Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Aide au développement
Haïti
Professeur : Mr F. Nohra
II. FICHE PAYS 5
A. ÉVENEMENTS POLITIQUES 5
B. LOCALISATION ET GEOGRAPHIE 5
C. HAÏTI : UN PAYS MALMENE 6
D. FICHE PAYS 7
E. INSTITUTIONS POLITIQUES 8
F. ENVIRONNEMENT GEOPOLITIQUE 8
II. INDICATEURS STATISTIQUES 10
A. PIB ET PIB/HABITANT 10
B. DANS LA MEME REGION : REPUBLIQUE DOMINICAINE. 10
C. REPARTITION ENTRE LES DIFFERENTS SECTEURS D’ACTIVITE 11
D. REPARTITION DE L’EMPLOI 11
E. POPULATION ACTIVE 12
F. EXPORTATIONS ET IMPORTATIONS 12
G. LES FLUX DE CAPITAUX 13
1. INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS 13
2. TAUX DE COMMERCE 14
3. DETTE HAÏTIENNE 14
4. FLUX DE CAPITAUX ET IMPORTANCE DE LA DIASPORA HAÏTIENNE 15
5. AUTRES PARTENAIRES EXTERIEURS 16
6. INDICATEURS DE DEVELOPPEMENT 16
III. POLITIQUE ECONOMIQUE 19
A. APERÇU HISTORIQUE 19
B. POLITIQUE FISCALE 19
C. POLITIQUE COMMERCIALE 20
D. POLITIQUE MONETAIRE 21
E. POLITIQUE BUDGETAIRE 21
IV. POLITIQUE D’INVESTISSEMENT 23
A. STRATEGIE GLOBALE EN MATIERE D’INVESTISSEMENT ET SECTEURS PRIORITAIRES D’INVESTISSEMENT
23
B. INVESTISSEMENT DANS LE CAPITAL HUMAIN 23
C. RESISTANCES ET OBSTACLES A LA POLITIQUE D’INVESTISSEMENT 24
D. OBSTACLES ECONOMIQUES ET CULTURELS 24
V. EVOLUTION DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE 26
CONCLUSION 27
ANNEXES 28
SOURCES 41
2
3
I. OBJET D’ETUDE
Nous avons choisi d’étudier la situation d’Haïti, de 1994 à 2004. En effet, ce pays a connu
de nombreux régimes politiques et son économie a rencontré de nombreuses difficultés.
La République d'Haïti fait partie des Grandes Antilles1. Elle occupe le tiers occidental de
l'île d'Hispaniola (soit 28 000 km2 environ), et sa capitale est Port-au-Prince. C’est la révolte des
esclaves de Saint-Domingue qui est à l'origine de la création de la République d'Haïti, qui devient
en 1804 la première république indépendante de population majoritairement noire après
l'abandon de l'île par l'armée de Napoléon Bonaparte. Haïti est aussi le seul pays francophone
indépendant des Caraïbes ainsi que le premier pays noir à prendre son indépendance seul.
C’est l'un des pays les plus pauvres et les plus désorganisés du monde, avec pourtant les
mêmes conditions naturelles de départ que sa voisine, la République Dominicaine, qui
comparativement vit plutôt bien grâce au tourisme. Surnommé "la perle des Antilles", il fut un
temps le pays le plus visité de l’archipel.
Sur le plan politique, Haïti connaît une très grande instabilité. Entre 1994 et 2004, le pays
a connu trois présidents et deux coups d’Etat, le tout sous le contrôle des Etats-Unis.
Le Ministère du Commerce et de l’Industrie ainsi que le Ministère de l’Economie et des
Finances sont les principaux organes d’élaboration des politiques économiques haïtiennes.
Malgré tout, l’économie nationale repose énormément sur l’aide internationale, c’est pourquoi
Haïti participe à de nombreux groupements régionaux et organisations multilatérales :
l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), l’Organisation des Nations Unies (ONU), le
Fonds Monétaire International (FMI), la Banque mondiale, la Communauté et marché commun
de la Caraïbe (CARICOM), l’Association des États de la Caraïbe (AEC), et la Zone de Libre-
Échange des Amériques (ZLEA).
En voyant les difficultés rencontrées par la République d’Haïti et sa dépendance face aux
aides internationales, nous nous sommes demandé quels ont été les projets et actions mis en place
par le pouvoir haïtien dans l’objectif d’améliorer la situation du pays.
1
Voir annexe 1
4
II. FICHE PAYS
A. ÉVENEMENTS POLITIQUES
Jean-Bertrand Aristide remporte les élections présidentielles le 16 décembre 1990 par 67%
des voix. Malgré l’espoir redonné au peuple haïtien par son accession à la présidence de la
République, il sera renversé par la junte militaire dirigée par le général Raoul Cédras, le 29
septembre 1991. Ce coup d’état fut soutenu par la CIA et le gouvernement de George Bush.
Le 19 septembre 1994, et avec le soutien du Conseil de sécurité des Nations unies, les
Etats-Unis, sous la présidence de Bill Clinton, débarquèrent en Haïti avec 20 000 soldats. Cette
venue fait suite à une visite de l’ancien président Jimmy Carter et du général Colin Powell. Le 15
octobre 1994, le président Aristide est rétabli dans ses fonctions, qu'il laisse à son proche René
Préval, élu à la présidence de la République le 17 décembre 1995. En effet, le mandat d'Aristide
touchait à sa fin et la Constitution Haïtienne ne l’autorisait pas à briguer un second mandat
consécutif.
Des élections législatives sont organisées en mai 2000. Malgré un scrutin entaché
d’irrégularités et du boycott de l’opposition, Aristide est proclamé vainqueur de l’élection
présidentielle avec 91 % des suffrages exprimés. Le pays plonge alors à nouveau dans une
situation des plus confuses.
