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Jafry (A.), quotidien économiste, éd. du 8 janvier 2013.
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mise en cause pourra mieux ou moins bien, selon les cas, faire émerger sa position
face aux accusations du ministère public et/ou de celles d’autres parties qui la
chargent. Le juge d’instruction, travaillant à charge et décharge, garantit un meilleur
équilibre dans l’exercice des droits de la défense.
En France, comme en Belgique, un débat de fond existe au sujet du rôle du
juge d’instruction2. Les arguments des éminents spécialistes qui plaident en effet
l'utilité du juge d’instruction dans la procédure pénale, et les arguments de ceux qui
sont contre son maintien.
Ces derniers, sans nécessairement rejeter tous les maux sur le dos du magistrat
instructeur, soulignent la faiblesse du juge d’instruction en ce qu’il est à la fois
enquêteur et juge. Cette double casquette est ambiguë.
En France, le rapport « LEGER » rappelle l’histoire du juge d’instruction qui
commence en 1811, à une époque où l’indépendance du juge n’était pas soumise aux
conditions exigeantes de notre époque. Par la suite, les pouvoirs juridictionnels du
magistrat instructeur se sont accrus et il devient indépendant du parquet mais il
demeure toujours juge et enquêteur.
Suivant une majorité qui semble s’être dégagée lors de la rédaction de ce
rapport « LEGER », il est suggéré que la « procédure d’instruction n’est plus adaptée
à notre temps en ce qu’elle n’améliore ni l’efficacité de l’enquête, ni la protection des
droits fondamentaux des mis en cause et des victimes »3.
La Belgique qui, à l’occasion de la réforme partielle de la procédure pénale en
1998, a maintenu le rôle du juge d'instruction et a même renforcé son autorité dans la
gestion des enquêtes.
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L'Allemagne a supprimé le rôle du juge d'instruction.
3
Rapport du comité de réflexion sur la justice pénale, rapport dit "LEGER" remis le 1er septembre 1999 au
président de la République française et au premier ministre, p. 9.
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Chapitre 1 – Les principes de l’instruction préparatoire
Il s'agit d'un caractère tellement apparent qu'il est trop souvent négligé.
L'instruction est menée par un magistrat qui doit être saisi et qui rend des
ordonnances. L'instruction doit être ouverte et fermée.
L’instruction revêt, d’abord, un caractère juridictionnel, car le juge
d’instruction est indépendant vis-à-vis du ministère public et de la juridiction de
jugement.
Cette indépendance oblige le juge d’instruction de respecter la neutralité
complète dans la préparation des opérations de l’instruction préparatoire et de
rassemblement des preuves. Il instruit à charge et à décharge.
La procédure d'instruction est une procédure dite inquisitoire pour les besoins
de la manifestation de la vérité : écrite, secrète et non contradictoire. Ces caractères ne
subissent que les assouplissements justifiés par la protection des droits de la défense et
plus généralement la bonne administration de la justice.
Cette règle ne concerne que l’autorité judiciaire et les auxiliaires auxquels elle
fait appel. C’est ainsi que les particuliers et les étrangers au procès (les témoins par
exemple) échappent à l’obligation du secret.
Il faut alors savoir quelles sont ces personnes qui « concourent à l’instruction ».
Ce sont celles qui concourent à la recherche de la vérité, qu’en font leur profession.
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Ce sont d’abord les magistrats : juge d’instruction, magistrats du parquet. Il
s’agit aussi des enquêteurs de police, huissiers, greffiers, experts, personnes qui
participent au contrôle judiciaire.
En revanche, ne sont pas visés par l’art. 15, al. 2 C.P.P. :
la personne mise en examen, car elle ne concourt pas à l’instruction. Elle a le
droit de révéler des éléments du dossier dont elle a pris connaissance;
les témoins ;
la victime. Elle agit dans son intérêt propre, et non dans l’intérêt objectif de la
répression ;
l'avocat, il n'est pas tenu au secret vis-à-vis de son client au contraire.
Toutefois, il contribue au dossier d'instruction, le droit de réclamer des actes
d'instruction. Il est tenu au secret dans l'intérêt de son client ;
les journalistes, car ils ne concourent pas à la procédure et peuvent donc
librement publier les faits relatifs à une information. Cette affirmation a,
cependant, besoin d’être tempérée, car l’article 54 du code de la presse
dispose qu’ "Il est interdit de publier les actes d'accusation et tous autres
actes de procédure criminelle ou correctionnelle avant d'en débattre en
audience publique sous peine de 5.000 à 50.000 dirhams d'amende.
En cas d'infraction constatée, les mêmes peines seront appliquées à la
publication, par tous moyens, de photographies, de gravures, dessins ou
portraits, ayant pour objet la divulgation et la reproduction de tout ou partie
des circonstances d'un crime ou délit, de meurtre, assassinat, parricide,
infanticide, empoisonnement, menaces, coups et blessures, atteinte à la
moralité et aux mœurs publiques ou séquestration par la force. Toutefois, il
n'y aura pas de délit lorsque la publication aura été faite sur la demande
écrite du juge chargé de l'instruction. Cette demande restera annexée au
dossier de l'instruction. »
Le secret n’est toutefois pas absolu. En effet, certains textes permettent
une publicité relative l’instruction préparatoire. Le juge d’instruction doit dire
au prévenu les faits qui lui sont reprochés ; il peut le confronter avec ses
adversaires (sauf les témoins) ; il doit l’interroger sur le fond en présence de
son avocat.
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Cependant le Dahir du 28/09/1974, portant modification du dahir de 1959,
restreint le domaine de l’instruction, car elle est obligatoire seulement dans certains
crimes et dans les délits en vertu d’une disposition spéciale de la loi, facultatifs pour
d'autres délits, mais jamais en matière de contravention.
L’art. 83 du C.P.P. promulgué depuis 2002 prévoit que : « L’instruction
préparatoire est obligatoire :
1. Pour les crimes lorsque la peine édictée est la peine de mort, la réclusion
perpétuelle ou lorsque la peine maximale est de trente ans de réclusion ;
2. Pour les crimes commis par les mineurs ;
3. Pour les délits en vertu d’une disposition spéciale de la loi.
Hors ces cas, elle est facultative pour les autres crimes, les délits commis par
les mineurs, ainsi que les délits dont la peine maximale édictée par la loi est égale ou
supérieure à cinq ans ».
De cet article, il ressort que l'instruction est obligatoire dans certaines hypothèses (A)
facultative pour d'autres (B).
L’instruction est facultative pour les délits commis par des adultes et dont la
peine maximum est égale à 5 ans au moins de prison. De même, pour les délits
commis par les mineurs quelle que soit la sanction prévue.
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L'instruction est confié à magistrat instructeur, à savoir le juge d'instruction
(A). Mais, ce dernier peut confier une partie de son pouvoir et prérogative soit à
d'autres juges soit à des officiers de police judiciaire dans le cadre d'une commission
rogatoire (B).
Dans l'esprit de garantir une certaine neutralité et efficacité du juge
d'instruction, il est soumis au contrôle de la chambre correctionnel de la Cour d'appel
(C).
A) Le juge d’instruction
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juge chargé de l'instruction. Le problème s'amplifie quand ce juge a un
empêchement temporaire d'exercer ses fonctions.
L'article 53 C.P.P. a comblé ce vide, car il permet, dans cette hypothèse, aux
présidents des juridictions, en cas d'urgence, sur réquisitions du ministère public, "et
dans l'attente de la disparition de l'empêchement ou à défaut de désignation par arrêté
réglementaire, désigner l'un des juges ou conseillers de la juridiction pour exercer ces
fonctions".
Par ailleurs, l’art. 52, al. 5 C.P.P. énonce que : « les juges d’instruction ne
peuvent, à peine de nullité, participer au jugement des affaires pénales dont ils ont
connu en leur qualité de juge d’instruction ». De là, l’article précité consacre la
séparation des juridictions de jugement et celles de l’instruction. Ce principe a été
consacré par l’article 52, al. 2 du Dahir du 10 février 1959 (abrogé), mais l’article 6 du
dahir du 28 septembre 1974 l’avait supprimé.
Il est à noter que l’article 52 C.P.P. a repris l’article 6 du dahir de 1974
concernant la suppression de la garantie consacrée par l’article 53 du dahir de 1959 et
qui se rapporte de l’obligation de prendre l’avis de la Cour de cassation quand le
ministre de la justice décide de mettre fin au fonction du juge de l’instruction.
B) La Commission rogatoire
1) L’objet
L’article 19: C.P.P. énonce que : "tout témoin cité pour être entendu au cours
de l’exécution d’une commission rogatoire est tenu de comparaître, de prêter serment
et de déposer.
S’il ne satisfait pas à cette obligation, avis en est donné au magistrat mandant qui
peut le contraindre à comparaître par la force publique et prendre contre lui les
sanctions prévus au premier alinéa de l’article 128 ».
Que peut-on tirer comme conclusion de la lecture de cet article ?
D’abord, toute personne appelée à déposer par un O.P.J. dans le cadre d’une
commission rogatoire est tenue de comparaître et de prêter serment. Il est important de
relever que conformément aux principes généraux qui gouvernent l’enquête policière,
les O.P.J peuvent auditionner les témoins sans que ceux-ci prêtent serment.
Cette précision permet de dire que l’audition des témoins dans le cadre d’une
commission rogatoire par un O.P.J. ne diffère pas de celle déposée devant une
juridiction de jugement.
Ensuite, si le témoin refuse de répondre à la convocation adressée par l’O.P.J.
ce dernier avise le magistrat mandant. Le magistrat délégataire peut contraindre le
témoin à comparaître par la force publique et prendre contre lui les sanctions prévues
par le premier alinéa de l’art. 128.
2°) La perquisition
L’article 189 C.P.P. énonce que « le juge d’instruction peut requérir par
commission rogatoire tout autre juge d’instruction, tout juge, tout O.P.J. dans le
ressort de sa juridiction qu’il estime nécessaire dans les lieux soumis à la juridiction
de chacun d’eux ».
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3°) La garde-à-vue
2) La forme
Sous l'empire du C.P.P. de 1959, les juridictions d'instruction étaient organisées à deux
niveaux : celui du juge d'instruction ou le premier degré, et celui de la chambre d'accusation
ou le 2èmedegré.
L'art 10 du D. du 28.9.1974 attribue à la chambre correctionnelle de la Cour d'appel
l'instruction du 2ème degré. Cette compétence est reprise par le Code de procédure pénale de
2002 dans son article 231 al. 3.
Selon l’art. 231 C.P.P. la chambre correctionnelle est composée d’un président ou son
délégué et deux conseillers, avec la présence du ministère public et un greffier.
Cette chambre est compétente pour :
Décider sur les demandes de libération provisoire présentée directement selon
les alinéas 4 et 5 de l’art. 179 C.P.P. et la gestion des mesures de contrôle
judiciaire prises selon l’art. 160 ;
les demandes de nullité des opérations d’instruction prévues par les art. 210 et
213 ;
des appels contre les ordonnances du juge d’instruction selon l’ art. 222 et s. ;
toute violation de l’O.P.J. dans l’exercice de ses fonctions conformément aux
art. 29 et 35 du C.P.P.
