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FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]

6 Transformation digitale 78 Système bancaire


6 Digitalisation de l’économie : Le Maroc numérique en marche
10 Maroc Numéric 2013 : Une première stratégie au bilan mitigé
12 Maroc Digital 2020 : Pour l’émergence d’une véritable économie
numérique
16 Entretien avec Moulay Hafid Elalamy : MHE fait un premier bilan
18 Agence de développement du digital : Les professionnels réclament une
vision claire
20 Entretien avec Youssef El Alaoui : «La réactivité techno-règlementaire
fait toujours défaut au Maroc»
24 E-gov : Un essor encore loin d’être homogène
26 Fisc : Un modèle d’administration 100% digitale
28 Douane : La dématérialisation, un enjeu majeur pour l’ADII 78 La rentabilité toujours au rendez-vous
30 Sécurité sociale : Cap sur le tout digital pour la CNSS 80 Banques participatives : Quel bilan après un an d’activité ?
32 Conservation foncière : L’ANCFCC poursuit la digitalisation 82 Start-up : Démarrage prometteur du Fonds Innov Invest
de ses process
34 Numérique : Un vecteur d’inclusion sociale
36 Accès aux services de base : Quand le numérique change la donne
38 E-santé : Le Maroc prend enfin le virage numérique
84 Immobilier
40 Banques : A quoi ressembleront les GAB du futur 84 Le secteur dans l’expectative
42 Microfinance : Un secteur rattrapé par la digitalisation 86 Le Groupe Mfadel fait sensation au Smap Immo 2018 de Paris
44 Monétique : «2019 sera l’année du décollage du paiement sans contact»
48 PME : Entre marche forcée et retard pénalisant
52 Banques : 2018, grande année de disruption
54 Entretien avec Mohamed Saad : «Le secteur de la finance vient en tête
88 Société
Entretien avec El Mokhtar Bedraoui : Association Oum Keltoum :
des domaines les plus touchés» «Notre action a permis de changer la vie de personnes défavorisées»
58 Big Data : La nouvelle roue motrice des banques
60 Entretien avec Issam El Alaoui : «Pour une connaissance client affinée»
62 Disruption : Vers une plateforme blockchain nationale
64 Entretien avec Ahmed Rahhou : Technologies d’autonomisation/
Intelligence artificielle, ce que ça rapporte aux banques
66 Assurances : Le digital au service de l’inclusion financière
68 Entretien avec Khalid Aouzal : «Les intermédiaires seront
au rendez-vous»
70 Entretien avec Mohamed Najib Boulif : «L’acquéreur d’une voiture
pourra avoir sa plaque d’immatriculation dès l’achat»
72 Automobile : Le secteur en plein dedans !
76 Tourisme : Un businessmodel redéfini

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 3


EDITO
Directeur Général, responsable
de la publication
Fatima Zahra OURIAGHLI

Le train
Directeur des rédactions &
développement
David William
Rédacteur en chef

du digital
Amine Elkadiri
Journalistes
Charaf Jaidani (Resp. rubrique Automobile)
Leïla Ouriaghli
Adil Hlimi

L
Momar Diao
Youssef Seddik es technologies numériques peuvent être sources de transforma-
tion, en favorisant notamment l’inclusion, l’efficacité et l’inno-
Révision
vation, entre autres, du fait de l’ouverture large de l’informa-
Mohamed Labdaouat tion, des potentiels de création de biens informationnels et de
Directeur technique & maquettiste la démocratisation de l’information en général. C’est ce que dit
Abdelillah Chamseddine la Banque mondiale dans l’un de ses rapports.
Aujourd’hui, l’économie digitale mondiale est une réalité à
Mise en page
laquelle aucun pays ne saurait se soustraire. Au Maroc, plus que
Zakaria Beladal jamais, le développement du numérique est inscrit en priorité
Opératrice dans l’agenda du gouvernement. Une priorité incarnée par le Plan Maroc Digital 2020,
Fatiha Aït Allah porté par l’Agence de développement du digital créée à cet effet, et qui a pour
mission de mettre en œuvre la stratégie de l’Etat en
Assistantes de direction
matière de développement du digital et de promou-
Souad Aït Brahim voir la diffusion des outils numériques et la démocra-
Amina Khchai tisation de leur usage auprès du citoyen.
Département commercial Ce Plan se fixe quatre principaux objectifs : réduire Au Maroc, plus que
de 50% la fracture numérique, mettre en ligne 50%
Salma Benmakhlouf
des démarches administratives, connecter 20% des jamais, le développe-
Samira Lakbiri PME et positionner le Royaume comme première pla- ment du numérique est
Édition teforme numérique d’Afrique. inscrit en priorité dans
J.M.A CONSEIL Les objectifs fixés sont très ambitieux, à la hauteur
des ambitions de modernisation de l’économie natio- l’agenda du gouverne-
Impression
Maroc Soir
nale. Mais largement à notre portée. ment.
Actuellement, comme nous le confirme le ministre
Distribution de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et
Sapress de l’Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy, «la
stratégie digitale est en cours de déploiement, en
Adresse
partenariat avec les acteurs publics et privés concernés». Non sans préciser, entre
83, Bd El Massira El Khadra, autres, qu’on compte en ce moment près de 80 e-services administratifs opération-
Casablanca • Tél (0522) 98.41.64/66. nels développés au profit du citoyen et des entreprises.
Fax : (0522) 98.40.22 Bref, si il est mené à terme, ce Plan devrait permettre au Maroc de franchir un cap
majeur dans la transformation digitale de son économie. Sauf que dans le train du
Site web : www.fnh.ma
digital, il faudrait embarquer tout le monde. Pour ne pas creuser les distorsions et
créer un Maroc à deux vitesses. Et c’est cela l’un des principaux défis à relever.
Bonne lecture !

F. Ouriaghli

4 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Digitalisation de l’économie

Le Maroc numérique en marche


Le Maroc est résolu à accélérer sa transformation numérique : celle-ci touchera les secteurs critiques
de l’économie nationale, dont la logistique portuaire, la gestion urbaine, la santé et le commerce, ainsi que
les PME.
Le secteur financier est l’un des exemples les plus frappants du processus de transformation digitale
de l’économie nationale.

‘‘N
ous sommes transformation digitale, blockchain, la société, de nos comportements,
passés de fintechs…, sont autant de mots habitudes… à la faveur notamment
l’Homo erec- nouveaux qui s’invitent dans le d’une incroyable révolution numé-
tus à l’Homo langage courant, mais qui, surtout, rique qui a complètement boule-
numericus». induisent de profonds changements versé les économies du monde.
C’est ce que technologiques, et plus globalement Aujourd’hui, la transformation digi-
dit un célèbre banquier de la place, de l’approche que l’on a du monde tale monopolise les débats. Et sus-
Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank, économique dans sa globalité. cite nombre de questionnements.
pour ne pas le citer. Car, en moins de 50 ans, s’est Car si tout le monde s’accorde à
Numérisation, dématérialisation, opérée une véritable mutation de dire, aujourd’hui, qu’il ne faut pas
rater le train du digital, on consent,
tout autant, que l’on ne sait pas
Le secteur financier en vedette vraiment où va nous mener cette
transformation digitale. Dans quelle
Incontestablement, le secteur financier est l’un des exemples les plus frappants du
gare va-t-elle s’arrêter ?
processus de transformation digitale de l’économie marocaine. En tant qu’administration, C’est là toute la question.
la Direction générale des impôts (DGI) incarne parfaitement ce choix de la transformation
numérique. Elle s’est ainsi fixée comme objectif d’être une «véritable administration Un processus irréversible
connectée». Parmi les chantiers qu’elle a menés à terme, il y a la généralisation, Le train numérique, le Maroc l’a
en 2017, des télédéclarations et télépaiements à l’ensemble des entreprises. Elle a aussi pris, conscient que cette nou-
aussi développé de nouveaux services web et mobiles pour offrir à ses usagers plus velle donne induit forcément la
d’autonomie et de simplicité. nécessité de réinventer un nouveau
Ces mutations profondes ont ainsi impacté son mode de fonctionnement, la modèle en se basant sur les nou-
dématérialisation ayant permis de libérer des ressources humaines qui peuvent velles technologies, et afin de pou-
s’investir dans des tâches à plus forte valeur ajoutée. voir exploiter de manière efficace et
Ce processus de digitalisation de la sphère financière, le ministre de l’Economie et des optimale les données numérisées.
Ce processus en marche est irréver-
Finances, Mohamed Boussaid, en fait une analyse lucide. «Cette digitalisation croissante
sible, et reste perceptible dans sa
sur le secteur financier n’est pas due uniquement à la forte augmentation des actifs et
déclinaison au niveau de l’adminis-
des opérations financières, elle est aussi la conséquence d’une mutation technologique tration marocaine, à travers la stra-
qui s’est accélérée, notamment avec la démocratisation d’Internet et des réseaux tégie Maroc Digital 2020. L’objectif
sociaux, et qui va de plus en plus influencer le fonctionnement de la sphère financière», de cette stratégie est clair : offrir
affirme-t-il en substance. des services publics efficaces et
«Aussi, la digitalisation ne peut plus être appréhendée uniquement sur les aspects de qualité à travers un traitement
de maîtrise technologique, de gestion de la transition et de sécurisation des systèmes simplifié et automatisé de l’infor-
d’information. Elle doit plutôt être appréhendée comme un facteur profond de mutation mation.
qui va bouleverser tous les métiers de la finance et qui nécessite une véritable stratégie. Il s’agit ainsi de réduire considé-
Cette stratégie technologique à laquelle les régulateurs, les opérateurs et le monde rablement la fracture numérique,
économique et académique doivent s’associer, devra prendre en considération nos grâce notamment à la réalisation de
ambitions en matière d’intégration et de coopération régionale», ajoute-t-il. 50% des démarches administratives
…/…

6 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


…/… semble bien circonscrit, l’objectif La DGI a généra- technologies de l’information et de
par Internet et la connexion de 20% étant d’utiliser les projets e-gou- lisé, en 2017, les la communication pour reconfigurer
des PME marocaines. vernement pour moderniser l’admi- télédéclarations en profondeur les processus, les
«Nous avons une réelle opportunité nistration et les collectivités locales et télépaiements rendre efficaces et efficients, totale-
de faire la différence avec la straté- au service des citoyens et des à l’ensemble des ment orientés au service du citoyen
gie nationale Maroc Numeric 2020, entreprises. Il s’agit d’exploiter les entreprises. et de l’entreprise, indique-t-on. u
qui est un facteur de succès déter-
minant. L’un de ses objectifs straté-
giques est l’accélération de la trans-
formation numérique du Maroc en De la révolution industrielle à la révolution numérique
s’appuyant sur le volet e-Gov, avec Pour le paléoanthropologue Pascal Picq, qui intervenait lors d’un colloque organisé à
une vingtaine de projets structurels, Casablanca, ce n’est pas la première fois que le monde est confronté à un tel bouleversement.
dont 80% ont pour vocation une Toutes les grandes phases de l’évolution de l’humanité ont eu des impacts conséquents sur
transformation profonde des pro-
le mode de vie de nos sociétés. C’est le cas de la révolution industrielle avec, entre autres,
cessus administratifs. Il y a aussi la
l’apparition des bateaux à vapeur et le boom ferroviaire, des trente glorieuses, période
résorption de la fracture numérique,
car il s’agit de réduire de moitié la de forte croissance économique caractérisée par l’émergence des classes moyennes, ou
proportion de Marocains qui n’ont encore de ce que Picq appelle la troisième révolution industrielle, à savoir le 5ème cycle
pas accès à Internet et de porter à de Kondratieff (théorie des cycles économiques développée par l’économiste russe),
20% le taux de PME équipées d’une annonciateur d’une nouvelle ère de prospérité. Ce dernier, caractérisé entre autres par
connexion», nous confiait à ce titre l’émergence de la toile et des réseaux sociaux, aura permis à au moins 1 Md de personnes
la présidente de la Fédération maro- de sortir de l’extrême pauvreté. Mais la montée en force du numérique n’a pas le même
caine des technologies de l’informa- impact partout. «Elle s’est accompagnée d’une détérioration de la classe moyenne en
tion, des télécommunications et de Europe», fait remarquer Pascal Picq, non sans noter que tout cela impacte la gouvernance
l’offshoring (APEBI), Saloua Karkri- mondiale. Aujourd’hui, la question posée est de savoir quel modèle mettre en place pour
Belekziz. «La transformation digi- accompagner cette évolution, surtout dans un monde happé par ce que Picq appelle
tale touchera les secteurs critiques l’«appisation» (toutes ces applications pratiques que l’on utilise dans notre quotidien pour
de l’économie nationale, que sont
choisir un restaurant, prendre le train…), et où se côtoient intelligence artificielle, big data,
la logistique portuaire, la gestion
blockchain, robotisation, startupisation, imprimantes 3D…
urbaine, la santé et le commerce,
ainsi que les PME. Ainsi, le déploie- Pascal Picq dit à ce titre que «nous co-évoluons et la troisième co-évolution est en marche».
ment de la stratégie, l’opérationna- «Plus un écosystème est riche et complexe, plus les espèces se rendent des services
lisation des chantiers et la diffusion mutuels, plus ce système est pérenne et résiste à des espèces invasives, et chaque acteur
de l’usage des services numériques reçoit plus que s’il agissait seul», explique-t-il.
seront déterminants pour faire Par ailleurs, souligne Picq, «les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes ni les plus
entrer le Maroc dans l’économie intelligentes, mais celles capables de s’adapter». En clair, aujourd’hui, dans ce monde frappé
digitale», analyse-t-elle. par la transformation digitale, seules survivront les entreprises créatives et innovantes.
Du côté du ministère de tutelle, tout

8 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Maroc Numéric 2013

Une première stratégie au bilan


mitigé
Tout n’est pas à jeter
dans la première stratégie
développée par le
ministère de l’Industrie, du
Commerce et des Nouvelles
technologies. Si globalement
les objectifs chiffrés n’ont
pas tous été atteints, parler
d’échec est un poil excessif.

L
a première stratégie
digitale mise en œuvre
par le Maroc remonte à
2008, avec le lancement
de la stratégie nationale
«Maroc Numéric 2013».
Ce plan avait pour vision
de positionner le Maroc parmi les pays Globalement, les professionnels sont d’ac- Les objectifs en qui comporte le «Networked Readiness
émergents dynamiques dans le domaine cord pour dire que Maroc Numéric 2013 a matière d’équi- Index» permettant de juger de la capacité
des technologies de l’information, et de enregistré des résultats mitigés. Certains pement des PME d’un pays à utiliser au mieux les TIC dans
placer le Royaume comme un hub tech- objectifs n’ont pu être atteints. C’est le en SI profession- son développement, le Royaume est passé
nologique, générateur de richesses et de cas essentiellement pour le volet e-gov, nels, à travers de la 86ème place mondiale en 2008 à la
développement économique. qui a accusé beaucoup de retard, comme le programme 78ème en 2015.
Moussanada TI,
4 priorités stratégiques avaient alors été l’avais souligné un rapport de la Cour des Entre 2010 et 2012, le Maroc a gagné 6
sont l’un des
identifiées : la transformation sociale, les comptes en 2014. Idem pour le volet des places sur l’indice global e-Gouvernement
plus grands
services publics orientés usagers, la pro- PME et celui de l’équipement des établis- échecs de Maroc Index des Nations unies, et 48 places sur
ductivité de la PME et le développement de sements scolaires publics, qui ont enregis- Numéric 2013. le sous-indice «services en ligne». Et entre
l’industrie IT. Parallèlement à ces priorités tré des résultats très en deçà des attentes. 2012 et 2014, le Maroc a gagné 38 places
stratégiques, 2 mesures d’accompagne- sur l’indice global et 26 places sur le sous-
ment ont été déployées, à savoir la forma- Des avancées tout de même indice «services en ligne».
tion du capital humain et la mise en place Néanmoins, tout n’est pas à jeter. Des Malgré ces résultats mitigés, Maroc
d’un cadre législatif adéquat. avancées probantes ont pu être atteintes. Numéric 2013 a eu le mérite de mobiliser
Les objectifs fixés à l’époque parlaient de Ainsi, Maroc Numéric 2013 a permis la créa- les acteurs du secteur et de préparer le
la création, sur la période 2008 et 2013, tion de 26.000 emplois additionnels entre terrain à la Stratégie 2020 pour passer la
de 26.000 emplois additionnels, d’un PIB 2008 et 2013. Par ailleurs, l’équipement vitesse supérieure et corriger les erreurs.
additionnel direct de 7 milliards de DH, des foyers a connu une nette amélioration, Comme l’a résumé Moulay Hafid Elalamy
d’équiper 100% des établissements sco- avec un ratio de 1 foyer sur 3 connectés, à l’occasion du dernier Africa IT Expo de
laires, ainsi que la mise en œuvre d’une contre seulement 1 sur 10 au démarrage Casablanca, «le Maroc a des capacités très
centaine de projets e-gov. de la stratégie. largement au-dessus de ce que nous avons
Quel bilan dresser de cette première tenta- Par ailleurs, sur le plan du classement été capables de réaliser. Nous sommes
tive marocaine de faire du numérique un du Maroc dans les indices TIC internatio- un peu au bord de la piscine, mais nous
véritable levier de croissance, de création naux, notamment celui du World Economic mettons à peine les orteils dans le digital.
de richesses et de développement ? Forum (WEF); Il faut vraiment y plonger». u

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T ransformation digitale

Maroc Digital 2020

Pour l’émergence d’une


véritable économie numérique
Réduire de 50% la fracture
numérique, mettre en
ligne 50% des démarches
administratives, faire du
Maroc le premier hub
numérique de la région,
connecter les PME,
favoriser l’émergence
de champions nationaux
du numérique, etc. : la
stratégie Maroc Digital 2020
veut faire basculer le Maroc,
socialement
et économiquement, dans sionnels du secteur), la stratégie Maroc Maroc Digital présent de greffer un volet numérique à
une nouvelle ère numérique. 2020 ambitionne

A
Digital 2020 est construite autour de ce positionnement en tant que hub. De
partis pris forts. d’ancrer de façon quoi favoriser le développement d’un
irréversible le
près les résultats Le premier est que le développement du tissu d’acteurs du digital alimentés par
Maroc dans un
globalement miti- numérique est susceptible d’engendrer les grands projets de numérisation du
processus de
gés du plan Maroc des effets bénéfiques profonds sur la transformation pays. Cela passe nécessairement par le
Numeric 2013, le transformation économique et sociale digitale globale. renforcement de ce que les concepteurs
Maroc s’est investi d’un pays. Le digital peut agir en effet de la stratégie appellent la place Maroc
dans un nouveau sur l’Etat en réformant en profondeur numérique, à travers le lancement de
plan stratégique en le mode de fonctionnement de l’Admi- projets d’infrastructures d’envergure
vue de dynamiser le développement de nistration, sur l’économie en procurant (High Speed Data), mais aussi à travers
l’économie numérique. un nouveau souffle de compétitivité au la montée en compétence des res-
Ce plan, intitulé stratégie Maroc Digital tissu des entreprises, et sur la cohésion sources humaines et la mise en place
2020, a été présenté par Moulay Hafid sociale en réduisant la fracture numé- d’un cadre légal adéquat.
Elalamy, ministre de l’Industrie, du rique et en encourageant l’engagement D’ailleurs, et c’est là un autre parti
Commerce, de l’investissement et de citoyen. pris, la stratégie inaugure une rupture
l’Economie numérique, le 27 juin 2016, Pour que cette transformation soit effec- dans l’exécution et la gouvernance des
en présence du Roi Mohammed VI. tive, la stratégie a fait le choix d’une projets digitaux avec la création d’une
Son ambition est d’ancrer de façon logique de focalisation très forte de ne agence dédiée au développement des
irréversible le Maroc dans un proces- pas se disperser, pour ne pas répéter services publics numériques.
sus de transformation digitale globale. les erreurs du passé. Cela consiste à
Il s’agit aussi d’améliorer le niveau de se concentrer sur le lancement d’un Trois piliers fondamentaux
vie et le bien-être social des citoyens nombre réduit de projets, mais ayant un Sur le plan opérationnel, ces partis pris
et perfectionner de façon significative impact transformationnel réel. ont été déclinés en 3 piliers fondamen-
les services fournis par l’administration. L’autre parti pris de départ est d’ins- taux : la transformation numérique de
crire cette stratégie dans le position- l’économie nationale, l’émergence d’un
Des partis pris forts nement affirmé du Maroc en tant que hub numérique régional et la création
Selon ses concepteurs (ministère de hub régional sur les plans économique, d’une place numérique Maroc.
tutelle, en concertation avec les profes- financier et industriel. Il s’agit donc à …/…

12 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale
Architecture de la stratégie Maroc Digital 2020
…/…
PILIER - I PILIER - II
La transformation numérique de l’éco-
Transformation Numérique de
nomie nationale (Pilier I) se décline Hub Numérique Régional
l’Economie Nationale
en trois volets. Le premier concerne 1 E-GOV
4 Relance stratégique forte du
le e-gov, et consiste en un soutien à BPO sur l’Europe
la transformation de l’Administration
et à l’accélération de l’exécution des
2 Fracture
3 Transformations
5 HUB numérique Afrique
numerique sectorielles francophone
projets de technologies d’information. intégrées
La modernisation des plateformes IT
de l’Etat passe par le développement
d’un schéma directeur informatique glo-
6 ECOSYSTèME NUMÉRIQUE NATIONAL

Source : Ministère de l’Industrie


(TISSU D’ACTEURS)
bal, de l’interopérabilité des systèmes
et l’utilisation de centres de données PILIER - III
Place Numérique Maroc
mutualisés. Ce volet doit permettre une
rationalisation et une modernisation des 7 Infrastructures
8 Force de frappe RH 9 Réglementation
«plateformes cœurs» de l’Etat et la créa- datacom Maroc - Afrique numérique & «Doing IT»
tion d’une Agence dédiée aux services
publics numériques.
Le deuxième volet du Pilier I porte sur développer l’offre exportatrice numé- comme doter le Maroc d’une infrastruc-
la résorption de la fracture numérique, rique du Royaume. A ce titre, la stratégie ture Datacom, accélérer l’accès au haut
c’est-à-dire des inégalités entre citoyens Maroc Digital 2020 a fait de la relance du et très haut débit et généraliser l’accès
(mais aussi entre entreprises et entre Business Process Outsourcing (BPO), ou à la data-mobile.
territoires) face à l’accès au digital. La externalisation des processus d’affaires, La création d’un cadre juridique et régle-
réduction de cette fracture passe par la une priorité. Il s’agit de repositionner mentaire numérique approprié, assurant
connectivité pour tous, des programmes le BPO en direction de l’Europe, en un niveau satisfaisant de «Doing IT» ; et
d’enseignement dédiés, la généralisa- encourageant les modèles économiques le développement des compétences en
tion de l’accès public à la technologie orientés valeur ajoutée et la mise en formations en technologies de l’infor-
Wifi, en mettant l’accent sur les régions place d’une offre promotionnelle avec mation font également parti des actions
les plus défavorisées et les moins des incitations spécifiques. programmées par la stratégie 2020.
connectées. Enfin, le troisième volet Le développement d’un hub numérique
de ce Pilier concerne la transforma- régional francophone suppose égale- Des objectifs ambitieux
tion intégrée des secteurs critiques de ment des infrastructures et réseaux La stratégie nationale pour le digital
l’économie. Il s’agit principalement des physiques communs avec les pays de s’est par ailleurs fixée des objectifs très
secteurs de la logistique portuaire, de la la région et l’encouragement des talents ambitieux afin d’ancrer de façon déci-
gestion urbaine, de la santé et du com- africains à l’intégration des sociétés sive le Maroc dans l’émergence numé-
merce, avec une attention particulière marocaines. rique. Ainsi, en ce qui concerne la trans-
accordée à la PME. Quant au Pilier III portant sur la créa- formation numérique de l’administration
Le Pilier II, à savoir l’émergence d’un tion d’une place numérique Maroc, il publique, elle vise d’ici 2020 le top
hub numérique régional, consiste à regroupe plusieurs initiatives décisives, 3 dans la région Moyen-Orient-Afrique
(hors pays du CCG) dans le fameux clas-
sement e-Gov des Nations unies, et dans
Quels financements le Doing IT. Autres objectifs avancés :
50% des démarches administratives
Le financement de la stratégie est la somme de quatre sources : devront être réalisées et traitées en
1. Une participation des entreprises du secteur privé lorsque celles-ci participent à des ligne, réduire de moitié la proportion de
partenariats publics privés (PPP) ou à des groupements interentreprises publics et Marocains qui n’ont pas accès à Internet
privés (GIE). Ces modèles se prêtent bien au financement d’infrastructures télécoms, et porter à 20% le taux de PME équipées
d’infrastructures urbaines pour les smart-cities ou de Datacenter par exemple. Le d’une connexion.
mécanisme correspond à des dépenses d’investissement consenties partiellement par Notons enfin que la stratégie vise à
des opérateurs privés en échange de concessions rémunérées dans la durée. placer le Maroc à la première place
2. La mobilisation de Fonds spéciaux, tels que le Fonds de service universel des des hubs numériques en Afrique fran-
télécommunications (FSUT), ou d’autres fonds de développement comme le Fonds cophone, deuxième en Afrique derrière
l’Afrique du Sud, et réaliser une crois-
Hassan II pour le développement économique et social ou le Fonds de cohésion sociale.
sance annuelle comprise entre 5 et 10%
Ces sources conviennent bien, par exemple, au financement d’initiatives à vocation
pour l’offshoring. Sur le plan de la for-
d’équité numérique, de réduction de la fracture numérique, d’accompagnement des mation, le nombre de professionnels IT
TPE… formés au Maroc devra être doublé, pour
3. Le financement concessionnel via les bailleurs de fonds du Royaume, dont une partie atteindre 30.000 en 2020. Par ailleurs, la
pourrait être réallouée au volet IT des programmes qu’ils financent. stratégie vise à placer pas moins de 5
4. Le Budget de l’Etat, soit par réallocation des lignes budgétaires entre départements, à locomotives marocaines dans le top 30
la faveur d’une redéfinition des priorités, soit via des lignes budgétaires additionnelles. africain des entreprises IT. u

14 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale
Entretien

MHE fait un premier bilan


Dans cet entretien, Moulay Hafid Elalamy, ministre de
l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de
l’Economie numérique, fait un bilan d’étape de la stratégie
digitale 2020 qu’il a lancée en 2016. E-gov, PME, formation,
écosystème des start-up, etc. : le point sur les chantiers
en cours d’opérationnalisation.

