Le Ménestrel : journal de

musique

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

 . Le Ménestrel : journal de musique. 1935-03-01.

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SOMMAIRE
Mozart, salzbourgeois et déraciné ADOLPHE BOSCHOT Les Qrands Concerts (suite! :
.
(Fin.) Orchestre Symphonique de Paris. ROGER VINTEUIL
Concerts-Poulet M. BOUVIER-AJAM

La Semaine Dramatique :
Concerts divers.
Comédie-Française :
Madame Quinze JANE CATULLE-MENDÈS
Le Mouvement Musical en Province.
Théâtre de l'OEuvre :
Le Procès d'Oscar Wilde . . .
ROGER CROSTI Le Mouvement Musical à l'Étranger :

Angleterre S.-L fiARNIER

Les Grands Concerts : Espagne HENRI COLLET

Concerts du Conservatoire
Concerts-Colonne
.... J j
HENRI DE CURZON
BOUVIER-AJAM
Hollande
Italie
États-Unis
JEAN CHANTAVOINE
6,-L SARNIER
G--L. GARNIER
Concerts-Lamoureux CHARLES BOUVET
SicHa-LÉOM
Concerts-Pasdeloup I
HIR80H
Échos et Nouvelles.

SUPPLÉMENT MUSICAL
pour les seuls abonnés à la musique
MUSIQUE DE PIANO
Nos abonnés à la musique de piano recevront avec ce numéro :
MARCHE-OUVERTURE, de Darius MILHAUD, extraite de Salade, ballet chanté en deux
actes, livret d'Albert FLAMENT.
Suivra immédiatement : Hora Miresei (Hora de la Mariée), de J. CANTELOUISE, extrait de
Danses roumaines, d'après des Thèmes populaires recueillis par Michel VULPESCO.

MUSIQUE DE CHANT
Nous publierons vendredi prochain, pour nos abonnés à la musique de chant :

Histoires Saintes, de Maurice FRANCK, extrait de Trois Histoires.

Suivra immédiatement : Je veux cacher mon doux secret..., de Maximilien STEINBERG,.
extrait du recueil de Cinq Mélodies sur des poésies d'auleurs persans.

CENT ANS D'HISTOIRE DE LA MUSIQUE ET DU THÉÂTRE

A l'occasion du centenaire du Ménestrel (fondé le ia décem- la création ou de la reprise d'un ouvrage ou d'une étude publiée
bre i833), il été dressé
a une par un des nombreux musicographes qui ont collaboré a notre
TABLE ANALYTIQUE journal, peut obtenir les indications chronologiques, biogra-
phiques ou bibliographiques quelle désire, soit en venant con-
ENTRE LE
DE TOUS LES ARTICLES PUBLIÉS
I"DECEMBRE l833 ET LE 31 DECEMBRE 10.32
sulter cette Table analytique dans les Bureaux du Ménestrel,
soit en nous demandant, par lettre, le renseignement qui lui est
i* Comptes rendus de tous les ouvrages théâtraux et musi- utile. Elle pourra ainsi se procurer de suite l'indication de la
caux ; date à laquelle l'étude ou l'article ont été publiés et prendre
s" Articles généraux ; connaissance ou obtenir copie du document qui l'intéresse en
3° Articles nécrologiques, biographiques, anecdotiques. consultant la collection complète du Ménestrel.
Dans chacune de ces trois rubriques, une double classification
a été faite, par Titres et par Noms d'auteurs.
Cette Table, établie par fiches, constitue un document com- En ce qui concerne les transformations matérielles subies
plet résumant cent années d'histoire de la Musique et du par le Ménestrel depuis cent ans, consulter le numéro du
Théâtre. Toute personne désireuse de se renseigner au sujet de 3 février 1933.
 97e année -• N° 9 Vendredi 1er Mars 1935
5157 -

MOZART
salzbourgeois et déraciné.
(Fin.) (0

A ce propos, il semble difficile de ne pas rappeler que

les comédiens chargés, sur les théâtres allemands, de
rôles grotesques ou caricaturaux, étaient assez souvent
originaires du sud de la Bavière, du Tyrol, de Salz-
bourg ou des terres avoisinantes. Le célèbre Hanswurst,
c'est-à-dire Jean Saucisse, héros farceur ou gnome plai-
santin, semblait beaucoup plus drôle quand il était
représenté par quelque drille parlant en patois salzbour-
geois. Dans ce dialecte, ses goguenardises pataudes et
grivoises devenaient plus réjouissantes, plus savou-
reuses, plus salées. Or, malgré tout notre respect et
notre tendresse pour Mozart, reconnaissons qu'il y a
chez lui quelque chose de Hanswurst, c'est-à-dire de ce
populaire Jean Saucisse. Par exemple, il écrit de Milan,
à sa mère et à sa soeur :
— « Quand on parle du cochon, vite le voici qui
arrive... Je baise la main de maman, j'envoie à ma
soeur un bécot, gros comme un grain de petite vérole ;
et je reste le même... qui donc?... le même farceur; —
Wolfgang en Allemagne, Amadeo en Italie, de Mozar-
tini. »
Dans d'autres lettres, il improvise des vers grotesques,
ou bien il change la place des mots pour faire des
phrases cocasses, ou bien il mélange plusieurs langages,
l'italien, l'allemand et le latin, afin d'obtenir un pastic-
cw macaronique. Il s'amuse, il est jeune et l'on ne peut
blâmer cette brusque détente, au milieu de tant de tra-
vaux hâtifs. Mais cette joie prend un accent nettement
salzbourgeois et apparenté à l'inévitable Jean Sau-
cisse (2).
Un tel penchant à la plaisanterie bouffe, Mozart le
gardera jusqu'à ses dernières années. La gaieté facile,
jaillissante, grosse (ou grossière), la bonne humeur
salzbourgeoise aidera peut-être, et préservera contre les

(1) Voir A; Ménestrel du i5 février 1984.