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Chapitre 2 - Les actes d'instruction préparatoire
Le réquisitoire est une demande écrite présentée par le ministère public (le procureur
du Roi ou le procureur général du Roi) au juge d’instruction pour ouvrir une information sur
des faits précis.
La saisine du juge d'instruction est d'abord objective : le juge est saisi "in rem et non
in personam", c'est-à-dire par le réquisitoire ou la plainte, d'un fait et non d'une qualification.
Il n'est pas lié par la désignation des auteurs de l'infraction dans le réquisitoire ou dans la
plainte.
En ce qui concerne les faits, il doit instruire sur les faits visés dans l'acte de saisine,
mais uniquement sur ceux-ci. Par exemple, si le juge est saisi d'un fait constitutif d'un
accident du travail, il ne peut pas informer sur un abus de biens sociaux révélé par l'enquête.
La saisine du juge, quant aux faits, est déterminée par les pièces annexés au réquisitoire.
Dans le cas d'un fait nouveau, le juge doit le communiquer au procureur du Roi afin
qu’il lui demande, par réquisitoire supplétif, de leur étendre l’information s’il le juge
opportun. Mais il peut, avant cela, relever les faits nouveaux et effectuer des actes urgents qui
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sont autant de mesures conservatoires destinées à éviter que les preuves disparaissent. Le juge
peut entendre un témoin, recueillir les propos d'une personne mise en examen, délivrer une
commission rogatoire pour que soient consignés d'urgence des indices ou des déclarations. En
revanche, le juge ne peut pas faire d'actes coercitifs (écoutes téléphoniques, mandat d'amener,
saisie, garde-à-vue perquisition ...). Une mise en examen ne semble pas pouvoir être
ordonnée, car ensuite une détention provisoire est possible.
Par conséquent aussi longtemps qu'il n'y a pas de réquisitoire supplétif, le juge
d'instruction est dans une situation comparable à celle d'un officier de police judiciaire au
cours d'une enquête préliminaire. Dans les deux cas, l'action publique n'est pas mise en
mouvement sur ces nouveaux faits.
Le problème, en réalité, va être de savoir ce qu'est un "fait nouveau". S'il s'agit d'une
qualification nouvelle d'un fait déjà visé, le réquisitoire supplétif n'est pas nécessaire. Si au
contraire le fait est véritablement autre, le réquisitoire supplétif s'impose.
A l'égard des personnes "in personam", les solutions sont plus nuancées.
Le réquisitoire du procureur du Roi peut être pris contre personne dénommée ou non
dénommée (art. 84, al. 2 C.P.P.). Lorsque le réquisitoire introductif n’indique nommément
aucune personne, aucun suspect, le juge instruit contre X ; il peut inculper tous les auteurs et
complices de l’infraction à l’occasion de laquelle l’information est ouverte, le juge
d'instruction n'a pas besoin de réquisitoire supplétif. Inversement, quand le réquisitoire
désigne des personnes, théoriquement, le juge peut les inculper ainsi que tous les coauteurs et
complices de la même infraction objet de l’instruction préparatoire. En réalité, il paraît
difficile d’étendre l’information contre les suspects non désignés par le réquisitoire sans se
référer au procureur du Roi.
Lorsque le juge d’instruction est saisi par un réquisitoire d’informer contre X, ou bien
contre des personnes désignées par la plainte avec constitution de partie civile, tous les sujets
impliqués sont considérés comme de simples suspects. Ils sont entendus comme témoins. Ils
restent juridiquement tiers par rapport au procès.
Selon l’art. 84, al. 5 du C.P.P. le juge d’instruction peut être saisi par une
plainte de la victime accompagnée de constitution de partie civile, il est alors saisi de l’action
civile et pénale. La victime dans ce cas profite des preuves rassemblées par le juge
d’instruction.
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qu’elle ne bénéficie de l’aide juridictionnelle (art. 95), et de désigner un domicile – (en
pratique le cabinet d’un avocat)- où elle peut recevoir la correspondance judiciaire.
Il prend ensuite une ordonnance de soit communiqué, en vertu de laquelle il transmet
le dossier au procureur du Roi qui en vérifie l’objet et l’admissibilité avant de décider le
classement sans suite ou l’ouverture d’une information. Quand il opte pour cette dernière –
(que ce soit d’ailleurs à la suite d’une ordonnance de soit communiqué du juge d’instruction,
ou aux termes de la plainte et des renseignements qu’il a reçus directement de la victime ou
des tiers ou des services de la police judiciaire)- il remet au juge d’instruction un réquisitoire
introductif d’instance. Mais ce réquisitoire n'est qu'une formalité secondaire de procédure, qui
ne met pas en mouvement l'action publique, cette mise en mouvement ayant été opérée par la
plainte elle-même.
La première obligation qui s’en suit pour le magistrat instructeur, consiste dans la
vérification de sa compétence. S’il estime qu’elle existe, il doit procéder aux différentes
opérations formulées dans le réquisitoire introductif, ainsi qu’à tout acte nécessaire à la
découverte de la vérité.
Dans l'hypothèse où le juge d'instruction estime qu'il n'est pas compétent, il ne se
contente pas seulement de refuser d'ouvrir une information, mais il doit rendre, après
réquisitoire du ministère public, une ordonnance renvoyant la partie civile devant le juge
d'instruction compétent (art. 97 C.P.P.)
Selon l’art. 85 C.P.P. le juge d’instruction procède à toutes les opérations utiles à la
manifestation de la vérité. Ces opérations visent les personnes (A) et les choses (B).
Le juge d'instruction dont la mission principale est, d'une part l'audition des témoins
(1) et d'autre part l'interrogatoire (2), il peut même élaborer un dossier sur la personnalité
du suspect (3).
Le témoin peut se définir comme la personne qui, extérieure aux faits, objet de la
poursuite, est capable de fournir au juge d’instruction des renseignements utiles à la
manifestation de la vérité.
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L'art. 117 C.P.P permet au juge d'instruction de faire citer toute personne dont la
déposition lui paraît utile. Le témoin convoqué doit comparaître, prêter serment et déposer
sous réserve de respecter le secret professionnel.
L'obligation de prêter serment s'impose à tout témoin doué de discernement (adulte), et
exempt de condamnation qu'elle soit pénale ou civile, ainsi qu'à tout témoin détaché du
prévenu ou de la partie civile. De là l'ascendant et le descendant, le conjoint, ne prêtent pas
serment.
Si le témoin refuse de comparaître, le juge d’instruction lui adresse une deuxième
convocation par une lettre recommandée avec accusé de réception, ou par un agent ou un
huissier de justice, ou par voie administrative. Si la personne répond, il donne son
témoignage. Mais s'il refuse, le juge d’instruction, sur réquisition du ministère public peut lui
contraindre par la force publique et risque une amende de 1200 ou 12000 dhs, à moins que
son absence est justifiée, dans ce cas, et après réquisition du ministère public, la personne est
dispensée de la totalité ou une partie de l’amende (art. 128, al. 1 et 2 C.P.P.).
Le témoin doit dire la vérité si non il risque d'être sanctionné pour faux témoignage de
l'art. 368 C.P. ainsi rédigé : "Le faux témoignage est l'altération volontaire de la vérité, de
nature à tromper la justice en faveur ou au détriment de l'une des parties, faite sous la foi du
serment, par un témoin au cours d'une procédure pénale, civile ou administrative dans une
déposition devenue irrévocable". Les peines sont prévues par les art. 369 C.P.P. (en matière
criminelle) et 370 C.P. (en matière délictuelle).
Chaque témoin doit être entendu séparément, en dehors de toute autre présence, par le
juge d’instruction assisté de son greffier, un procès-verbal étant établi.
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L’audition des membres du Gouvernement en cette qualité implique autorisation
particulière du Conseil des ministres sur le fondement d’un rapport du ministre de la justice.
Il est à noter que le statut de la partie civile est analogue à celui du mis en examen.
Elle a donc notamment droit à l'assistance d'un avocat qui a accès à la procédure et a droit à
un interprète. Elle peut faire appel de certaines ordonnances du juge d'instruction.
C’est par cet interrogatoire que le juge d’instruction désigne officiellement l’accusé
comme auteur probable de l’infraction objet de l’instruction4.
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En France, dans le but de renforcer la protection de la présomption d'innocence, le législateur a introduit par
la loi du 30 décembre 1987 dans la procédure pénale un nouveau statut, celui de "témoin assisté",
intermédiaire entre le simple témoin, dépourvue de toute assistance, et le mis en examen, véritable partie à la
procédure. Ce statut sera officialisé par la loi du 15 juin 2000 qui lui consacre toute une section de la section
intitulée "des auditions des témoins". Le témoin assisté reste témoin mais a droit à un avocat. Le statut de
témoin assisté est en réalité lié à la mise en examen dont il constitue le préalable. L'attribution obligatoire de la
qualité de témoin assisté a lieu pour toute personne nommément visée par un réquisitoire introductif et qui
n'est pas mise en examen : elle doit être entendue comme témoin assisté.
L'attribution facultative aura lieu soit sur demande de l'intéressé, soit sur l'initiative du magistrat instructeur.
Toute personne nommément visée par une plainte simple ou mise en cause par la victime peut être entendue
comme témoin assisté.
Le second cas d'attribution facultative est celui qui résulte de l'initiative du juge d'instruction. Il s'agit de la
personne mise en cause ou contre laquelle il existe des indices rendant vraisemblable sa participation comme
auteur ou complice à la commission des infractions dont le juge est saisi (en l'occurrence les indices ne sont ni
graves ni concordants).
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* Modes de convocation prévus par la loi. Pour convoquer la personne concernée, le
juge d’instruction dispose de deux modes :
il peut user d’une lettre recommandée informant cette personne qu’elle est convoquée
aux fins d’interrogatoire de première comparution aux date et heure qu’il précise ;
il peut faire notifier cette convocation par un O.P.J. qui, pour attester la réalité de la
notification, devra rédiger un procès-verbal signé par la personne en cause qui en
reçoit une copie.
Lors de cet interrogatoire, le juge d’instruction constate l’identité de l’accusé (nom,
prénom, âge, profession, domicile, antécédents judiciaires, etc.). En cas de besoin, il ordonne
toute mesure à même de déterminer cette identité (examen de la fiche anthropométrique,
examen médical ...). Ces mesures s'imposent en cas de résistance du prévenu ou de doute sur
la véracité de ces affirmations ou de son identité.
Le juge l’informe ensuite de son droit de choisir un avocat ou de demander qu’il lui en
soit désigné un d’office. Il bénéficie de cette faculté même s'il n'a pas les moyens matériels de
payer les honoraires car une assistance judiciaire bénévole peut lui être apportée dans ce sens.
Il lui fait connaître les charges qui pèsent sur lui, ses qualifications juridiques (art.
134-2 C.P.P.).
Le juge d'instruction doit soumettre la personne gardée à vue à un examen médical. La
demande est faite par le prévenu ou son avocat ou de sa propre initiative lorsqu'il a constaté
des indices qui justifient cet examen et désigne à cet effet, un médecin expert.
