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VOYAGE
AU
NOUVEAU CONTINENT.
DE L'IMPRIMERIE DE SMITH.
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î J~ 'ke' J~Mt~ Jt)bec<xH~nec~tc

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~JL~* e=~C~ e-*<~€~ CL~M~C~C~
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f~M~btMt 1

~M~M~M~Q~M~M~M~M&

A.DE HUMBOLDT. A. BONPLAND.


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iî~M!MMMM~

JL~~UZE années se sont écoutéesdepuis que je quittai


l'Europe pour parcourir rintérieur.du. nouveau continent.
Livré, dès ma premt~e ~uaesse, àFëtuderde la natu~~
sen~iMeà la beautéagces~tBd'un so~ hep~é~d~ ïncatag~es
et couvertd'antiques~rêts, ai trouvé daus ce voyage ~des
jouissances qui m'ont dédommagé des privation~attachées
à une vie tajbèrieuseet souventagitée. Cesjouissances, que
j'ai essayéde faire partagerà ïnes lecteursdans mes Cbh~t-
dérations sur &e~e~ et dans1' ~M~&ïPhysionomie
des ~c~aM.c~ n'ont pas été Ïe seulfruit
d'une entreprise
forméedansle desseinde contribueraux-progrèsdes sciences
physiques.Je m'étois préparé depuis long-temps auxobser-
vationsqui étoient le but ppincipatdemonvoyagealazone
torride;j'étois munidinstrumensd'unusage promptet facUe,
et exécutéspar les artistes tes p~s dis~ngués;je jouiissôis
de la protection particutière d'un gouvernement ~t, loinde
mettredes entravesàmes recherches,m'a honoré constam-
meat-de
mentde marques d" té', Atet
d'intérêt .t de
ddecon~ance
co~a~e j'etois-.1secondépar
par
un ami courageuxet mstruit, et, ce qut est un rare bonheur
Relation&MttM?ya~Tbttt.Z t
2 INTRODUCTION.

pourle succèsd~untravail commun, dont le zèle et Fé~alitë


de caractèrene se sont jamaisdémentis,au milieudes fatigues
et des dangers auxquelsnous e~O~squ~uOfoisexposes.
Dans des circonstancessi favorables, parcourant des
régionsqui, depuis des siècles, sont restées presque incon-
nues à la plupart des nations de l'Europe, je pburrois dire
à l'Espagne même, nous avons récueilli; M.Ponpiandet
moi, un nombreconsidérablede matériaux dont la publi-
cation sembloit offrir quelque intérêt pour l'histoire des
peuples et la connoissancede là naturey~s rechercher
ayant été dirigéesvers des objets très-varies, nous n'avons
pu en présenter les résultats sous la forme ordinaired'un
journal nous les avons consignésdans plusieursouvrages
distincts,rédiges dansie même esprit, et liés entre eux par
la nature dès pt~pnomènes qui y sont discutes. Ce genre de
rédaction, qui ïait découvrir plus facilement1 imperfection
des travaux partiels, n'est pas avantageux pour l'amour
propre du voyageur maisil est préférablepour tout ce qui
a rapport auxsciencesphysiques et mathématiques,parce
queles dHïerentesbranchés de ces sciences~ont rarement
cultivéespar la ~ïlêmeclassé Qeljecteurs."
Je m'étois proposé un double but dans le voyage dont
je publiéaujoùrd'huï la relationhistorique. Je dësiroisfatré
connôîtrëles pays que j'ât vistté;, et recueMlirdesfaits
propresà rë~andredu jour sur ~ne science q~i est a peine`
B
~v~
'ï~
.< ,3

~$' ,.9P;,de
'0~ 'é~s '~i~~ ~Yetsr~e.r~el'. ~e
parutle plus ?!?
et quelles ~~esde~ ~ne
nos pecherchesa~ou~rotentde nouvellesespècesà celles qui
sont déjà d~rîtes mà!s~['e~raïtt tou~urs connoiss~nc~
des ~its tsotés, quoï~e Bouvèaux,ceUe de reaehàîneïïient
des<mt!5oE~ervés dep~s~ioag-~mps,la découverted'un genre
inconnume paroïssoitbienmû'tnsin!tépessante qu une obser-
Vationsur tes rapports geogra~Mq~s des végétaux, sur les
migrationsdes plantes ~o~~c~~sur la limite de hauteur à
laquelle s élèventleurs di~reMes tribus vers la cime des
Cordillères.
Lessciences physiquesse Mennentpar ces mêmes liens
qui unissent tous les phënoïnèn~sde la nature. La classi-
ncationdes espèces ~uel'on ~oiti~ë~rder commela pat'tte
fondamentalede la ~~n~ue,et dont l'ëtudeestdeveauepi~
attrayante~t plus ~nsMe des méthodesnatu-
par ~rintroduc~on
relles, est à la ~ireo~ra~hiedes yégëtauxce quela mineralogte
descripttveestà~in~cationdespo~hesquicons~tuentlacr~
extepieuredu globePoursaisîr les lois quesuivent c~jpoches
dansleur gisement,pour determti'ierTagede teur ËM'ma~on
et leur iden~tëdansles cëglons~ptusélo~
successive
le géûloguedoit conno~.reavant to~t les &s~Hes Simplesqui
4 T~TR~DF~ON.
composentla maasedes montagnes~ l'oïyctpgnQsî~
fenseigneles~earactères et la Nomenclature. Men est ~e même
de cette partie de la physique'du monde qui trotte des
rapports; qu'ontlés rplantes'soiit e~tre elles, soit,avec le
sol qu'elles habitent, soit avecTa:ir qu'elles respirent
et;modiSent. Les progrès dp la géographiedes végétaux
dépendenten grandepartie de ceux de la botaniquedescrip-
tive, et ce seroit nuire ~à l'avancement des spienpesque
de vouloir s'élever à desfidées générales,en négligeant la
CQnnoissance des faits,patrilcuners.
Ges considérationsm'o~tt: guidédans le cours de mes
recherches elles: ont toujours,été présentesà mon esprit à
1 époquede mes études préparatoiï'es.Lorsqueje commeneai
à lire le grand nombre de voyages qui composent, une
partie si intéressantede la'littérature moderne je regrettai
que les voyageurs les plus.instruits dans des branches
isolées de l'histoire~natureUe?;eussent rarement reum des
connoissancesassez variées;pourjprpj&ter.de tous les. avan-
tages~qu'oNroitleur position.~Il me:sembloit que l'impoE-
tance dés résultats obtenus,jusqt~à~e jour, ne répondoït
pas entièrementaux~immenses progrèsque.plusieurssciences,~
et nommément la géolegie', ~histoire; des <modinçati<cms de
l~~ios~hère, la physiologie des animaux,et des plant<ës,
ayoient'faits a la im du: dix hmtieBEseLsiècle.~Je voyois ayec~
peine',et tous: lessa vansont, partagéce :senttmentavec moi,,
ÏNT~Dt~
t ~1t!
que, tandis que le nombre ~J~
de jour en ~our, nousignorions encote~é~évatï~~
tant demontagneset de pl~teaux~les psciUationsp~odtqnes
de l'océan aérien, la lïmtte d~sneigesp~rpétu~elles sous le
cerclepplaireet sur les bords de la zone t~rride, l'intensité
variabledes forcesmagnétiqueset tant d'autres phénomènes
égalementImportans,
Les expéditionsmaritimes, les voyagesautour, du monde
ont justement illustré les noms des naturalistes et des
astronomesque les gouvernemens ont appelés pour en
partagerles périls; mais tout en donnant_desnotions exactes
sur la configuration extérieure des terres, sur l'histoire
physique de l'océan et sur.les productions des îles et'des
côtes, ces expéditionsparoissent moins propres à avancer
la géologieet d'autres parties de la physiquegénérale, que
des voyages,dans l'intérieur d'un continent. L'intérêt des
sciences~naturelles y est subordonné à celui
3. de la géo-
graphie et de~>l'astronomie nautique. Pendant une navi-
gation.de plusieurs,années, la terre ne se présente que
rarement, à l'observation du .voyageur; et, lorsqu'il la ,.r
rencontre~après de. longuesattentes, il la trouve souvent
dénuée de ses plus bellesproductions.Quelquefois,au-delà
dunejCÔtestérile, il aperçoit un rideau de montagnes cou-
vertes,de verdure, mais~queleur éloignementsoustrait à ses
rechet:ches;et ce spectacle ne fait qu'augmenter ses regrets.
6 ïNTRO~CTÏON~

~.es voyages de terre p~ent de grandes dtniçultés~


le transport des instru~ena; et des coHections;n~ais
diRicultes sont compeïfséespar des avantagéspeels dont
il seroit inutile de ~re id~l'énumération. ~e n~est poMtt
en parcourantles cotes que l'on peutreconnoîtrel~irecHon
des chaînes dé montagnes e~ leur constitutiong~olbjg~que,
le climat propre à chaque zone et son influence sur ~es
formeset les habitudesdes êtres organises.Plusles conti~ens
ont de largeur, et plus on trouve développée,à la sur~c~du
sol, la richessedesproductions animaleset végétales;plusle
noyaucentraldesmontagnesest éloignédes bordsde l'océan,
et plus on observe,dansle sein de la terre~cette variété de
couchespierreuses, dont la successionrégulière nousrévèle
l'histoire de notre planète. De même~ue chaqueêtre con-
sidéréisolément est empreint r d'untypeparticulier, on en
reconnoït également un dans l'arrangement des matières
brutesréunies en roches, dansla distributionet les rapports
mutuelsdes plantes etdes animaux.C'eistle grand problème
de la physique<lu monde, que dé déterminer la formede
ces types, les lois de ces rapports, les liens éternels qui
enchaînentles phénomènesde la vie et ceux de la nature
inanimée.
En énonçantles moins qtii m'ont engagéà entrep~~dre
un voyage dans l'intérieur d'un <~n~nent, je ne JÎais
qu indiquer la direction générale de mes idées à u~ âge
INTRSDUGTÏ~N.. 7

ou l'on n'a ppint encore une j~ste mesurad~s<!S ~Mcc~.


Les plans 4e maprem~rejeunesse n'ont .ét~,e~~es.qu~'
tres-tncon~é~men~ n'a poi~t
l'étendue que j~ (~ï~p~ en partit pour
l'Amérique méridionale il n'a pas &M~W nom p~u&le
nombfe de résultats généraux que j'ayo~s espéré pouvoir
recuettHr.La cour de Madrid m'avoit accordé, en 179~
la permissionde m'embarquersur le galion d Acapulco et
de visiter les îles Marianeset Philippinesy aprèsavoir par-
couru les coloniesdu nouveau continent. Javois Ibrmé
alors le projet de revenir en Europepar te grand archipel
d'Asie, le golie persique et la route de Bagdad. J'aurai
occasion d exposer dans la suite les raisons qui m'ont
déterminéà hâter monretour. Quant aux ouvragesque nous
avons publiés,M. Bonpiandet moi, nous nous nattons que
leur imperfectionqui ne nous est pas inconnue ne sera
attribuée ni à un manque de zèle pendant le cours de
nos recherches, ni à u)atrop grand empressementdans la
publication de nos travaux. Une volonté I~rte et une per-
sévérance active~ne suSisentpas toujours pour surmonter
lesobstacles.
Aprèsavoir rappelé le but général que je m'étois pro-
posé dans mes courses~je vais jeter un coup-d'oeil rapide
sur 1 ensembledes collectionset des observationsque nous
avons rapportées, et qui sontle doublefruit' de tout voyage
8 INTRODUCTION
scientifique.Commepëndatrt notre séjour en Amënque, ta
guerre maritimerendbittres-incertaïnesles cdmmm~catiôhs
avec l'Europe, nous nous étionsvus forces~pourdiminuer
la chancedes pertes, de former trois collectionsdiSerentes,
dontla première fût expédiéepour l'Espagne et la France,
et la secondepour lesËtats-Un!set 1 Angleterre.Latroisième,
la pi usconsidérablede toutes, restapresqueconstammentsous
nosyeux euefbrmoitversla Rndenoscoursesquarante-deux
caissesrenfermantun herbier de 6000plantes equinoxiales,
des graines des coquilles, des insectes, et ce qui n avoit
point encore été porté en Europe, des ~M<~geoÏogiqu~es du
la
C!iimbora~o,dé NouveUe-Grenadé etdes rivésde l~mazone.
Aprèsle voyageà t~rénoque, nous déposâmesune partie de
ces objetsàTîle de Cuba,pour tes reprendreà notre retour
du Pérou et du Mexique. Le reste nous a suivispendant
1 espacede cinq ans, sur la chaîne des Andes, comme à
Parm!les végétauxq«e noas avensimtcodmtsdaa~sles dMËrNtSjiiBrjitM
de t'En~ope,
je citerai les espècesSMÎvamtësI~&etîa
ici, commedignes de t'.afMentioadesBotamstes,
Mgeas, L~sp!endeM!, CaIdMtahe~ophyBa~BMphndMt geNMBtNont,C~v.a)MK'dia
anthifriMBora, GyrocarpM amencana, Jacq., Czsatpuua MSMoMM,Sai~ia efBSMt,
Cyperas nodosm, Fagao'a !en!isoMM, HeSotMpmmdMnopodiotdes, C<M)T<~TotM
bogoten~, C. atbMescems,!pom<Bato~BBora,SoÏMHHM HamboHti,W3!d~,JMxAoodta
argentea, PiteainM~ ~B&n-~ce~Çasaa pemMa, C. nMUts~wa,C. pfo~Ea<a,C.casptdate,
Eoph<M~Hambotdtt,Wmd,, RNt~R)~S!sy~t&iamtMaMMm/StdaooMaMt,
S. tMangubns,~aseatasheteMphyNas, G~deeptetatMia, G. s~g~M~,~~Me~t Meo~r,
Psoratea~~nca~), Myncame~Mana,A.tHp!exRn!MM,tnga mMMmhyHa, AcMMdtptma,
A. BexMosa,A. patula, A. bMchyaMsmitha, A. oR~, A. atM~hMs, A. petovmna,
A. edatis et phmeMMvaNét~ de Geot~MS. (Voyez ~t~He)MMfRtsat. ~&Mt Aa~.
1809.)
ÏNTROMCTÏON.
travée de la Nouvelle-Espagne depuis tes côtes de l'Océan

PaciSque juscm~a celles de la mer des Antres. Le :transport


de ces objets et les soins <mnu<ieux qu'ils exigent, nous ont

causé des embarrasdont ïl est imposstbie de se faire une idée

exacte, même après avoir parcouru les parties les moms cul-

tivées de l'Europe. Notre marche a été ralentie par la triple


nécessité de traîner avec nous, pendant des voyages de cinq à

six mois, douze, quinze et quelquefois au-delà de vingt mulets


de charge, d'échanger ces animaux tous les huit à dix jours,

et de surveiller les Indiens qui servent à conduire une si nom-


breuse caravane. Souvent, pour ajouter à nos collections de
nouvelles substances minérales', nous nous sommes vus
forcés d'en abandonner d'autres que nous avions recueillies
depuis long-temps. Ces sacrifices n'étoient pas moins pénibles
que les pertes que nous urnes accidentellement. Une fâcheuse

expérience nous apprit assez tard qu'à cause de la chaleur

Lessubstancesminéraleset végétâtesque nous avons rapportées de nos courses, et


dont plusieurs étoientinconnuesjusqu'alors, ont été soumisesà l'analysechimiquepar
MM-Vauquelin, Haproth, Descotils,AMenetDrapier,qui lesont décritesdansdesmémoires
particuliers.Je rappelleraiici deux nouvellesespècesminérales le FeUer-Opatou Quarz
resinite miellé du Mexique ~iMapnxA~ e~'M. Unters. der Min. 7~ 7~ p. i56.
~oaae~eA~M~~e~c~der~ ~<MgM~. uQ.jtTaMtenmM.Tabellen,1808~.26, 88)
et Fatgentmutmtéconchoïdedu Pérou, muscblichesHornerz ~~&y?r.7~ to. A~aMt.,
p. Go, gy..M~zM der jPey~~t&t~ l, i58~ la mine d'argent -P«cb de Pasco
(f~~ le cuirregris antimonié,Graugiltig-Erz, de Tasco C~ 77~ y~), le fer
météorique, Meteor.Eisen, deDnrango C~A 7~, t0t~~ la chauxcarbonatée ierriiere,
stang!icherBraunspath, de Guamaxuato,dont les cristauxréunis en barres formentdes
triangles équiangles ~90)~ les Obsidiennesde la Montagne des Couteaux de
Moranet la pierre perlée de Cinapecuaro(Descotils, ~nna~ de CA~/e~LIII,
260)
~MztMMt &M<O~He, Tom.7.
M tNTROD~MGN,
humide du climat et des chutes:éq~entes~ c~~
somme, nous ne pouvions conserver'.m:'Ies.;peaux,a~t~

préparées à la hâte, ni les poissons et les reptiles p~~


des flacons remplis d'alcool. J'ai cru devoir entrer q~ïis ces

détails, très-peu intéressans en eux-mêmes, pour prouver


n'a de nous de rapporter en nature plu-
qu'il pas dépendu
sieurs objets de zoologie et d'anatomie comparée, que nous
avons fait connoître par des descriptions et des dessins.

Maigre ces entraves et les frais causés par le transport des

collections, j j'ai eu, à me féliciter de la résolution que avois

prise avant mon départ, de ne faire passer successivement


en Europe que les doubles des productions que nous avions
recueillies. On ne sauroit assez le répéter lorsque les mers
sont couvertes de bâtimens armés en course, un voyageur né

peut compter que sur les objets qu'il garde avec lui. De tous
les doubles que nous avons
expédiés pour l'ancien continent,

l'étainoxidéconcrétionnë,Holz-Zinn, du Mexique("P~eo~ ~MM. LIII, a6&)~la mine


brune de p!omb de Zimapan('Pe.K'ot/Z~ ~n~. ZZ/7, ~68J/ te sulfatede Strontiane de
Popayanet la Wafelite; une pepitede Ptatmedu Chocod'un poids de 1088~grains, et
dont la pesanteur spécinqueestdei8,947~a~ey!~g6)j la MoyadePetileo, substance
volcaniquecombustiblerenfermantdu feldspathCJC~7~, a8~J)~ le,Guanodes îlesdu
Pérou contenantde l'urate
d'ammoniaqueC~. 7~ 299; JFbMrc~'et ~aM~Me& Af~M.
~e/Y/<. 369~ le Dapiché du Rio Terni, espèce de caoutchoucManc que l'on
trouve à une demi-toisede profondeur dans un terrain humide ~&a~ JoM/Tt,
P~
XVII, le Tabashetrdes Bambousiersde
l'Amérique, différent de celui d'Asie
(/~MyM~ Mém.de /VM~ ~7, S82)} le Cortex Angosturœ,écorce du Boaplandia
trifoliata, de Carony; le Cinchona condamiaeade Loxa~t
plusieursautres espècesde
Quinquinaque nous avonsrecueilliesdansles forêts,de la
Nouveue-Grenadef~<!M<rMC&t.
~Z/i5~.
.ï~~O~
~t~inot~~OU! .~0 ;)Ï~ ;f'j~.c~pé~itnoÜ1}jré
seulement a'~ etë'sa~
maio~de pe)E'sëïm~ .car~ lorsqu'un
iiavire'est~o~dËË~ d~is$es'reli-
fermantdes pta~tës ~chesoudesroches,loin d'être transmises
auxsavansa qui elles sontadressées, restent abandonnéesà
Foubli. Que~Neis-utiesde nos coHeqtiohsgëoïo~îquesprisés
dansla merdu Stïd, ont eu cependantun sort pÏus heureux.
Nous devons leur consërvatïonà la généreuse activité du
chevalierBants, président de la SociétéRoyalede Londres,
qui, au milieu des agitations politiques de l'Europe, a
travaille sans relâche à resserrer les liens par lesquels se
trouventunis les savansde toutes les nations.
Les mêmescauses qui ont entravé nos communications,
ont aussiopposé,depuisnotreretour, beaucoupd'obstaclesà
la publication d'un ouvrage, qui, par sa nature, doit être
accompagned'un grand nombre de gravures et de cartes.
Si ces diHicultësse sont fait sentir quelquefoisdans des
entreprisesfaitesaux fraiset par la munificencedes gouver-
lt
nemens,combienne doivent-ellespas être plus grandespour 11
de simplesparticuliers? Il nous auroit été impossiblede les
vaincre, si le zèle des éditeurs n'avoit été seconde par
l'extrême bienveillancedu public. Plus des deuxtiers de
notre ouvrage sont déjà publies. Les cartes de rOrenoque,
du Cassiquiareet de la rivièrede la Madeleine,fondéessur
la INT~ODr~SM<m
t 8 ..L' t.'
mesobservations astronomitt~es,et placeurs centaines de
plantés gravéesau simpletrait, sont prêtes à paroltre, et je
ne quitteraipas rEurope~po~ vt~yage en
Asie, avantd'avoir ofÏert au public l'ensembledesrésultats
de ma première expédition~
Dansles mémoiresdestinesà approfondirles diversobjets
de nos recherches, nous avons tâche, M. Bonplandet moi,
de considérerchaque phénomènesous diNerensaspects, et
de classer no~ observations d'après les rapports qu'elles
enrôlent entre elles. Pour donnerune~juste idée de la
marcheque nous avonssuivie, je vaisprésentersuccinctement
lénumération des matériaux que nous possédonspour faire
connoîtreles volcans d'Antisanaet de Pichincha, ainsi que
celui de Jorullosorti de terre dansla nuit du 20 sept. i~So~,
et élevé de a65 toises au-dessusdes plaines environnantes
du Mexique. La position de ces montagnes remarquables
a été déterminéeen longitude et en latitude par des obser-
vationsastronomiques.Nousen avonsnivelle diSerentes
les
parties à l'aide du baromètre; nous y avons déterminé
l'inclinaisonde l'aiguille aimantéeet l'intensité des forces
magnétiques. Nos collections renferment les plantes qui
couvrentla pente de ces volcans, et les diSerentes roches
superposéesles unesauxautres qui en constituentl'enveloppe
extérieure.Des mesures suffisammentprécisesnous mettent
en état d'indiquer, pour chaque groupe de végétauxet
pour
~T~D~C'Ï'Ï~~
cMque Fpchev~cani~ue,la Iiauteuc j).a~ t~ tpottv~
au-dessus du niveau de l'<~c~~ nous ~rent
des séries d'observa~
iL.'te,..r4P,
é,
chargé électrique ~t~~ de ~air aux
bordsdes cratères de Pichinehaet de Jorullo. On y trouve
aussiles plans topographiques et les pronis géologiquesde ces
montagnes.fbndésen partie sur la mesure de basesverticales
et sur des angles de hauteur. Chaque observajtiona été
calculéed'après les tables et les méthodesque l'on regarde
commeles plus exactesdans l'état actuel de nos connois-
sances et, pour pouvoir juger du degré de confianceque
méritentles résultats, nous avonsconservé tout le détaildes
opérationspartielles.
Il auroit été possiblede fondre ces divers matériauxdans
un ouvrage destiné uniquement à la descriptiondes volcans
du Pérou et de la Nouvelle-Espagne.En oHrantle tableau
physique d'une seule province, j'aurois pu traiter sépa-
rément ce qui a rapport à la géographie, à la minéra-
logie et à la botanique mais comment interrompre, soit la
narrationd'un voyage, soit desconsidérationssurles mœurs,
l'aspect de la nature ou les grands phénomènes de la
physique générale, par rénumération fatigante des pro-
ductions du pays, par la descriptionde nouvelles espèces
d animauxet de plantes ou par le détail aride des obser-
vations astronomiques?En adoptant un genre de rédaction
i4 ïNTROMGTtON.
qui auroit réuni dans un même chapitretout ce qui a été
.4~ .:JÀ' .A.i.i;A\i.h'8'i'À

observé sur un même point du globe~j'aurois~composéim


ouvraged'une longueurexcessive, et surtout dénuéde cette
clarté qui naît en grande partiede la distributionméthodique
des matières. Malgré les eSbrts que j'ai faits pour éviter
dans cette relation de monvoyageles écueils que j'avois à
redouter, je sensvivement que je n'ai pas toujours réussi
à séparer les observationsde détailde ces résultats généraux
qui intéressenttous les hommes éclairés. Ces résultats em-
brassent à la fois le climat et son influence sur les êtres
organisés, l'aspect du paysage, varié selon la nature du
sol et de son enveloppevégétale,la direction des montagnes
et des rivières qui séparent les races d'hommescommeles
tribus de végétaux; enfinces modificationsqu'éprouve Fêtât
des peuplesplacés à différenteslatitudeset dans des circons-
tances plus ou moins favorablesau développementde leurs
facultés.Je ne crains pas d'avoir trop multiplié des objets
si dignes d'attention car un des beaux caractères qui dis-
tinguentla civilisationactuelledecelledes tempsplus reculés,
c'est d'avoir agrandi la masse de nos conceptions, d'avoir
fait mieux sentir les rapports entre le monde
physique et le
mondeintellectuel,et d'avoir répanduun intérêt plusgénéral,
sur des objetsqui n'occupoientjadis qu'un petit nombre de
savans, parce qu'on les considéroitisolés et d'après des vues
plus étroites.
'tN~B~f:
.t*puv~ ~g~l' c~u, j~,fa~s;~îtrë:
–– 't't~t.
ËXe~l'a~ntt0~.d~pl~ aan~are~de:,le~ateurs~qû.e:.
g~ràa~cl:,
le'detaâ~'d~.mes~~erv~~J~~ <? que
nMs.rechercheSc~
de la Nomvelle-~spagne~
rappeler Mt les travaux que nou~
M, Bonpiand et moi. Lorsque plusieurs ouvrages sont
étroitementIMSentre eux, il est de quelqueintérêt pou~ le
lecteur de coanottre les sources auxquelles il peut puiser
des renseignemensplus circonstanciés.Dans le voyage de
M.Pallas,quiest si remarquable parl'exactitudeet laprofondeur
dés recherches,le mêmeAtlas onre des cartes géographiques,
dès costumesde diSerens peuples, des restes d'antiquités,
des figures de plantes et d'animaux. D'après le plan de
notre ouvrage il a fallu distribuer ces planches dans des
parties distinctes on les trouvera réparties dans les deux
Atlasgéographiqueset physiquesqui accompagnentla Rela-
tion du Voyage et l'Essai politique sur le royaume de la
Nouvelle-Espagne,dans les Vuesdes Cordillèreset monu-
mens des peuplesindigènesde l'Amérique, dansles Plantes
Ëquinoxiales,la Monographiedes Melastomes,et le Recueil
d'observationszoologiques.Comme je serai obligé de citer
assez souvent ces diSerens ouvrages, je vais indiquer en
note lés abbréviationsdont je me suis servi pour en rappeler
les titres.
16 INTROBMCMO~
t. Recueil
~cMet/ J'o~er~~o~
J'o~er~~o~ a~~oM~MM~
a~~MOM~MM~ ~'p~
~'p~
~~o~OMté~~M~et NtC.M~*e~ ~ro~e~y~~J j~z~ /acM-
~0!/ï<le cours r~OM~~M~C~M~ ~M
nouveau,co~tMeM~'jen t~So~. Getpuvrage~ auquel
on a joint des recherches historiques sur la position de
plusieurs points importais pour~es navigateurs, renierme
i.° les observationsoriginalesquej ai faites depuis les 12°de
latitudeaustrale jusqu'aux ~i" de latitude boreate, comme
passages,du soleil et des étoilespar le méridien, distances
de la lune au soleilet aux étoiles,occultationsde satellites
éclipses de soleil et de lune, passages de Mercure sur le
disque du soleil, azimuths, hauteurs circumméridiennesde
la lune pour déterminerla longitudepar ~ëmoyen desdiSé-
rences de déclinaisons,recherchessur l'intensité relative de
la lumière des étoiles australes mesures géodésiques,etc.
3.° Un mémoire sur les réfractions astronomiquessous la
zone torride, considéréescomme effet du décroissementdu
calorique dans les couches superposées de Taîr; 5." le
nivellementbarométrique de la Cordillère des Andes, du
Mexique, de la province de Venezuela, du royaume de
Quito et de la Nouvelle-Grenade, suivi d'observations
0~r. endeuxvolumes m- J'aidiscuté, dansl'Introduction àla
ptacée
têtedecetouvrage,
le choixdesinstrumens
lespluspropresà employer,
dansdes
voyages ledegré
lointains, deprécision
quel'onpeutatteindre
danslesdiaërens
genres
lemouvement
d'observations, propre
de'quelquès
grandës~toïles austral,
de-l'hémisphère
etplusieurs
méthodesdontl'usage
n'estpasassez
répanduparjnilesnavigateurs.
INTR~~M~GTION. ï7

géoïogïq~é~n~miantl'mdtc~
t~s ha~teuips ~calcutees
~pj~l~ &rnau~ Iâa ~~e et
BOuveà~ coëSM~M~~ï~~ 4-l1,n';t)Jjleau,dè,près
de sept centspositionsgéographiquesc!°u' nouveau continent,
dont deux cent trente-cinq ont été déterminéespar mes
propres observations,selon les trois coordonnéesde longi-
tude, de latitude et de hauteur,
H.jP&tM~M eyM<Mo.yM:~M recMC~~au jMc.r~MC dans
l'tle <~ Cuba, dans ~s~o~Mce~ de C~FYïca~~ de Cumana
et de j9arcc~oytc~aux Andes de la ~VoM~e~e-C~eM~e~
Je~M~o du ~eroM~et sur &o~ JM Rio ~Vc~ro~
de fOr~fM~Meet de ~ï rivière des ~TMa~oMe~M. Bon-
pland y a donné les.Ëguresde près de quarante nouveaux
genres 2de plantes de ~a zone torride, rapportées à leurs
famillesnaturelles.Les'descriptionsméthodiquesdes espèces
sont à la fois en francois et en latin, et accompagnées
d'observationssur les propriétés médicalesdes végétaux,
sur leur usage dans les arts et sur le climat des contrées
où ils se trouvent.
Itl. JMoMO~ra~te des ~eZa~o~M~ Rhexia et autres

J' équin., en deux volumesin-folio, ornés ae plus de t5o planchesgratées au


burin et tirées en noir.
Nous ne citeronsici que les genresCeroxylon, Marathrmn, Cassupa, SacceHium,
Cheirostemon, RhetiniphyUum, Machaonia,HmnocharM, Berthole'tia, Exostema,
Vanquelmia,Guardiota,Turpinia,Salpianthas,Hermesia,Ctadostyles,Liteea,Culcitium,
Espeletia, Bonptandia, P!atyeàrpum,Gyaeriam, Eadema~T~eBarda, Andromachia,
Kunthia,Rhaptostytum,Menodora,Gaylussacia,Podopterus,Leucophyllum,Angelonia.
Relation A~tor~Me,7bw. 7. a 3
18 INT~ODMTà~f.
&ïre
~e~FS~<~ ce~ or<~ Cet ouvrageest destïne à
coHMoîtreplus de centcinquante espèces de Melastomacées
que nous avonsrecueillies pendantle coursdé ïio~F~expé-
dition et qu~font un
des~ plus beauxornetAensde là
végétationdes tropiques.M. ~Bonpiandy a joint les plantes
dela mêmefamineque, parmitant d'autres richessesd~his-
toire naturelle, M. Richarda rapportéesde son intéressant
voyage aux Antilleset a la Guyanefrancoise,et dont II
a bien voulu nous commumquer les descriptions..
FV. ~t ~Mr ~o~e ~M ~Zsy~M~accoM/M~Tte
~~MM ~&~<ïM ~MC < C~MÏMOJ!*M~e~ J~M~S~M~
J~ /Ke~Mr<?~ e.yécM<ce~Je~MMle <~e~Mtedegré de &x~M~e
~orea~e jusqu'au J~ytéme
boréaleyM~yM~M di~iérne ~egrë
degréde.1,titud~
<~&ï~jfMJc accûstraZe.
M~/y~.J',J'ai
essayé de reunîr dans un seul tableau lensen~ble des
phénomènesphysiquesque présente la partie du nouveau
continent comprisedansia zone torride, depuisle niveaude
la mer du Sud jusqu'au sommet de la plus haute cime des
Andes; savoir la végétation, tes animaux, les rapports
géologiques,la culture du sol, la températuredeTair, lès
limites des neiges perpétuelles, la constitution chimique

Geo~r. unvolume
~<~<"&, in avecunegrande planche coloriée.
Cetouvrage,
pourlapremière
imprimé foisen1806,
seraréimprimé
avecdesadditions,et formera
lacinquième delacollection
partie complète, pourtitre.P~H~Me
ayant J'ai
gCMen!?e.
lespremières
exposé idées
surla~o~~Ate <CM~&M!<<surleursaMMM~MM M<M~/e$
et/~M<o/re
~e&-MMM~ra<MM, dans
maJPYo~a
.f~e~MMM ~M~c~«~<tM<caf
~&tn<<t.f
yywMraw ~M~/vaKe~~ CMt
otcee~M/t<
ap&on$M<e~c ~~MO~M c&eNMM ~&t~fMo<.
(2?e/w~
~79~')
'ÏNT~D~~J~ !9

de~nosphe~ r t~e~sxor~
:M~hsMnM~~Cf!<'r~n~N~<~)~~ ~arc~
~2t~r(x·.
~aé~ec;tr~qu~e=~sa°:t.ïsivri~-
~métr~qu~le'décroiss~~ d~ ~a g~av~ïtïd~ ~te ~= ~1~
la coulear .~ztj~
pendant'soEt~
les ré&'aet~h~~rM:
à diSerenteshau~urs. Quatorze échelles disposéesà côte
d'un proni des Andes, tndï~ueQtïes mûdincations que
subissentces ph~nocaènsspap i'inâuence de l'etévàtion du
sol au-dessus du mveau de ~'ocëan. groupe de
est
végétaux placé à ta hauteur que ta nature lui a assignée,
et l'on peut suivre la prodigieuse variété de leurs formes
depuis la région des palmiers et des fougères en arbres
jusqu'à celles des .Johannesia (Chùquipaga~Joss.),'des
graminéeset des plantes licheneuses.Ces régions forment
les divisionsnaturelles de l'empire végétal; et, de même
que les neigesperpétuellesse trouventsous chaque climat à
unehauteur déterminée, les espècesfébrifugesde Quinquina
(Cinchona)ont aussides limitesfixes que j'aiindiquéessur
la Carte botaniquequi accompagnecet EssaiSur la Géogra-
phie des plantes.
V. Recueil ~o~e~a~K~ .MO~TC J~K~o~MM
coTMparee'. J'ai réuni danscet ouvrage l'histoiredu Condor;

O&À zoo~.endeuxvolumesin4 donttepremiera paruen eMier,avec5oplanches,


la plupartcoloriées. .1
ao iNTRODtîCTÏÛN.
des expériencessur l'action électrique des Gymnotes'; un
mémoiresur le larynxdes Crocodiles/des quadrumaneset
des oiseauxdes tropiques; la descriptionde plusieurs hou-
velles espècesde reptiles~de poissons, d'oiseaux, de singes
et d'autres mammifères peu connus. Unsavant illustre dont
la' constante amitié m'a été si honorable et si utile depuis
un grand nombre d'annëes, M. Cuvier, a enrichi ce recueil
d'un mémoiretrès-étendusur l'Axolotldu.lac de Mexicoet sur
les Protées engénéral. Le mêmenaturalistea aussireconnu
deux nouvellesespècesde Mastodonteset un véritable élé-
phant, parmi les os fossiles de quadrupède& quenous
avons
rapportés des deux Amériques~.La description des insectes
recueillis par M.Bonpiand,est due à M. Latreille dont les
travauxont tant contribuéde nosjours auxprogrèsde l'ento-
mologie. Le secondvolumede cet ouvrage renfermera les
figures des crânes Mexicains,Péruviens et Aturesque nous
avons déposés au Muséum d'histoire naturelle de Paris,
et sur lesquels M. Blumenbaçha déjà publié quelques
observationsdans le D<?c<M ~MM~cr~/HO~M~ Jt~e~arM~t
~e~MMt.
VI. Essai ~MF* de la ~VoM~e~e-jE~-
politique royaume

Cesexpériencesselient à cellesque j'ai publiées, avantmon


dansle secondvolumede mon Essai sur l'irritationde départ pourl'Amérique,
&t~~ MMMM/a<e et He~etMe,
et sur l'action chimiquequi entretientlaviedés <!KMMtM: et <&M~/<Ht~.
1706.
Muséumd'hist. nat.,T. VIII, pag. 57 et pag.4t2 et 4t5, 2,
p}. 6g. et~
ïNTRODUCT'tON. t

p~~ ~CC M~ /?~~M~ g~M~J J~M~P


~MFJ~ O~CFy~OM~ ~/MMO'~t~Me~ M~M~C~ ~O~O-
Me~M~ e< J~ ~c~~M~ ~a~c'<M<?~ ~et cnxvra~e,
&)ndésur un ~andno~~t'e de mémoireso~Siciéts, ûSre en six
divisionsdes considérationssur Détendueet raspect physique
du Mexique, sur la population,les mceursdes habitans, leur
anciennecivilisationet la edivisionpolitiquedupays.ïl embrasse
à la fois l'agriculture, les richessesminérales, les manufac-
tures, le commerce, les finances, et la défensemilitairede
cette vastecontrée. En traitantces difïerensobjets de l'éco-
nomie politique, ) j'ai tâché de les envisagersous un point de
vue général;,j'ai mis en parallèlela Nouvelle-Espagne, non
seulementavecles autrescoloniesespagnolesetla confédération
desËtats-Unisde 1 Amériqueseptentrionale,mais aussiavec

~VoM'.Esp. en deux volumesm 4." et un Atlas de 20 planchesin-folio.Ma Carte


~ene/vtA*
générale du~o~aMMe~e&t~VoMfe~-jE'~agMe,
<A<
ro,r~untedelczNouvellt;-Espa~ne, <&ieMec
dnesséssM<r<&K!
e~rrl~so~cn'a&OM~
obsetvationsa~OKOM~Mc~,
aslmnomiyucs,
et sur l'ensembledes ma~MtMEqui existoientà Mexico CM180~, a été copiéepar
M.Arrowsmith, qui sel'estappropriéeen la publiantsur une plusgrande écheHeen i8o5
(avant quela traductionangloisede monouvrageeût paru à Londres, chez Z.<Mt~M<M/ J
~M~<et 0~<e), sous le titre de New Map of Mexico, co~t/eJj~w o~/M/
documentsby ~ry~w~MAA. n est facilede'reconnoitrecette carte par beaucoup defautes
chateo~raphiques,par l'explicationdes signesqu'on a oublié de traduire du françois
en anglois, et par le mot Océanque l'on trouveinscritau milieudes montagnes,dans
un endroitoù l'Originatporte Ze~&ttMMde Toluca< e&fede t/;oo toisesau-dessus
du niveaude foe~M. Le procédéde M.Arrowsmithest d'autant
plus blâmable, que
MM.Dairympie, RenneU, d'Arcyde la Rochette, et tant d'autres
exceUensgeooraphes
que possèdet'Angteterre, ne lui en ont donnél'exempte ni dans leurs cartes ni dans
les analysesqui lesaccompagnent.Lesréclamationsd'un voyageurdoiventparoître
justes,
lorsquede simptes~opiesde sestravauxse répandentsous des noms étrangers.
M ÏNTROPUCTÏON.

les possessions des Anglois en Asie; j~ai comparé l'agriculture


des pays situés sous la zone torride à celle des citmats tem-

examiné la quantité de denrées coloniales dont


pères; j j'ai
l'Europe a besoin- dans l'état actuel de sa civilisation. En,
des districts des mines les
traçant la description géognostique
plus riches du Mexique, j'ai présenté le tableau du produit'
minéral, de la population, des importations et des expor-
tations de toute l'Amérique espagnole; en&n, jai abordé

plusieurs questions qui, faute de données exactes, n'avoient

pu être traitées jusqu'ici avec toute


la profondeur qu'elles

exigent, comme celles sur le Bux et le reflux des richesses

métalliques', sur leur accumulation progressive en Europe et

en Asie, et sur la quantité d'or et d'argent que, depuis la

Le voyagerécent du Major Zc&MZon MontgomeryPike dans les provincessepten-


trionalesduMexique(~ccoM~tof <7K'J?a'pe<&t/on~ to the sourceso/<Ae~MMM~c'taM~ to
the interiorparts of ~e<<'~a/a, ~'&/&K/e&<ÂM, 1810)renferme des notions précieuses
sur les rivièresLa Ptatte et Arkansaw, ainsique sur la haute chalne de montagnesqui
s'étend au nord du Nouveau-Mexiquevers les sources de ces deuxriviëtest mais les
nombreusesdonnéesstatistiquesque~M.Pike a recueillieschez une nattondont iljgnoroi~
la langue, sont le plus souvent très-inexactes.Selon cet auteur, la monnoMdé Mexico
fabriqueannuellementSomUtionsdepiastresen argent et i~ miMionsen or; tandisqu'il
est prouvé, par les tableaux imprimésannuellementpar ordre de la Cour, et pnHiés
dansmon ~M<M/to&~M~que l'année où l'exploitationdes mines mexicainesa étéla
plusactive, le monnoyagene s'estélevéqu'à :5,8o6,oy4pMsh~ en argentet à i,55o,8t4
piastresen or, M. Pike a déployéun noble couragedans uneentrepriseimportantepour
la connoissancede la Louisianeoccidentale; maisdépourvu d'instrumenset sévèrement
surveUlépendant la route de Santa-Fe à Natchitoches,il n'a pu rien {airepour le
perfectionnement de la géographiedes /MwMe~M internas.Les cartesdu Mexiquequi se
trouventannexéesà la relationde sonvoyage,sont des réductionsde ma grandeea!'te de
taNouveIle'Espagne, dont une copie étoit restée, en i8o4< àlaSecrétairene d'jÊtatde
Washington.
ÏNT~D~e'TION. a'3-

d~G~uv~tedel'~mérïquejusq~
a reçue du nouveau. L'in~duction gëôgrap~ a
la tête de cet ouv~ge ~nÏSsrme ~n~lv~ des m~atériau~<~i
ont servi à rédigea l'j~x~~
VH. ~Mc~ ~r~~c~ ë~J~ ~r ~eM~M
indigènes~MMûM~<!M coM~MCMi!'Cet ouvrageest destmëà
lafoisà faireconnoîtpequelques-unes~es grandesScènesque
présentela' nature dansïeshautescnainesdesAndes, et à jeter
du jour sur t'ancienneciviUsattondesAmertcainS)par l'étude
de leups ïnonumensd architecture, dé leurs hiéroglyphes;
de leur culte reUgieuxet de leurs rêveries astrologiques.
Jy ai dëcrit la construGtiondes téocallis ou pyratnides
mexicaines,comparée à celle du temple de Bélus, les ara-
besquesqui couvrentles ruinesde ~litia, des idolesen basalte
ornéesde la Calantica des têtes d'Isis, et un nombre consi-
dérable de peinturessymboliquesreprésentantla femmeau
serpent, qui est l'Eve mexicaine,le délugede Coxcox,et les
premièresmigrationsdes peuplesde race aztèque. J'ai tâche
d y démontrer les analogiesfrappantesqu'onrent le calen-
drier des Toltèques et les èàtastérismesde leur zodiaque,
aveclesdivisionsdu temps des peuplestartares et tibétains,
de même que les traditionsmexicainessur les quatre régé-

JMbBM~ ~~er. un volume In-folio, avec 60 planches, en partie coloriéeset


accompagnéesde mémoiresexplicatif. Cet ouvragepeut être considérécommeFAttas
pittoresquede la Relation historique du Voyage.
t-
24 tNTRO~UGTÏON
globe, avec ies pralayasdes Jtjundouxet les
1 ~t-L- ~––~ 1~- ––– ~–
néfattons du
quatreâgesd'Hésiode:j'y ai consigné aussi,outreles peintures
hiéroglyphiquesquej'ai rapportéesen Europe, des fragmens
de tous les manuscritsaztèques, qui se trouvent à Rome,
à Veletri, à Vienne et à Dresde, et dont le dernier rappelle,
par dessymboles linéaires, les kouasdesChinois.A côte de
ces monumensgrossiersdespeuplesdel'Amérique,se trouvent
dans le même ouvrage les vuespittoresques du pays mon-
tueux, que ces peuplesonthabité, commecelles de la cascade
du Tequendama,du Chimborazo,du Volcande Jorullo et
du Cayambé dont la cime pyramidale, couverte de glaces
éternelles,est placéeimmédiatementsous la Itgneéquatorialë.
Danstoutesles zonesla conSgurationdu sol, la,physionomie
desvégétauxet l'aspect d'unenatureriante ou sauvageinfluent
sur les progrès des arts et sur le style qui distingueleurs
productions;et cette influenceest d'autant plussensible,que
l'homme est plus éloignéde la civilisation.
J'aurois pu ajouter à cet ouvrage des recherches sur le
caractère des langues, qui sont les monumens les plus
durablesdes peuples j'ai recueilli sur cellesde l'Amérique
beaucoup de matériaux, dont MM. Frédéric Scblegel et
Vater se sont servis, le premier dansses <~yMK~~o/M~Mr
les ~t/î~oM~,le seconddans la continuationdu jM~rM~e
J'Jf~M/ï~ dans le jM~M~ e~MogvapAt~Me et dans ses
~ec~erc~ sur la ;oo/M~Kw du MOM~M!M coM~e~. Ces
~ÏM~Ï~
~tt' .J' 't; '1~
.maté~au~sèl~ro<<~nt a~jourd~~h~ ~~n~~ns~mon
frè~illaume~H~~ ,qui~,ses v~`~g~s
fpè~é,1\f~GtlilI~uœ)~l~qUi~'?r~!1~~nt[~yl)ges s
en i~j~~e~ et~pendan~ formé ~a plus
ncl~collectio&de~~oca~~ qm ait jamais
existe.Gommeil a des connoissancesétenduessur les tangues
ancienneset modernes~ il a ëté en état de ~ire desrapproche-
mens très-curieuxsur cet objet important pour l'étude phi-
losophiquede l'histoire de l'homme. Je me flatte qu'une
partie de son travail trouvera place dans cette relation.
De ces dîneronsouvragesdont je viens de faireicil'énu-
mération, le second et le troisième ont été rédigés par
M.BonpIand, d'après des observationsqu'il a consignées
sur les lieux même dans 'un journal botanique. Ce journal
contient plus de quatre mille descriptionsméthodiques de
plantes équinoxiales, dont un neuvième seulement ont
été faites par moi elles paroîtront dans un ouvrageparti-
culier, sous le titre de JVoMï~e/ïeraet species plantarum.
On n'y trouvera pas seulementles nouvelles espècesque
nous avons recueillies, et dont le nombre, d'après les re-
cherchesd'un des premiersbotanistesdusiècle,M.Willdenow,
paroît s'élever à quatorze ou quinze cents mais aussi les
observationsintéressantes que M. Bonpianda faitessur des
Unepartie considérable
decesespèces
setrouve dansla seconde
déjàindiquée
division
delaquatrième duSpecies
partie deLinnée,
plantaruni 4.*édition.
DesEryn-
gium quenousavons denotrevoyage,
rapportées onzeespèces ontétégravées
nouvelles
danslabelleMonographie
dece parM.delaRoche.
Y?~– ~rr~y genre,
jRtMa<MMM<O~MC~7bM.7.
publiée
z6 INTRODUCTïpN.
Cet ouvrage,
végétauximparfaitementdécrits jusqu'à ce jour.
dont les Rguresseront gravées au simple trait, sera exé-
cuté d'après la méthodesuivie dansle ~~c~e'M /MMt
:/Vo~ j~o~ïMJ/<pde M. Labillardière,qui offre un modèle
de sagacité dans les recherches, et de clarté dans la ré-
n
daction. (.
Lesobservationsastronomiques,géodésiques et baromé-
triquesque j'ai faitesde i-y~aà i8o4?o~ été calculéesd'une
manièreuniforme,en employantdesobservationscorrespon-
dantes et d'aprèslestablesles plusprécises,par M.Oltmanns,
professeurd'Astronomieet membrede l'Académie de Berhn.
Ce savantlaborieuxa bien voulu se charger de la publica-
tion de mon.ToM~/M~ a~o~M~M~MCj q~'il a enrichi des résul-
tats de ses recherchessur la géographiede l'Amérique, sur
les observationsdes voyageursespagnols,françoiset anglois,
et sur le choixdes~méthodesemployéespar les astronomes.
J'avois calculé, pendant le cours de mon, voyage, les deux
tiers de mes propres observations, dont les résultats ont
été consignésen partie, avantmon retour, dans la Cb~MOM-
.M~cedes temps, et dans les Z~&emey'M~M.~ M.de Z~c~.
Les diQerencespeu considérablesqui se trouvent entre ces
résultats et ceux auxquels s'est arrête M. Oitmanns, pro-
viennent de ce que ce dernier a soumis à un calcul' plus
rigoureuxl'ensemblede mes observations,et qu'il s'est servi
des tableslunairesde Bürg et d'observationscorrespondantes
ÏN~TROD~GTTON.

de (~rèenwich)tandisque je n~~isemployée[oela Connots*


sance des tempscalculée d'ap~sles tabl~d~
Les observat~ns q~ de l'ai-
1"iriclin~iso~.
guille aimantée, l'tntë~M des ~orGesmagnétiques et les
petites vaNat)onshoraires de la déclinaison,paroitront dans
un mémoire particulier, qui sera joint à monEssai sur la
JPa~ra~te~eo~o~ty~. Cedernierouvragequej'ai commencé
à rédiger à Mexicoen i8o3, offrirades coupesqui indiquent
la superpositiondes rochesdont nous avonsobservéle type,
M. Léopoldde Buch et moi, dans les deux continens, entre
les 13"de latitude australe et les ~1°de latitudeboréale.En
profitant des lumièresde ce grand géologuequi a parcouru
l'Europe, depuisNaplesjusqu'au Cap-Nord en Laponie, et
aveclequelj j'ai eu le bonheurde.fairemes premièresétudesà
l'école de Freiberg, j'ai pu étendrele plan d'un ouvrage
destinéà répandrequelque jour sur la constructiondu globe
et sur 1 anciennetérelative des formations.
Après avoir distribué dans des ouvrages particuliers tout
ce qui appartient à l'Astronomie, à la Botanique, à la
Zoologie, à la descriptionpolitiquede la Nouvelle-Espagne
et à l'Histoirede l'anciennecivilisationde quelquespeuples
du nouveau continent, il restoit encoreun grand nombre de
résultatsgénéraux et de descriptionslocales que j'aurois pu
réunir dans des mémoires particuliers.Pendant le cours de
mon voyage j'en avois préparé plusieurs sur les races
28 INTRODUCTïON.
d'hommes de. l'Amériqueméridionale, sur les missionsde
l'Orénoque, sur les obstacles que le climatet la force de la
végétationopposentaux progrès de la sociétédans la zone
torride, sur le caractère du paysage dans la Cordillère des
Andescomparéà celui des Alpesde la Suisse,sur les rapports
que l'on observeentre les rochesdes deux hénnsphères, sur
la constitution physique de l'air dans les régions équi-
noxiales,etc. J'avois quitté l'Europe dansla ferme résolution
de ne pas écrire ce que l'on est convenud'appeler la relation
historique d'un voyage, mais de publier le fruit de mes
recherches dans des ouvragespurement descriptifs.J'avois
rangé les faits, non dans l'ordre dans lequel ils s'etoient
présentéssuccessivement,mais d'après les rapportsqu'ils ont
entreeux.Aumilieud'une nature imposante,vivementoccupé
pe
des phénomènesqu'elle offreà chaque pas, le voyageur est
peu tenté de consignerdans ses journaux ce qui a rapport
à lui-même et aux détailsminutieuxde la vie.
J'ai composé un itinéraire très-succinctpendant le cours
de ma..navigationsur les fleuvesde l'Amériqueméridionale
ou dans de longs voyages par terre; j'ai aussi décrit assez
régulièrement,et presquetoujours sur les lieux mêmes, les
excursionsvers la cime d'un volcan ou de quelque autre
montagneremarquablepar son élévation maisla rédactionde
mon journal a été interrompuechaque fois quej ai séjourné
dansune ville, ouque d'autres occupationsne mepermettoient
~T.~D:t~FM~ ~9
atînuar
pas d~-contînuer uni~vai~
un au~a~
travait~q~ que
pour:y~.ai--que
d'un intérêt' seco~aiM.s~t~~ 1~n'~P~is .d'~utre
but que de consérver~qu:elj~~s-u~ces idées tarses qui
seprésénten~~àtUM'~ph~~ )>l~ue,t()'~t~Jà:~i~s~i'Pl\$se
en plein air, de rennir provisoiretnentune multitude de
faits que je n'a vois pasle tempsde classer, et de décrire les
premièresimpressionsagréablesou pénibles qu<3je recevois
de la nature et des hommes.Jétois bien éloigné alors de
croire que ces pages écrites avec précipitationferoient un
jour la base d'un ouvrage étendu que j'oHriroisau public;
car il me sembloitque mon voyage,tout en fournissantquel-
quesdonnéesutiles aux sciences, otïroit cependantbien peu
de ces incidens dont le récit fait le charme principal d'un
itinéraire.
Les dilïicultésque j'ai éprouvéesdepuis mon retour, dans
larédactiond'un nombreconsidérable
1 de mémoiresdestinésà
faireconnoître certaines classesde phénomènes, m'ont fait
vaincre insensiblementmon extrêmerépugnance à écrire la
relation de mon voyage. En m'imposantcette tâche, je me
suis laissé guider par les conseils d'un grand nombre de
personnesestimables qui m'honorent d'un intérêt particu-
lier. J'ai même cru mapercevoir que l'on accorde une
f
préférencesi marquée à ce genre de composition que des
savans, après avoir présenté isolémentleurs recherchessur
les productions, les mœurs et l'état politique des pays qu'ils
5o INTRODUCTION.

ont parcourus, ne semblent avoir aucunement satisfait a


.u.w.ww~ar.n ~~M .hl~h.: tl~f7l11.H ft.~I'1p¡..n'ft.W't

leurs engagemens envers le public, s'ils n'ont pas écrit


leur itinéraire.
Unerelation historiqueembrassedeux objets très-distincts:
les événemensplus ou moinsimportans qui ont rapport au
but du voyageur, et les observationsqu'il a faites pendant
ses courses.Aussi l'unité de compositionqui distingue les
bons ouvragesd'avec ceux dont le plan est mal conçu, ne
peut y être strictement conservée,qu'autant qu'on décrit
d'une manièreaniméece que l'on a vu de ses propresyeux,
et que l'attentionprincipalea été fixée, moinssur des obser-
vations de sciences que sur les mœurs des peuples et les
grands phénomènesde la nature. Or le tableau le plus fidèle
desmœurs est, celui qui fait connoîtrele mieuxles rapports
qu'ont les hommes entre eux. Le caractère d'une nature
sauvage ou cultivée se peint, soit dans les ob~acles qui
s'opposentau voyageur, soitdansles sensationsqu'il éprouve.
C'est lui que l'on désire voir sans cesse en contact avec les
objets qui l'entourent, et son récit nous intéresse d'autant
plus qu'uneteinte locale est répandue sur la descriptiondu
paysageet des habitans.Telle est la source de l'intérêt que
présente l'histoire de' ces premiers navigateurs, qui, moins
guidéspar leur scienceque par une noble intrépidité, lut-
tèrent contre les élémens,en cherchant un nouveau monde
dans des mers inconnues.Tel est.le charme irrésistible qui
tNT~O.M~TION. 3t
u~sort de cet JbpMïne
nous attache au~sort homme entreprenant'
entreprenant'qui, Ibrt
qui, tort
de son enthousiasmeet de sa voloate~pen~~ s~ dans le
centre de l'Afriqueponr~ 4~ au milieu d~ la bar-
bariedes peuptes, les traces d'~neancienne~c~
A mesure que les voyages ont été faits par des personnes
plus instruites,ou diriges vers des recherchesd'histoirenatu-
relle descriptive, de géographie ou d'économie politique,
les itinéraires ont perdu en partie cette unité de com- v
position et cette naïveté qui distinguoient~ceuxdes siècles
antérieurs. Il n'est presque plus possible de lier tant de
matériauxdivers à la narration des événemens, et la partie
qu'on peut nommer dramatique est remplacéepar des mor-
ceaux purementdescriptifs.Le grand nombre de lecteurs qui
préfèrent un délassementagréable à une instruction solide
n a pas gagné à cet échange, et je crains qu'on ne soit très-
peu tenté de suivredansleurs coursesceux qui traînent avec
eux un appareilconsidérabled'instrumenset de collections.
Pour que mon ouvragefût plus varié dansles formes, j'ai
interrompu souvent la partie historique par de simples
descriptions.J'expose d'abord.les phénomènes dans l'ordre
où ils se sont présentés, et je les considère ensuite dans
l'ensemble de leurs rapports individuels.Cette marche a
été suivie avec succès dans le voyagede M. de
Saussure,

M.Mungo
Park.
5a INTRODUCTION.

précieux qui, plus Qu'aucun autre, a contribue à


livre ~t<anv
t!tr~~ ftti! T~tttC ~1[<1atl/*tt<~ ant)

l'avancemenfdes sciences, et qui, au milieu ~discussions `


souvent arides sur la météorologie, renferme plusieurs
tableauxpleinsde charme, commeceux de la vie des mon-
tagnards, des dangers de la chasseaux chamois, ou des Sen-
sations qu'on éprouve sur le sommet des Hautes-Alpes.
Il est des détailsde la vie commune qu'il peut être utile
de consignerdans un itinéraire, parce qu'ils serventà régler
la conduitede,ceux qui parcourent les mêmes contrées après
nous.J'en ai conservéun petit nombre: mais j'ai supprimé
la plupart de ces incidens personnelsqui noSrent pas un
véritable intérêt de situation, et sur lesquels la perfection
du style peut seule répandre de l'agrément.
Quant au paysqui a fait l'objet de mes recherches, je ne
me dissimulepas les grands avantagesqu'ont sur les voya-
geurs qui ont pafcouru l'Amérique, ceux qui décrivent la
Grèce, l'Égypte, lesbordsde Ï'Euphrate et lesîlesde l'Océan
Pacifique. Dansl'ancien monde, ce sont les peuples et les
nuancesde leur civilisationqui donnent au tableau son carac-
tère principal;dansle nouveau, l'hommeet ses productions
disparoissent,pour ainsidire, au milieud'une nature sauvage
et gigantesque.Le genre humain n'y offre que
quelques
débrisde hordes indigènespeu avancéesdans la culture, ou
cette uniformitéde mœurs et d'institutionsqui ont été trans-
plantées sur desrivesétrangèrespar des côlonseuropéens.Or
4
ÏNT~ODUCTMN. 33,

ce qui ~ent à I'h)st<~rede notre espèce~aux formesvariées


des gouvernemenS)aux monumens de%arts, à ces,s!~3'squi
rappeMentde grands souvenirs, nous louche Mon vive-
mentq~eta descriptiondeces vastessolitudesqui ne paroissent
destinéesqu'audéveloppementdeta vie végétaleet à l'empire
des animaux.Les sauvagesde l~AmerIquequi ont été rob~et
de tant de rêveriessystématiques,et sur lesquels,de nosjours,
M.de Volneya publiédes observationspleinesde sagacitéet
de justesse,inspirentmoinsd'intérêt,depuisque desvoyageurs
célèbresnous ont fait connoitreces habitans des îles de la
mer du Sud dont le caractèreoffre un mélange frappant
de douceuret de perversité.L état de demi civilisationdans
lequel on trouve ces insulaires, donneun charme particulier
à la descriptionde leurs mœurs; tantôt c'est un roi qui,
accompagnéd'une suite nombreuse, vient ourir lui-même
les fruits de son verger, tantôt c'est une fête funèbrequi se
prépare au milieu d'une forêt. Ces tableauxont sans doute
plus d'attraits que ceux que présente la morne gravité des
habitansdu Missoury'ou du Maranon.
Si l'Amérique n'occupe pas Une place distinguée dans
l'histoiredu genre humain et des anciennesrévolutionsqui
l'ont agité, elle offre un champ d'autant plus vaste aux
travauxdu Physicien.Nullepart ailleursla Naturene l'appelle
plus vivement à s'éleverà des idées généralessur la cause
des phénomènes et sur leur enchaînementmutuel. Je né
JRe&t</o<tAM<<M~He,2oM.T. 5
54 INRODUCTION

citerai pas cette force de la végétation,1 cette fraîcheur


éternellede ta vie organique,ces climats disposespar étages
sur la pente des Cordillères,et ces Neuvesimmensesqu'un
ccrivain célèbre*nous a peints avecune admirableRdélité.
Les avantages qu'ofïre le nouveau monde pour l'étude
de la géologieet de la physiquegénéraleson~reconnusdepuis
long-temps.Heureuxle voyageur qui peut se Natter d'avoir
profitéde sa position et d'avoir ajoutéquelquesvéritésnou-
vellesà la massede cellesque nous avons acquises!
Il est presque inutile que je rappelle ici ce que j'ai déjà
indiquédans la Géographie des p&ïK~ et dans le discours
à la tête desPlantes cy~~o~a~~ qu'unis
préliminaireplacé
par les liens de l'amitié la plus intimetant pendant le cours
de notre voyageque pendant les annéesqui l'ont suivi, nous
publionsen,commun,M. Bonplandet moi, tous les ouvrages
qui sont le fruit de nos travaux. J'ai tâché d'exposerles faits
tels quenous lesavonsobservésensemble;mais cetterelation
ayant été rédigée d'après les notes que j'ai écrites sur les
lieux, les inexactitudesqui peuventse prouverdansmon récit
ne doiventêtre attribuéesqu'à moiseul.
Les observationsque nousavonsfaitespendantle coursde
notre voyage, ont été distribuéesensixsections la première
embrassela Relationhistorique; la seconde, la Zoologieet
l'Anatomiecomparée; la troisième, l'Essai politique sur le
1
'M. déChateaubriand.
ÏN~G~ ~S

royaumed~ la ~o~lïe-~jpagne~
la cinquième~la J~~i~e e~ J~ ~(~
e~¡la;c'si:tjiœe,a
dans tes deux
Descriptiondes plantes noMV~Hesrécueulies
Amériques.LesédKeurs ont dévoyé un zcle louable pouc
rendre ces ouvragesplus dignes de rindulgencedu public. Je
ne sauroispasser soussilencele ironti&pice placé à ta téte~de
cet Itinéraire. M. Gérard, avec lequelj'ai le bonheur d'être
lié depuisquinzeans, s'est plu à dérober pour moi quelques
momensà sestravaux je sens tout le prix de ce témoignage
public de son estimeet de son amitié.
J'ai cité avecsoin dans cet ouvrage les personnes qui ont
bien voulu me communiquer leurs observations c'est dans
l'Introductionmême que je dois consigner l'expression de
ma reconnoissancepour MM. Gay-Lussac et Arago, mes
confrèresà l'Institut,qui ont attachéleur nom à des travaux
importans,et qui sont doués de cette élévationde caractère
à laquelle devroit toujours conduireun amour ardent
pour
lessciences.Ayant l'avantagede vivre avec eux dans l'umon
la plus étroite, j'ai pu les consulterjournellement avecfruit
sur desobjetsde chimie,de physiqueet de
plusieursbranches
des mathématiquesappliquées.J'ai déjà eu occasionde citer,
dansle Recueilde mesobservations
astronomiques,ce que
je dois à l'amitié de M.Arago qui, après avoir terminé la
mesure de la méridienne d'Espagne, a été
exposé à des
dangerssi multipliés,et qui réunit les talonsde l'astronome,
56 ÏNTRODCCTÏON.
1- e
du géomètre et du physicien. C'est avec M. Gay-~ussac
quej'ai disGutéplus particullèipement,au moment de mon
retour, les diSërens phénomènes de météorologie et de
géologie physique que pai recueillis dans mes voyages.
Depuis huit ans nous avons presqueConstammenthabité
sous le même toit en France, en Allemagneou enItalie
nous avonsobserveensembleune des plus grandeséruptions
du Vésuve; quelques travaux sur l'analyse chimique de
l'atmosphère et sur les variationsdu magnétisme terrestre
nous ont été communs.Ces circonstancesm'ont mis dans le
casde profitersouventdes vues-profondeset ingénieusesde ce
chimiste,et de rectifiermes idéessur des objets que je traite
dans la Relationhistorique de monvoyage.
Depuisque j'ai quitté l'Amérique, une de ces grandes
révolutionsqui agitent de temps en temps l'espèce humaine,
a éclatédansles coloniesespagnoles;ellesemblepréparer de
nouvellesdestinéesà une population de ouatorze millions
d'habitans,en se propageantde l'hémisphèreaustral à l'hémi-
sphère boréal,depuisles rives de la Plata et duChili jusque
dansle nord du Mexique.Deshainesprofondes,suscitéespar
la législationcolonialeet entretenuespar unepolitiquedéËante,
ont faitcoulerle sangdanscespaysqui jouissoient,
depuistrots
siècles,je ne dirai pas dubonheur, mais d'une paix noninter-
rompue.Déjà ont péri, à Quito,victimesde leur dévouement
pour la patrie,les citoyensles plus vertueuxet les pluséclairés.
tNT~<M~IC'N. 37

Sn..d~cri~antdes réjB'Ions dont le souvéaïp~ si


cMer;je rencontreàchaqu~iD~~u~
la perte de quelques~inM!.
Lorsqu'onréuéchitsur les grandes agitationspolitiquesdu
nouveaumonde,on observeque les EspagnolsAméricainsne
se trouvent pas dans une position aussi &vorableque les
habitans des États-Unis, préparés à l'indépendance par la
longuejouissance.d'une liberté constitutionnellepeu limitée.
Les dissensionsintérieuressont surtout à redouter dans des
régions ou la civilisationn'a pas jeté des racines très-pro-
fondes,et où, par l'influencedu climat, les forêtsregagnent
bientôtleur empiresur les terresdéfrichées,maisabandonnées
à elles-mêmes,tl estàcraindreaussique, pendant une longue
suite d'années, aucun voyageurétranger ne puisse parcourir
l'ensembledes provincesque j'ai visitées.Cette circonstance
ajoutepeut-être à l'intérêtd'un ouvragequi présentel'état de
la majeurepartie des coloniesespagnolesau commencement
du dix-neuvièmesiècle.Je me flatte même, en me livrant à
des idées plus douces, qu'il sera encore digned'attention,
lorsque les passionsseront calmées,et que, sous l'influence
d'un nouvel ordre social, ces pays auront fait des progrès
rapides vers la prospéritépublique.Si alors quelques pages
de mon livre survivent à l'oubli, l'habitant des rives de
l'Orénoque et de l'Atabapoverra avec ravissementque des
et commerçantes,que des champslabourés
villes populeuses
58 INTMD~'ï~ON.

par desïnamsiîb~s coupentces me~es~


de monvoyage~on ne troa~oi~quedes&M~ts
imp~n~rab~es
ou desterramsmondes.

Paris, au moisde février ï8ï2.


VOYAGE
AUX
REGIONS
EQ~INOXIALES
NOUVEAU
CONTINENT.
LIVRE PREMIER.

CHAPITRE PREMIER.

PRÉpARATIFS.-INSTRUMENS.-DÉPART D'ESPAGNE.–RELACHE AUX


ISLES CANARIES.

-LtORSQTJ'CN gouvernementordonne une de ces expéditions maritimesqui


contribuent à la connoissance exacte du globe et à l'avancementdes
sciencesphysiques, rien ne s'oppose à l'exécutionde ses desseins.L'époque
du départ et la direction du voyage peuvent être nxées, dès
que
l'équipementdes vaisseauxest terminé et que l'on a choisi les astronomes
et les naturalistes destinésà parcourir des mers inconnues.Les îles et les
côtes, dont ces voyageursse préparent à examinerles productions, ne sont
point soumisesà l'inauencede la politique européenne.S'il arrive que des
guerresprolongéesentraventla liberté de l'Océan, des passeportssont accordés
mutuellementparles puissancesitelligérantes;les hainesparticulièresse taisent
quand il s'agit du progrèsdes lumières, qui est la causecommunede tous
les peuples.
4o HVtE t. i.
Il n'enest
ïtn'<*n pas de
f~at nas ft<*tn~m<*tnFfMTh'nn
même lorsqu'unsttnt~tf entreprend àses&a!~
~H~!fnT!~ffntt
simpleparticulier
un voyage dans l'intérieur d'un continent sur lequel l'Europe a étendu son
systèmede colonisation.Le voyageura beau méditer un plan qui lui paroît
convenable, et pour l'objet de ses recherches,et pour l'état politique des
contréesqu'il veut parcourir;il a beau réunir tous les moyens qui; loin de
sa patrie, peuvent lui assurer pour longtemps une existenceindépendante
souventdes obstaclesimprévus s'opposentà ses desseinsau moment même
qu'il croit pouvoir les mettre en exécution. Peu de particuliersont eu à
combattre des duncultés plus nombreusesque celles qui se sont présentées
à moi avant mon départ pour l'Amérique espagnole; j'aurois préféré n'en
point faire le récit, et commencercette relation par le voyage à la cime
du Pic de TénérIGe,si mes premiers projetsmanqués n'avoient Innué sensi-
blementsur la direction que j'ai donnée à mes coursesdepuis mon retour de
l'Orénoque.J'exposeraidonc avec rapidité ces evénemensqui n'offrentaucun
Intérêt pour les sciences,mais que je désire présenter dans leur vrai jour.
Comme la curiosité publique se porte souvent plus sur la personne des
voyageursque sur leurs ouvrages, on a dénguré d'une manière étrange 1:
ce qui a rapport aux premiers plansque je m'étois tracés.
J'avois éprouvé, dès ma premièrejeunesse, le désir ardent d'un voyage
dans des régions lointaines et peu visitées par les Européens. Ce désir
caractériseune époque de notre existence où la vie nous paroit comme
un horizon sans bornes, où rien n'a plus d'attraits pour nous que les fortes
agitationsde l'ame et l'imagedes dangersphysiques.Elevé dans un paysqui
n'entretient aucune communicationdirecteavecles coloniesdes deux tndes,
habitant ensuite des montagnes éloignées des côtes, et célèbres par de
nombreusesexploitationsde mines, je sentis se développerprogressivement
en moi une vive passion pour la mer et pour de longuesnavigations.Les
objetsque nous ne connoissonsque par les récits animesdes voyageurs, ont
un charme particulier: notre imaginationse platt à to~ ce qui est vague
et Indéfini;les jouissancesdont nous nous voyonsprivés paroissentpréférables

Je doisfaire observer, à cette occasion, que je n'ai jamais en connoissanced'un onTM~eenMfeïamM


qui a paru chez Vothmer & Hambourg, sous te titre bizarre de Voyage mitouf m<M<<te et dMMt,
t'Amërique méridionale, par A. de Humboldt. Cette relation faiteeu mon nom, a été f~}igee &ce ~(
paroit, d'après des noticespubliéesdans les journaux, et d'après des mëiMurëtrMotetqne)'a!tiM&tt~)fen5~M
classe de MustitM. Le compilateur, pour &)terraMent!om<htp)thM<&cru pONVott
donner & anV~y~e
dans quelques parties d~i nouveau continent le titre plus attrayant de Voyage MttMtTda monde.
CHAPITRE ï. 4r

à celtesque nous éprouvoas journellement.L.


.t_"A"UI C.ll.s
dans t.1~
le cercle ~aétroit .7.~
de 1.+.o
la vie
sédentaire.Le goût des herborisations, l'étude de la géologie, une course
rapidefaite en Hollande,en Angleterreet en France, avec un hommecélèbre,
M. George Forster, qui avoit eu le bonheur d'accompagnerle capitaine
Cookdans sa seconde navigation autour du globe, contribuèrentà donner
une direction déterminéeaux plans de 'voyagesque j'avois formésà l'âge de
dix-huitans. Ce n'étoit plus le désir de l'agitationet de la vie errante, c'étoit
celui de voir de près une nature sauvage, majestueuse,et variée dans ses
productions;c'étoit l'espoir de recueillirquelques faits utiles aux progrès des
sciences,qui appeloient sans cesse mes vœux vers ces belles régions situées
sous la zone torride.Ma positionindividuellene me permettantpas d'exécuter
alors des projets qui occupoient si vivement mon esprit, j'eus le loisir
de me préparer pendant six ans aux observations que je devoisfaire dans
le nouveau continent, de parcourrir différentes parties de l'Europe, et
d'étudiercette haute chaule des Alpes, dont j'ai pu dans la suite comparer
la structure à celle des Andes de Quito et du Pérou. Comme je travaillois
successivement avec des instrumensde différentesconstructions,je fixoismon
choix sur ceux qui me paroissoientà la fois les plus précis et les moins
sujets se briser dans le transport; j'eus occasionde répéter des mesures
qui avoient été faites d'après les méthodesles plus rigoureuses, et j'appris
à connoitre par moi mêmela limite des erreurs auxquelles je pouvois
être exposé.
J'avoistraversé une partie de l'Italie en ~5, mais je n'avois pu visiter
les terrains volcaniquesde Naples et de la Sicile. Je regrettois de
quitter
l'Europe avant d'avoir vu le Vésuve, Stromboli et l'Etna; je sentois que,
pour bien juger d'un grand nombre de phénomènesgéologiques,surtout
de la nature des roches de formation trapéenne, il falloit avoir examiné
de près les phénomènesqu'oSrent les volcans qui sont encore en activité.Je
me déterminaidonc à retourner en Italie au mois de novembre iy<)7.Je fis
un long séjour à Vienne, où de superbes collectionsde plantes exotiques
et t'amitiéde MM.de Jacquin et de M. Joseph Van der Schott me furent
si utilespour mes études' préparatoires; je parcourus, avec M. Léopold de
Buchqui, depuis, a puMié un excellentouvragesur là Lapponie, plusieurs
cantons du pays de Salzbourg et de la Styrie, deux contrées également
intéressantespour le géologue et pour le peintre paysagiste mais, au
~e~s<M<tAM<<M~H~ Zbm.f. 6
~2 LtVRE Ï.
moment.1- de 1-- A!pes Tyroï~ ie&gnerresq<Magitoient alors ThaHe
A 1.1.. du Ci!1.1.M'
passer !es
entière me forcèrentde re~oncefau pMjet d'aHer à&
Peu de temps avant, un BomnteqtH~t~tpast!onnié pour ïes beaui
arts, et qui pour en observerles monamens, avcit vMté les côt~s de
l'Illyrie et de !a Grèce, m'avait proposé <b! accompagnerdans un voyage
de la Hautes-Egypte. Cet~ exc~nio~ ne devoït durer que huit mois
munis d'instrumens astronomiques~et accompagnes d'habiles dessinateurs,
nous devions remonter le NUjusqu'à AssOMan,en examinant en détail la
partie du 6aïd compriseentre Te~tyris et !<BsGatara'otes.Quoique mes vues
n'eussentpas été fixéesjusque là sur nae région située hors des Tropiques,
je ne pouvois résister à la tentation de visiter des contréessi cétèbresdans
les fastesde la civilisationhumaine.aocep!:ai les proptasitionsqui m'ëtoient
faites, maissous la conditionexpresseque, de retour à Alexandrie,je resterais
tibre de continuerseul mon voyage par !a Syrie et la Petestine. Je donnai
dès-lors à mes études une direction qui étoit eonSttmeà ce noM~eaM projet)
et dont j'ai profité dans la stnte, en ~xasannantïes rapporMqu~onrejttles
monumens barbaresdes Mexicainsavec ceux des peuples de l'ancien monde.
Je ~ae croyois très prèsdu moment où je in'embarqueretspour l'Egypte,
quand les événemens politiques me Rfent abandonner un p!am qui me
promettoit tant de jouissances.La situation de l'Orieïït ëtoit tetle, qu'un
simple particulier ne pouvoit espérer de suivre des travaux qui, mêmedans
des temps plus paisibles exposent souventle voyageur à la menance des
gouvernemens.
On. préparoit alors ~n France une expédition de découvertesdans h mer
du Sud, dont le commandementdevoit être confié au capitaine Baudin. Le
premierplan qu'on avoit trace étoit grand, hardi, et digne d'être exécute par
un chef plus ectairé. L'expédition devoit visiter les possessionsespagnol de
l'Amériqueméridionale, depuis 1 embouchure du Rio de ta Plata jusqu'au
royaumede Quito, et à l'igthmede Panama.Après avoir parcourut'At'chipei
du G)fand-<~céan et reconnu tes cotes de la NouveHe-HoSande,depuis ïa
terre de Oiemen jusqu'à celte de Nuyts, Ie$ dieuxcorveMesdevotentreiâcher
à Madagascaret revenir par le cap de Bonne~Espérance. jTétois arrive à
Paris au moment ou l'on commençMt~es préparatifs de ce voyage. J'avois
peu de confiancedans le caractèrepersona~ du capitaine Bandin, qui avoit
donné des motifs d& mécontentementà ta
cour de Vienne,lorsqo'i! étoit
chargé de conduireau Brésilun de mes amis,Le jeune botaniste M.Y.m der
CHAPITRE t. 43

Schott:mais'commeje ne pouvoisespérer de faire, par mespropres cao~eo~


un voyage aussi étendu, ét de voir une si Jbettepartie du globe, je résoina
de courir les chancesde cette e~pedMoa.J'obtins !a perm~sionde M'em-
barquer, avec les instrumens que ;0ts féunis, sur uae des corvettea
destinéespour la mer du Sud, je meré&ervai la liberté de me sépare)*
du capitaine Baudin lorsque je le jugeroMoonvenabte. M, Michau~, qm
déjà avoit visité la Perse et une partie de i'Aménque septentrionale, et
M. Bonpland, avec lequel je contractailes liens qui nous ont unis depuis,
étoientdestinésà suivrecette expédition commenaturalistes.
Je m'étoisbercé pendant plusieursmois de l'idée de partagerdes travaux
dirigésvers un but si grand et Mhonor§Me~lorsque la guerrequi se ralluma
en Allemagneet en Itatie détermimale Gouvernementfrançois à retirer les
fondsqu'il avoit accordéspour ce voyagede découvertes,et à l'ajourner à un
tempsindéfini. Cruellementtrompé dans mes espérances~voyant se détruire
en un seul jour les plans que j'avois formés pour plusieurs années de ma
vie, je cherchai, comme au hasard, le moyen le plus prompt de quitter
Europe,et de me jeter dans une entreprise qui pût me consoler de la
peinequej'éprouvois.
Je fis la connoissanced'un consulde Suède, M. SMofdebrand~qui, chargé
par sa cour de porter des présens au dey d'Atger, passoit par Paris pour
s'embarquerà Marseille.Cet hommeestimable avoit résidé long-tempssur les
côtes dAfriquc comme il jouissoit d'une considérationparticulièreprès du
Gouvernementd'Alger, il pouvoit me procurer des ~acHitéspour parcourir
librementcette partie de la chaînede l'Atlas qui navoit point été l'objet des
intéressantesrecherchesde M. Destontaines.tt cxpédioit annuellement un
bâtiment pour Tunis, sur lequel s'embarquoientles pélerins de la Mecque,
et il me promit de me faire passer, par la même voie, en Egypte. Je n'hésitai
pas un moment à profiter d'une occasion si favorable, et je me croyois
à la veille d'exécuter un plan que j'avois formé avant mon arrivée en
France. Aucun minéralogisten'avoit encore examiné cette haute chaîne de
montagnesqui, dans l'empire de Maroc, s'étevejusqu'à la limite des neiges
perpétuelles.Je pouvois être sûr qu'après avoir fait quelquestravaux utiles
dansla région alpine de la Barbarie, j'épr<ouverois,en Égypte, de la part
des savans illustres qui se trouvoient depuis quelques mois réunis dans
l'Institut du Caire, ces mêmes marques d'intérêt dont j'avois été comblé
pendant mon séjour à Paris.Je complétaià la hitc la collectiond instmmens
44 LÏVRB
t.
que je possédois,et je ns l'acquisitiondes ouvragesqui avoient rapport aux
pays que j'attois visiter. Je tue séparaid'un frère qci.par ses conseitaet parr
son exemple,aveit exercéunegrandeinfluencesur la direction de mespensées.
11 approuvait tes motifs qui medéterminoient & m'éloigner de l'Europe;
une voix secrèteBONSdisoit que nous nous reverrions. Cet espoir, qui n'a
pas été trompé, adoucissoitla douleur d'une longue séparation. Je quittai
Paris dans le dessein de m'embarquerpour Alger et pour ~l'Egypte: et, par
l'effetde ces vicissitudesqui tiennent à toutes les choses de la vie, je revis
mon frère en revenant du fleuve des Amazoneset du Pérou, sans avoir
touché le continent del'Afrique.
La frégate suédoise, qui devoit conduire M. Skiôtdebrandà Alger, étoit
attendue à Marseilledans tes derniers jours du mois d'octobre. Nous nous
y rendimes, M. Bonplandet moi, vers cette époque, avec d'autant plus de
céléritéque, pendant le voyage, nous étions sans cesse agités de la crainte
d'arriver trop tard, etae manquernotre embarquement.Nous ne prévoyions
pas alors les nouvellescontrariétés auxquellesnous nous trouvâmesbientôt
exposés,
M.otdoldebrand étoit aussi impatient que nous d'arriver au lieu de sa
destination.Nousvisitâmesplusieursfois par jourta montagnedeNotre-Dame
de la Garde, d'en l'on jouit d'une vue étendue sur la Méditerranée.Chaque
voileque l'on découvroità l'horizon, nous causoit une vive émotion mais
après deux mois d'inquiétudeset de~vaines attentes, nous apprîmespar les
journauxque la frégate Suédoisequi devoit nous conduire, avoit beaucoup
souffertdans une tempête sur lescôtesdu Portugal, et que, pour se radouber,
elle avoit été forcéed'entrer dans le port ,de Cadix.Des lettres particulières
confirmèrentcette nouvelle, et nous donnèrentla certitude que le Ja~MM.f
( c'étoitle nom dela frégate)n'arriveroitpas à Marseilleavantle commencement
du printemps.
Nousne nous sentionspas le couragede prolongernotre séjouren Provence
jusqu'àcette époque. Le pays, et surtout le climat,nousparoissoientdélicieux,
maisl'aspectde la mer nous rappeloitsans cessenos
projets~nanqués.Dans une
excursionque nous~mes àHyèresetàToalon, bous trouvâmesdansce dernier
port, appareillantpour l'île de Corse, la frégate ~.BûM<~?M~qui avoit été
commandéepar M.de Bougainvittedansson voyageautourdumonde.Cet illustre.
navigateurm'avoit honoréd'unebienveillanceparticulièrependant monséjour
à Paris, lorsqueje me préparoisà suivrel'expéditiondu
capitaineBaudin.Je ne
CBAPtTREï. 4~
saufoisdépeindrel'Mnp)S:6sion que me & la vue doI)~Ment~
Commersondanslesîles dela mer du Sud. H est ~s dMpo~ïe ~an'e dans
lesquellesun sentiment douloureuxse tKeleà toat ce qMe.?coa8'r<)uvons.
Nouspersistâmes toUTOUradansL~dée~~
et peu s'en fallutque cettepersévérancene no~.devînt'funeste.Il avoit,t~ cette
époque,dansle portde Marseille,un petit bâtimentragusoisprêt fairevoile pour
Tunis.Il. nousparut avantageuxde proRterd'uneoccasionqui nous ~approcholt
dé l'Egypte et de ~aSyrie. Nousconvînmesavec le capitaine-du p~Ixde notre
passage te départ fut nxé aulendemam.maisune circonstancepeuimportante
en elle-même retarda heureusementce départ. Les ammaux qui devoient
nous servir de nourriture pendant la traversée, etoient logés dans la grande
chambre. Nous exigeâmesque 1 on St quelques arrangemensIndispensables
pour la, commodité des voyageurs et pour la sûreté de nos instrumens.
Pendant cet intervalle, on fut informé à Marseilleque le Gouvernementde
Tunis sévissoitcontre les Françoisétablis en Barbarie~~t que tous les indi-
vidus venant d'un port de France étoient jetés dans les cachots. Cette
nouveUenous fit échapperà un danger Imminentenous nous vîmesforcés
de suspendrel'exécutionde nos projets, et nous résolûmesde passer l'hiver
en Espagne, dans l'espoir de nous embarquerau printemps prochain, soit à
Carthagène,soit à Cadix, si l'état politique de l'Orient le permettoit.
Noustraversâmesla Catalogueet le royaumede,Valencepour nousrendre à
Madrid.Nous visitâmeslesruinesde Tarragoneet cellesde l'ancienneSagonte
nous fimesde Barceloneune excursionau Mont-Serrat1 dont les pics élancés
sont habités par des bermites, et qui, par le contraste d'une végétation
vigoureuseet de massesde rochers nus et arides, offre un paysage d'un
caractèreparticulier. J'eus occasionde fixer, par des moyensastronomiques,
la position de plusieurspoints Importonspour la géographiede l'Espagne

M. Guillaume de Humboldt, quia parcouru tontel'Espagne


pendetempsaprèsmondépart
d'Europe, adonnéla description
decesitedans les~)~m~rM<~<~ogropA~HetdeWeimar, pour1803.
<?'. <)* T ï. ~ntnx&M'<MMt, p. xMv-TmTt), etLiv.t, p 5-33.Acetteépoque,latatitode
deValence étoitencoremeertainede plusieursminutes.
Je trouvaipourlacathédrale( queTofifio
placeparles!!§"96So) tatitnde.Sg"284a et !ong!tode, o*'11o,5.Quatreansplustard )ebaron
delaPuebla etM.Mechain fixèrent
cepoint pardeshauteurszen~t~~a~es avecuncerclerépétiteur,
prises
etpardeeoccultations
d'étoHes,à 9;)°28 3~,<!enbtitnde,
età<~11*o enhm~itnde. AMurriedro
(l'ancienne
Sagonte), je déterminaila positiondesruinesdu templede Diane,prèsdu couvent
:desTrinitairesCesruinessont parles 3;)'*4o a6*de latitude, ettesoht0 34 delongitude.
MVRE t.
~6
ns
je dét€fm!nai, at'aidedu baromètre~!? hauteupdu ptatean centrât et le
et sor ~'intensitédes
quetquèsobservationssur t'mc!ina!s0nde raigniHeaitnaintée
forcesmagnétiques.Les résultatsde eésobservationsont été pobtiésséparément,
et je n'entrerai dansaucundétailsur l'histoirephysique(Kunpaysdanstequet je
n'ai séjourneque six mois, et qui, récemment, a été parcouru par tant de
voyageurs inst~uitSt
Arrivéà Madcid, j'eus bientôt occasionde me féliciterde la résolution que
nous avions prise de visiter la péninsule.Le baron de Forell, ministre de
la cour de Saxe près de celle d'Espagne/me témoigna Hne amitié qui me
devint infiniment utile. tl réunissait des connoissancesétendues en miné-
ralogie à l'intérêt le plus pur pour des entreprisespropres à favoriser le
progrèsdeslumières.Hme fit entrevoirque, sousl'administrationd'un ministre
éclairé, le chevalier Don Mariano Luis de Urquijo, je pouvois espérer
d'obtenirla permissionde visitermes fraist'intériear de t'Amériqueespagnole.
Aprèstoutes lescontrariétésque je.venoisd'éprouver~ n'hésitaipas un instant'
` je
de suivre cette idée.
Je fus a la cour d'Aranjnez, au mois de mars ï799. Le roi
présenté
daigna m'accueiUiravec bonté. Je lui exposai les motifs qui m'engageoientà
entreprendre un voyageau nouveaucontinent et aux i!es Philippines, et je
présentai un mémoire sur cet objet à la secrétairene d'état. Le chevalier
d'Urquijo appuya ma demande, et parvint à aplanir tous les obstacles. Le
procédé de ce ministre fut d'autant plus généreuxque je n'avois aucune
liaison personnelleavec lui. Le zèle qu'il a constammentmontré pour l'exé-
cution de mes projets, n'avoit d'autre motif que son amour pour lessciences.
C'est à la fois un devoir et une satisfactionpour moi de consignerdans cet
ouvragele souvenirdes servicesqu'il m'a rendus.

