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LORHO Gérard & PELISSIER Pierre

LE DROIT DES PEINES


L’Harmattan, coll. La Justice au quotidien, Paris, 2003, 118 p.
Collection dirigée par Jean-Paul Céré

Résumé : “La justice n’est véritablement rendue que lorsque les décisions judiciaires sont
exécutées” (C. Garnier). Mettre à exécution une peine, rôle principalement dévolu au procureur
de la République, est souvent assimilé à l’incarcération ou au recouvrement des amendes. Or ce
rôle est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Au sens juridique stricto sensu, la mise à
exécution d’une peine s’assimile à la signature par laquelle le procureur de la République
authentifie la peine prononcée et qui va en déclencher l’exécution matérielle par les services
compétents. Mais c’est aussi un ensemble de vérifications, de démarches, de contrôles avant
cette signature. C’est encore l’inscription au casier judiciaire de l’intéressé de la condamnation
prononcée ou la mise à exécution des mesures de nature à garantir l’exécution de la peine
(mandats d’arrêt, ordre d’incarcération immédiate...). C’est enfin la gestion de “l’après-peine”.

Cet ouvrage examine toutes les étapes de la mise à exécution des peines, depuis leur prononcé
par le tribunal jusqu’à la réhabilitation. Il est un guide juridique de “première urgence” pour
tous ceux qui veulent mieux comprendre ce processus.

Gérard Lorho est magistrat. Il a dirigé pendant 14 ans le bureau des affaires juridiques au casier
judiciaire national. Il est délégué général de la commission nationale de contrôle des interceptions
de sécurité.
Pierre Palissier est magistrat. Ancien juge de l’application des peines, il a aussi été vice-
procureur à l’exécution des peines de Paris.
Jean-Paul Céré est Maître de conférences à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.
“La collection La Justice au quotidien a pour objectif de rendre le droit accessible à tous, aux
professionnels comme aux particuliers. Elle se destine à la publication d’ouvrages, rédigés par
des spécialistes reconnus, permettant de présenter de manière fonctionnelle et complète le

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système de justice actuel et de proposer des solutions aux problèmes juridiques de la vie
courante”.

Synthèse
Le droit des peines
Mise à exécution et après peine
Mots clés : Exécution des peines - Casier judiciaire - Relèvement - Emprisonnement -
Amende - Autres peines

Introduction

La plupart des pays européens confient l’exécution des peines au procureur de la République
(Andorre, Belgique, France, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie,
Turquie) [cf. J. Pradel, “Le ministère public, autorité omnipotente ou colosse au pied d’argile”
in Revue pénitentiaire droit pénal n°3 déc. 2001 p. 464]. D’autres pays l’abandonne à un service
spécial relevant du ministère de l’intérieur (Estonie, Irlande, Malte, Royaume-Uni, République
Tchèque). La France, l’Italie, le Portugal, font parfois intervenir un magistrat du siège dans
l’exécution des peines (mesures individuelles telles que semi-liberté pou liberté conditionnelle).

Article 707 CPP :


“Le ministère public et les parties poursuivent l’exécution de la sentence chacun en ce qui le
concerne.
Néanmoins, les poursuites pour le recouvrement des amendes et confiscations sont faites au nom
du procureur de la République, par le percepteur.”

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Nota : La loi n° 204-204 du 9 mars 2004 va modifier les articles 707 et suivants du code de
procédure pénale. Il n’est donc pas inutile de s'approprier la synthèse avec un code de l’édition
2005. La loi entre en vigueur le 01 janvier 2005.
En dehors de quelques autres articles, l’essentiel des dispositions concernant l’exécution des
peines est de nature réglementaire (la Constitution de 1958 n’a pas réservé ce domaine à la loi).

Dans le code de procédure pénale français, aucun article ne permet de recours contre les
décisions du procureur de la république (ni de la victime pour décision de non mise à exécution
de la peine prononcée, ni du condamné dans le cas d’une urgence d’exécution (sans saisine du
juge d'application des peines) ou du refus d’une demande de fractionnement ou d’une suspension
de peine.

Finalement aucune définition (légale ou jurisprudentielle) de la nature juridique de la décision


d’exécution n’est disponible. La distinction faite par le Conseil d’Etat entre mesures touchant à la
nature et aux limites de la peine et les autres semble insuffisante (CE 17 février 1995, Marie, JCP
1995 II. 22426). Si l’on peut déterminer l’ordre de compétent juridiction (qui apparaît relever de
la fonction d’administration pénitentiaire), on ne révèle pas la nature de l’acte.

Toujours est-il qu’en amont de la poursuite de l’exécution de la peine, il faut une décision qui soit
exécutable (1) avant la mise en oeuvre (2) et c’est seulement ensuite que l’on pourra envisager
l’après-peine (3) (conséquences de la mise en mémoire des condamnations).
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La présente étude se limite aux décisions prononcées par le tribunal correctionnel.

1 : L’obligation d’une décision exécutoire


2 : La mise à exécution proprement dite
3 : L’après-peine

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1 : L’obligation d’une décision exécutoire

Article 708 CPP :


“L’exécution à la requête du ministère public a lieu lorsque la décision est devenue définitive.
Toutefois, le délai d’appel accordé au procureur général par les articles 505 et 548 ne fait pas
obstacle à l’exécution de la peine”.
L’épuisement de toutes les voies de recours (sauf celles offertes au procureur général) ouvre
l’exécution possible de la décision.

Section 1. Le caractère exécutoire du jugement


C’est de la nature du jugement que peut découler le caractère exécutoire de la décision.

§1. Les différents types de jugement


Jugements contradictoires : en principe rendus en présence du prévenu ou de son représentant.
Le prévenu peut être absent de façon expresse (art. 411 CPP) ou en cours de procédure. Les
conséquences juridiques ne changent pas. Pour recevoir copie du jugement il faut en faire
demande. Ils deviennent définitifs à compter de deux mois du prononcé mais sont exécutables à
l’issue du délai d’appel (10 jours : art. 708 CPP).
Jugements contradictoires à signifier : par définition rendus en l’absence du prévenu ou de son
représentant. C’est la signification qui va les rendre exécutoires. Cette éventualité s’ouvre soit
devant une excuse valable (d’ordre médical ou professionnel) appréciée souverainement par le
tribunal (Cf. Cass. crim. 22 février 1961 : Bull. crim. n° 113). Soit la citation n’a pas été faite à
personne ou le prévenu a été convoqué par l’officier de police judiciaire ou le procureur à une
audience (art. 390-1 et 394 CPP). En dehors de ces cas le jugement sera dit contradictoire (mais
devra être signifié et ne deviendra exécutoire qu’après dix jours). L’enjeu est de s’assurer que le
condamné a été personnellement informé (sinon il y a défaut de qualification).

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Les jugements par défaut : le prévenu est absent à l’audience et n’a pu être informé. Le jugement
devient exécutoire sous dix jours après une nouvelle signification (qui se fera souvent à Parquet).
Le condamné peut s’y opposer en comparaissant (une nouvelle audience s’ouvre alors).

Les jugements itératifs défaut : Ici le prévenu ne s’est pas présenté à la nouvelle audience
(remettant en cause le jugement par défaut). Son opposition est non avenue, le jugement est dit
“itératif par défaut”. Ce jugement est exécutoire après signification (par tout mode) après dix
jours.

La qualification du jugement rendu emporte une importance particulière pour les droits du
prévenu. Ainsi un jugement qualifié contradictoire à signifier alors qu’il devait être prononcé par
défaut ouvre l’exercice de l’opposition dans le second cas alors qu’il pouvait être analysé comme
impossible dans le premier cas (situation lorsque l’accusé de réception du courrier a été signé par
un tiers alors que l’on pouvait croire qu’il a été signé par la personne concernée).

§2. Signification des jugements


Les jugements contradictoires : sans difficulté, la présence (ou situations assimilées) du
condamné emporte exécution sous dix jours de la décision (la copie n’est fournie que sur
demande expresse).
Les autres jugements : ici l’acquisition du caractère exécutoire dépend directement de la
signification. Le condamné doit être mis en mesure d’exercer les voies de recours. L’exploit
d’huissier (art. 550 CPP) est généralement engagé. L’huissier doit tout faire pour faire parvenir la
“Grosse” (copie du jugement revêtu de la formule exécutoire : formule définie par décret n° 47-
1047 du 12 juin 1947) au condamné. A défaut de domicile ou résidence connu le Parquet reçoit la
copie de l’exploit. L’huissier est tenu par le délai de prescription de l’action public pour faire
parvenir son exploit (1 an pour les contraventions, 3 ans pour les délits, 10 ans pour les crimes).
Des exceptions prolongent ce délai : notamment en matière de terrorisme et de stupéfiants (20 ans
pour les délits, 30 ans pour les crimes) [art. 421-1 à 421-5 CP (terrorisme) et art. 222-34 à 222-39
CP (stupéfiants)].

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Un délai pour former recours est dans tous les cas ouverts qui suspend l’exécution de la peine.

La loi n° 2000-516 du 15 juin 2000 à supprimer les articles 583 et suivants renforçant ainsi les
droits du condamné dans cette situation.

Section 2. Les voies de recours


Au delà des mesures prononcées immédiatement exécutoires, le Parquet doit vérifier les
éventuelles voie de recours formées contre le jugement.