Il avise l’intéressé qu’il a le droit de se taire (art. 134-4 C.P.P.), en mentionnant cet
avis au procès-verbal, sous peine de nullité (art. 210 C.P.P.). Or l'intéressé peut faire une
demande d'être entendu et le juge d'instruction doit la recevoir pour être inscrite au procès-
verbal par le greffier (art. 134 C.P.P.).
Le juge demandera à la personne mise en examen qu'elle déclare une adresse
personnelles ou celle d'un tiers, avec son accord, chargé de recevoir les actes de procédure qui
lui seront notifiés. Toute notification faite à l'adresse indiquée sera réputée faite à personne.
La personne mise en examen devra aussi signaler tout changement d'adresse de domicile.
L'intéressé doit choisir un lieu dans la circonscription du tribunal ; en pratique il opte pour le
cabinet de l'avocat qui l'assiste.
Ce formalisme assez lourd mais en même temps très protecteur peut être écarté en cas
d'urgence. L'art. 135 C.P.P. autorise le juge d'instruction à procéder à un interrogatoire
immédiat si l'urgence résulte soit de l'état d'un témoin en danger de mort, soit de l'existence
d'indices sur le point de disparaître ou encore en présence d'une infraction flagrante lorsque le
procureur du Roi et le juge d'instruction sont simultanément sur les lieux et que le procureur a
requis l'ouverture d'une information. Le procès-verbal doit faire mention des causes d'urgence.
L’interrogatoire de première comparution est menée par la juge d’instruction chargé de
l’affaire ou sur commission rogatoire par un autre juge d’instruction, mais il ne doit pas
déléguer ses pouvoirs à ce stade à un O.P.J. (art. 190, al. 2).
Il assiste à cet interrogatoire le greffier, qui rédige un P-V de déclaration de l’accusé et
son avocat.
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L’interrogatoire de première comparution fait l’objet d’un procès-verbal qui relate
l’accomplissement de toutes les formalités légalement prévues.
Eu égard au fait que la partie civile constitue une partie au procès pénal et court les
risques éventuels du jugement qui relaxe ou acquitte, l'art. 137 C.P.P. lui accorde les mêmes
droits que le prévenu.
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En France, le juge a l'obligation de convoquer l'avocat au plus tard 5 jours ouvrables avant l'interrogatoire.
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Le projet de code de procédure pénale avant la promulgation de l'actuelle code prévoit dans son article 128
que "le procureur du Roi peut assister aux interrogatoires et confrontations de la personne mise en examen et
l'audition de la partie civile . Quand il fait savoir au juge d'instruction de sa volonté d'y assister, le greffier doit
lui adresser un avis vingt quatre heures au moins avant l'interrogatoire".
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La présence de l’avocat à l’interrogatoire individuel ou confronté ne signifie pas pour
lui la possibilité de défendre et de plaider pour son client. Cette voie ne s'ouvre à lui que
devant les juridictions de jugement. Il se contente seulement à ce stade de la procédure à
éviter à son client les imprudences ou les atteintes à ses prérogatives ou aux garanties de la
défense. C’est dans cet esprit qu’il n’est habilité à poser que des questions à son client. Il ne
peut formuler ses questions que sur autorisation du juge. Ce dernier demeure toutefois habilité
à refuser tout ce qui lui paraît nuire au bon déroulement de l'information ou à la dignité de la
personne. Or le texte fait mention que les questions refusées doit obligatoirement figurer au
procès-verbal.
3) Le dossier de personnalité
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Cass. crim., 5 avril 1960, Bull. crim. n° 210. - 7 nov. 1989, bull. crim. n° 399. Cité par Leroy (J.), procédure
pénale, L.G.D.J, éd. 2009, p. 382.
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Cf. Note VOUIN sous Paris 27 juin 1967, D. 68 p. 184 ; du même auteur, l'enquête de personnalité,
l'instruction préparatoire et les droits de la défense, JCP 1961, I, 1633 bis.
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Ainsi, l'enquête de personnalité est une procédure distincte de l'acte d'instruction,
parce qu'elle ne porte pas sur le fond de l'affaire. Elle est obligatoire : le juge d'instruction ne
doit renvoyer la personne mise en examen que lorsque l'affaire est en état d'être jugée. Or
cette condition n'est certainement pas remplie quand un arrêt de mise en accusation est rendu
dans une affaire pour laquelle le dossier de personnalité n'est pas joint au dossier de
l'instruction proprement dite.
L'enquête de personnalité peut être faite par un officier de police judiciaire ou par
toute personne physique ou morale habilitée à procéder à cette enquête.
Sur le plan de la nature juridique, faute d'une technicité suffisante, l'enquête de
personnalité doit être distinguée de l'expertise. Par conséquent, les articles 194 et suivants du
C.P.P. ne s'appliquent pas.
C'est une expertise de responsabilité. Elle a pour objet de déterminer les troubles de la
personnalité et leur lien avec l'infraction (question de culpabilité), l'existence éventuelle de
l'état dangereux (question de dangerosité) et les chances de réadaptation de l'auteur de
l'infraction.
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lorsqu'il envisage de placer en détention provisoire un majeur âgé de moins de vingt ans et
lorsque la peine encourue n'excède pas cinq ans.
Il peut charger l’O.P.J, un service spécialisé, ou une personne habilitée spécialisée en
psychologie, sociologie criminelle ou criminologie, afin de vérifier la situation matérielle,
familiale et sociale de la personne pour mieux connaître l’accusé et les circonstances de la
commission de l’infraction.
1) L'expertise
Cette opération est réglementée par les art. 194 C.P.P. à 209 C.P.P. L'expertise permet
au juge, en recourant à un homme de l'art, de connaître l'interprétation des indices recueillis,
dans le cas où se pose une question technique étrangère au droit Il s'agit des difficultés
techniques et scientifiques dans lesquelles un juge est en principe incompétent (médecine,
psychiatrie, architecture, ingénierie, etc.).
La loi n° 45-00 relative aux experts judiciaires définit l'expert dans son art. 2 comme
"un spécialiste qui est chargé par les juridictions d'instruire des points à caractère technique.
Il lui est interdit de donner son avis sur tous points de droit. Les avis de l'expert sont reçus
par les juridictions à titre de simples renseignements sans pour autant avoir un caractère
obligatoire."
L'expertise, comme le dit le Pr. Machichi Alami, n'est pas la justice, elle ne crée et ne
décide d'un droit. Mais elle a une influence sur les droits et libertés des parties au procès9.
Le juge dit le droit, celui-ci peut reprendre les conclusions de l'expert, les compléter,
les dépasser ou les refuser10.
L'expertise n'est pas une simple mesure d'investigation. Elle implique, de la part du
spécialiste, une appréciation, un choix entre deux ou plusieurs solutions. L'expert n'est donc
pas un simple témoin. Il y a une part de subjectivité dans l'expertise. C'est pourquoi les
rapports d'expertise font rarement l'unanimité, et que peut être ordonnée, à la demande de
l'une des parties, une contre expertise.
Parmi les différentes expertises, l'expertise psychiatrique revêt une importance
particulière dans la mesure où elle fonde l'irresponsabilité pénale pour trouble mental. Celui-
ci est une question de fait qui relève de l'appréciation souveraine du juge du fond.
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Machichi (A.), procédure pénale, (en arabe), p. 237.
10
Op. cit. p. 141.
19
1°) Désignation des experts
De prime abord il importe de préciser que pour pouvoir être expert, il faut être inscrit
sur le tableau des experts judiciaires11. Ce spécialiste peut être auprès d'une Cour d'appel ou
au niveau national. Mais après cinq année d'exercice auprès d'une Cour d'appel, l'expert peut
demander a être inscrit sur le tableau national.
L'inscription se fait par arrêté du ministre de la justice sur proposition d'une
commission instituée auprès de celui-ci12. Il est procédé à la révision des tableaux chaque
année et le refus de candidature doit être motivé et ne s'oppose pas à la présentation de
candidature l'année suivante.
C'est le juge d'instruction qui, soit d'office, soit sur la demande du ministère public ou
des parties, désigne l'expert. Les parties ne peuvent que faire des observations et interjeter
appel de la décision de refus dans les délais prévus aux art. 222 et 223 C.P.P.
Le juge peut aussi autoriser l'expert d'adjoindre un autre expert dans le cas où il s'agit
d'un point particulier échappant aux compétences de l'expert.
L'art. 196 C.P.P. dispose que la décision ordonnant l'expertise doit être notifiée sans
délai au ministère public et aux parties qui disposent d'un délai de trois jours pour présenter
leurs observations sur le choix de l'expert, et sur sa mission. Or l'art. 196 n'est pas applicable
en cas d'urgence. Le juge d'instruction peut en effet ordonner que la mission de l'expert
commence tout de suite, mais il est permis au ministère public, aux parties et à leurs conseils
de choisir dans un délai de trois jours des assistants experts qui vont aider celui-ci, mais une
désignation par le juge d'instruction est obligatoire.
Cette ouverture légale en direction de l'expertise contradictoire suppose toutefois qu'il
s'agisse d'une catégorie d'expertises dont les conclusions ont une incidence sur la
détermination de la culpabilité de la personne mise en examen.
Le juge d'instruction désigne en principe un seul expert ; il désigne plusieurs experts
seulement si les circonstances le justifie.
La mission de l'expert doit être précise et limitée à des questions purement techniques.
Dans le cadre de sa mission, l'expert a des pouvoirs assez large. Il peut recevoir les
déclarations de personnes autres que le délinquant. Il peut même entendre l'accusé par le canal
du juge d'instruction. Les déclarations sont recueillies par l'expert en présence du conseil ou
ce dernier dûment convoqué.
11
Pour les conditions d'accès à cette fonction voir l'art. 3 de la loi pour les personnes physiques et art. 4 pour
les personnes morales.
12
La commission est présidée par un représentant du ministre de la justice, président et comprend, trois
premiers présidents de cours d'appel ; trois procureurs généraux du Roi près des cours d'appel ; deux experts
judiciaires de la discipline du candidat. Cette commission instruit donc les candidatures à l'expertise judiciaire,
élabore et révise les tableaux des experts et exerce un pouvoir disciplinaires (art. 8 et 9).
20
Quand il s'agit d'une expertise pratiquée par un médecin ou un psychologue , ceux-ci
ont le droit dans tous les cas de poser des questions à la personne examinée hors la présence
du juge et des avocats (art. 203, al. 3).
L'expert doit avoir prêté serment, sauf s'il est inscrit sur une liste officielle. Il agit sous
le contrôle du juge et en liaison avec lui (art. 200 C.P.P.). Cela veut dire que, s'il découvre des
faits jusqu'ici inconnus du juge, il doit les lui dénoncer.
L'expert doit déposer son rapport dans le délai fixé par le juge. Ce délai peut être
prorogé par décision motivée. Le retard dans l'exécution de la mission peut conduire au
remplacement de l'expert initialement désigné, voire sa radiation de la liste des experts.
A la fin de sa mission, l'expert rédige un rapport expliquant les opérations et
investigations menées par lui et aussi le résultat de l'expertise. Il doit attester qu'il les a
réalisées personnellement ou qui les a supervisées. L'expert assistant qui a des réserve à faire
valoir doit les consigner dans un mémoire que l'expert rajoute à son rapport avec ses
remarques (art. 205 C.P.P.). Le rapport est déposé au greffe de la juridiction qui l'a demandé
contre récépissé.
