Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
Ce document fait partie des collections numériques des Archives Paul Perdrizet, le projet
de recherche et de valorisation des archives scientifiques de ce savant conservées
à l’Université de Lorraine. Il est diffusé sous la licence libre « Licence Ouverte / Open Licence ».
http://perdrizet.hiscant.univ-lorraine.fr
71-i-- . . . frnJuzJl n::;-7-
- . . dL- ~ ( f l' • p'f;b
. - r fa#1 L_!:!:~
TIRAGE A PART NE POUVA~T :tTRE MIS DANS LE C,OMMEHCE
REVUE
DE
PHILOLOGIE Dl!:
NOUVELLE SÉRIE
CONT I NUÉE SOUS I.A O JHECTIOH DE
ET D. SERRUYS
LUCRÈCE .
ET LE SYMBOLISME PYTHAGORICIEN
DES ENFERS
PAl\
FRANZ CUMONT
PARIS
LIBRAIRIE O. KLINCKSIEJCK
11, RUE DE LILLE, 11
1920
/
TOCS DHOlTS JlliSERYÉS
LIBRAIRIE C._KLIN<~KSIECK
11, RUE DE LILLE, à PARIS - 7e
point donner prise aux esprits qu'on laisse derrière soi 1. Mais ce
n'est point ainsi que l'entendaient les Pythagoriciens. Pour eux,
la demeure est le' corps, les l~rinnyes sont les passions, et lorsque
l'âme est sortie du corps, elle ne doit pas désirer y rentrer, al).tre-
ment les passions l'y emprisonnent. C'est, remarque Hippolyte,
une allusion à la métempsycose, et il ajoute que, selon Pytha-
gOl'e, «l'âme devient mortelle, si elle est dominée par les Érinnyes,·
c'est-à-dire les pG~ssions, immortelle, si elle échappe aux Érinnyes
ou aux passions 2 )) • La ressemblance de cette observation a vee
les pa&sages cités de Philon saute aux yeux. De même que, sui-
vant les vieilles croyances, l'âme enfermée dans le tombeau
souffrait et périssait si elle n'était point sustentée par des sacrifices,
de même l'âme captive dans le corps, qui est sa sépuHure, peinait et
mourait si elle ne gardait pas sa pureté et s'abandonnait au déré-
glement. Les Furies, qui la brûlaient de leurs torches et la frap-
paient de le:nrs fouets, étaient les vices, selon le symbolisme
philosophique 3. On spécifiait même qu'elles représentaient trois
péchés capitaux: la colère, l'avarice et la luxure "· La Justice,
(~kr,), maîtresse des Érinnyes, était, selon la croyance grecque
partagée par les anciens Pythagoriciens, la déesse qui avec ses
auxiliaires châtie les pécheurs dans le monde souterrain ; mais les
« théologiens.» l'avaient transformée en une divinité cosmique
qui, siégeant dans le Soleil, voit tous les crimes et les punit en
ce monde à l'aide des Furies"·
L'allégorie rapportée par Hippolyte, qui n'a fait que reproduire
une explication traditionnelle de l'école, nous permet de saisir le
véritable sens d'un texte important, qui ne paraît pas avoir été
1. Cf. RonDE, Psyche, Il-l p. 86 note; SAMTER, Gebzzrt, Tlochzeit und Tod, !911,
p.148.
.
2. ~~va..crfla..~ oUv, 9Yicrf, ïto-cÈ -r~v ~uz ~v xat 6vYjt'~'l -ye:v€cr6o:t SŒv U1t6 -cW·1 ,Ep~vUwv
xpcx:r~to:t, -roth:l S.crtt -rti)v 7t~OrJw, xcd c(Ocivcctov, €~v -r<i; 'Eplvt:Î:; bq:n)yn, &. Scr:~ r.éf61J.
3. Cf. NonnEN, op. cit., p. 332 à propos des« Euménides" de Varron. Philon
parle des êLres vicieux oi'-rtv€; &g>pocr~V'f1Ç xo.t à:xo)\a-:rb::; xat O~tÀ['l.ç xa,l &O~x[aç xcû
(i.)J\w'i àp.i.~$~-rwv x 1J p tÜ v yEp.o~cnv.
. 4. LACTANCE, Insl. div., VI, '19, 4: Tres sunt alfectus qui homines in omnia faci-
nora praecipiles agunt: ira, cupiclitas, libido. Propterea poetae Furiae tres esse
clixcrunt. Cf. Servius Aen., VI, 439: " Qui altius de ratione mundi quacsivcrunt
dicunt intra novem hos circulos mun<li inclusas esse virtuLcs, in quibus et iracun-
dia sunt ct cupiditale~, de quibus Lris_tia nascitur, id. est Styx (cf. supra, note 8).
