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Les Cahiers jungiens de psychanalyse | « Cahiers jungiens de psychanalyse »

2006/3 N° 119-120 | pages 169 à 173

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 REVU E DES R EV UES
The Journal of Analytical Psychology,
vol. 51, no 2, avril 2006.
Qui parmi les analystes s’intéresse au
retour à la vie de ceux qui survivent des
politiques génocidaires du dernier siècle ?
Pourtant, ces survivants sont parmi nous
ou à nos portes ; pourtant, ils ont les plus
grandes difficultés à s’enraciner dans
cette vie-ci ! C’est tout à l’honneur d’An-
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gela Connolly (Rome) de nous faire part
de son travail auprès de Russes de l’ère
post-stalinienne. Après le goulag (8 mil-
lions de personnes concernées), les exé-
cutions (1 million et demi), la mort dans
les camps (2 millions), la répression de
40 millions au cours de deux campagnes
de terreur, on ne s’étonne pas du rêve
d’un analysant qui a « quelque chose »
dans sa chaussure. Il en enlève un clou,
mais ce clou est si long qu’il est impos-
sible qu’il n’ait pas perforé son pied : il
s’en étonne !
Créer un « espace » analytique, c’est
créer un espace tel qu’il n’appartienne
qu’à l’analysant ; c’est en soi le contre-
projet des terreurs totalitaires dont le but
est de faire voler en éclats toute possibi-
lité d’espace privé.
Anna Akhmatova écrivait, en 1936 :
« Dans la chambre du poète exilé
la terreur et la muse veillent
tour à tour
Et la nuit sans fin
Ne connaît pas d’aurore. »
Dans un contexte analogue, « Held in
mind, Hell in mind », Dale Mathers, Fiona
Barnes et Amelie Noack (Londres) expo-
sent les observations et les expériences,
en Pologne, d’un groupe de thérapie de
personnes qui suivent une formation en
psychologie analytique.
August Cwik (Chicago) offre une
étude sur les supervisions à travers la
métaphore alchimique de la teinture où
l’on observe que « très peu va très loin »,
et le diagramme de Jung sur les relations
conscientes et inconscientes entre patient
et thérapeute.
Judith Pickering (Sydney) nous em-
mène dans le combat des complexes dans
une relation de couple où chacun a
amené ses complexes en dot. La boîte de
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la « dot maligne », une fois ouverte, en-
traîne un drame qu’elle nomme « la scène
d’entremêlement traumatique ».
Comment une psyché en appréhende-
t-elle une autre ? Massimo Giannoni et
Marina Corradi (Rome) soulignent l’inté-
rêt de la pensée de Peter Fonagy et son
concept de « fonction réflexive » dans
notre pratique clinique jungienne. Nous
sommes en effet bien étayés dans notre
pratique par la pensée de Jung mais
avons été peu incités à en développer la
théorie.
Relire Jung grâce aux ouvertures
d’une approche universitaire : Susan Ro-
wland (Londres) nous y convie en mon-
trant, à travers ses écrits sur la synchro-
nicité et sur le trickster, comment la
façon même dont Jung utilise les mots
n’est pas un discours sur la psyché mais
la mise en acte de la créativité d’une psy-
ché. Il aborde les énergies créatrices in-
conscientes dans son écriture d’une fa-
çon qui dissout les barrières culturelles
entre science et art.
Revue française de psychanalyse,
t. LXX, no 1, « L’acte », janvier 2006.
Conclusion de Totem et tabou : « Au
commencement était l’acte. » « L’incon-
scient ne cesse d’être actif. L’acte serait-il
alors ce moment de vérité où le sujet, mo-
bilisant une motion pulsionnelle, trans-
gresse une limite personnelle et, parfois
conjointement, une limite dans son en-
169
 vironnement en direction de l’objet ?
L’acte est d’essence transgressive. Il ap-
porte du nouveau. Il possède un potentiel
régressif, désorganisateur ou, au con-
traire, créatif, refondateur du sujet. Pour-
rait-il traduire la variation des capacités
de négociation du moi avec l’altérité in-
terne et externe ? » Telle est l’invite à la
réflexion de Geneviève Bourdelon et Ma-
rina Papageorgiou qui ont organisé ce
très riche numéro et l’ont structuré en
cinq chapitres : l’acte vis-à-vis du fan-
tasme, dans la cure analytique, l’acte
d’analyste dans la cure, dans la construc-
tion de l’enfance et de l’adolescence, en
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psychopathologie.
