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PANTHÉON – SORBONNE
INSTITUT DE GEOGRAPHIE
Mémoire du Master 2
Recherche des Géographie des Pays en Développement
présenté par
Fernando BARRAGAN OCHOA
Sous la direction de :
Jean-Louis CHALÉARD
Evelyne MESCLIER
Septembre - 2010
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
SOMMAIRE
Introduction
IV. La montée de la frontière agricole qui se ralenti lors des dernières années
Conclusion Générale
Bibliographie
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
I NTRODUCTION
L’urbanisation est généralement vu comme une rupture entre les aires urbaines et
rurales par, entre autres facteurs, « l’exode rural » qui dépeuplerait les campagnes
(Bairoch, 1985 : 566). Dans cette même ligne de pensée, Lipton (1976) argumentait la
thèse du « parti pris urbain », dans le cadre d’une « modernisation extravertie » dans le
contexte du paradigme de l’internationalisation (1965-1980) (Peemans 1995 : 23 et s.).
Selon les théoriciens du « parti pris urbain », les problèmes ruraux seraient liés au
protectionnisme des politiques d’industrialisation ; l’appui à l’agriculture, notamment la
révolution verte, serait la solution. La ligature rurale et agricole serait incontestable tandis
que les ruraux et les urbains seraient des classes avec des intérêts différents et par
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Mais, les recherches de terrain ont montré que les situations sont beaucoup plus
complexes (Chaléard et Dubresson, 1999). Au début, la délimitation des aires urbaines et
rurales est de plus en plus complexe, la périurbanisation et l’étalement urbain créent de
nouvelles espaces. Les stratégies des acteurs, « urbains » ou « ruraux », ne rendent pas
compte des clivages entre villes et campagnes ; les migrations sont la plupart de fois
pleins d’allés et de retours et leur intensité n’est pas comparable au mouvement des
campagnes européennes depuis le milieu du XIX siècle (Chaléard et Dubresson, 1999). De
plus, dans l’aire rurale, l’agriculture n’est pas une activité exclusive mais obéit à la
pluriactivité. En même temps, l’agriculture urbaine émerge dans les villes (Tacoli, 1998 :
158 et s.).
Face à ces observations, des inflexions dans la recherche sont perceptibles à partir
des années 80 (Chaléard et Dubresson, 1999). Le débat des chercheurs et politiciens sur
les relations villes-campagnes s’est approfondi dû au rôle majeur du marché, comme
moyen pour lier les campagnes et les villes, dans le développement agricole et par les
politiques de décentralisation de ces années là (Tacoli, 1998 : 153 et s.).
Deux hypothèses sont possibles. La première suivant les tenants du « parti pris
urbain » serait que la croissance urbaine est un facteur de la perte de dynamisme des
aires rurales. D’autre parte, on peut penser que la croissance urbaine devrait être vue
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Cette question semble être encore plus appropriée dans le contexte équatorien,
où la problématique des relations villes-campagnes a été peu étudiée. Selon Martinez
(2000) cette thématique devrait concentrer les efforts et les ressources disponibles de la
recherche par son absence et son importance.
En fait, en Équateur, ces relations seraient renforcées par sa taille (le plus petit des
pays andins), par son importante densité moyenne (la plus élevé de l’Amérique du Sud),
l’existence d’une infrastructure routière importante et la distribution du semis urbain
partout dans le territoire (à exception des aires du Nord Occident et de la région de
l’Amazonie). De plus, le taux d’urbanisation est un des plus bas de l’Amérique du Sud en
montrant l’importance du secteur rural équatorien.
Un autre facteur pour comprendre les effets des relations avec les villes sur les
campagnes serait la distance qui sépare ces espaces. En fait, même si la proximité est une
question d’échelles, en général, les aires les plus proches des villes rendent mieux compte
des influences des villes : « Les campagnes périurbaines sont parmi les plus actives.
Peuplées de ruraux qui travaillent dans l’agglomération voisine, leur population augmente
fortement depuis plusieurs décennies… » (Chaléard et Charvet, 2004 : 127). Tandis que le
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
rôle de la ville dans les recompositions territoriales des campagnes plus lointaines des
pays du Sud, notamment de l’Équateur, est encore une thématique faiblement connue.
Face à cette diversité des situations, nous avons privilégié l’étude d’un exemple
qui rend compte des situations des paysans andins qui ne sont pas très proche des villes.
La sélection d’une aire d’étude a pris en compte aussi la connaissance antérieure que
nous avions de l’aire.
Nous avons sélectionné l’aire de Wintza comme exemple pour notre recherche. Il
s’agit d’une aire d’environ 50 kilomètres carrés localisés sur la chaine montagneuse des
Andes, entre 3 200 et 3 600 mètres d’altitude. L’aire de Wintza comprendre les territoires
de plusieurs institutions agraires1 qui ont eu accès à la terre dans le cadre de la Réforme
Agraires dans les années 60 et 70.
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Il s’agit de la Coopérative Cotopilaló, Commune San Bartolo, Commune Yanahurco Grande, Commune
Yanahurquito Chico, Commune San Carlos et Commune de Wintza
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Wintza m
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Source : SENPLADES u
Élaboration : Auteur
Nous avons choisi cette aire également parce que nous avons déjà fait un
important travail de terrain dans le cadre de l’étude sur les « Dynamiques foncières », un
projet encadré par l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement). Nos observations
de terrain ont montré l’importance des dynamiques et des recompositions dans le
territoire de Wintza, ce qui a été exposé de manière descriptive dans « Avance de la
frontera agricola y Cambios agrarios en el sector de Wintza, Parroquia Toacazo » (La
montée de la frontière agricole et les changements agraires dans le secteur de Wintza,
Parroise de Toacazo) (Barragan et Valdez, 2008).
Nous avons abordé les principaux changements dans l’aire de Wintza afin de comprendre
leurs dynamiques foncières. La thématique des relations villes-campagnes était vue
comme une des démarches privilégiées pour l’approfondissement de la connaissance des
mutations territoriales
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Source : SENPLADES
Élaboration : Auteur
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
On a réalisé des interviews semi-dirigées pendant plus d’un an. Pourtant, elles ont
été réalisées sous la thématique des « Dynamiques Foncières et Agraires », l’objectif
d’étude était différent. Cependant, les relations villes-campagnes ont été des
thématiques qui apparaissent pendant le travail de terrain, par son importance et son
rôle majeur dans les dynamiques étudiées.
Le fait que l’accès à l’information primaire ait été fait sous une autre thématique
est un facteur limitant pour l’interprétation des résultats puisque les données obtenues
répondraient aux autres questions de recherche : les questionnaires des entretiens, par
exemples, sont plus liés à la compréhension des dynamiques foncières et les
changements de l’agriculture paysanne qu’à l’influence des villes sur ces changements.
Malgré cela, la connaissance du terrain et l’information compilée nous ont permis
d’avancer dans la compréhension d’autres thématiques sur la même aire d’étude. De
plus, la recherche bibliographique et documentaire aide à interpréter et comprendre les
faits que nous avons vus et perçus à partir du travail de terrain.
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Il s’agit d’un logiciel informatique qui peut être téléchargé sur « http://www.siise.gob.ec/ »
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désagrégation spatiale plus fine (pour la plupart jusqu’au niveau de la paroisse) et pour la
quantité des variables. Pourtant, cela ne permet pas de faire des comparaisons
temporaires. De plus, une banque de données de la population équatorienne structurée
par le laboratoire de Cartographie de l’École de Géographie de la PUCE était importante,
notamment dans le premier chapitre.
Les statistiques agraires sont aussi importantes dans notre étude. L’Équateur a fait
trois recensements agraires. Cependant, le nom « recensements » n’est pas adéquat ; il
faudrait plutôt utiliser le terme d’entretiens puisque les statistiques n’incluent qu’une
partie des exploitations. L’accès aux résultats du troisième recensement agraire est
disponible à travers le site internet en suivant le lien http://www.sica.gov.ec/. Cependant,
les données libres sont restreintes.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Ensuite, le deuxième chapitre est dédié aux stratégies et réponses des acteurs de
Wintza face aux changements de l’espace régional vus dans le premier chapitre. D’abord
nous soulignerons la méthodologie du travail de terrain, comme principale source pour ce
chapitre. À la suite, nous présenterons la stratégie d’adaptation de l’agriculture aux
besoins des villes et, après, celle de la mobilité pour travailler en ville.
Finalement, dans le troisième chapitre, on montrera les effets des stratégies des
acteurs sur les mutations territoriales en Wintza, nous nous concentrerons sur
l’augmentation de la densité, les modifications du terroir, sur les nouvelles infrastructures
et sur la dynamique de la montée de la frontière agricole.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
INTRODUCTION
La croissance spatiale de la ville et la part croissante des citadins ont été des
changements majeurs lors du dernier siècle. Ces changements se sont ressentis à l’échelle
planétaire ; on est passé de 2,5 milliards d’habitants en 1950 à 6,6 en 2006 (ONU, 2010).
Toutefois, les pays en développement et surtout l’Amérique Latine ont eu les plus forts
taux de croissance démographique : la population est passé de trente millions d’habitants
en 1850 à cent soixante-et-un millions en 1950 pour arriver à cinq cent cinquante-et-deux
millions en 2005 (Dureau, Goueset & Mesclier, 2006 : 45).
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Nous avons considéré les Andes du Nord de l’Équateur comme un niveau méso
entre la localité (Wintza) et l’échelle nationale. En principe, nous avons fait la différence
entre les Andes du Nord et celles du Sud en fonction de leurs caractéristiques du milieu
physiques (dans le Nord : forte humidité, sols volcaniques récents, peu de saisonnalité,
etc.). De plus, le nœud d’Azuay, qui est la limite entre ces aires, est une barrière physique
qui influence l’organisation de l’espace équatorien, notamment les flux migratoires et la
circulation des biens et des produits. À une autre échelle, il est important de resituer le
réseau urbain équatorien par rapport aux autres pays andins, afin de comprendre les
particularités équatoriens.
