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JANV. / FÉV.

2015 - N° 97 - 10 €

L A R E V U E D E L’ A G R I C U LT U R E BIO biofil.fr

LE PLAN,
EAUTÉS
LES NOUV

GRANDES
CULTURES
Fermoscopie
dans l’Yonne

ÉLEVAGE
Fabriquer
l’aliment
à la ferme

CULTIVER SOUS ABRIS

Intensément bio
OLÉICULTURE VITI-VINI
Coûts de production : Stratégies pour
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EDITO

Un nouvel élan pour 2015 ?


2015 sera-t-elle l’année de la reprise des conversions ? preuve : pour la 2e année consécutive, ce sont des produc-
En tout cas, la conjoncture est favorable, notamment en teurs bio qui remportent le trophée du développement
grandes cultures : la chute des cours en conventionnel, durable du ministère de l’Agriculture dans la catégorie
associée à une volatilité des prix peu sécurisante, ainsi “exploitant”. En 2014, la palme est revenue au Gaec ven-
que les aides à la conversion en hausse, passant de 200€/ déen Ursule en polyculture-élevage, fort de 4 associés : sa
ha à 300€/ha sont, pour les agriculteurs, autant de vents conversion progressive dans les années 1990 avec les pou-
propices à un changement de cap. lets bio, suivie de ses 270 ha en 2000 et de son troupeau de
En élevage aussi, les feux sont au vert : les filières, plus bovins, est “un exemple réussi et abouti de l’agroécologie”, se
stables, sont plus attractives. De plus, précurseur en réjouit le ministère de l’Agriculture. Associations d’espèces
bien-être animal, la bio cumule les atouts. Aujourd’hui, en grandes cultures et en prairies, haies
après des dizaines d’an- pour favoriser l’équilibre
nées d’abus dans les écologique, autonomie,
élevages intensifs, la pâturage… le système
question est au cœur de est performant, durable,
l’actualité. L’Assemblée transposable, adaptable,
nationale vient d’adop- multipliable Et les agri-
ter un amendement, culteurs sont épanouis.
dans le cadre du projet En 2013, le gersois Pierre
de loi de simplification Pujos était lauréat grâce
du droit, qui reconnaît à ses techniques nova-
aux animaux la qua- trices associant grandes
lité symbolique “d’êtres cultures, maraîchage et
vivants doués de sensi- agroforesterie. “Ses résul-
bilité” (il doit être aussi tats économiques et tech-
débattu au Sénat). Peu niques prouvent la cohérence
intensive, interdisant le de son système”, applaudit le
hors-sol, imposant les parcours de plein air, le pâturage, ministère de l’Agriculture.
la bio offre à la société un modèle d’élevage soutenable, Face à un monde agricole pris au piège d’un engrenage
qu’elle ne valorise d’ailleurs pas assez. productiviste, ces initiatives sont porteuses d’avenir. Si
En cultures spécialisées également, la tendance est posi- l’appât d’un marché prometteur et de financements flé-
tive, notamment en maraîchage où la demande locale chés dans ce sens, via la nouvelle Pac, motivent ceux qui
grossit, stimulée par une filière dynamique. En arbo, la n’étaient, jusque-là, pas tout à fait convaincus, c’est tant
situation est plus compliquée, malgré les difficultés du mieux. Car doubler les surfaces d’ici 2017, pour atteindre
marché conventionnel : se convertir reste un défi tech- 2 millions d’hectares, est un vrai challenge. Q
nique de haute voltige, et implique un accompagnement
pointu et de la recherche, qu’il faut renforcer. En viti, les Christine Rivry-Fournier
nombreuses conversions de ces dernières années imposent
de multiplier les débouchés. Toute l’équipe de Biofil
Exemplaire, la bio ne cesse pourtant de s’afficher. La vous souhaite une très belle année 2015.

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SOMMAIRE
A B O N N E Z - VO U S ! sur Biofil.fr

3 - ÉDITO GRANDES CULTURES

INDICATEURS  Gérard Michaut, céréalier dans l’Yonne :


un mot d’ordre, la simplification
5 De la vigne au vin : des conversions au ralenti
ARBORICULTURE
ACTUALITÉS
53 5e Assises de l’oléiculture bio :
6 Actualités régionales surprises sur coûts de production
 Actualités nationales en bref 55 Du kaolin contre les mouches et les pucerons
11 Les tendances du Sial : du bonheur dans l’assiette 56 Matériels vus à Tech et Bio
13 La Terre est notre métier : savoir-faire et transmission
16 Tech et Bio Méditerranée : MARAÎCHAGE
soif de progrès techniques
 1er)RUXPGXIRQGV$YHQLU%LR 58 Essais tomates : 20 variétés à la loupe

RÉGLEMENTATION VITICULTURE

21 Plans de contrôle : plus d’harmonisation 60 9LQLŽFDWLRQbVWUDW«JLHVSRXUU«GXLUHOH622

22 - REVUE DE PRESSE PPAM

AILLEURS 63 Lavande et lavandin sur le plateau d’Albion :


OřHVVHQWLHOOHDX*DHFGH)UD\VVH
24 Californie : un pionnier de la noix bio
64 - ENTREPRISE
DOSSIER CULTIVER SOUS ABRIS
MATERIEL
26 Intensément bio
28 Tester les systèmes plus intensif ou extensif 66 9XDX9LQLWHFK6LIHO
32 Objectif : volume et diversité
35 Tomates anciennes : 67 - SALON 
de la qualité pour la vente directe
 Les nématodes à galles : 68 - RENDEZ-VOUS / BIBLIO
comment diminuer les risques
SIVAL
PRODUCTIONS ANIMALES
 Conférences et nominés au concours Sival
42 ‹OHYDJHSRUFLQbOHVDWRXWVGHOD)DI Innovations
44 Denis Martin, fafeur :  A découvrir aussi
meilleure maîtrise de l’alimentation  Le plan du Sival
46 1ère rencontre Itab sur la génétique animale :
reprendre en main la sélection
48 Parasitisme : étude sur les caprins de la Drôme

4 BIOFILŠ1rŠ-$19)‹92015
,1',&$7(856

De la vigne au vin

Des conversions
au ralenti
Après un quasi triplement entre 2007 et 2012, le vignoble français bio s’est
stabilisé en 2013 : 64 610 ha sont cultivés en bio, soit 8,2 % du vignoble natio-
nal, répartis au sein de 4 916 exploitations. Une pause des conversions qui se
poursuit en 2014. La parole aux chiffres.