Finances News Hebdo : Deux ans publics. Avec les mesures de la stra-
après le lancement de la Stratégie tégie digitale, le nombre de services
digitale 2020, celle-ci a-t-elle atteint en ligne développés est appelé à
son rythme de croisière ? augmenter.
Moulay Hafid Elalamy : La stratégie Le dernier Conseil d’administration
digitale est en cours de déploie- de l’ADD a effectivement validé un
ment en partenariat avec les acteurs certain nombre de projets liés à l’e-
publics et privés concernés. Parmi les gouvernement, qui visent la dématé- Moulay Hafid Elalamy
mesures importantes préconisées par rialisation des démarches administra-
la stratégie, figurait la création d’une tives, comme la mise en place d’une compétences et de professionnels IT
Agence dédiée au développement du plateforme d’échanges de données de haut niveau ?
digital chargée de l’exécution de la entre administrations.. M. H. E. : Le développement des
stratégie de l’Etat en la matière. La compétences est l’un des chantiers
loi portant création de l’Agence du F. N. H. : Le Maroc a-t-il les moyens prioritaires de la stratégie digitale
développement digital a ainsi été (infrastructures, financement, etc.) de pour répondre aux besoins croissants
adoptée en août 2017, et le premier devenir une «start-up nation» afri- du marché.
Conseil d’administration de l’Agence caine ? Comme je l’ai mentionné précédem-
s’est tenu en décembre dernier. M. H. E. : L’écosystème start-up maro- ment, le Conseil d’administration de
14 chantiers ont été actés à cette cain est émergent. Plusieurs initiatives l’ADD a acté, entre autres, le chantier
occasion, parmi lesquels la digitali- récentes vont lui permettre de se «Génération digitale», qui consiste
sation de l’administration, du secteur développer de manière substantielle, en la mise en place d’un Programme
privé et des citoyens, ainsi que les comme la création de l’ADD qui dis- national de formation. La feuille de
prérequis règlementaires, de forma- pose d’une direction «Ecosystème route de ce chantier est en cours
tion et d’infrastructure. Ces chantiers digital», le Fonds Innov Invest, les d’élaboration en concertation avec les
sont actuellement en cours d’opéra- dispositions de la Loi de Finances 2018 acteurs concernés.
tionnalisation. qui soutiennent l’entrepreneuriat, le
projet de loi sur le crowdfunding. F. N. H. : La stratégie digitale 2020 a
F. N. H. : A mi-parcours de la stratégie, Le Maroc a entrepris, par ailleurs, pour ambition de faire du Maroc un
quel bilan peut-on faire du volet E-gov plusieurs mesures d’ordre juridique, hub numérique régional. Qu’est-ce
qui vise à dématérialiser 50% des financier, d’infrastructures et de sen- que cela signifie concrètement ?
démarches administratives ? sibilisation/formation pour promou- M. H. E. : La stratégie «Maroc Digital»
M. H. E. : On compte aujourd’hui près voir davantage le développement des vise à positionner le Maroc en hub
de 80 e-services administratifs opé- PME. attractif au niveau régional. La
rationnels développés au profit du Pour un écosystème numérique plus démarche consiste à opérer, d’une
citoyen et des entreprises. Je citerai à performant et attractif, des mesures part, un repositionnement straté-
ce propos la gestion des réclamations ciblées sont déployées par l’ADD dans gique dans certaines filières comme
en ligne, la gestion des questions par- le cadre du chantier «Digital PME» qui le Business Process Outsourcing
lementaires, la prise de rendez-vous prévoit la mise en place d’un disposi- d’Europe, avec une approche pro-
en ligne, la gestion du courrier, du tif complet de digitalisation des PME. motionnelle rénovée, et à promou-
patrimoine, du workflow,etc. voir, d’autre part, les activités de
L’ensemble de ces services est en F. N. H. : Quelles sont les actions enga- hub numérique pour l’Afrique franco-
cours de généralisation au niveau gées ou prévues, dans le cadre de la phone, en développant une offre de
des administrations et établissements stratégie 2020, pour doter le Maroc de qualité. u

16 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Agence de développement du digital

Les professionnels réclament


une vision claire
La mise en place de
l’Agence de développement
du digital est globalement
bien accueillie.
Certaines voix alertent
toutefois sur le retard pris
dans la définition d’une

A
vision claire.

u cours de ces
dernières décen-
nies, le Royaume
a mis sur pied
plusieurs straté-
gies sectorielles
afin d’augmen-
ter le rythme de croissance de l’éco-
nomie nationale, qui continue d’être
pénalisée par plusieurs contraintes.
C’est dans ce contexte qu’a été lan- d’administration regroupe à la fois L’ADD est mier temps pas moins de 14 chan-
cée en juin 2016 la stratégie natio- les représentants des secteurs public chargée de tiers. Il s’agit, entre autres, de l’adap-
nale intitulée Maroc Digital 2020, un et privé, fournit aux opérateurs du mettre en œuvre tation du cadre réglementaire pour la
plan sectoriel dont le succès sera secteur numérique l’expertise néces- la stratégie de mise en œuvre des projets digitaux,
étroitement lié à l’Agence de déve- saire dans l’optique de renforcer leur l’Etat en matière de la mise en place de la plateforme
loppement du digital (ADD). compétitivité. de développe- d’échange de données (interopérabi-
L’ADD, établissement public créé Interrogé sur l’opportunité de la mise ment du digital. lité entre les différentes administra-
par la loi n° 61-16, a tenu son en place de ce genre d’entité dédiée tions) et de la promotion du digital
premier Conseil d’administration en à la promotion du digital, le top au sein des PME industrielles.
décembre 2017, sous la présidence management de l’Apebi affirme vou- Toujours au rang des priorités,
de Saad Eddine El Othmani, chef du loir développer un partenariat fort figurent la digitalisation du parcours
gouvernement. C’est dire la jeunesse avec le nouvel établissement public. de l’autoentrepreneur par l’entre-
de la nouvelle entité publique qui Le but recherché est de rattraper le mise d’une plateforme de dématé-
aura pour mission principale de pilo- retard numérique et d’accélérer la rialisation (dépôt de dossiers, mise
ter la stratégie du plan Maroc Digital mise en œuvre de la stratégie natio- en réseau avec les clients potentiels,
2020. nale en la matière. etc.), le renforcement des compé-
En effet, au regard de la loi 61-16, Du côté de la Fédération présidée tences, la création de zones franches
l’ADD est chargée de mettre en œuvre par Saloua Karkri-Belkeziz, l’on ne digital, ou encore le développement
la stratégie de l’Etat en matière manque pas cependant de faire de l’industrie 4.0 au Maroc,
de développement du digital et de remarquer qu’une vision claire de Une chose est sûre, la réussite de
promouvoir la diffusion des outils l’ADD tarde à sortir et que des efforts la stratégie nationale 2020 repose
numériques et le développement de allant dans le sens de la mise en en grande partie sur les épaules de
leur usage auprès du citoyen. Dans œuvre de celle-ci sont nécessaires. l’ADD, dont l’action sera détermi-
le même ordre d’idées, il est à noter Par ailleurs, à en croire la tutelle, la nante. u
que cette Agence, dont le Conseil jeune agence lancera dans un pre-

18 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale
Entretien

«La réactivité
techno-règlementaire
fait toujours défaut
au Maroc»
En matière de développement numérique, le Maroc a réalisé beaucoup
de progrès dans certains secteurs. Pour d’autres, du chemin reste encore
à faire.
Le point avec Youssef El Alaoui, vice-président général de l’Apebi,
Fédération marocaine des technologies de l’information,
des télécommunications et de l’offshoring.
Finances News Hebdo : Comment manque d’ambition.
l’Apebi œuvre-t-elle pour le développe- La fintech n’est pas assez digitalisée
ment numérique au Maroc ? dans notre pays à cause du poids de la
Youssef El Alaoui : Notre mission est de réglementation bancaire et financière;
renforcer le rayonnement et la repré- idem pour le secteur des assurances
sentativité de l’écosystème. Ainsi, nous qui peut être un créneau de création
participons activement à l’élaboration d’emploi et d’innovation.
des stratégies numériques nationales, Les télécoms s’en sortent assez bien
comme le Plan Maroc Numeric 2013 et du fait de l’agressivité du marché. Sur
la stratégie Maroc Digital 2020, et nous le e-gov, nous sommes classés 85ème
portons la voix de nos membres et de mondial, mais nous restons parmi les
son écosystème aux pouvoirs publics leaders en Afrique.
en participant au débat public afin De manière générale, le e-gov a bien
de maintenir des conditions règlemen- démarré, bien qu’il se limite principale-
taires et économiques favorables pour ment aux services de «collecte d’argent»
le secteur. comme les impôts, la douane et le
Nous avons aussi des programmes en règlement des infractions. Les autres
faveur de l’innovation et de soutien à la services, plus utiles aux citoyens, sont
start-up pour qu’elle puisse surmonter moins bien lotis, comme les demandes
Youssef El Alaoui
les difficultés de démarrage et franchir de documents administratifs et les
de nouveaux paliers de développement. déclarations en ligne.
Le retard de l’interconnexion électro-
F. N. H. : Quelle est votre appréciation nique entre les administrations reste
sur l’état de l’essor du digital dans le un frein pour le déploiement à grande
pays en comparaison aux autres Etats échelle des e-services. Le citoyen est
de la région MENA ? obligé de faire le «coursier» entre les
Y. E. A. : Des secteurs avancent bien administrations.
et d’autres moins. A mon sens, c’est Au niveau régional, nous n’avons pas
un problème de règlementation et de à nous plaindre, exception faite des

20 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


pays du Golfe, en particulier les Emirats «service au public» afin de pouvoir L’Apebi souhaite secteur et, surtout, pour former, enca-
Arabes Unis qui ont atteint des niveaux développer des services adaptés aux développer un drer et outiller l’administration et la
de digitalisation avoisinant les 100%, nouveaux usages. Ce qui impliquera partenariat avec PME, dans le but de réussir la transi-
grâce notamment à une réglementa- une réorganisation et un nouveau pro- l’ADD dans le cadre tion numérique. Maintenant, une vision
tion qui évolue au fur et à mesure de cessus pour plus d’efficacité et de de la Stratégie claire de l’ADD tarde à voir le jour; nous
Maroc Digitale
l’évolution technologique comme la transparence. espérons que cela va s’accélérer pro-
2020.
Blockchain, le Big Data et l’intelligence On doit également mieux gérer le volet chainement.
artificielle. Cette réactivité techno-règle- sécurité et confidentialité des données
mentaire nous fait toujours défaut au personnelles. Au final, il ne faut pas F. N. H. : Enfin, selon vous, que gagne-
Maroc. tomber dans la fracture numérique, raient l’économie nationale et les diffé-
dans la mesure où il faut accompa- rentes branches d’activité à se digitali-
F. N. H. : A votre avis, quels sont les gner les usagers et ne pas exclure une ser davantage ?
défis du Maroc en matière de dévelop- grande partie de la société n’ayant pas Y. E. A. : On parle de technologie de
pement numérique ? de culture numérique. Chacun doit y rupture, ne pas les adopter risque de
Y. E. A. : Le défi de la formation des trouver son compte. rendre certains businessmodels obso-
ingénieurs est réel. Nous en formons lètes. Et les exemples ne manquent
8.000 par an, contre 15.000 pour la F. N. H. : Comment avez-vous accueilli la pas. Il y a donc urgence à se mettre à
Tunisie. C’est insuffisant pour accom- mise en place de l’Agence de dévelop- niveau pour protéger notre économie.
pagner nos ambitions numériques. Sans pement du digital ? La digitalisation de l’administration
parler des départs à l’étranger, et ce Y. E. A. : Nous avons œuvré pour la mise permet la transparence et réduit les
pour plusieurs raisons. en place de l’Agence de développement intermédiaires, ce qui aura pour consé-
Il faut également adapter la formation du digital (ADD) et nous en sommes quence finale de diminuer considé-
aux nouvelles technologies. C’est d’ail- satisfaits. L’Apebi souhaite développer rablement la corruption. Elle favorise
leurs ce que nous essayons de faire au un partenariat avec l’ADD dans le cadre également l’inclusion sociale en rappro-
sein de l’Apebi, en partenariat avec les de la stratégie Maroc Digital 2020 afin chant des services à valeur ajoutée aux
organismes de formation. de rattraper le retard enregistré dans citoyens comme l’accès aux services
L’autre challenge est de placer l’usager le numérique, et d’accélérer et lancer financiers sur mobile, la e-santé et la
ou le citoyen au cœur de la stratégie : la mise en œuvre de la stratégie 2020 e-éducation. u
il faut que le «service public» devienne en favorisant l‘investissement dans le

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 21


T ransformation digitale

E-gov

Un essor encore loin d’être


homogène
Le Plan Maroc Digital 2020 vise, entre autres, la mise en ligne de 50% des démarches administratives
et la réduction de 50% de la fracture numérique.
Le Maroc a certes réalisé un bond en avant en matière d’e-gov, mais l’on assiste à un développement
à deux vitesses.

L’
Administration au Royaume l’équivalent de 5% du sion», confiait Omar Faraj, Directeur
marocaine fait produit intérieur brut. Ce qui repré- général des impôts, sur les colonnes
l’objet de plu- sente la bagatelle de 50 Mds de DH, de F.N.H (www.fnh.ma). Notons que le
sieurs critiques qui pourraient servir à la construction processus de digitalisation du fisc, de
(bureaucra- de 150 hôpitaux équipés et 300 éta- nature à améliorer la relation avec le
tie excessive, blissements scolaires. contribuable, devrait être parachevé
manque d’effi- Au-delà de cette facture particulière- d’ici fin 2018. Ainsi, les contribuables
cacité et de réactivité, etc.). La liste ment salée, il est utile de rappeler auront de moins en moins besoin
des griefs qui pénalise celle-ci est qu’en matière d’e-gov, le Maroc est d’arpenter les couloirs du fisc pour se
bien longue. Le numérique et la digi- classé à la 85ème place mondiale, ce procurer des documents ou procéder
talisation des procédures administra- qui lui vaut la stature de pays lea-
tives ne sont pas la panacée, mais der du continent africain. De plus,
ceux-ci contribuent au renforcement à l’échelle de la région MENA, le
de l’efficacité de l’action administra- Royaume n’est pas en reste, même si
tive. certains pays du Golfe, à l’instar des
«La digitalisation de l’administration Emirats Arabes Unis, ont atteint un
permet la transparence et réduit les taux de digitalisation de 100%.
intermédiaires, ce qui aura pour but
final de diminuer considérablement Un développement à deux
la corruption. Elle favorise également vitesses
l’inclusion sociale en rapprochant des Concernant le e-gov, le Maroc affiche
services à valeur ajoutée aux citoyens un développement à deux vitesses.
comme l’accès aux services financiers Ainsi, les administrations qui sortent
sur mobile, la e-santé et la e-édu- du lot ont trait aux services de col-
cation», confie Youssef El Alaoui, lecte des recettes publiques. A ce
vice-président général de l’Apebi, la titre, il y a lieu de citer les chan-
Fédération marocaine des technolo- tiers menés par l’administration des
gies de l’information, des télécom- douanes et des impôts indirects (ADII)
munications et de l’offshoring (Voir ou encore la direction générale des
entretien). impôts (DGI), avec des effets notables
L’une des récentes sorties du chef de sur l’efficacité de ces entités..
gouvernement montre la nécessité «Grâce à la dématérialisation de
pour le Maroc de hâter le processus nos procédures, la charge de travail
d’implémentation de l’e-gov, qui per- induite par certaines activités a été
mettrait donc de réduire la corruption réduite. De ce fait, près d’un millier de
au sein de l’administration publique. personnes seront réaffectées vers les
A en croire Saad Eddine El Othmani, métiers du contrôle et du traitement
la corruption (malversations, clienté- des données pour conférer la visibilité
lisme etc.) fait perdre annuellement nécessaire et aider à la prise de déci-

24 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


aux réclamations. Quelques réalisations-phares des versions papier du bulletin est
Dans le même temps, notons que la La commande en ligne de documents aussi possible.
dématérialisation des déclarations à d’état civil est possible au Maroc sur
la CNSS via Damancom est devenue le site www.watiqa.ma. Ce service Des chantiers en retard
une réalité. La déclaration et le paie- permet au citoyen de commander via Les quelques réalisations passées
ment en ligne des cotisations ont Internet l’extrait d’acte de naissance en revue montrent que des efforts
pour objectif de réduire les délais de et la copie intégrale de l’acte de nais- ont été déployés par les pouvoirs
traitement des déclarations, l’accélé- sance. Ces documents sont envoyés à publics pour parachever le chantier
ration du versement des différentes l’intéressé par courrier recommandé de l’e-gov. Pourtant, du chemin reste
prestations de la CNSS, avec des à l’adresse de son choix et même à encore à faire, car il subsiste plu-
économies de gestion administrative l’étranger. sieurs obstacles à surmonter. Il y a
à la clef. Le service de demande en ligne lieu notamment le manque d’outils et
De plus, l’entité publique dirigée par du casier judiciaire est également d’infrastructures adaptés, notamment
Saïd Ahmidouch a mis sur pied une opérationnel. Il permet aux citoyens dans les zones enclavées.
offre de services multicanal, à travers d’effectuer la demande en ligne et Le retard pris pour l’adaptation
la mise en ligne des services électro- choisir le tribunal de retrait le plus législative et réglementaire ainsi que
niques au profit de ses clients, qu’ils proche. Il est possible de suivre en le manque de compétences informa-
soient employeurs ou salariés, mais ligne l’état de la demande et recevoir tiques des agents publics, constituent
aussi pour les différents partenaires. une notification une fois l’extrait prêt. autant de freins à la mise en œuvre
Cette nouvelle démarche a généré D’autres exemples édifiants sont éga- du programme e-gov.
une communication en temps réel. lement à mentionner. Il s’agit des ser- Dans le même ordre d’idées, la bar-
A contrario, d’après le vice-président vices de prise de rendez-vous médi- rière culturelle est un frein non moins
général de l’Apebi, d’autres ser- caux par Internet et la commande en important. Pour cause, bon nombre
vices utiles aux citoyens affichent ligne de la publication des annonces de personnes ont une aversion pro-
un retard, notamment les demandes légales destinées aux entreprises. noncée pour le changement. D’où
de documents administratifs et les Ces dernières peuvent ainsi com- la nécessité pour le gouvernement
déclarations en ligne. Les causes ont mander en ligne la publication des La barrière de déployer davantage d’efforts en
trait au déficit d’interconnexion élec- annonces légales, procéder au règle- culturelle est matière de sensibilisation.
tronique entre les administrations. ment par voie digitale des frais de un frein au En définitive, le programme e-gov est
Ce qui étouffe la multiplication des publication et suivre en ligne l’état de développement certes vecteur de progrès, mais sa
e-services administratifs. la demande. La commande en ligne de l’e-gov. réussite est conditionnée par l’impé-
ratif de renforcer la gouvernance,
nécessaire pour faire avancer les
projets transverses et structurants. u

L’ADD, une pièce


maîtresse
Le rôle de l’Agence de
développement du digital
(ADD) pour l’accélération de
l’implémentation de l’e-gov est
prépondérant. Elle a la mission de
concevoir et de mettre en œuvre
les projets de l’administration
électronique, tout en développant
des prestations numériques dans le
cadre du programme e-gov.
De fait, l’ADD constitue une pièce
maîtresse du plan Maroc Digital 2020
qui vise entre autres les objectifs
suivants : la mise en ligne de 50%
des démarches administratives,
la réduction de 50% de la fracture
numérique ainsi que la connexion
de 20% des PME.

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 25


T ransformation digitale

Fisc

Un modèle d’administration
100% digitale
La Direction générale
des impôts a fait de la
dématérialisation totale de
ses procédures fiscales une
priorité absolue. En peu de
temps, les objectifs assignés
par le patron du fisc ont été

D
atteints.
isons-le d’emblée :
parmi toutes les
administrations
publiques, la
Direction générale
des impôts (DGI)
est l’une des plus
avancées en matière de dématérialisa-
tion des procédures fiscales.
L’entité dirigée par Omar Faraj a fait du travail des agents fiscaux, permettant Depuis son ar- téléservices intitulé SIMPL en lançant 5
développement et de la généralisation ainsi de dégager des ressources qui rivée à la tête de nouvelles attestations fiscales en ligne :
des téléprocédures sécurisées, l’une seront redéployées vers des tâches à la DGI en 2015, attestation de revenu, attestation d’éli-
de ses priorités stratégiques. L’objectif plus grande valeur ajoutée, comme Omar Faraj a fait gibilité de l’acquéreur à l’exonération
avoué de la DGI est de parvenir à la le contrôle et le conseil. Ainsi, Omar de la dématéria- de la TVA du logement social, attes-
dématérialisation totale des procédures Faraj nous apprenait que grâce à la lisation de tation d’imposition à la taxe d’habi-
fiscales dès 2018. Cela signifie concrè- dématérialisation, près d’un millier de l’ensemble des tation/taxe de services communaux,
procédures du
tement que nul contribuable (personne personnes sont en cours de réaffecta- attestation du chiffre d’affaires réalisé
fisc une priorité.
morale ou physique) n’est dans l’obli- tion vers les métiers du contrôle et du à l’exportation, ainsi que l’attestation
gation de se présenter au niveau de traitement des données. de la valeur locative. Dans la foulée, fin
l’administration fiscale afin de réaliser Les résultats n’ont pas tardé à produire juin 2018, le fisc a lancé de nouvelles
des transactions ou obtenir des attesta- les effets escomptés : selon le rapport attestations en ligne relatives à l’achat
tions. L’externalisation du paiement de annuel de la DGI, à fin 2017, le nombre en exonération, en suspension de la
la vignette et la dématérialisation des des adhérents au guichet électronique TVA, et l’achat au taux réduit de 7%.
déclarations et du paiement de la taxe SIMPL a augmenté de 76%, et le nombre Les attestations d’imposition forfaitaire,
sur la valeur ajoutée (TVA), de l’impôt d’opérations de télépaiement a bondi de non-imposition à la taxe d’habitation
sur les sociétés (IS) et de l’impôt sur le de 513% par rapport à l’année 2016, et à la taxe de services communaux
revenu (IR), ainsi que le dépôt en ligne correspondant à une recette de 106,98 (TH-TSC), ainsi que de résidence fiscale,
des actes notariaux, constituent autant milliards de DH, représentant 76% des sont également désormais disponibles
d’exemples en la matière. recettes spontanées. en ligne.
L’externalisation de ces prestations pré- Signalons enfin que la DGI a entre-
sente un double avantage pour le fisc : Nouvelle vague d’attestations pris un vaste chantier Data, visant
d’une part, elle améliore la qualité des en ligne l’assainissement et l’enrichissement du
services délivrés aux contribuables et, Plus récemment, durant le mois de juin contenu informationnel de ses bases de
d’autre part, elle allège la charge de 2018, la DGI a étoffé son bouquet de données. u

26 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Douane

La dématérialisation, un enjeu
majeur pour l’ADII
L’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) est l’une des administrations marocaines pionnières
en matière d’utilisation du digital. Les solutions et les plateformes développées n’ont rien à envier à ce qui
existe à l’international. L’objectif est de répondre aux besoins des opérateurs économiques nationaux et

L
étrangers, dans les meilleures conditions possibles.

e Maroc est réso- dépassé un million de déclarations. des services assurant fluidité et trai-
lument ouvert éco- L’ensemble des rubriques sont en tement des dossiers avec efficacité et
nomiquement à hausse, à l’exception des droits rapidité, tout en assurant un meilleur
l’international. La d’importation dus à la composante contrôle des opérations.
valeur des impor- blé du fait d’une campagne agricole
tations a atteint en très bonne», indique Nabyl Lakhdar, Objectif zéro papier
2017, 443,7 Mds de Directeur général de l’ADII, dans une «Nous sommes bien en avance par
DH, et celle des exportations culmine conférence de presse.
à 244,9 Mds de DH. C’est un flux Dans le cadre des efforts déployés par
d’échange que l’ADII doit gérer minu- la Douane en matière de gouvernance,
tieusement à travers plusieurs postes de simplification et de fluidité des
frontières, assurant au passage des procédures et de la qualité de service
ressources à l’Etat à travers la collecte proposée aux entreprises, l’ADII mise
des différentes taxes. sur la généralisation du digital. Le
«En 2017, nous avons battu un record déploiement de la digitalisation est
en matière de recettes qui se sont l’un des axes majeurs du plan stra-
chiffrées à 95 Mds de DH et nous tégique initié par la douane en 2017
ambitionnons pour 2018 d’atteindre et qui devrait s’étaler jusqu’en 2021.
100 Mds de DH. Aussi, nous avons Il s’agit de proposer aux entreprises

Le dédouanement de véhicule facilité


Plus de 140.000 véhicules neufs et 20.000 d’occasion sont dédouanés
annuellement. Chaque véhicule dispose de ses propres caractéristiques
techniques et de son origine de construction, ce qui nécessite un traitement
tarifaire particulier qui est de 0% pour l’Union européenne, 10% pour les
Etats-Unis et 17% pour le reste du monde. Le traitement de ces informations
nécessite un service performant capable de répondre aux besoins de ces
usagers et aussi de l’Administration en matière de réglementation et de
normes. Cette solution offre la simulation concernant le montant des droits
et taxes à payer. Le service online informe sur la procédure de dédouanement
à suivre des véhicules automobiles et motocycles à deux roues d’une
cylindrée supérieure à 80 cm3, qui diffère selon le type d’usager et selon
que le dédouanement s’effectue auprès d’un bureau douanier d’entrée
(aux frontières) ou d’un bureau douanier situé à l’intérieur du Royaume.
Le traitement diffère aussi selon le profil du demandeur qui peut être un
concessionnaire reconnu, un MRE ou un résident au Maroc.