7
LE • MENESTREL
Jusque dans sa maturité, Mozart resta musicien avant
tout, et ne fut jamais un « penseur ». Néanmoins, il
serait inexact de supprimer toute communication entre
lui et les idées ou du moins les sentiments et les aspi-
rations de son époque. Dès sa première jeunesse, et à
l'exemple du sage et sentencieux Léopold Mozart, le
petit Wolfgang conçut toujours la musique comme un
art expressif. Son père, moins artiste que professoral et
homme à système, allait jusqu'à prétendre que la musi-
que peut évoquer les choses ou les idées avec une cer-
taine précision. Le fils, plus musicien et plus poète,
laissera la musique dans son vrai domaine. Il compren-
dra qu'elle peut évoquer les sentiments ou les suggérer,
mais avec une imprécision qui fait sa puissance et son
charme. Jamais il n'estimera qu'elle puisse être unique-
ment formelle, ou vide d'expression sentimentale : une
émotion, un état d'âme, une aspiration ou un rêve,
voilà, pour lui, le germe de toute composition et le
vivant élément qui l'anime. On doit donc chercher
comment son « âme » se forma sous l'ascendant de la
musique et ce qu'elle fut.
Ses caractéristiques, c'est d'être complexe et instable,
tout en restant harmonieuse. D'elle-même (et ceci est
son fond), elle a de la tendresse et de la pureté; elle
porte une allégresse merveilleuse, inaltérable ou tou-
jours renaissante. C'est là l'effet d'une grâce native, et
qui ne l'abandonna jamais. Toute sa vie durant, si nous
croyons les suggestions de sa musique, ce maître est
toujours une sorte d'enfant divin : il reste sicut parvulus,
ainsi que le dit l'Evangile, et porte dans son coeur une
lumière déjà céleste.
Mais autour de lui, dans la vie quotidienne et banale,
il respire forcément des éléments humains. Il vit, par
conséquent il est de son siècle, ou plutôt de sa généra-
tion. Né au milieu du xviir3 siècle, il mourra, jeune
encore, à la veille de notre 93. Il vit donc à la fois dans
la fièvre, dans l'aveugle tourbillon de plaisir, dans l'in-
concevable insouciance qui précèdent la Révolution.
N'oublions pas que dans toute l'Europe qui compte
alors, c'est-à-dire dans les cinq ou six pays policés du
centre de l'Europe, la haute société vraiment « interna-
tionale », parmi laquelle se débat forcément un musi-
cien de Cour, subit l'ascendant de Paris et de Versailles.
Le roi de cette Europe mondaine, c'est l'esprit français,
incarné alors par Voltaire. Si bien que la Révolution
française, avec sa conséquence naturelle qui fut Napo-
léon, devient une révolution européenne, ainsi que le
prouve, au lendemain de Waterloo, la Sainte-Alliance
de toutes les monarchies. Or, c'est parmi la crise latente,
précédant cet immense bouleversement social, que
s'écoule la brève existence de Mozart. Sa vie merce-
naire, misérable, mais transfigurée par un génie plein
d'amour, a pour cadre l'agonie enrubannée d'un monde
qui se meurt, et qui ne le sait pas.
Dans ce provincial et morne Salzbourg, on ne pense
guère qu'aux minuscules intrigues, aux papotages de la
petite ville, et l'on s'amuse d'un rien. Que sait-on des
idées nouvelles, qui courent déjà le monde et le travail-
lent? On pense au Prince-Archevêque, Électeur du
Saint-Empire Romain, et qui règne sur la principauté.
C'est lui, avec sa Cour, ses domestiques et ses fournis-
seurs, c'est lui qui « fait vivre » Salzbourg. L'argent
qui circule vient surtout de lui et de ceux qu'il entretient.
Le but de toute activité (si l'on en a) c'est d'obtenir une
place, un brevet rémunérateur : attaché à la maison du
Prince-Archevêque, chambellan, secrétaire des com-
74 —
mandements, valet de chambre, fournisseur en titre
menuisier de la Cour, cordonnier de la Cour, ou musi-
cien de la Cour... Il y a bien'quelques petits nobles
sans grand argent, et quelques bourgeois enrichis.
Comptent-ils beaucoup, pour la famille Mozart? Le
propriétaire de leur maison est un épicier qui a pignon
sur rue : brave homme, il leur prêtera de l'argent; après
quoi, il ne peut plus rien faire pour eux... Mais un
musicien doit espérer quelque aubaine des couvents et
des églises. Le clergé possède une partie de la ville; il
bénéficie de fondations inaliénables; il a des fermes, des
revenus, des prébendes ; il entretient des maîtrises, des
écoles de chantres ou psallettes, des organistes et des
instrumentistes divers; il a besoin de musique pour ses
offices, et il dispose d'un casuel lucratif, car le pays est
profondément catholique, et chaque Salzbourgeois
passe par l'église pour recevoir les sacrements : baptême,
communion, mariage, et pour mourir.
Dans la maison de Léopold Mozart, musicien de Cour
et organiste à la cathédrale, on bénéficie de cet ordre
social. Il garantit une existence médiocre, subal-
terne, mais à peu près tranquille et assurée. Revenu de
bien des rêves, Léopold s'en contente. Quand il voyage
avec ses enfants, à Paris, à Vienne, à Londres, ou à
Milan, il retrouve un ordre social à peu près semblable.
Ce qu'il voit, c'est d'autres princes, d'autres souverains
laïques, ou d'autres dignitaires de l'Eglise, qui entre-
tiennent d'autres musiciens. Ces autres cours sont plus
riches, ces autres maîtrises sont plus nombreuses ou ces
autres théâtres sont plus fastueux ; mais partout, l'argent
dont vivent les musiciens leur est fourni par des princes
ou des évêques. Et le méthodique Léopold, en fidèle
sujet de l'ancien régime, ne pense guère qu'il puisse en
être autrement.
Mozart, à vingt et un ans, s'évadera de Salzbourg,
secouant le joug du Prince-Archevêque. Est-ce là une
révolte contre l'ordre social, un sursaut libertaire? On
se tromperait lourdement si on l'interprétait ainsi. En
effet, Mozart n'a qu'à demi rompu. Même après son
émancipateur séjour à Paris, il revient à Salzbourg
comme musicien de l'archevêque.
Ce retour n'est qu'un pis aller, subi avec répugnance.
Ce que cherche Mozart, c'est un autre maître, qui
assure sa vie et lui laisse le plus possible d'indépen-
dance. Ainsi, il ne se dégage pas complètement des
habitudes de l'ancien régime, comme le fera un Beetho-
ven, qui arrive à la maturité plus de dix ans après
notre 89. Socialement, par sa place et son attitude parmi
ses contemporains, Mozart est encore un artiste de
l'ancien régime; il est moins asservi, moins attaché à
un rang déterminé mais subalterne, moins fixé à sa
fonction et à sa « classe » qu'un Bach ou un Joseph
Haydn; — il est déjà plus libre et aussi plus déclassé,
plus exposé aux hasards et aux malchances ; — mais il
ne l'est pas encore autant que le sera l'artiste au
xixc siècle. A cet égard comme à tant d'autres, il
se trouve dans une situation ambiguë, incertaine, ins-
table. Cette incertitude dans l'organisation matérielle
de son existence fera son malheur, l'usera, l'épuisera,
le tuera... Mais, pour sa production d'artiste, quel sti-
mulant fécond; et pour l'enrichissement de son génie,
quelle heureuse nécessité de rester souple, réceptif,
ouvert, assimilateur, et de s'annexer l'esprit musical de
plusieurs pays!
Toutefois, ni Salzbourg, ni l'Italie, ni Berlin, ni Paris
ne peuvent retenir et capter ce créateur à la fois déclassé