Le Carnet Psy, nos 105, 106, 107, 108,
février, mars, avril, mai 2006.
Signalons le débat extrêmement
intéressant ouvert par la revue sur le
thème « Psychanalyse et psychothé-
rapie ». Constatant les difficultés des psy-
chanalystes et de leurs institutions à
conceptualiser leurs pratiques psychothé-
rapiques au regard de la cure psychanaly-
tique proprement dite, la revue a ouvert
ses colonnes à un débat, étalé sur ces
quatre mois et coordonné par Daniel
Widlöcher. Deux auteurs ont donné leurs
points de vue dans chaque numéro. Leur
intérêt est de porter la réflexion très au-
delà des questions d’actualité institution-
nelle et de l’évaluation des soins, sur un
débat de fond bien documenté.
Cyrille Bonamy
Rivista di Psicologia analitica, no 20,
« Noi e i meccanismi di difesa », Nouva
serie, 72/2005.
Ce dernier numéro de la Rivista di Psico-
logia analitica nous propose de nom-
breuses et riches réflexions autour de la
notion de mécanisme de défense. Elles
partent de l’étude d’Anna Freud, Le Moi et
les mécanismes de défenses, de 1936, où elle
systématise et élargit la notion que Sig-
mund Freud en avait donnée. Pour elle,
les mécanismes de défenses sont des « at-
titudes » du moi, ayant comme but de gé-
170
rer à la fois l’énergie pulsionnelle et le
conflit intrapsychique. Ce faisant, elle
jette un pont, pour la première fois, entre
la pathologie et la normalité. Toutefois,
Anna Freud elle-même, dans la préface à
l’édition de 1966 de son ouvrage, affirme
qu’il est désormais impossible de réflé-
chir à l’organisation des défenses sans ré-
fléchir en même temps au développe-
ment, ou à l’arrêt, de toutes les autres
fonctions du moi.
À partir de ces considérations, les dif-
férentes contributions à la revue nous
font parcourir les principales positions
théoriques qui ont été développées à
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ce sujet, nous questionnent sur leurs
points faibles, nous rappellent les diffi-
cultés majeures que rencontre la clinique
d’aujourd’hui.
Dès la première génération de post-
freudiens – Winnicott, Kohut, Bowlby,
Fonagy, Klein, etc. –, il a semblé essentiel,
en effet, d’introduire la dimension rela-
tionnelle dans l’étude du fonctionnement
du moi. En revanche, parmi les nombreux
points du débat contemporain, figure
l’abandon du mot « mécanisme », qui ap-
paraît trop lié à la pensée du XIXe siècle, au
profit de l’expression « style défensif ».
Un autre sujet de réflexion est l’élargis-
sement du champ d’investigation aux
interactions du couple analytique, ce qui
permet de ne pas négliger les défenses
mises en acte par l’analyste lors du travail
thérapeutique.
Le concept de « défenses contre la
vie psychique », élaboré par Giuseppe
Maffei, nous semble particulièrement in-
téressant. Il fait référence à des personnes
qui semblent se tenir systématiquement à
l’écart de toute réflexion sur leur monde
intérieur et sur leur propre subjectivité.
Giuseppe Maffei fait l’hypothèse d’un
« refoulé primaire », précédant le refoule-
ment de l’objet pour lequel existe une re-
présentation. Cela met en évidence, une
fois de plus, l’importance de la toute pre-
mière expérience de l’altérité.
Très intéressantes, également, les ré-
flexions autour des résistances et des dé-
 fenses mises en acte par l’analyste, que
l’on trouve dans la contribution de Nino
Lo Cascio et, partiellement, dans celle de
Simona Argentieri. Pour eux, le recours
systématique à la théorie ou une trop
grande fidélité à cette dernière peut
s’avérer, à l’intérieur de la relation analy-
tique, une puissante défense de l’analyste
contre le risque de rencontre d’une alté-
rité, à la fois humaine et théorique. Ce
risque est d’autant plus important lorsque
la fidélité à certaines conceptions théo-
riques est soutenue et étayée par le
groupe d’appartenance.