§1. Appel
Principe du double degré de juridiction oblige. L’appel doit être interjeté dans le délai de dix
jours à compter de la signification du jugement (rendus par défaut, itératif par défaut ou
contradictoire à signifier). Cinq jours supplémentaires sont accordés aux autres parties pour
interjeter appel. Pendant ces délais il est sursis à exécution du jugement (art. 506 CPP).
Si le condamné se désiste de son appel en cours de procédure il faut attendre que la Cour d’appel
se prononce sur la validité du désistement ( “le désistement n’a pas pour effet à lui seul de
rendre la condamnation exécutoire” Cass. crim. 24 oct. 19991 ; Circulaire Crim. 02.12 - E3-10-
07-02).

§2. Opposition
Seul le prévenu peut faire opposition à l’exécution (par tout moyen). L’opposition suivie d’une
comparution rend non avenu tout jugement par défaut (art. 489 CPP). Même si le prévenu s’en
désiste à l’audience (Cass. crim. 04 déc. 1975, Bull. crim. N° 269).
Le caractère exécutoire de la peine est éteint. Seul le désistement d’opposition redonne à la
condamnation son caractère exécutoire. Il est de toute façon acquis par une condamnation par
défaut (dix jours après signification par tout mode).
Cet “acquiescement” d’un jugement par défaut n’emporte pas la déchéance du droit d’opposition
du prévenu si l’exécution est engagée dans le délai de la possibilité de la voie de recours (art. 492
CPP) (Jurisprudence constante : Cass. crim. 10 déc. 1903, DP 1905. 1. 374). Le prévenu arrêté
dans ces délais qui forme opposition doit donc être libéré immédiatement.

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Sur la définition “d’acte d’exécution quelconque” (non précisé par le CPP), le problème de
l’extradition et le mandat d’arrêt : Cf. Cass. crim. 15 oct. 1984, Bul. crim. n° 300 et Cass. Crim. 4
mai 1984 : Bull. crim. n° 170.

§3 Recours en grâce
“Le Président de la République a le droit de faire grâce” (art. 17 Constitution 4 oct. 1958) [art.
133-7, 133-8, R.133-1, R.133-2 Code Pénal : règles applicables aux recours individuels ou
collectifs].
La grâce est une dispense d’exécution de la peine et non une suppression de la condamnation.
Ainsi en cas de confusion de peine avec une peine graciée, la grâce ne s’impute pas à la peine
non graciée (Circulaire du 14 mai 1993). Reste à savoir si la grâce (même collective) doit être
prise en compte dans le calcul de la modalité d’exécution de la peine (intérêt de l’octroi d’une
liberté conditionnelle). La jurisprudence antérieure (toujours appliquée) l’admet [Cass. crim. 5
juill. 1983, Bull. crim. n° 214].
L’exécution d’une peine d’emprisonnement ne sera pas suspendu par l’effet du recours en grâce.
Sauf à faire valoir une circulaire pour une peine inférieure à trois mois (selon l’article C 816
CPP). Pour les peines supérieures ou égales à trois mois, le Parquet général ou le procureur
peuvent exercer une suspension en attente du résultat du recours (pouvoir d'opportunité : art. C
816 CPP). Cette suspension ou le fait de différer est engagé sous une responsabilité propre et
pour des motifs sérieux (maladies, familles, profession,...). En pratique l’exécution est ordonnée.
Pour les amendes et les jours-amendes, le recouvrement est suspendu (avis notifié au comptable
du Trésor [art. 10 décret n° 64-1333 du 22 déc. 1964).

§4. Pourvoi en cassation


Précision nécessaire même si l’étude s’attache aux décisions des tribunaux correctionnels.
Les jugements rendus en dernier ressort peuvent être annulés en cas de violation de la loi (art.
567 et suiv. CPP). Il est sursis à exécution sauf si l’appel confirme le mandat décerné par le

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tribunal (art. 464-1 ou 465 al. 1 CPP). Le délai de pourvoi est de cinq jours francs (soit sept jours
ouvrables en pratique).
Si une même décision condamne plusieurs personnes mais que toutes n’ont pas formé un recours
en grâce, la Cour de cassation peut ordonner l’annulation pour tous les prévenus (notion d’ordre
public) [art. 612-1 CPP]. Il peut donc être dans l’intérêt du ministère public de ne pas mettre à
exécution et d’attendre l’arrêt de la Cour de cassation (et de vérifier si un pourvoi a été formé et
de contrôler les conséquences d’une annulation).

§5. Les recours dilatoire ou manifestement tardifs


La condamnation devient définitive lorsque toutes les voies de recours sont épuisées. Le Parquet
n’est en principe pas juge de la recevabilité mais il lui appartient tout de même de vérifier si le
délai est révolu ou non [Cass. crim. 27 nov. 1963, Bull. crim. n° 333 ; Cass. crim. 14 déc. 1966,
Bull. crim. n° 291 ; Cass. crim. 23 mars 1993, Bull. crim. n° 126). Cela évité la perspective
dilatoire du recours.
Néanmoins il faudra apprécier le caractère tardif (force majeur, motif évident de nullité de
jugement, de la signification) et considérer alors le délai on forclos. Le Parquet peut également
surseoir à exécution (opportunité de la mise en exécution ?). Cette procédure est valable pour
toutes les formes de jugement.

Section 3. Les décisions immédiatement exécutoires


Sur la base d’une mesure de sûreté justifiée le tribunal peut rendre sa décision exécutoire par
provision (sous certaines conditions).

§1. Les décisions d’incarcération


Le tribunal peut, dans cinq cas, décider d’une détention provisoire (ou de son maintien). La
décision devra être motivée et ne s’apparente pas vraiment à une mise à exécution puisqu’une
demande de mise en liberté peut être demandée pendant le délai de l’appel (toujours ouvert).
- 1 : art. 397-4 CPP : au terme de la comparution immédiate et quelque soit la durée de
l’emprisonnement.
- 2 : art. 464-1 CPP : maintien possible de la détention.

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- 3 : art. 22 de l’Ord. 2 fév. 1945 : pour les mineurs et dans tous les cas la décision peut
être exécutoire (malgré l’opposition ou l’appel) ; confirmation : Cass. crim. 07 mars 2000, Bull.
crim. n° 105.
- 4 : art. 465 CPP : pour une peine sans sursis d’au moins un an : mandat de dépôt
possible ou mandat d’arrêt (si le prévenu est en fuite).
- 5 : art. 132-51 Code Pénal : révocation d’un sursis avec mise à l’épreuve ou sursis avec
travail d’intérêt général : ordre d’incarcération immédiate.

A. Les mandats d’arrêt ou de dépôt


Décernés ou confirmés (ceux délivrés par la juridiction d’instruction), ces mandats
engagent la mise à exécution provisoire de la décision (les délais de recours n’étant pas épuisés).
Le mandat de dépôt s’exerce en toute logique lorsque la personne concernée est présente. Le
mandat d’arrêt vise une personne absente : en cas d’opposition l’affaire doit venir sous huit jours
devant le tribunal.
Différence de traitement : la personne arrêtée en vertu d’un mandat d’arrêt délivré par le tribunal
peut faire opposition et devra être présentée au tribunal sous huit jours. Mais la même personne
arrêtée (après clôture de l'information) par un mandat d’arrêt délivré par le juge d'instruction
devra être présentée “dans un délai raisonnable” (le CPP ne prévoit rien).

B. Les ordres d’incarcération provisoire


La révocation (“ordre d’incarcération immédiate”) du sursis avec mise à l’épreuve peut
être ordonner dès que le condamné commet dans le délai d’épreuve un crime ou un délit
(emportant condamnation d’une peine privative de liberté) ou s’il ne satisfait pas à ces
obligations. En général (et sauf précision expresse) la révocation couvre l’ensemble des
condamnations.
Il ne faut pas confondre : les ordres d’incarcération immédiate, ni de l’incarcération provisoire
(art. 714-2 CPP) [prononcé par le juge d’application des peines pour non respect des obligations,
avec saisine du tribunal sous cinq jours], ni de l’ordre d’arrestation provisoire (Loi du 10 mars
1927 relative à l’extradition des étrangers) [prononcé par le procureur].

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C. Le rôle du Parquet
Les mandats d’arrêt ou de dépôt et les ordres d’incarcération immédiate s’imposent aux
services chargés de leur exécution : les forces de l’ordre en premier.
Il semble bien que l’article 40 CPP (“Le procureur de la République reçoit les plaintes et les
dénonciations et apprécie la suite à leur donner”) limite le pouvoir d’opportunité de poursuite au
fait de pouvoir poursuivre ou classer une affaire ; non de pouvoir intervenir dans l’exécution.
Même si aucun texte ne vient limiter (outre la prescription de la peine) le moment ou le Parquet
décide la mise à exécution de la peine proprement dite. La seule limite étant qu’au final une
décision de mise à exécution s’impose à ceux qui doivent l’exécuter donc au procureur de la
République.

§2. L’exécution provisoire des peines alternatives et complémentaires


Les sanctions complémentaires (art. 131-10 CP) ou alternatives (art. 131-6 CP) peuvent être
déclarées exécutoires par provision (art. 471 CPP) [qu’elles soient prononcées à titre principales
ou à titre de peines complémentaires]. Par exemple un tribunal correctionnel peut ordonner
l’exécution provisoire d’une peine de suspension de permis de conduire qu’il vient de prononcer
(la suspension est donc immédiate). On notera la différence avec la remise du permis le jour de la
notification de la sanction.