➽ Cette année, 144 nouveaux ➽ L’envol de l’offre amorcée en 2012 toujours en hausse (38 % de part de
vignobles ont démarré leur conversion se confirme : plus d’1 million d’hecto- marché vs 36 % en 2012). Les maga-
(1), contre 187 en 2013 et 282 en 2012 litres de vin bio sont mis sur le marché sins bio constituent le second lieu
sur la même période. D’où un ralen- en 2013. “Un atout pour développer la d’achat, avec 25 % de part de marché
tissement de la croissance des engagés filière et toucher de nouveaux consom- en repli. Les grandes surfaces alimen-
plutôt salutaire pour la filière et la ges- mateurs”, se réjouit Patrick Guiraud, taires reculent aussi (18,5 % vs 20 % en
tion des ventes ces prochaines années. vigneron, président de Sudvinbio et 2011), au profit des cavistes, qui pro-
➽ 4 régions concentrent plus des du salon Millésime Bio. gressent un peu chaque année (18 %
3/4 des surfaces de vigne certifiées en 2013 vs 17 % en 2012).
bio et en conversion : Languedoc- Une demande dynamique ➽ Près de 44 % des volumes mis
Roussillon (20 571 ha), Provence- ➽ En 2013, 1 Français sur 3 en marché en 2013 sont exportés
Alpes-Côte d’Azur (15  128  ha), consomme du vin bio régulièrement (Allemagne, États-Unis, Japon…). Ce
Aquitaine (9 742 ha) et Rhône-Alpes ou de temps en temps selon une étude montant représente 60 % du total du
(5 120 ha). consommateur IPSOS/Sudvinbio. CA export bio français (soit 228,6 M€
➽ 6 régions dépassent les 10  % “La conversion des consommateurs, après sur 381 M€).
de leur vignoble en bio : 16,6 % en celle des producteurs, est indispensable,
Provence-Alpes Côtes d’Azur, 15,4 % souligne Patrick Guiraud. La tendance (1) Recensement au 1er septembre 2014.
en Lorraine, 14 % en Franche-Comté, doit se poursuivre pour que la filière viti- (2) 2013 vs 2012
13,7 % en Alsace, 10,8 % dans le cole bio assoie son développement sur un
Centre et 10,2 % en Rhône-Alpes. modèle sain !”. Pour lui, c’est la qualité Espagne et Italie : le vin bio
➽ Certaines régions progressent, qui attire tout d’abord ces nouveaux progresse aussi
d’autres pas (en surfaces) (2) consommateurs. Pour preuve, au
‡ La production de vin bio mon-
Concours Général Agricole 2014,
diale, évaluée à 6 millions d’hl, se

+ R5‰5gf6i5z5(5,("7)'.ï65‰̓k̓z5
(5,ï!#)(5(.,65‰̓i6m̓z5(5&-65
‰h6n̓z5(5"Ċ(7&*-65‰̓g6l̓z5(5
65‰̓f6h̓z5(53-77&7 )#,8
près d’un vin bio sur 2 a été médaillé
alors qu’en moyenne 23 % des vins en
compétition ont été primés.
➽ De 2010 à 2013, le vin est la famille
de produits bio au taux de croissance
concentre essentiellement en Eu-
rope : l’Espagne, la France et l’Ita-
lie représentent 73 % des surfaces
mondiales.
‡ En 2012 (1), les cinq pays leader en
R5 75 gn6g̓ z5 (5 ),-65 75 m6h̓ z5 (5 &5*&/-5ï&0ï̓95‰kl̓z85 &5,*,ï-(.5 part de surfaces de vignes en bio
Poitou-Charentes, -1,1 en Aquitaine, 11 % des ventes de produits alimen-

-
étaient l’Autriche (9,7 %), la France
- 7,5 % en Midi-Pyrénées, - 1,2 % taires bio pour un chiffre d’affaires de (8,5 %), l’Espagne (8,4 %), l’Italie
en Languedoc-Roussillon, -1,1 % kfi̓'#&&#)(-5]s65-)#.5‰̓hh̓z5(5/(5(8 (7,9 %) et l’Allemagne (7,4 %).
en Aquitaine, - 0,7 % en Bourgogne, ➽ Les vins bio gagnent du terrain ‡ 2 368 800 hl ont été exportés
(39 % de la production mon-
-0,2 % en Pays-de-la-Loire. chez les restaurateurs  : la valeur
diale, contre 45 % pour les vins
d’achat de ce secteur est estimée à conventionnels)
Envol des volumes 61 millions d’€. D’après l’étude de ‡ Les principaux pays importateurs
➽ Près de la moitié des viticulteurs CHD Expert pour France AgriMer, de vins bio sont l’Allemagne et
bio élaborent eux-mêmes leur vin. 48 % des restaurants en proposent en l’Europe du Nord (marchés pré-
➽ 83 % de la production de vins est 2013 contre 37 % en 2011. curseurs et historiques). En Asie, le
issue de caves particulières, 17 % pro- ➽ À l’inverse du vin conventionnel Japon en est friand, et plus récem-
vient des coopératives. Le négoce est acheté à plus de 80 % en grandes sur- ment, l’Amérique du Nord.
un acteur important, vendant un tiers faces, c’est la vente directe le princi- (1) Dernières statistiques disponibles.
des volumes produits. pal circuit de distribution du vin bio,

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Ouest

Maïs population :
évaluer sa valeur protéique
ancé en 2014 et coordonné programme dit Apela, Autonomie

