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Résumé : “La justice n’est véritablement rendue que lorsque les décisions judiciaires sont
exécutées” (C. Garnier). Mettre à exécution une peine, rôle principalement dévolu au procureur
de la République, est souvent assimilé à l’incarcération ou au recouvrement des amendes. Or ce
rôle est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Au sens juridique stricto sensu, la mise à
exécution d’une peine s’assimile à la signature par laquelle le procureur de la République
authentifie la peine prononcée et qui va en déclencher l’exécution matérielle par les services
compétents. Mais c’est aussi un ensemble de vérifications, de démarches, de contrôles avant
cette signature. C’est encore l’inscription au casier judiciaire de l’intéressé de la condamnation
prononcée ou la mise à exécution des mesures de nature à garantir l’exécution de la peine
(mandats d’arrêt, ordre d’incarcération immédiate...). C’est enfin la gestion de “l’après-peine”.
Cet ouvrage examine toutes les étapes de la mise à exécution des peines, depuis leur prononcé
par le tribunal jusqu’à la réhabilitation. Il est un guide juridique de “première urgence” pour
tous ceux qui veulent mieux comprendre ce processus.
Gérard Lorho est magistrat. Il a dirigé pendant 14 ans le bureau des affaires juridiques au casier
judiciaire national. Il est délégué général de la commission nationale de contrôle des interceptions
de sécurité.
Pierre Palissier est magistrat. Ancien juge de l’application des peines, il a aussi été vice-
procureur à l’exécution des peines de Paris.
Jean-Paul Céré est Maître de conférences à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.
“La collection La Justice au quotidien a pour objectif de rendre le droit accessible à tous, aux
professionnels comme aux particuliers. Elle se destine à la publication d’ouvrages, rédigés par
des spécialistes reconnus, permettant de présenter de manière fonctionnelle et complète le
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
système de justice actuel et de proposer des solutions aux problèmes juridiques de la vie
courante”.
Synthèse
Le droit des peines
Mise à exécution et après peine
Mots clés : Exécution des peines - Casier judiciaire - Relèvement - Emprisonnement -
Amende - Autres peines
Introduction
La plupart des pays européens confient l’exécution des peines au procureur de la République
(Andorre, Belgique, France, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie,
Turquie) [cf. J. Pradel, “Le ministère public, autorité omnipotente ou colosse au pied d’argile”
in Revue pénitentiaire droit pénal n°3 déc. 2001 p. 464]. D’autres pays l’abandonne à un service
spécial relevant du ministère de l’intérieur (Estonie, Irlande, Malte, Royaume-Uni, République
Tchèque). La France, l’Italie, le Portugal, font parfois intervenir un magistrat du siège dans
l’exécution des peines (mesures individuelles telles que semi-liberté pou liberté conditionnelle).
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Nota : La loi n° 204-204 du 9 mars 2004 va modifier les articles 707 et suivants du code de
procédure pénale. Il n’est donc pas inutile de s'approprier la synthèse avec un code de l’édition
2005. La loi entre en vigueur le 01 janvier 2005.
En dehors de quelques autres articles, l’essentiel des dispositions concernant l’exécution des
peines est de nature réglementaire (la Constitution de 1958 n’a pas réservé ce domaine à la loi).
Dans le code de procédure pénale français, aucun article ne permet de recours contre les
décisions du procureur de la république (ni de la victime pour décision de non mise à exécution
de la peine prononcée, ni du condamné dans le cas d’une urgence d’exécution (sans saisine du
juge d'application des peines) ou du refus d’une demande de fractionnement ou d’une suspension
de peine.
Toujours est-il qu’en amont de la poursuite de l’exécution de la peine, il faut une décision qui soit
exécutable (1) avant la mise en oeuvre (2) et c’est seulement ensuite que l’on pourra envisager
l’après-peine (3) (conséquences de la mise en mémoire des condamnations).
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La présente étude se limite aux décisions prononcées par le tribunal correctionnel.
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1 : L’obligation d’une décision exécutoire
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Les jugements par défaut : le prévenu est absent à l’audience et n’a pu être informé. Le jugement
devient exécutoire sous dix jours après une nouvelle signification (qui se fera souvent à Parquet).
Le condamné peut s’y opposer en comparaissant (une nouvelle audience s’ouvre alors).
Les jugements itératifs défaut : Ici le prévenu ne s’est pas présenté à la nouvelle audience
(remettant en cause le jugement par défaut). Son opposition est non avenue, le jugement est dit
“itératif par défaut”. Ce jugement est exécutoire après signification (par tout mode) après dix
jours.
La qualification du jugement rendu emporte une importance particulière pour les droits du
prévenu. Ainsi un jugement qualifié contradictoire à signifier alors qu’il devait être prononcé par
défaut ouvre l’exercice de l’opposition dans le second cas alors qu’il pouvait être analysé comme
impossible dans le premier cas (situation lorsque l’accusé de réception du courrier a été signé par
un tiers alors que l’on pouvait croire qu’il a été signé par la personne concernée).
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Un délai pour former recours est dans tous les cas ouverts qui suspend l’exécution de la peine.
La loi n° 2000-516 du 15 juin 2000 à supprimer les articles 583 et suivants renforçant ainsi les
droits du condamné dans cette situation.
§1. Appel
Principe du double degré de juridiction oblige. L’appel doit être interjeté dans le délai de dix
jours à compter de la signification du jugement (rendus par défaut, itératif par défaut ou
contradictoire à signifier). Cinq jours supplémentaires sont accordés aux autres parties pour
interjeter appel. Pendant ces délais il est sursis à exécution du jugement (art. 506 CPP).
