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Alexandre le Grand à la
lumière des manuscrits et des
premiers imprimés en Europe
(XIIe - XVIe siècle)
Matérialité des textes, contextes et
paratextes : des lectures originales
Sous la direction de
Catherine Gaullier-Bougassas
F
Cet ouvrage a bénéficié d’une aide de l’Agence Nationale de la Recherche
portant la référence ANR-O9-BLANC-0307‑01 et s’inscrit à l’intérieur du
programme de recherches sur la création d’un mythe d’Alexandre le Grand
dans les littératures européennes que Catherine Gaullier-Bougassas, profes-
seur à l’Université de Lille 3 et membre de l’Institut universitaire de France,
dirige et qui est hébergé à la MESHS –Maison européenne des Sciences de
l’Homme et de la Société (CPER 2009‑2010, ANR 2009‑2014).
All rights reserved. No part of this publication may be reproduced stored in a retrieval
system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying,
recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher.
ISBN 978‑2-503‑55414‑3
D/2015/0095/104
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Table des matières
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Table des matières 607
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Les enseignements d’Aristote à Alexandre d’après
le manuscrit 6545 de la Biblioteca Nacional de
España : un manuscrit pour la noblesse
1. A. Arizaleta a qualifié cette époque d’« âge alexandrin » (« Aetas alexandrina : les figures
d’Alexandre le Grand dans les textes hispaniques des xiie et xiiie siècles (avec un excursus sur
la datation du Libro de Alexandre) », dans Hommage à Francis Cerdan, éd. F. Cazal, Toulouse,
2008, p. 49‑65.
2. Pour les aspects encyclopédiques de cet ouvrage, je renvoie aux travaux de I. Michael, The
Treatment of Classical Material in the Libro de Alexandre, Manchester, 1970, A. Arizaleta, La
translation d’Alexandre : recherches sur les structures et significations du Libro de Alexandre, Paris,
1999 et I. Uría, Panorama crítico del mester de clerecía, Madrid, 2000, p. 175‑213.
3. Il est décrit dans Pseudo-Aristóteles, Poridat de las poridades, éd. Ll. A. Kasten, Madrid,
1957, p. 24‑25 ; Inventario general de manuscritos de la Biblioteca Nacional, Madrid, 1987, p. 211 ;
Bocados de oro, éd. M. Crombach, Bonn, 1971, p. xxvi ; H. O. Bizzarri, « Poridat de las poridades.
Secreto de los secretos », dans Diccionario filológico de la literatura medieval española. Textos y
transmisión, éd. C. Alvar et J. M. Lucía Megías, Madrid, 2002, p. 928 ; Pseudo-Aristóteles, Secreto
de los secretos. Poridat de las poridades. Versiones castellanas del Pseudo-Aristóteles Secretum secre-
torum, éd. H. O. Bizzarri, Valence, 2010, p. 38.
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118 Hugo O. BIZZARRI
4. Cette tradition est étudiée par M. Haro Cortés, Los compendios de castigos del siglo xiii :
técnicas narrativas y contenido ético, Valence, 1995 ; M. Haro Cortés, Literatura de castigos en la
Edad Media : libros y colecciones de sentencias, Madrid, 2003 ; A. E. Ramadori, Literatura sapien-
cial hispánica del siglo xiii, Bahía Blanca, 2001 ; C. Alvar, Traducciones y traductores. Materiales
para una historia de la traducción en Castilla durante la Edad Media, Alcalá de Henares, 2010,
p. 83‑111.
5. Libro de los doze sabios o tractado de la nobleza y lealtad [ca. 1237]. Estudio y edición, éd.
J. K. Walsh, Madrid, 1975, p. 33-42 ; H. O. Bizzarri, « Le croisement de cultures dans le Libro
de los doze sabios », dans Didaktisches Erzählen. Formen literarischen Belehrung in Orient und
Okzident, éd. R. Forster et R. Günthart, Francfort-sur-le-Main, 2010, p. 234‑253.