L par la Frab Bretagne,


Q ualiMaïsPop a pour
but de rechercher l’inté-
rêt protéique du maïs
population en ensilage. Ces tra-
vaux s’intègrent à un programme
du Pôle Agronomique de l’Ouest
Protéique des Élevages bovins Lait et
Allaitants. QualiMaïsPop en est un
volet exploratoire. C’est l’intérêt pro-
téique en production de maïs ensilage
qui est aujourd’hui testé. “Au-delà d’un
taux de protéines, on regarde la qualité glo-
bale de ces populations et comment elles sont
(PAO) réunissant Bretagne et assimilées”, précise Goulven Maréchal.
Pays-de-la-Loire.
Dans ces deux régions, ils sont 29 pro- Début du
ducteurs de maïs population, bio et processus d’analyse
non bio à faibles intrants, à être impli- “Sur 10 m de linéaire, le maïs est fau-
qués dans QualiMaïsPop. Les variétés ché, le rendement contrôlé puis, une fois
utilisées proviennent de travaux menés ensilé, un échantillon de la récolte est
par Agrobio Périgord en 2003. “En analysé en labo sur la matière azotée
Bretagne, les premières datent de 2010 totale”, décrit Gildas Simonneau. Cet
avec l’Adage 35 et le Gab 29, rappelle éleveur laitier bio à Vieille Vigne (44)
Goulven Maréchal, coordinateur du est l’un des producteurs référents de
dossier QualiMaïsPop à la Frab. Puis QualiMaïsPop. 7 ha de la population
en 2012 et 2013, la région a soutenu des Poromb sont cultivés sur l’exploita-
recherches en lien avec l’Inra, permettant tion. “Le taux de protéines est considéré
de lancer une dynamique régionale avec par rapport au rendement à l’hectare, Atlantique, des producteurs sont
une trentaine de producteurs. Des ana- mais nous n’en sommes encore qu’aux désormais en 100 % maïs population.
lyses sur les grains ont révélé des taux de analyses”, ajoute Goulven Maréchal. C’est le cas chez Gildas Simonneau et
protéines a priori intéressants, impul- Même protocole chez Sébastien qui, après 5 ans de sélection, a rendu
sant de nouvelles recherches avec le Pôle Baron, éleveur à Allaire (56). Il pro- homogène son Poromb, en termes
Agronomique de l’Ouest.” duit du Grand Roux Basque sur 4 ha. de précocité et d’insertion des épis.
En effet, le PAO, structure des deux Sa récolte de population – plus d’un Après 3 ans, Sébastien Baron est plus
conseils régionaux, développe un tiers de son volume de maïs ensilage vigilant sur la capacité du maïs à ne
actuellement − est conservée en “silo pas verser dans ses critères de sélec-
10 populations de maïs classique”. “L’hiver, c’est sûr qu’on est tion. “Précocité, robustesse ou pouvoir
confronté à un manque de protéines, alors couvrant, aux producteurs de choisir leurs
Elles se nomment Agurtzan, La-
si ce maïs est bénéfique, c’est intéressant”, caractéristiques en fonction de leur ter-
vergne Bourgbarré, Green, Portu-
estime-t-il. “Si la meilleure valorisation roir, précise Goulven Maréchal. Une
fec, Badisher Land, Besnaudières,
Siriex, Poromb, Blanc de Monein et
possible du pâturage reste la base, le maïs même population évolue différemment
Grand Roux Basque (source Adage a sa place dans certains systèmes bio et sur les fermes et on parle de lignée que
35). Ici, l’une de ces 10 variétés sur ça vaut le coup de rechercher les variétés l’on peut renommer pour peu qu’elle soit
les parcelles de démonstration du les mieux adaptés possibles”, rappelle tracée.” Réappropriation des savoir-
salon La terre est notre métier. En Goulven Maréchal. Les recherches faire paysan, compréhension des
signant une convention d’expéri- bénéficient en outre de la supervision mécanismes, autonomie, économie,
mentation, les producteurs impli- scientifique de l’Inra. les atouts avancés sont multiples ;
qués dans la sélection de ces popu- les rendements sont équivalents et
lations non-inscrites au catalogue Les atouts supérieurs aux maïs hybrides, sachant
R੕FLHOVHVRQWHQJDJpVjQ·HQIDLUH des maïs population que leur hétérogénéité reste encore à
ni commerce, ni échange ni don. Ils
“Si l’intérêt protéique est avéré, c’est bien, évaluer. QualiMaïsPop donnera ses
se situent en Loire-Atlantique, Ven-
sinon, le maïs population a bien d’autres conclusions d’ici 3 ans, fin de l’étude
programmée. Q
dée, Morbihan, Ille-et-Vilaine, Finis-
tère et Côtes d’Armor. atouts”, affirme Domitille Cribier, ani-
matrice à la FD Civam 44. En Loire- Frédéric Ripoche

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PLUS D’INFOS
Pays-de-la-Loire L A R E V U E D E L’ A G R I C U LT U R E BIO
.fr

La Violette de la Loire,
une carotte paysanne
près 9 ans de sélection Sélection participative

