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Michel VAXÈS
Député des Bouches du Rhône
Michel VAXES
Député des Bouches-du-Rhône
PERMANENCE PARLEMENTAIRE
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Les données relatives à un suspect innocenté ne seront pas systématiquement effacées :
pourront donc être maintenues dans ces fichiers dits « d’antécédents » des personnes qui, en
réalité, n’en auront pas.
Dans cet esprit, la vidéosurveillance, désormais appelée « vidéoprotection », est
renforcée. Paris se met à la vidéosurveillance, quand Miami l’abandonne, parce que cela
coûte un argent fou et ne sert à rien. La Grande-Bretagne elle-même revient sur le dogme
ruineux de son efficacité. Dans le même temps, vous nous demandez d’accroître au maximum
l’espionnage de l’espace public : les autorités pourront placer des dispositifs de
vidéosurveillance pratiquement partout sur la voie publique ; toutes les entreprises privées
pourront installer des caméras aux abords de leurs établissements. Jusqu’à présent, les
personnes morales de droit privé ne pouvaient installer des caméras sur la voie publique que
lorsque leurs bâtiments étaient exposés à des actes de terrorisme. Cette nouveauté étend cette
implantation pour les risques d’agression ou de vol. Les préfets pourront faire de même le
long du parcours des manifestations et, pour parfaire cette décision, le Sénat a souhaité
prolonger la durée de validité des autorisations d’installation de vidéoprotection dans le
dessein d’éviter un engorgement des préfectures et des commissions départementales. En
définitive, les autorités pourront placer des dispositifs de vidéosurveillance pratiquement
partout sur la voie publique. Ajoutons que, aux fins de prévention du terrorisme, le préfet
pourra demander au conseil municipal d’une commune de délibérer sur la mise en œuvre d’un
dispositif de vidéosurveillance. Les élus devront alors se prononcer dans un délai de trois
mois au maximum.
La possibilité de transmettre aux forces de police les images des parties communes des
immeubles collectifs est également prévue « lors de circonstances faisant redouter la
commission imminente d’une atteinte grave aux biens ou aux personnes », si la décision est
obtenue à la majorité qualifiée des copropriétaires. Vous aviez déjà tenté d’introduire une
disposition analogue dans la loi renforçant la lutte contre les violences de groupe et la
protection des personnes chargées d’une mission de service public. Or, dans une décision de
2010, le Conseil constitutionnel avait estimé que la protection de la vie privée des occupants
des logements n’était pas totalement garantie.
On voit bien que l’objectif véritable n’est pas la sécurité, mais d’habituer le citoyen à
être surveillé.
Plus grave encore, on assiste à une remise en cause des prérogatives régaliennes de
l’État. Il est particulièrement inquiétant d’entendre, en marge des discussions sur cette
banalisation de la surveillance et du fichage, des membres du Gouvernement affirmer que
seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher ont quelque chose à craindre. Un tel discours,
qui supprime la distance entre l’autorité de l’État et la conscience individuelle, est
particulièrement dangereux et malsain.
Nous pensons, à l’inverse, que nous avons toutes et tous à craindre de cette extension du
contrôle social, car elle contribuera, demain, à réduire encore les droits et les libertés.
Le projet comporte aussi, bien sûr, un imposant volet répressif.
Ainsi, en guise de réponse aux difficultés de certaines familles, les rédacteurs ont
imaginé un couvre-feu pour les mineurs de moins de treize ans, qui ne manquera pas
d’entraîner des contrôles abusifs, et un nouveau « contrat de responsabilité parentale » qui
aggravera la marginalisation de certains parents et avec lequel le Gouvernement entend
instrumentaliser l’action sociale en courant le risque majeur de brouiller l’image du travailleur
social qui tente de gagner la confiance des parents et des enfants.
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Enfin, il ne faut pas oublier la procédure proche de la comparution immédiate devant le
tribunal pour enfants, qui achèvera d’aligner la justice des mineurs sur celle des majeurs,
devançant ainsi le débat public sur la réforme prévue de l’ordonnance de 1945.
Le texte prévoit également la pénalisation et l’expulsion expéditive et arbitraire des
squatters, des occupants de bidonvilles ou d’un habitat choisi, une expulsion en quarante-huit
heures des occupants d’habitations hors normes. Mieux, l’article en question prévoit une
amende de 3 750 euros pour le propriétaire du terrain, public ou privé, qui s’opposerait à ces
procédures arbitraires.