En vertu des dispositions de l'art. 208 C.P.P. le juge d'instruction doit informer le
résultat de l'expertise aux parties conformément aux formalités prévues par les art. 139 et 140
C.P.P. Ils les convoquent pour recevoir leur déclaration et fixe un délai dans lequel ils
pourront présenter des observations ou réclamer un complément d'expertise ou même une
contre-expertise. Le juge doit remettre à leurs avocats une copie du rapport d'expertise.
Le rejet des demandes de nouvelle expertise, contre-expertise ou complément
d'expertise donne lieu à une ordonnance motivée susceptible d'appel. Il en est de même si le
juge d'instruction a désigné un seul expert alors que l'une des parties avait demandé la
désignation de plusieurs experts.
L’objet du transport sur les lieux est de procéder à des constatations d’indices
matériels (ex. empreintes), à des reconstitutions, ou à des perquisitions et saisies.
Le juge en avise le procureur du Roi, qui a la faculté de l'accompagner. Le juge est
toujours assisté d'un greffier. Il dresse procès-verbal de ses opérations.
En pratique ce transport est rare dans le cadre de l’instruction, il n’est effectué qu’en
cas de flagrance, et même dans ce cas il n’agit pas en tant que juge mais en tant qu’officier
supérieur de la police judiciaire.
2°) Perquisitions
21
Les perquisitions peuvent être menées par le juge d’instruction dans tous les lieux où
peuvent se trouver des objets utiles à la manifestation de la vérité aussi bien chez l’inculpé
lui-même que chez un tiers si le lieu de la perquisition se trouve dans le ressort du tribunal. Le
juge s’y transporte avec son greffier après avoir avisé le procureur du Roi, qui a d’ailleurs la
faculté de l’accompagner.
En cas où la perquisition est effectuée chez l’inculpé, les formalités sont celles prévues
par les art. 60 à 62 C.P.P. Il en résulte que la perquisition ne peut avoir lieu après 21h du soir
jusqu’à 6h du matin, et qu’elle doit s’accomplir en présence de l’inculpé. Si celui-ci ne veut
ou ne peut y assister on lui demandera, s’il est présent, de désigner un représentant de son
choix, s’il est absent ou s’il refuse, le juge désignera deux témoins pris en dehors des
personnes relevant de ses autorités, ils devront signer le procès-verbal, toutes ces formalités
sont prescrites à peine de nullité.
Cette règle est assortie d'une exception. Le juge d'instruction peut en effet effectuer des
perquisitions en dehors des heures légales, en matière de crime et dans le cas de terrorisme,
mais il faut la présence du ministère public (art. 102 C.P.P.).
Elles ne peuvent se faire que de jour (ou la nuit si elles ont commencé le jour), c’est-à-
dire entre 6h et 21h, sauf dans certains lieux, ou de réclamation de l’intérieur, ou de
consentement de l’intéressé, ou en cas de nécessité urgente (ex. incendie, inondation).
Le juge d’instruction doit prendre toutes mesures pour le respect du secret
professionnel et les droits de la défense (par ex., présence du bâtonnier lors d'une perquisition
chez un avocat).
3°) La saisie
22
reconnu par décision de justice. La saisie est mentionnée dans le procès-verbal de perquisition
ou de transport sur les lieux.
Dès qu’elle est prononcée, certaines formalités doivent être respectées pour assurer la
conservation et l’authenticité des choses saisies, en cas de non-observation, l’annulation de la
saisie pourra être prononcée. Toutefois cela n’empêchera pas le juge d’instruction de procéder
à une nouvelle saisie.
Les objets et documents saisis doivent être immédiatement inventoriés dans un procès-
verbal de saisie, et placé sous scellés. Ces scellés sont ensuite ouverts, et les documents sont
dépouillés dans le cabinet du juge d’instruction en présence de la personne mise en examen
assistée de son avocat.
Toute personne, y compris la personne mise en examen et la partie civile, qui prétend
avoir droit sur un objet ou document placé sous la main de la justice peut en réclamer la
restitution.
Le juge d’instruction peut décider d’office de restituer les objets saisis dont la
propriété n’est pas contestée. Il peut aussi refuser la restitution lorsque les choses saisies sont
susceptibles d’être confisquées par décision de la justice, ou lorsque la restitution serait de
nature à faire obstacle à la manifestation de la vérité ou à la sauvegarde des droits des parties,
ainsi que lorsqu’elle présente un danger pour la personne ou les biens.
L’ordonnance ainsi rendue est notifiée soit au requérant soit au ministère public et à
toute autre partie intéressée en cas de décision de restitution.
L’appel est possible par voie de requête portée devant la chambre correctionnelle, ce
recours est ouvert à toute personne ayant intérêt à s’opposer à la restitution dans un délai de
10 jours.
Cette interception est réglementée par les articles 108 à 166 C.P.P. Elle peut avoir lieu
quand les nécessités de l'information l'exigent.
Quant à la procédure, la seule autorité habilité à ordonner les écoutes est le juge
d'instruction. Le procureur général du Roi en a indirectement le pouvoir dans le cadre d'une
enquête. Le parquet ne peut recourir à cette mesure, sauf en cas d'urgence, que s'il a requis au
préalable par écrit le premier président de la Cour d'appel et dans le cas des infractions graves:
l'atteinte à la sûreté de l'Etat, le terrorisme, les associations de malfaiteurs, l'homicide,
l'empoisonnement, l'enlèvement et la prise d'otages, la contrefaçon ou la falsification de la
monnaie ou des effets de crédit public, les substances psychotropes, les armes, munitions et
explosifs, la protection de la santé.
En cas d'urgence le procureur général du Roi peut, lorsque les nécessités de l'enquête
exigent la rapidité, et par crainte de disparition de preuves, ordonner par écrit l'interception de
23
communication. Dans ce cas, il est tenu d'aviser immédiatement le premier président de son
ordonnance. Celui-ci "rend, dans les vingt quatre heures, une décision de confirmation,
d'amendement ou d'infirmation". S'il infirme l'ordonnance du procureur général du Roi,
l'interception est suspendu (art. 108 C.P.P.).
La décision du juge est écrite et n' a pas de caractère juridictionnel : elle n'est donc
susceptible d'aucun recours. Cette décision doit comporter tous les éléments d'identification
de la liaison à intercepter, l'infraction qui motive la mesure et la durée de l'interception.
C'est un acte d'instruction, qui prendra la forme d'une commission rogatoire saisissant
un O.P.J. La transcription de la conversation donne lieu à l'établissement d'un procès-verbal.
Cette transcription ne porte que sur la correspondance "utile à la manifestation de la vérité".
Chacune des opérations d'interception doit faire l'objet d'un procès-verbal qui
mentionnera les jours et les heures de début et d'achèvement de l'opération. Les
enregistrements seront placés sous scellés fermés.
Les enregistrements, une fois utilisés, sont détruits à la diligence du juge d'instruction
ou du parquet et à l'expiration de l'action publique ou lorsque "le jugement rendu dans
l'affaire est passée en force de chose jugée" (art. 113 C.P.P.).
24
Section 3 –Les mesures de contrainte à l'égard des personnes
C'est une question centrale parce qu'elle met en cause les libertés individuelles et tant
qu'une personne n'a pas été condamnée, elle est présumée innocente. Néanmoins,
l'incarcération peut être nécessaire. Le problème est comparable à la garde à vue : c'est un mal
mais un mal nécessaire.
Avant d'étudier la détention provisoire (§. 3), et le contrôle judiciaire (§. 2), il est
important de se poser la question sur les mandats de justice que le juge d'instruction peut
décerner (§. 1).
La liste des mandats figurent aux article 144, 146 et 154 C.P.P.
Les mandats sont des ordres écrits et datés, portant la signature du juge et son sceau.
Exceptionnellement, c'est le procureur du Roi qui décerne certains mandats ( mandat de dépôt
dans le cas de crime ou délit flagrant : art. 74 C.P.P.).
Ces ordres sont les mandats de comparution (A), d'amener (B) et de dépôt (C).
A) Mandat de comparution
C'est une mise en demeure, adressée à la personne dont le nom figure sur le mandat, de
se présenter devant le juge d'instruction à une date et à une heure déterminées. C'est une
convocation énergique; à laquelle la personne a la faculté de ne pas déférer, et qui ne permet
25
pas de l'amener de force devant le juge. Il peut d'ailleurs être signifié par huissier, et n'est
donc pas nécessairement notifié par la police. Une copie est remise à l'intéressé.
B) Mandat d'amener
Le mandat d'amener est l'ordre donné par le juge d'instruction à la force publique, de
conduire immédiatement devant lui la personne à l'encontre de laquelle il est décerné. Il s'agit
d'un ordre donné à la police d'amener la personne devant le juge, et de l'y contraindre si elle
s'y refuse. Si le prévenu est déjà détenu pour une autre cause, les formalités sont accomplies
par le chef de la maison pénitentiaire (art. 146 al. 3). En cas d'urgence, l'art. 146 al. 4 permet
la communication de l'ordre par tous les moyens.
Le mandat d'amener doit spécifier les faits imputés à la personne, leur qualification
juridique et les articles de loi applicables. Il est notifié par un officier ou un agent de police
judiciaire, ou un agent de force publique. La personne en reçoit copie. L’agent ne peut, pour
exécuter ce mandat, entrer dans un domicile privé entre 21 heures et 6 heures.
Si le juge d'instruction n'est pas disponible à ce moment là, la personne peut être
retenue par les services de police ou de gendarmerie pendant vingt-quatre heures au maximum
à la maison d'arrêt avant d'être présentée devant le juge d'instruction. A défaut, le chef de la
maison d'arrêt doit impérativement le présenter au procureur du Roi qui requiert au juge
d'instruction ou d'un autre juge de l'interroger immédiatement, si non la personne doit être
mise en liberté.
Dans le cas où la personne qui fait l'objet d'un mandat d'amener réside en dehors de la
circonscription du juge qui donné l'ordre, il est conduit devant le procureur compétent dans le
lieu de sa résidence. Ce magistrat l'interroge sur son identité et l'informe de son droit de parler
ou de se taire. S'il choisit d'être interrogé, le représentant du ministère public en rédige un
procès-verbal et l'adresse au juge d'instruction. Il lui transfère également l'intéressé.
Quand ce dernier réfute sérieusement les faits reprochés, le ministère public l'envoie
en prison et en informe immédiatement le magistrat instructeur en lui envoyant un procès-
verbal complet sur ce qu'il a accompli. Seul le juge d'instruction demeure compétent pour
décider des suites à donner à cette situation (art. 149, al. 3 et 5 C.P.P.).
Il est à noter que le texte est muet sur la question de l'inaction du juge d'instruction. Il
ne précise pas en effet aucun pour soit libérer l'individu, soit le conduire devant le juge, soit
pour prononcer une détention préventive par un véritable mandat de dépôt.
26
L'art. 150 traite la situation selon laquelle un mandat d'amener reste infructueuse en
raison soit du fait que l'individu ne peut être trouvé. Dans ce cas, l'autorité chargée de
l'exécution présente le mandat au juge d'instruction avec procès-verbal constatant les
opérations de recherche et leur échec.