28 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


rapport à nos objectifs, qui seront automatisée de la douane, a valu à d’information sont conçus indépen-
atteints en 2019. Au niveau de la l’ADII une nette avancée en matière damment, en utilisant un moyen de
dématérialisation, nous envisageons de traitement des marchandises tant télécommunication et des standards
zéro papier le plus tôt possible», à l’importation qu’à l’exportation. Ce agréés sur le plan international.
assure le DG de la Douane. système prend en charge la totalité Les personnes concernées par le
Par ailleurs, et en collaboration avec des procédures douanières, tout en système, pour la création et l’enre-
plusieurs partenaires, notamment intégrant des concepts nouveaux, tels gistrement des déclarations, sont
bancaire, la Douane a développé l’anticipation et l’interactivité avec notamment les consignataires mari-
des outils numériques de dernière l’opérateur. Avec Badr, la Douane times et aériens, les dépoteurs et les
génération, comme les moyens de assure une meilleure maîtrise de la exploitants MEAD (Magasins, entre-
paiement sécurisés, le e-banking et gestion et une plus grande effica- pôts et aires de dédouanement)
les points de service. cité des contrôles des opérations de pour la phase de mise en douane
«Nous voulons, à travers le numé- dédouanement. Il constitue le pilier (déclarations sommaires), les tran-
rique, réduire le délai des traitements sur lequel s’appuie le concept de sitaires et les opérateurs déclarants
des déclarations pour passer de 6,4 dédouanement électronique. et les transporteurs pour les états de
jours en 2017 à 5 jours en 2018», Pour ses utilisateurs, il permet chargement.
explique le patron de la Douane. notamment de bénéficier, à moindre S’inscrivant dans l’esprit de l’e-admi-
L’ADII propose en outre plusieurs coût, de divers avantages : disponi- nistration, Badr offre la possibilité de
services en ligne comme le dédoua- bilité, mobilité, ergonomie, utilisation traiter online une trentaine d’opé-
nement des marchandises (Badr), des équipements et logiciels stan- rations. Il est possible par exemple
des véhicules importés, la déclaration dards,... A travers le de réaliser la souscription de la
numérique, la
d’un véhicule, le suivi des comptes, Les échanges de données numé- déclaration en douane d’établir un
Douane veut
la consultation des admissions tem- riques, commerciales et administra- devis estimatif des droits et taxes, de
réduire le délai
poraires des véhicules non apurées. tives sont structurés et répondent des traitements consulter le tarif intégré. Le système
aux meilleures normes en matière de des déclarations permet également le paiement élec-
Badr : pilier du dédouanement sécurité. Les messages sont prééta- pour passer de tronique des droits et taxes, l’édi-
électronique blis et normalisés entre deux ou plu- 6,4 jours en 2017 tion du certificat de décharge des
Le système Badr, qui est la base sieurs partenaires dont les systèmes à 5 jours en 2018. comptes sous régimes économiques
en douane ou la mainlevée et sur-
tout la consultation en temps réel de
l’état d’avancement du circuit de la
déclaration. u

Quand le contentieux
devient digitalisé !
A partir du 1 er août 2016, l’ADII
a dématérialisé les opérations de
contentieux et de recouvrement des
créances. Cette dématérialisation a
été saluée par les professionnels. Un
point noir dans le relationnel entre
les entreprises et l’ADII a été effacé,
assurant plus de transparence et
de célérité dans le traitement des
opérations. Cette option a permis
de réduire sensiblement le contact
entre les agents de l’administration
et les opérateurs.
Cette nouvelle fonctionnalité vise
à dématérialiser ces procédures
qui étaient jusque-là longues et
fastidieuses. Elle prend en charge
les différents circuits des litiges,
de leur constatation à leur clôture
en passant par le règlement
transactionnel ou judiciaire ainsi que
le recouvrement.

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 29


T ransformation digitale

Sécurité sociale

Cap sur le tout digital


pour la CNSS
La Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS) a entamé le virage digital
depuis le début des années 2000. Elle a, au fil des ans, amélioré ses
prestations numériques au profit des affiliés, des adhérents et aussi de ses
partenaires.

L’
institution portail Damancom. A fin 2017, cette les agences de la CNSS est de savoir
traite des plateforme a séduit plus de 150.000 s’il est déclaré ou pas. Aujourd’hui, il
données entreprises affiliées et a réduit sensi- peut vérifier sa situation sur le net»,
considérables blement le temps et l’effort de traite- affirme Ahmidouch.
au niveau ment des données. Au lancement, ces La CNSS a mobilisé d’importants inves-
quantitatif changements n’ont pas été assimilés tissements tant au niveau technique
émanant de par les usagers, mais avec le temps, que des procédures. Le système clas-
217.000 entreprises et 3,38 millions de les personnes du privé concernées sique nécessitait 5 millions de pages à
salariés, et elle sert plus de 560.000 par la sécurité sociale ont majori- traiter annuellement, mais ce nombre
pensions. Par ailleurs, la CNSS, à qui a tairement accepté ces outils tech- a été réduit à 800.000 seulement. «Le
été confiée la gestion de l’Assurance nologiques. Aujourd’hui, Damancom digital nous a permis d’éviter les va-
maladie obligatoire (AMO), cible une regroupe près de 3 millions de sala- et-vient avec la CNSS et aussi le traite-
population de 6,5 millions de per- riés sur les 3,3 millions déclarés, éta- ment rapide des documents, avec une
sonnes. blissant un lien direct et à distance conservation sécurisée des données
C’est la raison pour laquelle la Caisse entre la Caisse de la sécurité sociale qui peuvent être demandées en cas
s’est engagée dans un long processus et les adhérents. de contrôle ou pour la comptabilité»,
de transformation digitale afin de «Damancom permet aux assurés de témoigne Hanane Idrissi, directrice
mieux servir ses clients. s’enquérir de leur situation vis-à-vis des ressources humaines dans une
«Nous sommes engagés à amélio- de la CNSS. Par le passé, des per- entreprise à Casablanca.
rer l’efficience administrative et opé- sonnes se retrouvaient, après 30 ans Pour la CNSS, ce basculement vers
rationnelle de notre système et à de travail, dépourvus d’indemnités le numérique a également permis
garantir des prestations de qualité car ils n’avaient pas vérifié si les de réduire les ressources humaines
aux assurés et entreprises affiliés afin cotisations de leur employeur étaient dédiées au traitement des données,
de mieux répondre à leurs besoins envoyées. Preuve en est, le premier et de les redéployer vers d’autres
et d’être à la hauteur de leurs aspi- motif de visite d’un adhérent dans activités à plus forte valeur ajoutée
rations», souligne Said Ahmidouch, comme le contrôle. Il est également
Directeur général de la CNSS. un gage vers plus de transparence.
«Pour relever tous ces défis, nous Par ailleurs, la CNSS lance régulière-
avons accordé une grande importance ment des études et des prospections
au digital. La dématérialisation est auprès des entreprises et des salariés
devenue un de nos axes stratégiques. pour recueillir des éléments concer-
Cela permettra de renforcer la proxi-
Le basculement vers le numérique nant leurs attentes et les points à
mité avec les adhérents et les affi- a permis de réduire les ressources humaines améliorer au niveau de la dématéria-
liés», ajoute-t-il. dédiées au traitement lisation.
Le chantier numérique de la CNSS Outre le portail de Damancom, la
a commencé en 2003 avec le lance- des données. CNSS a lancé en 2011 le portail des
ment de plusieurs e-services, dont le assurés dédié à la consultation du

30 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


récapitulatif de carrière, de l’état de tions, des bordereaux de déclaration De nombreux fois qu’il est possible les applications
traitement des dossiers des presta- ou autres ou d’adhésion à l’AMO, services online et les e-services que nous proposons
tions servies par la CNSS, ainsi que du demande de remise ou de majoration sont proposés pour les rendre en adéquation avec
paiement périodique des pensions et de retard de paiement, de déclaration tant pour les as- l’évolution des nouvelles technolo-
surés que pour
des allocations familiales. de nouveaux salariés. gies», indique-t-on à la CNSS. u
les employeurs.
Par ailleurs, de nombreux services «Bien que la loi ne nous oblige pas
online sont proposés tant pour les à le faire, nous actualisons chaque
assurés que pour les employeurs.
Plusieurs demandes peuvent être
traitées comme celles ayant trait à Des offres pour les personnes connectées
l’affiliation, la souscription ou à l’as-
surance volontaire, le remboursement
des cotisations salariales réservées
aux ayants droit ou celles réser-
vées aux salariés, d’indemnité pour
perte d’emploi, de remboursement
de congé de naissance, de pension
de vieillesse, de retraite anticipée ou
d’attestation. Les demandes peuvent
être formulées numériquement pour
rectifier les données personnelles en
cas d’erreur.
D’un autre côté, les assurés ayant
opté pour l’AMO peuvent suivre leur
dossier et connaître la date de rem-
boursement et, éventuellement, s’il y
a des ajustements à faire, surtout que
le nombre des adhérents va considé-
rablement augmenter avec l’élargisse- Pour répondre à une population de plus en plus connectée, la CNSS a lancé l’application MaCnss
ment de la couverture. qui peut être téléchargeable sur les smartphones et tablettes. Elle assure un accès sécurisé 7j/7
Pour les entreprises, plusieurs ser- et 24h/24 aux différents services disponibles gratuitement comme les actualités de la CNSS,
vices sont disponibles via le portail les réclamations et les suggestions, la géolocalisation, la déclaration de salaire, la composition
de la CNSS, comme la demande d’ins- familiale ou les prestations.
cription au service de télépaiement La nouvelle version de Damancom inclut plusieurs nouveautés, dont l’immatriculation et l’affiliation
des cotisations sociales, d’immatri- en ligne, la télédéclaration groupée et les notifications des missions d’inspection et de contrôle.
culation ou la déclaration des lieux Cette solution assure la consultation de l’historique complet des déclarations de salaires ou encore
d’activité, de modification d’informa- la simulation du montant de la retraite, entre autres.

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 31


T ransformation digitale

Conservation foncière

L’ANCFCC poursuit
la digitalisation de ses process
Tous les services liés aux
activités du cadastre et de la
cartographie sont désormais

L’
digitalisés.
Agence natio-
nale de la
conservation
foncière, du
cadastre et de
la cartographie
(ANCFCC) pour-
suit son développement stratégique,
et entame une nouvelle phase du
processus de digitalisation de ses y afférents et engageant leurs tran- L’ANCFCC va titres fonciers dès cette année 2018»,
process. sactions de bout en bout. digitaliser pro- informe l’ANCFCC. Cette dernière
Le 2 juillet, l’ANCFCC a ainsi pro- «Ce nouveau palier dans la digi- chainement les accueille d’ailleurs chaque année plus
cédé au basculement en mode digital talisation des services de l’ANCFCC procédés liés de 3 millions d’usagers, dont 1 million
de l’ensemble de ses services liés intervient alors que le rythme de pro- aux activités de via le portail aujourd’hui.
notariat.
aux activités du cadastre et de la duction en matière d’immatriculation A noter que la prochaine étape por-
cartographie, à travers une plate- foncière atteint des niveaux inégalés, tera sur la digitalisation des procédés
forme baptisée «L’espace Cadastre avec la production annuelle de 350.000 liés aux activités de notariat. u
et Cartographie», permettant de
répondre avec fluidité et transpa-
rence aux besoins de ses partenaires
professionnels, notamment les ingé-
Dans la continuité de «Mohafadati»
nieurs géomètres-topographes (IGT). L’ANFCC a inscrit la digitalisation de ses services au cœur de son processus de modernisation. En juin
Aujourd’hui, près de 1.000 dossiers 2017 déjà, un pas important a été franchi avec le lancement de «Mohafadati», un nouveau service
cadastraux sont traités quotidienne- de suivi des biens et titres fonciers. Ce dispositif propose aux usagers une nouvelle plateforme
ment, exclusivement par voie digitale sécurisée permettant de suivre, à distance, leurs biens immatriculés.
à travers le Royaume. Après inscription sur le site www.ancfcc.gov.ma, qui consiste à renseigner puis à déposer le
Cette évolution des services de l’admi- formulaire de demande à la conservation foncière la plus proche, les utilisateurs de ce nouveau
nistration verse en faveur de la com- service sont systématiquement informés de toute opération inscrite sur leurs titres fonciers par mail
pression des délais, la sécurisation et par sms. Ils ne sont donc plus dans l’obligation de se déplacer afin de se renseigner sur leurs
des canaux d’échange d’informations, biens et sont automatiquement alertés dès qu’une opération est effectuée sur un titre dont ils sont
la traçabilité absolue et l’interaction
propriétaires : hypothèque, saisie, vente totale ou partielle...
en temps réel entre la plateforme et
Poursuivant sa stratégie de digitalisation, l’ANCFCC a signé, en décembre 2017, une convention avec
les utilisateurs. Aussi, la formule digi-
talisée doit permettre d’instaurer un
l’Ordre national des ingénieurs géomètres-topographes (ONIGT). Elle vise la dématérialisation des
guichet unique entre le Cadastre et la services de l’Agence destinés aux ingénieurs géomètres-topographes.
Conservation foncière, ce qui donne la Cette convention repose sur quatre principes généraux fondamentaux, à savoir le rôle de l’Agence en
possibilité aux utilisateurs de profiter matière de conservation, de cadastre et de cartographie, la mission de l’ONIGT en tant que partenaire
d’une seule et même plateforme pour stratégique dans ce cadre, le renforcement de la transparence et de la communication entre l’ANCFCC
consulter l’ensemble des documents et l’ONIGT ainsi que le renforcement et la préservation des pratiques déontologiques dans le secteur.

32 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Numérique

Un vecteur d’inclusion sociale


Le train du numérique est
en marche, mais il faudra
une volonté politique forte
pour ne pas créer un Maroc

L
à deux vitesses.
a révolution numé-
rique… a révolution-
né le monde. C’est
le cas de le dire.
Au Maroc comme
ailleurs, un nouvel
ordre s’est instal-
lé où l’outil technologique occupe
désormais un rôle central dans le
processus de développement socioé-
conomique.
Si au Maroc le numérique est souvent
associé à l’inclusion financière, à la
faveur notamment du développement
des services financiers dématériali-
sés, il n’en demeure pas moins qu’il La répartition du parc mobile, selon Grâce au pour être au fait de ce qui se passe
reste également un véritable vec- le mode de facturation, fait ressortir développement dans le monde, accéder à certains
teur d’inclusion sociale. Aujourd’hui, une croissance annuelle de 10,38% du d’Internet, le services, mais également pour pré-
grâce au développement d’Internet, parc post-payé qui a atteint 3,29 mil- Maroc profond server les liens sociaux et familiaux.
le Maroc profond est connecté, moins lions abonnés. Le parc des abonnés est désormais A l’inverse, on peut aussi se deman-
seul, porté par la révolution digitale. prépayés s’est établi à 40,62 millions connecté. der si l’accès au numérique n’est pas
Rappelons, à ce titre, quelques d’abonnés à fin 2017, en hausse de en train de favoriser une certaine dis-
chiffres. Dans sa dernière note de 5,43% sur un an, indique l’ANRT. torsion sociale. Car, à côté, il y a tous
février 2018, l’Agence nationale de De même, précise la même source, ceux qui, pour diverses raisons, y
réglementation des télécommunica- la couverture des réseaux 3G/4G s’est ont un accès limité, voire n’y ont pas
tions (ANRT) fait ainsi savoir que le notablement améliorée durant 2017, accès du tout. Le numérique encou-
parc Internet (fixe et mobile) s’est au vu des investissements engagés ragerait-il alors l’exclusion sociale,
établi à 22,2 millions à fin 2017, par les opérateurs pour le déploie- culturelle, voire économique ?
réalisant une hausse annuelle de ment de nouveaux sites ainsi que la Ce débat, déjà posé ailleurs, se pose-
30,1% pour un taux de pénétration densification des réseaux 2G/3G/4G ra certainement au Maroc, d’autant
de 63,67%. Celui de l’Internet mobile pour améliorer la qualité des services que, de plus en plus, l’on s’achemine
s’est établi à 20,83 millions d’abon- offerts et les débits des télécharge- vers la multiplication de la déma-
nés, soit une progression annuelle ments. térialisation des services proposés
de 31,69% (soit près de 5 millions à la collectivité. Ce qui, forcément,
d’abonnements nets). Tout le monde tapote, mais… entraînera des inégalités d’accès au
L’Internet mobile 4G a atteint plus de Aujourd’hui, tout le monde tapote sur numérique entre ceux qui sont plus
6,8 millions de clients à fin décembre un clavier, même ceux qui ont une éduqués et mieux formés et ceux qui
2017 contre 2,8 millions de clients à aversion pour l’outil technologique. Il ne le sont pas.
fin 2016, soit une hausse annuelle de faut dire que l’avènement du smart- D’où l’importance de la stratégie
près de 143%. phone a induit de profondes muta- Maroc Digital 2020 qui devra incar-
Quant au parc mobile, il s’établit à tions au sein de la société. En 2017, ner une forte volonté politique de
43,92 millions d’abonnés, avec un pas moins de 70% de la population résorber les distorsions et de faire du
taux de pénétration de 126%, et enre- marocaine disposaient d’un smart- numérique un véritable levier d’inser-
gistre une hausse annuelle de 5,8%. phone, un appareil devenu essentiel tion sociale. u

34 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Accès aux services de base

Quand le numérique
change la donne
L’essor du numérique est en train de renforcer l’accès des personnes aux
services de base, pour ne citer que l’eau, l’énergie et les services financiers.
L’exemple de l’évolution de la vocation des opérateurs télécoms est édifiant.

L’
essor du s’est imposé comme un puissant
numérique a levier pour l’accès aux services de
bouleversé le base (eau, assainissement, électri- Le groupe
quotidien de cité, santé, transport, éducation). En Orange a joué
plusieurs mil- conséquence, le numérique est de un rôle majeur
dans certains
liards de per- nature à favoriser le développement, d’idées, a organisé récemment une
pays afri-
sonnes vivant notamment dans les pays émer- cains dans le
rencontre placée sous la thématique :
aussi bien dans les pays développés gents, qui sont dans une dynamique domaine de «Le numérique : une opportunité
que ceux en passe de le devenir. de rattrapage économique. la santé et en pour les services essentiels et le
Rappelons qu’il existe à l’échelle C’est dans ce contexte que le think matière d’aide développement». Cette manifesta-
mondiale près de 5 milliards d’abon- tank (Re)source, créé en 2004 et qui de prise de dé- tion internationale, rehaussée par la
nés mobile. Aujourd’hui, le digital se positionne comme un laboratoire cision publique. présence de Charafat Afilal, secré-
taire d’État chargée de l’Eau, était
l’occasion pour celle-ci de montrer le
caractère crucial du numérique pour
la gestion et l’accès à «l’or bleu».

Composante essentielle pour


la gestion de l’eau
«L’efficience des politiques publiques
peut être renforcée par le numé-
rique», assure la secrétaire d’Etat. Et
d’ajouter : «La technique de la télé-
détection développée avec les Forces
armées royales (FAR) permet une
meilleure connaissance des para-
mètres qui impactent directement la
ressource hydrique».
La question de la gestion et de
l’accès à l’eau et à l’assainissement
se pose avec acuité tant à l’échelle
nationale qu’internationale. D’autant
plus que près d’1/3 de la population
mondiale boit de l’eau impropre à la
consommation. De plus, 2,5 milliards
de personnes ne disposent pas de
toilettes et de services d’assainisse-
ment. A cela, il faudrait ajouter que

36 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


1,4 milliard de personnes n’ont pas des risques de propagation de la
accès à l’électricité. maladie d’Ebola en Guinée Conakry)
Au-delà de ces chiffres alarmants, et en matière d’aide à la prise de
rappelons que grâce au dévelop- décision (opportunité de la construc-
pement du digital, le Maroc est en tion d’une route à Dakar). Cela a été
train de mettre en place un système Les nouvelles technologies possible grâce à l’exploitation du
de gestion de l’eau qui comporte le Big data, car le groupe Orange est
reporting de données inhérentes,
améliorent l’optimisation également dépositaire d’une grande
entre autres, à la qualité et à la de la consommation des ressources quantité de données de qualité,
quantité. Un système de gestion des utiles entre autres pour l’améliora-
risques d’inondation et des crues énergétiques. tion de la mobilité.
est aussi dans le pipe. Par ailleurs, En somme, si l’essor du digital
dans le domaine énergétique, les incite à accorder un intérêt parti-
nouvelles technologies améliorent de pénétration du mobile en Afrique culier à la protection des données
l’optimisation de la consommation (80%), a également un pied dans le personnelles, celui-ci est incontes-
des ressources énergétiques, qui domaine des énergies propres, avec tablement un facteur-clef de déve-
enregistrent une forte progression, son kit solaire. loppement. D’où la nécessité de le
notamment dans les villes. A l’hori- A en croire Elisabeth Medou Badang, promouvoir dans les pays en voie de
zon 2030, près des 2/3 de la popula- porte-parole et directrice Afrique et développement. A ce titre, le Maroc
tion vivront dans les zones urbaines. Moyen-Orient du Groupe Orange, a mis en place l’Agence de dévelop-
l’opérateur a joué un rôle majeur pement du digital (ADD), véritable
La mue des opérateurs dans certains pays africains dans catalyseur de la transformation digi-
télécoms le domaine de la santé (prévention tale dans le Royaume. u
L’essor du digital a permis aux
opérateurs télécoms de devenir des
acteurs multiservices. A titre illustra-
tif, outre son métier traditionnel, le Le numérique redistribue les cartes
groupe français Orange, qui compte
près de 121 millions de clients «Pour ce qui est de la gouvernance et la gestion de la cité, le numérique a renforcé le pouvoir du
dans 20 pays, dont le Maroc, opère citoyen», assure David Menascé, expert des stratégies d’accessibilité au marché au sein du cabinet
dans le domaine du mobile banking spécialisé dans la RSE, Azao. Celui-ci est également convaincu que l’innovation technologique doit
(épargne, assurance, microcrédit). être au service du développement social. «Il est nécessaire que le numérique s’appuie sur les usagers
L’opérateur, qui surfe sur le fort taux sociaux. Ce qui lui donne plus de sens», souligne-t-il.

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 37


T ransformation digitale

E-santé

Le Maroc prend
enfin le virage
numérique
Le projet de décret n° 2-18-378 relatif à la télémédecine
a été adopté en Conseil de gouvernement en mai 2018.
Le pays compte capitaliser sur les avantages offerts par le
numérique pour faciliter l’accès des citoyens aux services

E
de santé.
n dépit des conséquence, il est du ressort des utile de rappeler que ce dispositif
efforts d’inves- pouvoirs publics d’œuvrer pour juridique va dans la droite ligne de
tissement réa- l’édification de passerelles entre la loi n° 131-13 relative à l’exercice
lisés dans le le secteur sanitaire et les nou- de la médecine et la loi 09-08 rela-
domaine social, velles technologies qui transfor- tive à la protection des personnes
notamment en ment le quotidien de plusieurs physiques à l’égard du traitement
matière sani- milliards de personnes. des données à caractère person-
taire, l’accès aux services de santé Notons tout de même que plu- nel. Au Maroc, la télémédecine,
continue d’être un chemin de sieurs faits récents montrent dont l’avancée est incarnée par
croix pour certaines populations, à l’évidence que les autorités la création récente de la Société
notamment celles qui résident publiques sont conscientes de marocaine de télémédecine (SMT),
dans les zones reculées et encla- l’impact positif du digital sur un concerne les consultations médi-
vées. secteur aussi névralgique que cales à distance, l’expertise médi-
Or, le benchmark international celui de la santé, et dans un cale à distance, le contrôle médical
montre que le digital facilite l’ac- contexte en proie à l’existence de à distance et la réponse médicale.
cès des citoyens aux services déserts médicaux. Par ailleurs, la tutelle veille au
de santé de base. D’ailleurs, on grain, puisque l’exercice de cette
parle aujourd’hui d’e-santé et de Le tournant ? nouvelle discipline de la part des
télémédecine. L’un des défis du Le projet de décret n° 2-18-378 centres hospitaliers universitaires
secteur de la santé au Maroc, dont relatif à la télémédecine a été (CHU), les établissements de santé
les praticiens sont connectés à adopté en Conseil de gouverne- à but non lucratif, les établis-
hauteur de 28%, est son ouverture ment en mai 2018. A ce titre, il est sements de santé privés et les
sur les nouvelles technologies de médecins du secteur privé, est
l’information et de la communica- assujetti à l’autorisation du minis-
tion (TIC). tère de la Santé.
L’inverse est aussi un challenge
de taille : les start-up marocaines Rôle de la SMT
ne se tournent pas systémati- Il faudra impérativement informatiser Comme cela a été évoqué plus
quement vers la médecine, qui les dossiers médicaux des patients, haut, la mise en place de la SMT
peut être très rentable sur le est un grand pas vers la construc-
plan social et pas toujours sur ce qui est loin d’être tion de l’écosystème de la méde-
le plan financier, et ce à l’instar le cas actuellement. cine 2.0, puisque l’entité publique
des autres secteurs sociaux. En fraîchement créée œuvre pour le

38 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


ne sont plus submergés par une
grande affluence non maîtrisée de
patients.

Un son de cloche différent


Interpellé par nos soins, Rachid
Choukri, président de la Société
marocaine de médecine générale
et de famille (SNMGF), confie :
«l’avènement de la télémédecine,
rendu possible par le parachève-
ment de l’arsenal juridique, est
une bonne chose. Je milite depuis
près de 20 ans pour l’application
de cette discipline au Maroc».
Mais, quant à la réussite de la
médecine 2.0, le professionnel est
formel: «Il faudra impérativement
informatiser les dossiers médicaux
des patients, ce qui est loin d’être
le cas actuellement. J’ai l’impres-
sion que l’Etat a mis la charrue
avant les bœufs à travers cette
nouvelle initiative».
Pour certains professionnels, la
réingénierie du système de santé
ne se fera pas sans la forte mise
développement de la pratique de les populations urbaines et rurales. La télémédecine à contribution des NTIC. Du reste,
la télémédecine, la promotion et Par ailleurs, l’on constate que le est incarnée Rachid Choukri ne manque pas
le soutien à son déploiement à digital améliore la vie de plusieurs par la création d’exprimer son mécontentement
l’échelle nationale, en particulier patients marocains qui ne sont récente de la So- envers la tutelle. «Il fallait asso-
en faveur des populations des plus obligés d’attendre leur tour ciété marocaine cier davantage les médecins libé-
zones défavorisées et enclavées. dans d’interminables files pour de télémédecine raux dans le processus de mise
(SMT).
Elle veille également à l’instal- une prise de rendez-vous médical en place de la télémédecine por-
lation et l’exploitation de toute ou de résultat d’analyse médicale. teuse de progrès, mais aussi de
infrastructure technologique ou En un clic, ces services sont désor- risques», alerte-t-il. Et d’ajouter :
physique permettant la réalisa- mais disponibles au niveau de «La tutelle doit veiller au risque
tion des actes de télémédecine. certains établissements sanitaires de voir une ruée anarchique vers
De surcroît, la SMT s’évertuera qui, grâce à l’essor du digital, cette nouvelle discipline». u
à inciter les établissements et
les professionnels de la santé à
recourir à la pratique des actes de
télémédecine.
Ce qui se passe sur le continent
Dans un premier temps, Midelt, Les défis sanitaires sur le continent sont colossaux. Des exemples concrets montrent que le digital
Azilal et Taroudant seront équi- change la donne quant à la prévention des épidémies. A titre illustratif, l’opérateur télécoms
pées de dispositifs de téléméde- Orange a activement œuvré à la lutte contre la propagation du virus Ebola en mettant à profit son
cine au niveau de cinq sites. Ce Big data afférent à la mobilité en Guinée Conakry.
nombre devrait être porté vers la En matière de sensibilisation par rapport aux problématiques majeures de santé publique, le
trentaine à l’horizon de janvier numérique est aujourd’hui un allié de taille, au regard du taux de pénétration du mobile en Afrique
2019. (80%) et surtout au Maroc (126%). Il faut savoir que dans bon nombre de pays africains, l’accès
Le pays affiche tout de même une au mobile est largement plus aisé que celui des services de base (eau, électricité, assainissement,
grande ambition en la matière, services financiers, etc.).
puisqu’il s’est doté d’un plan Le Rwanda a mis à profit cette donne pour améliorer la santé de la mère et de l’enfant. En
national visant la généralisation effet, le pays a développé une application qui s’appuie sur le SMS afin de communiquer les
de la pratique de la télémédecine dates des visites médicales des femmes, puis celles des premiers vaccins de leurs enfants. Cela
à près de 160 communes rurales contribue d’une certaine façon à la réduction de la mortalité infantile toujours prégnante sur le
identifiées comme prioritaires. En continent. Ce pays d’Afrique de l’Est, qui a développé des infrastructures tout en formant un
clair, cette initiative sonne comme personnel spécialement dédié aux différents programmes d’e-santé, a également mis sur pied
la guerre déclarée contre les dis- une plateforme de drones. Cette dernière permet de livrer rapidement les poches de sang dans
parités sanitaires existantes entre les hôpitaux de l’Est du pays.