B. LOCALISATION ET GEOGRAPHIE
Haïti, d'un mot Indien signifiant terres montagneuses, partage avec la République
Dominicaine cette île. Elle en occupe le tiers occidental et s'étend sur une superficie de 27 750
km². Elle est limitée au Nord par l'Océan Atlantique, au Sud, par la Mer des Caraïbes ou des
Antilles, à l'Ouest, par le Golfe du Mexique, à l'Est par la République Dominicaine. A côté de
2
Voir annexe 1
5
cette dernière, ses voisins immédiats sont la Jamaïque (175 km.) au sud-ouest de son extrême
pointe Sud et Cuba (86 km.), au Nord-Ouest.
Administrativement, Haïti est divisé en dix départements3 (entre parenthèses, les capitales
des départements). Ces départements sont eux-mêmes divisés en 41 arrondissements et 133
communes : 1- Artibonite (Gonaïves), 2- Centre (Hinche), 3- Grand’Anse (Jérémie), 4- Nippes
(Miragoâne), 5- Nord (Cap-Haïtien), 6- Nord-Est (Fort Liberté), 7- Nord-Ouest (Port-de-Paix), 8-
Ouest (Port-au-Prince), 9- Sud-Est (Jacmel), 10 – Sud (Les Cayes). Il existe aussi ce qui est
couramment appelé le «onzième département», représentant les quelque deux millions d’Haïtiens
vivant à l’extérieur du pays: la diaspora haïtienne.
Haïti est constamment aux prises avec des catastrophes naturelles. Selon une étude menée
en 2006 par la Banque mondiale4, Haïti est l’un des pays les plus vulnérables aux catastrophes
naturelles. Cette extrême vulnérabilité résulte de nombreux facteurs économiques et politiques
(degré élevé de pauvreté, infrastructures inadaptées, environnement dégradé, etc.). La
convergence de ces différents facteurs amplifierait l’impact et les conséquences de toute
catastrophe naturelle.
Du point de vue géographique, Haïti (comme le reste de l'île d'Hispaniola) se trouve dans
une zone sismiquement active, entre deux plaques tectoniques : la plaque nord-américaine au
nord et la plaque caraïbe au sud, qui rendent le pays particulièrement vulnérable aux
tremblements de terre. De plus, son climat est tropical. La saison des pluies s'étend d'avril à juin
puis d'octobre à novembre. La saison des ouragans s’étend du mois de juin jusqu’à la fin du mois
de novembre. Le pays subit régulièrement des précipitations importantes et des ouragans. Ainsi,
entre 1990 et 1999, le pays fut atteint par de nombreuses catastrophes naturelles. Il connut entre
autres : 16 cyclones, 25 inondations sectorielles, 1 séisme majeur et 7 sécheresses.
3
Voir annexe 2
4
Natural Disaster Hotspots : «Cartographie des catastrophes naturelles»
6
D. FICHE PAYS
1994 2004 2
Population 7 689 8 121 622 99
410 (2
Densité 279 271
hab/km² hab/km² ha
Répartition
- 0 à 14 ans 42,854% 42,6% 3
- 15 à 64 ans 53,347% 53,9% 5
- 65 et plus 3,799% 3,5% 3
Diversité ethnique - 95% noirs 95%
5% 5% m
métisses et et
blancs
Taux de mortalité 11,373 12,34 pour 8
(1995) 1000 hab (estim
Taux de natalité 33,804 36,59 pour 2
(1995) 1000 hab (estim
Taux d’illettrisme (2003)
- Total - 52,9%
- Hommes - 54,8%
- Femmes - 51,2%
Religion (à noter que la moitié de la population pratique le vaudou) - 80%
- Catholiques
- 16%
- Protestants
13% sans
religion
3% autres
7
Entre 1994 et 2004, la population5 a connu une relative croissance. En effet, la répartition
de la population est restée quasiment stable pendant ces dix années. Une majorité de la
population se situe entre 15 et 64 ans, et les plus de 65 ans sont largement minoritaires. Ainsi, la
population âgée n’est presque pas, voire nullement, représentée.
Cela s’explique, dans un premier temps, par un fort taux de natalité. Le nombre d’enfants
par femmes sur cette période est de 3,75, ce qui est assez élevé (à noter que le taux général pour le
renouvellement d’une génération est de 2,05). Ceci s’explique entre autres par un système de
contrôle des naissances quasi inexistant (à peine 18% des femmes en couple utilisent un moyen
de contraception).
Ensuite, il y a un relatif (par rapport à la situation) mais important taux de mortalité qui
peut être synonyme d’un manque d’infrastructures sanitaires et d’accueil des personnes âgées,
relatif aussi à la pénibilité du travail, ainsi qu’à la conséquence d’un taux d’illettrisme élevé dans
chaque couche de la population.
E. INSTITUTIONS POLITIQUES
F. ENVIRONNEMENT GEOPOLITIQUE
Le pays n’a qu’un petit voire nul impact sur la géopolitique environnante, en effet cela
s’explique par différentes raisons.
Tout d’abord, sa situation géographique : déjà marginalisé par la taille du pays par
rapport aux autres puissances d’Amérique Latine, le pays l’est d’autant plus par le fait de se situer
sur un archipel et non sur le continent même. De plus, sa langue officielle ne permet pas au pays
d’établir de fortes relations extérieures et nationales. En effet, Haïti a pour langue officielle le
créole haïtien et le français, alors que la majorité du continent sud-américain parle l’anglais,
l’espagnol ou le portugais. Ensuite, les catastrophes naturelles s’ajoutent à l’instabilité politique
5 Source : http://perspective.usherbrooke.ca/
6
Constitutions de 1987, art. 1
8
qui règne depuis des années ; ainsi, ce pays ne parvient pas à mettre en avant ses atouts, et n’attire
donc pas les touristes ni les investisseurs, tout le contraire de son voisin le plus proche, la
République Dominicaine. Enfin, et malgré le manque d’impact international, le pays doit faire
face à l’influence de nombreuses puissances internationales, présentes dans le pays depuis
plusieurs années : les Etats-Unis, la France, ainsi que les institutions politiques, humanitaires
ayant pour objectif de maintenir l’ordre et venir en aide à ce pays en débâcle.