C) Mandat d’arrêt
Selon l'art. 154 C.P.P. al. 1 : "Le mandat d'arrêt est l'ordre donné à la force publique
de rechercher l'inculpé et de le conduire à l'établissement pénitentiaire indiqué sur le mandat
où il sera reçu". Ce mandat constitue donc une combinaison du mandat d'amener (puisqu'il
permet la comparution forcée) et du mandat de dépôt (puisqu'il permet l'incarcération).
Le mandat d'arrêt ne peut être décerné que dans les conditions fixées à l'art. 154 al. 2
C.P.P., c'est-à-dire la personne est en fuite ou si elle réside à l'étranger (dans ce dernier cas, le
mandat d'arrêt sera international). De plus, il faut que la peine encourue soit au moins
l'emprisonnement pour un délit. Enfin, le juge d'instruction ne peut décerner le mandat
qu'après avis du ministère public. L'agent chargé de l'exécution du mandat doit respecter les
heures légales prévues par l'art. 157 C.P.P. avant de s'introduire dans le domicile, c'est-à-dire
avant six heures et après vingt et une heures.
En cas d'urgence, le mandat d'arrêt peut être diffusés par tous les moyens.
Dans le cas où l'inculpé est arrêté dans le ressort du juge d'instruction auteur du
mandat, celui-ci est tenu de procéder à son interrogatoire dans les quarante huit heures de la
détention, à défaut la personne est remise en liberté.
27
Dans l'hypothèse où la personne objet du mandat ne peut être trouvé, le mandat d'arrêt
est notifié par l'affichage au lieu de sa dernière résidence, un procès-verbal est dès lors dressé.
Il est rédigé par l'agent en présence des deux témoins voisins du prévenu. Ces derniers signent
le procès-verbal, ou apposent leurs empreintes et en cas d'impossibilité ou s'ils refusent,
l'agent doit mentionner cela dans le procès-verbal.
L'agent doit par la suite vise son procès-verbal à l'O.P.J. territorialement compétent, et
lui laisse une copie.
La question qui se pose est de savoir si l'inobservation de ses formalités prescrites par
les textes peuvent entraîner la nullité de la procédure. La réponse est portée par l'art. 158
C.P.P. qui dispose que : "L'inobservation des formalités prescrites dans la présente section,
lorsqu'elle a porté atteinte à la liberté individuelle, rend le représentant du ministère public
et le juge d'instruction et, s'il y a lieu le greffier, passibles de sanctions disciplinaires sans
préjudice des dispositions pénales en matière de détention arbitraire".
§ 2) Le contrôle judiciaire
Le contrôle judiciaire reste l'une des grandes innovations du code de procédure pénale
promulgué en 2003 tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens. Cette
mesure est destinée à inciter le juge d'instruction à ne recourir à la détention avant jugement
qu'à titre exceptionnel.
Cet état de lieu fait apparaître l'avantage du contrôle judiciaire : pouvoir contrôler la
liberté d'aller et venir de la personne impliquée sans lui infligée le traumatisme d'une
détention toujours trop longue.
28
A) La décision de placement
Il est question de traiter la forme de la décision (1), les personnes auxquelles elle
s'applique (2), le contenu de la décision (3).
1) La forme de la décision
De prime abord une précision s'impose. Le juge d'instruction saisi est l'autorité
compétente pour ordonner un contrôle judiciaire.
La décision du contrôle prend la forme d'une ordonnance prise par le juge d'instruction
(art. 160 al. 2 C.P.P.), notifiée immédiatement et verbalement au prévenu et au procureur du
Roi dans un délai de vingt-quatre heures. Elle peut faire l'objet d'un appel par la personne
mise en examen et le procureur du Roi dans la journée qui suit celle où l'ordonnance a été
rendu. La chambre correctionnelle de la Cour d'appel doit statuer dans un délai de cinq jours à
compter de la date de renvoi.
Le contrôle judiciaire ne peut être ordonné que si la personne mise en examen encourt
une peine d'emprisonnement pour délits ou une peine plus grave.
3) Contenu de la décision
Parmi les premières : ne pas sortir des limites territoriales ; ne s'absenter de son
domicile ou de sa résidence qu'à des conditions précisées par le magistrat ; ne pas se rendre ne
29
certains lieux ou ne se rendre que dans certains lieux ; s'abstenir de conduire un véhicule à
certaines conditions ; s'abstenir de recevoir ou de rencontrer certaines personnes ; ne pas se
livrer à certaines activités professionnelles ; ne pas émettre de chèques ; ne pas détenir une
arme.
Parmi les secondes : informer le juge de tout déplacement au-delà des limites
déterminés ; se présenter périodiquement à des services ou associations habilitées ; répondre
aux convocations de toute autorité, associations habilitées et se soumettre le cas échéant à des
mesures de contrôle portant par exemple sur ses activités professionnelles ou son assiduité à
un enseignement ; remettre tous documents justificatifs de l'identité ; se soumettre à des
mesures d'examen, ou de traitement (notamment de désintoxication) ; justifier le paiement des
aliments ou la contribution aux charges familiales ; en cas d'infraction commise contre le
conjoint.
L'art. 160 al. 1 précise que les obligations du contrôle judiciaire s'imposent à la
personne mise en examen pour une durée de deux mois.Une prorogation est possible pour une
durée de 10 mois.
Le juge d’instruction peut aller plus loin et prononcer, à tout moment, la mainlevée du
contrôle judiciaire, qui peut être décidée :
- Soit d’office ;
30
- Soit sur les réquisitions du procureur du Roi ;
- Soit sur demande de la personne mise en examen, par déclaration au greffe après
avis du procureur du Roi.
§ 3 – La détention préventive
Elle consiste dans l’incarcération de l’accusé dans une maison pénitentiaire pendant
une période susceptible de se prolonger aussi longtemps que l’instruction l’exige. Elle ne peut
résulter que d’un mandat de dépôt ou d’arrêt.
Dans son précis de droit criminel, publié en 1921 13, R. Garraud rappelait que la
détention préventive était le préliminaire de toute procédure criminelle et que le Code
d'instruction criminelle n'admettait la liberté provisoire qu'à titre exceptionnel. Il ajoutait :
"nous sommes aujourd'hui plus respectueux de la liberté de chacun et un mouvement de
réaction contre l'usage de la détention préventive se manifeste partout ...". Le Professeur Jean
Paul DOUCET affirmait que, « la nécessité de l’institution est aussi indiscutable que ses
vices ».
Elles sont relatives aux infractions (1), à la durée (2) et aux motifs (3).
13
Précis de droit criminel, éd. Sirey, 1921, p. 815, note 2.
31
1) Infractions
La détention préventive ne peut être ordonnée que par le juge d'instruction pour les
crimes et délits punis des peines privatives de liberté. Il ne peut recourir à cette mesure
qu'après interrogatoire du prévenu.
Le ministère public ou l'O.P.J. ne sont donc pas compétents à une exception près. En
effet le procureur du Roi ou le procureur général du Roi peut ordonner, lorsqu'il s'agit d'un
crime ou un délit flagrant, de placer un accusé "sous mandat de dépôt et le défère devant la
chambre criminelle dans les quinze jours au plus tard" (art. 73-4 C.P.P. et 74-1). Il s'agit de
l'hypothèse où l'instruction n'est pas obligatoire et que l'affaire est en état d'être jugée.
Un autre cas est prévu par l'art. 160 al. 5 C.P.P. Il s'agit de la personne mise en examen
qui se soustrait volontairement aux obligations du contrôle judiciaire.
2) La durée
D'abord, l'art. 176 C.P.P. qui traite la durée de la détention préventive en matière
délictuelle prévoit que la durée ne peut excéder un mois. Elle est prorogée pour les nécessités
de l'instruction deux fois. Pour cela il faut une ordonnance motivée du juge d'instruction sur
réquisitions motivée du ministère public.
Si après l'expiration du délai d'un mois, le juge d'instruction ne prend pas une
ordonnance de règlement dans les conditions prévues à l'art. 176 C.P.P., l'accusé est mis de
plein droit en liberté, car la détention dans ce cas sera dénuée de fondement, c'est-à-dire
arbitraire.
Puis, le deuxième cas de figure est régie par l'art. 177. Il s'agit de la personne
soupçonnée d'avoir commis un crime. Le juge d'instruction est saisi dans le cadre d'une
instruction obligatoire ou facultative.
La durée de la détention préventive est de deux mois. Encore une fois la durée peut
être prorogée cinq fois pour la même période par une ordonnance motivée du juge
d'instruction sur réquisitions motivées du procureur général du Roi.
Si le juge d'instruction ne prend pas une ordonnance de règlement durant cette période,
l'accusé est mis de plein droit en liberté.
Le prévenu est détenu dans une prison locale du lieu de la juridiction saisie de l'affaire
en première instance ou en appel selon les cas, chaque fois que les nécessité de la sécurité et
de la capacité d'hébergement de l'établissement pénitentiaire le permettent (art. 615-1 C.P.P.).
Là encore il faut envisager un mécanisme qui permet de séparer les personnes déjà
32
condamnés par une décision définitive et celles qui sont placées en détention préventive.
L'objectif est d'éviter l'influence des criminels dangereux sur des individus suspectés d'avoir
commis un délit mineur ou sont détenues à tort.
3) Les motifs
Le Code de procédure pénale est incapable de fournir une liste précise des motifs qui
exige le placement en détention préventive. Cela est critiquable, car l'ancien Code de 1959
prévoit dans son art. 152 que celui-ci ne peut se justifier qu'en cas de nécessité. Or cette
justification n'est pas suffisante pour protéger l'individu d'une atteinte possible à sa liberté et
aussi pour garantir le principe de la présomption d'innocence.
Le Code de procédure pénal français est en revanche beaucoup plus précis et plus
protecteur que le Code marocain, car il présente des hypothèses encadrant le pouvoir des
juges d'instruction pour décider du placement en détention préventive. Ainsi l'art. 137 C.P.P.
exige d'abord que la détention provisoire ne puisse être prononcée qu'à raison "des nécessités
de l'instruction ou à titre de mesure de sûreté". Le texte est complété par l'art. 144, tel qu'il
résulte de la loi du 5 mars 2007 ainsi rédigé : "La détention provisoire ne peut être ordonnée
ou prolongée que s'il est démontré, au regard des éléments précis et circonstanciés résultant
de la procédure, qu'elle constitue l'unique moyen de parvenir à l'un ou plusieurs des objectifs
suivants et que ceux-ci ne sauraient être atteints en cas de placement sous contrôle judiciaire
ou d'assignation à résidence avec surveillance électronique :
1° Conserver les preuves ou les indices matériels qui sont nécessaires à la manifestation de la
vérité ;
2° Empêcher une pression sur les témoins ou les victimes ainsi que sur leur famille ;
3° Empêcher une concertation frauduleuse entre la personne mise en examen et ses coauteurs
ou complices ;
7° Mettre fin au trouble exceptionnel et persistant à l'ordre public provoqué par la gravité de
l'infraction, les circonstances de sa commission ou l'importance du préjudice qu'elle a causé.