A participative réalisée par


les agriculteurs de l’asso-
ciation Bio Loire Océan
(BLO), la Violette de la
Loire, variété population, fait son
entrée sur les étals de Biocoop. De
couleur rouge-violette à l’extérieur
Ce projet a été mené avec l’aide de
nombreux partenaires, dont Véronique
Chable, chercheuse à l’Inra du Rheu
et responsable du programme euro-
péen Solibam sur la sélection parti-
cipative (lire Biofil 95), ainsi que le
semencier Germinance. La Bretagne,
et orangée à l’intérieur, croquante, investie dans cette démarche, sert
au goût parfumé longue en bouche, d’exemple : l’organisation de produc-
cette carotte anthocyane est sélec- teurs BioBreizh commercialise déjà
tionnée, multipliée et cultivée pour plusieurs variétés paysannes issues de
l’instant par Nicolas Oran. Adhérent sélection participative, dont l’oignon Nicolas Oran a souhaité aller jusqu’au bout de
cette aventure de sélection, mettant en culture
de BLO, ce jeune maraîcher bio est rosé de Roscoff, le chou de Lorient, 35 ares cette année, pour un rendement estimé
installé depuis 10 ans à Corné dans le brocoli violet du Cap… à 25 t/ha.
le Maine-et-Loire, exploitation qu’il Pour le projet de Bio Loire Océan,
a créée, comptant actuellement 20 ha, l’Agrocampus de l’Ouest basé à chait au départ. On a tâtonné, observé.
sur 15 ha de culture légumières en Angers a fourni des graines issues de C’est une approche passionnante que de
plein champ et 5 000 m2 d’abris. la collection de semences du réseau faire revivre ces variétés anciennes et
Carottes et autres Daucus : il a suffi abandonnées car considérées comme pas
Retrouver un savoir-faire de 2 grammes de graines de 80 varié- assez productives”, confie Nicolas Oran.
Baptisée La Violette de la Loire, tés populations anciennes de carottes
cette carotte paysanne est issue du pour réaliser la sélection. Mises en Coup de cœur
programme de recherche participa- culture et testées agronomiquement Parmi toutes ces variétés, une a par-
tive de l’association Bio Loire Océan, chez les producteurs, elles ont été ticulièrement tapé dans l’œil de
démarré en 2005 : “Cette initiative évaluées sur leur aspect, leur qualité Nicolas Oran : l’anthocyanée de type
émane de la volonté et la curiosité de nos gustative, leur faculté de conservation. Chantenay. “J’ai eu le coup de cœur pour
agriculteurs à se réapproprier la connais- Un travail collectif de longue haleine : sa couleur dégradée et son goût particulier,
sance de la semence, un savoir-faire “On ne savait pas trop ce que l’on cher- confirmés par les dégustations collectives”,
perdu depuis une quarantaine d’années”, se souvient-il. Sa sélection et multipli-
explique Cécile Morvan, coordina- La sélection continue… cation démarre en 2007, à partir de la
trice de l’association. En carotte, le Créée en 1997, Bio Loire Océan
racine de carotte. “C’est une bisannuelle,
monopole du type Nantaise hybride (BLO) regroupe 50 fermes, et 70 il faut deux ans pour avoir les graines, et
longue, le plus souvent cultivé à partir producteurs en Pays-de-la-Loire comme on effectue une sélection pour ne
de semence non traitée, restreint le et vend 1 500 t de fruits et légumes conserver que les caractères les plus inté-
choix des consommateurs. “Pour eux, bio par an, soit une centaine d’es- ressants − orangé du cœur, calibre pas
la carotte reste un produit plutôt basique, pèces. L’association a la particula- trop gros, forme pas trop ronde, bonne
avec un goût quelque peu standard, que rité de ne pas exiger l’apport total conservation − cela prend du temps…”.
seul le taux de sucre différencie”, observe à ses adhérents. Son partenaire Depuis 2 ans, elle est produite en petites
Nicolas Oran. Élargir et diversifier la historique Biocoop écoule 80 % quantités, et vendue avec succès sur les
gamme en couleur, en texture et en de ses volumes. Le reste est vendu marchés alentour. Cette année, pour
via 1 300 paniers par semaine et en
goût constitue un des objectifs de ce la première fois, elle part sur les cir-
restauration collective sur le Sau-
travail de sélection mené patiemment cuits plus longs, sur les plateformes de
murois notamment. D’autres pro-
et passionnément. “Il s’agit aussi de grammes de sélection participative Biocoop. Pour débuter, 3 tonnes sont
chercher des variétés adaptées au terroir, sont en cours, en tomate, panais, engagées d’ici janvier. “Ce partenariat
aux conditions de cultures bio, donc plus salade, oignon, avec en prévision, vise à la faire connaître auprès du consom-
résistantes. L’autre défi est de pouvoir quelques nouveautés attendues mateur, de faire savoir qu’elle est libre de
produire aussi avec des variétés libres de prochainement. droit, et à la diffuser plus largement.” Q
droit”, souligne le producteur. C. R.-F.

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Ile-de-France

Un yaourt régional
a Fête de la Gastronomie, en représenterait 40 % de la production

L septembre dernier, a vu arri-


ver sur les tables un yaourt
auréolé d’une double cas-
quette : bio et fabriqué en
Ile-de-France. Une quinzaine d’éta-
blissements, scolaires pour l’essentiel,
est à ce jour livrée en yaourts Fermes
actuelle de l’éleveur.

Vers un atelier fromager


Une aubaine pour Yves de Fromentel
qui livre encore une grande part de
son lait à la Société Fromagère de la
Brie ; or, cette dernière le lui achète
bio d’Ile-de-France. Nature, sucrés 0,34 euro/l, le prix du conventionnel.
et aromatisés à la fraise, telle est la Si le prix établi avec la Ferme de Sigy
gamme qui, bientôt, va s’enrichir d’un (0,45 euro/litre) rattrape ce manque
spécimen à la vanille infusée. À l’ori- à gagner, s’alignant sur le prix moyen
gine de cette réussite, un éleveur bio du lait bio (0,42 euro chez Biolait), Les yaourts de la marque Fermes bio
esseulé et un groupement de produc- Yves de Fromentel l’estime en des- d’Ile-de-France.
teurs motivés. sous de ses coûts de production − 0,48
euro/l. Devant ce hiatus, l’aventure de Réduire pour grandir…
Pas de collecte de lait bio la transformation a fait signe à l’éle- Changeant d’optique, l’éleveur de
en Ile-de-France veur qui crée sa propre fromagerie à Fromentel envisage de réduire sa
En entamant la conversion de sa la ferme : la Fromantellerie devrait surface de 240 à 170 hectares et
ferme laitière à la bio en 2009, Yves de démarrer son activité au 1er trimestre donc de diminuer de moitié son
Fromentel, à Pécy en Seine-et-Marne, 2015 avec fromage blanc, crème, cheptel actuel composé de 90 vaches
savait qu’il se lançait dans l’inconnu. tomme, beurre au détail et Brie de Holstein. Son volume passerait alors
“Biolait, le seul collecteur bio, ne passe- Coulommiers… et l’embauche d’un de 800 000 litres à 100 000 litres de
rait pas dans la région uniquement pour employé. L’objectif est une meilleure lait en 2015. Outre la recherche de
moi. La seule issue était le circuit court”. valorisation de son lait en attendant Jersiaises et de Froments du Léon,
En parallèle naissait, en avril 2011, une hausse du prix via la Ferme de “pour un lait de très haute qualité”, l’éle-
l’association de producteurs Fermes Sigy, “une fois les yaourts appréciés”. veur imagine un petit atelier volailles
bio d’Ile-de-France ; ses 27 adhérents Un terrain sur lequel la prudence est (50 poules), quelques moutons et
livrent aujourd’hui près d’une qua- de mise, prévient Marie-Clémentine cochons…
rantaine de restaurants collectifs en Foussat, chargée de mission Filières Ce parcours correspond à l’objectif
légumes bruts, légumes 4e gamme, au Gab Ile-de-France : “Fermes bio du Gab Ile-de-France partisan “d’une
fruits et yaourts. d’Ile-de-France réalise un grand travail agriculture bio qui a du sens, c’est-à-
Depuis septembre 2014, c’est Yves d’accompagnement pour faire accepter dire locale, rémunératrice pour l’éleveur,
de Fromentel qui fournit le lait à ces des yaourts bio à un prix impactant le servant un but pédagogique puisque
nouveaux yaourts, soit un objectif budget des collectivités tout en restant introduite en restaurants scolaires,
de 60 000 litres à l’année livrés à La rémunérateur pour l’éleveur puisque le s’enthousiasme Marie-Clémentine
Ferme de Sigy, une laiterie artisanale prix se situe au-dessus de celui du marché Foussat. C’est une véritable filière équi-
mixte de Seine-et-Marne, ce qui de lait bio”. table !” Poursuivant sur sa lancée, le
Fermes bio d’Ile-de-France : le yaourt indispensable Gab a accompagné la création de la
Scic Coop bio Ile-de-France dont le
&HWWHDVVRFLDWLRQpFRQRPLTXHGHSURGXFWHXUVELRUDVVHPEOHXQHR੔UHELR Op- but est de rendre les produits bio finis
gumes bruts, 4e gamme, légumes secs, fruits, yaourts) à destination de la restau- plus accessibles. Pour ce faire, l’idée
UDWLRQFROOHFWLYHîXQHTXDUDQWDLQHG·pWDEOLVVHPHQWVSULQFLSDOHPHQWVFRODLUHV est d’impulser des conversions grâce
mais aussi le ministère de l’Agriculture – ainsi que des magasins bio. à la mise en place d’ateliers de trans-
Sa création est intimement liée à la mise à disposition de produits laitiers. “Le formation. “En lait, nous prévoyons un
\DRXUWHVWIDFLOHjLQWURGXLUHHQUHVWDXUDWLRQFROOHFWLYHjODGLଉpUHQFHGHVOpJXPHV atelier de plus grande envergure” qui
DFKHWpVHQSHWLWHTXDQWLWp²VXUWRXWHQFROOqJHO\FpH¬îHWGRQWOHFR€WGHOLYUDLVRQ
suivrait forcément une collecte régio-
SHXWIUHLQHUexplique Marie-Clémentine Foussat, du Gab Ile-de-France. Un franco
GHSRUWDYDLWpWppWDEOLjSDUWLUGH\DRXUWVRXYUDQWODYRLHjGHVFRPPDQGHV
nale de lait bio. Une grande ambition
GHOpJXPHVOpJXPLQHXVHV¬”. La ferme qui livrait initialement Fermes Bio d’Ile-de- projetée sur la toile 2020. Q
France ayant cessé son apport, Yves de Fromentel a repris le marché.
Gaëlle Poyade