confluent musical
classe. Vienne, vaste », ne
et hors
comprend l'adopte
«
qu'à demi, pendant deux
le et ne Vienne, séduite
trois saisons, un peu avant 1785 ; et puis
musiciens italiens, le délaisse. Car Mozart
par les de chaque capitale. Il est de son
dépasse les modes
mais il anticipe sur l'avenir ; il s'évade des fron-
temps,
tières : il est déjà moderne et européen.
Adolphe BOSCHOT.
de l'Institut.
LA SEMAINE DRAMATIQUE
—»
.-,,
Comédie-Française. — Madame Quinze, trois actes et
dix tableaux de M. Jean SARMENT.
Comme il ne peut manquer d'advenir à un auteur de
tempérament vraiment original, heureusement impos-
sible à exiler d'aucune de ses oeuvres, Jean Sarment a
marqué sa de personnalité, à la fois si chatoyante et si
définie, ce Louis-le-Bien-aimé présenté, avec les per-
qui l'entourent, à la Comédie-Française.
sonnages
En celui-ci, nous retrouvons donc la parenté hamlé-
tique de Jean Sarment, son tendre cousinage avec
Musset, et aussi, surtout, ce gentil orgueil (je voudrais
l'écrire en un mot, comme gentilhomme), cette fine
qualité de la pensée et de la sensation et on ne sait
quelle aristocratie poétique qui ne sont qu'à lui seul.
Sans doute est-ce pour tout cela qu'il s'est défendu
d'avoir écrit une pièce historique? En réalité, il nous a
donné sa vision de l'histoire, et n'est-ce point ce que
font tous les historiens, ou ce qu'ils devraient faire, sous
peine de frigorifier et de déshumaniser les hommes et
les faits?
Louis-le-Bien-aimé, c'est Louis-le-Velléitaire. Il vou-
drait être un grand roi, — il en a l'intelligence vision-
naire, — il voudrait être un grand amant. La force, la
volonté lui manquent. Son énergie, à peine ébauchée,
s'épointe et s'achève en ironie. Son coeur, las de nais-
sance, recherche dans le souvenir la grâce, les rêves
sans fatigue d'une enfance déjà traquée, cependant, par
le poids royal, le répit, le recours contre les jours pré-
sents. Mais quelle majesté Jean Sarment a prêté à ce roi
« fin de race » ; comme toute
expression, chez cet être
insuffisant, est à l'échelle de la grandeur qu'il incarne !
Remercions l'auteur-poète. Tandis que tant de récits
romancés nous montrent des couples légendaires ou des
têtes couronnées sous le jour d'un naturalisme abject,
ici, quelles que soient les faiblesses humaines, — et nul
n'est épargné, — rien n'empeste l'atmosphère, rien ne
dégoûte le coeur. Un charme puissant, une sensibilité
soutenue maintiennent constamment l'oeuvre à un
niveau où le réel se meut sur un fond de beauté : paysages
de Versailles et champêtres points de l'Ile-de-France,
pour le matériel ; paysages d'âmes, d'amour, d'esprit,
d'héroïsme, pour le moral.
Pourquoi « Madame Quinze » ? Nous le verrons tout
à l'heure. Au premier tableau, la toute jeune et très
jolie Antoinette Lenormand d'Etiolles rêve à l'orée des
forêts où chasse le roi. Son époux, un nobliau qui
l'adore, s'en inquiète. Son père, ivrogne rusé, s'en
réjouit. Il s'appelle Poisson. Ce mariage d'Antoinette,
qui la décrasse d'une roture aussi évidente, n'est pour
lui qu'une étape, qu'un échelon. Le roi, déjà, a remar-
qué Antoinette. Qui sait l'avenir ?
Il se dessine, cet avenir, le soir de liesse où, en l'hon-
LE • MÉNESTREL
du mariage du dauphin adolescent, la foule a le
neur
ou droit d'envahir, masquée ou non, le palais et les jardins
de Versailles. Louis XV doit se mêler aux masques.
Antoinette, son mari expédié dans une lointaine pro-
vince, le guette. Le voici, qui donc poursuit-il ? Une
humble jeune fille qui ressemble à la camarade
d'enfance qu'il aimait vers ses dix ans, dont on le
sépara. Jalouse, Antoinette le provoque, en obtient des
galanteries hardies, le maltraite en feignant de ne le point
reconnaître, se fait dédaigner, lui tombe dans les bras.
Avant qu'il parte pour Fontenoy, elle en aura obtenu
dix-sept entrevues diurnes d'un quart d'heure, et trois
séances nocturnes, beaucoup plus longues. Elle est
déjà marquise de Pompadour.
Le tableau de Fontenoy est une merveille d'intensité,
d'émotion noble et sobre. Nous y entendons les paroles
historiques de Louis XV : « Le sang de nos ennemis
est aussi le sang des hommes. La vraie gloire, c'est de
l'épargner. » Dix ans passent, Antoinette est devenue
quasi-conjugale. L'ironie du roi, parfois cruel comme
tous les faibles, l'a surnommée « Madame Quinze ». Si
Marie Leczinska, confite en dévotion, oppose aux incar-
tades de son époux le marmonnement de ses prières et
la fontaine toujours ouverte de ses pleurs, « Madame
Quinze » excède son amant bien apaisé de son esprit
voltairien, de ses prétentions à le guider, des exigences
qu'elle montre en faveur de sa famille et de ses pro-
tégés. Bientôt, elle est plus délaissée encore que la
reine qui l'accueille en soeur, et, malade, est en surplus
dévorée de jalousie à cause de l'attention que prête le
roi à une toute jeune femme, Mme de Céran. Elle se
trompe. Pour celle-ci, Louis XV n'a qu'une pure ten-
dresse, ne voyant en elle que le fantôme de son enfance
ton jours regrettée, et qu'au cours d'un tableau précé-
dent et délicieux, il est allé rechercher, dissimulant sa
royauté, sous le nom simplifié de « Monsieur Louis »,
auprès des humbles habitants d'un harmonieux village.
Là encore, il sentira la vanité de ses velléités d'amour
envers son peuple, comme il a éprouvé le néant de
toutes les autres.
Et la marquise, après quelques ans d'amour et vingt
ans de faux ménage, va mourir. Seule? Non, quel-
qu'un qu'elle a mandé est accouru : son vrai mari.
C'est contre ce coeur fidèle qu'elle va expirer. Mais à
l'instant du suprême soupir, elle se dégage de tout
embrassement, jette, mains tendues vers le vide, un
dernier et déchirant aveu d'amour « Louis ! Louis ! »
Mme Mary Marquet, si elle ne saurait représenter à
nos yeux la frêle Pompadour, aux pompeux atours
de poupée éprise d'art subtil, au sourire mélancolique
et courageux, a superbement personnifié le personnage
d'amante et d'intellectuelle que lui a tracé l'auteur.
M. Escande est un admirable Louis XV, beau, désin-
volte, spirituel, fugace, si jeune au début, si voûté à la
fin, quand il salue, d'une prière, le cercueil, passant
sous sa fenêtre, de celle que, peut-être, il aima.
M. Denis d'Inès met au premier plan un rôle épiso-
dique. M. Brunot donne quelque sens épique, en son
bourgeoisisme taré, au « pochard » Poisson; Jeanne
Sully,qu'on voit trop peu, est exquise; Gisèle Casadesus
promet de devenir une comédienne de premier plan.
MUe Germaine Tailleferre a reconstitué, avec autant de
science que de goût, une brillante musique d'époque.
La mise en scène de M. Emile Fabre témoigne d'une
magnificence et d'une ingéniosité exceptionnelles.
Jane CATUXLE-MENDES.
-75
 = LE •
MÉNESTREL
Théâtre de l'OEuvre. —LeProcès d'Oscar Wilde,
trois actes et quatre tableaux de M. Maurice ROSTAND.
On sait les troubles circonstances et le terrible aveu-
glement qui conduisirent au hard labour ce poète en
révolte contre le puritanisme victorien dont il voyait
surtout les petitesses. Au contact de la souffrance, la
véritable âme de l'esthète et du dandy apparut, laissant
en témoignage le douloureux chef-d'oeuvre : De profan-
ais. M. Maurice Rostand, en une forme simple et
dépouillée qui ne lui est pas familière, entreprend au-
jourd'hui de transporter à la scène l'odieux et drama-
tique procès qui bouleversa, il y a quelque quarante ans,
les lettres européennes et haussa une âme égarée jus-
qu'au plan de la plus pitoyable humanité.
C'est d'abord la vision du poète au zénith de son
immoralisme littéraire, comblé de gloire, prince d'une
jeunesse hautaine et assoiffée de rare. Une amitié pas-
sionnée, renouvelée de Platon, lie le moderne Socrate
au moderne Alcibiade, Oscar Wilde à lord Alfred
Douglas. Ce dernier s'irrite de l'hostilité active et insul-
tante qu'a vouée son père, lord Queensberry, à cette
amitié qu'il abomine. Malgré les avis sages qui ne lui
font pas défaut, le poète se laisse entraîner par son
imprudent ami. Quos vult perdere... Oscar Wilde
commet la folie de demander à la justice de son pays
la réparation des insultes dont lord Queensberry
l'abreuve. Mais, au fait, Jupiter voulait-il vraiment le
perdre? Ne le poussait-il pas plutôt, par des voies de
douleur, jusqu'à ce haut lieu d'infamie où se font enfin
entendre les paroles de vie? Il semble que le poète ait
perçu ce secret appel car, se jugeant perdu, il ne fait
plus rien pour éviter sa destinée.
Nous voici devant le jury anglais, au pied du magis-
trat à perruque. L'adversaire est dangereusement armé
et Wilde ne renonce pas à épater le bourgeois. Il manie
avec une méprisante tranquillité le paradoxe et l'inso-
lence. Un défilé de témoins, aux gages de la police et
de lord Queensberry, l'accable en ne nous laissant plus
rien ignorer de ses imprudentes étrangetés. Le jury
répond oui sur toutes les questions. C'est le maximum
de la peine : deux ans de hard labour avec les attendus
les plus infamants. Mais déjà, par son attitude, nous
devinons que Wilde est en marche vers sa vérité et vers
sa grandeur.
C'est maintenant la cellule du prisonnier, exactement
reconstituée nous dit le programme. Le roi de Londres
a les mains sanglantes des terribles besognes auxquelles
l'a condamné un pays qu'il honore par son génie. Mais
l'amour de Jésus-Christ est entré dans son coeur, avec
le rayonnement divin de la charité. Voici la visite d'un
ami fidèle qui lui porte les voix du monde, les renie-
ments et les témoignages de ses pairs. Voici enfin, à
travers le judas de la porte, la voix de sa mère. C'en est
trop : le poète s'abat sur les genoux, la plus pure lumière
de la vie inonde la sordide cellule.
M. Harry Baur est purement admirable, sans
commentaires. Autour de lui une troupe exclusivement
virile (sauf, à la fin, la voix de Moe 6 Eve Francis dans la
prison) compose un ensemble vivant parmi lequel il
convient de citer M. José Squinquel (Frank Harris) et
M. André Fouché, à qui incombe le périlleux honneur
d'être lord Alfred Douglas. Roger CROSTI.
Voir à la 5e page de la couverture les Programmes
des Concerts.
_76_
LES GRANDS CONCERTS
Société des Concerts du Conservatoire
Le programme, cette fois, était particulièrement divers et
sans lien, sinon celui que peut donner la saveur du pitto-
resque musical des oeuvres exécutées. La Symphonie de
Haydn, dite de la Reine de France, débutait, avec sa grâce
légère, son allégresse, son sourire. Suivait le Concerto de
piano en mi bémol de Beethoven, qui pourrait presque se
qualifier de Symphonie avec piano obligé, tant le dévelop-
pement orchestral y domine. Il a été exécuté avec beaucoup
de pureté et d'égalité dans le jeu par M. Giuseppe Benve-
nuti. Mais voici du nouveau : les Transparences de
Mme Jeanne Leleu. Cette suite d'orchestre en trois images,
inspirées de divers écrivains, nous présente comme trois
petits tableaux impressionnistes, aux nuances subtiles et
multiples, sans dessin proprement dit, mais non sans
saveur. « L'arbre plein de chants » est caractérisé par des
frisselis des cordes et des broderies légères des bois;
« Miroir d'eau » s'épand au contraire largement et la flûte
y concerte avec le premier violon ; « Etincelles d'été » est
comme un amusement chorégraphique de mascarade, zébré
de traits vibrants des instruments. L'orchestre comporte un
saxophone et donne généralement une partie spéciale aux
deux premiers violons.
Autre curiosité savoureuse, mais évoquée de l'âme popu-
laire française : cinq Chansons bourguignonnes, recueillies
et orchestrées par M. Maurice Emmanuel, et cinq Chants
d'Auvergne, notés et enveloppés de symphonie par M. Can-
teloube. Mme Madeleine Grey, qui les a chantés par coeur,
en français ou en patois, comme une paysanne, comme
dans le plein air ou le foyer du pays, leur a donné un relief
extraordinaire. La première chanson bourguignonne (Gui-
gnolet) comportait aussi un petit choeur de femmes, et la
dernière (la Maumariée) un choeur mixte. L'orchestration
de M. Emmanuel est discrète et colorée. Les Chants d'Au-
vergne sont beaucoup plus lyriques et l'orchestre, très
nourri, en fait de vraies petites symphonies, surtout pour
le Ballero, dialogue de bergers. L'accent en est d'une grande
beauté.
Pour finir, l'amusante, la piquante première suite tirée
par M. Gabriel Pierné de son ballet Cydalise et le Chèvre-
pied, dont nous appelons en vain, depuis longtemps, la
reprise à l'Opéra. H. DE CURZON.
Concerts-Colonne
Samedi 2.3 février. — Ce n'est pas être chauvin que juger
inutile l'importation de médiocrités étrangères. M. Karl-
Ulrich Schnabel ferait un acceptable élève de Conserva-
toire. Son jeu glacial, d'une virtuosité sèche et scolaire, est
.totalement incompréhensif. Aucun sentiment n'anime son
exécution qu'aucune nuance ne tempère. A l'extrême
rigueur, nous accorderions quelque circonstance atténuante
au massacre du Concerto en mi bémol, pour piano et
orchestre, de Mozart, dont l'Allégro et l'Andante ne sont pas
sans longueurs. Mais le pianotage de la Mazurka en la
bémol majeur de Chopin est aussi impardonnable que
celui du Nocturne en fa dièse mineur.
M. Paul Paray conduisit la Deuxième Symphonie de
Beethoven, Une Nuit sur le Mont-Chauve de Moussorgsky
et les Divertissements sur un thème pastoral de M. Gabriel
Pierné, qui remportèrent un. franc succès. Ils constituent
en effet, l'un des plus séduisants chefs-d'oeuvre de la joaille-
rie musicale. Maurice BOUVIER-AJAM.
Dimanche s4 février. — Très vivante et très vibrante
exécution de l'Or du Rhin. L'oeuvre de Wagner, donnée
intégralement, avec comme interprètes MM. Claverie, Fa-
ber.Cathelat, Bastard, Endrèze, Chauvet, Moryn,MllesVhita,
Ruhlmann, Mmo Frozier etMlle Cernay, obtint un très grand
succès. M. Paul Paray dirigea l'orchestre avec maîtrise.
M. P.