Voyezma Noticesûr la configuration du sol de l'Espagne, dans l'Itinéraire de M. de La Borde T.ï,


p. cxt,vti. D'après M. Bauza, la hauteur moyenne du haromètre, à Madrid, est de a6 pouces a,4 lignes,
d'oh résulte, selon la formule de M. Laplace, et le nouveau coëfBcientde M. Ramond, que la capttatp
de l'Espagne est élevée de 3og toises ( 6o3 "') an-dessus du niveau de l'Océan. Ce résultat s'accorde
assez bien avec celui <ja'* obtenu Don Jorge ijttan, et que M.deLatemdeaa publié, et d'aptes lequel la
hauteur de Madrid an-desensdu niveau de Barisest <leTM)4tehes. ( ~Mat.<&'/<:<M< t?76, t48.~ Le
montagne la plus élevée de: toute la pétmMalen'est pas le Mont-~erdn,'comme on l'a .cm )<Mqa'ici,
mais le ~tt&~acen qui Mt~rtie delaSiBrraNevada de Grenaoe. Ce Pic d'aptes le aiveUemeM~jéo-
désique de Don Clemente Roxas, a t8a4 toisesde baatenr absolue, tandis qtteieMhnt'fertht~ (tae*te<t
Pyrénées, n'a que ty63 toises. Près du Mmlahacen se trouve-situé le ~co th ~e<e<at(Nete ~[e
tj'8t toises.
CMAftTRE 1.47

J'obtins dcax passeports, i'un da prenuer secrétaire d'état, l'autre du


,coaseildes Indes.Jamais permissionplus étendueN'avait été accordée a an
voyageur;jamaisétfaager B'avpit~ honoré de p!<Mde oonS~ncedp la part
du gouvernementespagnol.P<Mrdissipëf tous les doutes ~ae les V~ee~rcis ou
en
les capitainesgénéraux,Mptéteatanti'autiOtitéroyale Améfiq~e,pourvoient
élever sur la nature de mes trav~ax, ïe passeport de la ~Mt~<?M; ~c~f~~M
e~fa~o portoit <:pMj'étois autorisé & me servir librement de mes
« mstrumeas de physique et de géodésie;que je pouvois faire, dans toutes
« lespossessionsespagnoles,desobservationsastronomiques;mesurerla hauteur
« des montagnes; recueillir les productions du sol, et exécuter toutes les
<'opérationsque je jugerais utilesà l'avancementdes sciences1. Ces ordres
de la cour ont été strictea~entsuivis, même après les evenemensqui ont forcé
M. dUrquijode quitter le miaistére.De moncôte j'ai tâché de répondre à des
marques d'un intérêt si constant.J'ai présenté, pendant mon séjour en
Amérique,a<!xgouverneursdes provinces, ta -copiedes matériaux que j'avois
recueilliset qui pouvoient intéresser la métropole en répandant quelque
lumière sur la géographieet la statistique des colonies. Contbrmément à
l'offre que j'en avois faiteavant mon départ, j'ai adresséplusieurs collections
géologiquesan CaMmetd'histoire naturelle de Madrid. Contmele but de
notre voyageétoit purement scientifique nous avons réussi, M. Bonpiand
et moi, à nous concilierà la fois la bienveillancedes colons et cellé des
Européens chargés de l'administrationde ces vastes contrées, Pondant les
cinq ans que nous avons parcouru le nouveaucontinent, nous n'avonspas
aperçu le moindre signe de dénance. !t tn'est doux de rappcter ici, qu'au
milieudes privationsles plus pénibles, et luttant contre des obstacles qui
naissentde t'état sauvagede ces pays, nous ~'avons jamaiseu à nous plaindre
de l'injusticedes hommes.
Plusieurs considérations aarolent dAaons engager à prolonger notre séjour en

Espagne. L'abbé aussi remarquaMe


Cavanilles, par la variété de ses connoissances

Ordena & Ttf. a /ot capitanes ~tMMt&< comandanme, ~o&erHedoMt,y)t«t:<&n<et, <'off~<dbfw<


y ~ema~~Me<KMno tnyM&t)t~)0f nMg~B nM<tfola conduccion~e ~Minatrumentos <&stctt~ quimica,
astronomia y moMmaiftea~, ni el Aaeer en <Of&M&Mposessionea tt&ram<trtna<&M o&<eMc<tCMtMt y
experimentosque /!M~ue !«R~, eoxtO ~xmpocoel <'o!<ee<ctr ~remen<B ~<<Mt<<t<~ ~Mtma&<j «Mt«<M
y nnnefM~M~ ~M<&r/<t <t~<Mf<e <Mmott<es, eff<<mtt<tf &t tM<Mn!t<M<t de ~e<f<ty ~eoe'' o&*en'<Mm'Mt
<M<<f<no!ntcatj'
astrononcicaa.~ <&<ctt&nnMH<ct
descubrincentqs
uM~t/M
tiles para
/)<!raedprogrraso
e//<~o~r<MO<&lus
de /ct~ CM~tfMM
çiergciae,:pues por~ed can6rurioquiere
jNtet~ef.e~cetttrftfK! ottMre ed
.Re~ ~Me <otf<!< las p~Mna~ a ~NtenMeorre~pomi'c,den J9. <<eJKtm&e/6f< &«&)t/ favor, aM~t&o
y jDro~cfïoMque neceasite.(JOe ~ran/u~Sj 7 de ma~'o 1799 )
48 Ï.!VRE ï.
que par la ûnessede son~esprit,M. Née, qm~conjointement avecM.Haenke
avoitsuivi comme botanistel'expéditiondeMaiaspina,et qui lui seul a formé
~undea plus grands herbiers que l'on ait jamais vus en Europe~ DonCasimir
Ortega, t'abbé Pourret.et lessavansauteurs de la Flore du Pérou, MM.Ruiz
et Pavon,nousouvrirentsans réserveleursrichescollections. Nousexaminâmfs
une partie des -plantesdu Mexique, découvertespar, MM.Sesse, Moci&oet
Cervantes, et dont les dessins avoient été envoyésau Muséum d'histoire
naturellede Madrid. Ce grand établissement,dont la direction étoit confiée
à M. Clavijo, auteur d'une étégantetraductiondes ouvragesde Buffon,ne nous
offrit, il est vrai, aucune suite géologiquedesFCordillères; mais M. Proust,
si connu par l'extrêmeprécision de sestravauxchimiques, et un minéralogiste
distingué, M. Hergen,nous donnèrentdes renseignemens curieux sur plusieurs
substancesminéralesde l'Amérique,tl auroit été utile pour nous d'étudier
plus long-temps les productions des pays qui dévoient être le but de nos
recherches,.mais nous étions trop impatiens de profiter de la permission
que la cour venoit de nous accorder pour retarder notre départ. Depuis
un an j'avois éprouvé tant de dinicu!tésque j'eus de la peine à me persuader
que mes~ceux lesplus ardens seroient enfin remplis.
Nous quittâmesMadrid vers le milieu du mois de mai Nous traversâmes
une partie de la vieille Castille, le royaume de Léon et ta Galice, et nous
nous rendîmesà la Corogne, où nous devionsnous embarquer pour l'ile de
Cuba.L'hiverayantét~très-rudeet très-protongé,nousjouîmespendantle voyage
de cettedoucetempératuredu printempsqui, sous une latitudesi méridionale~
n appartientordinairementqu'auxmoisde marset*d'avri!.Les neigescduvroient
encoreleshautescimesgranitiquesde la Guadarama;mais dans les vattéespro-
fondesdela Galicequi rappellentlessitestes pluspittoresquesde la Suisse,et du
Tyrol, des Cistes chargésde fleurs, et des bruyères arborescentestapissoient
tous les rochers.On quitte sans regret le plateau des Castittes, qui presque
partout est~énuéde végétation,et sur lequelon éprouveunfroid assezrigoureux
en hiver, et une chaleuraccablanteen été. D'après les observationspeu nom-
breusesque j'ai pu faire par moi-même, t'intérieur de l'Espagne forme une
vaste plainequi, élevéede trois cents toises(584 ") au-dessusdu niveau de
l'Océan, est couvertede formations secondaires, de grès, de gypse, de sel
gemmeet de la pierrecalcairedu Jura. Le climat desCastinesest beaucoupplus
froid que celuide Toulon et de Gènes; car sa températuremoyennes'étèveà
CHAPITRE 4<)
peime& ï5" dothermomètrecentigrade '.On est étende de voM~e,Mm$. h
latitudede h Calabre~de!a ThessaUe et deFAs:~n~e~Fe, t~ ~aa~ ne
et
viennentpoint enp!eihair Le,plateattcentrâtest entoa~d'Mhe~oneha~e
étroite, o&végètent,
saPptusieampo~ta,~n&M~
Chamaerops~ te Dattier,h Gannea suer~, te Bananieret beaucoo~p!afnt~
cotûmunes à t'Espagneet a r~qae Mptentrionate.Soaa!es~ ~odeg~~de:
latitude;ta temperatMre moyenne decettezoneestde t~ à aodegrés;et) 'pa~ÛMe'
reunioade cireoastances qu'il seroittrop!ongde dévetopper ici, cetterégion
heureuseest deveauele siègeprincipal de !'mdustneet de !a cuhnreintet-
lectue!!e.

Charme <b!i' que,dttMceton~M~, te contraire n'ett pMetpMi*ét!tent:n<tiqne, te* variation*de ta


températnretontetprmtée* d'âpre* l'éoheUecenttgradedttAermometreametcnre; mai*, pooréviterte*
erreoM qui peuventnattrede* réduction* desdMeren~*échelle*et de la sappre**ion~éqaente des fraction*
décimate*, }'a! fait impnimer te< o!Merv«i<HM pturdeMe*teMeaque les a donnée* nmtmmentdont je
me suis,tem. J'M cru devoir suivre, Mm ce rapport, la marche adoptée par t'iUaMre auteur de ta
Bas, <&tN~tt~MM °
m~tr~tM.
Commedam le cours decette Matton historique !t est souvent question de nnBM'nce de la température
moyenne sur le développementde la végétationet te* produit* de t'agrioattnre, it sera utile de con-
signer ici les données suivantes, fondées sur de* obtervationB préchet et, propre* a&tnrnirdet
termes de comparaison.J'ai a~onté un astéritqoe am noms des villes dont le climat est singulièrement
modifié mit par leur élévation au dessus du niveau de l'Océan, soit par d'antre* circonstance*
indépendante* de la latitude. Ot
Umeo. Lftt. 63' 5o' Temp. moy. o*,7 ( Nsezenet Bnch).
Pétersboarg 69° 56' 3*,8 (Eoter).P«Mt:ontretonenttte.
Upsat. 59' St' 5°,5 (Buch).
Stookh~hm. 59° 9o' ~,7 (WM~emtin).
Copenha~e. 5& 4t' 7° ,6 (Bn~ge).).
Bertim. Sa* gt's B'
Ptri)). 48° 5o' 'o"t7 (Bonttrd), moyenne de teptaiM.
Genève* 46' ta' to* Haut.,3g6'°
MameNe 43° t?' t4*~ SMnt-Jacqne~.
Tonton* >
43' 3' t7*,S DetmontagneftMnord.
Rome. 4t'*S3' tS'7 (GmUMmedeHnmbotdt).
Napte!). 4o' 5o' t8',o
Maarid' 4o' a5' tS',0 HMt.,6o3"-
Meuco to'* 95' t7*o Haut., 9977"
Vem-Cntt* ta* tt' 95°,4 CAtearide.Sabteo.
ÉqtNtem'tmu~ttndet'OcéMt. 0*0' ~7*t0
Qmto o* t4' t5°,o Hant.,ano8*

CettetabledMRreMg~ementdeeeHeque j'MdonnéedanePlntrodnctiondela Chimiede T~onMot~


T ï. P 991 et qnt m'apae été «OMttttttemr des observations
égtttementpT&a«a.
Ne&t<HW&M(<M~Me,
ZbM. y
`
5~ ttyt~Ej.
C*M t~t~tnnt *tnt)a
Mremontant ta M~aœ~e
dans ie MMHmtnf<t~
<MVat<!t«'« ~ca h~
j)or~
VaM~)tt~s MJMedtt<en~a<<e
ver& tes hautes~ptames~de~ ~BAe.et de~ ~a~ croit reconpo~tre <brt en
avant dans les ~daB~ des e~~me~ fancienn~ecôte de !a'
péniosute. Ce.:pM~i~x~Rp~ !e8tradi~M ~eo Samoth''aces,et
d'autres téa~~aa~ hMtQriqu~ap~a~ an ,atJppoaè.<JP~"}~~l'fUption
des eaux pax ~an~Ne~ en agrawHssaBt te hassia de ht Méditaf~anée,a
déchiré et eagteuti la partie aMStpaïede fSM~pe.Si t'on aAmetqtïe ces
tfaditioas doiventtcuf origine, aon a de simplesr~verijss géologiques,mais
au souvenir d'une ancienne catastrophe, on voit Je plateau central d~
l'Espagne résister aux ei&ts de ces grandes inondations, jusqu'à ce que
l'écoutementdes eaux par le détroit, formé entre les colonnes d'Hercute,
ait fait baisserprogressivementte niveattde ta Méditerranée,et reparoftre,
au-dessus de sa Sur&ce, d'un c~té ïa Basse-Egypte, et de !'autre les
plaines )!crti!jcsde Tarragone, de ~a~ace et de Murcie, Tout ce qui tieat
à la &rmationdecette B~c', doat ïe%Mtencea iB&uési puis~numentsur
la première civilisationde l'espècehinaaine, oSreunLintérêt paBticutier.On
pourroit croire que t'~pagoe~&rtaa~t un promontoire au miHeudes mer~,
a du sa .conservation ph~iqueà Aahauteur d~sonsot; ]maM,pour donuer
du poids ces idéessystéïBatiques, il faudroitéctaircir!es doutesqu'on a étevés
surla rupture de tant de dtguestransversaïes;il taudrott discuter!a probabUité
que la Méditerranée ait été di~s~ejadisen plusieursbassinsséparés,dont la Sicile
et l'tte de Candiepaissent marquer~esauciennesUmites.Nousne hasarderons
pasici de résoudreces proMèaMs, et nous nouscontenteronsd'appelerl'attention
sur le contraste happant q<aoSrela coa6gurationdu sol dans les extrémités

.mo~or.N4(~e~.~~e~, ~~«~Atm.,t?~, Lib.ÏV,c.t9, p. 336.Lib.V,c. 47,p. 369.


Dion~.~n~tcant.~<f!.0.tOM.,
t?p4,t~)b.ï,c.6t,p. <o.~M<o<. Opp.ent~e< CtM'm&.ZM~Mn., t5go.
jMe<eoro&)~.Uh.Ï, ç. T. p. 336.J?. &M6& Ceog!eA7%om~M jRt&'oner.
OMn.tSo?,T. 1,
p.76et83.( 7b«r~~e~ ,Levant;
~<y<Mt<'ft p. ta4..Pa~&M~ ~<y<t~a T.V, p.t<)$.C~OM~M~-
e~~!t<Mte,
CoM~r,~oyj(t~~<~o! t~,p.tjt6.BMMa«<~ ~~it/t;j, G~o~ntpAM~AyM~e~e~ merAToM-~
p.!5y,ig6et34t. tWfK~ Voyage~yerm, T. M, p. t3o.~Mne~! t~M-NKe ~<Mc~t&n&!f<en <~r
Afen<pAMna<t<~n,p.n8).Pa,B~iasE~gMphes anciens,t~nM~ commeStraton,EratosthenetetStrf~pn,
pensoient
quet&M~er)fan~e, e?Be<parleseaMfttt Ponjt-~oïin, desPa!usMéotidea, de.met
CaspienneetdutacAr~, h~ I<M colonnes d'HefcnIe;tes~~a,es~comme Fompomiu~ Me)~,
admettaient s'etmt
quet'irruption eauxdet'Ocea~.
faite,parles Dansia première
dece~hyp~b~~ttt
hauteurdusoletttretamer~ou~etlaBaltique, ete~tretespo~tsdeC~ëMeetdeBordeaux,détermina
limite
quel'accumulation
deseanxpeutavoir
atteinteavant!aréuniondetainerNoire,detaMéditerranée
et det'Ocean~
tantaunorddespardaneUes qu'àt'estdecettetan~nedéterrequian~sptt
jadist'Europp&
ta Mauntanie,et dont,dt tempsdeStrahon,Itexistoitencore desvestiges
danstesitesde,fnnon et
dela Lune.. `
t 5~
CNtPÏTAE
t'~ ~-t~ <f––t?.iLt-<n&<t:'jM. &)t4~tM<M~îtM< "t~.<-<*f~)!m
orientai et occïd~Mt~deï~ropet~t~ ~t1a.Dier:MJire,'lè~in
est aujourd'hui~~peiHe''e~ ~se~d~s~
tandisq~ !e et
phte~n ~Maaeh~jp!
Bo~then'e.ngUteroïtcOmmë~&gr&npe'de
8~ est iatépessantdê'ppater~csetrqaf p~v~i~~t~ suMace
de aotfe p!anète~H'~est~ns-'sÛr~ ~i~
prëseBtentauxmesareaiètàt'bbsèrva~ion du physicien
D'AMotga Ïa (trogne, surtout depuis Luge, ~es montagnes s'êïèvent
gradueHement.Les formationsseconAaires<Ëspar<M<sent peu à pétt, et les
l a
tochee de transition qui leur succèdentànBOQceat proximité des tettains
primitifs.Noas trouvânMsdes montagnes-considérablescomposéesde ce grô<
ancien, que les minë~togistesde ïTÊceiede Freïhë~ déstgaentpar tes noms
de Grauwakke et de GrsM~a~en~cAt~n J'ignore si tette formation, qui
n'est pas fréquente dans te midi de ï'Europe, a dé)&été découvertedans
quelqueautre partiede l'Espagne. Des6'agmensanguleuxde pierre !ydiqneëpars
dansas vaneessembloientnous annoncerque le schistedetransitionsertdebase
aux couchesde G~rauwaktte. Près de la Corogne même s'ë!èventdes cimes
granitiquesqui septotangentj usqu'au~apOrtegai.Ces~ranits, quiparoissentavoir
etë contigus~adi~à ce~xde ta Bre~gaeet de CornouaSte, sont peut-être tes
débrisd'unetha~e de montagHes déttuiteset submergéespar lesuots.Be grandset
beaux ~Staux de Mdspathcm'Mterisentcette roche la mine d'etain commune
s'ytt'oa~edisséminée,et devient, pourHeshabitansde Gatice, l'objet d'une
expteitationpéaiMeetpeûtacrattve.
Arrivés à ta Côregne,nous tfouvàmes ce port bloqué par deux frégates
et un vaisseauangtois.Ces b&time)~s ~toient destinésà interrompre la com-
municationent~ la m~trepe~eet tes cotoniesde t'Amérique car c est de h
Corogne,et non de Cadix, que pa~toïent, a cet~eépoque, tous les mois, un
JM~H~-&M ( c<Mveo ~MtM)6f<Mo~ pao~ta Havane,et ~ouslesdeuxmoisun autre
pour Buënos-AyreS, ou fembouehNne ~ttt Rio de la Plata. Je donnerai dans
la suite <Mtenotion exactede létat des postes dans ~e nouveau continent.H
suffitde remarquericique, depuisieeMBistêretdn comteFlorida-Blanca,le service
des cear~pM tc~ a été si bien organisé,quepar <uxseutsun habitant du
Paraguay~ ou de la proWMMse de Jaen de Bracamorospeut correspondreassez
féguHèrement avec un habitant du Nouveau-Mexiqueou des c6tes de la
<
Surte!)ttvejtdet'AmMeme.
HVRE ï.
~ouyelle-Califbrnie, une distance égale à~~qu'il y a de Paris &Si~n
sur
ou de Vienneau cap de Bonne-Espérance.De même, une lettre connëe à la
poste, dans une,petiteville del'Aragon~attire ~u Chili ou dans lesmissions
de l'Orépoque,pourvu qu'onindique d'une panière bien précise te nom
du cor<?gwH<?~o ou districtqui comprend le viUageindien auquelcette lettre
doit parvemr. Onse platt à rappeler des institutionsque l'on peut regarder r
comme un des plus, grands -bienfaits delà civilisation moderne. L'éta-
blissementdescourriersmaritimeset celui des courriersde l'intérieur,ont inis
les coloniesdans une relation plus intime entre elles et avec la mère-patrie;
La ei~cutationdes idées est devenue plus rapide; les plaintes d~s colons
sesont fait entendreplus facilementen Europe, et l'autorité suprêmea réussi
quelquefoisa réprimerdesvexationsqui, parl'eloignementdeslieux, lu! seroient
restées'à jamais inconnues.
Le ministre, premier secrétaired'état, nous avoit recommandéstrès-parti-
culièrementau, brigadier Don Rafael Clavijo qui depuispeu étoit chargéde'
la directiongénéraledescourriersmaritimes.Cet officier,avantageusement connu'
par son. talent pour la constructiondes vaisseaux,étoit occupé à établir de
nouveauxchantiersà la Corogne.Il ne négligearien pour nous rendre agréable
le séjourque nousfîmesdans ce port, et il nous conseillade nous embarquer
sur la corvette1 le Pizarro, qui étoit destinéepour la-Havaneet le Mexique.
Ce, bâtiment, changéde la correspondancedu mois de juin, devoit taire
voile conjointementavecl'~CM~M!,Iepaquet-bot du moisde mai, qui, à cause
du blocus, étoit depuis~trois semaines retenu dans le port. Le Pizarro
n'étoit pas réputé grand marcheur; m~is, favorisé par un hasard heureux,
il avoit échappé à la poursuite desb~timensanglois, dans la longue navi-
gation qu'il venoit d'exécuterdu Rio jde la Plata à la Corogne.M. Clavqo
ordonnaqu'on fît, à bordde cette cornette,les arrangemensconvenablespour
placer nos instrumens,.et pour nous faciliterlesmoyensde tenter, pendantla
traversée~des expérienceschimiquessur l'air. Le capitainedu Pizarro reçut
ordre de s'arrêter à TénériSe, le temps que nous jugerions nécessairepour
visiter le port de l'Orotava~et pour monterà la chnedu Pic.
Nous n'eûmesàattendre notre embarquementque dix jours, et ce délai
nous parut encore bien long. Nous nous occupâmes,pendant cet inter-
valle,,à, préparer les plantes recueilliesdans les belles vallées de la Galice,«

D'âprela terminologie lePizarroétoitunefrégate


espagnole, légère'(.aM ~<M).'
Ct~. y
~tttBtvnti' t.

'qu~aëia'a.n~~ ~'avoit encore visitées ~nb~~examt~~es'Ïës~


mollusquesquelà grosse Iner du Nord-Onèst'jette' au:~ed du
rochereËcarpésur lequel est construite ~vig~~de'at'Tour~Her~të(~
appeléeaussi la ~Mr~2%r, à été r~ta~réeen~
vingt-douze pieds ses Mt<rs oat <~tre~p~ et sa construc-
tion prouveIncontëstabtement qu'elle est Toù~ des Romaïns. tJne inscription
trouvéeprèsde ses fondemens,et dont je doislà copie à l'obligeancede M.dé
Laborde, nousapprend que ce phare a été construitpar GàiusSeviusLupus,
architectede la viI!ed'~M~~?ofMt(<Chaves), et qu'il étoit dédié à Mars.
PourquoilaTourdeFer portë-t-elledanscepaysle nomd'Hercule?Les Romains
l'auroient-ilsbâtiesurles ruinesd'un édincegrec ou phénicien? Strabonailirme
en eSet que !a <Galice, le pays desCaIIaeci,avoit été peupléepar des colomes
grecques.D'après une noticetirée de la géographied'Espagned'Asctépiades!e
Myriéen, une tradition antiqueportoit que les compagnonsd'Hercules'etoient
ëtaMisdansces contrées'.
Je ns les observationsnëcessairespour constater !a marche du garde-
temps de Louis Berthond/ et je vis avec satisfaction qu'I! n'avoit pas
changéson retard diurne, malgréles secoussesauxquettesil avoit ëte expose
pendant le trajet de Madridà la Corogne.Cette circonstanceétoit d'autant
plusImportante, qu'ilexistoit beaucoupd'incertitudesur la véritable'longitude
du Ferrol, viHe dont le centre se trouve de t0~ 20" à l'est de ta Tour
d'Herculede ià Corogne.Une occultationd'AIdebaran,et une longue suite
d'ëcupsesdesatellitesde Jupiter, observéespar l'amiralMazarredoet calculées
par Mécham,sembloientprouverque, dansl'AtlasmaritimedeTo&no,qui est
dailleurssiexactpour l'IndicationdesdistancespartieHes,lespositionsabsoluesde
la Corogneet du Ferrol étoientfaussesde deux à trois lieues marines.Mon
garde-tempsajouta à cesdoutesen déposantcontreles opérationsde Tonno.Je
trouvai~l'observatoirede la marinedu Ferro!, deo~ 4~ s 1à l'ouestdeParis.La

&mtto~«AGtMMt.
~tt<e<.
~'<tr.,i6ao,Lth nï, p. i57.LesPhênicieM et tesGrecsvMtoient
lesc&tet
delaGaMoe
(Ga&ceM), à causeAtcommerce del'étainqu'ilstirpient
de cepaytcomme
desNe)Camitendet. Mt. m, p. t4/. f<m.,Mh.XXXtV,
~tMt&o, cap.t6.
0&MTC. <t<<wt* At<M«~p. NtXTt, T. ï, p a4 et 33. ~pmoM, JMemofMM <o6~a&Me&Mn<tcM)M<
c<~)B.AecA<m /)or &)<not~<M<<'<e~xtBo~ 1803, T. t, p. a3. Si l'on suppose que mon chronomètre
m'a pas mgmenté son retard diurne pendant le voyage de Madrid à la Corogne, ce
qui sero!t
contraire au~expénences directes faites & Marseille, la longitude du Ferrol sera encore de a3° en
temps plus grande que celle à laquelle s'est arrêté M. ToSno.
$4 t-ÏV~Ei.
moyennede tontesles obsenàtions; ~aiMîspardesastrohomes espagnoia,et pttb!!ee)t
récemmentpar M. Espmosa, do~ne ~4~ 2ï~,5. J'ai dëja &it obsërv
ailleursque, beau~oapd'expedttion~ étant f~Mesde ce dBrniierport, ïâ hausse
positionqui lui a ~te àarib~ee,a in&nedesavantage~ement~npÏèt longitudes
de plusieursviÏlps de fA~eriqMe, d~ternuaees, non par diee obseirvationit
absolaes, mais par le seul transport du temps. Les mona~t~rînea, tout
en étendantla massede nos connaissancesgeograpluqnes,coatMbateatsoavent
à propager l'erreur dont est aCectëe!a tongitade du point de <Mpaft,parce
qn'eHesrendant dépendant de ce seul ipoMtie gisement(ks <otes tkaa les
rëgionstes plusSoignées.
Le port du Ferroï et Ge!uide !a Cofogne EQtamoNMpMata~ec une même
baie, de sprte <;u'<mbâtunent qui par Mnma<M~H$ tejB~~ ~st cbafgc sur
la terre, peut B)6Hl!!erdans !'un ou ï'aatrs de iees pc~ts, aeton que le vent
~c M permet. Cet avantageest inappréeiab!e 4~ ~es pa~ges OM Ja mer est
presqueconstammentgrosseet houleuse, coBMae~nt~ )!ecap Ortegd~t le cap
finisterBequi sont les pfOtnontoijRes
T~M<J~b''Mm' d~ g&agraphes
anciems.Un canal ~troit.~tde de ~~e~~g~ coupésa pic, coadnit
au vaste bassin du ~C~ ~Europe entière n'o~pe pas un moaiBageai
cxtraeBdiaaire,Sj&MSle ~ppe~t de sa positifonaTanceedans ~'in~rtem'jdes
terres. Ondiroit quecette pae~eëtroitset tortneuse, parstaquelteiesvaisseaux
entrent dans le <.aott, a ~ë on~rte, soit par yirr~tjta'n des Rota,soit par
lessecoussesrépétéesdes tf~bleïneas deterre les plus MmleM. Etansie nonveau
monde, sur 'les côtes la D~ea~elte-~dalcusie,~a J~a~MM<M O~M~'Oj
~aede f~~M<?~ oSMexactementla même formeque le port du FerMË.Les
phénomènesg~logiqueslesplus curieuxsetrouventrëpëtesa degt-aadesdistances
sur la surfacedes (~ootinenset les physiciensqui ont eu occasionid'exMainet'
diverses paMiesdug!obe~sont trappes de la ressemblanceextr~neque l'on
observe dans le déchirement dos cote~, dansles sinuosités des yallees,
dans l'aspect des montagnes, et dans leur distribution par groupes. Le
concoursaccidenteldes mêmes causes a du produire partout les mêmes
e<rets;et, au milieu de cette variété que p~setïte la nature,.une.analogM
de structureet d&<o<m~s'observe éatMi'at~angemèntd~ MatièreabrMtea
commedans l'organisation interieoce~des~la~es~d~Mumau~

PteMm~e
cite le portJMA~brM G< M.. Ht ~p 6. (N~~'Ma.. zMampit.
~nMe/t6t8,p.3t.)
CBAPtTRE ï. S5

Pendantla traverse de la Coroeneau


CQrogneau Ferrol.
Ferro!, sarun baiS~ndpr~<itt
snrnnbais~tond ~tSTM~
près<in~TMZ
&~e dansla baie qui, ~eloa d'AnviUe,est !e ~<M~<~ M<~nM dea anciens,
nous Bmes, au moyen d'une sonde thermométri<pM à tonpapea, qnctquesi
expériencessur la températurede t'Oceanet suc le décroissementdSa caloriqoe
dansles couchesd'eau superposéesles unes aux antres. L'instrument montra~
sur le banc, à la surface t2",5 à !3",3 centigrades,tandis que partont
ailleurs où la mer étoit très-profonde, le thermomètremarquoit ï5" ou
t5°,3, l'air étant à ïa",8. Le' céjtèbreFranUin et M. Jonathan WiUiams,
auteur de l'ouvrage qui a paru à Philadelphie, sous le titre de TVa~-
gation thermométrique, ont fixéles premiersl'attention des physiciens sur
les phénomènesqu'offre la température de t'Océan, au-dessusdes bas-fonds
et dans cette zone d'eaux chaudes et courantes, qui, depuis le golfe du
Mexique,se porte an banc de Terre-Neuveet aux côtes septentrionalesde
l'Europe. L'observation, que la proximité d'un banc de sable est indiquée
par un abaissementrapide de la température de la mer à sa surface,
n'intéressepas seulementla physique, elle peut aussi devenirtrès-importante
pour la sûreté de la navigation.L'usage du thermomètrene doit certaine-
ment pas faire négligerceluide ta sonde; mais des expériencesque je citerai
dans le cours de cette Relation, prouvent sufj&samment que des variations
de température, sensiblespour les instruménsles plus imparfaits, annoncent
le danger,long-tempsavant que le vaisseause trouve sur les hauts-fonds.Dans
ce cas, le refroidissementde l'eau peut engager le pilote à jeter la sonde
dans des parages où il se croyoit dans la plus parfaite sécurité.Nousexami-
nerons, dans un autre endroit, les causes physiques de ces phénomènes
compliqués;il suffitde rappeler ici que leseaux qui couvrentles hautsfonds,
doivent en grande partie la diminution de leur température à leur mélange
avecles couchesd'eau inférieuresqui remontentvers la surfacesur les acores
des bancs.
Une grossemer du nord-ouestnous empêchade continuer, dans la baie du
Ferrol, nos expériencessur la température de l'Océan. La grande élévation
des lamesétoit l'effet d'ua vent impétueuxqui avoit souHIéau large, et par
lequellesvaisseauxangloisavoientété forcésde s'éloignerde la côte.On voulut
profiter de cetteoccasion pour mettre dehors; on embarqua sur-le-champ
nos instrumens, nos livres et le reste de nos eSets; mais le vent d'ouest,
qui fratchit de plus en plus, ne nous permit pas de, lever l'ancre. Nous
profitâmesde ce délai pour écrire à nos amis en Allemagneet <*nFrance.
56 LtVRB.t.
Le momentoù, pour ta premièrefois, onquitte l'Europe, a.quelque chose
d imposant. Ona beau se rappeler la fréquence des communicattonsentre,
les deux mondes, on a beaurénéchirsur l'extrêmefacilite avec taquelte~par
le perfectionnementde la navigation, on traversel'Atlantique, qui, comparée
au Grand-Océan, n'est qu'un bras de mer de peu de largeur; ~sentiment
qu'on éprouve en entreprenant un premier voyage <te long cours,n'en est
pas moins accompagnéd'une émotion profonde. Il ne ressembleà aucune
des impressionsque nous avons reçues dès notre premièrejeunesse. Séparés
des objets de nos plus chères aBccttdns,entrant pour ainsi dire dans une
vie nouvelle,nous gommesforcésde nous repliersur. nous-mêmes,et .nous,
nous trouvonsdans un isolementque nous n'avions jamais connu.
Parmi Ic&lettresquej j'écrivis, au momentde notre embarquement,il y en
eut une dont l'influencea été très-grande sur la direction de nos voyages
et sur les travaux auxquels nous nous sommes livrés dans !a suite. Lorsque
je quittai Paris dans le desseinde me rendre sur les côtes d'Afrique, l'expé*
dition de découvertesdansla. mer du Sud sembloit ajournée pour plusieurs
années.J'éiois convenuavec le capitaineBaudin que si, contre son attente,
son voyageavoit lieu à une époque plus rapprochée,et que la nouvelle'pût
m'en parvenir à temps, je tâcheroisde passer d'Alger à ,un port de France
ou d'Espagnepour rejoindrel'expédition.Je réitérai cette promesseen partant
pour le nouveau continent. J'écrivisà M. Baudin que si 1e gouvernement
pérsistoit à lui faire prendre la route du cap de Horn, je chercheroisles
moyensde le trouver, soità Montevideo, soitau Chili, soit à Lima, partout
où il relàcheroitdans te&coloniesespagnoles.Fidèle à cet engagement,j'ai
changéle plan de mon voyagedès que les journaux américainsont annoncé,
en t8o!, que l'expédition françoise étoit sortie du Havre pour faire le
tour du globe de l'est à l'ouest. J'ai frété une~petite embarcation pour
me rendre du Batabano dans l'ne de Cuba à Portobelo, et de là, en tra-.
versant l'isthme, aux côtes de.la mer du Sud. L'erreur d;un journaliste nous
a fait faire, à M. Bonpiandet à moi, un cheminde plus de huit cents lieues
dans un pays que nous n'avions pas le projet de traverser.Ce n'est qu'à
Quito, qu'une lettre de M. Detambre~secrétaire perpétuotde la première
classede l'Institut, nous apprit que le capitaineBaudinprenoit la. route du
cap de Bonne-Espérance,sans toucher les côtes orientalesou occident-ates de
~Amérique.Je ne me rappellepas sans regret une expéditionqui est Héeà
plusieursévénemensde ma vie, et dont l'histoire vient d'être tracée.par un
CHAPtTt~E ï. ~7
~<
S~~nt'a~sMMagaàpaf te nom&red~d~nvëctesattacM~ at son non*que
par le noble et courageuxdévouementqn'it a déployé dans sa carr!ère an
mnieu des privationset des,souffrances, les pins cruelles.
En partant pour l'Espagne,je n'avoispn emporter !a collection complète
de mes instrumëns de pnyMque,de géodésie et d'astronomiej'en avoM
déposé les doubles à MaraeîUe,dans le dessein deles faire expédier direc-
tement pour Alger ou pour Tunis, dès que j'aurois trouvé une occasionde
passersur tes côtesde Barbarie. Dans les temps calmes, on né sanfoit assez
engagerles voyageursà ne pas se charger de l'ensemblede leurs instrumens;
il vaut mieux les faire venir successivement pour remplacer, après quelques
années, ceux qui ont le plus sauSert par l'usageet par te transport. Cette
précautionest surtout nécessairelorsqu'onest obligé de déterminerun grand
nombrede pointspar des moyenspurementchronométriques.Mais à l'époque
d'une guerre maritime, la prudence exige qu'on ne se sépare pas de ses
instrumcns,de ses manuscritset de ses collections.De tristes expériences,
dont jai déjà parlé dans l'introductionde cet ouvrage, m'ont confirmé la
justessede ce principe.Notre séjour à Madridet à la Corogneavoit été trop
courtpour que je nsse venir de Marseillel'appareil météorologiqueque j'y
avoislaissé.Je demandaien vain qu'on me l'expédiâtpour la Havane, après
notre retour de TOrénoque;ni cet appareil, ni les lunettes achromatiques et
legarde-tempsd'Arnold, quej'avoisdemandésà Londres, ne me sont parvenus
en Amérique. Yoici 1a liste des instrumensque j'avois réunis pour mon
voyage,depuis l'année t~ et qui, à l'exceptiond'un petit nombre, faciles
à remplacer,m'ont servi jusqu'ent8o4.
J~fe des instrumensJe ~A~~M<? et <f<M<yw!o~Me.
Une montre,à &M~tfMd<? de Louis Berthoud, n. 27. Ce garde-tempsavoit
appartenu au célèbre Borda.J'ai publiéle détail de sa marchedans l'intro-
duction de mon Recueild'observationsastronomiques;
Undemi-chronomètrede '?e~ert~ ser~'antpour le transport du ` temps
dans
de courtsintervalles
Unelunette <!C~nMK<t~Me deJ?o~H<~ de trois pieds, destinéeà l'observation
dessatellitesde JupLter;
M. PerMt, ën!tv~ !M*tsciencM t t'Agedetrente cmqans, apr~ uae maladielongne et<ion!onre<ue.
T~e~ ~ne Notice mtéretSMUesur la vie de ce Toyegeut, par M. Deleaze, dans les ~nn<t&< f&t
~f~j! T. XVU.
Relation ~M<or<0tte~ZoBt. 8
5~ LIVRE t.
Une ZHit<?M<? dé ChhM~<~d'une moindreditdensioa, avecun appareit propre
à fixer l'instrumenta un ~tronc d'arbre daa~ les ~r~ )"
Une/M/!<?M<? J'Mfc, munied'un MerotaètM~'av~sur werrepaf M~RôMer)
astronomeà Dresde.Cet appareil, p!acésûr !e ptetieaude t'horî~onarti&ciet,
sert à niveler des bases, à mtesarer tes pjrôgr~s d'une ectjtpMdu soleil
ou de la tune, et à déterminerïa valeurdes anglestrès-~petits seo~iesqueb
paroissentdes montagnestrès-éïoignées;
Un .te-rfcMfde ~M~eM~ de to pouces de Tayon, avec un limbe d'argent
et des lunettes qui grossissentdouze&seize fois;
Un ~cj*~nf fo&c"?~ ~MM~%<M7-~e.ptzn<~ d!p ?tiM~A<on~de a poucesde
rayon, muni d'un vemier divise tte~aimM~em minute, de lunettes qui
grossissentquatre fois, et d'un hcnzenatFtinciet de cristat. Ce petit ins-
trument est très-utite aux voyageursqui se trouvent (brces de retevcr
en canotles sinuositésd'une rivière~ou qui veutentprendre des angles sans
descendrede chevat;
Un cercle /WcMr a!r~?<?a*MM Je j~e ~ot~ de t~ pouces ~e diamètre,
muni dun grand miroir en ptatine
Un f~odbZ~cdè ~fMT~r,dont le ce)'ete a~imuthal avoit 8.poncesde diamètre;
Un ~b/t~on or~ctcZ C~nM?~~a Verreptan,, de 6 poncesde dtamètre,
mnni d'un niveauàbu!!ed'air, donttes divisionséquiva~!ent à deuxsecondes
sexagésimales
Un <ytMt~de ceK'~ ~7~~ d'un pied de rayon, a double division du
timbe en go et g6 degrés, ta vis microméttiqueindiquant deux, secondes
sexagésimales,et la perpendicuturitédu plan pouvant être déterminée;au
moyend'un fil d'aplombet d'un grand niveau à butte d'air;
Un gYM/~oMefre~AMM~en,placésur une tanne,munid'mneaiguilleaimantée
et d'une méridienneâtaire servant a~prendre des azimuthstnagaétiques;
Une &otM~o/e ~'MC~tM~MOM, de ta poucesde diamètre, construite: d'après
tesprinctpesde Borda, par M. Ze ~Vo~.Cet-instrument, d'une exécution
très-parfaite, m'avoit été cédé, iors de mon départ, par ~e burean;des
longitudesde France, Il se trouve nguré dans ta retation duvoyage,de
d'Entrecasteaux', doMtta parUe astr&aomiqueest due au~isoias d'un
savant navigateur,M. de Rossel.Un cercle azimuthatsert pour trouver le
J'a<comparé,dansunautreendroit,lesavantages
etlesdésavantages dansdesvoyages
Qu'offrent,
Je terre,lesmstrumeos
àrénexion
ettescercles
ré~tttearsastrotMm~aM. <!«r.,
(i0~<t-«. /nif<T.ï,p.:nrij.)
T. U, p. t4.
C~ApïT~N Ï. 5~
pian dmBt~ridien magnétique,soit; par des Indinaisonscorrespondantes,
soit encherchantta pasition dans taqueMel'aiguH!eest veriicate, soit en
ooservamtle minimn~ des mcUaa~so~. On y~r~ par !e
0
retournementet IBMchang!eanttes~po!es;
Une ~o~~o~ ~M~oa d'après !es prinetpes
de Lambert~ garnied'uaem~ ~`tlaü'e.e; étoit divisé de
deuxen deaxLminutea;
Une<HgHeMcde ta poncesde longnem'.mnniede pipnutes, et suspendueà un
fil sans tot~ion, d'après la méthodede Gonlomb.Cet appareit, semMaMe
à ta &<ncM<? aimantéede ~w~ m'aservi à determicertes petitesvariations,
horairesde la déclinaisonmagnétique,et riatËOaitcdjesforces,qui change
avec les tatitades. Les oscillationsde la grande aiguille d'inctinajtsonde
M.Le Noir offrentaussiune mesuretrès-exactede ce dernier phénomène;
Un ~M!g7:~MM~p Saussure 1, construit par M. Paul, à Genève, avec
un limbequi correspondà un arc de 3 pieds de rayon;
Un /M*n~M&? invariable, construit par M. Megaië~ Madrid
Deux&<ïnMM~/<?~ de Ramsden;
Deuxappareils barométriques2, à l'aidedesquelson trouve la hauteurmoyenne
du baromètre, en ptongeantsuccessivement dansune cuvette plusieurstub~s
de verre que l'on transporte remplis de mercure, fermesà une de leurs
extrémitéspar une vis d'acier, et placésdans des étuis de métal;
Plusieursthermomètresde Paul, de ~nM~c/t~de ~cgM~ et de Fortin;
Dfnx ~~rOMefw~ ~'<ït~~Mr<'ef<ifc Dc~MC~ à cheveuxet à baleine;
Deux~pcf/wnc~M de jNc~n~et de Saussure, à feuillesd'or battu et à moeUe
de sureau, munis de conduéteursde 4 pieds de haut, pour réunir, d'après
la méthodeprescritepar M. Volta, l'électricitéde i'atmosphère,au moyen
d'unesubstanceenflamméequi répand de la fumée;
Unc~afMMne~de -Paul., Pourme mettre à mêmede compareravecquelque
précision la teinte bleue du ciel, telle qu'elle se présente sur le dos des
Aipcset surcemidesCordiuères, M-Pictetavoit bien voulu fairecolorier
ce cyanomètred'aprèsceluidont M. de Saussures'étoit servi à la cime du
Mont-Blancet pendant son séjour mémoraMeau Col du Géant;

Cemagnétometre,
quej'aitronvé exact,le téodoUte
très-peu etlecercleà réflexion,
sontles
seutstnstrumèns
queje n'aipu embarquer
avecmoià la Corogne.
J'ai décrit ces appareils dans te Journal de
Phy.iqme, T. XLVU, p. 468, et dans mes O&mw.
<M<re)t.,T. ï, p. 366.
'8o t.Ï~hE ï.

Un eM<~oM<~n? dë i~~n~ ga~ ~itMtt~. S~ns ~~n~


combien de parties dé ce gaz <pB<:Bécet~ires pour ~tnrer une paM~~
d'oxygène, oQ p~t encore détenniBefav~pr~cMoah~
atmosphérique,et par coaséqMent la pureté ds l'aire ??employant, oatre
lé -gaznitreux; l'acMemoriatiqueoxygénéla dÏssolution dusulfate dé
fer. L'eudiomètrede Volta, le plus exact de tous, est embarraMantpour
les voyageursqui parcourent des pays humides, à ~au&ede ta petite
déchargeélectriquequ'exigel'inflammationdes gaz oxygène et hydrogène.
L'appareil eudiométriquele plus portatif, le plus prompt et le plus
recommandableà tous égards, est celui queM. Gay-Lussaca <ait connoitre
dansles mémoiresde la' sociétéd'ArcueH';
UneM~/OM~f~c à phosphore de Reboul.D'aprèsles,bellesrecherchesde M.The-
nard, surlecarbone météau phosphore,il est prouvéquetactioolentedecette
baseacidinable donne desrésultatsmoinsexactsque )acombustionvive
Un appareil de jPaM~ propre à détermineravec uneextrême précisionle <
de l'eau bouillante à différenteshauteursau-dessus d~ niveau~de l'Océan.
Le thermomètreà double vcrnier avoit été construit d'après l'appareil,que
M.jde Saussureaemployédans ses courses;
Une sonde, ~c/7Kom~f7'~Me <~2)MMohe~ consistant dans un vase cylin-
drique muni de deux soupapesconiques, et renfermantun thermomètre,
Deux ~h~MeffiMde Nicholsonet de Dollond;
Un microscopec<)~&~ ~eJ~o~Mannjdécrit dansl'histoire desCryptogames
de M. Hedwig; un étalon métrique de Le Noir; une c~o~ ~'a~y~nteM~
une balance ~e.M<H*un hyétométre; des ~M&c~o~~ propres à,
indiquer de petitesquantités d'acide carboniqueou d'oxygène,an moyen
de i'ëaude chaux oud'une dissolutionde sulfurede potasse; des .appareils
~ec~/YMco~MM desvasesdestinésà mesurerla quantité de l'~<ï-
poration desliquides à l'air libre; un Ao~onor~CM~à mercure; de petites
bouteilles de Leyde,propresà être chargéespar frottement; des appareils
galvaniques; des réactifs pour tenter quelques essaissur la composition
chimiquedes eauxminérales,et un grand nombrede petits outilsnécessaires
aux voyageurspour raccommoderles instrumensqui se trouvent
dérangés
par leschutes fréquentesdes bêtes de somme.
'T. n, p a35. Voyez aussile Mémoiresur la
compositionde )'air, que j'ai publié conjointement avec
M. Gay-Lussac dans te Journal de .P~M~, T LX, p '29, et mes 0&.<w.MO/ T. ï, p. a~6.
.Bu~Mt f~ &)ci~jDAt/onM<t~tte~ t8ta, n.° 3?, p. qS.
CHAPtTRE
I.
S~~s 4e m~sît~r~eas qu~ étoie~ à bord de !a~eorvette, npnsspass&mes
encoredeux j~urs &ta Corogne.Bne brumerépaissequi cbuvroit l'horizon
ahnonçoità ta Rn te changement de temps si vivem~tt désiré. Le4 juin
an soir, le vent tourna au nord-esty direction qui, sur tes côtes de la
Gatice~ est regardéecomme très-constante pendant la belle saison. Le
Piza7!I'fJappareilla:'eneft'etde 5, quoiqu'on e&t eu, peu d'heures avant
la nouvellequ'une escadreangloise avoit été signaléeà la vigie de Sisarga,
et qu'eMeparoissoitfaire. route vers l'embouchuredu Tage. Les personnes
qui virent lever l'ancré à notre corvettedisoient tout haut, qu'en moins
de trois jours nous serions pris, et que, tbrcés de suivre le bâtiment sur
lequelnous nous trouvions, nous serions conduits à Lisbonne.Ce pronostic
nouscausoitd'autant p!usd'inquiétude, que nous avions connu à Madrid
des Mexicainsqui, pour retourner à la Vera-Cruz, s'étoient embarqués
à trois reprises à Cadix, et qui, ayant été pris chaque fois presque au
sortir duport, étoientrentrés en Espagnepar la voiedu Portugal.
Le~PM~moétoit sous voile &deux heuresde l'après-midi. Le canal par
lequel onnaviguepour sortie du port de ta Corogne est long et étroit
comme la passe s'ouvre vers le nord, et que le vent nous étoit contraire,
nous eûmes à courir huit~petites bordées, dont trois étoient à peu près
perdues.Un virementdebord ne se fit qu'avecune lenteurextrême, et pendant
quelquesinstansnous fûmes en danger au pied du fort Saint-Amarro, le
courantnous ayant portés ttès-près des récifssur lesquelsla mer brise avec
violence.Nosyeux restèrent 6xéssur te châteauSaint-Antoine,où infortuné
Malaspina, gemissoitators dans une prison d'état. Au moment de quitter
l'Europepour visiter des contréesque cet illustrevoyageuravoit parcourues
avec tant de (ruit, j'aurois désiré occuper,ma pensée d'un objet moins
attristant.
A six heureset demienous passâmesla Tourd'Hercule,qui est le Pharede la
Corogne,dont nous avonsparlé plus haut, et sur laquelle~depuis les temps
les plus reculés, on entretient,un feu de charbon de terre pour diriger tes
vaisseaux.La clarté de ce feu ne répond pas à ta belle constructiond'un
si vaste -édifice; elle est si foible que les bâtimens ne t'aperçoiventque
lorsqu'ils se trouvent déjà en danger d'échouer sur la côte. Vers t'entrée
de la nuit, la mer devint très-rudeet le vent fraîchit beaucoup.Nous fîmes

J~Mt~t<t~tM<Hr&'jKM~'«'~ T. ï, p. xmiv.
T. p. 338.0&M-<K<nMt.~
~2 JLtVREt.
route aù nord-Ouest'pouréviter !a rencontredes frëgatasacglOiitesqaeton
supposoit croiser dans ces parages. Vers les <neuf heures, nous vnnes la
lumière d'une carbanëde pécheurs de Sisarga c'était le dernier objet que
nons offroient'lès cotes de l'Europe. A mesure que nous nous éloignions~
cette foibtetùnnère se confondoitavec celle des étoiles qui se levotent sur
l'horizon, et nos regards y festoient involontairement
attachés. Cesimpressions
ne s'eSacentpoint de la mémoirede ceuxqui ont entrepris des navigations
lointainesà un âge où lesémotionsde l'âmesont encoredans toute teur forcer
Que de souvenirs réveille dans ~imaginationun point lumineuxqui, au
milieu d'une nuit obscure, paroissant par intervalles au-dessus des flots
agités, désignela côte du pays natal.
Nousfûmesforcésde courir sur lesbassesvoiles.Nousfilâmesdix neeuds, ï
v
quoiquela constructionde la corvette ne tut pas avantageusepour la marche.
Le 6 au matin, le roaRsdevint si vif qu'il brisate petit m&tde perroquet.Cet
accidentn'eut aucunesuite fâcheuse.Commenotre traverséede la Gopogneaux
îles Canariesdura treize jours, ette rut assez longuepour ~Musexposer, dans
des parages aussi fréquentésque te sont tes côtesdu Portugal au danger
de rencontrerdes bâtimcnsangtois.Les premierstrois jours, aucune voite ne
parut à l'horizon, ce qui commencaà rassurer l'équipagequi n'étoit pas en
état de soutenirun combat.
Le nous coupâmesle parallèle du cap Finistère. Le groupe de rochers
granitiques,auquelappartient ce promontoire,dé mémcqUecetuideTonanca
et le Mont de Corcubion, porte te nom de ta Sierra de Tonnona. Le cap
Finistère est plus bas que les terres voisines; mais ta Torinonaest visible
au large à 17 lieuesde distance, ce qui prouve que l'élévationde ses plus
hautes cimesn'est pas moindrede 3ootoises(58a"'). Lesnavigateursespagnols
prétendentque, dansces attérages, ta décHnatsonmagnétiquediBereextraor-
dinairementde cette que l'on observeau large. En effet, M. Bory', dans
l'expéditionde la corvettet'~nM~M~c, a trouvé, en i~S! que la variation
de t'aiguille, déterminéeà terre au cap même, étoit de 4 degrésplus
petite
qu'on ne pouvoit' le supposer d'après les observationsfaites à la même
époque te long de ces côtes.De même que le granit de la Galice fondent
de la mine d'étain disséminéedans sa masse, celui du cap Finistère
renfermepeut-êtredu fer micacé.Les montagnesdu Haut-Palatinatoffrent en

J)~mo;~
cfef~M~eMte
dessciences
iyG8,p.a8o.~Mn'ftt,~cy<r~
<~f/tM~T.t~. 9aS.
/*t
CHAPITREt.
effet des rocher granitiques dans lesquellesdes cristaux de fer micacé rem~
placentle micacommun.
Le 8, au coucher du soleil, on signala, du haut des mât&, un convoi
fausse
anglaisqui rangeo~tta côte vers le sud-est. Pourl'éviter, nous fîmes
la
route pendant nuit. Dès ce moment it ne nous fut plus permis d'avoir
de ta lumièredans ta grande chambre,de peur d'être aperçus de loin. Cette
précaution, employéeà bord de tous les bàtimens marchands, et pres~
crite dans tes réglemensdes paquet-bots de la marineroyale, nous a causé
un ennuimortel pendant lestraverséesque nous avonsfaitesdans le coursde
cinq annéesconsécutives.Nousavons été constammentforcés de nousservir de
fanauxsourdspour examinerla températurede l'eau dela mer, ou pour lire la
divisiondu limbe des instrumensastronomiques.Dans la zone torride, où le
crépusculene dure que quelquesminutes, on se trouve réduit à l'inaction des
six heures dusoir. Cet état de chosesm'acontrarié d'autant plus que, par
t'euetde ma constitution, je n'ai jamais connule malde mer, et que je sens
une ardeur extrême pour le travail pendant tout le temps que je me trouve
embarqué.
Un voyage des côtes d'Espagneaux MesCanaries, et de ta à l'Amérique
méridionale,n'offre presqueaucunévénementqui méritede fixer l'attention,
surtout lorsqu'il a lieu pendant la bette saison. C'est une navigation moins
dangereuseque ne l'est souventla traverséedes grands tacs de la Suisse.Je
me bornerai par conséquentà exposer dans cette Relation les résultats
générauxdes expériencesmagnétiqueset météorologiquesque j'ai faites dans
cette partie de l'Océan, et à ajouter quelques notions propres à intéresser
les navigateurs.Tout ce qui concerneles variationsde ta température de l'air
et de cellede la mer, l'état hygrométriquede l'atmosphère,la couleurbleue
du ciel, l'inclinaisonet, l'Intensité des forcesmagnétiques,se trouve réuni
dansle Journal de route placé à ta fm du troisièmechapitre. On verra, par
ledétailet par le nombredecesexpériences,que nousavonstâchéde tirer parti
des instrumensque nous avions embarqués.H seroit à désirer que cesmêmes
observationspussentêtre répétéesdans les mers d'Afrique et d'Asie, pour
faire connottreavec précision la constitution de l'atmosphère qui couvrele
grandbassindes mers. °
Le g Juin, nous trouvant par les 3~° 5o' de latitude et les 16" ïo~ de
longitudeà l'ouestdu méridiende l'Observatoirede Paris, nous commençâmes
à sentirl'effetdu grand courant qui, des îles Açores, se dirige sur le détroit
6~ HVRE t.

de Gibraltaret sur tes Hesbananes.Jc.n comparantte potntdéduttde la mardM


de la montremanne de Louis Berthoudà celui de t'estimedea pilotes, j'~tois
en état de découvrirtes ptnspetits chàngemensdansta directionet la vttesse
des courans.Depuistes3~° jusqu'aux 3o" de latitude, te vaisseaufut porté
quelquefois,en vingt-quatre heures, de ï8 à 26mittes à t'est. Ladirection
du courant étoit d'abordE.i S. E.; mais, plus près du détroit, elle devient
directementEst.Le capitaineMastdntosh,et l'un des navigateurs tes plusinstruits
de notre temps, Sir ErasmusGower,ontobservé les modificationsqu'éprouve
ce mouvementdes eaux dans les différentessaisons de t'année. Beaucoup de
pilotesqui fréquententles ttes Canaries,se sont vussur tes cotesde Lancerotte,
quand ils s'attendoient à faire leur attérage sur t'ne de Tënériue. M. de
Bougainvitte',dans sontrajet du cap Finistère aux iles Canaries,se trouva,e
à la vuede Hte de Fer~ de plus à test que son estimene te lui indiquoit.
On attribue vulgairementle courant qut se fait sentir entre les iles
Açores, les côtes méridionales,du Portugal et tes ttes Canaries, cette
tendancevers rest, que le détroitde Gibraltar imprime aux eaux de l'Océan
Atlantique. M. de Fleurieu, dans les notes ajoutées au voyagedu capitaine
Marchand observemême que la Méditerranée,perdait par l'évaporation
plus d'eau que les fleuvesne peuvent en verser, causeun mouvementdans
1 Océanvoisin, et que l'influencedu détroit se fait sentir au large dans un
éloignementde six cents lieues.Sans déroger aux sentimensd'estime qne je
conservepour un<' navigateurdont les ouvragesjustementcélèbresm'ont fourni
beaucoupd'instruction, il me sera permis de considérercet objet important
sous un point de vue beaucoupplus générât.
Quand on envisaged'un coup d'cei!t'Attantique ou cette vattée pro-
fonde qui sépare lescôtes occidentalesdp l'Europe et de l'Afriquedes côtes
orientalesdu nouveaucontinent, on distingue une direction opposée dans le
mouvementdes eaux.Entre les Tropiques, surtout depuisles côtes du Sénégal
jusqu'àla merdes Antilles, te courantgénérât,et le plusanciennementconnu
des marins, porte constammentd'orient en occident. On te désigne sous le
nom de coM~~t ~o'ttj[Mo~M~. Sarapidité moyenne,correspondant4 différentes
latitudes,est à peu près la même dans t'Attanttqueet dansla mer du Sud.On
peut lévatùer 99 ou ï19
peutl'évaliler p milles
millesen
en vingt-quatre
vingt-quatreheum,
heures, par conséquentàà 0,59
par conséquent o,5o ou

~iy~s<n«oar<&t
monde,
Vpl,ï. P-'P.
Vol.H, p. 9et t~.
CHA.Ft~t. 65

a o,65pieds;,par~conde Dansces paragea, j~s. ;eoùt'ent ~ra l'ouest


avec.~Hoe~teMc.,éga%' an quart de ceHe de ja'pl~pa.rt.. desgrandes
r!vi~~~.de'~iEurope~'Le mouvemënt.e~~l'~eéaC'oppp&é!& la
rotatM)Btdu globe ,n'~st vraisemb~bl'smeat)ié a ce dernier phënoMcne
qu'autant <~e !a rotatï~ change~ pohires ,quï; ,d4~s
les bassesrégions de l'atn~osph~re~ ta froid des hauteslatitudes
vers l'équateur* C'est &l'impulsion généraleqtte ces vents alizésdonnent à
la surface des mers qu'on doit attribuer le courant équinoxial, dont les
variationslocalesde l'atmosphère no modiSentpas sensiblementla force et
la rapidité.
Dans le canalquel'Atlantiquea creuseentre la Guyane et la Guinée, sur le
méridiende 20ou 23degrés, depuisles 8 oup jusqu'aux2 ou 3 degrésde latitude
boréale,ou les vents alizéssontsouventinterrompuspar desventsqui soudent
du sud et du sud-sud-ouest, le courantéquinoxialest moins constantdans sa
direction.Versles eôtesd'A&ique,les vaisseaux se trouvent entraînésau sud-est,
tandis que, versla baie de tous les Saints et vers le cap Saint-Augustin,dont
lesattéragessont redoutéspar les navigateursqui se dirigentsur l'embouchure
duRio de la Plata, le mouvementgénéraldes eaux est masquépar un courant
particulier.Lesenets de ce dernier courants'étendent depuis le cap Saint-Roch
jusqu'à l'ue de la Trinité H porte dans le nord-ouest avec une vitesse
moyennedun pied à un pied et demi par seconde.
Le courant équinoxialse fait sentir, quoiquefoiblement, mêmeau delà du
tropiquedu Cancer, par les26 et 28 degrésde latitude.Dansle vastebassinde
l'OcéanAtlantique, à six ou sept centslieuesdes côtes d'Afrique,les vaisseaux
dEurope,destinés aux î!esAntilles, trouventleur marcheaccéléréeavaùt qu'ils
parviennent la zonetorride.Plusau notd, sousles 28et 35 degrés,entrelesparal-
lèlesde TénériSeetde Ceuta,par les46 et 48 degrésde longitude,on ne remarque
aucunmouvementconstant carunezonede i~o lieuesde largeurséparele cou-
rant équiooxial,dont latendanceestvers l'occident,de cettegrandemassed'eau

Enr&t0!s!amtlesobserrations
quej'Mencccaston de fairedanstesdeuxhênmpheresayee
cetle* danslesVoyages
quisontràpportees deCo<A,Lapéronsed'Entrecasteaut,
Vancouver,
Macartnay,
KtaseMte)'n
et Marchand,je trouvequelar!teœeducourantgénéral desTroptqnes
Tartedé 5
t< mtMtem heures,onde o,3 t,a piedsparseconde.
TH)gt-f[uatre
.Na~ en <&a eatMeof<&!~aMfa~ <?'<h)!e dansles.M~.?t<t7M.
tfttM&, for <Ae t~S~,p. 58.
ye<tr
Daltom, J?jp.dndJ~Mfty<,
~Me<eon!&)~MŒ/ du ~<~nM
t~oS,p. 8g.tjaplaee,jEjrp<Mt<Mn du nton<&
p.a~. Leslinatesdesvents~é< ontétédéterminées
pourlapremièrefoisparDamplerre
ent666.
.Re&!&om Tom. ï.
At~on~M~ 9
66 t.!VRË ï.
se
qui dirige vers l'orient,etsedistingueparsa températuresingulièrementélevée.
C'estsur cette masse d'eau, connuesous le nom de <?M~~M~t'~ que les belles
observationsde Francktinet de Sir'CharlesBtagden ont appeté l'attention des
physiciens, dès l'année t~6. Comme sa directionest devenuefécemmentun
ob)ctimportantde recherchesparmi les navigateursaméricainset ahgtots, nous
devonsremonter plus haut pour embrasserce phénomènedans sa générabté.
Le courant équinoxialpousse les eaux ce l'Océan Atlantique vers tes côtes
habitées par les Indiens Mosquitoset vers celles de Honduras. Le nouveau
continent, prolongédu sud au nord, s'opposecomme une digueà ce courant.
Les eaux se portent d'abord au nord ouest et, passant dans le golfe du
Mexique,par le détroit que forment le cap Catocheet le cap Saint-Antoine,
eH''ssuivent les sinuositésde la côte mexicaine~depuis la Vera-Cruz jusqu'à à
l'embouchuredu Rio det Norte, et de là aux bouches du&Mississipi et aux
bas-fonds situés à l'ouestde l'extrémitéaustralede la Floride. Après ce grand
tournoiementà l'ouest, au nord, à l'est et au sud~ le courant se porte de
nouveau au nord, en se jetant avec impétuositédansle canalde Bahama.
J'y al~observé,au mois de mai t8o4) sous les 26 et ay degrés de latitude,
une entéritede 80 milles en vingt-quatreheures, ou de 5 pieds par seconde,
quoiqu'àcette époque le vent du nord soufflâtavec une forceextraordinaire.
Au déhouquementdu canalde Bahama,sousle parallèledu cap Canaveral le
G M~tr~/Tt oucourant de la Floride se dirige au nord-est.Savitesseressemble
à celled'un torrent: elle y est quelquefoisde cinq milles par heure. Le pilote
peut juger, avec quetque~certitude,de l'erreur de son point d'estimeet de la
proximitéde sonattéragesur New-York,sur PhiladelphieousurChartestown
dès qu'il atteint le bord du courant: caria températureétevéedes eaux, leur
forte salure, leur couleurbleu-indigo, et lestraînéesde varechqui en couvrent
la surface, de mêmeque la chaleurde l'atmosphèreenvironnante,très-sensibte
en hiver, font reconnoîtrele G'M~~aM. Sa vitessediminue vers le nord
en même temps que sa largeur augmenteet que les eaux se refroidissent.

SirFrancis
Drat~e
remarqua cemouvement
déj& extraordinaire
deseaux,maisilnecotnMtMMt
pasleur
élevée
température c
Le courant de la Floride s'éMgne de plus en
plus des cAtes des Ëtats-UnM, mestu-equ':t avance
vers le nord. Sa position étant assez exactement
indiquée sur les nouvelles cartes marines le ~t~igatenr
trouve la longitudedu vaisseauavec la précision d'un
demi-degré,lorsque, sur le bord do courant ou com-
mence le Eddy ou Contre-Courant,it obtientune bonne observationde tatiiude. Cetteméthode est
pratiquée
par un grand nombre de capitaines de bàtimens marchands qui font le trajet d'Europe à i'Amennue
septentrionale.
CHAPITRE ~7
n et
ËntMCayoBiscaino et te
le banc de Bàttamà cette
banc de Babama cette~~Ïareeur m'est
que tme de
t5 lieues, tandisquesoSsIesa8 degréset demide latitude elleest déjà~e ~.et
surle parallèlede Ghar!e8town,Yts.vIsdu~
rapiditédu courant at~httrols~ci~~ là rivière est le plus
étroite elle n'est plus qu~ d'~ i~le~~ vem le Nordt'es eaux du
golfemexicain~entra~nées avecS~rceau nord-est, conserventà tel point leur
haute température, que, sous les 4o et ~t degrésde latitude, je les ai encore
trouvéesde 2a°,5 ( t8" R.), quand, hors du courant, la chaleurde l'Océan,
à sa surface,étoit à peinede ~5 (~t 4° R.). Surle parallèlede New-Yorket
d'Oporto,la températuredu GM~~frca~négalepar conséquentcelle que ies
mers desTropiques nousoSrent par les 18degrésde latitude, c'est-à-diresur
le parallèlede Porto-RIcoet desiles du cap Verd.
A l'est du port de Boston, et sur le méridiende Halifax, sousles 4i°
latitudeet les 8~° de longitude,le courant atteint près de 80 lieues marinesde
largeur.C'estlà qu'il se dirige tout d'un coup a l'est, de manière que son bord
occidental,en se recourbant,devientlalimite boréaledes eauxcourantes,et qu'il
rasel'extrémitédu grandbanc de Terre-Neuve,que M.de VolneyappeUetrès-
ingénieusement la barre de l'embouchurede cet énormefleuvemarin*. Les.eaux
froidesdecebanc qui, selonmesexpériences,ont une températurede 8°,7 à t0"
( ~° ou 8° R.), oSrentun contraste frappantavecles eaux de la zone torride,
pousséesau nord par le CM~f~Mm~dont la température est de 21° à 22°,5
(i~° aï8" R.). Dansces parages, le caloriquese trouve réparti dans l'Océan
d'une manière étrange les eaux du banc sont de g",4 plus froides que la
mer voisine, et cette mer est de 3" plus froide que le courant.Ces zones ne
peuventse mettreen équUibrede température,parce que chacuned'ellesa une
sourcede chaleur ouune causede refroidissementqui lui est propre, et dont
l'influenceest permanente

J<H<m<~o~n<&wjM'co«j CommtMtonero/'t~e ï7nt<e~.SMM./o''<~<!rntUM~' ~e&oMm~Hyon ~e


Ohioand
OAto <HM<Missisipi,
~tMM~ptj1803, p. 260.
tSo3, p. a6o..N~rattRo otnt~aaat.o&<ef.
H,draulie .aml_t. obser, on
on the
<Ao..4tlantic
~/an<tc Oce<M ty GoII,Poú!nall.
Ocean, by Gof. ~'ox'n<t/~
(t~ond. 1787).
?b&&au<&<c&tMt «<&< solf&!< T. ï, p. a3o..Homme,
jÉ<a<<t-t7nM~ ?!tMKK<c?Mfen&~ <&t
ttMt~Metdeaeot<nMN,T. t, p. aa3.
a EntMMmt deh temp~mtnre de t'Oceam,Nfautdistmgner aveesoinqoatrephéuomenet tres-
dHKreM; SMoir:).*latempërateredet'eamà
m sof6'ce àdiverses
corretpondantB t'Ocean
huttnde:,
étantconstdéfé
enMp<n; a.°ledécroNsement du catonqne dansJeacouchesd'eamsaperposeesles
unesamMtret 3.°Met desbas-fonds derOcéam4. tatemper&tcre
an-la tempéfatere descouraM
'p!bntpaeser,
avec cneviteMe leseaxxd'une
acqmse, zoneàtraversleseaMunmoMes d'uneautrezone.
68 Ï.ÏVRË 1.
Depuislebancde Terre-Neuve,ou depuisIcs~a degrésde longitudejusqu'aux
îles Açores,le Gul,f.ftream continue à se porter vers l'est et l'est-sud-est.Les
eauxy conserventencoreune partie de l'impulsionqu'ellesont reçue près de
millelieuesplus loin dans le détroit de la Floride, entre Me de Cuba et les
bas-fondsde la Tortue. Cette distanceest le double de la longueur du cours
de la rivière des Amazones, depuis Jaën ou le détroit Mansericheau
Grand-Parà. Sur le méridien des îles de Corvo et de Flores, les plus occi-
dentalesdu groupe des Açores, le courant occupe une étendue de mer de
160 lieuesde large. Lorsque, à leur retour de l'Amérique méridionaleen
Europe, les bàtimensvont reconnoître ces deux îles pour rectifier leur point
en longitude, ils ressententconstammentle mouvementdes eaux au sud-est.
Par les 33 degrés de latitude le courant équinoxialdes Tropiques se trouve
extrêmement rapprochédu GM~~MM. Dans cette partie de l'Océan, on
peut entrer dans un seul jour des eaux qui courent vers l'ouest dans celles
qui se portent au sud-est ou à lest-sud-est.
Depuis les îles Açores, le courant de la Floride se dirige vers le détrott
de Gibraltar, l'île de Madèreet le groupe des ues Canaries.L'ouverturedes
colon d'Herculea accélérésans doute le mouvementdes eaU~ versl'est.
Sousce rapport, on peut dire avecraison que le détroit par lequella Méditer-
ranée communiqueavecl'Atlantiquefait sentir son effet à une grandedistance;
mais il est probable aussi que, sans l'existencede ce détroit, les vaisseaux
qui font voile à~Ténér~Reseroientpoussésau sud-est par une cause qu'il
faut cherchersur lescôtesdunouveaumonde.Tous les mouvemenssepropagent
dans le vaste bassin de9tmers commedans l'Océanaérien. En poursuivant
les couransjusqu'à leurs sources les plus éloignées, en réfléchissantsur leur
céléritévariable,tantôt décroissantecommeentre le canalde Bahamaet le banc
de Terre Neuve,tantôt renforcée commedans le Voisinagedu détroit de
Gibraltaret près des îles Canaries, on ne saiaroitdouter que la même cause
qui fait tournoyerles eaux dans le golfe duMexique,meles agite aussiprès
de l'île de Madère.
C'est au sud de cette île que Il onpeut poursuivrele courant dans sa direc-
tion au sud-estet au sud-sud-estyerslescôtesde l'Afrique,entre le cap Cantin,
et le cap Bojador.Dansces parages,un vaisseaurestéen calmese trouve engagé
sur la côte quand il s'en croitencore très-éloigné,d'aprèsl'estimenon corrigée.
Si le mouvementdeseaux étoit causépar l'ouverturedu détroit de Gibraltar,
pourquoi au sud de ce détroit ne suivroit-il pas une direction opposée? Au
OTAFIT~ET. ~9
lesa5 .f
et ï~e
les «<!
a6 de tmt!t.t~<
latitude, !«
te tv~Mfanf
<t<*<Ï!n!e'<*
coarantse difige <attnr<t
d'abord
eoritraire,par degrés
directementau sud et puis ad~ud-ouest.Le capBlancqui, aprèsle cap Verd, est
le promontoirele plussaillant,paroîtinfluer sur cettedirection~et c'est suf son
parallèleque les eauxdont nousavonssuivUecom'sdepuisles côtes d'Hondura
msqu'àcelles d'AMque se mêlentau grand courant des Tropiquespour recom-
mencerte tour d'orient en occident.Nousavonsobservéplus haut que,plusieurs
centainesde lieuesà l'ouest desMesCanaries, le mouvementqui estpropre aux
eauxéquinoxialessefait déjà sentir dansla zonetempéréedès le&28et 29 degrés
de latitude noï'd.mais~sur le méridiendel'ne de Fer, les vaisseauxavancent
au sud jusqu'au tropique du Cancer, avant de se trouver par l'estimeà l'est
de leur véritableposition~.
J~aicru donner quelque intérêt à la Carte de 1 OcéanAtlantiqueboréalque
j'ai publiée 1 en y traçant, avec un soin particulier, la direction de ce.
courantrétrogradequi, semblableà un fleuvedont lelie s'élargitgraduellement,
parcourtlavasteétenduedesmers.Je me flatte queles navigateursqui ont étudié
lesCartes de JonathanWilliams, du gouverneurPownall, de Heather et de
Stricktand trouverontdans !a mienne plusieursobjets dignes de leur atten-
tion. Outrelesobservationsquej'ai faites pendantsixtraversées,savoir:d'Espagne
à Cumana,de Cumanaà la Havane, del'tie de Cuba à Cartbagènedes Indes,
de la Vera~ruz à la Havane, de ce port à Philadelphie, et de Philadelphie
aux côtes de France, j'y ai réuni tout ce qu une curiosité active m'a fait
découvrirdans des journaux de route, dont les auteurs ont pu employerdes
moyensastronomiques pour déterminerl'effetdescourans.J'ai indiquéen outreles
parages dans lesquels mouvementdeseaux ne se fait pas sentir constamment
le
car, de même que lalimiteboréaledu. courantdes Tropiqueset cette des vents
alizéssont variablesselon tes saisons, le Gulf-stream change ausside place
et de direction.Ces changemensdeviennenttrès-sensiblesdepuisles 38 degrés
de latitude jusqu'augrandbanc de Terre-Neuve.On les remarquede même
entre les <~8degrésde longitudeoccidentalede Parisy et le méridien des iles
Açores.Les vents variablesde la zone tempérée, et la fonte des glacesdu
Cette
Carte,quej'aicommencé
àtraceren~6o4,offre,outre- del'eaude-lamer,
la température
desobservations
surt'incHttai~om
de t'aiguitM les Hgnes
aunantée, sansdécUnaison, l'intensité
dea
forces lesbandes
magnétiques, devarech etd'autres
flottant, cai intéressent
phénomènes lagéographie
physique.
~mer. ~'raM., Vot tt, p. 3a8 Vol. M, p. 82 et tg4; Vol. T, p.. go et un Mémoireintéressant
turtescourans, par M. JDetamétherie, yottra. <~e/<]«., t8o8,T.6y, p 9~.
no Ï.ÏVRE
nAtehoré&I.
pote boréal, d'où reflue, dansles mois de juillet
d'oùreflue, juillet et d'août,
d'août, ~jnegrande
uneeraode<ruant!t~
quantité
d'eau douce vers le sud, peuvent être regardéscommeles causesprincipales
qui modifient,dansces hauteslatitudes,la forceet la directiondu GM~ccFM.
Nousvenonsde voir qu'entre les parallèlesde ti et de ~3 degrés, les eaux
de l'OcéanAtlantiquesont entravées, par les courans, dans un tourbilloà
perpétuel. En supposant qu'une moléculed'eau revienne la mêmeplace
d'où elle est partie, on peut évaluer,d'après nos connoissancesactuelles sur
la vîtessedes courans, que ce circuit de 38oo lieues n'est achevéque dans
l'espacede deux ans et dix mois.Un bateau qui seroit censé ne pas recevoir
l'impulsion du vent, parviendroit en treizemois des MesCanariesaux côtes
de Caracas.Il lui faudroitdix mois pour faire le tour du golfedu Mexique~
et pour arriver à la sonde de la Tortue, vis-à-vis le port delà Havane;
mais quarante à cinquante jours sumroient pour le porter de l'entrée du
détroit de la Floride au banc de Terre-Neuve. 11est difBcilede nxer la
rapidité du courant rétrograde,depuis ce banc jusqu'aux cotes d'Afrique; en
évaluantla,vitessemoyennedeseauxà sept ouhuit millesen vingt-quatreheures,
on trouve, pour cette dernièredistance, dix à onze mois. Tels sont les effets
de ce mouvementlent, maisrégulier~qui agite les eauxde l'Océan.Cellesde
la rivièredesAmazonesmettent à peu près quarante-cinqjours pour parvenir
de Tomependaau Grand-Para.
Peu de temps avant monarrivée à Ténérine, la mer avoit déposésur la
rade de Sainte-Croixun tronc de Cedrelaodorata couvert de son écorce.Cet
arbre américainvégèteexclusivementsousles Tropiques ou dans les régions
qui en sont les plus voMnes. Il avoit été, arraché sans doute soit à la
côte de la Terre-Ferme, soit à celle d'Honduras.La nature du bois et les
lichens qui en couvroient l'écorce prouvoient assez que ce tronc n'avoit
pas appartenu à ces forets sous marines que d'anciennesrévolutions du
globe ont déposéesdans les terrains de transport des régions polaires.Si le
Cedrela, au lieu d'avoir été jeté sur la- plage à TénériSç, avoit été porté
plus au sud, il auroit probablement fait le tour entier de l'Océan Atlan-
tique, en revenant dans son pays natal à la faveur du courant général
des Tropiques.Cette conjecture est appuyéepar un fait plus ancien, rap-
porté dans l'histoire généraledes Canariesde l'abbé Viera. En ï~o, un petit
bâtiment, chargé de blé et destinéà passerde l'île de Lancerotte à Sainte-
Croixde Ténériffe,fut pousséau largedansun momentoù pas un hommede
l'équipagene se trouvolt à bord. Le mouvementdeseaux d'orient en occident
CHAPITREt. 7!
le porta en Amérique où H
n« <~t il <!fhfma
échouasur les fAtfa
enr tfe côtes <Ïe ta Cuavra.
de îa Guayra~ M&t de
prêt de
Caracas"
Dans un temps où l'art de la navigationëtoit encore peu avance~te CM~
stream a fourniaugéniedeCbristopheCelembdes indicescertainsdel'existence
des terresoccidentales.Deux cadavres, dont tes traits annonçoientune race
d'hommes inconnue, furent jetés, vers la fin' du quinzième siècle, sur les
côtes des MesAcores.Presque &laf même époque, le beau-trèrede Colomb,
Pierre Correa, gouverneur de Porto-Santo, ramassa, sur une plage de cette
île des morceauxde bamboud'une -grosseurénorme que les courans et
lesvents d'ouest y avoient portés Ces cadavreset ces bambous fixèrent
l'attentiondu navigateurgénois il devina que tes unset les autres venoient
d'un continentsitué vers l'ouest.Noussavonsaujourdhui que, dans la zone
torride, lesvents alizéset lecourant des Tropiques s'opposentà tout mouve-
ment desflotsdanslesensdela rotationde laterre. Lès productionsdu nouveau
mondene peuventparvenir à t ancienquepar des latitudes, très-étevéeset en
suivantla direction du courant de la Floride.Souventdes fruits de plusieurs
arbres des Antillessont jetés sur les côtesdes iles de Fer et de la Gomere.
Avantla découvertede l'Amérique, lesCanariensregardoientcesfruitscomme
provenant de t'ue enchantéede Saint-Borondon qui, d'après les rêveriesdes
piloteset d aprèsquelquestégendp! étoit ptacée vers ouest dans une partie
inconnuede l'Océanque l'on supposoitenseveHe dansdesbrouillardsperpétuels.
En traçant ici le tableau des couransdf 1 Atlantique,mon but principal a
été de prouverque le mouvementdes eaux vers te sud-est, depuis le cap
Saint Vincent jusqu'aux îles Canaries est l'effet du mouvementgénéral
qu'éprouvela surface de l'Océanà son extrémité occidentale.Nous n'indi-
querons donc que très-succinctement le bras du Gu~f~o/M qui, par
les ~5 et 5o degrés de latitude, près du banc du Bonnet Flamand, se
dirige du sud-ouestau nord-estvers les cotes de l'Europe. Ce courantpartiel
acquiertbeaucoupde force lorsque les vents ont souSIélong-tempsdu tôté
de l'ouest.Semblableà celuiqui rase lesîles de Fer et de Gomere, il
dépose,
annuellement,sur tes/côtes occidentalesde l'Irlande et de la Norwège, les
fruits des arbres qui sont propres la zone torride de l'Amérique. Sur les
plagesdes fies Hébrides, on recueilledes grainesde Mimosascandens, de
~'ttnt,~?~.~nero/dé<M~&M T. 11,p. tBy.
Canarias,
JM~nct, tMwo mMn~, Lib. H, t4. ~rnen Co&n~ft<&t&~~&)ttr<t)!<o,cap. 9, .Ni-Mto,
~eea~~c.tp.a.
1'
~2 TLÏVR~ T.
-1, 1"1 r,1 .1
Doliehosurens, de GunàndinabC)nduç,.etde plusieursautres plantes de h
Jamaïque, de l'ue de Cuba et du continentvoisin". Le courant y apporte
beaucoup de tonneauxde vin de E'Kâhce,jbIenconservés, restes du charge-
ment des vaisseauxnau&agésdans la tner .des Antilles~ ces exemplesde
migrationslointaines des végétaux,se lient d'autres faits propres à frapper
l'imagination.Les débris du vaisseau anglois~e ÏI~ incendiéprès de
l'ue de la Jamaïque, ont été trouvés sur les côtes de l'Ecosse. Dans ces
mêmesparages,on voit de temps en tetjtpsarriver plusieursespècesde tortues
qui habitent la mer des Antilles. Lorsqueles vents del'ouest sont de longue
durée, il s'établit dans les hautes latitudes un. Courantqui porte directement
vers l'est-sud-est,depuisles cotesduGroenlandet duLabradorjusqu'aunord de
l'Écosse.Wauacérapporte qu'à deuxreprises,en ï682 et ï68~,des sauvagesâme-.
ricains de laracedes EsMmaux,poussésau largedansleurscanotsde cuirs,pendant
une tempête, et abandonnés la force des courans, sont, arrivés aux îles
Orcades3. Ce dernierexempleest doutant plus digne d'attention qu'il prouve
en mêmetemps comment, à une époque ou l'art nautiqueétoit encoredans
1 enfance,le mouvementdes eaux de l'Océan a pu contribuer à répandre les
dineren~esraces d'hommessur la surfacedu globe.
Le peu que nous savonsjusqu'àce jour sur la positionabsolueetla largeur
du Gulf-stream, de mêmeque sur sa prolongationvers les côtesde l'Europe
et de l'Afrique, a~été observé accidentellementpar un petit nombre de
personnesinstruitesqui ont traversél'Atlantiqueen diuérentesdirections.Comme
la connoissancedes couransest de la plus haute importancepour abrégerles
navigations,il seroit aussi utile pour la pratique du pilotage, qu'intéressant
pour la physique,.quedes vaisseaux,munisd'excellenschronomètres,croisassent
tout exprès dansle golfe du Mexiqueet dans l'Océanseptentrional, entre les
3o et les 54 degrésde latitude, pour déterminerà quelledistancese trouve le
G~M~-stream dans différentessaisonset sous l'influencede diSereMvents
au sud des bouchesdu Mississipiet à l'est des caps Hatteras et Codd.Lès
mêmesnavigateurspourroientêtre chargésd'examinersi te grand courant de
la Floride rase constammentl'extrémitéaustraledu banc de Terre-Neuve,et