Pour Luc•·èce, 1II, l Olt s. les Furies sont le remords.
5. PéricLioné la Pylhag;oricienne dans Stobée, Ecl. IV, 25, 50 (l. IV, p. 631, 15
lien sc): celle qui n1éprlse ses parenLs {;r;() ts àv0pù5rcwv tJ.~tSa't'ctt, xx~ Ur;O yijv 1!J.E1:'~
,..., ' (.(..! l ... 1 _.., ' .,... ' ',.,. .., ' 1 ~ ' ....
~otrtS{üY 't'({J X.W(t!)
1 '
'tt!)\1 :l.O'Et.. eWV eV (H O:.tWVOÇ X<XXOtO't t0:.7tt'O(J.êV1j 1J7t0 LltX'flÇ X<X.t "'C'l!W
ËvzpOs Oe:Wv of to_trd(JJY Ër:lcrxon:ot. S-cây-'lcrav -cWv tcpayp.cftwv. Cf. Orph. Hym,ne LXII
1 ss.; cf. Dcmosthen. XXV, 11; Dieterich, Nelfyia, 109. - Comparer Proclus
Hymne I au Soleil. 35 ss. et In Tinweum I, p. 31,20 Dichl (cf. in{r,1, n" 20).
234 FRANZ CmiONT
;ô
1
LUCHÈCE P:T LE SYMBOL!S~fE PYTIIAGOH!ClEN DES ENFEUS 235
(-;-quop;i), siégeant dans la matière, châtient les humains comme
ils le méritent ; les démons purificateurs (Y.~Xfhp-;-(Y.ci) épurent
les âmes qui s'élèvent à travers l'atmosphère et passent par les
zones de la grêle et du feu, que les poètes appellent le Tartare et
le Pyriphlégéthon; enfin les démons sauveurs (cr<ùn;p•.Y.ot), placés près
de la lune, assuren tle salut des âmes bienheur?uses, car la sphère
de la lune pour les Pythagoriciens est la limite entre le monde
des dieux et des élus et celui des mortels. Cette doctrine se rnp-
proche de celle de Lucrèce en ce qu'elle n'admet pas l'existence
d'un enfer souterrain et place sur cette terre les supplices des
âmes coupables, mais elle s'en écarte, semble-t-il, en ce que l'exé-
cution du châtiment est confîée à des démons. Mais la différence
est plus apparente que réelle, car les démons, explique ailleurs
Hermès 1, pénètrent à ln naissance dans l'âme et la torturent
pendant qu'elle est unie à la chait·. L'identité fondamentale des
croyances hermétiques et du système pythagoricien apparaîtra
immédiatement si on lit ce passage~ : << L'âme après avoir été
délivrée de son corps, si elle a soutenu le combat de la piété,
devient une pure raison, mais l'âme impie demeure dans sa
propre substance et, se châtiant elle-même, recherche un corps
terrestre. ))
De cet ense.mble de témoignages se dégage la conclusion que
le symbolisme dont Lucrèce s'est fait l'interprète poétique
remonte au moins jusqu'au pythagorisme de l'époque alexan-
drine. L'ancienne école l'a-t-il déjà connu? On ne peut l'affirmer,
et c'est même peu probable, mais certail).es allégories que nous
trouvons répétées par les écrivains de l'Empire, ont une origine
fort reculée 3. Nous savons par Platon que les Pythagoriciens de
son temps interprétaient déjà le mythe des Danaïdes portant de
l'eau dans un crilYle, qui se vide à mesme qu'on le remplit,
comme un emblème des âmes insatiables qui, s'abandonnant à des
désirs sans frein, ne sont jamais repues de jouissances (
28. -Sur les o:x1pme; np.wpof; cf. Plut., De defectu or<te. p. 417 B; Héliodore,
VIII, 9 (p. 231, 9 Bekker); Chalcidius, In n:maeum, 135 et Joseph I{I·oll, Lehren
des Hermes Trismeyistos, 1914, p. 82, 89 s. ; 408.