Giovanna Galdo
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Revista venezolana de psicología de los
arquetipos y estudios junguianos, no 1,
año 2005.
Nous nous réjouissons et voulons sa-
luer ici la naissance de la Revue vénézue-
lienne de psychologie des archétypes et d’études
jungiennes. Le responsable de l’édition en
est notre collègue Axel Capriles que les
lecteurs du no 116 de nos Cahiers connais-
sent déjà par son article « L’expérience de
la passion ».
Ce premier numéro est un beau travail,
où la forme et le fond s’entrelacent de fa-
çon plaisante et intéressante. Sur la cou-
verture, d’un orange flamboyant, se dé-
tache, en gris, un petit a en italiques
comme une invitation à prendre les mots
par le début – autrement dit, à prendre les
choses par le commencement... À y re-
garder de plus près, il s’agit de la première
lettre du mot « archétypes » et, à n’en pas
douter, dans cette revue puisque l’édito-
rial le précise clairement, nous allons être
renvoyés d’une « façon particulière » aux
« fondements inconscients » de la psyché.
Dès la troisième page nous décou-
vrons, en regard de l’éditorial, une photo
de Jung, vieux déjà, sa pipe à la bouche
et la tête penchée consultant un livre.
Photo, nous semble-t-il, à prendre
comme une autre invitation, celle de tra-
vailler avec sérieux et de nous plonger
dans le corps de la revue avec une ouver-
ture permanente.
L’expérience de la passion, les racines
du ressentiment, la danse comme mé-
diation pour atteindre des niveaux in-
conscients difficilement accessibles, les
métaphores et analogies qui rendent
compte de cette période qu’est le mi-
temps de la vie, la psychothérapie dans
notre monde contemporain où l’angoisse
est majeure, tels sont les thèmes des cinq
articles qui nous sont proposés dans cette
« première livraison ». Ajoutons que la vie
émotionnelle et corporelle y tient une
place majeure.
Puis vient une longue interview de Ra-
fael López-Pedraza, « pionnier vénézue-
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lien de la psychologie des archétypes », ce
que nous appelons en France, en réfé-
rence à James Hillman, la « psychologie
archétypale ». Non seulement il nous
livre là son point de vue sur les diffé-
rentes tendances et les différents apports
des « mouvements post jungiens », mais
encore il nous révèle « des souvenirs iné-
dits sur sa trajectoire personnelle et sur
l’ouverture psychique » qui était présente
à Zurich dans les années 1960 et qui
donna naissance, précisément, à la psy-
chologie archétypale.
Comme c’est la coutume dans toute
revue, nous trouvons également des cri-
tiques de livres ou d’événements cultu-
rels : deux films sont analysés, House of
sand an fog, de Vadim Perelman, et Good
bye Lenin, de Wolfganga Beckera. Mais,
de façon moins habituelle, la dernière
partie est consacrée à des témoignages
d’analysants. C’est un des « défis » que la
revue s’est donnés et qui n’est donc pas
ponctuel.
Une mention spéciale est à faire
concernant l’iconographie (reproduc-
tions d’œuvres d’art, dessins humoris-
tiques, photos) : l’utilisation qui en est
faite me semble indiquer à quel point
la vie émotionnelle occupe une place
majeure pour nos collègues et amis
vénézuéliens.
Longue vie à la Revista venezolana de psi-
cología de los arquetipos y estudios junguianos. !
Élisabeth Conesa
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 Séminaire anglo-franco-belge, 19, 20 et 21 mai 2006.
La rencontre annuelle qui rassemble depuis plusieurs années des collègues belges,
britanniques et français s’est tenue au mois de mai dans la belle ville de Bruges. Le
thème en était : « Travailler avec le matériel sexuel dans la séance analytique ».
Dans son exposé, Alice Andries (École belge de psychanalyse jungienne – la seule re-
présentée cette année pour la Belgique) a présenté le cas d’un patient au parcours un peu
chaotique. Chaotique, ou haché, m’a paru tout d’abord l’exposé lui-même, en même
temps que je (prés)sentais un fil, un sens à percevoir. Les interventions des uns et des au-
tres ont permis peu à peu de dégager ce sens et, du même coup, m’ont fait comprendre
que le sentiment premier de chaos, de non-élaboration, était précisément ce qui baignait
la relation transférentielle avec ce patient. Et c’est ensemble, au cours du débat, que cette
élaboration s’est peu à peu construite.