Ce trouble ne peut résulter du seul retentissement médiatique de l'affaire. Toutefois, le
présent alinéa n'est pas applicable en matière correctionnelle."
La lecture des art. 137 et 144 C.P.P. font montre que le législateur français accepte
d'une manière restrictive la détention provisoire. Le texte mentionne que celle-ci ne doit être
ordonnée que si les objectifs énumérés ne peuvent être atteints au moyen du contrôle
judiciaire. La privation de liberté est subsidiaire. Les mots employés sont bien précis : il faut
33
"démontrer" dans le cadre "des éléments précis et circonstanciés" de la procédure ; la
détention doit être "l'unique moyen" de parvenir à certains objectifs limitativement énumérés
avec tout autant de précision.
B) La mise en liberté
Dans cette hypothèse le juge d'instruction sera obligé de prendre une ordonnance de
mise en liberté. C'est dire que le juge d'instruction n'a pas un pouvoir d'appréciation de
l'opportunité de la mise en liberté puisqu'il est tenu d'appliquer ce qu'a décide le législateur
dans des cas bien déterminés. C'est ainsi le cas lorsque les fondements qui le justifie, ne se
vérifient plus. Cette situation se rapporte à trois cas de figure :
* D'abord l'expiration du délai de la détention préventive qui est d'un mois pour les délits,
et de deux mois pour les crimes sans que le juge d'instruction ne prend une ordonnance pour
prolonger la durée. Cela ressort clairement des art. 176 C.P.P. sur les délits et 177 C.P.P. sur
les crimes, qui prévoient la mise en liberté de plein droit de l'accusé.
14
L'affaire d'Outreau est une affaire pénale d'abus sexuel sur mineurs. Douze enfants sont reconnus victimes
par la Justice de viols, d'agressions sexuelles et de corruption de mineurs. L'affaire a débouché sur
l'acquittement de la majorité des accusés : quatre sont jugés coupables et 7 sont acquittés. Elle a donné lieu à
un procès devant la Cour d'assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais) du 4 mai 2004 au 2 juillet 2004, puis à un
procès en appel auprès de la Cour d'appel de Paris en novembre 2005.
34
* Puis l'art. 179 al. 4 C.P.P. prévoit la mise en liberté du prévenu si le juge d'instruction
n'a pas statué sur la demande dans un délai de cinq jours. Dans ce cas il peut saisir la chambre
correctionnelle de la Cour d'appel qui se prononce au plus tard dans les quinze jours après
réquisitions écrites et motivée du ministère public, faute de quoi l'agent est mise d'office en
liberté provisoire.
* Il s'agit de l'hypothèse où le juge d'instruction rend une ordonnance de non lieu, si les
faits ne reçoivent aucune qualification pénale, ou absence de charges concordantes et
suffisantes, ou cela est dû à l’état inconnu du délinquant. Dans ces cas il doit ordonner la mise
en liberté immédiate des accusés même si le ministère public décide de faire appel de
l'ordonnance.
Elle désigne que la mise en liberté relève de l'appréciation du juge d'instruction qui
estime que son maintien n'est pas nécessaire pour le bon déroulement de l'instruction.
Cette mise en liberté peut être assortie de la mise sous contrôle judiciaire
conformément aux formes prévues aux art. 160 à 174 C.P.P.
Cette initiative de mettre en liberté un prévenu peut être requis, à tout moment, par le
ministère public. Dans ce cas le juge d'instruction est tenu de statuer dans un délai de cinq
jours à compter de la date de présentation de ces réquisitions (art. 178-2 C.P.P.).
Dans le même ordre d'idée, le prévenu lui-même ou son avocat peut demander sa mise
en liberté avec ou sans propositions de garanties de se soumettre au juge durant le reste de la
procédure, quelle que soit l'infraction pour laquelle il est poursuivi et quelle que soit la forme
qu'il choisit pour sa demande.
Dans ce cas le juge d'instruction communique dans les vingt quatre heures la demande
au parquet et en avise la partie civile par lettre recommandée. Quelle que soit l'avis et la
réponse, le juge reste libre dans sa décision. Celle-ci doit avoir lieu dans les cinq jours à
compter de la date de dépôt de la demande par ordonnance juridictionnelle motivée. Or
lorsqu'il y a une partie civile en cause, l'ordonnance du juge d'instruction ne peut intervenir
35
que quarante huit heures à compter de l'avis donné à cette partie de la présentation de la
demande de liberté provisoire.
A supposer que le juge d'instruction ne statue par dans le délai que se passe-t-il ? La
réponse est portée par l'art. 179-4 C.P.P. Ainsi, l'inculpé ou le ministère public peut saisir
directement la chambre correctionnelle de la Cour d'appel qui se prononce au plus tard dans
les quinze jours après réquisitions écrites et motivée du ministère public, faute de quoi
l'inculpé est mis d'office en liberté provisoire, sauf s'il y a un supplément d'information.
* De l'autorité de renvoi qui lui appartient de statuer sur la liberté provisoire. Il peut s'agir
de la chambre criminelle ou de la chambre correctionnelle d'appel. L'arrêt rendu n'est
susceptible d'aucun recours (art. 180-2 C.P.P.).
* La juridiction qui a connu en dernier lieu de l'affaire au fond en cas de pourvoi devant la
Cour de cassation qui n'a pas encore statué. Son arrêt n'est pas susceptible de recours.
* lorsqu'il s'agit d'une décision d'incompétence dont l'affaire n'est pas encore renvoyée
devant la juridiction désignée, l'arrêt rendu par cette juridiction n'est pas susceptible d'appel.
Dans l'hypothèse où l'inculpé s'est présenté à tous les actes de la procédure et pour
l'exécution du jugement, le cautionnement lui est restitué.
36
* Si le prévenu mis en liberté provisoire est un étranger, la juridiction d'instruction ou de
jugement qui l'en a fait bénéficier est seule compétente pour décider l'assignation à résidence
dont il ne devra s'éloigner sans autorisation sous d'une peine privative de liberté de 3 à 6 mois
d'emprisonnement et une amende de 1200 à 12000 dirhams, de plus, le retrait de son
passeport (art. 182-2 C.P.P.).
La finalité de l'instruction préparatoire, qui est l'ensemble des mesures et des procédés,
est de permettre au juge d'instruction d'effectuer les recherches nécessaires et d'épuiser les
mesures utiles à la manifestation de la vérité. Elles permettent à ce magistrat de prendre des
ordonnances qui ont un caractère juridictionnel susceptible d'appel et de pourvoi en cassation.
Ainsi quand le juge d'instruction rassemble des preuves suffisantes et éclairantes, il
décide le renvoi de l'accusé devant la juridiction compétente. Or s'il lui apparaît que les
recherches effectuées ne permettent pas ce renvoi, il décide dans ce cas le non lieu. Dans ces
hypothèses, le magistrat instructeur prend des ordonnances de règlement (section 2).
Cependant, ces deux mesures sont précédées par une ordonnance de soit communiqué
par laquelle le juge remet le dossier au parquet en lui demandant de lui transmettre son
réquisitoire définitif par retour du dossier (section 1).
Selon l'art. 214 C.P.P. : "le juge d'instruction communique le dossier, côté par le
greffier, au ministère public aussitôt qu'il estime l'information terminée. Le ministère public
doit lui adresser ses réquisitions dans les huit jours au plus tard à compter de la réception du
dossier".
Le texte précité traite le rapport entre le ministère public et la juridiction d'instruction
au niveau de la Cour d'appel et du tribunal de première instance selon le domaine de
compétence de la juridiction. L'établissement de ce lien vise essentiellement à permettre au
parquet d'exprimer son point de vue, en tant que représentant de la société, sur le litige dans
un délai déterminé avant que le magistrat instructeur prenne une décision soit par le renvoi de
l'affaire devant la juridiction de jugement compétente en fonction de ce qu'il a décidé sur la
qualification pénale des faits, soit par un non-lieu. Dans le deuxième cas, il transmet le dossier
au ministère public pour l'étudier d'une manière approfondie et prendre des réquisitions
supplémentaires pour demander au magistrat instructeur d'effectuer telles ou telles démarches
qu'il pense utile à la manifestation de la vérité.
Or si le procureur du Roi ou le Procureur général du Roi, selon le domaine de
compétence de chacun, constate que l'instruction préparatoire a bien répondu à sa finalité et
que rien ne justifie sa continuité, dans ce cas il retourne le dossier au juge d'instruction avec
ses réquisitions définitives sur les faits, et dans lesquelles il résume son point de vue sur le
renvoi de l'affaire devant la juridiction compétente ou le non-lieu. Ces réquisitions peuvent
être conformes au résultat du juge d'instruction ou contraire à ce que celui-ci est parvenu dans
les opérations menées.
Il est à noter que le juge d'instruction est obligé de respecter les formes édictées par
l'art. 214 C.P.P., notamment de communiquer au ministère public le dossier avant de prendre
37
une ordonnance de clôture sous peine de nullité 15. Or les réquisitions du parquet n'ont aucun
caractère obligatoire, car le magistrat instructeur prend des ordonnances de clôture de
l'instruction en fonction des opérations qu'il a mené pour construire sa conviction mais qu'il
n'est pas tenu de suivre telles ou telles démarches proposées notamment par le ministère
public.
Elle est appelée aussi ordonnance de clôture. Il peut s'agir d'une ordonnance de non
lieu ou d'ordonnance de renvoi devant la juridiction de jugement.
Il est tout à fait normal qu'à l'issue de l'instruction, le juge chargé de l'instruction
décide, après examen des preuves et des charges retenues contre le prévenu, soit de le
renvoyer devant la juridiction de jugement compétente (§. 1), soit de prendre une ordonnance
de non lieu (§. 2), lorsque ce magistrat estime que la saisine de cette juridiction pour
prononcer la sentence ne se justifie pas.
Ces ordonnances sont portées à la connaissance de l'accusé ou son conseil, et de la
partie civile dans un délai déterminé (§. 3).
La réouverture de l'instruction sur charges nouvelles est, cependant, possible (§. 4).
Dès l'abord, une précision s'impose : le juge d'instruction est compétent pour décider
directement le renvoi devant la juridiction compétente pour toutes les catégories d'infractions
(art. 217-218 C.P.P.). Cela n'est rendu possible qu'avec le code actuelle de procédure pénale.
En effet, le Code de 1959 (abrogé) donne la compétence à la chambre d'accusation pour
renvoyer l'accusé devant la juridiction de jugement compétente, sur le fondement de
l'ordonnance de renvoi émanant de celle-ci et constatée dans l'acte d'accusation. Le Code de
procédure pénale de 2002 a réorganisé la procédure de l'instruction, car seul le juge
d'instruction est compétent lorsqu'il est saisi d'une réquisitoire afin d'informer. Or le même
code rend les ordonnances du magistrat instructeur susceptibles d'appel devant la chambre
correctionnelle de la Cour d'appel, sauf l'ordonnance de renvoi de l'accusé devant la chambre
criminelle, car elle n'est susceptible que de pourvoi en cassation (art. 218, al. 4).
15
"L'ordonnance qui n'est pas signé par le juge d'instruction dont elle émane est dépourvue de valeur légale. De
même l'ordonnance de soit communiqué qui n'est pas signée entraîne la nullité de la procédure" . Arr. n° 95
publié à la jurisprudence de la Cour de cassation criminelle, 65-57, p. 106.