Si le condamné se désiste de son appel en cours de procédure il faut attendre que la Cour d’appel
se prononce sur la validité du désistement ( “le désistement n’a pas pour effet à lui seul de
rendre la condamnation exécutoire” Cass. crim. 24 oct. 19991 ; Circulaire Crim. 02.12 - E3-10-
07-02).
§2. Opposition
Seul le prévenu peut faire opposition à l’exécution (par tout moyen). L’opposition suivie d’une
comparution rend non avenu tout jugement par défaut (art. 489 CPP). Même si le prévenu s’en
désiste à l’audience (Cass. crim. 04 déc. 1975, Bull. crim. N° 269).
Le caractère exécutoire de la peine est éteint. Seul le désistement d’opposition redonne à la
condamnation son caractère exécutoire. Il est de toute façon acquis par une condamnation par
défaut (dix jours après signification par tout mode).
Cet “acquiescement” d’un jugement par défaut n’emporte pas la déchéance du droit d’opposition
du prévenu si l’exécution est engagée dans le délai de la possibilité de la voie de recours (art. 492
CPP) (Jurisprudence constante : Cass. crim. 10 déc. 1903, DP 1905. 1. 374). Le prévenu arrêté
dans ces délais qui forme opposition doit donc être libéré immédiatement.
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Sur la définition “d’acte d’exécution quelconque” (non précisé par le CPP), le problème de
l’extradition et le mandat d’arrêt : Cf. Cass. crim. 15 oct. 1984, Bul. crim. n° 300 et Cass. Crim. 4
mai 1984 : Bull. crim. n° 170.
§3 Recours en grâce
“Le Président de la République a le droit de faire grâce” (art. 17 Constitution 4 oct. 1958) [art.
133-7, 133-8, R.133-1, R.133-2 Code Pénal : règles applicables aux recours individuels ou
collectifs].
La grâce est une dispense d’exécution de la peine et non une suppression de la condamnation.
Ainsi en cas de confusion de peine avec une peine graciée, la grâce ne s’impute pas à la peine
non graciée (Circulaire du 14 mai 1993). Reste à savoir si la grâce (même collective) doit être
prise en compte dans le calcul de la modalité d’exécution de la peine (intérêt de l’octroi d’une
liberté conditionnelle). La jurisprudence antérieure (toujours appliquée) l’admet [Cass. crim. 5
juill. 1983, Bull. crim. n° 214].
L’exécution d’une peine d’emprisonnement ne sera pas suspendu par l’effet du recours en grâce.
Sauf à faire valoir une circulaire pour une peine inférieure à trois mois (selon l’article C 816
CPP). Pour les peines supérieures ou égales à trois mois, le Parquet général ou le procureur
peuvent exercer une suspension en attente du résultat du recours (pouvoir d'opportunité : art. C
816 CPP). Cette suspension ou le fait de différer est engagé sous une responsabilité propre et
pour des motifs sérieux (maladies, familles, profession,...). En pratique l’exécution est ordonnée.
Pour les amendes et les jours-amendes, le recouvrement est suspendu (avis notifié au comptable
du Trésor [art. 10 décret n° 64-1333 du 22 déc. 1964).
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tribunal (art. 464-1 ou 465 al. 1 CPP). Le délai de pourvoi est de cinq jours francs (soit sept jours
ouvrables en pratique).
Si une même décision condamne plusieurs personnes mais que toutes n’ont pas formé un recours
en grâce, la Cour de cassation peut ordonner l’annulation pour tous les prévenus (notion d’ordre
public) [art. 612-1 CPP]. Il peut donc être dans l’intérêt du ministère public de ne pas mettre à
exécution et d’attendre l’arrêt de la Cour de cassation (et de vérifier si un pourvoi a été formé et
de contrôler les conséquences d’une annulation).
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- 3 : art. 22 de l’Ord. 2 fév. 1945 : pour les mineurs et dans tous les cas la décision peut
être exécutoire (malgré l’opposition ou l’appel) ; confirmation : Cass. crim. 07 mars 2000, Bull.
crim. n° 105.
- 4 : art. 465 CPP : pour une peine sans sursis d’au moins un an : mandat de dépôt
possible ou mandat d’arrêt (si le prévenu est en fuite).
- 5 : art. 132-51 Code Pénal : révocation d’un sursis avec mise à l’épreuve ou sursis avec
travail d’intérêt général : ordre d’incarcération immédiate.
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
C. Le rôle du Parquet
Les mandats d’arrêt ou de dépôt et les ordres d’incarcération immédiate s’imposent aux
services chargés de leur exécution : les forces de l’ordre en premier.
Il semble bien que l’article 40 CPP (“Le procureur de la République reçoit les plaintes et les
dénonciations et apprécie la suite à leur donner”) limite le pouvoir d’opportunité de poursuite au
fait de pouvoir poursuivre ou classer une affaire ; non de pouvoir intervenir dans l’exécution.
Même si aucun texte ne vient limiter (outre la prescription de la peine) le moment ou le Parquet
décide la mise à exécution de la peine proprement dite. La seule limite étant qu’au final une
décision de mise à exécution s’impose à ceux qui doivent l’exécuter donc au procureur de la
République.
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2 : La mise à exécution proprement dite
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vise. L’examen du bulletin numéro 1 du casier judiciaire permet de croiser les condamnations
antérieures (cas de la révocation d’un sursis par exemple). Ou de rechercher de savoir si
l’intéressé d’un jugement contradictoire à signifier ou par défaut était incarcéré lors de l’exploit
d'huissier ce qui l’entache de nullité (Cass. crim. 27 juin 2000, Bull. crim. n° 245).