Section 4. Les lois d’amnistie


Les articles 133-9 à 133-11 du code pénal encadrent les principes de l’amnistie que chaque loi
appliquera ensuite. Il est important de vérifier qu’aucune loi ne viendrait faire obstacle à
l’exécution d’une condamnation. La loi du 6 août 2002 (JO du 9 août 2002 p. 13647) a réduit
considérablement le nombre d’infractions amnistiées. Cette “tradition républicaine” va-t-elle se
recentrée vers son objet initial, apaiser des faits marquants de notre histoire ?

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2 : La mise à exécution proprement dite

Section 1. Les dispositions applicables à toutes les peines

§1. L’établissement des extraits de jugement


Le nombre d’extrait peut varier suivant la nature des sanctions. Les plus courants sont :
- l’extrait des minutes pour écrou : incontournable pour l’emprisonnement ferme
- la fiche casier judiciaire : permet l'inscription sur le dit registre
- l’extrait finances : transmis au Trésor public pour le recouvrement des amendes au nom
du procureur de la République (art. 708 al. 2 CPP)
- l’extrait dit référence 7 : exécution suspension ou annulation du permis de conduire
Les mandats de dépôt ou d’arrêt et les ordres d’incarcération provisoire sont édités en toute
logique. Comme les extraits de jugement concernant le prononcé d’une interdiction de territoire,
une confiscation, une obligation d’affichage, etc.
Ces extraits sont établis par le greffe et le délai de publication peut varier de quelques jours à
quelques mois (suivant l’encombrement du tribunal). Ils sont transmis au procureur qui vérifie, et

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vise. L’examen du bulletin numéro 1 du casier judiciaire permet de croiser les condamnations
antérieures (cas de la révocation d’un sursis par exemple). Ou de rechercher de savoir si
l’intéressé d’un jugement contradictoire à signifier ou par défaut était incarcéré lors de l’exploit
d'huissier ce qui l’entache de nullité (Cass. crim. 27 juin 2000, Bull. crim. n° 245).

§2. La rectification d’erreur matérielle et les contentieux liés à l’exécution


Art. 710 CPP : “Tous incidents contentieux relatifs à l’exécution sont portés devant le tribunal
ou la cour qui a prononcé la sentence ; cette juridiction peut également procéder à la
rectification des erreurs purement matérielles contenues dans ses décisions (...)”.
Sur environ 400.000 jugements correctionnels rendus par an il n’est pas rare d’avoir quelques
erreurs. La notion d’erreur matérielle ouvre le droit de la réparer sans y rien ajouter (Cass. crim.
16 mars 1964, Bull. crim. n° 99) ; et sans restrictions ou accroissement des droits consacrés par la
décision (Cass. crim. 28 mars 1996, Bull. crim. n° 144). La jurisprudence est nombreuse. Au delà
des erreurs matérielles, il est possible de demander au tribunal de préciser sa décision.
Les articles 748 et 778 CPP règlent l’erreur ou l’usurpation d’identité dans la procédure.
La contestation et la rectification de l’identité s’effectue comme en matière d’incidents
d’exécution, par requête auprès du président au près du président de la juridiction.

§3. La recherche du condamné


Si le condamné n’est pas retrouvé à l’adresse fournie lors du jugement ou après investigations des
forces de l’ordre il est parfois nécessaire de le rechercher sur l’ensemble du territoire ou à
l’étranger.

A. L’inscription au fichier des personnes recherchées (F.P.R.)


Le FPR est à disposition des autorités administratives et judiciaires (il est géré par la
police nationale et la gendarmerie). Textes judiciaires de référence : Circulaire Crim. 83-36-E.
1/27.12.83 du ministère de la justice et articles C.225 à C.253 CPP.
Dans le domaine de l’exécution des peines seules apparaissent les décisions suivantes :
- jugements et arrêts portant privation de liberté (délais de recours épuisés sauf celui de
l’opposition).
- jugements portant révocation d’une liberté conditionnelle

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- réquisitions d’incarcérations (suite à des jours-amende impayés)
- contraintes par corps
- interdiction de territoire, annulation ou suspension du permis de conduire
- ordres d’incarcération (après révocation d’un sursis avec mise à l’épreuve ou travail
d’intérêt général)
S’ajoutent les ordres de recherches du juge de l’application des peines (art. 494 CPP)
éventuellement ceux du juge des enfants. Les mandats d’arrêt des juges d’instructions, les
ordonnances portant contrôle judiciaire.
Normalement toute inscription au FPR est subordonnée à un délai de radiation (soit que l’objet ait
été rempli soit par caducité de la décision qui a permis son inscription).

B. Les recherches internationales

1. Le système d’information Schengen (S.I.S.)


L’espace Schengen concerne 15 Etats depuis le 25 mars 2001 : Allemagne,
Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Grèce, Islande, Italie, Luxembourg,
Norvège, Pays-Bas, Portugal et Suède.
Les relations extraditionnelles sont réglées par la Convention européenne d’extradition du 11
décembre 1957 et la Convention d’application de l’accord Schengen (art. 59 à 66).
En principe toute décision concernant la recherche ou la mise à exécution d’une peine privative
de liberté (à partir de quatre mois) à l’encontre d’une personne en fuite ou non localisée doit y
apparaître. Dans la pratique il est consulté le fichier Interpol avant toute inscription. De plus les
peines inférieures à un an n’apparaissent que rarement (compte tenu des mécanismes susceptibles
de faire baisser le quantum (grâce, amnistie)).
Le Parquet est tenu d’établir un formulaire permettant la consultation des 14 pays membres dans
le respect de leur législation nationale et au vu (notamment) du principe de la double
incrimination (Circulaires de la direction des affaires criminelles et des grâces des 27 septembre
1993, 31 juillet 1998 et 24 janvier 202).

2. Les autres procédures internationales

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Ici la voie diplomatique est la seule possible dans la transmission d’une
arrestation provisoire en vue d’extradition (la demande est en général doublée d’un contact avec
Interpol). Des Conventions bilatérales peuvent être engagées entre certains pays (s’y reporter).
Précision : l’article 16 de la Convention européenne d’extradition permet d’adresser la demande
directement à l’autorité judiciaire compétente.

§4. La mise à exécution de peines illégales définitives


Ceci est possible lorsqu’une juridiction prononce une sanction non prévue par les textes ; et cette
erreur ne peut être corrigée par la rectification d’erreur matérielle.
Les Parquets reçoivent régulièrement (du casier judiciaire) une liste des infractions dont le
quantum de la peine prononcé ne correspond pas aux textes : soit que le maximum de
l’emprisonnement encouru soit dépassé (exhibition sexuelle, entrée ou séjour des étrangers,
rébellion...), soit prononcé alors que non encouru (outrage à une personne chargée d’une mission
de service public, provocation directe à la rébellion, dégradation ou détérioration légère d’un
bien...).
Exemple : l’outrage à une personne chargée d’une mission de service public (art. 433-5 CP) est
puni de 7500 € d’amende. Or il n’est pas rare que le tribunal prononce une courte peine
d’emprisonnement ou un travail d’intérêt général (qui ne peut être qu’alternative à
l’emprisonnement).
L’unique recours se fait devant la Cour de cassation pour violation de la loi (art. 591 CPP).
En pratique les Parquets limitent les effets de la peine dépassée au maximum prévue par la loi ce
qui permet d’éviter l’impossibilité de la mise à exécution.
[nota : on s’interrogera sur la validité d’une peine illégale assimilée par opportunité de poursuite
au quantum maximum autorisé]
De surcroît au termes de l’article 432-5 CP l’ensemble des personnels de justice sont passibles de
poursuites pénales si ils n’interviennent pas ou ne provoquent pas l’intervention de l’autorité
compétente pour faire cesser la mise à exécution d’une peine illégale [jusqu’à 3 ans et 45000
euros tout de même...]

§5. Fractionnement et suspension de peine

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Cette perspective peut s’engager autour de considérations médicales, familiales, professionnelles,
sociales, concernant le détenu. L’article 720-1-1 CPP prévoit un motif particulier tenant à la santé
(loi 04 mars 2002). Les articles codifiés sont les suivants :
- art. 132-27 CP : matière correctionnelle, la peine d’un an d’emprisonnement peut être
fractionnée sur maximum trois ans (décision de la juridiction).
- art. 132-28 CP : matière correctionnelle, amende, jour-amende, suspension permis de
conduire peuvent exécutés par fraction sur maximum trois ans (décision de la juridiction).
- art. 708 CPP : peines de police ou correctionnelles (sans privation de liberté), suspension
ou fractionnement possible ; si suspendues pendant moins de trois mois : décision du ministère
public), au delà : proposition du ministère public mais décision de la juridiction.
- art. 720-1 CPP : peines correctionnelles d’emprisonnement ; si il reste à subir un temps
inférieur ou égal à un an : suspension ou fractionnement possible par période minimale de deux
jours sur trois ans maximum (décision du juge d'application des peines après débat
contradictoire).
- art. 720-1-1 CPP : toutes peines d’emprisonnement ou de réclusion peuvent être
suspendues si le pronostic vital est en jeu ou que l’état de santé révèle une incompatibilité avec le
maintien en détention : la durée n’a pas à être déterminée.