38
Si le juge d'instruction estime que les faits retenus à la charge des personnes mises en
examen constituent une infraction qualifiée crime, il ordonne leur mise en accusation devant
la chambre criminelle de la Cour d'appel.
L'ordonnance contient, à peine de nullité, l'exposé et la qualification légales des faits,
et précise l'identité de l'accusé. S'il y a lieu, l'ordonnance précise les circonstances tendant à
aggraver ou à atténuer la peine.
Pour ce qu'est de la détention préventive, si l'accusé a été placé sous ce régime, le
mandat de dépôt décerné contre lui conserve sa force exécutoire. Si un mandat d'arrêt a été
décerné, il conserve aussi sa force exécutoire ; en revanche, les mandats d'amener ou de
comparution cessent de recevoir exécution, sans préjudice pour le juge d'instruction de
décerner contre l'accusé un mandat d'arrêt.
L'accusé détenu reste en détention jusqu'à son jugement par la chambre criminelle de
la Cour d'appel sous réserve de la possibilité pour la chambre criminelle de statuer sur la mise
en liberté provisoire qui peut être demandée par l'inculpé, son conseil ou le représentant du
ministère public (art. 180, al. 1er C.P.P.).
Si le juge d'instruction près le tribunal de première instance estime que le faits
constituent un délit, il transmet le dossier de l'affaire au procureur du Roi aux fins de citation
dans les conditions prévues aux articles 308 et 309 C.P.P. (art. 217-4 C.P.P.)
Si le juge d'instruction près la Cour d'appel estime que les faits constituent un crime, il
rend une ordonnance de renvoi de l'accusé devant la chambre criminelle. Elle n'est susceptible
que de pourvoi en cassation dans les conditions prévues aux articles 419-420 C.P.P. (art. 418-
4 C.P.P.).
§. 2 - L'ordonnance de non-lieu
Selon l'art. 216 C.P.P., le juge d'instruction rend une ordonnance de non-lieu lorsqu'il
estime que l'affaire ne peut comporter aucune suite. L'ordonnance juridictionnel est un acte
juridictionnel, elle arrête l'action publique.
L'ordonnance de non-lieu peut être motivée en droit ou en fait.
Sont des motifs de droit : le fait que l'infraction n'est pas constituée, qu'il existe un fait
justificatif, que l'action publique est éteinte, ou que les faits sont amnistiés.
L'établissement d'une cause de non-imputabilité telle la contrainte entraîne un non-lieu
au profit du délinquant chez qui cette cause a été relevée, mais uniquement à son égard. Une
ordonnance de non lieu motivée par la contrainte, un fait justificatif ou le décès de la personne
mise en examen doit néanmoins préciser s'il existe des charges suffisantes établissant que
l'intéressé a commis les faits qui lui sont reprochés.
Sont des motifs de fait : le non établissement des circonstances de l'infraction, la non
identification du coupable et d'une manière générale l'absence de charges suffisantes.
Le non-lieu peut viser tous les faits et toutes les personnes (non-lieu total), ou
seulement certains d'entre eux (non-lieu partiel). Le non-lieu total ne peut intervenir qu'en fin
d'information, alors que le non-lieu partiel peut être décidé au cours de l'instruction selon l'art.
219 C.P.P.
39
Les effets de non-lieu dépendent des motifs relevés. Ainsi, si l'ordonnance est motivée
en droit, elle est irrévocable et a l'autorité de la chose jugée. Or, si elle est motivée en fait, elle
est au contraire révocable. Elle n'a pas l'autorité de la chose jugée, de sorte qu'il peut y avoir
réouverture de l'instruction sur charges nouvelles.
Le caractère définitif de l'ordonnance de non-lieu motivée en droit ne doit pas induire
en confusion, car l'ordonnance de non-lieu motivée en droit comme l'ordonnance de non-lieu
motivée en fait, peuvent être frappées par un appel auprès de la chambre correctionnelle de la
Cour d'appel par les soins du ministère public (art. 222 C.P.P.) et la partie civile (art. 224
C.P.P.).
L'ordonnance de non-lieu permet à celui qui a été visé par l'instruction et mis en
examen de faire condamner, s'il y a lieu, le dénonciateur pour dénonciation calomnieuse.
Dans le but de restaurer la présomption d'innocence qui aurait été mise à mal par une
mise en examen, le juge d'instruction peut ordonner sur la demande de la personne concernée
ou avec l'accord de cette personne, d'office ou à la demande du ministère public, soit la
publication intégrale ou partielle de la décision de non-lieu, soit l'insertion d'un communiqué
informant le public des motifs du dispositif de celle-ci dans un ou plusieurs journaux. Si le
juge d'instruction refuse d'accéder à la demande de la personne concernée, il doit rendre une
ordonnance motivée susceptible d'appel devant la chambre correctionnelle de la Cour d'appel
conformément aux art. 222 et 223 C.P.P.
Si la personne mise en examen était détenue, elle est remise immédiatement en liberté.
Le non-lieu met également fin au contrôle judiciaire.
Les ordonnances du juge d'instruction, de non lieu ou de renvoi, sont communiquées
dans les vingt-quatre heures suivantes, par lettre recommandée, au conseil de l'inculpé et de la
partie civile.
Si l'inculpé est détenu, la communication lui en est faite par l'intermédiaire du chef de
l'établissement pénitentiaire.
L'art. 220 C.P.P. prévoit que : "il est donné avis, dans les vingt quatre heurs suivantes,
par lettre recommandée, au conseil de l'inculpé et de la partie civile de toutes ordonnances
rendues par le juge d'instruction.
Dans les mêmes formes et délais, les ordonnances de règlements et les ordonnances
qui sont susceptibles d'appel sont portées à la connaissance de l'inculpé et de la partie civile.
Si l'inculpé est détenu, la communication lui en est faite par l'intermédiaire du chef de
l'établissement pénitentiaire.
Le greffier donne avis de toute ordonnance au ministère public le jour même où elle
est rendue."
Le texte ci-dessous traite clairement la question de la communication des ordonnances
du juge d'instruction comme une formalité substantielle, car l'information menée par ce
magistrat a un caractère juridictionnel susceptible d'appel. De plus, cette communication est
justifiée par la protection des droits de la défense.
Il est à noter que le législateur a abandonné dans le dernier alinéa de l'art. 220 C.P.P.
sa position qu'elle a exprimé dans l'ancien art. 202 du Dahir du 10/2/1959 (abrogé). Elle
consistait à l'époque de dispenser le juge d'instruction de la charge de porter à la connaissance
du ministère public les ordonnances qui sont en conformité avec ses réquisitions, ce que la
doctrine s'y est opposée. En effet, le ministère public doit tenir informer de toutes les
ordonnances du juge d'instruction mêmes celles qui ne contredisent pas son point de vue, car
40
il n'est qu'une simple partie au litige. Cette solution s'impose pour répondre à la situation où le
parquet change sa position et décide d'interjeter un appel.
Selon l'art. 228 C.P.P. "l'inculpé à l'égard duquel le juge d'instruction a rendu une
ordonnance de non-lieu ne peut être poursuivi du même fait, à moins qu'il ne survienne de
nouvelles charges".
Il convient d'examiner les conditions de la réouverture de l'instruction sur charges
nouvelles (A), et la procédure de cette réouverture (B).
Il faut, bien entendu, des "charges nouvelles". Aux termes de l'art. 229 C.P.P., "sont
considérées comme charges nouvelles, les déclarations de témoins, pièces et procès-verbaux
qui n'ayant pas pu être soumis à l'examen du juge d'instruction sont cependant de nature, soit
à fortifier les charges qui auraient été trouvées trop fiables, soit à donner aux faits de
développements utiles à la manifestation de la vérité". Les charges nouvelles ne sont donc pas
nécessairement des faits entièrement nouveaux, elles peuvent être des aspects nouveaux des
mêmes faits.
La réouverture sur charges nouvelles suppose que l'information avait été ouverte
contre personne dénommée. En cas d'information contre X, il n'est pas nécessaire qu'il ait des
charges nouvelles pour rouvrir l'instruction. Une nouvelle instruction peut être ouverte contre
une personne qui n'a pas été mise en examen dans la première information.
La réouverture de l'information ne peut être requise que par le Ministère public (art.
230 C.P.P). La partie civile est donc exclue. Elle sera requise par le procureur du Roi ou le
procureur général du Roi près la Cour d'appel.
B) La procédure
Les décisions du juge d’instruction restent susceptibles d’un contrôle de nature judiciaire.
Le ministère public, le prévenu et la partie civile sont habilités, à interjeter appel devant la
chambre correctionnelle de la Cour d'appel, en vue de rectifier ou d’annuler les ordonnances
41
d’un juge d’instruction. Mieux encore, les arrêts de la chambre correctionnelle peuvent faire
l’objet de pourvoi en cassation devant la Cour de cassation afin de contrôler leur conformité
au droit.
42
Chapitre 4 - Contrôle de l'instruction préparatoire
A) La composition
16
Dahir portant loi n° 1-74-448 du 11 ramadan 1394 (28 septembre 1974) édictant des mesures transitoires
pour l'application du dahir portant loi n° 1-74-338 du 24 joumada II 1394 (15 Juillet 1974) fixant l'organisation
judiciaire du Royaume et du décret n° 2-74-498 du 25 joumada II 1394 (16 juillet 1974) pris en application du
dahir portant loi sus visé.
17
Dahir n° 1-58-261 du 1er chaabane 1378 (10 février 1959) formant Code de procédure pénale.
43
B) L'audience
La procédure est inquisitoire. Elle repose sur la rapidité, l'écrit et le secret. En effet les
débats se déroulent à huit clos. La chambre correctionnelle statue en chambre du conseil,
après rapport du conseil chargé de l'affaire. Le procureur général du Roi met le dossier en état
et le soumet avec son réquisitoire à la chambre correctionnelle dans les cinq jours de sa
réception du dossier (art. 234). Ce dossier comprenant les réquisitions du procureur général du
Roi est communiqué aux parties et leurs conseils. La chambre examine des réquisitions écrites
du procureur générale du Roi et des mémoires des parties. Le parquet et le greffier ne peuvent
être présents aux délibérées. Or l'arrêt est rendu en audience publique.
La chambre correctionnelle peut ordonner la comparution personnelle des parties et
leur audition.
§. 2 - Le président de la chambre
Les articles du Code de procédure pénale confèrent au président les prérogatives d'un
supérieur administratif des juges d'instruction. Dans ce but, les cabinets d'instruction
établissent tous les trois mois un état complet des instructions en cours avec indication précise
de la date d'accomplissement de la dernière formalité, de description spéciale des conditions
de détention préventive.
Ces états sont transmis, tous les trois mois, au président de la chambre correctionnelle et
au procureur général du Roi.
Les procédure dans lesquelles sont impliqués des inculpés détenus préventivement
figurent sur un état spécial (art. 248 C.P.P.).