» Pennant,
~nnant~
Foyage
~ <too<Ae
o~a!~ tlieHebrides,
~fe&ndee,t~a, p. a3a.GMnneM
1772,232., Cunneri>
~e<o
Icta ~M&'OMe!MM,T.
'Nid~odensia, ïï~ .p.4ia.
T.JI..p. 414.
Noane,<&[M
&M ?V<MM. n." aaa,p.3~8,J~tn~~~mon.ncoe!.Vot.VH,p. 4y/.
/!A<7.,
° ~Vecter, surlanature
€oup-tt'oeK danslesllesHébrides~
dansla~tM.britt.,Vol.43,p.go.
J<Hmee
/~aN<!cc(o/tnhf<), 1700,p. 60.Fischer,
<tccom!<o~'<Ae/~&H«&o/'Ontne~, dans7*a~M,
NoueNordische
B~ra~e, B.3,p.32o.LesCreeuIandeM ontétéaperçus
vivans auxîlesEdaetWestram.
CHAPITRE:. 7~

J! de longttudpoccidentale,
sur quel parallèle, entretes 32 et 4o degré:~~I~M~~n~
L- ~f~~t~ntat~ les ea<
«'? fit~~Tf

celles suive;
qui coulentde restal'ouest se trouvent le plus près d<; qui
une direction contraire. Ce dernier problèmeest d'autant plus important.
résoudre, que les parages que nous venons d'indiquer sont.traverses par
plupart des bàtimens qui retournent en Europe, en venant des iles Antille
ou du cap de Bonne-Espérance.Outre la direction et la vitesse des couram
cette expéditionpourroitservir à faire connoftrela température de la mer à
surface,leslignessansvariation,l'inclinaisondel'aiguille aimantéeet l'intensi
desforcesmagnétiques.Des observationsde ce genre deviennentextrememo
précieuses,lorsquela position du lieu où-ellesont été faites a été détermin<
par des moyens astronomiques.Dans les mers les plus fréquentéespar 1
Européens, loin de la vue des terres, un navigateurhabile peut encore
livrer à destravaux importans.La découverted'un grouped ftesinhabitéesoffi
moins d'intérêt que la connoissancëdeslois qui enchaînentun grand nomb)
de faits isolés.
En réfléchissantsurlescausesdescourans, onreconnoîtqu'ellessontbeaucou
plus multipliéesqu'on ne le croit généralement;car les eauxde la mer peuvet
être misesen mouvementsoit par une impulsion extérieure, soit par m
diSérencede chaleuret de sature, soit parla fonte périodiquedes glacespolaire
soitenfin par l'Inégalitéde l'évaporationqui a lieu à diverseslatitudes.Tanti
plusieursde cescausesconcourentau mêmeeffet,tantôt ellesproduisentdeseSe
opposés.Des vents foibles, mais agissant, commeles vents alizés, sans inte~
ruption sur une zone entière, causentun mouvementde translation que no<
n'observonspas dans les plus fortes tempêtes, parce que ces dernières soi
circonscritesà une petite étendue. Lorsque dans une grande masse deat
lesmo!écu!esplacéesà la surfaceacquièrentune pesanteurspécifiquedinërent<
il se formeun courant superficielqui est dirigé versle point où se trouNjel'ea
la plus'froideoucelle qui estla p!ùschargéede muriate de soude, de sulfa)
de chauxet de muriateou de sulfatede magnésie.Dans lesmers desTropique:
on trouvequ'à de grandesprofondeurs, le tbe~nometrene se soutient qu
ou 8 degrés centésimaux.C'est le résultat des nombreusesexpériencesd
commodoreEHIset deceltesdeM. Peron. La températurede l'air ne baissât
jamais dans ces parages au-dessous de 19 à 20 degrés, ce n'est pas à
surfaceque leseaux peuvent avoir acquis un degré de froid si voisin du poit
de la congélationet du maximumde la densitéde l'eau. L'existence de c<
couchesfroides dans les basseslatitudes, prouve par conséquentun courai
.Re~oc historique, Zbw.7. lo
y~ ï.ÏVREf.

n! se portedespôtes prouveaussi
~ëquateuril prouve
versféquateur queles
aussique st
les substances
inférieuraqui
inférieur porte des pôtesvers
salinesquialtèrentla pesanteurspécinquede l'eaM,sont distribuées dans l'Océan
de manière' à ne pas anéantirl'effetproduit parles diSerence~detempérature.
En considérant la vitesse des moléculesvariables selon les parallèles, à
causedu mouvementde rotation du globe, on pourroit être tenté d'admettre
que tout courant, dirige du sud vers le nord, tend en même temps vers
l'est, tandis que des eaux qui se portent du potevers l'équateur tendent, à
dévierversl'ouest.On pourroitpenseraussi-queces tendancesdiminuent,jusqu'à
un certainpoint, la vitessedu courantdesTropiques, de mêmequ'ellesaltèrent
la directiondu courantpolaire qui, aux mois de juillet et d'août, se fait sentir
régulièrement,'pendant la fonte des glaces, sur le parallèle du banc de
Terre-Neuve,et plus au nord. Des observationsnautiques, très-anciennes,et
que j'ai eu occasionde cpnnrmeren comparantla longitude donnée, par te
chronomètreaveccelleque les pilotes obtenoientpar l'estime, sont contraires
à ces idéesthéoriques.Danslesdeux hémisphères,les couranspolaires, lorsqu'ils
se font sentir, déclinentun peu vers l'est: et nous pensonsque la causede ce
phénomènedoit être cherchéedansla constancedes ventsd'ouest qui dominent
dansleshauteslatitudes.D'ailleurslesmoléculesd'eaune semeuventpoint avecla
mêmerapiditéque lesmoléculesd'air, etles courans de l'Océan,quenousregardons
<<
En effet, si la salure moyenne de la mer etoit de o,oo5 plus forte sous l'équateur que dans la,
zone tempérée, comme beaucoup de physiciens le prétendent, il eu résulteroit à la profondeur un
courant de l'équateur vers le pote car nn demi-centième produit une différence de densité deo.oot?;
tandis que, d'après les tablesde HaUstrom, un refroidissementdet 6° centésimaux, entre ao et 4 degrés,
ne cause encore, dansle poids spécifique,qu'un changement deo,ooot5. En examinant attentivement te*
résultats des expériences de Bladh, réduits par M. Kirwan &ta température de t6°, je trouve, terme
moyen, la densité de l'eau de mer
de o° à t4° de latitude de t.oa~a
de 15° àa 25°
t5° s5° de Y,oz8~
t.oaSa
de 30° à 44" de ),o278
de 54" a 60° de ijOa/t.
Les proportions de sel corresponttMttes a ces quatre zones sont, d'après M. Watson, o,o3~4
o,oXg4, o,o386 et o,o3/a. Ces nombres prouvent sufEsammeat que les expériences puMIées jusqu'ici
ne justifient aucunement l'opinion reçue que la mer est plus satée Sous l'équateur que sons les
3o et 44 degrés de latitude. Ce n'est donc pas une ptus grande quantité de substances salines tenues en
dissolution qui s'opposeà ce courant inférieur, par lequel l'Océan équinoxial reçoit des moléculesd'eau
qui, pendant l'hiver des zonestempérées, sont descenduesversle fond de la mer, sousles 3o à 44 degrés
de latitude boréale et australe.Bauméa analysé l'eaa de mer recueillie par Pages, sur dinerens parallèles
il a trouvé cette eau d'un demi-centième moins salée à 1° t6'.de latitude qu'entre les a5 et 4o
degrés
(~trH'an,C<o~.jEM~,p.35o.a~<ya~e<tt«ot<r<&<!M~e,T.U,p.6et97&).
CHAPITRE- ï. 7~

!~nt au'unevitessede8
commeles plus rapides, nont pïed&par seconde:
qu'une vitessede 8 àà~o~ed&par ilest
seconde:il est
en
par conséquenttrès-probable quel'eau, passantpar les~iSerens parallèles, i
acquiertpeu à peu lavttessequi leur correspond,et quelà rotation de la terre
ne changepas la direction des courans.
Les pressionsvariablesqu'éprouve ta surfacedes mers, par les changement
du poids de l'air, sont uneautre causede mouvementqui mérite une attention
particulière.Il est connu que tes variationsbarométriquesn'ont généralement
pas tien simultanémentsur deuxpoints éloignés qui se trouvent au même
niveau. Si, dans un de ces points, !e baromètrese soutient de quelqueslignes
plus bas que dans l'autre, l'eau s'y élèveraà causede la moindre pressionde
l'air, et cette intumescencelocale durera jusqu'à ce que, par l'effet du
vent, l'équilibre de t'ait soit rétabli. M. Vaucher pense que les marées
du lac de Genève, connues sous le nom de tiennent à cette
~etcA<?~
même cause. Sous la zone torride, les variations horaires du baromètre
peuvent produire de petites oscillationsà la surface~les mers, le méridien
de 4h, qui correspondau minimum de la pression de l'air, se trouvant ~ttué
entre lesméridiensde 2!et de n~ sur lesquelsla hauteurdu mercureest la
plus grande; mais ces oscillations,si toutefoiselles sont sensibles,ne seront
accompagnées d'aucun mouvementde translation.
Partout où ce derniermouvementest produit par l'Inégalitéde la pesanteur
spécifiquedes molécules, il se forme un double courant, dont le supérieur
a une directioncontraire à l'intérieur.C'est ainsi que, dans la plupart des
détroits, de même que dans les mers des Tropiquesqui reçoiventles eaux
froidesdes régionsboréales,toute la massed'eau est agitéejusqu'à de grandes
profondeurs.Nous ignorons s'il en est de même lorsque le mouvementde
translation, qu'il ne faut pas confondreavecl'oscillationdes vagues, est l'effet'
d'une impulsionextérieure.M.de Fleurieu, dansla relationdu voyagede l'Isis
cite plusieursfaits qui rendent probableque la mer est beaucoupmoinscalme
au fond que les physiciensne l'admettent généralement.Sans entrer ici dans
une discussiondont nous nous occuperonsdans la suite, nous observerons
seulement que si l'impulsion extérieure est constante dans son action,
commecelle des vents alizés, le frottement qu'exercentles moléculesd'eau
les unes sur les autres doit nécessairementpropager le mouvement de
la surface,de l'Océanjusquedans les couchesinférieures.Aussiles navigateurs

roienty68et !769~)oM'~o!<f<'r~~or&)~
~'<t~~tMt/Mren~e<&< tnorme~T.t~
p. 5t3.
,76 1 LIVRE ï.

admettent-Ils depuis long- temps ;cette propagation dans le GM~c'~t.'


ils croient en reconnoïtre les eSets dans la grandeprofondeur que la mer
a partout où elle est traversée par le courant de la Floride~même au milieu
des bancs de sable qui entourent les côtes septentrionalesdes Etats-Unis.
Cette immenserivière d'eaux chaudes, après avoir parcouru en cinquante
jours, depuis les 24 jusqu'aux' ~5 degrés de latitude, une longueur de
450 lieues, ne perd pas, malgréles rigueursde l'hiverdans la zone tempérée,
3 à 4 degrés de la température qui lui est propre sous les Tropiques.
La grandeur de la masse et le peu de conductibilité de l'eau pour le
caloriqueempêchentun refroidissementplusprompt. Or, si le GM~t~MWt
s'est creuséun lit au fond de l'OcéanAtlantique, et si seseaux sont en mou-
vementjusqu'àdes profondeursconsidérables,ellesdoivent aussiconserverdans
leurs,couchesInférieuresune températuremoins basse que celleque l'onobserve
sur le mêmeparallèle, dans une portionde la mer dépourvuede couranset de
bas-fonds.Ces questionsne peuvent être éclaircies que par des expériences
diMEtesfaites avec des sondes thermométriques.
Sir ExasmusGower observe que, dans la traversée d'Angleterre aux îles
Canaries,on entre dans le courant qui entraine les vaisseauxvers le sud-est,
depuisles3g degrésde latitude.Pendantnotre navigationdela Corogneaux côtes
de l'Amériqueméridionale, l'effet de ce mouvement des eaux se fit sentir
encoreplus au nord. Du3~ au/3o."degré, la déviationfut très-inégale l'effet
diurnemoyenétoit de 12 milles,c'est-à-direque notre corvettesetrouvapoussée
vers l'est, en six jours, de'%75_milleg.
En coupant le parallèledu détroit de
à
Gibraltar, 1~0 lieuesde distance, nous eûmesoccasiond'observerque, dans
ces parages, le maximumde la vitessene correspond pas à l'ouverture du
détroit même, mais à un point plus septentrional, qui se trouve sur le
prolongementd'une ligne qui passe par le détroit et le cap Saint Vincent.
Cette ligne est parallèleà la direction que suivent les eaux, depuisle groupe
desîles Açoresjusqu'aucap Cantin.Il faut observerde plus, èt ce faitn'est pas
sansintérêt pour ceuxqui s'occupentdu mouvementdes fluides, que dans cette
partie du courantrétrograde,sur une largeurde 120à t~olieues,toute là masse
d'eau n'a pas la même vitesse, et qu'elle ne suit pas exactementla même
direction.Lorsquela mer est parfaitementcalme, il paroit à sa surface des
bandesétroites, semblablesà de petits ruisseaux, et dans lesquellesles eaux
courent avec un bruit très-sensible pour~l'orellled'un pilote expérimenté.
Le 13 juin, par les 34" 36~ de latitude boréale, nous nous trouvâmesau
·

,CBA:&t~L '?7
't- .)'j' i~. -–jO~<AtM~~ nn-'rj<'t<~)mr
.milie~-i~~g~nd:
~dïB~a~~jt~~etUw~e' uris~portôi~nt~,p;c~r~e~t; :.d'auïr~s~.1'est-
nQrd~st~qu~uele~~ ,Il ,I~ê'.l!~êêa1f,lucliq~êipahl~!cp~paralson
l,<L,i9i,Lr,C,t,
quoique~:le tna~verneat
général'd:è.l`Ucéàn, i~diq~t~é:pafi:.la'o~paraison
del'esticïe~detalon~
communde voir un~~ma~~a~i'n~~ des fûets d'ea~~a'
courent dans di~rent~sdirëctions~
àla surfacede noslacs maisil est plusrare detrouver des mou
impriméspar des causeslocalesa de petites portionsd'eaux au milieu d'une
rivière pétagique qui occupeun espace immense, et qui se meut dans une
directionconstante, quoiqneavecunevitesse peu considérable. Dansle confht
des courans,commedans l'oscillationdesvagues, notre imaginationest frappée
de ces mouvemens qui semblentse pénétreret dont l'Océanestsans cesseagité.
Nous passâmes cap Saint-Vincent,qui estde formationbasaltique,à plus de
le
80 lieuesdedistance.Oncessede le voir distinctementlorsqu'onen est éteignede
plus de ï 5 lieues; mais !a montagnegranitiqueappelée laFoyadeMonduque,
situéeprèsdu cap, se découvre,à ce queprétendenttes pilotes, jusque26heues
enmer Sicetteassertionest exacte,laFoyaa une élévationde 700 toises (1363.*°)
e)teest par conséquentde n6 toises (~25.'°)plus haute que le Vésuve.On est
surprisque le gouvernementportugaisn'entretiennepas defeu dans un endroit
qui doit être reconnu par tous les vaisseauxqui viennent du cap de Bonne-
Espérance ou du cap de Horn;c'est l'objet dont ils attendent la vue avec
le plus d'impatience.Entre le Ferrol et Cadix, il n'y a qu'un seul phare,
celuidu cap La Rocque, qui puisse guider !e navigateursur des côtes dont
l'accèsest très-dangereux.Les feuxde la Tour d'Hereuteet du cap Spichelsont
si fbibteset si peu visiblesauloin que l'on ne peut lesciter.D'aIMeurslecouvent
des capucinsqui dominele cap Saint-Vincent seroit un des endroitsles plus
propresà établir un fanalgiratoiresemblableà ceux de Cadix ou de t'embou-
cbure de !a Garonne.
Depuisnotre départde laCorognejusqu'aux36 degrésde latitude, nousn'avions
aperçu, à l'exceptiondeshirondellesde mer et de quelquesdauphins, presque
aucun être organisé.Nousattendions en vaindes fucus et des mollusques.Le
iï juin nous fume~.frappésd'un spectacle curieux, mais qui dansjta suites'est
répété souventpour nous dans la mer duSud-Nousentrâmes dansune zone

JE&men<<'<
afeJVtH~aeton jMacsf~~p,4~. Bas&gB de&t.Mofe,
deDonDKHMmo VoLI,
U.ZM~«.Bo/mfMHMeg~
p. Sg,planche T. U,p.ta8;T.tU, p.3a3.
~o~eenT'on~~it~
78 Ï,ÏVRE ï,
"'1' 1' 11
où toute la mer étoit couverte d'une prodigieuse quantité de mëdase*.L&
vaisseauétoit presque en calme, mais les .mollusques$eportoient vers le
sud-est avec une rapidité quadruplede celle du couraof. Leur passagedar~
près de trois quarts d'heure.BientAtnous ne vhnesplus que quelquesindividus
épars, suivant de loin la foule, comme s'ils étoient lasses du voyage. Ces
animaux viennent-Usdu fond de ta merqui, dans ces parages, a peut-être
plusieursmilliersde toisesde profondeur?ou font-ils, par bandes, des voyages
lointains?On sait que les mollusquesaiment les bas-fonds;et si les huit roches
à fleur d'eau, que le capitaine Vobonneaf&rmeavoir vues en t~Sa, au nord
de l'ue de Porto Santo, existent effectivement on peut admettre que cette
innombrablequantité de médusesen a été détachée car nous n'étions qu'à
28lieuesde cet écueil.Nous reconnûmes,outre le Medusa,auritade Basteret le
M.pelagicade Bo&c,à huit tentacules(Pelagiadenticulata,Peron), une troisième
espècequise rapprochedu M.bysoc6l!a,et que VandeUIa trouvéeà l'embouchure
du Tage.Ellese distingueparsa couleurd'unbrun-jaunâtreet par sestentaculesqui
sont pluslonguesque le corps.Plusieursde cesorties demeravoient poucesde
diamètre leur reflet presque métallique, leurs couleurschatoyantesen violet
et en poarpre, contrastoient agréablementavec la teinte azurée de l'Océan.
Au milieu de ces méduses, MLBonpiandobserva des paquets de Dàgysa.
notata, mollusquedune structure bizarre que Sir Joseph Banksa faitcon-
noître le premier. Ce~ont de petits sacs gélatineux,transparens, cylindriques,
quelquefois polygones, qui ont 13 lignes de long, sur 2 à 3 lignes de
diamètre.Ces sacssont ouvertsaux deux bouts.A l'une de ces ouvertures, on
observe une vessie hyaline marquée d'une tache jaune. Les cylindressont'
longitudinalementcollés les uns aux autres comme des cellules d'abeilles,
et forment des chapelets de 6 à 8 pouces de longueur. J'essayaien vain
l'électricitégalvaniquesur ces mollusques ellene produisit aucunecontraction.
11paroît que le genre Dagysa,formé à l'époque du premier voyagede Cook,
appartientauxSalpas(BiphoresdeBruguière)auxquelsM.Cuviera.réunileThalia
de Brownet le Tethis vaginadeTilesius:Les Salpasvoyagentaussi par
groupes
ense réunissanten chapelets,commenousl'avons observédansle Dàgysa
Le t3 juin, le matin, par les 3~° 33~ de latitude, nous vîmes encore
passerde grands amasde ce derniermollusque,la merétant parfaitementcalme.
Nous observâmespendant la nuit que des trois espècesde méduses
que nous
Relation Yoyages par crdrede& Br~on~tfe,1789,
mtreprM T. ni, p.a6t. ~nn<~Mdu
.M~Mm, T.IV,p.36o..
CHAPITRE 79
lâ- _~·a~ a..de
-1.tlueur ;~1' -ï;
momentd'un choc r,.aa
très-
avionsrecueillies a ucune~he répandoit qu'an
léger.Cettepropriéténappartientdoncpas exclusivement an Medasaaoctitucàque
a
Forskael décritedans Sa Fauna~Egyptiaca, et que Gnietin a rapportée à la
Médusapelagicade Ldeâing, malgréses tentacules rouges les tubérosttés
et
brunâtresde son corps.En plaçant uae médusetrës-Irritabtesur une ass~
d'étain, et en frappant contre l'assietteavecun métaLquelconque, les petites
vibrationsde l'étain suffisentpour faire luireranima!. Quelquefois en galva-
nisant des méduses, la phosphorescenceparo~ au moment que la chaîne
se ferme, quoique lesexcitateurs ne soient pas en contact immédiatavecles
organes de l'animal.Les' doigts, avec lesquelson t'a touché, restent luisans
pendant deux on trois minutes, comme on t'observe aussi en brisant la
coquilledes Pholades.Si l'on frotte du bois avec le corps d'une méduse, et
que l'endroit frotté ait déjà cesséde luire, la phosphorescencerenait si l'on
passe la main sèche sur le bois. Quand la lumières'éteint une seconde fois,
on ne peut plus la reproduire,quoique l'endroit frotté soit encorehumideet
visqueux.-Dequelle manièredoit-on envisagerl'effet du frottement on celui
du choc?C'est une questiondifncile à résoudre.Est-ceune légèreaugmentation
de températurequi favorisela phosphorescence,ou la lumièrerenaît-elle parce
qu'on renouvellela surface, en mettant en contact, avec l'oxygène de l'air
atmosphérique, les parties animalespropres à dégager de l'hydrogène phos-
phore? J'ai constaté, par des expériencespubliéesen ï~gy, que le bois luisant
s'éteint dans le gaz hydrogèneet dans lé gaz azote pur, et que sa lueur
reparoit dès que l'on y mété la plus petite bulle de gaz oxygène.Ces faits,1
auxquelsnousen ajouteronsplusieursautresdansla suite, conduisentà découvrir
les causesde la phosphorescencede la mer et de cette influenceparticulière
que le choc des vaguesexercesur la productionde la lumière.
Lorsquenousnoustrouvâmesentre l'ite de Madèreet lescôtesd'Afrique, nous
eûmesde petites brises et des calmesplats, très-favorablesaux observations
magnétiques,dontjem'occupoisdanscettetraversée.Nousne pouvionsnous lasser
d'admirerla beautédesnuits rienn'approchede latransparenceetde lasérénitédu
cielafricain.Nous fumes frappés de la prodigieusequantité d'étoilesfilantes
qui tomboientà chaqueInstant. Plus nous avancionsvers le sud, et t~us ce
phénomènedevenoit fréquent, surtout près de&îles Canaries. Je crois avoir
observé pendant mes courses, que ces météoresignés sont en généralplus
communset plus lumineuxdans certainesrégionsde la terre que dans d'autres.
Je n'en ai jamais vu de si multipliésque dans le voisinage des volcansde
80 LIVRE ï.

la province et/dans cette


Quito, et/dans
provincede Quito, cettepartie
partte de la mer
mer du Sm qui baigne les
du Sud
côtes volcaniquesde CrNatimala.L'In&uence, que les lieux, les climats et
les saisonsparoissentavoir sur les étoiles niantes, distingue cette classe de
météoresde ceux quidonnent naissanceaux aérotithes, et qui vraisembla-
blementexistenthors deslimitesde notre atmosphère.D'aprèsles observations
correspondantesde MM.Benzenberget Brandes beaucoup d'étoilesfilantes
vues en Europe n'avoient que 3oooo toises de hauteur. On en a même
mesuréune dont létévationnexcédoit pas ï~ooo toises ou cinq lieuesmarines.
Ces mesures, qui ne peuvent donner que des résultats par approximation,
mériteroientbien d'être répétées. Dans lesclimats chauds, surtout sous les
Tropiques, les étoilesfilanteslaissentfréquemmentderrière ellesune traînée
qui reste lumineusependant 12 ou ï5 secondes d'autres fois elles paroissent
crever en se divisant en plusieurs étincelles, et généralement elles sont
beaucoupplus bassesque dans le nord de l'Europe. On ne les voit que par
un ciel sereinet azuré; peut-être n'en a-t-on jamaisaperçu au-dessous d'un
nuage. Souvent les étoiles' filantes suivent une même direction pendant
quelquesheures, et cette direction est alors celle du vent Dans le golfe
de Naptes, nous avons observé, M. Gay-Lussac et moi, des phénomènes
lumineuxtrès-analoguesà ceux qui ont fixé mon attention pendant un long
séjour à Mexicoet à Quito. Ces météoressont peut être modifiéspar la
nature du sol et de ~'air, commecertainseffetsdu mirage et de la réfraction
terrestrepropresaux côtes de la Calabreet de la Sicile.
Nousnevîmesdansnotrettavigationni lesîlesDésertesni Madère.J'auroisdésiré
pouvoirvérifierla longitudede ces îles, et prendre les anglesde hauteurs des
montagnesvolcaniquesquis'élèventaunorddeFunchal.M.deBorda3rapporteque
ces montagnesse voient à 20 lieuesde distance, ce qui ne prouveroitqu'une
hauteur de ~i~ toises(8o6.*°) mais nous savons, par des mesuresrécentes,
que la cimela plus élevée4 de Madèrea 5t6a piedsanglois, ou 807 toises.Les

Gt&er<.
~nna/Mde.PA)'.M~
Th.XJI,p. 368.
C'est le résultat des nombreuses observations de M. Arago qui, lors de la
prolongation de la
méridienne en Espagne, a pu suivre la direction des météores
pendant des nuits entières sur le TbM~
<f7?fK'tzM<~j montagne du royaume de Valence.
s ~oya~e<<zFlore,T.I, p. 65.LeSalvage
est~isiMe
a 8Menéslespetites
ilesDésertes
lesontt
12lieues
dedistance.
Borda,T. 1, p. 67et 70.
< SmKA,Tour ofthe Co~tnen~ Vol. ï, p. aoo. 7~A TV~M., Vol.
Vin,p. ta4. D'après Heberdeen
le Pic Rmvode Madèreest élevé de 595 toisesau-dessus de la
plaine qui environne sa base. ~r'Mntt~'ftyt~
de Cook, T. t., p. ~9.
CHAMTRE t. 8<

petites iièsDesertesetle~lvage,surlequelonrecueilledëï'Ch'seiUeetduMesem-
bryànthemumcrystalluMun)n'ont pas aoo toises de hauteur perpendiculaire.
Je pensequ'il est utile deRxerl'attention des navigateurssur cesdéterminations,
parceque, d'aprèsune méthodedont cette Relationoffre plusieursexemples
et que Borda, Lord Mulgrave, M. de, Rossel et Don Cosme Churruca,
ont employéeavec succèsdans leurs expéditions, on peut, par des angles
de hauteur pris avec de bons instrumensà réflexion, connoitre avec une
précisionsufnsante la distanceà laquelle le vaisseause trouve d'un cap ou
d'une île hérisséede, montagnes.
Lorsquenous nous trouvâmesà ~o lieuesdansl'est de l'tte de Madère, une
hirondellevint se placer sur te hunier.Eueétoit si fatiguéequ'elle se laissa
prendreaisément.C'étoitl'hirondelledescheminées Qu'est-cequi peut engager
unoiseau,danscettesaisonet parun tempscalme,à volersi loin?Dansl'expédition
de d'Entrecasteaux,on vit égalementune hirondellede cheminéeà 60 lieues
de distancedu cap Blanc; maisc'étoitversla fin d'octobre, et M.LabUlardière
la crut nouvellementarrivéed'Europe. Noustraversionsces parages au mois
de juin, à une époqueoù, depuislong temps,la mer n'avoit pas été agitée
par des tempêtes.J'insistesur cette dernièrecirconstance,parce que de petits
oiseaux, et même des papillons, sont quelquefoisjetés au large par l'impé-
tuositédes vents, commenous l'avonsobservédans la mer du Sud, étant à
l'ouestdes côtesdu Mexique.
LePizarroavoitordrede toucher l'iledeLancerote(Z.<M~7iofe), unedes sept
grandesîlesCanaries,pour s'informers i lesAngloisbloquoient la rade deSainte-
Croixde Ténériffe.Depuis le t5 juin on étoit inquiet sur la route que l'on
devoitsuivre. Jusque-là,les pilotes, à.qui l'usagedes horloges marinesn'étoit
pas très-familier, avoient montré peu de confiancedans la longitude que
j'obtenoisassezrégulièrementdeuxfoispar jour, par le transport du temps, en
prenantdesangleshoraireslematinet lesoir.Ilshésitèrentde gouvernerau sud'est,
de peur d'attaquer le cap de Nun ou du moins de laisserl'ile de Lancerote
à l'ouest. Enfin, le t6 juin, à neuf heures du matin, lorsque nous nous
trouvionsdéjà par 2()° 26~ de latitude, le capitainechangea de rumb et
fit route à l'est. La précisiondu garde-tempsde Louis Berthoud fut bientôt
reconnue à deux heures de laprès-midi, nous eûmesla vue de la terre,
qui paroissoitcommeun petit nuage fixé à l'horizon.A cinq heures, le soleil
~Kftfn~a
nM<te<t,
Lin.
/MM<KMtAM<oy'~M<ybw. Ili
8a LÏVBE i.
étant plus bas, !le de Lancerote 'se présenta Si distinctement que)epM
prendrel'angledehauteur d'une montagneconiquequrdominemajestueusement
sur les autres cimes, et que nous crûmes être le gt'and\vo!can qui avoit
fait tant de ravagesdans la nuit du ï." septembre ty3o.
Le courant nous entrama vers ta côte plus rapidement que nous ne te
désirions.En avançant,nous découvrîmesd'abordl'ite deFortaventure(Forte-
ventura), cétèbrepar le grand nombrede chameaux' qu'ellenourrit; et, peu
de tempsaprès, nousvhnesla petiteîle de Lobos,dansle canalquisépareForta-
venturede Laneerote.Nouspassâmesune partie dela nuit sur le tillac. La lune
éctairoitles cimes volcaniquesde Lancerote, dont les pentes, couvertesde
cendres, réflétoientune lumière argentée.Antarès brilloit près du disque
lunaire, qui <i'étoitélevé que de peu de degrés au-dessus de l'horizon.La
nuit étoit d'une sérénité et d'une fraîcheuradmirables.Quoique nous fussions
très-peuéteignesdescotesd'Afriqueetdubordde ta zonetorride, le thermomètre
centigradene se soutenoitcependantpas au-dessusde ï8°. La phosphorescence
de l'Océan paroissoitaugmenterla massede lumière répanduedans faire
pouvoislire, pour la premièreibis, te vernierd'un sextant de Troughtonde
deux pduces, dont la divisionétoit très-nne, sans éctairer le limbe par une
bougie. Plusieursde nos compagnonsde voyageétoient Canariens comme
tous les habitansdes îles, ils vantoientavec enthousiasmela beauté de leur
pays.Aprèsminuit, de grosnuagesnoirs s'élevantderrièrele volcancouvrirent
par intervallesla tuu~et la belleconstellationdu scorpion. Nous vimesdu feu
que l'on portoit çà et là sur le rivage.C'étoientvraisemblablement
des pécheurs
se à leurstravaux. Nousnous étions
qui préparoient occupés,pendant toute la
route, à lire les anciens voyages des Espagnols, ces lumièresmouvantes
et
nous rappeloient celles que Pedro GutierreZ, page de la reine ïsabette, vit
à l'île de Guanahani, dans la nuit mémorablede la découvertedu nouveau
monde.
Le t~, au matin, l'horizon étoit brumeux, et le ciel légèrement couvert de
vapeurs. Les contours des montagnes de Laneerote en d'autant
paroissoient

Ces chameaux, qui servent a<n labours et dont le peuple mange


quelquefois la chair mMe m'y
aistoient pas avant que les Bethencourts Basentla conquête des îles Canartes. Au seizièmeMeo!e, let
ânes s'étoient tellement mu]tip!iés dans l'lie de FbrtaTentare, qu'ils étoteht devenus sauvages, et
qu'il
fallut leur donner la-chasse. On en tua plusieurs milliers pour sauver les récoltes. Les chevaux de
Fortaventure sont d'une beauté remarquable et de race
barbaresque. Ac<tcKM<&la historia g)'n<!M<<
M&t<Canarias, por Don ~OM ~Tem, T. !t,
p. 436.
/c~pt.T:ït,e~"ï.
ptns~ra~~é~Mhm~~ j~areaace:,defaixs' semble
~trans
ey
meme~ ceux qui
ont!o<~ts~ es endroits
d~ù fo&vott~eha~p;'d~a')~ Noos pas~mes,
ta sonde a ta ~nain, ~p&s~~jqu~
C~ra.us'exa~na~ de Laneerote,
et qui sodt-si ~i Ë~rës~ dans carte d'aïlleurs de
M.deFteurIeu, que danscelle qui est jointe au voyagede la. frégate la
Ftore.Lacarte de l'Océan Atlantiquepubliée en t~SS, par ordre de M.de
Castries, offre les marnes erreurs. Comme les courans sont extrêmement
rapides dans ces parages il est important, pour la sûreté de la navigation,
d'observerici que la positiondes cinq petitesîles AlegranzaClara, Graciosa,
Roca det tSste et. !<t&emone se trouve indiquée avec exactitude que dans
la carte des iles Canariesde M. de Borda et dans l'Atlas de Tonuo, fondé
pour cette partie sur les observationsdj6 DonJose Varela, qui sont assez
conformesà cellesde la frégatela Boussole!!–––
Aumilieu de cet archipel qui est rarement traversé par les vaisseaux
destinéspour Ténériffe, nous fumessingulièrementfrappés de la configuration
des côtes. Nous nous crûmes transportés aux Monts-Euganéensdans le
Vicentin, ou aux rives du Rhin près de Bonn La fbnne~desêtres organises
varie selon les climats, et c'est cette extrêmevariété qui rend si attrayante
l'étudede ta géographiedesplantesetdesanimaux;maistes roches,plusanciennes
peut-êtreque tes causes
qui ont produitla diSerence~desclimats.surleglobe, sont
lesmêmesdans lesdeux hémisphères Les porphyresrenfermantdu feldspath
vieeux et de t'amohibote, les phonolites3, les grunsteins, les amygdatoïdes
et les basaltesaffectentdes formespresque aussi constantes que les matières
simplescristallisées.Aux îles Canaries, commeen Auvergne,dans le Mittel-
gebirge en Bohême, comme au Mexique et sur les bords du Gange; ta
formationde trapp s'annoncepar une dispositionsymétriquedes montagnes,
par des cônestronqués, tantôt isolés, tantôt accouplés~, par des plateaux
dont lesdeux extrémitéssont couronnéesd'un inamelon.

Se6Mge6i& d&intpmM. Nose.


~ont<m. p. tM.
~BMr.t
deWerner.
.Po)p&yfM~M/<'r
~tbatt~tmeNt~ Zt<"NHt~N&ergB.
8~ HVRE ï.

Toutela partie occiâeBtalede Lancerote, que nous~mes de près, porte


le caractèred'un paysrécemment bouleversépar des feux volcaniques.Tout
est noir, aride, et dénuéde terre végétale.Nousdistingaâmea,avec ta lunette,
du basaltestratifiéen couchesassezminces et fortement inclinées.Plusieurs
collinesressemblentau Monte-Novo, près de Naples, ou à ces monticules
de scories et de cendres que la terre entr'ouverte a élevés dans une seule
nuit au pied du volcan de Jorullo, au Mexique. En eSet, l'abbé Vtera I
rapportequ'en ï~3o, plus de la moitié de l'île changeade face. Le Grand
~o/c~M~dont nousavonsparléplushaut, et queleshabitansappellentlevolcan
de Temanfaya, ravagea la région la plus fertile et la mieux cultivée: neuf
villagesfurent alors entièrementdétruits par le débordementdes laves. Un
violenttremblementde terre avoit précédécette catastrophe, et des secousses
égalementfortesse firentsentirpendantplusieursannées.Cedernierphénomène
estd'autantplusremarquablequ'ilse présenterarementà la suite d'une éruption~
lorsque les vapeursélastiques ont pu se, faire jour par le cratère, après
l'écoulementdes matièresfondues.La cime du grand volcan est une colline
arrondie, qui n'est pas entièrement conique. D'après les, angles de hauteur
que j'asi pris à diSérentesdistances, son élévation absolue ne paroît. pas
excéderde beaucoup3oo toises.Les monticulesvoisinset ceux de l'AIegranza `
et d'IslaClara ont à peine i ooà 120toises.On est surpris de ne pas trouver
plus élevésdes sommetsqui, vus de la mer, offrentun spectaclesi imposant.
Maisrienn'est plus incertainque notre jugementsur la grandeurdes angles,que
soutendentles objets tout près de l'horizon. C'estd'après désillusions de ce
genre, qu'avant les mesures faites par MM.de Churruca et Galeano, au
cap Pilar~les navigateursont regardé comme extrêmementélevées les mon-
tagnes du détroit de Magellanet cellesde la Terre de Feu.
L'île de Lanceroteportoit jadis le nom de Titeroigotra. Lors de l'arrivée
des'Espagnols, ses habitans se distinguoient des autres Canariens par les
traces d'une civilisationplus avancée.Ils avoientdes maisons construitesen
pierre de taille, tandis que les Guanchesde TénériSe, en vrais Troglodytes,
demeuroientdans les cavernes.A Laneerote, régnoit alors.une institution3
\.<.
~M-ro,T. H, p. 4o4.
=-Churruca, ~M&o a la Relacion <M ~M~ al .Mo~snM,
1793, p. 76.
~ra, T. ï, p. t5o, t/t, tQi. Du jHaMe, DeM~. la Chine, T. ÏV, p. 46t. Au Tibet, la
polyandrie est cependant moins commune qa'on ne le pense, et réprowee par le
ctersé. ~tttjtMM
dans~'o&M, Neue Nordische Bet<e, B. 01, p. a8a.
CHAftTM Ï. 8S

très-singulière, et dont 0!~e trouve d'exemplequechezie~Tibétains.Unefemme


avoit plusieurs maris qui jouissoientalternativementdes prérogativesdues
à an chef de famille.Un mari n'étoit regardé commetêt que pendant une
révolutionlunaire; et, tandis que ses droits étoient exercéspar d'autres, U
restoit confonduavecles domestiquesde ta maison.On doit regretter que
lesreligieuxqui ont accompagnéJean de Béthencourt,et qui ont trace l'histoire
de la conquêtedes Canaries,ne nous aient pas donneplus de renseignemens sur
lesmœursd'un peuplechez lequelontrouvoitdesusagessibizarres.Au quinzième
siècle,lue de Lanceroterenfermoitdeux petits états distinctset séparéspar une
muraille,genre de monumensqui surviventaux haines.nationaleset qui se
retrouventen Écosse au Pérouet en Chine.
Les vents nous forcèrent de passer entre les iles Alegranzaet Montana
Clara.Comme personne, à bord de la corvette, n'avoit navigué dans cette
passe, il fallut jeter la sonde. Nous trouvâmesfond à vingt-cinq et trente-
deuxbrasses.Le plombrapporta une substanceorganique, d'une structure si
singulière,que nous restâmeslong temps indécissi c'étoit un Zoophyte ou
une espèce de Fucus.Le dessinque j'en ai fait sur les lieux est gravé dans
le second volume de nos Plantes équinoxiales Sur une tige brunâtre,
de trois pouces de long, s'élèvent des feuillesrondes, lobéeset crénelées
au bord. Leur couleur est d'un vert tendre elles sont membraneuseset
striéescommeles feuillesdes Adianteset du Ginkgo biloba. Leur surfaceest
couvertede poils roideset blanchâtres;avant leur développement,elles sont
concaveset enchâsséesles unesdans les autres. Nousn'y observâmesaucunves-
tigede mouvementspontané,aucunsigned'Irritabilité,pas mêmeen appliquant
l'électricitégalvanique.La tigen'est pas ligneuse,maisd'une substancepresque
cornée, semblableà l'axe des Gorgones.L'azote et le phosphoreayant été
trouvésabondammentdans plusieursplantes cryptogames,il auroit été inutile
d'en appelerà la chimie pour décidersi ce corps organiséappartientau règne
végétalouau règneanimal.La grandeanalogiequ'il onre avec quelquesplantes
marinesà feuillesd'Adiante, surtout avecle .genreCaulerpade M. Lamoureux,
dontle FucusproliferdeForskaiestune desnombreusesespèces,nousa engages
à le ranger provisoirementparmilesvarechsou goémons,et à lui donnerlenom
de Fucusvitifblius.Lespoils, dontcette planteest hérissée,se retrouventdans

.K.~KH!T. H, p. 8, pl. I.XtX.


86 Lïv~Eï.
~M~
beaucoup ~'«~~tf~e
d'autres T~ti~Me T.n
Fucus'.La ~tt!H~
feuille, ~YaTtt! au microscope~
examinéean v~~ à l'Instant oH
l'on venoit de la retirer de l'Océan, ne présentoitpas, H est vrai, cesglandes
conglobéesou ces points opaquesqui renfermentles parties dela (ructincation
dans les genresUlva et Fucus~mais combiende fois ne trouve-t-on pas des
varechsdansun état tel qu'on ne distingueencoreaucunetrace de graines dans
leur parenchymetransparenta
Je ne seroispas entré dans cesdéfaits,qui appartiennentà l'histoirenaturelle
descriptive,si le,Fucus à feuillesde vigne n'oSfoit pas un phénomènephy-
siologiqued'un intérêt plus générât. Fixée sur un morceau de madrépore,
cettealguemarinevégétoitau fondde,l'Océan, à une profondeurde ipa pieds,
et cependant ses feuilles étoient aussi vertes que celles de nos graminées~
D'aprèsdes expériencesde Bouguer la lumièreest aRbibtieaprès un trajet
de t8o pieds, dans le rapport de ï à t~y,8. Le varech de l'Alegranza
présente par conséquentun nouvel exemplede plantes qui végètentdans
une grande obscuritésans être étiolées.Plusieurs germes, encore enveloppés
dans Ie&bulbesdes Liliacées,l'embryondes Malvacées,dés Rhamnoïdes, du
Pistacia,du VIscumet du Citrus,,tes branchesde quelquesplantessouterraines, x
enfin des végétaux, transportésdans des mines où l'air ambiant contient de
t hydrogène ou une grandequantitéd'azote, verdissentsanslumière. Daprèsces
faits, on est tenté d'admettreque ce n'est pas seulementsous l'influencedes
rayons solairesque se Corme,dans les organesdes végétaux, ce carbured'hy-
drogènedont la présenceMt paroftre le parenchymed'un vert plus ou moins
foncé, selon que le carboneprédominedans le mélange3.
M. Turner, qui a si bien fait connoîtrela,familledes varechs,et beaucoup
d'autres botanistes célèbres, pensent que la plupart des Fucus que nous
recueillonsà la surfacede l'Océan, et qui, par les a3 et 35 degrésde latitude
et les 3a° de longitude, offrentau navigateurle spectacled'une vaste prairie
inondée, croissentprimitivement au fond de la mer, et ne voyagent que

Fucuslycopodioides,
et F.hirsutes.
7~~ d'Optique, p. a56, s64 et 34~' Le Fucus
vitiMIu~ ne peut avoir été éclairé, à trente-
deux brasses de profondeur, que par une lumière ao3 fois
plus forte que cette de la lune, et par
conséquentégale à la moitié de la lumière que répand une chandelle vue à un pied,de distance. Or,
d'apreo
mes expériencesdirectes, le Lepidiumsativum ne verdit
presque pas sensiblementà la tam:ere vive de deux,
lampes d'Argand. Voyez aussi Lambert, jF'Ac<f)me<rM, p. aa3.
Ces idéesse trouvent en partie exposées dans mon mémoire sur les
phénomènes de t'étiotement
( Journal &T. XL, p. ,54), et dans mes
( f~ ~~MM, ~&e~
p. 179.) Voyez aussi 7~ <~ <~ Irish ~ea~ Vol. Vm, p. a6o.
'i ?
r
CHAPITREï. S~

dans l'état adulte, lorsqu'il sont arrachéspar le mouvementdes Aots.Si


1~ n~«t ~~<M~k~t ~~«t~ ~M~M~y~tM~wt~
~~ta cette
~t~c
~~tt~

opinionest exacte, il fau~convenirque la familledes algies marines présente


degrandesdintcultésaux physiciensqui persistent à croire que toute absence
de lumièredoit produireunétiolemënt car commentadmettreque tant d'espèces
d'tJivacéeset de Dictyotées&tiges~et~a feuillesvertes, qui nagent surta surface
de l'Océan, aient végètesur des rochers presque à fleur d'eau?s
D'aprèsdes notions puiséesdans un vieux routier portugais, le capitaine
du Pizarro crut se trouvervis-à-visd'un petit fort situé au nord de Teguise,
capitalede l'île de Lancerote. Onprit un rocherde basalte pour un château:
on le salua en arborant pavillonespagnol, et l'on mit le canot à l'eau pour
qu'un des officiersallât s'informer, près du commandant de ce prétendu
fort, si des bâtimensanglois eroisoientdans ces parages. Notre surprise fut
assezgrande, lorsque nous appnmesque la terre qu'on avoit regardéecomme
un prolongementde la côte de Lancerote étoit la petite He de la Graciosa,
et qu'àplusieurslieuesà la ronde il n'y avoit pas un endroit habité.
Nous profitâmesdu canot pour reconnottrela terre qui fermoit l'en-
ceinte d'une largebaie. Rien ne sauroit exprimer l'émotion qu'éprouve un
naturalistelorsqu'il touche pour la premièrefois un sol qui n'est paseuropéen.
L'attentionest fixée sur un si grand nombre d'objetsqu'on a de la peine à se
rendre compte des impressionsque l'on reçoit. A chaque pas on croit trouver
une productionnouvelle;et, dans cetteagitation, on ne reconnoitsouventpas
cellesqui sont les plus communesdans nos jardins de botaniqueet dans nos
collectionsd'histoire naturelle. A cent toises de la côte nous aperçûmes
un homme qui péchoit à la ligne. On dirigea le canot sur lui mais il
prit la fuite, et se cacha derrière un rocher. Les .matelots parvinrent avec
peine à le ramener.La vue de la corvette, le canon tiré dans un endroit
solitaire, mais quelquefoisvisité par dés corsaires barbaresques, le débar-
quement du canot, tout avoit intimidéce pauvrepécheur. Il nous apprit que
la petite île de la Graciosa à laquellenousvenionsd'aborder, étoit séparéede
Lancerotepar un canalétroit appeléEl Rio. Il nous proposade nousconduire
au port de Los Coloradospour y prendre des informationssur le blocus de
Ténérine mais commeil assura en même temps n'avoir aperçu, depuis plu-
sieurs semaines,aucun bâtiment au large, le capitaine résolut de continuer
saroute pour Sainte-Croix.
La petite partie de l'île de la Graciosaque nous parcourûmes ressemble
à ces promontoiresde laves que l'on observe près de Naples, entre Portici
88 LÏVREt.
et Torre del Greco.Les rocherssont nus, dénués d'arbres et d'arbustes)!e
plus souventsans trace de terreau. Quelquesplantes Itcheneusescrustacee~,
des Vanolaires, des Lepraria et desUrcéolaires'se trouvant éparséssapt~
basalte.Leslaves qui ne sont pas couvertesde cendresvolcaniques, restentdes
sièclessansaucuneapparencede végétation.Surle sol africain',TexcëM~
etde longuessécheresses ralentissentle développement des plante cryptogames.
Les basaltes de la Graciosa ne sont pas colonnaires, mais divisés par
couchesde 10 à t5 poucesd'épaisseur.Ces couchessont inclinées sous un
angle de 80 degrésau nord-ouest. Le basalte compactealterne avec des
couchesde basalteporeuxet de marne. Larochene contientpas d'amphibole,
mais de grandscristaux d'olivine lamelleuse,qui ont un triple clivage*.Cette
substancese décomposetrès-difEcilement. M.Haûyla regarde comme une variété
du pyroxène.Lebasalteporeux, qui fait transitionau mandelstein,a descavités
alongéesde deux jusqu'àhuit lignes,de diamètre, tapisséesde calcédoine, et
enchâssantdesft'agmensde basaltecompacte.Je n'ai pas observéque cescavités
fussentdirigéesdans un mêmesens, ni que la roche poreuselut superposéesur
lescouchescompactes, commecela arrivedans les courans de lavesde l'Etna
et du Vésuve.La marne3, qui alterne plus de cent fois avec le basalte, est
jaunâtre, friablepar décomposition,très-cohérentedansl'intérieur, et souvent
diviséeen prismesirréguliersanaloguesaux prismestrapéens.Lesoleil décolore
leur surfacecommeilblanchit plusieursschistesen débrulantun principehydro-
carburé qui paroît combinéavecles terres. La marnede la Graciosacontient
beaucoupde chaux, et fait'vivementenisrvescence avecl'acide nitrique, môme
sur des points où elle se trouveen contact avecle basalte,Ce fait est d'autant
plus remarquableque cette substancene remplit pas les fentes de la roche,
mais que ses couchessont parallèlesà celtes du basalte on doit en
conc!ure/
que lesdeux fossilessont d'une mêmeformationet ont une originecommune.
Le phénomèned'une rochebasaltique,renfermantdesmassesde marneendurcie
et fendilléeen petites colonnes, se retrouve d'ailleursdans le Mitt~gebirge
en Bohéme, En visitant ces contrées, en 1~92, M.Freiesleben~ et moi,
Nou.)reconnûmes
lesLeeMeaatrovirens, ocelhtt,U.diamarta
Urcoolaria' ( laqMUeM.Acharina
leLichen
rapporte KomigiidemaFloredeFreiberg), P.teneBà
Farmeliapanetinà, (UohemhiipMnt
) P. atra,Leeidea
Willd. f)MCO-atra,~t
phtsiems autresespèces
qu'onavoitem)aMM~ appartenir
eMitNtvementaunorddel'Europe. ~etAo~tM
(~cA<H-. T. I, p,t~a.)
~tcAonttnt,
a&Kr~r Olivin.
Mergel.
BfT~Mm<Mf;eAe~Journal, '79<; p. a'5.
CBAPÏTREÏ. 89
pous avons mène reconnu dans lamarne du Stiefdberg l'empreinte d'u
plante voisine du Cerastium oa de l'Alsine. Ces couches de marne q
renfermentles montagnestrapéennes,sont-~elles dues à des éruptions boneu
on doit-ontes considérercomme des dépôts aqueux qui alternent avec <
dépôts volcaniques? Cette dernièrehypothèse paro!t d'autant plus fbre~
que, d'après les recherchesde Sir Jamei;Hall sur l'influenceque la pressi
exercedans les fusions, l'existencede l'acide carboniquedans des snbstan<
que renfermele basalte, h'onre rien -de surprenant. Beaucoup de laves
Vésuve présentent des phénomènesanalogues. Dans ta Lombardie, en)
Vicenza et Abano, où le calcairedu Jura contient de grandes masses
basalte, j'ai vu ce dernier faire effervescenceavec les acides là où il touc
la roche calcaire.
Nousn'eûmespas te loisird'atteindrele sommetd'unecollinetrès-remarquabl
en ceque son pied est forméde bancsd'argitesur lesquelsreposentdes coud
de basalte, exactementcomme dansune montagnede4a Saxe qui est deven
célèbreparlesdisputesdesgéologuesvolcanisteset neptuniens.Cesbasaltesétoie
recouvertsd'unesubstancemametonéeque j'ai vainementcherchéeau Pic
TénériSe, et que l'on désigne sous les noms de verre volcanique, verre
Müllerou Hyalite elle fait le passage de l'opale à la calcédoine.Nous
détachâmesavec peine quelquesbeaux échantillons il fallut laisser intac)
des massesqui avoient 8 à ïo poucesen carré.Je n'ai jamais vu en Euro
de si belles Hyalites qu'à file de la Graciosaet sur le rocher porphyritiq
appeléel ~eno~de &M&«Mo~au bord du lac de Mexico.
Il y a sur le rivage deux sortes de sable l'un est noir' et basaltiqu
l'autre blanc et quartzeux.Dans un endroit exposé aux rayons du sole
le premier nt monterle thermomètreà 5t°,2 (4i"R.), et le second à 4
(32° R.). La température de l'air, observéeà l'ombre, étoit de a~
on de ~<5 plus élevée que celle de l'air de mer. Le sable quartzeuxcontie
des fragmensde feldspath.Il est rejeté par la mer, et forme, pour ainsi dir
à la surfacedes rochers, de petits flots sur lesquelsvégètent.des niantesgrass
et salines.Des fragmensde granité ont été observésà Ténérine l'Mede
Gomère,d'après des renseignemensqui m'ont été fournis par M. Broussonnt
renfermeun noyaude schistemicacé le quartz, disséminédans le sable q

NcAetAente~r
.Ntf~.
ybm.7.
~!e&t<MMAM<o~ae~ jH
J
00 LIVRE t<
nousavons~trouvésur !es plagesde la Graciosa,est'une substance étrangèreaux
iav~es et auxporphyres~rapéensquiont tant derapportsaveetesproduitsvo!ca-
Btques.L'ensemble de~cesfaits paro~tprouver qu'auxMesCanaries, commedans
les Andesde~Quito,!en Auvergne,en Grèceet dansla majeurepartie duglobe,
lesfeuxsouterrainsse sont'fait jour a traversdes rochesde formationprimitive.
En indiquant dans lasuite un grand nombre de sourceschaude~ que nous
avonsvu sortir du granité, du gneiss et du schiste micacé, nous aurons
occasionde revenirsur cet objet qui est un des plus Importans de l'histoire
physiqued~ globe.
Rembarquesau coucher du soleil, nous marnesà la voile avec une brise
trop foible pour continuernotre route à Ténérine.La mer'étoit calme; une
~vapeur roussàtre couvroit l'horizon et sémbloit agrandir les objets. Dans
cette solitude, au milieu de tant d'Hots inhabités, nous jouîmes pendant
long-tempsde t'aspeet d'une nature sauvage et imposante. Les montag&es
noires de la Graciosapresentoientdes murs taillés à pic de cinq ou six cents
pieds de hauteur. Leurs ombres, projetéessur la surface~e!'0céan, donnoient
au paysageun caractère lugubre. Semblablesaux débris d'un vaste;édifice,
des rochers de basalte sortoient du sein des eaux. Leur existence nous
rappeloitcetteépoquereculéeoù des votcanssous-marinsdonnèrent naissanceà
de nouvellesîles ou déchirèrentles continens.Tout ce qui nous environnoit
de près sembloitannoncerla destructionet la stéritité; mais au fond de ce
tableau les côtes de Lancerote offroientun aspect plus riant. Dans une gorge
étroite, entredeux collinescouronnéesde touffesd'arbresépars,sepro!ongeoit
un petit terrain cultivé. Les derniers rayons du soleil éclairoient des Mes
prêts à être moissonnés.Le désert même s'animedès qu'on y reconnoîtJes
tracesde la mainlaborieusede l'homme.
Nous essayâmesde sortir de cette anse par la passe qui sépare l'Aïegranza
de Montana Clara, et par laquelle nous étions entrés sans
dimculté, pour
débarquer à la pointe septentrionalede la Graciosa. Le vent ay~nt molli
beaucoup, les courans nous portèrent très-près d'un éçueil sur lequel la mer
brisoit avec force, et que les cartesanoiennesdésignentsousle nomd'jE'r
ou Infierno. Comme nous aperçûmesctftéçuell à deux encabluresde l'avant
de la corvette,nousreconnûmesque c'estunebutte de lavede trois
à quatretoises
de hauteur, remplie de cavitéset couvertede scoriesqui ressemblentau coo~
ou à la massespongieusede la houille désoufrée On
peut supposer que le
OtAPtTRE Ï. <)tI
rocherde Hnnerno que lescartesplus récentesappellentla HocAcjd<* Z'OiM~t
(7)[<M'a <!fcZ ~e~te)~a ëté soateyë par te feu volcaa!qae. H Mpeu~
qu'il ait été jadis beanconpplus eteyé; car l'JBe ~cnpa dtesA~opMyqa'on a
vu sortir deIameràplusieM'srepNses~eni[638et t~ï~, avoit atteint jasqa'à
354 pieds (it5.") de haa~ur'iofsqn'die disparut entièrementen t~a3,~qae
l'ontrouva quatre-vingtsbrassesde ~ndal'endKtitqu'elle avoit occupe. L'Mëe
que j'énonce sûr l'origine de la butte basaltique de l'Innerno, se trouve
conRrméepar un phénomènequi a été observée vers le milieu du dernier
siècle, dans ces mêmesparages. Lors de l'éruption du volcande Temanfaya,
deuxcollinespyramidalesde laves lithoïdess'élevèrentdu fond de l'Océan, et
se réunirent peu à peu à l'île de Lancerote.
La foiblessedu vent et les couransne nous permettant pas de débonqaer
par le canalde l'Alegranza,on résolut de,passer la nuit à courir des bordées
entre l'Ma Clara et la Roche de l'Est. Cette résolution manqua de nous
devenir funeste.ïl est très-dangereuxde se trouver en calmeprès de ce dernier
rocher, vers lequel le courant porte avec une ~brceextraordinaire.A minuit,
nouscommençâmesà sentir les effetsde -cecourant.La proximité des masses
pierreuses,qui s'élèventperpendiculairementau-dessus des eaux, nous ôtoit
le peu de vent qui souffloit la corvette ne gouvérnoit presque.pas, et à
chaqueinstant on craignoitde toucher.Il est difficilede concevoircomment
une butte basaltique, isoléeau milieu de la vaste étendue de t'Océan, peut
causerun mouvementsi considérabledans les eaux. Ces phénomènes, bien
diguesde l'attentiondes physiciens,sont cependanttrès-connusdes marins: on
lesobserved'unemanièretrès-effrayantedans la mer du Sud, surtout dans le
petit archipeldesi!es Galapagos.La différencede températurequi existe entre
le fluideet la massedes rochersne peut expliqueriadirection qu'aSectentces
courans;et commentadmettre que l'eau s'engouffreà la base de cesécueilsqui
souventne sont pas d'originevolcanique, et que c'est par cet engouffrement
continuelque lesmoléculesd'eau tendent à remplacerle vide qui se <brme~?.
JeBorda,~<<tge
Yoyagedela jPïoM~
Plore,T. t,
I, p.386., .Essai
~M:M~
3$6.,Bo'y-&Mn<tneen<, sur!es
/<Mtlesft~r<t<n~M,
M
Bory-Saira~Yincent, p,ao.
Fortunéesr,
p.
Jedoisfaireobserver ic! quecetécaeilse tfOnve déj~marquésurla célèbrecarteïénitienne
d'Andrea maisquete nomtt'/t;emoy estdonne,comme
B!amco, damt&utnsancienne cartede
PicigMHO,l'île de TenérifEB,sansdoute
· parcequelesGoanehes regardoient le Pic comme
l'entréedet'jEn/~r.
En t~ao, cette ile étoit visible à 7 ou 8 lieues de distance. M~nt. de f~e~~mte~ 17~2, p. ia.
~ïeMrMM~ ~o~a~e de fZsM, T. I) p. 565. Dans ces même: parages, une île reparut en )8tt.
3 On est
sorpris de lire dans un ouvrage d'mUeursh es-utile qui se trouve entre les mains de tous les
HVRE T.
Le vent ayant fr~chi un peu le t8 au matin, nous réusshnesà passerpar
le canal. Nousnonsapprochâmesbeaucoupune secondefois de t2/~er/<o, et
nous reconnûme& de grandes crevassespar tesqueHesles Suides gazeuxse sont
probablement&it )onr tors du soulèvementde cette butte basaltique. Nous
perdimes de vuelea petttesMe&de rAt''granza,Montana Clara et Graciosa,
qui paroissentn'avoif~amaisété habitéespar tes Guanches.Onnetes jfréquente
aujourdhuique pour y recueiUirde l'orseitte; cette production est cependant
moinsrecherchéedepuisquetant d'autresplantesticheneusesde l'Europeboréale
oifrt'ntdes matériauxprecieuxponr ta teinture. MontanaClara est célèbre par
les beauxserins qu'ony trouve. Le chant de ces oiseauxvarie par peuplades,
comme celui de nos pinçons qui sou vent n'est pas le même dans deux
cantonsvoisins. Montana Clara nourrit aussi des chèvres, ce qui prouve que
l'intérieurde cet not est moinsaride que les côtes que nous avons observées.
Le nom d'Alegranzaest ~rmé sur celui de La Jo~eM~e,que donnèrent à
cette terre les premiers conquérans des Canaries, deux barons normands,
Jean de Béthencourt et <&ad<&T de SaHe.€'ët<Mtic premier point auquel
ils avoient abordé. Après~avoir demeuré plusieursjours à la Graciosa, dont
nous avens examinéune petite partie, its conçurent le projet de s'emparer
de t~e voisinede Lancerote, ou Guadarna, !e souveramdes Guanches, les
accueiHitavec cette même hospitalité que Cortez trouva dans ïe palais de
Montézuma.Le roi pasteur, qui n'avoit d'autres richessesque ses chèvres~
fut aussi le sultan mexicain.
!âchementtrahi que
Nous longeâmesles cotestdeLancercts, de rNe Lobos et de Fortaven-
ture. La secondede ces nés paroît avoir tenu anciennementaux deux autres.
Cette hypothèse géotogtquea déjà été énoncéeau dix-septième siec!e, par
nn religieux&anciscai;9~JuanGalindo. Cet écrivainsupposa mêmeqne le roi
Jubanavoit nomméque six iles Canaries-,parce que, de. sontemps, trois
d'entre elles étoient contiguës.Sansadmettrecette hypothèsepeu probabte, de
savansgéographesont cru reconnoître,dans Farchipeldes Canaries, lesdeux Mes
Junonioe,la Ni varia i'Ombrios, la Canariaet ta Caprariadesanciens
L'horizon étant brumeux, nous ne pûmes, pendant toute la traverséede
Lanceroteà TénériOe,découvrirla cimedu Pic de Teyde. Si la hauteur de ce

marins,danslaneuvième
édition
du~'n!c<too< deB<tm<&om
Navigator ~Mbom,p.Mo,quec'estptfreSht
del'attraction
desmasses
oudela gravitationnniverseUe,
qu'unvaMsetm ttuBeiiememt
s'~oigne desCûtea
et quela cbalouped'unefrégate
'estattiréeparlaffegatemême.
Go~e/M, ~ïe~A.Mr Géogr. des Anciens, T. t, p. i46, t66, 163.
CHAPITRE t. 03
to!se~comme
volcanest de tgoS to!se~ lad~e
la
l'indicme
commel'indiqme dernière meMU'etrigpnométriqMe
m€MFetnaonométr!qMe
de Borda, sa cime doit être visible&une distance de 43 l'eaes mannes,
en supposant l'ceil au niveaodel'Oeéan et uneïéfracOiontégale a 0,079 de
la distance.On a révoqué en .docte* que le Pic ait jamais été aperçu dans
le canalqui sépare LanceFOtede ~ortaventare~,et qui est éloignédu volcan,
d'aprèsla carte de Varela, de a" ~9~,ou de près de 5o lieues.Ce phénomène
paroit cependant avoir été vérifiépar plusieursofficiersde la marine royale
d'Espagne j'ai eu entre les mains, à bord de la corvettele. Pizarro, un
journalde route dans lequelil étoit marqué que le Pic de Ténériffeavoit été
relevéà t35 millesde distance, près du cap méridionalde Lancerote, appelé
Pichiguera.Son sommet se présenta encoresous un angle assez considérable
pour faire~croireà l'observateur,DonManuelBaruti, que levolcanauroit pu être
visible9millesplusloin.C'étoitaumoisde septembre,versle soir, et parun temps
très-humide. En comptant ï5 pieds pour l'élévationde l'ceil, je trouve que,
pour rendre compte de ce phénomène,on doit supposer une réfractionégale
à 0,158 de l'arc, ce qui n'est pas très-extraordinairepour la zone tempérée.
D'aprèsles observationsdu généralRoy, les réfractionsvarient en Angleterre
de à;; et s'il étoit vrai que sur les cote~d'Afrique elles atteignissentces
limitesextrêmes,ce dont je doute beaucoup,le Pic, dansde certaines circon-
stances,pourroit être visible sur le pont d'un vaisseau, jusqu'à la distance
de61lieuesmarines.
Les navigateursqui ont beaucoupfréquentéces parages, et qui réfléchissent
sur les causesphysiquesdes phénomènes,sont surpris que le Pic de Teyde
et celuides Acores soientquelquefoisvisiblesde très-loin,quand d'autres fois
on ne lesdécouvre pas à des distances beaucoupmoins grandes, quoique le
ciel paroisseserein, et que l'horizon ne soit pas embrumé.Ces circonstances
sont d'autant plus dignes de fixer l'attention du physicien, que plusieurs
bâtimens,à leur retour en Europe, attendent avec impatiencela vue de ces
~oya~e m'adonné,lacôtenord-ouest
<&la.Flore,T.I, p. 3So.Monchronom&tre deLancerote,
det5°5a'toat'OMStthttnéridtendeParis.
La hanteur deceP!cest, d'après FIeuneu, de noot.; d'apreaFeirer~de ta3<t t.; d'après ToMOt de
ta6o t. mais ces mesuresne sont que deséTatoattoM par approximation. Le capitaine du Pizarro Don
MannetCagigal m'a prouvé, par son )0omal~ qu'il a relevéle Pic des Acoresà 3y lieuesde distance, à une
époque o& il étoit sûr de sa latitude, au moins à deux minutes près. Le volcan fat retevé au S. 4**E.
de sorte que l'erreur en longitude ne pouvoit influer qu'insensiblementsur l'évatnationde la distance.
Cependant !'aagle quesoutendoit le Pic des Açorés étoitsi ~anA que M. €agigal pense que ce volcan doit
être visibleà plus de 4o ou 42lieues. La distance de 3y lieues supposeune élévationde t43t toises.
()~ 1. Ï.ÏVRE t.

montagnespourrectifierleur point en longitude,et qu'ilss'en~ro!èntplus éloignés


qu'ils ne le sont eSectivement,lorsquepar un'temps clair ils ne les aperçoivent
pas à des distances auxquels-tes anglessoutendttsdevroiënt:déjà être très-
considérables.La constitution de l'atmosphèrefinjftuesing~ïi~ement sur !a
visibilité des objetsiélbignés.On peut admettre en gêneraique Pic dé
Ténérines'aperçoit assez rarement~detrès -loin 'par les tempséhaudset secs
desmois de juillet et d'août, et qu'au contraireonte découvreà des distances
extraordinairesdans les mois de janvier et de février, quand te ciel est
légèrementcouvert,et immédiatement aprèsune pluie abondante, oubien peu
d'heuresavant.Il paroîtque la transparencede l'air augmenteprodigieusement,
commenous gavonsdéjàremarquéplus haut, lorsqu'unecertaine quantité d'eau
estuniformémentrépanduedansl'atmosphère.D'ailleursil nefaut pas être surpris
que le Pic de Teyde soit plus rarementvisiblede très-loin, que les sommets
des Andes que j'ai eu occasiond'observer si long-temps. Ce Pic, moins
élevé que les parties de l'Atlas auxquelles est adosséela ville de Maroc,
n'est pas, commeelles couvert de neigesperpétuelles.Le Piton, ou jP~Mde
Sucre, qui terminele Pic, réfléchitsansdoutebeaucoupde lumière,à causede la
couleurblanchâtredela pierreponcerejetéepar te cratère,maisla hauteur dece
petit cônetronquéne formequ'un vingt-deuxième de lahauteurtotale. Lesflancs
duvolcansont couvertsoude blocs delaves noires et scorinées,ou d'une végé-
tation vigoureuse,d~nt les massesrenvoientd'autant moinsde lumière, que
les feuillesdes arbres sont séparéesles unes des autres par desombres d'une
étendue plus considérableque celle de la partie éclairée.
Il résulte de là, qu'abstractionfaite du Piton, le Pic de Teyde appartient
à ces montagnesque, d'après l'expressionde Bouguer, on ne voit, a dégrands
éloignemens,que d'une /MaRM~ négative, parce qu'elles interceptent la
lumière qui nous est transmisedes limites extrêmesde l'atmosphère,et que
nous nous apercevonsde leur existenceseulementà cause de la dif~rencc
dintensitéqui subsiteentrela lumièreaériennequi lesentoureet cellequ&ren-
voient les moléculesd'air placéesentre la montagne et l'cellde l'observateur
En s'éloignantde l'tle de Ténérine, le Piton ou Pain de Sucre se voit assez

D'apresHaeMet.~tMn,~efOM~<o/'<AeempM-eo~Kbn)eeo,p.43.
Tra~ ~qp~ue,p. 365. Il suit des expériencesdu même auteur que,
pour qoe cette dISerencedéjeune
sensible pour nos organes et que la montagne puisse se détMher distinctement Mr
te Ctet, Utte des
lumières doit être au moins d'un soixantième pins forte que l'autre.
CBAPÏTRE t. 9~
d'une MM/M<~
Mï<~ po~fe. narce <fï'Hré&éc!tit
~o~fe~ parce qu'il ré&éc~it une
âne lumière Haa-
blan
long-temps
chAtreet qu~lse d~tSghedu;cid en cône ~'ay~nt que 80 toises
d'élévation,surX~otoisés de largeur à son sommet, on a agité récemmentla
question de savoirsi par !a petitessedé sa masseil peut être visible à des
distancesqui excèdent ~olienefr, et s'il .n'est pas plutôt probable que les
navigateurs ne distinguent le Pic, comme un petit nuage au-dessus de
l'horizon, que lorsque la. base du Piton commenceà s'y montrer. Si l'on
admet que la largeur moyenne du Pain' de 'Sucre est de io0 toises, on
trouve que le petit cône, à ~o lieuesde distance,soutend encore, dans le sens
horizontal,un anglede plus de trois minutes.Cet angle estassezconsidérable
pour rendre unobjet visible; et si la hauteur du Piton excédoitde beaucoup
la largeur de sa base, l'angle, dans le sens horizontal, pourroit être plus petit
encore; sans que l'objet cessât de faire une impression sur nos organes
car desobservationsmicrométriquesont prouvéque la limite de la visionn'est
d'une minute que lorsqueles dimensionsdes objets sont les mêmesdans tous
les sens.Oa distinguede loin, à la simple vue, destroncs d'arbresisolésdans
unevasteplaine, quoiquel'anglesoutendusoitau-dessousde a5 secondes.
Commela visibiuté d'un objet qui se détache en brnn .dépend des
quantitésde lumière que t'oeitrencontresur deux lignes dont l'une aboutit
à la montagne,et4ont l'autrese prolongejusqu'àla surfacede l'Océan aérien,
il en résutte que plus on s'éloignede l'objet, et ptns aussi devient petite la
différenceentre la lumière de 1 atmosphère circonvoisineet celle des couches
d'air placéesdevant la montagne.C'est pourcela que descimesmoins élevées,
lorsqu'ellescommencentà parohre au -dessus de l'horizon, se présentent
d'abord sons une ceinte plus obscureque les cimesque l'on découvreà de
très-grandsétoignemens.Demêmela visibilitédes montagnes quine s'aperçoivent
que d'une manièrenégative, ne dépend pas uniquementde l'état des basses
de
régions l'air, auxquelles sebornent nos observationsmétéorologiques,mais
aussi de sa transparenceet de sa constitution physique dans les parties les
plus élevées car l'image se détache d'autant mieux que la lumière aérienne
qui vient des limitesde l'atmosphèrea été originairementplus intense,ou bien
qu'ellea éprouvé moins de perte dans son trajet. Cette considérationexplique
jusqu'à un certain point pourquoi, par un ciel égalementserein, l'état du
thermomètreet de l'hygromètre étant exactementle même dans l'air qui
avoisine!a terre, le Picesttantôt visible,tantôt invisibleaux navigateursqui en
T.IT,p. to..
~tyo~e~ejtfttn'&an~
9~ MVREt.
snt)t
sont <!oa!~fnfnt<!)f))<m~6.
ï! ~st m~mf
égalementéloignés.Il'est mêmenfnhahtf
probablefn<t.ta
que la ~an~n
chance
d'apercevoirce volcm
ne seroitpas plus grande, si le cône de cendre au sommetduquel se trouve
l'ouverturedu cratère éga!oit, commean Vésuve, le quart de !a hauteurtotale~
Ces cendres,qui sont delà pierreponce réduite en poussière)ne réûéchMsent
pas autant de lumière que la neigedesAndes.Elles font que la montagne,vue
de très-loin, sans se détacher en clair, se détache beaucoupplus fbiblement
en brun. Elles contribuent,pour ainsi dire, à égaliserles portions de lumière
aériennedont la différencev,ariable rendl'objet plus ou moins distinctement v
visible. Des montagnescalcaires,dénuées de terre végétale, des sommets
couvertsde sable granitique, les hautes savanes des Cordillères', qui sont
d'un jaune doré, se distinguent mieux sans doute à de petites distances
que les objets qui se voient d'une manièrenégative, mais là théorie indique
une certainelimite au delà de laquelleces derniersse détachent plus distincy
tementsur la voûte azurée du ciel.
Les cimes colossalesde Quito et du Pérou, élevées au-dessus de la
limite des neigesperpétuelles, réunissenttous les~ avantagesqui peuvent les
faire apercevoirsous des angles très-petits. Nous avons vu
plus haut que le
sommet~rrondi du Pic de Ténéri~en'a que près de cent toises de, diamètre.
D'après les mesures que j'ai faites à Riobamba, en t8o3, le dôme du
Chimborazo t53 toisesau-dessousde sa cime, par conséquentdans un point
qui est de i3oo toises plus élevéque le Pic, a encore6~3 toises( i3ta°*-) de
largeur.De plus, la zone des neigesperpétuellesforme le quart de la hauteur
dela montagne;et la basedoucettezone, vue du côtéde la'merdu Sud,
occupe
une étendue de 3~3~ toises ( 6700°*). Mais, quoique le Chimborazo soit
de plus élevé que le Pic, on ne le voit cependant, à cause de la courbure
de la terre, que de 38 milleset un tiers plus loin L'édat
duquel brillent
ses neiges, lorsqu'au port de Guayaquil, à la 'fin de la saison des pluies,
il se montre à l'horizon, peut faire supposerqu'ondoit l'apercevoirde très-
loin dansla mer du Sud. Des pilotes très~ dignesde foi m'ont assuré l'avoir
vu près du rocher du Muerto, au sud-ouestde l'île de la Punà~ à une distance

Z~otPajonales, C'estle nomde la n~<cn


depaja,paHle. <&-< quiemtwela zonedes
gr<MMo~es
neiges
perpétuelles.
Géogr. p.70.
Sans avoir égard àla réfraction, le Pic de Ténériae ( <9o4
toises) est visible à t* N7'aa'- le
Mont-Blanc (i. Motoises)à 2" 13' o', et le
Cbimborazo~o toiser a' 3t,t~ refraction moyenne
supposéede n'augmente cette distance, pour le Chimborazo, que de t4miUes.
CBAPÏTTtEï. &'7
de 4? Mères Chaqne~is qu'il a été vu de p!us loin, les oÏMefvateÛM,
incertains de leur longitude, dont pas été en état de Garnir <me donnée
exacte. :y.
La lumière aérienne projetée sM les montagnes,augmentera visibilité de
cellesqui se voient positivement;son énergte diminueau contrairelà viSiMit~
des objetsqui, comme le~Pic~e TénériSeet ce~; j~aAcores,se détachenteh
brun. Bougner,en se fondantsur des considérationsthéoriques, a trouvé que,
d'aprèsla constitutionde notre atmosphère,tes montagnes,vuesnégativement;
ne peuvents'apercevoirà desdistancesqui excèdent35lieues I! est important
de faire observerici que ~expérienceest, contraire à ces calculs.Le Pic de
Ténériffea étésouventvu de 36, de 38, et mêmede ~o lieues.De plus, dansles
attéragesdesMesSandwich,la cimede Mowna-Roa à uneépoqueOuelleétôit
dépourvuede neiges, a été aperçuerasant l'horizon, dans un éloignementde
53 lieues.C'est l'exemplele plus frappant que l'on connoissejusqu'ici de la
visibUItéd'une montagne;et ce qui est d'autant plus remarquable, c'est un
objet vu négativementqui offrecet exemple.
J'ai cru devoir réunir ces considérations à la fin de ce chapitre, parce qu'en
touchant de près un des problèmes de l'optique les plus importans, celui de

D'après les cartes du .Cepo~o ~H&og~co de Madrid. En admettant i3' 3a* pour la dIHerence
desméridieMde&oaytquitetdeQuito, teUe que je l'ai trouvée (0~. <M< T. U,p.298, 357 et 433),
le Muerto est un peu moins étoigmedmChunhorMO.
Si, d'aprex la théone de Bongtter ( K-<!t<~ <.<*t~<tp<e~p. 36b), t'intensité de la couleur aérienne, que
réfléchit la totalité de l'atmosphèrevers l'horizon, dans une direction déterminée, est égale a~ q.,
l'intensité, après ni trajet de 3o lieues marines, seroit n~ q. Cette quantité diBere de l'autre d'un
peu plus de tandis qu'après un trajet de45 lieues, t'intensité dBla couleur aérienne est déjà de q.
ce qui dIBeretrop peu de q. pour que la dMereneepuisse être semsiHepour nos organes. D'après ces
données, on trouve, par interpolation, que la visibilité devroit déjà cesser à 35 lieuesde distance.
3 La hauteur dé Mowna'&oa
est, d'après Marchand, de plus de a5g8 toises; d'après King, elle est de
3677 toises; mais ces mesures, malgré leur accord accidentel, ne se fondent pas sur des moyens très-
précis. C'est un phénomène assez extraordinaire que de voir se dépouiUer entièrement de ses neige*
une cime placée par tes 19°de latitude, et dont t'étévatiomexcède probablement aSootoises.La forme tres~
aplatie de Mowua-Roa, la Mesa des anciennescartes espagnoles son isolement au milieu de l'Océan, et la
fréquence de certains'vents qui, modinés par le courant ascendant, soument obliquement, peuvent en être
les causes principales. Il est difficile de croire que le capitaine Marchand se soit trompé de
beaucoup dans
t'évatuationde la distanceataqnettcitvit,te to octobre 179',te sommet de Mowna.Roa. ttn'avoit quitté
Hte d'O-Wbyheeque le 7 au soir; et, d'après le mouvement des eaux et tes observationslunaires du ) 9,
ilest probable que la distance excédoitmême 53 tieues.D'aitteurs un navigateurexpérimenté,M.de Fteurieu,
rapporteque, dans nn éMgnement de 35 ou 36 lieues, le Pic de Ténérine est visible, même par un temps
qui n'est pas parlement e!air.(~<t~t<<JM~~m~ T.I, p. 408 et 437, T. M, p. to et 78).).
10
~8 HVRE ï. 1~
l'anblbussementde!a lumièrepar son.passagetravers les couchesde l'atmos-
pnère, eHesCurent en même temps quetque~utiutëpratique. Les volcansde
TënériHeet des Açores, la Sierra Nevadade Sainte-Marthe,te Pic d'Orizaba,
la SI!]ade Caracas,Mowna-Roaet le Mont-<Saint-~ie~is~és dans la vaste
étenduedesmers, ou placéssur lescotesdes continens,serventdejba!iaespour
diriger le pilote qui est dépourvude moyenspropresà déterminer la position
du vaisseaupar l'observationdes astres; tout ce qui a rapport la ~isibHite
de cesba!isesnaturellesIntéresseïa sûreté de la navigation.
CHAPITRE II. 99

CHAPITRE IL

SÉJOUR A TÉNÉRIFFE.-VOYAGE DE SAtNTE-CROïX A I/OROTAVA.–


EXCURSION A LA CIME DU PIC DE TEYDE.

DEPUIS notre départ de la Graciosa, l'horizonresta si embruméque, malgré


la hauteurconsidérabledes montagnesde Canarie nous n'eûmesconnoissance
de cette île que le f8 juin au soir. C'est le grenier de l'archipel des fies
Fortunées; et ce qui est un phénomènebien remarquable pour une région
située au delà des limites des Tropiques on assure que, dans quelques
cantons, on y obtient deux récoltes de' fromentpar an, l'une en février et
l'autre en juin Canarien'a jamaisété visitéepar un minéralogisteinstruit;
cette île en seroit cependantd'autant plus digne, que la physionomiede ses
montagnes,disposéespar chafnesparallèles, m'a paru différerentièrementde
celle que présentent les cimes de Lanceroteet de TénériBe.Rien de plus
intéressant pour le géologue,que d'observer les rapports dans lesquelsse
trouvent, sur un méme point du globe,les terrainsvoicanisésaveclesterrains
primitifset secondaires.Lorsquelesîles Canariesauront été un jour examinées
dans toutes les parties qui composent le système de ces montagnes, on
reconno~raqu'ou s'est trop hâté en regardantle groupe entier commesoulevé
par l'action des feux sous-marins.
Le t<) au matin, nous découvrnnesla pointe de Naga 3; mais le Pic
de TénérifTeresta encore invisible. La terre se dessinentmal une brume
épaisse en enveloppoittoutes les formes.A mesure que nous approchâmes
de la rade de Sainte-Croix, nous remarquâmesque cette brume, poussée
par le vent, s'approcholt de nous. La mer étoit fortementagitée, comme
elle l'est presque toujours dans ces parages. Nous mouillâmesaprès avoir
sondé plusieursfois; car le brouillard étoit si épais qu'on distinguoit avec

Ts&t
dela CranCanaria.
Ledru, Yoyage T~n<M~ T. I, p. 3y.
~'Hn~ftde A<~<t~~noga oa ~Vft~o.
!0)0 MVRE t.
peine les à
objets, quelques câbles de distance; mais au moment ou l'on
commença à saluer la place, la brume se dissipa totalement. Le Pic de
Teyde se montraalors dan~ une éclaircieau ~dessusdes nuages; les premiers
rayons dusoleil qui n'étoit point encorelevé pour nous, éelaîfoientle sommet
du volcan. Nous nous portâmes vers la proue de ta corvette poar jouir de ce
spectaclemajestueux,lorsqu'au mêmeinstant on signalaquatre vaisseauxanglois
qui se tendent en panne tout près la poupe. Nousles avionsrangessans en
de
être aperçus; et la même brume qui nous àvbit dérobé la vue du Pic,
nous avoit soustraitsau dangerd'être ramènesen Europe. Il aùroit été bien
pénible pour des naturalistes d'ayoir vu de loin les côtes de TénériNesans
pouvoirtoucher un sol bouleversépar des volcans.
Nousrelevâmesaussitôtl'ancré, et le Pizarroapprochaautantqu'il étoijtpossible
du fort pour être sous sa dépense.C'est sur cette plage que, dans le débar-
quementtenté par les Anglois, deuxans avant notre arrivée l'amicalNelson
eut lebras emportépar un boulet.Le gouverneur-général des Canarien envoya
l'ordre au capitainede la corvettede faire.déposerde suitea terreles dépêches s
de la cour pour les gouverneursdes colonies, l'argentembarqué et la corres-
pondancedu public. Les vaisseauxangloiss'éloignèrentde la rade, ils avoient
donné chassela veilleau paquet-botl'CM~M~ qui étoit parti peu de jours
avant nous de la Corogne.Il s'étoit vu obligéde relâcherau port de Paltnas,
dans l'île de Canarie; et plusieurs,°passagers, qui alloient, dans une chaloupe
à Sainte-Croixde TénériSe, avoientété faitsprisonniers.
La position de cette ville ressemblebeaucoup à celle de la Guayra, le
port le plus fréquentéde la province de Caracas. La chaleur est excessive
dans les deux endroits, et par les mêmescauses;mais l'aspect de Sainte-Croix
est plus triste. Sur une plage étroiteset sablonneuse, des maisons d'une
blancheur éclatante, à toits plats, et a fenêtres sans vitrage, se trouvent
adosséesà~jm mur de rochersnoirs taiMésa picet dénués de végétation.Un
beau môle, construiten pierre de taille, et la promenadepublique, plantée
en peupliers, sont les seulsobjets qui interrompentla monotonie'du paysage.
La vue du Pic, tel qu'il se présente au-dessusde Sainte-Croix, est beaucoup
moins pittoresque que celledont on jouit au ,port de l'OrOtava.Là, une
plaine riante et richementcultivée contrasteavec l'aspectsauvage da volcan.