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 39


T ransformation digitale

Banques

A quoi ressembleront les GAB


du futur
Une nouvelle génération de guichets bancaires et de logiciels pour améliorer l’expérience client.

C
La nouvelle génération d’automates facilite le déploiement des stratégies omnicanal.
omment «subli-
mer» l’expé-
rience client via
des interactions
intuitives ? C’est
en ces mots que
le patron de
Diebold Nixdorf Afrique du Nord, de
l’Ouest et Centrale, Fayçal Saile, a
ouvert la conférence annuelle orga-
nisée par la société et qui met en
relation les experts de l’industrie
bancaire et du paiement avec ses
équipes métiers.
Cette manifestation à laquelle
étaient conviés plusieurs partici-
pants autour de thématiques plus
larges comme la blockchain et les
applications bancaires, s’est tenue
cette année sous le thème de l’amé-
lioration de l’expérience client. Et
les équipes du premier fournisseur
mondial de guichets automatiques «L’objectif de cette technologie La nouvelle opérateurs dans le paiement. Son
bancaires (GAB) ne sont pas venues est de permettre le déploiement génération d’au- expérience avec l’éditeur de logi-
les mains vides. des stratégies «omnicanal» qui tomates intégre ciels Kony, dont Nixdorf est devenu
Diebold Nixdorf, qui revendique une englobent l’ensemble des moyens la technologie actionnaire depuis peu, lui permet
Vynamic, qui
part de marché de 70% sur les mobiles, agences, guichets ou encore de construire une offre réelle dans
élimine les
quelque 6.500 GAB en activité au kiosques bancaires», précise Saile. le digital.
silos liés à une
Maroc, a présenté aux opérateurs Il s’agissait aussi de présenter des approche par L’autre innovation que présente
un nouveau type GAB sans contact kiosques virtuels dotés de la capa- canal. Diebold Nixdorf aux banques, que
et sans imprimantes, où le QR code cité d’effectuer toutes les opérations certaines adoptent déjà, est le
et les codes PIN reçus sur télé- courantes, avec même un accès à concept de caisses automatiques.
phones remplacent les procédures un conseiller à travers la vidéo. Celles-ci permettent de sécuriser la
habituelles. La technologie Vynamic est au cœur gestion de cash et éviter la fraude,
Il était aussi question d’une nou- du dispositif commercial du groupe. tout en faisant gagner un temps
velle génération d’automates plus Cette plateforme logicielle permet considérable aux caissiers et res-
performants intégrant la technolo- de réaliser des opérations tran- ponsables d’agences. Ces évolutions
gie Vynamic, qui élimine les silos sactionnelles de bout en bout, de technologiques, Diebold Nixdorf les
liés à une approche par canal pour manière sécurisée. propose pour préserver son leader-
faciliter aux banques la gestion du Diebold Nixdorf souhaite égale- ship dans un marché concurrentiel
multicanal. ment accompagner les nouveaux en constante évolution. u

40 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Microfinance

Un secteur rattrapé par la digitalisation


Les professionnels estiment plus que nécessaire la digitalisation du secteur pour, entre autres, toucher
le maximum de clients dans les zones défavorisées.

D
ans l’univers
digital actuel,
la finance se
doit d’être plus
agile. Toutes les
branches de la
finance ont subi
ou subissent une transformation
digitale.
Cette vague disruptive n’a pas
manqué de rattraper aujourd’hui la
microfinance. Un secteur qui compte
à ce jour plus de 6,7 milliards de DH
d’encours pour un total de 938.000
clients ou «bénéficiaires», comme
préfèrent les appeler les profession-
nels du secteur, considérant la forte
composante sociale dont recèle l’ac-
tivité du microcrédit.
«Les outils digitaux constituent une
opportunité pour les institutions
de la microfinance, dans la mesure
où ils permettent de toucher plus évidemment des problématiques Les outils digi- plus digitale et collaborative», a-t-il
de clients dans les zones défavori- technologiques, mais également taux comme le poursuivi.
sées, de sécuriser les transactions opérationnelles, réglementaires et paiement mobile Dans le même sillage, la chargée
et d’améliorer leur transparence», a d’expérience client. constituent une de la surveillance des systèmes et
estimé le président de la Fédération opportunité moyens de paiement et Inclusion
nationale des associations de micro- Une nécessité plus qu’un pour le financière à Bank Al-Maghrib,
développement
crédit (FNAM), Ahmed El Ghazali, luxe Hakima El Alami, a insisté sur la
des institutions
lors d’un atelier organisé par le spé- Mohamed Horani, patron de HPS nécessité de disposer d’une infras-
de la micro-
cialiste marocain du paiement élec- explique quant à lui que «le recours finance. tructure informatique bancaire de
tronique HPS, en partenariat avec la au digital n’est plus un luxe mais base forte, favorable au dévelop-
FNAM. une nécessité, et que ce dernier pement des services de la finance
En face, cette digitalisation peut peut contribuer à favoriser la double digitale, mettant en avant les efforts
impliquer plusieurs défis pour le mission financière et sociale de consentis par Bank Al-Maghrib dans
secteur que le président de la FNAM la microfinance». Il a par ailleurs le cadre de la démocratisation des
a résumé en deux volets : la néces- souligné l’impératif pour le Maroc services financiers de base, à tra-
saire évolution institutionnelle pour de mettre en place un programme vers un paiement par voie électro-
exploiter le potentiel existant d’une national de digitalisation du secteur. nique via mobile, par carte ou sur
part, et d’autre part, l’exploitation «Nous devons agir rapidement et de internet.
des opportunités qu’offre le digital. manière efficace pour obtenir des L’atelier a abouti à la mise en place
En cela, les acteurs du secteur, résultats immédiats et mener en d’un groupe de travail pour aller
à savoir les associations, devront parallèle des actions qui s’inscrivent jusqu’au bout des réflexions sur
prendre le tournant de la finance dans la durée, permettant d’optimi- la finance digitale, et présenter un
digitale en développant le bon busi- ser l’inclusion financière en s’inscri- plan d’actions pour la digitalisation
nessmodel. Ce dernier doit intégrer vant dans une économie de plus en du secteur. u

42 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Monétique

«2019 sera l’année


du décollage du paiement
sans contact»
Mikael Naciri, Directeur général du Centre monétique interbancaire, revient sur les excellents chiffres de l’activité
monétique au terme du premier semestre 2018.
M-paiement (le CMI vient d’obtenir son agrément d’établissement de paiement), paiement sans contact, e-gov,
multiplication des partenariats innovants et exclusifs, etc., Naciri évoque également les grands chantiers en cours
au niveau du CMI qui vont révolutionner notre façon d’effectuer nos achats.
Pour dynamiser davantage l’acceptation des paiements digitaux par les commerçants, il plaide pour une révision
de la fiscalité de ces opérations.

Finances News Hebdo : On com- des services publics et gouvernemen-


mence par la traditionnelle question taux est un levier fort important que
des performances de l’activité moné- le CMI accompagne depuis plusieurs
tique à mi-2018. Quel commentaire années et qui commence à porter
faites-vous des réalisations du CMI ses fruits. Ainsi, la plateforme de
mais également du secteur ? paiements multicanaux des factures
Mikael Naciri : L’activité monétique et des taxes, connue sous le nom de
de paiement au Maroc, durant le pre- Fatourati, a enregistré au cours de ce
mier semestre 2018, a été marquée premier semestre plus de 7 milliards
par une croissance soutenue des de DH de paiements (11 millions de
paiements effectués par les porteurs transactions). Fatourati regroupe les
des cartes bancaires marocaines canaux digitaux (ebanking, mban-
(+26,6% en nombre d’opérations et king, GAB) mais aussi les canaux
+18,1% en montant) et une crois- physiques partenaires (agences ban-
sance forte des paiements effectués caires, points de proximité Fawatir,
par les porteurs de cartes étrangères agences des partenaires Cash Plus et
(+33,4% en nombre d’opérations et Damane Cash, …).
+27,2% en montant).
Parallèlement, le CMI a recruté 3.345 F. N. H. : Le paiement électronique
nouveaux commerçants, atteignant a longtemps souffert d’un manque
le seuil des 45.000 commerçants de confiance de la part du consom-
Mikael Naciri
affiliés. Le nombre de commerçants mateur marocain, plus habitué à
actifs a atteint les 28.012, en pro- Le paiement en ligne par carte ban- recourir au cash. Aujourd’hui, l’usage
gression de 11,7% par rapport à la caire continue de progresser forte- de la carte bancaire a connu une
situation au 30 juin 2017. ment d’une année à l’autre (+32% progression fulgurante, notamment
Ces progressions ont concerné l’en- en nombre d’opérations et +22% en à l’initiative du CMI. Que pensez-
semble des secteurs d’activité, avec montant), porté par les paiements vous des habitudes de paiement des
une concentration auprès des hôtels, des factures, des taxes et de la bil- Marocains ? Ont-elles changé ?
superettes, pharmacies, restaurants letterie aérienne. M. N. : 13,9 millions de cartes de paie-
et boutiques d’habillement. Sur un autre volet, la digitalisation ment et de retrait sont aujourd’hui en

44 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


circulation au Maroc (sans compter Nombre de transactions à fin juin 2018 ments digitaux (e-banking et m-ban-
les 860.000 cartes de retraits exclu- king);
sivement). Seuls 20% environ des La poursuite de la digitalisation des
cartes de paiement réalisent effec- services eGov.
tivement des transactions de paie- L’ensemble de ces initiatives coor-
ment sur les TPE des commerçants données permettront une amélio-
et/ou sur les sites les marchands. Il ration des paiements digitaux en
y a 3 ans, on dénombrait seulement général, mais un des éléments clés
1,5 million de cartes bancaires maro- pour favoriser l’acceptation des paie-
caines actives en paiement, et à fin ments digitaux par les commerçants
2017, elles étaient 2,5 millions. La réside dans la fiscalité des opérations
progression est significative mais le électroniques. En effet, celles-ci sont
potentiel demeure gigantesque. tracées, identifiées, permettent la
Les porteurs de cartes bancaires Montant des transactions à fin juin 2018 réduction de la circulation du cash, et
trouvent aujourd’hui, auprès des devraient à mon sens bénéficier aux
45.000 adhérents au système de commerçants à travers une réduction
paiement du CMI, des opportuni- de la fiscalité de ces opérations.
tés de régler par carte toute sorte Bien entendu, je ne propose pas de
de dépenses. Nous concentrons nos créer une nouvelle niche des exo-
efforts sur l’équipement des com- nérations fiscales, mais de mettre
merçants chez qui les Marocaines ont en place des mécanismes d’incita-
l’habitude de faire des courses quasi tion auprès des commerçants, le

Sources : CMI
quotidiennes (épiciers, pharmacies, but étant de rendre l’acceptation
snacks et fastfood, marchands de des paiements électroniques presque
légumes, bouchers, poissonniers, obligatoire pour les commerçants et
boulangeries, pâtisseries, stations- tion des cartes. Des initiatives sur le leur donner en contrepartie un avan-
service, etc.). Il y a quelques années, déploiement de cartes sans contact tage fiscal permanent ou pendant
le paiement par carte était perçu permettront également de drainer une certaine période. Des initiatives
comme élitiste et ne concernait que les paiements des petits montants identiques ont été menées en Grèce,
les montants importants. Les choses (inferieurs à 50 DH). Turquie, Corée du Sud, et donnent de
sont en train de changer rapidement, très bons résultats.
vous pouvez désormais régler votre F. N. H. : A votre avis, quels sont
péage d’autoroute (même quelques les moyens à mettre en place pour F. N. H. : Pour rester dans le monde
DH), ou une recharge télécoms de 20 élargir davantage le cercle des utili- du paiement, que va apporter le
DH avec votre carte bancaire. sateurs du digital dans le marché des m-paiement au secteur bancaire et
L’un des secteurs qui favorise le paie- paiements ? financier en général ? Est-ce que vous
ment par carte bancaire est la grande M. N. : Il faut agir sur les points sui- comptez vous y positionner ?
distribution moderne, qui représente vants : M. N. : L’initiative nationale sur
aujourd’hui 31,4% du nombre des La promotion des paiements sans le m-paiement a pour objectif de
transactions de paiement et 19,0% contact réduire la circulation du cash et
du montant. La confiance des usa- Le renforcement de la confiance dans d’apporter des solutions de paiement
gers de la carte bancaire est intime- les sites de paiement en ligne; à une grande majorité des Marocains
ment liée à la confiance que l’on a L’augmentation des plafonds de paie- non bancarisés.
dans l’enseigne concernée ou dans le ments par les banques, notamment Ce sont plutôt les nouveaux établis-
site auprès duquel nous faisons nos pour l’aérien et l’hôtellerie; sements de paiement qui auront
achats en ligne. L’amélioration des processus d’au- un rôle majeur à jouer dans la
Le CMI et les banques, souvent en thentification forte 3Dsecure; construction de cet écosystème, par
partenariat avec Mastercard et Visa, La promotion des canaux de paie- leur capacité à enrôler des clients ou
investissent durablement et réguliè- des commerçants non bancarisés à
rement dans des actions de promo- moindre coût, avec des process de
tion du paiement par carte, auprès KYC moins contraignants, tout en leur
des porteurs de cartes bancaires et L’un des secteurs qui favorise le paiement proposant des services de paiement
des commerçants acceptant le paie- par carte bancaire est la grande distribu- de base : paiement de factures et
ment par carte. Chaque opération achats de recharges, paiement de
de marketing ou campagne de pro- tion moderne, qui représente aujourd’hui petits montants chez les commerces
motion améliore l’activation de ces 31,4% du nombre des transactions de de proximité, transferts de personne
cartes. Nous allons poursuivre aussi à personne …
les campagnes de sensibilisation
paiement. Ces établissements de paiement
sur la sécurité et la facilité d’utilisa- …/…

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 45


T ransformation digitale

…/… Le CMI et
ment nouvellement agréés. Dans constitution d’un réseau d’agents
Mastercard ont
collecteront des dépôts qui seront une seconde phase (fin 2018), nous principaux qui sont en cours de
signé un accord
«cantonnés» auprès des banques entamerons le déploiement des solu- de partenari- sélection, pour distribuer notre offre
commerciales. Les établissements tions d’acceptations mobiles auprès at stratégique de services mobiles : ouverture de
de paiement doivent donc être vus des petits commerces de proximité. visant à créer comptes de paiement pour les par-
comme des partenaires des banques Ces solutions seront basées sur une une nouvelle ticuliers, opérations de retraits et de
pour la collecte des dépôts et comme application mobile du CMI, testée dynamique du versements sur ces mêmes comptes.
des agrégateurs de commerçants depuis plusieurs mois, mais aussi sur paiement Pour cela nous nous appuyons sur
pour les transactions de petits mon- la technologie MasterPass QR. Nous électronique au les réseaux physiques partenaires
tants. escomptons équiper 20.000 commer- Maroc. qui sont d’ores et déjà dotés de
Toutefois, avec les applications de çants par an avec cette nouvelle nos solutions d’encaissement de fac-
paiement mobile proposées par les technologie, qui favorisera l’usage tures.
banques, se développeront aussi de et l’adoption des paiements mobiles Enfin, une fois cette infrastructure
nouvelles expériences clients dans la pour l’ensemble des porteurs de mise en place, nous lancerons début
dernière étape de la transaction com- wallet. 2019 une offre complète destinée aux
merciale, c’est-à-dire le règlement. A ces commerçants nous apportons particuliers :
Ainsi, payer en sans contact avec son également de nouveaux gisements • une application de mobile paie-
téléphone est aujourd’hui déjà une de revenus à travers l’encaisse- ment acceptée dans près de 50.000
réalité. Nos TPE NFC acceptent désor- ment des factures, recharges, taxes, points de vente au Maroc et 35 mil-
mais les paiements mobiles portés vignette auto, services egov. lions à l’étranger;
par des applications comme Samsung En parallèle, nous travaillons à la • une carte CMI permettant de retirer
Pay et Apple Pay, ou des applications son argent des GAB mais aussi de
propriétaires de banques étrangères. recevoir des cash back de fidélité,
Les banques marocaines se pré- valable au Maroc et à l’international;
parent également pour offrir ce • Des services de paiement inédits
service à leurs clients bancarisés Nos TPE NFC acceptent désormais : paiements en NFC ou en QR code,
disposant d’une carte bancaire ou paiements en ligne sur les sites
d’un wallet. les paiements mobiles portés par étrangers, transfert d’argent entre
Le CMI qui vient d’obtenir son des applications comme Samsung Pay personnes à des tarifs imbattables;
agrément d’établissement de paie- et Apple Pay, ou des applications • Solutions de fidélité exclusives
ment proposera très rapidement s’appuyant sur notre plateforme de
l’ouverture de son parc de TPE à
propriétaires de banques étrangères. fidélité www.cmifidelite.ma.
tous les établissements de paie-

46 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


F. N. H. : Un mot sur le paiement tée en puissance
NFC ? Où en sommes-nous ? des paiements
M. N. : Environ un million de cartes digitaux effectués
émises au Maroc, au 30 juin 2018, à travers le mban-
sont des cartes sans contact. La moi- king et l’ebanking
tié des cartes des visiteurs provenant des banques parte-
de l’étranger sont également dotées naires. Le paiement
de la technologie NFC. De notre côté, en ligne progresse très
nous avons déjà équipé près de bien également. Ainsi,
20.000 commerçants avec des TPE on paye de moins en
certifiés sans contact. Nous enregis- moins en cash et de
trons chaque jour des centaines de plus en plus par carte
transactions NFC, mais il reste un tra- bancaire ou par e-ban-
vail de fond en matière d’information king et m-banking.
et de sensibilisation aussi bien des Au-delà des taxes, le CMI
porteurs que des commerçants pour a lancé également le paie-
favoriser ce mode de paiement plus ment des droits d’enregis-
simple et plus rapide. trements par les notaires,
2019 sera à mon avis l’année du les frais de tribunaux
décollage du sans contact au Maroc, auprès du ministère de la
plusieurs banques sont en cours de Justice, le paiement des ser-
transformation de leur parc de cartes vices en ligne de l’ANCFCC
au fur et à mesure de leur renouvè- (Conservation foncière).
lement.
Le CMI vient, quant à lui, de signer F. N. H. : En étant leader dans
un partenariat stratégique avec le domaine de la monétique, le
Mastercard permettant aux 4 millions CMI ne cesse de mettre à dispo-
de cartes portant la marque «cmi» de sition des solutions innovantes. petits commerces de
pouvoir bénéficier de la technologie Que concoctez-vous pour cette proximité, transferts de fonds de
sans contact, et surtout de pouvoir année en termes d’innovation mobile à mobile avec des frais très
être utilisée partout dans le monde et de lancement de services à valeur compétitifs, etc.
ou sur les sites Internet étrangers. ajoutée ? A nos commerçants affiliés, nous
Enfin, en ce moment, une action de M. N. : Cartes «cmi» co-badgées avec continuons d’apporter des solutions
PLV et de communication auprès Mastercard, paiement sans contact innovantes et exclusives, comme le
des commerçants est en cours de par téléphone mobile, ouverture de DCC, l’acceptation des cartes étran-
déploiement pour favoriser et vulga- notre parc de TPE pour l’acceptation gères UPI et JCB (équivalents chinois
riser le paiement sans contact. des paiements par les wallets des et japonais de Visa ou Mastercard),
établissements de paiement nouvel- American Express, Diners, Discover.
F. N. H. : Vous avez lancé du 1er lement agréés, émission de cartes, Dernière nouveauté, l’acceptation
avril au 31 mai 2018 l’opération Tokenisation, etc., notre portefeuille des wallets AliPay, permettant aux
de paiement multicanal des taxes de projets et d’innovation est rempli touristes chinois de régler leurs
locales. Quel bilan en faites-vous et, pour les 24 prochains mois. achats en utilisant leur application
surtout, comment se développent et Mais ce qui nous occupe le plus en AliPay. CMI vient de signer un parte-
le partenariat avec la TGR, les autres ce moment, c’est le lancement du nariat avec EuroPass et AliPay pour
administrations et administrations mobile paiement suite à l’obtention démarrer ce déploiement dès sep-
publiques et l’effort d’accompagne- de notre agrément d’établissement tembre prochain. Nous prévoyons
ment du eGov ? de paiement : un wallet, une appli- un équipement de près de 10.000
M. N. : Le CMI est partenaire de cation, une carte….pour accéder à commerçants (hôtels, boutiques
la TGR et de la DGI depuis plu- un ensemble de services financiers de luxe, restaurants, bazars, etc.)
sieurs années pour la digitalisation inédits. pour apporter aux 300.000 touristes
des paiements de taxes et impôts. Le CMI est le seul à pouvoir proposer chinois qui visiteront notre pays en
Chaque année, nous avons deux un bouquet de services aussi riche 2019, une solution digitale de paie-
campagnes majeures : la vignette : paiement de factures à travers ment identique à celle qu’ils utilisent
automobile en janvier et la collecte Fatourati donnant accès à tous les en Chine, mais surtout pour les
des taxes locales (taxes des ser- grands facturiers marocains, paie- enseignes marocaines une possibilité
vices communaux), sans compter les ment auprès de 45.000 commer- de s’ouvrir sur un marché promet-
échéances de règlement de la TVA, çants déjà équipés de terminaux de teur en mettant en avant leurs offres
de l’IS et de l’IR. paiement, Tokenisation de cartes sur le portail de AliPay. Nous avons
Les chiffres sont très encourageants permettant d’enrôler des clients de choisi la ville de Chefchaouen et les
(une progression de + 500%) et nous toutes les banques, déploiement du principaux Malls pour lancer notre
avons noté avec satisfaction la mon- paiement par QR code pour les pilote grandeur nature. u

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 47


T ransformation digitale

PME

Entre marche forcée et retard


pénalisant
Bon nombre de PME marocaines ne disposent même pas d’un site Internet, lequel est considéré
aujourd’hui comme une vitrine qui reflète le niveau de fiabilité de l’entreprise.
Internet se positionne de plus en plus comme un outil de communication-phare à même de permettre
aux entreprises marocaines de générer des ventes.