1. Knou,, op. cit., p. 80 s.; 88.
2. HE mi Ès Trism., KÀétç c.10 (p. 79, 15 Parthey): 'I-I <}u;(~ p.nà. -ro tirto:ÀÀayrjvat
t'OU O':J):La:to; -r0v -rti; ëÙcr~~ë[tX; èt:yDJva. ~y(J>VtO'[J.{y·'l. . . 8À1j voU; "(Îvct~l· ·~ OS à.~J€~~;
Yuy_~ p.ivEt Ëtd 't'~~ tO[aç oùa(C(; U~'Éo:.ut'Yj; xoÀo:.Sop.É'i'lJ xo.t y~t'JOV aWp.a S11-coücra.
3. Cf. p. 232, note 3 et ZELLER, Philos. Gr. I&, p. 452.
4. PLATON, Gorgias, 49'3 B; cf. Axiochus 3i1 E ; Diels, Vorsokrat, P, p. 315
(Philolaüs, fr. ~3) et sur le développen:cnt de l'allégol'ie, Rohde, Psyche, 1 l, p. 327 s.
- S1 les prenners germes de la doclrmc postériem·e peuvent ainsi être décou-
verts chez les contemporains de Platon, je ne crois pas qu'on puisse avec Hcinze
(Xenolœa.tes, p. 136) attribuer la doctrine elle-même à cc philosophe, pas plus qu'aux
236 FRAI'iZ ClDIOI'iT
ÜI'phiques de son temps, qui ont cru, comme lui, à un châtiment des impies dans
·un Tartare souterrain et ont combiné C'elle tradition des supplices infernaux,
avec le dogme de la réincarnation; cf. Hohde, Psyche II, p. 275, 11. 1.
1. LucnùcE, Ill, ·J003 ss. et les notes de Hcinze, cf. III, 935; VI, 17 ss.
2. NonDEN, l. c., p. 332.
3. Le tableau fîgu•·e clans la basilique souterl'aine esl encore inédit (cf. Revue
Archéol. VIII, 1918, p. 68). Il est analogue aux peintm·es aujourd'hui détruites,
qui ornaient la voùte d'un tombeau romain. Le même sujet se l'etrouve sur des
sarcophag·es. Cf. Jahn, Ein romisehes Deckenyemiilde dans Ber. Ges. Vlliss.
Leipzig, 1869, p·. ii s.
4. Cl'. su pm, p. 232. - Le symbole, que rapporte Hippolyte, paraît hien avoir
été combiné par son rrdacLeul', quel qu'il soit, avec J'idée orphique d'une Dikc
assise près du trône de Zeus et qui surveille les actions des hommes. (Ch·ph.,
Hymne, LXII et Dl'mosthène, XXV, 11.)
5. Ovnm, Met. XV, 153 ss.
LUCRÈCE ET LE SYMROL!S'VŒ PYTH AG0l1ICIEN DES ENFERS 2:J7
sée plaçait l'omlH'e d'Hémklès dans l'Hadès, mais des vers, inter-
polés par quelque théologien d'un âge posté1·ieur, ajoutaient que
lui-même (C.()-:6;), c'est-à-dire la véritable personne elu héros, se
réjouissait clans l'Olympe avec les Immortels l. Une scholie fait
remarquer que ce passage implique une distinction en trois élé-
ments O'ÙlfM~, zra<ùov, 'fuz·~, qui est étrangère à Homère, et cette
scholie temonte très probablement à Aristarque, qui fut le coi1-
temporain d'Ennius 2. Mais les Pythagoriciens, que la critique
philologique n'embaerassait guère, s'autorisèrent de cette interpo-
lation de la Nékyiahomérique pour affirmer que l'd6<ùcv et l'âme
gardaient l'un et l'autre une vie particulière; seulement pour eux
l'Hadès est cette terre et l'atmosphère voisine qui est remplie
d'ombres désincarnées. La croyance qu'ils attribuaient ainsi au
Père de la poésie grecque était née probablement à Alexandrie,
où Aristarque apprit à la connaître, sous l'influence de la foi
égyptienne en la survivance du kâ, du « double >> de la personne