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Nouvelle réglementation européenne : les inquiétudes de l’aval


“La proposition de nouvelle réglementation européenne faite Mais la question des seuils de déclassement proposés dans
par la Commission doit être revue et adaptée, à défaut d’être le projet reste très sensible chez les transformateurs, qui
retirée”, s’accordent à réclamer les membres du secteur craignent aussi d’être mis à contribution pour les indemni-
aval de Ifoam Europe, réunis à Paris les 17-18 novembre sations en cas de contamination fortuite. Même si la lutte
2014. Organisée par Ifoam EU et le Synabio, syndicat contre les fraudes leur paraît essentielle, ils demandent
des transformateurs bio de France, la 3e conférence sur plutôt le renforcement des analyses de risques, l’harmoni-
la transformation alimentaire bio, tenue en présence de sation des plans de contrôle et des méthodes d’analyses à
125 participants venus de 14 pays, France, Allemagne, travers l’Union européenne et la mise en conformité pour
Belgique, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Espagne, les importations. “C’est important car l’existence de fraudes
Finlande… a passé au crible les évolutions possibles de la se situe plus à l’aval de la production dans les opérations,
filière. Pour Christopher Stopes, président de Ifoam UE, en collecte, transport, de stockage”, précise Eric Landrieu,
“il vaut mieux améliorer l’existant progressivement plutôt que eurodéputé, rapporteur français du texte de règlement
de faire des changements radicaux non adaptés qui risquent pour son parti (PS). “C’est à ce niveau qu’il faut être encore
de perturber la croissance du secteur” (la prise de position plus exigeant.” Visant à garantir la traçabilité, la mise en
détaillée d’Ifoam EU est disponible sur ifoam.org) place par l’Union européenne de certificats d’inspection
électroniques pour tous les produits importés dès 2015
Inquiétudes sur les seuils de contamination est une avancée qui peut rassurer.
Si toutes les positions d’Ifoam UE ne convergent pas avec Le Synabio, qui travaille depuis des années sur le sujet
celles du Synabio, de nombreux points font consensus : le via l’outil Securbio®, préférerait “des valeurs d’orientation
maintien de la mixité dans les exploitations agricoles est et des sanctions progressives”, comme l’indique son prési-
réclamé, estimé indispensable, même si le Synabio défend dent Jean Verdier. “Nous devons être vigilants, solidaires
aussi l’idée d’un objectif de suppression par cohérence, et pragmatiques, il nous faut une réglementation facile à
dans une démarche de progression ; conserver un contrôle mettre en œuvre, les entreprises ne peuvent pas crouler sous les
obligatoire par an est également considéré également contraintes administratives”, résume Daniel Tirat, directeur
comme prioritaire, en l’associant à l’analyse de risques. de Distriborg. Ifoam.org

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plus d’infos sur biofil.fr

Succès pour Transbiofruit Le sol à la Une : les


enseignants se forment
“Peut-on cultiver tous les sols en bio ?”
Alors que 2015 est proclamée année
internationale des sols par l’Organi-
sation des Nations Unies (ONU),
la chambre régionale d’agriculture
des Pays-de-la-Loire a organisé, le
27 novembre 2014, un grand débat
sur ce thème destiné aux ensei-
gnants venus nombreux. Le but :
leur donner tous les éléments pour
Plus de 300 participants, dont une majorité d’arbo et de techniciens, ont sortir des préjugés, et mieux com-
suivi les exposés du colloque Transbiofruit, le 18 novembre à Lille. “La prendre la démarche bio pour la
biodiversité fonctionnelle applicable au verger” est aujourd’hui un axe majeur transmettre. Depuis 2011, le pro-
d’avenir pour les arbo qui en explorent le potentiel. Les recherches menées gramme Pedagobio, soutenu par la
pendant 7 ans dans le cadre du projet interreg franco-belge en sont la Direction régionale de l’agriculture
preuve : bandes fleuries, travail du sol, gestion alternative de la tavelure avec des Pays-de-la-Loire (Draaf ) anime
réduction des traitements, connaissance des hoplocampes et anthonomes des groupes d’échanges, et propose
sont les principaux sujets traités à retrouver dans les actes. des supports pédagogiques.
www.gabnor.org, www.fredon-npdc.com www.paysdelaloire.chambagri.fr
http://ecobiosoil.univ-rennes1.fr/