6. Pour les sources de cet épisode, je renvoie à G. Cary, The Medieval Alexander, Cambridge,
1956, p. 98‑99 et 151 et F. Doufikar-Aerts, Alexander Magnus Arabicus. A Survey of the Alexander
Tradition through Seven Centuries : From Pseudo-Callisthenes to Sūrī, Louvain, 2010, p. 24‑25 et
un manuscrit pour la noblesse EN ESPAGNE 119
123‑128 ; pour connaître sa diffusion en Espagne, voir M. R. Lida de Malkiel, « La leyenda de
Alejandro en la literatura medieval », dans eadem, La tradición clásica en España, Espluges de
Llobregat, 1975, p. 184 ; M. R. Lida de Malkiel, La idea de la fama en la Edad Media castellana,
Mexico, 1952, p. 173. Récemment M. J. Díez Garretas (« Los secretos que guardan las paredes :
dos nuevos poemas en romance castellano de principios del siglo xiv. Edición y estudio »,
Revista de literatura medieval, 24 (2012), p. 11‑37) évoque la découverte d’un poème du xive
siècle qui parle de la mort d’Alexandre.
7. Libro de los buenos proverbios. Estudio y edición crítica de las versiones castellana y árabe,
éd. C. Bandak, Saragosse, 2007 ; M. Haro Cortés, Los compendios de castigos, op. cit., p. 54‑56 ;
M. Haro Cortés, Literatura de castigos, op. cit., p. 16‑24 ; A. E. Ramadori, Literatura sapiencial,
op. cit., p. 95‑114 ; F. Rodríguez Adrados, Modelos griegos de la sabiduría castellana y europea.
Literatura sapiencial en Grecia y la Edad Media, Madrid, 2001, p. 264‑272.
8. F. Rodríguez Adrados, Modelos griegos, op. cit., p. 108 et 111.
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120 Hugo O. BIZZARRI
9. G. Cary, The Medieval Alexander, op. cit., p. 23 ; M. Haro Cortés, Los compendios de casti-
gos, op. cit., p. 50‑54 ; M. Haro Cortés, Literatura de castigos, op. cit., p. 25‑38 ; A. E. Ramadori,
Literatura sapiencial, op. cit., p. 77‑114 ; F. Gómez Redondo, Historia de la prosa medieval cas-
tellana. I. La creación del discurso prosístico : el entramado cortesano, Madrid, 1998, p. 455‑470 ;
C. Alvar, Traducciones y traductores, op. cit., p. 86‑89.
10. H. Goldberg, « Moslem and Spanish Christian Literary Portraiture », Hispanci Review,
45 (1977), p. 311‑326 ; M. Haro Cortés, « Los esquemas biográficos en la prosa gnómica del siglo
xiii : el caso de los Bocados de oro », Quaderns de filologia. Estudis literaris, 1 (1995), p. 415‑432 ;
A. E. Ramadori, Literatura sapiencial, op. cit., p. 84‑95 ; F. Rodríguez Adrados, Modelos griegos,
op. cit., p. 183‑260.
un manuscrit pour la noblesse EN ESPAGNE 121
11. G. Cary, The Medieval Alexander, op. cit., p. 21‑22 ; M. Haro Cortés, Los compendios
de castigos, op. cit., p. 57‑62 ; M. Haro Cortés, Literatura de castigos, op. cit., p. 12‑16 ; A. E.
Ramadori, Literatura sapiencial, op. cit., p. 116‑138 ; F. Rodríguez Adrados, Modelos griegos, op.
cit., p. 295‑308.
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122 Hugo O. BIZZARRI
12. Libro de Alexandre, éd. J. Casas Rigall, Madrid, 2007, v. 48 et 50 ; G. Lalomia, « I consi‑
gli di Aristotile ad Alessandro : tradizione orientale e rilaborazione occidentale », Revista de
literatura medieval, 14/2 (2002), p. 31‑48.