A
l’heure où tissu économique national. La fenêtre d’opportunités des
Internet, un outil Les entreprises qui ont pu opé- entreprises à la recherche de
de communica- rer avec succès la transformation nouveaux clients et de marchés
tion incontour- digitale ainsi que leurs méca- internationaux a été élargie par
nable, a trans- nismes de fonctionnement ont un le foisonnement des réseaux
formé la relation avantage comparatif par rapport sociaux, la multiplication des
clientèle, cer- à celles qui demeurent moins plateformes de vente en ligne
taines entreprises marocaines ont conquises par le numérique. ainsi que l’augmentation progres-
raté le virage du numérique. Or, Nassim Hajjioui, responsable des sive du nombre d’internautes à
ce retard n’est pas sans consé- produits chez la société améri- travers le monde. D’ailleurs, au
quence sur leur activité, d’au- caine Ingram Micro, abonde dans regard des derniers chiffres de
tant plus que les réseaux sociaux le même sens. «Il faut savoir l’Agence nationale de régulation
offrent une kyrielle d’opportuni- qu’aujourd’hui, les entreprises des télécommunications (ANRT),
tés de développement. ont besoin du digital pour géné- l’on dénombre plus de 18 millions
D’ailleurs, en fixant l’objectif rer du profit et survivre dans un d’internautes marocains.
de connecter et d’équiper 20% contexte de plus en plus difficile», Les vertus de la digitalisation des
des PME, la stratégie Maroc confie-t-il. Et d’ajouter: «Il est entreprises sont multiples. Ainsi,
Digital 2020 ambitionne d’inver- malheureux de constater qu’au avec le développement des plate-
ser cette tendance qui exaspère Maroc, certaines entreprises formes de vente en ligne, les PME
Abdallah El Fergui, président n’ont pas de site Internet. Cela ont de moins en moins besoin
de la Confédération marocaine entame leur crédibilité, car le pre- d’arpenter les salons nationaux
des TPE PME. «Nombreuses sont mier reflexe des clients potentiels et internationaux pour s’arroger
les entreprises au Maroc qui ne est de consulter le site de l’entre- les faveurs de nouveaux clients,
disposent pas d’un site web», prise, devenu une vitrine». et ce avec des économies à la
confiait-il sur les colonnes de FNH clef. Surtout que la participation
(www.fnh.ma). aux salons nécessite parfois un
C’est dire le niveau de décon- budget non négligeable. Nassim
nexion de certaines entreprises Hajjioui apporte une précision
avec les nouveaux enjeux de de taille. «De nos jours, force
développement du monde entre- est d’admettre que les ventes, y
preneurial. Pour rappel, la stra- «Sur dix prospects compris celles ayant trait au BtoB
tégie nationale dédiée au digital
compte faire du numérique un
sur Internet, 2 ou 3 (interentreprise), se font de plus
en plus en ligne. Nous constatons
outil de modernisation des PME se transforment en vente». cela au quotidien. Par exemple,
qui, faudrait-il le rappeler, repré- nos entreprises clientes passent
sentent pas moins de 95% du …/…

48 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


…/… bénéfique pour la productivité. Les outils tional.
leurs commandes sur Internet Cependant, la transformation technologiques «Nous avons lancé récemment de
pour se procurer des logiciels», numérique de l’entreprise sup- renforcent nouveaux produits sur les réseaux
assure-t-il. A en croire notre pose au préalable des efforts l’efficacité des sociaux. Cela a été payant, puisque
interlocuteur, l’intérêt d’une telle financiers et organisationnels. En stratégies de nous avons eu plusieurs retours.
vente, d’appel
démarche réside dans le fait que cela, l’accélération de la digitalisa- Beaucoup de clients potentiels
et de fidéli-
celle-ci permet aux entreprises tion des PME marocaines implique sation des
ont manifesté de l’intérêt pour
clientes d’éviter les procédures la mise en place d’un budget afin clients. les nouveaux produits. Ce qui
trop longues et les intermédiaires. de se doter des moyens humains peut déboucher sur des ventes»,
et techniques adéquats. admet le responsable de la socié-
Des avantages avérés «Le digital est un domaine pointu, té américaine, qui corrobore son
Internet et les réseaux sociaux qui nécessite une réelle expertise. argumentaire par des chiffres.
constituent des relais de crois- Les entreprises doivent investir «Sur dix prospects sur Internet, 2
sance pour les entreprises suffi- dans des profils qui maîtrisent le ou 3 se transforment en vente»,
samment outillées pour en tirer marketing digital moins coûteux précise-t-il.
profit. En outre, ces outils tech- et très efficace», suggère notre Les communautés de Facebook,
nologiques renforcent l’efficacité interlocuteur. Twitter et Linkedln ne cessent
des stratégies de vente, d’appel A noter tout de même que les d’augmenter. D’ailleurs, les
et de fidélisation des clients de obstacles à la transformation entreprises sont de plus en plus
plus en plus exigeants, vu que la numérique des PME sont liés, enclines à être présentes sur les
diversité de l’offre des entreprises entre autres, à la méconnaissance trois réseaux sociaux. Facebook,
est parfaitement mise en exergue des outils digitaux, à l’investisse- qui a dépassé la barre symbolique
par Internet. ment nécessaire et l’existence de des 2 milliards d’utilisateurs au
D’ailleurs, au Maroc, les entre- départements trop isolés. premier trimestre 2017, a reven-
prises, conscientes du fait que le diqué 2,2 milliards d’utilisateurs
web constitue un puissant levier Une visibilité accrue actifs chaque mois au premier tri-
de développement, mettent en La mise à profit optimale des mestre 2018. Ce qui marque une
place des stratégies marketing ou réseaux sociaux (Facebook, hausse de 13% par rapport au pre-
de vente en ligne pour proposer Twitter, Linkedln, etc.) permet aux mier trimestre 2017. Ces chiffres
leurs biens et services. entreprises d’accroître la visibilité montrent à l’évidence l’intérêt
Dans le même ordre d’idées, le de leurs produits et services sur pour les entreprises d’être actives
numérique est considéré comme le marché national, voire interna- sur les réseaux sociaux. u

50 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Banques

2018, grande année


de disruption
Paiements mobiles, comptes sans banque, services
dématérialisés et mobiles natifs : le secteur bancaire
traverse une grande période de disruption digitale. Chacun
y va de sa stratégie, ce qui fait du secteur un laboratoire à
ciel ouvert.

L
a transformation type d’offres a été mis en place à
digitale du secteur travers l’introduction d’une nou-
bancaire est plu- velle catégorie d’établissements
tôt rapide. Comme non bancaires dans la nouvelle loi
dans d’autres bancaire de 2014.
pays plus avan- Ces établissements, dont 5 ont
cés, la disruption été agréés en février par Bank
à grande échelle va d’abord passer Al-Maghrib, pourront ouvrir des
par ce marché qui s’y prête par- comptes de paiement (dits aussi projet, a donc encouragé les ban-
faitement, avant de s’étendre au comptes sans banque) tout en quiers à appliquer une tarification
reste de l’industrie financière. offrant à terme des services de commune, permettant de faire
Le secteur bancaire est destiné paiement (épargne, transfert, entrer sur le marché de nouveaux
à la masse, il permet de tester paiement...). La réglementation y utilisateurs de services bancaires.
l’appétance du consommateur au afférente a été validée par le Une bonne idée pour atteindre les
changement d’habitudes et des comité des établissements de cré- objectifs d’inclusion financière et
retours d’expérience rapides. Dans dit en juin 2016. Au lancement, accompagner ces fameux comptes
ce sens, 2018 sera une année ces solutions ne permettront que sans banque.
charnière, après une longue phase le transfert de cash en attendant
où le secteur a plus joué sur l’interopérabilité, prévue pour la Un produit grand-public ?
l’amélioration de l’expérience uti- rentrée en septembre. Ce disposi- Dans le digital, estimer qu’un
lisateur en lançant des offres à tif permettra des transferts entre produit d’inclusion financière est
faible valeur ajoutée comme la clients de banques différentes. destiné aux populations moins
consultation de comptes. S’agissant ici d’inclusion finan- favorisées est une erreur. En réa-
Cette fois-ci, on entre dans le vif cière, l’objectif de rentabilité est lité, le consommateur agit lorsqu’il
du sujet : éduquer le consomma- relégué à un second niveau. La constate qu’on lui facilite l’exis-
teur au changement. De manière Banque centrale, porteuse de ce tence, peu importe son niveau de
plus institutionnelle, on parle d’in- vie. L’erreur serait donc d’adapter
clusion financière et c’est le but la communication sur cette solu-
de la plus grande nouveauté de tion à un public à bas revenus.
l’année : le paiement mobile. Sur les comptes sans banque par
Le Maroc vient en effet de lan- exemple, si l’on prend l’exemple
cer une solution de place pour du fameux «Compte Nickel» en
cette activité. L’objectif est de Dans le digital, estimer qu’un produit France, racheté par une grande
réduire la circulation de cash, d’inclusion financière est destiné banque par la suite et qui per-
tout en permettant une plus
grande inclusion financière des
aux populations moins favorisées met d’ouvrir un compte ban-
caire en trois minutes dans un
populations. Le cadre légal favo- est une erreur. bureau de tabac, les initiateurs de
risant le développement de ce l’idée qui, au passage, viennent

52 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


pour aboutir, in fine, à «une digi-
talisation de la confiance» comme
aime à le rappeler Ahmed Rahhou,
dont la banque qu’il préside (CIH
Bank) a officiellement mis en place
une cellule dédiée à cette activité.
L’autre chantier pharaonique de
la profession est la réorganisation
du réseau. Les relations client
- banque se traduisent par de
moins en moins de visites en
agence. Depuis les 5 dernières
années, ce mouvement s’accélère.
Quand on sait que la maîtrise
des coefficients d’exploitation est
devenue la clé de différenciation
et un élément essentiel de la
rentabilité dans le contexte actuel
de baisse des taux, de resserre-
ment réglementaire, on comprend
mieux pourquoi la plupart des
plans stratégiques aspirent à une
meilleure offre digitale dans la
banque de détail.
Ceci en attendant de trouver une
solution crédible et durable au
réseau physique, devenu surdi-
mensionné dans les grandes villes.
La feuille de route est donc claire :
l’enjeu du digital est sur toutes les
d’une banque haut de gamme sur des projets de Big Data. C’est Les banques lèvres, mais le défi est au-delà. Il
(Boursorama), ont très vite com- le cas notamment d’Attijariwafa cherchent à ren- réside dans la déclinaison et la
pris que les utilisateurs de leur bank et CIH Bank. Il s’agit de dre plus efficace mise en œuvre des programmes
produit étaient plutôt des jeunes détecter «des signaux faibles» la gestion opéra- de transformation. En d’autres
à revenus intermédiaires à élevés, permettant d’anticiper la fraude et tionnelle de termes, le challenge aujourd’hui
leurs activités.
alors qu’au départ le produit était les détournements. des directions opérationnelles des
conçu pour des interdits bancaires Le traitement de données de banques de détail est de jongler
et des clients avec des préjugés masse facilite aussi la compréhen- avec les priorités du quotidien et
sur la banque classique. sion du client, ses habitudes, ses les initiatives transverses émanant
Aux Etats-Unis, les banques en besoins instantanés, pour bien le des nouveaux plans stratégiques.
ligne les moins chères sont prises servir. Difficile donc, mais possible. Cela
d’assaut par des clients à revenus La blockchain est aussi un sujet passe par une organisation efficace,
élevés. Cette asymétrie doit être important pour la profession. A un plan d’actions clair et une
considérée pour faire réussir ce terme, il s’agit de réduire dras- prise de conscience générale et
type de produits. tiquement le coût de la sécurité profonde ! u

Les grands chantiers


de la profession
Outre le paiement mobile et les
Client hybride
comptes sans banque, les banques L’expérience européenne, où ces sujets sont d’actualité depuis dix ans déjà, permet d’extrapoler
cherchent à rendre plus efficace la sur ce que sera le client d’une banque au Maroc dans dix ans. Une étude du cabinet Deloitte
gestion opérationnelle de leur acti- montre que ce dernier sera hybride. Il continuera à aller à l’agence. Mais voudra être reçu
vité. Les évolutions réglementaires différemment, accompagné, appelé par anticipation par son conseiller qui lui proposera de changer
(IFRS9 par exemple) ont un coût de produits d’épargne ou de consulter une nouvelle offre de financement. Il ne souhaitera pas
qu’il faudra amortir ailleurs. être de l’autre côté de l’ordinateur quand il parle à son conseiller bancaire en agence. D’ailleurs,
La tendance dans le monde est ce dernier aura une tablette et offrira un café dès l’arrivée du client.
à l’instant-payment, à l’open- En sortant de l’agence bancaire, le client paiera tout depuis son mobile et n’utilisera sa carte
banking, à la robotisation, aux bancaire que rarement. L’application mobile du client aura tellement de fonctionnalités que son
objects connectés. Des banquiers prochain retour à l’agence aura lieu quand il voudra être conseillé sur son compte épargne. La
au Maroc ont déjà annoncé être relation humaine et la recherche de la confiance resteront des déterminants majeurs de la relation.

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 53


T ransformation digitale
Entretien

«Le secteur de la finance vient


en tête des domaines les plus
touchés»
Les organisations sont contraintes de s’adapter au mouvement digital, qui touche pratiquement tous les
domaines. Pour certains, se convertir au digital n’est plus un luxe.
L’Association des utilisateurs des systèmes d’information au Maroc (Ausim), qui remplit un rôle important
dans l’échiquier du développement de la technologie et du digital, sensibilise massivement les directeurs
SI et tous les acteurs du monde de l’IT, afin d’adopter le meilleur comportement face à cette disruption
digitale.
Les détails avec Mohamed Saad, directeur des systèmes d’information de la Bourse de Casablanca, et
président de l’Ausim.

Finances News Hebdo : Dans le cadre de L’Ausim a fait effectivement de ce grand


son nouveau plan stratégique, l’Ausim a changement un axe de développement
mis les problématiques du digital et de et de promotion des nouvelles techno-
la disruption au cœur de sa communica- logies. Nous travaillons aussi à une sen-
tion. Pouvons-nous dire que le directeur sibilisation massive des DSI et de tous
des systèmes d’information (DSI) maro- les acteurs du monde de l’IT, pour qu’ils
cain en fait aujourd’hui sa plus grande puissent adopter les meilleurs com-
préoccupation ? portements et acquérir les meilleures
Mohamed Saad : Aujourd’hui, l’orienta- connaissances en vue d’accompagner
tion stratégique des organisations pour la croissance des organisations et de la
investir le digital n’est plus un choix. société en général.
Certes, la criticité dépend du secteur
d’activité, ce qui fait que pour certains F. N. H. : Vous parlez souvent de disrup-
domaines, tels que la finance, les télé- tion digitale. Qu’implique-t-elle pour les
coms ou encore le tourisme, le choix ne organisations ?
se pose plus. Il est exigé, voire imposé, M. S. : Comme cité précédemment,
par le client, et ne pas y aller coûte une il s’agit d’abord d’une rupture. Avec
perte de parts de marché, une perte quoi ? Avec une manière de voir, de
d’opportunités de diversification de Mohamed Saad faire, de livrer le business, de traiter,
revenus, voire le risque de disparaître, de répondre, d’assister le client, de
du fait du changement de comportement des changements à la tête de l’IT chez concevoir, d’innover, de marketer le
du client. plusieurs acteurs au Maroc et dans le service ou le produit fini, de recruter, de
Dans cette «disruption», qui est en fait monde. former, d’accompagner le collaborateur,
un changement stratégique, organisa- La question alors est : «To be or not de projeter, de développer, d’agrandir
tionnel, procédural, applicatif et donc to be», soit être «In» ou «Out». Les l’entreprise.
aussi technologique, le DSI joue un rôle technologies d’aujourd’hui (Cloud, SAAS, Tout ceci implique une nouvelle vision,
moteur quand il sert de facilitateur, voire Mobility, Big data, Social networks…) une nouvelle culture et un mindset en
d’innovateur, en introduisant, dans la ont ébranlé les dogmes très longtemps phase avec son environnement. Il ne
culture de l’entreprise, les outils néces- prisés et défendus par certains DSI, s’agit pas seulement de se contenter de
saires afin de favoriser ce changement. pour laisser place aux solutions centrées lancer une application mobile à téléchar-
Dans le cas contraire, c’est un frein au sur le service rendu aux clients, offrant ger sur un store, ni de créer un site web
développement. Nous avons remarqué une proximité, une qualité et un prix institutionnel, mais de considérer toutes
tout au long de ces dernières années meilleurs. …/…

54 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


…/… de l’innovation dans les processus et L’orientation discours royal du 14 octobre 2016, qui
les technologies d’aujourd’hui et de se des applications et solutions offertes stratégique exige l’utilisation des technologies d’une
poser la question : Comment peut-on à des clients de plus en plus avisés, aujourd’hui des manière intégrée afin de faciliter au
utiliser ces technologies et réinventer comparant en quelques clics les offres. organisations citoyen l’accès aux services rendus.
pour aller
son métier, son produit ou service, en Cela vient également du fait que ces ins- L’Ausim organise par ailleurs mensuel-
«Digital» n’est
proposant une expérience qui, comme titutions disposent d’une manne de don- lement des ateliers de travail autour de
plus un choix.
cela a été dit précédemment, offre une nées (Data) leur permettant de mieux thématiques traitant du digital. Nous
proximité, une qualité et un prix meil- cibler les clients, mais aussi de mieux publions aussi des livres blancs, des
leurs ? évaluer le risque. études et des recherches permettant
Grâce aujourd’hui à l’économie mon- En deuxième lieu, on retrouve les opéra- aux intéressés de profiter des bonnes
dialisée, la population cible est de 3 teurs télécoms, du fait de leur niveau de pratiques recensées et traitées dans ces
milliards de clients potentiels qui uti- maturité dans la technologie. Certaines livrables. Nous accompagnons aussi le
lisent Internet, dont 9 sur 10 à partir de industries ont lancé des réflexions monde de l’éducation en organisant des
leur équipement mobile. En 2025, nous sur l’usine 4.0, en termes d’utilisation compétitions (INNOV’IT) inter-écoles d’in-
serons 5 milliards, grâce aux projets des technologies (Internet of Things, génieurs autour de technologies inno-
Google Loon et Facebook Drones, ce qui Robotisation, Drones, etc.) au service des vantes telles que l’intelligence artificielle
augmentera de manière exponentielle la processus industriels. L’administration ou la Blockchain, comme nous supervi-
consommation du net et de son écono- au Maroc est aussi en cours de lance- sons également des Lab de recherche.
mie. De ce fait, cette «Market place» ne ment de sa stratégie e-Gov, et cela s’est Nous sommes en cours de création de
peut plus être ignorée dans la stratégie concrétisé par la création de l’Agence de l’Association des utilisateurs des SI dans
de toute organisation qui se respecte. développement du digital (ADD). l’Afrique francophone.
Nous organisons aussi, une fois tous
F. N. H. : Constatez-vous une prise de F. N. H. : Comment l’Ausim vulgarise- les deux ans, l’une des conférences les
conscience de la part des décideurs ? t-elle ces thématiques auprès de ses plus suivies en Afrique, à laquelle nous
Quels sont les secteurs les plus impli- membres et du grand-public ? convions des sommités du monde des
qués selon vos données ? M. S. : L’Ausim fête cette année ses T.I. et du digital. Plus de 600 participants
M. S. : Nous avons constaté durant les 25 ans. Nous n’avons cessé de militer se retrouvent en conclave à Marrakech
dix dernières années une préoccupation durant toutes ces années pour faire des pour assister à la quintessence du savoir
accrue chez les membres du top mana- technologies de l’information un levier en matière d’IT.
gement qui assistent à nos évènements. de développement et de croissance des Les assises de l’Ausim, avec la collabo-
Ils demandent à être informés et télé- entreprises dans le secteur privé, public ration du ministère de l’Industrie, du
chargent nos articles de recherche, nos et semi-public. Commerce, de l’Investissement et de
livres blancs et autres études. Nous avons accordé ces dernières l’Economie numérique, seront organi-
Le secteur de la finance vient en tête années une grande importance à la sées cette année du 24 au 26 octobre
des domaines les plus touchés, du fait petite et moyenne entreprise (PME) sous la thématique «Le Maroc, vers une
d’une concurrence entre les institutions, et à l’Administration, en répondant au ère digitale, disruptive». u

56 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Big Data

La nouvelle roue motrice


des banques
La data est considérée comme un actif stratégique pour la banque.
Son utilisation comporte plusieurs risques et enjeux réglementaires.

A
ucune autre
entreprise que la
banque ne détient
autant de données
sur ses clients :
salaire, niveau
des dépenses,
épargne, commerces favoris, paie-
ments par carte, retraits d’argent aux
distributeurs...
Bref, les banques savent tout, ou
presque, de leurs clients. Une «mine
d’or» qu’il convient plus que jamais
d’exploiter, à l’heure où la concur-
rence dans le secteur fait rage.
Mais voilà que se pose immédiate-
ment la question de la protection
des données personnelles, un sujet
auquel l’opinion est de plus en plus
sensible. Pour Issam El Alaoui, res-
ponsable Big data au sein de CIH Ces tests ont pour objet d’analyser Le Big Data «suppose d’avoir une vraie gestion de
Bank, «le Big data est fondamentale- l’état de sécurité du système d’infor- est devenu un la qualité de la donnée, des respon-
ment neutre, mais l’usage qui en est mation des établissements bancaires impératif com- sabilités clairement définies pour les
fait doit être moral, respectueux de et d’évaluer leur capacité à faire face mercial pour les différents périmètres fonctionnels et
la vie privée du client et doit lui per- de manière adéquate à des attaques banques. bien évidemment un organisme dédié
mettre d’accéder plus simplement à ciblant leurs systèmes. à sa valorisation et sa promotion en
des produits et services dont il pour- interne : le Datalab». Et de conclure:
rait avoir besoin au moment idoine». Datalab : Pour transformer «Le but étant de transformer la don-
Parallèlement, cette technologie nou- la donnée en informations née en informations puis, en savoir,
velle implique un autre risque : le Comparées aux banques américaines, et de la réinjecter dans la banque
vol de données personnelles, appellé britanniques ou encore européennes, sous diverses formes».
communément par le terme de cyber- les banques marocaines commencent Il est indéniable qu’aujourd’hui le
criminels. timidement leurs expériences Big Big data est devenu un impératif
D’ailleurs, face à la montée des cybe- data. commercial. Les dépenses mondiales
rattaques, Bank Al-Maghrib a édicté Parmi les nombreux obstacles à l’ex- dans ce marché devraient avoisiner
une directive (n°3/W/16) fixant les ploitation de ces masses de données, les 130 milliards de dollars cette
règles minimales à observer par les se pose la question de l’organisation année. Les banques y voient ainsi une
établissements de crédit pour réaliser pour en tirer le meilleur usage. El opportunité de trouver de nouveaux
les tests d’intrusion de leurs sys- Alaoui nous explique qu’au sein de leviers de compétitivité pour amélio-
tèmes d’information. sa banque, l’utilisation du Big data rer leur relation client. u

58 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale
Entretien

«Pour une connaissance


client affinée»
Entretien avec Issam El Alaoui, responsable Big data au sein
de CIH Bank.
Finances News Hebdo : Quels sont lisable et accessible. Comment procé-
les principaux risques auxquels sont dez-vous, au niveau de CIH Bank, pour
confrontées les organisations dans leur la gestion de la donnée ?
transformation digitale ? I. E. A. : La donnée est mise au cœur de
Issam El Alaoui : La transformation digi- nos préoccupations, des systèmes tran-
tale s’accompagne naturellement d’une sactionnels jusqu’aux dashboards et
explosion des volumes de données indicateurs clients. Nous la considérons
liés aux usages des clients. Travailler effectivement aujourd’hui comme un
cette donnée en est l’un des fonde- actif stratégique auquel il faut donner
ments. L’analyser et en tirer les bons une attention particulière.
enseignements est pour moi l’une des Cela suppose d’avoir une vraie gestion
Issam El Alaoui
clés d’une transformation digitale qui de la qualité de la donnée, des respon-
s’adapte au client, et non pas l’inverse. sabilités clairement définies pour les F. N. H. : Le Big data apporte de nom-
Un des risques est d’imposer au client différents périmètres fonctionnels, et breux bénéfices aux banques, mais
des outils et services inadaptés, diffi- bien évidemment un organisme dédié son utilisation comporte des enjeux
ciles d’accès, voire parfois obscurs. à sa valorisation et sa promotion en juridiques importants. Comment faites-
Lorsque vous entamez une transforma- interne : le Datalab. vous face au défi réglementaire ?
tion, il faut savoir mettre en place des D’un point de vue purement techno- I. E. A. : Le Big data est avant tout un
mécanismes de mesure du feedback logique, nous avons mis en place un ensemble d’outils qui permettent d’ex-
client afin de détecter rapidement un ensemble d’outils qui permettent de plorer la donnée sous des angles qui
écart par rapport à ce qui était attendu. rapprocher le monde de l’informatique étaient jusque-là difficiles d’accès, tant
Le Big data est ici un outil de pilotage et le monde du métier en promouvant techniquement que statistiquement.
précieux pour réagir au comportement le plus possible l’Open data interne, Pouvoir extraire une information conden-
du client qui est par définition com- dans la limite de la confidentialité et sée et riche en enseignements d’un
plexe et multiforme. de la sensibilité de la donnée. Les gros volume de données hétérogènes
Une deuxième erreur consiste à séparer algorithmes de l’apprentissage statis- est aujourd’hui un avantage compétitif,
le digital de la donnée, voire à considé- tique permettent alors d’enrichir et de mais aussi une responsabilité. Comme
rer que la donnée n’est qu’un simple purifier la donnée pour lui donner une tous les outils, le Big data est fonda-
sous-produit de l’utilisation du digital, teinte plus proche de l’opérationnel. mentalement neutre, mais l’usage qui
comme un déchet qu’il faut simple- Le but étant de transformer la donnée en est fait doit être moral, respectueux
ment archiver et oublier. en information, puis en savoir, et de la de la vie privée du client et doit lui
Or, la plupart, sinon tous les géants du réinjecter dans la banque sous diverses permettre d’accéder plus simplement à
web, ont bâti des businessmodels tout formes. des produits et services dont il pourrait
autant sur le service que sur la donnée Au niveau organisationnel, avoir le avoir besoin au moment idoine.
générée, en cherchant des débouchés réflexe data, c’est chercher tout de Réglementairement, nous sommes sou-
à l’information que génèrent leurs suite des chiffres qui vous permettent mis au secret bancaire qui est une pro-
clients. d’appuyer une décision, d’orienter tection absolue de la donnée du client.
Au Maroc, l’explosion du digital ouvre une réflexion. Au-delà des outils, le En termes d’utilisation, la donnée client
également ce genre d’opportunités, et plus important est de faire prendre est utilisée afin d’améliorer nos services
l’oublier c’est probablement passer à conscience à nos collaborateurs que la et produits, et donc, in fine, servir le
côté de votre futur cœur de métier. banque est plus efficiente lorsque la client de manière plus intelligente et
donnée n’est plus considérée comme moins invasive.
F. N. H. : Il est clair que la data est un le sous-produit d’une activité bancaire, Le Big data décuple les possibilités
actif stratégique pour la banque. Son mais comme un moyen de piloter et d’analyse de données, mais cette puis-
exploitation suppose une stratégie de cibler finement les actions entreprises sance doit toujours être régulée par une
gestion efficiente pour qu’elle soit uti- ou à entreprendre. déontologie stricte et éclairée. u

60 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


Communiqué

« Quintessence »,
le nouveau paradis
H&A Investment Holding, groupe d’investisseurs aguer-
ris capitalisant plus de 40 années d’expérience dans le
domaine de la finance et de l’investissement élargit ses
compétences dans l’immobilier.
Les résidences Quintessence sont accessibles directement par la nou-
velle rocade de Dar Bouazza. Cette région côtière ren-
Dans le sud de Casablanca, au cœur de Dar Bouazza,
ferme des espaces aménagés pour le commerce, des
H&A Investment lance les résidences Quintessence.
marchés à provisions, de grande surface, de prestigieux
établissements scolaires, des infrastructures sportives
A 15 Km de Morocco Mall, Quintessence offre 79 villas
ainsi que des cafés et restaurants. Elle bénéficie égale-
dans une résidence fermée et sécurisée avec des sur-
ment d’une infrastructure routière qui permet d’accé-
faces couvertes de 280 à 350 m2 bâties sur des terrains
der en quelques minutes au centre ville et aux quartiers
compris entre 280 à 560 m2 bordées de jardins. Le projet
stratégiques de la capitale ainsi qu’au réseau autorou-
s’étale sur une surface de 4,5 ha, dont 70% dédiés aux
tier de façon rapide. Le projet Quintessence contribue à
espaces verts.
la création de richesse dans la région de Dar Bouazza.
Les constructions sont de type parasismique avec une
A propos du Groupe H&A Investment Holding
isolation phonique et thermique, une installation domo-
H&A Investment Holding accompagne le dévelop-
tique, un double vitrage stadip, des matériaux nobles, et
pement de plusieurs entreprises opérant dans des
une piscine à débordement.
secteurs aussi divers que l’immobilier, l’agro-alimen-
taire, l’import-export, la logistique, l’approvisionnement,
Les villas sont commercialisées à partir de 4,5 millions
l’industrie, la santé, l’éducation, les hautes technologies.
de dirhams.
H&A Investment Holding génère une création de 2.000
emplois directs et indirects.
Ce site immobilier jouit d’une position géographique
privilégiée, offrant des vues panoramiques sur l’océan
et ses rivages. «Il répond aux normes d’une vie bien
organisée, équilibrée où béatitude et quiétude riment
avec bonheur dans un environnement paradisiaque», Emménagez rapidement en prenant contact au :
précise Boubker El Fehdi, DG du site. Email : info@quintessenceluxury.com
Téléphone : 07 71 01 01 01
T ransformation digitale

Disruption

Vers une plateforme


blockchain
nationale
A l’initiative du Soft Centre mis en place par l’ANRT,
un groupe de réflexion se penche actuellement sur
la technologie blockchain.
Un projet R&D d’une plateforme de blockchain nationale
pourrait voir le jour.