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- réquisitions d’incarcérations (suite à des jours-amende impayés)
- contraintes par corps
- interdiction de territoire, annulation ou suspension du permis de conduire
- ordres d’incarcération (après révocation d’un sursis avec mise à l’épreuve ou travail
d’intérêt général)
S’ajoutent les ordres de recherches du juge de l’application des peines (art. 494 CPP)
éventuellement ceux du juge des enfants. Les mandats d’arrêt des juges d’instructions, les
ordonnances portant contrôle judiciaire.
Normalement toute inscription au FPR est subordonnée à un délai de radiation (soit que l’objet ait
été rempli soit par caducité de la décision qui a permis son inscription).
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Ici la voie diplomatique est la seule possible dans la transmission d’une
arrestation provisoire en vue d’extradition (la demande est en général doublée d’un contact avec
Interpol). Des Conventions bilatérales peuvent être engagées entre certains pays (s’y reporter).
Précision : l’article 16 de la Convention européenne d’extradition permet d’adresser la demande
directement à l’autorité judiciaire compétente.
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Cette perspective peut s’engager autour de considérations médicales, familiales, professionnelles,
sociales, concernant le détenu. L’article 720-1-1 CPP prévoit un motif particulier tenant à la santé
(loi 04 mars 2002). Les articles codifiés sont les suivants :
- art. 132-27 CP : matière correctionnelle, la peine d’un an d’emprisonnement peut être
fractionnée sur maximum trois ans (décision de la juridiction).
- art. 132-28 CP : matière correctionnelle, amende, jour-amende, suspension permis de
conduire peuvent exécutés par fraction sur maximum trois ans (décision de la juridiction).
- art. 708 CPP : peines de police ou correctionnelles (sans privation de liberté), suspension
ou fractionnement possible ; si suspendues pendant moins de trois mois : décision du ministère
public), au delà : proposition du ministère public mais décision de la juridiction.
- art. 720-1 CPP : peines correctionnelles d’emprisonnement ; si il reste à subir un temps
inférieur ou égal à un an : suspension ou fractionnement possible par période minimale de deux
jours sur trois ans maximum (décision du juge d'application des peines après débat
contradictoire).
- art. 720-1-1 CPP : toutes peines d’emprisonnement ou de réclusion peuvent être
suspendues si le pronostic vital est en jeu ou que l’état de santé révèle une incompatibilité avec le
maintien en détention : la durée n’a pas à être déterminée.
En pratique ces articles sont peu mis en oeuvre tant ils compliquent le service de l’administration
pénitentiaire (chaque entrée ou sortie nécessite les formalités d’écrou). De plus le ministère
public étant maître de la mise à exécution des peines, il est rare qu’il demande au tribunal
correctionnel un fractionnement ou une suspension : pour cause, il retarde très souvent la mise à
exécution lui même.
La mise en application de l’article 720-1-1 CPP est à surveiller puisqu’aucune restriction tenant
même à la nature des infractions (Cass. crim. 12 février 2003, pourvoi 02-86.531 “affaire
Papon”) ne vient la limiter. Sur la possibilité de suspension de peine confère M. Herzog-Evans in
Dalloz n° 38 du 31 octobre 2002 (jurisprudence p. 2893). Le JAP peut vérifier l’état de santé du
condamné à tout moment (soit d’office, soit sur avis du procureur).
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Section 2. Les dispositions applicables par types de sanction
A. Amendes
Les recouvrements (nombreux) sont confiés (dès condamnation définitive) aux
comptables directs du Trésor. Application est faite de l’article 707 CPP et du décret n° 64-1333
du 22 décembre 1964 (fixe notamment à 35 jours -voeux pieux- le délai d’envoi (au comptable)
des extraits de jugement établi par le greffier et visé par le procureur).
Dès réception le comptable envoie un avertissement au débiteur l’invitant à se libérer. Un mois
plus tard il adresse une mise en demeure. Si le débiteur ne s’acquitte pas de sa dette, le Trésor
peut exercer des poursuites sur ses biens soit sur la personne (si la loi a prévu la contrainte par
corps).
Les service du Trésor dispose notamment du Fichier des comptes bancaires (FICOBA) ou du
fichier des impôts mais aussi d’autres comme celui de l’EDF (accès restreint par la Commission
National Informatique et Libertés.
Les recouvrements peut ainsi prendre la forme d’opposition administrative sur comptes des
personnes morales ou physiques détenants des créances du débiteur (par avis à tiers détenteur, 15
jours après la notification de l’avis le tiers devient redevable si il détient les sommes).
L’administration fiscale dispose aussi (en priorité) des procédures civiles d’exécution (privilèges,
gages, nantissement, hypothèque légale). [il n’est pas exclu de faire valoir la somme insaisissable
“à caractère alimentaire” prévue par le décret n° 2002-1150 du 11 septembre 2002 limitant la
saisie d’un compte : à formuler dans les 15 jours de la saisie (JO 13 septembre 2002 p. 15133)].
On notera que la violation de l’obligation d’assurance engendre la majoration de la peine de 50%
(reversée au fonds de garantie - art. L. 211-1 code des assurances).
B. La contrainte par corps
Selon les articles 750 et 706-31 CPP, il est possible d'engager une mesure coercitive
contre un débiteur condamné à une amende défaillant en incarcérant pour une durée de cinq jours
à quatre mois (et jusqu’à deux ans en matière de stupéfiant lorsque le montant dépasse les 75000
euros). L’emprisonnement ne libère pas la dette pour autant.
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
La réquisition d’incarcération est demandée par le Trésor après cinq de la signification du
commandement de payer (le procureur perd son pouvoir d’appréciation et doit donc s’exécuter
sauf preuve de la solvabilité qui permet la délivrance d’un sursis).
Cette contrainte ne s’exerce pas pour les réparations civiles (elle implique uniquement le Trésor
et le recouvrement) ; les sommes dues doivent dépasser 150 €.