9
III. INDICATEURS STATISTIQUES
A. PIB ET PIB/HABITANT
Le Produit intérieur brut (PIB) est l'indicateur le plus retenu pour évaluer la production de
biens et services d'un pays pendant une année. Il illustre l'importance de l'activité économique
d'un pays ou encore la grandeur de sa richesse générée. Quand il est formulé en dollars constants,
on peut procéder plus adéquatement à des comparaisons à travers les années puisqu'on tient alors
compte de l'inflation ou de la déflation. Pour la période qui nous intéresse, on constate une
augmentation de 3,43% du PIB en dollars américains constants (1994 : 3 556 260 000, 2004 :
3 678 140 000). En analysant le graphique7, on constate que ledit PIB a baissé de 1994 à 1995
puis s’est stabilisé, pour connaître une nouvelle baisse en 2004. La baisse significative constatée
entre 1994 à 1995 est très certainement due à l’instabilité politique régnant sur l’île. En effet, les
Etats-Unis ont dû intervenir pour renverser la junte militaire qui s’est emparé du pouvoir et y
rétablir Aristide. Le pays étant dans l’incertitude la plus totale, la création de richesses s’en est
logiquement vue altérée. Ce sont des circonstances similaires qui ont entraîné une baisse de
l’indicateur en 2004 : en effet, Aristide démissionne en février face à une insurrection croissante,
matée ensuite par les Etats-Unis. Pour ajouter à cela, le cyclone Jeanne dévaste le pays et fait plus
de 2000 morts. Là aussi, la production de richesses se voit considérablement entravée. Le PIB en
PPA (parité pouvoir d’achat8) a connu la même évolution9. Le PIB par habitant, lui, a baissé de
15,05% entre 1994 et 2004, cette dernière année enregistrant le niveau le plus bas (402)10,
conséquence certaine de la tempête Jeanne survenue en septembre de cette même année. Le PIB
par habitant en PPA a lui aussi connu la même évolution11.
7
Voir annexe 3
8 Méthode utilisée en économie pour établir une comparaison entre pays du pouvoir d'achat des devises
nationales, ce qu’une simple utilisation des taux de change ne permet pas de faire.
9
Voir annexe 4
10
Voir annexe 5
11
Voir annexe 6
12
Voir annexe 7
13
Voir annexes 8, 9, 10, 11.
14
Voir annexe 12
10
C. REPARTITION ENTRE LES DIFFERENTS SECTEURS D’ACTIVITE15
D. REPARTITION DE L’EMPLOI
Malheureusement, aucune donnée n’est disponible pour les années 1994 et 2004 en ce qui
concerne la répartition de la masse salariale totale entre les différents secteurs d’activité.
Néanmoins, au vu de l’évolution de cette répartition entre 1990 et 1999, il est possible de dégager
des tendances générales adéquates à la période étudiée.
L’emploi dans le secteur primaire a très fortement diminué au courant des années 1990
(1999 a enregistré le plus bas niveau : 50,2%)16. Cette baisse est attribuable à l’accroissement du
secteur des services et à la baisse de la production agricole liée à l’exode rural, aux effets de
l’embargo international contre Haïti (à la suite du coup d'État de 1991) sur la production de
denrées exportables, aux aléas climatiques ainsi qu’à une importante déforestation qui a
considérablement accéléré l’érosion des sols. L’emploi dans le secteur de l’agriculture représente
cependant toujours la moitié de l’emploi total haïtien, ce qui constitue un retard certain par
rapport aux pays industrialisés, dont le secteur primaire représente la part la plus faible de
l’emploi (moins de 5%). Le secteur primaire a été très lent à la reprise car sa dégradation a
continué jusqu’en 1997 (-1,8%). Une reprise modeste a été observée à partir de 1998 (2.1% et
1,6%), puis le taux de croissance a été à nouveau négatif en 1999-2000 (–1,3%)17.
L’emploi dans le secteur secondaire a, lui, fortement augmenté durant les années 1990,
1999 enregistrant son plus haut niveau (10,8%)18. C’est aussi le cas pour le secteur tertiaire (38,7%
en 1999)19. Il est clair ici qu’Haïti est entré dans une phase de transition durant les années 1990, le
secteur primaire cédant la place aux secteurs secondaires et tertiaires.
15
Voir annexe 13
16
Voir annexe 14
17
Rapport du Secrétariat de l’OMC, 7 septembre 2003.
18
Voir annexe 15
19
Voir annexe 16
11
E. POPULATION ACTIVE
C'est en 1999 qu'on enregistre le taux de chômage le plus bas (7,2%)20. Il est important de
préciser que les emplois déguisés et les emplois précaires représentent une forte proportion du
pourcentage d’employés. Les salaires pratiqués sont généralement faibles, aussi bien dans le
secteur structuré que dans le secteur non structuré. En effet, le salaire minimum par jour de 8
heures de travail se positionne à 36 gourdes depuis 1995 soit environ U$ 1.44 (25 gourdes pour 1
dollar américain) 21 . Le développement du chômage urbain en Haïti s’est accompagné de
l’émergence et de l’essor du secteur informel. Les activités informelles constituent une alternative
largement répandue au chômage et participent à un phénomène massif d’auto-insertion précaire
d’une très grande partie des habitants dans la structure productive. En 2000, le secteur informel
occupait plus de personnes que l’agriculture. Il emploierait ainsi près de 92% de la population
active non agricole et 51% de la population active totale22.
F. EXPORTATIONS ET IMPORTATIONS
Les politiques commerciales assez libérales font d’Haïti l’une des économies les plus
ouvertes du bassin de la Caraïbe et d'Amérique Latine. L’importance du commerce extérieur
reste cependant modeste, les exportations et les importations de biens et services ne représentant,
respectivement, qu’environ 13% et 36 % du PIB en 2002.
En 1994, les exportations de biens et services haïtiens ne représentent que 5,4% du PIB23,
leur niveau le plus bas. Quant aux importations, elles représentent 46,7% du PIB en 2003 contre
11,7% en 1994.24
Au cours des dernières années, les exportations haïtiennes se sont plus orientées vers les
marchandises que vers les services. La part de ces derniers dans les exportations de biens et
services a diminué d'environ 4% en 1995 à près de 35% en 2002 du fait surtout de la baisse des
20
Voir annexe 17
21
Rapport du Secrétariat de l’OMC, 7 septembre 2003.