En pratique ces articles sont peu mis en oeuvre tant ils compliquent le service de l’administration
pénitentiaire (chaque entrée ou sortie nécessite les formalités d’écrou). De plus le ministère
public étant maître de la mise à exécution des peines, il est rare qu’il demande au tribunal
correctionnel un fractionnement ou une suspension : pour cause, il retarde très souvent la mise à
exécution lui même.
La mise en application de l’article 720-1-1 CPP est à surveiller puisqu’aucune restriction tenant
même à la nature des infractions (Cass. crim. 12 février 2003, pourvoi 02-86.531 “affaire
Papon”) ne vient la limiter. Sur la possibilité de suspension de peine confère M. Herzog-Evans in
Dalloz n° 38 du 31 octobre 2002 (jurisprudence p. 2893). Le JAP peut vérifier l’état de santé du
condamné à tout moment (soit d’office, soit sur avis du procureur).

15
Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Section 2. Les dispositions applicables par types de sanction

§1. Sanctions financières et patrimoniales

A. Amendes
Les recouvrements (nombreux) sont confiés (dès condamnation définitive) aux
comptables directs du Trésor. Application est faite de l’article 707 CPP et du décret n° 64-1333
du 22 décembre 1964 (fixe notamment à 35 jours -voeux pieux- le délai d’envoi (au comptable)
des extraits de jugement établi par le greffier et visé par le procureur).
Dès réception le comptable envoie un avertissement au débiteur l’invitant à se libérer. Un mois
plus tard il adresse une mise en demeure. Si le débiteur ne s’acquitte pas de sa dette, le Trésor
peut exercer des poursuites sur ses biens soit sur la personne (si la loi a prévu la contrainte par
corps).
Les service du Trésor dispose notamment du Fichier des comptes bancaires (FICOBA) ou du
fichier des impôts mais aussi d’autres comme celui de l’EDF (accès restreint par la Commission
National Informatique et Libertés.
Les recouvrements peut ainsi prendre la forme d’opposition administrative sur comptes des
personnes morales ou physiques détenants des créances du débiteur (par avis à tiers détenteur, 15
jours après la notification de l’avis le tiers devient redevable si il détient les sommes).
L’administration fiscale dispose aussi (en priorité) des procédures civiles d’exécution (privilèges,
gages, nantissement, hypothèque légale). [il n’est pas exclu de faire valoir la somme insaisissable
“à caractère alimentaire” prévue par le décret n° 2002-1150 du 11 septembre 2002 limitant la
saisie d’un compte : à formuler dans les 15 jours de la saisie (JO 13 septembre 2002 p. 15133)].
On notera que la violation de l’obligation d’assurance engendre la majoration de la peine de 50%
(reversée au fonds de garantie - art. L. 211-1 code des assurances).
B. La contrainte par corps
Selon les articles 750 et 706-31 CPP, il est possible d'engager une mesure coercitive
contre un débiteur condamné à une amende défaillant en incarcérant pour une durée de cinq jours
à quatre mois (et jusqu’à deux ans en matière de stupéfiant lorsque le montant dépasse les 75000
euros). L’emprisonnement ne libère pas la dette pour autant.

16
Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
La réquisition d’incarcération est demandée par le Trésor après cinq de la signification du
commandement de payer (le procureur perd son pouvoir d’appréciation et doit donc s’exécuter
sauf preuve de la solvabilité qui permet la délivrance d’un sursis).
Cette contrainte ne s’exerce pas pour les réparations civiles (elle implique uniquement le Trésor
et le recouvrement) ; les sommes dues doivent dépasser 150 €.
Elle ne s’applique ni aux mineurs ni aux majeurs de plus de 65 ans ni aux personnes non
imposable (certificat de non imposition à fournir).
La libération est immédiate dans trois cas :
- paiement de la dette (même partiel si accepté par le créancier)
- consignation d’une somme suffisante
- fourniture de caution
Le condamné peut évidemment porter recours sur la régularité de la contrainte notamment si son
état nouveau d’insolvabilité n’a pas été pris en compte (Cass. comm. 25 janvier 1995, Bull. IV
n°21).
Au 01 janvier 2001 les contraintes par corps représentaient 0,2% de la population carcérale (soit
99 personnes).

C. Les jours-amende
Créés par la loi n° 83-466 du 10 juin 1983 les jours-amende (applicables aux délits punis
d’une peine d’emprisonnement) engagent une amende quotidienne pendant un nombre de jours
déterminés par la décision ; le non paiement entraîne automatiquement un emprisonnement égale
à la moitié du nombre de jours restant à payer (art. 131-5 et 131-25 CP).
La contribution quotidienne est fixé selon les ressources (maximum 300 € : 1000 € à partir du
01/01/2005) et le nombre de jours-amende ne peut dépasser 360.
La mise à exécution de l’incarcération libère le condamné de la dette (évidemment la procédure
de contrainte par corps n’est pas applicable). Les régimes lés à l’incarcération sont valables (art.
D. 49-1 CPP notamment).

D. La confiscation

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Pour les objets qualifiés (par la loi ou le règlement) de dangereux ou de nuisibles, le
principe de la peine de confiscation est obligatoire (art. 131-21 CP). Le législateur peut prévoir
en sus des objets n’entrant pas dans ce critère (art. 222-49 CP pour les stupéfiants et art. 442-13
CP pour la fausse monnaie).
La confiscation pourra être totale ou partielle, la décision sera publiée au JO afin que toute
personne détenant des biens concernés puissent faire une déclaration de ceux qu’elle possède (loi
n° 47-520 du 21 mars 1947).
Les objets sont dévolus à l’Etat sauf si ils sont destinés à la destruction. La confiscation s’opère
au delà de la mort du condamné ou de la dissolution de la personne morale.

E. Le droit fixe de procédure et les frais de justice


Tout procès entraîne un coût. Certains sont laissés à la charge du condamné d’autres à la
partie civile (jusqu'à la réforme de la procédure pénale : loi n° 932 du 04 janvier 1993 ; les frais y
sont fixés par l’art. R. 92 CPP et sont maintenant à la charge de l’Etat).
Les condamnés doivent toujours s’acquitter d’un droit fixe de procédure (de nature fiscale ; art.
1018A CGI) recouvrer comme en matière d’amende ; ainsi :
- 22 € pour les ordonnances pénales, tribunaux de police et juridictions ne statuant pas sur
le fond.
- 90 € pour les décisions des tribunaux correctionnels
- 120 € pour les décisions des cours d’appel statuant en correctionnelle ou en police.
- 375 € pour les décisions des cours d’assises
- 150 € pour les décisions de la Cour de cassation statuant en matière criminelle,
correctionnelle, police
Si un non lieu ou une relaxe est prononcée, c’est la partie civile qui a mis l’action en mouvement
qui est redevable (sauf si la décision s’appuie sur un défaut d’identification de l’auteur de
l’infraction).

§2. Sanctions devant être mises en application par le juge de l’application des peines

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
(JAP)
A. Le travail d’intérêt général (TIG)
Les formes sont diverses mais pour ce qui concerne la mise à exécution il existe deux
forme : la peine de TIG proprement dite et l’obligation qui assortit une peine d’emprisonnement
avec sursis. Dans les deux cas c’est le JAP du domicile de l’intéressé qui est compétent pour la
mise en oeuvre (sauf pour les mineurs pouvoir du juges des enfants : art. 5 du décret 76-1073 du
22 novembre 1976 modifié).
Le procureur qui doit saisir le JAP doit être avisé de toute décision d’affectation à un TIG (art. R.
131-27 CP). C’est logique l’exécution comme la non exécution d’une peine intéresse le Parquet.
Inscription est faite au casier judiciaire.
Si le TIG est prononcé comme peine principale ou complémentaire, la non exécution est
assimilée à une nouvelle infraction (peine maximale : 2 ans et 30000 €).
Si il a été prononcé comme obligation assortit d’un sursis, la violation de l’obligation est
assimilée à celle particulière avec mise à l’épreuve (le sursis devient effectif et l’obligation
demeure).

B. Le sursis avec mise à l’épreuve


Le procureur devra vérifier que la légalité de la décision avant de saisir le JAP.
Notamment que la durée de la mise à l’épreuve ne peut être inférieur à 18 mois ni supérieur à 3
ans. La peine principale ne devant pas dépasser 5 ans. Si la juridiction n’a pas prononcé
l’exécution provisoire, la mesure n’est applicable qu’à partir du jour où la condamnation devient
exécutoire (la réalité des délais de transmission des copies de jugement tempèrent le principe).

C. L’interdiction de séjour
Elle est régie par les article 131-31 et suivants CP. Défense de paraître dans certains lieux
accompagnées de mesures d’assistance et de surveillance. Le JAP (saisit par copie du jugement)
qui les met en oeuvre peut aussi modifier la liste des lieux prohibés. La durée de l’interdiction ne
doit pas dépasser (vérification du procureur) dix ans pour les crimes, cinq ans pour les délits.
L’inscription a fichier des personnes recherchées est automatique. L’interdiction s'applique même
si il y a emprisonnement sans sursis (intérêt pour la libération conditionnelle). La violation de
l’interdiction est un délit (art. 434-8 CP : 2 ans et 30000 €).