Elle ne s’applique ni aux mineurs ni aux majeurs de plus de 65 ans ni aux personnes non
imposable (certificat de non imposition à fournir).
La libération est immédiate dans trois cas :
- paiement de la dette (même partiel si accepté par le créancier)
- consignation d’une somme suffisante
- fourniture de caution
Le condamné peut évidemment porter recours sur la régularité de la contrainte notamment si son
état nouveau d’insolvabilité n’a pas été pris en compte (Cass. comm. 25 janvier 1995, Bull. IV
n°21).
Au 01 janvier 2001 les contraintes par corps représentaient 0,2% de la population carcérale (soit
99 personnes).
C. Les jours-amende
Créés par la loi n° 83-466 du 10 juin 1983 les jours-amende (applicables aux délits punis
d’une peine d’emprisonnement) engagent une amende quotidienne pendant un nombre de jours
déterminés par la décision ; le non paiement entraîne automatiquement un emprisonnement égale
à la moitié du nombre de jours restant à payer (art. 131-5 et 131-25 CP).
La contribution quotidienne est fixé selon les ressources (maximum 300 € : 1000 € à partir du
01/01/2005) et le nombre de jours-amende ne peut dépasser 360.
La mise à exécution de l’incarcération libère le condamné de la dette (évidemment la procédure
de contrainte par corps n’est pas applicable). Les régimes lés à l’incarcération sont valables (art.
D. 49-1 CPP notamment).
D. La confiscation
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Pour les objets qualifiés (par la loi ou le règlement) de dangereux ou de nuisibles, le
principe de la peine de confiscation est obligatoire (art. 131-21 CP). Le législateur peut prévoir
en sus des objets n’entrant pas dans ce critère (art. 222-49 CP pour les stupéfiants et art. 442-13
CP pour la fausse monnaie).
La confiscation pourra être totale ou partielle, la décision sera publiée au JO afin que toute
personne détenant des biens concernés puissent faire une déclaration de ceux qu’elle possède (loi
n° 47-520 du 21 mars 1947).
Les objets sont dévolus à l’Etat sauf si ils sont destinés à la destruction. La confiscation s’opère
au delà de la mort du condamné ou de la dissolution de la personne morale.
§2. Sanctions devant être mises en application par le juge de l’application des peines
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
(JAP)
A. Le travail d’intérêt général (TIG)
Les formes sont diverses mais pour ce qui concerne la mise à exécution il existe deux
forme : la peine de TIG proprement dite et l’obligation qui assortit une peine d’emprisonnement
avec sursis. Dans les deux cas c’est le JAP du domicile de l’intéressé qui est compétent pour la
mise en oeuvre (sauf pour les mineurs pouvoir du juges des enfants : art. 5 du décret 76-1073 du
22 novembre 1976 modifié).
Le procureur qui doit saisir le JAP doit être avisé de toute décision d’affectation à un TIG (art. R.
131-27 CP). C’est logique l’exécution comme la non exécution d’une peine intéresse le Parquet.
Inscription est faite au casier judiciaire.
Si le TIG est prononcé comme peine principale ou complémentaire, la non exécution est
assimilée à une nouvelle infraction (peine maximale : 2 ans et 30000 €).
Si il a été prononcé comme obligation assortit d’un sursis, la violation de l’obligation est
assimilée à celle particulière avec mise à l’épreuve (le sursis devient effectif et l’obligation
demeure).
C. L’interdiction de séjour
Elle est régie par les article 131-31 et suivants CP. Défense de paraître dans certains lieux
accompagnées de mesures d’assistance et de surveillance. Le JAP (saisit par copie du jugement)
qui les met en oeuvre peut aussi modifier la liste des lieux prohibés. La durée de l’interdiction ne
doit pas dépasser (vérification du procureur) dix ans pour les crimes, cinq ans pour les délits.
L’inscription a fichier des personnes recherchées est automatique. L’interdiction s'applique même
si il y a emprisonnement sans sursis (intérêt pour la libération conditionnelle). La violation de
l’interdiction est un délit (art. 434-8 CP : 2 ans et 30000 €).
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
D. Le suivi socio-judiciaire
Instauré par la loi n° 98-468 du 17 juin 1998. Il peut être prononcé uniquement pour les
infractions suivantes : viol ou agressions sexuelles, mise en péril des mineurs, atteintes
volontaires à la vie. Il s’agit de soumettre le condamné à un contrôle du JAP (saisi après copie du
jugement) (pendant 10 maximum pour les délits et 20 ans maximum pour es crimes.
Le JAP peut ordonner l’emprisonnement (dans la limite de 2 ans pour les délits et 5 ans pour les
crimes) soit pour non-respect des obligations, soit pour non respect de l’obligation de soin
(engagé après expertise) ; cette dernière mise à exécution est effective après débat contradictoire.
§3. L’emprisonnement
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Art. 132-48 et 132-50 CP : Lorsqu’une juridiction ordonne l’exécution d’une peine
d’emprisonnement prononcée avec sursis et mise à l’épreuve et si ce sursis a été accordé après
une première condamnation (déjà prononcée avec ce bénéfice) alors la première peine est d’abord
exécutée. En pratique cela reste compliqué car dans le cas d’une révocation d’un sursis d’une
première condamnation alors la mise en oeuvre d’une deuxième condamnation avec un nouveau
sursis risque de conduire à la libération puis à la réincarcération immédiate du condamné ; ce qui
a pour effet une révocation automatique de la deuxième peine... L’intéressé devant pouvoir faire
appel de cette situation défavorable (pour lui).