22
Rapport du Secrétariat de l’OMC, 7 septembre 2003.
23
Voir annexe 18
24
Voir annexe 19
12
activités touristiques25. Les recettes d’exportations de biens ont progressé entre 1995 et 1999 avant
de chuter durant le reste de la période. La hausse est avant tout imputable à la forte croissance
des exportations de produits textiles, de l’industrie de l’assemblage et de certains produits issus de
l’agriculture comme les mangues. La baisse est, quant à elle, due aux effets de certaines maladies
ayant affecté les récoltes de café, à la baisse des cours de cette denrée (de l’ordre de 8 %), ainsi
qu’au ralentissement de la demande américaine de produits textiles et de l’assemblage en
provenance d'Haïti, entre autres.
Les importations haïtiennes de biens et services ont augmenté de manière constante entre
1995 et 2000, avant de chuter en 2001 et 2002 du fait de la récession. Ces importations sont
largement dominées par les marchandises (en moyenne, trois quarts du total depuis 1995). Les
principales importations sont les produits alimentaires dont l’importance est en diminution (ils
représentent encore près de 31% des importations de marchandises), suivis des articles
manufacturés (28,5% de la valeur des importations en 2000) dont la part est en constante hausse.
La balance commerciale haïtienne est négative26, ce qui signifie que le pays vit au-dessus
de ses moyens puisqu'il consomme et investit plus qu'il ne produit de richesses. Une balance
négative doit être compensée par des emprunts auprès d'agents extérieurs ou en encore en
vendant des actifs possédés à l'extérieur du pays.
Les investissements directs étrangers28 et plus précisément les entrées nettes, représentent
les exportations de capitaux d’un pays vers un autre. L’objectif est d’acquérir une part à la
participation d’une entreprise, voire d’en créer une. Dans ce cas précis, une entrée positive
équivaut au « surplus » de ce que l’économie d’un pays reçoit par rapport à ce qu’elle envoie dans
une autre économie.
En 1994, les entrées nettes représentaient un chiffre négatif de 2 800 000 dollars, alors
qu’elles représentent en 2004 un chiffre positif de 5 900 000 dollars (et 184 033 333 dollars en
2010). La situation de 1994 est clairement influencée par les années de troubles diplomatiques et
sociales sous la dictature de 29 ans de la famille Duvalier (« Papa Doc » et « Baby Doc »). De
plus, la situation résulte aussi des années de crise causées en parties par l’embargo américain
pendant la période 1991-1994.
25
Rapport du Secrétariat de l’OMC, 7 septembre 2003
26
Voir annexe 20
27
Rapport du secrétariat de l’OMC, 7 septembre 2003.
28
Voir annexe 21
13
Néanmoins, le bilan de 2004 reflète bien le sursaut du pays. En effet, ce sursaut est la
conséquence du soutien et de l’influence des Etats-Unis dans l’effort du pays de repartir sur de
bonnes bases, mettant un terme aux troubles politiques et sociaux, mais aussi dans
l’établissement du programme inspiré par ces derniers. Ce renouveau et l’implication d’une des
plus grandes puissances mondiales ainsi que son ambition par l’établissement du programme des
objectifs décidés pendant la Troisième Conférence des Nations Unis sur les Pays les Moins
Avancés pour l’intérêt de ce pays a clairement remotivé les investisseurs étrangers et redynamisé
l’économie du pays.
2. Taux de commerce
Cet indicateur29 représente la valeur totale des importations (biens et services) ainsi que la
valeur totale des exportations (biens et services), en pourcentage par rapport au PIB. Il permet
ainsi de prendre connaissance de l’ouverture d’une économie par rapport à l’étranger. Ainsi, plus
le pourcentage est élevé et plus l’économie de ce pays est ouverte.
L’année 1994 représente visiblement l’année la moins ouverte, avec un taux de 17,09%,
ce qui établit un contraste notoire avec les 57,19% de 2004. On peut observer une nette
augmentation de 1994 à 1995. L’année 1994 signe l’arrivée au pouvoir d’Aristide, et dès cette
date, le taux de commerce est croissant jusqu’à atteindre un chiffre record de 62,14% en 2003.
3. Dette haïtienne
La dette haïtienne est un sujet épineux et à l’heure d’aujourd’hui encore très controversé.
En effet, cette dette a une origine lointaine et a pourtant des conséquences encore très actuelles.
Appelée « la dette française de l’Indépendance », elle remonte à l’indépendance du pays par
Toussaint Louverture en 1804 et correspond à 150 millions de franc-or de l’époque, soit 21
millions de dollars actuels. Cette dette, malgré l’indépendance et l’auto-détermination du pays,
représentait un instrument néocolonial permettant d’entretenir l’accès aux multiples ressources
naturelles du pays pour la métropole. Ainsi elle fut contractée en signe « de dédommagement
pour les anciens colons ». Le remboursement au FMI (certains le justifient par le poids important
de la France dans l’organisation) se fit par versements successifs jusqu’au remboursement total.
Néanmoins, la dette actuelle s’est essentiellement formée sous le régime des Duvalier (de 1957 à
1986, soit 29 ans). Ces derniers ont détournés une grande partie des prêts fournis par des bailleurs
de fonds. Ainsi, le pays a cumulé 1,2 milliards de dollars de dettes jusqu’en 2004. La dette se
divise entres autres en trois parties : 214 millions de dollars aux Club de Paris30 et FMI, 447
millions de dollars à la BID (Banque Interaméricaine de Développement) et 295 millions de
dollars au Venezuela.