13. Libro del cauallero Zifar (El Libro del cauallero de Dios), éd. C. P. Wagner, Ann Arbor,
1929, p. 254.
un manuscrit pour la noblesse EN ESPAGNE 123
Le manuscrit à la loupe
14. T. González Roldán, « Las cartas consolatorias de Alejandro Magno a su madre : Estudio
y edición de sus dos recensiones », dans Estudios ofrecidos al profesor José Jesús de Bustos Tovar,
éd. J. L. Girón Alconchel, S. Iglesias Recuero, F. J. Herrero Ruiz de Loizaga et A. Narbona,
Madrid, 2003, t. 2, p. 1117‑1133.
15. El Poema de Alfonso xi, éd. Y. T. Cate, Madrid, 1956, v. 100‑156 ; M. F. Nussbaum, Claves
del entorno ideológico del Poema de Alfonso xi, Lausanne, 2012, p. 66‑68.
16. Gutierre Díaz de Games, El Victorial, éd. R. Beltrán, Madrid, 1994 ; R. Beltrán, « Huellas
de Alejandro Magno y del Libro de Alexandre en la Castilla del siglo xv : un modelo para la
historia y la biografía », dans L’historiographie médiévale d’Alexandre le Grand, éd. C. Gaullier-
Bougassas, Turnhout, 2011, p. 155‑172.
17. M. Crombach, Bocados de oro, éd. cit., p. xxvi.
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124 Hugo O. BIZZARRI
garde une série d’annotations réalisées en tant que prueba calami où figurent
des détails d’un procès dans lequel Juan, moine de Saint-Jacques, représente
Fray Díaz de Zetino contre María de Aguirre, femme d’Alonso de la Fuente,
pâtissier. Le procès fut suivi par Juan de Villegas. Une date y figure, « a doce
diaz del mes de agosto de mill y seiscientos y quince años » (fol. 1 r, « le
12 août 1615 »). Rien n’est connu ni sur ces personnages, ni sur l’affaire. Nous
apprenons au mieux que le codex des Bocados de oro devait appartenir à des
laïcs au début du xviie siècle.
Aucun autre élément ne favorise une localisation plus précise du manuscrit.
Au xve siècle, les anciennes collections de proverbes étaient toujours en vogue.
En effet, presque tous leurs codices peuvent être datés entre la fin du xive et la
fin du xve siècle. Précisément, on conserve seize manuscrits des Bocados de oro,
un nombre inhabituel pour les textes hispaniques, et ils appartiennent tous
au xve siècle. Durant cette période, on ajoute à l’œuvre sept chapitres initiaux
qui racontent l’histoire d’un roi fictif : appelé Bonium, il est à la recherche
de la sagesse. Ces codices se divisent aussi en deux groupes : ceux qui insèrent
comme chapitre final l’Historia de la doncella Teodor, un récit issu des Mille
et une nuits qui retrace le débat érudit entre cette jeune femme et des savants
du roi jusqu’à la défaite totale de ces derniers18 ; ceux qui proposent à la fin
la Vida de Segundo, une biographie qui, réalisée peut-être dans des milieux
pythagoriques, relate le dialogue entre ce philosophe et l’empereur romain
Hadrien19. Tout cela permet de constater que la copie de l’œuvre demeura
inventive au xve siècle. Par conséquent, l’intention du manuscrit 6545 de la
Biblioteca Nacional de España de présenter la biographie d’Aristote sous une
nouvelle forme n’est pas si surprenante.