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Art. 716-4 CPP : “Quand il y a eu détention provisoire à quelque stade que ce soit de la
procédure, cette détention est intégralement déduite de la peine prononcée ou, s’il y a lieu, de la
durée totale de la peine à subir après confusion.” Le principe est simple, l’application complexe.
Le cas n’est pas rare d’une détention provisoire (décision à date certaine par le tribunal ou le Juge
des libertés) qui prend fin soit par décision spéciale soit par condamnation et exécution en
continu de la peine prononcée. Mais entre temps le ministère public peut porter à l’écrou une
décision exécutoire : problème la détention provisoire est alors suspendue sans décision.
La confusion des détentions provisoires et des délais dans la mise en oeuvre des peines
exécutoires pose question quand à la mise en liberté de la personne concernée.
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une suspension administrative (pour les même faits) a été prononcée (par le Préfet) celle-ci
s’impute prend fin au moment de l’exécution judiciaire et s’y impute (art. L. 224-9 code de
route). A l’inverse la suspension administrative ne s’impute pas à l’interdiction de conduire
(Cass. crim. 9 février 2000, Bull. n° 62 ; Rev. Sc. Crim. 2000, 819, obs. B. Bouloc ; Dr. Pénal
2000, Comm. 62, obs. J.H. Robert).
B. L’annulation du permis de conduire
Prévues pour diverses infractions elle est prononcée le plus souvent pour celles liées au
code de la route. Elle est de plein droit notamment pour l’homicide involontaire avec conduite
sous l’empire d’un état alcoolique ou la récidive de conduite sous le même empire (le tribunal
prononcera également le délai d’interdiction de (re)passage des épreuves de conduite.
Sauf exécution provisoire, la mesure prend effet le jour de la notification de l'imprimé “Référence
7” (voir ci-dessus).
La suspension administrative ne s’impute pas au délai nécessaire pour repasser les épreuves
(Cass. crim. 23 février 1982, Bull. crim. n° 58).
D. Interdiction du territoire
Cette peine (appelée “double peine” par ses opposants en ce qu’elle traite inégalement les
étrangers et les nationaux) est prévue par plusieurs textes : Ord. n° 45-2658 du 02 novembre
1945, art. L. 362-6 code du travail et art. 8-1 de la loi n>° 73-548 du 27 juin 1973 relative à
l’hébergement collectif, sans oublier les articles du code pénal.
La durée d’interdiction débute le jour où la condamnation est devenue définitive. Et la peine
complémentaire sera suspendue le temps d’une privation de liberté sans sursis et reprendra le jour
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
de la libération. La demande de relèvement n’est admissible que si la peine est prononcée à titre
complémentaire et uniquement depuis une résidence à l’étranger du condamné.
E. Fermeture d’établissement
Il s’agit en fait de l’interdiction de pratiquer l’activité au sein de laquelle une infraction a
été commise. L’inscription au bulletin n° 2 permet au service du Parquet (via la police) de vérifier
le respect de l’interdit.
F. Affichage ou publication de la décision
Certains crimes et certains délits voient la possibilité de cette peine complémentaire (art.
131-10 CP). Dans la limite de l’amende encourue les frais de publication sont à la charge du
condamné (art. 132-35 CP).
La juridiction devra préciser dans sa décision l’étendue de la publication (totale ou partielle), les
lieux et la durée (qui ne peut dépasser deux mois). Les services de communication choisis ne
peuvent s’opposer à une telle mesure.
G. Interdiction de stade
Elle est prévue par l’article 42-11 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 relative à
l’organisation et la promotion des activités physiques et sportives. L’interdiction d’entrée dans un
lieu de manifestations sportives ne peut dépasser cinq ans et peut être astreinte à une convocation
régulière d’une autorité régulièrement désignée au moment des manifestations.
Inscription est faite au fichier des personnes recherchées.
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3 : L’après peine
Le casier judiciaire est certainement “la mémoire douloureuse de la justice” (d’après Robert
Badinter). Il est dans tous les cas un trace de la condamnation, au mieux un simple souvenir de
peine et au pire un augmentateur des effets du passé.
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
le souci de palier à l’abandon des marquages à vifs (traitements cruels mais tellement pratiques)
depuis l’abolition des châtiments corporels et des peines de marquages. La question de la
réitération pourrait être prise en compte de façon objective.
Vers 1970 on hésita à informatiser les informations récoltées. C’est à Nantes que s’organisera le
casier judiciaire national autour du plus gros fichier existant alors : le casier central des fiches des
étrangers condamnés en France et des français condamnés à l’étranger.
L’informatisation va permettre l’établissement d’une nomenclature des infractions (table
NATINF) unique outil de communication entre les postes informatiques du ministère de la
justice.
B. Echange international
Art. 768-8° CPP : les condamnations des français par des juridictions étrangères sont
inscrites au casier (application des conventions ou accord internationaux).
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
La convention européenne d’entraide en matière pénale du 20 avril 1959 est la plus connue (elle
concerne l’Union Européenne mais aussi les Républiques et Etats de l’ancien bloc de l’est ainsi
qu’Israël et la Turquie). Les échange sont fructueux avec les pays frontaliers notamment avec
l’Allemagne même si des transcriptions des décisions juridiques se heurtent à la double difficulté
linguistique et juridique.
Exemples : les défauts d’assurance et de permis de conduire restent des délits en Allemagne qui
ne connaît pas non plus la distinction délit/contravention dans le cas d’homicide ou de blessures
involontaires en fonction de la durée de l’incapacité de travail (comme en France). Ces
inscriptions apparaissent à titre de renseignement et ne peuvent (aujourd’hui) être prisent en
compte dans l’appréciation d’une récidive.