Il faut aussi relever la demande de placement sous surveillance électronique mobile des
étrangers condamnés à une obligation de quitter le territoire français, alors que les
migrants ne sauraient être considérés comme des délinquants criminels, et je ne parle pas du
coût exorbitant d’une telle mesure. Une fois encore, ce sont des personnes de droit privé qui
vont assurer la mise en œuvre de ce dispositif qui relève d’une mission régalienne de l’État.
L’article 32 quinquies vise à donner la possibilité aux policiers municipaux de procéder
à des contrôles d’identité et d’alcoolémie. Actuellement, ils ne peuvent faire que des
recueils d’identité ou des relevés d’identité. Ce projet de loi adopté, ils pourront procéder à de
véritables contrôles d’identité. De surcroît, les policiers municipaux pourront effectuer des
dépistages d’alcoolémie sur l’initiative de l’officier de police judiciaire ou sur réquisition du
procureur de la République, en l’absence même d’infraction préalable ou d’accident.
La création d’un délit de vente à la sauvette passible de six mois d’emprisonnement et de
3 750 euros d’amende, alors que la vente à la sauvette ne constituait, jusqu’à présent, qu’une
contravention ; le sur-durcissement des peines encourues par les auteurs d’agression ou de
cambriolage dont les victimes seraient des personnes âgées ; l’introduction de confiscations
automatiques en matière routière ; l’invention de peines plancher encourues dès la première
infraction ; l’élargissement du champ de la peine de sûreté de trente ans de réclusion à des
crimes commis en bande organisée ou avec guet-apens sur une personne dépositaire de
l’autorité publique ; l’extension des possibilités de placement sous surveillance électronique
après l’exécution de la peine ; le renforcement de la visioconférence en matière judiciaire
pour juger un prévenu en audience correctionnelle lorsque celui-ci est détenu : voilà qui
complète le sombre tableau d’un droit pénal transformé en outil de communication politique
au péril de nos principes, de nos libertés et du simple sens de la réalité.
L’État abandonne aussi, de manière manifeste, certaines de ses missions régaliennes
avec l’accroissement des pouvoirs de la police municipale, la création d’une milice policière
baptisée réserve civile, l’instauration d’un vague Conseil national des activités privées de
sécurité, qui entérine et annonce la privatisation croissante de la sécurité, et la possibilité pour
les agents des transports en commun d’expulser des voyageurs par la force.
L’idéologie dangereuse qui a présidé à l’élaboration de ce texte n’est pas nouvelle. Elle
s’inscrit dans la logique des lois Perben, de la loi sur la sécurité intérieure, de la loi sur la
prévention de la délinquance, de la loi sur la récidive, de la loi sur les peines plancher, de la
loi sur la rétention de sûreté, de la loi sur la récidive criminelle et de la loi sur les bandes.
Chaque fois, l’objectif affiché est de lutter contre la criminalité, de protéger les citoyens, de
créer les conditions du bien-être général. Or la réalité est tout autre : le sentiment d’insécurité
augmente avec l’insécurité sociale, et nos principes démocratiques se réduisent comme peau
de chagrin.
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Comme les précédents, ce texte s’annonce inefficace du point de vue des fins qu’il
prétend atteindre mais très efficace au regard de ses fins réelles : il nous prépare une
société du contrôle, fondée sur une stratégie de la tension particulièrement nette dans le
discours prononcé le 30 juillet dernier par le chef de l’État à Grenoble.
Ce n’est certainement pas ainsi que seront réglées la pauvreté, la montée du chômage,
les délocalisations incessantes dont sont victimes les salariés de ce pays, pas plus
d’ailleurs que ne seront réglées la dérégulation et la déstructuration de l’ensemble des
services publics.
Ce n’est pas ainsi, non plus, que sera mis fin à la montée inquiétante de la xénophobie
favorisée par les politiques honteuses du Gouvernement ou que le terrorisme,
conséquence du désespoir que l’ordre international de misère et de violence déverse et
impose aux peuples, cessera. Non, ce n’est pas ainsi.
Pour cette raison et parce qu’un tel texte n’est pas sans danger, notre groupe demande à ce
qu’il soit renvoyé en commission. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et
SRC.)