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
D. Le suivi socio-judiciaire
Instauré par la loi n° 98-468 du 17 juin 1998. Il peut être prononcé uniquement pour les
infractions suivantes : viol ou agressions sexuelles, mise en péril des mineurs, atteintes
volontaires à la vie. Il s’agit de soumettre le condamné à un contrôle du JAP (saisi après copie du
jugement) (pendant 10 maximum pour les délits et 20 ans maximum pour es crimes.
Le JAP peut ordonner l’emprisonnement (dans la limite de 2 ans pour les délits et 5 ans pour les
crimes) soit pour non-respect des obligations, soit pour non respect de l’obligation de soin
(engagé après expertise) ; cette dernière mise à exécution est effective après débat contradictoire.

§3. L’emprisonnement

A. L’article D. 49-1 du code de procédure pénale : règles et pratiques


1 Art. D. 49-1 CPP al. 1 : “Préalablement à la mise à exécution d’une condamnation à une
peine égale ou inférieure à un an d’emprisonnement concernant une personne non incarcérée, le
ministère public communique au juge de l’application des peines un extrait de la décision
accompagné, le cas échéant, de toutes informations utiles. Il en est de même en cas de cumul de
condamnations concernant la même personne si le total des peines prononcées n’excède pas un
an.”
La force réglementaire (décret simple) et non législative (non application non sanctionnée)
impose donc le principe que le JAP doit examiner toute courte peine d’emprisonnement pour
rechercher une modalité d’exécution allégée (semi-liberté, placement extérieur, libération
conditionnelle...
L’article D. 49-1 ne s’applique ni en cas de détention provisoire ni en cas de comparution
immédiate. En pratique la notion d’urgence à retrouver l’intéressé supplante la rigueur de la
mesure. De surcroît il n’est pas certain que le JAP dispose d’un pouvoir de coercition pour
l’imposer.

B. L’ordre de mise à exécution des peines d’emprisonnement


Sur ce point le CPP est muet. L’ordre est donc lié au hasard des interpellations et à la
célérité des Parquets. Néanmoins le code pénal a prévu dans certains cas un ordre pour la mise à
exécution.

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Art. 132-48 et 132-50 CP : Lorsqu’une juridiction ordonne l’exécution d’une peine
d’emprisonnement prononcée avec sursis et mise à l’épreuve et si ce sursis a été accordé après
une première condamnation (déjà prononcée avec ce bénéfice) alors la première peine est d’abord
exécutée. En pratique cela reste compliqué car dans le cas d’une révocation d’un sursis d’une
première condamnation alors la mise en oeuvre d’une deuxième condamnation avec un nouveau
sursis risque de conduire à la libération puis à la réincarcération immédiate du condamné ; ce qui
a pour effet une révocation automatique de la deuxième peine... L’intéressé devant pouvoir faire
appel de cette situation défavorable (pour lui).

C. Décrets de grâce collectives


Depuis environ vingt ans il est de tradition que le Président de la République prononce un
décret -(non publié au JO) de grâce collective au moment du 14 juillet. En général il est accordé
une remise exceptionnelle de peine aux personnes condamnées à une peine d’emprisonnement
ferme d’un an prononcée quelques jours après la signature et exécutoire avant une autre date
fixée [conditions cumulatives].
Pour les condamnés détenus à la date fixée par le décret dont la peine est exécutoire et portée à
écrou et pour les personnes condamnées au plus tard à cette même date : la remise de peine est de
sept jours par mois restant à exécuter (dans la limite de quatre mois).
Pour les personnes libres, condamnées au plus tard à la date fixée et dont la peine est devenue
exécutoire avant la date, bénéficient de deux mois de remise de peine.
Ces décrets de grâces sont inégalitaires car les dates fixant ainsi la prise en compte d’une
procédure aléatoire (en terme de délai : notification, copie d’extrait, recherches,...) Valorisent une
situation administrative et non les comportements individuels des bénéficiaires. Ainsi il n’est pas
rare qu’un toxicomane qui vend pour sa consommation soit exclu de la mesure qui va profiter à
un meurtrier récidiviste...
Le seul intérêt est donc uniquement l’effet “soupape de sécurité” dans les établissements
pénitentiaires.

D. L’imputation des détentions provisoires

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Art. 716-4 CPP : “Quand il y a eu détention provisoire à quelque stade que ce soit de la
procédure, cette détention est intégralement déduite de la peine prononcée ou, s’il y a lieu, de la
durée totale de la peine à subir après confusion.” Le principe est simple, l’application complexe.
Le cas n’est pas rare d’une détention provisoire (décision à date certaine par le tribunal ou le Juge
des libertés) qui prend fin soit par décision spéciale soit par condamnation et exécution en
continu de la peine prononcée. Mais entre temps le ministère public peut porter à l’écrou une
décision exécutoire : problème la détention provisoire est alors suspendue sans décision.
La confusion des détentions provisoires et des délais dans la mise en oeuvre des peines
exécutoires pose question quand à la mise en liberté de la personne concernée.

E. La confusion des peines d’emprisonnement


Le principe de non-cumul des peines est inscrit dans notre tradition pénale. Toute la
difficulté se trouve dans le cadre des infractions en concours (le Parquet est tenu de vérifier les
confusions de peines éventuellement prononcées ; deux situations :
- première situation : une seule procédure est engagée à l’encontre d’une seule personne
pour plusieurs infractions en concours (art. 132-3 CP). Ch aque peine prévue peut être prononcée
mais pour les peines de même nature une seule sera prononcée dans la limite de la plus haute
encourue.
- deuxième situation : des procédures séparées sont engagées à l’encontre d’une même
personne coupable de plusieurs infractions en concours. Ici les peines seront cumulatives (y
compris celles de même nature) dans la limite du maximum légal encouru le plus haut (art. 132-4
CP).

§4. Des certaines sanctions restrictives ou privatives de droits

A. La suspension du permis de conduire


Entre l’annulation, la suspension et l’interdiction de délivrance du permis, la suspension
est la plus courante. Elle ne pourra dépasser cinq ans mais peut être aménagée en dehors de
l’activité professionnelle (décision de la juridiction).
Un extrait de jugement est transmis (sur un imprimé dit “Référence 7”) aux services de police et
gendarmerie ; ce qui marque le jour de l’effectivité de la mesure (sauf exécution provisoire). Si

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
une suspension administrative (pour les même faits) a été prononcée (par le Préfet) celle-ci
s’impute prend fin au moment de l’exécution judiciaire et s’y impute (art. L. 224-9 code de
route). A l’inverse la suspension administrative ne s’impute pas à l’interdiction de conduire
(Cass. crim. 9 février 2000, Bull. n° 62 ; Rev. Sc. Crim. 2000, 819, obs. B. Bouloc ; Dr. Pénal
2000, Comm. 62, obs. J.H. Robert).
B. L’annulation du permis de conduire
Prévues pour diverses infractions elle est prononcée le plus souvent pour celles liées au
code de la route. Elle est de plein droit notamment pour l’homicide involontaire avec conduite
sous l’empire d’un état alcoolique ou la récidive de conduite sous le même empire (le tribunal
prononcera également le délai d’interdiction de (re)passage des épreuves de conduite.
Sauf exécution provisoire, la mesure prend effet le jour de la notification de l'imprimé “Référence
7” (voir ci-dessus).
La suspension administrative ne s’impute pas au délai nécessaire pour repasser les épreuves
(Cass. crim. 23 février 1982, Bull. crim. n° 58).

C. L’interdiction de délivrance du permis de conduire


Cette peine (art. L. 224-12 code de route) remplace les deux autres lorsque le condamné
n’est pas titulaire du permis. La durée ne doit pas dépasser le maximum prévu pour la suspension
ou l’annulation. C’est le tribunal qui doit prononcé cette peine et non le ministère public dans la
mise à exécution. Cet impératif se déduit notamment de la sanction de la Cour de cassation
envers une décision d’un tribunal qui avait remplacé l’interdiction par une suspension lorsqu’il
s’était rendu compte que le condamné était bien titulaire du permis le jour de la condamnation
(Cass. crim. 12 novembre 1975, Bull. crim. ° 243).

D. Interdiction du territoire
Cette peine (appelée “double peine” par ses opposants en ce qu’elle traite inégalement les
étrangers et les nationaux) est prévue par plusieurs textes : Ord. n° 45-2658 du 02 novembre
1945, art. L. 362-6 code du travail et art. 8-1 de la loi n>° 73-548 du 27 juin 1973 relative à
l’hébergement collectif, sans oublier les articles du code pénal.
La durée d’interdiction débute le jour où la condamnation est devenue définitive. Et la peine
complémentaire sera suspendue le temps d’une privation de liberté sans sursis et reprendra le jour

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
de la libération. La demande de relèvement n’est admissible que si la peine est prononcée à titre
complémentaire et uniquement depuis une résidence à l’étranger du condamné.