I. L A CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE
La croissance démographique est un changement majeur à l’échelle mondiale au
cours des derniers siècles, notamment en raison de sa vitesse (Noin, 1991). En Amérique
Latine la croissance démographique a commencé au XIXème siècle mais c’est au XXème
siècle qu’elle est la plus importante par rapport aux autres continents. On la qualifie d’
« explosion démographique ». Un des facteurs majeurs de cette explosion
démographique est l’amélioration des conditions sanitaires qui permet la baisse de la
mortalité et fait reculer la stérilité (Festy, 1974).
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Sources
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Il s’agit d’une base de données qui compile diverses sources : statistiques officielles internationales,
sources historiques et leurs estimations. Elle est disponible dans le site d’Internet
http://www.gapminder.org/
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Cependant, à l’intérieur de la région, les pays montrent des différences dans les
pourcentages de population urbaine. L’Équateur, joint à la Bolivie et au Paraguay, font
partie des pays les moins urbanisés de l’Amérique Latine. Leurs taux d’urbanisation
oscillaient entre 50 et 60% pour les débuts des années 2000.
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Nous n’allons pas entrer dans le débat des catégorisations « urbaines » et « rurales », pourtant il faut se
souvenir que quelques travaux ont remis en question les méthodologies pour mesurer l’urbanisation qui
ont abouti à des indicateurs élevées pour l’Amérique Latine tandis que si on prend les mêmes
méthodologies appliquées à l’Asie par exemple, le taux d’urbanisation serait faible.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Graphique 1.2. Évolution de la population totale et urbaine en Équateur et évolution des pourcentages des
urbains entre 1960 et 2011 (estimations)
Les revenus pétroliers depuis les années 1970 seraient des facteurs majeurs de la
transformation de l’économie et de l’urbanisation. Tandis qu’en autre pays de la région,
les politiques d’industrialisation auraient eu un rôle majeur dans l’urbanisation. En effet,
en Équateur, les revenus issus de la vente du pétrole ont permis la croissance annuelle du
produit intérieur brut –PIB- entre 1970 et 1985 de plus de 10%, c’est la croissance la plus
importante lorsqu’on compare l’Équateur aux autres pays andins (Deler, 2007). Cette
croissance économique du pays a permis l’inversion en infrastructures et la croissance
des institutions de l’État qui ont encouragé la concentration des emplois en ville.
Les villes de la région proche à Wintza ont suivi la même tendance de croissance
urbaine mais avec quelque nuances. Nous avons calculé le pourcentage de variation de la
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Tableau 1.1. Quantité de population dans les villes majeures de la région proche à Wintza, selon années
des recensements, et pourcentage de variation pendant les périodes intercensitaires
Population % de variation
1982 1990 2001 1982-1990 1990-2001
Ambato 220 477 227 790 287 282 3% 21%
Cuenca 275 070 331 028 417 632 17% 21%
Latacunga 125 381 117 603 143 979 -7% 18%
Quito 1 116 035 1 371 461 1 839 853 19% 25%
Riobamba 151 623 163 779 193 315 7% 15%
Saquisilí 14 844 12 829 20 815 -16% 38%
Source : SIISE, 2010
Élaboration : Auteur
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
parfois une forte rigidité et stabilité du poids relatif sur la longue durée qui ne permet pas
d'exprimer les changements dans les niveaux hiérarchiques. Nous allons utiliser le
concept de « réseau urbain ».
Finalement, León (2009) a étudié les groupes urbains équatoriens dans le cadre de
l’élaboration des plans d’aménagement du territoire, projet coordonné par la SENPLADES.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
A leur tour, toutes les études sur le réseau urbain équatorien ont montré
l’importance de Quito et Guayaquil dans la structure de l’espace. En parallèle, elles ont
montré la dynamique des villes petites et moyennes : leur consolidation fonctionnelle
dans les Andes et leur émergence sur la Côte et en Amazonie.
La notion de semis est lié aux formes de distribution spatiales des points sur une
surface (Brunet 1 993 : 451). Le « semis urbain » pour sa part représenta la distribution
des villes dans le territoire. Il s’agit de comprendre leur distribution. Au début comme
points localisés mais aussi en prenant en compte leurs principales caractéristiques
comme quantité de population, taille, fonctions et même leurs liaisons.
Chef lieu cantonal ou niveau hiérarchique plus important (chef lieu de province et
national) et paroisses urbaines. Ce sont les seules aires considérées comme
urbaines selon la définition « d´urbain » et « rural » de l´INEC.
Aire urbaine des paroisses rurales : celles-ci expriment l’incongruité de la maille
administrative avec les dynamiques de la croissance urbaine réelle. Il s’agit des
aires qui ont des caractéristiques urbaines (aires bâties, des infrastructures
urbaines, etc.), même si administrativement elles sont perçues comme rurales.
L’exemple de Tumbaco ou Calderon5 à la périphérie de Quito démontrent bien ces
cas.
5
Il s’agit des deux paroisses « rurales » selon l’organisation territorial étatique, nonobstant les
infrastructures, densités, activités économiques, etc. sont loin d’être comparables à celles d’autres aires
rurales. C’est plutôt la continuation de l’aire bâtie de Quito
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
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Selon la Constitution politique équatorienne : « L’État s’organise territorialement en régions, provinces,
cantons et paroisses rurales » (article 242). Les communautés, communes, « recintos » (de toute petite
agglomérations côtières, quartiers et paroisses urbaines sont reconnus comme unités basiques de
participation (article 248) pourtant ils ne font pas parti de l’organisation territoriale du pays
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
La population agglomérée pour l´année 2001 est de 7 807 626 habitants, soit 64%
de la population. Leur distribution est concentrée dans deux villes (plus de 30% des
équatoriens habitent à Guayaquil, première ville selon population, ou à Quito, capital
équatorienne), ce qui montre une spécificité dans l´urbanisation latino-américaine qui
généralement a privilégié un seul centre urbain. En fait le taux de primauté urbaine en
Équateur, pendant les années 1950 et 1990, est le plus faible de l´Amérique du Sud après
celui du Brésil, d’après la base de données de Geopolis7. Si l’Équateur n’est pas un
exemple de « primauté urbaine », il montre une structure bipolaire, comme un élément
fondamental dans l’organisation de l’espace.
7
Qui est disponible sur le site d’internet http://www.e-geopolis.eu/
8
Tous ces données d’après la base de donnés de la population crée par l’École de Géographie de
l’Université Catholique de l’Équateur
9
Il s’agit de groupes des localités polarisées par une ville proche de plus de 150 000 habitants
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Les groupes urbains ont été regroupés en quatre catégories selon leurs
caractéristiques : groupes urbains métropolitains –GUM- (nœuds d’articulation
internationale), intermédiaires –GUI- (nœuds de structuration nationale), secondaires –
GUS- (nœuds de liaison) et mineurs –GUMI- (nœuds de production agraire), comme en
peut voir dans le graphique 1.6.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Tableau 1.2. Pourcentages de la population selon les secteurs de l’économie et des groupes urbains en
Équateur, 2001
Secteur primaire Secteur Secteur tertiaire
(%) secondaire (%) (%)
Groupes urbains métropolitains (GUM)
14 22 64
Groupes urbains intermédiaires (GUI)
35 20 45
Groupes urbains secondaires (GUS)
48 14 38
Groupes urbains mineurs (GUIm)
31 19 50
Moyenne notionnelle 32 18,75 49,25
Les villes les plus importantes pour Wintza sont diversifiées de plus de sa taille par
leurs activités économiques. Ce qui est perceptibles dans le pourcentage de la population
dédiée à chaque branche de l’activité économique. Même si quelques pourcentages sont
similaires, comme celui des « commerces et services en général » qui ne montre pas une
variation importante dans les villes étudiées ; en autres activités la variation est élevée
comme dans le cas de « l’agriculture, chasse et pêche » ou dans les « services financiers »,
comme on peut voir dans le tableau suivant.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Tableau 1.2. Pourcentages de la population (2001) dédiée aux différentes activités économiques selon
villes dans la région proche à Wintza
Moyenne
Cuenca Quito Machachi Latacunga Saquisilí Ambato Riobamba équatorienne
Agriculture, chasse et pêche 11,40 6,50 29,50 36,40 54,40 22,60 26,50 26,76
Manufacture 20,00 14,70 13,10 13,10 4,40 20,30 10,20 13,69
Construction 8,10 7,90 6,50 6,00 6,10 5,00 5,40 6,43
Commerce et services en général 28,30 29,50 22,80 22,20 21,50 28,00 24,50 25,26
Services financiers 3,60 7,00 2,10 1,80 0,60 2,80 2,40 2,90
Services publics 20,10 23,60 18,30 16,30 10,20 15,80 24,60 18,41
Non espécifiés 8,50 10,90 7,70 4,30 2,80 5,50 6,20 6,56
Nous voulons souligner le rôle de Quito comme une grande métropole où les
activités économiques sont liées aux services économiques et publics, fonctionnes liées à
sa fonctionne comme capitale du pays. Saquisili, Latacunga et Machachi en moins degré,
liées aux activités du secteur primaire de l’économie, d’un parte comme lieu de résidence
pour quelques agriculteurs et d’autre parte, comme centre de commercialisation de la
production agricole, cette dernière fonctionne particulièrement important pour Saquisili.
Ambato se présente comme un échelon plus haut de la commercialisation et la
transformation des produits via la manufacture et l’industrie. Plus au Sud, Riobamba et
Cuenca, comme villes importantes pour leur taille, la première liée fortement à
l’agriculture et aux services publiques tandis que Cuenca est un autre centre de la
manufacture, notamment de l’artisanat.