Concerts-Lam oareux
Samedi 23 février. — Les Préludes de Liszt, magistra-
lement exécutés, ouvraient cette séance.
On entendit ensuite la rapsodie hébraïque Schelomo
(Salomon) de M. Ernest Bloch. Ce vaste poème est d'un
puissant intérêt ; il comporte une partie importante écrite
pour un violoncelle solo, mais plutôt traité en instrument
faisant corps avec la symphonie. M. A. Navarra, dont le son
est superbe, notamment sur les cordes graves, s'est acquitté
en excellent musicien et en virtuose accompli du rôle diffi-
cile qu'il assumait.
L'audition intégrale de l'Amour sorcier, de de Falla,
n'était pas un des moindres attraits de cette séance. Sous
la direction précise, intelligente et colorée de M. Louis
Fourestier, l'oeuvre du maître espagnol apparut dans toute
sa variété et avec tout son charme.
Au cours des six mor-
ceaux qui composent cette suite : Chanson du Chagrin
d'amour, Danse de la Frayeur, Récit du Pêcheur, Danse
rituelle du Feu, Pantomime, Danse du Jeu d'amour,
Mme Marie-Louise Blot fit trois courtes apparitions dans
lesquelle elle montra une parfaite compréhension du texte
qu'elle chanta en espagnol, en utilisant une belle voix de
contralto.
La Symphonie de Dvorak, le Nouveau Monde, fort bien
jouée, clôturait ce concert.
Dimanche 24 février. — L'Ouverture de Léonore de
Beethoven, Air de Ballet, Entrée, Air vif, Rondeau du
Sommeil et Rigaudon du Dardanus de Rameau, consti-
tuaient les deux premiers numéros de cette séance.
L'Amour sorcier, de de Falla, retrouva sa belle exécution
et son succès de la veille, succès dans lequel une bonne
part revenait à Mme M.-L. Blot.
On eut ensuite une vibrante et spirituelle exécution du
Till Eulenspiegel de Richard Strauss.
Le programme comportait encore la troisième scène du
premier acte de la Walkyrie.
Mme Germaine Lubin a été remplacée par MUe Marcelle
Soyer, superbe Sieglinde;; Siegmund (M. Forti) a brillam-
ment « conquis en ce jour et sa femme et son glaive ».
Un auditoire très nombreux prodigua ses applaudisse-
ments aux chanteurs, à l'orchestre et à son excellent chef,
M. Louis Fourestier. Charles BOUVET.
Concerts Pasdeîoup
Samedi 23 février. — Deux parties nettement distinctes
composaient le programme : l'une consacrée à J.-S. Bach,
l'autre à Gabriel Fauré. De Bach, le Défi de Phoebus et de
Pan permit d'apprécier les qualités vocales et musicales de
M°>esMalnory-Marseillac, Fiszel, de MM. Cathelat, de Trévi,
Pactat et Singher. Du même auteur le Concerto italien
trouva en Mme Rcesgen-Champion, qui tenait la partie de
clavecin, une interprète de tout premier ordre, très avertie
et supérieurement compréhensive.
De Fauré, nous entendîmes l'admirable et émouvant Pré-
lude de Pénélope, l'Elégie pour laquelle le violoncelle de
M. Marchesini eut des accents pathétiques, enfin la Nais-
sance de Vénus. Cette dernière oeuvre, scène mythologique
écrite en 1882, est assez peu connue; elle renferme pour-
tant de très belles pages, d'un charme prenant et d'une
délicatesse déjà toute fauréenne, La partie vocale en fut
chantée par Mmes Malnory-Marseillac, Fiszel, MM. Singher,
Cathelat, Pactat, comme solistes, auxquels étaient adjoints
les choeurs de la Société Bach.
Au pupitre du chef d'orchestre, M. Gustave Bret dirigea
en musicien à qui les oeuvres dont il assure l'exécution sont
familières et desquelles il a pénétré le sens.
M. PITOY.
Dimanche 24 février. On a retrouvé M. Alexandre
—
Borovsky dans le Concerto en la de Mozart et la Fantaisie
hongroise de Liszt. C'est toujours le même jeu d'une
pur,
netteté sans reproche et un peu froide, ce toucher particu-
— 77 —
LE • MÉNESTREL
lier dû sans doute à la fervente fréquentation du Clavecin
bien tempéré, ce style aisé et coulant, et cette simplicité
tranquille — presque trop tranquille — de bon géant.
Les Poèmes du Brugnon de M. G. Migot, chantés pour
la première fois, d'une inspiration sombre et imprégnée de
je ne sais quelle sensualité taciturne, donnent l'impression
d'un compositeur qui n'est pas arrivé encore à la totale
possession de lui-même. On sent, surtout dans l'âpre
accompagnement orchestral, un musicien que tourmente la
recherche d'un style, d'un mode absolument exact d'ex-
pression. M. G. Migot ne nous laisse pas la pleine liberté
de jouir du résultat de ses méditations et nous attache
plutôt par son effort, par les démarches de sa pensée.
Le concert commençait par la Première Symphonie de
Brahms et se terminait par la noble Ouverture de Polyeucte
de M. Paul Dukas, dont l'austère grandeur va à l'âme.
Le chef d'orchestre, M. A. Crannhals, un jeune élève de
Félix Weingartner, se montra, je crois, passablement affecté
et guindé dans la Symphonie de Brahms, morceauingrat s'il
en est, témoignant par ailleurs d'une autorité et de qualités
solides et indéniables. Michel-Léon HIRSCH.
Orchestre Symphoniqae de Paris
Dimanche 24 février. — On dirait que nos associations
symphoniques se montrent sensibles au reproche qui nous
est souvent fait de ne pas mettre Brahms à son vrai rang.
C'est à cela sans doute que nous devons, depuis la rentrée,
de nous heurter si souvent aux colonnes massives des quatre
symphonies de l'illustre Hambourgeois. Reconnaissons qu'à
s'y frotter on ne les aime pas davantage et qu'on continue
de préférer Brahms in caméra. Ceci avoué, remercions
quand même M. Georges Georgesco de l'exécution qu'il
nous a donnée dimanche de la Symphonie (n° 2) en ré
majeur.
Remercions aussi M. Yves Nat, qui est un des meilleurs
interprètes actuels du Concerto de Schumann. Sous les
doigts de ce virtuose, le premier mouvement prend un élan,
une fantaisie, brûle d'une fièvre admirables.
M. P.-O. Ferroud nous fait franchir les grilles du Parc
Monceau. C'est pour ce jeune musicien, d'un talent vigou-
reux, une promenade déjà ancienne qui remonte aux loisirs
de l'uniforme. Au Parc Monceau est une suite pour orches-
tre réduit et qui comporte quatre croquis d'un dessin
spirituel et humain : chat jouant avec des moineaux, sur le
banc, nonchalante, bambins. C'est le regretté Straram qui
nous fit connaître, pour la première fois, cette suite il y a
quelque dix ans.
Le concert s'est terminé sur une exécution de l'Apprenti
sorcier. La fortune de ce poème symphonique tient du
prodige. Roger VINTEUIL.
Concerts-Poulet
Dimanche 24 février — Sous la direction consciencieuse
de M. Cloez, avec le concours de M. Charmy et du Quatuor
vocal Kedroff, intéressant concert de musique russe, au
cours duquel fut exécutée pour la première fois à Paris la
Sixième Symphonie de M. Glazounow : à une introduction
mystique succède un thème de passion et, par un heureux
contraste, un thème mélodique et simple. Puis, des varia-
tions agréables sur un nouveau thème fort curieux. Un
cortège et un finale triomphal que précède un aimable
menuet. OEuvre originale, essentiellement russe, recher-
chant volontiers le paradoxe, et le poussant fort loin, par-
fois jusqu'à déconcerter l'auditeur qu'il intriguait.
Le Quatuor Kedrofi chanta la Prière des Disciples de
Jésus (Glazounow), la Nuit d'été et Midi (César Cui), la
Sérénade des quatre Cavaliers à une Dame (Borodine).
M. Charmy exécuta magistralement le Concerto pour violon
et orchestre de M. Glazounow. Puis, avant l'Introduction
et Cortège de Noces du Coq d'or de Rimsky-KorsakofT, nous
applaudîmes diverses chansons populaires de Russie, har-