Aumoisdejuillet1797;
Don Andrès de Perlasca.
CHAPÏTREÏÏ. tût
Depuisles groupes de palmierset de bananiersqni bordent la côte, jusqu'à
larégion des Arbutus des lauriers et des pins, la roche volcanique y
est couverted'une végëtationvigoureuset Onconçoit comment même des
peuples qui habitoient sous le beau climat de la Grèce et de ntalie~y
ont cru reconnottre~une des Nés Fortunées dans la partie occidentalede
Ténérioe.La côte orientàle,ceH€de Sainte~Groix,au contraire, porte partout
le caractèrede la stérilité. Le sommetdu Pic n'est pas plus aride que le
promontoirede lavesbasaltiquesqui se prolonge vers la pointe de Naga, et
sur lequel des plantes grasses,fixées dans les- fentesdu rocher, commencent
à peine à préparer du terreau.Au port de l'OrOtava,la cime du Piton soutend
un angle de hauteur de plus de seizedegrés et demi; tandis qu'au môle de
Sainte-Croix cet angle excède à peine 36~.
rMalgrécette différence, et quoique, dans le dernier endroit, le volcan
à autant que le Vésuvevu du môle de
s'élèveau-dessusde l'horizon, peine
Naples, l'aspect du Pic est encore très-majestueux lorsque, mouillé dans la
rade, on le découvrepour la premièrefois.Le pitQtLseul étoit visible pour
nous; son cônese projetoit sur un fond du bleu le plus pur, tandis que des
nuagesnoirs et épaisenveloppoientle reste de la montagnejusqu'à800 toises
d'élévation.La pierreponce, éclairéepar lespremiersrayons du soleil, reRétoit
une lumièrerougeâtre,semblableà cellequi teint souventlessommetsdeshautes
Alpes.Peu à peu cette lumièredevint du blanc le plus éclatant; et, trompés,
commela plupart desvoyageurs,nous crûmesque lePic étoit encorecouvertde
neiges,et que nousaurionsbiendeladURcultéà parvenirau bordde soncratère.
Nousavonsobservé,dansla Cordillèredes Andes,que lesmontagnesconiques,
commele Cotopaxi et le Tungurahua, se présententplus souventdégagésde
nuagesque les montagnesdont la crète est hérisséede beaucoupde petites
inégalités,commel'Antisanaetle PIchincha mais le Pic de TénériSe,malgrésa
formepyramidale,est, unegrandepartiede l'année, enveloppédanslesvapeurs,
et l'on reste quelquefoispendantplusieurssemainesdansla radede Sainte-Croix
sans l'apercevoiruneseulefois.,Sapositionàl'ouestd'un grandcontinent, et son
isolementau milieudes mers, sont sansdoute lescausesde ce phénomène.Les
navigateurssavent très-bien que mêmeles îlots les plus petits et les plus
dépourvusde montagnesrassemblentau-dessusd'eux et retiennent les nuages.

Lesdistances
obliquesdelacimeduvolcan
à FOrotava
et à Sainte-Croix,
tontà peuprèsde
8600toisesetde aaSootoises.
103 HVREÏ.

En outre, le décroissement du ca!oriqneest différentau-dessus des plaines de


la
l'Afriqueet au-dessusde surface de t'Oc&tn et tes couchesd'air, amenée~
par lesvents alises,se refroidissentà mesuresqu'etles avancentvers t'ouest.Si tau*
a été d'unesécheresseextrêmeau-dessus des sables brulans du désert, il s'est
saturé rapidementdes qu'il est entré en contactavec ta surface de la mer ou
avecl'air qui reposesur cette surface.Il estdonc aisé de concevoirpourquoiles
vapeursdeviennentvisiblesdansdes couchesatmosphériquesqui, éloignéesdu
continent, n'ont plus la mêmetempératureà laquelleellessesont saturéesd'eau.
De plus, la masseconsidérabled'une montagnequi s'élève au milieu delAt-
lantique, oppose un obstacleaux nuages que lesvents poussentau large.
Nous attendîmeslong-temps,et avec impatience,que le gouverneurde la
placenous donnâtla permissionde descendreà terre. J'employaice loisirà faire
les observationsnécessairespour déterminerla longitude du môle de Sainte-
Croix, et l'inclinaisonde l'aiguilleaimantée.Le chronomètrede Louis Berthoud
donna, pour la première, t8°33~10~. Cette position diSerede 3 à 4 minutes
en arc de celle qui résulte des anciennes de
observations Flenrieu, 'Pingre,
Borda~ Vancouveret La Peyrouse.M. Quenot~avoit cependant aussi obtenu
j8° 33~ 36~, et l'infortunécapitaineBligh,t8°3~/ 20". La précisionde mon
résultata été confirmée,trois ans plus tard, par l'expédition du chevalier
Krusenstern, dans laquelleon a trouvé Sainte-Croixde 16° t2~ ~5~ à l'ouest
de Green\vich,et par conséquentde 18° 33' o" à l'ouestde Paris.Cesdonnées
prouvent que les longitudesque le capitaine Cook attribuoit à Ténérifle et
au cap de Bonne-Espérancesont de beaucouptrop occidentales Le même
navigateuravoit trouvé l'inclinaison magnétique, en !799, de 61° Sa~.
Nous 1 observâmes,M. Bonpiand et moi, de 62° a~, résultat conforme
à celui qui a été obtenu, en t-~t~ par M.de Rossel, dans l'expéditionde
d'Entrecasteaux~.Ladéclinaisonde l'aiguillevarie de plusieursdegrés, selon
qu'on l'observeau môle ou sur plusieurspoints au nord, le long du rivage.
On ne sauroit être surpris de ces changemensdans un lieu entouréde roches
volcaniques.J'ai observé, avec M. Gay-Lussac,que, sur la pente du Vésuve
et dans l'Intérieurde son cratère, l'Intensitédes forcesmagnétiquesestmodifiée
par la proximitédes laves4.
Obs. fM<r..T. ï, p. 126.
Ga/e<tno~~M~e a/ .M/tgo~Htex,p. 8, JEr«MM<ent, ReMe um die ~e&. Th. 1, S. 78, et met
0~. astr., T. 1, p. xxxvn, et p. 27 et 33.
~tyc~ à la re<7;prf/;B~La Peyrouse, T. H, p. aot..
~~m. de la Société ~re<M~, T. 1,
p. 9.
CHAPITRE tl. t~3

Apres avoir été fatigués, par les questionsmnItiplïéësdeÈjpersonnesqui


visitoientnotre bord pour recueillirdes nouvellespolitiques~n<~s descendîmes
enfin à terre. Le canot fut aussitôt Festoyé vers là corvette, peur que ïè
ressac, qui est très-dangereux dahs cette rade, ne le brisât contre le mo!e.
Le premier objet qui frappa nos regards, ëtoit une femme d'une taille
élancée,extrêmementbasanéeet mat Vêtue, qu'on appeloit !a Capitana. Elle
étoit suivie de plusieurs autres, dont le costume n'étoit pas plus décent
toutes demandoientavec instance de pouvoiraller à bord du Pizarro, per-
missionqui naturellementne leur fut pas accordée.Dans ce port, si fréquente
par les Européens, le dérèglementdes mœur~prend les formes de l'o~'drc~
La Capitana est un chefchoisi par ses compagnes,sur lesquelleselle exerce
une grande autorité.Elle empéche ce qui poutroit nuire au servicedes vais-
seaux elle engageles matelotsà retourner à leur bord aux heures qui leur
sont prescrites.Les ofBcierss'adressent elle lorsqu'on craint que quelque
personne de l'équipagene se cache pour déserter.
En entrant dans les rues de Sainte-Croix, nous sentimes une chaleur
suffocante,quoique le thermomètrene s'élevât pas au-dessusde 25 degrés.
Quand on a long-tempsrespiré l'air de la mer, on souffrechaque fois qu'on
débarque, non parceque cet air contient plus d'oxygèneque l'air de terre,
commeon i'a faussementavancé, mais parce qu'il est moins chargé de ces
combinaisonsgazeusesque les substancesanimaleset végétales, et le terreau
qui est le résultat de leur décomposition, versent continuellementdans
l'atmosphère. Des miasmes, qui échappent à l'analyse chimique, agissent
puissammentsur nos organes, surtout lorsque ces derniers n'ont'pas éprouvé
depuislong- tempsle méme genre d'irritation. i
Sainte-Croixde Ténériue, l'~fHO~ades Guanches,est une ville assezjolie,
et dont la population s'élèveà huit mille âmes.Je n'y ai pas été frappé de
ce grand nombre de moines et d'ecdésiastiquesséculiersque les voyageurs
s<*croient obligés de voir dans tous les pays soumis à l'Espagne.Je ne
m'arrêteraipas non plus à décrireles églises la bibliothèquedes Dominicains,
qui s'élèveà peine à quelquescentainesde volumes, le môle où les habitans
s'assemblentle soir pour chercher la fraîcheur, et ce fameuxmonument de
marbre de Carare, de trente pieds de haut, dédié à 2Vbtrc-D<ïyHe de la

'JVMff.-&'p.,T.n,p.78y.
]~4 MVNE ï.
Can<M~'M~en mémoirede l'apparition miraculeusequ'elle nt, en ïSga, à °
Chimisay, près de Guimar. Le port de Sainte-Croix peut être considère
commeun grand caravanserai,situé sur la foute de l'Amériqueet de l'Inde.
Presque toutes les relations de voyagescommencentpar nne description de
Madèreet de TénériCe; et si- l'histoire physique de ces Mesonrë encore un
champ immenseà exploiter, il faut convenirque la topographie des petites
villes de Funchal, de Sainte-Croix, de la Lagunaet de l'Orotava, ne laisse
presquerien à désirer*.
Les recommandations de la cour de Madridnous procurèrentaux Canaries,
comme dans toutes les autres possessionsespagnoles, la réception la plus
satisfaisante.Le capitaine général nous nt délivrer dabord la permission
de parcourirTt'Me. Le colonelArmiaga, chef d'un régiment d'infanterie, nous
logea chez lui et nous comblade politesses.Nousne pûmesnouslasserd'admirer,
dans son jardin, cultivésen plein air, le Bananier, le Papayer, le Poinciana
pnlcherrima et d'autresvégétauxque jusqu'alorsnousn'avionsvus que dans les
serres.Le climat desCanariesn'est cependant ~as~asse~~haudpour mûrir le
véritablePlatano arfon~ à fruit triangulaire, de à 8 poucesde longueur,
et qui, demandantune températuremoyenne de près de 3~.degréscentésimaux,
ne vient pas mêmedans de Les Bananesde Ténériuesont
la/vallée Caracas.
cellesque les Colonsespagnolsdésignentpar lesnoms de Camburis ou GMMCO~
et d&D<MH!/Mc<M. Le,Camhuri, qui sounrele moinsdu froid, estmêmecultivé
avecsuccèsà Malaga~; mais les fruits que l'on voit de tempsen temps-à Cadix
viennent des des Canaries par des vaisseauxqui font le trajet en trois ou
quatre jours. En général, le Musa, connu de tous les peuples de la zone
torride, et que jusqu'ici on n'a trouvé nulle part à l'état sauvage, varie dans
ses fruits, commenos pommierset nospoiriers.Ces variétés~,que la plupart
des naturalistesconfondent, quoiqu'ellesexigentun climat très-diSerent, sont
devenuesconstantes par une longue culture.
Nous fîmes le soir une herborisation vers le fort de PasSo -Alto, le long des
rochers basaltiques qui ferment le promontoire de Naga. Nous fumes très-peu
contens de notre récolte; car la sécheresse et la poussière
avoient pour ainsi

Borda, Yoyage de &t jHb~ T. p. 86. Fiera, .KMcMt AH<MttfM~T. 0, p. '34; B<Myde
&Kn<Mcen~ Essai sur <MMM~br<tt)t~M,p. 23o; ~.e~nf, ~'o~!ge mM «« de KMn~ e< t deJ"<
torico, T. t, p. 3~ Milbert, ~<yage ~«to~jjfHe d M!e-<&Wmce., T. t, p. 9. ~o~e <b~M<t~<n<y,
T.ï,p.7~.
Latempérature
moyenne decettevillen'estquedet8°.
T. n, p. 36a.
~VccK.<p.,
CBAptTRE tï. %p5
dire détruit la végëtatien. Le CacaHa K~e'nia.,!'J~p]h<H~!& canartensis}et
plusieursautres ptantesgrasses ~ui tirent leur npurri~r~ ptot~t de t'air que
du sol sur taquet eMesAOntAxées, nous jKtppettMent par Heurport que ce
groupe d'nes appartient à t'ique, et même à !a partie la plus aride
dececontinent. ~?'~
Quoique le: capitaine de la Corvetteeût ordre de s'arrêter assez long-
temps à TénériBe, pour que nous pussions monter a la cime du Pic, si
toutefois les neiges !e permettoient, on nous avertit, à cause du btocus
des vaisseauxanglois de ne pas compter sur un délai de plus de quatre à
cinq jours. Nous nous hâtâmes par conséquent de partir pour Je port de
rOrotava, qui est situé sur la pente occidentaledu Voican, et dans,lequel
nous devionstrouverdes guides.Je ne pus découvrirpersonne,à Sainte-Croix,
qui eût gravi le Pic: je n'en fus pas surpris. Les objets les plus curieux nous
intéressentd'autant moins qu'ils sont ptus rapproches de nous, et j'ai connu
des habitans de !a ville de Schafbouse, en Suissëy ~ui~n'avoient jamais vu
de près lachute du Rhin.
Le 20 juin, avant le lever dm sote!~ nous nous numes en route pour
monter à ta ViMade la Laguna, élevéede 35o toisesau-dessus du port de
Sainte-Croix.~ous ne pûmes vérifiercette détermination de hauteur; car le
ressacde la mer ne nousavoitpas permisde retourner, pendantla nuit, à notre
bord, pour chercherles baromètreset la boussoled'inclinaison.Comme nous
prévoyionsque notre voyageau Pic seroit très-précipité, nous nous consolâmes
facilementde ne pas exposerdes instrumensqui dévoientnous servir dansdes
contréesmoinsconnuesdesEuropéens.Lecheminpar tequet on monteàla Laguna
est sur la droited'un torrent ou &o~W!co qui, dans ta saison des pluies
forme de belles cascades: il est étroit et tortueux. On m'a.assuré, depuis
mon retour, que M. de Pertasca est parvenu à faire tracer une nouvelle
route sur laquelle peuvent rouler des voitures.Près de la ville nous rencon-
tràmes des chameaux blancs qui paroissoienttrès-peu chargés. L'emploi
principal de ces animaux est de porter des marchandisesde la douane
aux magasinsdes négocians.On les charge,ordinairement de deux caisses
de sucre de la, Havane, qui pèsent ensemble goo livres mais on peut
augmentercette chargejusqu'à t3 quintaux où 5s arrobes de Castille.. Les
chameauxne sont guère communs à Ténériffe; tandis qu'ils existent par

Cette~Tatuation
n'estqa'approximaUve.
Voyezlanotea ta Cm
<httroisième
chap:tre.
7!e&t<M~
~M<o~Me~Zbw. 7. j~
!(? HVRE Ï.
mHtiërsdans les deux nés de Lancerote~etde Fortaventure. Ces denueres;
plus rapprochées de rAtrique, ont aussi un climat et une végétation plus
analogue celledeee continent. !1 est bientextraordinaiMqNe cet animal
utile, qui se propagedansl'Aïaériquemétidionale, ne le fassepresqaejamais
à TénériSe.Seulementdans le district fertile d'Adexe,ou[Ies plantations de
la canne à sucre sont les plus considérables', on a vu les chameaux se
multiplierquelquefois.Ces bêtes de somme, de mente que les chevaux, ont
été Introduitesaux i!es Canaries, au quinzième siècle, par les conquérans
normands.Les Guanchesnelesconnoissolentpas, et ce'fait paroît s'expliquer
très-bienpar la dHncaltéqu'oûre le transport d'un animal de si forte taille
dans de frêles'canots~sans qu'on ait besoin de regarderles Guanches comme
un reste des peuples de l'Atlantide, et commede race différente de celle
des Africainsoccidentaux;
La collinesur laquelle est placée la ville de San Christobalde la, Laguna
appartient à ce système de montagnes de basalte qui, indépendantesdu
systèmede roches volcaniquesmoins anciennes,forment une large ceinture
autour du Pic de Ténériffe.Le basalte sur lequel nous marchionsétoit d'un
brun noirâtre, compacte, à demi-dëcomposë,et exhalantausoufneune odeur
argileuse.Nous y reconnûmesde l'amphibole, de l'olivine' et desnyroxènes~ 3
à
translucides, cassure parfaitementlamelleuse, d'un vert olive peu ~oncé
et souventcristalliséen prismes à six faces. La première de ces substances
est extrêmementrare à Ténériffe;je ne l'ai jamais trouvée dans les !avesdu
Vésuve: ceHesdel'Etna seul~slafcontiennentabondamment.Malgréle grand
nombre de blocs que nous nous arrêtâmes à casser, au grand ennui de
nos guides, nous ne pûmes découvrirni népheline, ni leucite*, ni feldspath.
Celui-ci, qui est si commundans les laves basaltiquesde Me d'tschia, ne
commenceà paroître à TénériSe que lorsqu'on s'approchedu volcan même.
La roche de la Laguaa n'est pas colonnaire, mais diviséeen bancs de peu
d'épaisseur,et inclinésà l'est sousun angle de 3o à ~o degrés. NuHepart
ellen'offre l'aspectd'un courant de laves sorti des flancsdu Pic. Si le volcan
actuel a donné naissanceà ces basaltes, il faut supposerque, semblablesaux

Ellesneproduisent
cependant pasaadelàde 3ooqnintaM
aujourd'hui desacretert<paran.
FendotgrannKfornte,
Haoy.
Augit, Werner.
Amph'g~ne,
Haay.
CHAPITREU. ï07
<1Il t ~T~ *t- ~CLtJt'–
substancesqui composentla Soinma,adosse au Vésnve, ~s sont l'eCet d'un
épaBehemmtsous-marindans lequel la masse liquide a iormé de yéritable&
couches.QuelquesEuphorbesarborescentes,le CacaliaIHeiaïa et des raquettes
( Cactus), qui sont devenuessauvagesaux Ses Canaries, commedans t'Enrope
australeet dans tout le continent de l'An'ique,sont les seuls végétauxque
l'on observesur ces rochers arides.Nos mulets glissoient à chaqueinstant sur
des lits de pierre fortement inclinés.Nous reconnûmescependant les restes
d'un ancienpavé. Dans ces colonieson découvreà chaquepas quelques traces
de l'activité que la nation espagnolea déployéeau seizièmesiècle.
A mesureque nous approchâmesde la Laguna nous sentîmesla température
de l'atmosphère s'abaisser graduellement.Cette sensation est d'autant plus
douce que rair de Sainte Croixest très-suSbcant. Commenos organessont
plus affectéspar les impressionsdésagréables,le changement de température
devient encoreplus sensiblequand on retourne de la Laguna au port on
croit alors approcher de l'ouverture d'une fournaise.On éprouve la même
choselorsque, sur les côtes de:Caracas, on descend de la montagned'Avila
au port de la Guayra. Selon la loi du décroissemcntdu calorique, trois cent
cinquante toises de hauteur ne produisent, sous cette latitude, que trois à
quatre degrésde différencede température.La chaleur, qui accablele voyageur
en entrant à Sainte Croixde Ténériffeoù à la Guayra, doit par consé-
quent être attribuée à la réverbérationdes rochers auxquels ces villes sont
adossées.
C'est la fraMtCurperpétuelle que l'on trouve à la Laguna qui la fait
regarder, aux Canaries, commeun séjour délicieux.Située dans une petite
plaine, environnéede jardins, dominée par une colline qui est couronnée
d'un bois de lauriers, de myrthes et d'arbousiers, la capitale de Ténériffea
en effet une expositiondes plus riantes. On se tromperoitsi, d'aprèsle récit
de quelquesvoyageurs,on la croyoit placée au bord d'un lac. Les eaux de
pluie y forment de temps en temps un marais étendu; et le géologuequi
voit partout plutôt l'état passé que l'état présent de la nature, ne peut
douter que toute la plaine ne soit un grand bassin desséché.La Laguna,
déchue de son opulence, depuis que les éruptions latérales du volcan ont
détruit le port de Garachico, et que Sainte-Croixest devenuele centre du
commercede cesîles, ne compte plus que gooohabitans, parmi lesquelsil y a
près de 4~0 moinesrépartisen six couvens.Quelquesvoyageursont assuréque
la moitiéde la population portoit le froc. La ville est entourée d'un grand
!08 LïVBE t.

nombre de moulins à vent, qui annoncent la culture<!u Jfromentdans ce~


contréesélevées.J'observeraià cette occasionquelestgramiaéescéréales étoient
connuesdes Guanches.Ils appeloïentle blé, à Ténénfïe, t~o~ à Lancerote,
tr~j~ l'orge, à l'MeCanane, portoit le nom d'~MtMo~noyMcet a Lanccrote
celui de ~~o~n. La farine d'orge torré6é(g~o) et le lait de chèvre
étoient la nourriture.principalede ce peuple, sur l'origine duquel, on a fait
tant de rêves systématiques.Ces alimens indiquent assez que les Guanches,
~tenoient aux peuples de l'ancien continent, peut-être mêmeà ceux de la
race du Caucase,et non, commele reste des Atlantes aux habitans du.
nouveaumonde; ces derniers, avant l'arrivée desEuropéens, ne connoissoient
ni céréales,ni lait, ni fromage,
Un grand nombre de chapelles, que les Espagnols nomment ennitas,
entourent la ville de la Laguna. Ombragéespar des arbres toujoursverts,et
placéessur de petites eminenees, ces chapellesajoutent ici, commepartout,
à l'effetpittoresquedu paysage. L'intérieur de la ville ne répond pas à son
extérieur. Les maisonssont d'une con'.trn''t!nn soHde,ma!&très-antique, et
les rues paroissentdésortes.Un botaniste ne doit pas se plaindre de cette.
vétusté des édinces. Les toits et les murs sont couverts du Sempervivum
canarienseet de cet élégantTrichomanesdont tous les voyageursont parlé
des brouillardsfréquens alimententces végétaux.
M. Anderson, le naturaliste de la troisièmeexpéditiondu capitaineCook,
conseilleaux médecinsde l'Europed'envoyerleursmaladesà Hie de TénérICe,
non sans doute par les motifs qui'font préférer à quelquesgens de l'art les
eaux thermalesles plus éloignées,mais à cause de, l'extrême douceur et de
l'égalité du climat des Canaries.Le sol del ces Mess'élèveen amphithéâtre, et
présente à la fois, commele Pérou et le. Mexique,quoique sur une petite
échelle, tous les climats,depuis les chaleursde l'Afrique jusqu'aufroid des
hautes Alpes. Sainte-Croix, le port de l'Orotava, la ville du. même nom et
celle de la 'Laguna, offrent.quatre endroitsdont les températures moyennes
forment une série décroissante.Dans l'Europe australe, le, changementdes~
saisonsestencoretrop sensiblepour qu'ellepuisseprésenterlesmêmesavantages.,
Ténériffe,au contraire, située pourainsi dire à l'entrée des Tropiques,quoiqu à

Sansentrerici dansaucunediscussion
surl'existence
det'AtIamtide,
jerappellerai de
t'opinton
Diodore
deSIctte,d'aprèslequellesAtlantes
ignoroient
l'usage parcequ'ilsavoient
des.céréales, été
durestedugenrehumain
séparés avantquecesgraminéM fassentcutttv4et,
JU<o~.
~c~ T. Hf~
pag.Wessei.
i3n.
CBAPÎTtEï!. ÏOp

peu de journéesde navigationde t'Espagne, participe aux beautés que la


nature a prodiguéesdans les régionséquinoxiales.La végétationy développe
déjà quelques-unesde sesformesles plas belleset les plus imposantes,cènes
des bananierset des palmiers. L'homme sensible aux beautés de la nature
trouve, dans cetteue délicieuse,desremèdesencorepluspuissansque leclimat.
Aucunséjournemep~ro~t plus propreà dissiper la mélancolie, et à rendre
la paix à une âme douloureusementagitée, que celui de TénériSe et de
Madère.Ces avantagesne sont pas uniquementl'effetde la beauté du site et
dela pureté de l'air; Ussontdussurtoutà l'absencede l'esclavage,dont l'aspect
est si révoltant aux Indes et partout où les Colons européensont porté ce
qu'ilsappellentleurs lumièreset leur industrie.
En hiver, le climat de la Laguna estextrêmementbrumeux, et les habitans
se plaignent souventdu froid. On n'y a cependantjamais vu tomber de la
neige, ce qui pourroit faire croire que la température moyenne de cette
ville doit être au-dessus de ï8",y (ï5" R.), c'est-à-dire qu'elle excède
encore celle de Naples je ne donne pas cette conclusioncomme rigou-
reuse car, en hiver, le refroidissementdes nuages ne dépend pas autant de
la températuremoyenne de l'année entière que de la diminution instantanée
de chaleurà laquelle un district est exposépar sa situationlocale. Latempé-
rature moyenne de la capitale du Mexique,par exemple,n'est que de t6°8
( t3°,5 R.) cependant en cent ans on n'y a vu tomber de la neige
qu'une seule fois, tandis que, dans l'Europe australeet en Afrique, il neige
encore dans des endroits dont la température moyenne est au delà de
!<)degrés.
C'est le voisinagede la,mer qui rend la Laguna plus tempérée en
hiver
qu'elle ne dcvroit l'être, à causede son élévationau-dessus du'niveau de
l'Océan.J'ai mêmeétéétonnéd'apprendreque M.Broussoneta planté, au milieu
de cetteville,dans le jardin du marquisde Nava, des arbresà pin
(Artocarpus
incisaet des canneUiers(LaurusCinnamomum ). Cesproductionsprécieusesde
la mer duSud et des Grandes-Indess'y sontacclimatéesaussibien qu'à l'Orotava.
Cet essai ne prouveroit-ilpas que l'arbre à pin pourroit végéter en
Calabre
en Sicileet en Grenade? La culturedu caffiern'a pas égalementréussià la
Laguna,quoiqueses~nuitsmûrissentàTegueste,commeentrele portde l'Orotava
et le villagede Saint-JeandelaRambla.Ilest probableque
quelquescirconstances
locales,peut-être la nature du sol et les ventsqui soufflentlors de la floraison,
sont la cause de ce phénomène. Dans d'autres régions,
par exemple aux
ttO LIVRE t.

environsdeNaples,le cai&erproduit assez-abondamment, quoiqueïa température


,moyennes'élèveà peine au-dessus de ï 8degréscentigrades.
Personnen'a déterminé/a Mte de Ténérine,ta moindrehauteur a laque!!e
onvoit tomberannuellementde!a neige.Cette détermination, facileà exécutée
par des mesuresbarométriques,a été en générât négligéejusqu'Icisous tOMtcs
les zones; etieest cependant d'un.grand intérêt pour t'agricntturedes colonies
et pour la météorologie,et tout aussi Importante quela mesurede la limite
inférieureà taquelte se maintiennentles neiges perpétuelles.Mesobservations
m'ont fourni lesdonnéesque je vais réunir dans le tableau suivant:

MomomE HACMCtt HMtTE DIMEBK~CB ~EMPiBATOBB


t-AT'tTCD~ taqMeUe iitHneure de) ntijjM des deux eotennet
MOYM~E,
iltombedelaneige. per~ëtueites. precedcotta,
BOREALE.
entoises. en ottr* en toitet. en mètres. tm toi*M. en mètres. tet)ti6'- R<n)tr.

o" ao4o ~976 a't6o 4794 4ao St8 a~" 2t°,6 G

ao" t55o 3oao a36o 4598 8to ~78 a4°,5 ~6

40° o o tMo 3ooi t54o 3oot t7° t3°,6!


~I

Cette table ne présente que l'état moyen de lu nature, c'est-à-direles


phénomènestêts qu'on les observe"annuellement.11 existe des exceptions
fondéessur des localités particulières.Ainsi, il neige quelquefois, quoique
très-rarement,à Naples,à Lisbonneet mêmeà Malaga,par conséquentjusqu au
3~ degréde latitude; et, comjmenous venonsde l'observer, on a vu tomber
de la neige à Mexico,ville dont l'élévationau-dessus du niveau de la mer
est de !i~3 toises.Ce phénomène,qui ne sétolt pas présentédepuis plusieurs
siècles, eut lieu le jour de l'expulsion des Jésuites, et fut naturellement
attribué par le peuple à cet acte de rigueur. Une exception plus frappante
encorenous a été offertepour le climat de Valladolid, capitalede la province
de Méchoacan.D'après mes mesures, la hauteur de cette ville, située par
les ig" de latitude, n'est que de mille toises; et cependant peu d'années
avant notre arrivéeà la Nouvelle-Espagne,les rues y ont été couvertesde
neige pendant quelquesheures.
On en a vu tomber aussi à TénérIBedans un terrain situé au-dessus de
l'Esperanzade la Laguna, tout près de la ville de ce nom, dont les jardins
CHAPfTMtt. ÏÏt
fenfermsatt'arbMap:n~e ~textf~o~naife~
=
par des genstrè&~s.~r~~rboreâ.t~~
nesounrirentpas de ~të neigea
en ptein aiy. Cetteobseipvatiohest intéressantepour la physiologievégétale.
Bans les pays chauds, j~p~ est
moins nuisible, pourvuqn'it soit de cotïrte durée.J'ai vn<cuttiver,à t'ite de
Cuba,te Bananierdans dessites onte thermomètredescendà y centésimaux,
et quelquefois très près du point de ta congélation. En Italie et en
Espagne, !es orangers et les dattiers ne périssent pas, quoique le froid
pendant la nuit soit de deux degrés au-dessous d~ zéro. En générât, les
cultivateurs observentque les arbres qui croissent dans un sot fertile sont
moins délicats, et par conséquentmoinssensiblesa de grands abaissemensde
température, que ceux qui végètent dans un terrain duquel ils ne peuvent
tirer que peu de sucsnourriciers*.
Pour passer de la vitte de h~ Lagunaau port de t'Orotava et à la côte
occidentalede TénéïjSe, on traverse d'abord une région montueusecouverte
d'un terreaunoir et argileux,dans lequel on trouve quelquespetits cristauxde
pyroxene.Les eauxdétachentvraisemb)ab!ement ces cristauxdesrochersvoisins,
commeà Frascati près de Borne. Malheureusement des couchesde terresferrugi-
neusesdérobentle sol aux recherchesdu géologue.Cen'est que dans quelques
ravinsque l'ondécouvredesbasaltescoibnnaires un peucourbés,et au-dessusd'eux
desbrèchestrès-récenteset analoguesauxtufs volcaniques. Cesbrèchesenchâssent
<tcsfragmensdu même basaltequ'ettes recouvrent,et, à ce que l'on assure,
on y observedes pétrificationspélagiques te m~rne phénomène se répète
dans!e Vicentin, près de Montechio-Maggiore.
En descendant dans la va)!ée de Tacoronte on entre dans ce pays délicieux,
dont les voyageurs de toutes les nations ont
parte avec enthousiasme. Jai
trouvé, sous la zone torride, des sites ou ta nature est
plus majestueuse, plus
riche dans te développement des mais après avoir
formes organiques; parcouru

Ce bd arbomiet, MpporM par M. Broussonet, est bien 3HMrentde t'Arbutus !aoriM!t avec
lequel
il a été confonttn, et qui appartient à la Flore de t'Ameritjue septentrionate
'Les MAners, cn!ttT<~dans les terrains maigres et saMonneM des pays limitrophes de ta mer
Baltique, offrent des exemptes de cette foiMessed'p~gantmtion. Les geléestardires tenr font beaucoup
plus de mat qu'aux mAners du Piémont. En Itatie, un Ë-old de~° au-dessous du pom~de coneétation
ne fait pas périr des orangers robustes. Selon M. Ga~MM,ces
arbres, moms déUeats que les limons
ette!tcMrats,neg!Bntqe'a–to° centésimaux.
n
H3a HVRET.
'Ii '1 1~t. 1 r
les rives de l'Orénoqne, les Cordillèresdu Pérou et les belles va!!ée&du
Mexique,j'avouen'avoir vunulle'part un tableau plus varié, plus attrayant,
plu~ harmonieuxpar la distributiondes massesde verdure et de rochers. `
Le bord de la mer est orné de dattiers et de cocotiers. Plus haut, des
groupesde Musacontrastentavecles dragoniers,dont on a justementcomparé
le tronc au corps d'un serpent. Les coteaux sont cultives en vignes qui
étendentleurs sarmens surdestreillagestrès-élevés.
Desorangers,chargésde fleurs~
des myrthes et des cyprès entourentleschapellesque la dévotion a élevéessur
des collinesisolées.Partoutles propriétéssont séparéespar des clôturesformées
d'Agaveet de Cactus.Une Innnmbrablequantité de plantes cryptogames, e
surtout de fougères,tapissent les murs, humectéspar de petites sourcesd'une
eau limpide.En hiver, tandis que le volcanest couvert de neige et de glacef
on jouit dansce cantond'un printempscontinué!.En été, au déclindu jour,
les vents de mer y répandent une douce fraîcheur.La population de cette
côte est très-considérable;e!!e paro~tl'être encore davantage, parce que les
maisonset les jardins sont~éloignésles uns des autres, ce qui augmente la
beauté du site. Malheureusementle bien-être des habitansne répond ni aux
eBbrfsde leur industrie, ni aux avantagesdont la nature a combléce canton.
Les cultivateursne sont généralementpas propriétaires le fruit de leur travail
appartient à la noblesse, et ces mêmes institutions féodales qui, pendant
long-temps,ont, répandu la misère sur toute l'Europe, entravent encore le
bonheur du peuple dans les îles Canaries.
DepuisTeguesteet Tacorontejusqu'au villagede San Juan de la Rambla,
qui est célèbrepar son excellentvin de Malvoisie,la côte est cultivéecomme
un jardin. Je la compareroisaux environsde Capoue ou de Valence, si la
partie occidentalede Ténériffen'étoit infiniment plus belle à cause de la
proximitédu Pic qui offreà chaquepas des points de vue nouveaux.L'aspect
de cette montagnen'intéressepas seulementpar sa masseimposante il occupe
vivementla penséeen la faisantremonterà la source mystérieusede l'action
volcanique.Depuis des milliersd'années, aucune flamme, aucunelueur n'ont
été aperçuesau sommetdu Piton, et cependantd'énormeséruptionslatérales,
dont la dernière a eu lieu en ï~p8, prouvent l'activitéd'un feu qui est loin
de s'éteindre.Il y a d'ailleursquelquechosed'attristantdansla vu&d'un cratère
placéau centred'un pays fertileet bien cultivé.L'histoiredu globenousapprend
que lesvolcansdétruisentce qu'ils ont créé dansun longespace de siècles.Des
îles, que l'action des feux sous-marinsa fait paroître au-dessus des flots, se
CHAMTRE !ï. 't~
~\t~*t m~t*~
riche et riante~<]~tMt. *n<«
~t~ c~Mo'oMt~'ea
maissoitV~Btces t<Mff<*t
~MM~m'Hf'e
terres nouvelles
paMntpeu&peu d'utK! ve~ure;
sont dédMréespar l'action des mentes forces qui ont Mulevé le ;:fond de
~céan~ Peut-êtredes flots, qui n'onrent aujourd'huiquedes marnasde scories
et de cendres volcaniques, ont été jadis aussi fertilesque les coteaux de
Tacoronteet du SauzaLHeureuxles pays ou l'homme n'a pas à se défier du
sol qu'il habite!
En suivant notre route au port de l'Orotava, nous passâmespar les jolis
hameaux de Matanzaet de Victoria. Ces noms se trouvent réunis dans
toutes les coloniesespagnoles; ils contrastent désagréablementavec les sen-
timens de paix et de calme qu'inspirent ces contrées. Matanza signifie
~OMcAe~e ou <M~?Mg~ et le mot seul rappelle à quel prix la victoire a été
achetée. Dans le nouveau monde, il indique généralementla défaite des
1
indigènes; à TénérISe, le village de Matanzaà été fondé dans un lieu
où les Espagnolsfurent vaincuspar ces mêmesGuanchesque, bientôt après,
on vendit commeesclavesdans les marchésde l'Europe.
Avant d'atteindre l'Orotava, nous nous rendîmes au jardin de botanique
situé à une petite distance du port. Nousy trouvâmesM. Legros, vice-consul
François,qui avoit visité souventle sommetdu Pic et qui fut pour nous un
guidetrès-précieux.Il avoit suivi le capitaineBaudindansune expéditionaux
Antilles, qui a beaucoupcontribué à enrichir le jardin des Plantes à Paris.
Une horrible tempête, dont M. Le Dru a donne des détailsdans la relation
de son voyageà Portorico, forçale bâtiment de relâcherà TénériNe la beauté
du climat de cette île engageaM. Le Gros de s'y établir. C'est lui qui a
fourni aux savansde 1 Europeles premières notions exactessur la grande
éruption iatérate du Pic, que l'on a nommée très-improprement l'explosion
du volcande Chahorra.2.
L'établissementd'un jardin de botanique à Ténériffeest une conception
extrêmementheureuseà cause de la doubleinfluenceque ce jardin peut exercer
sur tes progrèsde la botanique et sur l'Introductionde végétaux utiles en
Europe. La première idée en est due au marquis de Nava3, dont le nom
mérited'être placé à côté de celui de M. Poivre, et qui, guidé constamment
par l'amour du bien, a fait un noble emploi de sa fortune. C'est avec des

L'ancien
Acantejo.
Le 8 juin t~gS.

Marqnis de VtHanoevadel Prado.


Relation historique, Tom. t5
t)~ ï.tVR:'E-t.

<&~4s <M(a~eaae< qu'il est ipar~en~A a~~Maf ja tO~Haedu thuaMO, qu*.


8'~lèMan amphitMâtreet jaA tm ~tamttt&msomt jEommencée«n t
? <deNa~a.a p<N~~eie6 <~n~ pac~ doucew~ tdmMft et
par leur poeitton g~oaphiqae, ~tÏ~ient ï'end~ ie ph~p~ ~o>Kr
accttmatierjes pMdn~I<)M~ deux ïades, et pour MfVtr~'aatfepôt aux
végétauxqui doivent s'accoutumergraduellementà tatempératat'e ptos froide
de l'Euro~ a~stfale.Em effet, les plantes de t'Asie, <:eMe6~l'~nque <? de
l'Amérique méndioBaiepemveMtamiver ~tci!emeMtau cardia de l'On~ava;
et, pour !tatMdu)re rarbre duQuinqmaa'iea SIcMe,en Ptutugaï<Mt<n'GreBade,
il faudroit planter d'abord auDmirasao au à !a Laguaa,~et transporter
le
ensuite ea Euro~ tes tejetoas du Qutaqmaa des CanaNes.Daas des tempt
plus heureux, lorsqueles guerres ma<i<Mnes a'enttawe~oatplus lescommunica-
tions, Je jardin de TéaieriSe pouri'a arn~i devenir tres-atHe pour Ïe grand
nombre de plantesque l'on envoiedes tndesen Ëatsope.Avant d'atteindre nos
côtes,elles périssentsouventà cause de la tongaeurd'une navigation pendant
laquelle elles nespirentam mr charge demonsal'Ée.Ces végétauxtfouveroient
à l'Orotawa les aomset climat nëeessairesà'ieur eonservatioB.L'entretien
du jardin de bo~nique <Ievenantd'année en année phts coûteux, le marquis
de Nava l'a cède au gouveEneme~N~s y trouvâmesum jardinier instruit,
élève de M. ALtûa, directeur du pEdin ttoyai de &ew. Le terrain est
élevezen forme de, terrasseset anrosepar une s~HM~natuï'etIe.On y jouit
de la vue de l'ue de Palma, qui s'élève comme un château au milieu
de. l'Océan. Nous trouvantes cet établissementpeu riche en plantes on
avoit suppléé aux gBm-esqui manqatMent,par des étiquettes dont les noms
sembloientpris au hasard dans le ~tc/Mc ~cgc~M<M~de Linné. Cette
distribution des végétaux, d'après les classes du systèmesexué!, que l'on
retrouve jnalheureusemeRt aussi dans plusieurs jardins de l~urope, est très-
contraireà la culture.Au Duraano, des Prêtées, le Goyavier, le Jambosier,
la Chirimoya du Péron des Mimoses:et des Hëlicoma végètent en

Je parledesespèces
de Quinquina qui, auPérouet dansle royaume dela Nouvelle-Grenade,
surle dosdesGordUHres,
végètent etttretoooettScotobesde hauteurdans!es eudro!M
oule
thermomètresesoutient
le jourentre9 etto degrés,etla nuitentre et4 degrés.LeQuÎMquinaL
orangé( Cinchona ) est beaucoup
lancifolia moins déUcatquete Quinquina
rouge(C.ohlonmfoua
).
~'M leMémoire surlesforêtsdeQuinquina, ent6oy,dansle.Mi~<MM
quej'aipublié <~A~<KrA<t<M~
B. 7,p.n8.
~n~ona Cherimolia, Lamarck.
cjtA~ïTMïï. tr5
-t. ~t_JL~t1!
pl'e~us!~
.1'1"~iltfQtès'des.eti.t.W'U~c:e,8
~t~de~I~EM~
Mt~mpamB~ -ca!tiv~a~ sus~e~q~d~~
,¡, ~r k
s~tes;de~M~'t~~
'Nous~ar~v~~s~s~ ,'1'"
une rade dans taquëlteles bàl~ïnenssont obt~s de mettre ~ja voile! Im~qae
le vent saWCleaivec violence du Bord~ouiest. est impossible de parler de
1 Orotava,sans rappeler aux ami~ des sciences le nomde ]?Cologam doat
la maison, de tout temps, été ouverte aux voyag~Btsde toutes les nations.
PlusiemSmembresde cette tamuif!respectableont été etevës &Londres et à
Paris. Don<BetBafdoC<!t~an )0tnt a des coBBOMsmBes solideset vanëes
te z&tele ptoa ardeM pou!' te bteo de sa patrie. Omest a~ëaMemeat surpris
de tfo~er, dans un gpQUped'ttess~ta~es près des eiâtesde' fABn~e, cette
amaMitë~oetate, ce goût pour t'instruction~ ce seQtmteÏM; des arts qa'on
croit app&pteotrexelustvemeBt à âne -petitepartie de t Europe.
Nous aurionsdésiré pouvoir ~ouraer quelquetemps~tans ta maison de
M. Cotogan, et~ visiter avec tui, près de l'Or&tava, les sites délicieuxde
San Juan de la Ramblaet de Riatexode Abaxo J~aisdans un voyagecomme
celui que je venois d'entfepreBdre, on jouit peu du présent. Tourmente
sans cessede ta crainte de ne pas exécuterles projets du tendemam, on vit
dans une iaquietude perp4tueUe,Les personnes qui aiment passionnément
la nature et tes arts, éprouvent ces mêmes sensationsen parcourant la
Suisse ou t'ttatie.Ne pouvant voir qu'une petite partie des objets qui les
attirent, ils sont troubles dans leurs jouissances par les privations qu'ils
s'imposentà chaquepas.
Le 3t juin au matin, nous étions déjà en route pour le sommet du
volcan.M. Le Gros, dont nous ne pouvonsassez louerla petitesseprévenante,
M. Lalande, secrétairedu consulatfrançoisà Sainte-Croixde TénériSe, et le
jardinier anglois duDnrasno~~partagèreot -les ia~~ues de cette excursion.La
journée n'étoit pas tres-beHe;et le sommet du Pic, qui est généralementvisible
à 1 Orotava,depuis le lever du soleil jusquà dix heures, étoit couvert de
nuages épais. Un seul cheminconduit au volcan par la ~jNa <~eOfoto.f~,

dela Cruz.LeseulbeauportdesîlesCanaries
Puerto est celuide Samt dansl'tte
Sebastien,
dett Gomere.
Le dernier de ces deux villages est placé au pied de la haute montagne de Tymysa.
tt6 Î.ÏVNE t.
-1- 1 1. t
la y7<i<M~ JpJ Genets et le .M~c~estceM qu'ont suivi le përeF~~
Borda,M.Labittardière,Barrow,et tous les v~oyageurs qui n'ont puséjounter~e
peu de temps à TénériSe.ïl en est de l'excursion au Pic comme de celles
qu'onfait communémentdans la vallée de Chamonni~tàiacimè de l'Etna, o~
l'on est forcéde suivre ses guides partout on ne voit que ce qui déjà a été vu
et décrit par d'autres voyageurs.
Nous fumes agréablementsurpris du contraste que la végétation de cette.
partie de TénérISeoSroit avec celle des environs de Sainte-Croix. Sous
l'influenced'un climatfraiset humide, le sol y étoit couvertd'unebelleverdure;
tandis que,sur le cheminde Sainte-Croixà la Laguna,les plantes,neprésentoient
que des capsulesdont les graines étoient déjà tombées. Près du port de la
Cruz, la force de la végétation entrave tes 'recherches géologiques.Nous
passâmesau pi"d de deux petites collinesqui s'élèventen forme de cloche.
Des observations faites au Vésuve et en Auvergne font croire que ces
mamelonsdoiventleur origineàdes éruptionslatéralesdu grandvolcan.'Lacolline
appeléela Montanita< Pilla paron.en eSetavoirjeté jadis des laves; selon
les traditionsdes Guanches,cette éruption eut lieuen 143o. Le colonelFranqui
assura~à Borda qu'on di~tinguoit encore l'endroit où les matières fondues
étoientsorties, et queles cendresqui couvroientle terrainvoisinn'étoientpoint
encore productives Partout où la roche paroît au jour, nous découvrîmes
de l'amygdatoïde basaltique recouverted'une argile endurciequi enchâsse
des rapilli ou fragmensde pierre ponce. Cette dernière formationressemble
au tud du Pausitippe et~aux couchesde pouzzolaneque j'ai trouvées dans
la vallée de Quito, au pied du volcan de Pichincha. L'amygdaloïdea des
pores très-alongés,commeles couchessupérieures des laves du Vésuve.On
croit y reconnoitre faction d'un fluide éiastiquequi a percé la matière en
fusion.Malgréces analogies,je dois répétericique, danstoutela régionbassedu

Cefaitesttiréd'unmanuscrit
intéressant
conMrTé a Paris,an i~pi~desCar<e<
anjoojpi'hut <&
laMarine.HporteletitredeA~Mt<! desopérations
dela comparedela BotMM& (emt776)~joour
déterminerpositions ~t)g)-<w< descdtes~spa~neet dePortugal surl'Océan,d'unepartie
descd<ei
oecMfen<a/Mde/rt'yMeet-des~MCanaries, par &«'Aef<<&er
<<eBorda, C'estle manuscrit
dontparleM.deFleurieu danslesnotes
qu't)aajoutées
au~<y<~BdeJMar<:&~tM!,T. tï,n. tt, etque
M.deBorda m'avoitdéjàcommnni<~éenpartieavantmondépart.
Comme j'enaiextMit de*observations
quin'ontjamais
importantes, ëtépubUees,
)eleciteraidanscetouvrage sousle titreduManuscrit
du~<)<.
.M~m~/steta, cerner.
B<tso!&ar<t~)-
Btm~M-Ccn~merot,
cB&pï'r~B.ït. ~7
Pic de Ténenê~ du c~te de l'Orotava~je n~t reconnu~~ de laves,
>1
aucun courant dont les limites MsseMbten trancR&s. Ëës to~~ et leaf
de
Inonda!tMns changent'Id surface du globe; et lorsqn'nh grand nombre
couléesde laves se réunissent et s'épanchentdans une pla!ne~commeje l'ai
vu au Vésuve, dans T~t~o ~<M~M!~eltes semblent se confbndrëles
unes avecles autres, et prennent ~apparencede véritables couches.
La de Orotava S'annonce agréablementde loin, par la grande
abondancedes eaux qui en traversent les rues principales.La source d'~g~M!
mansa recueillieen deux bassins spacieux sert à mettre en mouvement
plusieursmoulins, et est distribuée ensuiteaux vignoblesdes coteauxvoisins.
On jouit à la ~Y~ d'un climat encore plus frais qu'au port de La Gruz,@,
la-brise y soufrant avec force depuis dix heures du matin. L'eau qui a été
dissoutedans l'air, à une températureplus élevée, se précipite fréquemment
et rend le climat très-brumeux.La Villa est à peu près élevéede 160 toises
(312.") au-dessusde la surfacede l'Océan, par conséquentdeuxcents toisesde
moins que le sol sur lequel est construite la Laguna; aussi observe-t-onque
les mêmesespècesde plantes fleurissent un mois plus tard dans ce dernier
endroit.
L'Orotava, l'ancien Taoro des Guanches,est placée sur la pente très-rapide
d'unecolline les ruesnous ontparu très-désertes;les maisons,solidementcons-
truites,maisd'un aspectlugubre,appartiennentpresquetoutesà unenoblesseque
l'onaccusede beaucoupd'orgueil,et qui sedésigneelle-mêmesousle nomfastueux
de Jo~c casas. Nouslongeâmesun aquéductrès-élèveet tapisséd'une infinitéde
bellesfougères.Nousvisitâmesplusieursjardins dans lesquelslesarbres fruitiers
de l'Europe septentrionalesont mêlésaux Orangers, aux Grenadiers et aux
Dattiers.On nous a assuré que ces derniers portent tout aussi peu de fruits
ici qu'a la Terre-Ferme,sur les côtes de Cumana.Quoiquenous connussions,
par le récit de tant de voyageurs, le Dragonnier du jardin de M. Franqui,
nous n'en fûmes pas moinsfrappés de son énorme grosseur. On assure que
le tronc de cet arbre, dont il est question dans plusieurs documenstrès-
anciens',commedésignantles limitesd'un champ étoit déjà aussi monstrueux
au quinzièmesiècle, qu'il l'est aujourd'hui.Sa hauteur nous parut de 5o à
60 pieds; sa circonférenceprès des racinesest de ~5pieds. Nous n'avons pas
pu mesurerplus haut; mais Sir GeorgesStaunton a trouvé que, 10 pieds
au-dessus du sol, le diamètre du tronc est encore de ï2 pieds anglois, ce
qui s'accordebien avec l'assertionde Borda, qui trouva la grosseurmoyenne
ït8 HVBEï)
de 33 pieds 8 pouces. Le tronc se divise en un grand nombre de brancher
qui s'élèventen formede candélabre, et qui sont terminéespar des bouquets
de feuilles, commedans le Yucca qui orne la vallée de Mexico.C'est <!ette
division qui lui donne un port bien diSerent de celui des Palmiers
Parmi les êtres cet arbre est sans doute avec l'Adansoniaon
organisés~
Baobabdu Sénégal un deSthabitans les plusanciensdénotre globe.LesBaobabs
excèdentcependantencorela grosseurdu Dragonnierde la Villa dO~ptava.O~t
en connottqui, près de la racine~ont 34 piedsde diamètre,quoique leur hauteur
totale ne soit que de 5o à 60 pieds Mais il faut observer que les Adan-
sonia,.comme les Oehroma et tontes les plantes de la famille du Bombax,
croissentbeaucoupplus rapidement que le Drajgonnier,dont la végétation
est très-tente.Celui du jardin de M. Fraaqui porte, encore tous les ans des
fleurset des fruits. Son aspect rappelle vivement cette jeunesse étemelle4
de la nature qui est.une sourceintarissablede mouvementet de vie.
Le Dracsena, que l'on n'observeque dans des endroits cultivés aux Mes
Canaries, à Madèreet a Porto Santo, offre un phénomènecurieux sous le
rapport dela migrationdes végétaux.Mn'a point été trouvédansl'état sauvage,
sur le continentde l'Afrique5, -,etles Indes orientalessont sa véritablepatrie.
J'ai donné, dans l'Atlas pittoresque qui accompagnecette relation ( Pl. 58), la figure du Dragonnier
de Franqui, d'après une esquisse faite en) ~~6, par M., d'Ozonne, lors de t'expéditioH de MM. de
Borda et Varela.
Adanson est surpris que les Baobabs n'aient pas été citée par d'autres voyageurs. Je trouve, dans
le Recueil de Gryna'us, Cadamostoparle déjà du grand Age de ces arbres monstrueux qu'il vit
qu'Aloysio
en t5o4, et dont il dit très-bien K~mMentMtt/tt~fefmMnon ytMf&MtnM~tt&K&tM.Cadam. Navig.,
cap. 4a. Au Sénégal et près de Praya, au~îles du cap Verd MM. Adanson et &tanmtomont obsen'~ des
Adansonia dont le tronc avoit 56 a~60 pieds de cit~conférence.~'o~'c~xau ~n~ T. t, p. 54. tje
Boababde 34 pieds de diamètre a été vu par M. Golberry, dans la vaHée des deux Gagnac~. ~nMftMM
d'un Yoyage en Afi-iiue, T. II, p. 09.
Il en est de même des Platanes (Platanus occidentalis) que,M. Michaux a mesurés à Marietta,
sur les bords de t'Obio, et qui, ao pieds au-dessus du sol, conservoient encore un diamètre de
t5~ pieds. (~o~tgBa ~oMe~ des jMoatf-~&~Aft~~ i8o4, p. ~3). Les ta~us~ tes cbatatgners, les
ebénes~ tes platanes, les cyprès chauves, les Bombax, tes Mimoses, les Ca*salpinia,tes Hymena'a et
les Dragonniers me paroissent tes végétaux qui, sous les <Mërens clintats, et&ent lés exemptes de
1 accroissement le plus extraordinaire. Un chêne, trouvé conjointement avec (tas casquesgantois en t8og
dans tes tourbières de la Somme près du village d'Yseux a y lieues d'Abbeville, M le cède pas
en grosseur au Dragonnier de l'Orotava. Selon la nottce donnée par M. TrànUée, le tronc de
ce chêne avoit t4 pieds de diamètre.
4 ~rM<o<.de Longit. ~t<o'~ cap. 6 (éd. Casaab.,
p. 44i)).
M. Scuousboe, dans sa Flore de Maroc (~sMte ~'t<fentta)&e!tt!~)Str~~r, B. ~,p. 4, ne
l'indique pas seulement parmi tes plantes cultivées, tandis quil.fait mention du Cactus, de l'Agave et du
Yucca. La forme du Dragonnier se retrouve dans différentes espèces du genre Dracœna, au cap de
CHAMMr~~ï! "9
Par icpjtdte M<MeiceOi.ar~M a<t~ ~tra~à,ep~ gaèpe
catamw~Som~~taaee~oN~te~ne'~oqt~ a'eMl~as <*nMjM:hes
aat:<e<!<tM'ïMppO!"<s
ta~c~'MtEe<peMpt~i<o)R<g~
'~Eni soetaNt de h'i~tOta)Mt~ t<nh ~er ~roit et p!et*reax MOM eoa*
dmsit,àtMwersMne~eMe~ta<
un Mte:<pM .e~teanv~~tde.'b~~sMM~M.'de'tp~ <6tetannets 'et.xte.tit
brayère eR aAre. ~ie ?000 de ceMe~demiefep!a«te attatat ici une <!paiMeur
extraordiaaiEeet les âeare dont eMeeftt~hargéependant âne grandepartie de
l'année, contrastentagreaMenMntaveceeMesde l'tfypetienm canariense, qut
est ttès'fféqtteat à cette hauteur. Ncas Mas at~Êt&mee, ?OMf <at<-e moM'e
prov~SKta d'eao, s<Mt<mR beaa sapia isoté. CeMt station est eonaue <tansle
pays aeus te inomL du J~no <M ~e~vM~o.a haatem', d après ta mesure
barotnétnqae de M*die Borda *est de Saa toises.<0n y jouit d'une vue
mago~t6qa6) de ta mer et de toute la partie septentrionalede l'ile. Près du
Pino dcl Dornajito, un peu à droite du t~emin, ~aii!it une source assez
abondante; BONSy p~o~~geâ!ïMS un ~ermontètre <pn descendit a ï5<
Acent toisesde dïstaBcede cette*sotH'ce il yen a tne autre égalementlimpide.
Si l'on admet ~ue ces eaux iadiquent à peu près la chaleur anoyennedu
Heu où eMesse montrent, ~n trouve pour l'élévationabsolnede la station,
Sao toises, en supposant la température moyenne de la côte de 21", et un

enCMne
Bonne-Espérance, et àlaNootreUB-Zétande
mais<h!Mlen<H'veaH j elleestremplacée
<<M~Mtt par
laformeduYucca; carJeDMe-cMa boteitH~
d'Alton
~stunConfaHar~dpntilaaussitoutte port.Le
sucastringent,
connu danslecommerce lenomdesangdeDragon,
sous est,selon
lesrecherchesquenous
avons6utessurleslieux,le produitdeptaMeansv~getanx
américains
quin'appartiennent pasaumême
genre,et dontqae!qne<MMM sontdes!iftnes.;M~
Laguna,on<abnqae,dansde«:0)M'ensde religieuses,
descure-dentsteiutsdusMdmDr~mnier, etdoMonmotM a vanté
l'usagecomme tres-utJLte
pourta
conservation
des~enciYjes.
Manuacrit du ~0<, <Mptt~tecoAte~p. t5. J'ai calculé les hauteurs que j'indique dans le te~te,
d'après
la formule de M. 'Laplace et Ieeoëmc:ent de M. Ramond. Dans le manuscrit, on trouve 5i6
toises,
d'après la formate ce !Muc. Il Be~aut~tas~on~mdre'le ~'tH~<~ DenM~t~ca~ecla station du Pino de la
Afme'M& <!iteeyar Kde~<et!e p~re FeuiUee, pt élevée de ~ptusde SantoMesau-<dessusdu niveau de
l'Océan, Çette dernière station se trouve entre C'oraf~tt et le .f'o~t~o. Voyez, sur l'ensemble de
ces mesures, la note ajoutéeà la th du Journal de rott<e.
Pour prouver que ces suppositionsse fondent sur des observationsprécises, je rappeHerai ici
que !a
températuremoyenne des régions bassesde t'Mede Madère, qui est un peu au nord de TénérMfe,est de M'
et que mes observations,faites sousla zone torride, donnent, pour le décroissementdu
calorique, 98 toises
par degré eentésitua!; tandis que les résultats reeueUMspar M. Ramond, sous la zone tempérée, par
les 45° de latitude, donnent 84 toises ïyapres<:eaextrêmes, il jcésuhe pour le Doma}ito,ou S48 toises
ou 4~0 toises. M.de Borda trouva, en '776, la température de l'air près de la source de ~°
plus
~N0' t.ÏV.~E'.h'.

degré de décroissementdu calo~que<corfespondant~ ï sous cette ZQne<,S


o3toises. ïl~ne faudroit pas être surpris si cette source se maintenoit tm
peu au-dessousde chaleur moyennede l'air~ parce qu'elle se forme prob~
la
blement dans.un point pijus élevé du Pic, et qu'elle communique peut-étfe
même aux petits glaciers souterrains dont nous parlerons dans la suite.
L'accord que nous venons d'observer entra les mesures barométriques et
thermométriquesest d'autant plus frappant qu'en générât, comme je l'ai
exposéailleurs dans les pays montagneux, à pentes rapides, les sources
indiquent,un décroissementde caloriquetrop grand, parce qu'ellesréunissent
de petits courans d'eau,qui s'infiltrent à différenteshauteurs, et que leur
température est par conséquent la moyenne entre les températures de
ces courans. "Les eaux du Dornajito sont célèbres dans le pays; ce sont
les seules que Ion connût à lépoque de mon voyage dans le chemin qui
conduit à la cime du volcan. La formation des sources exige une certaine
régularité dans la direction et l'inclinaison des couches. Sur un sol vol-
canique, les roches poreuseset fendillées absorbent !es eaux pluviales et
les conduisentà de grandesprofondeurs.De là, cette aridité dans la plupart
des itesJCanaries,malgré la hauteur considérablede leurs montagnes et la
massede nuages que les navigateurs voient sans cesse amoncelésau-dessus
de cet archipel.
Depuis le Pino du Dornajito jusqu'au cratère du volcan, on continue
de monter sanstraverser une seule vallée; car les petits ravins ( &oyM/!Co~)
ne méritent pas ce nom. ~Auxyeux du géologue, toute !'t!e de Ténériffe
n'est qu'une montagne dont la base presque elliptique est alongée vers
le nord-est, et dans laquelle on distingue plusieurssystèmesde roches vol-
caniques forméesà des époquesdifférentes.Ce que dans le pays on regarde
commedesvolcansisolés,tels queCXaAornat oti Méntaiia CbZoFls<~et &ï C~
ne sont que des monticulesadossésau Pic et qui en masquent la forme
pyramidale.Le grand volcan, dont les éruptionslatérales ont donné naissance
à de vastes promontoires,n'est cependantpas exactementau centre de l'ne,

froide qu'au port de l'Orotava, ce quI semble prouver que te décroissement


que j'en supposé de
93 toises, n'est pas trop lent. Phil. T'tWM.,Vol. XXXXVJI, p. 358. ~ta~MMM~
.M~nt. Sur la ~'br<!M<&
tcyom. p. t8g. r
O~r~. astr. Vol. I, p. )3a. C'est ainsi que dans tes Montagne*Bleue* de la JanMtq'M, M. Hunter
a trouvé lessources constamment plus froides qu'eUesne devroient Mtfe d'après !t hautotr
laquelle-elle
Murdissent.
..ca~HRM.?t'ï.
etsc~e paMÎBu!acité dé~t~~
qae,~ap~s les observationsd'un mméralogistedistingue ce n'est peut-et
pas te petit ct~tèredtt ~iton qui a ~oaële rôle prindpat dans les rév~utio)
qu'a éprouvéesl'~e de'Bénéri~e.
A la régiondes bruyères Brborescenjtes, appelée J~nte~ i
des fougères.Nulle part, sous la zone tempérée, je n'ai vti cette abondam
de Pteris, de Blechnumet d'AspIenIumcependantaucunede ces pentes n'a
port des fougères en arbre qui, à cinq-ou six cents toises de hauteur, foi
lentement principal des tbrets deTXmériqueéquinoxiale.La raeinedu Pter
aquilinasert de'nourritureauxhabitansdePahnaet de Gomera; ils la réduise)
en poudre, et ils y metentun peu de farine d'orge. Ce mélangegrillés'appel
gofio;,'i usaged un aliment si grossier annonce1 extrêmemisèredu bas-peup
dansles Mes-Canaries. 9
<
Le Monte-Verde est entrecoupépar plusieurs petits ravins (c<~a<~M
très-arides.Ensortant de la régiondes jtbugèresontraverseun bois de genévrie
(c~~o) et de sapinsqui a beaucoup souSert parla violencedes ouragan
C'est dans cet endroit désignépar quelques voyageurssous le nom de i
Gï/'acc/o~que M. Edens prétendavoir ~u de petitesuammes que, d'après
physiquede son temps, il attribue des exhalaisonssulfureusesqui s'cnûan
ment d'eUea-'mêmes. Nous continuâmes de monter jusqu'à la Roche Je i
Gayta et au Portillo; c'est en traversant ce passage étroit entre deu
collinesbasaltiques,qu'onentre dans la grande\P~o~cdes Genets 3. Lors c
l'expéditiondeLapérouse,M.Manneronavoit réussià nivelerle Pic,depuis~epo
de l'Orotavajusqu'àcetteplaine éievéede près de quatorzecentstoisesau-dessi
du niveaude la mer, mais le manqued'eau et la mauvaisevotonté des guid<
l'empêchèrentde continuer le nivellement jusqu'à la cime du volcan. L
résultatsde cette opération, qui a été terminéeaux deux tiers, n'ont malhet
reusement pas été envoyésen Europe, et c'est un travail à recommenc<
depuisla côte.
Nous mfmes près de deux heures et demie à traverser la Plaine di
Genêtsqui n'offreà la vue qu'une,immensemer de sable. Malgrél'élévatio

M.Cordier.
Le voyage se Ct an mois d'août t~S. Mt<. T~FM., Vol. XX!X, p. Sty. C<c-o6e&! est le no
d'une embarcation à voilelatine. Les pins du Pic servoientjadis pour la maturedes vaisseaux,et la mari)
royaJefaisoit ses coupes ( cortesde matent ) dans le Moate-Verde.
j~os Llanos
jf-OSLlanos <ÏM
del jR~M~MÏ.
Retama.
~c~~o~ ~~7'e~ Tom. t. 16
Ï9S HVRE
de ce site.
site, le thermomètre centigrade s'élevoit à l'ombre, vers le coucher
thermomètre centïerades'etevott
à
du soleil, !3°,8, c'est-à-dire à 3~ de plus que vers le.milieu du
}our dans le Monte-Verde. Cette augmentation'de chaleur ne pouvoit
être attribuée qu'à la réverbération du sol et à l'étendue du plateau. Nous
souffrimesbeaucoup de ia poussière suffocante de pierre ponce, dans
laquellenous étions sans cesse enveloppés.Au milieu de ce plateau s'élèvent
des tounes~de Retama qui est le. Spartium nubigenum d'Alton. Cet
arbuste charmant, que M. de Martinière conseilled'introduire en Languedoc
où le combustibleest rare, acquiertjusqu'à neuf pieds de hauteur il est
couvert de fleurs odoriférantes, dont les chasseursde chèvres, que nous
rencontrâmessur la route, avoient orné leurs chapeauxde paille. Les chèvres
du Pic, qui ont le poil d'un brun très-foncée sont regardées comme un
met déHcieux elles se nourrissentdes feuillesdu Spartium, et sont sauvages
dans ces désertsdepuis un temps immémorial.On les a même transportées
à Madèreoùelles sont préféréesaux chèvresvenuesd'Europe.
Jusqu'à ta Rochede la~Gayta, bu à l'entrée du vaste plateau des Genets,
le Pic de Ténériffeest couvert d'une belle végétation rien n'y porte lecaractère
d'unedestructionrécente.On croirontgravir la pente d'un volcandont le feu
est aussi anciennementéteint que celui du Monte-Cavo, près de Rome.
A peine arrive-t-ondans la plaine couvertede pierre ponce, que le paysage
change d'aspect; à chaque pas on rencontre d'immensesblocs d'obsidienne
lancés par le volcan. Tout y annonce une solitude profonde; quelques
chèvres et des lapins parcourent seuls ce plateau. La partie stérile du
Pic occupe plus de dix lieues carrées; et comme les régions inférieures
vues dans l'éloignement se rétrécissent Hte paroît un immense amas
de matières brûlées, autour duquel la végétation ne forme qu'une lisière
étroite.
En sortant de la région du Spartium nubigenum, nous, parvtnmes,par
des gorges resserréeset par de petits ravins que les torrèns bnt creuséstrès-
anciennement,d'abord à un plateau plus élevé(cZJMb~on de ?Y-~o), puis
à l'endroitoù nousdevionspasserlanuit.Cette station, qui a plus de !&3otoises
d'élévationau dessusdes côtes, porte le nom de la ~<ï/~e des ~ng~OM, r
Estancia de los Ingleses sans doute parce que jadis les voyageurs

Undesbotanistes
quiontpért danst'expédition
del~apërous~.
Cettedénominationétoit déjinuitee au commencement du
de)-nM!rs:ecte. M. Eden<,qnicorrompttous
CttÀttTBË ï!. t23

anglois étoieat ceux~ x qui visitoientle


qui visitoient MqùeanneiNtïè
te ptus fréqùennneiNt le Pic.
Pic. Deûx
Deûx
rochers inclinés forment une sorte de cavernequi oSre abri contre te
vent. C'est jusqu'à ce point, de~àplus élevé que te commet du Ganigoo,
que l'on peut monter & dos de mulets; aussi beaucoup de curieux qui
en partant de l'Orotava, ~voient cru parvenic jasqu'an botd du cratère,
s'arrêtent-ils à cet endroit. Quoiquean ~rt dé l'été et sous le beauciel~dé
l'Afrique, nous sonm'fmesdu froid pendant la nuit. Le thermomètrebaissa
jusqu'à 5". Nos guides firent un grand feu avec des branches sèches de
Retama.Dépourvusde tente et de manteaux, nous nous étendîmessur un
amas de rochesbrûlées, et nous fumes singulièrementincommodéspar la
flamme et la fuméeque le vent chassoit sans cesse vers nous. Nous avions
essayé d'établir une sorte de paravent avec des draps liés ensemble
mais le feu prit à cette clôture, et nous ne nous en, aperçûmes que
lorsque la plus grande partie en étoit consumée par les flammes. Nous
n'avions jamais passé la nuit à une si grande élévation, et je ne me
doutois pas alors que, sur le dos des Cordillères nous habiterions
un jour des villes dont le sol est plus élevé que la cime du volcan que
nous devionsatteindre le lendemain.Plus la température diminuoit, et plus
le Pic se couvroit de nuages épais. La nuit interrompt le jeu du courant
ascendant qui, pendant le jour, s'élèvedes ptaines vers les hautes régions
de l'atmosphère, et t'air, en se refroidissant, perd de sa force dissolvante
pour l'eau. Le vent du nord chassoitavec beaucoupde force les nuages; la
lune perçoit de temps en temps à travers les vapeurs, et son disque*
montroit sur un fond d'un bleu extrêmement foncé l'aspect du volcan
donnoit un caractèremajestueuxà cette scène nocturne. Tantôt le Pic étoit
entièrementdérobé à nos yeux par le brouillard, tantôt il paroissoitdans
une proximité enrayante; et, semblableà une énormepyramide, il projetoit
son ombresur les nuagesplacésau-dessousde nous.
Vers les trois heures du matin, à la lueur lugubre de quelques torches de
pm, nous nous mîmes en route la cime du Piton. On le
pour attaque
volcan du côté du nord-est, où les sont extrêmement
pentes rapides

les mots ~spagneh, comme font encore de nos jours la plupart des voyageas, l'appéUe ta N<ane&t.
c'est la &a<Mndes.RocAer~de M. de Borda, comme le prouvent les haoteurs barométriques
qui y ont été
observées.Ceshauteurs étoient, d'après M. Cordier, <m i8o3, de tg pouc. 9,5 lig., et,
d'après MM. Borda
et Varela, en 1776, de tg pouc. 9,8 lig. te baromètre se soutenant
t FOro~tva, a une ligne près,
à la mêmeélévation.
tïVRE t.
ya~

et nous parvînmes,après deux heures, à un petit plateàu'qùi, à cause de


_!L.1.1- .}.1" ¡"h.n~'

sa situation Isolée, porte !e nomd'M ~M~. C'est aussi !a station des


Neveros, c'est-à-dire des indigènesqui font le métier dé chercher de !a
glaceet de la neige qu'ils vendentdans lesvilles voisines.Leurs mulets, p!us
accoutumésà gravir les montagnesque ceux que l'on donne aux voyageurs,
arhiventà l'~a ~t~, et les 2V<?~c~~ sont obligés de porter jMsquë-Iales
neiges sur leurs dos. Au-dessus de ce point commencele .déno'
mination par laquelleon désigneici, comme au Mexique,au Pérouet partout
où il y a des volcans, un terrain dépourvude terre végétale et couvert de
fragmensde laves.
Nousfîmes un détourversta droite pour examinerlaCia~eTMC de glace, placée
à 1728 toisesde hauteur, par conséquentau-dessousdela limiteoù commencent
les neigesperpétuellessous cette zone.Il est probable que le froid qui règne
danscette caverne, est dû aux mêmescausesqui perpétuent les glacesdans les
crevassesdu Jura et des Apennins,et sur lesquellesles opinionsdes physiciens
sontencoreassezpartagées'.La glacièrenaturelle duPic n'a cependantpas deces
ouverturesperpendiculairespar lesquellesl'air chaud peut sortit, taindis que
l'air froid demeureimmobileau fond.Il paroîtque la glaces'y conserveà cause
de son accumulation,et parceque sa fonteest ralentieparle froid que produitune
évaporationrapide. Ce petit glacier souterrain se trouve dans une région
dont la températuremoyennen'est vraisemblablementpas au-dessous de 3",
et il n'estpas, commeles véritablesglaciersdes Alpes, alimenté par des eaux
déneige venantdu sommtt des montagnes.Pendant l'hiver, la cavese remplit
de glaceet de neige; et comme les rayons du soleilne pénètrent pas au delà
de l'ouverture, les chaleurs d'été ne sont pas suffisantespour vider le
réservoir.L'existenced'une glacière naturelle dépend,par conséquent, moins
de l'élévation absoluede la crevasseet de la température moyenne dé la
couched'air dans laquelle elle se trouve, que de la quantité de neige qui
y entre en hiver e~ du peu d'action-des vepts chauds qui'sonnient cnété.
L'air renfermédans l'intérieurd'une montagneest diSicilemeht déplacé, comme
le prouvele Monte-Testaceo Rome, dont la températureest si différentede

&MMMn~ Fo~a~efafM <<M


.~M~ t4o6-t4t4, T'Mfo~t,
<&t
ca~brt~tMM~onBan~ p.<09-4M. Dans
laplupartdes
descavea
MMM de
ehg~MM, dansccette
glaceparexemple
parexempte ellg
deeSaimt-George,
Saint-Georgeeritre
etH-eN
NiortetRolle,
iort une
Rôtie,unecouehe
couche
mincede glacelimpide seformemême enétésnrlesparoisdurochercalcaire. M.Picteta observé
qn'acetteépoque lethermomètre
nedescend
pas,danst'eird&4acave~au-êesMusde a à 3 degrés,
de
sortequ'ilfautattribuer
la congélation
une évaporation localeetextrêmementrapide.
CKAPtTBE t!. 125

celle,del'air environnait.Nousverronspar la suite qu'anGÏumborazo,d'énormes


monceauxde glacesse trouvent couvertsde saMes, et, de même qu'au Pic,
bien au-dessousde la limite inférieure des neigesperpétneHes.
de
C'est près dela cavede glace(<?Me~Nï<?Zo) que, dans l'expédition
Lapérouse,MM.LamanonetMongèsontfaitleur expérience surla températurede
l'eaubouillante.Cesphysiciensl'onttrouvée de 88°,7, le baromètresesoutenant
à !() pouces 1 ligne. Dans le royaume de la Nouvelle-Grenade,à la chapelle
de la Guadeloupe,près de Santa-Fede Bogota, j'ai vu bouillir l'eau à 89°,9
sousune pressionde 19~ i ',9. A Tambores, dans la province de Popayan,
M. Caldas a trouvé la chaleurde l'eau bouillantede 89",5, le baromètre se
soutenantà t8'*tt',6. Ces résultats pourroientfaire soupçonnerque, dans
l'expériencede M. Lamanon, l'eaun'avoit pas tout-à~ait atteint le maximum
de sa température'.
Il commençoità faire jour lorsquenous quittâmesla cavernede glace.Nous
observâmesalors, pendant le tcrépuscule, un phénomèneassezcommun sur
les hautes montagnes, mais que la position du volcan sur lequel nous nous
trouvionsrendit singulièrementfrappant. Une couche de nuages blancs et
floconneuxnous déroboit la vue de l'Océanet celledesbassesrégions de l'île.
Cettecouchene paroissoitélevéeque de800 toises; les nuagesétoientsi unifor-
mémentrépandus, et sesoutenoientdans un niveau si parfait, qu'ils offroient
l'aspectd'unevaste plaine couvertede neiges.La pyramidecolossaledu Pic, les
cimesvolcaniquesde Lancerote, de Fortaventureet de l'île de Palmas'élevoient
commedesécueilsau milieude cettevastemerde vapeurs.Leursteintesnoirâtres
contrastoientavec la blancheur des nuées.
Tandis que nous gravissionssur les laves brisées du Malpays, en nous
aidant souvent des mains, nous aperçûmes un phénomèned optique très-
curieux. Nous crûmes voir du côté de l'est de petites fusées lancéesdans
l'air. Des points lumineux, élevés *au dessusde l'horizon,
de 7 à 8 degrés
paroissoient d'abord se mouvoir dans le sens vertical; mais peu à peu
leur mouvementse convertissoit en une véritable oscillationhorizontale,
qui duroit pendant huit minutes. Nos compagnonsde voyage, nos guides
même furent surpris de ce phénomène, sans que nous eussionsbesoin
de les en avertir. Nous pensâmesau premier coup d'ceil que ces po&tts

Lecalculfait d'aprèslestablesdeM.Dalton,donnepourla Cneva,89"4,et pour la Guadeloupe,


8q°,5.
<a6 MVRÈ
lumineux,qui vottigeoientcàetlà) étoiéntt'indicede quelquenouvelleéruption
du Grand Votcandel~ancerote. Nous nous rappetAmesque Bouguer et La
Condamine, en montantsqr le volcan de PiBMnch&~avcncnt été témoins de
l'éruption du Cotopaxi~ maisl'Ulasion cessa bièntét, et cous reconn&thef!
que les poinftslumineuxétoient les imagés de plusieurs étoiles agrandies
par les vapeurs. Ces images festoient immobilea par intervalles) puis elles
sembloient s'élever perpendiculairement,se porter de côté en descendant,
etrevenirau point d'oùcitesétoientparties.La duréedecemouvementétoit d'une
ou de deuxsecondes.Quoique dépourvusde moyensassezprécispour mesurer
la grandeurdu déplacementlatéral, nous n'en observâmespas moins distinc-
tement la marche du~point lumineux. Mne paroissoit pas double par nn
effetde mirage, et il ne taissoitaucunetrace !umincusederrièrelui.En mettant,
dans!a lunette d'un petit sextantde Trougbton, tes étoiles en contact avec le
sommet é!ancéd'une montagnede Laneepote,j'observaique l'oscillationétoit
dirigéeconstammentvers le mêmepoint, c'est-à-direvers la partie de l'horizon
oùle disquedu soleildevoit,paroitre, et que, faisantabstractiondu mouvement
de l'etoiie en déclinaison, l'image revenoit toujours à la même place. Ces
apparences de réfraction latérale cessèrent long-temps avant que la clarté
du jour rendit les étoites entièrementinvisibles.J'ai rapporté fidèlementce
que nous avons vu pendant le crépuscule,sans entreprendre d'exp!iquer un
phénomènesi extraordinaire,quej'aidéjà fait connonre, il y a douzeans, dans
le journalastronomiquede M.de Zach,Le mouvementdesvapeursvésicutaires,
causé par le lever du%otei!, le mélange de plusieurscouches d'air dont la
températureet ladensitésont très-dinérentes,contribuoientsansdouteà produire
un déplacementdes astres dansle senshorizontal.Nous voyonsquelque chose
d'analoguedans tes fortesondulations'du disquesolairelorsqu'il rase t'horizon
mais ces ondulationsexcèdentrarementvingtsecondes,tandis que lemouvement
latéraldes étoiles, observéau Pic, à phisde !8ootoisesde hauteur, se distinguoit
facilement à la simple vue, et paK<issoitexcéder tout ce que l'on a cru
pouvoirregarder jusqu'icicommeun euet de la réfraction de la tumière des
astres. Sur le dos des Andes, à Antisana, je me suis trouvé, au lever du
soleilet pendant une nuit entière, à 21 codehauteur, mais je n'ai rien
aperçu
qui ressemblâtà ce phénomène.
Je dësiroispouvoir observerexactementl'instant du lever du soleil à une
élévation aussi considérableque celle que nous avions atteinte au Pic de
Ténérioe. Aucun voyageur, munid'instrumens, n'avoit encore fait une tell
CHAPITRE 'S~

observation.Tavois~dB lunette et
th.nt tt.t~~
«n
un <*hf~nnfn~tf« dont je
chronomètre <tftnt cdnnoissois
te chnnoMsoM

la marche avec beaucoup de précision. Dansla partie où le diaque do soleil


devoit parottre, l'horizonétoit dégagé de vapeurs. Nous aperçûmes le
premier bord à 4° 48' 55~ en temps ytai~et~ ce qui est assezremarquablei
le premierpoint lumineuxdu disque se tMavoitImmédiatement en contactavec
la limite de l'horizon; par conséquentmous v~meale véritable horizon~
c'est à -dire une partie de. la mer, éloignéede plus de ~3 lieues. Il est
prouvépar le calculque, sous le même parallèle, dans la plaine, le lever
auroitdûcommencerà 5**ï' 5o~4 oun~ 5t~3 plus tard qu'à la hauteurdu
Pic. La diSérenceobservéeétoit de ta' 55", ce qui provient sans doute de
l'incertitude d<Ssréfractionspour une distance au zénith où l'on manque
d'observations
Nous fumes surpris de l'extrême lenteur avec laquelle le bord inférieur du

soleil paroissoit se détacher de l'horizon. Ce bord ne devint qu'à visible


il n'y
4'' 56~ 56~. Le disque du soleil, très-aplati, étoit bien terminé; eut,
le lever, ni double image, ni alongement du bord inférieur. La
pendant
durée du lever du soleil étant triple de celle à laquelle nous devions nous
attendre à cette latitude, it faut croire qu'un banc de brume très-uniforme~
ment cachoit le véritable horizon, et suivoit le soleilà mesure que
répandue
cet astre s étevoit. Matgré le balancement des étoiles 3, que nous avions observé
vers l'est, on ne sauroit attribuer la lenteur du lever à une réfraction
extraordinaire des rayons que nous renvoyoit l'horizon, de la mer; car c'est

justement au lever du soleil, comme Le Gentil l'a observé journellement à


Pondichéry, et comme je l'ai remarqué plusieurs fois à Cumana, que l'horizon

On a supposé dans le calcul, ~o"f ~t" 54' de distance apparente au zénith 67' 7° de réfraction.
Le soleil levant paroit plutôt au Pic de TenériSe que dans la plaine du temps qu'il lui faut
pour
parcourir un arc de t° 54'. La grandeur decet are n'augmente nue de 4t' pour le sommet de Chimborazo.
Les anciens avoient des idées si e~gér~es sur t~eceteratibn du lever du soleil à la cime des hautes
montagnes, qu'ils admettoient que cet astre était visible au Mont-Attxts trois heures plus tôt que sur
tes côtes de la mer Egée. (Strabo, ft&. ~&n<&)fe< Lib. VM, p. 5to.) Cependant l'Atbos,
d'après
M. Delambre, n'a que ~3 toises d'eté~ation.CAot«M/Coi~cr, ~o)'«.<<eAt Grèce, T. !f,
p. t4o.
La durée apparente fut de 8' t", au lieu de 2' 4t. Quoique mes journaux renferment près
de quatre-vingts observations du j~ver et du coucher du soleil, faites, soit pendant la navigation, soit
sur les cotes, je,u'ai jamais vu un retard tres-sensiNe.
Un astronomecélèbre (Mon. Corres.,t8t)o,p. !!g~6)a comparécephénom~ned'un balancement apparent
desétoi)es&cehu décrit dans tes GÉorgiques(Lib. ï, v. 365) Mais ce passage n'a rapport
qu'aux
étoilestitantes que los anciens, de même que nos marins, regardoient comme uu pronostic du vent. Le
poète latin parott avoir muté lesvers d'AraMH./)Mwm.j v. 9,~6,~eE<.B<tA<et, p. ao6. (~«-M<.H, v. i't3).
!~8 ..HVM.

s'abaisse à cause de l'étévation~detempératurequ'épiXonvex la couche d'au'


JpMrepose Immédiatement s ur la surface jde~~céan.
La route que nous.fumesobitgés de nous frayer à ttrayers; le Malpays,
est extrêmementfatigante. La montée est rapide, et les Mocsde laves
fuyoient sous nos pieds. Je ne puis comparer cette partie du chemin
qu'à la moraine des Alpes ouà cet amas de pierres roulées que Ion trouve
à l'extrémité Inférieure des glaciers au Pic, les débris de laves ont les
arrêtes tranchantes, et laissent souventdes creux dans lesquels on risque de
tomber à mi-corps. Malheureusementla paresse et la mauvaisevolonté de
nos guidescontribuolent beaucoup à nous rendre cette montée pénible;. Ils
ne ressemltloientni à ceux de la vallée de Chamouni, ni à ces Guanches
agiles dont on rapporte qu'ils prenoient un lapin ou une chèvre sauvageà
la course.Nos guides canariensétoient d'un flegme désespérant; Ils avoient
voulu nous persuader la veille de ne pas aller au delà de la station
des Rochers ils s'asseyoientde dix en dix minutes pour se reposer ils
jetoient à la dérobée les échantillonsd'obsidienneet de pierre ponce que
recueillisavec soin, et nous découvrîmesqu'aucun deux n'étoit
nous avionsà la cime du volcan.
encoreallé
Aprèstrois heuresde marche, nous arrivâmes,à l'extrémité~du Malpays,à
une petite plaine appelée la Rambleta c'est dans son centre que s'élève le
Piton ouPain ~c~MC~e. Du côtédeTOrotava,la montagneressembleàces pyra-
mides à gradinsque l'on retrouve dans le Féjoum et au Mexique car les
plateauxdu Retamaet Je la Rambletaforment deux étages, dont le premier
est quatre fois plus étevé que le second.Si l'on supposela hauteur totale du
Pic de 1904 toises, la Rambleta est élevée de 1820 toises au-dessus du
niveau de la mer. C'est là que se trouvent les soupiraux que les indigènes
désignent sous le nom des Narines <?uPic Des vapeurs aqueuses et
chaudes sortent par intervalles de jplusieursfentes qui traversent le
sol; nous y~vîmes monter le thermomètre à 43°~ =M.LabiHardière
avoit trouvé la température de ces vapeurs, huit ans av~M nous, de
53°,y; dISérenccqui ne prouve peut-être pas autant une diminution
d'activité dans le volcan, qu'un changement tpcal dans Téchauuement

Biot, ,R<'e/ sur r~ac~ont extraordinaires, p. at8, xa3 et aaS.


