsqu’elle est répétée ou constante par de la
négligence qui prive l’enfant de ses besoins élémentaires nécessaires à son développement et à son bien être
physique, psychologique et affectif. Elle peut s’exprimer par le fait de ne pas assurer à un enfant son alimentation,
de ne pas l’habiller correctement, de ne pas assurer sa propreté, de ne pas le soigner et le présenter au médecin
lorsqu’il est malade… Mais c’est également le fait de le priver d’amour, de sécurité et d’estime de soi ou d’au
contraire le complexer et l’avilir.
La violence psychologique se rapproche de la négligence quant elle ne lui est pas intimement liée. Elle peut
entraîner des troubles du comportement mais également des troubles mentaux, cognitifs ou émotionnels chez
l’enfant. Elle s’exprime par l’intimidation, les menaces verbales qui peuvent aller jusqu’à terroriser l’enfant,
l’isolement social ou au contraire l’exploitation de l’enfant allant jusqu’à le pousser à accomplir des taches qui le
dépassent.
Il est admis aujourd’hui que d’autres facteurs extrafamiliaux peuvent également nuire à l’enfant et perturber
gravement son développement. Ces facteurs concourent à exacerber sa vulnérabilité. Ce sont la pauvreté, le
déracinement, l’isolement social, l’emprisonnement…
La protection juridique des enfants est-elle suffisante ?
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Les chiffres cités plus haut montrent que la maltraitance des enfants est une réalité bien présente dans notre pays.
Peut-on admettre encore le droit de corriger les enfants, en recourant à la violence ? A partir de quand la
‘correction’ bascule en violence physique, psychologique ou négligence ? Le chemin judiciaire n’est-il pas un
labyrinthe pour l’enfant maltraité ? Ecoute -t-on encore nos enfants ? Que font les personnes chargées de cette
écoute ? Pourquoi ne dénonce-t-elles pas les cas de maltraitances d’enfants ? Quelles courroies de transmission
entre les éducateurs, les professionnels de la santé et l’appareil judiciaire ? Existe –t-il une politique de prévention
des maltraitances ?
Toutes ces données confirment l’urgence d’une approche plus globale de l’enfant, démarche qui doit se baser sur
toutes les approches thématiques déjà acquises mais en ayant au préalable procédé à une réforme en profondeur
de notre manière de considérer l’enfant.
Pourtant, lorsqu’on examine l’arsenal judiciaire dont on dispose, il existe apparemment suffisamment de textes de
lois qui protègent l’enfant contre les maltraitances :
- Ainsi la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, entrée en vigueur en Algérie le 16 mai 1993, énonce
dans son article 19 que : « Les Etats parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et
éducatives appropriées pour protéger l’enfant contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques
ou mentales, d’abandon ou de négligence , de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence
sexuelle, pendant qu’il est sous la garde de ses parents ou de l’un d’eux, de son ou ses représentants légaux ou de
toute autre personne à qui il est confié.
Ces mesures de protection comprendront, selon qu’il conviendra, des procédures efficaces pour l’établissement de
programmes sociaux visant à fournir ‘appui nécessaire à l’enfant et à ceux à qui il est confié, ainsi que pour
d’autres formes de prévention, et aux fins d’identification de mauvais traitements de l’enfant décrits ci-dessus, et
comprendront également, selon qu’il conviendra, des procédures d’intervention judiciaires ».
- La constitution de novembre 1996 retient les grands principes des droits de l’homme : L’Etat garantit
l’inviolabilité de la personne humaine. Toute forme de violence physique ou morale ou d’atteinte à la dignité est
proscrite. La famille bénéficie de la protection de l’Etat et de la société. Tous les citoyens ont droit à la protection
de leur santé.
- Le code de déontologie médicale (décret exécutif n° 92-276 du 6/7/92) stipule que le médecin doit être le
défenseur de l’enfant malade lorsqu’il estime que l’intérêt de la santé de celui-ci est mal compris par l’entourage.
Quand le médecin, appelé auprès d’un mineur ou d’une personne handicapée, constate qu’ils sont victimes de
sévices, de traitements inhumains, de privations, il doit en informer les autorités compétentes.
- La loi 85-05 du 16/02/85 relative à la protection et à la promotion de la santé garantit aux enfants la protection
de leur santé : la famille bénéficie de la protection sanitaire pour sauvegarder et promouvoir les conditions de
santé et d’équilibre psychoaffectif de ses membres. La protection des enfants et l’ensemble des mesures
médicales, sociales, administratives ayant pour but de réaliser les meilleures conditions de santé et de
développement psychomoteur de l’enfant.
- La loi 90-17 du 30-07/90 modifiant et complétant la loi 85-05, va jusqu’à lever le principe sacro-saint du secret
médical en matière de maltraitance sur enfants : «Le médecin, le chirurgien dentiste ou le pharmacien, requis ou
expert auprès de la justice, n’est pas lié par le secret professionnel à l’égard du juge pour ce qui concerne l’objet
précis de sa mission » (article : 206/4). Dans son rapport, ou lors de sa déposition à l’audience, il ne peut
cependant, révéler que les constatations strictement relatives aux questions posées et doit taire tout ce qu’il a pu
apprendre à l’occasion de sa mission, sous peine de se rendre coupable de violation du secret professionnel. Le
médecin doit en outre dénoncer les sévices sur mineurs : «Les praticiens doivent dénoncer les sévices sur enfants
mineurs et personnes privées de liberté dont ils ont eu connaissance à l’occasion de l’exercice de leur profession »
(article : 206/3).
