Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
La modélisation des processus s'est répandue au cours des dernières années. Elle est un
exercice délicat, surtout pour des personnes peu préparées. Cette chronique propose 10
règles pratiques et éprouvées pour produire des modèles utiles, et les réaliser
rapidement.
Pour remédier à cette situation, il convient d'appliquer les dix règles concrètes de
modélisation des processus :
1) Distinguer processus et procédure : cette règle bien connue est dans les faits très
mal appliquée. Rappelons les définitions de l’AFNOR : un processus est un ‘ensemble
d'activités corrélées ou interactives qui transforme des éléments d'entrée en éléments de
sortie’ alors qu’une procédure est la ‘manière spécifiée d’accomplir une activité’.
Bref, le processus décrit uniquement les invariants, c’est-à-dire les règles
universelles applicables à toutes les organisations, indépendamment des moyens
utilisés pour son exécution. Les moyens sont à décrire dans les procédures. Par
exemple, une entreprise peut décider de mettre en place un processus unique et
multi-canal pour traiter les réclamations de ses clients. Ce processus se déclinera ensuite
selon différentes procédures, selon que la communication avec le client se fait par
courrier, par e-mail, ou par téléphone.
3) Définir les tâches par la transformation d’un objet Métier : toute tâche doit
modifier un objet Métier. Par objet Métier, Rhapsodies Conseil entend un élément
manipulé au quotidien par les acteurs de l’Entreprise. Il est assez facile de dresser une
liste des principaux objets Métiers. Ce sont souvent les mêmes d’une entreprise à
l’autre : des produits, des commandes, des contrats, des matériels… La règle permet
alors de déterminer quelles sont les tâches qui sont vraiment nécessaires. En effet,
comme on l’entend souvent dire, une tâche doit avoir une valeur ajoutée. Un moyen
concret de s’en assurer, est de vérifier que la tâche a effectivement modifié un objet. A
l’inverse, toute action qui ne modifie rien n’a pas de valeur ajoutée, il est donc
totalement inutile de la décrire.
L’action « lire le courrier » par exemple n’a aucune valeur ajoutée : ce qui importe
vraiment, c’est de déterminer les tâches à exécuter suite à la réception de ce courrier.
4) Faire porter toutes les règles de gestion par des tâches : cette règle découle de la
précédente. Soit une tâche T1, qui permet de faire passer un objet O d’un état E1 à un
état E2. Pour cela, elle doit obéir à une série de règles de gestion. La tâche suivante aura
pour but de traiter tous les objets O qui sont dans l’état E2. A ce niveau de description,
il est totalement inutile d’ajouter une règle (ou pire, une tâche, comme on le voit
parfois) pour indiquer que lorsque la tâche T1 est terminée, alors il faut exécuter la tâche
T2. Ainsi, dès le départ, on isole tout naturellement les règles d’enchaînement, ce qui
facilite l’utilisation d’outils d’orchestration de processus (BPM, workflow).
6) Utiliser les évènements avec parcimonie : dans la grande majorité des cas, il est
inutile de conserver une trace séparée des évènements. Il suffit d’historiser les états
successifs par lesquels l’objet Métier est passé, ce qui revient exactement au même. Par
exemple, il est bien évident que la tâche « valider une facture » fait passer la facture
à l’état validé ; il ne sert donc à rien d’enregistrer dans le système d’information un
évènement ‘facture validée’. Il suffit de mémoriser la date à laquelle la facture a été
validée, et ce, seulement si on en a vraiment besoin. Cette approche simplifie la mise en
œuvre du pilotage de l’activité (BAM) en se concentrant directement sur les résultats, et
non sur les évènements.
7) Faire porter les activités sur un objet métier unique : une activité est une suite
de tâches qui portent sur un même objet, et qui a pour but de faire passer cet objet par
des états successifs de son cycle de vie. La raison de ce critère de regroupement est
purement économique : dans l’idéal, cette série de tâches devrait pouvoir être confiée à
un même agent, de manière à éviter les ruptures de charge, toujours coûteuses.
8) Déterminer les rôles à partir des activités, et non l’inverse : un rôle doit être vu
comme l’ensemble des privilèges nécessaires à un même agent (personne, système…)
pour pouvoir exécuter les tâches qui lui sont confiées.
Dans l’idéal, comme on l’a vu précédemment, il est plus économique de faire exécuter
une activité de bout en bout par le même agent. Toutefois, ceci n’est pas toujours
souhaitable, en particulier pour des raisons de sécurité et de contrôle. L’exemple
classique est le traitement des factures Fournisseurs : l’agent qui valide une facture ne
peut pas déclencher le règlement de celle-ci. Ceci aboutit à définir deux rôles distincts.
Contrairement à l’approche couramment pratiquée, ce ne sont donc pas les rôles qui
doivent déterminer les activités, mais bien les activités qui doivent déterminer les rôles.
Le titre de « Contrôleur de Gestion » par exemple, ne permet pas de déterminer les
différentes activités dont un contrôleur de gestion a la charge : celles-ci varient
fortement d’une organisation à l’autre. Par exemple, dans certaines entreprises, le
contrôleur de gestion approuve les commandes d’investissement; dans d’autres, il valide
les factures.
10) Tenir compte des intérêts de toutes les parties prenantes : ce sera notre critère
principal pour déterminer les bornes d’un processus. Un processus n’est que l’un des
chemins possibles parmi toutes les activités qui figurent au « catalogue » de
l’entreprise : il ne s’arrête que lorsque les intérêts de toutes les parties prenantes sont
satisfaits.
Par exemple, il y a quelques années, un opérateur de téléphonie mobile prenait la peine
d’appeler ses clients dans les 48 heures suivant leur achat d’un nouveau coffret, de
manière à s’assurer qu’ils arrivaient bien à l’utiliser. Par ailleurs, on oublie trop souvent
les intérêts de l’État, du partenaire à qui il faut verser une commission,… Bien entendu,
il ne s’agit pas de dire que toute l’Entreprise peut se réduire à un seul processus !
--------------------------------------
Remerciements : Rendons à César ce qui lui appartient : si la majorité de ces règles sont
ma modeste contribution, je remercie Praxeme qui dès 2003, avait clairement formulé la
règle N°3. Merci également au Club des Pilotes de Processus, dont sont tirés
quelques-uns des exemples cités.
Ajouter un commentaire...
Commenter avec...