Suite aux nombreuses catastrophes et aux difficultés de subsistance que connait le pays,
une partie du remboursement de la dette, en l’occurrence le remboursement de la dette au Club
de Paris et au FMI, a été annulée. Aujourd’hui, le pays souffre encore de ce poids et une partie
considérable du remboursement de la dette reste en suspens. Les chiffres sont explicites,
29
Voir annexe 22
30 Le Club de Paris est un groupe informel de créanciers publics dont le rôle est de trouver des solutions
coordonnées et durables aux difficultés de paiement de pays endettés. L’origine du Club de Paris remonte en 1956
lorsque l'Argentine accepta de rencontrer ses créanciers publics à Paris. Depuis, le Club de Paris a conclu 421 accords
avec 88 pays endettés. Depuis 1956, le montant total de la dette traitée par les accords du Club de Paris s'élève à 553
milliards de $. http://www.clubdeparis.org/
14
néanmoins, il est difficile de dater et de chiffrer le montant des remboursements, et
principalement, le montant de la dette extérieure concernant la période qui nous intéresse.
Malgré cela, nous possédons les chiffres des exportations et des importations de biens et
services entre 1994 et 2004. Ainsi, les exportations représentent 129 122 000 dollars (1994) et
547 770 000 dollars (2004), contre 277 460 000 (1994) et 1 648 660 000 dollars (2004) pour les
importations. Le PIB (en dollars constants) de 2004 atteint les 3 840 900 000. Ainsi, la dette de
2004 représente 34% du PIB. Elle représente une partie conséquente des revenus du pays. Il est
dès lors difficile d’imaginer, sans une aide financière extérieure31, la possibilité pour le pays de
relancer l’économie nationale.
4. Flux de capitaux et importance de la diaspora haïtienne
Par rapport aux flux de capitaux, ce graphique32 est intéressant car il nous montre les
chiffres concernant la population réfugiée à l’étranger d’origine haïtienne. Il nous montre une
nette progression de la population entre 1995 et 1999, de l’ordre de 11%, et correspondant à la
période durant laquelle Préval était au pouvoir. Ce taux redescend et reste relativement stable
entre 1999 et 2004, date du mandat du président Aristide. L’année 1997 enregistre le taux le plus
haut avec plus de 15 481 de réfugiés.
Les entrées de capitaux sont principalement liées à la forte diaspora33 haïtienne éparpillée
à travers le monde.
Ces nombreux Haïtiens émigrés représentent une source et une manne financière non
négligeable pour le pays. En effet, aujourd’hui, les transferts financiers de la diaspora représentent
35% du PIB. Ces transferts ont connu une croissance exponentielle pour pallier à l’embargo
imposé par les USA entre 1991 et 1994. En 1994, les transferts financiers représentaient moins de
50 millions de dollars, contre 100 millions de dollars en 1995. Le chiffre record est atteint en 2008
avec plus d’1,8 milliards de dollars. Depuis l’an 2000, ces transferts représentent 3 voire 4 fois la
valeur des exportations haïtiennes, et le double du budget national. D’après une source34, près de
31% des familles haïtiennes reçoivent de l’argent de la diaspora. Cet argent se dirige en majorité
aux dépenses pour la consommation courante, dans les biens intermédiaires, dans le paiement
des dépenses d’éducation et de santé ainsi qu’au milieu rural. Ces transferts d’argent de la
31
A noter qu’après les différentes catastrophes subies par le pays, le BID et la Banque mondiale ont prêté 130 et
100 millions de dollars, et le FMI a accordé un prêt à taux 0% de l’ordre de 100 millions de dollars.
32
Voir annexe 23
33
Par extension, l’éparpillement d’un peuple.
34
http://www.lenouvelliste.com/
15
diaspora signifient, pour la population émigrée comme pour la population sur le territoire, une
manière de ne plus dépendre seulement des activités de charité ou de philanthropie mais bien un
moyen de rentrer dans des activités d’investissement. Autant dire qu’ils ont une réelle fonction
structurale dans l’économie et dans la société haïtienne.
35
Mémoire du Gouvernement Haïtien, lors de la Troisième Conférence des Nations Unis sur les Pays les Moins
Avancés, en 2001 à Bruxelles.
36
Voir annexe 24
16
- le standard de vie, qui est calculé à partir du PIB par capita et du PPA Parité du pouvoir
d’achat.
Cela signifie, non pas que les indicateurs augmentent proportionnellement, mais qu’il
suffit qu’un seul des trois indicateurs s’accroisse pour voir l’indicateur de développement humain
augmenter. Ce taux est de 0,487 en 1995, soit moins de la moyenne. En 2005, le taux atteint
0,529. Ainsi, il suppose une amélioration relative des conditions de vies de la population locale.
Néanmoins, il semble intéressant d’affirmer que ce taux reste encore très bas.
Il est difficile de trouver les données relatives à la période étudiée, néanmoins, nous
savons qu’en 2000, Haïti est classé au 150e rang sur 174. Il se classe ainsi devant le Rwanda (qui
occupe le 162e rang), mais derrière l'Afrique du Sud (107e rang). Cet indicateur nous permet donc
de confirmer la place et la prépondérance du pays par rapport à l’ensemble des autres pays. Ainsi,
nous pouvons en déduire qu’Haïti appartient à la catégorie de pays qu’on pourrait désigner
comme « pays les moins avancés ».
Le seuil de pauvreté
Cet indicateur représente le niveau de revenu au-dessous duquel un ménage est considéré
comme pauvre. Ce seuil prend des valeurs radicalement différentes selon les pays considérés,
qu’ils soient développés ou en développement. Dans le cas d’Haïti et d’après les données, 80%
des Haïtiens vivent en dessous du seuil de pauvreté et 54% dans la pauvreté la plus totale, ce qui
fait du pays le plus pauvre du continent américain.
Sans pouvoir dater ces informations et se basant du point de vue de la répartition des
richesses, on estime qu’en Haïti seulement 4% de la population possèdent 66% des ressources du
pays, 16% de la population détient 14% des ressources du pays, 70% en possèdent à peine 20% et
les 10% restants vivent totalement démunis. Ces chiffres nous démontrent bien l’inégalité
persistante de la population par rapport à l’accès aux richesses et peut ainsi nous permettre de
comprendre certaines origines des troubles sociaux qu’a connu le pays entre 1994 et 2004.