monisées par MM. Kedroff et Karnovitch.
Maurice BOUVIER-AJAM.
 LE • MÉNESTREL
CONCERTS DIVERS
Société Nationale de Musique (23 février).— Programme
copieux et substantiel. On débute par une Sonate en si mi-
violon et piano de Frederick Fairbanks. L'auteur
neur pour l'archet. L'oeuvre, dont
est au clavier, René Benedetti tient
c'est la première audition, est résolument tonale et chan-
tante. Des quatre mouvements, je préfère non moins fugué réso-
lument un lento pénétrant et le final, vigoureusement
et déduit.
Puis Edmond Parade fait applaudir, dans un style ferme
et ample, un Prélude et Fugue en ré mineur pour piano
d'Edouard Bron, que suit en bis un aimable feuillet
d'album.
Voici maintenant Ariane, ou plutôt Marcelle Bunlet,
enrouée sous ses cheveux d'or rouge. On nous explique
qu'elle a la grippe, comme une jeune recrue. Mais qu'im-
porte puisque nous nous en sommes avisés sans qu'on nous
le dise, et que l'auditoire est tout acquis à la volontaire et
sensible artiste. Elle nous chante, le corps remué par l'in-
flux lyrique, Sept poèmes de Cécile Landes, mis en musique
par Marcel Orban et qui nous transportent vers des horizons
touchés d'un désenchantement et d'une détresse debus-
systes : Aubade, On ne voit plus les roses, Berceuse pour
un enfant mort, le Vent, Solitude, Hiver, Nuit.subtile Ariane
nous chante encore deux mélodies d'une facture et
experte d'Albert Roussel (paroles de R. Chalupt) : l'Heure
du retour, Coeur en péril. Enfin, trois mélodies de Déodat
de Séverac : A l'aube de la Montagne, Chanson de la nuit
durable, Chanson du petit cheval.
M. Henri Gil-Marchex s'assure un vif succès en nous
donnant la primeur d'un Prélude et Fugue sur le nom de
Bach et en nous jouant deux images du vieux Japon, de sa
façon : Lune d'automne à Edqoumo et Retour du Yoshiwara.
D'un court préambule, dit d'une voix ferme, l'auteur nous
avertit qu'il ne s'agit pas de musique descriptive (Dieu soit
loué), mais que les titres n'ont d'autre but que de préciser
une direction de rêve, en l'espèce la province rituelle
d'Edzoumo, où se tient le concile des morts, le Yoshiwara,
sorte de kasbah de Tokio, empli des tumultes de la
débauche et du vin.
Un vif succès également va aux pièces pour violon et
violoncelle de Georges Hugon, que nous jouent Maurice
Hugon et Jacques Serres : les Caprices des petits bonheurs
familiers (le bonheur des heures de soleil, celui de courir
pieds nus dans la rosée, celui des pensées innocentes, celui
du jeu d'hiver), la Danse du rhume de cerveau inspirée d'un
tableau de l'Oiseau bleu de Maeterlinck.
Au programme enfin trois Préludes, d'une poétique ins-
piration, d'Arthur Petronio, joués au piano par Elen
Foster ; et, pour terminer, la masse superbe et véhémente
du Quintette en sol mineur de V. d'Indy, magnifiquement
interprété par Gil-Marchex et le Quatuor Pascal.
Roger VINTEUIL.
La Sérénade (22 février). — Le douzième concert de « la
Sérénade » a remporté un vif succès. Le programme était
attrayant et provoquait l'appétence. Un important morceau
en équilibrait chacune des deux parties.
Pour la première, c'était la cantate de Darius Milhaud,
Pan et Syrinx, écrite pour soprano, baryton, quatuor vocal,
flûte, hautbois, saxophone, basson et piano. Sur trois frag-
ments chantés, que séparent des nocturnes, l'un doit ses
paroles à de Piis, les deux autres à Paul Claudel. Ils nous
disent la poursuite robuste de Syrinx par le vieux satyre
Pan « barbu, cornu, grimpant », la métamorphose de
Syrinx en flûte à sept tuyaux :
La dryade, encore farouche,
en tons aigres se répand
et chante gamme au vieux Pan.
78-
Ils nous disent l'impossibilité pour l'homme de fixer la
torrentielle et changeante beauté du monde. Au désir du
satyre la dryade multiforme se dérobe, fuit avec le ciel,
l'eau, les jeux de la lumière et de l'ombre. Puis voici Pan
qui danse, frappant fortement la terre de son talon, et autour
de ce pasteur autoritaire, les montagnes, les géants, les
monstres s'ordonnent en une ronde énorme.
Sur cette donnée mythique Darius Milhaud a construit
une musique que traversent les parfums de la prairie et de
la forêt, une musique bruissante de sources vives, éclairée
des reflets d'un ciel jeune et clair, toute percutante du
sabot de Pan rythmant ses jeux sur la terre. L'auteur,
illuminé d'un rayon païen, conduisait une petite troupe
fervente composée de Mme Manetta de Radwan, M. Lovano,
Mraes Jane Bathori, Rouffilange, MM. Cathelat et Hazart.
L'autre partie du programme était presque entièrement
remplie par les transcriptions que M. Guillaume de Van
nous offrait des chants grégoriens d'avant l'an 1000 : hymne
pour le Dimanche des Rameaux, répons graduel pour la
fête de Sainte-Agathe, répons de l'office de Matines, an-
tienne à la communion, offertoire Jubilate Deo du onzième
dimanche après l'Epiphanie, sur les modes hypolydien,
phrygien, ponctués de castagnettes et de tintements de
cymbales. L'Institut Arménien-Moorat de Sèvres avait
fourni une chorale puérile et adolescente que dirigeait, avec
une foi impérieuse et juvénile, Guillaume de Van. Malgré la
rudesse des timbres, malgré une prononciation latine quel-
que peu inhabituelle, l'ensemble est apparu d'une beauté
hiératique saisissante.
Le programme comportait enfin la'curieuse Ouverture sur
thèmes juifs de Prokofieff, une délicate et rêveuse'Suite
pour clarinette et piano d'Henri Sauguet, et, honneur aux
vents, un Concertino audacieux de Vittorio Rieti pour cinq
clarinettes : mi bémol, deux en si bémol, cor de basset,
clarinette basse.
Roger VINTEUIL.
«Paroles et Musiques » (SalleMustel, 22 février). — Deux
musiciens étaient à l'honneur : Brahms et Georges Hue.
M. Paul Arosa retraça rapidement la vie de Brahms, sou-
ligna la grande influence que Schumann eut sur sa musique
et l'incompréhension de la plupart des Français, qui s'obs-
tinent à trouver Brahms ennuyeux. Opinion que M. Arosa
nous avoua partager.
Le Quatuor en sol mineur, long et pesant malgré l'inter-
prétation soignée qu'en donnèrent MM. Dennery, Témer-
son, Ginot et Cruque, ne fit que confirmer cette opinion.
Combien plus agréables furent les deux mélodies Wir
Wandelten et Le Serment de la bien-aimée, que Mme Hilda
Roosevelt chanta avec tant de sensibilité et d'intelligence
qu'elle dut bisser le second de ces deux lieder!
La deuxième partie du concert, consacrée à Georges Hue,
nous valut de charmantes anecdotes se rattachant à l'en-
fance du Maître, contées avec esprit par M. Arosa.
Il nous dit avec clarté et justesse ce qu'est avant tout
Georges Hue : un musicien agréable. Jamais d'agressivité
ni de laideur dans sa musique; pourtant, nulle platitude et
nulle facilité. Nous entendîmes quelques-unes de ses
oeuvres admirablement choisies : YAndante et Scherzo pour
violoncelle, joué avec grand talent par M. Cruque; les
quatre Chansons du Valet de coeur sur des poèmes de
Klingsor, qui sont délicieuses ; l'émouvante et célèbre mé-
lodie J'ai pleuré en rêve, et, sur des paroles de Paul Arosa,
une Chanson et une Complainte dieppoise originale et âpre,
traitée dans le plus pur style populaire. Mme Roosevelt
nous séduisit une fois de plus par sa voix chaude, aux
accents pathétiques, et par la justesse de son style. La Fan-
taisie pour violon eut en M. Témerson, un chaleureux
interprète.
C'est l'auteur qui tenait le piano lavec sa maîtrise coutu-
mière.
D. B.