*A~n'e<t~e/jP<co.
caAptTtuïï. ~9
,1.
denses parois. Les tapeurs n'ont aucnneodeuret parement de l'e&u pare.
Peu de temps avant b grande érnption dd '~Vésav&en t8~, fiionsavons
observé aussi, M. O~y-Lussae et moi, que l'ean dégagée sous ~fbrme de
vapeurs, dans l'intérieur du cratère, ne rongissdit point le papier~teint en
tournesol.Je ne saurois admettre cependantl'hypothèse hardie de plusieurs
physiciens,d'après laquellelesj~tit~MjPïc doivent être considérées comme
les ouverturesd'un immense appareil distillatoire, dontle fondest placé au-
dessousdu niveau de l'Océan. Depuisque l'on étudie Mvolcansavec plus de
soin, et que l'amourdu merveilleuxsefaitmoinsremarquerdans les ouvragesde
géologie,ona commencéà jeter desdoutestrès-fondéssur cescommunications
directeset constantesentre les eaux de la mer et les foyersdu feu volcanique'.
On peuttrouverune explicationtrès-simpled'un phénomènequi n'a riende bien
surprenant.Le Pic estcouvertde neigesune partie de l'année; nous-mêmesnous
en trouvâmesencoredans la petiteplaine de la Rambleta de plus, MM.Odonell
et Armstrong ont découvert, en t8o6, une source très-abondante dans le
.Ma~M~, à cent toisesau-dessusde la cavernedes glaces,qui elle-mêmeest
peut-ârealimentéeen partie par cette source.Tout, par conséquent,fait présumer
que le Pic de Ténérice, commeles volcansdesAndeset ceux de l'île de Luçon,
renfermedansson intérieurde grandescavitésqui sont remplies d'eaux atmos-
phériques, dues à la simple infiltration.Les vapeursaqueusesqu'exhalent les
Narines et les crevassesdu cratère, ne sont que ces mêmeseaux chaufféespar
les parois suwlesquelleselles coulent.
Il nous restoit à gravir la partie la plus escarpéede la montagne, le Piton,
qui en forme la sommité. La pente de ce petit cône, couvert de cendres
volcaniqueset de fragmensde pierre ponce, est tellementinclinée qu'il seroit
presqueimpossibled'atteindre la cime, si l'on ne suivoit un ancien courant
de laves qui paroft être sorti du cratère, et dont les débris ont résisté
aux injures du temps. Ces débris forment un mur de roches scorihées,
qui se prolongeau milieudes cendresmobiles.Nous montâmesle Piton en

Cette question a été examinée avec beaucoup de sagacité par M. Bretsiat, dans son ~t<nK~tM«:
aNo Geo&~m, T. H, p. 3M, 3a3 et 347. Le Cotopaxi et le Fopocatepett, que j'ai va jeter de
foméeet des cendres en t8o4, mat plus éloignésdu Grand-Océan et de la mer des Antilles que Grenol
ne l'est de la Méditerranée, et Orléans de l'Atlantique. Il ne faut pas considérer comme pnrem<
accidentel le fait que l'on n'ait point encore découvert un volcan actif, éloigné de plus de 4o lie
marines des côtes de l'Océan; mais je regarde comme très douteuseP~ypothèse que les eaux de
mersontahaptbée<,dMtiltéesetd~écomposBespMles~olcMM.
/!e/~<My!forMW~?bm.Z. ty
t3e HVRE~.

nous accrochantà cesscoriesdoat JesaN~tesMBUraaehantes~ctqu~ademi-


tMcoHtposëes, nous restoieatsouv~jt à la Main.tjNousemptoyàmcsprès d'une
demi heureà gravir tmecaHioedont ia hauteur perpendiculaireest à peiae
de quatre-vingt-dixtoises<]Le Vésuve qui est trois fois plus bas que le
volcan de TénériSe, est terminé par un cône de cendres presque trois fois
plus étevé, mais doM la pente est plus douéeet plus aceessiMe.De tous
les volcans que j'ai visités, il n'y a que celui de JoruHo, au MexiqtM, qui
offre de plus grands ttbstac!esque le Pic, parce que la montagne eottère est
couvertede cendresmobiles.

D'après les ittewres tarptn~t~ues ~jM nous tvoKs &itM, M~ t<é«pot<Ide Bach, M. G«y-L)MMC
et moi le Vésuve a dunintté de banteMdu c~edusttd-oneM, depuis t'anmée '794, où une
en )8e5,
partie du cône s'écronta deux jours après que les cendres avoient été tancées. Saussure avoit trouvé
le VésuTe, en 177; de 6og toises à une époque ou les bords du cratère eonservoient partout à peu prés
la même élévation. Shnekb"rgh mesura, en '776, nne coUine placée aumilieu du gonfEre; elle
avgt
6t5 toises de hauteur etteeMstoità et elle disparut dttns t'éroption
petne lors du voyagede Saussure,
de 1773. C'est t'éruption de 1794 qui a causé la grande inégalité des deux bordsdu cratère cette inégaUté
éto!t, en t8o5,de7t toises. M. Poli trouvale Vésnve, peo de temps avant, de ~06 toises d'étération.
Shuckburgh donne à la pointe le !&mé~ée de la Somma, cette del~t<e~, ~84toises. Cette observation ne
le étevé du cratère car,
s'accorda pastrop bien avecla hauteur que M..Gay'Lussac assigne au bord plus
en 1865, cette partie du bord sembloit avoir ta même élévation que la ft<n<<t<M ~'t<e~o. J'ignore ou
Shuckburgh a placé son instrument au pied du c&ne de cendres car it ne donne a ce point que
3i6 toises d'élévation absolue. Voici le détait des mesures faites par un temps très-calme avec un
baromètre portatif de Ramsden

MESURE FAITE PAR M. GAY-LUSSACSEUL.

4mm®mmu maim~ ,““““

Baromètre Thermomètre HAUTEUBS


JtuttetiNoS. LIBUX.
UBM. Bamraètr.
M de ao-dtMMdn
nivMu
Riaumnr.
R~r. 4e la mer;
lignea:

~e28,â7heurMdmotr.anborddeIa<ner. 558,5 aa** CesbaptenraettetMtitftatM


<mt<!MM~aXtt<i'op)rt<tt<t
àte heur. du soir chez ftermoe de San rMrmn)ede M. Laplace. Un
S~ad.r. 5t6,3 iS~ 3f~ a supposéla températuredu
M~. xr/ mt)tor<esateàc<'Medet'a)r
Le29.4~h.d.itn<t. 5,6,4 ,tt.h.uten,<).i-.pMrM-
à 5 hemr.du mat. M bordinKriear da cra- °'~°' de 'n"'e StoMM
M-dMMMdm petit plateau
ère,dansle
tèrc.daM h chemin..
chemin.. 5oe,o0
3oo,o .5* 15.
de9at<S<t)Mder.Oaai«Mr'
à 5 heures jr<tf<n. 3oo,5 1.5° j3o po)e<Mhatt<!ttr)<:urrM))ou-
dMt<!t<tt)h<M'<tmttm<ttd)t
athtmt.etdemic.'MbordMptnaeteTe thtrmomttft.
duerottre. :95,4 t4~4 606
à? henr. et demie.au commencement do
cAnedecendret. Sn,5 t8° 515
ânheor.etdeHneehczPhermite. 5~7~ M**
iiîiîiffl-
CH~PM~E ï!. *3ï
e~ couv~~de à
~e Sucre
Quand ie Pain de Sacre ((eZ~~Tt)
el ~~7t) est ~ge,~ge,e~~
couvert de e<
centrée de ï'hiver, !a rapidité de sa pente peut me~~ile~~ageu~ à
ptus grand danger. ?4 lae <~os n~as ~~Btm re~reM ie eapttMac
Baudin avoit maa~ttéde perif hM'sde son voyage à nM d~v!~ TM~~
Cet o~c!er avoit eu !e cottMt~e~d'~aeFepKBdre, 'coa~oictementa~ecï~
naturalistes'Advenier,MaugeFet RiBd!e,une exeorMona la e~e da v~ci~a,
vers la Rn de décembrede Fanneoï~gy. Pathreauaïa moitié de ta ha~tettp
du cône, il fit une chute, et il roula jusqu'à la petite plaine de la RamMeta;
heureusementun monceaude !aves, couvert de neiges, t'empêchade descendre
ptus bas avecune vitesseaccétéréë.On m'a assuréavoir trouva en Suisse~un
voyageurqui a été sttNbqaéen roulant sur ta pente du cotde Batme, tapissée
du gazOnserrédes Aipes.
Arrivésau sommetdu Piton, nous fumessurpris d'y trouver à peine asse~
de place pour nousasseôir*ar notre aise.;Nousfumesarrêtés par un petit mur
circulairede laves porphyriquesà base de pechstein ce mur nous déroboit

n. MBSUM
FA!TE
PAttMM: BUCH
ETmnmaun'.
GAY-LOSSAC,

Baromètre Thermomètre HACTECM


ent'eMMda da
Ao$t t8o5,
Aoùtt8o5. ecsns.
LiECx. en M da
<ie Dtvfaa
de la 'Iller,
li es. 1\
&< t'
_g.

[.<)4,~SheM.<tNB<eun,eetitp)Mm'«t<t'httm'-
3i5,4 t~ Sot MtmfomttMMmo~oit,
t<tge(teSNa8a)*edm.
APorttc!,7<oitetaN-deMM
~5htM.45mimat.N))nmtncanentdncAmt. 5)t,o '7°,5 3°S ,)“ niMttn <tt la M<di'M-
< rané<aubordinfer)<arJn
à7hM~M.mMmM<.M<At.m-
colYneaa dn arn-
'S° Mt cm.4r.,t't..m,m.M~.i<
t~e. ~,5 ~ph~.t.qut~M.t.MM
A8hM~bo,dh.in.<)~~ pt..t.Mt.t9,U.
°"
~en"
A5h.etdtmit~n'm.P");uci. 557)0 16°
J<~m. 557.0 ~4"
t~h.))rttmitii

M. detaJumétiere assure, dans une notice imprimée dans le Moniteur, avoir trouva, p!Mrdit me-
surer géométriques, la hauteur du Vésuve de Soy toises. Il seroit à désirer que l'on connut le détail
de ses opératioms. Nos mesures donnent: pour le bord le plus étevé du cratère, 606 toises (tt8t mè-
tres) pour te bord Inférieur, 535 toises ( to4a mètres) pour le pied du cornede cendres, 370toises
(?at mètres) pour t'hennitage de San Salvador, 3oa toises (588 mètres). Tel était l'état du Vésuve
peu de tempsavantl'érup~on de l'année t8o5, dans laqaeUe ta lave a fait unebrèche au bord du cratère
du coté de Torre del Greco.
t~fa JUVREt.

la voedu cratère Le vent d'ouest soufHoitavec tant de violence,que nous


avionsde!a poneànouNl-enirsur nos jambes. Hétoit huit heures du ntaMn~
etinousétions transis de~troid, quoiquele thennomètre se sp!mt!ntun.peuau-
dessusdupointde tacoagétatipn~ Depuislong-temps~ousétions accoutumés
une tempénttaretrè8~é!evée, et le vent sec augmemoit!asensation du
froid, parce qu'it emportoit à chaque instant ta petite couche d'air chaud
et humide qui se fbrmoit autour de nous par l'effet de la transpiration
cutanée.
Le Cratère du Pic ne ressemblepoint, par son bord, à.ceuxde la plupart
des autres volcansque j'ai visités, par exemple, aux cratèresdu Vésuve, de
Jorullo et de Pichineha. Dans ceux-ci, le Piton conservesa figure conique
jusqu'ausommet; toute leur pente est inclinéede la mêmequantité de degrés,
et couverteunitbrtnémentd'une couche de pierre ponceextrêmementdivisée:
lorsqu'onparvienta ta cime de cestrois volcans,rien n'empêchede voirle fond
du gouffre.Le Pie de TënériQeet te Cotopaxi,au contraire, ont une structure
ils présentent, à leur sommet, une crête pu un mur circulaire
très-différente;
qui environnele cratère:de loin, ce mur paroît un petit cylindreplacé sur
un côpe tronqué. Au Cotopaxi cette constructionparticulièrese distingueà
la simplevue, S une distancede plus <ie 2000 toises; aussi jperspnnen'est
jamaisparvenujusqu'au cratèrede èe volcan.Au Pic de Ténériffe, la crête
qui environnele cratère commeun parapet, est si élevéequ'elleempécheroit-
entièrementde parvenir à la C~M~r~si, du côté de l'est, il ne se trouvoit
une brèche qui paroît leBet d'un épanchementde laves très-anciennes.C'estf
par cette brèche que nous descendîmesvers le fond de l'entonnoir dont !a
figure est elliptique; le grand axe en est dirigé du nord-ouest au sud-est,
à peu près N. 35° 0. La plus grande largeur de l'ouverture nous parut de~
3oo pieds, ta plus petite de 200 pieds. Ces 'nombres s'accordentassez avecf
les mesuresde MM.Verguin, Varela et Borda 3; car ces voyageursassignent
4o et 3o toises aux~deuxaxes
J~ft CaMerMou c&<tM<Mfe du Pic, dénommadon qui rappelle tes Ou/es des Pyrénées. Ramond
~o~a~eau ./K<M<efa~. p. a35,
~/a<~t«orM~Me~PLï.
3
~cynge de la Flore, T. p. 9~ ~«MMerK~ D~pd<de ~rme, cahier.y, p. i5. ~<y<~)e de
Marchand, T. JI, p. n.
M: Cordier, qui a visité la cime du Pic quatre ans après moi, ératue le grand aM a 66 toises,
(Jonrn.dePhys-, T.LVH,p. 62). Lamanon le croit de ~0 toises, mais M. Odonellassigne au cratère
55o fam< ( 936toises) de circonférence.
CHAPITRE Ï)T. 133
Il est aisé de concevoir que ta grandeur d'un cra~re ne dépend pa~,
uniquementde la hauteur et de la massede !a menthe doJCtt il &rmele
soupirailprincipal. Cette ouvertureest m~etarenient en Mpportdirect~ a~
l'intensité du feu volcanique, ou avec l'activité do volcan~Au Vésove, qui
n'est qu'unecollineen comparaisondu Pic de Tén~rine,le diamètredu cratère
est cinq fois plus grand. Quand on réûéchit que les volcanstrès-élèves
vomissentmoinsde matièrespar leur sommet que par des crevasses,latérales,
on pourroit être tenté de croire que plusles volcanssont bas, et plus aussi,
leurforceet leur activitéétantégales,leurs cratèresdevroientêtre considérables.
Il existeen effetd'immensesvolcans aux Andes qui pont que de très-petites
ouvertures, et l'on pourroit établir commeune loi,géologiqueque les mon-
tagnes les plus colossalesn'offrentà leurs sommets que des cratères de peu
détendue, si lesCordillèresne présentoientpasplusieursexemplesdu contraire.
J'aurai occasion,dansla suite de cet ouvrage, de citer un.grand,nombredefaits
propresà jeter quelquejour sur ce que l'on peutappeler la structureextérieure
desvolcans.Cettestructureestaussivariée quellesphénomènesvolcaniqueseux-
mêmes et, pour s'élevera des conceptionsgéologiquesdignes de la grandeur
de la nature, il faut abandonnert'idée que tous les volcanssont formésd'après
le modèledu Vésuve, de Stromboliet de l'Etna.
Les bords extérieursde la Caldera sont presque taillés à pic leur' aspect
est analogueà celui qu'oQrela Somma, vue depuis i'Atrio dei Cavalli.Nous
descendimesau fond du cratèresur une traînée de laves brisées qui aboutit
à la brècheorientalede l'enceinte.La chaleurn'étoit sensibleque sur quelques
fissuresdesquellesse dégageoientdes vapeursaqueusesavecun bourdonnement
particulier.Quelques-unsde cessoupirauxou crevassesse trouvent au-dehorsde
l'enceinte, sur le bord extérieurdu parapet qui environne le cratère. En y
plongeantle thermomètre,nous le vîmes monterrapidementà 68 et ~5 degrés.
Il indiquoit sans doute une plus haute température; mais nous ne pouvions
observerl'instrumentqu'après l'avoir retiré, de peur de nous brûler les mains.
M.Cordiera trouvéplusieurscrevassesdont la chaleurégaloitcelledel'eaubouil-
lante. On pourroit croire que ces vapeurs, qui se dégagent par bounees
contiennentde l'acide muriatiqueou sulfureux; mais~ condenséescontre un
corps froid, elles ne présentent aucun goût particulier; et. les essais que

Lesgrandsvolcans et deRucupichincha
deCotopaxi ontdescratères
dontlesdiamètres,
mesmesures,
s'élèvent
à plusdequatre d'après
centsetdeseptcentstoiser.
t3~ .H.V.RE;;Ï.

BlusieuMphysiciens ont &(its avecdes réaoti&ypiEouyentque les,in~a-*


rôles duPien'exha~nt q~ de l'eau pnre:ce phénon~ne,;an~ it~qu@¡l'~
observédansle cratère,du .toraHoymérited'autantpÏUiSd atteation, qo~~acide
muriatîqaeabonde dans piMpart des yo~~) et q~ M. Yauf~a~
a même décoavie~dans tes laves porpl~riques duSarcQuyen A
J'ai esquissést~~ lieu~ta vue dubord intérieMdu cratère, têt qu'il se
présente ea. descendait par la brèche orientale. Rica de plus Jappant que
la superposition de ces couches de laves, qui oSrent-les sinuosités de ta
rochecalcaire desHau~s-.AIpes. Tantôthorizoataux~ tantôt lacUnéset ondulés1
ces bancs énormes rappellent t'atMiiemM Buidité de la masse emtièceet la
réunioa de phtSteuEscausesporh~batrices qui ont déterminé la dM~ecttom
chaqcie.ceïttée.
de chaque 1y~,a_:cr~e:d,
caa~lée: ct~t~ dN mur m:ur,eirct~laire
circulaire p~sente
pFés~nte,ces
se~ tami&catioos
rara0.~cativns
bizarres ~ae toB obser~ae dans !e charbon de terre désordre. Le bofd
septentrional est le ph~élevé; vers te sad-ouest, l'eaceinte est coasidéra-
blement a~tissée, et âne éBO~tnemasse de laves seoci~ees y paro~t coHeé
à rextrémité du bord~ A i'onest, ïe roeher est pefcé )om'y tKMlarge
tente laisse voir fhorize~ de la mer. Cest pea~étce la ~brcedes vapeurs
élastiquesqui a formécette ouvertureau Montentd'an débordementde laves
sortiesdu cratère.
L'intérieur de cet entonnoir annonce un votcamqui, depttis des milliers
d'années,n'a vonu du teM que par les flancs.eettë assertion,ne se fonde
pas sur le manque de grandes ouvertures que t'en pourroit s'attendre à
trouverdansle fond'de<JaCaMera.Les physiciensqui ont étudié la nature par
eux-nt~mes,saventque beaucoupde volcans, danstes intervallesqui séparent
une éruption de l'antre, paroissentcombléset presqueéteinte; mais qne, dans
ce&mêmesmontagnes, le gou~re volcaniqueprésente des couchesde scories
extrêmementâpres, sonorestet Msantes.On y distinguede petitescoM<oe8,d'es
bouMoaftm'es causéespar l'actiondes vapeursélastiques, des.cônesde~sBories
menues et de cendres, soas lesquels des soupiraux sont'cachés~Aucun de
ces phénomènesne caractérisete cratère du, Pic de Téoérine~ son fond
n'est pas resté dans l'état qui résulte de la &n d'une éruption. Parle. laps
des temps et par l'action de& vapeurs, les.parois se sont détachées et ont
couvert le bassin de grands blocs de laves IMtOïdes.
On parvient sans danger au fond de la C~M<?~.Dans un volcan dont
y
~cya~de Lapérouse, T. lU, n. a.
~</a< /)tMfr., PL nv,
CHAPtTHËtt. t35

l'acttvHése dirige p~meipatementvers te sommet comtnë dans le Véa~vè,


ta profondeurdu cratère varie avant tt aptes chaque érupttciB}Tn!tatsa<ï Pic
de 'Eénériue~cette pro~ndeurparoift et~ reeti~ia meme~d~ l~ol~t~trt~'s:
Edens,eu t~tS, t'évaluade ttSpieds;M.<Sordier,en i8o3, de ïtbpieds. Aoà
jugerd'après ta simple vue, ~'aaro~eMl~tonno~ moins pr0~ndeacore<~N
état actuel est celui d'une soI~tare;i~o~M plutôt un ~bjetd&
curieusesqu'un aspect imposant.La majesté du site consistedans son éléva-
tion au-dessus du niveau de tOeéan, dans la solitude profonde de ces
hautes régions, dans l'étendue immenseque Tceil embrassedu sommet de
la montagne.
Le mur de lavescompactesqui formel'enceintede la Caldera est d un blanc
de neigeà sa surface.Cette mêmecouleurrègnedans l'intérieurde la solfatare
de Pozzole.Lorsqu'on brise ces laves que l'on prendroit de loin pour de
la pierrecalcaire,on y reconnoîtun noyau brun-noirâtre.Le porphyre à basede
pechsteinest blanchi extérieurementpar l'action lente des vapeurs de gaz
acidesulfureux.Ces vapeurs se dégagentabondamment~et ce qui est assez
remarquable,par descrevassesquisemblentn'avoiraucunecomnunicationavec
lesfumarotcsque traversentles vapeursaqueuses.On peut se convaincrede la
présencede l'acide sulfureux,en examinantles beaux cristaux de soufre que
l'on trouve déposéspartout entre les fentes des laves. Cet acide, combiné
avecl'eau dont le sol est imprégné, se transformeen acide sulfurique
par le
contactde i'oxigènede l'atmosphère.En générât, dansle cratèredu Pic, l'humi-
dité est plus à craindre que la chaleur, et l'on trouve ses vétemens
rongés
si l'on reste long-tempsassis sur le sol. L'actionde l'acide sulfuriquese porte
sur les laves porphyriques, l'alumine, la magnésie, la soude et les oxides
métattiquessont emportés peu à peu, et il ne reste souvent que la silice
qui seréunit en plaquesmamelonnéesopaliformes.Ces concrétionssiliceuses' I,
que M. Cordiera fait coamottrele premier, sont analoguesà cellesque l'on
trouve à t'Med'tschia dans les volcans éteints de Santa Fiora et dans la
solfatarede Puzzote n n'est pas facilede se faire une idée de l'origine de
ces incrustations.Les vapeursaqueuses,dégagéespar les grandes
fumaroles

~f~t~&~er. Lej~A~MMdes~tMS~tedeFranceoont.ent,<I'apresM
0,73desiliceet o,atd'eau,et serappMche Klaproth,
jp&rlà det'c~tequeM.RaMten
considère
commeune
silice JMtn<r.
hydratée. ?MeNeM~ t8oo,p.
BreM&tot,7n<MM<.
<t&t Geo~M, T. Il, p. 238.
ï36 nvRE t.

ne contiennent pas d'alcali en dissoÏutioa, commeles eaux du Geyser en


Islande1; peut-être la sonde renferméedans !es I&vesduPic joue-t-eMe un
rôle importantdans la formation de ces dépôtsde suice. Peut-être existë-t-it
dans le cratère de petitescrevassesdont les vapeurs ne sont pas de la même
nature quecelles sur lesquellesdes voyageurs, occupésà la fois d'un grand
nombred'objets, ont fait des expériences.
Assissur le bord septentrional du cratère, je creusaiun trott de quelques
poucesde profondeur; le thermomètre, placé dans ce trou, monta rapide-
ment à ~2°. On peut conclure de là quelle doit être la chaleur qui rè~ne
dans cette solfatareà une profondeur de trenteou quarante toises. Le soufre
réduit en vapeursse déposeen beaux cristaux qui n'égalent cependant pas en
grandeur ceux que te chevalier Dotomieu a rapportés de Sicile 2 ce sont des
octaèdresdemi-diaphanes,très-éclatansà leur surface, et à cassureconchoïde.
Cesmassesqui ferontpeut-être un jour un objet d'exploitation,sont constam-
ment mouilléesd'acidesulfureux.J'eus l'imprudencede les envelopperpour les
conserver;maisje m'aperçusbientôt que l'acide avoitrongé, non seulementte
papjer qui les renfermoit, mais malheureusementaussi une partie de mon
journal m!néra!ogique.La chaleurdes vapeursqui sortent des crevassesde la
Caldera n'est pas assezgrandepour combiner,le soufre, extrêmementdivisé,
avec l'oxigènede l'air ambiant et, d'après1 expérienceque je viens de citer
sur la température du sol, on peut supposer que l'acidesulfureux se forme
à une certaine profondeur dans des creux où l'air extérieur a un libre
accès.
Les vapeurs*d eau chaude qui se portent sur les fragmens de laves
éparsesdans la Caldera, en réduisent quelquesparties à un état pâteux. En
examinant, après mon arrivéeen Amérique, ces massesterreuseset friables,
j'y ai trouvé des cristaux de sulfate d'alumine. MM. Davy et Gay-
Lussacont déjà énoncé t'idée ingénieuseque deux corps éminemment

danslesPhil.Th~M.,
Blacit, t~4, p. a4.
Ces cristaux ont quatre à cinq pouces de longueur..P~e, Cat.
<fmt.MM~<mmt!M&~tM~ at.
Un observateur, d'ailleurs très-exact, M. Breidact, an!nme ( Geo&)gts,T.H, p. a5a) que t'acide
muriatique prédomine toujours dans tes vapeurs du Vésuve. Cette assertion est contraire à ce que nous
avons observé, M. Gay-LnsMcet moi, avant la grande éruption de t8o5, et pendant
que la lave sortoit
du cratère. L'odeur de l'acide sulfureux, si facile à reconnoître, se faisoit sentir de très-loin et quand
le volcan lançoit des scories, il se méloit &cette odeur' celle du pétrole.

Davy, on the ~eeo)npM!f<;M o/t~ a~a& (M<7: Tr. ~8o8,PL t,p.44). ).


CHAPtT&E U. "37

ipûammables,les Métaux de la soudeet de lapotasse~ jouent proba~~


un r~le important dans l'action volcanique; or la potasse, nécessaire à ïa
formationdu sulfate d'alumine, se trouve, non seulement dans ieMdspath,
le mica, la pierre ponce et l'aagite, mais aussi dans les obsidiennes".Cette
deraièresubstanceest très-commune &TénénjBe.ouellefaitlabasede la plupart
des laves téphriniques~Tous ces rapports par lesquelste cratère du Pic res-
sembleà lasolfatarede Puzzole,paroitroientsansdouteencore plus nombreux~
si le premier étoit plus accessible et s'il avoit été fréquemmentvisité par des
naturalistes.
Le voyageau sommetdu volcande Ténérinen'est pas seulementintéressant
à causedu grand nombre de phénomènesqui se présentent à nos recherches
scientifiques;il l'est beaucoupplus encore par les beautés pittoresques qu'il
offreà ceux qui sentent vivementla majesté de la nature. C'est une tâche
difficileà remplir que de peindre ces sensations elles agissentd'autant plus
sur nous, qu'ellesont quelque chose!de vague, produit par l'immensitéde
l'espacecomme par la grandeur, la nouveauté et la multiplicité de~objet:
au milieu desquelsnous nous trouvons transportés.Lorsqu'un voyageurdoit
décrire les plus hautes cimes du globe, les cataractesdes grandesrivières,
les valléestortueuses des Andes, il est exposé à fatiguer ses, lecteurs:pat
l'expressionmonotone de son admiration. !1 me paroît plus conforme au
plan que je me suis tracé dans cette Relation, d'indiquer le caractèreparti-
culierqui distinguechaque zone.On fait d'autant mieux connoïtre la phy-
sionomie du paysage, qu'on cherche à en désignerles traits individuels.
à les comparerentre eux, et à découvrir,par ce genre d'analyse, les source:
des jouissancesque nous offrele grand tableau de la nature.
L'expériencea appris aux voyageursque les sommets,des montagnes
très élevées présentent rarement une vue aussi belle et des effets pitto-
resquesaussi variés que les cimesdont la hauteur n'excède pas celles du
Vésuve, du Rigi et du Puy-de-Dôme. Des montagnescolossales,comme
le Chimborazo,l'Antisanaou le Mont-Rose, ont une massesi considérable
que les plaines, couvertes d'une riche végétation, ne sont. aperçues qu<
dans un grand éloignement, et qu'une teinte bleuâtre et vaporeuse esi

Collet Descotils,
danstes~M<t&!
de ChimieT. LUÏ,p. 260.Surles tracesdepotasse
dan
t'augne,voyezKlaproth, B.'5, S. tSg,t62et t66.
Bettnt~Bj
Zam~erte, JMn~nt&~M~T. H, p. 533; et yoMnMt~
<&fA~M~ue,1806, p. toa.
7{e/<!<~M Zbw.
&M<on~Ke~ tg
i38 JUVKE
unitbftnément répandue sur le paysage. Le Pi-cde Te~M~e, par sa torme
ébncée et sa position locale, réanit le&avantages qu'o~eat les sommets
moins élevésà ceux qui Baissentd'une très-grandehauM~jNon seulement
on découvrede sa cime un Mmmease horizonde mer qm~'é~v~ au-dessusdes
plus hautes montagnes des ues adjacentes, mais on voit aussi,les forets de
TénériSeet la partie habitée des côtes, dans une proximité propre à pro-
duire les plus beaux contrastes de forme et de conteur.On diroit que le
volcan écrase dç sa, masse la petite île qui lui, sert de base: ~s'élance du
sein des eaux a une hauteur trois fois plus grande que celle à taqueHese
trouvent suspendustes nuages en ~te.Si son cratère, à detnt-éteint depuis
des sièc!es, tancolt des gerbes de feu comunecelui de Stromboli dans ie~
îles Éprennes,te Pic de TenëeiCe,semblableà uo phare, dirigeroit le navi-
gateur dans ujt circuit de plus de 260 lieues.
Quand nous f~nes assis sur le bordextérieur du cratère, nous dingeâmes
notre vue vers le nord-ouest, où les côtea sont ornées de villages et
de hameaux.A nos .pieds, des amas de vapeurs, ~onstaHHBentagites par
les ve~ts, oSroient le spectacle le plus varié. Une couche uniforme de
nuages, la m~ne dont nous avons parlé plus haut, et qui nous séparoit des
basses régions de l'ile, a voit été percée dans plusieurs enduits par l'eH~t
des petits couransd'air que la terre échaui~e par le soleil commençoità
renvoyervers aous. Le port de l'Orotava,.ses vaisseauxà l'ancre, les jardins
et les vignes, dont la ville est environnée, se présentoient à travers une
ouverture qui sembloit ~agrandieà chaque instant. D~ haujt de. ces régions
solitaires, no& regards plongeoient sur un monde habité nous~jouimes
du contraste frappant qu'offrent les flancs décharnés du Pic~ ses pentes
rapides couvertes de scories, ses plateaux dépourvus de végétation,, avec
l'aspect riant des terrains cultivés nous vîmes les plantes diviséespar zone,
selonque 1&température de l'atmosphèrediminueavec la hauteur du sitet Au-
dessousduPiton, de&lichenscommencentà couvrirleslavesscofinéesetà surface
lustrée; une violette voisinedu Viola decumbens, s'élèvesur la pente du
volcan jusqu'àï y~otoisesde hauteur elle devance,non seulement!es autres
plantes herbacées,mais aussi les.graminéesqui, dans les Alpes et suf le dos
des Cordillères, touchent immédiatementaux végétaux de la famille des
Cryptogames.Des touRes de Rétama, chargéesde Neuis, ornent les petites

'VIoIachdranthifoU~~o~!emMPb'nMséqmiBMiat<a,Vo!.ï,p.ttt,PLxx~M
CHAPtT&E ÏÏ. '"9
.<t<t'~<tL*Jt~-
valléesque les toréas ont creusées, et qui sont encombréespar lèNët des
érNpt!bnslatérales; au-dessousdu Rétamavient h région des ~bngèreabordée
de celledes bruyèresarborescentes.Des iorets de lauriers~ de RMontis et
d'arbousiersséparentlesEricadescoteauxplantésen vigneset enarbrestraitîCM.
Un riche tapis dé verdure s'étenddBpuis la Plaine des Genets et la zoNë
des plantesalpinesjusqu'aux groupes deDatiofs et de Musa, dont l'Océan
semble baigner le pied. Je ne fais qu'indiquer ici les traits principaux de'
cettecartebotanique:je donneraidans la suitequelquesdéfaits sur la géographie
des plantes de Me de TénériSe.
L'apparence de proximité dans laquelle on voit, du sommet du Pic, les
hameaux, les vignobles et les jardins de la côte, est augmentée par la
prodigieusetransparencede l'atmosphère.Malgréle grand éloignement,nous
ne distinguionspas seulementles maisons,la voilurédes vaisseauxet le tronc
des arbres, nousvoyionsbriller aussi, desplus vivescouleurs,la richevégétation
des plaines. Ces phénomènesne sont pas dus uniquement à la hauteur
du site; ils annoncentdes modificationsparticulièresde l'air dans les climats
chauds. Sons toutes les zones, un objet placé au niveau de la mer et
renvoyantles rayons dans une direction horizontale, paroit moins lumineux
quelorsqu'on l'aperçoitdu sommetd'une montagne, où les vapeurs arrivent
à traversdes couchesd'air d'une densité décroissante.Des différenceséga-
lemènt frappantes sont produites par l'in&uencedes climats; la surface d'un
lacou d'une largerivièrebrillemoinslorsqu'onla voit à égaledistancedela cime
deshautesAlpesde la Suisse,quelorsqu'onl'aperçoitdusommetdesCordillères
du Pérouou du Mexique.Plus l'air est pur et serein plus la dissolutiondes va-
peursest parfaite,et moinsla lumièreestéteinte à son passage.Lorsquedu côté
de la merdu Sud on arrive sur le plateaude Quito onsur celui d'Antisana,on
est frappé, les premiersjours, de la proximitédans laquelleon croitvoir des
objetséloignésde septà huit lieues.Le Pic de Teyden'a pasl'avantaged'être situé
dansla régionéqtnnoxiale,mais la sécheressedes colonnesd'air qui s'élèvent
perpétuellement au-dessusdes plainesvoisinesde l'Afrique,et que lesventsd'est
amènentavecrapidité, donneà l'atmosphèredes îles Canariesune transparence
qui ne surpassepas seulementcellede l'air de Napleset de Sicile, maispeut-étfe
aussi la pureté du ciel de Quito et du Pérou. Cette transparencepeut être
considéréecommeune des causesprincipalesde la beauté du paysagesous la
zonetorride c'est elle qui relèvel'éclat descouleursvégétales,et contribue à
l'effet magique de leurs harmonieset de leurs oppositions. Si une grande
t~e JLIVBEÏ~

masse de lumière, qui circule autour des objets, (attgue, pendant une
partie du jour, les sens extérieurs,1'haBItantdes climatsméridionaux est
dédommagépar des jouissancesmorales.Une clarté brillante dans les con-
ceptions,une sérénitéintérieurerépondentà la transparence del'air environnant.
On éprouve ces impressionssans franchir les limites de l'Europe; j'en
appelle aux voyageursqui ont visité les pays illustrés par les prodiges 'de
l'imaginationet des arts, les climatsheureuxde la Grèce et de l'Italie.
En vain nous prolongeâmesnotre séjour sur le sommet du Pic, pour
attendrele momentoù nous pourrionsjouir de la vue de tout l'archipel des
{lesFortunées Nous découvrîmesà nos pieds Palma, la Gomère et la
Grande Canarie.Les montagnesde Lancerote, dégagéesde vapeursau lever
du soleil, furent bientôt enveloppéesde nuages épais. En ne supposant
que l'effetd'une rétraction ordinaire, l'ceil embrasse, par un temps serein,
de la cime du volcan, une surface du globe de S~oo lieues carrées, égale
au quart de la surfacedet'Espagne. Ona souventagité la questions'il estpossible
d'apercevoirla côte d'Alriqne du haut de cette pyramidecolossale mais
les parties de cette côte !es plus proches sont encore éloignées de TénériSe
de a" ~9~ en arc, ou de 56 lieues; or le rayon visuel de l'horizon du Pic
étant de 1° 5~, le cap Bojador ne peut être vu qu'en ~ui supposant
une hauteur de 206 toises au-dessusdu niveau de l'Océan. Nous ignorons
absolument l'élévation des Montagnes Noires voisines du cap Bojador,
de même que cette du Pic appelé par les navigateurs jPcnoK grande,
et placé plus au sud de ce promontoire.Si le sommet du volcan de
TénériSe étoit plus accessible,on y observeroltsans doute, par de certains
vents, les effets d'une réfraction extraordinaire.En parcourant ce que les
auteurs espagnolset portugais rapportent sur l'existencede l'f!e fabuleusede
San Borondon du Antitia, on voit que c'est surtout le vent humide de
l'ouest-sud-ouestqui produit dans ces parages des phénomènesde mirage
nous n'admettronspas cependant avec M. Viéra <'que le jeu des réfrac-

1DetouteslespetitesilesCanaries,la.Rochettel'Estestla sentequi nepeutpasetMTte,


mêmeparnn tempsserein,AuhautduHc.Sadistance estde3"5', tandisquecelte.
duSalage
n'estquedea° i'. L'ilede Madère,
éloignée de4° a~ neseroitvisiblequesi set montagnes
avoient
plusde3oootoises
d'élévation.
La refraction da para todo. ') ~Vf'ttCKM T. t, p. io5. Nous avons déjà indiqué plus
&M<f)rM!<M,
haut que les fruits de t'Amériqne, jetés fréquemmentpar la mer sur les côtes des Met de Fer et de
Gomère, étoient attribues jadis amt végétatm de l'Ne de San Botonden. Cetteterre, 'que le peuple
CCAprTRE
ïf. '4'
tions terrestres peu~~endrevisible, aux habitans des Ciaaanai, tes S~ ds
cap Vert et mêmeles montagnesApalachesde rAménque.
Le froid que nous-éprouvâmessur la cime du Pic étoittr&s-considérable
pour ta saisondans laquelle nousnoustrouvions.Le thermomètre'centigrade
éloignédu sol et des fumarolesqui exhalent des vapeurschaudes,descendit,
à t'ombre, à a°, Le vent étoit ouest, et par conséquent:opposé&celui qui
amèneà TéuérISe,pendant une grande partie de l'année, l'air chaud qui
s'élèveau-dessusdes déserts brulans de l'Afnque. Connne la température de
l'atmosphère, observéeau port de l'Orotavapar M. Savagi,étoit de 22°,8;
le décroissementdu calorique étôit d un degré par 94 toises. Ce résultat
s'accordeparfaitement avec ceux qui ont été obtenus par Lamanon et par
Saussure aux sommetsdu Prc et de l'Etna, quoique dans des saisonstrès-
différentes La forme élancéede ces montagnesoffre l'avantagede pouvoir
comparerla température de deux couchesde l'atmosphèrequi se trouvent
presquedansunmêmeplanperpendiculaire;et~ sousce rapportales observations
faites dans un voyage au volcan de Ténérine, ressemblentà celles que
présenteune ascensionaérostatique.Il faut remarquercependantque l'Océan
à causede sa transparenceet de son évaporation, renvoiemoinsde calorique
dansleshautes régionsde l'air que ne le font les plaines aussi les cimesqui
sont environnéesde la mer sonKilesplus froidesen été que les montagnesqui
s'ctèventau milieudes terres; mais cette circonstanceinfluepeu sur le décrois-
sement de- la chaleur atmosphérique la température des basses régions se
trouvant égalementdiminuée par la proximité de l'Occan.
Il n'en est pas de même de 1 influence qu'exercent la direction du vent, et la
rapidité du courant ascendant ce dernier augmente d'une manière
quelquefois
surprenante la température des montagnes les plus élevées. J'ai vu monter le ther-
momètre, sur la pente du volcan d'Antisana, dans le royaume de Quito à in°

disoit gouvernée par un arcbevéque et M évequet, et


que le père Fei;oo croit être t';maee de
File de Fer, reBéchie sur un banc de brume, fut cédée au seMH:m<{
siècle, par le roi de Portugal, à
Louis Perdigon, au moment où ce dernier se prépara à en faire la
conquête.
MM. Odonell et Armstrong observèrent, le a août t8o6, à huit heures du matin, sur ta cime
d~Pic, le thermomètre à l'ombre, à t3°,8, et au soleil a :M'5. Différence ou force du-soteit
6°,~ degrés centésimaux.
L'observation de LamMon donne 99 toises par
degré du thermomètre centigrade, quoique la
température du Piton diNrat de 9° de cette que nous observâmes.A l'Etna, le décMisjtementobsédé
par Saussure fut de 9~ toises.
t;A~ ~'t..tv.RjB,!ï.

lorsquenousnoustrônâmes ~aSS~t~'sesd~
t~–– ~<. *~<AtM~a ~«Mn t~MM ~f haMt~nr- MfLabIMardicM
M l'a vu
se soutenir, au borddwcratère du Pic de Ténér~4 qaoiqu'll ei~
employétoutes les précautioasimaginâmespour éviter reSet des, causes
accideateUes.La K~p~tMredela radedeSainte-Croix savant ~lors à a8",
la di~rence, entrel'aide la cote et,le sommet d u Pic, étottde 9",3 au
a un
lieudeao"qui eonfespondent d~cMussem~nt decaloriquede9~ toisespar
le
degré.Je trouve, daas journal de route de l'expédtHon de d'~tMcasteaux,
à
qu'à cetteépoquele ve~t, Sanute-Croix, etoit sud-sud-est.Peut-êtrece même
vent;souBloit-H plusimpétueusement dansleshautes régionsdel'atmosphère;
peut'eUefaisoit-Ureuuer, dans une directionoblique,l'air chaud du con-
tinent voisin~ vers!a cimedn Piton. Le voyagede M. LabIHardièpe eut
d'aUkurs~ieu~let? octobre ï~ et, dansles Alpes de la Suisse, on
a observé-quela diSMrence et
de températureentreles montagnes les plainM
est moinsgrandeen aut~ïmme qu'en4té. Toutescesvariations'de la rapidité
avectaque~edécroitle calorique,n'mOuent ~surles mesuresfaitesà l'aide du
baromètre,qu'autant~ue le décroissement n'estpas uniforme, danslescouches
intermédiau'eS)et ([u'H~'éteignede la progressionarithmétiqueou JtMrmo-
nijpt~que supposentles formulesemployées.
Nousne pûmesnouslasserd admirer,sur le sommetdu Pic, la couleur
de la voûte azuréedu ciel.Sonintensitéauzénith nous parutcorrespondre
à du cyanometre. On sait, par les expériencesde Saussure,que cette
intensitéaugmente avecla raretéde l'air, et quele mêmeinstrumentindiquoit

~<y<~A&tF-ef~vAeA ~<y~«!Me,Vet.t, p. s3; Vol. H, p. S5.


Je réomiratici tesrésultais'de toutesteeobservation~ thennometnquet&itesec Fiede Ténériffeet
qui sont propresà 6Mfle nombrede totsetyu corre~)on<tent &amabaissetttent
d'un deg~ecemt!grt<de)s
t.° ï)ortht(aamoMdetejtMmhre),
jusqn'attPtnd<tDo)'nBJito,to4toises{matut);
jnsqtt'itla Stationdes Rochers, ioy totset (mir);
)Msqt'& la glacièrenaturelle, t~g toises(matin);i
}<Mt[n'M pied du Mtom,t~ tuises~jttatt~);
jusqu'àla cimedu Pic, )L3ytojses( matin);
2.° Lamanon(au moMd'août),
la
jusqu'à cime, ~9 toises( matin)
3.* Cordier( anmOMd'aYnt), ;·
jusqu'àla Stationdes Rochers, taa toises( soir )
jusqu'àla cime 115toises(otatm);
·
4.°NotreYoyage(aumoisd~)mn),
la
jusqu'à cime toises.
CHAPITREtt. t~
à h même époque 3~° au pr~urë de Chamoaai,et ~& b du Mont*
Btatic.Cette dernière montagne est de 5~o toises pïos é!évëé qae le voleMt
de TéneriSe~et si y malgrécette dit~reaeë) CMy voit le tae~d~tme MiMe~
bleue mains ~aneée~ il faut attribuer ce pb~notcè&eà ta eec~er~eë de
l'air africainet ataproximité de ~t zone torcMe.
Nousrecueilumesde l'air au bord du cratère pouren fairel'analysependant
notrenavigationen Amérique.Le flaconresta si b!en boucherqu'en l'ouvrant,
aprèsun espaceded!x jours,!*eauy entraavec'forcé.Plusieurs expertences,faites
au moyendu gaznitreuxdansle tubeétroit de t'eudiometrede Fontana, parois-
soientprouverque l'air dû cratèreeonteno!tneuf centièmesd'oxygènede moins
que l'air de ta mer; maisj'ai peu de confiancedans ce résultat obtenu par un
moyenque nous regardonsaujourd'hui commeassezinexact.Le cratèredu Pic
a si peu de profondeur, et l'air s'y renouvelleavectant de fa~ciute,qu'il n'est
guèreprobable que ta quantité d'azote y soit plus grande que sur les côtes.
Noussavonsd'ailleurs, par les expériencesdeMM.Gay-Lussacet Théodorede
Saussure,que, dans les plus hautes régionsde l'atmosphèreet dans les plus
basses,l'air contient également0,2ï d'oxygène
Nous ne vîmes, au sommet du Pic, aucunetrace de Psora, de Lécidée, ou
d'autres plantes cryptogames~aucun insecte ne voltigeoit dans les airs. On
trouvecependantquelqueshyménoptèrescolléssurdesmassesde soufrehumectées
d'acide sulfureux,et tapissant l'ouverturedes fumaroles.Ce sont des abeilles
qui paroissent avoir été attirées par lesfleursdu Spartiumnubigenum et que
des vents obliquesont portées dans ces hautes régions, commeles papillons
trouvés, par M. Ramond, à la cime du Mont-Perdu. Ces derniers périssent
de, froid, tandis queles abeillesdu Pic sont grillées en s'approchantimpru-
demmentdes crevassesauprès desquelleselles sont venues chercher de la
chaleur.
Malgrécette chaleur que l'on sent aux pieds, sur le bord du cratère, le
cône de cendresreste couvert de neige pendant plusieurs mois de l'hiver.
Il est probable que, sous,la calotte de neige il se forme de
grandes

Pendant le séjour que nom avons fait M. Gay~usac et t&o!,


a t'hosp.ce & Bf~nt-Cents, a;
mois de mars t8o5, ne)M avonsrecueilli de l'air au milieu.d'an nuage {brtement
étectn~ue. Cet air
anatysé dans l'eudiomètre de Volta, ne contenoit pas d'hydrogène, et sa puteté ne différoit pas d<
o,oo2 d'oxygène de l'air de Paris que nous avions porté avec nous dans des flacons
hermétiquement
fermés.Sur l'air qui aétérecueilli 3 3405toisesde bautenc,
voyez ~M. de C~tm~, T. LU, p. 9a.
r~4 HVREï.
voûces, semblablesà celles que Hon trouve sous les glaciers de la Suisse,
dont la température est constamment moins élevée que celle du sol. ~ur
lequel ils,reposent Le vent impétueux et froid qui souilloit depuis le
lever du soleil, nous engagea à chercher un abri au pied du Piton. Nous
avions les mains et le visagegelés, tandis que nos bottes étoient brûlées
par le sol sur lequel nous marchions.Nousdescendîmes,en peu de minutes,
le Pain de Sucre que nous avions gravi avec tant de peine, et cette rapidité
étoit en partie involontaire, car souvent on roule sur les cendres, Nous
quittâmesavec regret ce lieu solitaire, ce site dans lequel la nature se montre
dans toutesa majesté;nous nousflattions de revoir'un jour les îles Canaries,
mais ce projet, comme tant d'autres que nous formions alors) n'a pas
été exécuté.
Nous traversâmeslentementle Malpays le pied ne reposepas avec sûreté
sur des blocs de laves mobiles. Plus près de la Station des Rochers, la
descente devient extrêmementpénible le gazon, court et serré, est si
glissant,quepour ne pas tomber il faut continuellementpencher le corps en
arrière.Dansla plainesablonneusedu Retama, le thermomètres'élevoità a2°,5/
et cettechaleurnous parut suffocanteen la comparantà la sensationdu froid
que l'airnousavoit fait éprouverau sommetdu volcan.Nousétions absolument
dépourvusd'eau; nosguides,noncontensdebotreà la dérobéela petiteprovision
de vin de Malvoisieque nous devionsà la bonté prévoyante de M. Cologan,
avoient aussibrisé les vases qui renfermoientl'eau. Heureusementils avoient
laisséintact le flacond))nslequel nous avionsrecueilli rair du cratère.
Nous jouîmes enfin d'un peu de fraîcheurdansla belle région des fougères
et de l'Ericaarborescent.Une coucheépaissede nuagesnous enveloppoit; elle
se soutenoità six cents toises de hauteur au-dessus du niveaudes plaines
En traversant cette couche, nous eûmesoccasion d observerun phénomène
qui, dans la suite, s'est présenté souvent à nous sur la pente des Cor-
dillères.De petits coùrausdair poussoient des traînées de nuages avec Une
vitesseInégaleet dansdes directionsopposées.Ilnoussembloitvoirdesfiletsd'eau
qui se meuventrapidement,et en tous sens, au milieud'une grandemassed'eaux
dormantes.Les causesde ce mouvementpartiel des nuagessont probablement
très-variées; on peut les chercherdans une impulsion venue de très-loin,
dans de légères inégalités du sol qui réfléchit plus ou moins le calorique

l'excellent
Voyez deM~deStapter,
ouvrage <&)
~c~BjMMore~Me p. 6t.
~O&tr&mf~
CHAPtTNE '4~

rayonnant, dans une dinerencede températureentretenue par quelque action


chimique, ou enfin dans une forte chargeélectrique desvapeurs vésiculaires.
En nous approchantde la ville de t'Orotava, nousrencontfâïOes de grandes
bandesde Canaris Ces oiseaux,si connus en Europe, étoientd'un vert assez
uniforme;quelques-unsavoientsurledos uneteinte jaunâtre leur chantetoit le
mêmeque celuidescanarisdomestiques on observecependantque ceuxqui ont
été prisàt'flede GranCanariaetau petit flotde Monte-Clara,prèsde Lancerote,
ontla voixla plus forte, et en même tempsla plus harmonieuse.Sous toutes les
zones, parmi les oiseauxde la mêmeespèce,chaquebande a son langagepar-
ticulier.Les canarisjaunessontune variétéqui a pris naissanceenEurope;etceux
que nousvîmesdansdes cages,à t'Orotâvaetà Sainte-Croixde Ténériue,avoient
été achètésà Cadixet en d'autres ports d'Espagne.Mais, de tous lesoiseaux des
îlesCanaries,celuiqui a le chantle plus agréableest inconnuen Europe c'estle
Capirotequ'on n'a jamaispuapprivoiser,tânt il aimesaliberté. J'ai admiréson
ramagedouxet mélodieux,dans un jardin près de t'Orotava,maisje ne l'ai pas
vu d'assezprès pour prononcerà quel genreil appartient.Quant aux perroquets
que l'on croit avoir aperçus lors du séjour.ducapitaine Cook à Ténériue, ils
n'ont jamaisexisté que dansle récitde quelquesvoyageursqui se copient lesuns
les autres.Il n'y a ni perroquets ni singesdansles îles Canaries;et, quoique,
dansle nouveaucontinent, lespremiersfassentdes migrationsjusqu'àla Caroline
septentrionale,je doute que dansl'ancien on en ait rencontréau nord du
28. degré de latitude boréale.
Nous arrivâmes vers la fin du jour au port de t Orotava, où nous trouvâmes
la nouvelle inattendue à la voile que la nuit du
que le Pizarro ne mettroit
2q au 25. Si nous avions sur ce retard, nous aurions ou
pu compter
prolongé notre séjour au Pic, ou entrepris une excursion au volcan de

Fringitta Canaria. La Caille rapporte, <]ans!aI<e!at!ondemnTnyageauCi)p, qu'a rite du Salvagc,


ces serinssont si abondant que dans une certaine saison on ne peut y marcher sans briser les epufs.
Comme beaucoup de voyageurs, qui abordent a Sainte-Croix de Tenériffe n'entreprennent pas
l'excursion au Pic, parce qu'ils ignorent le temps qu'il faut y employer, it sera utile de consigner
ici les données suivantes En se servant de mulets jasqu~a ta Station des Angtois, on met, de
l'Orotava pour aller au sommet du Pic et revenir au port, 21 heures; savoir, de tOrotavn au
Pino del Dornajito, 3 heures; du Pin ? la Station des Rochers, 6 heures; et de cette Station a ta
Catdera, 3 heures et demie. Je compte <)heures pour la descente. Il ne s'agit, dans ces évaluations
que du tempsemployé à la marche, et ancnnementde celai qui est nécessaire pour examiner les pro-
ductions du Pic, ou pour prendre du repos,. Une demi-journée sufut pour se
transporter de Saintl-
Croix de Ténérilfe à l'OrotaYa.
7!e/c<M/t yn/y.I.
/<M<o<<7Me~ jn
LIVRE Ï.
Ï~6

Chàhorra. Nous passâmesla journée du lendemainà visiter les environs,de


~)t 1 HLï A 1- y < t

l'Orotava, et à jouir de la société aimable que mous onroit la maison de


M. Cologan.Noussentîmesalors que le séjour de TénériNen'est pas seulement
intéressantpour ceux qui ~'occupentde l'étude de la nature on trouve &
l'Orotavades personnesqui ont goût des lettres et de la musique, et qui
ont transplanté,dansces climatslointains, l'aménitéde la sociétéde t'Europc.
Sousces rapports, à l'exceptionde la Havane,lesMesCanariesressemblentpeu
aux autrescoloniesespagnoles.
Nous assistâmes,la veille de la Saint-Jean, à une fête champêtreau jardin
de M. Little. Ce négociant, qui a rendu de grands servicesaux Canariens
lors de la dernièredisette de grains, a cultivé une collinecouverte de,débris
volcaniques.Ha formé, dansce site délicieux, un jardin angtois; on y jouit
d'une vue magnifique sur la pyramide du' Pic, sur les villages de la côte
et sur file de Palma qui borde la vaste étendue de t'Océan.Je ne saurois
comparer cette vue qu'à celles des golfes de Gènes et de Naples mais
l'Orotaval'emportede beaucouppour la grandeur desmasseset pour larichesse
dej)a végétation.A l'entrée de la nuit, la pente du volcannous offrit tout-
a-coupun aspectextraordinaire.Les pâtres,fidèlesà une coutumeque sansdoute
lesEspagnolsont introduite, quoiqu'elledate de la plus haute antiquité, avoient
alluméles feux de la Saint-Jean.Ces massesde lumièreséparses, ces colonnes
de fumée chasséespar les tourbillons contrastoient avec la sombre ver-
dure des forêts qui couvrentles flancsdu Pic. Des cris d'allégressese faisoient
entendrede loin, et sembloientseuls interrompre le silence de la nature
dans ces lieux solitaires.
La famillede M. Cologanpossèdeune maisonde campagneplus rapprochée
de la côte que celle que je viens de décrire.Le nom que lui a donné
le propriétaire, désigne le sentiment qu'inspirece site champêtre.La maison
de La Paz avoit d'ailleurspour nous un intérêt particulier.M.de Borda, dont
nous déplorionsla mort, l'avoit habitée pendant sa dernière expédition aux
îles Canaries.C'est dansune petite plaine voisineque ce savant avoit mesuré
la baseà l'aidede laquelle il déterminala hauteur du Pic. Dans cette triangu-
lation, le granddragonnier de l'Orotavaservoit de signal. Si quelquevoyageur
instruit vouloitun jour entreprendre, avec plus de précisionet au moyen de
cerclesrépétiteursastronomiques,une nouvellemesure du volcan, il faudroit
mesurer la base, non près de l'Orotava, mais près de los Silos dans un
CHAPITRE !t. *4?
1 1
endroit appeléjy<M~~on M, Droussonoet,il n'y a pas ds plaine ra~pMchée
du Pic, qui offre plus d'étendue. En herborisant pfës de, J~az, noustrou-
vâmesabondammentle Lichen roccellasur les rochers basaltiques baignés
par les eaux de la mer.L'orseUIedes Ganafiëaest une branche de commerce
très-ancienne; on tire cependant ce Licheonloins de l'MedeTénértSe que
des}lesdésertesduSaIvag€,deIaGraciosa,de l'Alegranza,et mémedeCanane
et de .Hierro.
Nousquittâmesle port de l'Orotava, le 3~ juin au matin;-nous dm&mes,
en passantpar la Laguna, chez le consul de France, Il eut la complaisance
de se charger des collectionsgéologSque&que nous avions faites et que
nous destinionsau cabinet d'histoire naturelle du roi d'Espagne. En sortant
de la ville et en fixant les yeux sur la rade de. Sainte-Croix, nous fumes
alarmés par la vue de notre corvette te Pizarro qui étoit sous voile.
Arrivés au port, nous apprimes quelle louvoyoit à. petites voiles pour
nous attendre. Les vaisseauxangtois, qui étoient en station devant l'île de
TénériSe, avoient disparu, et nous n'avions pas un moment à perdre pour
quitter ces parages.Nousnous embarquâmesseuls; car nos compagnonsde
voyage étoient Canariens, et ne nous suivoient pas en Amérique. Nous
regrettâmes,parmi eux, Don FranciscoSalcedo, fils du dernier gouverneur
espagnolde la Louisiane, que nous retrouvâmesà lue de Cuba après notre
retour de l'Orénoque.
Pour ne pas interrompre la relation du voyage à la cime du Pic, j'ai
passé sous silence les observationsgéologiquesque j'ai faites sur la structure
de cette montagne colossale, et sur la nature des roches volcaniquesqui
la composent.Avant de quitter l'archipel des Canaries, il sera utile de nous
arrêter encoreun moment pour réunir, sous un m<~nepoint de vue, ce qui
a rapport au tableau physique de ces contrées.
Les minéralogistesqui pensentque le but de la géologiedes volcansest de
classerdes laves, d'examinerlescristaux qu'ellesrenfermentet de les décrire
d'après leurs caractèresextérieurs,sont ordinairementtrès-satisfaitslorsqu'ils
reviennentde la bouche d'un volcanenflammé.Ils en rapportent des collec-
tions nombreusesqui sont l'objet principal de leursdésirs. Il n'en est pas de
même des savans qui sans confondre la minéralogie descriptive avec la

M.Hergen
lesa décrite!)
danslesAnnales
deciencias
naturales
qu'ila pnbHées
avect'atbéCa~an.Ues.
0'yc~nosM.
î~8 LIVRE 1.

géognOsie,tendent à s'élever à dés idéesd'un Intérêt gênera!, et cherchent,


dansl'étudede la nature, des réponsesaux questionssuivantes
La montagneconique d'un volcan est-elle entièrementformée de matières
ou feoferme~t-elle
liquéfiéeset amonceléespar des éruptionssuccessives, dans son
centreun noyau de roches primitivesrecouvertde laves qui sont ces mêmes
roches altérées par le feu? Quels sont les liens qui unissentles productions
des volcansmodernesaux basaltes, aux phonolites et à ces porphyresà base
fetdspathiquequi sont dépourvusde quartz, et qui recouvrent les CordH)ères
du Pérou et du Mexique,commele petit groupe des Monts-Dorés,du Cantal
et du Mézenen France? Le noyau centraldes volcans a-t-il été chauffé en
place, et* soulevé,dans un',état'de ramollissement,par la force des vapeurs
élastiques, avant que ces fluideseussent communiqué, par un cratère, avec
l'air extérieur? Quetté est la substance qui, depuis des milliers d'années,
entretient cette combustion, tantôt si lente, tantôt si active? Cette cause
inconnueagit-eiïeà une profondeurimmense, ou l'action chimique a-t-cue
lieu dans lesrochessecondairessuperposéesau granité? i'
Moinsces problèmesse trouventrésolusdans lesnombreux ouvragespubliés
jusqu'icisur l'Etna et sur le Vésuve, et plus le voyageurdésire voir de ses
propres yeux.Il se flatte d'être plus heureuxque ceux qui l'ont précédé; il
veut se former une idée précise dès rapports géologiquesentre le volcan
et les montagnescirconvoisines; mais, que de fois il est trompé dans
son espoir lorsque sur les limites du terrain primitif, dénormes
bancs de tuff et de pouzzolanesrendent impossible toute observation de
gisementet de superposition.On parvient dans l'intérieur du cratère avec
moins de difEcuttésqu'on ne le supposoitd'abord on examine le cône
depuissonsommetjusqu'à sa base; on est frappé de la différencequ'offrentles
produits de chaque éruption, et de l'analogiequi existe cependantentre les
lavesd'unmêmevolcan mais, malgréle soinavec lequelon interrogela nature,
malgréle nombre d'observationspartielles qui se présentent à chaque pas,
on revient de la cime d'un volcan enflammé,moinssatisfait qu'on ne l'ëtoit
en se préparant à y aller. C'est aprèsqu'on lesa étudiés sur les lieux que les
phénomènesvotcaniqr'esparoissentplus isolés, plus variables, plus obscurs
encorequ'on ne se les figureen consultantlesrécitsdes voyageurs.
Ces considérations se sont présentées à moi en revenant du sommet
du Pic de TénériSe, le premier volcan actif que j'aye eu occasion de
visiter; elles m'ont frappé de nouveau chaque fois que, dans l'Amérique
CHAftTHË *49
méridionaleou au Mexique, j'ai eu occasiond'examiner des montagnesvol-
caniques.En réfléchissantsur le peu de progrèsque les travaux des minéra-
logisteset les découvertesen chimie ont fait faire à la géologiephysique
des volcans, on ne sauroitst: défendred'un sentimentpénible il l'est surtout
pour ceuxqui, interrogeantla nature sousles climatsdivers, sont plus occupés
des proMèmesqu'ils n'ont pu résoudreque du petit nombre de résultatsqu'ils
ont obtenu.
Le Pic d'Ayadyrmaou d'Echeyde' est une montagne conique~ isolée,
placée dans un ilot d'une très-petite circonférence.Les savans qui ne consi-
dèrent pas à ta fois la surface entière du globe croient que ces trois
circonstancessont communesà la plupart des volcans.Ils citent, <t l'appui
de leur opinion, l'Etna, le Pic des Açores, la soufrière de la Guadeloupe,
lesTrois-Satazes de l'ilede Bourbon, et cet archipelde volcansque renferment
la mer de l'Inde et le Grand-Océan. En Europe et en Asie, autant que
l'intérieur de ce dernier continent a été reconnu, aucun volcan actif n'est
situé dans une chaîne de montagnes; tous en sont plus ou moins éloignés.
Dans le nouveaumonde, au contraire, et ce fait mérite la plus grande
attention, les volcans les plus imposanspar leurs massesfont partie des
Cordillèresmêmes. Les montages de schistemicacéet de gneissdu Pérou
et de la Nouvelle Grenadetouchent immédiatementaux porphyres volca-
niquesdes provincesde Quito et de Pasto.Au sud et au nord de ces contrées,
dans le Chili et dans le royaumede Guatimata,les volcansactifs sont groupés
par rangées.Ils continuent pour ainsi dire la chaîne de roches primitives
et si le feu volcaniques'est fait jour dans une plaineéloignéedes Cordillères
commedans le Sangay et le Jorullo on doit regarder ce phénomènecomme
une exceptionà la loi que la nature sembles'être imposéedans ces régions.
J'ai dû rappeler ici ces faits géologiques,parce qu'on a opposé ce prétendu
isolementde tous les volcansà l'idée que le Pic de Ténériffeet les autres
cimes volcaniquesdes îles Canariessont lesrestes d'une chaîne de montagnes
submergée.Les observationsqui ont été faites sur l'agroupement des vol-
cans en Amérique prouvent que l'ancien état de choses représente dans

Le motecbeydequi enferdansla langue


signiEe desGuanches
a ététransformé
parlesEuropéens
eu Teyde.
Deux vptcans des provinces de QmiMs et de Méchoacan, l'un de l'hémisphère austral, et t'antre
de t hémisphèreboréal.
t5o ttVRE~.
la carte co~/<?ctMraZc /on~<?j de M. Bory de Saint-Vincent', n'est
aucunementcontraireaux lois reconnuesdelà nature, et que rien ne s'oppose
à admettre que les cimesde Porto Santo, de Madère et dès îles Fortunées
peuvent avoir formejadis, soit un systèmeparttculier de montagnesprimi-
tives, soit l'extrémitéoccidentalede la chaîne de l'Atlas.
Le Pic de Teydeforme une massepyramidalecommel'Etna, le Tungurahua
et !e Pppocatepec.H s'en faut de beaucoupque ce caractèrephysionomique
soit commun à tous les volcans.Nous en avons observéidans l'hémisphère
austral qui, au lieu d'offrirla forme d'un cône ou d'une cloche renversée,sont
prolongés dans un sens; ayant la croupe tantôt unie, tantôt hérisséede
petites pointes de rochers. Cette structure est particulière à l'Antisanaet au
Pichincha, deux volcansactifs de la province de Quito; et l'absencede la
forme conique ne devra jamais être considéréecomme une raison qui
exclut l'origine volcanique.Je développerai dans la suite de cet ouvrage
quelques-uns des rapports que je crois avoir aperçus entre la physionomie
des volcanset l'anciennetéde leurs roches.Il suffit d'observerici en général
que lesbimcs qui vomissent encore avec le plus d impétuosité, et aux
époquesles plus rapprochées,sont des ~PzC~ ~Mc~t à forme conique; que
les montagnesà c~OM~e-y prolongées héqtsées-de petites masses pierreuses
et
sont des volcans très ancienset près de s'éteindre, et que les sommités
arrondiesen formede dômes oude clochesrenverséesannoncentcesporphyres
problématiquesqu'on suppose avoir été chaudesen place, pénétréspar des
vapeurs, et soulevésdans un état ramolli, sansavoir jamais coulécomme de
véritableslaves lithoïdes. Aupremier de cestypesappartiennentle Cotopaxi,
le Pic de Ténérineet celui dOrizava au Mexique;le second3 est commun
au Cargueirazoet au Picbincha, dans la province de Quito, au volcan de
Puracé, près de Popayan, et peut-être aussi à l'Hecla en Islande, Le troisièmea

La question si les traditions des anciens sur l'Atlantide reposent sur des faits
historiques est
entièrement différente de ceUe-ei si l'archipel des Canaries et les îles adjacentes sont les débris d'une
chaine de montagnes, déchirée et submergée dans une des grandes catastrophes qu'a éprouvée!! notre
globe. Je ne prétends émettre ici aucuneOpinion en faveur de l'existence de l'Atlantide; mais je tâche
de prouver que les Canaries n'ont pas plus été formées par les volcans,
que la masseentière des petites
Antilles ne l'a été par des madrepores.
~~Apittoresque, Pt. x.
/M., N. Lxi.
< Ibid. FI. xvr.
`
CHAPITRE Il. ï5t

et dernierde ses types se retrouvedansla forme majestueusedu Chimborazo,


et, s'il est permis de placer à côté de ce colosseune coMtnede l'Europe,
dans le Grand-Sarcouyen Auvergne.
Pour se former une idée plus exacte de la structure exteriedfe des
vo!cans, il est important de' comparer leur hauteur perpendiculaireà leur
circonférence.Cette évahiation n'est cependant susceptible de quoiquepré-
cision, qu'autant que les montagnessont isolées.et placées sur une plaine
qui se trouve à peu près au niveau de la mer. En calculant la circon-
férencedu Pic de TénëriQed'après une courbe qui passe par le port de
l'Orotava, par Garachico, Adexeet Guimar, et en, faisant abstraction des
prolongationsde sa base vers la forêt de la Laguna et le cap Nord-Est de
l'iïe~ ontrouve que cedéveloppement est de plusde5~ooo toises. La hauteurdu
Pic est par conséquente de la circonférencede sa base.M.de Bucha trouvé
ce rapport de– pour le Vésuve,et, ce qui peut-être est moins certain, de –
pour l'Etna Si la pente de ces trois volcans étoit uniforme depuis le
sommet jusqu'à la base, elle seroit inclinéeau Pic de Teyde de t2° 2Q'; au
Vésuve,de !2° ~t~;et à l'Etna de i oot3~, résultat qui doit surprendreceux
quine réfléchissent pas sur ce qui constitueune pente moyenne.Dansunemontée
très-longue, des terrainsinclinés de trois à quatre degrésalternentavecd'autres
qui sont inclinésde a5 à 3o degrés,et cesderniersseuls frappent notre imagi-
nation, parceque l'on croit toutesles pentesdes montagnesplus rapidesqu'elles
nelesonteffectivement. Je puis citer, à l'appuide cette considération,l'exemple
que présente la montée depuis le port de la Vera-Cruzjusqu'au plateau du
Mexique. C'est surla pente orientalede la CordiHèrequ'esttracé un cheminqui,1
depuisdes siècles,n'a puêtre fréquentéqu'à pied ou à dosde mutet.Depuisl'En-
ceroau petit villageindiende lasVigas,il y a ~5ootoisesdedistancehorizontale; i
et l'Encero étant, d'après mon nivellementbarométrique, de 746 toisesplus
bas que las Vigas, il ne résulte, pour la pente moyenne, qu'un angle
de 5°4o'.

Gilbert, ~MM<e/: der 7*~M~, B. 5, p. 455. Le Vésuve'a &t3;ooo palmes ou t8 milles marins
de circonférence. La distance horizontale de Résina au cratère est de 3~oo toises. Des minéralogistes
îtaliens ont évalué la circonférence de l'Etna de 84o,ooo palmes ou de no milles. Avec cette donnée 1
le rapport de la hauteur à la circonférence ne seroit que de y; mais je trouve, en traçant une courbe
par Catania, Paterno, Bronte et Piemonte, 6a mittes de circonférence, d'après des cartes les plus
exactes. Le rapport de augmente par Mt jusqu'à La base tombe-t-elle hors de la courbe que
j'indique?
ï5a t.tVRE t.
J'ai réuni, dans une mêmeplanche~ les pronts duPtede TénériSe, du
Cotopaxiet du Vésuve.Jaurois volontierssubstituéà ce dernier l'Etna, parce
que sa formeest ptu~natoguè à celle dés deuxvolcansd'Amériqueet d'Afrique;
mais je n'ai vontu tracer que te contour des montagnesque j'ai visitées et
mesuréesmoi-même;et, quant à l'Etna, j'aurois manqué de donnéespour les
hauteursintermédiaires.Je doistaireobserverencoreque, danslestroisprofils,les
échcttesde distanceset de hauteursont lesmêmesrapports. Lesdistancesont été
déterminéesd'après les cartes de Zanoni, de Bordaet de La Condamine.Le
lecteur,versé danslesopérationsde nivellement ne sera pas étonnéde la pente
très-doucequeparoissentprésenter ces profils.Dans )a nature, un plan incliné
sous un angle de 3S" paroit l'être de 5o". On ose à peine descendre en
voiture une pente de sa* et les parties des cônes volcaniquesinclinées de
40° à 42° sont déjà presqueinaccessibles,quoique le pied puisseformerdes
gradins en enfonçantdans tes cendres.Je réunis, dans une note particulière,
les expériencesque j'ai faites sur les diCicuitésque présente ta déclivitédes
terrains montagneux
Les yotcansIsolésoffrent, dans les réglons les plus éloignées, beaucoup
d'analogiesdans leur structure. Tous présentent, à de grandeshauteurs, des
plainesconsidérablesau milieu desquelless étèveun côneparfaitementarrondi.
C'est ainsiqu'au Cotopaxiles plaines de Suniguaicus'étendent au-dessusde la
maiteriede Pansache.La cime pierreused'Antisana, couvertede neiges éter-
nelles, forme un îlot au milieud'un immenseplateau dont la surface est de

Dansdesendroits oùil y avoità lafoisdespentesconcertes


degazontouBaetdessables
mon-
vans,j'aifaitlesmesures
suivantes
5°, pente d'une inc)inaisomdéjà très-marquée. En France, les grandes routes ne peuvent pas, selon
la loi excéder 4° 46'
tS", pente très-rapide, que t'on ne peut pas descendre en voiture;
3~°, pente presque inaccessible à pied, si !e sol est un roc nu ou un gazon trop serré pour
qu'on puisse y former des gradins. Le corps de l'homme tombe 'en arrière lorsque le
tibia fait avecla plante du pied un angle plus petit que 53";
42°, pente la plus ineKnëe qu'on puissegravir a pied dans un terrain sablonneux ou couvert de
cendres volcaniques.
Lorsque la pente est de 44°, it est presque impossible de )a gravir, quoique le terrain permette
d'y former des gradins en enfonçant le pit d. Les cônes des volcans ont une inclinaison moyenne
de 33 à 4o°. Les parties les plus rapides de ces cônes du Vésuvc, soit du Pic de TnneriBe, du volcan
de Pichincha et de Jorullo, sont de 4o" a 4a°. Une~ente de A5"est tout~a-fatt IuacoessiNc:vue
d'en haut, on la juge de ~5°.
cHApïT&E n. ï53

douze Meaescarrée~ et dont ta hauteur surpasse de deux cents toises celle


du sommet du Pic de TénériSe. Au Vésuve, à trois cent soixante-dix
toises d'élévation, le cône se détache de la PMinede l'Atrid dei Cavalli.
Le Pic de TénériSeprésente deux de ces plateaux dont le supérieur est
très-petit, et se trouve à la hauteur de HEtna, immédiatementan pied du
Piton, tandis que le second, couvert de touSes de Rétama (Spartium
nubigenum) s'étend jusqu'à l'jE~tanCMde los Tng~jc~. Celui-ci s'élève
au-dessus du niveau delà mer presque autant que la ville de Quito et le
sommet du Mont-Liban.
Plus une montagnea vomi par son cratère, et plus son cône de cendresest
élevéen raison de la hauteur perpendiculaire. du volcan entier. Rien de plus
frappant,sousce rapport, que la différencede structurequ'offrentle Vésuve, le
Pic de TénériSeet le Pichincha.J'ai choisi de préférencece dernier volcan,
parcequesa cime1 entreà peinedansla limite inférieuredes neigesperpétuelles.
Le cônedu Cotopaxi, dont la formeest la plus éléganteet la plus régulière
que l'on connoisse,a 5~0 toisesde hauteur, mais il est impossiblede décider
si toute cette masseest couvertede cendres.

Hj~TEMTOTALE' RAISONDCCONE
NOMS
DESvoi-CANS.. couvert a la
entotses.
de cendres, hauteur totate.

Vésuve. 606' t. 200' 1. y


––?"–'––––––––––––––––––––––"–
Pic de TénértNe.. `~ `'
tgo~' 84'

Pichif~ha. s4<)o 1. s~o r?o

Ce tableau semble indiquer ce que nous aurons occasion de prouver plus


amplement dans la suite, que le Pic de TënériSe appartient à ce groupe de

grands volcans qui, comme l'Etna et t'Antisana, ont plus agi, par les flancs

J'ai mesuré le sommet de Pichincha, c'est-à-dire le monticule couvert de cendres, aa-desms du


tjano del Vulcan, au nord de l'Alto de Chuqmra. Cemonticule n'a cependant pas )a &rtne
regutiere
d'un c6ne. Quant au Vésuve, j'ai indiqué la hauteur moyenne du Pain de Sucre, à cause de la
grande différence que présentent les deux bords du cratère.
Relation A/~onyM~ Tom. ~Q
a
t54 LIVRE

que par le sommet.Aussi !é cratère placeai extrémité du Piton, cehnq~e


l'on désignesous le nom de la Caldera, est-il singulièrementpetit; et cette
ne
petitesse avoit même déjà Trappe?. de Borja et d'autres voyageursqui
s'occupoientguère de recherches géologiques.
Quant à ta nature des roches qui composentte sol de TénérISe, il faut
d'abord distinguerentre les productionsdu volcan actuel, et le systèmedes
montagnesbasaltiquesqui entourentle Pic, et qui né s'élèvent pasau delàde
cinq à six cents toisesau-dessusdu niveaude l'Océan. Ici commeen Italie,
commeauMexiqueet danslesCordillèresde Quito, les rochesde la formation
trapéenne1 restent éloignéesdes couléesde lavesmodernes; tout annonce que
cesdeux classesde substances,quoiqu'ellesdoiventleur origineà desphénomènes
analogues,datent cependantd'époquestrës-diSerentes,Il est important, pour
la géologie,de ne pas confondre les conrans de laves modernes, les
buttes
de basalte, de grünsteinet de ph~no!Itequi se trouvent disperséessur les
terrainsprimitifset secondaires,et ces massesporphyroïdesà base de feldspath
compactequi n'ont peut-être jamais été parfaitementliquéfiées, mais qui
n'en appartiennent pas moins au domainedes volcans.
Dans l'fle de TénérISe, des couches de tuff, de pouzzolane et d'argile
séparentlesystèmedes collinesbasaltiquesdescouléesde laves lithoïdesmodernes
et desdéjectionsdu volcanactuel.De mêmeque les éruptionsde l'Epomeodans
Itle dïschia et ctnes de Jorullo au Mexique ont eu lieu, dans des terrains
couvertsde porphyrestrapéens, debasaltes ancienset de cendresvolcaniques,
le Pic de Teyde s'est e!evé au nulieu des débris de volcanssous marins.
Malgréla différencede compositionqu'offrent les laves'modernes du Pic,
on y reconnoit une certaine régularité de gisement qui doit frapper les
naturalistesles moins instruits en gébgnosie.Le grand Râteau des Genêts
sépareles laves noires, basaltiqueset d'un aspect terreux, des lavesvitreuses
et feldspathiquesdont la base estde l'obsidienne, du pechsteinet de la pho-
nolite. Ce phénomèneest d'autant plus remarquable qu'en Bohêmeet en

renfermant
Th~p-/brm<!<t<Mt lesbaltes, lesgriMM<MO,
lesporphyres lesphonolites
trapéens, ou
etc.
jforp/t~rsc/M'e/er~
Ces masses petrosiliceuses' enehasent des eristaux de feldspath vitreux souvent frittes, de
l'amphibole, des pyroxènes1 un peu d'olivine et presque jamais de quartz. A cette formation très-
proNématique appartiennent les porphyres trapéens dn Chimborazo et de RIobamba en Amérique;i
ceux des Monts t~uganéens en Italie, et du
Siebergebirge en AUemagne,de même que les <<omt<eo
du Grand-Sarcuy, du Puy-de-Dôme, du Petit-Cteirsou, et d'une partie du Puy-Chopine en
Auvergne.
CHAPÏTBË II. l55

· ,· · 'III'

d'autresparles de l'Europe, le ~o~p~~e~t~r à base de phonoHterecouvre


aussilessommetsbombésdes montagnesbasaltiques.
Nousavons déjà fait observerplus haut que, depuis le niveau de la mer
jusqu'au Portilloet jusqu'àFentrée duPtateaudes Cenets, c'est-à-diresur deux
tiers de la hauteur totale duvoléan, le sol est tellement couvert de végétaux
qu'il est difficilede faire des observationsgéologiques.Les coûtéesde lavesque
l'on découvresur la pentedu Monte-Verde,entre la bellesourcedu Dornajitoet
la Caravela,offrentdesmassesnoires, altéréespar la décomposition,quelquefois
poreuses,et à pores trës-atongés.La basede ceslavesinférieuresest plutôt de la
wakke que du basalte; lorsqu'elleest spongieuse,elle ressembleaux amygda-
ioïdes de Francfort-sur-le-Mein: sa cassureest généraiementinégalepartout où
elleest conchoïde;on peut supposerquele~refroidissemcnt a été plus prompt,
et que la massea été exposéeà une pression moins forte. Ces coûtées ne
sont pas divisées en prismesréguliers, mais en couchestrès-minceset peu
régulièresdans leur inclinaison;'eues renfermentbeaucoupd'olivines,de petits
grains de fer magnétique, et des pyroxènes dont la couleur passe souvent
du vert poireaufoncéau vert olive, et que l'on pourroit être tenté de prendre
pour du péridot olivine cristatiisé, quoiqu'il n'existe aucun passage de
l'une à l'autre de ces' substances~. L'amphibole est en général très-rare à
TénérISe, non seulementdans les lavesMthoïdesmodernes, maisaussidans les
basaltesanciens,commel'a observéM. Cordier, celuide tousles minéralogistes
qui a séjournéte plus long-tempsaux îles Canaries.On n'a point encorevuau
Pic de Ténériffedela népheline,des leucites,de tidocraseet de la mejonite car
une lave gris-rougeâtre,que nous avonstrouvéesur la pente du Monte-Verde,
et qui renfermede petits cristaux microscopiques,me paroit être un mélange
intime de basalte et d'anatcime~.De même la lave de la Scala avec laquelle
la ville de Naplesest pavée offreun mélangeintime de basalte, de néphetine

Werner.
.f/tn~m!~
/i~ftitMKM<tgBrMandelstein de la Steinkaute.
-S~e~ctM, ~tn<<&McA dér O~yt/o~oitMj T I, S. 3G4. Les cristaux que noms avons fait conno!tre,
M. Freiesleben et moi, sous la dénomimaHond'Olivine feuiUetée(6&[<<rtger0/~tn), appartiennent,
d'après M. Karsten, au Pyroxène Augite. /o«.r<M~des mines de Freiberg, 1791,p. at5.
Cette substance~que Dolomieu a découverte dans les amygdaloïdes de Catanea en Sicile, et qui
accompagnelesstilbites deFassaen Tyrol, forme, avec la èbabasiede Haüy, le genre cnbidte deWerner.
M. Cordier a trouvé à Ténériffede la zéolithe dans une amygdatoMe qui est superposée aux basaltes
de la Punta de Naga.
l56 HVRET.