Inra : 10 ans d’essais


à Mirecourt Tout savoir sur Tuta absoluta
Le bilan de 10 ans d’expérimentation en système bovins Ravageur de la tomate et autres solanacées, Tuta abso-
laitier, conduits en bio dans une logique d’autonomie à luta inquiète la profession. Suite au projet Casdar Tutapi
l’Inra de Mirecourt dans les Vosges, est plus que positif : il (2011-2014), une fiche de 16 pages vient d’être publiée
démontre que les systèmes agricoles ayant très peu recours sur les stratégies pour contrôler les invasions de ce petit
aux intrants et préservant la biodiversité sont possibles, lépidoptère en tomates sous abri (multichapelle verre/
tout en maintenant une rentabilité économique élevée. plastique, tunnels). S’adressant à la fois aux producteurs
Dans les deux systèmes suivis, l’un herbager, l’autre en bio et en Protection Biologique Intégrée (PBI), elle
*)&3/&./,7ï&0!65&5*,)/#.5,/.55/!'(.ï5B‰hk̓z5 détaille les différents modes de protection envisageables,
sur 10 ans) et les charges opérationnelles ont été divisées ainsi que des règles de décision en fonction du contexte
par deux. (saison, présence du ravageur, dégâts…) et du niveau
de risque considéré. Le document est téléchargeable.
www.itab.asso.fr
La Durette, une ferme
pilote en Avignon
Huiles essentielles
“Comment la biodiversité peut être le moteur d’un système en protection des cultures
agricole méditerranéen résilient” : tel est le challenge visé par
la ferme pilote La Durette, installée dans la zone périur- Les principaux utilisateurs des HE sont les viticulteurs
baine d’Avignon. L’objectif sur ces 6,4 ha est d’expérimen- notamment en biodynamie et sur de petites surfaces.
ter un système agricole bio et agroécologique répondant C’est ce que conclut l’enquête sur l’usage des HE en
aux nouveaux défis environnementaux et socio-écono- protection des cultures issue du projet Casdar (2013-
miques, tout en valorisant son territoire et en étant viable 2015) piloté par l’Itab, et qui vise à évaluer 7 HE :
économiquement. Associant de façon innovante arbo, eucalyptus, girofle, tea tree, origan sauvage, sariette
maraîchage, viti et petit élevage, ainsi qu’agroforesterie, des montagnes, menthe verte sur mildiou de la vigne,
ce projet co-conçu regroupe de multiples partenaires sous de la pomme de terre, de la laitue, et sur la tavelure du
la houlette du Grab (Groupe de recherche en agriculture pommier, dans le but de futures homologations. Un
biologique), en lien avec l’Inra et la chambre d’agriculture. état des lieux sur les pratiques actuelles est décrit dans
Grab.fr une fiche, téléchargeable sur :
www.itab.asso.fr

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Les tendances du Sial

Du bonheur dans l’assiette


La tendance actuelle, mise en lumière lors de la 50 e édition du Sial, salon inter-
national de l’alimentation (1), c’est la quête de bonheur et de bienveillance
du consommateur, à la recherche de sens dans ses choix. Les bio sont en
première ligne.

u pôle bio, à l’entrée Les dégustations s’y enchaînent en

A du hall 5, une centaine


d’entreprises répondent
à ces nouvelles attentes
des consommateurs,
avec en bonus, une certification bio
garante de produits respectueux de
la santé des humains, des sociétés et
mode “variations pour l’apéro” : “C’est
nécessaire pour faire entrer l’algue dans
le quotidien, l ’intégrer dans la cui-
sine française, grâce à ses atouts nutri-
tionnels, notamment la protéine, et aussi
gustatifs ”, affirme Henri Courtois,
gérant de cette société basée à Roscoff
des écosystèmes. À noter que d’autres qu’il a fondée en 1996.
marques bio sont présentes ici au Sial,
mais disséminées parmi 7 sites gigan- Récolte bretonne d’algues
tesques du salon. Six espèces d’algues − laitue de mer,
Algues Service et sa marque Bord à dulse, nori, kombu royal, spaghetti
Bord est une habituée : c’est sa 3e édi- de mer, wakamé −, sont récoltées en Henri Courtois, promoteur des algues en
tion, et son stand ne désemplit pas ! majorité sur place (entre 100 et 200 t condiments.

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EDITION


JANVIER
  
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Tendances et réconciliation

Plaisir, convivialité pour une alimentation saine, équilibrée et variée, mais aussi
frugalité, produits malins, anti-gaspi, origine locale, au prix juste, plat fami-
lial, gestion des restes… sans oublier les petits plaisirs quotidiens, petits luxes,
mais légers pour un plaisir déculpabilisé : voici les grandes orientations de l’ali-
mentation actuelle, déclinée par les études d’experts présentées au Sial. “Nous
VRPPHVUHQWUpVGDQVXQHORJLTXHGHUppTXLOLEUDJHG·K\EULGDWLRQGHUpFRQFLOLD
WLRQHWQRQSOXVGHUXSWXUHV\VWpPDWLTXHDYHFOHSDVVpµ, analyse le philosophe
Gilles Lipovetsky, invité à s’exprimer sur ces évolutions.