E
n suivant l’actuali- locuteur est de «permettre aux diffé- leurs points de vue, inquiétudes et
té du secteur high- rentes parties prenantes d’en saisir questionnements respectifs sur la
tech, il est diffi- les tenants et aboutissants dans le question, tout en établissant une
cile de ne pas être cadre de la mise en place d’un dis- première cartographie des intentions
déjà tombé sur un positif réglementaire adéquat. Mais d’initiation de projets relatives à cette
article traitant de aussi de valider la mise en œuvre nouvelle technologie.
la blockchain et de d’un projet collaboratif public et privé «Ce sujet étant d’une importance cru-
ses vertus potentielles ! Mais ce n’est sur ce sujet». ciale pour l’innovation sur le segment
qu’après l’éclatement de la bulle du Au Maroc, d’importantes questions des fintech; notre objectif consiste
bitcoin que l’on a vraiment com- restent à aborder pour que la block- donc à identifier les enjeux socioéco-
mencé à s’intéresser aux possibilités chain puisse être un peu plus cernée. nomiques, et notamment réglemen-
de cette technologie. Car, en dehors d’une population res- taires relatifs à la technologie block-
L’an dernier au Maroc, les conversa- treinte de start-up spécialisées, le chain», assure le directeur du centre.
tions portaient essentiellement sur les sujet reste aujourd’hui mal maîtrisé, «Nous sommes donc encore au stade
risques qu’impliquait la technologie malgré sa médiatisation. d’évangélisation», ajoute-t-il.
blockchain. Cette année, il n’est plus C’est dans cette optique que le Soft
question de traîner le pas. Banques, Centre a mis en œuvre une démarche Une plateforme blockchain
Banque centrale, assurances, start- d’échange et d’écoute avec les diffé- nationale
up… tout le monde s’y investit. rentes parties prenantes, publiques Le groupe d’étude est composé du
Dernier exemple en date : une initia- et privées au Maroc, concernées par Soft Centre, Numa Casablanca (incu-
tive portée par le Soft Centre, la cel- le sujet. bateur), Cabinet Sayarh et Menjra
lule d’innovation et de R&D logicielle L’objectif est de tenir compte de (juristes), MChain (start-up marocaine
de l’Agence nationale de réglementa- spécialisée dans la blockchain) et
tion des télécommunications (ANRT), Adalia School of Business (Ecole de
qui a récemment créé un groupe de formation digitale et innovation).
réflexion constitué de juristes et de Suite à ce process de réflexion col-
technologues. lective, le Soft Centre, avec la contri-
«Cette initiative a eu pour objec- En dehors d’une population restreinte bution conjointe desdites parties
tif d’aboutir à l’organisation d’un de start-up spécialisées, le sujet reste prenantes, validera ou non l’intérêt
1er workshop sur la thématique d’initier un projet de R&D relatif à
en question», nous explique Jamal
aujourd’hui mal maîtrisé, malgré sa média- la mise en œuvre d’une «Plateforme
Benhamou, directeur du Soft Centre. tisation. blockchain nationale as a service».
L’autre objectif cité par notre inter- Ainsi, nous indique Benhamou, «si

62 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


été développé. Dans une transaction
classique entre entreprises, on passe
par de nombreuses étapes : le bon
de commande, qui doit être validé
et retourné, l’échange de facture, le
paiement de la commande et enfin
l’exécution de la prestation. Avec
les contrats intelligents, tout cela
peut se faire en quelques secondes.
Autrement dit, là où il fallait attendre
par exemple plusieurs jours entre le
bon de commande, la facture et l’arri-
vée du chèque puis son traitement,
on passe à quelques minutes, tout
au plus. Dès lors, l’on peut imaginer
le gain de temps et le volume supplé-
mentaire d’échanges que cela pour-
rait créer, et tous les bénéfices que
cela peut apporter à notre société. u

Soft Centre : Un bilan


garni pour 7 ans
d’activité
Lancé en 2011, le Soft Centre est l’un
tel est le cas, ce projet viserait à limites. La possibilité de participer Cette plateforme des services méconnus de l’ANRT.
mettre en place, dans le cadre d’une aux transactions est limitée et définie nationale peut Et pourtant, cette structure orientée
démarche d’Open Innovation, une par une organisation. Elle est beau- être un dispositif R&D a à son actif 49 projets R&D en
infrastructure de blockchain ouverte coup plus utilisée par des acteurs d’appui à l’émer- seulement 7 ans d’existence. Ce sont
(nationale) qui faciliterait la créa- comme les banques, par exemple, gence d’une
aussi 38 Corporates accompagnés
tion et le déploiement des services pour l’expérimentation interne et le industrie IT au
dans le cadre de leur programme de
Maroc.
fintech et des Smart Contracts pour développement de leur connaissance transformation digitale et 5 projets de
les particuliers et les start-up, sans de la technologie. Comme c’est le création de start-up. Pour y arriver,
avoir à se soucier de l’infrastructure cas pour le CMI, Wafacash, Saham la structure apporte un panel de
ou des prérequis techniques néces- Assurances... Cela les aide à mieux services d’appui à l’innovation en
saires». Dans ce cas de blockchain appréhender la technologie pour l’uti- termes de support, d’infrastructures
publique (ouverte), tous les nœuds liser dans le futur dans des scénarios technologiques et de services aux
du réseau d’échange sont contrôlés plus complexes. acteurs (nationaux ou étrangers) du
par le réseau Peer to Peer (pair à secteur IT.
pair). Il n’y a aucune barrière à l’en- Smarts Contracts : l’autre Depuis sa création, le centre a mis
trée, aucune permission à demander facette de la blockchain l’accent sur des activités comme les
pour effectuer une transaction et tous Au-delà du bitcoin, les Smarts services mobiles, la monétique, les
les acteurs sont donc en situation Contracts ou contrats intelligents sont progiciels ou encore le multimédia.
égalitaire dans leur participation au une toute autre implémentation de la En 2012, la structure a lancé le centre
réseau. blockchain. La logique est la même : de services partagés, une seconde
«L’intérêt de cette plateforme natio- éliminer les tiers de confiance tra- ligne d’activité baptisée «Skill Center
nale résiderait tout autant dans le fait ditionnels, qu’ils soient physiques for Mobile Applications». Un centre
qu’il peut être un dispositif d’appui à ou digitaux (un magasin hier, un principalement orienté services et
l’émergence d’une industrie natio- site web aujourd’hui). Les individus applications mobiles qui a accompagné
nale IT sur ce segment d’application, pourraient donc conclure des tran- 18 donneurs d’ordres publics et privés
tout en palliant les faiblesses des sactions pair à pair, sans avoir à pas- (CIH Bank, CDG, Bourse de Casablanca,
blockchains privées et en renforçant ser par des intermédiaires (banques, Wafa Assurance, CNSS, DGI, BCP ou
la crédibilité des systèmes et appli- notaires, avocats, assurances, etc.). encore Crédit Agricole). Entre 2016 et
cations fintechs (API -Application De l’enregistrement à l’exécution, 2017, le Soft Centre a également lancé
Programming Interface- d’intégration tout le processus contractuel est pris 2 programmes d’Open Innovation
ouvertes pour les start-up et la R&D en charge par la blockchain. C’est sur le plan des fintechs en 2016 (CIH
logicielle)», ajoute-t-il. pour surmonter la lenteur des tran- Bank) et de l’AssurTech en 2017 (RMA
Car la blockchain privée a bien des sactions que ce type de contrats a Assurance)

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 63


T ransformation digitale

Technologies d’autonomisation/Intelligence artificielle

Ce que ça rapporte aux banques


Les technologies d’autonomisation et d’intelligence artificielle montent en puissance dans l’activité
bancaire.
Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank, livre son appréciation sur la pertinence de recourir à ces nouvelles
technologies qui ont le vent en poupe dans les pays développés.

Finances News Hebdo : Comment se risque du client.


positionne CIH Bank sur la roboti- L’intérêt est d’aboutir rapidement à
sation, notamment les technologies une prise de décision pour l’octroi ou
d’autonomisation et d’intelligence arti- non du crédit. Les banques ont beau-
ficielle pour des tâches à faible valeur coup avancé sur ce terrain. Néanmoins,
ajoutée ? il faudra sophistiquer le process de
Ahmed Rahhou : Il faut d’abord définir scoring afin qu’il tienne compte des
la robotisation qui, dans l’industrie, nouveautés. Aujourd’hui, le Groupe
suppose l’existence d’une machine CIH Bank, par l’entremise de Sofac,
effectuant un certain nombre de est le seul établissement au Maroc qui
tâches plus ou moins complexes de a totalement automatisé le process
façon autonome. Dans les services, d’octroi de crédit, avec la plateforme
notamment la banque, les prestations Crediz. Le client peut obtenir directe-
fournies aux clients sont en général ment l’accord de crédit de consom-
en interaction avec ceux-ci (opéra- mation sur le net sans l’intervention
tions, demandes de conseils, de pla- humaine. Toutefois, en cas de contes-
cement, de financement, etc.). A ce tation ou de sollicitation, le personnel
titre, robotiser revient à faire en sorte est disposé à répondre. Actuellement,
que le maximum d’opérations soit l’on peut considérer que certaines
fait de façon automatique en tenant procédures de crédit et de documents
compte de la complexité. Evidemment, simples relèvent du domaine de l’auto- Ahmed Rahhou
les banques ont automatisé toutes matisation.
les opérations simples, notamment le Les produits complexes ne le sont pas A. R. : Je pense que oui, mais elles
traitement des valeurs, le paiement, encore. Par exemple, le financement ne vont pas remplacer les relations
etc. En matière d’autonomisation, les des entreprises nécessite un nombre humaines. Nous avons toujours dit que
choses se compliquent lorsqu’on est d’échanges importants. Nous sommes chez CIH Bank, nous avons un modèle
en interaction avec le client, lors d’un dans une phase d’étude de l’analyse bionique, qui regroupe les aspects bio-
appel téléphonique par exemple pour des listes d’entreprises, avec un sys- logique et technologique.
la demande d’un conseil, d’un place- tème de notation, lequel permettra La technologie est appelée à évoluer.
ment sophistiqué, d’un financement de mieux appréhender le risque. A Je fais allusion à l’analyse du profil du
ou encore pour les opérations de com- ce titre, l’intelligence artificielle sera risque et du client et l’anticipation des
merce extérieur. Il faut savoir que cette d’un grand apport pour le système probabilités de défaut de paiement.
interaction avec la clientèle apporte de notation. Pour être honnête, nous Tous ces systèmes seront de plus en
également une grande valeur ajoutée n’en sommes qu’au début. La notation plus intégrés dans des programmes
pendant la création du process, qui se existe, mais les produits de sophistica- d’intelligence artificielle. Par contre,
déroule en questions-réponses, car il tion de la note et de l’analyse pourront il faut garder à l’esprit que ce sont
n’y a pas que des papiers à fournir à la dans le futur proche reposer sur des les hommes qui, in fine, prendront la
banque lors des opérations. Là aussi, algorithmes d’intelligence artificielle. décision.
les demandes basées sur des calculs L’intelligence artificielle devrait aussi
simples sont en train d’être automati- F. N. H. : Selon vous, les technologies aider dans le domaine de l’interface
sées. Ce qui est le cas de la demande d’autonomisation et d’intelligence arti- verbale avec le client.
de crédit à la consommation, avec le ficielle sont-elles l’avenir de l’activité Beaucoup de pays ont mis en place
scoring qui permet de définir le profil bancaire ? des chatbots. Ces outils ne sont pas

64 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


ments de pièces d’identité sont autant
de technologies utiles permettant de
répondre à cette question. Pour notre
part, nous avons déjà développé la
technologie de l’identification de la
personne par le biais de la lecture du
passeport biométrique. A cela, nous
ajouterons la reconnaissance faciale
qui permet de savoir si c’est effecti-
vement la bonne personne qui ouvre
un compte à distance. La réglemen-
tation n’a pas encore tranché sur
l’ouverture du compte à distance, mais
j’espère que l’expérimentation permet-
tra à celle-ci d’évoluer. Aujourd’hui,
toutes ces technologies existent et
nous pensons que ce sont des choses
qui pourraient être appliquées à brève
échéance dans notre pays.

encore utilisés au Maroc car cela sup- par l’utilisation des chatbots. D’autant L’intelligence F. N. H. : Selon vous, existe-t-il au
pose la compréhension du dialecte plus que le dialecte marocain n’est artificielle Maroc des start-up suffisamment outil-
marocain par la machine qui répond pas encore compris par ces nouvelles pourrait être lées pour concevoir ce genre de ser-
aux questions. L’inexistence de chat- machines qui assimilent parfaitement d’un grand vices qui ont le vent en poupe en
bot au Maroc n’est pas de la faute d’autres langues comme le français apport pour les Europe ?
des banques. Il faut des recherches ou l’anglais. L’autre élément important banques dans A. R. : Nous suivons de près ce qui
la gestion du
nationales et internationales sur le est qu’aujourd’hui, quand le client se passe sur la place. Il y a des start-
risque et de la
sujet. Une fois cette technologie mise s’adresse à la banque par téléphone, conformité.
up prêtes à avancer sur ces champs.
au point, CIH Bank ambitionne de par exemple, il souhaite qu’une per- L’initiative CIH Bank Open Innovation
l’utiliser afin d’assurer l’interface per- sonne lui réponde et non pas une permet d’identifier les start-up afin de
mettant d’effectuer des opérations de machine. Nous pensons que ces outils les aider par le biais d’un financement
façon verbale et non uniquement pour sont utiles pour un client qui désire et l’achat de produits ou services. Cela
apporter des réponses aux questions avoir des informations standard sur permet aux jeunes entreprises inno-
posées par les clients. En clair, il est un produit, mais pas encore adaptés vantes d’avoir une clientèle et de tes-
envisageable de mettre en place un lorsque celui-ci veut avoir des informa- ter leurs produits et services dans un
système de reconnaissance verbale sur tions personnelles sur lui-même. environnement réel. Nous disposons
l’application mobile de CIH Bank pour de beaucoup de programmes qui vont
effectuer des opérations bancaires. F. N. H. : Certaines banques, notam- dans ce sens.
En conséquence, l’interaction verbale ment en France, ont développé des
servira à faire des opérations. Ce qui applications d’identification de la clien- F. N. H. : Enfin, quels sont les projets
facilitera la vie des gens qui ont du tèle grâce à l’intelligence artificielle. Il de CIH Bank en la matière ?
mal à accéder aux menus écrits. Les s’avère que l’exactitude de la vérifica- A. R. : Nos projets concernent l’utilisa-
reconnaissances faciale et digitale per- tion de la conformité des documents tion de l’intelligence artificielle pour
mettront aussi aux clients de commu- d’identité de l’intelligence artificielle l’amélioration de la gestion du risque
niquer plus aisément avec la banque. est supérieure à celle de l’humain. et la conformité en vue d’une meil-
Au final, l’interface homme-machine Quel est votre avis sur cette question ? leure réponse à l’analyse du risque et
facilite les opérations simples, mais ne A. R. : Aujourd’hui, nous demandons l’anticipation. Aujourd’hui, les normes
remplacera pas la totalité des relations à accéder à certaines informations qui internationales imposent de calculer
avec les clients. figurent sur la carte d’identité natio- les probabilités de défaut de paiement
nale (CIN) afin de mieux sécuriser les dès l’entrée en relation avec le client.
F. N. H. : Justement, le benchmark opérations à distance. A ce titre, je Tous ces éléments doivent reposer
international montre que le robot rappelle que s’il y a un domaine dans sur un système solide permettant de
(chatbot) peut renforcer la force com- lequel l’intelligence artificielle est d’un définir les notations, faciliter pour le
merciale de la banque, en répondant grand apport, c’est celui de la gestion client l’obtention de la réponse sur sa
aux demandes de crédits des clients. du risque et celle de la conformité, demande de crédit et la lutte contre la
Quelle est votre appréciation sur la avec le respect des règles internatio- fraude et le blanchiment d’argent.
pertinence des chatbots et l’utilisa- nales en matière de transfert d’argent Nous travaillons également sur les
tion de l’intelligence artificielle pour et de fraude sur les pièces d’identité. pistes d’intelligence artificielle pour la
répondre aux questions des clients ? Un prérequis majeur est à mentionner, reconnaissance vocale afin de déve-
A. R. : Comme je viens de l’expliquer, il s’agit au préalable de l’identification lopper une interface permettant aux
nous ne souhaitons pas pour l’ins- et de savoir qui fait quoi. La reconnais- clients d’utiliser l’application mobile
tant remplacer la relation humaine sance faciale et la lecture des docu- de la banque par la voix. u

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 65


T ransformation digitale

Assurances

Le digital au service
de l’inclusion financière
Au Maroc, les innovations
de rupture sont d’un
précieux apport pour
favoriser l’assurance
inclusive. Les défis sont
certes réglementaires et
nombreux. Mais il faudra
aussi faire évoluer les
mentalités.

C’
était l’un des
principaux
sujets évo-
qués lors de
la dernière
édition des
«Rendez-vous
de Casablanca de l’assurance» : La
disruption en assurance. En effet, entiers de la population et d’entre- La révolution l’intelligence artificielle, des objets
au niveau mondial, les innovations prises d’accéder aux services finan- digitale et l’ar- connectés, des drones, satellites, etc.
de rupture (Internet des objets, Big ciers en général, et d’assurance en rivée de nou-
data, intelligence artificielle, block- particulier, dont ils étaient jusque-là veaux acteurs Partenariat win-win
chain) soumettent les entreprises dépourvus. posent un défi de Quelle attitude les compagnies
d’assurances à des transformations L’assurance inclusive est d’ailleurs taille aux régula- doivent-elles adopter face à l’ir-
teurs du secteur
fortes, que ce soit en matière de au cœur de la stratégie nationale ruption des insurtechs ? Défiance,
des assurances.
businessmodel, de tarification, de d’inclusion financière qui sera bien- méfiance ? Surtout pas. Les acteurs
distribution, de relation client ou tôt mise en place. La révolution traditionnels doivent plutôt bâtir
encore dans la façon de concevoir digitale pourrait également être d’un avec les nouveaux entrants des par-
des produits. précieux apport dans la gestion des tenariats mutuellement bénéfiques.
De ce point de vue, le secteur des sinistres, notamment en matière de D’ailleurs, à l’échelle mondiale, c’est
assurances est l’un des marchés couverture contre les catastrophes ce qui est en train de se passer.
les plus propices à l’émergence de naturelles, grâce à l’utilisation de Les compagnies dites «classiques»
ces innovations de rupture. D’autant investissent de plus en plus dans
plus que cela peut améliorer son les innovations de rupture, rachètent
taux de pénétration, notamment au des fintechs, concluent des parte-
Maroc et dans la région. Car ces nariats et créent leurs propres incu-
innovations peuvent être compéti- bateurs. Les insurtechs parviennent
tives et accessibles. Le cadre règlementaire ne permet par ailleurs à lever de plus en plus
Le département des Finances et les de fonds et à trouver des capitaux
professionnels voient ainsi le digital toujours pas la vente en ligne qui (+36% en 2017), selon un rapport
et les fintechs comme des outils sus-
ceptibles de combler le gap de mar-
demeure limitée par les textes. de Willis Towers Watson. Certaines
insurtechs se positionnent même
ché, en permettant à des segments …/…

66 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

…/… d’activité, la révolution digitale et n’est pas si évidente. Selon Inga


sur toute la chaîne de valeur. C’est l’arrivée de nouveaux acteurs posent Beale, PDG de Lloyd’s, géant anglais
la preuve que les outils numériques un défi de taille aux régulateurs de l’assurance qui intervenait lors
sont capables de faire tomber cer- du secteur des assurances. L’un des «Rendez-vous de Casablanca de
taines barrières à l’entrée des sec- des challenges majeurs concerne les l’assurance», les régulateurs peinent
teurs les plus régulés. cyber-risques, qui constituent l’une à suivre le rythme infernal imposé
des menaces les plus importantes au par la transformation digitale.
Faire évoluer la réglementa- secteur financier. Au Maroc par exemple, le cadre
tion et les mentalités L’adaptation du cadre réglementaire à règlementaire ne permet toujours
Comme dans tous les autres secteurs ces changements profonds et rapides pas la vente en ligne qui demeure
limitée par les textes. Si cette ques-
tion n’est pas réglée, l’innovation au

Les assurtech : Radioscopie en Europe niveau de la souscription demeurera


mitigée.
En Europe, le digital s’est emparé de la profession d’assureur et s’est concentré sur les activités Mais le défi le plus important, selon
de courtage. Une étude récente montre que 40% des assurtech sont spécialisées dans ce domaine. Inga Beal, réside dans la capacité à
Elles offrent à la clientèle la possibilité de souscrire rapidement à leurs assurances, de manière faire évoluer la mentalité des res-
personnalisée et à moindres coûts. Au Maroc, les premières offres disponibles sont aussi portées sources humaines pour affronter le
changement. «La technologie n’est
sur le courtage.
pas le challenge. Le challenge, c’est
Une autre catégorie a émergé depuis 2017 : l’assurance collaborative ou achats groupés. Ce dispositif
faire en sorte que toutes les res-
permet de couvrir une communauté d’assurés qui ont des besoins similaires. Si l’ensemble du
sources humaines adoptent ces tech-
groupe a un comportement responsable, une partie de la prime d’assurance lui est redistribuée en nologies, et les convaincre d’avoir
fin d’année. En 2017, elles représentaient 10% des assurtech en France, par exemple. le courage de changer leur façon de
Enfin, 12% des assurtech proposent des services aux particuliers et entreprises. Il s’agit de solutions travailler», souligne-t-elle. Comme
d’inventaires de biens pour mieux faire ses déclarations à son assurance, ou encore d’application elle le dit si bien, «le défi numéro un,
pour réaliser des états des lieux. En revanche, l’offre d’assurance santé n’est pas développée dans c’est de gagner la bataille des cœurs
le Vieux continent. Une idée sur ce que peut être l’offre au Maroc les années à venir. et des esprits». u

Khalid Aouzal, président de la Fédération des agents et courtiers d’assurance au Maroc

«Les intermédiaires seront au rendez-vous»


Finances News Hebdo : Comment les relation avec le client ?
intermédiaires en assurance du Maroc Kh. A. : Malgré les tentatives de
appréhendent-ils la transformation réseaux dits alternatifs, les assureurs
digitale du secteur ? Faut-il la consi- conseils continuent d’être l’interlocu-
dérer comme une menace ou plutôt teur privilégié de la clientèle. La digi-
une opportunité ? talisation concerne essentiellement
Khalid Aouzal : Ce que vous appelez les produits de particuliers, les inter-
révolution est une évolution naturelle médiaires développeront les produits
de notre industrie : l’assurance se affinitaires afin de les servir dans
digitalise et sa distribution aussi. Le les meilleures conditions. Les entre-
réseau professionnel de la distribu- prises, quant à elles, continueront à
tion de l’assurance est et sera au avoir recours au réseau traditionnel.
rendez-vous de la digitalisation. La
réglementation aidant, ce nouveau F. N. H. : Quelles sont les actions
type de distribution sera une opportu- entreprises au niveau de la Fédération travers le Royaume quant à l’évolu-
nité pour les assureurs conseils. des agents et courtiers d’assurance tion de textes et autres. La fourniture
au Maroc (Fnacam) pour préparer les à distance d’opération d’assurances
F. N. H. : A l’aune de ces muta- agents et courtiers à la transformation est régie par une circulaire depuis
tions, comment voyez-vous l’évolu- digitale du secteur ? Sont-ils assez avril 2012, la formation des agents
tion, dans les prochaines années, du sensibilisés à ces enjeux ? incombe à leur compagnie, les cour-
métier d’intermédiaire en assurance ? Kh. A. : La Fnacam a pour vocation tiers doivent utiliser leurs propres
Comment évoluera, à votre avis, la d’informer les assureurs conseils à moyens. u

68
T ransformation digitale
Entretien

«L’acquéreur d’une voiture pourra


avoir sa plaque d’immatriculation
dès l’achat»
En charge du département du Transport, Mohamed
Najib Boulif met en exergue, dans cet entretien, les
efforts déployés par son département pour développer
le numérique en vue d’assurer plus de transparence,
d’efficacité et un meilleur rendement pour les usagers.

Finances News Hebdo : Comment faciles, rapides et efficaces pour être


votre département a-t-il entamé le bien servis, comme la consultation
chantier de la digitalisation du sec- des infractions routières, les ren-
teur des transports ? dez- vous en ligne pour les permis
Mohamed Najib Boulif : La digitalisa- de conduire ou la consultation de
tion du transport est l’un des grands l’état des oppositions à mutation des
chantiers de notre département. Nous véhicules.
voulons réduire au maximum l’in- Le ministère a lancé par ailleurs une
tervention humaine et les relations plateforme permettant de consulter
directes entre l’administration et les l’ensemble des appels d’offres lancés
usagers. par les départements de l’Equipe- Mohamed Najib Boulif
Il faut rappeler que ce chantier entre ment, celui du Transport et de la l’achat. L’entrée en vigueur de ce sys-
dans le cadre de la modernisation Logistique ainsi que des entreprises tème est prévue dès la fin de l’année
de tout le secteur. Il y a quelques publiques concernées. 2018.
années, plus de 8 millions de cartes
grises et de permis de conduire ont F. N. H. : Qu’en est-il de l’immatricula- F. N. H. : Qu’en est-il du contrôle tech-
été renouvelés par des titres nouvelle tion des véhicules ? nique ?
génération. Ces nouveaux documents M. N. B. : Nous travaillons en étroite M. N. B. : A ce niveau, nous tra-
permettent de mieux contrôler les collaboration avec plusieurs parte- vaillons sur la dématérialisation de
voitures et les automobilistes, en naires, dont l’Association des importa- cette activité et sur l’ensemble des
plus d’offrir d’autres atouts, notam- teurs de véhicules au Maroc (AIVAM), procédures. Nous avons opté pour un
ment leur ouverture sur d’autres pour ne pas avoir de véhicules neufs système d’informations qui converge
applications à valeur ajoutée comme roulant en WW. L’acquéreur pourra vers le contrôle numérique de tous
le permis à point. Ces cartes sont avoir sa plaque d’immatriculation dès les centres techniques. Nous pour-
ultra modernes et hautement sécu- rons superviser leur travail à tout
risées. Elles ont une certaine capa- moment au niveau central. N’importe
cité de stockage d’informations sur le quel centre dans n’importe quelle
conducteur ou sur l’automobile. région sera sous contrôle direct et
nous aurons toutes les informations
F. N. H. : Quels sont les produits ou nécessaires sur le véhicule contrôlé
les solutions que vous proposez Nous avons opté pour un système d’infor- avec la possibilité d’intervenir ins-
dans le domaine numérique ? mations qui converge vers le contrôle tantanément. De même, nous allons
M. N. B. : Nous voulons mettre à la signer un contrat-programme avec
portée des citoyens, des entreprises
numérique de tous les centres techniques. les professionnels pour s’engager sur
et des partenaires des solutions certains objectifs de digitalisation. u

70 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Automobile

Le secteur en plein dedans !