- Le code pénal (ordonnance n° 75-47 du 17/06/75) : punit toute personne qui, volontairement maltraite un
enfant par un emprisonnement d’un an minimum jusqu’à perpétuité et même à la peine de mort, selon le type des
blessures, la durée de l’incapacité, les séquelles (infirmités, perte d’un organe…) ou s’il en résulte la mort de
l’enfant avec ou sans l’intention de la donner. Quelques articles du code pénal, sont très explicites à ce sujet :
--- Article 334 : (ordonnance n°69-74 du 16 septembre 1969 et ordonnance n°75-47 du 17 juin 1975) : Est puni
d’un emprisonnement de cinq à dix ans, tout attentat à la pudeur consommé ou tenté sans violence, sur la
personne d’un mineur de seize ans de l’un ou de l’autre sexe.
Est puni de la réclusion à temps de cinq à dix ans l’attentat à la pudeur commis par tout ascendant sur la personne
d’un mineur, même âgé de plus de seize ans, mais non émancipé par le mariage.
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--- Article 337 : Si les coupable sont les ascendants de la personne sur laquelle a été commis l’attentat ou le viol,
s’ils sont de la classe de ceux qui ont autorité sur elle, s’ils sont ses instituteurs ou ses serviteurs à gages des
personnes ci-dessus désignées, s’ils sont fonctionnaires ou ministres d’un culte, ou si le coupable, quel qu’il soit, a
été aidé dans son crime par une ou plusieurs personnes, la peine est celle de la réclusion à temps de dix à vingt
ans dans le cas prévu à l’alinéa premier de l’article 334, et de la réclusion perpétuelle dans les cas prévus aux
articles 335 et 336.
--- Article 181 : Hors le cas prévu à l’article 91, est puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de
1000 à 10 000 Da ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque ayant connaissance d’un crime déjà tenté
ou consommé n’a pas aussitôt averti les autorités.
--- Article 182 : Sans préjudice de l’application, le cas échéant , des peines plus fortes prévues par le présent code
et les lois spéciales, est puni d’un emprisonnement de trois à cinq ans et d’un amende de 500 à 1 500 Da, ou de
l’une de ces deux peines seulement, quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui
ou pour les tiers, soit un fait qualifié de crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle d’un personne s’abstient
volontairement de le faire.
Est puni des mêmes peines quiconque s’abstient volontairement de porter à une personne en péril l’assistance
que, sans risque pour lui ni pour les tiers, il peut lui prêter, soit par son action personnelle, soit en provoquant un
secours.
Est puni des mêmes peines celui qui, connaissant la preuve de l’innocence d’une personne en péril l’assistance
que, sans risque pour lui ni pour les tiers, il peut lui prêter, soit par son action personnelle, soit en provoquant un
secours.
Est puni des mêmes peines celui qui, connaissant la preuve de l’innocence d’une personne incarcérée
préventivement ou jugée pour crime ou délit, s’abstient volontairement d’en apporter aussitôt le témoignage aux
autorités de justice ou de police. Toutefois, aucune peine n’est prononcée contre celui qui apporte son témoignage
tardivement, mais spontanément. . Sont exceptés de la déposition de l’alinéa précédent, le coupable du fait qui
motivait la poursuite, ses coauteurs, ses complices et les parents ou alliés de ces personnes jusqu’au quatrième
degré inclusivement.
- La Convention internationale des droits de l’enfant, adoptée par l’Algérie en 1992, stipule dans son :
-- Article 19
1- Les Etats parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives
appropriées pour protéger l’enfant contre forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou
mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation, y compris la violence
sexuelle, pendant qu’il est sous la garde de ses parents ou de l’un d’eux, de son ou ses représentants
légaux ou de toute autre personne à qui il est confié.
2- Ces mesures de protection comprendront, selon qu’il conviendra, des procédures efficaces pour
l’établissement de programmes sociaux visant à fournir ‘appui nécessaire à l’enfant et à ceux à qui il est
confié, ainsi que pour d’autres formes de prévention, et aux fins d’identification de mauvais traitements de
l’enfant décrits ci-dessus, et comprendront également, selon qu’il conviendra, des procédures
d’intervention judiciaires.Le comité note avec préoccupation qu’en vertu de l’article 249 du code de
procédure pénale les enfants de 16 à 18 ans soupçonnés d’activités terroristes ou subversives sont traduits
devant un tribunal pénal par assimilations aux adultes. Le comité prend note de l’article 50 du code pénal,
qui interdit de condamner un mineur à la peine capitale ou l’emprisonnement à vie ; il regrette toutefois
l’absence de précisions sur le point de savoir si le régime de droit applicable à ces mineurs, s’agissant de la
procédure de mise en jugement et de l’exécution de la peine, est celui qui s’applique à des mineurs ou
celui qui s’applique à des adultes.