Christophe Favrot invente le yaourt végétal


par an) et certifiées bio depuis l’entrée poireau, chou,… et aussi en 5e gamme”, fermenté libéré !
en application de la réglementation résume Frédérik Delsart, commer-
européenne en 2011. Elles sont pré- cial à l’export d’Allaire, spécialisé en mer millet, riz et sarrasin en yaourt
parées pour être consommées fraîches, légumes sous vide, betterave, pomme et crème. S’il conserve jalousement
en condiments, marinades, tartares, de terre, maïs. Preuve que dans ce ses souches, il met la recette de ses
moutarde, épices de la mer et, der- gigantesque univers d’aliments trans- yaourts “libérés” en open source sur
nière nouveauté, en confit… “Des formés, le retour aux fondamentaux son site Nomad-yo.org : “la fermen-
produits adaptés à l’épicerie fine, la res- n’est pas un mythe car le bilan est tation céréalière est une tradition dans
tauration haute de gamme. Le Sial nous positif : la recherche d’origine tra- de nombreux pays, c’est un bien commun
fait connaître, même hors frontières”, se cée et de proximité, associée aux à partager, mais la difficulté est de la
réjouit Henri Courtois, qui exporte volumes, attire les acheteurs de la réussir sans aucun ajout, hormis l’eau”,
15 % de sa production. Le patron grande distribution française, mais explique-t-il. Son projet est d’essai-
de Bord à Bord défend la nouvelle aussi d’autres pays européens. “Si les mer le procédé à travers la France et
réglementation, et œuvre à son amé- prix du conventionnel ont dégringolé ailleurs. “Je forme ceux qui souhaitent
lioration : “Notre démarche bio nous suite à la surproduction liée notamment en fabriquer et développer cette activité.”
rend très exigeants sur la protection de à l’hiver doux l’an dernier, en bio, le Basé dans les monts d’Arrée en
la ressource, les pratiques de récoltes, l’état marché reste porteur, mais impose un Bretagne, il produit actuellement
sanitaire de l’eau et des algues, et nous fort dynamisme commercial”, nuance 3 000 pots de verre par mois, remplis
procédons à de nombreuses analyses, pour Frédérik Delsart. Diversifier étant manuellement et vendus sur les mar-
un produit irréprochable.” une nécessité, Bioleyre (2) segmente. chés. “J’aime cette approche artisanale,
Sa nouveauté : un sachet Bio Soup – qui donne de la valeur au travail, et je
Potage et modernité décliné en deux formules – contenant cherche avant tout une texture et une
Même si les légumes frais ne sont pas 1 kg de légumes à cuisiner, aux visées saveur délicates à mes produits légers et
le cœur de cible du Sial, 3 producteurs pédagogiques, avec une recette adres- digestes.” Natures ou aromatisés à la
bio de légumes de plein champ ont sée aux enfants… “C’est un clin d’œil fleur de sureau, reine-des-prés, châ-
décidé d’y tenter leur chance pour aux parents, le retour aux sources pour taigne, fleur de chat…, ils peuvent être
plus de visibilité : Bioleyre situé dans cuisiner ensemble un produit sain ances- déclinés à l’envie. “Le Sial m’a apporté
les Landes, La Ferme de la Motte tral”, explique l’entreprise landaise de nombreux contacts très intéressants,
dans le Loir-et-Cher et Allaire, dans qui propose déjà un panier bio pour des magasins vegan, un gros distribu-
la Loiret. “Sur un stand mutualisé, nous les Drive, et une caissette pour les teur mais aussi des étrangers, en Côte
proposons une gamme de légumes bio rayons, de 3 kg. d’Ivoire, Angleterre, Allemagne, sensi-
large et complémentaire, en produits bilisés par ma démarche”. Q
de base, oignon, échalote, ail, carotte, Yaourt végétal libéré
Quant à Nomad Yo, c’est un peu un Christine Rivry-Fournier
ovni sur la planète Sial ! Mention spé-
ciale du jury du 20e concours national (1) Salon bisannuel, le Sial s’est tenu du 19
de la création d’entreprises agroali- au 23 octobre 2014 à Paris-Villepinte, avec
mentaires en 2013, co-organisé par 6 500  entreprises et 150 000 visiteurs.
le Sial (3), cette jeune société profite (2) Bioleyre : 700 ha en bio, 12 000 t com-
d’un stand gracieux pour promouvoir mercialisées en bio dont 10 000 t de carottes.
ses yaourts végétaux sans gluten… (3) Il est aussi lauréat du Concours national
et aussi une démarche originale et de la création agroalimentaire bio.
innovante. Christophe Favrot, son
gérant-fondateur et docteur en micro-
Bio Soup, paniers et caissettes : une biologie, a mis au point un ferment
segmentation aux petits oignons. et un procédé spécial pour transfor-

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Salon La terre est notre métier

Savoir-faire et transmission
Faire connaître l’agriculture bio, mettre en avant les grands enjeux pour la
développer, diffuser des pratiques, des expériences : tels sont les crédos de
La terre est notre métier, premier salon du genre dans le grand ouest. “Bio,
Terres d’emplois, Terres nourricières” était le slogan de sa 13 e édition tenue
du 10 au 12 octobre 2014.

1
0 000 visiteurs ont foulé les
prairies de Guichen, la com-
mune d’Ille-et-Vilaine qui
héberge le salon : le bilan est Stéphanie Pageot,
présidente de la
positif, bien que plus modeste Fnab, en visite lors
que l’an passé. Sans doute la pluie de l’inauguration
du salon et Jean-
incessante du dimanche a-t-elle Paul Gabillard,
influé sur l’ardeur du public et président de la
le salon a dû faire sans “tête d ’af- Frab Bretagne qui
l’organise.
f iche”- Dacian Ciolos, annoncé
sous réserve, n’était pas là - alors
que des éditions précédentes ont
vu des personnalités comme Gilles-
Eric Séralini ou Marc Dufumier.
Accolé au salon grand public Ille et “Que ces jeunes entendent parler de sont aux premières loges pour écouter
Bio, l’événement ne dissocie pas les la bio, c’est essentiel ”, rappelle Jean- des scientifiques, producteurs et repré-
catégories de visiteurs, pro ou pas. Paul Gabillard, président de la Frab sentants de collectivités. “L’eau est fon-
C’est l’originalité du concept qui Bretagne, organisatrice. damentale dans mon métier, introduit
voit défiler un large public. Chaque un maraîcher bio, Stéphane Poupon,
année, l’accent est mis sur les sco- Colloque Eau et Bio : valo- installé à Bannalec (Finistère). Elle
laires. 1000 jeunes (collèges, lycées riser les actions locales représente un coût pour moi et les citoyens.
agricoles, MFR…) ont sillonné le Justement, au colloque national iti- Ce coût provient pour beaucoup des trai-
salon et participé aux conférences. nérant de la Fnab sur l’eau, les jeunes tements, d’où l’importance de s’attacher

La Bretagne, l’autre pays du fromage bio ?

