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L’auteur a également publié : Andrés A. Cáceres y la Campaña de la Breña (1882-1883), Lima,
Asamblea Nacional de Rectores, 2006.
Literario, fondé en 1886 et dont González Prada était devenu président, n’étaient pas
foncièrement antagoniques. La radicalisation n’est perceptible qu’au dernier trimestre
1888, avec le Discours du théâtre Olimpo, qui renvoie, comme le signale I. Tauzin 4,
davantage au radicalisme français qu’aux idées de Mariano Amézaga. La production de
González Prada entre 1885 et 1888 ne peut donc pas être systématiquement rapportée au
radicalisme et il faudrait se demander à partir de quand on peut parler sinon d’une
doctrine du moins d’une pensée et d’un groupe radicaux structurés. 1885, avec
l’apparition de La Revista Social, semble une date trop précoce ; à partir de 1886, avec
le journal La Luz Eléctrica et la fondation du Círculo Literario ? En 1887, lorsque
González Prada prend la direction du Círculo et annonce « estoy a la cabeza de una
asociación que parece destinada a ser el partido radical de nuestra literatura » ? En
1889-1890, avec les journaux La Integridad et El Radical, ce qui paraît être une
hypothèse raisonnable ; ou bien seulement en 1891, lorsqu’est officiellement constitué
le parti Unión Nacional ? Les choses sont plus complexes que ne le laisse penser ce
livre à l’introduction pourtant prometteuse.
En revanche, H. Pereyra met en lumière quelques hommes demeurés dans l’ombre
de González Prada, tels que Carlos Germán de Amézaga et Abelardo Gamarra. Mais
d’autres personnages qui ont aussi joué un rôle éminent, Pablo Patrón, Alberto Químper
et Christian Dam par exemple, ne sont pas évoqués ou bien sont simplement
mentionnés. La présentation de la presse étudiée et de leur fondateurs ou principaux
animateurs (La Luz Eléctrica, La Revista Social, El Radical, La Integridad et La
Caricatura, p. 47-69) est utile et intéressante. Elle permet, notamment, de faire
connaître quelques éditoriaux de González Prada restés inédits (p. 54-56) et de signaler
les premières versions publiées de ses discours, bien qu’Isabelle Tauzin ait déjà réalisé
ce travail d’identification.
Le chapitre deux passe en revue les principaux thèmes qui, selon H. Pereyra,
caractérisent le radicalisme péruvien. Il s’agit de l’anticléricalisme, de la liberté de la
presse, du nationalisme économique, du patriotisme, de l’intérêt pour les ressources du
pays, pour les sciences et les technologies, pour le sort des indigènes, pour la question
sociale, pour les relations internationales, pour le spiritisme, sans oublier les critiques
adressées aux gouvernements de Cáceres et de son successeur Morales Bermúdez.
Quelques exemples tirés de la presse illustrent chacun de ces aspects, de manière plus
ou moins convaincante. Outre le problème évoqué précédemment de la différenciation
du libéralisme, une hiérarchisation était nécessaire. Le penchant pour le spiritisme,
purement anecdotique et relevant de l’air du temps, se trouve ainsi évoqué entre la
critique du cacérisme et l’introduction à la question sociale. Il en résulte un effet de
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I. Tauzin Castellanos, art. cit., p. 523.
González Prada permettent de préciser comment il était perçu par ses partisans à la
veille de son départ en Europe. Le plus long (14 p.), écrit par Luis Ulloa et publié le 30
mai 1891 dans La Integridad, est particulièrement éclairant. Il était resté inédit mais
avait servi de source à Luis Alberto Sánchez, le biographe de González Prada. On
trouve également dans cette annexe des articles de Mariano Torres, de Luis Ulloa et
d’Abelardo Gamarra sur la question sociale (1886, 1890, 1892).
Ce livre, malgré ses faiblesses, constitue un bon point de départ pour une étude
approfondie du radicalisme péruvien qui reste encore à réaliser. Pour les spécialistes de
González Prada, il contribue à préciser le contexte dans lequel se produit son
engagement politique et rend accessible des textes inédits ou peu connus.
04/2010