Lié aux particularités des villes, l’offre des travaux se diversifie par différentes
catégories d’occupation, des cadres aux manœuvres. En général, les meilleurs travaux -
mieux rémunérés, meilleures conditions, stabilité, etc.- sont pris par les urbains tandis
que les travaux moins rémunérés, de périodes courts et sans stabilité sont pris par les
ruraux qui migrent à la ville, comme ceux de l’aire de Wintza.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Dans ce contexte est important de situer Wintza avec sa position dans les Andes et
sa localisation par rapport aux villes les plus importants pour les stratégies paysannes.
Un des facteurs de la croissance urbaine à l’échelle mondiale est lié aux migrations
des ruraux vers les aires urbaines : il s’agit de « l’exode rural ». Pourtant dans quelques
pays de l’Afrique et de l’Amérique Latine, même si les migrations des ruraux sont
importantes, cela n’a pas abouti à un dépeuplement des aires rurales, par les taux de
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Dans les Andes du Nord de l’Équateur (la région proche à Wintza) la population
rural en générale a augmenté, même si dans quelques aires il y eu des taux de croissance
démographique négative. Nous avons utilisés les couches d’information des systèmes
d’information géographique (SIG) de la SENPLADES, celles qui montrent les taux de
croissance démographique par les périodes d’intercensitaires.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Source : SENPLADES
Élaboration : Auteur
Dans la région de Wintza les densités sont importantes dans les villes et aussi dans
les campagnes. En montrant qu’une densité élevée dans les villes n’empêche pas le
maintien de quantités importantes de populations dans les campagnes d’alentours,
comme on peut voir dans le graphique suivant.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
À une échelle régionale, les Andes du Centre et Nord sont des aires où la densité
est élevée, notamment dans les aires basses de valles intramontagnardes. Elle diminue
tandis qu’on monte par les versants Andines. Pourtant, elle est toujours importante par
rapport aux aires des versants extérieurs des Andes ou à l’Amazonie.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Nous allons prendre comme exemple la croissance spatiale de Quito parce que
Wintza fait partie de son aire d’influence. Ainsi, Quito montre une croissance spatiale très
importante, donc l’appropriation d’autres espaces, auparavant agricoles.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Les vallées orientales où aujourd’hui la croissance spatiale de la ville est plus forte,
étaient auparavant des aires de production agricole pour le ravitaillement de la ville. Par
exemple, « El Valle de los Chillos » était une des aires agricoles les plus importantes ; c’est
aujourd’hui une aire de forte urbanisation.
En fait, ce sont les aires suburbaines à côté de Quito, surtout à l’Ouest, qui ont
concentré les taux de croissance démographique les plus élevés pendant la période 1990-
2001 (Serrano, 2005 : 16). Là où la production agraire était importante.
Wintza est située sur la chaine montagneuse des Andes, celle qui, en Équateur, a
crée trois régions naturelles : la Côte, les Andes (La Sierra) et l’Amazonie. A une échelle
régionale, Wintza est localisée dans la partie haute du bassin intramontagnard de Patate.
Il s’agit d’un des bassins intramontagnards qui se succèdent dans le paysage des Andes du
Nord de l’Équateur. Ils sont des structures géomorphologiques qu’à manière de cuvettes,
forment de dépressions limitées par deux chaines de montagnes, une vers l’Est et l’autre
vers l’Ouest.
Ces structures ont donné lieu à une appropriation différenciée des espaces des
bassins intramontagnards. Poinsot, Pouille et Pouyllau (1997), en étudiant le bassin
intramontagnard de la Province de Bolivar, localisée plus au Sud de Wintza, ont montré
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
une structure duale du territoire qui obéit à une modèle centre-périphérie. Dans le même
sens, Deler et Gondard (1990) ont construit un chorotype pour les bassins
intramontagnards qui met en évidence l’appropriation différente de l’espace rural, en
opposant « minifundio – latifundio ». Le premier des paysannes tandis que le deuxième
des grandes haciendas, localisées dans les aires les plus basses de la vallée qui ont de
meilleurs caractéristiques pour l’agriculture et sont mieux reliés aux villes.
Graphique 1.3. Chorotype des bassins intramontagnards dans les Andes de l'Équateur.
Sous cette modèle, Wintza faite partie d’un aire de versant d’agriculture
minifundiste. Les conditionnes de pauvreté là sont plus fortes (90% pour la paroisse de
Toacazo selon la méthode de besoins essentiels non satisfaits, tandis qu’en tout le pays
était de 61% dans le 2001 (SIISE, 2009)). De plus, le milieu physique pose de nombreux
défis pour le développement agricole, notamment liés aux risques et maladies.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Graphique 1.4. Distances (kilomètres) entre Wintza et les principales villes des Andes Nord centrales de
l’Équateur.
Les villes proches à Wintza sont différentes selon leurs fonctionnes dans l’espace
régionale. On passe d’une métropole comme Quito, la capitale de l’Équateur, à Toacazo,
un petit centre des services pour la production agraire des campagnes d’alentours. Cette
diversité des villes crée différentes possibilités de se relier avec la ville pour les ruraux.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Chaque ville, selon ses caractéristiques, a un rôle différent dans les stratégies paysannes,
comme on verra dans le deuxième chapitre.
CONCLUSIONS
La croissance urbaine par rapport aux campagnes met en jeu deux éléments :
l’augmentation des aires urbaines au détriment des aires rurales et d’autre part, la
quantité croissante de citadins qui demandent des produits et services ruraux. Pour la
première, l’enjeu serait une concurrence entre aires des fonctions urbaines et rurales.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Cette « concurrence » s’exprime dans les aires plus proches des villes, les « premières
couronnes », où le prix du foncier urbain est l’élément majeur. Nonobstant pour des aires
plus lointaines, comme celle de Wintza, l’enjeu n’est pas l’urbanisation des aires rurales
et les relations sont médiatisées par d’autres mutations régionales.
D’autre part, la demande croissante des produits et services ruraux par les
urbains, notamment le ravitaillement en nourriture et la main d’œuvre aux bas salaires,
met en jeu différents types de relations qui on été profitable aux paysans suivant divers
stratégies, qu’on va étudier dans le deuxième chapitre.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
INTRODUCTION
Quelles sont les stratégies des acteurs –paysans de l’aire de Wintza- face aux
changements régionaux, notamment la croissance urbaine ? C’est la question qui guide ce
chapitre. Dans un premier temps, nous allons présenter une partie méthodologique pour
montrer le travail de terrain qui nous a permis d’avance dans la compréhension des
stratégies paysannes. A la suite nous nous concentrerons sur les adaptations des
agricultures aux besoins des villes. On va montrer qu’il s’agit d’une adaptation plein des
défis, qui est basée sur le maintien de la propriété de la terre. Cette stratégie s’exprime
par les changements dans les systèmes de culture et la quantité du terroir utilisé par
chaque culture.
Parallèlement à cette stratégie, les travaux en villes ont augmenté surtout pour les
hommes jeunes tandis que les femmes, enfants et anciens restent dans les campagnes en
montrant une division des rôles à l’intérieur du noyau familial. Il s’agit de l’intensification
des mobilités des périodes variables dans l’ordre de la semaine, en général.
I. L E TRAVAIL DE TERRAIN
Le terrain dans la démarche de la recherché géographique a un rôle majeur. Il
peut être vue sous quatre dimensions : comme support de questionnement, comme objet
de vérification et de validation, comme élément de compréhension et comme élément de
modélisation (Gumuchian & Marois, 2000 : 186 et s.). Dans le parcours de notre
recherche, le terrain était fait dans un premier pendant lequel, grâce au projet de
40
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
recherche des dynamiques foncières de l’IRD, nous avons fait plusieurs sorties vers l’aire
de Wintza.
En fait, le projet de recherche sur les dynamiques foncières encadré par l’IRD
nous a permis conformer une équipe de jeunes chercheurs en formation. Elle était
conformé par les étudiants Gabriela ARRELLANO, Felipe VALDEZ et Fernando BARRAGAN
sous la direction de Dra. Evelyne MESCLIER de l’IRD et du Professeur Fredy LOPEZ de
l’École de Géographie de l’Université Catholique de l’Équateur. Nous avons eu
l’opportunité d’approfondir dans la connaissance de l’aire de Wintza pour réfléchir sur les
changements foncières après les Réformes Libérales des années 80 et 90. C’est dans ce
cadre et sous cette thématique que nous avons faits notre travail de terrain pendant un
an et demi, temps dans lequel nous avons visité l’aire de Wintza une dizaine des fois.
Des interviews qu’on était faites sous une autre thématique mais qui
montrent les relations villes-campagnes
Les interviews sont des techniques les plus utilisées dans la démarche
scientifique non seulement de la Géographie mais d’autres sciences sociales et humaines.
Les interviews peuvent être de quatre types : d’exploration, via l’informateur clé, par
échantillon et centrée (Gumuchian & Marois, 2000 : 239 et s.). Nous allons montrer les
trois premières que sont celles qu’on a utilisées dans notre travail de terrain.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Les interviews par échantillon sont similaires à celles d’exploration dans leur
méthodologie dans le terrain, pourtant ils sont basés dans questionnaires guide qui ont
permis d’approfondir dans questions précise. Nous attachons la version originale, en
espagnol, des questionnaires guides de ces interviews dans les annexes.
En tant que les interviews via l’informant clé sont faits sous un questionnaire
spécifique selon chaque expert. Parfois ils n’ont pas faits dans le terrain sinon dans leurs
bureaux ou dans les maisons communautaires pour les dirigeants des institutions
agraires. On a identifié différents experts dans la thématique, soit par sa connaissance de
Wintza soit pour sa connaissance dans la thématique de recherche. Ce type des
entretiens ont était faits à :
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Même si ces interviews ont été faites pour comprendre les dynamiques
foncières, les relations avec les villes de la région ont été des éléments important que les
paysans nous aient racontés lors de nos entretiens. Ce qui nous a permis de mesurer
l’importance des villes dans les stratégies paysannes, au début, et, finalement,
développer cette recherche.