Le Mouvement musical en Province
Bordeaux.— C'est à M. Dimitri Mitropoulos que les sym-
pathiques dirigeants de la Société de Sainte-Cécile avaient
fait appel pour diriger leur septième concert. M. Dimitri
Mitropoulos ne s'est point contenté de prendre place à
l'estrade; il s'est assis aussi devant le clavier et, sans cesser
de conduire nos parfaits musiciens, s'est fait acclamer
comme virtuose dans le Concerto pour piano et orchestre
de Ravel. On a pu aussi apprécier M. Mitropoulos comme
orchestrateur puisque, au cours de cette belle matinée, on
entendit Fantaisie et fugue en sol mineur de Bach trans-
crite par lui pour « phalange symphonique ». Au même
concert figurait Faust Symphonie de Liszt. Le succès fut
éclatant pour M. Mitropoulos et les exécutants.
— Le huitième concert de la Société Symphonique
comptera parmi les plus réussis de ce groupement. On y
joua de façon excellente, et sous la direction de M. Gaston
Poulet, le deuxième acte de Tristan (solistes : Mmes Su-
zanne Balguerie, Germaine Cernay, MM. Pierre Martinet et
Pierre Pasquier), le Prélude et Mort d'Isolde et l'Ouverture
de Tannhàuser.
— A noter une très remarquable séance de la « Société
de Musique de Chambre », où se fit chaleureusement
applaudir le Quatuor Calvet qui révéla aux mélomanes bor-
delais un Quatuor de Delannoy. Le Quatuor en mi bémol
majeur (op. 74) de Beethoven et le Quatuor de Debussy
étaient également inscrits au même programme. H. B.
Le Havre. — La Société de Propagande Musicale a fêté
son centième concert avec un programme composé uni-
quement de compositeurs havrais.
Du maître H. Woolett, M. Lucien Carpentier interpréta
la Chanson du Vagabond. Les dames de la S. P. M. chan-
tèrent, avec l'excellente soliste, MIle Andersen, les mélodies
A l'Aube et Nox de M. G. Taconet, accompagnées par
l'auteur. Puis furent exécutés le Cantique de Pâques de
A. Honegger et le Miroir de Jésus de A. Caplet. Une mani-
festation artistique fort remarquable fut celle du concert
où fut exécuté le Quatuor de A. Honegger, par Mme Vinay-
Lecomte, MM. E. Damais, J. Montreuil et R. Gosselain.
— A la Schola Cantorum, beau récital de H. Merckel,
qui fit entendre la Sonate en ré majeur de J. M. Leclair.
— Au Grand-Théâtre, un superbe concert symphonique
eut lieu sous la direction de M. Herbay. Le jeune violo-
niste Roland Puig s'y fit applaudir, ainsi que Mme Dimitreva,
contralto.
L. LECOMTE.
Toulon. — Concerts du Conservatoire. — Splendide séance
André Audoli-Henri Merckel : Etudes Symphoniques de
Schumann et diverses pièces de Chopin, Tsigane de Ravel,
pièces de Ravel; pièces modernes, etc., enfin, la Sonate en
ut mineur de Beethoven. Gros succès pour les deux
virtuoses.
— Un récital Jacques Thibaud est toujours attendu avec
impatience. Ses admirateurs ont été ravis de le trouver
plus jeune que jamais, en tous points admirable. Sonate en
la de Mozart, Symphonie espagnole de Lalo, pièces
diverses. Enfin, l'admirable Concerto en ré mineur de Bach
pour deux violons fut, pour beaucoup, une révélation : la
deuxième partie était interprétée par notre concitoyenne
Jeanne Isnard.
— Jeanne-Marie Darré a obtenu un nouveau succès avec
sa belle exécution du Concerto en sol mineur de Saint-
Saëns. La Symphonie pastorale bénéficia d'une excellente
interprétation sous la direction du maître Grégoire qui nous
offrit ensuite, en première audition, la très intéressante
Suite Soirs d'Afrique de F. Bousquet.
— Wanda Landowska, venant pour la première fois à
Toulon, célébrait le deux cent cinquantième anniversaire
de la naissance de J.-S. Bach, Haendel, Scarlatti. Magni-
fique exécution d'un beau
programme. L. EXCOFFIER.
— 79 —
LE • MÉNESTREL
Le Mouvement musical à l'Étranger
ANGLETERRE
M. Georg Szell dirige un concert du London Philhar-
monie Orchestra. Fairy Taie de Josek Suk y fut applaudi
entre Brahms et Strawinsky. Szigetiy joue le Concerto pour
violon de Busoni.
— Le British Women's Orchestra fait entendre des oeuvres
classiques et modernes sous la direction du Dr Sargent. La
Symphonie classique de Prokofieff se trouvait au pro-
gramme.
— Sir Thomas Beecham tire le maximum des musiciens
du L. P. O. Au dernier Philharmonie concert, oeuvres de
Strauss, Sibelius, Dvorak; Miss Aima Moodie joue le
Concerto pour violon du compositeur tchèque.
— La B. B. C. donne le Roi David sous la direction du
Dr Boolt. La presse fait un éloge sincère de cette oeuvre
biblique « repensée et vivifiée par Honegger».
— Programme Beethoven au Queen's Hall pour le der-
nier concert dominical, magistralement conduit par Sir
Thomas Beecham. Le Concerto en ut majeur est joué par
le pianiste Wuhrer.
— Au Wigmore Hall, deuxième récital Bach par le pia-
niste Iso Elinson; à l'jEolian, une autre pianiste, Miss Bar-
bara Smyth; au piano encore, Kurt Appelbaum dans un
concert Schubert au Wigmore; et, quatrième pianiste de la
semaine, Georg Harten dans la même salle fait applaudir
un programme classique et moderne.
— Nous recevons un Hector Berlio^ de Tom S. Wotton,
parfaitement présenté par l'Oxford University Press. L'au-
teur nous avertit que ce livre n'est pas une biographie. Les
différents chapitres en sont conçus comme des essais indé-
pendants, traitant des aspects particuliers que l'on peut
relever dans le génie du compositeur français et dans sa
conduite d'homme. G.-L. GARNIER
ESPAGNE
Au théâtre d'Opéra du Liceo de Barcelone, les belles
représentations des Golondrinas, à.'Aida, de Carmen et de
la Tosca sont suivies de festivals Mozart-Wagner.
— D'une étude d'Andrès Araiz dans Musicografia, il
appert que la Jota est nettement aragonaise, née probable-
ment de la Guerre de l'Indépendance, au début du
xixe siècle.
— La même revue analyse l'excellente propagande réali-
sée par l'Association de Musique ancienne de Barcelone. Il
y eut des séances consacrées à la Musique de Cour aux
xive et xve siècles, à la Musique de Chambre de la fin du
xvie, aux Auteurs Italiens du xvue, aux Anciens Luthistes
et Vihuelistes, à la transition du clavecin au piano ; enfin,
et grâce à l'intervention de l'éminent José Subira, à la
Tonadilla scénique du xvnr3 siècle.
— Scherzando nous apprend que de grandes fêtes musi-
cales célébreront à Barcelone le 25oc anniversaire de la
naissance de J.-S. Bach. Le concours de l'Association de
Musique de Chambre, de l'Orféo Catalâ et de l'Orchestre
Casais est assuré.
— La Masse chorale de l'Institut Hispanique, dirigée par
le maestro Maiz Elosegui, interviendra dans les spectacles
espagnols donnés à la Petite Scène dans la première quin-
zaine de mars. Henri COLLET.
HOLLANDE
Après avoir dirigé à Amsterdam les représentations de
Pelléas et Mélisande, organisées par la Société Wagner,
M. Pierre Monteux a également dirigé à Utrecht un concert
de l'Orchestre municipal.
— M. Alexandre Borovsky s'est fait entendre au
Concertgebouw dans le Concerto en 51 bémol de Tschaï-
kowsky, et M. Rudolf Serkin dans le Concerto en sol de
Beethoven.
— Tournées de Mmes Magda Tagliafero et Gertrud Pep-
percorn.
 LE • MÉNESTREL