~t~ ~o<tc substance, qui na encore e'e ouservee


et de leucite.Quant à cette derOtèresuTtstahfc
j~ ~~ftt!~ff

au Pic de
qu'au Vésuve et dansles environs de Rome, eHeexiste peut-être
Ténériffe,dans descouléesanciennesqui sont recouvertespar des déjections
vomides
plus récentes:Le Vésuve, pendant une longuesuited'années a aussi
laves dépourvuesde leucites et s'il est vrai, comme M. de Buch fa rendu
extrêmementprobable que ces cristaux ne se forment qué dans les courans
qui sortentsoit du cratère même,soit très-pré~de son bord, il ne faut pas être
surprisdene pas en trouver dansleslaves du Pic quisont ~presquetoutes dues
à des éruptionslatérales,et qui, par conséquent,ont été exposéesà une énorme
pression dans l'intérieurdu volcan.
Dans la Plaine des Genets, les laves basaltiques disparoissentsous des
amasde cendres et de ponces réduitesen poussière.De là jusqu'au sommet,
de i5oo jusqu'à ïgoo toisesde hauteur, le volcan ne présente que des laves
vitreusesà base de pechstein3 et d'obsidienne.Ces laves, dépourvuesd'am-
phiboleet de mica, sont d'un brun noirâtre qui passe souventau vert d'olive
le plus obscur.Elles enchâssentde grands cristaux de feldspath qui n'est pas
fendUté et quiestrarementvitreux.L'analogiequeprésententcesmassesdécidément
volcamquesavec les porphyres résinites4 de la vallée de Tribisch en Saxe,
est très-remarquable;mais ces derniers, qui appartiennent àtune formation
de porphyres métallifères~très-répandus, contiennentsouvent du quàrz qui

Par exemple en 1760, t~g4 et !8o5.


Leopoldvon BucA, Cco~nos<A'eBeo& T. n, S. aat. Gilbsrts, Annalen, T. 'Vt~ S. 53. L'eM-
tence des leucites ( amphygënes) à t'Arendat, en Norwège en Ecosse, aux Pyrénées, en Trsmsytvimte
et au Mexique, n'est fondée sur aucune observation exacte.
3 Petrosilex résinite, Haüy.

~'ecA~em-otp~f, Werner.
5 On
peut distinguer aujourd'hui quatre formations (7ïaMp<nMt&T~'en)<te porphyres la première
est primitive et se trouve en couches subordonnées dans le gneiss et dans le schiste tnicacé ( Isaacde
Freiberg); la secondealterne avec la syenite, elle est plus ancienne que la Grauwa~e et appartient
vraisemblablementdéjà aux montagnes de transition, t/ete~an~ Ge&trgB.Elle renferme des couches
de pechstein et d'obsidienne, et même du calcaire grenu, comme nous en voyons
t'exempte près de
Meissenen Saxe elle est tres-mëtaUif%ce, et se trouve au Mexique(Guanaxuato,Regta, etc.), en Norwege
en Suède et à Schemnitz en Hongrie. Le porphyre de Norwege couvre, près deS~eet~, (tetagrauwimke
et de t'amygdaMde; il enchâssedes cristaux de quartz. Près de Hohnestrandt, une couche tte hasa!te
qui abonde en pyroxène, se trouve intercalée dans le porphyre de roche de Schetnnitz
le Saxnm metalliferum de Perher et de Bbm) qui repose sur le thdnschteter~ est dépourvue de
quartz, et renferme de t'ampMhote et du feldspath commun. C'est cette seconde formation de por-
phyre qui paro!t avoir été le centre des plus anciennes révotntions volcaniques. La troisième formation
i,
9
CHAPITRE
tt. t5~
manque dans les laves modernes.Lorsque la base des laves du Malpays fait
transition du pechstein &l'obsidienne, la couleur en est plus pâte et mélangée
de gris dans ce cas, le feldspath
passe par des nuances insensibles du commun
au vitreux. les deux variétés se trouvent réunies dans un
Quelquefois
même fragment, comme nous l'avons aussi observé dans les porphyres

trapéens de la vallée de Mexico. Les laves feldspathiques du Pic, beaucoup


moins noires que celles de l'Arso dans l'ue d'Ischia, blanchissent au bord du
cratère par l'effet des vapeurs acides mais leur Intérieur n'est aucunement
décoloré comme celui des laves de la Solfatare de Naples,
feldspathiques qui
ressemblent entièrement aux porphyres du pied du Chimborazo. Au
trapéens
milieu du Malpays, à la hauteur <le la cave de
glace, nous avons trouvé,
parmi les laves vitreuses à base de pechstein et d'obsidienne, des blocs de
véritable phonolite gris verdâtre ou vert de montagne, à cassure et
unie,
séparés en plaques minces, sonores et à bords très-aigus. Ces masses sont iden-
tiques avec les porphyrschiefer de la montagne de Bilin en Bohême; on y
reconnoît de très-petits cristaux alongés de vitreux.
feldspath
Cette disposition
régulière des laves lithoïdes basaltiques et des laves vitreuses
feldspathiques est analogue aux phénomènes toutes les
que présentent

appartient an grès ancien (?M'M-~<-nf&), qui sert de base à la pierre calcaire alpine ( Alpen-
Kalkstein ou Zfchstein); elle renferme les
amygdaloïdes agathiferes d'Oberstein dansle Palatinat, et
recouvre quelquefois (eu Tburinge) des couches de houille. La
quatrième formation des porphyres
est trapéenne, dépourvue de quartz, et surtouten
Amérique, souvent mêlée d'olivine et de pyroxène; elle
accompagneles basaltes, les grimstem et les phonolites ( Ctumborazo,province de los Pastos, Dracbenfets
près de Bonn, Puy-de-Dôme). La classification des porphyres présente de grandes
diaicuttës le
granite, !e gneiss, le schiste micacé, le thonschiefer, le chloritbschiefer forment une série dans
laquelle chaque roche est liée à cette qui la précède. Les porphyres au contraire se trouvent comme Isolés
dans le système géologique; ils offrent des transitions entre
eux, mais non aux substances sur lesquelles
ils reposent (S~A, ~o~M<. Beo& T. I, S.
56).,Comme dans le reste de cet ouvrage it est souvent
question de porphyres volcaniqueset uon volcaniques, il m'a paru indispensablede présenter le tableau
générât des formations tracé par t'ittustre chef de t'éeote de Freiberg, d'après ses propres
observations,
d'après celles de MM. de Buch, Esmark et Freiesleben, et d'après les miennes. Ces
grandes divisions,
de de
susceptibles beaucoup perfectionnement, sont indépendantes de toute hypothèse sur
t'origine des
porphyres il ne s'agit ici que des rapports dé gisement, de superpositionet d'ancienneté relative. On
peut
désignerles quatreformationsque nous venonsde décrire, par les noms de
porphyres primitifs( t~c~yre)
de porphyresde transition (~p~), de porphyressecondes
(f/p~) et de porphyres
trapéens (7~). En confondant la seconde et la quatrièmede ces formationssous
le nom commun
de laves porphyriques, on rejette la géognosie dans le
vague duquel elle est à peine sortie il vaudra
autant embrasserle gneiss, le schiste micacé et le thonschle&r sous
le Mm général de roches feuiUctéei
et schisteuses.
~~8 LIVRE*1.:
montagnes trapéennes elle rappelle ces phonohMS reposant sur des
basaltes très-anciens,, ces mélangesintimes de pyroxenes et de feldspath
recouvrantdes collines de wakke ou d'amygdaloïdesposeuses mais pour-
quoi les laves porphyriques ou feldspathiques du Pic ne se trouvent-
elles qu'ai la cime du volcan? ou doit on conclure de leur gisement
qu'elles sont d'une formation plus récente que les laves'Mthoïdesbasal-
tiques qui renferment l'olivine et le pyroxène? Je ne saurois admettre
cette dernière hypothèse car des éruptions latérales ont pu couvrir le
noyau fetdspathique une époque où le cratère du Piton avoit cessé
d'agir. Au Vésuveaussi on n'observe de petits cristaux de feldspath vitreux
que dans les laves très-anciennes qu'offre le cirque de là Somma. Ces
laves, aux leucitesprès ~ressemblent assezaux déjectionsphonolitiquesdu Pic
de Ténénue. En général, plus on s'éloignedes volcansmodernes, et plus les
coûtées, tout en. augmentantde masse et d'étendue, prennent le caractèrede
véritables roches, soit dans la régularité de leur gisement, soit dans leur
séparationen couches paraUèles, soit <!n&ndans 4eur~~ndépeadaneede la
forme~ctueUedu sol.
Le~ic de Ténérine est, après Lipari, le volcan qui a produit le plus
d'obsidienne.Cette abondanceest d'autant plus frappante que, dans d autres
régions de la terre, en Islande, en Hongrie, au Mexique.'etdans !e royaume
de Quito, on nerencontreles obsidiennesqu'à de grandesdistancesdes volcans
actifs;ellessonttantôt disperséessur les champsen morceauxanguleux comme
près de Popayan dans l'Amérique méridionale; tantôt elles forment des
rochers isotés, commeau Quinche près de Quito; tant6t; et ce gisementest
très-remarquable, elles sont disséminéesdans la pierre perlée ( le perlstein
de M. Esmark), commeà Cinapecuarodans la province de Méchoacan et
au Cabo de Gates en Espagne.Au Pic de Ténériffe, les obsidiennesne se
trouvent pas vers la base du volcanqui est recouvertede laves modernes
cette substancene devient fréquente que vers le sommet, surtout depuis la
Plaine des Retama, où l'on peut en recueillirde superbes échantiltons.Cette
position particulière, et la circonstanceque les obsidiennesdu Pic ont été
lancéespar un cratère qui, depuis des siècles, n'a pas vomi de flammes,
favorisentl'opinion que les verres volcaniques, partout où on les rencontre,
doiventêtre considéréscommede formation très-ancienne.

Al'ouest de la ville de Mexico.


CHAPtTÏt~ÏÏ. '~9
49 1 1 1- ,JL 1- a"
L'obsidienne, le jaoe et la pierre lydtque sonttrois minérauxque; de tout
ont
temps, les peuplesqui ne connoissentpas l'Usagedu bronzent du fer,
desarmestranchantes. D ansles les
parties plus éloignées
employéspour fabriquer
du globe, le besoin a fixé le choix sur les mêmes substances~nous voyons'
deshordesnomadestratner avecelles, dans des courseslointaines, despierres
dont les minéralogistesn'ont pu jusqu'ici découvrirte gisementnature!. Des
hachesde jade,couvertesd'hiéroglyphesaztèques,quej'ai rapportéesduMexique,
ressemblent,quant à leur (ormeet à leur nature, à celles dont se servoient
les Gaulois, et que nous retrouvonschez les habitans des nés de l'Océan
Pacifique. Les Mexicains exploitoient l'obsidienne dans des mines qui
occupoient une vaste étendue de terrain ils en faisoient des couteaux,
des lames d'épées et des rasoirs. De mêmeles Guanches, qui désignoient
l'obsidienne sous le nom de 7~&<MM~ en fixoient des éclats aux bouts
de leurs lances. Ils en faisoient un commerceconsidérable avec les îles
voisines et, d'après cet usage et la quantité d'obsidiennes qu'il falloit
casseravant d en tirer parti on doit croire que ce minéral est devenu
plus rare par la suite des sièdes. On est'surpris de voirun peupleatlantique
remplacer,commeles Américains,le fer par une lave vitrifiée. Chez l'un et
t'autre de ces peuples, cette variété de lave ét0!t employée comme objet
d'ornement leshabitansde Quitofaisoientde superbesmiroirs d'une obsidienne
séparéeen couchesparallèles.
Les obsidiennesdu Pic présententtrois variétés. Lesunes formentdes blocs
énormesde plusieurstoisesde longet d'uneformesouventsphéroïde on croiroit
qu'ellesont été lancéesdans un état ramolli, et qu'ellesont subi un mouvement
derotation.Elles contiennentbeaucoupde feldspathvitreuxd'un blancde neige
et du plus bel éclat de nacre.Ces obsidiennessont cependantpeu translucides
sur les bords, presque opaques, d'un noir brunâtre, et d'une cassure qui
n'est pas parfaitementconchoïde.EUesfonttransitionau peehstein, et on 1
peut
les regarder commedes porphyresà base d'obsidienne.La secondevariété se
trouve en fragmens beaucoup moins considérables;elle est généralement
d'un noir verdâtre, quelquefoisd'un gris de fumée, très-rarement d'un
noir partait, comnieles obsidiennesdu Heclaet du Mexique.Sa cassureest
parfaitementconchoïde, et elle est éminemmenttranslucidesur les bords.
Je n'y ai reconnuni amphibole ni pyroxène, mais
quelques petits
blancs qui paroissent du feldspath. Toutes les obsidiennes du Picpoints sont
dépourvuesde ces masses gris de perle ou bleu de lavande, rayonnées
iGo HVJtE I.
et à n!~M
ft
pièces s~nar~es
séparées cunéiformes. on'enchAssent
cunéiformes,qu'enchâssentles les obsidiennesde QuitQ,
du Mexique et de Lipari et qui ressemblent aux lames fibreuses des
cristallites de nos' verreries sur lesquelles Sir James Hall, le docteur
Thompsonet M. Fleurieude BeUevueont publié réGemmentdes observations
très-curieuses
La troisièmevariétédes obsidiennesdu Pic estïa plus remarquablede toutes
à cause de ses rapports avecles ponces. Elle' est aussi d'un noir-verdâtre,
quelquefoisd'un gris de fumée, mais ceslames très-mincesalternent avec des
couchesde pierre ponce. Le superbe cabinet de M. Thompson, à. Naples,
offredes exemplesanaloguesde laveslithoïdesdu Vésuve, diviséesen feuillets
très-distinctset qui n'ont qu'une'ligned'épaisseur.Les fibresdes pierresponces
duPic sontassezrarementparallèlesentre elles, et perpendiculairesaux couches
de l'obsidiennele plussouventellessont Irrégulières, asbestoïdes,semblablesà une
écumefilamenteuse de verre au lieud'être disséminées dans l'obsidienne,comme
descristaHites, ellessetrouventsimplement adhérentesàunedessurfacesextérieures
de cette substance.Pendantmon séjour à Madrid, M. Hergenm'avoit montré
de ces.échantillonsdans la collectionminéralogiquede Don Jose Clavijo, 'et
depuis long-temps les minéralogistesespagnolsles regardoient comme des
preuvesincontestablesque la pierre ponce tire son origine d'une obsidienne
décoloréeet boursouflée par le feu volcanique. J'ai partagé jadis cette
opinion, qu'il faut restreindre à une seule variété de ponces; j'ai même
pensé, avec beaucoup d'autres géologistes,que les obsidiennes, bien loin
d'être des laves vitrifiées ~appartenoient aux roches non volcaniques,et que
le feu, se faisant jour à travers les basaltes, les roches vertes, les phonolites
et les porphyres à base de pechsteinet d'obsidienne, les laveset les pierres
poncesn'étoient que ces mêmesrochesaltérées par l'action des volcans.La
décolorationet le gonflement extraordinaire que subissent la plupart des
obsidiennesà un feu de forge, leur passage au petrosilex résinite, et leur
gisementdans des régions très éloignéesdes volcansactifs, me paroissoient2
des phénomènestrès-difficilesà concilier, lorsqu'on considèreles obsidiennes

.BtM. T.XV,~4o; T.'XXVH,


B.«ftmn., Vo!.V,H.t, n.*5.~Mtf7!~
p. t47..E<'~r<HMtc<i[o<M,
de7~y< anta ~orAt~, etan i3 prairial.Ona donnélenomde c~<<:N<M auxlamesoristaHisÉes
leverrerefroidi
qu'enchâsse lentement.M.Thompson et d'autres
naturalistes parlemot
désignent,
lamasse
verreglastenisé, totaled'unverrequi, parunrefroidissement
lent,s'est<&M<r{~
et a pris
d'unerocheoud'unvéritaHe
l'apparence glas-stein.
~nn.duMus.c!rt<!<. nat.,T. III, p.3g8.
CHAPÏTRE ï6'
comme des verres volcaniques.Une étude plus approfondie de la nature, de
nouveauxvoyages et, des observationsfaites sur les produits des volcans
enflammés,m'ont faitabandonnercesidées.
Il meparott aujourd'hui extrêmement probable que les obsidienneset les
porphyresà base d'obsidiennesont des massesvitrifiées dontle refroidissement
,aété trop rapidepourqu'euesse fussentconvertiesen laveslithoïdes.Je regarde
mêmele peristeincommeuneobsidiennedévitriâée,carparmiîesminéranxdéposes
à Berlin,au cabinet du roi de Prusse~IIse trouye des verres volcaniquesde
Lipari, dans lesquelson voitdes cristallitesstriées,gris de perte et d'un aspect
terreux,se rapprochergraduellementd une lavelithoïde grenue, analogueà la
pierreperlée de Cinapecuaroau Mexique.Les bulles alongéesqu'on observe
dans les obsidiennesde tous les continens, prouvent incontestablement
leur ancienétat de fluidité ignée; et M.Thompson, à Palerme, possèdedes
échantillonsde Lipari, qui sont très-instructifssous ce rapport, parce qu'on
y trouve enveloppésdes fragmensde'porphyre rouge ou de laves porphy-
riques qui ne remplissentpas entièrement les cavités de l'obsidienne.On
diroit que ces tragmens n'ont pas eu le temps de se dissoudre en entier
dansla masseliquéfiée;ils contiennentdu feldspath vitreux et des pyroxènes,
et sont identiquesavec les fameuxporphyres colonnairesde 1 Mede Panaria
qui, sansavoir fait partie d'un courant de laves, paroissentsoulevésen forme
de buttes, comme tant de porphyresen Auvergne,aux Monts-Euganéenset
dans les Cordillèresdes Andes.
L'objectioncontrel'originevolcaniquedes obsidiennes,tirée deleur prompte
décolorationet de leur gonflementa un feu peu actif, perd de sa force par
les expériencesingénieusesdeSIr JamesHall. Ces expériencesprouventqu'une
rochequi n'est fusiblequ'à 38" du pyromètrede Wedgwood donne un verre
qui seramollitdèsles ï~< et que ce verre, refonduet dévitrifié(g/<M~!M~1,
ne se trouve de nouveau'fusible qu'à 35° du même pyromètre. J'ai traité au
chalumeaudes ponces noires du volcan de l'île de Bourbon qui au plus
léger contact de la flamme, blanchissoientet se fondoient en un émail
blanc.
Maisque les obsidiennessoient des rochesprimitives sur lesquellesle feu
volcaniquea exercéson action, ou des laves refonduesà plusieurs reprises
dans l'intérieur du cratère, l'origine des ponces qu'elles enveloppentau Pic
de Ténériffen'en est pas moins problématique.Cet objet mérite d'autant
plus d'être traité ici, qu'il intéresse en général la géologiedes volcans1 et
.Re~tOKAM<o/~M~ZbM. 21
i
ï6a Ï.IVRE
qu'un excellentminéralogiste,après avoir parcouru avec fruit l'Italie et tes
Nésadjacentes,afnrme* qu'il est contretoute vraisemblancequeles poncessoient
au de
dues gonflement l'obsidienne.
En résumant les observations que j'ai eu occasion de faire en Europe,
aux iles Canaries et. en Amérique, je conclus que le motjMerre ponce ne
désignepas unfossilesimple, commele font les dénomiaatioas de calcédoineoa
de pyroxène,maisqu'il indiqueseulementuncertain état, une forme capillaire
fibreuseou filandreusesouslaquellese présententplusieursSubstancesrejetéespar
les volcans.La nature d~ ces substancesest aussi différenteque l'épaisseur,la
ténacité, la flexibilité le parallélismeou la direction de leurs fibres. Onpeut,
par conséquent,révoquer en doutési les poncesdoivent trouver place dans un
systèmed'Oryctognosie ou si, de même que les roches composées,elles ne
sont pas plutôt du ressort de la Créognosie.J'ai vu des poncesnoires dans les-
quelleson reconnoîtfacilementdes pyroxèneset de l'amphibole; elles sont
moinslégères, d'unecontexturebulleuse,et plutôt cribléesque diviséesenfibres.
On seroittenté de croire que cessubstancesdoivent leur origine à des laves
ai de mêmeque dansles tufs
basaltiques je les observéesauvolcande Pichincha,
duPausilippe,près de Naples.-D'autresponces, et ce sont les plus communes,
sont blanc-grisâtres et gris-bleuâtres, très-fibreuses et à fibres parallèles.
On y trouve disséminésdu feldspathvitreux et du mica. C'est à cette classe
qu'appartiennentla~plupartdes pierresponcesdes îles Éoliennes, et.cellesque
j'ai ramasséesau pied du volcan de Sotara, près de Popayan. Elles semblent
avoir été primitivementdes rochesgranitiques,commeDolomieu' l'a reconnu
le premier dans son voyageaux îles de Lipari. Réuniesen blocs énormes,
ellesformentquelquefoisdes montagnes entières qui sont éloignéesdes volcans
actifs. C'est ainsi que les obsidiennes se présentent entre Llactacunga et
Hambato, dansle royaumede Quito, occupantun terrain d'unelieue carrée,et
en Hongrie,où M. Esmarckles aexaminéesavecsoin.Ce gisementsingulierafait
penserauminéralogiste danoisqu'ellesappartenoientà desformationssecondaires,
et que le feu volcaniquea percé les couchesde poncescommeles obsidiennes
et lesbasaltesqu'ilregardeégalementcommed'originenon volcanique.Une troi-
sièmevariété de poncesest celle ànbresfragHes,un peu épaisses, translucides
sur les bords, et d'un éclat presque vitreux qui offre le
passagede la pierre
M.Fleuriau
deBellevue
(Journ.de.P~T. LX,p. 45iet 46t).
~o/age aux îles & Lipari, p. 67..M. ~MOt~ sur les lles Ponces, p. 89.
CHAPITREït. 163
ponce granitiqueau verre filandreuxou capillaire. Cest cette variété. qui est
adhérente aux obsidiennesvertes et grisâtres du. Pic de TéoériCe, et qui
semble produite par l'action du feu sûr des matièresdéjà vitnRées.
Il résulte de l'ensemblede ces considérations,qu'il est aussi peu exact
de regarder toutesles poncescommedes obsidiennesboursouflées, que d'en
chercher exclusivementl'origiuedans des granites devenus fissileset fibreux
par l'action du feu ou par celle des vapeurs acides. H se pourroit que
les obsidienneseUes-mêmesne fussent que des granites liquéfiés'; mais il
faut distinguer,avecSpallanzani,entre les poncesqui naissentimmédiatement
desrochesprimitiveset cellesqui, n'étant que des produits volcaniquesaltères,e
varient commeeux dans leur composition Un certain état auquel passent
plusieurssubstanceshétérogènesoule résultatd'unmoded'action particulier, ne
sumsentpas pour établir une espècedansla classificationdes minérauxsimples.
Les expériencesde M.Da Camaraet.cellesque j'ai faites en 1802viennent
à l'appui de l'opinionque les pierres ponces adhérentesaux obsidiennesdu
Pic de Ténériffe n'y tiennent pas accidentellement, mais qu'elles sont
produites par l'expansiond'un fluide élastique qui se dégage des verres
compactes.Cette idée avoit occupé depuislong-temps à Quito un homme
aussi distingué par ses talens que par son caractère, et qui, sans connottre
les travaux des minéralogistesd'Europe, s'étoit livré avec sagacité à des
recherchessur les volcansde sa patrie. Don Juan de Larea, un de ceux que
la fureur des factionsa immolés récemment, avoit été frappé des phéno-
mènesqu'offrentles obsidiennes,quand on les exposeà la chaleurblanche.H
avoit pensé que, 'partoutoù les volcansagissentau centred'un pays recouvert
de porphyres à base d'obsidienne, les fluides élastiques*doivent causer un
boursouflement de la masseliquéfiée,et jouer un rôle importantdans.les trem-
blemensde terre qui précèdentles éruptions. Sans partager une opinion qui
semblehasardée,j'ai (ait, avecM.de Larea, unesuited'expériencessur le gonfle-
ment desverresvolcaniquesde Ténériffeet surceux qui se trouventau Quinché,e
dansle royaumedeQuito.Pourjugerde l'augmentationde leurvolume,nousavons
On reconno!t maistrès-rarement,
quelquefois, du micadansles obsidiennes;
etDotonuea
croit
avoirtrouvénonseulement
lefeldspath
et le mica,maisencore
du quarzdanslesponces
granitiques.
Yoyage auxîles.Poncerp. tM; ~o~B <tM~ îlesdeZ.~Mn,
p. 83.
Le mot lave est plus vague encore que celui de pierre ponce. «II est tout aussi
peu philosophique de
demander une description extérieure de la lave comme
espèceoryctognostique qu'il l'est de demander
les caractères généraux de la masse qui
remplit les Oons. « ~(~oM de jBt<c~ Geom<M<.Beo& <
Vol. 11, p. 173.
ï64 LIVRE ï.
mesurédes morceauxexposés à nh feude forge médiocrement actif,par,lemoyen
du déplacementde l'eau dansun verre cylindrique, et en enveloppantla masse
devenuespongieused'une couchedeciretrès-mince.D'aprèsnos expériences,les
obsidiennesse gonflenttrès-InégalementceHesduPic et tes variétésnoires du
Cotopaxiet du Quinchéaugmententprès de cinqfois leurvolume.Le gonflement
est, au contraire,peusensibledans lesobsidiennesdesAndes, dont la coulenrest
d'unbrun tirant surle rouge.Lorsquela variété rougeâtreest mé!ée, en tantes
minces,à l'obsidiènnenoireou gris-noirâtre,la massestriéeressembleà ta ther-
mantideporcellanite1, et les parties opaquesrésistent long-tempsà l'action du
feu, tandis que cellesqui sont moins riches en oxidéde fer se décolorentet se
boursouflent.Queiïe estcettesubstancedont le dégagementréduit l'obsidienneà
l'étatd'une ponceblanche, tantôtfibreuse,tantôtspongieuseet à cellulesalongées?
Il estfacilede seconvaincrequ'il sefait unevéritableperted'un principecolorant,
et que la décolorationn'est pas purementapparente, c'est-à-dire qu'elle n'est
pas due à l'extrême,ténuitéà laquelle sont réduitesles lames et les fibres du
verre volcanique.Peut-onadmettre que ce principecolorant ? est un hydrure
de carbone, analogueà celuiqui existepeut être dans les silexpyromaquessi
faciles'à blanchirpar le feu? Quelquesexpériencesque j'ai faitesà Berlin, en
i8o6, conjointementavec MM.Rose et Harsten, en traitant les obsidiennes
de Ténériffe,de Quito, du Mexiqueet d'Hongriedans des cornue&de porce-
laine, n'ont pas donné des résultats satisfaisans.
La nature emploie probablementdes moyens très-différenspour produire
les poncesspongieuses e~ vitreusesde Ténériffe, les ponces à fibres parattètes
des îles Éoliennes et de Llactacunga3, et les verres capillairesde l'tle de
Bourbon qui ressemblentquelquefois à de la toile d'araignée On peut
admettre que ces différencesconsistent principalement dans le degré de
chaleur du feu volcanique, dans la pressionsous laquelle ce feuagit et
dans la nature des roches qui en sont modifiées.C'est la pression surtout
qu'éprouventlesobsidiennesdans leur fusionqui peut expliquer pourquoi ces
substances, à l'exception de quelques variétés que j'ai recueilliesprès de
deWerner.
Porzellan-Jaspis
Il est remarquable que ce principe n'est pas toujours ëgale<nent To!atH. M.
Gay-L)Msao a tn
récemment des obsidiennes de Faroë ne pas blanchir à un degré de
chaleur qui décotoroit totalement
des obsidiennes du Mexique, quoique d'après les caractères extérieurs il eut été duEcUede distinguer
ces substances les unes des autres.
3 Mntre Quito et Riobamba.

~Bo~~&n<mMn<oya~aM;t~<f~~Me,T.ïn,p.5o.
CBAÏ'ÏTRBÏt. ?65

Popayan, ne se trouent presque jamais Manches.Parmi tes ponceS)ceuesqui


paroissent se former à de grandespro~ndeurs, sont ï~eases, à éclat
soyeux, qui abondent plus en mica qu'en Mdspath~e~d~B~testpteUeS) aux
Andes, sur des blocs de 8, à ïo toises de tong, les j5bfes sont exactement
parallèlesentre eUes,et perpendicutaires a ht directiondes couches.Aussibeau-
coupde volcansne rejettentpas du tout de pie~Mpon<5e,et ceuxqui en lancent
par leur cratèrene lefontqu'aprèsl'écoulementdes laves.Plusieursminéralogistes
pensent que des rochesprimitives grenuespeuvent être changéesprogressi-
vement et en place, soit par le feu, soit par une pénétration de vapeurs
chaudes et acides, en masses porphyroïdes, feuilletéesou fibreuses. Cette
opinion parott appuyéepar l'existencedes feldspathsfendilléset fibreux que
Ion trouve dans les porphyres trappéens de Quito:.ces cristaux ressemblent
à des fragmensrhomboïdauxde pierre poncée disséminésdans une domite
décolorée.
La couleur des pierres poncesdu. Pic donnelieu à une autre observation
assezimportante.Cette mer de cendresblanches qui entoure le Piton et qui
couvrela vastePlainedes Genêtsj est unepreuve certainede l'ancienneactivité
du cratère; car, dans tous les volcans, lors même qu'il y a des
éruptions
latérales,les cendreset les rapilli ne sortent, conjointementavec lesvapeurs,
que de l'ouverturequi se trouveau sommetde la montagne.Or, à Ténériffe,
les rapilli noirs s'étendent au pied du Pic jusqu'au bord de la mer, tandis
que les cendres blanches, qui ne sont que des ponces broyées et parmi
lesquellesj'ai reconnu, à la loupe, des fragmensde feldspath vitreux et de
pyroxène, occupentexclusivementla région voisine du Piton. Cette distri-
bution particulièreparoit confirmerl'observationfaite depuis long-tempsau
Vésuve, que les cendres blanches sont lancées les dernières, et qu'elles
annoncentla 6n de l'éruption. A mesureque l'élasticitédes vapeursdiminue,
les matièressont projetéesa une moindre distance, et les rapilli noirs qui
sortentles premiers,lorsquela lavea cesséde couler, doivent nécessairement
parvenirplus loin que les rapiili blancs.Ces derniers paroissent avoir subi
Factiond'un feu plus actif.
Je viens d'examinerla structure extérieure du Pic et la compositionde
ses produitsvolcaniquesdepuis la région descôtes jusqu'à la cime du Piton
j'aitâchéde rendreces recherchesintéressantes,en comparantlesphénomènes
que présente le volcan de Ténériffe, avec ceux que l'on observe dans
d'autres régions dont le sol est égalementminé par des feuxsouterrains.
ï66 MVRE ï.
Cette manière d'envisagerla nature dans l'universalitédesestapports, nuit
sansdouteà la rapidité qui convientàan itinéraire; mai&j'ai penséque, dans
une rietatidhdont le but principalest te progrèsdes connoissancesphysiques,y
toute autreconsidérationdevoitêtre subordonnéeà, cellesdeï'instraction et de
futilité.C'est en isolant lesfaits que des voyageurs,d'ailleurs estimables~ont
donné naissanceà tant .de faussesidées sur les prétenduscontrastesqu'onre la
nature en Afrique, dans la Nouvelle-Hollandeet sur le dos des Cordillères.
H en est des grands phénomènesgéologiquescomme de là forme des plantes
et des animaux.Les liensqui unissentces phénomènes, les rapports qui existent
entre lesformessi diversesdesêtres organisés,ne se manifestentque lorsqu'on
a l'habitude d'envisagerle globe dans son ensemble, et que l'on embrasse
d'un même cbup-dceil la compositiondes roches, les forces qui les altèrent,
et les productionsdu sol dans tes régionsles plus éloignées.
Après avoir fait connoitreles matièresvolcaniquesde l'fte de Ténérine, il
nous reste à résoudreune question qui est intimementliée aux recherches
précédentes,et qui, dans cesderniers temps, a beaucoup occupé les minéra-
logistes.L'archipeldes îles'Canariesrenferme-t-ilquelque roche de formation
primitive ou secondaire, ou n'y observe-t-onaucune production qui ne soit
modifiéepar le feu?Ce problèmeintéressanta été examinépar les naturalistes
de l'expéditionde Macartnéyet par ceuxqui ont accompagnéle capitaineBaudin
dans son voyageaux Terres australes.Les opinions de ces savans distingués
se trouvent diamétralementopposées et une contradiction de ce genre est
d'autant plus frappante, qu'il ne s'agit pas ici d'un de ces rêves géologiques
que l'on a coutume d'appeler des systèmes, mais d'un fait très-positif et
facile à vérifier.
Le docteurGittan~selon le rapport de Sir GeorgeStaunton', crut observer,
entre la Lagunaet te port del'Orotava, dansdes ravins très-profonds~des lits
derochesprimitives.Cetteassertion,quoiquerépétéepar beaucoupde voyageurs
qui sesont copiéslesuns lesautres, n'en est pasmoinsinexacte.Ce que M.Gillan
nomme, un peu vaguement,des montagnes <fa~c~M7ic ef~/n~MCtMCj
n'est qu'un terrain de transport que l'on trouveau pied de tous les volcans.
Les couchesd'argile accompagnentles basaltes, commeles tufs
accompagnent
les lavesmodernes.Nulle part à Ténérine, M. Cordier et moi, n'avonsobservé
une roche primitive, soit en place, soit lancée par la bouche du
Pic, et
deLord~Macar~n~~
~oyog~ T. ï, p. t5.
CBAPÏTREÏÏ. "~7
l'absencede ces rognes caractérisepresque toutes tes ttes de pett détendue
qui ont un volcanacti~ Nousne savons rien de positif sur tes montagnes
des~les Açores; mais il est certain que l'ne de la Réunion, de même que
TénériSe, n'oSre qu'un amas de laveset dë~basaltes.Aucane roche votcanique
ne paroit au jour, ni dans le Gros-Mome',ni -dansle volcan de Bourbon,
ni dans la pyramide colossaledu Gimandef, qui est peut-être plus élevée
que le Pic des Canaries.
On assure cependantque des lavesenveloppantdes fragmensde granite ont
été trouvéesdansle plateaudu Rétama.M.Broussonetm'a mandé,peu de temps
avant sa mort, que, sur une collineau-dessusde Guimar, on avoit rencontré
des morceauxde schistemicacé contenantde belleslamesde <er spéculaire.
Je ne puis rien affirmersur l'exactitudede cette dernière observation, qui
seroit d'autant plus importanteà vériner que 'M. Poli, à Naples, possède un
fragmentde rochelancé par le Vésuve3, que j'ai reconnu pour un véritable
schistemicacé.Tout ce qui nous éclaire sur le site du feu volcaniqueet sur
le gisementdes rochessoumisesà son action <st du plus grand intérêt pour
la Géologie.
Il se pôurroit qu'au Pic de TénériSe, les fragmensde roches primitives,
rejetéspar la bouche du volcan, fussentmoinsraresqu'ils ne le paroissent, et
setrouvassentamoncelésdansquelqueravin qui n'auroit point encoreété visité
ttar les voyageurs.En effet, au Vésuve,cesmêmesfragmensne se rencontrent
que dansun seul endroit, à la FossaG~M~c, où ils sont cachés sous une
coucheépaissede cendres.Si, depuislong-temps,ce ravin n'avoitfixél'attention

Desblocsde granite,lancésprobablement
par l'ancienvolcandu Gros-Morne, se trouvent
prèsdelasource desTrois-Rivières;
etce faitmérited'autant
plusd'attention
quelesilesvoisines,
connuessous
lenomdesSechelles,sontformées
deroches granitiques.
Bo*y<&Notn<<ceenf~ ~oy<j~e
auxîles~r~<M, T.t, p. 338 T. ÏI, p. 35,T. ÎH,p., t45et a46.
~oty de &tM<ïncen<, JEMauM'~eo</e<~%r<tfn~M~p.278.
3 Dans le fameux cabinet de M.
Thompson qui a séjourné à Naples jusqu'en i8o5, on trouve un
fragment de lave renfermant un véritaMe grànite qui est composé de feldspath rougeâtre et chatoyant
comme t'adutaire, de quart, de mica, d'amphibole, et, ce qui est très-remarquable, de lazulite; mais
en générât les masses de roches primitives connues, je veux dire celles qui ressemblent parfaitement
à nos granités, nos gneiss et nos schistes micacés, sont très-rares dans les laves les substances
que l'on désigne communément sous le nom de granites lancés par le Vésuve, sont des mélanges
de népheline, de mica et de pyroxène. Nous ignorons si ces mélanges constituent des roches sui
~ene~M,placées sous le granite, et par conséquent plus anciennes que lui, ou si elles forment
simplement, soit des couches interposées, soit des filons, dans l'intérieur des montagnes primitives,
dont les cimes paroissent à la surface du globe.
168 tï~RE 1.
des naturalistes, lorsque
cles iorsqf~ les eaux pluviales
pluvMes mettent à découvert des ntâisMa
mâSMa
de calcairegrenu ou d'autres rochesprimitives, on anroit cm celles-ciaussi
raresau Vésuvequ'ellesle sont, du moins en apparence, au Pic de TénériS*
Quantauxfragmensde granité,de gneissetdeschistemicacé,quel'onrencontre
sur les plagesdeSainte-Croix et del'Orotava,iisneviennentpasdescôtesopposées
de l'Afrique,qui sont calcaires ilssont probablementdus au lest des vaisseaux.
Ils n'appartiennentpas plus au sol sur lequel ils reposent que les laves
feidspathiquesde !'Etna, que l'on observedans le pavé de Hambourg et
d'autres villes duNord. Le naturalisteest exposéà mille erreurs s'il perd de
vue les changemensque les communicationsdes peuples produisent sur' la
surfacedu globe. On diroit que l'homme, en s'expatriant, veut que tout
changede patrie aveclui, Ce ne sont pas seulementdes plantes, des insectes,
et différentesespècesdepetits mammifèresqui le suiventà traverst'Océan son
active industriecouvre encore les rivages de roches qu'il a arrachéesau sol
dans des climatslointains.
S'il est certain qu'aucun observateurinstruit n'a trouvé jusqu'ici à TénériSe
descouchesprimitives, ni mêmede cesporphyrestrappéenset problématiques,
qui constituentla base de l'Etna et de plusieurs volcansdes Andes, il ne
faut pas conclure de ce fait isolé que tout l'archipel des Canaries soit le
produit des feux sous-marins.L'tle de la Gomere renferme, des montagnes
de granite et de schistemicacé et c'est sans doute dans ces rochestrès-

Le chevalier Gioeni qui, cdtnme plusieurs minéralogistes d'Allemagne et de France, distingue


les basaltes des laves modernes, regarde t'Etna comme une montagne de porphyre surmontée de
basaltes colonnaires qui servent, a leur tour, de base aux laves fetdspathiqueo. Il
n'y a que ces
dernières qui paroissent dues au volcan actuel. Les basaltes et les porphyres
appartiennent à un
système de montagnes plus anciennes, et qui recouvrent une grande partie de la Sicile. Les porphyres
de l'Etna sont volcaniques, sans doute mais toute roche qui doit sa composition et sa forme à
l'action du feu et des vapeurs, n'a pas fait partie d'un courant de laves. Ces éclaircissemens m'ont
paru d'autant plus nécessaires que quelques nunératogistes très-distingués ont affirmé récemment que
le Pic de TénériBe et le Vésuveétoient des montagnes de porphyre d'origine neptunienne, et minées
par les <eu&souterrains. On n'a pas hésité de décrire commeune roche particulière, sous !e nom de
Graustein, la lave cMa&N~, quoiqu'elle soit sortie du cratère à une époque très-connue, en 1631; on
est atté plus loin encore on a supposé que la Somma présemtottle noyau intact du Vésuve,quoique sa
masse stratiEée,et traversée par des Nous remplis d'une lave plus récente, soit identique avec h roche
évidemmentfondue qui constitue le cratère actuel. La Sommaonre tes mêmes leucites
qui abondent
dans la plupart des laves du Vésuve, et ces cristaux sont enchâssésdans une
phonolite qui ressemble a
cette de lacune du Pic de Téhérimë.
Note manuscrite de J!roMMone<.
CHAï'tTRE tt. '69

antennes qu'il faut chercherici,


~<f~' t< ~n~
comme sur toutes les parties<)t~dûi6't<~be*.
cn~ t~nt~e tca t))at't!<')!
globele tC
centrede Factionvoîcanique.L'amphibole,tantôt pure et formantdes strates
interposés, tantôt mélëe au granité, commedans !e basanite qubasalte des
anciens, peut, à elle sente, fournir tout le fer que conti$nnent les laves
lithoïdeset noires.Cette quantité ne s'éleye, dans le 'basaltedes minéralogistes
modernes,qu'à o,ao, tandis que dans l'amphiboleelle excèdeo,3o.
Ces granites et ces schistesmicacésde ta (corneraétoient-ils anciennement
réunis à la chaîne de l'Atlas, commeles montagnesprimitives de la Corse
paroissent être le noyau central de la- Bocheta et des Apennins? Cette
question ne pourra être résolue qu~ lorsque des minéralogistesauront visité
les iles qui entourent le Pic et les montagnes de Maroc, couvertes de
neiges éternelles. Quel que soit un jonr le résultat de ces recherches,
nous ne saurions admettre, avecM. Peron « que, dans aucune des îles
Canaries,on -ne rencontre de vrais granites, et que tout l'archipel étant
exclusivement volcanique, les partisansde l'Atlantide doiventsupposer, ce qui
est égalementdénué de vraisemblance,ou un continent entièrementvolca-
nique,ou bien que lesseulespartiesvolcaniquesdu continentont été respectées
par la catastrophequi t'a englouti.
D'après le rapport de plusieurspersonnesinstruites auxquellesje me suis
adressé,il y a desformationscalcairesà la Grande-Canarie à Fortaventureet à
Lancerote3. Je n'ai pu déterminerla nature de cette roche secondaire; mais
il paroit certain que l'île de TénérISeen est totalementdépourvue, et qu'elle
n'offre,parmi ses terrains d'alluvion,que destufsargito-calcairesqui alternent
avecdes brèches volcaniques,et qui, selon M. VIéra~, renferment,près du
villagede la Rambla, à las û~er~ et près de la Candelaria, des végétaux,
des empreintes de poissons, des buccinites et d'autres corps marins
fossiles.M. Cordier a rapporté de ces tufs qui sont analoguesà ceux des
environs de Naples et de Rome, et qui contiennent des fragmens de

dansteTbttr):.
.Co&)mM'M, de-M/ t7<)S,
p. 4t4..
~<y~e <& ~cottfer&MOmjt ?'emM ~<M~a~M, T. 1, p. a4.
A Laucerote, on calcine la pierre catc~re avec le feu atunenté
par l'~M~g~ nonTeUe fiip~ee
de Sonchus ép!oeM. et arborescent.
~V.«e.~ AM<omMM/T.1, p. 35. Ette de France, qui s'éteTe en
pyramide, et qui dans h
dispositionde ses coUinesTotcamques,a beaucoup de rapports avec TénérM~ a
une plaine neptunienne
dans le quartier des Pamplemousses. Lècàtcairey est
rempli de madrépores. ~o~~e&<M<~MM~,
T. I, p. 207.
Relation
A/~o/Ke~ Tom. I.
]f~ M~B~t".
roseaux. Aux MesSalvages, que <-<apeto<M~
rnsaan~ Attv ftM SaLviaces. tme Lanëfo~e nrit de Mm BO~ un amas
on anMs~ ae
jmt de totmpotN*
scones.on trouve m~medu gypftje~)~~
J'avois vu, en herborisant entre lé port de yOrotava et te jardin de !â
Paz, des amasde pierrescalcairesgrisâtres,&cassureintpartaitementconchoïde,
et analoguesà )a formation du Jura et de t'Apeanin. <? m'avoit a
que ces pierres étoient tirées d'unecarrièreprès de la RamMa, et qu'it y en
avoit de semblablesprès de ~ealejo et à la montagne de Roxas, aa-dessus
d'Adexa.Cette indication, probaMementpeu exacte, m'induisit en erreur.
Comme!es côtes du Portugal prësententdes basaltes superposesà la roche
calcairecoquIHère,je pensai qu'une mêmeformationtrappéenne, sembtabteà
celle du Vicentm en Lombardie.etduHarudje en Afrique, s'ëtendolt depuis
les bords du Tage et le cap Saint-Vincent jusqu'aux îles Canaries, et'
que lesbasaltesdu Pic recouvroientpeut-êtreuncalcaire secondaire.J'énonçai
ces idées dans unelettre-qui n'ëtoit pas destinée à être publiée; elles m'ont
exposéà la critique sévère d'un physicien selon loquet toute île volcanique
n'est qu'une aecamutationde laves et de scortës~ <i qui n'admetaucun fait
contraireà sa théorie des volcans
Quoique Ténériffeappartienne à un groupe d'Mesd'une étendueassezcon-
sidérable, lé Pic offre cependant tous les caractères d'une montagne placée
dans un Motsolitaire.Comme à Sainte-Hélène,la sonde ne découvre pas dé
fond dans les atterages de Sainte-Croix, de l'Orotavà et de Garachico:
FOcéan, de même que les continens, a ses montagneset ses plaines; et,
à l'exception des Andes,tes cônesvolcaniquesse forment partout dans les
bassesrégions du globe.
CommelePics'estélevéaumilieud'unsystèmedebasalteset delavesanciennes,
et que toute la partie qui en est visible au-dessusdela surfacedes eauxprésente
des matièresbrûlées, on a supposé que cette immense pyramideest l'effet

Examen de quelquesopinionsgéologiques
deM.de Hnmbotdt,par M. G. A.Dehc (~oHn*. de
T.L, P.I, p. n 4). Cemémoire,dansleouetonreconnoitunexcellento~Mrvetem'~eM la continottMnd'un
Mémotredingé contre M. Bnrwam,qui peate qne les !tTesdu Vésuvereposent Mr le eateairede
l'Apennin.A~ T. XLIX, p. a3. D'après'la Théorie ~c&-dn<,mpasee par M. Mèt.uc,il
et tmpMMMo qu'unevérit«Nelaverenfermedes débrisde substancesvégétâtes.Cependantnos cabinets
offrentdes morceauxde troncsde pauniers,
enveloppéset pénétrésde la lave U~-tiqmdede l':te de
Pourbon.VoyezleMéimo:remtéressantdeM.deFlenriau~.c.,T.LX~p.44j.
''r<ya~M~T.Ï,p.a87.~<y<t/e~)~rcAon~,T.Ï,p.54a.
CKAPtTKE '7'~
1 Il--~Z ~tt_L3.v.`.wa 'GAn'
d'âne acc<ïm)d&ti&n~p!rog)'esMve de Ïàves, oti qu'ettere&ferme dans son
centre un noyau de roches primittvBB.L'une et t'aMcëde ee$ suppositions
me pafoissent déaaée de ~raMembIance~Je pense que J& o&neu$ vcyoM
aujourd'hui tes cimes du Pic~dnVesave et de l'Etat~ U a eiuate toutt
aussi peu des montagne de granité, de ~aeissom de càtca.re prtn~ii!i~'qa&
dans la ptaine où, presqNede nOtretempS) s'est forméle volcan de Jorutto
qui a plusque te tiers de l'élévationdu Vésuve.En examinantlescirconstances
qui ont accompagné!a formationde la nouvellelie de l'archipel des Acores
en lisant avec soin le récit détaillé et naïf que le jésuite Bourguignon
a donnéde t'apparitionlente del'ilôt de ta Petite Kameni, près de SantorinO)
on reconnott que ces éruptions extraominaires sont généralementprécédées
d'un soulèvementde, ta croûte ramollie du globe. Des rochers paroissent
au-dessusdes eaux avant que les flammesse fassentjour et que la lave puisse
sortir du cratère; il faut distinguer entré le noyau soulevé et les amas de
laveset de scoriesqui, successivement)en augmentent tes dimensions.
Il estvrai que, dans toutes les révolutionsde ce genre, qui ont eu lieu
depuis les temps historiques, la hauteur perpendiculairedu noyau pierreux
ne paroit jamais avoir excédésent cinquante à deux cents toises, même en
faisant entrer en ligne de compte ta proibndemrde la mer dont le fond a
été soulevé .mais torsquit s'agit des grands effets de la nature et de
l'intensité de ses forces, ce n'est pàs le volume des massesqui' doit arrêter
le géologuedans ses spéculations. Tout nous annonce que les <:hangemens
physiques, dont la tradition a conservé le souvenir, ne présentent qu'une
foible image de ces catastrophesgigantesquesqui ont donné aux montagnes
leur formeactuelle, redressé les couches pierreuses et enfoui des coquilles
pélagiquessur le sommet des hantes AÏpes. C'est sans doute dans ces
temps reculés, qui ont précédé l'existencedu genre humain, que la croûte

&t&mtoAA~n~. Voyez latettreduttptMtme &SirJosephBantt.~M. ThtM.~)r t8t9,


TïBat'd
p.t5a. Al'îleSabriua,prèsdet'iteSaint-Michel,
!ecratère
s'ouïritaupiedd'unrochersolideet
de formepresque cubique.Cerocher,terminé par un petitplateauparfaitement
uni, a plusde
aootoisesde targenr.
Saformatimi estantérieure
a ceHe
ducritèredtMteqeet,peu~ejouMapre<
sonouverture,lamerfituneh~rmptmn. lafuméenefutmêmevisible
ALKameni, queTiBttt-tix
jours
desrocherssoulevés.
aprèsl'apparition, ~& Tram.,Vol..XXV! p. 69 et aoo; Vol.XXVH,
353.
p. Touscesphénomènes, surtesqnek M.HawMtM a recueilli
desobservations
précieuses
pendant
sonséjourSanterino,nefavorisent pastMeequ'onseformetntgairementdet'ODpnedestBontagnes
paruneaccumulation
volcaniques, demattères
progressive et pardesepauohcmetM
liquénees delaves
sorties
d'unebouche centrale.
t~2 t.!VRE t.

soulevée du globe a*
soulevé produit ces dômes de
a produit de porphyres trappeecs, ces
buttes de basaltesisolées sur de vastes, plateaux, ces .noyaux solides
qui sont revêtus des laves modernesdn Pic, de l'Etna et du Cotopaxi.
Les révolutionsvolcaniquesse sont succédéesaprès de longs intervalles et
à des époquestrès-dinerentes.Nous en voyonsles vestigesdans les montagnes
de transition, dans les terrains secondaireset dans ceux d'alluvion. Les
volcans plus anciens que les grès et les roches calcaires, sont éteints
depuis des siècles; ceux dont l'activité dure encore, ne sont généralement
environnés que de brèches et de tufs modernes mais rien n'empêche
d'admettre que l'archipeldes Canaries puisse présenter de véritablesroches
de formation secondaire, si l'on se rappelle que les feux souterrains s'y
sont rallumésau milieu d'un système de basaltes et de laves très-anciennes.
Ce seroit m'écartertrop long-tempsde l'objet principal de mes recherches
que de poursuivre une carrière dans laquelle les conjectures remplacent
les faits géologiques.De ces temps obscurs où les élémens~assmétis aux
mêmeslois, navoient pas encore atteint leur équilibre actuel, je reviens
à une époque moins tnmnituense, plus rapprochée de nous, et sur laquelle
la tradition et Ibistoire peuvent fournir des éctairpissemens.En vain cher-
chons-nous dans les Périples dHannon et de Scylax les premières notions
écrites sur les éruptions du Pic de TénériCe.Ces navigatenrjsse traînoient
timidementle long des côtes; rentrant tous tes soirs dans une baie pour y
mouiller,ilsn'eurentaucuneconnnoissance d'unvolcanqui est éloignéde56 lieues
du continentde rAfrIquACependant Hannon rapporte qu'il vit des torrens
lumineuxqui sembloientse jeter à la mer; que, toutes les nuits, la côte
étoit. couvertede feux, et que la grandemontagne, appelée le C&ar<~
Dieux, avoit paru lancerdes gerbesde flammesqui s'élevoientjusqu'auxnues.
Maiscette montagne placéeau nord de l'ue desGorilles formoitl'extrémité
occidentalede la chaîne de l'Atlas; et il est en outre très incertainsi
les embrasemensaperçus par Hannon étoient l'effet de quelque éruption

C'estdanscetteMequet'amu'at ~arthagmoit) vit, pourk premièrefois,uneespèce de grands


singes
anthropomorphes, lesGorilles.
Illesdécritcomme desfemmes a corpsentièrement
vehtettrès-
méchantes,
parce sedéfendoient
qu'elles desongles etdesdents, Ilsevante
d'enavoirecorthé
troispouren
conserver
lespeaux. M.Gosselin-placel'iledesGorilles à l'embonchnrede la rivière
deNun mais
cerapprochement,
d'après oùHannon
t'étang vit paitreunemultitude setrouveroit
d'étépbans sousles
35degrésetdemidelatitudepresque àt'extrémité de t'Afrique.
septentrionale ~ec~.surla Géogr.
des
~Cte~!<,T. I, p. /4 et 38.
CHAPITRE H. ï73
1 1
tant de peuples de
volcanique,ous'il ~ut les attnbner à l'babitnde qu'ont
mettre le feu aux forets et à Therbesèche des savanes. De nos jours, des
doutes semblablesse sont présentes à l'esprit des naturalistes qui, dans
l'expédition du contre amirald'Entrecasteaux, ont va Me d'Amsterdam
couverte d'une fumée épaisse'. Sur la côte de Caracas, des tratnées de
feu rougeâtre alimenté par de l'herbe enflammée, m'ont oSert, pendant
plusieursnuits, l'aspecttrompeur d'un courant de laves qui descendoit des
montagneset se partageoit en plusieurs branches.
Quoique les journaux de route d'Hannon et de Scylax, dans l'état où
ils nous sont parvenus, ne renferment aucun passage que l'on puisse
raisonnablementappliquer aux îles Canaries, il est pourtant très-probable
2
que les Carthaginois et même les Phéniciens ont eu connoissance du
Pic de Ténérine. Du temps de Platon et d'Aristote, des notions vagues
en étoientparvenuesaux Grecs, qui regardoienttoute la côte d'Afrique,située
au delà des colonnesd'Hercule, comme bouleverséepar le feu des volcans3.
Le site des Bienheureux, qu'on avoit cherché d abord dans le Nord, au
delà des Monts Riphées, chez les Hyperboréens4, et puis au sud de la
Cyrenaïque, fut placé dans des terres qu'on se fignroit vers l'ouest, là on
nnissoitle mondeconnudes anciens.Le nom d'nesFortunéeseut long-temps
une significationaussi vague que celui du Dorado chez les premiers
conquéransde l'Amérique.On se figuroit le bonheur à l'extrémité de la
terre, commeon cherche les jouissancesles plus vives de l'esprit dans un
monde idéalau delà des limitesde la réalité.

~<yogBde ZaK&nicMre T. 1, p. n a. Voyage de <fjE'!<rf<'<M<eaM;r, T. I, p. 45.


Voyezune notice de M. Ide!er, ineêrée dans mM ThMmM de&tjVa<t<reT. 1, p. 14), et CoMe&'m
/!efA.,T.t,p.t35-t53. Un des savanstes plus illustres de l'Allemague M. Heeren, pense que les îles
Fortan~e~de Diodore de Sicilesont Madère et Porto Santo, .~f/mta, T. 1, p. 04. ( ~a&e-BrMn,~M<.
de la Géogr. p. y6, go et tgt. )
3 Arist. Mirab. Auscultat. (ed. C<M<M<&.), p. 704. Solin dit de l'Atlas, tW<M'Mmpfr<ttMi/M &<ee<
noctMrnM~nt&M<;mais cet Atlas qui, semblableà la montagne Merh des Hindoux, oSre un mélange d'idées
positives et de fictions mythologiques,M'étoit pas situé sur une des îles Hespérides, comme l'admettent
t'abbeVtéra,etapresMptnsieursyoyagen!'6quiontdecrit'Ie PicdeTénér!tfe(/~Tent, T. t p. aa5
B6ty<<eNam<t':een<,p. 3n5). ). Lespassages~aivansne laissent.aucun douteà cet égard. ~en)d' IV, )84
~ato, XVU (~Fh~eon~ T. Il p. ttG~); Meta, nI, io; Pline, V, t, &att, a4, et m~me
\0;ot<.&e~.m(~e.!M/.T.I,p.a2)).
.~Mnert, Geogr. der Grieclaen, T. IV, S. Sy. Mdée du bonheur, de la grande civilisation et
de la richesse des habitaas du Nord étoit commune aux Grecs, aux peuples de l'Inde et aux Mexicains.
t.ï.Vj&:E.Ï.
t.~
n y 1 A~
M Ne taut pomtêtre surpns quavant~rtStOM on ne tcottve um~nw ~c~
graphesgrecs aucuneaction exactesur luîtes Canarieset les votcanaqu'elles
renierment.LeseKlpeapIedontlesNav~gatMnssesoieBtetendue&ver&l'ouestctle
nord, les Carthaginois,avoit de l'Intérêt à ~eteruayoHemystérieux sar ces
réglons teintâmes. Le Sénat de Carthage ~'opposant à toute emigration
partielle, désignaces ~lescommean lieu de rétuge dansdes tempsde troubles
et de malheurspublics elles devoient être pour les Carthaginois ce que le
sol libre de l'Amérique est devenu pour les Européens~au milieu de leurs
discordesciviles et religieuses..
Les Canariesn'ont été mieu~ connuesdes Romains que quatre vingts ans
avant le règne d'Octavien. Un simple particulier voulut exécuterle projet
qu'une sage prévoyanceavpit dicté auSénat de Carthage. Sertorius, vaincu
par Sylla, fatigué,du tumulte des armes, cherche un asyle sur et paisible.
Il choisit.lesîles Fortunées, dont on lui trace un tableau attrayant sur les
côtes de la Bétique.Il réunit avec soin les notions qu'il peut acquérir par
les voyageurs; mais dans le peu qui nous a~été~transmis de ces notions
et des descriptionsplus détailléesdeSebosuset de Juba, il n'est jamaisques-
tion!devolcanset d'éruptionsvolcaniques.Apeiney reconnoît-onl't!edeTénériNe
et les neiges dont le~sommetdu Pic est revêtu en hiver,, dans le nom de
~Vït~r~donné à l'une des îles Fortunées.On pourroit conclurede là, que le
volcanne lançoit pas de flammesà cette époque, s'ilétoit permis,d'interpréter
le silencede quelquesauteurs, que nous. ne connoissonsque par de simples
fragmensou par d'arides nomenclatures.Le physicien chercheen vain dans
l'histoire les documens des premières éruptions du, Pic; il n'en trouve
nulle part que dans la langue des Guanches, dans laquellele mot EcheydeI
désignoità la fois l'Enfer et le volcande TénériSe.
De tous les témoignages écrits, le plus ancien que j'aie trouvé de l'activité
de ce volcan date du commencement du seizième siècle. ït est conMhu dans
la relation du voyage d'Atoysio Cadamusto, qui àborda aux Canaries

Lamême montagne porta le nom d'~M~mM, dans lequel Hotn(<~ O~~t)~. ~m<fWc.,p. t5g
et i85 ) croit r~c<Htno!hre'l'ancienne dénomination de l'Atlas, qui
d'apte Straboa, Ptine et So!in
étoit /~rM. Cette ëtymotogie est assez dMMe<me;mais, en n'accordant pas pt)M ~'{Mperttnce aux
voyellesqu'eUes n'en ont chez les penptea de t'Onent, on retfnuve presque <n eiattef .Z~fM dans le mot
Daran, par lequel les géographesarabes daignent la partie orientatednMent-AUas.
Kec silendum puto de insula TeneriBr quœ et e~imiecolitur et inter orbis instdas est eminentior.
Nam cocto sereno eminoscompic'tnr, adeo ut qui absunt ab ea ad teneas
hispanas seMg!ntavêt sep-
CHAPtT!HE!t. *?S
en t5o5. Ge voyager lae fat tëmomd'aucune érapMon;ntaM amrme il
sans~;nter-
positivementque, semblableà l'Etna, eeMenMatagne br&te
ruptian, et que le &a en & été aperça par des Ght~tteaeletenas comme
esclavespar les Guaocbesde TénériSe. Le Pie n'ëto~ done pomt alors
dans cet état de repos dans lequel nous le voyonsaojoard'hm car il est
certain qu'aucun navigateur et aucunhabitant de TeBérUten'ont vu sortir
de la bouche du Pic, je ne dirai pas des flammes mais seulementune
fumée qui fut visiblede loin. Peut-~tre seroit-ità désirer que le soupirai!
de la Caldera s'ouvrit de nouveau; les éruptions latérales en seroient
moins violentes, et tout le groupe diles auroit moins à craindre les eSeta
des tremblemensde terre
J'ai entendu, à FOrotava, agiter la question, si l'on peut admettre
que, par la suite des siècles, le cratère du Pic recommenceraà agir. Dans
une matière aussi douteuse, l'analogie seule peut servir de guide. Or,
d'après te rapport de Braccini, l'intérieurdu cratèredu Vésuveétoit couvert
d'arbustesen t6tï. Tout y annonçoitla plusgrandetranquittitë; et cependant,
vingt années après, le même gou~ïre,qui paroissoit se transformeren un
vallon ombragé, lançoit des gerbes de feu et une énorme quantité de
cendres.Le Vésuve redevint aussi actif en i63i qu'il t'avoit été en ï5ob.
Il seroit possible de même que le cratère du Pic changeât de faceun jour.
C'est une solfataresemblableà la solfatare paisible de Pouzzole; mais elle
est placée à la cime d'un volcanencore actif.
Les éruptions du Pic ont été très-rares depuis deux siècles, et ces
longues intermittences paroissent caractériser les volcans extrêmement élevés.
Le plus petit de tous, Stromboli, est presque perpétuellement en activité.
Au Vésuve, les éruptions sont
déjà plus rares, quoique encore plus
fréquentes que celles de l'Etna et du Pic de TénérUïe. Les cimes colossales des
Andes, le Cotopaxi et le Tungurahua, vomissent à peine une fois par siècle.

tuaginta non difeculter eam intueantur. Quod cernatur a longe Mt efficit acuminatus lapis adamantunM,
instar pyraipidisin medio. Qui metiti sunt lapidem ahmt altitudine leucarum quindecim mensuram Mce-
dere ab imo ad summmn verticem. ïs tapis jugiter Nagrat, instar ~tn<6montis; idaSnnant nostri Chrit-
tiani quicapti atiquando ha'c animadvertere. ~~Mt Ca<<anMM<t ad <Brr<M
~V<tf~<t<M) Mco~tf~tMc. 8.
A TénénBe, les secoussesont été jusqu'ici peu considérables, et de ptus limitées à de
petites
étenduesde terrain. On observela même choseà l'île de Bourbon, et presquepartout au
pied des volcans
actifs. A Naptes, les tremblemens de terre précèdent les éruptions du Vésuve; ils cessent
lorsque la lave
s'est fait jour et its sont en générât très-foibles en comparaison de ceux que fon
épronve sur la pente
des Apennins calcaires.
ïn6 HVRE J.
Ondiroit que, dans les volcansactifs, la fréquencedes éruptions est en raison
inversede la hauteuret de la masse. Aussile Pic avoit paruéteint pendant
quatre-vingt-dou~e ans, lorsqu'on 798 il 6t sa dernière éruption .par une
ouverturelatérale formée,dans la montagnede Chahorra. Dans cet intervalle,
le Vésuvea vomi seize ibis.
J'ai exposé,dans un antre endroit', que toute la partie montueuse du
royaumede Quito peut être regardéecommeun immensevolcan qui occupe
plus de 700 lieues carrées de surface, et qui jette des flammespar dinérens
cônesdésignessousles/dénominationsparticulièresde Cotopaxi, de Tungurahua
et de Pichincha. De la même manière, tout le groupedes îles Canaries est
placé, pour ainsi dire, sur un même volcan sous-marin.Le feu s'est fait
jour tantôt par l'une, tantôt par l'autre de ces îles. Ténériffe seulerenferme
dans son centre une Immensepyramide terminée par un cratère, et vomis-
sant de siècles en sièclesdes laves par ses flancs. Dans les autres nés.,
les diverseséruptions ont en lieu en diSérens endroits~et l'on n'y trouve pas
de ces montagnes isolées auxquelles les effetsvolcaniques sont restreints.
La croûte basaltique, formée par d'anciensvolcans,y semble minée partout;
étales couléesde laves que l'on a vu paro~tre à Lat~ceroteet à Patma
rappellent, soustousles rapports géologiques,l'éruptionqui eut lieu, en i3oi,
à nie d'Ischia, au milieu des tufs de l'Epotneo.
Voici le tableau des phénomènesvolcaniques.dont les, historiens des îles
Canariesont conservéla mémoire depuis le milieu du seizièmesiècle

ArmEE!558.

Le i5 avril, époque à laquelle l'île de Ténériffefut ravagée pour la


premièrefois par la peste Importée du Levant. Un volcan s'ouvre dans l'tte
de Palma, près d'une source, dans le Partido de los Llanos.Une montagne
sort de terre; il se formeun cratère à la cime, qui vomit un courantde laves
de cent toises de largeur, et de plus de aSoo toises de longueur.La lave se
jette à la mer, et, en élevant la température de leau, elle fait périr les
poissons à de grandesdistancesà l'entour.

GAt~r.f<~< p. t3o.
Cemême phénomène a eu lieu en t8[t, près des Açores, lorsque le volcan de Sabrina s'onvrit
dans le fond de l'Océan. Le squelette calciné. tl'an reqnin fat ttoaré dans te cratère inonde et
éteint.
CNAPïTRE ï!. 177
'<?
–' A.[)N)ÉËï6t;ë.

Le ï3 novembre, une bouches'ouvre dansMiede F~?M<t~ près de Tigalate.


Deux autres se forment au rivage de la mer. Les laves~ sortent de
ces crevassesCent tarir la fameusesource de Foncalienteou JFueateSanta,1
dont les eaux minéralesattiroient les matades qui s'y rendoient méaie de
l'Europe. Selon une' tradition populaire, l'éruption cessad'une manière assez
étrange. L'image de Notre-Dame-des-Neigesde Sainte-Croix fut portée a
l'ouverturedu nouveauvolcan, et soudain il tomba une si énorme quantité
de neige, que le feuen fut éteint. Dansles Andesde Quito, lesIndienscroient
avoir observéque l'abondancedes eauxde neige inSItréesaugmentel'activité
des volcans.
ANNÉE ï6~.

Troisième éruption à Hie de Palma. La montagne de las Cabras jette


desscorieset des cendrespar une-multitudede petites bouchesqui se forment
successivement.
ANNEEl~O~.
Le 3i décembre.Le Pic de T~n~~e fait une éruption latérale dans la
plainedelos Infantes, au-dessusd'Icore, dansle districtdeGuimar. D épouvan-
tables tremblemensde terre ont précédé cette éruption. Le 5 janvier ï~o5,
une secondebouches'ouvre dans le ravin d'Ahnercbiga,à une lieue d'lcore.
Les lavessont si abondantesque toute la vallée de Fasniaou d Arezaen est
comblée.Cette secondebouche cessede vomir le ï3 janvier. Une troisième
se forme, le 2 février, dans la Canada de Arafb. Les laves diviséesen trois
couransmenacentle viltage de Guimar, mais elles sont retenues dans la
vallée de Melosar par une arrête de rochers qui leur oppose un obstacle
Invincible.Pendant ces éruptions, la ville d'Orotava, séparée des nouvelles
bouches par une digue très-étroite, ressentdiefortes secousses.

ANNEE
ï~o6.
Le 5 mai. Autreéruption latérale du Pic de T~n~T~e. La bouches'ouvre
au sud du port de Garachicoqui étoit alors le port le plus beau et le plus
Relation,historique, To/K. a3
!l8 LIVRE

fréquentéde l'ile.La ville, populeuseet opulente,étoitMUean bord d'uneforet


de lauriers, dansunsite très-pittoresque.Dëuxcouransde laves la détrutStreht
en peu d'heures: aucun edince ne resta sur pied. Le port, qui avoit déjà
soufferten j645 par les atternssemensqu'avoit causesune grande inondattôn,
fut combléau point que leslavesaccumuléesformèrentunpromontoîreau nHIien
de son enceinte. Partout, dans les environsde GaracbicO,la surfacedu terrain
changead'aspect. Des monticuless'élevèrentdans taplainej les sourcesdispa-
rurent, et des rochers,ébranléspar de fréquenstremblemensde terre, restèrent
nus, sans végétationet sans terreau. Les pêcheursseuls conservèrentl'amour
du site natal. Courageux, commeles habitans de Torre del Greco, ils recons-
truisirent un"pettt village sur des amas de scorieset sur le roc vitrifié.
<
ANNÉE1730.

Le i.~ septembre.Une révolutiondes plus eSrayantesbouleversela montée


de File de Zonccrotc.Un nouveau volcanse forme à Temanfaya.Les laves
qui enjlécoulent et les tremblemensde terre qui accompagnentl'éruption,
détruisentun grand nombre de villages,parmi lesquelsse trouvent les trois
anciennesbourgadesgnanchesde TIngafa, Macintateet Guatisca.Les secousses
durent jusqu'ent~Sô~et les habitansde Lancerotese sauventen grandepartie
à l'tle de Fuertaventura.Pendant cette éruption, dont nous avons déjà parlé
dans le chapitre précédenteon voit sortir de la mer une colonnede fumée
épaisse.Des rochers pyramidauxs'élèventau-dessusde la surfacedes eaux, et,
en s'agrandissant,cesnouveauxécueilsse réunissentpeu à peu à l'ue m~me.

ANNÉE
1~9~.

Le g juin. Éruption latérale duP~cde y~T~,parIeSaacde:Iatmontagne


de Chahorraou lieu entièrementmeutte, an sud d'tcod,
Vengea, dans un
du
près village Gma,de l'ancienÏsora.Cette montagne, adosséeau Pic, a été
de tout tempsregardée comtnèun volcan éteuit. Quoique forméede matières
solides, elle est, par rapport au Pic, ce que le Monte-Rossoélevéen ï66ï,
ou les Bochenuove ouvertesen ï7~4, sontà l'Etna et au Vésuve.L'éruption

La pentede la montagne
deVenge,sar laqueMe
sefit Mntptton,s'appelle
GtMajaEe. Voyez
.KTco&M
&<n(<odeJRrctnyMt,
dansCocont~M
yB?rge~~M&e dehistoria7!a<«t«<,
T. 1, p. agX.

"f
CB&PÏTRE tt. '79

de Chaberradura ~rois moiset s}xjours. Leslavesjet les scènes durentlancées


par quatre bouchesplacéessur une même ligne. La lave amonceléeà trots
ou quatre toises de hauteurs'avançade trois pieds par heure.,Cette éruption
n'ayantprécèdequed'un an monarrivéeà TénénnB,l'impressionen étoit encore
très-viveparmi les haMtans.Jevia chez M.Le Gros, au Dumsno,un dessin
des bouchesde Chahorra, qu'il avoitfait surles lieux. DonBernardo Cologan
avoit visité ces boucheshuit .jours après leur ouverture, et il avoit décrit
les principaux phénomènes de cette éruption dansun mémoiredont il jne
remit une copie pour linsérer dans la Relation de mon voyage. Treize
annéesse sont écoulées depuis cette époque; et M. Bory de Saint-Vincent
m'ayant devancédans la publication de ce mémoire, je renvoie le lecteur à
sonintéressantEssai sur les <&M J~b~Mn~c~Il ne me reste ici qu'à donner
quelquesécJaircissemens sur la hauteur à laquelle des fragmensde rochestrès-
considérablesfurentprojetéspar lesbouchesde Chahorra. M. Cologan2 compta
12 à t5 secondespendant la chutede ces pierres,c'est-à-dire en commençant
à compterdu moment où ellesavoient atteint le maximumde leur hauteur.
Cette expériencecurieuseprouve que la bouche lança des roches à plus de
trois mille pieds de, hauteur.
Toutesles éruptionsmarquéesdans ce résuméchronologiqueappartiennent
aux trois îles de Palma, de Ténérine et de Lancerote II est probable
qu'avant le seizièmesiècle,les autres îles ont aussi éprouvé les effetsdu feu
volcanique.On m'a donné quelques notions vaguesd'un volcan éteint qui
est situé dans le centrede l'tle de Fer, et d'un autre dans la Gran Canaria,
près d'Arguineguin.Maisil seroit curieux de savoirsi l'on trouve les traces

Bory de &tMt~tneen<,
p. 396.
Trois de ces pten~s, dit M. Bory, demeurèrent douM quuMe secondes
pour s'étever jusqu'à
perte de vue et pour retomber à terre." S!tBMeétoit!'o!MeFmtKnideM.Mngan, le résuttat du calcul
seroit dirent de celui que j'ai donné. Mais l'observateur dit tout etpr&a, dans le manuscrit que je
conserve: «De noehe se observ&con re!ot en numo y a muy corta distancia de la tercera bocca det
.yotcan de Chahorra el tiempo que desde en mas alto punto de eteraeion hasta perderlas de vista en sm
caida, gastaban las piedras mas facitesde distimgatry de très conque se bizo la expenencia, dos cayeMnen
die!!segondoscada ona y ta otra en quinze. » M. Cotogan observe que ta durée de la chute étoit même un
peu au dèlà de quinze secondes, parce qu'il ne put suivre les pierres jusque leur contact avec la terre.
Çe, genre d'observation est susceptible d'une grande exactitude, comme je m'en suis assuré dans des
expériencesanalogues que j'ai faites pendantt'ëmption du Vésuveen t8o5.
T.n, p.4o4T.1M,
~a ~vo~Mt., p.t5t,a38,35~,556et5i6.
1

t8d ~Ï~REÏ.

de feuxsouterrainsdans les fonnàtionscalcairesde Fuertaventureoadant~ÏiM


graviteset lesschistes micacésde la GomèM. é `'
L'action purementlatérale du Pic de Ténérifïe est un phénomène gëolo-
gique d'autant plus remarquablequ'elle contribue à faire pâroitre isoléesles
montagnesqui sont adossées au volcan principal. H est vrai que dana
l'Etna et le Vésuve, les grandes coulées de lavesne viennent pas non
plus du cratère même,et que l'abondance des matièresfbndnes est ~éiRéra-
lement en raison inverse de la hauteur à laquelle se'fait la crevasse!qui
vomit les laves. Mais, au Vésuve et à l'Etna~ une éruption latéralefinit
constammentpar un jet de flammeset dé cendres qui se fait pari le cratère
c'est-à-direpar le sommetmêmede la montagne.Au Pic de TénériSe, ce phé-
nomène ne sest point manifestédepuis des siècles.Encore récemment dans
1 éruptionde ~798, on a vu le cratère dans la plus grande inaction. Son fond
ne s'est point aBaissé,tandis qu~auVésuve commel'observe ingénieusement
M. de Buch, Ja profondeur plus ou moins considérable du cratère est un
indice presque infailliblede la proximité d'une~ouvelle éruption.
Je pourrois terminer ces aperçus géologiquesen discutant quel est le
combustiblequi entretient, depuis des milliers d'années, le feu du Pic de
Ténériffe;je pourrois examinersi ce sont le Sodiumet le Potassium, ou les
basesmétalliquesdes terres, ou des carburesd'hydrogène, ou le soufrepur et
combinéavecle ferqui brûlentdansle volcan; mais voulant me borner à ce qui
peut être l'objet d'uneobservationdirecte, je ne me hasarderaipas à résoudre
un problèmesur lequel ndus manquonsencore de donnéessuffisantes.Nous
ignoronss'il faut conclurede l'énormequantitéde soufreque contientle cratère
du Pic, que c'est cette substancequi entretient la chaleur du volcan, ou si
le feu, alimentépar un combustibled'une nature inconnue, opère simplement
la sublimationdu soufre.Ce que l'observationnous démontre c'est quedans f
les cratèresencore actifs, le soufreest très-rare, tandis queles volcansanciens
finissenttous par être de véritablessoufrières.On diroit que dansles premiers
le soufrese combineavec l'oxygène,tandis que dans autres il est purement
sublimé car rien ne nous autorise jusqu'icià admettre qu'il se forme dans
l'intérieurdes volcanscomme l'ammoniacet les sels neutres. Ijprsqu'on ne
connoissoitencore le soufre que disséminédans le gypsemuriatifère et dans
la pierre calcairealpine, l'on étoit. presqueforcé de supposerque danstoutes
les parties du globe le feu volcaniqueagissoit sur des rochesde formation
secondaire; mais des observationsrécentes ont prouvé que le soufre existe
CHAPÏTRE ït. *8ï

abondammentdans c~ mènes roches primitives que tant de phénomènes


désignentcommele centre de l'action yolcaniqae.Pre~d'Alausi,sur le dos des-
Andesde Quito, j'en ai trouvéitneimmensequantitédans unecouchede qttarz
interposéeà descouchesde schiste micacé et ce fait estd'autant plus impor-
tant qu'il se lie très-bien à l'observationde ces fragmensde'roches anciennes
qui sont rejetésintacts par les volcans.
Nousvenons de considérerl'île de Ténénne sous des rapports purement
géologiques;nous avonsvu s'éleverle Pic au milieudes couches fracturéesde
basalteet d'amygdaloïde examinonsmaintenant commentces massesfondues
se sont revêtuespeu à peu d'une enveloppevégétale,quelle est la distribution
des plantessur la pente rapide on volcan,quel est l'aspectou la physionomie
de la végétationdanslesMesCanaries.
Dans la partie septentrionaledela zone tempérée, ce sont les plantes cryp-
togamesqui couvrentles premièresla croûte pierreuse du globe. Aux lichens
et aux mousses qui développent leur feuillagesous la neigea succèdent
les graminéeset d'autresplantes phanérogames.Il n'en est point ainsi sur les
bordsde la zone torride et dans les pays renfermésentre les Tropiques. On y
trouve, il est vrai, quoiqu'en aientdit quelquesvoyageurs, non seulementsur
les montagnes,mais aussi dans les endroits humides et ombragés, presque
au niveau de la mer, des Funaria des Dicranum et des Bryum ces
genres, parmi leurs espècesnombreuses, en offrent plusieursqui sont com-
munesà la Lapponie, au Pic de Ténérine et aux montagnes bleues de la
Jamaïque cependant,en général,ce n'est pas par les mousseset les lichens
que commencela végétation dansles contréesvoisinesdes deux Tropiques.

ïl fautdistinguer septformations
en géognosie desoufre,quisontd'uneancienneté relative
très-
dIHerente-
Lapremière auschiste
appartient micacé de Quito)la seconde,
(Cordillères au gypse de
transition
( BexenSuisse ) ta troisième,
auxporphyrestrappéens( Antisana
en Amérique, Montserrat
dans despetites
l'Archipel enFrasée);
Mont-d'Or
Antilles, laquatttème,à lapierre
calcaire
alpine(Sicite)
lacinquième,augypse placéentrelegrèsetlecalcaire
mnr!atifere, alpin(Thuringe) la sixième,au
gypse quiestplusrécent quelacraie(Montmartre,prèsParis);etlaseptième, auxterrainsd'alluvion
argileux
(Venezuela,Bas-Orénoque, Ilestpresque
Mexique). inutile
defaireremarquer
icique,danscette
enumération.il n'estpointquestion
decespetites
massesdesoufrequine sontpascontenues dansdes
couches,maisdanslesCtons quitraversent
desrochesdediverses
formations.
Ce fait extraordinaire, sur lequel nous reviendrons par la suite, a été observéd'abord par M. Swart.
Il s'est trouvé eonErmé par l'examen soigneux que M. Willdenow a fait de nos herbiers, surtout de la
collection de plantes cryptogames que nous avons recueillies sur le dos des Andes, dans une région
du monde oud'aUleuM les êtres organisés dictèrent
totalement de ceux de l'ancien continent.
ï8a Ï.ÏVRE ï.
Aux îles Canaries,commeen Guinéeet surles côtesrocheusesdu Pérou, les
W i '1 A. 1 1

dont les
.premièresplantes qui préparent le terreau sont les plantes grasses,
feuillesmuniesd'une infuuté d'ori&ces et de vaisseauxcutanés enlèventà l'an*
ambiantl'eau qu'il tient en dissolution.Fixéesdans les fentesdes rochers~volca-
niques, elles forment pour ainsi dire cette première couche végétale dont
se revêtent les couléesde laveslithoïdes. Partout où ces laves sont scorifiées
et où ellesont une surfacelustrée comme dansles buttes basaltiquesplacéesau
nord de Lancerote, le développementde la végétation est d'une lenteur
extrême, et plusieurssièclessuuisentà peine pour y faire naître des arbustes.
C'estseulementlorsque les laves sont couvertesde tufs et de cendres, que les
îles volcaniquesperdent cette apparence de* nudité qui les caractérise dans
leur origine, et qu'ellesse parent d'une j~ehe et brillante végétation.
Dans son état actuel, l'île de Tén~mne~le<C%t'<c~des Guanchès, offre
cinq zones de plantes que l'on peut distinguer par les noms de Région
des Vignes, Région des ~Lauriers, Région des Pins, Région du Retama
et Région des Graminées.Ces zones sont placées, comme par étages, les
unes au-dessus des autres, et elles occupent, sur la pente rapide dû Pic,
unehauteur perpendiculairede i ~5otoises, tandis que quinzedegrés plus au
nord, dans les Pyrénées, les neiges descendentdéjà jusqu'à treize ouquatorze
cents,toises d'élévationabsolue.Si les plantes, à, TënérISe, n'atteignent pas
le, sommet du volcan, ce n'est point parce que des glaceséternelles4 et!e froid
de l'atmosphèreambiantleur posent des limites qu'ellesne peuvent franchir

Lespores corticaux de M. De CandoUe, découverts par Gleicnen et figuréspar Hed~ig.


De C/tMef/e,les Européens ont fait, par corruption T~Atne~e et ï~n~rt~i'.
3 J'ai tracé en partie ce tableau dela végétationdes Canaries d'après des notes manuscritesde M. Brous-
sonet. Lorsque je publiai mon premier Essai Mtr la ~o~t~Ate des plantes <omttoXMt&< du !t«t«'<'<N<
consent, je priai ce cél~renatnraUste, qui aToitr&idétong-temps& à Mogador dans t'empire
de Maroc et à Sa!n)e-Çroix de T~nérif~, de me communiquerses idéessur la distribution géographique
des végétaox dans ces contrées. n céda à ma prière avec cette prévenance et cette amabilité ~u'it a
constamment déployées dans ses relations avec les savansétrangers.