La courbe de Lorenz est la représentation graphique du rapport entre la part des ménages
les moins riches et la part du revenu qu’ils perçoivent, ainsi, selon ce document, 80% de la
37
Voir annexe 25
17
population ont un revenu inférieur à ce qu’une égalité parfaite est censée distribuer et les 20%
restant perçoivent alors les 68% du revenu total du pays.
18
IV. POLITIQUE ECONOMIQUE
A. APERÇU HISTORIQUE
Entre 1995 et 2002, l’économie haïtienne a enregistré des taux de croissance quasiment en
constante baisse, et même une récession entre 2000 et 2002. Les années de croissance sont avant
tout celles d'une bonne performance du sous-secteur de la construction et des bâtiments. Elles
sont également le résultat d'un accroissement remarquable des exportations réalisées par des
entreprises manufacturières, et de certaines productions agricoles. Par exemple, entre 1996 et
2000, les exportations de biens ont connu un taux de croissance annuel moyen d’environ 18%
malgré les médiocres résultats du dernier exercice.
L'économie survit aujourd'hui grâce à l'aide internationale (10 % du PIB) et, surtout, aux
remises de salaires de la diaspora haïtienne (20 % du PIB). Cette apathie économique s'explique
largement par l'instabilité politique du pays. La situation s'est un peu améliorée, mais la
gouvernance reste aujourd'hui extraordinairement fragile. Haïti est classé parmi les pays les plus
corrompus au monde par Transparency International. La violence politique y est presque
institutionnelle. Avec un service policier inadéquat et corrompu, elle a engendré une criminalité
d'une rare ampleur. Il est alors difficile d’encourager l'entreprise et d’attirer les investisseurs dans
ces conditions. L'instabilité politique et une gouvernance déficiente nourrissent la stagnation
économique et la misère autant qu'elles se nourrissent d'elles. Le manque de perspectives
économiques et la pauvreté croissante attisent la lutte pour la survie, la violence, le crime et la
corruption à tous les niveaux de la société.
B. POLITIQUE FISCALE
Considérée comme une arme efficace de politique économique et sociale dans les pays
développés, en Haïti, la fiscalité ne participe que très peu au développement économique. La
politique fiscale pratiquée ne mobilise pas la quantité d’épargne conduisant à l’accumulation de
capital. L’accroissement attribué à une amélioration de la politique fiscale est en réalité un
accroissement nominal dû à l’inflation. L’État ne joue pas suffisamment son rôle qui consiste à
19
rendre plus productive l’entreprise privée. L’insuffisance des recettes collectées pousse les
décideurs politiques à recourir à l’aide internationale ou à solliciter des emprunts auprès de la
banque centrale ou des grandes institutions financières internationales : Banque mondiale, FMI,
BID. Le recours à l’aide extérieure et aux prêts a conduit le pays à une dépendance économique
très importante.
C. POLITIQUE COMMERCIALE
Pendant le Cycle d’Uruguay38, Haïti a consolidé les droits d'entrée sur tous les produits
agricoles et sur quelques produits non-agricoles
Le pays a exécuté des réformes qui ont substantiellement libéralisé son économie et en
ont fait l'une des plus ouvertes d'Amérique Latine et de la Caraïbe. Toutefois, la mise en œuvre
de la composante structurelle des réformes demeure hésitante, ce qui affecte négativement la
performance de l'économie étant donné que la plupart des entreprises publiques en difficultés
fournissent des services de base nécessaires à la production.
38 Dernier et plus important des cycles de négociations internationales ayant eu lieu dans le cadre de l'Accord général sur
les tarifs douaniers et le commerce (GATT), entre 1986 et 1994. Le cycle d'Uruguay a abouti aux accords de Marrakech (avril
1994), et a finalement donné naissance à l'Organisation mondiale du commerce (1995).
20
D. POLITIQUE MONETAIRE
Le taux de change de la gourde est déterminé par le marché, les autorités maintenant un
système de taux de change flottant depuis 1996. Jusqu’en 1999, le taux de change gourde/dollar
US s’était maintenu aux environs de 17 gourdes pour un dollar. La gourde s’est ensuite fortement
dépréciée, le taux de change atteignant plus de 28 gourdes pour un dollar US en septembre 2000,
et 43,22 gourdes pour un dollar au 8 juillet 2003.
Au cours des dernières années, l’économie haïtienne a également été caractérisée par un
phénomène de dollarisation. En janvier 2003, les dépôts en dollars US représentaient 47,5% du
total des dépôts (contre 38% en juin 2000) tandis qu’en juin 2003, 52,5% des prêts consentis par
les banques commerciales au secteur privé étaient libellés dans cette même devise (contre 41% en
juin 2000). Cette tendance est la conséquence de plusieurs facteurs dont le principal est
l’incertitude relative à la situation politico-économique et donc à la stabilité de la gourde
haïtienne.
E. POLITIQUE BUDGETAIRE
Les réformes en matière de politique budgétaire entreprises au cours des années 2000
visaient essentiellement à réduire les déséquilibres hérités des années d’embargo. Les principales
réformes ont été entreprises dans le cadre des programmes supportés par le FMI et visaient à
limiter le déficit public, ainsi qu’à faciliter les financements extérieurs devant aider à
l’accomplissement de progrès économiques. Ces réformes devraient permettre de diminuer le
financement monétaire du déficit de l’administration centrale, les programmes appuyés par le
FMI étant complétés par un programme de "cash-management" convenu entre la BRH et le
Ministère de l’économie et des finances (MEF) et destiné à assurer une synchronisation entre les
dépenses budgétaires et les recettes fiscales. Les efforts en termes de politiques budgétaires ont
essentiellement porté sur le contrôle de la masse salariale, l’amélioration des procédures de
gestion de trésorerie et de programmation des dépenses, le renforcement de la capacité des
organes de perception de recettes publiques, et l’élargissement de l’assiette de certains impôts.