— M. Bruno Walter est de retour à Amsterdam, où il

dirigera quelques concerts au Concertgebouw ; il y a fait
entendre Harold en Italie de H. Berlioz (soliste : M. Fré-
déric Denayer).
— Au Lycée musical d'Amsterdam, récital de piano de
M. Jan Smeterlin.
— A La Haye, concert pour commémorer le 25oe anni-
versaire de la naissance de J.-S. Bach.
— L' « Opéra de Chambre » d'Amsterdam a donné la
Cantate du Café de Bach, les Avocats de Schubert et
le Voleur de bois de Marschner. Jean CHANTAVOINE.
ITALIE
Création à la Scala de Milan de Fiordisole, fantaisie cho-
régraphique en six tableaux du maestro Vittadini, sur un
argument de Cornali, qui met en scène les aspirations de
deux amis et leur retour à la terre natale.
— Au Reale de Rome, après la commémoration belli-
nienne de janvier, qui se fit avec // Pirata, surcommémo-
ration avec la Norma, chantée par Claudia Muzio. Cet
opéra, l'un des plus fréquemment représentés, avait débuté
en I83I à la Scala de Milan par un « fiasco » complet.
Au même théâtre reprise de Turandot de Puccini.
— Adolf Busch donne un concert avec orchestre à l'Au-
gusteo. Trois concertos : ré majeur de Beethoven; la
majeur de Mozart; si mineur d'Elgar. L'oeuvre du compo-
siteur anglais a semblé quelque peu longue au public, qui
l'entendait pour la première fois.
— Le Choeur Stabile du Communale de Florence a com-
mencé les répétitions des Saisons de Haydn qui seront
données dès le 25 avril au Mai Florentin. Répétitions aussi,
pour la même fête musicale, du Requiem de Mozart, de
YOrsoleo de Pizzetti, qui vient de terminer la musique de
scène et les choeurs du Savonarola, qui sera mis en scène
par Jacques Copeau sur la Piazza délia Signoria, encadrée
par la Palazzo et la Loggia dei Lanzi.
— A la Filarmonica, Hermann Schey, baryton allemand,
fait entendre des oeuvres de Beethoven, Schubert, Schu-
mann, Hoendel, Mozart, Wagner, Milhaud, Beloch et Pra-
tella. Au piano d'accompagnement, Hans Freundberg.
G.-L. GARNIER.
ÉTATS-UNIS
Au Metropolitan, création d'un opéra américain en un
acte : In the Pacha's Garden (Dans le Jardin du Pacha) de
John Laurence Seymour, livret de H. C. Tracy, d'après
H. G. Dwight. Interprétation également américaine avec
Helen Jepson (débuts au Metropolitan), Frederik Jagel,
Marck Windheim, Lawrence Tibbett, Arthur Anderson.
Au pupitre — un italien cette fois — Ettore Panizza.
— La musique américaine est à l'ordre du jour. Après
Louis Gruenberg, dont YEmperor Jones fut le premier
>