La lecture du paysage
Nous avons faits « lectures du paysage » dans plusieurs sorties au terrain, ce qui
nous a permis d’observer des changements à une échelle temporelle court. Pendant
notre travail de terrain les paysans ont construit deux réservoirs d’eau pour l’arrosage. De
plus, nous avons vu les premiers mois de fonctionnement de l’irrigation et les premiers
changements dans le paysage comme effet de cette infrastructure.
10
Lequel peut être vu dans les annexes
43
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Dans cette partie nous voulons comprendre les stratégies de réponse des acteurs
du secteur de Wintza dans la branche agricole face à la croissance urbaine. Comme on a
vu dans le premier chapitre, d’une part, l’augmentation de la quantité des citadins fait
agrandir le marché des produits agricoles, d’autre part, la consommation des espaces
agricoles par la croissance urbaine, ajoutée aux changements de l’utilisation de sol des
autres aires, sont des facteurs qui laissent une demande disponible pour l’offre des
produits agricole pour les agriculteurs en dehors des premières couronnes d’expansion
urbaine.
La commercialisation est un des étapes les plus critiques de l’activité agricole. Les
prix dans le finage et le prix pour le consommateur final sont vraiment différentes, ils
arrivent à être plus de quatre fois, notamment quand ils sont très bas (Chiriboga 2008),
comme on peut le voir dans le graphique 2.1 pour l’exemple de la pomme de terre, qui
est le produit agricole le plus important à Wintza comme dans la plupart d’aires
d’agriculture d’altitude en Équateur.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
De plus, un autre défi pour la production agricole des paysans est la concurrence
avec les importations agricoles. Ce facteur fait partie de la nouvelle spécialisation
commerciale des pays au niveau mondial. Mesclier (2006) souligne la modalité par
laquelle les pays en développement doivent produire des cultures « exotiques » puisque
le marché des aliments de base a été déjà pris en charge par les pays riches d’occident
(Mesclier, 2006). C’est le cas du blé : l’Équateur, ancien producteur de cette graminacée,
en terres hautes, comme celles de Wintza, est maintenant importateur de ce produit.
Ceci après l’échec des agriculteurs qui n’ont pas pu être compétitifs avec les systèmes
hautement subventionnés des pays du Nord, notamment les États Unies, le premier
exportateur en volume des céréales (Peltre-Wurtz, 1988). Dans le cas de la pomme de
terre le rôle de la concurrence n’est pas tellement important car les importations sont
encore faibles même si elles ont augmenté dans les dernières années.
La variabilité des prix de la production agraire est un autre défi pour le succès de la
stratégie de l’adaptation de l’agriculture aux besoins des villes. A titre d’exemple, les prix
d’un quintal11 de pomme de terre, pendant la période 1990-2005, ont varié entre $5,40
en 1990 et $12,75 en 1996 (ce sont le plus bas et le plus haut prix dont la moyenne est
11
Unité de mesure traditionnellement utilisés pour le marché des produits agricoles. Il est égal à 46
kilogrammes
45
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
de $8,75). Cette variation des prix ne montre pas des tendances claires, il s’agit plutôt de
différences très conjoncturelles selon les récoltes, celles que, par la faible technification,
sont fortement influencées par les aléas climatiques.
Graphique 2.1. Différence entre le prix du producteur et celui du consommateur dans la pomme de terre,
pendant la période janvier 2001-mai 2008
En dépit des difficultés d’adapter l’agriculture aux besoins des villes, elle est une
stratégie des paysannes dont son rôle pour le ravitaillement national est majeur. Nous
allons nous concentrer dans les petits producteurs, c’est-à-dire ceux qui ont des
propriétés de moins de 5 hectares. Ils sont presque la totalité en Wintza et, au niveau
national, ils représentent presque les 65% des exploitants agricoles du pays (Censo
Nacional Agropecuario - Recensement Agraire de 2001).
En fait, les petits producteurs fournissent 28% des principaux produits agricoles
équatoriens, même s’ils utilisent seulement les 6% des terres agricole (Chiriboga, 2008).
Suivant les produits agricoles étudiés par Chiriboga (2 008), si on prend ceux qui sont
cultivés dans les aires d’altitude12 (comme c’est le cas de Wintza), le rôle des petits
12
Le brocoli, le maïs, la pomme de terre, l’oignon blanc, l’oignon rouge, le col, les haricots, le lait, les bovins,
le porc, le mouton sont des cultures d’altitude. Le niveau d’agrégation disponible dans la source est le
national.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
producteurs est encore plus important. Ils cultivent les 46% de ces produits agricoles pour
le marché national.
Graphique 2.2. Production des principaux produits des montagnes selon la taille de finages
Comme on peut le voir dans le graphique 2.1, les petits producteurs d’altitude
sont particulièrement importants pour l’oignon blanc et rouge, le choux, les carottes, le
maïs, les haricots, la pomme de terre et les élevages porcins et ovin.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
L’accès à la terre par les paysans est lié à la période de la Réforme Agraire des
années soixante et soixante-dix. Au début, chaque famille paysanne a reçu environ treize
hectares de terre (entretiens). Après quelques années, ces propriétés ont été divisées
selon le nombre d’enfants. Le résultat est qu’aujourd’hui les tailles des propriétés sont en
moyenne de 2,5 hectares. Par exemple, lors d’un entretien, un paysan de l’aire de Wintza
raconte que ses grands parents du côté paternelle ont reçu treize hectares. Les grands
parents ont eu six enfants, chacun a reçu un peu plus de deux hectares. Du côté maternel,
la famille a reçu la même quantité de terrain. Comme la famille a eu cinq enfants, alors la
subdivision a aboutit à 2,5 hectares per enfant. Au total, le patrimoine de leurs parents
est formé par 4,5 hectares. Le paysan ayant trois frères, chacun a eu le droit à un peu plus
d’un hectare. Ce patrimoine, ajouté à celui de son épouse forment les trois hectares qu’ils
ont maintenant.
13
48
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Source : entretiens
Élaboration : Auteur
Après trois générations, les propriétés, par sa taille et qualité, ne permettent plus
le maintien d’une économie familiale basée sur l’agriculture. Pourtant, il ne s’agit pas
d’abandon de l’agriculture, sinon de la complémentarité avec d’autres stratégies (ex. les
travaux urbains) et même les recompositions dans la même agriculture. Le résultat est
que le marché foncier est faiblement développé. La vente des terres est une stratégie
utilisée seulement dans le cas des urgences comme la maladie.
14
Ces critères sont parfois importants dans l’héritage
49
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Photographie 2.1 Structure agraire minifundiste comme effet des divisions de la propriété par
l’héritage
Source : Auteur
On peut voir la petite taille des parcelles comme effet de la division de la propriété originale. La forme très
allongée est le produit du désir de donner accès aux routes à tous les parcelles.
La croissance de villes semble être vue comme une opportunité par les paysans de
Wintza, en tant qu’il s’agit d’un marché en expansion à ravitailler. De plus, la relative
proximité aux villes permet des mobilités pendulaires sans signifier une émigration
définitive de Wintza, ce qui peut être constaté par l’inexistence des écarts dans la
composition de la population par genre : selon un recensement de la population fait par
l’UNOCANC en 1999, le 50,3% de la population sont hommes et le 49,7% sont femmes
(UNOCANC, 2007) ; dans aires de forte migration ces compositions sont très différenciées.
50
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Les changements dans le marché des produits agricoles sont des facteurs
importants pour la conversion des modalités, des moyens, des outils et même des
cultures. Avec l’aide du concept de système de culture nous voulons comprendre les
changements amenés par la croissance urbaine sur les stratégies paysannes en Wintza.
Avant l’accès à la terre par les paysans, l’utilisation du sol était consacrée à
l’élevage des animaux d’arène dans des propriétés d’haciendas. Après, les paysans ont
installé un système de culture nommé par Gondard (1985) comme « agriculture
d’altitude15 ». On va prendre ce système de culture comme la base pour comprendre les
changements postérieurs d’après nos entretiens et observations de terrain en Wintza.
L’agriculture d’altitude est un système de culture des aires les plus froides et
saisonnièrement sèches dans les Andes équatoriennes, y compris Wintza. Elles sont liées
aux conditions climatiques extrêmes, au bord de l’écoumène. Les végétaux utilisés sont
l’orge, la pomme de terre, les fèves et autres tubercules mineurs comme l’oca (oxalis
tuberosa), melloco (Ullucus tuberosus) et la mashua (Tropaeolum tuberosum). Ces
cultures forment la partie d’une rotation des cultures, c’est-à-dire d’un changement
annuel des cultures dans la même parcelle.
15
Traduction de l’espagnol « agricultura de altura »
51
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Tableau 2.1. Schémas de rotation des cultures à Wintza pendant les années 1980, 1995,
2000 et 2007
Années 1 2 3 4 5 6 Source
Pomme de Pomme de Fève ou CESA;
1980 terre terre melloco Orge Jachère Jachère 1991
Pomme de Pomme de
1995 terre terre Fève Melloco Jachère entretiens
Pomme de Lopez,
2000 terre Fève Orge Jachère 2004
Pomme de Pomme de
2007 terre terre Fève Pâturage entretiens
Source : Diverses
Élaboration : Auteur
L’utilisation des semences améliorées est aussi une stratégie afin d’améliorer les
rendements. Cette stratégie est appliquée surtout pour les nouveaux pâturages qui sont
en train d’être cultivées. Tandis qu’en autres cultures la sélection « traditionnel » des
52
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
semences est toujours appliquée, comme c’est le cas de la pomme de terre, celle qui est
choisie d’entre la dernière récolte selon la taille et aspects visuelles.