E. Fermeture d’établissement
Il s’agit en fait de l’interdiction de pratiquer l’activité au sein de laquelle une infraction a
été commise. L’inscription au bulletin n° 2 permet au service du Parquet (via la police) de vérifier
le respect de l’interdit.
F. Affichage ou publication de la décision
Certains crimes et certains délits voient la possibilité de cette peine complémentaire (art.
131-10 CP). Dans la limite de l’amende encourue les frais de publication sont à la charge du
condamné (art. 132-35 CP).
La juridiction devra préciser dans sa décision l’étendue de la publication (totale ou partielle), les
lieux et la durée (qui ne peut dépasser deux mois). Les services de communication choisis ne
peuvent s’opposer à une telle mesure.

G. Interdiction de stade
Elle est prévue par l’article 42-11 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 relative à
l’organisation et la promotion des activités physiques et sportives. L’interdiction d’entrée dans un
lieu de manifestations sportives ne peut dépasser cinq ans et peut être astreinte à une convocation
régulière d’une autorité régulièrement désignée au moment des manifestations.
Inscription est faite au fichier des personnes recherchées.

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
3 : L’après peine
Le casier judiciaire est certainement “la mémoire douloureuse de la justice” (d’après Robert
Badinter). Il est dans tous les cas un trace de la condamnation, au mieux un simple souvenir de
peine et au pire un augmentateur des effets du passé.

Section 1. Le casier judiciaire


On a tendance à oublier que le casier ne s’ouvre qu’une fois la “dette” payée. En réalité il est
ouvert dès le début de la procédure et bien avant que la peine soit exécutée. Véritable outil
indispensable du Parquet il permet une évaluation en direct de l’évolution des condamnations.
Mais aussi celui du JAP pour préparer au mieux la réinsertion du condamné et apurer
éventuellement la situation pénale.

§1. Bref historique


Le casier judiciaire inventé en France en 1850 ne sera mis en réseau national qu’en 1982
(création du Casier Judiciaire National). Le pragmatisme qui en faisait une institution
décentralisée était liée à l’évidence d’une population peut mobile soucieuse d’une délinquance
locale et de la bonne tenue des scrutins et de l’honorabilité des postulants à différents droits ou
professions (la liste était doublé à celle électorale dans le tribunal d’arrondissement).
Mais au delà de cette lecture sociale, le casier renforçait les volontés de pouvoir traiter la
récidive. Les criminologues s’engagent pour le sursis au primo délinquant ce qui justifiait alors
une peine forte (élimination, relégation) en cas de récidive. Les positivistes y voyaient eux aussi

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
le souci de palier à l’abandon des marquages à vifs (traitements cruels mais tellement pratiques)
depuis l’abolition des châtiments corporels et des peines de marquages. La question de la
réitération pourrait être prise en compte de façon objective.
Vers 1970 on hésita à informatiser les informations récoltées. C’est à Nantes que s’organisera le
casier judiciaire national autour du plus gros fichier existant alors : le casier central des fiches des
étrangers condamnés en France et des français condamnés à l’étranger.
L’informatisation va permettre l’établissement d’une nomenclature des infractions (table
NATINF) unique outil de communication entre les postes informatiques du ministère de la
justice.

§2. Règles d’inscription

A. Décisions rendues par les juridictions françaises


Ici limitation est faite aux inscriptions relatives à de décisions pénales. Ainsi sont inscrites
au casier judiciaire les condamnations pour : crime, délit, contravention de 5° classe et de 4°
classe (si prononcé à titre principal ou complémentaire), les mesures à caractère d’interdiction,
déchéance ou incapacité (art. 768 CPP).
Deux précisions :
- les condamnations par défauts et par contumace (actuellement inscrite au casier)
semblent contraire à la Convention européenne des droits de l’homme, et devraient être
substituées par des jugements et arrêt de recherche (comme le mandat).
- les décisions prononcées en application de l’ordonnance de 1945 (art. 768 3° CPP) sont
inscrites bien que n’étant pas toujours des mesures de condamnation, il s’agit alors de mesures de
protection et de suivi.
D’autres mesures y figurent, renvoi est fait aux articles 768 et 769 CPP.

B. Echange international
Art. 768-8° CPP : les condamnations des français par des juridictions étrangères sont
inscrites au casier (application des conventions ou accord internationaux).

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
La convention européenne d’entraide en matière pénale du 20 avril 1959 est la plus connue (elle
concerne l’Union Européenne mais aussi les Républiques et Etats de l’ancien bloc de l’est ainsi
qu’Israël et la Turquie). Les échange sont fructueux avec les pays frontaliers notamment avec
l’Allemagne même si des transcriptions des décisions juridiques se heurtent à la double difficulté
linguistique et juridique.
Exemples : les défauts d’assurance et de permis de conduire restent des délits en Allemagne qui
ne connaît pas non plus la distinction délit/contravention dans le cas d’homicide ou de blessures
involontaires en fonction de la durée de l’incapacité de travail (comme en France). Ces
inscriptions apparaissent à titre de renseignement et ne peuvent (aujourd’hui) être prisent en
compte dans l’appréciation d’une récidive.

§3. La délivrance des extraits et leur contenu

A. Généralités
Il existe trois bulletins qui sont parfaitement gigognes :
- bulletin n° 1 : relevé intégral des fiches, destiné aux autorités judiciaires dans le cadre
d’une affaire pénale ; (le bulletin n° 1 ne nécessite pas de commentaire autre que celles portant
sur les règles d’effacement)
- bulletin n° 2 : moins complet, destiné aux administrations chargées de vérifier l’accès à
un emploi public ou une profession réglementée
- bulletin n° 3 : ne contient que les condamnations graves, destiné à quiconque veut
s’assurer de l’honorabilité d’une personne (bénéfice d’un droit ou accès à une profession
réglementée)

B. Bulletin n° 2
Il ressemble de très près au bulletin n° 1 depuis le nouveau code pénal (1994). Il se
distingue du relevé général par l’absence d’inscription des décisions suivantes :

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
- compositions pénales
- contraventions de police
- toute décision prononcée à l’encontre des mineurs
- déclarations de culpabilité assorties d’ajournement ou de dispense de peine
- décisions étrangères
Les sursis non révoqués à l’issu du délai d’épreuve disparaissent du bulletin n° 2.
Les motifs invoqués par les autorités destinataires du bulletin n° 2 n’ont cessés d’augmenter. La
loi est inchangée (art. 776 CPP mais le règlement prévoit 24 alinéas pour la délivrance du bulletin
n° 2 (art. R. 79 CPP).

C. Bulletin n° 3
La volonté d’accéder au bulletin n° 2 (ci dessus) démontre que la notion d’oubli et de
réinsertion est abandonnée au profit du “principe de précaution” et de “traçabilité” des individus.
Le Bulletin n° 3 ne comportant que peut d’informations (uniquement les plus graves se reporter à
l’article 777 CPP).
D. La procédure de communication du relevé intégral
Le casier judiciaire est évidemment soumis à la loi informatique et libertés de 1978.
L’accès à l’intégralité des informations est donc prévu par l’article 777-2 CPP (loi n° 80-2 du 04
janvier 1980 complétée par la loi n° 92-1336 du 16 décembre 1992). Cette procédure individuelle
est rarement engagée par simple curiosité. Néanmoins il est possible de demander correction des
informations erronées auprès du procureur qui enverra un courrier (avec les pièces justificatives )
au casier national.
Seules les hypothèses entraînent les procédures spéciales de rectification : l’usurpation d’identité
et les difficultés soulevées par une loi d’amnistie (art. 778 CPP) et l’erreur strictement matérielle
affectant le jugement (art. 710 et 711 CPP).
[Adresse : Casier judiciaire national, Bureau des affaires juridiques - 107 rue de Landreau -
44079 Nantes cedex]

§4. Règles d’effacement

A. Généralités

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
La recommandation européenne R 84-10 sur le casier judiciaire et la réhabilitation des
condamnés (objectif d’effacement réel des condamnations du casier judiciaire) à entraîner
l’adoption de l’article 133-16 CP en 1994 (la réhabilitation prend la même forme que l’amnistie :
étrange comparaison lorsque l’on connaît les critiques portées sur l’amnistie). Avant cette date
seule le bulletin n° 2 était effacer, subsistait le n° 1.
La réhabilitation prend deux formes : légale et judiciaire.

B. La réhabilitation légale
Seules les personnes condamnées à des peines fermes sont concernées (peines
pécuniaires, alternatives ou d’emprisonnement ; si la peine est mixte elle relève comme celle du
sursis du régime du non avenu). L’article 133-13 CP énonce les délais, le quantum et le nombre
de condamnations. Les délais de réhabilitation courent à compter de la prescription ou de
l’exécution de la peine. On comprend mieux pourquoi le casier judiciaire a besoin d’être informé
en continu. Toute nouvelle condamnation survenant dans les délais prévus remettant en cause la
réhabilitation légale.
Les effets sont l’effacement des condamnations (application conjointe des art. 133-16 et 133-11
CP et 769 al. 2 CPP) ainsi que de toutes les incapacités et déchéances qui en résultent.
Ce dernier point a ennuyé le législateur dans son intention de mettre en oeuvre les mesures de
suivi socio-judiciaire (notamment en matière de délits sexuels). Il a donc été adopté un article
133-16 al. 2 CP disposant que la mesure de suivi socio-juidciaire ou d’interdiction de fréquenter
des mineurs doit expirer pour que le délai de réhabilitation puisse courir.
On pourra s’interroger sur le fait de savoir pourquoi d’autres interdictions ne sont pas soumis au
même régime sans compter la difficulté de traitement de la mesure définitive.
1
C. La réhabilitation judiciaire
Elle est encadrée par les articles 782 à 798 CPP. La demande peut être faite après un délai
de cinq ans pour les peines criminelles, de trois ans pour les peines correctionnelles et de un an
pour les peines contraventionnelles (art. 786 CPP). En pratique la réhabilitation légale profite à la
plupart des condamnés et elle est donc demandée que pour des peines criminelles supérieures à
dix ans. Elle reste donc très marginale.