Ainsi, de nombreux textes de loi protègent théoriquement l’enfant contre les maltraitances. Cependant, ces
dernières existent bel et bien, leur importance est même sous estimée comme le laissent penser les différentes
enquêtes et statistiques disponibles. Pourquoi alors tant de maltraitances envers les enfants ? Le milieu familial où
elles se produisent apparaît comme un véritable vase clos qui limite efficacement toute remontée publique de
l’information. Il appartient donc aux pouvoirs publics et aux associations activant dans le domaine de l’enfance de
développer une communication de prévention, de sensibilisation…envers les adultes et les enfants. Les enfants
doivent pouvoir trouver à qui parler et à qui s’adresser en cas de détresse. L’école et les médias lourds devraient
le leur enseigner.
La violence subie par les enfants n’et pas sans conséquences. Peut-elle influer le comportement adulte de
l’enfant ? Les facteurs retrouvés à l’âge adulte et considérés comme liés à la violence, quel est leur impact réel ?
On peut admettre avec Alice Muller qu’ils constituent des variables mais aucunement la cause essentienfants
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et la santéelle de la violence. (Ruffo A., 1993) La plupart de ces facteurs ont, en effet, existé pendant de
longues périodes de notre histoire sans pour autant générer des comportements asociaux.
D’autres explications plus modernes, voudraient lier la cruauté qui caractérise les actes terribles d’un homme au
fait que les criminels sont génétiquement prédisposés car certaines hypothèses ont essayé de trouver des
corrélations entre les grands criminels et leur capital chromosomique. Cette hypothèse n’a jamais été vérifiée
scientifiquement.
Plus intéressante est l’explication avancée par Bob Johson, psychiatre anglais qui a travaillé sur les grands
criminels incarcérés. Dans son livre, Buried Terror (la terreur ensevelie), non édité, cité par Alice Muller, l’auteur
rapporte une enquête qui montre que le dénominateur commun retrouvé chez les criminels étudiés est qu’ils ont
subi de graves maltraitances dans leur enfance. Le fait de connaître des violences dans son enfance ne détermine
pas obligatoirement l’évolution vers la criminalité à l’âge adulte. Ce processus est, en effet, interrompu si l’enfant
est secouru, écouté, pris en charge et aidé à comprendre l’injustice qui lui a été faite. Par contre « les enfants qui
ne connaissent que la violence et la cruauté et les tiennent pour normales, ils ne savent pas qu’il peut y avoir
autre chose, et plus tard pensent que seule la violence permet de se faire entendre et respecter. » (Ruffo A.,
1993) Il est possible que la combinaison de gaves maltraitances dans l’enfance à toute la série de variables
énumérées plus haut puisse concourir à façonner les instincts de violence chez l’adulte.
L’âge moyen de la plupart des grands criminels impliqués dans les violences en Algérie est inférieur à la trentaine.
De quelles maltraitances ont-ils souffert dans leur enfance pour commettre autant de crimes abjects à l’âge
adulte ? Il est clair que ces maltraitances ne sont pas que familiales, car la rue, l’école, l’environnement de l’enfant
sont une continuité du chez soi et du milieu familial. Les parents de ces enfants ont tous connu les affres de la
guerre coloniale, les tortures, des dénis de justice, les atrocités des répressions collectives, la faim, la pauvreté, le
chômage, les régimes d’exception… On peut penser que la pratique d’une certaine violence verbale ou physique
soit devenue chez- eux une pratique normale. Des enfants victimes de ces maltraitances mais qui n’ont pas eu la
chance de bénéficier d’un soutien psychologique ou qui n’ont pas rencontré des personnes qui ont perçu leur
détresse et les ont aidé avec sincérité et sympathie à dépasser leur situation, ont pu évoluer inexorablement vers
la violence.
Conclusion :
Contrairement à des idées reçues, l’enfant est loin d’être roi dans notre société. La maltraitance des enfants est
une réalité, plus fréquente qu’on ne pourrait l’imaginer. Elle interpelle la société et les institutions. La fréquence
des maltraitances suit une courbe ascendante dans tous les pays et l’Algérie n’échappe malheureusement pas à ce
phénomène. Il convient donc de mieux protéger les enfants. La mise en place d’un observatoire des droits de
l’enfant est plus que jamais nécessaire. Une véritable stratégie de sauvetage des enfants doit être codifiée. Les
enfants en danger doivent pouvoir être signalés partout où ils sont et des mécanismes de surveillance, d’aide et de
suivi, mis en place. Un numéro spécial d’appel, type 911 aux Etats-Unis et au Canada, devra leur permettre de
signaler leur souffrance et leur détresse. Une communication soutenue et permanente orientée vers les enfants
leur montrera comment signaler en toute sécurité tout abus de la part des proches. Dans tous les cas, les enfants
maltraités doivent être écoutés et soutenus d’où la nécessité d’une prise en charge adéquate.
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