Le président de la chambre correctionnelle ou son délégué peut effectuer une visite tous
les trois mois dans tout établissement pénitentiaire de la Cour d'appel vérifiant ainsi la
situation des détenus préventifs. Il peut provoquer toutes explications utiles de la part du juge
d'instruction. Il peut aussi adresser des recommandations au juge d'instruction si la détention
lui apparaît injustifiée (art. 249 C.P.P.).
Il dépose un rapport annuel sur le fonctionnement des cabinets d'instruction du ressort de
la Cour d'appel et transmet une copie au procureur général du Roi (art. 250 C.P.P.).
44
A) Les bénéficiaires du contrôle
L'appel appartient au parquet (1) et les particuliers (prévenus et parties civiles) (2).
Cet appel peut être formé contre les ordonnances rendues contrairement à ses
réquisitions ou même conformément à ces dernières parce qu'il est nécessaire de laisser le
ministère public revenir sur une prise de position antérieure si l'intérêt de la société l'exige.
Cette formule générale très bien fondée, reste relative en réalité. L'extension à toutes
les ordonnances s'explique par le fait que le ministère public est partie principale au procès et
plus particulièrement parce qu'il est bien placé pour relever les failles d'une instruction.
Il est à noter que le droit du ministère public ne concerne que les ordonnances de
nature juridictionnelle (compétence, détention préventive, renvoi, non-lieu). Il ne s'étend
guère aux ordonnances de nature purement "administrative", c'est-à-dire aux actes
d'instruction (commission rogatoire, enquête de personnalité, transport sur les lieux, mandat
de comparution ...). Le ministère public n'interjette un appel que lorsque le juge d'instruction
rend une ordonnance refusant l'accomplissement d'un acte d'instruction demandé par le
parquet. En pratique ce dernier ne conteste que les ordonnances juridictionnelles qui
contredisent ses opinions.
D'un point de vue procédural, les formes de l'appel sont prévues aux al. 2, 3, 4 et 5 de
l'article 222 C.P.P. Sur le fondement de cet article, on peut faire les remarques suivantes :
L'appel a lieu sous forme de déclaration écrite au greffe de la juridiction où siège le
juge d'instruction, dans la journée qui suit celle où l'ordonnance a été rendue (art. 222-
2 C.P.P.).
Selon l'article précité, lorsque l'appel est interjeté contre une ordonnance du juge
d'instruction près du tribunal de première instance (pour les délits dont l'instruction est
obligatoire ou facultative), le procureur du Roi peut former une déclaration au greffe
du tribunal où siège le juge d'instruction. Or pour les crimes, c'est le procureur général
45
du Roi près la Cour d'appel qui est compétent pour interjeter appel d'une ordonnance
du juge d'instruction près de cette Cour.
Dans tous les cas où l'appel de toute ordonnance du juge d'instruction près du tribunal
de première instance est interjeté par le procureur du Roi près ledit tribunal, le juge
d'instruction lui adresse le dossier de l'information ou une copie certifiée conforme,
dans les vingt quatre heures de la déclaration d'appel (art. 225-1 C.P.P.). Après la
réception du dossier, le procureur général du Roi le transmet avec ses réquisitions à la
chambre correctionnelle au plus tard dans les cinq jours à compter de la date de cette
réception (art. 225, al. 2 et 3 C.P.P.).
Dans le cas d'appel interjeté de toute ordonnance prises lors d'une information en
matière criminelle, le juge d'instruction communique le dossier ou une copie certifiée
conforme au procureur général du Roi dans les vingt quatre heures de l'appel, avec ses
propres observations.
L'accusé reste un particulier dont les droits et les intérêts paraissent limités en
procédure pénale.
Il peut former appel des ordonnances du juge d'instruction qui peut lui causer des
ennuis très graves. Le domaine d'appel du prévenu est déterminé par l'article 223 C.P.P. aux
termes duquel : "l'inculpé a le droit d'interjeter appel devant la chambre correctionnelle de la
Cour d'appel des ordonnances prévues aux art. 94, 152, 176, 177, 179, 194 (dern. al.), 208 et
216 (les al. 2, 3, 6 et 7).
Il peut aussi interjeter appel de l'ordonnance par laquelle le juge d'instruction a,
d'office ou sur déclinatoire des parties, statué sur sa compétence.
Il ressort donc du texte que l'appel ne peut avoir lieu qu'à l'encontre des ordonnances
relatives à l'admission d'une constitution de partie civile (art. 94 C.P.P.), au mandat de dépôt
(art. 152 C.P.P.), à la détention préventive pour délits (art. 176 C.P.P.), ou pour crimes (art.
177 C.P.P.), et au refus de la liberté provisoire (art. 179 C.P.P.), au refus d'ordonner une
expertise (art. 194 C.P.P.), au refus d'ordonner un complément ou une contre expertise (art.
208 C.P.P.), à la restitution des objets saisis (art. 216-2 C.P.P.), à la liquidité des dépens (art.
216-3 C.P.P.), à la publication de l'ordonnance de non-lieu (art. 216-6 et 7 C.P.P.), à la
compétence (art. 223-2 C.P.P.).
Il s'agit d'une liste limitative des ordonnances pouvant faire l'objet d'un appel. Mais il
semble que les ordonnances de renvoi sont exclues de cette liste 18. C'est une prérogative du
ministère public19.
Sous l'angle procédural, la partie poursuivie interjette appel en déposant une
déclaration écrite au greffe de la chambre correctionnelle de la Cour d'appel, dans les trois
jours qui suivent sa réception de l'ordonnance du juge d'instruction.
18
"L'ordonnance du juge d'instruction de renvoi de l'accusé à la chambre criminelle de la Cour d'appel n'est pas
susceptible d'appel devant la chambre correctionnelle. L'arrêt objet du pourvoi qui a décidé la recevabilité de
l'appel de l'accusé dans ce cas, encourt la cassation pour violation de la loi". Arr. de la Cour suprême, n° 205 du
26 janvier 2000, rev. de la jurisprudence de la Cour suprême, n° 57 et 58, p. 491.
19
"Selon les articles 7 et 10 du Dahir du 8 septembre 1974 édictant des mesures transitoires et l'article 204 de
l'actuel code de procédure pénale, l'appel du ministère public de l'ordonnance du juge d'instruction de renvoi
des accusés devant la chambre criminelle est recevable. L'arrêt attaqué qui a décidé la non recevabilité encourt
la cassation pour violation de la loi". C. sup., n° 32, du 17 janvier 1999, jurisprudence de la Cour suprême, n° 53
et 54, p. 379.
46
Lorsque l'inculpé est en détention, cette déclaration est reçue au greffe de
l'établissement pénitentiaire où elle est immédiatement inscrite sur un registre spécial. Le chef
de l'établissement est tenu de transmettre cette déclaration, sous peine de sanctions
disciplinaires, au greffe de la juridiction dans les vingt quatre heures (art. 223-4 C.P.P.).
En application de l'art. 224 du C.P.P., la partie civile peut interjeter appel des
ordonnances du juge d'instruction dans les cas suivants :
Les ordonnances de refus d'informer ;
les ordonnances de non lieu ;
les ordonnances de compétence.
D'une manière générale de diminution de ses intérêts particuliers (ex. admission d'une
autre partie civile, refus d'expertise ou expertise complémentaire ou contre expertise).
Les autres ordonnances lui demeurent refusées. C'est ainsi le cas des ordonnances de
détention provisoire, et pendant la libération provisoire, du contrôle judiciaire.
Sur le plan procédural, l'appel de la partie civile obéit aux mêmes règles que celui de
la partie poursuivie.
De prime abord, une précision s'impose. Les règles de procédure pénale sont d'ordre
public. Certains mécanismes se justifient davantage par le respect des droits de la défense de
la partie poursuivie ou de la victime.
D'autres enfin s'expliquent par une prudence logique recherchée par le législateur en
vue d'assurer à la justice pénale le maximum de régularité.
De ce qui précède, on peut relever qu'il existe certains cas de nullités (A) qui peuvent
être demandées par les parties (B), aux autorités compétentes (C).
A) Cas de nullité
Elles sont expressément prévues par l'article 210 du C.P.P. Elles sont limitatives et
visent à protéger la personne poursuivie et la victime. Il en est ainsi de la violation des articles
134 et 135 concernant l'interrogatoire de première comparution. D'abord, l'article 134 (des
informations que le juge d'instruction doit donner au prévenu lors de l'interrogatoire de
première comparution : choix d'un avocat, informer la personne des faits qui lui sont imputés,
la liberté de ne faire aucune déclaration lors de l'interrogatoire de première comparution, ne
pas mentionner cette information dans le procès-verbal ...). Puis l'article 135 (le fait que le
juge d'instruction procède immédiatement à un interrogatoire et à des confrontations sans
préciser les causes d'urgence). De l'interrogatoire sur le fond en l'absence d'avocat et sans
renonciation expresse et celles des articles 59, 60, 62 et 101 concernant les perquisitions.
Il est évident que ces cas reflètent l'impératif de protéger la partie poursuivie. Ils
s'expliquent essentiellement par la bonne administration de la justice.
47
Elles ne sont pas énumérées par l'article 210 C.P.P. On en trouve trace dans l'art. 212-1
C.P.P. Celui-ci se contente d'indiquer qu'elles consistent dans la violation des droits de la
défense.
Ces cas de nullité même s'ils régis par l'article précité, il n'en demeure pas moins que
son domaine est indéterminé. Le texte est en effet accepte une souplesse qui permet au juge
d'apprécier souverainement la nullité de l'instruction. C'est ainsi le cas de l'incompétence
territoriale du juge d'instruction, ou lorsqu'un renvoi a lieu sans interrogatoire sur le fond, ou
lorsque les ordonnances ne sont pas notifiées aux parties intéressées.
Selon l'art. 211 C.P.P. le juge d'instruction saisit la chambre correctionnelle de la Cour
d'appel s'il lui apparaît qu'un acte de l'information est frappé de nullité, après avoir pris l'avis
du ministère public et en avoir avisé l'inculpé et la partie civile.
L'alinéa 2 du même article donne au ministère public, à l'inculpé et à la partie civile la
possibilité s'il leur apparaît qu'une nullité a été commise, ils requièrent du juge d'instruction
communication de la procédure au ministère public qui transmet à la chambre correctionnelle
une requête motivée aux fins d'annulation dans les cinq jours.
Celle-ci décide si l'annulation doit être limitée à l'acte vicié ou s'étendre partiellement
ou totalement à la procédure ultérieure.
Le respect de ces délais s'impose sous peine de forclusion. Le juge peut alors continuer
l'instruction sauf quand elle est terminée ou quand la chambre correctionnelle en décide
autrement suivant une procédure et un formalisme.
Quand il est question d'une violation textuelle, la chambre correctionnelle annule l'acte
irrégulier. En effet, l'acte qui porte une violation au droit de la défense, l'annulation est d'ordre
public.
En revanche, quand l'annulation vise une situation substantielle pure, elle peut être
ratifiée expressément par la partie intéressée.
La nullité virtuelle reste soumise à l'appréciation souveraine de son opportunité par la
chambre correctionnelle.
La décision d'annulation peut se limiter à l'acte contesté ou s'étendre à toute ou partie
de la procédure ultérieure. L'acte annulé est retiré de la procédure.
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2) L'hypothèse de la juridiction de jugement
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