D’autre parte, les études formelles (jusqu’à l’Université) réalisés par quelques
paysans ont un rôle de premier plan à l’heure de proposer des changements dans les
systèmes de cultures. En fait, les paysans qui ont suivi des études techniques ou
universitaires appliquent leurs connaissances et expérimentent des nouvelles techniques
pour améliorer leurs rendements. Ces stratégies sont rapidement imitées par d’autres
paysans.
16
L’ampleur dans le rang de la productivité est liée aussi à la faible comptabilité que les paysans suivent
dans les activités agraires.
53
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
D’entre les cultures qui ont été utilisées dans l’agriculture d’altitude, quelques
unes ne sont plus cultivées, tandis que d’autres ont diminué sa représentativité
territoriale. Il s’agit des ocas, mellocos et mashua. Ce sont des cultures qui sont
faiblement articulées avec les marchés urbains. Elles ont été cultivées surtout comme
produits vivriers pour les besoins de la famille paysanne.
La diminution de ces cultures est une dynamique qui œuvre à l’échelle nationale
en montrant le fort rôle des préférences citadines dans les dynamiques des systèmes des
cultures paysans. Cependant, les dernières années, quelques gouvernements (nationaux
et locaux), quelque ONGs et même la FAO ont encouragé la production de ces cultures
(Barrera, Tapia & Monteros, 2004). Les effets de ces politiques sont encore faibles et
localisables, elles n’ont pu bouleverser la tendance de diminution de ces cultures dans les
dernières décennies à l’échelle nationale.
Tandis que les cultures vivrières ont vu diminuer leur représentativité territoriale
en Wintza, d’autres l’ont vu augmenter. C’est le cas des produits agricoles qui ont une
forte liaison avec les marchés. La demande urbaine a joué un rôle majeur. Il s’agit de
cultures de la pomme de terre17, de l’oignon, des carottes et des pâturages pour l’élevage
laitier.
Le rôle des préférences urbaines est médiatisé par d’autres facteurs qui sont mis
en jeu dans la production agricole. L’état du marché, c’est-à-dire la sur ou sous
production, de même que les changements dans la production agricole régionale et les
changements dans les conditionnes climatiques du court terme influent dans la sélection
de cultures et leur représentativité. L’augmentation de la pomme de terre.
17
La hausse de la production de la pomme de terre est liée surtout à l’augmentation des rendements
agricoles et non à l’addition des aires dédiées à cette culture. Même l’UNOCANC (2007) a perçu la
diminution des aires de pomme de terre dans la région à laquelle Wintza appartiens.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
l’échelle mondiale. Nous allons approfondir dans le cas de la pomme de terre et des
pâturages par son importance à Wintza.
De leur parte, l’utilisation des tracteurs est fait grâce à la location de ces machines
aux urbains qui les louent par un prix de dix dollars chaque heure. Les urbains profitent de
la proximité de plusieurs aires agricoles dans la région en montrant l’important de ces
liaisons dans les changements agricoles (entretiens).
55
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
De leur parte, l’émergence de l’élevage laitier paysan d’altitude est due aux
changements agricoles à l’échelle régionale. En fait, le ravitaillement urbain en lait et en
produits laitiers était fait par les grandes haciendas de la vallée intramontagnarde. Celles
que depuis quelques années ont changé l’usage du sol vers cultures d’exportation,
notamment des fleurs et brocolis. Cette dynamique a laissé un espace vide dans le
marché laitier qui est en train de profiter aux paysans de Wintza et d’autres aires
d’altitude dans les Andes équatoriennes.
De plus, autres acteurs externes liés aux villes, comme les ONG et marchands du
lait, ont encouragé aux paysans de développer cette branche. Les marchands du lait sont
généralement les citadins des villes petites et moyennes de la région. Ils vont jusqu’à
l’aire de Wintza avec leurs petits camions réfrigérés afin d’acheter la production laitière.
Cette modalité de commercialisation laisse peu d’espace pour la négociation des prix
pour les paysans en tant que les marchands du lait peuvent l’imposer. Après, ils vendent
le lait récolté aux industries laitières de la vallée intramontagnard. De leur parte, les ONG
dédiées à la protection de l’environnement, comme EcoCiencia, et au développement
rural, comme HEIFER, ont vu dans le développement de cette activité une alternative
pour améliorer les conditionnes de vies de paysans et de diminuer les effets négatives sur
l’environnement d’autres alternatives comme celle de la montée de la frontière agricole,
par exemple. Ils ont encouragé l’organisation de la communauté pour la transformation
du lait en produits élaborés comme fromages ou yaourt.
56
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
L’élevage laitier paysan d’altitude ne doit pas être vu comme une rupture avec le
passé mais comme une mutation d’une activité déjà développé par les paysans. Il
s’agissait d’une activité à côté de l’agriculture, dédiée surtout à la vente des animaux dans
le cas des urgences économiques, par exemple quand il y avait des maladies dans la
famille ou dans les périodes d’ensemencement pour l’achat des engrais et semences. La
principale finalité des animaux était la viande. L’élevage était une activité développé dans
les aires de jachères, il n’y avait pas d’aires dédiées exclusivement à l’élevage. Pourtant,
maintenant son rôle et ses caractéristiques ne sont pas les mêmes. Plusieurs mutations
sont en train de se développer. De telle façon, on peut différencier l’élevage traditionnel
de celui paysan laitier d’altitude que nous présentons ici. Pour les économies paysannes,
le changement majeur est lié au revenu journalier d’argent par la vente du lait qui
contraste avec les revenus reçu selon les temporalités de récoltes des cultures.
Source : auteurs
On peut voir la présence des vaches laitières dans parcelles qui sont en train d’être aménagées (comme
l’utilisation du fil de fer) pour le développement de l’élevage paysan d’altitude. Les commerçants laitiers qui
viennent des villes petites et moyennes de la région encouragent cette activité en tant qu’ils créent la
demande du lait.
L’élevage paysan laitier d’altitude est étroitement lié avec le ravitaillement urbain.
Il est basé dans l’utilisation des aires dédiées exclusivement à cette activité où les
57
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Parfois les auteurs utilisent sans différencier les mots « migration » et « mobilité ».
Même dans quelques dictionnaires géographiques la différentiation n’est pas claire.
Pourtant, pour Lévy et Lussault (2003) la migration est une forme particulière de la
mobilité géographique qu’implique un abandon long des lieux de départ, le
franchissement d’une échelle. Par contre, le concept de « mobilité pendulaire » exprime
les déplacements avec certaine régularité sans renoncer à aucun de ces espaces (Lévy et
Lussault, 2003, p. 615 et suiv. et p. 622 et suiv.). Les déplacements qu’on a étudiés à
Wintza sont plus proches de ceux de la « mobilité » ; donc nous allons utiliser ce concept.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
important dans les aires urbaines : 7,3% par rapport à 3% dans les aires rurales, pour
l’année 2008. Pourtant l’indicateur qui exprime le mieux les conditions de travail est celui
du sous-emploi. En Équateur, il n’y a pas de système de protection social pendant le
chômage, donc les gens qui ne trouvent pas d’emploi doivent travailler à l’heure ou dans
de mauvaises conditions, ce qui est exprimé par l’indicateur du sous-emploi. Le sous-
emploi touche 80% des ruraux et 53% des urbains (SIISE, 2010) montrant que les
conditions pour travailler sont meilleurs en villes par rapport à la campagne.
En Équateur, la diversification des activités dans le milieu rural n’est pas nouvelle.
Martinez-Valle (1984) montre que pour la décennie de 1980, plus de la moitié des familles
paysannes (61%) ont au moins un membre qui a une activité autre qu’agricole.
Aussi la migration vers les villes est une stratégie historique même si elle est plus
importante maintenant. Le Chau et Papail (1989) ont étudié les travaux en ville de la main
d’œuvre agricole dans la région de la ville d’Ibarra, plus au Nord du secteur de Wintza. Ils
montrent que la migration des campagnes vers les villes est faite via un nœud
intermédiaire, c’est-à-dire qu’en principe la population émigre vers une ville moyenne et
ensuite vers une autre ville plus grande, comme Quito.
Parmi les facteurs de migration des ruraux vers les villes, la Reforme Agraire aurait
libéré la main d’œuvre des haciendas, donc de l’aire rurale. Selon Le Chau et Papail
(1989), au début, les paysans ont changé d’occupation dans les mêmes aires, comme
conséquence des politiques d’industrialisation par substitution des importations.
Pourtant, on n’a pas d’autres évidences pour confirmer le rôle de cette industrialisation
des aires rurales en Équateur. Au contraire, la faiblesse de cette politique –
industrialisation par substitution des importations-, par rapport aux autres pays de la
région, est un facteur de migrations vers les villes, qui vont croitre grâce aux revenus
pétrolières, comme nous l’avons noté dans le premier chapitre, notamment pendant les
années 70 et 80. Une haute mobilité de la population est une caractéristique du pays
depuis ce temps là.
59
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
A l’échelle locale, pour l’aire de l’UNOCANC, y compris l’aire de Wintza, une étude
de CESA en 1987 montre que 9% des paysans ont comme stratégie la mobilité vers des
aires d’ « haciendas » de la région. Il y avait une forte différentiation par genre, ce sont les
hommes qui migraient. Ces tendances seront confirmées et fortifiées dans le temps,
comme on verra dans la suite.
Dans le cas de Wintza, la mobilité est une stratégie qui profite de l’emploi urbain
mais qui ne signifie pas une division avec l’aire rurale, même vis-à-vis de l’agriculture. Les
paysans arrivent à profiter de ces deux espaces à travers une division intra familial du
travail, de l’utilisation du temps « libre » entre les activités les plus dures de l’agriculture
et autres changements au niveau de l’agriculture comme les dynamiques dans le système
de culture, l’intensification dans l’utilisation des tracteurs, etc., qu’on a déjà vu dans la
partie précédente.