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
D. L’effacement des condamnations avec sursis
Toutes condamnations assorties d’un sursis (en tout ou partie) sont effacées du casier à la
date ou expire les délais prévus aux art. 133-13 et 133-14 CP au jour où les condamnations sont
non avenues. Le condamné avec sursis est donc moins bien traité que celui qui exécute
fermement la même peine.
Exemple :
- une personne est condamnée à un an de prison ferme ; sa réhabilitation légale
interviendra dans les cinq ans à compter de sa libération
- une autre condamnée à un an avec sursis simple verra son casier effacé dans un délai
minimum de dix ans (justification : condamnation définitive après délais d’appel (deux mois), la
peine est non avenue au bout de cinq ans (délai d’épreuve du sursis simple), le délai d’effacement
après le caractère non avenu est de cinq ans (le quantum ne dépasse pas un an). Soit dix ans et
deux mois d’attente.

La chambre criminelle s’oppose à la réhabilitation judiciaire d’une condamnation avec sursis


parce que le délai d’épreuve était en cours (Cass. crim. 9 novembre 1998, Bull. crim. n° 292).
Est-ce à dire qu’elle l’autoriserait si le délai d’épreuve était échu ?

E. Autres règles d’effacement


Au bout d’un délai de trois ans sont effacés les contraventions et les déclarations de
culpabilité avec dispense de peine ainsi que les compositions pénales (à compter de l’exécution
de la mesure.
Les peines supérieures à dix ans et les multiples peines supérieures à cinq ans sont effacées au
bout de quarante ans à compté du prononcé de la peine (sauf nouvelle condamnation).
Les mineurs bénéficient d’une règle dérogatoire pour l’effacement des mesures dont ils ont fait
l’objet, ce qui est vivement décrié comme abusivement généreux.

F. L’amnistie
Normalement réservé à des périodes sombres de l’histoire d’un pays en vue d’une
réconciliation, elle est devenue une tradition républicaine qui érige l’inexécution d’une peine

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
comme une indulgence de droit. Des sommets ont été atteints en 1981 (les peines fermes de six
mois et les sursis de quinze mois ont été amnistiés). En 1988, 1995 et 2002 ont succédés des lois
de plus en plus restrictive rendent peu lisible l’intérêt d’une telle pratique puisque la loi se met à
définir les mesures qui seront exclues de l’objet même de l’amnistie.
Exemple : la loi d’amnistie du 6 août 2002 (art. 16) aura exclue des mesures personnelles
(interdiction du territoire, privation des droits civiques) et des mesures réelles (confiscations
d’armes, mesures de démolition ou de remise en état des lieux)...

§5. La gestion automatisée du casier judiciaire (effacement des condamnations et gestion


des incapacités)

A. Gestion des règles d’effacement


L’ensemble de la procédure d’enregistrement d’une condamnation détermine l’issue de la
réhabilitation. Un exemple va nous en convaincre.
Un individu est condamné le 03 mars 2001 à 6 mois d’emprisonnement (pour vol simple) par
jugement contradictoire. La condamnation devient définitive le 04 mai 2001 (délai d’appel du
procureur général). Au terme de la réhabilitation légale (sauf nouvelle condamnation) son casier
est effacé le 04 mai 2011 (04 mai 2001 + prescription, 5 ans + délai de réhabilitation, 5 ans). Sans
autre information son casier demeure jusqu’en 2011 (bulletin n° 1 et n° 2 ; le bulletin n° 3 n’y fait
pas mention puisque la peine est inférieure à deux ans).

Le même individu a exécuté sa peine le 12 octobre 2001. L’article 769 CPP enjoint le greffe de
l’établissement pénitentiaire à transmettre l’information au casier. Le délai de réhabilitation
s’appuiera donc sur la date de l’exécution et non de la prescription. L’effacement interviendra le
12 octobre 2006.
On comprendra alors la complexité des modes de calculs pour certains multicondamnés
supportant des mesures multiples. La loi d’amnistie pouvant à un jour près transformer un
bulletin n° 1 chargé à un bulletin néant.

B. Gestion de l’incapacité électorale


Condamnations prononcées en dernier ressort avant le 01 mars 1994 :

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
- les personnes concernées n’ont pas retrouvées leur droit de vote (conformément à
l’art. 370 de la loi 92-1336 du 16 décembre 1992) ; seules ont retrouvé leur droits civiques celles
qui l’avaient perdu lors d’une faillite commerciale ; l’art. 370 ne visait que les condamnations
pénales.
Condamnations privatives du droit de vote prononcées après le 01 mars 1994 :
- l’article 131-26 CP devra être mis en oeuvre par la juridiction répressive pour
que la condamnation soit effective ; les faits antérieurs mais non encore jugés pouvaient alors
tombés sous le coup de la loi ancienne (si les faits ainsi constatés y seraient entrés et qu’il en
aurait résulté cette privation).
Condamnations pour corruption assimilées commises après le 21 janvier 1995 :
- Aux termes de l’article L. 7 code électoral (rétabli par la loi n° 95-65 du 19 janvier
1995), “ne doivent pas être inscrites sur la liste électorale, pendant un délai de cinq ans à
compter de la date à laquelle la condamnation est devenue définitive, les personnes condamnées
pour l’une des infractions prévues par les art. 432-10 à 432-16, 433-2 et 433-4 du code pénal ou
pour les délits de recel de l’une de ces infractions, définies par les art. 321-1 et 321-2 du code
pénal” (Cf. Egalement arrêt 2° civ. 03 février 2000).

Le rôle du casier, outre la publicité, est d’adresser à l’INSEE (gestionnaire du fichier des
électeurs) un avis sur la privation de vote de tel ou tel citoyen (identité et date de fin
d’incapacité). La réinscription sur les listes électorales n’est pas automatique après la radiation. Il
faudra donc se réinscrire.

Section 2. Le relèvement des interdictions déchéances ou incapacités


Il s’agit, pour une personne condamnée à une mesure (d’interdiction, de déchéance ou
d’incapacité, de publication), de solliciter la réduction totale ou partielle du champ d’application
ou d’en réduire la durée.

§1. Domaine du relèvement

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
La procédure est prévue par les art. 132-21 al. 2 CP, 702-1 et 703 CPP. Cette procédure concerne
uniquement les mesures visées prononcées par les juridictions répressives (ou découlant
directement d’une condamnation pénale).
Les condamnations disciplinaires n’entrent pas dans le champ d’application (Cass. crim. 04
janvier 1990, Bull. crim. n° 3). Ni la perte de point du permis de conduire (n’étant pas une
sanction pénale accessoire) (Cass. crim. 18 mai 1994 et 11 juillet 1994, Bull. crim. n° 191 et
271). Seules peuvent être relevées les peines complémentaires (art. 702-1 CPP). Il est admis pour
le permis de conduire que l’on puisse solliciter une réduction de l’interdiction de sollicitation
d’un nouveau permis (Cass. crim. 17 octobre 1991, Bull. crim. n° 358) ou de limiter la
suspension hors de l’activité professionnelle (art. 702-1 in fine CPP et Cass. crim. 26 juillet 1994,
Bull. crim. n° 287).

§2. Procédure du relèvement

A. Compétence
Domaine exclusive des juridictions répressives, chaque tribunal est compétent pour ses
propre décisions. Une seule exception oblige la Cour d’assises envers la chambre de l’instruction.
La compétence du juge unique qui a prononcé la mesure ne peut être remise en cause (Cass. crim.
27 janvier 1988, Bull. crim. n° 41).
Le code de justice militaire reconnaît la procédure de relèvement (art. 382 CJM) devant ses
propres juridictions. Les requêtes sont présentés au Commissaire du Gouvernement dans les
conditions de l’art. 703 CPP.
Si la juridiction a été supprimé, se reporter à l’art. 665-1 CPP (et la jurisprudence précisant l’art.).
Dans le cas d’une pluralité de condamnations c’est la dernière juridiction ayant statué qui est
compétente (art. 702-1 CPP).

B. Relèvement immédiat
Les peines prononcées à titre complémentaire ne sont pas concernées (et pour cause il
suffirait de demander à l’audience de ne pas les prononcer). Même si en principe tout peine
complémentaire doit être prononcée pour être valable (art. 132-17 CP) il en reste quelques unes
qui subsistent dans des textes antérieurs (exemple avec art. L. 234-13 code de route : annulation

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
de plein droit du permis pour certaines infractions). Certains tribunaux relèvent immédiatement
l’intéressé de la mesure ou ne fixe aucune durée ce qui implicitement revient au même. Pour les
autres peines (d’interdiction, de déchéances, d’incapacités) entraînées de plein droit par la
condamnation, le relèvement immédiat est toujours possible.

