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1 Cette expression d’essence ainsi que celle de personnalité, sont employées ici largement dans le même sens que
celui donné par des auteurs comme Gurdjieff et Ouspensky. Voir Ouspensky, Fragments d’un enseignement
inconnu, Stock 1974.
comprendre qu’il doit plaire s’il veut satisfaire ses désirs. Au collège, le groupe
d’enfants de la classe moyenne représente la norme ; des comportements stéréotypés
se mettent en place qui conditionnent les rencontres avec le sexe opposé, et l’enfant
libre et neutre commence à changer d’attitude afin de s’intégrer à cette majorité. S’il
n’y parvient pas, il se trouve contraint de chercher sa place parmi les extrêmes, les
petits génies, les délinquants, les « artistes » et autres « déviants » fantaisistes. Peu à
peu, le besoin de se créer une personnalité d’emprunt devient de plus en plus fort et
se confirme lors des années de lycée ; rares sont les jeunes individus2 suffisamment
solides pour résister à la pression sociale et capables de rester eux-mêmes. Cette perte
de contact avec notre essence se poursuit avec la socialisation progressive demandée
par l’intégration sociale et ce n’est pas le fait de fréquenter ou d’appartenir à des
groupes marginaux qui change le problème, car ceux-ci représentent une inversion
mais reste dans la même logique, exigeant en retour des « apprentissages », des
codes, un langage qui privent l’individu de sa liberté initiale. La confiance en la vie
qui devrait être présente chez l’homme qui comprend sa place et entrevoit sa
destinée, fait place peu à peu à une méfiance grandissante ; on ne saisit plus le sens
de l’existence, on avance à l’aveugle parce qu’il faut bien. Le plus souvent le choix
de notre orientation professionnelle consiste, dans le meilleur des cas, en un
compromis entre les désirs et les craintes de nos parents et professeurs, de l’ensemble
de notre milieu social et les aptitudes réelles de la jeune personne; les carrières
artistiques et littéraires sont souvent découragées car elles sont mal situées sur le
marché de l’emploi. Dès lors, nous voilà embarqués pour nos meilleurs années, dans
la plupart des cas, pour des études et un milieu qui ne nous correspondent pas ; nous
nous efforçons de réussir avec application et nous refoulons ce que nous sommes afin
de ne pas être rejetés. Le plus grave, c’est que cela concerne et perturbe surtout les
individus ayant de grandes aptitudes et dont le destin semble marqué pour une
mission particulière ; les gens dans la moyenne finissent tant bien que mal par s’y
retrouver, car leur nature n’exige pas d’eux la réalisation de grandes choses. Nous
pouvons constater, que la société moderne et libérale, considère la situation de la