L’automobile est l’un des secteurs ayant le plus investi le digital, que ce soit pour la distribution,
le financement, l’assurance ou le service après-vente. Outre l’aspect commercial, la dématérialisation
permet d’assurer une plus grande proximité dans la relation client et un accompagnement de pointe.

T
ous les importa-
teurs automobiles
au Maroc disposent
de sites Internet et
de comptes sur les
réseaux sociaux.
L’objectif est de
répondre à une population de plus
en plus connectée et de lui présen-
ter les modèles commercialisés avec
leurs caractéristiques techniques, les
versions disponibles et la tarification.
L’acheteur peut même personnaliser
de manière virtuelle son véhicule de
prédilection.
«Nous avons réalisé des études qui
ont montré que plusieurs clients ont
été séduits par l’un de nos modèles
grâce au net ou les réseaux sociaux.
Le digital est devenu incontournable
dans toute démarche commerciale et
aussi dans le relationnel avec le mar- détachées, la prise de rendez-vous Les concession- fine nos prestations», indique Rachid
ché», souligne Abdelouahab Ennaciri, pour le service après-vente ou l’ins- naires misent Fadouach, Directeur général adjoint
Directeur général de Scama, impor- cription dans des clubs dédiés aux sur le digital du groupe Smeia, importateur exclu-
tateur exclusif de la marque Ford au marques distribuées. pour développer sif de plusieurs marques premium
Maroc. «A travers le digital, notamment une approche (BMW, Jaguar, Land Rover, Mazda et
commerciale
Outre la présentation de modèles, les réseaux sociaux, nous avons un Mini).
enore plus ag-
les sites automobiles offrent d’autres échange régulier avec nos clients
gressive.
services comme la demande online qui nous permet de dégager plu- Le digital séduit les assureurs
de test-drive, la recherche de pièces sieurs enseignements et améliorer in Toujours dans le secteur de l’auto-
mobile, il faut noter que la digitalisa-
tion des assurances gagne elle aussi
La dématérialisation a soulagé les automobilistes du terrain. C’est l’un des chantiers
phares du contrat-programme signé
Depuis 2016, la Direction générale des impôts (DGI) a opté pour un changement radical en matière entre le gouvernement et les opéra-
de paiement de la taxe spéciale sur les véhicules, dite vignette. Elle a mis en place un système teurs du secteur. Les compagnies ont
innovant, en partenariat avec le réseau bancaire et les prestataires de services de payement. Les saisi cette opportunité pour lancer
sites Internet des banques, les guichets automatiques et les agences sont sollicités pour assurer des solutions à la carte.
cette opération. Cette expérience a connu un succès retentissant, qui a permis d’éviter le scénario La migration vers le digital pourrait
annuel des longues files d’attente devant les bureaux de la DGI. être le principal levier de développe-
Ces services garantissent la sécurité des transactions et la confidentialité de toutes les données ment des assureurs à l’avenir. Celles
personnelles qui seront récoltées lors du paiement. Le macaron de la vignette a été supprimé qui resteront en marge de cette évo-
des pare-brises des voitures. En circulation, le contrôle du paiement de cette taxe est opéré sur lution, risquent d’en payer le prix fort.
présentation d’un reçu. En cas de perte, il est possible de télécharger un duplicata sur le site de Cela provient de trois éléments essen-
la DGI. …/…

72 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


…/… permettent un accès direct à une L’assurance con- prévenir contre les risques en matière
tiels. Le premier tient au fait que le plateforme afin de désigner instanta- nectée est une de conduite. Par exemple, les besoins
secteur des assurances fait partie nément un constateur et accélérer la évolution impor- d’un automobiliste professionnel dif-
des secteurs modernes et matures déclaration et l’évaluation des dom- tante du circuit fèrent de ceux d’une femme au foyer;
et, par conséquent, toujours à l’affût mages suite à un accident. de distribution. ceux d’une personne âgée ne sont
des innovations. Le second tient à la «La digitalisation a permis de mettre pas les mêmes que ceux d’un jeune
pression concurrentielle, puisque les à la disposition des experts automo- conducteur. L’assurance connectée
acteurs cherchent à séduire le client biles des applications sur Smartphone est une évolution importante du cir-
et lui offrir des produits et services permettant un travail collaboratif cuit de distribution. La profession
plus attrayants et distinctifs pour se online avec tous les intervenants de la et l’autorité de tutelle ambitionnent
démarquer sur le marché. chaîne d’indemnisation des sinistres de réussir ce projet pour développer
Enfin, le client est de plus en plus matériels. La révolution numérique des services fondés sur les nou-
digitalisé dans son esprit et, de ce est en marche et l’assurance automo- velles technologies. Cela nécessite
fait, il cherchera de plus en plus à bile est l’une des premières branches des investissements tant au niveau
souscrire et à interagir avec son assu- à en bénéficier», souligne Ahmed humain que matériel. C’est un pro-
reur de manière 100% online. Oufkir, expert en automobile. cessus long mais nécessaire pour se
Une multitude de solutions digi- Le digital présente des qualités indé- mettre au diapason de ce qui existe
tales ont déjà été déployées par les niables assurant un gain de temps dans les pays développés.
sociétés d’assurances. Il s’agit par important pour les professionnels : Au niveau des ressources humaines,
exemple des boîtiers embarqués qui il optimise le processus métier tout la migration vers le digital doit inten-
permettent d’analyser le comporte- en permettant une bonne maîtrise sifier les besoins en recrutement de
ment de conduite et d’offrir à l’avenir des charges. Il permet également de profils spécifiques. Un changement
des tarifs différenciés sur certaines constituer une banque de données qui se justifie par le besoin naissant
garanties couvrant les dommages. conséquente et fiable sur les assu- des entreprises en applications à
Les assureurs ont par ailleurs lancé rés. Les informations peuvent être développer, en experts en codage ou
des solutions de géolocalisation qui partagées par les opérateurs, afin de encore en cybersécurité pour sécuri-
ser le paiement en ligne et les infor-
mations personnelles des clients (RIB,
Changement des méthodes commerciales habituelles certificat médical, résultats d’ana-
lyse, constat automobile…). Sanad,
Pour le Maroc qui reste marqué par un faible taux de pénétration de l’automobile, malgré un boom par exemple, en partenariat avec
des ventes enregistré ces dernières années, les nouvelles technologies représentent une véritable Helvetica Assurances, a lancé en 2017
opportunité pour accélérer le développement du marché. une offre 100% intégrée, qui propose
L’utilisation croissante d’Internet, du mobile ou encore des réseaux sociaux donne davantage de non seulement des contrats d’assu-
pouvoirs aux consommateurs, favorisant par ricochet l’émergence d’une clientèle exigeante et rance en ligne, mais aussi de gérer
avertie. En effet, le renforcement de la concurrence sur le marché pousse de plus en plus à la les sinistres et les différents services
transformation du réseau et des méthodes commerciales habituelles. d’assistance. u

74 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


T ransformation digitale

Tourisme

Un businessmodel
redéfini
Le nombre de touristes en 2030 devrait tourner autour de
2 milliards.
Chaque étape du parcours du touriste est transformée
par une utilisation croissante d’Internet.

L
e développement du PIB mondial et près d’1 emploi
du numérique a sur 10 à l’échelle de la planète.
foncièrement modi- D’ailleurs, cette branche d’activité
fié les usages et a la même centralité au Maroc et
le businessmodel les chiffres disponibles le confortent
de bon nombre de amplement. En effet, le tourisme
secteurs d’activité, constitue la première source de
à l’instar du tourisme. L’utilisation devises du pays, avec près de 70
du digital est une nouvelle donne milliards de DH en 2017. En outre, ment surfer sur la vague du digital
qui remet en cause certains acquis ce secteur est le deuxième contri- pour continuer à croître et se déve-
du secteur touristique, avec l’entrée buteur au PIB national et occupe le lopper. L’enjeu est de taille, d’autant
de nouveaux acteurs disruptifs, pour même rang en termes de création plus que les différentes destinations
ne citer que les ténors que sont d’emplois. devront se livrer une bataille achar-
Tripadvisor ou Airbnb. C’est dire sa propension à consolider née pour s’arroger les faveurs des
Le secteur est de plus en plus désin- le matelas des réserves de change, touristes de plus en plus exigeants
termédié. La conséquence immédiate tout en contribuant, de facto, au en termes de qualité de services, de
de la multiplication des plateformes rééquilibrage de la balance des diversité de l’offre, d’innovation, etc.
est la remise en cause du rôle et du paiements, structurellement défici- Les voyageurs utilisent de plus en
pouvoir des agences de voyages et taire, ainsi qu’à l’atténuation du plus le digital afin de mieux appré-
des tours opérateurs. chômage endémique des jeunes et hender le rapport qualité prix des
A cela, il faudrait ajouter qu’Airbnb des femmes. professionnels du tourisme (hôtels,
permet aujourd’hui à monsieur tout Ceci dit, cette branche d’activité maisons d’hôte, etc.).
le monde de mettre en location des nationale, fortement impactée par Dans le même ordre d’idées, le
chambres. Ce qui n’est pas sans l’évolution des outils et des conte- chiffre rendu public par l’Observa-
conséquence sur l’activité des pro- nus numériques, doit impérative- toire marocain du tourisme (OMT) est
fessionnels, astreints à tenir compte édifiant. En effet, 90% des touristes
de l’évolution technologique. Chaque ont déjà eu recours à Internet pour
étape du parcours du touriste est réserver un hébergement. D’où la
transformée par une utilisation crois- place cruciale de l’expérience «voya-
sante d’Internet. geur» qui constitue un critère straté-
Au-delà de ces précisions, faudrait-il gique dans le choix de la destination
rappeler qu’à l’échelle internationale, D’après l’OMT, 90% des touristes ont touristique.
les perspectives de croissance sont Aujourd’hui, force est de reconnaître
prometteuses pour le secteur. Le
déjà eu recours à Internet pour réser- que les professionnels doivent s’en-
nombre de touristes en 2030 devrait ver un hébergement. gager plus fortement sur la voie du
tourner autour de 2 milliards. De digital pour ne pas être dépassés
plus, le tourisme génère plus de 10% et largués par la concurrence. Cette

76 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


dernière mise sur plusieurs facteurs Global Destinations Cities Index 2018, L’expérience désormais acteurs majeurs de déve-
de différenciation, dont les contenus classement des villes visitées pour «voyageur», loppement économique, social et
numériques. les loisirs publié par Mastercard. devenu un environnemental, doivent être
Dans ce classement, Punta Cana paramètre accompagnées pour la promotion
Un pari loin d’être gagné (République Dominicaine) arrive en crucial, cons- territoriale via l’utilisation du digital.
Dans l’optique de booster un secteur tête grâce à une mise en avant à titue un critère D’où l’opportunité de mettre sur
stratégique
aussi névralgique que celui du tou- 99,9% de la culture. Elle est suivie pied de vraies marques régionales à
dans le choix de
risme, les pouvoirs publics ont mis par Cusco au Pérou (98%) et Djerba même de s’arroger les faveurs des
la destination
en place plusieurs stratégies dédiées en Tunisie (97,7%). touristique. touristes de plus en plus en quête
qui ont eu le mérité d’exister, avec Atteindre les objectifs escomptés d’authenticité. D’ailleurs, à ce titre,
toutefois des résultats mitigés. Pour suppose une plus forte implication les villes impériales du Royaume
rappel, cette branche tertiaire a été des régions dans le contexte de la ont un grand potentiel, encore sous-
dotée de deux plans stratégiques régionalisation avancée. D’autant exploité. u
avec des objectifs chiffrés (Plan Azur, plus que les entités régionales,
Vision 2020). Aujourd’hui, il est clair
qu’on est encore loin des ambitions
de la Vision 2020, pour ne citer que
le doublement des arrivées de tou-
Plus de 4 millions de touristes enregistrés
ristes (20 millions). Pour preuve, Selon l’Observatoire marocain du tourisme, l’on dénombre au total près de 4,1 millions de
en 2017, le Maroc a dépassé pour la touristes qui ont visité le Royaume entre janvier et mai 2018. Ce qui constitue une progression
première fois la barre des 11 millions de 9% par rapport à la même période de l’année 2017. A l’origine de cette hausse, les principaux
de touristes. marchés émetteurs en l’occurrence l’Italie (+16%), l’Allemagne (+12%), la France et la Hollande
Même si le tourisme national a (+8% chacune), le Royaume-Uni (+7%) et l’Espagne (+4%). A noter que l’autre particularité qui
gagné 6 millions de touristes en conforte la concentration de l’activité touristique est que Marrakech et Agadir ont capté 60% des
15 ans, celui-ci est dans une situa- nuitées totales à fin mai, soit une progression respective de l’ordre de 9% et 7%. En termes de
tion d’inertie depuis 2010, avec un croissance, les autres destinations n’ont pas été en reste. Il s’agit de Fès (+17%), Rabat (+8%) et
rythme de progression timoré. Tanger (+7%). En définitive, la bonne nouvelle est que les recettes issues de l’activité touristique
Signalons au passage qu’aucune des- des non-résidents au Maroc ont culminé à 27,1 Mds de DH à fin mai 2018 (contre 23,6 Mds de DH
tination marocaine ne figure dans le un an auparavant). Ce qui marque une progression de 14,8%.

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 77


S ystème bancaire

La rentabilité
toujours au rendez-
vous
En 2017, la croissance de l’activité et de la rentabilité
du secteur bancaire a été drivée par la baisse du coût
du risque et la bonne tenue du core-business.
Les activités à l’international pèsent de plus en plus,
mais l’exposition des banques au risque de contagion
transfrontalière reste très limitée.

O
n ne le dira enregistré une croissance de 4,9%
jamais assez: à 969,2 milliards de dirhams, après
quel que que celle de 4,2% à fin 2016. En face, les
soit le contexte dépôts collectés auprès de la clien-
macroécono- tèle ont augmenté de 6,7% en 2017,
mique et peu et continuent de constituer le poste
importe les vents le plus important des ressources
contraires, le secteur bancaire maro- avec une part de 67,4%. affiche une hausse de 9,8%, à 12,3
cain fait preuve d’une résistance à milliards de dirhams. Le résultat des
toute épreuve et parvient toujours, Core business et baisse du coût activités de marché, après une année
ou presque, à retomber sur ses du risque en soutien 2016 exceptionnelle, a en revanche
pieds. Cette assertion s’est encore Le produit net bancaire (PNB) agrégé, accusé une baisse de 1% à 8,4 mil-
vérifiée durant l’exercice 2017, année équivalent du chiffre d’affaires chez liards de dirhams.
durant laquelle, en dépit d’un envi- les banques, s’est chiffré en 2017 à 2017 a également été marquée par
ronnement national marqué par une 67 milliards de dirhams, en progres- une baisse du coût du risque, sur
croissance modeste du crédit et un sion de 5,4%, après 4,1% l’année base consolidée, de 2,9% à 9,6 mil-
coût du risque encore élevé, le passée. liards de DH, absorbant 29,7% du
secteur bancaire national a continué Cette croissance est liée à la bonne résultat brut d’exploitation (RBE),
à faire preuve «d’une bonne rési- tenue du core business des éta- contre 31,7% l’année écoulée. Cet
lience». Celle-ci a été favorisée par blissements bancaires. En effet, la allégement du coût du risque, couplé
la diversification de ses activités et marge d’intérêt s’est appréciée de à la croissance du PNB, est à l’origine
son développement à l’international, 4,8% à 44,7 milliards de DH, tan- de la croissance de la rentabilité
analyse la Direction de la supervi- dis que la marge sur commissions du secteur. Ainsi, au total, les neuf
sion bancaire dans son rapport 2017 groupes bancaires ont clôturé l’exer-
consacré à l’activité du secteur. cice 2017 avec un résultat net part du
Quasiment tous les indicateurs finan- groupe de 13,3 milliards de DH, en
ciers des 9 groupes bancaires les hausse de 9,2% contre 6% en 2016.
plus significatifs (93% de parts de La rentabilité des actifs (ROA) s’est
marché au Maroc) sont au vert. Ainsi, La marge d’intérêt s’est appréciée de ainsi améliorée de 0,1 point à 0,9% et
au niveau du bilan, le total actif la rentabilité des fonds propres (ROE)
s’établit à 1.540 milliards de dirhams, 4,8% à 44,7 milliards de DH, tandis que de 0,4 point à 10,2%.
en progression de 7,6%, contre 5,4% la marge sur commissions affiche une Mieux encore : sur base sociale, la
à 2016. hausse de 9,8%, à 12,3 milliards baisse du coût du risque pour la
L’activité commerciale s’est main- toute première fois depuis 2008,
tenue dans un trend haussier. Les de dirhams. conjuguée à une hausse du produit
prêts et créances sur la clientèle ont net bancaire social, ont permis au

78 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


A fin 2017, le total actif des filiales
implantées à l’étranger des 3 groupes
bancaires marocains transfrontaliers
a enregistré une hausse de 16%,
soit l’équivalent de 275 milliards de
dirhams, contribuant à hauteur de
23% à leur activité. Près de 75% de
ce volume sont réalisés en Afrique
subsaharienne.
Au niveau des crédits, l’activité des
filiales à l’international a affiché une
hausse de 13,3% à l’équivalent de
153,6 milliards de dirhams, contre
6,7% une année plus tôt. Sa part
dans le portefeuille global d’activités
s’est appréciée de 2 points à 22%.
S’agissant des dépôts collectés par
les filiales implantées à l’étranger,
ils se sont chiffrés à l’équivalent de
181 milliards de DH, marquant une
hausse de 13,1%, après celle de 3,2%
une année auparavant, soit une part
de 23% du total des dépôts des 3
groupes bancaires.
Si l’on s’en tient uniquement à l’acti-
vité des filiales africaines, celles-ci
ont contribué de manière positive
à l’activité bancaire au Maroc. En
effet, outre la croissance externe, les
résultat net de s’améliorer de 17,6%, Sa contribution au PNB des groupes Selon Hiba filiales africaines ont enregistré une
contre une baisse normative de 1,7% bancaires concernés s’est accrue de Zahoui, Directrice croissance interne dynamique. Près
une année auparavant. 2 points à 33% et au résultat net part de la supervision de 23% des dépôts collectés et des
Notons au passage que les nom- du groupe de 3 points à 28%, à la bancaire, c’est la crédits distribués par les groupes
breux investissements réalisés par faveur d’un périmètre de consolida- première fois en bancaires marocains transfrontaliers
les groupes bancaires (banques tion élargi. 10 ans que le coût sont issus des filiales africaines. La
du risque des
participatives, réseau, système d’in- Ainsi, le résultat net part du groupe contribution des filiales à l’étranger
banques, en base
formation, digital, etc.) ont généré réalisé à l’international a augmenté au RNPG est passée de 25% à 28%.
sociale, enregis-
une hausse des charges générales de 24,5% à 2,9 milliards de dirhams, tre une baisse. Concernant le produit net bancaire,
d’exploitation. Celles-ci ont cumulé après une hausse de 21,6% une cette contribution s’est établie à 33%
près de 34,5 milliards de dirhams, année auparavant. contre 31% en 2016. u
s’inscrivant en hausse de 7%, contre
4,1% à fin 2016. Il en résulte une
détérioration du coefficient moyen
d’exploitation de 0,7 point à 51,5%.
Le risque de contagion transfrontalière est très limité
La présence de plus en plus importante d’actifs issus des filiales africaines dans les bilans des
L’international pèse banques marocaines pourrait faire craindre un risque de contagion transfrontalière qui, par effet
de plus en plus domino, serait susceptible de se propager au secteur bancaire au Maroc. Il n’en est rien, selon le
L’activité des filiales à l’internatio- dernier rapport sur la stabilité financière rédigé par l’ACAPS (le régulateur des assurances), Bank
nal des trois plus grandes banques Al-Maghrib et l’AMMC. «L’impact du risque de contagion transfrontalière sur la solvabilité des trois
de la place (BMCE Bank of Africa, banques reste très limité», affirment les régulateurs.
Attijariwafa bank et Banque Centrale D’après le rapport, les expositions des trois banques actives à l’international sur leurs filiales
Populaire) s’accélère et contribue de implantées en Afrique sont très limitées et représentent 0,3% de leurs actifs à fin 2017. Ces
plus en plus au PNB et aux bénéfices. expositions sont réparties de manière différenciée, avec une part de 30% sur la Côte d’Ivoire, 12%
Ces filiales ont en effet généré un sur le Sénégal et 10% respectivement sur le Gabon et le Niger.
PNB en hausse de 14,6% à près de Afin d’évaluer l’impact de défaut des filiales établies en Afrique sur leurs maisons-mères, un stress
17 milliards de dirhams, dont près test a été réalisé sur la base des expositions directes bilan et hors-bilan des trois banques.
de 79% ont été réalisés en Afrique Les résultats indiquent que les banques marocaines disposent d’une marge de solvabilité suffisante
subsaharienne. pour absorber des chocs provenant du défaut de l’ensemble des filiales en Afrique. Rassurant.

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 79


S ystème bancaire

Banques participatives

Quel bilan après un an


d’activité ?
Voilà déjà plus d’une année que l’activité bancaire, sous sa forme participative, est à l’épreuve du marché
au Maroc. Les clients désireux de financer un projet d’acquisition (immobilier, automobile...) ont désormais
le choix entre un financement conventionnel et un autre participatif.

M
algré l’absence Les banques manquent déjà réseau et les systèmes d’infor-
de l’assurance de ressources mation. Tout cela se finance par
Takaful, élé- Malgré cette embellie apparente fonds propres. Les professionnels
ment néces- et ces chiffres plutôt rassurants, ne s’en cachent pas d’ailleurs.
saire au déve- les banques sont confrontées à Mohamed Maârouf, Directeur
loppement de un tarissement des ressources, ne général de BTI Bank, estime que
la finance par- parvenant pas à suivre le déve- ces banques peuvent financer le
ticipative, les banques accueillent loppement relativement rapide de double de leurs dépôts. Mais, pour
les clients et octroient d’ores et déjà l’activité. Les observateurs les plus cela, les instruments de refinance-
les premiers financements «halal». avertis l’ont constaté à l’occasion ment sont nécessaires. Même son
Le bilan d’étape dressé par Bank des publications annuelles de ces de cloche de la part de Youssef
Al-Maghrib, à fin juin 2018, est plu- banques, où les ressources clien- Baghdadi, DG de Bank Assafa, qui
tôt satisfaisant. tèle sont ressorties limitées, alors soulève un risque de dépôts qui
Ainsi, au niveau du réseau, BAM que les banques font face à une peut peser sur la compétitivité des
recense 82 agences opération- forte demande de financements, banques participatives. Pour lui,
nelles sur tout le Royaume, en freinant ainsi leur capacité de ces établissements peuvent perdre
indiquant que ces dernières se transformation. en compétitivité si la collecte gra-
multiplient. En face, la Banque A la demande de financement de tuite ne se développe pas rapi-
centrale fait état d’une produc- la clientèle, s’ajoutent les inves- dement, surtout que les banques
tion de financements s’élevant tissements de départ relativement conventionnelles ont appris à maî-
à 2,2 milliards de DH, à tra- lourds. Certains établissements triser le coût de leurs ressources.
vers trois produits : Mourabaha se sont dotés de sièges sociaux
immobilière, Mourabaha auto et et doivent tous investir dans le Le Takaful et les Sukuks se
Mourabaha équipement. «Les gens font encore attendre
s’intéressent de plus en plus à la Au-delà de ce problème de res-
Mourabaha immobilière et même sources, plusieurs chaînons
à la Mourabaha automobile», manquent encore à l’écosystème
avait d’ailleurs affirmé le wali, participatif. La mise en place de
lors du point-presse post-Conseil financements participatifs, notam-
monétaire du deuxième trimestre.
Les banques sont confrontées à un ment Mourabaha et Ijara, suppose
Toujours à fin juin, 43.000 comptes tarissement des ressources, ne parvenant la disponibilité de produits d’assu-
ont été ouverts, tandis que les pas à suivre le développement relativement rances conformes à la Sharia. A ce
dépôts de la clientèle totalisent jour, aucun produit de ce genre
1,1 milliard de DH. rapide de l’activité. n’existe sur le marché. Même les
entreprises d’assurances ne sont

80 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


pas encore agréées pour commer- Un cadre fiscal incomplet soumises au même régime d’IS
cialiser le produit Takaful. Outre l’émission du Sukuk souve- La Banque cen- que les produits de placement à
L’arrêté approuvant la circulaire rain, Mohamed Boussaid, ministre trale fait état revenu fixe. Il y aura également
relative à l’assurance Takaful est de l’Economie et des Finances, est d’une production une clarification de la base d’im-
déjà finalisé; les textes d’applica- toujours attendu sur la neutralité de financements position de la TVA pour les opéra-
tion, eux, sont en cours de finali- fiscale des produits participatifs. s’élevant à 2,2 tions du produit bancaire partici-
sation, comme l’a annoncé Jouahri Malgré les efforts consentis par milliards de DH, patif «Ijara Mountahia Bitamlik»
à travers les trois
il y a quelques mois. «Le Takaful l’Exécutif dans le dernier projet (équivalent du crédit-bail dans la
produits dis-
est à sa phase finale, qui est de de Loi de Finances, il reste encore ponibles.
finance conventionnelle). Enfin,
modifier certaines dispositions du du chemin à faire. Plusieurs amé- une autre disposition concerne
code des assurances». Et d’ajou- liorations ont été introduites dans les droits d’enregistrement. Dans
ter, «nous vous assurons que les le PLF 2018, mais du point de le but d’encourager l’accès à la
Ouléma, nous les faisons travailler vue des professionnels, cela reste priorité via les produits participa-
le samedi et le dimanche pour insuffisant pour parler d’une neu- tifs, il a été proposé d’appliquer
accélérer les choses». tralité parfaite. des taux réduits selon la nature
En outre, les banques participa- «Les dispositions intégrées dans du bien.
tives auront besoin également l’actuel projet sont très modestes Aux yeux des banques, ce disposi-
d’un marché des capitaux parti- et ne permettent pas d’assurer tif fiscal est incomplet, car il s’est
cipatifs pour financer leur activité une neutralité parfaite», nous limité à encadrer deux produits
et leur liquidité. Ce chantier sus- confie un banquier de la place. seulement (Mourabaha Immobilier
cite beaucoup d’inquiétudes parce «Ce manque de visibilité ne fera et Ijara Mountahiya Bitamlik), au
qu’il n’avance pas au rythme que pénaliser cette industrie nais- moment où certaines attendent
souhaité. L’opération d’émission sante», ajoute-t-il. le feu vert du Conseil supérieur
d’un Sukuk souverain, initialement Trois dispositions ont été rete- des Ouléma pour commerciali-
annoncée pour la fin du premier nues: les rémunérations des ser d’autres produits (Moudaraba,
semestre 2017, puis repoussée au dépôts d’investissement seront Salam...). u
mois de juillet 2018, n’a finale-
ment pas eu lieu.
La prochaine étape est donc d’at-
tendre sagement que le Conseil Du nouveau pour les entreprises
supérieur des Ouléma (CSO) valide Bank Al-Maghrib a adopté au mois de juillet dernier un projet de circulaire complémentaire
les textes. L’Autorité marocaine
au produit de financement participatif qui introduit les règles régissant les financements
du marché des capitaux (AMMC)
de type Istisnaa. La Banque a précisé que le produit Istisnaa va permettre de répondre
estime qu’un travail de pédagogie
aux besoins de financement des entreprises, notamment les entreprises de promotion
est nécessaire pour familiariser
les parties prenantes avec les immobilière et les entreprises industrielles. La circulaire en question va être soumise à
contraintes du marché des capi- l’avis du Conseil supérieur des Ouléma.
taux. Des professionnels pensent Par définition, Istisnaa est un contrat d’entreprise en vertu duquel une partie (Moustasni’i)
que décembre 2018 serait un scé- demande à une autre (Sani’i) de lui fabriquer ou construire un ouvrage moyennant une
nario «optimiste». rémunération payable d’avance, de manière fractionnée ou à terme.