C. Relèvement différé ou sur requête


Jusqu’au 01 mars 1994, aucun délai ne s’imposait à la requête en relèvement. Aujourd’hui
l’art. 702-1 al. 3 énonce : “Sauf lorsqu’il s’agit d’une mesure de plein droit d’une condamnation
pénale, la demande ne peut être portée devant la juridiction compétente qu’à l’issue d’un délai
de six mois après la décision initiale de condamnation. En cas de refus opposé à la première
demande, une autre demande ne peut être présentée que six mois après cette décision de refus. Il
en est de même des décisions ultérieures. (...).”
Le relèvement différé ne peut être ordonné d’office, il doit être engagé par requête du condamné
(ou son conseil).
L’exigence d’impartialité prévue par l’art. 6 CEDH ne fait pas obstacle à ce que la même
juridiction qui condamne connaisse de la requête (Cass. crim. 15 juin 1994, Bull. crim. n° 93).
La juridiction dispose d’une grande latitude mais ne doit pas modifier les modalités d’exécution
de la peine. La décision (en chambre du conseil) respecte le contradictoire et pourra être frappé
d’appel. Le rejet de la demande ne fait pas obstacle à une nouvelle requête (dans un délai de six
mois).

§3. Relèvements particuliers

A. Faillites encourues en matière de banqueroute


La juridiction répressive peut prononcer la faillite personnelle ou l’interdiction de gérer
(art. L. 625-2 et L. 625-8 code de commerce) contre la personne coupable de banqueroute.
Si l’art. 702-1 al. 2 CPP permet le relèvement de ces mesures (et assimilées) devant le juge
commercial, la contribution à l’apurement du passif sera exigée.
Si la juridiction commerciale prononce une interdiction en sus de celle prononcée par le juge
pénal, c’est la deuxième qui sera exécutée (l’autre est effacée du casier) (art. 769 al. 2.1° CPP)

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
B. Suivi socio-judiciaire
Art. 763-6 CPP : “Toute personne condamnée à un suivi socio-juidiciare peut demander
à la juridiction qui a prononcé la condamnation ou, en cas de pluralité de condamnations, à la
dernière qui a statué, de la relever de cette mesure.”
La chambre de l’instruction sera compétente si la mesure a été prononcée par la Cour d’assises.
Dans tous les cas la demande ne pourra être faite qu’à l’issue d’un délai d’un an à compter de la
décision. La demande est transmise au JAP qui ordonne expertise médicale et renvoi son avis
motivé (avec les conclusions de l’expertise) à la juridiction concernée.
Cas particuliers : deux experts sont obligés dans les condamnations de meurtres ou assassinat
d’un mineur précédé ou accompagné d’un viol, de tortures ou d’acte de barbarie.
Le relèvement peut être totale ou partielle sauf si le suivi socio-judiciaire a tété prononcé comme
peine principale.

C. Interdiction du territoire
Le rejet de la requête doit ici être motivé au regard de la situation familiale du requérant
(Cas. crim. 13 mars 2001).

§4. Effets du relèvement


Seules les dispositions ou conséquences visées concernant l’interdiction, la déchéance ou
l’incapacité peuvent disparaître. Mention est faite au casier (art. 703 in fine CPP). Le relèvement
de l’incapacité électorale entraîne effacement du bulletin n° 2 “électoral”. De même le
relèvement d’un suivi socio-judiciaire ou de l’interdiction de fréquenter des mineurs fait
disparaître ces mentions du bulletin n° 3 et n° 2.
Les rejets des requêtes peuvent également figurer au casier judiciaire (intérêt de fonder
l’irrecevabilité d’une nouvelle demande avant le délai de six mois).

Section 3. L’exclusion de mention de condamnation des bulletins n° 2 et n° 3

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
§1. L’exclusion de mention du bulletin n° 2
Se reporter aux art. 775-1, 702-1 et 703 CPP.
L’objectif est de pouvoir rapidement se réinsérer le plus rapidement possible dans la société.

A. Décisions concernées
Seules les condamnations prononcées par les juridictions répressives sont concernées, sont
exclues :
- les décisions disciplinaires (Cass. crim. 04 janvier 1990, Bull. crim. n° 3)
- les décisions commerciales (Cass. crim. 27 novembre 1991, Bull. civ. IV n° 365)
- les décisions administratives (arrêté d’expulsion par exemple)
- les décisions civiles (retrait des droits attachés à l’autorité parentale)

B. Procédure
Se reporter aux développements concernant le relèvement. Un délai de six mois doit être
observé avant la décision de condamnation (ou après celle d’un refus) [art. 702-1 CPP].
Il semblerait que la procédure de l’art. 775-1 CPP (en tant que limitée aux peines accessoires) ne
serait pas soumise au délai de six mois ; jurisprudence contestée : Cass. crim. 19 octobre 1982,
Bull. crim. n° 223. Il suffira au ministère public de demander au casier judiciaire l’édition des
bulletins n° 1 et 2 pour s’assurer de la validité de la requête.

C. Effets de la décision
Cass. crim. 05 février 1990, Bull. crim. n° 62 : “L’exclusion de la mention d’une
condamnation du bulletin n° 2 constitue pour les juges du fond une simple faculté de l’exercice
de laquelle ils ne doivent aucun compte.”
Cass. crim. 19 octobre 1982, Bull. crim. n° 223 (déjà cité) : “L’exclusion de la mention
d’une condamnation du bulletin n° 2 du casier judiciaire n’emporte relèvement des interdictions,
déchéances ou incapacités de quelque nature qu’elles soient que lorsque celles-ci, résultant de la
condamnation ont le caractère de peines accessoires.”
Paradoxe : le simple effacement ne relève pas les peines accessoires mais supprime la preuve de
leur existence...ce qui limite terriblement la faculté de contrôle.

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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Dans un souci d’efficacité le casier judiciaire ne suit pas la jurisprudence dans ses relations avec
l’INSEE (gestionnaire du fichier des électeurs). Et inscrit comme rétablies dans leurs droits des
personnes privées du droit de vote qui ont obtenu une dispense de mention de la condamnation au
bulletin n°2.
Autre paradoxe : si le relèvement d’une peine principal n’est pas possible (Cass. crim. 31 mai
1994, Bull. crim. n° 214) il est loisible de mander la dispense d’inscription au bulletin n° 2.

Enfin on notera que la non inscription d’une condamnation au bulletin n° 2 n’empêche pas
l’administration de mettre en oeuvre son pouvoir disciplinaire à l’encontre d’un fonctionnaire
(C.E. 26 mai 1993, réf. 1913).

D. La procédure spéciale de l’article 775-2 CPP


Très peut utile en pratique, la procédure (engagée par la loi d’amnistie de 1998 (art. 33))
permet au condamné qui ne bénéficie pas de la réhabilitation de plein droit de solliciter par
requête simple la non inscription au bulletin n° 2 de sa condamnation (demande possible après un
délai de 20 ans à compter de la libération définitive).

§2. L’exclusion de mention de condamnation du bulletin n° 3


Possible en application de l’art. 777-1 CPP (qui renvoie aux art. 775-1, 702-1 et 703 CPP).
Procédure peu utilisée puisque le bulletin n° 3 comprend très peu d’informations. L’inscription
du suivi socio-judiciaire et de l’interdiction de fréquenter les mineurs redonnent de l’intérêt aux
condamnés concernés.
Se reporter aux développements concernant le relèvement et l’exclusion de mention du bulletin
n° 2. Les effets sont strictement attachés à ce bulletin n° 3 et ne gagent pas des inscriptions sur les
autres. Il ne s’agit évidemment pas d’un relèvement mais seulement de la disparition de la
preuve.

Section 4. La restitution des objets saisis


Les articles 478 et 484 CPP offrent la possibilité au prévenu de demander la restitution de ses
objets placés sous main de justice (demande près tribunal correctionnel ou cour d’appel).

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En aucun cas il peut être restitué des objets potentiellement dangereux pour la sécurité des
personnes ou des biens.
Le refus de restitution pour motif de dangerosité peut être contesté dans le mois de la notification
de la décision de refus (près tribunal correctionnel ou chambre des appels correctionnels statuant
en chambre du conseil). En dehors de cette hypothèse c’est la voie de l’art. 710 CPP qui
s’applique.

Conclusion
Toute la difficulté de la matière se résume au delà de la pure technique juridique dans la
recherche de savoir si l’exécution est réelle ou absente. “Que signifie une réhabilitation de droit si
la peine n’a pas été mise à exécution et s’il a fallu attendre la prescription ? Que signifie
l’application de plusieurs décrets de grâces collectives sur une courte peine d’emprisonnement
avant sa mise à exécution effective ?
Il semble que le rapport sur l’effectivité des sanctions pénales ( services Inspection Judiciaire
Garde des Sceaux 2000) a mis en évidence la difficulté d’établir un taux global d’exécution des
sanctions pénales. La suppression des jugements par défauts pourrait permettre une meilleur
lecture.
Au delà il est urgent de replacer l’exécution et l’application des peines comme parties intégrantes
du procès pénal plutôt que de les laisser comme “simple appendice”.
“Ce qui importe en terme d’efficience de la justice, c’est à la fois la certitude qu’une sera
exécutée et qu’elle le sera dans les meilleurs délais” (Rapport d’inspection précité).
Seule cette considération permettra une réhabilitation réelle du condamné dans une société qui
tarde encore aujourd’hui à le pardonner par un relèvement hasardeux.

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