21
financement extérieur et aux dépenses liées à l’organisation du scrutin dans un climat électoral
tendu. De ce fait, le financement monétaire du déficit public a dépassé les objectifs prévus par le
programme de "cash-management", atteignant environ 2,5% du PIB en 2000, 2,4% en 2001 et
2,6% en 2002.
22
V. POLITIQUE D’INVESTISSEMENT
L’un des points positifs de l’étude est l’engagement pour la population que semble
prendre le gouvernement dans ses objectifs institutionnels. En fonction du bilan ci-dessus mis en
exergue par le dossier de la commission, l’Etat a établi un programme de renforcement des
moyens humains.
Tout d’abord, le gouvernement s’est attelé à créer deux institutions nationales : dans un
premier temps, la création du Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme et
enfin, la mise en place d’un fond d’insertion socio-économique par la Secrétairerie d’Etat à la
Jeunesse, aux sports et au service civique (SEJSSC). Ces institutions visent la promotion de
programmes permettant d’une part, la reconnaissance et prise en compte des difficultés, et d’autre
part, l’établissement de projets concrets visant à diminuer l’impact de ces difficultés.
De plus, il a défini des axes prioritaires d’intervention qui sont l’éducation et la santé. En
effet, l’éducation et la formation sont des éléments centraux car ils déterminent la « capacité du
pays à répondre favorablement au degré de performance de l’économie haïtienne ». L’objectif du
programme concernant l’éducation est l’accomplissement du taux net de scolarisation (au niveau
23
des deux premiers cycles de l’enseignement) aux horizons de 2004 et pouvoir effectuer la
promotion d’une école de qualité accessible à tous. Ainsi, le Ministère de l’Education Nationale
de la Jeunesse et des Sports souhaite augmenter l’offre scolaire, améliorer la qualité de
l’éducation et du système éducatif et effectuer une réhabilitation et une construction
d’infrastructures scolaires.
Ces objectifs seront les conséquences des différentes actions mises en place : il s’agit en
effet d’apporter des subventions à la population en difficulté afin de favoriser l’accès à
l’éducation, de promouvoir un partenariat fonctionnel entre les secteurs privés et publics, d’établir
un programme de crédit au profit des étudiants (cycle universitaire et centre de formation et de
technique), d’établir un programme alternatif d’alphabétisation et enfin d’effectuer un
encadrement des enseignants et des directeurs avec un système de suivi, d’évaluation
d’apprentissage.
Le programme de cette politique d’investissement prévoit un budget de 345 392 000 000
de gourdes (soit 13 815 680 000 dollars US). Ces besoins en investissement devront être
accompagnés de mesures commerciales, d’investissement, de production ainsi que des politiques
fiscales et monétaires.
De plus, il est important de prêter une attention particulière à la corruption présente dans
le pays, au sein du gouvernement ainsi que dans les institutions publiques. L’histoire d’Haïti est
entachée, non seulement par la dictature et la corruption dont ont fait preuve les Duvalier durant
29 ans, mais aussi par les conséquences économiques désastreuses qu’ils ont laissées derrière eux.
En effet, après leur renonciation au pouvoir en 1986, il semblerait que le détournement financier
24
de cette famille soit évalué entre 300 millions et 2 milliards de dollars39. Néanmoins, et malgré
leur évincement du pouvoir du pays et le retour à la démocratie, il semble que la corruption soit
toujours bien présente et un des obstacles les plus persistant au sein du pays. Elle fait d’ailleurs
l’objet de nombreuses remises en cause des organisations internationales. L’indice de
corruption40, établit par Transparency International41 nous permet d’évaluer l’importance de la
présence de la corruption au sein d’un pays. Il est construit à l’aide de sondage d’opinion
d’experts sur leur perception de la corruption au sein du pays et des secteurs publics. Ainsi, ne
pouvant évoquer 1994, les chiffres de l’indice de corruption concernant 2002 atteigne 2,2, pour
enfin atteindre une relative baisse en 2004 avec un indice de 1,5. En effet, cette année marque le
départ du Président Préval et l’administration du pouvoir par un gouvernement provisoire
soutenu par les Nations Unies. Néanmoins, l’année 2006 annonce une nouvelle augmentation,
avec un taux de 1,8%.
Enfin, il est bon de s’intéresser au faible niveau de formation des ressources humaines car
le bas niveau d’éducation impacte sur le degré de performance de l’économie, tout en agissant
négativement sur l’individu en tant que tel et la cohésion sociale.
Au niveau externe, le pays rencontre des difficultés diverses. En effet, de par son passé,
ses difficultés antérieures, le pays et son économie sont largement dépendants de l’assistance
externe. Ainsi, comme présenté précédemment, la diaspora haïtienne représente la 2e source de
revenu des ménages. De plus, le pays connait des obstacles à attirer les investissements et
capitaux étrangers. Ainsi, en 1990 les IDE représentaient 8 millions de dollars, contre 4 millions
de dollars en 1997. Néanmoins, l’augmentation du chiffre des IDE en 1999 est dût au
développement du secteur des télécommunications. Enfin, une dernière difficulté concerne l’idée
d’une coopération externe répondant aux urgences et pas à la vision plus durable souhaitée par
l’Etat. Ainsi, l’Etat haïtien regrette que l’impact de cette substitution étatique par les Etats
extérieurs modifie profondément les structures économiques et sociales du pays.
39
Entre 300 millions et 800 millions selon Transparency International, et entre 500 millions et 2 milliards selon
l'Office des Nations Unies
40
Voir annexe 26
41
Transparency International est une organisation non gouvernementale, crée en 1993, et qui se consacre à la
lutte contre la corruption
25
VI. EVOLUTION DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE
Peu d’informations sont disponibles concernant les résultats des réformes mises en œuvre
par le gouvernement, et les catastrophes naturelles survenues après la période étudiée (surtout le
tremblement de terre de 2010) ont réduit à néant toutes les avancées économiques effectuées
durant les deux décennies précédentes. Cependant, nous savons que la politique économique du
gouvernement haïtien s’est fixé deux grands objectifs : une croissance économique durable et la
réduction de la pauvreté. Ces objectifs seront atteints par le renforcement des actions visant à
améliorer les conditions de vie de la population et à assurer une redistribution équitable des fruits
de la croissance. La lutte contre la pauvreté permettra de réduire sensiblement le nombre
d’Haïtiens vivant au-dessous du seuil de pauvreté absolue et d’améliorer les indicateurs de bien-
être de la population. Au regard de l’évolution du pays entre 1994 et 2004, il est essentiel que ces
objectifs soient atteints pour qu’enfin Haïti puisse espérer sortir de la situation d’extrême pauvreté
dans laquelle elle se situe actuellement.