A. Généralités
Il existe trois bulletins qui sont parfaitement gigognes :
- bulletin n° 1 : relevé intégral des fiches, destiné aux autorités judiciaires dans le cadre
d’une affaire pénale ; (le bulletin n° 1 ne nécessite pas de commentaire autre que celles portant
sur les règles d’effacement)
- bulletin n° 2 : moins complet, destiné aux administrations chargées de vérifier l’accès à
un emploi public ou une profession réglementée
- bulletin n° 3 : ne contient que les condamnations graves, destiné à quiconque veut
s’assurer de l’honorabilité d’une personne (bénéfice d’un droit ou accès à une profession
réglementée)
B. Bulletin n° 2
Il ressemble de très près au bulletin n° 1 depuis le nouveau code pénal (1994). Il se
distingue du relevé général par l’absence d’inscription des décisions suivantes :
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
- compositions pénales
- contraventions de police
- toute décision prononcée à l’encontre des mineurs
- déclarations de culpabilité assorties d’ajournement ou de dispense de peine
- décisions étrangères
Les sursis non révoqués à l’issu du délai d’épreuve disparaissent du bulletin n° 2.
Les motifs invoqués par les autorités destinataires du bulletin n° 2 n’ont cessés d’augmenter. La
loi est inchangée (art. 776 CPP mais le règlement prévoit 24 alinéas pour la délivrance du bulletin
n° 2 (art. R. 79 CPP).
C. Bulletin n° 3
La volonté d’accéder au bulletin n° 2 (ci dessus) démontre que la notion d’oubli et de
réinsertion est abandonnée au profit du “principe de précaution” et de “traçabilité” des individus.
Le Bulletin n° 3 ne comportant que peut d’informations (uniquement les plus graves se reporter à
l’article 777 CPP).
D. La procédure de communication du relevé intégral
Le casier judiciaire est évidemment soumis à la loi informatique et libertés de 1978.
L’accès à l’intégralité des informations est donc prévu par l’article 777-2 CPP (loi n° 80-2 du 04
janvier 1980 complétée par la loi n° 92-1336 du 16 décembre 1992). Cette procédure individuelle
est rarement engagée par simple curiosité. Néanmoins il est possible de demander correction des
informations erronées auprès du procureur qui enverra un courrier (avec les pièces justificatives )
au casier national.
Seules les hypothèses entraînent les procédures spéciales de rectification : l’usurpation d’identité
et les difficultés soulevées par une loi d’amnistie (art. 778 CPP) et l’erreur strictement matérielle
affectant le jugement (art. 710 et 711 CPP).
[Adresse : Casier judiciaire national, Bureau des affaires juridiques - 107 rue de Landreau -
44079 Nantes cedex]
A. Généralités
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
La recommandation européenne R 84-10 sur le casier judiciaire et la réhabilitation des
condamnés (objectif d’effacement réel des condamnations du casier judiciaire) à entraîner
l’adoption de l’article 133-16 CP en 1994 (la réhabilitation prend la même forme que l’amnistie :
étrange comparaison lorsque l’on connaît les critiques portées sur l’amnistie). Avant cette date
seule le bulletin n° 2 était effacer, subsistait le n° 1.
La réhabilitation prend deux formes : légale et judiciaire.
B. La réhabilitation légale
Seules les personnes condamnées à des peines fermes sont concernées (peines
pécuniaires, alternatives ou d’emprisonnement ; si la peine est mixte elle relève comme celle du
sursis du régime du non avenu). L’article 133-13 CP énonce les délais, le quantum et le nombre
de condamnations. Les délais de réhabilitation courent à compter de la prescription ou de
l’exécution de la peine. On comprend mieux pourquoi le casier judiciaire a besoin d’être informé
en continu. Toute nouvelle condamnation survenant dans les délais prévus remettant en cause la
réhabilitation légale.
Les effets sont l’effacement des condamnations (application conjointe des art. 133-16 et 133-11
CP et 769 al. 2 CPP) ainsi que de toutes les incapacités et déchéances qui en résultent.
Ce dernier point a ennuyé le législateur dans son intention de mettre en oeuvre les mesures de
suivi socio-judiciaire (notamment en matière de délits sexuels). Il a donc été adopté un article
133-16 al. 2 CP disposant que la mesure de suivi socio-juidciaire ou d’interdiction de fréquenter
des mineurs doit expirer pour que le délai de réhabilitation puisse courir.
On pourra s’interroger sur le fait de savoir pourquoi d’autres interdictions ne sont pas soumis au
même régime sans compter la difficulté de traitement de la mesure définitive.
1
C. La réhabilitation judiciaire
Elle est encadrée par les articles 782 à 798 CPP. La demande peut être faite après un délai
de cinq ans pour les peines criminelles, de trois ans pour les peines correctionnelles et de un an
pour les peines contraventionnelles (art. 786 CPP). En pratique la réhabilitation légale profite à la
plupart des condamnés et elle est donc demandée que pour des peines criminelles supérieures à
dix ans. Elle reste donc très marginale.
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
D. L’effacement des condamnations avec sursis
Toutes condamnations assorties d’un sursis (en tout ou partie) sont effacées du casier à la
date ou expire les délais prévus aux art. 133-13 et 133-14 CP au jour où les condamnations sont
non avenues. Le condamné avec sursis est donc moins bien traité que celui qui exécute
fermement la même peine.
Exemple :
- une personne est condamnée à un an de prison ferme ; sa réhabilitation légale
interviendra dans les cinq ans à compter de sa libération
- une autre condamnée à un an avec sursis simple verra son casier effacé dans un délai
minimum de dix ans (justification : condamnation définitive après délais d’appel (deux mois), la
peine est non avenue au bout de cinq ans (délai d’épreuve du sursis simple), le délai d’effacement
après le caractère non avenu est de cinq ans (le quantum ne dépasse pas un an). Soit dix ans et
deux mois d’attente.