Nous allons montrer les caractéristiques de cette stratégie dans l’aire de Wintza
d’après le travail de terrain que nous avons fait. Les temporalités, les villes destination de
la mobilité, les travaux que les paysans font en villes sont les thématiques privilégiées.
La mobilité des paysans de Wintza vers les villes est une stratégie, avec des racines
anciennes, qui a augmenté dans les dernières décennies. En fait, l’UNOCANC (2007) calcul
l’augmentation des paysans qui font des travaux en villes en 30% pendant les années 90.
Aussi, le rôle des revenus du travail en ville sont de plus en plus importants. A nos jours,
en général, il y a au moins une personne par famille qui travaille en ville, même s’il habite
60
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
toujours avec la famille dans la même aire rurale. La personne qui travaille en ville veut
profiter de l’existence des emplois temporaires en ville et des salaires en général plus
élevés par rapport à ceux des aires rurales.
Concernant l’âge, les classes de la population qui se mobilisent le plus sont les
jeunes-adultes, c’est-à-dire le groupe de la population compris entre les vingt et trente-
cinq années. On aperçoit dans le paysage que ce sont les anciens, les enfants et les très
jeunes qui restent dans les campagnes. Ce sont eux qui sont chargés des activités
agricoles journalières comme par exemple la surveillance des troupeaux. Les autres
activités agricoles considérées plus dures sont faites quand les jeunes-adultes sont
présents.
61
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Photographie 2.4 et 2.5 Permanence des jeunes dans l’aire rurale de Wintza
Source : Auteur
Les jeunes restent dans les campagnes. Ils sont les chargés de prendre soin des troupeaux des animaux et
d’autres activités dans l’agriculture.
Nonobstant une mobilité des femmes, mais moins importante que celle des
hommes, est liée aux haciendas de la vallée intramontagnards. Ces femmes sont dédiées
aux activités d’exportation, surtout des fleurs et du brocoli. Dans ce cas, la main-d’œuvre
féminine est privilégiée pour la délicatesse de la production. Ces mobilisations sont en
général journalières profitant de la proximité des aires par rapport à la vallée.
La plupart des paysans vont vers Quito, pourtant les migrations vers d’autres villes
sont aussi importantes. Ils migrent surtout dans les autres villes andines entre Quito au
Nord, et Cuenca au Sud. La migration vers la Côte ou l’Amazonie est mineure.
18
Il s’agit des personnes qui travaillent en amenant les produits des acheteurs dans les halles.
62
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
CONCLUSIONS
Les stratégies des acteurs modifieront la manière de l’appropriation de l’espace.
En Wintza, les stratégies des paysans sont les liens entre la croissance urbaine à l’échelle
régionale et les recompositions territoriales à une échelle locale.
Les stratégies prisent par les paysans ne sont pas des ruptures avec les anciennes
stratégies et modèles de vie. Il s’agit plutôt d’une recomposition qui donne un poids
moins important à l’agriculture, mais qui est loin de laisser de côté les activités agraires.
63
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
bonnes récoltes selon le climat et même dans ce dernier cas les prix se retrouvent bas à
cause de la surproduction, et ceci par manque de planification agricole. À ces difficultés, il
faut ajouter la concurrence internationale, surtout pour les cultures subventionnées par
les pays du Nord, comme le blé qui, autrement, aurait pu être cultivée dans l’aire de
Wintza. Ce serait une autre option pour les paysans d’éviter la surproduction d’une
culture donnée et la concurrence entre eux.
Les villes jouent un rôle différent dans les stratégies des paysans de Wintza selon
sa proximité et leurs caractéristiques. Les villes plus proches sont liées surtout au
développement de l’activité agricole, tandis que les villes plus loin sont celles où les
paysans vont pour travailler, c’est qui est exprimé dans le graphique suivant.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Graphique 2.4 Wintza et ses relations avec les villes de sa région proche
Élaboration : Auteur
Source : Entretiens
Les stratégies montrées ont une forte liaison avec l’appropriation de l’espace et
les dynamiques et mutations territoriales qui sont la thématique du dernier chapitre.
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
66
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
INTRODUCTION
Le territoire est un terme polysémique mais centrale dans la démarche
géographique. Il s’agit de la notion d’un espace approprié qui implique un sentiment
d’appartenance et d’appropriation (Brunet, 1992 : 480). Les moyens et modèles de
production de l’espace, donc du territoire, sont différents selon les sociétés humaines. En
plus, ils montrent les effets des dynamiques sociales et les relations avec d’autres lieux
(Brunet, 1992).
En fait, tous les jours, les sociétés humaines créent de l’espace en provocant des
mutations territoriales comme un produit des dynamiques sociales. Dans ce troisième
chapitre nous allons montrer les changements territoriaux auxquels ont abouti les
stratégies des acteurs (chapitre 2) face à la modification de l’espace régional, notamment
la croissance urbaine (chapitre 1). Nous nous sommes posé comme guide pour ce
chapitre, la question suivante : Quels sont les effets majeurs des relations avec les villes
sur le territoire de Wintza ?
67
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Dans ce chapitre, nous allons montrer les modèles des changements majeurs dans
le territoire de Wintza. Dans une première partie, nous allons montrer l’augmentation de
la densité. Après, les changements dans le terroir. Ensuite, les nouvelles infrastructures et
finalement le ralentissement de la montée de la frontière agricole.
I. L’ AUGMENTATION DE LA DENSITÉ
La densité montre la pression dans l’occupation des ressources dans les territoires.
Elle est considérée comme l’indice le plus révélateur de la géographie humaine en aidant
à dégager les facteurs de l’occupation de telle quantité de gens sur de telle superficie, et
les encadrements qui justifient entre autres de telle densité (Charvet, 2000 : 51-52).
Tandis qu’à une autre échelle, les données officielles19 montrent la croissance de
la population pendant les périodes 1950-1982 et 1990-2001 dans l’aire rurale du canton à
lequel Wintza appartient (canton de Latacunga), même si la croissance démographique
19
Quand on change vers une plus grande échelle il faut se méfier en plus de la qualité des données
populationnelles. On n’a pas un niveau d’accès aux données des recensements de la population pour l’aire
de Wintza car il s’agit d’une aire petite qui est partie de la paroisse de Toacazo. En plus, les données de la
paroisse ne tiennent pas compte des dynamiques de l’aire de Wintza mais plutôt du petit centre urbain de
Toacazo qui l’englobe et qui a connu une migration importante dans les dernières décennies. D’autre part,
les données du recensement de la population de 1990 en aires de population indigène ne sont pas fiables
parce qu’en ce temps là il y avait une rébellion indigène (Chisaguano, 2 006).
68
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
est plus importante dans sa capitale (ville de Latacunga) ; comme on peut voir dans le
tableau 3.1.
Tableau 3.1. Évolution de la population de l’aire rurale du canton Latacunga et de la ville de Latacunga
entre 1950 et 2001
Les paysans ont crée des organisations communautaires pour l’accès à la terre
comme une réponse à l’encouragement des lois de Réforme Agraire pour ce type
69
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
d’organisation. Les communes, coopératives et associations sont les modèles choisis. Elles
sont toujours présentes dans l’aire de Wintza et sont les propriétaires légaux des terres,
même si à l’intérieur des communautés, des transactions informelles sont faits. De toute
façon, il s’agit de l’appropriation paysanne de nouvelles espaces.
Croissance démographique
Pour le niveau de la paroisse, on compte avec les données des deux derniers
recensements20. La population de Toacazo, de laquelle Wintza fait partie, était de 6 103
habitants pour l’année 1990, tandis que pour l’année 2 001, elle était de 6 970, c’est-à-
20
Voir le REDATAM sur le site d’Internet de l’INEC
http://redatam.inec.gov.ec/cgibin/RpWebEngine.exe/PortalAction
70
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Tous ces espaces ont des propriétaires, même si parfois tous les papiers ne sont
pas certifiés par les autorités compétentes. Il s’agit plutôt d’une reconnaissance interne
de la communauté du droit d’usages et d’héritage des parcelles. Il faut rappeler que les
communautés, comme organisations sociales, sont les propriétaires légaux de toute l’aire
communale, alors que paysans ont le droit d’exploitation selon la législation équatorienne
(Loi de communautés).
Ceci a abouti à l’absence des aires sans propriétaire qui puissent être utilisées
pour l’agriculture : toute la terre agricole est déjà répartie. Nonobstant, l’appropriation de
tous les espaces ne signifie pas son utilisation agricole, comme nous le verrons après.
71
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
vivent environ six personnes. Suivant cette méthodologie, nous estimons que dans
l’année 1988 il y avait plus ou moins 2 250 personnes en 375 maisons, tandis qu’en 2002
il y avait 2 580 personnes en 430 maisons. C'est-à-dire une augmentation en quinze
pourcent en quatorze années. En plus, nous avons vu la construction de nouvelles
maisons pendant nos travaux de terrain.
Graphique 3.1. Exemple de l’estimation des maisons en Wintza dans les photographies aériennes
Il s’agit d’un part des infrastructures pour l’irrigation et pour gérer les troupeaux
des bovins et d’autre part des voies de communication pour se déplacer et emporter les
produits agricoles vers les villes.
72
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
L’infrastructure pour l’irrigation en Wintza fait partie d’un projet qu’intègre cette
aire en plus d’autres dans la même région. En fait, le projet de l’UNONCANC comprendre
800 hectares. Ce projet comprend aussi la construction des prises d’eau, la construction
et réparation des canaux d’eau et l’achat des équipements mobiles d’aspersion. Tout ça à
un coût d’un million six-cents mille dollars (UNOCANC, 2007).