distinct de son àme :J. L'appui que les vers de l'Odyssée don-
naient à cette doctrine eschatologique assura la durée de celle-ci,
et l'on voit les Néoplatoniciens s'évertuer de la mettre d'accord
avec leur pmpre psychologie, lorsqu'ils sont amenés à
citer ces vers 4. Particulièrement remarquable est un pas-
sage où Plotin, qui suit probablement ici le Pythagoricien N umé-
nius;, se pose la question de savoir si l'âme peut se rendre dans
l'Hadès, qu'il définit comme « un lieu pire >> (ze:i.pwv ·drro;) sans
préciser sa situation. Sans doute, répond le philosophe, puisqu'elle
a pu descendre sur la terre où se trouve le corps. De même,
lorsque le corps n'existera plus, si elle ne s'arrache pas ~~ l'dèw-
1. HoMÈRE, Od. ),, 601: Trîvos P.''' SlO'E'Iil'~O'(X v~·l 'Hp::o:),'I]EÎ'I]V, 1 sfow),ov· a::J-rà;
ÙÈ p.:-r' à.Oav&.totcrl ÛËolcrt 1 ·dprcê-rcu Èv Oo:Àtn; x~t Mxst xaÀÀ[crcpupo\1 rlli~'lJY. Les vers
d'Homère semblent a voit· inspiPé ceux d'Ovide, Fastes, III, 701: "Ipsa (Vesta)
YiPum (Caesat·em) Papui, simulacraque nucla Peliqui. 1 Quac cccidit fer•·o Caesaris
umbra fuit. 1 Ille quidem caelo positus Iovis atria viclit. » - Sut· l'interpolation
homérique, cf. Rohde, Nekyia cians Rhein. Mus., L, 1R95, p. 625 s. et Psyche, 14,
p. 60. Il y avait ainsi en réalité dans HomèPe une contradiction que Lucien
toupne en ridicule (Dial. mort., 16).
2. Schol. Odyss. ),, 602: rlo~t st~ Tpfct OuxtpsL EL~ slÛrùÀO'J, O'ùJp.rx, ~uzlf'J.. :-oU't'o os
oùx. olosv 6 ttot*'l];. Cf. Rohde, Nekyia, p. 626.
3. MASPEno, Etudes de mythologie et d'archéologie égyptiennes, I, p. 77, 91,
388, 406.
4. PwTIN, Enn. I, 1,12; IV, 3, 27; Proclus ln Remp. I, p. 120, 12 ss.; 172,
12 ss. Knm.r•. Cf. Servius Aen. IV, 654 qui renvoie aussi à Homère.
5. Enn. VI, 4; 16. Le début elu paragraphe, après avoir menqonni\ la xci6o3o;
et !' l<vooo; périodiques des âmes et la métempsycose, ajoute : Ta:u·w yO:p tta:pèt
't'<ÛY ttcî),a:t mpt yux.'l); &ptcrTa: 1tE<ptÀocrO'f1JXÔ-rwv tta:psthî'fa:p.sv, allusion manifeste aux
Pythagoriciens, et en particulier, sans doute, au tPaité flsp1 &'POapcrio:; yuy.~; de
Numénius, qui fut beaucoup lu et commenté clans l'école de Plotin.
LUCRÈCE ET LE SYMBOLIS~Œ PYTHAGORICIEN DES ENFERS 239
elle va là où va l' E7.3(ùf,Q'I. Si au contraire la sagesse a entière-
),:,'1,
ment délivré cette âme de la matière, l'd3uJ),,'I se rend seul dans
l'Hadès, mais elle-même, grâce à sa pureté, s'élève dans le monde
intellig·ible 1.
Parmi les Latins, Ennius n'est point seul à mentionner la divi-
sion triparlite de l'âme. Comme le note le scholiaste de V~rone 2 ,
Virgile parait bien s'en être souvenu lorsqu'il fait dire à Enée sur
le tombeau d'Anchise
..... Salve te recepti
neqmquarn cinercs anirnaeque urnhraeque paternae.
1. Et OS T:·:xv~e),t~ç ÀUcr~ts q:>t). ocroq:>frt, x.X'i àJtSÀOot t't) d0w). ov .sl; t'O'J Xdpm -c6rcov
p..Ovov, œù-rl:} ÙÈ xa.Oaptl)~ Èv 't(f YO"fl't"<}> oùOS•Jo; ~Ç?IpYJpAvou aÙt'~ç.