F. L’amnistie
Normalement réservé à des périodes sombres de l’histoire d’un pays en vue d’une
réconciliation, elle est devenue une tradition républicaine qui érige l’inexécution d’une peine
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
comme une indulgence de droit. Des sommets ont été atteints en 1981 (les peines fermes de six
mois et les sursis de quinze mois ont été amnistiés). En 1988, 1995 et 2002 ont succédés des lois
de plus en plus restrictive rendent peu lisible l’intérêt d’une telle pratique puisque la loi se met à
définir les mesures qui seront exclues de l’objet même de l’amnistie.
Exemple : la loi d’amnistie du 6 août 2002 (art. 16) aura exclue des mesures personnelles
(interdiction du territoire, privation des droits civiques) et des mesures réelles (confiscations
d’armes, mesures de démolition ou de remise en état des lieux)...
Le même individu a exécuté sa peine le 12 octobre 2001. L’article 769 CPP enjoint le greffe de
l’établissement pénitentiaire à transmettre l’information au casier. Le délai de réhabilitation
s’appuiera donc sur la date de l’exécution et non de la prescription. L’effacement interviendra le
12 octobre 2006.
On comprendra alors la complexité des modes de calculs pour certains multicondamnés
supportant des mesures multiples. La loi d’amnistie pouvant à un jour près transformer un
bulletin n° 1 chargé à un bulletin néant.
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
- les personnes concernées n’ont pas retrouvées leur droit de vote (conformément à
l’art. 370 de la loi 92-1336 du 16 décembre 1992) ; seules ont retrouvé leur droits civiques celles
qui l’avaient perdu lors d’une faillite commerciale ; l’art. 370 ne visait que les condamnations
pénales.
Condamnations privatives du droit de vote prononcées après le 01 mars 1994 :
- l’article 131-26 CP devra être mis en oeuvre par la juridiction répressive pour
que la condamnation soit effective ; les faits antérieurs mais non encore jugés pouvaient alors
tombés sous le coup de la loi ancienne (si les faits ainsi constatés y seraient entrés et qu’il en
aurait résulté cette privation).
Condamnations pour corruption assimilées commises après le 21 janvier 1995 :
- Aux termes de l’article L. 7 code électoral (rétabli par la loi n° 95-65 du 19 janvier
1995), “ne doivent pas être inscrites sur la liste électorale, pendant un délai de cinq ans à
compter de la date à laquelle la condamnation est devenue définitive, les personnes condamnées
pour l’une des infractions prévues par les art. 432-10 à 432-16, 433-2 et 433-4 du code pénal ou
pour les délits de recel de l’une de ces infractions, définies par les art. 321-1 et 321-2 du code
pénal” (Cf. Egalement arrêt 2° civ. 03 février 2000).
Le rôle du casier, outre la publicité, est d’adresser à l’INSEE (gestionnaire du fichier des
électeurs) un avis sur la privation de vote de tel ou tel citoyen (identité et date de fin
d’incapacité). La réinscription sur les listes électorales n’est pas automatique après la radiation. Il
faudra donc se réinscrire.
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
La procédure est prévue par les art. 132-21 al. 2 CP, 702-1 et 703 CPP. Cette procédure concerne
uniquement les mesures visées prononcées par les juridictions répressives (ou découlant
directement d’une condamnation pénale).
Les condamnations disciplinaires n’entrent pas dans le champ d’application (Cass. crim. 04
janvier 1990, Bull. crim. n° 3). Ni la perte de point du permis de conduire (n’étant pas une
sanction pénale accessoire) (Cass. crim. 18 mai 1994 et 11 juillet 1994, Bull. crim. n° 191 et
271). Seules peuvent être relevées les peines complémentaires (art. 702-1 CPP). Il est admis pour
le permis de conduire que l’on puisse solliciter une réduction de l’interdiction de sollicitation
d’un nouveau permis (Cass. crim. 17 octobre 1991, Bull. crim. n° 358) ou de limiter la
suspension hors de l’activité professionnelle (art. 702-1 in fine CPP et Cass. crim. 26 juillet 1994,
Bull. crim. n° 287).
A. Compétence
Domaine exclusive des juridictions répressives, chaque tribunal est compétent pour ses
propre décisions. Une seule exception oblige la Cour d’assises envers la chambre de l’instruction.
La compétence du juge unique qui a prononcé la mesure ne peut être remise en cause (Cass. crim.
27 janvier 1988, Bull. crim. n° 41).
Le code de justice militaire reconnaît la procédure de relèvement (art. 382 CJM) devant ses
propres juridictions. Les requêtes sont présentés au Commissaire du Gouvernement dans les
conditions de l’art. 703 CPP.
Si la juridiction a été supprimé, se reporter à l’art. 665-1 CPP (et la jurisprudence précisant l’art.).
Dans le cas d’une pluralité de condamnations c’est la dernière juridiction ayant statué qui est
compétente (art. 702-1 CPP).
B. Relèvement immédiat
Les peines prononcées à titre complémentaire ne sont pas concernées (et pour cause il
suffirait de demander à l’audience de ne pas les prononcer). Même si en principe tout peine
complémentaire doit être prononcée pour être valable (art. 132-17 CP) il en reste quelques unes
qui subsistent dans des textes antérieurs (exemple avec art. L. 234-13 code de route : annulation
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
de plein droit du permis pour certaines infractions). Certains tribunaux relèvent immédiatement
l’intéressé de la mesure ou ne fixe aucune durée ce qui implicitement revient au même. Pour les
autres peines (d’interdiction, de déchéances, d’incapacités) entraînées de plein droit par la
condamnation, le relèvement immédiat est toujours possible.