Leurs effets sur le territoire sont majeurs, notamment dans la plaine. On passe
d’un paysage agricole composé par pâturages naturels, parcelles de Páramo et bois vers
une aire dominée par les pâturages cultivés et gérée par l’irrigation. En même temps, les
parcelles sont en train d’être adaptées aux besoins de l’élevage. On est en train de passer
d’un paysage d’openfield vers un autre où les parcelles sont délimitées par du fil de fer,
afin de gérer les troupeaux des animaux.
73
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
La construction des nouvelles infrastructures pour l’irrigation. Ils ont commencé à fonctionner
pendant nos travaux de terrain. Les changements dans l’usage du sol commencent à être perçus dans le
paysage.
Les voies de communication sont des éléments majeurs dans la structuration des
territoires. Pour les aires agricoles, leur rôle est de lier ces espaces avec d’autres lieux de
la région, surtout les villes. Ils permettent le transport des engrais, outils, semences et
74
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
autres produits pour l’agriculture et d’emporter les récoltes vers les marchés,
généralement localisés en villes.
Nous avons déjà montré dans le premier chapitre, les distances de Wintza vers las
principales villes avec lesquelles les paysans se relient. Ici nous voulons montrer les effets
sur le territoire par l’amélioration des voies de communication pour mieux se lier avec les
villes, donc fortifier les relations villes-campagnes.
L’exemple cité n’exprime pas une spécificité mais plutôt l’envie général
d’améliorer les voies de communication comme on peut le constater dans les différents
discours politiques et projets de développement à diverses échelles.
Le paysage rural à Wintza avant l’accès à la terre était dominé par l’écosystème du
Páramo où il n’y avait pas d’utilisation agricole (avec cultures), selon montrent les cartes
d’usage du sol et paysages végétaux réalisée par le PRONAREG en 1976. Seulement
75
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
quelques taureaux d’arène paissent et parfois les propriétaires des haciendas chassaient
dans ces terrains. Après l’accès à la terre, le paysage a changé vers un domaine agricole,
caractérisée par l’agriculture paysanne d’altitude.
Une liaison plus forte avec les villes et la croissance démographique rurale ont
abouti dans l’intensification agricole de ces terrains. Cette intensification n’a pas les
mêmes effets sur le territoire, même s’il s’agit d’une aire pas trop grande. Les conditions
du milieu physique ont une influence sur l’utilisation différente des aires des « versants »
par rapports aux aires de la « plaine de Wintza », ce qui est clairement perçu dans le
paysage agraire.
Parmi ces conditionnes du milieu physique nous voulons souligner le rôle des
gelées. Elles sont des phénomènes climatiques liées au froid et à la sècheresse. Il s’agit
des courants d’air froid qui vont des aires plus hautes vers les aires plus basses. Dans les
aires des pentes fortes (les versants), ces courants bougent rapidement et les dommages
pour les cultures sont mineurs, tandis que l’air froid reste dans les aires plaines, comme
dans la vallée de Wintza. Le risque de cultiver sur versants est le même que dans les aires
300 mètres en dessous (Crismann, 2003). Le résultat est une différentiation du risque des
cultures face aux gelées qui s’exprime d’une façon très locale.
76
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
C’est sur les versants surtout où l’intensification agricole a joué un rôle plus fort
historiquement. Le paysage des versants montre une utilisation plus intensive par rapport
à la plaine de Wintza. Le milieu physique semble avoir joué un rôle majeur. En fait, tandis
que dans la plupart des aires on préfère les aires plaines pour l’agriculture, à Wintza à
cause des risques des gelées les aires des versants sont exploitées plus intensivement.
Cela abouti dans une utilisation différente des aires du versant par rapport à celles
de la plaine. En fait, les cultures maraichères et vivrières sont plus importantes dans les
versants par rapport à la plaine, comme dans le cas de la pomme de terre laquelle
représentait environ cinq-cents hectares dans les versants et quatre-cents dans la plaine
en Novembre 2008.
Tandis que les aires dédiées à l’élevage sont mineures par rapport à la plaine. La
méthode utilisée ne permets pas de quantifier à détaille l’aire dédiée à l’élevage, en
prenant en compte que la stratégie paysanne d’utilisation de l’espace consacre des aires
exclusives pour l’élevage, et au même temps il profite des aires en jachère. Ces aires sont
les parcelles de pomme de terre que seront semées pendant le mois de Novembre ou
Mais-Avril, selon le calendrier de cultures.
Tableau 3.2. Estimation des pourcentages des aires cultivées selon produits en Novembre 2008
Pourcentage des aires cultivées selon produits
Jachère et Aire
Pents Pomme de Fourrés +
aires pour Fève Orge Oignon Carrots Melloco (hectares)
terre Bois
l'élevage
Plaine 49,31 44,21 41,13 22,74 33,97 0,00 6,25 29,96 1837,36
Versants 50,69 55,79 58,87 77,26 66,03 100,00 93,75 70,04 2542,85
Superficie 2056,60 896,60 618,89 163,92 131,94 51,78 201,05 259,42 4380,21
Source : Auteur
D’autre parte, dans les aires les plus hautes des versants subsistent encore aires
du Páramo, lesquelles sont dans les aires les plus élevées ou des plus fortes pentes.
Finalement, sur les versants, les processus d’érosion, s’ils ne sont pas d’y exclusifs, là sont
plus forts. L’intensification dans l’utilisation des tracteurs et autres techniques de
77
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
l’agriculture, comme la culture suivant la pente, sont à l’origine de ces processus qui
commencent à montrer leurs effets dans la fertilité du sol.
Finalement, nous voulons souligner une taille des parcelles légèrement plus petit
par rapport aux celles de la plaine. En fait, elles sont 20% moins grandes, tandis que la
moyenne de la taille des parcelles dans la plaine est de 1,2 hectare dans les versantes elle
est de 1 hectare.
L’usage différent des parcelles des versants par rapport à celles de la plaine
La vallée de Wintza était une aire moins cultivée à cause de la faible technification
pour combattre les risques des gelées. Le paysage agraire était dominé par la jachère, les
pâturages naturels et quelques parcelles du Páramo. Pourtant c’est sur cette aire où le
changement a été majeur lors des dernières années.
78
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
nouvelles infrastructures pour l’irrigation sont des éléments du paysage qui montrent
l’approfondissement des changements vers l’élevage paysan laitier d’altitude.
Les premiers effets récents des stratégies paysannes sont déjà perceptibles dans le
paysage. Les aires dédiées à l’élevage sont plus importantes dans la vallée par rapport aux
versants. Les dynamiques de changements d’utilisation du sol sont fortes en modifiant le
paysage rapidement.
Une lecture du paysage actuel centrée sur les aires de la plaine de Wintza montre
une parcellaire qui reflète de plus en plus l’appropriation de cet espace. Les dernières
parcelles de Páramos sont en train d’être défrichées. Un réseau pour l’irrigation aide à
mettre en valeur ces aires pour l’élevage. Les pâturages croissent grâce à l’eau d’irrigation
et une quantité importante de bovins s’installe sur ces aires.
DERNIÈRES ANNÉES
79
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
La montée des parcelles agricoles jusqu’à les aires les plus hautes.
Les thématiques liées aux frontières agricoles sont des enjeux territoriaux majeurs
après l’implémentation du programme de Colonisation. Ce programme est un processus
parallèle à celui de la Réforme Agraire mais plus intense (d’après Gondard & Mazurek,
(2001) la Colonisation a touché 25% du territoire équatorien, tandis que la Réforme
Agraire seulement le 3%). Les terres de Colonisation étaient surtout en Amazonie et au
Nord Occidental équatorien, des aires qui auparavant avaient des densités de population
très faibles ou presque vides. Gondard et Mazurek (2001) identifient là, des « fronts
pionniers en forêts et versants externes de la Cordillère » (frentes pioneros en selvas
bajas y faldas externas de la Cordillera). Tandis que dans les parties les plus hautes des
80
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
montagnes ils parlent des « fronts pionnier des altitudes » (frentes pioneros de altura)
(Gondard & Mazurek, 2001).
La montée de la frontière agricole dans les fronts pionniers d’altitude est une
transformation majeure des Andes équatoriennes des trente dernières années. Dans la
province de Cotopaxi l’aire de Páramo était de 146 000 hectares en 1979 tandis que pour
l’année 2004 elle était de 86 500 hectares (Martinez, 2005), c’est-à-dire une réduction de
40% en un quart de siècle.
Pour l’aire de Wintza le changement est encore plus fort. Avant la Réforme
Agraire, les terres étaient utilisées pour les troupeaux de l’élevage de combat, dont la
pression sur l’écosystème n’était pas importante. Après l’accès à la terre, les paysans ont
orienté l’utilisation du sol de Páramo vers les cultures, vers l’année 1976. Selon des
photographies aériennes, on estime que le pourcentage de Páramo est de 30%
seulement, tandis que pour 2002, sous la même méthodologie, ce pourcentage a diminué
à 7% (Barragan & Valdez, 2008).
81
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
82
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
confirmer ces conclusions avec ses liaisons les plus importantes dans les dernières années
avec les villes, et des activités non agricoles ayant pour effet une diminution de la
pression sur le Páramo.
CONCLUSIONS
Les dynamiques territoriales expriment les changements dans l’appropriation de
l’espace et donc des stratégies des acteurs (chapitre 2) face aux changements régionaux
comme la croissance urbaine (chapitre 1). Les mutations territoriales à Wintza dues à la
croissance urbaine s’appuient très fortement sur les héritages sociaux et sur la nature
physique de l’espace. La croissance urbaine est un facteur de recomposition territoriale
d’une aire qui n’a jamais eu de stabilité après l’accès à la terre par les paysans.