Quoique ]e Pic de TénériBe ne <e couvre de neiges que pendant les moM d'hiver, il se pourroit
cependant que le volcan atteignît ta limite des neiges perpétuelles, qoi correspond à sa latitude, et
que l'absence totale des neiges en été ne fût due qu'à isolée de la montagne au milieu des
la position
mers, à !a fréquence de veuts ascemdanstres-enauds, ou a <latempérature élevée des cendres du Piton.
Il est impossiblede lever ces doutes dans l'état actuel de nos connoissances.
Depuis le parallèle des
montagnes du Mexique jusqu'à celui des Pyrénées et des Alpes, entre les ao° et les 45' la courbe
des ueiges perpétuelles n'a été déterminée par aucune mesure directe; et, une innnité de ces courbes
pouvant être tracées par le petit nombre de points mu nous .sontconnus sousles o* ao°, 45°,6a°et yt" de
CHAPITRE ï!. l83

Mes
? du
ce sont, les laves .scor!6ëes du .Mï&'oy~
~~M~ et les
et les ponces brbyëes
ponces broyées
etet andes
andësdduu
Piton qui empêchent la migration des végétaux vers les bords du cratère.
La ~remt~'e celle des Vignes, le rivage, de la mer
zone, attend depuis
jusqu'à deux ou trois cents toises de hauteur: c'est celle qui est la plus habitée,
et !a seule où lesolsoncultivéavecsoin. Dans ces basses régions, au portde

latitude boréale,le calout supplée~et-MnpMMMmentat'observation.~nSavancer rien de ~e~


dire qu'il est probable que, par les a8°17la limite des neigesse trouveau-dessusde t 900toleM.Depuist'équa-
teur, oules neigescommencent à a46otoises, c'est-à-dire peu près à la hauteur du Mont-Btanc, jusqu'aux
so° de latitude, par conséquent jusqu'aux limites de la zone torride les neiges ne descendent que de cent
toises or, doit-on admettre que huit degrés plus loin, et dans un climat qui porte presque encore tout
te caractère d'un climat des Tropiques, cet abaissement soit déjà de quatre cents toises? En Supposant
même un abaissementen progressionarithmétiquedeputs les ao aux 45degrés de latitude, supposition qui
est contraire aux&its observés (.Rm. ~'0&<M<ron., Vol. t, p. t34), les neiges perpétuelles ne com-
menceroient sous le parallèle duPIcqu'aaoSo toises de hauteur au- dessus du niveau de l'Océan, par
conséquent55otoisesplus hautqu'aux Pyrénéeset enSuisse. D'autres considérationsviennent à l'a ppuide ce
résultat. La température moyenne de là couche d'air, aveclaquelle les neigessont en contact pendant l'été;
est, aux Alpes, de quelques degrés au-dessous,et, soust'équateur, de quelquesdegrés au-dessusdu point de
la congélation (L. e., p. tSy). En admettant que, sous les a8 degrés et demi, cette températuresoit zéro,
ou trouve, d'après la loi du déeroissementdu calorique en comptant 98 toises par degré centésimal,
que
les neigesdoivent seconserver à ao58 toisesde hauteur au-dessusd'une plaine dont la température moyenne
est de a~ degrés, et par conséquent égale à celle descotes df! Ténérine. Ce nombre est presque iden-
tique avec celui que donne la supposition d'un abaissement en progression arithmétique. Une des
hautes cimes de la Sierra Nevada de Grenade, le Pico de Veleta, dont la hauteur absolue est de
iy8t toises, est perpétuellement couvert de neiges; mais la limite inférieure de ces neiges n'ayant pas été
mesurée, cette montagne, placée sousles 3y° t0 de latitude, ne nous apprend rien sur le problème que
nous tachonsde résoudre. Quant à ta positiondu volcan de TénériBe, au centre d'une ile de
peu d'étendue,
il ne paroit pas que cette circonstance puisse causer un relèvement de la courbe des
neiges perpétuelles.
Si, dans les Mes les hivers sont moins rigoureux tes étés y sont moins chauds, et ce n'est pas autant
de la températuremoyenne de l'année entière que de celte des moisd'été que dépend la hauteur des
neiges.
A l'Etna, les neiges commencent déjà à. i5ootoises et même un peu au-dessous, ce
qui est assez extraor-
dinaire pour une cime placéesousles 3y degréset demide latitude. Vers le cercle
polaire, où les ardeurs de
t'été sont diminuées par les brumes qui s'élèventconstamment au-dessusde l'Océan, la différenceentre
les îles, ou les côtes et l'Intérieur du pays, devientextrêmement sensible. En Islande,
par exemple,, sur
l'Osterjoctmtl, sousles6y de latitude, les neiges perpétuelles descendent à Matoises de hauteur tandis
qu'enNorwège, par les 67°loin des cotes, dansdes sitesoù les hivers sont beaucoupplus rigoureux et oit
par
conséquent la température moyenne de l'année est plus petite qu'en Islande, les neiges ne descendent
600 toises(LéopolddeBuch dans tes~nna~M de Gilbert, t8ta, T. H, p. 5y et 43 qu'à
). D'après ces rapnro-
chemens, il paroit assez probable que Bonguer et Saussure se sont trompésquand ils ont
admisquele
Pic de Ténérine atteint le terme Intérieur constantdes neiges ( T'Ï~Kn.dela terre,
p. xt-Vtn, et ~em.-re
dans les ~M, T. IV, p. ]o3). On trouve ce terme pour 28° de latitude, au moins
toSo toisesde
hauteur, même en la calculant par interpolation entre l'Etna et les volcansdu
Mexique. Cette matière
sera entièrement éctatrcie lorsqu'on aura mesuré la partie occidentalede l'Atlas
qui, près de Maroc sous
les3o degrés et denti de latitude, est couvert de neiges perpétuelles.
Ï.!VRE ï.
l8~
v 1 1 v n.n v _y.
i'Orotavaet partout où lesventsOot un accèslibre, le thertnpmètrëcentigrade
se soutient en hiver, aux tnois de janvier et de février, à midi, entre ï5 et
!y degrés les plus fortes chateursde l'été n'excèdent pas a5 ou 26 degrés:
elles sont parconséquentde5à6 degrés au-dessous des extrêmes que le
thermomètreatteint annuellementà Paris, à Berlin et à Pétersbourg. Ces
résultatssont tirés desobservationsfaites par M.Savaggi,depuis 'S jusqu'en
nf)Q. La températuremoyennedfs côtes de Ténériffeparott au moins5"!ev€r
à 2i°(!6°,8R.), et leur climattient le milieu entre fe climat de Naples et
celui de la zone torride. A l'fle de Madère, les températures moyennesdes
mois de janvieret d'août sont, d'aprèsHeberden, de t~°,~ et de 23",8, tandis
qu'à Rome elles s'élèventà 5°,6 et 26",2.Mais, malgrél'analogieextrêmeque
l'on observeentre les climatsde Madèreet de Ténérine, les plantes de la
première de ces îles sont généralementmoins délicatesà cultiver en Europe
que les plantes de TénériSe.Le Cheiranthuslongifoliusde I'Orotava, par
exemple,gèle à Montpellier,d'après l'observationde M. De Candolle, tandis
que le Cheiranthusmutabilisde Madèrey passe l'hiver en pleine terre. Les
chaleursd'été sont moinsprolongéesà Madèrequ'à Ténérine.
La Région des Vignesoffre, parmi ses productionsvégétâtes, huit espèces
d'Euphorbes arborescentes,des Mesembryanthemum,qui se trouvent muiti-
pliés depuis le cap de Bonne-Espérancejusque dans le Péloponnèse, le
CacaliaKtemia, le Dragonnieret d'autres plantesqui, dans leurs troncs nus
et tortueux, dans leurs~feuiHes succulenteset leur teinte d'un vert bleuâtre,
offrent les traits qui distinguentla végétation de l'Afrique. C'est dans cette
zone que l'on cultivele dattier, le bananier, la canne à sucre, le figuier
d'lnde, l'Arum colocasia,dont la racine oSreau bas-peuple une féculenour-
rissante,l'olivier, les arbres fruitiersde l'Europe, la vigne et les céréales.Les
blés y sont moissonnésdepuis la fin de mars jusqu'au commencementde mai,
et l'on y a essayéavec succèsla culture de l'arbre à pain d'Otahiti, celle du
cannellierdes îles Moluques,du cafierde 1 Arabieet du cacoyerde l'Amérique.
Surplusieurspoints de la côte, le paysprendtout le caractèred'un paysagedes
Tropiques; et l'on reconnoitque la Région des Palmierss'étend au delà des
limites de la zonetorride. Le Chamaeropset le dattierviennenttrès-bien dans
les plainesfertilesde Murviedro, sur les côtesde Gênes, et enProvenceprès
d'Amibes,sousles 3g et 44 degrésde latitude:quelquesarbresde cettedernière
espèce,plantés dansl'enceintede la ville de Rome, résistentmêmeà des froids
de a°,5au-dessous dupoint dela congélation.Maissi l'Europeaustralene participe
&
CHAPITRE Ïï.
des
encore que tonnent aux dons que la nature a répan<I"sdans taiZOpe
le de de la Perse
Palmiers, ~le de TénériSe, placée sous paraMèle l'J~ypte,
méridionaleet de la Flonde,est déjà ornée de plupart ~esjfbnnesvégétales
qui relèvent la majesté des sites dans les régions voisines de l'équateur.
En parcourant les différentestribus de plantes indigènes,on jregrette de ae
pas y trouver des arbres à petites feuilles pennées et des Graminéesarbo-
rescentes.Aucune espèce de la famille nombreusedes Sensitivesn'a poussé
ses migrationsjusqu'à l'archipel desîles Canaries, tandis que sur les deux
contitienson en a découvert jusqu'aux 38 et 40 degrés de latitude. En
Amérique, le SchrancMa uncinata de WIHdenow s'avance jusque dans
les forêts de la Virginie; en Afrique, l'Acacia gummifera végète sur les
collines de Mogador~enAsie, à l'ouest de la mer Caspienne, M. de
Bibersteina vu les plaines du Chyrvan couvertes de l'Acacia stephaniana.
En examinantavec plus de soin les végétaux des îles de Lancerote et
de Fortaventure, qui sont les plus rapprochées~es côtes de Maroc on
trouvera peut-être quelquesMimosesparmi tant d'autres plantes de la Flore
africaine.
La ~cc~TM~e .zone~celledesLauriers, renfermela partie boiséede TénériGe
c'est aussila région des sourcesqui jaillissent au milieud'un gazontoujours
fraiset humide.De superbesforêts couronnentlescoteaux adossésau volcan
on y recotHioftquatre espèces de lauriers un chêne voisin du Quercus
Turneri3 des montagnesdu Tibet, le Visnea Mocanera, le Myrica Faya des
Açores, un olivier indigène (Qlea excelsa) qui est le plus grand arbre de
cette zone deux espèces de Sideroxylon dont le feuillage est d'une rare
beauté, l'Arbutus callycarpaet d'autres arbres toujours verts de la famille
des myrtes. Des liserons, et un lierre très-difKrent de celui d'Europe
(Hederacanariensis),tapissent lestroncsdes lauriers: à leur pied végètentune
innombrablequantité de fougères4, dont trois espèces seulementdescendent

Mimosa Michanï.
borritMa,
° Laoms indica, L. f<Btens,L. noMKset L. Til. Avec ces arbres se trouvent mêlés ArdhMteMetM,
Rhamnus gtandutosos, Erica arborea, E. Teto.
3
Quercus canamensis, Broussonet ( Willd. Enum. plant. hort. Beroi, l8og p. 0~5).
Woodwardiaradicans, Asplenium pa!mat<nn,A. canariense, A. latifolium, Nothattemtschcordata,
Trichomanescanariensis, T. specMMmn et Davalliacananensis.

Dettx Acrostichumet l'0p))yog1osum tusitanicam.


A~tor~M~ Tbm.
JRe/a<<o<t a~
1
î86 HVREt.
jusqu'à ta région des Vignes.Partout le sol, couvert de mousseset d'une
herbe fine, brille des fleurs du Campanuta aurea du Chrysanthemum
pinnàtifidum, du Mentha canariensis et de plusieurs espèces frutescentes
d'Hypericnm Des plantations de châtaignierssauvages et greffésforment
une large ceinture autour de la région des sources qui est la plus verte et
la plus agréablede toutes..
La ~~)MtfMC~o?!e commenceà neuf cents toises de hauteur absolue, là où
paroissent les derniers groupesd'Arbousiers, de MyricaFaya et de cette belle
bruyère que les'indigènesdésignentpar le nom de Texo. Cette zone, large
de quatre centstoises, est occupéeen entier par une vasteforêt de pinsauxquels
se mêle le Juniperus Cedro de Broussonet.Ces pins ont les feuillesextrême-
ment longues, assezroideset réuniesquelquefois deuxà deux, le plus souvent
trois à trois dans une gaine. Comme nous n'avons pas eu occasion d'en
examinerlesfruits nous.ignoronssi cette espèce,qui a le port du pin d'Ecosse,
est effectivementdifférentedes dix- huit espècesde pins que nous connoissons
déjà dans l'ancien continent. Un botaniste célèbre qnt, par ses voyages, a
rendu de grands services à la géographiebotanique de l'Europe, M. De
Candotle, pense que le pin de Irénérine est également distinct du Pinus
àtlanticades montagnesvoisinesde Mogàdor,et du pin d'Atep*qui appartient
au bassin de la Méditerranéeet ne paroit pas franchir les colonnesd'Hercule.
Nousavonsrencontrésur la pente du Pic lesdernierspins, peu près à douze
cents toises de hauteur au-dessusdu niveau de l'Océan. Dans les Cordillères
de la Nouvelle-Espagne,sous la zone torride, les pins mexicainss'élèvent
jusqu'à deux mille toises. Malgré l'analogied'organisationqui existe entre
les diGérentesespècesd'un même genrede plantes, chacuned'elles exige,pour
son développement, un certain degré de température et de rareté de l'air
ambiant.Si, danslesclimatstempéréset partout oùiltombede la neige,la chaleur
constantedu sol est un peu au-dessusde 'la chaleur moyennede
l'atmosphère~
il est probable qu'à la hauteur du Portillo, les racines des
pins tirent leur

'Hyper:cumcananense,H.BoribundumetH.gtantMoSMt).
rmushalepensis. M.De Candolleobserve que cette espèce,qui manque en
Portugal, et qui setrouve dans
le versant méditerranéen de la France et de l'Espagne, en
Italie, dans t'Asie.Mineure et dans la Barbarie,
seroit mie~ nommée Pinus mediterranea. Elle fait le foud des forêts de
pins dans le sud-est de la France
ohGouan et Gérard l'ont confondue avecle
Pinussylvestris. ;EUe èompreticlle PiMshaIepensM, MIU.
Lamb. et Desfont. et le Pinus maritima, Lamb.
CHAMT~E~~ ~7
–'– ~-–– ~~––~l!
nottN'Ita~ed'au tert~in danslequel, a'~ne certaine~~wÂ~tt~~t~ î~ tt~Ct*<~mM~'t~
profbadeMï',Ïe thermoïB&tr~
s'élèvetOHtau plus à g où jo degrés.~ '=
La~M<!tr?eM!e et la c~MMmë~ les régions du Rétama et des Gram!"
des
nées, occupent buteurs ~i~égalë~ce!~ cimesles plus inaccessibles
des Pyrénées. C'est !a partie d~rte~d~e~o~de8~ pierre "pon~e,
d'obsidienneset de laves briséesmettent des entraves à la végétation. 'Nous
avons déjà parlé plus haut de ces tonnesfleuries de genêts alpins (Spartium
nubigennm) qui formentdes Oasis an milieu d'une vaste mer de, cendres.
Deux plantes herbacées, leScrophulariag!abrataet le Viola cheiranthifolia;
s'avancentplus loin jusque dansle .M~. Au-dessusd'un gazon brù!é par
l'ardeur dusoteit africain, ÇladoniapaschaHscouvre des terrains arides; les
le
pâtres y mettent souvent le feu qui se propage à des distancesconsidérables.
Vers le sommet du Pic, des vUrcéolaires et d'autres végétaux,de la famille
des Lichens travaillentà la décompositiondes matièresscorinées.C'est ainsi
que, par une action noninterrompue desforces organiques,l'empire de Flore
s'étendsur les îles bouleverséespar desvolcans.
En parcourant les différenteszones de la végétation de Ténéri<ïe, nous
voyons que l'tle entière peut être considéréecomme une forêt de lauriers,
d'arbousierset de pins, dont les hommesont à peine défriché la lisière, et
qui renfermedans son centreun terrain nn, rocaiUeux, égalementimpropre
à la culture et au pâturage. M. Broussonet observe qu'on peut diviser
l'archipeldes Canariesen deux groupes d'ues. Le premier renfermeLancerote
et Fortaventure, le second, TénénSe, Canarie, La Gomère, Fer et Palma.
L'aspect de la végétation dinere essentiellementdans ces deux groupes. Les
îles orientales, Lanceroteet Fortaventure, offrent de grandesplaineset des
montagnestrès-peu élevées on n'y rencontrepresquepas de sources, et ces
îles, plus encore que les autres, portent le caractèrede terrains séparés du
continent. Les vents y souillent dans la même direction et aux mêmes
époques l'Euphorbia mauritanica, l'Atropairutescenset des Sonchusarbo-
rescensy végètent dans des sables mobiles, et servent, commeen Afrique,
de nourriture aux chameaux.Le groupe occidentaldes Canariesprésente un
terrain plus élevé, plus boisé, plus arrosé par des sources.
1 Quoique l'archipel entier renferme plusieurs végétaux qui se retrouvent en
Portugal en Espagne, aux îles Acores et dans le nord-ouest de l'Afrique,

Nous avons reconnu, M. WiUdenow et moi,


parmi les plantes du Pic de TénenCe, le beau Satynum
dipbyUmn (Orchis cordata, Wilid.) que M. L;nk & décowfert en Portugal. Les Canaries ont de
l88 MVRE Ï.
A '1
un grandnombred'espèces,et mêmequelques genres,sont propres à Tëidérnte,
à Porto Santo et à Madère.Telssont le Mocanera,le PIocàma,le Bosea, le
Canarina, le Drùsa et te Pittosporum.Une forme que l'on pourroit appeler
boréale, celle des Crucifères est déjà beaucoup plus rare aux Canaries
qu'en Espagne'et en Grèce.Plus au sud encore, dans la région équinoxiale
desdeux continens, où la températuremoyenne de l'air s'élèveau-dessusde
22 degrés, les Crucifèresdisparoissentpresque entièrement.
On a agité de nos jours une question qui intéressevivementl'histoire du
développementprogressifde l'organisationsur le globe, celle de savoir si
les plantes polymorphessont plus communesdans les ties volcaniques?La
végétation de Ténériffe ne favorise point l'hypothèse d'après laquelle .on
admet que la nature dans des terres nouvellesse~montremoins asservieà des
formesconstantes.M. Broussonet, qui a résidé si long-temps aux Canaries,
assureque les plantes variablesn'y sont pas plus communesque dans l'Europe
australe.Né doit-on pas admettre que les espècespolymorphesqu'offre si fré-
quemmentl'ile de Bourbon, sont dues plutôt à la nature du sol et au climat
qu'alla nouveautéde la végétation?
Je viens le tableau physique de l'île de TénériSe
d'esquisser j'ai tâché de
donner des notions précises sur la constitution géologique des Canaries,
sur la géographie des plantes propres à cet archipel, et .sur leur agroupement
à différentes hauteurs au-dessus du niveau de l'Océan. Quoique je me flatte
d'avoir répandu lumière sur des objets qui tant de' fois ont été
quelque
traités par d'autres voyageurs, je pense pourtant que l'histoire physique de
cet archipel offre encore un vaste
champ à exploiter. Les chefs des expédi-
tions scientifiques, dont l'Angleterre, la France, le Danemarck
l'Espagne,
et la Russie ont donné des si brillans, se sont généralement
exemples trop

communavec la Flore des Açores non te Dicksonia Cntcita, !a seule fougère arborescente que l'on trouve
sous les 39 degrés de latitude, mais i'Asptennttn patmatum et le Myrica Faya. Cet arbre se rencontre en
Portugal, à t'état sauvage M. de HoBmannsegg en a vu des troncs très-anciens; mais it reste douteux
s'il est indigène on introduit dans cette partie de notre continent. En réucchissant sur les
migrations
des plantes et sur la possibilité géologique que des terrains submergés aient réuni jadis le
Portugal,
les Açores, les Canaries, et la chaine de t'Attas, on conçoit
que t'exis~ence du Myrica Paya dans
l'Europe occidentale est un phénomène pour le moins aussi frappant que le seroit t'existence du pin
d'Alep aux îles Açores.
Parmi le petit nombre d'espèces de CruciC'rfs que renferme la Flore de Ténérifte, nous citerons
ici Cheiranthus longifolius, t'Herit. Ch.
fructescens, Yent., Ch. scoparius, Brouss. Erysimutn bicorne,
Aiton; Crambe strigosa, C. hevigata/BrouM.
CHAPïTRE ÏL ~89
1
~– ––' 't. 'A~
·~1

hâtés de qaitter les Canaries. Us se sont imaginésqnece~ Mesdévoient être


exactementdécrites,parcequ'elles sont très-rapprôchéesde l'Europe ils ont
oublié que, sous le rapport de ta géologie, l'intérieur de la Nouvelle-
Hollanden'est pas plus inconnuque ne le sont les roches de Lancerote et de
la Gomère, cellesde Porto Santo et de Terceira. Nousvoyons annuellement
un grand nombre de savans parcourir, sans but déterminé, les partiés
les plus fréquentées de l'Europe. H faut espérer qu'il s'en trouvera
parmi eux qui, guidéspar un véritable amour~pour la sdence, et capablesde
un de
poursuivre plan plusieurs années, voudrontexaminerà la fois l'archipel
des Âçores, Madère,les Canaries, les îles du cap Vert et la côte nord-ouest
de l'Afrique.C'est en réunissant des observationsfaites sous le même point
de vue, danslest!esAtlantiqueset sur le continentvoisin, que l'on parviendra
à des connoissancesprécisessur la géologieet sur la géographiedes animaux
et des plantes..
Avantde quitter l'ancienmonde pour passer au nouveau,il me reste à
parler d'un objet qui offre un intérêt plus général, parce qu'il tient à
l'histoirede l'homme et à cesrévolutionsfunestesqui ont fait disparonrèdes ,9
peuplades entièresde la surfacedu On se demande, à l'île de Cuba,
à Saint-Domingueet à la Jamaïque,glooe.où'sont restés les habitans primitifsde
ces contrées on se demandeà TénériBe que sont devenus les Guanches,
dont les momies seules, enfouies dans des cavernes, ont échappéà la des-
truction. Au quinzième siècle, presque toutes les nations commerçantes
surtout les Espagnols et les Portugais cherchoient des esclavesaux îles
Canaries, comme on en cherche aujourd'hui sur la côte de Guinée La
religion chrétienne jmi~–dans son origine, a favorisé si puissamment la
liberté.des hommes, servoit de prétexte à la cupidité des Européens. Tout
individu~ fait prisonnier avant d'avoir reçu le baptême, étoit esclave. A
cette époque on n'avoit pas encore essayéde prouver que les noirs sont
une race intermédiaireentre l'homme et les animaux le Guanche basané
et le nègre africainétoient veridusà la fois au marchéde Séville, sansque l'on
agitât la questionsi l'esclavagedoit peser seulementsur des hommes à peau
noire et cheveux crépus.
L'archipel des Canaries étoit divisé en plusieurs petits états ennemis les

LesMstorieM citentdesexpMMoM
espagnols faitesparles Hngnenott
de la RocheUe
enlever
desesclaves pour
Jedoutedecesexpéditions
guanches. quimurMent
~tépoetëneuresàjannée
tMo
ny&E i.
ï~o
ttas desautres.Sot!ventunemêmeîle étoit sujette à deuxannées indépehdans~
commecela arrive dans,les îles de la mer du Sud, et partout où la société
n'est point encore ~ès-avancée.Les nations commerçantes,guidées par cette
politique astucieusequ'ellessuivent encore aujourd'huisur tes côtes d'Afrique~
entretinrent les guerresintestines.Un Guanche devint alors la propriété d~un
autre Guanche,qui le vendoitaux Européens; plusieurspréférèrentla mort
à la servitude, et se tuèrent eux et leurs entans.C'est ainsi que la population
des Canariesavoit déjà considérablementsouffertpar lecommercedes esclaves,
par les enlèveménsdes pirates, et surtout par un carnageprolongé, lorsque
Alonsode Lugo en acheva la conquête. Ce qui restoit des Guanches périt
en grandepartie en t ~p~) dans la fameusepesteappelée la ~o~ory~, que l'on
attribuoit à la quantité de cadavresqueles Espagnolsavoientlaissésexposésà
l'air, après la bataille de la Laguna. Lorsqu'un peuple, à demi-sauvage et
dépouilléde ses propriétés, se voit forcé de vivre dans une même contrée
avec une nation policée, il chercheà s'isoler dans les montagneset dans les
forêts. Ce refuge est le seul.quepeuventchoisir des insulaires aussi cette
belle nation des Guanchesétoit pour ainsi dire éteinte au commencementdu
dix-septièmesiècle;onn'entrouvoit plusquequelquesvieillardsà la Candelaria
et à Guimar.
Il est consolantde penser que les blancs n'ont pas toujours dédaignéde
s'allieraux indigëdes; mais les Canariens d'aujourd'hui,que les Espagnols
désignentsous le simple nom d'jMe/MM~ ont des motifs très-puissans pour
nier ce mélange.Le tempis enace, dans une longue suite de générations, les
marquescaractéristiquesdes races; et, commeles descendansdes Andaloux
établisà Ténériffeont eux-mêmesle teint assezrembruni, on conçoit que le
croisementdes racesne peut pas avoir produit un changementsensibledans
la couleurde la peaudes blancs. Il est bien prouvé qu'il n'existeaujourd'hui
dans toute l'île aucun indigènede race pure, et quelquesvoyageurs d'ailleurs
très-véridiques,se sont trompéslorsqu'ils ont cru avoir xu pour guides au
Pic, de ces Guanches à taiile svelte et légers à la course.Il est vrai que
quelquesfamillesde Canariens se vantent de leur parenté avec le dernierroi
pasteurde Guimar mais ces prétentions ne reposent pas sur des fondemens
très-solides elles se renouvellentde temps en temps, lorsqu'ilprend envie à
un hommedu peuple, plus basanéque ses concitoyens,de solliciterun grade
d'officierau servicedu roi d'Espagne.
Peu de temps après la découvertede l'Amérique,lorsque l'Espagne étoit
CHAPITRE U. *9*

parvenueau plus h~utdegré df~sa splendeur,on se pMsoita Zébrer la douceur


de caractèredes Guanches,commeon a célèbre de nos jours l'innocence des
habitans d'OtahitI. Dansl'un et l'autre de ces tableaux,le cotorisparo~ moins
vrai que brillant. Quandles ~peuples,&ttguésdes jouissancesde l'esprit, ne v
voient plus dans te raSnement des mœQw~aele la dépravation, ils
sont flattésde ridée que, dans unerégion lointaine, a la premièreaurore de
!a civilisation, des sociétésnaissantesjouissent d'un bonheur pur et constant.
C'est à ce sentimentque Tacite dut nne~partie de son succèslorsqu'il retraça
aux Romains, sujetsdes Césars,te tableau des mœurs germaniques,ce même
sentimentdonne un charme inexprimableau récit des voyageursqui, depuis
la fin du dernier siècle, ont visité les îles du Grand Océan.
Les habitans de ces Mes,trop vantés peut-être, et jadis anthropophages,
ressemblent, sous plus d uc rapport, aux Guanches de TénériSe. Nous
voyons gémir les uns et les autres sous le joug d'un gouvernementféoda!.
Chez les Guanches, cette institution, qui (acilite et perpétue les guerres,
étoit sanctionnéepar la religion.Les prêtresdisoient au peuple « Le Grand-
Esprit, Achaman, créé d'abord les nobles, les Achimenceys,auxquels il
a distribué toutes les chèvres qui existent sur ta terre. Après les nobles,
Achamana créé les plébéiens, Achicaxnas; cette race plus jeune, eut le
courage de demanderaussi des chèvres; mais t'Être-Suprême répondit que
le peuple étoit destiné à servir les nobles, et qu'il n'avoit besoin d'aucune
propriété. » Cette tradition étoit faite sans doute pour plaire aux riches
vassauxdes rois pasteurs.Aussile Faycan ou grand-prêtre exercoitle droit
d'anoblir, et une loi des Guanchesportoit que tout Achimencey,qui s'avi-
lissoit à traire une chèvre de ses-mains, perdoit ses-titresde noblesse.Cette
loi ne rappelle pas la simplicitédes mœurs du siècle homérique. On est
étonnéde voir condamnésau mépris, dèsle commencementdela civilisation
les travaux utiles de l'agricultureet de la vie pastorale.
Les Guanches, célèbrespar leur taille élancée, étoient les Patagons de
t'ancren monde, et les historiens exagéroient la force musculaire des
Guanches,comme, avant les voyagesde Bougainvilleet de Cordoba, on attri-
buoit une stature colossaleà ta peupladequi habitel'extrémité méridionalede
t'Amérique.Je n'ai vu des momiesguanchesque danslescabinetsde l'Europe~
à l'époquede mon voyageettes étoient très-raresà Ténérine; oh en trouveroit
cependanten grand nombre si, par le travaildes mineurs, on tâchoit d'ouvrir
tes cavernessépulcralesqui sont tailléesdans le roc sur ta pente orientaledu
t.!VRE
ÏQ2a

Pic, entre Arico et Güimar. Ces momiessont dans un état de dessiccationM


extraordinaireque les corps entiers, munis de leurs integumens, ne pèsen!: t
souvent que six à septlivres, c'est-à-direun tiers de mpins que le squelette
d'un individude la même grandeur, dépouillé récemmentde la chair muscu-
laire.Le crâne offre, danssa conformation,quelqueslégersrapportsavec celui
de la,race blanchedes anciens Égyptiens, et lesdents incisivessont émoussées
chezlesGuanchescomme dans lesmomiestrouvéessur les bords du Nil. Mais
cette formedes dents est due à fart seul; et, en examinant plus soigneusement
la physionomiedes anciensCanariens,des anatomisteshabiles'ont reconnu,
dans les os zygomatiqueset la mâchoireinférieure, des diflerencessensibles
avec les momies épyptiennes.En ouvrant cellesdes Guancheson y trouvedes
restes de plantes aromatiques, parmi lesquelleson distingue constammentle
Chenopodiumambrosioïdes souventles cadavressont ornés de cordelettes
auxquellessont suspendusde petits disquesde terre cuite qui paroissentavoir
servi de signesnumériques,et qui ressemblentaux quippos des Péruviens, des
Mexicainset des Chinois.
Commeen généralla populationdes tlës est moins exposéeaux changemens
qui sont l'effetdes migrations, queta populationdes continens, on peut sup-
poserque, du tempsdes Carthaginoiset des Grecs, l'archipeldesCanariesétoit
habité par cette mêmeraced'hommesqu'y trouvèrentlesconquéransnormands
et espagnols.Le seul monument propre à répandre quelque lumière sur
l'originedes Guanches,est leur langue; mais malheureusementII ne nous en
est resté à peu près que~cent cinquantemots, dont plusieursexpriment les
mêmes objets selon te dialecte des différentesîles. Outre ces mots, qu'on
a recueillisavec soin, il existeencoredes fragmensprécieux dans les dénomi-
nations d'un grand nombre de hameaux, de collineset de vallons. Les
Guanches, commeles Basques,les Uindoux~Jes Péruvienset tous les peuples
primitifs, avoient nomméles lieux d'aprèsla qualité du sol qu'ilscultivoient,
d'après la forme des rochers, dont les cavernesleur servoient d'abri, d'après
la nature des arbres qui ombrageoientles sources.
On a pensé longtemps que la langue des Guanchesne présentoit aucune
analogieavec leslanguesvivantes; mais, depuisque te voyagede Horoemana
et les recherchesingénieusesde MM.Marsdenet Venture ont fixét attention
des savanssur les Berbers qui, comme les peuples slaves, occupent une

B/tutM~tacA
Decas
ytwtaCo~c<.
MMpCraniorum
ctiverearum
g~nMa~t
t~M~r.,
t<to8,p. 7.
CNAMTttEt~

'n-am~na~AM~ehotéale.
t~measeétenduede~rrain dans1'~ .ôn'a redoitttu-qoe plYi~ieûrs
OSàreMOMt~ue~p~
mots gnanchesont des racines~c~ .deÍ,lIJorsae. 'dialectes'CJúIW1
M Gebau'Nous ~~Mro~~<ÉO!)MM~<xe:

.C!d,'en.gaaBc~b~~
Lait.A< ~cAo.
Orge. 2~m~en. Tomzeen.
Panier. ÛMTKMMM. C~rMn.
Eau. 7.~nMM.~T. ~~MM.

JedoUteque cette analogieprouveune communautéd'origine;maiselle indique


des liaisons aaelennesentre les Guancheset les ~erbers, peuple montagnard,
dans lequel se trouventretondusles Numidieps,tes Gëtcteset les Garàmantes,
et qui s'étend depuis rextremMônenta!e de l'Àt!as, par le Harud~é et le
Fezzan,jusqu'auxOasisde Syuahetd'Audjelah.Les indigènesdesîles Canaries
s'appeloientGaaniChesde guan, &<MM!tte, comme les Tongduses s'appeUent&~e
et <&)nA~ mots qui ont la mêmesignincation que~M<ïn.D'ailleursles nationsqui
parlent la langueberbèrene sont pas toutesd'une mêmerace et la description
que Scylax donne dans son ~ëripîè des habitans de Cerne, peuple pasteur
d'unetaille etancéeet à longuechevelure,rappelleles traits qui caractérisent
les &uaMhesCanariens.
Plus on étudie les langues sons un point de vue philosophique, et plus
on observe qu'aucune d'elles n'est entièrement isolée la langue e des
Guanchesle paroftroitmoins encore si l'on avoit quelquesdonnéessur son
mécanismeet sa structuregrammaticale,deux élémensplus importans que la
formedes mots et l'Identité des sons. Hen est de certains idiomescomme de
ces ~tresorganisésqui semblentse refuser à toute classificationdans la série
des famillesnaturelles.Leur isolementn'est qu'apparent il cesse dès qu'en
embrassantun plus grand nombre d'objets, on parvient à découvrir les

~<«n~ttm~Yater,.MtAfK&ttM,
T.BI,p. 60.
D'âpre les recherches de M. Vater, la hmgne guanche oBre les analogies suivantes avec les
langues de peaptes tree-eMgnés les uns des fMttret: cAMn,
chet tes BaronsMmérioMns,a,gMM<t<Mt/ chet
lés Guanches, agM~aM homme, chez les Pérar!ems, «tW, chez les Guanches, comn roi, chez
les Mandiugos africains, m<HMo;chez les Gnanches, BtOtMe~.Le nom de Mte de Gcmete se retrouve
dans celui de Gomer qui désigne une tribu de Berhers. (~<t<er, Cnttntm'A,ttter ~mertto, p. t~o.)
Les mots guanches, ot&!OMte, J~MM,et <t&)to~aM<t,<N~&,poroissemt d'une origine arabe; du moins
dans cette dernière tangue o&tMt&at-mmsigmSeMet~.

Jïe&t<MKAM~<ony«e~?bm. 25
ï<)~ ïtÏVRE
ï.
chaînonsintermédiaires.Les savans qui VQMM des ~yptiens partout oû il
y a des momies, des hiéroglyphes ou des pyramides, penseront peut-être
que la race de Typhonétoitlléeaax Guànchespar lès Berbers, véritables
Atlantes, auxquelsappartienneht les TIbbosetlesTuàrycks du désert *.Mais
il suffitde faire obséderIcî que cette hypothèsen'est appuyée par aucune
analogie entre la langue berbère et la languecopte, que l'on regarde avec
raison commeun reste .de l'ancien égyptien.
Le peuple qui a remplace les Guanches, descenddes Espagnols, et en
très-petite partie desNormands~Quoique ces deux races aient été exposées
depuis trois siècles
a)%meme climat, la dernièrese distinguecependantpar une
plus grande blancheurd e la peau.Les descendansdes Normands habitentla vallée
de Teganana,entre Puntade Nagaet Puntade Htdalgo. Les nomsde Grandvijie
et de Dampierrese trouvent encoreassez Iréqueïnmentdans ces cantons.Les
Cananenssont un peuple honnête, sobre et religieux; ils déploient moins
d'industriechezeux que dansles paysétrangers.Un espritinquiet et entreprenant
conduit ces insulaires,de même que les Biscayens et les Gatabns, aux
PbUIppines,aux MarianeSjen Amérique, partout où il y a des établissemens
espa~tots, depuisJeChili et La PIàta jusqu'au Nouveau-Mexique.C'est à
eux que sont dus en grande partie les progrèsde l'agriculturedans cescolonies.
L'archipel entier ne renferme pas ï6o,ooo habitans, et les lslenos sont
peut-êtrebeaucoupplus nombreuxau nouveaucontinentque dans'leurancienne
patrie. Le tableau suivantoffre tout ce qui a rapport à la statistique de ce
pays

Caire à .Mom-MM~T. Ù, p. 4o6.


~oyft~e~eJ5romenMM7t<&<
*tt~r<~<B<,T.ni,p.77.
CHAPITRE Il. '9~

FO~tt.AMON
ARCntFELG acBMCB por<n.ATto!tAMOt.Wt. relative.
~tiMtt /<~ –. Nombre
d
des habitanspar
mariu.. lieue carrée
Kt.BBCANABCE9. t.rf<tt. ~8. ~4S. ~68. t790. tn .790.

TénénBe. 7~ 49,n9 6o~t88 66,354 70,000 gSa

Fortaventure. 63 7,389 8,863 9,000 t4a


–~– ––––

Grande Canarie. 60 2o,458 33,~4 41,o82 50,000 833

Fatme. ~7 tS.Sga t7,58o '9.'9~ 23,600 837

Laocerote. a6 7,~t0 9,705 to,ooo 384

Gomère. '4 4,373 6,251 6,645 7,4oo 598

Fer. 7 ~97 3,687 4,oM 5,ooo 714

ToïAt. 370 t36,tga t55,866 174,000 644

Les dénombremens de t678, t745 et ~68 ont été publiés par Viera. L'évaluation de 1790
est de M. Ledro. Population totale, d'après tord Macartney, 196,500, dont 10,000 à Ténériffe,
~0,000 à Canarie et 3o,ooo à Palme. Les surfaces ont été calculées pour la premtere fois, et
avec un soin particulier, par M. Oitmanns', d'après les cartes de Borda et de Varela. Récolte
du vin à Ténérine, 2o à a4,oo& pipes dont 5ooo de Malvoisie. Exportation annuelle de vin,
8 à oooo pipes. Bécolte totale de l'archipel, en froment, 54,ooo~on~M à cent livres de poids.
Année commune, cette récolte est sufEsantepour la consommation des habitans qui se nourrissent
en grande partie de maïs, de pommes de terre et. de haricots ~yHtO/M.La culture de la canne à
sucre et du coton est peu Importante, et les grands objets du commerce sont le vin, les eaux-de-vie,
l'orseille et la sonde. Revenu brut, y compris la fermedes tehacs, a4o,ooo piastres.

Je n'entrerai sur l'importance


pas dans des discussions d'économie politique
des îles Canaries les commerçans de Livré long-temps à
pour peuples l'Europe.
des recherches sur les colonies étroitement lié avec des
statistiques espagnoles,
personnes qui avoient occupé des emplois importans à Ténériffe, j'avois eu

Étendre de la surface des Canaries exprimée plus exactement en lieues géographiques de t5 au


(!egré: TénérHfe, 4t~; Fortaventure, 35~, Canane, 33;; Palme i5~; Lancerote, i4~; et, en y
comprenant les petites Mesvoisines, i5~;Comere, 8, et Fer, 3;: total, t53~. On peut être surpris
que M. Hassel, dans son excellent ouvrage sur la statistique de l'Europe, assigne aux Canaries une popu-
lationde 4ao,ooohabitans, et une étendue de 358m!Uesgéographiqnescarrés.(&<t<.t/<ttrtM./&/t.~S.) -)
tg6 nvRE ï.

occasion,pendant monséjour à Caracaset &la Havane~de recueillirbeaucoup


d~édaircissemenssur le commercede Sainte Croix et de l'Orotava. Mais
plusieurssavansayant visité les Canaries après moi ils ont puisé aux même*
sources, et je n'hésite pas de retrancherde mon journal ce qui a été exposé,
avecbeaucoupde précu-ion,dansdes ouvragesqui ont précédéle mien. Je me
bornerai Ici à un petit nombre de considérationsqui terminerontle tableau
que je viens de tracer de l'archipeldes Canaries.
II en est de ces îles commede l'Egypte, de la Crimée et de tant d'autres
pays que des voyageurs qui désirent frapper par des contrastes, ont loués ou
blâmés à l'excès. Les uns, débarquant à l'Orotava, ont décrit TénériSe
commele jardin des Hespérides;ils ont vantéla douceurdu climat, la fertilité
du solet la richessede la culture d'autres, forcésde séjournerà Sainte-Croix,
n'ont vu dans les îles Fortunées qu'un pays nu, aride, habité par un peuple
misérableet stupide. !1 nousa paru que, dans cet archipel commedans tous
les pays montueuxet volcaniquesla nature a distribué très-inégalement ses
bienfaits.Les îles Canaries manquentgénéralementd'eau; mais partout où il
y a d~s sources, des irrigationsartificielles,ou des pluiesabondantes,le sol y
est de la plus grandefertilité.Le bas peuple est laborieux, mais son activité se
développeplus dans des colonieslointainesqu'à TénénSe où elle trouve des
obstaclesqu'une administrationsage pourroit éloigner progressivement.Les
émigrationsseront diminuéessi l'on parvient à répartir entre les particuliers
les terres domanialesIncultes,à vendrecelles qui sont annexéesaux majorats
des grandesfamilles, et à abolir peu à peu les droits féodaux.
La population actuelle des Canaries paroit sans doute peu considérable,
si on la compare'à celle de plusieurscontrées de l'Europe. L'Mede Malte,
dont les habitans industrieux cultivent un roc presque dénué de terreau,
estsept foispluspetiteque TénérISe,et cependantelle est deuxfois pluspeuplée
mais les écrivainsqu~ se plaisent à peindre, avec de si vives couleurs, la
dépopulationdescoloniesespagnoles,et quien attribuentlacauseà la hiérarchie
ecclésiastiquej oublient que partout, depuisle règne de PhilippeV, le nombre
deshabitansa pris un accroissementplus ou moins rapide.Déjà la, population
relative est plus grande dans les Canaries que dans les deux Castilles, en
Estramadureet en Écosse.Tout l'archipelréuni présente un terrain montueux
dont l'étendueest d'un septièmeplus petite que la surfacede l'île de Corse, et
qui nourrit cependantle mêmenombre dTiabitans.
QuoiquelesîlesFortaventureet Lancerote,quisontlesmoinspeuplées,exportent
'CB~~JtME~t.ï. .&?'
!n~~ ne Mt~n!t h~!natt'ementoM IM deCX <!eM~
des~a~ns~~
sa~~as~nt~t'o~,,il~ad. pas= csl.nclure c~u~~c~ani~ ) >2
le nombre~d~~habitaM%n~~ui~ par défautde snbsMtances.
Les MesCandies.. :.soQ%
.en<]~l~ tes maux qo'entra~ne une
populationtrop ~Ce)<<~t~et~ développe lés causes avec
tant de justesseet de aagacî~ miséredu peuplea diminuéconsidé-
rablementdepuisqu'ona Introdmtiaculture de la pommede terreet qu'on
a commette~senter pjttM de maïs qne d'orge et dejfroment.
Les habitansdesCanariesoCrenttes traits qui caractérisent~n peuple &
la foismontagnardet insulaire.Pour les bienapprécier,il ne stunt pas de
les ~oirdaBsJtear patrieo&dépuissantes entravess'opposentau développement
de l'industrie;il )!antles étadierdansles steppesde la provincede Caracas,
surle dosdes Andes,dansles ptainesbrûtantesdes îlesPhilippinespartout
où, iso!ésdansdes contréesinhabitées~ib ont eu occasionde déployercette
énergieetcetteactivitéquisontles véritablesrichessesd'an colon.
LesCanariensse plaisentà considérerleur pays commefaisantpartie de
l'Espagneeuropéenne. Ils onten enet augmenté les richessesde la littérature
Le nom de Clavijo,auteurdu JP<Ht.MK&Mr~
castillane. ceuxde Viera,d'Yriartc
et deBétancourtsont honorablement connusdanslesscienceset les lettrés
le peupleCanarienest douéde cettevivacitéd'imagination qui distingueles
habitansdel'Andalousie et de Grenade,et l'onpeut espérerqu'unjour lesîles
Fortunéesoùl'hommeéprouve,commepartout, les bienfaitset les rigueurs
de la nature,serontdignementcélébréespar un poèteindigène.

Tester
et DeMmMy,
surl'agncalmredes
CaMnes. T. t, p. aSoet979.
(~m.Jef~t~<t<<,
ï<)8 i1 HV&EI.

CHAPITRE lit
DE TÉNERÏFFEAUXCÔTESDEI.'AMÉRÏQUEMERïMOttAÏ.E.
TRAVERSEE
-RECONNOISSANCEDE L'ÏSLE DE TABAGO.–ÀRRÏVEE
A CUMANA.

Nous quittâmesla radede Sainte-Croixle ~5 juin au soir, et nous dirigeâmes


notre route vers l'Amérique méridionale.H yentoit grand frais djunord-est,
et la mer offroit de petites lames courtes et serrées, à causede l'opposition
descourans.Nousperdîmesbientôt de~vueles'îles Canariesdont les montagnes
élevéesétoientcouvertesd'une vapeurroussâtre.Le Picseulparoissoitde tempsen
tempsdans des éclaircies,sansdoute.parceque le vent qui régnoitdansleshautes
régionsde l'air, dispersoitpar intervallesles nuagesqui enveloppoientle Piton.
Nous~éprouvàmes, pour la première ibis, combien sont vives les impressions
que laissel'aspect de ces terres qui se trouvent placéesaux limites de ,lazone
torride, et danslesquellesla nature semontreà la foissi riche, si imposanteet si
merveilleuse.Notre séjour à Ténériffeavoit été de courte~durëe,et cependant
nous nous séparâmesde cette île comme si nous l'avions habitée pendant
long-temps. j
Notre traverséede Sainte Croix à Cumana, port le plus oriental de ta
Terre-Ferme, fut des plus belles. Nous coupâmesle tropique du Cancer
le 2~; et, quoique le Pizarro ne fut pas un vaisseau très-bon voilier,
nous parcourûmes, en vingt jours, l'espace de neuf cents lieues, qui sépare
les côtes d'Afrique de celles du nouveau Continent. Nous passâmes à
cinquantelieues à l'ouest du cap Bojador, du cap Blanc et des îles du cap
Vert. Quelquesoiseauxde terre, que l'impétuositédu vent avoit poussésau
large, nous suivirent pendant plusieurs jours. Si nous n'avions pas connu
exactement,par les montresmarines, notre point en longitude, nous aurions
été tentés de croire que nous étions très-près des côtes d'Afrique.
Notre route étoit celle que suiventtous lesbâtimens destinésaux Antilles,
depuis le premier voyage de Colomb. On diminuerapidementen latitude,
presque sans gagner en longitude, depuisle parallèle de Madère jusqu'au
CHAPïTNE~ÏÏ, *99
aliséssont on
tropique: parvenu à~Ia zone eûtes vents ~stans, parcourt
l'Océan de Test &l'ouest, .8ur,~e..m€r:-calnM.et~pais~
gateurs espagnolsappellent le (~!& des Dames, 67 60~ la,r D~inas.
Nouséprouvâmes,comme~usc~aXqutoat~ ces parage`s,qu'â mesure
que l'on avanceversl'occident~es vents alises, qui étoientd'abord est-nord-est,
senxeBtàl'est.
Ces vents, dont la théorie la plus généralementadoptée se trouve exposée
dans un mémoire célèbre de Hadiey*, sont un phénomènebeaucoupplus
compliqué*que ne le pensentTungrand nombre~dp physiciens. Dansl'Océan
Altantique, la position en longitudeinnue, commela déctinaisondu soleil,
surladirectionet sur leslimitesdes ventsalises.Ducôté du nouveaucontinent,
dans l'un et l'autre hémisphère~ces limites dépassent le tropique de 8 à
degrés,tandisque dansle voisinagede l'Afriquelesventsvariablesrègnentbien
au dëtàdu parallèledes 28 ou 2~ degrés. està regretter,pour les progrèsde la
météorologieet de la navigation, que les changemensqu'éprouventles courans
de l'atmosphèreéquinoxialedans la mer Pacinqué, soient beaucoup moins
connus que les variations qu'loffréntces mêmescourans dans un bassin de
mer plus étroit et initueocé par la proximité des côtes de la Guinée et du
Brésil.Les navigateurssavent,depuisdes siècles,que, dans t'OcéanAtlantique;
l'équateur ne coïncidepas avecla ligne qui sépare les vents alisésdu nord-
est des vents généraux du sud-est.Cette ligne, commeHalley 3l'a très-bien
observé, se trouve par les 3 ou 4 degrés de latitude nord; et si sa position
estl'effetd'un plus long séjour du soleil dans l'hémisphèreboréal, elle tend à
prouverque les températures des deux hémisphères sont dans le rapport

Inexistence
d'uncourantd'airanpérieur
quiporteconstamment de l'équateuranxpotes,etd'un
courantinférieur quiportedes pôlesà t'ëqaatent,avoitdéjàété reconnne, comme l'a faitvoir
M.Arago, parHooke. Lestdéesducélèbrephysicien angloissontdéveloppées
dansundiscours surles'
tremblemens deterre,rédigé
en t686.«Jecrois,ajoute-t-il,
queplusieursphénomènesqueprésentent
l'atmosphèreet l'Océan,surtoutlesTents,peuvent
~'etpHqner pardescourans M( Bonj&e'<
notaires.
fM~A~moM /~brt<p. 364). Cepassagecurieuxn'estpascitéparHadiey( Phil.ThMM.,Vol.XXX!X,r
p. 58); d'unautrecoté,Hooke,en parlantdirectement desventsausés(Post.~or~, p. 88
et 363),adopte lathéorie
erronéedeGaliléequiadmetunedifférencedevitesse entrele mouvement
delaterreetceluidel'air.
JMm. </e /e<M! t?6o, p. t8. D'Alembert, sur les causesgén.des vents, p. 5.
~*At7. 3}-atM.~Vol. XVÏ, p. t54. MH<m,Conversaciones,p. to8.
Prévost, sur les limites des vents alises; JottfT!. & .PAy<. T. XXXVIIT, p. 369. En supposant,
avec ~pmus, que l'hémisphère austral n'est que de plus froid que l'hémisphère boréal, le calcul
donne, pour la limite boréale des vents alisés E. S. E.e parallèle de t° a8'.
N00 HVRE

de ï ï &a. Nousverrons dansla suite de cet ouvrage, en traitant de ta pattïe de


l'atmosphèrequi s'étendsur la mer du Sud) qu'à l'ouest de l'Amérique,les Venta
alisésdu sud~st dépassentmoins l'eqnateurqu'us ne le font dansl'OcéanAtlan~
tique. En effet, la dinërenceavec laquelleles couchesd'air refluentdes deux
potesvers l'équateurne peut pas être la mêmepar tousles degrésde longitude,
c'est-à-diresur des points du globe où les continens ont des largeurs très-
dISérenteset où ils se prolongentplus ou moins vers les pôles.
Il est connu que, dans la traverséede Sainte-Croixà Cumana,commedans
celle d'Acapulcoaux ~lesPhilippines, les matelots n'ont presque pas besoin
de toucheraux voiles. Onnavigue dans ces parages,commesi l'on descendoit
une ri~lère~et l'on peut croire que ce ne seroit pas uneentreprise hasardeuse
de faire le voyage dans une chaloupe non pontée. Plus à l'ouest, sur les
côtes de Sainte-Martheet dans le golfe du Mexique, la brise souffle avec
impétuositéet rend la mer très-houleuse
A mesureque nous nous éloignâmesdes côtes d'Afrique, le vent mollit
de plus en plus il cal-moitsouventpendant plusieurs heures, et ces petits
calmer étoient ~gulièrementinterrompuspar des phénomènes électriques.
Des nuages noirs, épais et à contoursprononcés~se Ïbrmoient du côté de
l'est; on auroit dit qu'un grain de ventalloit forcer de serrer et d'amener
les huniers, mais bientôt la brise fraichissoitde nouveau il tomboit quelques
grossesgouttes dé pluie, et l'orage se dissipoit sans qu'on eut entendu le
tonnerre. Il étoit curieux d'observer, pendant ce temps, l'efïet de quelques
nuages noirs, isolés et très-bas qui traversoient le zénith. On sentoit
augmenterou diminuer progressivementla forcedu vent, selon que de petits
amasde vapeursvésiculaires approchoientou s'éleigooient,sans que les électro-
mètres, munis d'une longue tige de métal, et d'une mècheenflammée,indi-
quassentun changementde tension électriquedans les couchesinférieuresde
l'air.C'està la faveurdeces petitsgrains,qui alternentavecdes calmesplats, que
l'on passe, aux mois de juin et de juillet, desfies CanariesauxAntillesou aux
côtes de l'Amérique méridionale. Dans la zone torride, les phénomènes
météorologiques se suiventd'une manièreextrêmementuniforme,et l'année t9o3
seralong-tempsmémorabledansles annalesde la navigation,parceque plusieurs

Lesmarinsesp~gnob
désignent
lesven«atMo,tr!a-&))&,à CMthtt(~ne parlenomde
~MÏndes,
lasArM~t<&&MM Afort~a,etdansle golfe
du Metiqne ladénemtMttom
de&M
t~M MM&M.
1par.
Cesdefnienvents
sontaccompagnés
d'uncielgriset nuageux.
CHA~I$'A8z
cHAytTM:Hï.. IriI. 20~
sot
ronn.;lr.jo ~v $
Y~.MM~oant~dp..e~~x/r,.C~ra~~Bt. ~ex~>panaë:
par ~° de~ttudey..e.t'les .48~de~~ caM$e,d~~n~~t!fa!Et
qmsonCla pendant~plasienrs:/}OHr§;u~rd'~
extraordinairene, &nt-'H. p~ ~pp<t)~ns ie jeu des conransaériens, poujr
expliquerun .ven~t.de.re)~QUs~.cqu~s~ ,aura troublé en mêmetemps
!arégularijté,desoscHlajtionshorMr~dnbaKomètre! l n
QuelquesnavigateursespagnolspnjLproposé recomment, pour aller aux
Antilleset aux côtes de la Terre-Eer~e, une route dinerentedecelle qui avoit
été frayéepar ChristopheColomb.Bs conseillent de ne pas gouvernerdirec-
tementaq sud pour chercher les ventsanses, mais de changer de longitude
et de latitudeà ta fois, sur uneligne diagonale,depuis le cap Saint-nGent
jusqu'enAmérique.Cette méthode,d'après laquelleon raccourcitson chemin,
en coupantte tropique,à peuprès ao degrésa l'ouestdu point où le coupent
ordinairementtes pilotes, a été suivie plusieurs fois avec succèspar l'amiral
Gravina.Ce marin expérimenté,qui a trouvé une mort glorieuseà la bataille
de TraMgar, arriva en ï8oa à Saint-Domingue, par la route oblique,
plusieursjours avant la ûotte &ancoise, quoique des ordr~iâj~ la cour de
Madridl'eussent forcé d'entrer avec son escadre dans le port du Férol, et
de s'y arrêter quelquetemps.
Le nouveausystèmede navigationabrège à peu près d'un yingtièmela route
de Cadizà Camana mais commeon ne parvientau tropiq~ que par les ~o"
de longitude, on a la chance de lutter plus long-temps contre les vents
variablesqui soutient tantôt du sud, tantôt du sud-ouest. Dans l'ancien
système, le désavantagede faire un chemin plus long est compensé par la
certitude de trouver plus tôt les vents alisés, et d'en jouir pendant une
plus grande partie de la traversée. Lors de mon sé}our dans les colonies
espagnoles,j'ai vu arriver plusieurs bâtimensmarchandsque la craintedes
corsairesavoit déterminésà choisirla route oblique, etj dont la traversée
avoit été extrêmementcourte; ce ne sera ~'après des expériencesréitérées
que l'on pourra prononcer avec certitudesur un objet pour le moins aussL
importantque le choixdu méridienpar lequel on doit couper l'équateurdans
la navigationd'Europe à Buenos-Ayres ou au cap de Hom.
Rien n'égalela beautéet la douceurdu climat;dans la région équinoxiale
de l'Océan.Tandis que le vent alisesoufnoit avec force, le thermomètrese
soutenoitlejour à zS et 34 degrés,et4anuit, entre aa et as,5 degrés. Pour
bien sentir tout le charmede ces heureux climats voisins de réquateur. il
.Rc/atKMt &M<onyM<~TbM. :6
20~ Ï.ÏVRE ï.
faut avoir fait, dans une saison très-rude, la navigationd'Acapulcoou des
côtes du Chili en Europe. Quel contrasteentre les mersorageusesdeslatitudes
boréaleset cesrégionsoù le calme de la nature n'est jamais trouble Si le
retour du Mexique ou de l'Amérique méridionale aux côtes de l'Espagne
étoit aussiprompt et aussi agréableque ta traversée de l'ancien au nouveau
continent, le nombre des Européensétablisdans les coloniesseroit bienmoins
considérableque nous ne le voyonsaujourd'hui. La mer, qui entoure les îles
Açoreset les Bermudes et qu'on traverse, en revenant en Europe par de
hauteslatitudes, est désignée,par les Espagnols,sous la dénominationbizarre
de Golfo de las YeguasI. Descolons qui n'ont pas l'habitude de la mer, et
qui ont véculong-tempsisolés dans les forêts de la Guiane, dans les savanes
de Caracas'ou&urles Cordillèresdu Pérou, redoutentle voisinagedesBermudes
plus que les habitansde Lima ne craignentaujourd'hui le passagedu cap de
Horn. Ils s'exagèrentle dangerd'unenavigationqui n'est périlleusequependant
l'hiver.Ils remettent d'une année à l'autre l'exécution d'un projet qui leur
semblehasardeux, et la mort les surprend le plus souventau milieu des pré-
paratifsqu'ils font pour leur retour.
Au.!nord des iles dn cap Vert, nous rencontrâmesde gros paquets de
goemonsou varecs flottans.C'étoit le raisin du Tropique, Fucus natans, quii
ne végète sur des rochers soumàrinsque depuis l'équateur jusqu'au ~o" de
latitude australe et boréale.Ces algues semblentindiquer ici, commeau sud-
ouestdu banc de Terre-Neuve,la présencedéscourans.Il ne faut pas confondre
les parages abondansen gœmons épars, avecces bancs de plantes marines
que Colombcompareà de vastesprairies et dont la présence effrayoitl'équi-
page de la Santa-Mariapar les ~2° de longitude.Je me suis assuré, en com-
parant un grand nombre de journaux/que dans le bassin de l'Océan
Atlantiqueseptentrional il existe deux bancs d'alguestrès-différensl'un de
l'autre. Le plus étendu" se trouve un peu à l'ouest du méridien de Fayal,
une des îles Açores, entre les 25 et 36 degrésde latitude. La température
de 1 Océan,dans cesparages, est de ~~20 degrés, et les ventsjdu nord-
ouest qui y soufflent quelquefoisimpétueusementpoussentdes îles flottantes

<&<
1Golfe Yunte/M.
U paro!t que des Mtimens pMntcteM sont venus «en trente jonrs de navigation et pousséspar
le vent d'est jusqu'à la mer herbeuse que les Portugais et les Espagnols appellent ~<n' de Zo~Mo.
J'ai fait voir dans un autre endroit que le pacage d'AnsMte,~e~MH~M~ e< J0«f< p. tt~y, ne

x
CHAPÏTRE t!t.

de varec, dans de basseslatitudes jusqu'aux pàràllèiesd& a~ et même de


26 degrés.tes
2bdegrés. soit de Montevideo, soi
soit
Les bâtimènsqui retournent en Europe, ,!tOît'cJ.el\fo.titevideo,
qui retournen e
ducapde Bonne-Espérance,traversentce ba~cdefucusqUeles piloter espagnô!s
regardentcomme égalementéloigné des Petites-Antilleset des ues Cananes:
il sert aux moInsinstntitsafectiËer leur longitude. Le second Banc dé
fucus est peu connu; il occupe un espace beaucoup moins grand par les
22 et 26 degrésde latitude, 80 lieuesmarinesà l'ouest du méridien des Mes
Bahames.On le rencontreen allant des Caïquesaux Bermudes.
Quoique l'on ait observédes espècesde varec dont les tiges ont près
de 800 pieds de long, et que ces cryptogamespélagiquesprennent un
accroissementtrès-rapide, il n'en est pas moins certain que, dans les parages
que nous venonsde décrire, les fucus, loin d'être attachésau fond, flottent
en paquets détachésà la surface des eaux. Dans cet état, la végétation
ne peut guère continuer plus long-temps qu'elle ne le feroit dans une
branche d'arbre séparée de son tronc et, pour expliquer comment des
massesmobilespeuvent se trouver depuis des siècles dansles mêmes lieux, il
faut admettre qu'elles doivent leur origine à des rochers soumarins qui,
placés à quarante ou soixantebrassesde profondeur, suppléent sans cesseà
ce qui est emporté par le courant équinoxial. Ce courant entratnele raisin
du Tropique dans les hautes latitudes vers les côtes de la Norwège et de
la France, et ce n'est pas, comme le pensent quelques marins, le GM~
stream qui accumuleles fucusau sud des Açores Il seroit à désirer que
les navigateurs sondassent plus fréquemment dans ces parages couverts
d'herbes; car on assure que des pilotes hollandoisont trouvé une série de
bas-fondsdepuisle bancde Terre-Neuvejusqu'auxcôtesd'Ecosse,en employant
des lignescomposéesde fils de soie
Quant aux causes qui peuvent arracher les algues à des profondeurs où l'on
croit généralement la mer peu agitée, elles ne sont pas sumsamment connues.
Nous savons seulement, de M. Lamouroux, que si
par les belles observations

peut guère s'appliquer aux côtes d'Afnqae, comme un passage, Mahtgue du Périple de Soyhit.
Tableaux de la Nat., T. 1, p. 98. En supposant que cette mer, remplie d'herbes, qui ratemtiMoit
la marchedes vaisseauxphéniciena, étoit le 3f<M-de Zo~Mm, on n'a,pas besoin d'admettre que les
anciens aient traverse l'Atlantique au delà des 3o degrés de longitude occidentale du méridien de Paris.
Le haudreux des îles Malouines; Fucus giganteus, Forster ou Laminaria pyrifera, Lamour
Bo/TOM',~<yoge A &! Co<-AtncXme, T. t, p. 93.
~Mo-MM, ~oj~e f~M T. t, p. 5a4. (La ~&ften!, ~<yoge T. I, p. 33t.)
1
ao~ LIVRE i. 1
lesfucusadhèrentaux rochersavecla plus grandeforceavant le développement
de leur fructification,on les enlevéau contraire avec beaucoup dé facilita
après cette époque, ou pendant la saisonqui suspendleur végétationcomme
celledes plantesterrestres.Les poissonset les mollusquesqui rongenttes tiges
des gœmonscontribuent sansdouteaussi à les séparer de leurs racines.
Depuisles vingt-deuxdegrés de latitude, nous trouvâmesla -surfacede la
mer couvertede poissons volans' ils sétançoientdans l'air à douze, quinze
et mêmedix-huit pieds de hauteur, et retomboientsùr le tillac. Je ne crains
point de revenir sur un objet dont les voyageursfont aussi souventmention
que des dauphins,des requins, du mal de mer et de !a phosphorescencede
l'Océan. H n'y a aucun de ces objets qui ne puisse ~Srir encore pendant
long-temps aux physiciensdes observationsintéressantes, pourvu qu'ils en
fassent une étude particulière. La nature- est une source inépuisable de
recherches,et, à mesureque le domaine-dessciencess'étend, elle présente,
à ceux qui savent1 interroger, des facessous lesquelleson ne lavoit point
encoreexaminée.
J'ai nommé les poissonsvolans pourfixer l'attention des naturalistessur
lénormegrandeur de leur vessienatatoire qui, dansun individude 6,~ pouces,
a déjà3,6 poucesde longet o,~ de large, et renferme 3 pouces cubes d'air.
Commecette vessieoccupe plus de la moitié du volume de t'animai, il est
probablequ'ellecontribueà lui donner de la légèreté.Onpourroit dire que ce
réservoird'air lui sert voler que pour nager; car les expériences*
phts pour
qujenous avons faites, M.Provenzai et moi, ont prouvé que, même pour
les espècesqui sont pourvues de cet organe, il n'est pas indispensablement
nécessaireaux mouvemensd'ascensionvers la surfacede l'eau. Dansun jeune
Exocet de 5,8 poucesde long, chacunedes nageoirespectoralesqui servent
d'ailes offroit déjà à l'air une surfacede 3 pouces carrés. Nous avons
reconnu que les neuf cordons de nerfs qui vont aux douze rayons de ces
nageoires,sont presquetrois fois plusgrosque lesnerfs qui appartiennent aux
nageoiresventrales. Lorsqu'onexcite, par rétectricitégalvanique,les premiers
de cesnerfs, les rayons qui soutiennentla membranede la nageoirepectorale
s'écartentavecune force quintuplede celleavec laquelle les autres nageoires

Exoccetas
voHtana.
Rechercher sur la respiration des pOtMomaet mr la. vessie eMenne, dans les JtMm.<&&t ,Société
<f~MM<<,T. lï, p. 359.
CHAPÏTRE t't. 305

se meuvent lorsque Ïe8~galvanise:p~m~ poisson


est-il capable de s'élancer horizontale!
de toucher de~ nouveau~ la !SUr~d~<~V€C~l~~
Qn a très-bien comparéce ~oU~~n~~ d'ùne .pierre plat~è-qui~bondft
par ricochet à un ou ~deu~~p~ds~u~ur-M-dessus ~s vagues.~ Malgré
l'extrêmerapidité de ce B~ouVëment, on peut se convaincre que l'animât bat
l'air pendant le saut.c'est-à-dite qu'il étend et qu'il termealternativement
lesnageoirespectorales.I~ même moavement~ la Scorpènc
volante des du
rivières Japon, qui renfermeaussiune grande vessieaérienne,
tandisque la plupart des Scorpènesqui ne volentpas en sont dépourvues*.Les
Exocets, comme presque tous les animauxmunis de branchies,jouissent du
privilège~de pouvoirrespirer indiCeremment,pendantassez long-tempset par
les mêmesorganes, dans l'eauet dans l'air, c'est-à-direde soustrairel'oxygène
à l'atmosphère, cOmmeà l'eau dans laquelleil est dissous. Ils passent une
grandepartiede leur vie dans fair, mais cette vie n'en est pas moinsmalheu-
reuse. Sus quittent la mer pour échapper à la voracité des Dorades, ils
trouventdans Pair des Frégattes, des Albàtrosseset d'autres oiseaux qui
les saisissentan vol. C'est ainsi que/sur les bords de l'Orénoque, des trou-
peauxde Cabiai sortis de l'eau pour fuir les Crocodiles,deviennent, sur le
rivage, la proie des Jaguars.
Je doute cependantque les poissonsvolanss'élancenthors de l'eau unique-
ment pour se soustraireà la poursuitede leurs ennemis. Semblablesà des
hirondelles,ils se meuvent par milliers en ligne droite et dans une direction
constammentopposéeà celle des lames. Dans nos climats, au bord d'une
rivièredont les eaux limpidessont frappéespar les rayons du soleil, on voit
souventdes poissonsisolés, et n'ayant par conséquentaucunmotif de crainte,
bondir au-dessusde la surface, commes'ils trouvoient plaisir à respirer de
l'air. Pourquoi ces'jeux ne seroient-ils pas plus fréquènset plus prolongés
chezles Exocets qui, par la forme de leurs nageoirespectoraleset par leur
petite pesanteurspéciaques, ont une extrêmefacilité à se soutenirdans l'air?i
J'Inviteles naturalistesà examinersi d'autres poissonsvolans, par exemple

J?t~<.
/.<!<<&~ !M«.
<<M T. Ht, p. agO.
~OtMOM,
~nn. <&tJMtM.&tm,T. XIV, p. 189.
S. pMcmt,S.'scro&, S. dactytoptert. De&tmcAe~
7mM. t!tfe~ T. ïï, p. 397.
Cavia t<.
eapyhafa,
danstes~t. <&t
Cuvier, T. XIV,p. t65;et Décoche,tM., p. a6~(acte).
JKtM.,
206 tt~RE ï.

l'ExoccetusexIHens,lé TrIgtavOtitanset le T. hirundp.ont la vessieaérienne


aussigrandeque l'Exocetdes Tropiques. Ce derniersuit tes eaux chaude du
Gulf-stream lorsqu'elles remontent vers le Nord; Les moussess'àmusen<~a!ui
couper une partie des nageoirespectorales,et assurentque ces ailesse repro-
ce
duisent; qui me pafoît peu conforme à des'faits observes dans d'autres
famillesde poissons.
A l'époque où pavoisquitté Paris, des expériencestentées à la Jamaïque,y
parle docteurBrodbelt surl'air renfermédansla vessienatatoirede l'espadon~,
avoient fait croire àquelques physiciensque, sous les Tropiques, dans les
poissonsde mer, cet organe étoit rempli de gaz oxygènepur. Pjréoccupéde'
cette idée, j'étois surpris de ne trouver dans la vessieaérienne des Exocets
que 0,04 d'oxygènesur o,<~4d'azoteet 0,02 d'acidecarbonique.La proportion
de ce dernier gaz, mesuréepar l'absorption de l'eau de chaux dans des tubes
gradués3, paroissoitplus constanteque cellede l'oxygène,dont quelquesindi-
vidus enrôlent des quantitéspresquedoubles. D'aprèsles phénomènescurieux
observéspar MM. Biot, ConngHachi et De!aroche~,ott peut supposer que
l'espadon,disséquépar M. Brodbelt, avoit habité les couches Intérieuresde
lOoéan où quelquespoissonss présentent jusqu'à 0,92 d'oxygène dans leur
vessieaérienne.
Le i." juillet, par les t~° 4~ de latitude et les 34" 21' de longitude,
nous rencontrâmes<'les débris d'un vaisseaunaufragé. Nous distinguâmesun
mât, recouvert de varec flottant Ce naufragene pouvoit avoir eu lieu dans
unezoneoù la mer est constammentbelle.Peut-êtreces débrisvenoient'-Usdes

jOMMMtt't
~<7.ofMedecine, Journ.o/Vf«.~t7.,Vol.ï,p.a64.
t/gC,p. 3g3.~VfcAo&ûn'~
Xtphias Lin.
gladius,
3 Anthracomètres, tubes recourbés et munis d'une large boule. y~yM mes E<MM <t<r /'<!<)!M<'pMM,
Planche ï( ( en<!f<~mon~).
4 JM~t. <f~K-uet<,Vol.
p. a57. ~nn. du Mus:, T. XIV, p. 184-917 et aM-aSg. COa/Sg~eAt
M~'ana/Mt <<e~'orM contenuta FM&tfMtea natatefMt. ~'efta~ i8og. Occupés pendant huit. mois
ttexpenenees sur la respiration des poissons, nous avons observé M. ProYenzatet mon, que les
poissons absorbent, non seulement t'oxygène, mais a)tmi de t'azote.et que la quantité de cet a~ote
absorbé diffèredans les individus de la même espèce. U s'en faut de beaucoup que t'oxygène Inspiré
soit représenté par l'acide carbonique qu'exhalent les poissons de toute la sur&cë de leur corps; et
ces faits tendent à prouver que les proportions d'oxygène et d'azote varient dans la vessie, selon que
l'action vitaledes branchies et de la peau est modinée par la pressionplus ou moins grande qu'éprouve le
poisson à différentes profondeurs.
ÏM~tt CMCM/&M.
~e~Aip~H~ aoy
me~:<Mt~~s~du~~d,Btoi~ m~l~e pâint d,~ ~avi~e
avoIt~é~entratB.é~~pa:F;,eCt:~amM~~n~~traer~ .etmx
de.aBtique~'dans~llbM&nisp~
.'Le.3 <et le .nons.?ttK~e~tm~la, de l'Océan où les certes in-
diquent !e banc* du Naal~t~ers~~
ce danger, dont ~exisieneeest aussi dioutcusequecelle desMes Fonseco et
Sainte -Anne Hauroit été plas prudent peut-être de continuerla même
route. Les cMtesanciennes sont tempUes de vigies dont quelques-unes
existent réëUement,n~ais dont Ja majeure partie est due à ces illusions
d'optique qui sont ptus&~quentessur mer que dans t'interienr des terres.
La position des dangers réeis se trouve généralementindiquée commeett
hasard; itsontétévuspar des pitotesqui ne connoissoientleur longitude
qu'à ptu6ieurs~degt!&près; et Ïep!us souvent on est assezsurde ne pas
rencontrerd'écue~sou de brisans, sil'on se dirige vers les points où ils sont
marquéssur les cartes.En nous approchant du prétendu Maal-Stroom,nous
n'observâmesd'autre mouvementdans les eaux que l'effet d'uncourant qui
portoit au nord-ouest, et qui nous empêchoitde diminueren latitude autant
que nousle désirions.La force de ce courant augmente à mesure qu'on
approche du nouveaucontinent; il est modiné par la configurationdes côtes
du Brésilet dela Guiane, et nonpar les eauxde l'Orénoqueet de
l'Amazone,
commeJe prétendentquelquesphysiciens.
Depuisque nous étions entrés dansla zone torride, nous ne pouvionsnous
lasserd'admirer,toutes les~uits, la beauté du ciel austral qui, à mesure
que
nous avancionsvers le sud, déployoità nos yeuxde nouvellesconstellations.
On éprouveje ne sais quel sentiment inconnu lorsqu'on
s'approchant de

'jB<)n~Ty<~A&tjF&M,T.ÏÏ,p.3t4.
LMCMtetdete&rytetdeVM-Keeten mdiipentquatre:lesqui118 sontquedesdangeM imagi-
na:re!es ~es(tMC&et Samte-A~ne~A l'<meotaMAsqre~Hte Verte(ht. 44° ton~aS" 3o'),
ett'aeaeFoBseco(!at.
t3'' t5, tong.57°tô'). Comment crourexl'existence
de q'Mtreites<~nsAa
paragestMveMefpardesm!U:eM de hât;ntem, sartantde petitsécueils
!erM[<te et de bas-fonds,
annoncespardespt~teseréddesdep~ unNMe,il nes'enesttrouvé à peineque deuxoutroisde
YentaHes?Qaaat&I~qoestton qaetestle de6~deprebaHKte
genêrate, aveclequelompeu~dmettre
qMt'oodecoovnra~aotMiMeanneMene de distatce~entret'JEnrope
etrAmériqne, on pourroit
la
soumettre sil'onconnoissoit,
a mca!eu!rigoureux, desbatimens
!efnonthre quiparcourentannuellement
t'Attantiqae et~n'onatoitegaKt
depOstromsiecies, de
mégate cesbâtimeM dansdifférens
~ta~partition
parages:
SiieMaaI-Stroomse tronvoit,comme t'admetVan-Xeden~ ~af tes t6°o' dehtitndeet
tes39°3o'delongitude,nousi'awionstraversé le 4juin.
208 HYREjt.

1 équatear,etsurtout en passant dun hénusphèreàlautre~on yottsabatsser


progressivementet enfin dispaironje les étoiles que l'on ccmnoitt<Iès sa
premièreenfance.Rien ne rappelle plus vivementau voyageur la distance
immensede sa patrie, que l'aspect d'un ciel nouveau. L'agroupement des
grandes étoiles, quelques nébuleuses éparses, rivalisant d'éclat avec la
voie lactée, des espacesremarquablespar une noirceur extrême donnent
au ciel austral une physionomie particulière.Ce spectacle frappe même
l'imaginationde ceux qui sans instruction dans les sciences exactes, se
plaisentà contemplerla voûte célestecomme on admire un beau paysage,
un site majestueux.On n'a pas besoin d'être botaniste pour reconnoître
la zonetorride au simple aspectde la végétation;sans avoir acquisdes notions
d'astronomie,sans être familiariséavec les cartes célestesde Flamsteadet de
La Caille, on sent qu'on n'est point en Europe lorsqu'on voit s'éleversur
l'horizonl'Immenseconstellation Navireou les nuées phosphorescentesde
du
Magellan.La terre et le ciel, to~t dansla région équinoxiale, prend un
caractèreexotique.
Les basses régions de l'air étoient chargéesdé vapeurs depuis quelques
jours. Nous ne vîmes pour la première fois distinctementla Croix du Sud,
que dansla nuit du 4 au 5juillet, par les ï6 degrés de latitude elle étoit
fortement inclinée, et paroissoit de temps en temps entre des nuages,
dont le centre, sillonné par des éclairs de chaleur, réflétoit une lumière
argentée.S'il est permis à un voyageurde parler de ses émotions person-
nelles, j'ajouteraique dans cette nuit je vis s'accomplirun des rêves de ma
premièrejeunesse.
Lorsqu'oncommenceà fixerles yeux sur des cartes géographiqueset à lire
lesrelations des navigateurs,on sent, pour quelquespays, et pour certains
climats une sorte de prédilection dont on rie sauroit se rendre compte
dans \m âge plus avancé.Ces impressionsexercentune influencesensiblesur
nos déterminations;et, comme par instinct, nous cherchonsà nous mettre
en rapport avec des objets qui ont eu, depuislong-temps, un charmesecret
pour nous.A une époque où j'étudiois le ciel, non pour me livrerà l'astro-
nomie, mais pour apprendre à concoure les étoiles, j'étois agité d'une
crainte inconnue à ceux qui aiment la vie sédentaire. H me
paroissoit
pénible de renoncer à l'espérancede voir ces belles constellationsvpi-
smes du pôle austral. Impatient de parcourir les régions
équatoriales, je
ne pouvoislever les yeux versla voûte étoiléesans songer à la Croixdu Sud
CHAPtTRÈ
tït. ~~9
et sans me rappeler passagesublime du Bante," qae les commentatearsles
plus célèbresont appliqué à cette constellation
,1

Io mi volsia mandestrae poHmente


Alraltropolo e vidi quattrostëUe
Nonvistemaifuor ch' alla primagente.
;¿
Goderparea ta ciel diJtornammeUe;
0 settentnjonal
vedovosito
Poi che privatose' dimirar quelle!

La satisfactionque nous éprouvionsen découvrant la'Croix du Sud, étoit


vivementpartagéepar les personnesde l'équipagequi avoient habité les colo-
nies. Dans la solitudedes mers, on salue une étoile comme un ami dont on
auroit été séparédepuislong-temps. Chez les Portugais et les Espagnols, des
motifs particuliers semblent ajouter à cet Intérêt un sentiment religieux
les attacheà une constellationdont la forme leur rappelle ce signe de la foi
planté par leurs ancêtres dans les désertsdu nouveau monde.
Les deux grandes étoiles qui marquent le sommetet le pied de la Croix
ayant à peu près la mêmeascensiondroite, il en,résulte que la constellation
est presqueperpendiculaireau moment où elle pas~epar le méridien. Cette
circonstanceest connue de tous les peuples qui vivent au-delà du Tropique
ou dans l'hémisphèreaustral. On a observédans quelle partie de la nuit,
en dISérentessaisons,la Croix du Sud est droite ou inclinée.C'estune hor-
logequi avancetrès-régulièrementde près de quatre minutes par jour, et
aucun autre groupe d'étoiles n'onre, à'la vue simple, une observationdu
tempsaussi aisée à faire. Que de foisnous avons entendu dire à nos guides,
danslessavanesde Venezuelaou dansle désertqui s'étendde Lima à TruxIDo:
minuitest passé, la Croix commenceà s'Incliner » que de fois ces mots
nous ont rappelé la scène touchante, où Paul et Virginie, assis près de
la source de la rivière des Lataniers s'entretiennentpour la dernière fois,
et oùle vieillard, à la vue de la Croix du Sud, les avertit qu'il est temps
de se séparer!
Les derniers jours de notre traversée ne furent pas aussi heureux que
nous le faisoient espérer la douceurdu climat et la tranquillité de l'Océan.
2ïe&!<MK ?MM.
&M<OM~Me, :y
210 ~i~&E tt

Cen'étoient pas les dangersde la mer qui trouM6!entnos jouissances, c'étoit


te germed'une nèvre malignequi se déyeioppoità mesureque nousapprochions
desnés Antilles.Les entreponts étoient excessivementchauds et très-encom-
brés. Depuisque nous avions passé le Tropique, le thermomètre s'y soutenoit
à 3~ et 36 degrés. Deux matelots, plusieurs passagers et, ce qui est assez
remarquable~deux nègres de la côte de Guinée, et un enfant mutâtre,
furent attaqués d'une maladie qui paroissoitdevenir épidémique.Les symp-
tômes n'étoient pas également alarmans cheztous les individus; cependant
plusieurs, et 'surtout les plus robustes, tomboient en'détire dès le second
jour, et ressentoient une prostration totale des forces. L'indifférencequi
règneà bord des paquet-bots/pour tout ce qui ne regarde pas la manœuvre
et la célérité de la traversée, empêcha le capitaine d'employer les moyens
les plus connus pour diminuer le danger qui nous menaçoit. On ne
faisoit aucune fumigation. Un chirtirgiengalicien, 'ignorant et flegmatique,
ordonnoit des saignées, parce qu'il attribuoit la fièvre à ce qu'il appeloit
l'ardeur et la corruption du sang. II n'existoit p~asune once de quinquina
à bord; nous avions oublié d'en embarquernous-mêmes, parce que, plus
occupés de nos instrumens que du soin de notre santé, nous avions cru
trop légèrementque l'écorcefébrifugedu Pérou ne pouvoit manquer à bord
d'un bâtiment espagnol.
Le 8 juillet, ua matelot qui étoit à toute extrémité, recouvra la santé par
une, circonstanceassez digne d'être rapportée. Son hamac étoit suspendu
de manière qu'il ne re~toit pas dix pouces de distance entre son visage
et le pont. tl étoit impossible de lui donner les sacremens dans cette
position;car, d'après l'usagedes vaisseauxespagnols,le viatique devoit être
porté à la lueur des cierges, et suivi de tout l'équipage. On transporta le
maladedans un endroit aéré, près de l'écoutUte,où l'on avoit forméun petit
appartement carré au moyen de voiles et de pavillons.,H devoit y rester
jusqu'à sa mort, que l'on supposoittrès-prochaine; mais, passant d'un air
excessivement chaud,stagnant et remplide miasmes,dans unair plus frais, plus
pur et renouveléà chaque mstant, il sortit peu à peu de son état léthargique.
Sa convalescencedata du jour où il avoit quitté les entre-ponts;
et, comme
souventen médecineles mêmesfaits serventà étayer des systèmes diamétra-
lement opposés, cette convalescencefortifianotre médecindans ses Idées sur
l'inflammationdu sang et sur la nécessitédes saignées,des minoratifset de
tous les remèdesasthéniques.Nouséprouvâmesbientôtles suitesfunestesde ce
~~t~t.
iteaite~n~t' -MW~deaMôa~pIu~a~
mm~que, '–"
~le'i~ Ia'
dés pilotes:s'étoitéloig~tlé
DepuispiusieuMJoar~I~potnt4~
de laiongit~de qc$}'ohtën~
moins au -courant gênerai', ~e~ qu'& ce
mouvementparticuUer depuis les
qui, eRtra~a~
côtes du Brésiljusqu'aux petites AntiÏles, raccourcit lestraverséesde Cayenne.
à l'ile de la Guadeloupe Le~t~ juillet, je crus pouvoir annoncer l'attérage
pour le lendemainavant le leverdasoleil. Nous nous trouvions alors, d'après
mes observations,par les tO" 4~~de latitude) et par les~o" 5~~ de longitude
occidentale.Qnelqués~séries de distanceslunaires confirmoientle résultat chro-
nometfique mais nousétions plus surs de !a position de la corvette que du
gisementdes terres vers lesquellesse dirigeoit notre route, et qui se trouvent
si différemmentplacées sur les cartes ïrançoises,espagnoleset angloises. Les
longitudesdéduites des observationsprécises dé MM.Churruca, Fidalgô et
Nogueran'etoient point encore puMiéesà cette époque.
Les pilotesse noient p!us au !och qu'à ia marche d'un garde-temps; ils
sourioientà la prédictiond'unprompt attërage, et se croyoientéloignesdescôtes
de deux,à trois jours de navigation.Aussij'apprisavecune externe satisfaction
que, le ï3, vers lessix heures du matin, on voyoit du haut des mâts une
terre très-élevée.,maisqui se dessinoitmal-à cause de la brume donteUeetoit
enveloppée.Il ventoitgrand~rais; la merétoit fortement agitée.Il pieuvoitpar
intervalles.à grossesgouttes, et tout annonçoit un temps peu maniable.Le
capitainedu ~.Mt/ro avoit eu l'intention de passer par le canal qui sépare
l'île'de Tabago<tecelle de la Trinité; et, sachant que notre corvette.étoit très-
lente à virer de bord, il craignolt de tomber sous le vent vers le sud, et de
s'approcherdes Bouchesdu Dragon. Nous étions en effet plus sûrs de notre
longitudeque du point de latitude n'ayant pas eu d'observationà midi
depus le ït. De doubles hauteurs que je pris dans la matinée, d'après la
méthodede Douwes~nous plaçaientpar les 11° 6~ So", par conséquent
au nord du point de l'estime. L'impétuositéavec laquellela granderivière de

UexistedaMl'Océam
-Attmt!<~eunparage0&l!eanestconstammentta!teu~e, la mer
quoique
y soittt&s-ptofomde.
Cephénomène surle parallèle
caneu~seprésente del'iledela Dominique,&
peuprèsparles5ydegrésde longitude.
Yauroit-il
eu dans~cet~indroît
quelqueîlotYotcaniqae
sub-
mergé, encoreqtte!a,Barhade?
j~taeonentet
2ïa .t.Ï'VK'E'ï.
1 ltd, # _s
TOrenoqueverseses eaux dans t'Gcéan,peut augmentersans doutey dans ces
parages, la forcedes courans; mais ce qu'on avancesur le changementde Ïà
couleur et de la salure de l'eau, a 60 Menésde di6tance\de:l'embouchurede
l'Orénoque, estune JfaMeinventéepar les pilotesentiers.L'In~uencedes âeù vêt
les plus célèbresde l'Amérique, tels que l'Amazone,la PIata, FOrénoque, le
Mississipiet la Madeleine,est restreinte~à cet égard, dansdes limitesbeaucoup
plus étroites qu'on ne le pense communément.
Quoique le résultat des doubleshauteurs du soleil prouvât assez que la
terre élevée, qui se dessinoit à l'horizon, n'étoit pas la Trinité~ mais Tabago,
le capitainecontinuoit de gouverneratt nord-nord-ouest,pour cherchercette
dernière<~Iequi, même sur Is belle carte de l'Océan-Atlantiquede Borda,
est placée de 5 minutes trop au sud. On a de la peine accroire que, sur des
côtesfréquentéespar toutes lesnationscommerçantes,de si énormeserreurs de
latitudepuissentse perpétuerpendantdessiècles.Ayantdiscutécettematièredans
un autre endroit il me suuit d'observerici~ que mêmesur la dernière carte
des Indes occidentalesque M. Arrowsmitha publiée,en t8o3, par conséquent
longtemps après les travaux de Churruca 1leslatitudesdes différens'caps de
Tabago et dela Trinitésont encoreen erreur de6 à Tu minutes.
L'observationde la hauteur méridienne du soleil confirma pleinementla
latitude obtenue par la méthode de Douwes. Il ne resta plus aucun doute
sur la position du vaisseau,par rapport aux Mes,et foti résolut de doubler
le cap Nord de Tabago pour passer entre cette Meet ta Grenade et faire
route vers un port de la Marguerite.Dans ces paragesnous risquâmesà chaque
instant d'être pris par les corsaires, mais heureusementpopr nous Ïa mer
étoit très-mauvaise, et un petit cutter anglais nomdépassa sans même nous
hêler. Quant à M. Bonptandet à moi, nous redoutionsmoinscette contrariété,
depuisque, si près du continent de l'Amérique,nous étions sûrs de ne pas
être ramenésen Europe.
L'île.-de. Tabago se présentesous un aspect
très pittoresque.C'est un
amas de rochers cultivésavec soin. La blancheur éblouissantede la
pierre
contrasteagréablementavec !a verdure de quelques bouquets d'arbres épars.
Des ciergescylindriqueset très-élèvescouronnent la crête des
montagnes et
donnent<mcaractèreparticulierà ce paysagedes Leur vue seulesuffit
Tropiques.
pour rappeler au navigateurqu'il abordeune côte américaine;car lès Cactus
0~.<M<r.,T.Ï.P.35-39;et7~M~w<M~p.xMYiM).(Oa~<Ot-~t-~&Ht~Me~M~nM'~t<Mn.)
ïtT.
CBJtPtTRB at3
sont e9tcïaMvement propres au nouyeanmonde, commefes bm~ërea te sont à
l'ancien1. La partienord-est de l*ne de Tabagoest la pmSTMntueuse de toutes;
d'après desangles de hauteurpris avecte sextant, les cimesles pÏusélevéesde
la côtene paroissoientcependantpas excéder t~ à i5o toisesde hauteur. Au
cap Sud-Ouest,te terrain s'abaisse VeMia Pointe'(tes, 9%Mes, dontje trouvai
la latitude de ïO" ao< t3~, etTtalongttudede 62~ 3o~. Nous aperçûmes
plusieursrochersà fleur d'eau sur lesquetsïa mer brisoit avec force et nous
distinguâmesune granderégu!aritédans Finclinaisonet la direction descouches
qui tombentausud-est sousunangle--de60°. Il seroit-à désirer qu'un minéra-
logisteinstruit fît le tour des grandeset des petitesAntilles, depuis la côte de
Paria jusqu'au cap de la Floridé pour examiner cette ancienne:chaine de
montagnes brisée par l'action des' courans, des trembtemens de terre et
desvolcans.
Après avoir doublé le cap nord de Tabagoet Tapetite He de Saint-GHes,
on signala, du haut des mâts, une escadre ennemie. A cette nouvelle nous
virâmesde bord, et l'alarme se répandit parmUes passagers,dont plusieurs
avoient placé leur petite fortune en, marchandisesqu'ils comptoient vendre
auxcoloniesespagnoles.L'escadreparoissoitimmobile et J'ondécouvritbientôt
que ce que l'on avoit pris pour des voilesétoit une multitude de rochers
isolés
Nous traversâmesle bas-tondqui réunit Tabago à rite de la Grenade.La
coùteurde la mer n'oSroit aucun changementvisible mais le thermomètre
centigrade,plongé dans l'eau à quelques,pouces de profondeur, ne s'élevoit
qu'à23" tandis que plus à t'est au !arge~sucle même parallèle, et également
à la surface,de la mer,. il se soutenoità 25",6.Malgréles courans, le refroi-
dissementdes eauxannonçait l'existencedu bas-fond qui ne setrouve indiqué
quesurun petit nombredépartes.Le ventmollitaprèsle coucherdu soleil, etles
nuagesse dissipèrent*à mesure que la lune s'approchadu zénith. Le nombre
desétoiles filantesfut très-considérablecette nuit et les nuits suivantes elles
paroissoientmoins fréquemmentdu côté du nord que vers le sud, au-dessusde
la Terre-Ferme, dont nous commencionsà longer les côtes. Cette position
semble prouver iinfluencedes causeslocales.sur des météoresdont la nature
ne nousest point encoresumsammentconnue.