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
B. Suivi socio-judiciaire
Art. 763-6 CPP : “Toute personne condamnée à un suivi socio-juidiciare peut demander
à la juridiction qui a prononcé la condamnation ou, en cas de pluralité de condamnations, à la
dernière qui a statué, de la relever de cette mesure.”
La chambre de l’instruction sera compétente si la mesure a été prononcée par la Cour d’assises.
Dans tous les cas la demande ne pourra être faite qu’à l’issue d’un délai d’un an à compter de la
décision. La demande est transmise au JAP qui ordonne expertise médicale et renvoi son avis
motivé (avec les conclusions de l’expertise) à la juridiction concernée.
Cas particuliers : deux experts sont obligés dans les condamnations de meurtres ou assassinat
d’un mineur précédé ou accompagné d’un viol, de tortures ou d’acte de barbarie.
Le relèvement peut être totale ou partielle sauf si le suivi socio-judiciaire a tété prononcé comme
peine principale.
C. Interdiction du territoire
Le rejet de la requête doit ici être motivé au regard de la situation familiale du requérant
(Cas. crim. 13 mars 2001).
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
§1. L’exclusion de mention du bulletin n° 2
Se reporter aux art. 775-1, 702-1 et 703 CPP.
L’objectif est de pouvoir rapidement se réinsérer le plus rapidement possible dans la société.
A. Décisions concernées
Seules les condamnations prononcées par les juridictions répressives sont concernées, sont
exclues :
- les décisions disciplinaires (Cass. crim. 04 janvier 1990, Bull. crim. n° 3)
- les décisions commerciales (Cass. crim. 27 novembre 1991, Bull. civ. IV n° 365)
- les décisions administratives (arrêté d’expulsion par exemple)
- les décisions civiles (retrait des droits attachés à l’autorité parentale)
B. Procédure
Se reporter aux développements concernant le relèvement. Un délai de six mois doit être
observé avant la décision de condamnation (ou après celle d’un refus) [art. 702-1 CPP].
Il semblerait que la procédure de l’art. 775-1 CPP (en tant que limitée aux peines accessoires) ne
serait pas soumise au délai de six mois ; jurisprudence contestée : Cass. crim. 19 octobre 1982,
Bull. crim. n° 223. Il suffira au ministère public de demander au casier judiciaire l’édition des
bulletins n° 1 et 2 pour s’assurer de la validité de la requête.
C. Effets de la décision
Cass. crim. 05 février 1990, Bull. crim. n° 62 : “L’exclusion de la mention d’une
condamnation du bulletin n° 2 constitue pour les juges du fond une simple faculté de l’exercice
de laquelle ils ne doivent aucun compte.”
Cass. crim. 19 octobre 1982, Bull. crim. n° 223 (déjà cité) : “L’exclusion de la mention
d’une condamnation du bulletin n° 2 du casier judiciaire n’emporte relèvement des interdictions,
déchéances ou incapacités de quelque nature qu’elles soient que lorsque celles-ci, résultant de la
condamnation ont le caractère de peines accessoires.”
Paradoxe : le simple effacement ne relève pas les peines accessoires mais supprime la preuve de
leur existence...ce qui limite terriblement la faculté de contrôle.
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
Dans un souci d’efficacité le casier judiciaire ne suit pas la jurisprudence dans ses relations avec
l’INSEE (gestionnaire du fichier des électeurs). Et inscrit comme rétablies dans leurs droits des
personnes privées du droit de vote qui ont obtenu une dispense de mention de la condamnation au
bulletin n°2.
Autre paradoxe : si le relèvement d’une peine principal n’est pas possible (Cass. crim. 31 mai
1994, Bull. crim. n° 214) il est loisible de mander la dispense d’inscription au bulletin n° 2.
Enfin on notera que la non inscription d’une condamnation au bulletin n° 2 n’empêche pas
l’administration de mettre en oeuvre son pouvoir disciplinaire à l’encontre d’un fonctionnaire
(C.E. 26 mai 1993, réf. 1913).
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003
En aucun cas il peut être restitué des objets potentiellement dangereux pour la sécurité des
personnes ou des biens.
Le refus de restitution pour motif de dangerosité peut être contesté dans le mois de la notification
de la décision de refus (près tribunal correctionnel ou chambre des appels correctionnels statuant
en chambre du conseil). En dehors de cette hypothèse c’est la voie de l’art. 710 CPP qui
s’applique.
Conclusion
Toute la difficulté de la matière se résume au delà de la pure technique juridique dans la
recherche de savoir si l’exécution est réelle ou absente. “Que signifie une réhabilitation de droit si
la peine n’a pas été mise à exécution et s’il a fallu attendre la prescription ? Que signifie
l’application de plusieurs décrets de grâces collectives sur une courte peine d’emprisonnement
avant sa mise à exécution effective ?
Il semble que le rapport sur l’effectivité des sanctions pénales ( services Inspection Judiciaire
Garde des Sceaux 2000) a mis en évidence la difficulté d’établir un taux global d’exécution des
sanctions pénales. La suppression des jugements par défauts pourrait permettre une meilleur
lecture.
Au delà il est urgent de replacer l’exécution et l’application des peines comme parties intégrantes
du procès pénal plutôt que de les laisser comme “simple appendice”.
“Ce qui importe en terme d’efficience de la justice, c’est à la fois la certitude qu’une sera
exécutée et qu’elle le sera dans les meilleurs délais” (Rapport d’inspection précité).
Seule cette considération permettra une réhabilitation réelle du condamné dans une société qui
tarde encore aujourd’hui à le pardonner par un relèvement hasardeux.
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Droit des Peines Lorho et Pelissier L’harmattan 2003