2. V mo., Aen., V, 81 ; cf. Scholia Veronensia (Thilo et Hagen, Ul, p. 432): " In
h•ia hominem dividit, auimam quac in caclum abit, umbram quae ad inferos, cor-
pus qu[où traditurj sepulturae. Cf. in(ra, note 5,
3. Pr.rNa, Hist. Nat. VII, 55,§ 90.
4. BuacHEr.an, Carm. epigr. 1.339 (H'lme) : " Perpetua sine fine domos mors,
incolit atra 1 Aeternosque levis possidet umbra lares 1 Vi ta subit caelum, corpus
tellure tenetur. CIL XIII, 1568(Aquitaine):" Salvete recepti 1 cari iterum cineres,
animaeque umbraeque tuae nunc)) (imité de Virg·ilc, l. c.). Comparer Büch. 1559:
• Animus sanctus cum marito'st, anima caelo reddita est. "
5. Ssnvms, A en-, IV, 654: « V alde cnim quaeritur apud philosophos quid sit illud
quod inferos petat. Nam tribus constamus: anima, quae superna est et orig·inem
suam petit [cf. p. 232, n. 1], corpore, quod in terra deficit, umbra ... Dcprehen-
dernnt esse quoddam ·simulacrum quod ad nos tri cor po ris effig·iem fictum inferos
petit, et est speeies corporea quae non po test tangi, si cu t:ventus. ,
6. DIOG. LA:Bl\CE VUI, 31 : IHi~<cr60lt Ëv T<T> &ipt op.otOlV "P crw!LOlTt. Cf. Plut. De
fae. lunae M; p. 945 A; cf. Luc. !list. ver. Il, 4; Proclus, In Ti m. I, 290, 10; II,
327 ss. Diehl.
FRANZ CUi\IONT
240
représentait l'apparence (species) d' Homilre, sortant des « temples
de l'Achéron H pour lui révéler les mystères de la nature 1.
On voit combien Ennius, dont Lucrèce se fait l'écho, avait
fidèlement exprimé l'eschatologie pythagoricienne. Or, nous
l'avons dit, il développait au début de ses Annales la doctrine
de la métempsycose, et il paraît avoir _repris encore le même
thème dans une de ses satires intitulée« Epicharme >>. Il est natu-
rel de croire qu'à ce propos il avait parlé de la signification véri-
table des supplices infernaux, puisque cette théorie était un com-
plément du système de la transmigeation des âmes. Nous sommes
ainsi amenés à supposer que la source de Lucrèce, dans le pas-
sage qui nous a longuement occupés, était le vieux poète épique
interprète de Pythagore.
Le morceau qui suit immédiatement ce passage nous apporte
une confirmation indirecte mais frappante du résultat auquel
nous avons abouti. On y trouve d'abord cité un vers, puis
employée une expression qui sont des emprunts eertains aux
Annales d'Ennius 2. Lorsqu'il composait ce développement nou-
veau, Lucrèce avait encore en tête le poème, qui lui avait,
croyons-nous, inspiré toutes les allégories qui précèdent.
Franz CuMONT.
2• SÉRIE
Les n°' III et VI de cette série so'nt en réimpression.
. I
.A short history of the English language and literature for the use of French Stu-
dents, by J. PARii!ENTIER.1887. ln-i2 cartonné ... . ... ... ........... , .. 7 fr. "
II
Chrestomathie de l'ancien ·français (rx 0 -xv• siècles), texte, traduction et glossaire,
parE. DEVILLAHD. 1887. In-12 cartonné ........ . ·....... . ....... . . . .. 7 ft·. »
IV
Précis d'histoire de la 'littérature allemande avec notes bibliographiques et tableaux
synchroniques, par L.-W. CART. 1898. ln-t 2 car tonné . .. .. . .: ..... ·,. . . 7 fr . . »
v
Précis de phon.é tique historique de l'allemand, accompagné de notions de phonétique
descriptive, avec 2 figures et 1 carte coloriée, pa·r F. PIQUET. 1907. !'n-12 cartonné.
7 fr. >>
VII
Grammaire de l'ancien provençal ou ancienne langue d'oc : Phonétique et morpho-
logie, par J. ANGLADE. 1921. In- 12 cartonné .. ;................ . ... . . i5 fr. »
~ibrairieC. KLINCKSIECK, Il, rue de Lille, PARIS, VIle.
Collection pour J'Étude des Antiquités Nationales
Publiée sous la direction de C. JU~LIAN , Membre de l'Institut.
1. LES ANCIENS PEUPLES DE L'EUROPE par G . Do-r;JN, ctoyen
----..,.,...----~~---~---------.. de la Faculte des lettres.
de Hennes . ·J916. In- 8. ca •·t. toil e. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 fr. ,
II. LA LANGUE GAULOISE : G1·ammaire, textes el g lo ss~ ir e, pat· G . DoT-
. TIN , doyen de. la Fa c u !Le des le ttres de-
Ren nes . 1920. In-8, car l. toile... . . . .. . . . . . . . . . .. . . ...... ..... .... .. 15 fr . ,_