Les recompositions territoriales par la croissance des villes doivent être lues dans
l’histoire d’un territoire récemment approprié par les paysans (années 60 et 70). Il ne
s’agit pas d’une rupture dans l’histoire sinon d’une modification des tendances des
changements dans une aire toujours en mutation.
83
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
changements ont touché aussi les systèmes de culture et il y a eu même substitution des
cultures utilisées.
De cette façon, il s’agit d’une aire de plus en plus intégrée dans le système de
ravitaillement urbain des produits agricoles et de main d’œuvre où les mutations
territoriales sont encore très fortes. L’influence de la ville est perçue par l’intensification
des mutations territoriales même si son influence dépend parfois des autres facteurs,
comme le développement de l’agriculture d’exportations dans les aires plus basses de la
vallée intramontagnard qui sont plus proches de la ville.
84
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
C ONCLUSION G ÉNÉRALE
85
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
compris les villes, notamment Quito, était un facteur pour compléter et améliorer la
réflexion.
L’étude des relations villes-campagnes pose des défis particuliers aux chercheurs
qui généralement se spécialisent sur une aire, soit urbaine, soit rurale, sans prendre en
compte leurs liaisons. La formule utilisée par Chaléard et Dubresson « un pied dedans, un
pied dehors » pour exprimer une méthodologie générale de recherche des relations villes-
campagnes nous semble tout-à-fait pertinente. Il s’agit de d’approfondir simultanément
la connaissance des campagnes et des villes.
86
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Notre question de recherche était liée aux effets de la croissance urbaine sur les
mutations territoriales rurales. Au début nous somme claires en soulignant le rôle majeur
de la croissance urbaine dans ces mutations à Wintza, notamment dans la densification
de l’habitat rural, dans les changements au niveau du terroir, notamment dans l’usage du
sol et l’émergence de l’élevage paysan laitier d’altitude en particulier, et dans la
dynamique de la frontière agricole et son ralentissement lors des dernières années.
Bien qu’au début la croissance urbaine à l’échelle nationale était alimentée par la
migration des ruraux, ce mouvement des gens est loin d’être un « exode rural ». De plus,
les mouvements des paysans à Wintza sont plus proches des modèles de mobilité pleine
d’aller et de retours que d’une migration définitive qui coupe tous les liens avec les
campagnes. La formule « partir pour rester » appliquée par Cortes (2000) est applicable
aussi à Wintza. Il s’agit d’une stratégie de familles paysannes boliviennes qui complètent
leurs revenus via du travail à l’étranger d’un de leurs membres en permettant que la
famille reste dans l’aire rural ; à Wintza ces mobilités sont plus courtes dans le temps et
87
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
dans l’espace. Cette division des rôles des membres de la famille a permis d’articuler,
sans concurrence, cette stratégie du travail en ville avec celle de l’intensification agricole.
Les stratégies paysannes montrent une grande capacité d’adaptation face aux
nouveaux défis et opportunités. Depuis l’accès à la terre, elles ne doivent pas être vues
comme une rupture mais plutôt comme une évolution constante à différentes vitesses.
En fait, l’agriculture et les travaux non agricoles sont des activités anciennes qui se sont
recomposées et intensifiées. La permanence de ces stratégies est basée sur l’accès à la
terre agricole, laquelle est une option de moins en moins possible par l’épuisement de la
terre comme résultat des divisions de la propriété pour l’héritier. Nous assisterions dans
les prochaines années à un défi majeur de réadaptation de ces stratégies, en prenant en
compte que l’héritage d’une ferme agricole n’est plus possible par tous leurs enfants.
88
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
nouvelles questions. Il semble intéressant de déterminer les enjeux de ces relations pour
aires plus proches à la ville qui font partie des aires périurbaines.
89
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Annexes
90
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Annexe 1 :
Tout d’abord, il faut sélectionner les unités spatiales que l’on considère dans l’analyse du
réseau urbain. Une première approximation est faite avec la catégorisation de la
population « urbain » et « rural » selon les définitions de l’INEC (Instituto de Estadisticas y
Censos del Ecuador – l’Institut de Statistiques et Recensements de l’Équateur).
En Équateur la population urbaine est celle qui vit dans une « cabecera cantonal ».
Dans cette classification la taille de l’établissement humain (?) n’est pas importante. La
population rurale vit dans les aires qui ont la catégorie de paroisses rurales.
91
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Annexe 2 :
Localisation de Wintza par rapport aux villes avec lesquelles elle s’est reliée.
92
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
93
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
2.5. Ganadería
2.5.1. ¿Qué animales?
2.5.2. ¿Cuántos animales?
2.5.3. ¿Dónde comen?
2.5.4. ¿Dónde duermen?
2.5.5. ¿Se realiza venta del abono?
2.5.6. Importancia del ganado en el sistema de producción
• ¿Los animales son para el consumo o para la venta?
• ¿Se trata de ganado menor o Mayor?
3. Población
3.1. Número total de personas en la comunidad
3.1.1. Hombres
3.1.2. Mujeres
3.1.3. Grupos de edad
3.2. Número de comuneros
3.3. Dinámica
3.3.1. Migración
• Temporal (2 – 3 meses)
• Definitiva
4. Otros
4.1. Actividades complementarias
94
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Itinerario Técnico
Comunidad: Fecha:
1. Rotación de Cultivos
C1 C2 C3 C4 C5 C6 C7 C8
Tiempo
2. Técnica
Observaciones (Proceso, herramientas, $,
2.1 Tamaño de Parcela: Si No Riego: consideraciones, etc.)
Arado
Rastra
TOTAL
2.2.3 Cultivo:
Manual Mano de Obra: Mecánica
Familiar Contratada Horas
# #
Deshierva
Aporque
Tratamientos
fitosanitarios
TOTAL
Limpieza
Selección
TOTAL
95
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Nombre: Comunidad:
Riego
Si No
Total de hectareas del propietario
Numero de parcelas
Tamaño de parcelas
96
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Ingreso
97
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
1. Topografía:
11 Valle: 12 Llano: 13 Pendiente suave: 14 Pendiente fuerte:
15 Quebrada:
2. Erosión:
21 Zona sin erosión: 22: Zona en proceso de erosión:
23 Zona erosionada:
32 Arbustos:
Otros: __________________________________________________________
33 Arboles:
Otros: __________________________________________________________
_________________________________________________________________________
98
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Para las asociaciones, incluir el porcentaje de la asociación, sin distinguir el porcentaje de cada especie.
Ejemplo: maíz + fréjol = 60%
7. Habitaciones:
8. Técnicas de cultivo:
Mojones : ___________________________________________
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Encuestadores: Fecha:
____________________________
____________________________
Observaciones:
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
101
Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
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DINAREN, 1980, Latacunga (carte géologique)
DINAREN, 1980, Latacunga (carte géomorphologique)
P HOTOGRAPHIES AÉRIENN ES
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Des villes qui croissent, des campagnes qui se dynamisent : l’exemple de Wintza en Equateur
Cartes
Carte 1. Wintza dans l’Équateur et l’Amérique du Sud 6
Carte 1.1. Semis urbain dans la région proche à Wintza 21
Carte 1.3 – 1.5. Croissance démographique selon périodes intercensitaires 29
Carte 1.6. Densités de la population en la région proche à Wintza, 2001 30
Carte 2. Wintza dans sa région proche 7
Graphiques
Graphique 1.1. Évolution de la population équatorienne entre 1800 et 2008 15
Graphique 1.2. Évolution de la population totale et urbaine en Équateur et évolution des pourcentages des urbains entre
1960 et 2011 (estimations) 17
Graphique 1.2. Nœuds urbains Équatoriens différenciés 24
Graphique 1.3. Chorotype des bassins intramontagnards dans les Andes de l'Équateur. 34
Graphique 1.4. Distances (kilomètres) entre Wintza et les principales villes des Andes Nord centrales de l’Équateur. 35
Graphique 2.1. Différence entre le prix du producteur et celui du consommateur dans la pomme de terre, pendant la
période janvier 2001-mai 2008 46
Graphique 2.2. Production des principaux produits des montagnes selon la taille de finages 47
Graphique 2.3. Modèle d’héritage de la propriété foncière à Wintza 49
Graphique 2.4 Wintza et ses relations avec les villes de sa région proche 64
Graphique 3.1. Exemple de l’estimation des maisons en Wintza dans les photographies aériennes 73
Graphique 3.2. État de la frontière agricole en 1976, 1993 et 2002 82
Photographies
Photographie 2.1 Structure agraire minifundiste comme effet des divisions de la propriété par l’héritage 50
Photographie 2.2 et 2.3. Développement de l’élevage paysan laitier d’altitude 57
Photographie 2.4 et 2.5 Permanence des jeunes dans l’aire rurale de Wintza 61
Photographie 3.1. Densification de l’aire rurale : centre de la commune de Yanahurco Grande 72
Photographie 3.2. Construction de nouvelles maisons comme indicateur de la croissance démographique dans l’aire de
Wintza 72
Photographie 3.3 et 3.4. Infrastructure pour l’irrigation 74
Photographie 3.5 Vue du paysage des versants et de la plaine de Wintza 79
Photographie 3.6. Montée de la frontière agricole 81
Tableaux
Tableau 1.1. Quantité de population dans les villes majeures de la région proche à Wintza, selon années des
recensements, et pourcentage de variation pendant les périodes intercensitaires 18
Tableau 1.2. Pourcentages de la population selon les secteurs de l’économie et des groupes urbains en Équateur, 2001
24, 25
Tableau 2.1. Schémas de rotation des cultures à Wintza pendant les années 1980, 1995, 2000 et 2007 51
Tableau 2.2. Prix et cycle végétative de la pomme de terre selon sa variété 55
Tableau 3.1. Évolution de la population de l’aire rurale du canton Latacunga et de la ville de Latacunga entre 1950 et
2001 70
Tableau 3.2. Estimation des pourcentages des aires cultivées selon produits en Novembre 2008 78
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