Vers le milieu du xiiie siècle, Alphonse X avait traduit ces collections pour
appuyer sa réforme juridique20. Une instruction morale de la royauté et de
la noblesse était requise afin d’accepter ce nouvel ordre juridique. Mais les
indications de possesseurs de certaines copies manuscrites du xve siècle des
Bocados de oro montrent un changement parmi les destinataires. Quelques-
unes mettent en évidence sa diffusion dans des milieux ecclésiastiques : le
codex de Madrid, Biblioteca Nacional de España, 6936, appartint jusqu’en
1524 au prêtre Ambrosio de los Ríos de l’Ordre de Saint Dominique ; celui
21. Il s’agit d’un domaine de recherche inexploité jusqu’à nos jours. J’ai essayé de donner
quelques précisions dans « La littérature parémiologique castillane durant l’imprimerie pri‑
mitive (1471‑1520) », dans Tradition des proverbes et des exempla dans l’Occident médiéval / Die
Tradition der Sprichwörter und exempla im Mittelalter, éd. H. O. Bizzarri et M. Rohde, Berlin,
2009, p. 299‑331.
22. Éd. H. O. Bizzarri, op. cit., p. 105.
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126 Hugo O. BIZZARRI
[Le premier traité aborde les manières des rois. Le deuxième traite de
la condition du roi, de ses manières et de comment il doit agir avec lui-
même, avec ses possessions et avec ses jugements. Le troisième traite de la
manière d’exécuter la justice. Le quatrième traite des huissiers, des écri‑
vains, des adelantados, ainsi que des chevaliers et de la façon de les armer.
Le cinquième traite des messagers du roi. Le sixième expose comment
disposer de l’armée. Le septième traite de la stratégie lors des batailles. Le
huitième traite des savoirs cachés, des propriétés des pierres, des plantes
et des animaux, ainsi que des secrets étranges de la physique.]
Mais ce plan bien détaillé fut altéré dans les manuscrits qui n’hésitèrent pas
à subdiviser de façon absurde les chapitres. Dans le même ordre d’idées, il
faut ajouter encore les expurgations, qui concernent spécialement les sections
destinées aux batailles et aux savoirs secrets, les plus controversés.
La transmission du Poridat de las poridades revêtit trois formes. Un manus‑
crit, le manuscrit L, transmet le texte en tant qu’œuvre indépendante23. Il s’agit
justement d’un codex de la fin du xiiie siècle, ce qui assure cette autonomie.
Plus fréquemment, dans les manuscrits M, N et S, l’œuvre fut associée à des
copies du Libro de los buenos proverbios : l’un de ces témoignages manus‑
crits date de la fin du xiiie siècle, ce qui dénote l’ancienneté de cette union ;
les autres diffusent Poridat de las poridades avec des œuvres du xve siècle.
Durant cette même période, un manuscrit tardif, le ms. O, l’assemble avec les
Bocados de oro. Dans cette association avec d’autres textes sapientiels, les écrits
s’unissent précisément grâce à la matière aristotélico-alexandrine. L’intention
est claire : réaliser un compendium des connaissances transmises sur Aristote et
Alexandre, qui se voient ainsi surévaluées par rapport aux autres qui figurent
dans ces collections24.
Revenons sur le manuscrit de Madrid, Biblioteca Nacional de España,
6545, et sa copie des Bocados de oro. L’œuvre originelle comprenait les bio‑
graphies de vingt-deux savants, un chapitre sur les « dichos de muchos sa‑
bios » (« dits de plusieurs savants ») et un dernier sur « los dichos que non
sopieron quien los dixo » (« les dits anonymes »). Ce codex n’inclut que
les chapitres des vingt-deux biographies, peut-être dans l’intention de bâtir
l’œuvre comme une galerie d’anciens savants. Son texte ne présente pas non
plus la série des philosophes dans leur ordre originel. Les biographies unies
23. Je donne les sigles des manuscrits : L (Lisbonne, Biblioteca Nacional, 46) ; M (El Escorial,
Biblioteca del real monasterio de San Lorenzo, L.iii.2), N (El Escorial, Biblioteca del real mo‑
nasterio de San Lorenzo, H.iii.1), S (Salamanque, Biblioteca universitaria, 1763) et O (Madrid,
Biblioteca Nacional de España, 6545).