Depuis deux ans, un village des fromagers sur 3 cantons. “Nous avons chacun nos secteurs
valorise la dynamique des producteurs bio. JpRJUDSKLTXHVHWjF±XUGHQHSDVVHFRQFXU
´$XGpEXWGHVDQQpHVLOIDOODLWWURXYHUGHV UHQFHUµ FRQÀH j VRQ WRXU eWLHQQH *RX੔DXOW
VROXWLRQVSRXUXWLOLVHUOHODLWELR'HVIRUPDWLRQV fondateur de la fromagerie La Caprarius (35).
VXUODIDEULFDWLRQOHVTXHVWLRQVVDQLWDLUHVHWOD Ex-éleveur caprin, il a choisi de se consacrer
UpJOHPHQWDWLRQ RQW YX OH MRXU DYHF OH VRXWLHQ pleinement à la transformation depuis 2 ans
GHVFROOHFWLYLWpVHWHQDQVODWUDQVIRUPDWLRQ en chèvre, brebis et vache. ´$YHFPRQDWHOLHU
IURPDJqUHV·HVWGpYHORSSpHHQ%UHWDJQHµ, sou- M·DLFUppHPSORLVF·HVWIRUPLGDEOHµD੕UPH
ligne Jean-Paul Gabillard. Sept transformateurs t-il. Type reblochon, morbier, raclette, gruyère
étaient présents, dont deux lauréats Innova’Bio, et tomme se côtoient sur l’étal dont certains
le Vivier des Saveurs et la ferme du Champ Se- conjuguent les trois laits. Ils sont commerciali-
cret, celle-là venue de Normandie. Jean-Claude sés en vente directe ou en magasins spécialisés
Juhel, de la ferme des 4 vents (35), est un his- dans plusieurs départements bretons.
torique du lieu. ´&HODIDLWDQVTXHO·RQSDUWL Cette dynamique bio, on la retrouve sur www.
FLSHHWFHYLOODJHPHSODvWLOQRXVUHQGSOXVYLVLEOH bonplanbio.fr, un nouveau site interactif sous
GDQVFHYDVWHVDORQµ, se réjouit-il. Cet éleveur fro- forme de carte créé par le réseau Gab-Frab. Il
eWLHQQH*RXଉDXOWJpUDQW
mager de brebis et d’Aubrac a créé la diversité recense les points de vente et les produits bio
de la fromagerie La
en crémeux, demi-sec, tomme pressée ou non, régionaux et pas seulement laitiers. Déjà, plus Caprarius sur le village des
faisselle et yaourts pour une vente 100 % directe de 700 adresses y ont été inscrites. fromagers.

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Des jeunes en formation avec des projets bio évaluant les exploitations en terme de
durabilité face à la ressource en eau
dans une démarche de progressivité
et d’échange technique. “D’emblée, les
exploitations bio se situent à un haut
niveau de performances et nos critères
peuvent même encore les faire évoluer
sur d’autres points”, souligne Daniel
Helle, au SMPBR.

En avant les savoir-faire


Au carrefour des savoir-faire, on
informe et on inspire. Des pro-
ducteurs présentent ici des actions
entreprises dans leur activité, et
ce dans des domaines très variés.
“Venez écouter le témoignage de Franck
Houssais !”, annonce un haut-parleur.
Cet éleveur post-sevreur engraisseur
Des projets bio plein la tête, ces stagiaires en BPREA Polyculture élevage bio au a montré que convertir un atelier
CFPPA de Rennes-Le-Rheu sont venus visiter le salon. (De gauche à droite sur porc, c’est possible. “Nous avons
la photo) : Delphine, 34 ans, prévoit une installation ou une reprise en élevage divisé un bâtiment en 4 cases, ouvert les
caprin lait et transformation : ´-HQ·DLSDVGHVHFWHXUJpRJUDSKLTXHFHVHUDHQ murs, enlevé les caillebotis, déplacé les
%UHWDJQHRXDLOOHXUVµ, estime-t-elle. Aurélie, 31 ans, a déjà repéré des petites abreuvoirs et la chaîne d’alimentation ;
fermes qui vont se libérer près de Rennes : ´-·HQYLVDJHGHFRQGXLUHXQpOHYDJH c’était surtout beaucoup de démontage
G·XQHFLQTXDQWDLQHGHEUHELVODLWGDQVXQSUHPLHUWHPSVSRXUIDLUHGX\DRXUWGHV et de remontage, explique-t-il. De 500
IURPDJHVHWGHODJODFH, précise-t-elle. &HVHUDLWG·LFLRXDQVOHWHPSVGHSDV
places en conventionnel, nous sommes
VHUOHGLSO{PHHWTXHODEDQTXHDFFHSWHµ Kirsten, 27 ans, reprendra l’exploitation
passés à 180 places d’engraissement en
laitière familiale en bio mais avec d’abord une période de salariat. Pour Lucien,
34 ans, ce sera ´XQHLQVWDOODWLRQHQYRODLOOHGHFKDLUHQ%UHWDJQHRXHQ*X\DQHR bio pour faire autant de marge, voire
LO\DXQPDUFKpjGpYHORSSHUHWSRXUTXRLSDVOHVGHX[G·LFLDQVµ Simone, 27 plus, avec le groupement Bio Direct.” Si
ans, a choisi la vache allaitante notamment pour la vente directe, ´HQ%UHWDJQH l’éleveur avoue avoir plus de manu-
VLSRVVLEOHPDLVWRXWGpSHQGUDGHVSRVVLELOLWpVGHUHSULVHHWGXIRQFLHUµ. tention avec le fumier, la qualité de
travail est sans comparaison. “Voir
des cochons courir dans la paille, c’est
aux pratiques agricoles. Je me dois d’être avons noué toute une série de partena- beaucoup plus agréable et il n’y a plus de
producteur d’eau potable, d’autant plus riats depuis 20 ans”, évoque Yannick mauvaises odeur sur la ferme, affirme-
que sur 6 ha de surfaces, j’ai 1 ha de zone Nadesan, élu rennais et nouveau pré- t-il. De plus, la ventilation du bâti-
humide.” C’est tout l’enjeu du SMPBR sident du syndicat mixte. Ces actions ment est naturelle.”
(Syndicat mixte de production d’eau viennent d’ailleurs d’être récompensées
potable du bassin rennais), réunissant par le grand prix national du génie Mesclum, courgette,
37 communes sur 1500 km2. Sur ce écologique du ministère de l’Écologie. maïs population
périmètre se situent 11 captages et En liant les aspects économiques, Au total, sept témoignages ont ali-
2500 exploitations agricoles, dont sociaux et environnementaux, le syn- menté ce carrefour tout au long
10 % en système herbager et bio. “Nous dicat a créé une charte en 42 critères du salon : adaptation de matériels
d’occasion pour une production de
plantes aromatiques, auto-construc-
tion (écimeuse, barrière électrique de
type canadienne), création d’un atelier
fromager dans une ancienne remorque
frigo, utilisation d’un mélange grand
épeautre-féverole en vache laitière
ou description de rotations dans une
exploitation maraîchère.
Le savoir-faire se traduit aussi au
pôle démonstration. Cette année,
Moment fort, la remise du prix du concours Innova’Bio qui récompense la création d’entreprises en
bio, plus la présence des 8 lauréats durant le salon. Le gagnant 2014 est Mathieu Pires à travers la une large gamme de mesclun et de
IHUPHGH0LOJRXOOH OLUH%LRÀO  courgettes du semencier 100 % bio

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