Pour les collègues britanniques, Amelie Noack a fait un exposé tout à fait clinique
également, dans lequel le matériel sexuel occupait un rôle déterminant. Dans une ré-
ponse lue par Anne Kutek, Ann Addison a dégagé les divers thèmes qui éclairaient
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cette relation transférentielle. Le débat qui a suivi reflétait l’intensité et la tension de
cette relation, mais il fut en même temps franc et approfondi. Sa difficulté avait à voir
avec l’idée que la parole pouvait tenir lieu de transgression. Sa richesse a résidé dans
la très grande tenue avec laquelle les participants ont pu, à mon sens, avec sponta-
néité mais délicatesse, aller au bout de leur ressenti et de leur pensée lors de ce
partage.
Dans le groupe français, Leslie de Galbert et Danielle Dumas-Pux ont chacune ex-
posé un cas mettant en lumière une problématique incestuelle. Elles en ont synthétisé
les points communs autour de la pensée de P.-C. Racamier, mettant en lumière
l’articulation que la notion d’incestuel opère entre le fantasme et la réalité du trauma
sexuel. Défini par Racamier comme inceste moral, l’incestuel permet d’intégrer et dépas-
ser cette question ancienne – fantasme ou réalité – et d’y apporter l’éclairage des
concepts de séduction narcissique, antœdipe, paradoxalité. À nouveau, un riche et très
vivant échange a suivi ces exposés.
Pour ma part, j’ai retrouvé, au cours de ces journées, le même esprit de libres créati-
vité et partage qui anime non seulement les exposés et les débats, mais également tout
ce qui a circulé dans le groupe, entre les uns et les autres – expérience précieuse à bien
des niveaux.
Cette année, c’est Leslie de Galbert qui a pris la relève de l’animation du groupe
français, à la suite de Martine Sandor-Buthaud qui a assumé cette charge pendant de
longues années. Un merci amical à toutes les deux.
Claire Raguet

Remise des insignes de Chevalier de la Légion d’honneur à Denyse Lyard,

ancienne présidente de la SFPA
Vendredi 16 juin, au cœur du Morbihan rural, à Bréhan, s’est déroulée la cérémonie
de remise des insignes de Chevalier de la Légion d’honneur à Denise Lyard, ancienne
présidente de la Société Française de Psychologie Analytique, didactienne et analyste
qui a accompagné la formation de nombre d’entre nous, spécialement les analystes
d’enfants. Les enfants de Kervihan sont là, enfants poly-handicapés physiques et men-
taux, et dans leurs regards excités ou bien éteints se confirme l’intérêt que Denyse a
toujours porté à l’archaïque, dans son expression archétypique de projet du soi. Les au-
torités, les médaillés portant les drapeaux, les élus, les représentants du Conseil général
sont là aussi, témoignant de l’enracinement du travail de Denyse dans la réalité sociale,
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 culturelle et politique de ce coin de France. Entourée de tous vos amis et collègues, en
présence de Viviane Thibaudier, présidente de la SFPA, vous étiez rayonnante de cette
action exemplaire menée à la fois dans la détermination et la discrétion. Recevez notre
témoignage d’admiration et de fidélité.
Brigitte Allain-Dupré

Attribution du prix Michael Fordham 2006

Notre collègue François Martin-Vallas, psychanalyste, membre de la Société Fran-
çaise de Psychologie Analytique et de notre comité de rédaction, dont les lecteurs des
Cahiers ont pu apprécier différents articles publiés dans la revue, a reçu le prix spécial
Michael Fordham du centenaire attribué par le Journal of Analytical Psychology, pour son
travail sur la chimère transférentielle. Un article en a été tiré qui sera publié dans le nu-
méro de novembre 2006 du Journal of Analytical Psychology et, ultérieurement, dans les
Cahiers jungiens de psychanalyse. Les Cahiers présentent leurs chaleureuses félicitations à
l’heureux lauréat.
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