opéra d'un compositeur national, les compositeurs des

Etats-Unis ont pris à coeur d'écrire une musique vraiment à
eux. Parmi ceux qui s'y efforcent avec le plus de bonheur,
le Musical Courier cite, sous la plume de Lazare Saminsky,
Roy Harris, Roger Session, Howard Hanson, Henri
Cowell.
— Strawinsky dirige un concert de ses oeuvres à la tête du
Chicago Orchestra, au Pabst Theater de Milwaukee.
— A Cincinnati, Eugène Goossens, le chef éminent du
Symphony Orchestra, fait entendre sa version pour
orchestre de la Suite pour deux pianos de Debussy.
— Koussevitzky donne à Boston la première audition de
la Sinfonietta de Miaskovsky, lors d'un concert russe
comprenant Tschaïkowsky, Prokofieff, etc.
— Le Metropolitan inaugure le cycle Wagner par le
Ring : 8 février, Rheingold; i5, Walkûre ; 22, Siegfried ; 28,
Gotterdammerung. Au pupitre, Arthur Bodanzky.
 PROGRAMMES DES CONCERTS
GRANDS CONCERTS
SOCIÉTÉ DES CONCERTS Dimanche 3 mars, à 16 h. q5, salle Gaveau,
DU CONSERVATOIRE sous la direction de M. Eugène BIGOT.
Dimanche 3 mars, à i5 heures, salle de l'ancien Coriolan
(Ouverture).
BEETHOVEN.
Conservatoire, sous la direction de M. Philippe GAUBERT. Prométhéc —
Symphonie en ut BEETHOVEN. (Fragments.!
STAN GOLESTAN. Concerto ut mineur
Concerto roumain Piano : M. M. Cianipi. —
Violon : Mllr Bobesco. L'Or du Rhin WAGNER.
Deux Danses DEBUSSY.
Le Miracle G. HUE. (Prélude et irc scène.)
M"" Hoerner. M. de Trévi. Mm" Bunlet, Fiszel, Bachillal, M. Cambon.
RKSPIGHI. Crépuscule des dieux
Les Pins de Rome. '. (Marche funèbre et scène finale.) —
M 1" M. Bunlet.
CONCERTS-COLONNE CONCERTS-PASDELOUP
Samedi mars, à 17 heures, Théâtre du Châtelet,
2 Samedi 2 mars, à 17 heures, Th. de l'Opéra-Comique,
sous la direction de M. Paul PARAY. sous la direction de M. Albert WOLFK.
L'Or du Rhin WAGNER.
Cinquième Symphonie BEETHOVEN.
(Audition intégrale.)
MM. Claverie, Faber, Cathelat, Bastard. a) Noces de Figaro MOZART.
Endrèze, Chauvet, Moryn; (Air de Chérubin.)
M"" Vhita, Ruhlmann, M"" Frozier, h) Alléluia —
M" Cernay. M""' E. Schumann.
1
Illuminations EM. BONDEVILLK.
2'rois Mélodies SCHUUERT.
Dimanche 3 mars, à 17 b. i5, Théâtre du Châtelet, M"' E. Schumann.
Les Maîtres Chanteurs WAGNER.
sous la direction de M. Paul PARAY. (Ouverture.)
Euryanlhe WKUER.
(Ouverture.) Dimanche 3 mars, à 17 h., Th. de l'Opéra-Comique,
Concerto SCHUMANN.
(Violoncelle et orchestre.) sous la direction de M. Albert WOLFF.
M. Feuermann.
Les deux Grenadiers Symphonie Pastorale BEETHOVEN.
— Valse des Sphères I.-STRAUSS-MITTLER.
M. Lovano.
Rosamonde SCHUUERT. M™* E. Schumann.
(Ouverture Jour de Jète V. VREULS.
Moments musicaux —
Mélodies SCHT'MANN.
(N« 3.) M""' E. Schumann.
Marche militaire Tannhâuscr WAGNER.
Le Roi des Aulnes — (Ouverture.)
M. Lovano.
Les Préludes LISZT. ORCHESTRE SYMPHONIQUE
Damnation de Faust
(Menuet des Follets, Ballet des Sylphes,
BERLIOZ.
DE PARIS
Marche Hongroise). Dimanche 3 mars, à 17 heures, salle Rameau,
CONCERTS-LAMOUREUX sous la direction de M. Hermann SCHERCHKN.
Samedi 2 mars, à 16 h. 45, salle Gaveau, L'Art de la Fugue I.-S. BACH.
(Version instrumentale de Grueser et
sous la direction de M. Eugène BIGOT. Scherchen.)
Coriolan BEETHOVEN.
CONCERTS-POULET
(Ouverture.) Dimanche 3 mars, à 17 h. 3o, Th. Sarah-Bernhardt,
Prométhée
(Fragments.)
Concerto ut majeur sous la direction de M. G. CLOEZ.
Piano : M"« Jacqueline Bernard. Ra^inuih'oiv R. BALI.IMAN.
Le Vaisseau Fantôme WAGNER. (Prélude du '}' acte.)
(Ouverture.) (Première audition.)
a) Tannhàuser Concerto MAX BRUCH.
(Prière d'Elisabeth). Violon : M. B. Szigeii-Tschakolî.
b) Prélude et Mort d'Yseult Les Béatitudes C. FRANCK.
M»° Paule Gillv. (Prologue), n"- i, 'i, 4 et S.
La Walkyrie ' M"™ Rouzaud, Cernay, Mattio;
(Chevauchée. ^ MM. Vergues. Rousseau, Dupré.

CONCERTS DIVERS
SAMEDI 2 MARS : ' MERCREDI 6 MARS :
Concerts Siohan (à 17 heures, salle Rameau). Concert Emsellem (à 21 heures, École normale).
concert E. Marc (à 21 heures, petite salle Gaveau).
JEUDI 7 MARS :
DIMANCHE 3 MARS :
Concerts Capelle (à 16 h. 45, église de l'Annonciation). Concert H. Renié i.à 17 h. io, salle Majestic).
Entre-soi (à 21 heures, salle Gaveau).
LUNDI 4 MARS
Concert Braïmina i.à 21 heures, École Normale;.
Concert H. de Sampigny (à heures, École Normale).
: Quatuor Blondel uï 21 heures, salle Chopin).
Festival Franck ut 20 h. 45, petite salle Gaveau).
£ 21
2- heures- salle Debussyi.
P D U. (a 20 h. 3o, petite salle Gaveau).
U*.*•.
'
VENDREDI 8 MARS :
MARDI 5 MARS Concert Besneux-Gautheron (à 17 h. 45, salle Debussy)
r^re"5°j,(à 2I heures, salle Gaveau)). : Concert 'Woelfert (à 21 heures, salle Chopin).
Concert Cantrelle (à ai heures, salle Chopin). Concert Amsom (à 21 heures, salle Debussy).
Paroles et Musiques (à 21 heures, salle Mustel).
La dernière création du Théâtre National de l'Opéra :

La partition. Piano et Chant, Prix net : 67 fr. 50

La dernière création du Théâtre National de l'Opéra-Comique :

La Partition Chant et Piano, Prix net : 90 francs. — Le Livret, Prix net : 6 fr. 75

VIENT DE PARAITRE :

Prix net : 18 francs

Prix net :
3 francs

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