24. Voir H. O. Bizzarri, éd. cit., Pseudo-Aristóteles, p. 41.
un manuscrit pour la noblesse EN ESPAGNE 127
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128 Hugo O. BIZZARRI
que dize[n] Poridat de las poridades. El que fizo el filosofo leal Aristotiles.
(fol. 6 r)
[Loué soit le nom de Dieu, seigneur de tous. Mon seigneur m’ordonna à
moi, Aristote, de rechercher le livre appelé Poridat de las poridades, qui
traite des manières de gouverner le royaume et qui fut composé par le
fidèle philosophe Aristote.]
Il s’agit d’une erreur qui est le fruit de la manipulation du texte. Le fragment
est inséré entre les conseils d’Aristote ; par conséquent, on continue à attribuer
un rôle capital au philosophe, qui part à la recherche de son propre livre.
Une autre modification concerne le temple où est découvert le fameux
livre. Dans le texte original, il s’agissait d’un endroit construit par Hermès le
Grand. Ce dernier était considéré comme le père de l’alchimie. Une légende
indiquait que, avant le Déluge, il cacha ses écrits alchimiques dans un tunnel
où ils furent retrouvés par un philosophe appelé Balinus, qui les remit ensuite
à Aristote25. Ici, le récit est de nouveau corrompu et une modification sans
doute volontaire élimine les références à la science alchimique. Le texte relate
donc que le secrétaire de roi, appelé ici Jachiel, arrive au temple d’Abdexanis
« que fizo vno que era mayor por si » (« construit par un plus grand »).
La référence à Hermès est supprimée, d’où la reformulation de la phrase : le
temple fut bâti par un savant supérieur à tous les autres.
Le premier chapitre du Poridat, divisé ici en deux parties, s’intercale au
folio 7 r. Il contient des conseils politiques sur la manière dont un roi doit se
comporter vis-à-vis de son peuple. L’élément oriental est amoindri ; on ne
mentionne que les Indiens et les Perses dans le débat sur le meilleur des rois :
« E dixieron los de india que es escaso para si & para su pueblo faze derecho.
E dixieron los de persia contra ellos quel que es franco para si & para su pueblo
aquel faze derecho » (fol. 7 r, « Les Indiens estimèrent qu’il devait être avare
envers lui-même et droit envers son peuple ; les Perses répondirent qu’il devait
être généreux envers lui-même et droit envers son peuple »). Si Poridat ne se
concentre pas sur la réunion de savants grecs, l’élément oriental est toutefois
moins important : le lapidaire, la description physionomique et les éléments
magiques ont disparu.
Le copiste scinde également le chapitre 2 de Poridat en deux parties :
une première qui réunit des conseils de savants indiens ; une deuxième qui
blâme les secrétaires et conseille à Alexandre de faire attention aux poisons.
25. J. Ruska, Tabula Smaragdina. Ein Beitrag zur Geschichte der hermetischen Literatur,
Heidelberg, 1926.
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130 Hugo O. BIZZARRI
Conclusion
26. Sur les diverses versions de ce récit, voir mon étude « Le Secretum secretorum en Espagne :
de traité médical à miroir de prince », dans Trajectoires européennes du Secretum secretorum
du Pseudo-Aristote, éd. C. Gaullier-Bougassas, M. Bridges et J.-Y. Tilliette, Turnhout, 2015,
p. 187-213.
27. H. O. Bizzarri, « El Secretum secretorum en Castilla : una consecuencia de la censura
parisina », dans Studia Hispanica Medievalia III. IV Jornadas Internacionales de Literatura
Española Medieval, éd. R- E. Penna et M. A. Rosarossa, Buenos Aires, 1993, p. 9‑14.
un manuscrit pour la noblesse EN ESPAGNE 131
Hugo O. Bizzarri
Université de Fribourg
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