26
CONCLUSION
Les problèmes que rencontre Haïti pendant cette période sont bien évidemment liés à son
histoire politique. En effet, celle-ci fut particulièrement instable, ce qui permet d’expliquer en
partie sa grande difficulté et sa possible incapacité à profiter non seulement de son potentiel de
développement, mais aussi de mettre en faction ses objectifs et les moyens financiers (qu’ils
soient sous formes d’aide ou bien de prêt) qui lui ont été fournis par les organisations
internationales pendant de nombreuses années.
Ainsi, les différentes perspectives de progrès, que ce soit économiques ou politiques sont
peu encourageantes. Cela pourrait s’expliquer par la constante instabilité politique de la période
étudiée, de la faiblesse des institutions publiques nationales, du niveau d’éducation
particulièrement faible de la population etc. S’ajoute à cela, un mauvais état des infrastructures de
productions et un état inquiétant de toutes les autres infrastructures relatives à la vie quotidienne
(écoles, hôpitaux, routes, etc.).
Néanmoins, il semblerait que la situation du pays ne pouvant être pire, l’Etat n’a d’autres
choix que d’aller de l’avant, d’accepter l’aide internationale et travailler en partenariat avec les
organisations extérieures, pour enfin avoir la possibilité de mettre en place des programmes
concrets et soutenus par tous. C’est ainsi que nous pouvons voir les choses. L’Etat haïtien, pour
faire table rase du passé et des difficultés ancrées dans la société depuis plus d’une dizaine
d’années, exprime la volonté d’avoir une vision positive et tente d’établir des programmes non
seulement susceptibles de fonctionner, mais étudiés pour être proche des réalités.
Malheureusement, les prévisions futures ne sont pas réjouissantes. En effet, le pays doit
faire face à des obstacles plus qu’incontrôlables : les catastrophes naturelles. Ainsi, en 2004
l'ouragan Jeanne s'est soldé par un bilan provisoire de plus de 1 160 morts et 1 250 disparus. Plus
récemment, le séisme de 2010 a réduit complètement à néant les perspectives du pays et de la
population. Encore sous le coup des difficultés, du mauvais état des infrastructures, du manque
de politique sociale et sanitaire, cet épisode malheureux à fait d’énormes ravages. Il s'agit du
séisme le plus important et le plus meurtrier de l’histoire d’Haïti. Le bilan de ce cataclysme
sismique s’élève, au 24 février 2010, à plus de 222 500 morts, 300 000 blessés et 1 000 000 sans-
abri.
Enfin, et à la lumière de tous ces éléments heureux comme malheureux, de ces difficultés
comme de son potentiel, il est bon de garder espoir pour que ce pays et sa population puisse un
jour être apaisés, tourner une nouvelle page de leur histoire et se construire un avenir plus
glorieux.
27
ANNEXES
28
Annexe 3
Annexe 4
29
Annexe 5
Annexe 6
30
Annexe 7 : République Dominicaine (situation géographique).
Annexe 8
Données :
1994 : 16 293 600 000
2004 : 26 117 700 000
31
Annexe 9
Données :
1994 : 33 749 500 000
2004 : 54 098 400 000
Annexe 10
Données :
1994 : 2070,9
2004 : 2800,9
32
Annexe 11
Données :
1994 : 3425,4
2004 : 5620
33
Annexe 13
Annexe 14
34
Annexe 15
Annexe 16
35
Annexe 17
Annexe 18
Données :
1994 : 5,43
2004 : 14,26
36
Annexe 19
Données :
1994 : 11,66
2004 : 42 ,92
Annexe 20
Données :
1994 : -0,98
2004 : -1,45
37
Annexe 21
Annexe 22
38
Annexe 23
Annexe 24
39
Annexe 25
Annexe 26
40
SOURCES
http://www.bibliomonde.com/donnee/haiti-donnees-economiques-301.html
http://www.fao.org/countryprofiles/index.asp?lang=fr&subj=3&iso3=HTI
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/haiti_513/presentation-
haiti_1839/index.html
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/PAYSEXTN/LACINF
RENCHEXT/HAITIINFRENCHEXTN/0,,contentMDK:20225722~pagePK:1497618~piPK:2
17854~theSitePK:461315,00.html
http://www.haiti-reference.com/
http://www.cia.gov/theworldfactbook
http://www.coeurpourhaiti.org/index.php?option=com_content&view=article&id=31&Itemid=
21
http://www.undp.org/french/
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/tend/HTI/fr/BX.KLT.DINV.CD.WD.html
http://www.ladiasporahaitienne.com/
http://brises.org/notion.php/Produit-interieur-brut/PIB/croissance-
economique/notId/32/notBranch/32/
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/chronologie-de-haiti-1492-
2010_495209.html
http://www.potomitan.info/ayiti/deshommes/deshommes.php
http://www.alterpresse.org/spip.php?article1989
http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/020330497048.htm
http://www.ihsi.ht
http://www.tlfq.ulaval.ca
http://www.coeurpourhaiti.fr
http://www.countrystudies.us/haiti
http://alterpresse.org/
http://apps.who.int/
http://www.dette2000.org/data/File/Haiti_DetteOdieuse.pdf.pdf
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=73128&PubDate=2009-08-18
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/haiti/population.shtml
http://www.mpce.gouv.ht/profilpauvretepartirdonnes.pdf
http://www.haitilibre.com/article-2195-haiti-duvalier-l-argent-mysterieux-de-baby-doc-pour-la-
reconstruction.html
41