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 81


F inancement

Start-up

Démarrage prometteur
du Fonds Innov Invest
Huit mois après son lancement, où en est ce fonds destiné à financer les start-up innovantes ?
Les premiers éléments de réponse.

D
émarrage promet- centrale de garantie (CCG) à déjà opérationnels : il s’agit de
teur du Fonds Casablanca, et qui a réuni les Seaf Morocco Growth, Green Innov
Innov Invest, acteurs de l’écosystème naissant Invest ainsi que de Maroc Numeric
lancé en grande des start-up au Maroc, a été l’oc- Fund II. Pour ce dernier, le clo-
pompe en octobre casion pour Mohamed Boussaid, sing a été officiellement signé en
dernier, et qui ministre de l’Economie et des marge de l’évènement.
doit permettre de Finances, de dresser un premier Le quatrième et dernier fonds, à
réduire le gap de financement des bilan d’étape du Fonds Innov savoir Azur Innovation, devrait
start-up innovantes. Invest, 8 mois après son démar- quant à lui démarrer de manière
La Conférence internationale rage. imminente ses activités, toujours
«Innov Invest Day : rencontre de Ainsi, à ce jour, 3 fonds d’amor- selon la tutelle.
l’entrepreneuriat innovant», orga- çage et en capital risque sur les Rappelons qu’à travers ces fonds,
nisée récemment par la Caisse 4 créés en 2017 sont d’ores et qui interviennent sur des créneaux
d’avenir et innovants, tels que les
TIC, les énergies renouvelables, les
biotechs, l’agribusiness ou encore
Incubateurs : Lancement de la deuxième phase de labellisation les fintechs, 700 millions de DH
sont mobilisés (900 millions si l’on
y ajoute la composante accompa-
La CCG vient de lancer dans le cadre du Fonds Innov Invest un appel à manifestation
gnement des start-up) pour être
d’intérêt pour entamer une deuxième vague de labellisation d’incubateurs (clusters)
injectés dans des start-up dans les
chargés d’accompagner les projets innovants et les start-up en phase de pré-amorçage. 5 prochaines années. Les tickets
Cette vague contiendra au maximum 10 structures qui viendront s’ajouter aux 6 autres déjà d’entrée seront en moyenne de
labellisées en octobre 2017. 5 à 6 millions de DH, en prise de
Les nouveaux incubateurs assureront les services d’accompagnement et de financement participation directe.
des start-up, à savoir la prospection (organisation d’événements pour appels à projets...),
la sélection (évaluation du caractère innovant, appréciation du potentiel du projet...) et Les projets affluent
l’accompagnement (coaching, mentoring, mise en relation, incubation, prototypage...), et Concernant les incubateurs label-
le cas échéant le financement (subventions, prêts d’honneur...). lisés pour accompagner les pro-
Les structures qui seront labellisées recevront un appui financier pour octroyer le produit jets en phase de pré-amorçage,
«Innov Idea» (subvention) et auront éventuellement la possibilité d’accorder «Innov Start» une nouvelle vague de labellisa-
(prêts d’honneur) en faveur de porteurs de projets innovants, indique la CCG. tion est programmée en juillet de
cette année (voir encadré). «4 à
Il est prévu aussi, au titre de cette composante, de financer et d’accompagner près de 300
10 nouveaux incubateurs seront
porteurs de projets et start-up, à raison d’environ 10 projets par structure et par année.
sélectionnés», nous confie Hicham
Les structures d’accompagnement intéressées doivent fournir les informations récentes Serghini, Directeur général de la
relatives aux dernières années de leur activité, justifiant qu’elles sont qualifiées pour CCG. Ces nouveaux incubateurs
exécuter les services demandés. viendront s’ajouter aux 6 struc-

82 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


tures déjà labellisées, à savoir APP
Editor, Cluster Solaire, Impact Lab,
«Nous allons densifier l’écosystème»
R&D Maroc, Réseau Entreprendre Finances News Hebdo : Dans quel contexte s’inscrit
Maroc et Start-up Maroc. cette journée organisée par la CCG consacrée à l’entre-
Les 6 structures en question ont preneuriat innovant ?
déjà reçu plus d’une centaine de Hicham Serghini : Le Fonds Innov Invest est une ini-
projets, dont 12 ont été retenus tiative gouvernementale lancée il y a quelques mois
et ont reçu des financements à afin de réduire le gap de financement qui existe sur le
travers les produits Innov Idea marché des start-up. Ce fonds a été conçu de manière
et Innov Start (aides et prêts sur à créer une chaîne de financement, qui va de l’idée
l’honneur) pour un montant global au développement de la start-up. Nous parlons ici des
de 3 millions de DH. start-up qui ont moins de cinq ans, c’est-à-dire celles
qui ont de grandes difficultés à trouver des finance-
Partenariat avec le Fagace ments pour pouvoir se créer et se développer.
En marge de l’Innov Invest Day, Cet événement a rassemblé des experts locaux qui
une convention de coopération a représentent l’écosystème au Maroc de promotion des
été conclue entre Minafou Fanta start-up, ainsi que des experts internationaux venant
Coulibaly-Koné, DG du Fonds afri- d’Europe, d’Amérique et même d’Asie.
cain de garantie et de coopération Aujourd’hui, les financements sont là, à hauteur de Hicham Serghini
économique (Fagace), et Hicham 900 millions de DH : 500 millions de DH mobilisés par lisées travailler, parce qu’elles doivent évaluer non
Serghini, DG de la CCG. Cette l’Etat et 400 millions par les investisseurs privés natio- seulement le financement, mais aussi la faisabilité
convention vise à instaurer un naux et internationaux. du projet. Il est donc très prématuré de définir une
cadre solide de partenariat entre tendance dès les premiers mois. Nous allons densifier
les deux institutions et couvre F. N. H. : Quelle appréciation faites-vous 8 mois après l’écosystème, faire en sorte qu’il y ait de nouveaux
prioritairement l’assistance tech- le lancement du fonds ? acteurs sur le terrain, et au bout d’un an ou 2, nous
nique de la CCG au Fagace en H. S. : Nous sommes encore en phase de démarrage. pourrons réellement tirer les premières conclusions.
matière de financement des TPME Tout dépend des structures labellisées qui jouent
et de gestion des risques. le rôle de front-office avec les start-up. A partir de F. N. H. : Qu’en est-il de l’intégration des businessan-
Il est également question d’œuvrer l’année prochaine, nous essaierons d’accélérer la gels à cet écosystème ?
pour créer un environnement cadence. Pour preuve : depuis le mois de juillet, nous H. S. : Nous allons procéder à un appel à manifestation
favorable à l’accès au finance- avons lancé une seconde édition de labellisation de d’intérêt à destination des businessangels, pour voir
ment afin de faciliter les relations clusters, afin d’avoir une force de frappe beaucoup ceux qui vont être intéressés. Avec eux, nous allons
économiques, les échanges tech- plus importante que les 6 structures dont nous dispo- construire un cadre global de coopération et faire du
nologiques et les collaborations sons actuellement. cofinancement et du co-investissement : 1 dirham
entre entreprises marocaines et injecté par un businessangel, 1 dirham injecté à tra-
celles du périmètre géographique F. N. H. : Peut-on aller plus vite ? vers Innov Invest. Cela sera pour des financements de
du Fagace. u H. S. : Je pense qu’il faut laisser les structures labé- moins d’un million de DH. u

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 83


I mmobilier

Le secteur dans l’expectative


Les promoteurs ont revu à
la baisse leur businessplan
en attendant d’avoir plus de
visibilité.
Ils attendent des offres plus
adaptées pour le social et la
classe moyenne.

M
a l g r é
quelques
signaux
positifs,
c o m m e
la relance
des crédits
aux promoteurs constatée depuis
quelques mois, le secteur immobi-
lier n’est toujours pas sorti de sa
léthargie.
Pour les promoteurs, l’heure est Driss Nokta, vice-président de la L’instauration aux besoins du marché, notamment
toujours à l’écoulement des stocks Fédération nationale des promoteurs du statut de pro- dans le social et le moyen standing.
d’invendus accumulés à cause de immobiliers (FNPI). moteur devrait Il s’agit de lancer un nouveau
la surchauffe qui a caractérisée le «Les appartements qui ne trouvent professionna- modèle de segment social compor-
liser l’activité et
secteur ces dernières années. pas preneurs réduisent la vitesse de tant plusieurs produits, et non un
barrer la route
Ainsi, pour le segment social, et rotation des projets. Les opérateurs aux spécula-
seul comme c’est le cas actuelle-
selon plusieurs professionnels, le sont amenés à revoir à la baisse teurs. ment, avec l’offre de 250.000 DH
temps d’attente pour la livraison leur marge pour dégager du cash et qui a fait son temps. D’autres offres
des logements se réduit de plus en investir de nouveau», ajoute-t-il. plus en phase avec les attentes des
plus dans les grandes métropoles, Cette phase de déstockage risque consommateurs, une à 300.000 DH
au moment où dans les moyennes de s’allonger. Les professionnels du et une autre ayant une qualité de
et petites villes, les livraisons sont secteur cherchent à innover pour en finition et une superficie plus élevée
quasi immédiates. Néanmoins, il accélérer la cadence. Outre le foison- dont le prix ne devrait pas dépasser
faudra encore se montrer patient nement de promotion et de remises 350.000 DH, sont souhaitables.
pour que l’offre soit absorbée par sur les prix, ou encore la prise L’idée aussi est d’installer des pro-
le marché, et le retour à l’équilibre en charge de certains frais comme duits moyen standing plus compéti-
n’est pas attendu à court terme. l’enregistrement, la conservation tifs. «Notre expérience a montré que
Les promoteurs ont à cet égard revu foncière ou les frais notariaux, les bon nombre de Marocains n’arrivent
à la baisse leur businessplan dans opérateurs revoient également la pas à accéder à la propriété à cause
l’attente d’avoir plus de visibilité. typologie de leur offre. La dernière de l’indisponibilité de produits adap-
«Plusieurs promoteurs ont réduit en date concerne le lancement du tés à leur budget, notamment pour
les nouvelles mises en chantier concept des duplexs dans le seg- la classe moyenne où l’essentiel des
car ils n’ont pas écoulé totale- ment économique pour séduire la besoins est compris entre 800.000
ment les projets déjà commerciali- clientèle. et 1.000.000 DH. C’est à ce niveau
sés. En moyenne, 20% de certains que le gouvernement doit réfléchir.
immeubles sont encore en attente Le gouvernement attendu Le produit lancé depuis quelques
d’acquéreurs. Le chiffre d’affaires En matière de propositions adres- années a été voué à l’échec, car il
dégagé permet de pallier certaines sées au gouvernement afin de don- n’a pas séduit les promoteurs et
charges, notamment les crédits ner un coup de fouet au secteur, les demeure en deçà des attentes des
contractés auprès des banques, le professionnels préconisent d’encou- acquéreurs», précise notre interlo-
foncier et autres frais», souligne rager des produits plus adaptés cuteur. u

84 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ]


Immobilier

Le Groupe Mfadel fait sensation au Smap


Immo 2018 de Paris
Lors de la quinzième édition du Smap Immo de Paris
(Salon de l’immobilier marocain) qui s’est tenue en juin
dernier, la présence du Groupe Mfadel n’est pas passée
inaperçue et a fait sensation auprès des visiteurs.
Il faut dire que le groupe immobilier marocain a marqué
les esprits avec une offre des plus alléchantes : pour
tout achat d’un bien immobilier, le Groupe Mfadel, fidèle
à sa générosité, gratifiait sa clientèle d’une somme de
100.000 dirhams. Une première dans le secteur.
Réunie au grand complet pour cet évènement, la
famille Mfadel n’a pas lésiné sur les moyens pour que
sa présence au Salon soit un moment remarquable, en
témoigne la beauté du stand dédié au groupe. Le top
management du groupe a pu ainsi mettre en avant la
diversité des offres, la renommée acquise en termes
de qualité des constructions et son positionnement
résolument tourné vers la satisfaction du client, lequel
est placé au centre des préoccupations du groupe.
Les nombreux visiteurs du stand du Groupe Mfadel
ont été particulièrement séduits par les projets mis
en exergue cette année, à savoir Kamal Park Center,
Central Park et Bel Air Zenata.
Le stand a par ailleurs reçu la visite d’invités presitigieux
comme le ministre de l’Habitat, Abdelahad Fassi Fihri,
le président de la région Casablanca-Settat, Mustapha
Bakkoury, ainsi que Taoufik Kamil, président de la
Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI).
Ces derniers n’ont pas manqué de féliciter l’ensemble
des équipes commerciales du groupe pour l’ampleur et
la qualité du travail réalisé.
Publi-reportage
Samsung Business Suite

La nouvelle plateforme numérique


dédiée aux PME
Samsung Business Suite est une solution digitale développée pour aider les PME à surmonter les défis de
complexité, de coût et d’infrastructure.

S
amsung Electronics Moyen-Orient et du manque d’infrastructure pour exploiter et ment les applications sur les appareils Samsung.
Afrique du Nord (MENA) a déployé maintenir ces solutions. Basée sur le cloud, la plateforme cloud relie
une plateforme de cloud de dernière Ceci est confirmé par les résultats enregistrés directement les applications métiers au portail
génération destinée aux petites et par Global Entrepreneurship Monitor (GEM), web. Elle peut être créée et prête à être utili-
moyennes entreprises. Il s’agit d’une qui montrent que 70% des répondants dans la sée sur les smartphones et tablettes Samsung.
solution B2B conçue pour soutenir leurs capaci- région MENA, qui sont intéressés par la création Samsung Business Suite offre aux PME, six des
tés numériques et mobiles. L’offre regroupe de nouvelles entreprises, ne parviennent pas à applications B2B les plus demandées, des appli-
un ensemble d’applications professionnelles à compléter le processus. cations et des fonctionnalités supplémentaires
la demande, telles que E-survey, E-Menu, Geo «Samsung Business Suite vise à relever ce défi, prévues dans le futur.
Reporting et bien d’autres, personnalisables en soutenant les PME qui comprennent la valeur
selon leurs besoins et lancées à distance sur les de l’innovation numérique et technologique, Les six applications B2B les plus
appareils Samsung désignés. mais se sentent dépassées par le choix et demandées
Ces applications sont déjà disponibles pour les l’encombrement des solutions numériques sur le 1. Satisfaction du client : Application qui mesure
entreprises de la région à télécharger sur le site marché qui peuvent répondre à leurs besoins», la satisfaction du client de manière efficace et
web de Samsung. précise Chlala. recueille les détails clés, tels que les commen-
«Les PME sont un contributeur important au taires et les informations de contact qui peuvent
moteur économique au Moyen-Orient et en être utilisés pour la gestion des données et les
Afrique du Nord. Alors que la région MENA avance promotions, ce qui assurera le succès des entre-
vers un programme de transformation et de prises.
diversification économique dans la construction 2. Enquête électronique auprès des clients :
d’une économie basée sur la connaissance, les Samsung Business Suite offre application qui permet aux PME de créer des
PME serviront de base à cette mutation. A cet aux PME, six des applications enquêtes et d’adapter leurs questions pour
effet, les PME sont confrontées au défi d’évoluer mieux comprendre et servir leurs clients.
dans un climat d’affaires compétitif avec des B2B les plus demandées, des 3. E-bannière / affichage : Application qui affiche
complexités, des coûts élevés et un manque applications et des fonctionna- la publicité et les promotions des PME sur les
d’infrastructures», déclare Abdo Chlala, vice- appareils mobiles, offrant un environnement
président IT & Mobile chez Samsung Electronics
lités supplémentaires prévues numérique et à la mode à leurs clients.
Middle East et Afrique du Nord. dans le futur. 4. E-Menu / Catalogue : Application pour les PME
«Le lancement aujourd’hui de la Suite Business pour construire et améliorer numériquement
de Samsung vise à permettre aux PME de mettre des menus ou des catalogues pour offrir à leurs
en œuvre les capacités et le savoir-faire numé- clients la commodité et la simplicité, ce qui
riques pour surmonter les difficultés grâce à Les atouts du portail Web de Samsung aidera les entreprises à se démarquer dans une
une solution plug and play simple et complète», Samsung Busines Suite bénéficie des multitudes foule de concurrents.
ajoute Chlala. atouts techniques et d’ergonomie que propose le 5. Geo Reporting : Application pour les PME qui
Selon les études de l’activité mobile de Samsung, site web de l’opérateur coréen. Elle offre aux PME leur permet d’être avec chaque équipe de travail
les PME représentent 56% du marché B2B de la une occasion plus facile que jamais d’utiliser et dans différents lieux de travail, et toujours rester
région MENA et partagent des défis communs. de personnaliser des applications commerciales informées des activités des équipes.
Ces enjeux ont trait notamment aux difficultés à prêtes à l’emploi, adaptées à leurs besoins spé- 6. Sim Lock : Application qui verrouille les appa-
adopter des solutions mobiles et à identifier les cifiques. reils professionnels lorsqu’une carte SIM non
outils numériques pertinents pour leurs besoins Ce portail web permet aux PME de maintenir la autorisée est utilisée pour renforcer les mesures
professionnels, à augmenter le coût des applica- reconnaissance de leur marque en appliquant de sécurité, assurant une utilisation efficace des
tions et des solutions dans le marché, et l’effet leur logo d’entreprise et en lançant immédiate- appareils de travail. u

Pour plus d’informations sur Samsung Business Suite, rendez-vous sur http://www.samsung.com/ae/business/mobile-solutions/business-suite/

FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°35 ] 87


S ociété

Association Oum Keltoum

«Notre action a permis de changer


la vie de personnes défavorisées»
L’association Oum Keltoum agit pour l’amélioration des conditions de vie de la population marginalisée
de la communauté de Sidi Moumen à Casablanca.
Elle est très active dans les domaines scolaire, social et culturel.
Rencontre avec El Mokhtar Bedraoui, directeur de l’association.

Finances News Hebdo : Pouvez-vous préscolaire (de la petite section à la


nous présenter l’association Oum grande section) qui est un vecteur de
Keltoum ? réussite d’insertion de l’enfant dans la
El Mokhtar Bedraoui : Oum Keltoum est vie active. S’ensuit un accompagnement
une association d’utilité publique qui de ces enfants dans le primaire. Ensuite,
a été constituée en 2007. Elle a une un axe métier est ouvert aux femmes
vocation sociale destinée à la commu- comme la cuisine ou la broderie noble
nauté de Sidi Moumen, un quartier qui qu’elle développe en tant que femme
regroupe plusieurs populations défavo- entrepreneure et d’autres ouverts aux
risées. L’association s’est élargie avec hommes comme la tapisserie ou la
l’ouverture en 2014 du Centre culturel plomberie. Un autre axe relatif à l’inté-
El Ghali à la mémoire du président gration et la dynamisation du rôle de
fondateur de l’institution, feu El Ghali la femme dans la société quel que soit
Berrada. Ce centre est destiné à pro- son âge est programmé, et concerne
mouvoir l’activité culturelle dans le la lutte contre l’analphabétisme. Nous
quartier. considérons que si l’on prend soin de
la femme, nous allons développer toute
F. N. H. : Quels sont les champs d’inter- la famille. Cet axe nous a permis d’ac-
vention de l’association ? compagner plusieurs femmes. Certaines
E. M. B. : Le Centre social Oum Keltoum, ont pu obtenir le certificat d’études
centré sur la mère et l’enfant, offre à la primaires et d’autres ont continué leurs
population démunie des services néces- El Mokhtar Bedraoui études secondaires. Nous comptons
saires (nurserie, préscolaire, soutien actuellement 4 classes de préscolaire
scolaire, école de la seconde chance Les nourrissons sont pris en charge du et 2 classes de soutien après l’école. De
à destination des enfants, mais aussi matin au soir, et l’association veille à plus, 8 classes en éducation informelle
alphabétisation, formation profession- leur fournir des repas, des vêtements et constituent notre école de la seconde
nelle des mères, suivi médical et psy- des soins médicaux quotidiennement. chance, à destination des enfants des
chologique, soutien juridique, etc.), afin Les premières années sont les plus rues, migrants ou déscolarisés. Enfin,
de les aider à prendre en charge leur importantes pour le développement durant les vacances scolaires, nous
vie et pouvoir se projeter dans l’avenir. de l’enfant, l’association leur donne organisons des activités de type centre
L’association intervient dans plusieurs l’amour, l’affection et les soins dont ils aéré, mêlant sport, activités culturelles
domaines à caractère social ou cultu- ont besoin pour démarrer convenable- et artistiques, jeux et sensibilisation à
rel. Au niveau social, la nurserie est ment dans la vie. l’écologie.
destinée à venir en aide aux femmes Notre nurserie accueille 70 enfants. En
célibataires, des mamans en situation tout, depuis sa création, nous avons F. N. H. : Qu’en est-il du Centre culturel
difficile ou de précarité et qui sont res- ainsi soigné, nourri et protégé 850 nour- El Ghali ?
ponsables de familles. Nous nous occu- rissons. E. M. B. : Ce centre est tourné vers tout
pons des enfants pour que la femme ce qui est savoir-être. Si l’on veut le
puisse travailler et subvenir aux besoins F. N. H. : Et au-delà de la nurserie ? situer dans la pyramide des besoins
de sa famille. E. M. B. : Après la nurserie, il y a le …/…

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de l’être humain, on passe à un autre toucher une autre population qui, de L’association villes comme à Marrakech par exemple.
niveau qui transcende le volet matériel. notre point de vue, nécessite un accom- assure un accom- Notre intervention sera dans le social, le
Il s’agit de favoriser l’éducation des pagnement particulier. Il s‘agit des per- pagnement des culturel et le scolaire. Cette implication
jeunes et leur offrir les outils néces- sonnes âgées masculines. Nous décli- enfants depuis le sociale demande énormément d’éner-
saires à leur épanouissement. Outre nerons tout un programme pour rendre préscolaire. gie, de temps et nécessite un certain
de nombreuses formations profession- leur quotidien plus agréable et les inté- soutien, une certaine adhésion de tous
nelles et autres cours dédiés à la pro- resser par des actions plus dynamiques. les acteurs concernés : la société civile,
motion de l’indépendance financière par Sur le plan territorial, nous envisageons les partenaires, l’administration et les
le travail, nous offrons plusieurs activi- l’ouverture de centres dans d’autres autorités locales. u
tés intellectuelles, culturelles, sportives
et artistiques à destination de nos
jeunes bénéficiaires. Plus de 12 cours
(arts plastiques, arts scéniques, photo-
Exemples concrets de réussite
graphie, danse, musique, arts martiaux,
etc.) sont dispensés chaque année.
Depuis la création du Centre, plus de
6.000 bénéficiaires ont suivi nos cours.
Plus de 100 spectacles sont organisés
au sein de notre amphithéâtre (théâtre,
festivals nationaux, musique, remise de
diplômes, spectacles de fin d’année,
mise à disposition de l’amphithéâtre.
Le site propose également un ensemble
d’autres activités sportives comme les
arts martiaux, la musique (guitare,
piano, solfège…), la danse (classique et
ballet), la peinture, les travaux manuels Depuis sa création, l’association Oum Keltoum a permis à plusieurs jeunes ayant reçu une
comme la poterie et le dessin. Pour formation au sein de l’institution de créer leurs propres entreprises : traiteur, réception, cuisine,
les étudiants universitaires du quartier, pâtisserie, mais aussi plomberie, réparation informatique, électricité, coiffure... Pour les femmes
nous proposons une bibliothèque pour ayant suivi des formations de couture, broderie ou tapisserie, il est envisagé de créer une
qu’ils assurent leur préparation dans de coopérative et un atelier communautaire regroupant ces femmes, afin de leur faciliter l’accès à
bonnes conditions. une activité génératrice de revenus.
L’école de la seconde chance présente également d’excellents résultats, avec 93 enfants réintégrés
F. N. H. : Quelles sont les actions futures au sein de l’école normale, souvent au collège.
que vous envisagez ? En matière d’alphabétisation, 17 femmes passent cette année le brevet des collèges et envisagent
E. M. B. : Notre action s’inscrit dans la de continuer leurs études au lycée. L’une d’entre elles prévoit même de poursuivre des études de
durabilité. Nous comptons dans le futur droit afin de devenir avocate.

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