Essaisur la ptyMonomtedes végétfmx, dans mes 7~&&atMc


de la Nature, T. 1, p. 4y.
Peut-étre les rochers appelésles .S<M-nMHKM,
les &Bm-<.
Stt~ 'V!B''E'T:

!Let~,au levw~u ~eH~nous pûmes relev~l~ Bouges du Bragon. Now


distinguâmesl'ile Chacachacan'eo~ ïa plus occidentale ~te cellesqui soat placées
entre le cap Paria et te cap nord-ouest de la Trinitë. JE~reqttenous ~urnee
éteignesde cinq Heues~dejtacôte, nous épKtu~àmes,pfès de la jPMHta<~ &t
~aco,l'enet d'un coffrantparticulierqui entra~noitïa couette vers le sud.
Le mouvementdes eauxqui sortent par les B<Mchesdu Dragon, et Taction
des marées, occasionnentun courant de remous. On jeta la jsonde,et l'on
trouva trente-six à quarante-trois brasses d~eausur un fond d'argile verte,
très-fine.D'après les règles établies par Dampier nous ne devions pas
nousattendre a une~i petite profondeurde la mer prèsd'une côte forméepar
desmontagnestrès-élèvées.et coupéesà pic. Nouscontinuâmesà sonder jusqu'au
Cabo de .pM?~ et nous reconnûmespartout un fond ~e~ dont les
contourssemblentIndiquerleprolongementde l'anciennecôte.Danscesparages~
la températurede là mer étoit de a3 à 2~ degrés.,par conséquentde ï,5 à 2
degrésmoindrequ'au.large,,c'est-à-direau-delàdesaccoEesdu banc.
Le capdesTrois-Pointes,auquelColombmeme~imposé ce ~em~,se trouve,
d'aprèsmes observations,par les 65° 5~ de longitude.Il nousparut d'autant
plus étevéque des nuagesnous déroboient la vue de ses cimes dentelées. La
physionomiedes montagnesde Paria, leur couleur, et surtout leurs formes
gëncralemfntarrondies, nousfirent soupçonnerque lacôte étoit granitique mais
nous reconnûmespar la suite combiensont hasardés)même pour les personnes
qui ont passéleur vie à parcourir desmontagnes.,des jugemensportes sur la
nature de roches qui se présententde loin.
Un calmeplat., qui dura quelquesheures, nous permit de détermineravec
précisionlintensité des forces magnétiquesvis-à-visle Cabo de tres ~*Mnt<M.
Cetteintensité étoit ptus grande qu'en pleinemer, à t'est de Tite de Tabago,
en raison de a3~à 2~9.Pendantle calme, le courant nous entraîna rapidement
vers l'ouest. Sa forceétoit de 3 milles par heure~ elle'àugmentoit.à mesure
que nous approchionsdu méridiendes T~.fttg~.ï amas d écueitsqui s'élèvent
au milieudes eaux.Au coucherde la tune~ te cielse couvritde nuages, te vent
fratcbitde nouveau, et il tomba une de ces grandesondées qui sont propres
à la zone torride, et auxquellesnous avonsété si ~ouveatexposéspendant
nos coursesdans l'intérieurdes terres. ',iii

/~tya~ autour du monde, T. ïï~ p. 4y6.


3 Au mois d'août i5o8.
C.H~Ï'ir~B~K. ~3f!S

.aM~~î's'et0&~ve!bp~~ ~{~9~+;1,' t~t.p;d~~


depHi~qu~i~us/noQs~~ d~sn~~rès~de
.é~t "i~JD~9)èt~"sc
soutBhôit-régulïèremen~ e~tr~~~a.:ef~ .p~»dat~tï~ j~u~~~1montoit
~3;dïeg,rés:
de A-' a~ deg~~Le~~ô~
peMt !a pMstrat~~d~~S~M~~ ,t~d~Yi~fe~~plu,s:~ta~II;
mai~ arrivés~ ~arainst~an~ BattttHM
que tousles malades~cô~vrerotent~sant~ dès qu'on pourroit les débarquée
à l'ile de la MàrgMarÏte~ou~ port de Gumana, connas~r~Ienï-grandesalubrité.
Cetespoir? lut pas entièrBmént réalisé.Leplus jeunedespassagers,attaquéde
la Sèvte maligne,en ?1 la première, fieurensestentlaséule;victimeoC'étoit
unÂsturîen, âgé de dix~eûPaNs) Ëïsuniqued'uneveuvesans~brtune~Ptusieurs
circonstances Mndeienttâchante ta mttrt de ce jeune homme, dont les
traits aanon~îenttte !a sensibiHtëet nne extrêmedouceurde caractère. On
t'avoit embarquecontre son gré; sa mère, qu'it espëroit secourir par !e
produit de s<Mttravai!y avait saca~ësa tendresse et ses propres intérêts à
l'Idée ~'assurer là fortune de son &!s en4e &isant passer anx colonies,
auprès d*unriche pareatqairésidoit à n!e de Cuba: Le malheureuxjeune
homme expira te troisièmejour de sa maladie, étant tombe dès le commen-
cementdans unétat léthargique interrompupar des accèsde détire~La Ëèvre
jaune ou le vomissemfntnoir, à la Vera-Cruz, n'enlèvent guère les malades
avec une rapiditéplus cSrayante.Unautre Asturien, plus jeune encore ne
quitta pas nn instant le lit du mouranty.et, c&qui est assezremarquable
il ne prit point ta maladie.Il devoit suivre son compatrioteà Saint-Jacques
de Cuba pour être introduit par lui dans ta maison de ce parent, sur
lequelreposoient toutea teur~ espérances.C'étoit nn spectacle déchirant que
de voir celui qui survivoità son ami, s'abandonnerà une douleur profonde,
etmaudire tes conseilsfunestesqui l'avoientjeté dansun climat lointain, où il
se trouvoitisoléet sans appui.
Nousétionsréunissupte til!ae,et livrésà detristesméditations.Il n'étoit plus
douteuxquetanèvrequirégnoit ànotre bord avoitprisdanscesderniersjoursnn
caractèrepernicieux.Nosregardsétoient nxéssur unecôtemontueuseet déserte
que ta tuneéetahoit detemps entempsà traversles nuages.La mer, doucement
agitée,brUtoitd'unefoiblelueur phosphorique.Onn'entendoitqueleeri monotone
de quelquesgrands oiseauxde mer qui sembioient chercher le rivage. Un
calmeprofond régnoit dans ces lieux solitaires, mais ce calme de la nature
<!ontrastoitavec les sentiménsdouloureux dont nous étions agités. Vers les
a't6 tïv~Bï.

huit heureson sonna lentement !a cloche des morts; a ce, signal lugubre,y
les matelotsinterrompiretïtleur trayail et se ïntrent a genoux pour faice Mne
courte prière, cérémonietouchante, qut,tont~ où les
temps
premierschrétiensse regafdoientcommemetnbresd'une nitém~famine, semble
rapprocher les/hommes par le sentiment d'un matheur cO~nmnn.Dans la
nuit on porta !e corps de l'Asturien sur le pont, et 1~ pr~-re obtint qu'on
ne le jetât à la mer, qu'après le lever du soleil, pour lui rendre
qu'on pût,
les derniers devoirs, s~on le rite de l'ég!ise romaine. Il n'y avoit pas Un
individu de l'équipagequi ne cômpatttau sort de ce jeune homme que nous
avionsvu,peu de jours avant, pleinde fratcheuret de santé.
L'événementque je viens de rapporter prouvoit te dangerde cette fièvre
maligneou ataxique, dont on pouvoit craindre que les victimesne fussent
très-nombreuses,si des calmesprolongésralentissoientle trajet de Cumana à
la Havane'. A bord d'un vaisseaude guerre ou d'un bâtiment de transport
la mort de quelquesindividus ne fait généralementpas plus d'impression
que l'aspect d'un convoi funèbre dans une ville,populeuse.H n'en est pas
de même à bord d'un paquet-bot dont l'équipage est peu nombreux,
et oùdt s'établit des rapports plus. intimes entre tes personnes qui tendent
vers un même but. Les passager du Pizarro, qui ne ressentoient point
encoreles symptômesde la maladie résolurent de quitter le navire à la
premièrerelâche,<et d attendrel'arrivée d'un autre courrier pour suivre leur
route à Me de Cuba et au Mexique.Ils regardoient les entreponts de ta
corvette comme empestés; et, quoiqu'il ne me parût aucunement prouvé
que la fièvrefût contagieusepar contact, je crusptus prudent de débarquer
à Cumana.Je formai le désir de ne visiter la NouveUe-Espagnequ'après
avoir fait quelque séjour sur les côtes de Venezuelaet de Paria, dont
1 infortuné Lôning avoit examiné un très-petit nombre de productions.
Nous brûlions du désir de voir dans leur site natal les.belles plantes que
MM.Boseet Bredemeyeravoient recueilliespendant leur voyage à la Terre-
Ferme, et qui embellissentles serres de Schonbrunnet de Vienne. U nous

jRsMw
Typhus,Sauvages Franck.
tMTfMa,
Le matelot dont j'ai parlé plus haut, et qui échappa à la mort par un changement<a!r, n'étoit
que très-légèrement incommodé lorsqu'on l'embarqua à la Corogne; c'étott sans doute à CMSede
la dispositionparticulière de ses organes, qu'il fut le premier attaqué de ta fièvre
° maligne lorsque nous
entrâmes dans la zone terride.
~CH~M<K~
'a~
-t~~tM~~ ~d~t~xx ~i ~v~r ~t~a~.
k l~ ant~tt ~u ~t ,¡ ot lune
~i[~
m~t~e~ attr ~r ~ç'~l~ ,c~ ~toa ,o~â~~s.. At~,,.i;i~ép~CfI'f3I a
se)~i~~ s~j~tt~s- ;Jt;,]a, .Te.I1'~r'¡¡'ë,. ',¡"ns".
aMit~ri~~ à.~~~n~d, du i,'fi~(U¡rjO;~j~p6~~ilê'
l'0r~noq~as~qni~ ~ât:jtfi~t~ï ~inwîtes possessîom portugaises.
sor~Ie~o~s~ 00115,àœtte diiectio¡1, notre voyage
Ià.~sa~don~~n~~avoBs~om ~ndant- long séjottr dansles régions
équinoxia!<Sf v
Mit les ËUF~p~mc~ plas grands dangers pendant les
pre~M~ ?9~~ b~ sont soas le ciel brûlant, des Tropiques.
Ils se ~aMent eem<ne acclimatéstprsqn'Hsont passé la saisondes pluies
aux An~Mes,aIàVera-Gruxoa &Carthagène des Indes.Cette opinion est
asse &ndj~) qaoitptil existe des exemplesde personnesqui, échappées à
une premi~e épidémie de la~vtë ~aonë, ont pcri vIctimes:de la même
ntaMie dans une des années subseqaentes.La faci!itéde s'acclimaterparo~t
etjneen Eaison inverse de la diSerence qui existe entre !& tempërature
moy~Med~la zone torridë et celle du pays dans lequel est né le voyageur
on le col<mqui change de climat, parce que l'irritabilitédes organeset leur
action vitale sont puissammentmodifiéespar l'influencede la chaleur atmos-
phérique,tîn Prussien, nn Poionois, un Snëdoissont plus exposésen arrivant
aux îles ou à la Terre-Ferme)qu'un Espagnol,un Italien et mêmeun habitant
de la France méridionale'. Pour les peuples du nord, la dinerence de
températuremoy~enne est de ï~ à at degrés, tandis que pour les peuplesdu
midi elle n'est que de, g à to. Nous avons eu le bonheur de passer le temps
où l'Européenrécemment débarque court le plus de danger, dans le climat
excessivement chaud, maistrès-sec, de Cumana, ville célèbrepour sa grande
sa!ubrité. Si nbus eussionscontinué notre voyage à la Vera-Cruz, nous~
aurions partagé peut-être le sort malheureuxde plusieurs passagersdu
paquet-botl'~CMtB~ quiarriva à la Havaneavecle JP~amo~ à une époque
oùle vomissementno<rfaisoitde cruels ravagesdans I'ï!e de Cubaet sur les
côtesorientalesdu Mexique.

'A'i)ftf.B~T.ïî,p.754.
jRe~MH&~tOMyM~T~H.T. s8
2!8 H~~E li
Le !& au matin, à peu près par le travers du monticule de Munt~JoSepa~
nous <umesentourésd'une grandequantité de Tarée Nattai Se( tiget étoient
muniesde cesappèndicesextraordihairesen Cormede godets et dëpânaches,
que Don Hippolyto Ruiz a observés lors de son retour d( l'expédition
du Chili, et qu'il a décrits dan~ un mémoireparticulier comme les organes
sexuels du Fucus natans.Un heureux hasard nous mit a mêmede'vériner
un fait qui nes'étoit présentequ'uneseule fois aux naturalistes.Les caquets
de varec recueillispar M. Bonpland, étoient absolument identiquesa~ec les
échantillonsque nous devionsà l'obligeancedes- savansauteurs de la~Ftore
du Pérou. En examinant les uns et les autres au microscope nous
avons reconnu que ces prétenduesparties de la fructification ces étamines
et ces pistils, appartiennent à un nouveau genre de la famille des Céra-
tophytes. Les godets que M. Ruiz a pris pour les pistils naissent de
tiges cornées, aplaties, et si étroitement unies à la substance du Fucus,
qu'on seroit tenté de tes prendre pourr de simples nervures an moyen d'une
lame très mince, on parvient à les détacher sans téset le parenchyme.
Les tigesnonarticuléessont d'abordid'un brun-noirâtre,mais<:Hesdeviennent,
avecte temps, par dessiccation, blanches et friables dans cet état elles
font effervescenceavec les acides, comme la substance calcairedu Sertularia,
dont les extrémités ressemblentassez aux godets des Fucus de NI. Ruiz.
Nous avons retrouvé dans la mer du Sud en passant de Guayaquit à
Acapulco, ces mehtes appendices du raisin des Tropiques, et l'examen le
plus attentif ne nous a laisséaucun doute sur un Zoophyte qui s'attache aux
Fucus comme le lierre ambrasse le tronc des arbres. Les organes décrits
sousle nom de fleursfemettesont plus dedeux lignesde long, et cettegrandeur
seule auroit dû éloigner le soupçon que ces parties fussent de véritables
pistils.
La côte de Paria se prolonge à l'ouest, en formant un mur de rochers
peu élevés, à cimes arrondies et à contours ondoyans.I~ous lûmes long-
tempssans voir paroître les côtes élevées de Mede la Marguerite,où nous
levionsrelâcher pour prendre des informationssur la croisière desvaisseaux
mglois, et sur le danger de toucher à la Guayra. Des hauteurs du soleil,
prisessous des circonstancestrès-favorables, nous avoient appris combien
Soient faussesà cette époque les cartes les plus recherchéesdes marins.
Le i5 au matin, lorsque le garde-tempsnous plaçapar les 66° ï~ t5~ de
ongitude,nousn'étionspoint encoredans le méridiende Hiede la Marguerite
CHAPITRE ÏÏÏ. SÏ0

quoique, d'après la capte rechute de l'Océan Atlantique', nous dussions


déjà avoir dépasséle cap occidentaltrès-é~vë de cette île, qui est indiqué
par les 66" o/ de longitude.L'inexactitude avec laquelle les côtes de la
Terre-Fermeont été nguréesavantles travaux de MM Fidalgo., Noguera et
Tiscaret, j'ose ajouterayant les observationsastronomiquesque j'ai faites
à Cumana, auroit pu devenir dangereuse pour les navigateurs, si la mer
n'étoit pas constamment belle dans ces parages. Les erreurs en latitude
surpassoientmême celles en longitude, puisque les eûtes de la Nouvelle-
Andalousiese prolongentl'ouest du capdes Trois Pointes de t5 à 20 miUes
plus au nord que ne l'indiquent les cartes publiéesavant l'année t8oo.
Vers les onze heuresdu matin, nouseûmesconnoissanced'un îlot très-bas,
sur lequels'élevoientquelquesdunesde sab}e.En l'examinantavecdes lunettes,
on n'y découvrit aucune trace d'habitation ni de culture.Des Cactus cylin-
driquess'élevoientça et là en forme de candelabres.Le sol, presquedénué de
végétation,paroissoitondoyant à cause de la réfraction extraordinaire que
subissentles rayons du soleil en traversant des couches dair en contact avec
des plainesfortementéchauffées.C'est par l'effet du mirage que, sous toutes
les zones, les désertset les plages sablonneusesoffrent l'apparenced'unemer
agitée.
L'aspectd'un pays si plat ne répondoit guère aux idées que nous nous
étionsforméesde l'ttc de la Marguerite.Tandis qu'on étoit occupé à rapporter
les relèvemenssur lescartes, sanspouvoirlesfairecadrer, on signaladu haut des
mâtsquelquespetits bâtimenspécheurs.Le capitainedu Pizarro les appelapar

audép&t
Dressée delamarine,
en1786,revue ent~ga.
etcorrigée
Car<o general del Oceomo ~<&tn<tcoconstruida en e/ 7)~o<t<ohydrografico de JM<~fMfen et
ctKoi8oo, e<corr~t<&tent8o4. C<tr<a«/er<Mt<~~M/t&M~n<tA!<M con parle de la Costa del continente
de America, trabajada por Don Cosme Churruca y Don Joacquin Francisco ~Ms~o, t8o2. Ces deux
cartes ont servi de'base tontes celles qui ont paru dans ces derniers temps en diverses parties de
l'Europe, et qui, catqaées les unes sur les autres, ne diffèrent entre elles que par de nombreuses
fautes chalcograpbiques. Les observations originales des astronomesespagnols se trouvent consignées en
grande partie dans le bel ouvrage de M. Bspinosa qui a pour titre Jfemorta: sobrelas o&MrMMOKM
<M<r<MMmte<M AeoA<ttpor los 7vofegtMt<e~~*fjtM!o&< en <<M<t)t<o:
/M~are<del globo ( deuxvolumes t'4*
Madrid, t8og). J'ai comparé, point pour pomt, les résu!tats de ces observations avec ceux toxqneb
nous avonsCrudevoirnous arrêter, M. (Mtmanns et moi ( Ot~etv. astron. T. t ~n<rot/. p. xxxiij -xUx).
Cette comparaison sera utile à ceux qui publieront un jour des cartes de FAmérique, les nouvelles
déterminations méritant d'autant plus de conEance, que les positions ont été vériEées d'après des
méthodes astronomiques très -différentes, et par des observateurs qui ne se sont communiqué leurs
résultatsque tong-temps après avoir terminé leurs opérations.
MO LÏVREÏ.
<i -'t __L
un coupde canon mais ce signaldevientinutiledans des paragesouïe totbte ne
croitrencontrerle fort quepour en recevoirdes outrages.Lesbateaux prirent la
ftsuteversl'ouest, et nousnoustrouvâmesdansl'incertitudeou nousavionsëtë à
l'égarddela petiteîle de,la Grâciosa,lors de notrearrivéeauxCanaries.Personne
ne connoissoitceslieux pour y avoir abordé. Quoique la mer fut très-belle la
proximitéd'un flot qui s'élèveà peine de quelquespiedsau-dessusde la surfacede
l'océan, sembloitprescriredes mesuresde prudence.On cessade courir à terre,
et, commela sonde n'indiquoit que trois ou quatre brasses d'eau, onjeta
l'ancreen toute hâte.
Les côtes, vues de loin, sont comme les nuages dans lesquels chaque
observateur rencontre la forme des objets qui occupent son imagination.
Nosrelèvemeas,et le témoignagedu chronomètre,étant en contradictionavec
les cartes que nous pouvions consulter, on se perdit en vaines conjectures.
Les uns prenoient des buttes de sable pour des cabanesindiennes, et indi-
quoient l'endroit où, selon eux, étoit situé le fort de Pampatar; d'autres
voyoient les troupeaux de chèvres qui sont si communs dans la vallée
aride de Saint-Jean: ils désignoientles hautes montagnes du Macapao,
qui leupiparoisspienten partie cachéespar des nuages. Le capitaine résolut
d'envoyerun pilote à terre; on se préparoit à mettre !a chaloupe à l'eau,
le canot ayant souSertbeaucoup par le ressacdans la rade de Sainte-Croix.
Commela côte étoit~assez éloignée, le retour vers la corvettepouvoit devenir
difficile,si la brise eût fraîchidans la soirée.
Au moment où nous nous disposionspour aller à
terre, on aperçut deux
pirogues qui longeoient la côte. On les appela par' un second coup de
canon;et, quoiqu'on eût arboréle pavillonde Castille,elles ne s'approchèrent
qu'avecdéfiance.Ces pirogues, commetoutes cellesdont se servent les indi-
gènes, étoient faites d'un seul tronc d'arbre, et il y avoit sur chacune d'elles
dix-huit Indiens Guayqueries,,nus jusqu'à la ceinture, et d'une taille très-
élancée.Leur constitutionannonçoitune grandeforce
musculaire,et la couleur
de leur peau tenoit le milieu entre le brun et le
rouge cuivré. A les voir
de loin, immobilesdans leur pose et projetés sur
l'horizon, on les auroit
pris pour des statuesde bronze. Cet aspect nous frappa d'autant plus, qu'il
ne répondoit pas aux idées que nous nous étions
formées, d'après le récit
de quelquesvoyageurs, des traits
caractéristiques et de l'extrêmefbiblesse
des naturels.Nous apprmies dans la
suite, et sans franchir les limitesde la
provincede Cumana,combienla physionomiedes Guayqueriescontrasteavec
CHAPITRÉ ïtï. ~~ï

cellesdes Chaymasétudes Caribes.Malgréles liens étroits qui semblent' unir


touslespeuplesde l'Amérique,commeappartenantà nnememe~ace, plusieurs
tribus n'endînèrentpas moins entreelles par la hauteurde lenr taille, par leur
teint plus ou moins basane, par un regard, qui exprimechez les uns ie câline
et la douceur, chez les autres un mélangesinistre de tristesse et de férocité.
Lorsque nous fûmes assez près des pirogues pour pouvoir les héler
en espagnol,les Indiens perdirent leur ménance et vinrent droit à notre
bord. Ils nous apprirent que l'tle basse, près de laquellenous étionsmouillés,
étoit l'île de Coche, qui n'avoit jamais été habitée, et que les bâtimens
espagnolsvenant d'Europe avoient coutume de passer plus au nord, entre
cette île et celle de la Marguerite,pour prendre un lamaneurou pilote cotier
au port de Pampatar.Notre inexpériencenous avoit conduits dans le chenal
au sud de Coche; et, comme, à cette époque, les croiseursanglois fré-
quentoient ce passage, les Indiens nous avoient pris pour une embarcation
ennemie.La passe du Sud est en effet très-avantageuse pour les navires
qui vont à Cumanaet à Barcelone ellea moinsd'eau que la passe du Nord,
qui est beaucoupplus étroite, mais l'on ne risque pas de toucher, si l'on
rangede bien près l'île de Lobos et les Moros del Tunal. Le jobenalentre
Coche et la Margueritese trouve rétréci par les bas-fonds dn cap nord-
ouestde Cocheet par le banc qui entourela Punta de Mangles.Nousexamine-
rons, dans un autre endroit, sous un point de vue purement géologique,
ce banc de sable, qui entoure les écueilsdes Testigoset la Marguerite, etnous
feronsvoir que cette dernière Mea été réunie jadis, par Coche et Lobos,
à )a péninsulede Chacopapa.
Les Guayqueriesappartiennentà cette tribu d'Indienscivilisésqui habitent
les côtes de la Margueriteet les faubourgsde la ville de Cumana. Après les
Caribesde !a Guyane espagnole, c'est la race d'hommes la plus belle de
la Terre-Ferme. Ils jouissent de plusieurs privilèges, parce que, dès les
premiers tempsde !a conquête, Ussont restés les amis ndètesdes Castillans.
Aussile roi d'Espagneles nomme-t-it, dans des cédules, ses chers, nobles
et loyauxGuayqueries. Les Indiens des deux pirogues que nous rencon-
trâmesavoient quitté le port de Cumanapendant la nuit. Ils alloientchercher
du bois de charpente dans les (bréts de Cedro qui s'étendent depuis le
cap San Jose jusqu'au delà de l'embouchurede Rio Carupano. Ils nous

Cedrelaodorata,Lin.
322a t-ïVREÏ.
donnèrent des cocos très-frais et quelques poissons du genre Chaetodpn',
dont nous ne pouvions nous lasserd'admirer les couleurs~Que de nchesses
renfermoientà nos yeux les pirogues,de ces pauvres!ndiens!D'énormes feuilles
de VIjao couyroient des régimes de bananes. La cuirasseécaiHeused'un
Tatou le fruit du Crescentiacujete servant de coupe aux naturels, !es
productions<qutsontles plus communes dansles cabinetsde rEurope, avoient
un charme particulier pour nous, parce qu'ellesnous rappeloient vivement,
qu'arrivessous la zonetorride, nous avions atteint le but vers lequel nos
vœux tendoient depuis long-temps.
Le patron d'une des pirogues s'offrit de rester à bord du Pizarro pour
nous servir de pilote côtier t G'etoit un Guayquerierecommandablepar son
caractère, plein de sagacité dans l'observation, et dont la curiosité active
s'étoit portée sur les productionsde la mer comme sur les plantes indigènes.
Un hasard heureuxa voulu que te premier Indien que nous rencontrâmes
au momentde notre attérage, fut ï'homme dont la connoissancenous devint
la plus utile pour le but de nos recherches.Je meplais à consignerdans
cet itinérairele nom de Carlos del Pino, qui, pendant l'espace de seize
mois nousa suivisdans nos courses le long des côtes et dans l'intérieur
des terres. '>,
Le capitaine de la corvetteleva l'ancre vers le soir. Avant de quitter le
haut-fondou placer de Coche,je déterminaila longitudedu capEst de l'ile que
je trouvaipar les 66° i 53~. En faisantroute vers l'ouest,nous eûmesbientôt
par le travers la petite ti~de Cubagua, entièrementdéserte aujourd'hui, mais
jadis célèbrepar la pêche des perles.C'estlà que lesEspagnols, immédiatement
aprèsles voyagesde Colombet d'Ojeda, avoient ibndé, sous le nom de la
Nouvelle-Cadix,une ville dont on ne trouve plus de traces. Aucommencement
du seizièmesiècle, les perles de la,'Cubaguaétoient connues à Séville, à
Tolède, et aux grandes foiresd'Augsbourget de Bruges. La NuevaCadiz
n'ayant pas d'eau, on y transportoit, de la côte voisine, l'eau du Rio
Manzanares,quoiqu'on l'accusât, j'ignore par quelle raison, de causer des
ophthalmies Les auteursde ce tempsparlent tous de la richessedes premiers

Bandoulières.
HeMconiabihai.
Armadite, Dasypus, Cac~Manto.
De Practico.
s ~ferrera, ~Mertp. de &M/n<&Moccidentales. (~OK&-M<,
'73ù), Vol. ï, p. 13,
CHAFtTRZttt. aa3
tolons et du Juxe qu'ils ~éployoient;aujcurd'hm, des dunes de sablemouvant
s'élèventsur cette terre inhabitée, et le nom de Cubagua se trouve & peine
sur nos cartes.
Parvenus dans ces parages, nous v&nes les hautes mentagnes da cap
Macanao, partie eccMentat~det'îtedë la Marguerite qui s'eievoientmaje&-
tueusementsur l'horizon. A en juger par dés angles de hauteur pris à une
distancede 18 milles, la hauteur absolue d&ces cimes paroft de cinq à six
cents toises.D'aprèsle garde-temps de Lou!s Berthoud, ta longitude du cap
Macanaoest de 66*~4?~ J'ai relevé lesrochersde l'extrémitéde ce cap,
et non cette langue de terre extrêmementbasse qui se prolonge à l'ouest,
et qui se perd dans un haut-fond. La position dit Macanaoet celle que
j'ai assignéeplus haut à la pointe Est de l'ne de Coche, ne dînèrent que
de quatre secondesen temps des résultats obtenus par M. Fidatgo.
Le vent étoit très-foible; le capitaine préféra courir des bordées jusqu'à
ia pointe du jour. Il craignoit d'entrer dans le port de Cumanapendant
la nuit, et cette prudencesembloitnécessaireà caused'un malheureuxaccident
arrivédepuispeu dans ces mêmesparages. Un paquet-botavoit mouilléde nuit
sans allumerles fanauxde poupe, on le prit pour un bâtiment ennemi,
et lesbatteries de Cumanafirent feu sur lut. Le capitaine du Courier eut une
jambeemportée, et mourut peu de jours après à Cumana.
Nous passâmesune partie de la nuit sur le pont. Le pilote Guayquerie
nous entretint des animauxet des plantes de son pays. Nous appnmes avec
une grandesatisfaction,qu'à peu de lieuesde la côte on trouvoit une région
montagneuseet habitée par les Espagnols, dans laquelle le froid étoit très-
sensible, et qu'on connoissoit,dans les ptaines, deux crocodilestrès-diuérens
l'un de l'autre des Boas, des anguillesélectriques 2 et plusieursespècesde
tigres.Quoique les mots Bava, CacAtC<~toet ?~K&/<Mfornous fussent
entièrementinconnus, nous devinâmes facilement par la description naïve
des habitudes et des formes, les espèces que les Créoles désignentpar ces
dénominations.Oubliant que ces animaux sont dispersés sur une vaste
étendue de terrain, nous espérâmes pouvoir les observer dans les forêts
voisinesde Cumana.Rien n'excitefUtant ta curiositéd'un naturalistequête
récit des merveillesd'un pays auquel il est sur le point d'aborder.

Crocoditus
acutuset C.Bava.
Gymnotuselectricus, TtmMa~or.
M~ t-ÏVBE <.

Le ï6 juillet ï'799~à' la pointedu jour, nous vJtmesune côte verdoyaate


et d'un aspect pittoresque. Les montagnes de la Nouvelle-Andalousie, à
demi-voiléespar les vapeurs,bordoient l'horizonau sud. La villede Cumana
et son château paroissoiententre des groupes de cocotiers.Nous mouillâmes
dans le port vers tes neuf heures du matin, quarante-un jours après notre
départ de la Corogne.Les maladesse traînèrentsurle tillac pour jouir de la
vue d'uneterre qui devoit mettre fin à leurs souffrances.
Je n'ai point voulu interromprele récit de notre navigationpar le détail
des observation!!physiques auxquellesje me suis livré pendant la traversée
des côtes d'Espagneà TénérISe, et de Ténériffeà Cumanà. Des observations
de ce genre n'offrent un véritable Intérêt que lorsqu'on peut en disposer
les résultatsd'après une méthodepropre à conduire à des idées générales.La
forme d'une relation historique, et la marche qu'elle doit suivre, ne sont
pas avantageusespour faire connoître dans leur ensemble des phénomènes
qui varient avec les saisons et la position des lieux. Pour étudier les lois
de ces phénomènes, il faut les présenter réunis par groupes et non
isolés commeils ont été observés successivement.Il faut savoir gré aux
navigateursd'avoir accumuléun nombre immensede, faits, mais on doit
regretter que jusqu'à ce jour les physiciensaient tiré si peu de parti de ces
journaux de route, qui, soumis à un nouvel examen, pourroient fournir
des résultatsinattendus. Je vais consignerà la finde ce~chapitre les expé-
riencesquej'ai faitessur la températurede l'atmosphèreet de l'océan, sur l'état
hygrométriquede l'air, Ustensilede la couleurbleue du ciel, et lesphénomènes
magnétiques.

TEMPÉRATURE DE L'AIR..

Dansle vastebassin de l'OcéanAtlantiqueboréal, entrelescôtesde l'Europe,


de l'Afriqueet du nouveaucontinent, la température de l'atmosphèrenous a
offertun accroissementassezlent à mesureque nous avons passé des ~3 aux
10 degrésde latitude.De la Corogneaux îles Canaries, le thermomètrecen-
tigradeobservéà midi et à l'ombre, monta progressivementde to° à t8";

le6 au 19juin./~<yez
Depuis lesobservations danste journalderouteà lafindece
partielles
chapitre.
CHAPITRE Ï!t. 225

de Sainte-Gro~ de TénériCe,à Cnmana,!le m~me tn9tfunMnt;.i6~eva,


a5 degrés Dansla premièrepartie du tNjet, une~~t~rëneed~ondegt'é de
températurecorrespondoita ~8~de l~ti~ude da~~secondepartie, il a fallu
parcourir 2° 3o~ de latitude pour voir monterle thermomètred'u~ degré.Le
maximum de, la chaleur, que~l'air atteint généralement
deux heures~après le
passage du soleil au méridien, n'excéda pas, pendant cette navigation,
26°,6 (si°,3R.), et cependantnous étions au mois dejuillet, et dix degrés
au sud du tropiquedu cancer. L'évaporationde l'eau, augmentéepar le mou-
vement de l'air et par celui des vagues, et la propriété qu'ont les liquides
transparens d'absorbertrès-peu de lumièreà leur surface) contribuent éga-
lement à modérerla chaleur dansla partie de l'atmosphèrequi environneles
mers équinoxiales.On sait qu'aussilong-temps que la brise, souffle sous
la zone torride, les navigateursn'y sont jamaisexposésà de fortes chaleurs.
Si l'on réunit 4 les nombreusesobservationsfaites dans la mer du Sud et
dans l'Océan-Atlantique,pendant les voyagesde-Cook,de Bixon, de d'Entre-
casteauxet de Krusenstern, on trouve qu'entre les tropiques, la température
moyennede l'air aulargeest de 26 à 27 degrés.Il faut exclurede ce relevéles
observationsfaites pendant un calmeplat, parce qu'alorsle corps du vaisseau
s'écbauQeextraordinairement,et qu'il est presqueimpossiblede bien évaluer
la températurede l'atmosphère.Lorsqu'onparcourtlesjournaux deroute detant
de célèbresnavigateurs, on. est surpris de voir que jamais dans les deux
hémisphèresils n'ont observéle thermomètresous la zone torride en pleine
mer, au-dessus de 34° (2~a R:). Sur des milliersd'observationsfaites
à l'heure du passagedu soleil par le méridien, on trouve à peine quelques
jours où la chaleurse, soit élevéeà 3ï ou 3a degrés(24",8 ou 2S",6 R.),
tandisque surlescontinensde l'Afriqueet del'Asie, sous lesmêmesparallèles,
la températureexcèdesouvent 35 et 36 degrés.En général, entre les 10" de
latitude boréaleet australe, la chaleur moyennede l'atmosphèrequi repose
sur l'Océanmeparoît, dans lesbassesrégions, de un à deux degrésplus petite
que la températuremoyenne de l'air qui environneles terres situées entre

Dna5juinaiti5 juiUet.
Les rayons de lumière pén&tremtdans l'eau à des profondeurs assez consHéraMes, et les premières
couches, en transmettant librement la lumière, ne s'édMtoBentpas commela terre et les rochers.
3
~(yee nn exeetlent mémoire de MM. Horner et t<angsdorf dans les JMemotrestb f~tO<&nMede
&tt)t<-f~er<t&omg~T. p. 46y.
t~t~* t*. ~t_ ir
~U.MtH<Mt ~OM.
fM~ODyMe~ 20
aa6 nvRts t.
les deux Tropiques,t! est inutile ~e rappeler ici combiencette ctfconstance
modifielectimat dug~be entier~ ~oau~detanégate répara des~eoptineras
au nord et au .sud'.de,éqùateHP~ l'est let â ~1'ouestdu-m~ridie~
deTénériGp.. ~i/ 'j'j~
L'extremelenteur. avec taqu~lte~M~ntenteila <températurelorsqu'on fait
te trajet {d'Espagnea ta Terre-FcNne et au~ .côtes du Mexique, est
très-avantageuse pour ta santé des Européensqui viennent s'établir dans
)es cotonies.A !a Vera-Cruz et à Carthagènedes tndes~ les Créoies qui
descendentdes hautea~savaues de Bogotaet duptateau centraLde !aNouveUe-
Espagne,courent plus de danger sur les côtes d'être attaqués de !aûèvre
jaune ou du t~M~o, que les tmbttans duNord qui arrivent par mer'. En
voyageantde pefate a Vefa-Cruz, les Mexicainsparviennent,en seizeheures,
de la région des pins et des chênes, d'un pays montueux où le thermomètre
baisse souvent à midi jusqu'à ou 5 degrés, dans ttne ptainc brûlante
couverte de cocotiers de Mimosa cornigera, et d'autces plantes qui ne
végètentque sous riaSuence d'une ibrte chaleur. Ces montagnards éprouvent
une différencede tempéfature de dix-huit degrés, et cette différenceproduit
les epets les plus funestes sur tes organes, dont elle exalte !'in'itabitité.
L'Européen au contrairetraverse l'Océan-Adantiqnedans t'espace de trente-
cinq à quarante jours; il se prépare pour ainsi dire gradueUementaux
chaleurs brûlantes de la Vera Cruz,qui, sans être la cause directe de la
&èvrejaune, n'en contribuent pas moins a ta rapidité de son ~tévetoppement.
Undécroissementde chaleurtrès-sensibtes'observesur le globe soit qu'on
se porte de t'équateur vers les pôles, soit qu'on s'étèvedé la surface de la
terre dans les hautes régions de l'air, soit enfin qu'on s'approche du fond
de t'Océan.Il est d'autant plusintéressantde comparerla rapidité dece triple
décrotssement, que ce phénomène a une grande influencesur la distri-
bution climatique des productions végétales et animales.Les températures
moyennesdes couchesintérieures<ie Tair qui correspondentaux 65.mt,~8.
et, ao. degrés de latitude boEéate,sont, d'après tes observationsles plus
récentes,o<5; to°,y et a5°, d'où il résultequ'un degrécentigradecorrespond
à peu près à un changementde parattètede t° 45' 2.
Or, ie. décroissement
du caloriqueest d'un degrépar go toises, lorsqu'on
s'élève perpendtcutairement

7Vouf.-E~).,T.
ït,p.yya.. u
En Angleterre et en Écosse on compte, qu'un degré du thermom~tM de Fahrenhe:t correspond
CHAPITRE !tf. M?
dans l'atmosphère ~s'ensuit que, 8Cfs ~s tropiqaes où fàbaissemènt
de la température est très-régutieradt~des montagnesd'une hauteur IBonsi'
dérabie, 5oo toises d'ëtévatiQpT~cai~Mrrespond~ Un changement
de latitude de g~~S/.GefeM~t, assez conMNne à ceux atiOtque~
d'antres physiciensse sont~arreté~ tpès-important pour la
géographiedes plantes; car, quoiquedans~t~ pays septentrionauxta distri-
bution des végétauxsuc tes montagneset dans les plaines dépende, comme
la hauteur des neiges éternelles, plus de la températuremoyenne des mois
d'été que de celle de toute Tannée, cette dernière n'en détermine pas
moins dans les contrées méridionales,les limites que les espèces n'ont pu
franchir dans leurs migrationslointaines.L'observationfaite par Tournefort

à t" delatitude.
Phil.Tram.,17/5,Vol.L`XXV,
p. 45g.7%omMO,
~Mt.oftheRoyalSoc.)8t9,
P.508.
M. d'Aubuisson ne trouve, pour !'E"rope, en été, à huit heures du matin, par conséquent à
l'époque qu'il croit la pins favorable, que 85 Mises par degré. jtottRM~ .My~, T. HHU, -p. 38.
Pour la zone torride, voyez O&wr~.<M<nw.,T. t, p. 139.

Chaque centaine de mètres de bauleur abaisse la température environ d'un demi degré de la
division commnne de nos thermomëtrea; et si t'en prend pour terme du refroidissement celui qui
exclut tapréMmce de le végétation, les glaces étemeMesdont les sommets sont chargés, représenœront
les glaces éternelles dont le pôle est couvert, et
chaque centaine de mètres d'étevatton verticale cor-
respondra à un degré de la distance de la montagne au pôle. o Ramond, de la végétation sur les
montagnes (~nna~~jtftt~ttnt, T. IV, p. 396).
3 De &<nt&)~e,Flore française, T. t, P. t, ix. Léopoldde BM<-&, TïeMe)MeA Lapland, T. H p. 076.
p.
~aA/en&er~, ~&)ra Laponica, t8<o, p. xtviij. Dans la zone tempérée, it arrive souvent que la chaleur
moyenne d'un lieu a, est plus petite que celle don lieu &, tandis que la chateor moyenne des moisd'été
est beaucoup plus grande en a qu'en &. C'est
pour cela que l'on distingue avec raison entre un
climat continental et nn climat M<K<a<fe,dans le
premier, des étés très-chauds succèdent à des hivers
extrêmement rigoureux dans le second, le contraste dessaisons est moins grand les étés sont moins
chauds et les hivers moins froids, à cause de la température peu variable de t'Océan voisin qui
rafraîchitl'air en été, et le reehanne en hiver. les
neiges perpétuettes descendent pins en Mande que
sur le même parallèle dans l'intérieur de la
Norwège et nous voyons souvent dans les iles et sur les
côtes de l'Europe occidentale,
végéter le laurier et t'arboasier, là où la vigne et le pécher ne donnent
pas de fruits mûrs. Dans la région équinoMate,au contraire, où la différencedessaisonsest pour ainsi
dire nulle, la distribution géographique des plantes se
règle presque uniquement d'après la température
moyenne de toute l'année, qui, ette~méme, dépend de l'élévation du sol au-dessus du niveau de l'Océan.
A mesure que l'on avance vers le nord la
température desmois varie de plus en plus, et la force et la
ncbesse de la végétation ne donnent plus la mesure de la température moyenne de l'année entière.
En Laponie, par exemple it existe de belles forêts sur le continent à Enontekies, tandis
qu'a l'île
de Mageroe, on trouve à peine
quelques arbustes épars sur les rochers, et cependant la température
moyenne annuelle d'~nonteMes est de 3" ptus froide que cène de Mageroe La première est de –a*66,
et la seconde de +
o°,07. (Wah)enberg, dans les Annales de Gilbert, t8ta, p. 371.) t.a végétation
2~8 HVRE ï.
sur le sommetde 1'Ararat,a été répétéepar un grand nombrede vdyageûri!.
Lorsqu'on descendd'une haute chaoï~de montagnes, et qu~onavanceveM~
les pôles, on trouve d'abord sur des pïateaux peu élevés) et en&adans les
régionsvoisinesdes côtes ces tnémes plantes arborescentes qui, par fte
basseslatitudes, necouvroientque îes cimes voisines des neiges éterneHes.
En évaluantta rapidité avec laqueue la température moyennede Tatmos–
phère diminue a mesore que l'on se porte de l'équateur aux pôles, ou'de
la surfacede la terre aux hautes régions de l'Océan"aérien,j'ai considère
le décrôissementde la chaleur commesuivant une progressionarithmétique.
Cette suppositionn'est pas tout-à-fait exacte pour l'air*: elle l'est encore
moins pour l'eau, dont les couches superposéesparoissent diminuer de
températured'après des lois diCÔrentes,différens degrés de latitude. Dans
les expériencesintéressantesfaites par MM. Forster Bladh Wales, Ellis
et Peron sur la rapidité du décrôissementde chaleur dans l'Océan, ce
décroissementa été trouvé si Inégal, qu'un degré du thermomètrecentigrade
répondtantôt à douze, tantôt à quatre-vingtstoises*et même plus. On peut
admettreen généralque la température décroîtsix fois plus vite dansla mer
quedans l'Océanaérien, et c'est à causede cette distributiondu caloriquedans
les deux élémens, que des plantes et des animaux analogues à ceux des

plusvigoureuse d'Enontetties
estl'effetd'unété pluschaud,la température moyenne dt moisde
juillety étantde t5°,3,tandisqu'àt'Hede Mageroe ellen'est,d'aprèsM.de Bach,quede 8"t.
Lesdeuxendroits offrentdescomptes dela diBerence
frappaus qmexisteentreunclimatcontinental
etunclimat ou,comme
insulaire; dit M.WaMemberg, entreunc/MMtt.t& ~M<te
etunclimat<f/t&ttMft.
En générât,le problème dela distribution
climatiquedes plantesestbeaucoup pluscompHqné
danslespaysseptentrionaux quesouslesTropiques. Danstespremiers, cettedistribution à
dépend
la foisdela températuremoyenne desmois d'étéetdelatempératuredu sot,quidiKeredelachaleur
moyenne del'année.
Dans l'étude des rapports géographiques des plantes, il faut distinguer, entre les végétaux dont
l'orgalisation résiste à de grands changemens de température et de pressionbarométrique, et les végétant
qui ne paroissentappartenir qu'à de certaines zones et A~tetertaines hauteurs,'Cette différenceest encore
plus sensible dans la zone tempérée que sous tes Tropiques où les plantes herbacées sont moins
fréquentes, et ou les arbres ne se dépouUtent de leurs fettiUes que par l'enet de ta sécheresse de
l'air. Nous voyons quelques végétaat pousser leur migration des côtes septentrionales de t'AMqne par
les Pyrénées jusqu'aux landes de Bordeaux et au bassin de ta Lotre; par exempte, te Merendera, ta
Jacinthe tardiveet le Narcissebu!bocode.(~Mm!&e<&<~M., T. tV, p. 4ot.)
l'
° Lestempératures moyennesaugmententde l'équateur aux potes, a peu près comme le carré des sinus de
la latitude, ( Journ.~< T.LXtt,?. 44y), ettedécrousementdeta chaleur, dans un plan vertical
rapproche le plus souvent, d'après MM Oriani et Lindenau, de la loi dune progression hannoniqne
(~Me<&f(rom.,p.xlv.~<))t.por.,)nint8o5.~p~nt.2K~t788,p.t38)
CBAPtTRE Irr. · 329

régionspolaires, trouvent, sous la zonetorride, sur la pente des montagnes


et dansla profondeur de l'Océan, le climat qui Convient à leur organisation,
Les mêmescausesauxquelleson doit attribuer les chaleursmodérées que
l'on éprouve eu naviguant entre les, Tropiques~produisent,aussi une égalité
singulièredans la température du jour et de la nuit. Cette égalité est encore
plus grande sur mer que dans l'intérieur des continens. Dans la province
de Cumana, au centre de castes plaines peu élevéesau-dessusdu niveaude
l'Océan, le thermomètrese soutient généralement,vers le lever du soleil,
de 4 à 5 degrésplus bas qu'à deux heures après midi. Dans l'Océan-Atlan-
tique, au contraire, entre les i et i~ degrés de latitude, les plus grandes
variations de chaleur excèdent rarement i",5 à 2 degrés, et j'ai souvent
observéque, depuis dix heures du matin jusqu'à cinq heures du soir, le
thermomètrene varioit pas de o*8. En parcourantquatorzecents observations
thermométriquesfaitesd'heureen heure pendantl'expéditionde M.de Kruseu-
stern, dansla régionéquatorialede la me~ du Sud, on voit que la température
del'air ne changeoit,du jour à la nuit, que de i à t,3 degréscentésimaux
J'ai tâchéde mesurersouventla ,/o/rc du soleil par deux thermomètresà
mercure parfaitementpareils et,dont l'un restoit exposéau soleil tandis
que l'autre étoit placé à l'ombre. La diSérence qui résulte de l'absor-
ption des rayons dans la boule de l'instrument, n'excéda jamais 3"y.
Quelquefoiselle ne s'éievoitmême qu'a un ou deux degrés; mais la chaleur
que conservele corpsdu vaisseau,et le vent humide qui soufflepar bouffées,
rendent ce genre d'expériencesassezdifficiles.Je lesai répétéesavec plus de
succèssur le dos des Cordillèreset dans les plaines en comparant d'heure
en heure, par un temps parfaitementcalme, la force du soleilà sa hauteur,
à la couleurbleuedu cielet à l'état hygrométriquede l'air. Nousexaminerons,
dans un autre endroit, si les différencesvariablesque l'on observeentre le
thermomètreau soleil et-le thermomètreà l'ombre, dépendent uniquement
de l'extinctionplusoumoinsgrandede la lumièreà sonpassagepar l'atmosphère.

J'aiconstammentobservé
lethermomètre
surletillac,ducôtéduventet à l'ombre.Peut-être
lebaromètre
et lethermomètre
deM.deKrosenstem
étoient-ib
placésdansunendroitplusahntêpar
exempledansla GrandeChambre.
Cet instrument avoit une boule de trois lignes de diamètre, qui n'étoit pas noircie. Les échelles
étoieut renfermées dans des tubes de verre et très é)o!gnées de )a boule. Les voyageurs préfére-
roiéut aujourd'hui, avec raison, les photomètres de M. Lestie'~VtC~o&on, Journ. for ?<<. /'At/.
Vol. HI, p. 467.
a3o nvREï.

TEMPERATUREDE LA MER.

Mesobservationssur la température deg eaux de la mer, ont eu pour


but quatre objets très-din~rens les uns des autres: îedécroissetnent de la
chaleur dans lescoucnes superposéesles unes aux autres; t'mdi~àtibn des
hauts fonds par te thermomètre; la température des mers à leur sur&ce;
enfin la température des couransqui, dingés de Fëquateuraux potes, et des
potes à t'équateur, forment des rivières chaudesou froides2 au milieu des
eaux immobilesde FOcëan.Je ne traiteraiici que de la cha!eur de la mer à
sa surface, phénomènete plus important pourl'histoire physique du globe,
parce que la couchesupérieure de t Océanest la seule qui influe immédiate-
ment sur t'état de notre atmosphère.
Le tableausuivantest extraitdesnombreusesexpériencesque renfermenotre,
journal de route depuiste gjuin jusqu'au 15juillet

.« TBMtiaATtTiUt
t~TtTCBE I.ON&tTCDB Je
b.ré.t.. ~de.t.te. ''O.Ada.t!
tMsxr&ce

5~ M' 16" 18' i5°,o


~54" 5o~ 16° 55~ i6~5.
Sa''16' i?" 4' i7°<7
5o"56~ 16" 54' i8",6
39° i8' 16° 4o' ig°,S
36° 5i' ig° ]5' ao",o
30* 8' a8'*5)' ai'9 2
17" 67' 55° i4' aa<4
i4"57' 44° 4o' a3°,7
iS" 5i' 4()<'45' a4<7
10° 46' 6o°54' a5°,8

Depuis ta Corogne jusqu'à l'embouchure du Tage, l'eau de !a mer a peu varié


de température; mais depuis les 3g jusqu'aux to degrésde latitude, l'accroissement

*~aCtt~<!<ream.
courant<<ttCAt/e,
qui, cemtnt)e M prouvéaiUeuM,
entfai)teleseauxdeshactee!et!tndM
vernt'équateur.
CBAï'tTREÏtt* ~3t

a été n'ès-sensibteet ~ès-constant~quoiqu'il naît pas été toujours'annorme.


Du parallèledu capMontegoà celuidu Salvage,lamarchedu thermomètrea été
presque aussi rapide que des ~~S~ aux to?4'6~'Ba's dte s'est trouvée
extrêmementralentiesur leslimites de la zone torride, de ag° t8' a :t0*8~.
Cette inégatitéest sansdoute cachéepar des eourànsqui mêlent le); eauxde
différensparallèlesy et qui, selonqjX'oose rapprocheoudes îles Canariesou des
côtes de la Guyane, portent au sud-est et &l'ouest -nord ouest. M. de
Churruca en coupant t'équateur,dans son expéditionau détroit de Magellan,
par les aS" de tongitude occidentale a trouvé le maximum de ta tempé-
rature de i'Océan-AtIantique,à sa surface, par les 6~de tatitude nord. Dans
ces parages, sur des paraHèteségatementéloignésde i'éq'Mteur,l'eau de la
mer étoit plus froide au sud qu'au nord. Nous verrons bientôt que ce
phénomènevarie avec les saisons, et qu'il dépend en grande partie de
l'impétuositéavee~taqueUeles eaux coulent vers !e nord et le nord-ouest~
à traversle canal(bratéentre JeBrésH.et les côtesd'Afrique.Si le mouvement
de ces eaux ne modifiait pas la température de 4~eéaB~4'aecroissement de
chaleursousta zonetorridedevroit~Me énorme,parceque la surfacede l'eau
renvoieinfinimentmoins de rayons<{uise rapprochentde la perpendiculaire
que de ceux qxi tombent dans une direction oblique.
J'ai observé, dans 1 Océan-Atlantique,commedans la mer du Sud, que
lorsqu'onchange de latitude et de longitudeà la fois, les eaux ne changent
souventpas d un degré de température,sur des étenduesde plusieursminiers
de lieues carrées; et que dans J'espacecompris entre le a y. degré nord
et le a~ degré sud, cette température des mers est presque entièrement
indépendantedes variations qu'éprouvel'atmosphère Un calme plat très-
prolongé, un changementmomentanédans la direction des courans, une
tempête qui méte les couchesInférieuresde l'eau ~ux couches supérieures,
peuvent, pendantquelque temps, produire une différencede deux et même
de trois degrés; mais aussitôt que ces causesaccidentettescessent d agir, la
température de l'Océan reprend son ancienne stabilité. J'aurai occasionde

Au<mp)s
dioctobre
ty88.
Pour faire voir eomMen peu rair!nBoe sur la température de l'immense bassin des mers, j'ai
ajouté, dans les journaux de fonte, l'indication de la chaleur de l'atmosphère à celle de la chaleur
de l'Océan. Cette dernière peut changer par des causes très-éloignées, telles que )a<6ontephM ou
moins rapide des glaces polaires, on des vents qui souNent~ece d'autres latitudes et qui produisent
des couraus.
23~ t-tVRE t.
revenir dans la suite sur ce phénomène, l'un des pllts invariables que
présente la nature.
J'ai dresséune carte de la températuredes mers, tant surm<s propres,obser-
vations,faitesdes440delatitudenordaux t a"delatitude <ud,etdes43" auxto5°
de longitudeoccidentale,que sur un grand nombre de matériaux que j'ai eu
beaucoupde peine à réunir. Une massed'eauconsidérable ne se refroidissant
qu'avecune extrêmelenteur,il sumtde plongerle thermomètredans un seau que
l'on vientde remplirà la surfacede l'Océan.Quoiquecette expériencesoit bien
simple,ellea été singulièrementnégligéejusqu'Ici.Dansla plupart desrelationsde
voyages,on ne parle qu'accidentellementde la température de l'Océan, par
exemple,l'occasion des recherchesfaites sur le froid qui règne à de grandes
profondeursou sur la rivière d'eau chaude qui traverse l'Atlantique~Je n'ai
pu me servir de l'excellentouvragede M. Kirwan, sur les climats, parce
que ce savantn'a passuffisammentdistingué,danssestablesde la température
propre aux dinérentes latitudes, ce qui est dû à des expériencesdirectes
de ce qui est le résultat dé la théorie.Maisla seconde-expéditionan détroit
de Magellan commandéepar Churrucaet Galeano,'Ia relation du voyage
de l'~bbé Chappe, en Californie, l'ouvragepublié a Philadelphie, sous le
titre de ~t~g~ttfw <A<'y?M<MM~/T~Me et surtout les expériencesintéressantes
faites, en 1800~par M. Perrins, à bord du vaisseau le Skelton, pendant
le cours d'un vëyage de Londres à Bombay, m'ont fourni de nombreux
matériauxpour mon travail.Occupé, à Lima, de recherchessur la température
de la mer, j'avois engagéun officierde la marine royale, M. Quevedo, à
observer, jour par jour, pendant son trajet duPérou en, Espagne,par le cap
de Horn, l'indicationde deux thermomètresdont l'un seroit exposéà l'air et
l'autre plongédans les~couchessupérieuresdel'Océan.Les observations3faites
par M. Quevedo, en 1803, à bord de la frégate Santa ~M/!n<~qui seront
consignéesdans cet ouvrage, embrassentles deux hémisphères,depuis les 60°
delatitudesud jusqu'aux36° de latitude nord ellessont d'autant plusprécieuses
que ce navigateurtrès instruit connoissoitparfaitementsa longitudeau moyen
d'un chronomètrede Brockbanks, et de distances'de la lune au soleil. Ses
instrumensmétéorologiques,construitspar Nairne, avoientété comparés, avant
son départ, à ceux dont je me suis servi sur les Cordillères.
Don Cosmede Churruca, ~pen<<teec?e<M~e<t~~Me&MtM~ t793, p. 98.
T'AermometrcMt~
Navigation, 1799, p. 37.
*JV«'Ao<«)n'<Jot<rM/,l8o4,p.t3t.
CHAPITRE Hï. ~33

Depuis l'équateur jusqu'aux z5 et 28 degrés nord, la température est


d'une constancebien singulière,malgré la di~rence des méridiens: elle est
les
plus variable dansles latitudes élevéesoù la fonte des glaces polaires~
couranscauses par cette fonte et l'extrêmeobliquité des rayons solaires en
hiver, diminuentla chaleur de l'Ocëan.Le tableau suivant, qui, renfermedes
expériencesprises au hasard dans plusieursjournaux de route, conûrme ces
assertions.Les fractions de degrés, par lesquelles les résultats s'y trouvent
exprimés,naissentde la réductiondes échellesdu thermomètrede Réaumur
ou de Fahrenheit, à la division centigrade.

TEttPEBATDRE DE JL'OcEAN ATLANTIQUE PAR DtFFEBENS DEGRES DE I.ONCÏTt!DE.

TEMT~ATUBB
MMFtMTOt..jtMQCE
t~TtTCDB. M)!)<HTCM. de ojtsERVATEPBa. de t'air,
moyenne
· dansle bassin
t'ohservation. desmer..
_<M~'<.
o"58'A. 27" 54' 0. ay,: Nov. tySS Churruca
o° 67' A. 30° n~ 0. 27°,7 Avril t8o5 Quevedo.
o" 53' A. 21° 20' 0. 2~7 Mars 1800 Perrins. 9y°(Cook).
o" il' B. 84" i5' 0. 28<o Févr. i8o3 Humboldt.
o" i3' B. 5i°42' E. 9y°,ii Mai 1800 Perrins.
25" i5' B. 20° 56' 0. 2o'o Juin '799 Humboldt.
250 20' B. 59" 5~' 0. ai<6 Avrit i8o5 Quevedo. 21° (La Pe-
25° 49' B. 26" 20' O. 20*~7 Mars *~° Perrins. ronseetDat-
27" 4o' B. 17° 4' 0. 2i'6 Janv. 1768 Chappe. rymple).
28*47' B. 18° t7' 0. 25%5 Octob.t788 Churruca.
42"54'B. i5"45'0. M'i Févr. 1800 Perrins.
45*i7'B. 5i''27' 0. i5",5 Mai i8o3 Quevedo. ~Cook
4~58'B. 7'0. i5",9 Juin 1799 Humboldt.
et d'Entrecas
ntrecas-
B.
44<-58'B. 54°47'0.0- i2",7 Dec. 1789 WttMams.
45° i5' B. 4«4o' 0. i5",5 Nov. 1776 FranckHn.
48° 11' B. 14° 18' O. 14°,5 Juin 1790 Williams.

II estextrêmementremarquableque, malgrél'immensitéde l'Océanetla rapidité


des courans,il y ait partout unegrandeuniformitédansle maximum de chaleur
qu'offrentlesmerséquinoxiales.M.Churrucaa trouvéce maximum, en i ~88,
7-1 rro
7o/?t. r
Relation /<M<o/'«yMe~ 30
a3~ t.t~ttt: ï.
dansl'OcéanAtlantique, de 28°,~ M.Perrins, en ï8o~, de a8",a M. Rod-
man dans son voyagede Philadelphieà Batavia, dèa8",8,etM.Quevedo,
de 28°,6.Bans ia mer du Sud, ~e l'ai observéla mêmeannée <~e:!i~3. Les
différencesexcèdentpar conséquentà peine ï" duthermomètrecentigrade, ou à
de la chaleurtotale.Il fautse rappelerque,sousla zone tempérée,au nordduparais
!ètede 45°, les températuresmoyennesdes différentesannéesvarient de plus
de 2" ou d'un cinquièmede la quantité de caloriqueque reçoit une partie
déterminéedu globe
Lemaximum dela températuredes mers, qui estde 28 à 29 degrés,prouve
plus que toute autre considération, que l'Océan est en générai un peu plus
chaudqueI~atmosphère aveclaquelleil estimmédiatementen contact, et dont!a
températuremoyenne,près de Téquateur,estde26 à 2~degrés.L'équilibreentre
les deux élémens ne peut s'établir tant à causedes vents qui portent l'air
voisin des pôles vers t'équateur,qu'à causede l'absorptiondu calorique, qui
estl'enetde l'évaporation.On est d'autant plus surpris de voir la température
moyennes'élever, dans une partie de l'Océanéquatorial, jusqu'au delà de 29"
(23° 2 R.), que mêmesur les continens, au milieu des sabies les plus arides,
on conuoîtà peine un lieu dont la chaleurmoyennede l'annéeatteigne 3t".
II reste à examinersi, par de basses latitudes, sur les mêmes parallèles,
on trouve, en différentessaisons, à peu près les mêmes températures.Le
tableau suivant faciliterace genre de recherches.

CoiMj ~A[/f!<)/tKMt ~fe<&C<!< JtftMfMm,Vol. t, p. 83.


Genëw, de .796 à .809: 7'87; 8",34; 8°,oo; 7'47; 8'38; 8°,49; S'.tg; S' 8°~ y'.ia; i
8',73; 7'78; 6°,68, et 7°,54 du thermomètre de Réaumur Paris, à l'observatture, de i8o3 à t8t0;
n°,95; to°,75; io%35; to'55; io°,5o; io°,65; n'o; et <)°,79d~ thermomètre cemttgfade.
A mesure que l'on approche du Tropique, les, variations de la température annueUe diminuent.
Rome (lat. 4f' 53'), de 1789 à 1799; i3",6; 12°,5; t3°,4, et 'a°,9 R. (Buch, dans Gilbert,
~nM&M ~r~A~Mt, T. XXtV, p. 338.) PMade!pbië (tat. 39°56'), de t797 à t8o3, ta',7; tt",6;
ji",8; n°,7; 12°,7 et ta°,8 du thermomètre centigrade. H résulte décès observations tres-prëc!ses,
que les extrêmes ont été, à Genève, de a°,5 à Paris, de ~°,3; à Rome, de i°,3, et à Philadelphie,
de i°,t de la division centésimale. Les variations que l'on observe dans ta température de ta mer a sa
paroissent dét
surface, paroisscnt ndre, sous ta
s'étendre, la zone
zone, tempérée, entre les 35
tempérée, 35«et 45
4.5 degrés de latitude à trois
de .,latitude tr«is
degrés autour de la moyenne, et j'ai eu tort de dire, d'une maniéré ~énérate, dans l'introduction de
la Chimie de MonMoft ( traduction j~anpoMe, T. t, p. too), que la chaleur de t'Océan indique
partout directement les températures moyennes de l'air correspondantes aux différentes latitudes.
CHAPITRE Ï"-

TEMFÉRATMtE DE L'OcEAN ATLANTIQUE EN NFFERENTES SAÏ80N8.

THBMKMtÈTM CBNTÏORÂBE ET LONGITUDE OCCÏDENTAt.E.

t~TÏTUPE ~–––––––––––~–––– ––– ,an–––––


OHAFtB, MMUNS, ~MVtDO, aCMBMJT,CBcntuCA, BonMAN,
b.r&e. avraetmai
avrilet et juillet
bor~le, j~ mai juin
jumetjuinet
octobre. octobre
et
janvier
et marsJ 804. 1803. i 788.
février1768. ,799. ~5.
['h. te" Th.i8'8 Th.i6",5 Th.25",4 Th.24'3
5' 5s" 4o'
Lg. 18" 20~Lg.41° n Lg. iS" 55~Lg. 10" 57~Lg.

300
"°'' Th.2o'7 Th.t9°,5 Th.2o°,7 Th.i8'4 Th.25°,8
Lg. g" 5o' Lg. zS" i5' Lg.58" 4o' Lg.t6<' 5o' Lg.i6<' 4'

Th.2S",g Th.2<7 Th.ai'a Th.ao°,2 Th.z5°,o


260 Lg. 55° ao"
Lg. t8'' 10' Lg. 26° 20' Lg.39" 54' Lg. t~ 4&"
Th.25°,2 Th.22°,4 Th.26-4 Th.26°,2
8~°° f.Th.22°,7 5o'
Lg. 28° 52' Lg. 4t° 17' Lg. 52° io' Lg. 22° 10' Lg. 29°
f. rh.25<8 Th.26",2 Th.s5<8 Th.28°,2 Th.28-3
100
'°° 5o'
Lg. 24° 5o' Lg.57° 7' Lg.65° 4o' Lg. 22° 25' Lg. 26°

Th.26°,5 Th.26°,5 Th.z8°,5 Th.28°,8


5

(. Lg. 2t° 55' Lg.55° .0' Lg.22° 27' Lg.25° to'

Th. 28°,2 Th. 28°,6 Th. a8°,7 Th. 28°,8


1
Ma~mum par]eso°t5' parles 2° 2' parles6°t5' des 8'* 4o'
de lat. bor.delat. austr. delat. bor. aux 5° 45'1
detatempé~ ettes22°l3'de)at.bor.,
raturede ettes22°2t'et!es2<)°4o'
t'Océan. de long. oc. de long. oc. de long. oc. etdes25°5o'
aux 25° o'
detong.oc.

Une grande massed'eau ne suit qu'avecune lenteur extrêmeles changemens


de températureobservésdans l'atmosphère,et lemaximum des températures
moyennesde chaquemois ne correspondpas à la mêmeépoquedans l'Océanet
dans l'air. L'accroissementde la chaleurdes mers éprouve nécessairementun
retard; et commela températuredel'aircommenceà diminueravant que cellede
)
236 LIVREï.
l'eau'ait attemt son m<WH?M~M en résulte que ie~j~)fMC<M~~a~~non~
thermométriquesest plus petite à la surfacede la mer que dansl'atmosphère.
Nous sommesencore bien éloignesde connottre les loisde ces phénomènes,
qui ont une grande influencedansl'économiede, la nature.
M.Kirwanadmetqu'entre les t8° de latitudenordi etlesï8 de latitude sud, les
températuresmoyennesdesmoisnediffèrentquede5 degréscentésimaux,et cette
évaluationest un peu trop foible; car nous savons, par des observationscal-
culéesavecsoin, qu'à Pondichéry,à Manilleet dans plusieursautreslieux situés
entreles Tropiques, les chaleursmoyennesdesmoisde janvieret d'août diCèrent
entre ellesd~8 à ip degrés.Or, les variationsde l'air sont au moinsd'un tiers
plus petitesdansle bassindesmers quesur le continent, et l'Océan n'éprouve
qu'une partie des changemensde température de l'atmosphèrequi l'entoure.
Il en résulte que, si l'Océanéquinoxialnecommuniquoitpas avecles mersdes
zonestempérées,l'influencelocaledes saisonsy seroit presquenulle.
M.Péron qui a répété avec beaucoup de succèsles expériencesfaites par
Ellis, Forster et Irvine sur le froid qui règne au fond~de l'Océan, affirme
que partout au large'la mer est plus froide à midi, et plus chaude de
nuit que l'air ambiant. Cette assertion a besoin de beaucoup de
restriction; j'ignore si elle est exacte pour les 44 et degrés de latitude
australe, où ce zélé naturaliste,semble avoir fait le plus grand nombre
de ses observatioasthermométriques;mais entre les Tropiques, où l'air, en
pleinemer, està peinede 2° ou3° plus froidà minuit que deux heures après la
culminationdu soleil, )ô n'ai jamais trouvé le moindre changementdans la
température de l'Océan, de jour et de nuit. Cette différence ne devient
sensibleque dans un calme plat, pendant lequel la surfacede l'eau absorbe
une plus grande massede rayons; mais nous~vons déjà dit que les expériences
thermométriquesfaitesdanscetétat de lOcéann'ont rapportqu'à un phénomène
local, et qu'ellesdoivent être excluesentièrementlorsqu'ils'agit d'unpropjtème
de la physiquegénérale,
Lesobservationsqui sont renferméesdansles tableauxprécédonsont toutesété
recueilliessous lesmêmesparallèles,maispar des longitudeset dans des saisons
très-différentes.Lors des expéditionsaux terres mageHaniqueset à Batavia,
le n!M!M/Mde la températurea été trouvé beaucoupplus au nord que dans
tous lesautresvoyages,ce qui a influésensiblementsur lachaleurde la mer au
~nM~s du.MM<~m, T.V,p ta3-t48.~own. defAyt.,T. LIX,p. S6l.Cï~e~ ~nna&m der
.P~tt,T.XïX,p.4a7.
"CB~<'ï~ïï. a3?
noj~uj~~iqae~Ca~~
et;defâod~oct~ ,<tt.?~JaJna.
par ~Md~'d'apr~~
l'ai. obse~~n-~nMrs~&~l'e~ "1,,piif.qe$?Oit5nol'd.lê
",0.t., s' par lés '2~,i1/~e:,Jati~u(J~
boréale. H est prûbable '~que~'diës~ehiMtg~~ ces anomâUes
extraord!naM~s,e~g~nd~er~ oûl'eàude.mer est
passe-parleg points
la plus chaude,coupel~équateur sous un angle q~~est variaMe selon que
la déclinaisondn$oleil est boréaleouaustrale. Ces phénomènes,liés peut-être
à ceuxde la~llnïite des ~entsalises et du~salure de ta mer,
méritentd'être examinesavec soin; mais on ne sauroit être surpris d'un
manque d'observationsprécisessur la températuredes merséq~atonalcs,si Ion
se rappelé que nous ignorons encoreles variations thermométriquesdans les
mersvoisinesde l'Europe*.
Depuis les So" degrés de latitude nord, les résultats que j'ai obtenus
s'accordenttrès-bien avecles observationsde MM.Perrins et Queve~o.Cen'est
probablementpasà FinSuence localedëssaisons,commenousvenomrdeleprouver
plus haut~ mais au mouvement des eaux et à dés causes lointaines, qu'il
faut attribuer l'étendue des variations de température observée entre les
Tropiques dans le voyage de Londres à Bombay. Ces variations se sont
élevéesa 5% tandisque dans la merdu Sud je ne les ai trouvéesque de x~y.
M.Quevedo,en traversantdusudau nord'un espacede 6~0lieues, ne vit changer
lachaleurde l'Océan-Atlantiquedepuis le Tropiquedu Capricornejusqu'à9° de
latitudeboréale, que de ï°,y jusqu'auxz3° de latitude boréale, lesplus grands
écartsde la températurede la mer ne s'élevoientencore qu'à 3°,7.
Cette grande régularité dans la distributionde la chaleur de l'Océan se
manifesteaussi d'une manière bien sensible,lorsqu'oncompare, dansles deux
hémisphères des zoneségalementéloignéesde l'équateur

C'eM en vain que, depttMmon retour ett i~!o4~a~ea(pg6 têt phys!c!eMqui habitent les cAtea
de t'Ocean, en Espagne, en France et en Angleterre, &déterminer, pour chaque mois de l'année, la
température moyenne de ta mer a sa surface, comparée &la température moyenne de t'atr sur te*
cotes voisiner Cequi a été puNié a ce sujet se &)ndeon sur des considérations théoriques ou mr un
petit nombre d'expériences qui n'ont pas été faites an large, mais dans des ports et dans des
rades abritées. Quel est le maximum de froid qu'atteint l'Océan sous les 45" de latitude, en prenant
la moyenne de plusieurs jours? A quel mois ce maximum correspond-il? On assure que, près de
Marseille, la mer n'est jamais plus froide que 6*,5,et pins chaude que a5°, quoique les extrêmes de la
tentpératmrede l'air soient souvent–4° et +35". (J~M. ~J~TSbo. my~e & ~tfM, t~S, p. yo.)
Peut-on admettre qu'au large, la chaleur de l'Atlantique s'éteTeà ao'*par les M* de latitude ?7.
9i38 HVRE t.
COMPARAISONDE LA TZMPEtATPRE DES MBM DANS tES DBCX NEMBPHEttEa.

"m<~ta"t'
tMttttt. (tttttmp<t<.tNMdt
TBX~.
~roqUB TaaaPim. Nottt tMttn~e !'0<!<*aMtA)'Mpr4*
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I.ATtTCin:. !.ONdTUBB. *t *M des fhtt tt)t<~)M< h
't~p~t<'Md<r
,00 < 1.. ~'3. de
de l'ona6e
l'ob~tion.
~tlOD. (Th.unI.
OBSBaVATava.. lur 'd' moyeuna
eom)tttm.<!iM"Mt*Mh t
)ttM.)
3<'55'B. 9o<'36'0. Février~. A8o3a8'7 HunthoMt. _<<à i8o Mer “.
3° t6~ A.. 9.0° a3~
a~O. t805
Févr!,eJ'8Q~,
JanYie~ "7 Mer du Sud.
O. 21:1:,7 /~m
a7',o Idem. 27* ='8~ Sud.
aa''54'0. Octobre 1788 27°,$ Churntca.,,1-,
4<' 8'B. ) Océan At't-
Af)
3-' 44' A. aS* to' 0. Novemb. t788 N7' A~m.
4-'36'B* 53-'5o'Ë. Mai.t8oo a7'6 Perrins. (MerdettndM.
4-'44'A. a4°5t'0. ATrH.t8oo a6<4 jMem. "Oc~anAttant.
tt-ta'B. 37"4t'0. A~rM. t8&3 37°,! QneYedo.( ~t- t-
t," 3a' A. ag" 4,' 0. MaM Ho3 37-o ~m.("
n"58'B. B5°a6'0. Mart. t8oo a3°,9 Perfim.) n~Att.t
Avnt.t8oo Océan AHmt.
t~3o'A. A. a7°ao'0. 0- a5*,8 ~m.
15°24' B.
.5--a4'B. 44' O. Avril
39-'44'0.
39° AvrH.i8o3180.3 a3-8
s3°,8
23:,11 QueTedo. inc~Att~t
Océan Atlant.
t5-' 5o' A. 30" 34' 0. Mars. 18o3 a6-S ~m. AUant.
~–––––––––––––––––––––––––––––––––- QuevedQ.} .}
––––~–––––––––
a3<' o'B. a6<'5o'0. Mart. t8oo at'.o P~nns.
a3°4o'B. 41° 6'0. Avril. 1803 aa",i Qt~edo.
aa-' 5~' B. aa" i3' 0. Mn. 1799 ao°,o Humboldt. ~° Océan Atlant.
a3°a3'A. atfSWO. Mar!).t8o3 a~~ Qûevedo.
a3°a8'A. a~4~0. ATrU.t8oo a~~ Ferrins.< a
Mai.1800 J
a3'-3o'A. So-to'E. aa",o J'<&m. Merde~tndet.
3i° o'B.B. 79°37'0.O. ~tai.t8o4 at-.S H'MaboMt.
3faa'B. 15° 7'0. Octobre 1788 a3'6 Chon-ttca.
3t°58'B. ao°)o'0. Mars.t(ioo t~~ Penrms.
3t"3o'B. 38"45'0. Avril. t8o3 ao",7 Quevedo. ='t°,6 OcéanAttant.
3i'-3~'A. a8°a9'0. Marit.i8o3 a4",3 /</<-m.
3i<' o'A. a6"ao'0. Avril. t8oo ao*,5 Pemns.
3t°34'A. 46°56'0. Novemb.1788 ao-S Churrucà.
31° 4'A. 47<'4o'E. Mai. t8oo t9°,4 Pemn< Mer desIndes.
36°38'B. 4t° a'O. Mai. )8o3 19°,3 Queredo.
36-' ô'B. 76'-4t'0. Mai. i8o3 ao~o Humboldt.
36° 4'B. )7" .5'0. Juin.l7qa t5'a JMem.
33° !6' B. !o° B4' 0. Octobre t788 a3*,4 Churraca. 19°,8 Océan Atlant.t.
35°aa'A. 5o°3a'0. N«Temh.t788 t7°,o ~Mem.
3f!° 3'A. 17° 3'0. AvriL. t8oo t8*,8 Pet-nnf!
36° 5'A. 4t°58'0. Mai: t8o3 ao°,o Quevedo.
33° Sa'A. 1
94°5a'0, Février.. i8o3 aa°,o A!em. Mer du Sud.
4o"a8'B. 33°35'0. Mai. i8o3 t7°,t Q<tevedo.
4o°3o'B. 68°36'0. JniMet.. t8o4 i8°,7 Humboldt. (
4a"34'B. ~45'0. FéTrier..t8oo ~'t°,a PerriM. tT'S Océan Atlant.
4a°3o'A. 5o"3o'0. MaH. t8o3 tX«,a Quevedo <
40° 36'A. 48'-ao'0. Mars. t8o3 t$°,5 /~m.
40° 48' A. 93-- 56' 0. 'Février.. i8o3 7<~m.). } Mer de Sud.
i7°,o
CHAPÏT&E ÏÏÏ.
-A.' D~' .<f~<'1t:'f.i<L-
E~discut~nt,ces..obse~ ,0:' ~t~ ~!°P~
~m<).a~s, à,; pç 1 ;p,i~repatèr
des/tic~€st~~ee< .i'if,ji~1;1J;
daMt~ zpae temipër~e~~m~ chaleur. qui lui est cbtnmut
niquéëpar l'air.Les anomaliesquiscm~ prowiennent-peüt-~tre,en.partï~.
des variationsque subissent dans~n mêmelieu~m~ en dtSerehtesannées~
ïestentp~ratn~s moyennesatmospMnqaës des m~ j
Le tàbtea~précèdent ?1~ que !es idées que F~n se formegénéraiement
de la basseteNtperaturede l'hémisphèreaustrat, ne sont pas tput-a-faitexactes.
Près des pôles, et dans des ïatttudes très-ëtevées, le froid des mers est sans
doute moins grand au nord qu'au sud de t'equatear; mais cette dINërence
n'est pas sensibleentre les Tropique,; elle.l'est mêmetrès-peu jusqu'aux35
et 4o degrés de latitude.M. tHrwan 1est parvenu à un résultat analoguepour
l'air qui repose sur l'Océan, en prenant les moyennesd'un grand nombre
d'observationsfaites pendant l'hiver et l'été de chaquehémisphère,et con-
signéesdans les journauxde route des navigateurs.Depuisl'éqnateurjusqu'aux
34° de latitude australe, les hivers sont plus tempérésque sous les mêmes
para!!è!esdansl'hémisphèreboréal;et encoreparles 5t"sud, auxîlesMalouines,
le mois de juillet estbeaucoup moins froid que le mois de janvierà Londres.

onmémoire
~<y« !)M<ré
damles~Mïm.
tr&t-mtêreMant, de~cof!.~f&!B<&,
Vol.VIH,p.499.
2~0 Ï.ÏVBE ï.

COMPARAISONCEt-A tËBtPERATURE DE t,*A!R DAN~ Ï.E6 DjEOXNEM!SPHERES.


<' i

TBttt~nATOHZMOOafttitJCMMMt.
"°r 'm'
t.ANTODB. eorreapondaM. HémhpMre HémMph&re
aastrat. bM~L

Décembre. a8<o
o"–! 5"
Juin. a8'<,5

Octobre. a6'5
Avril. 27<55
"–––~– ––––––– ––.–.–- ~.–––––
Janvier. iq'5
j~t.
~5

Septembre. ao'~5
Mara. ao°,8

Décembre. i5°.4
3~
Juin. i5.,8

Février. ï7°,o
Août. i6<8

~fJuiUet. i8"3
Janvier. ]5'a

fJuin. i7".7
*° °

~Décembre.

~Juillet. ï5",5
S8" 6",a
Janvier.

Ces recherchesoffrent un grand intérêt pour l'histoire physique de notre


planète.La quantitéde caloriquelibre reste-t-ellela même pendant desmilliers
'Les observations
quiontservipourformercetableau
onttoutesétéfaites,
surmer,&t'eMeption
<)eceUesdontona dédoitla température
moyenne duparallèle
de 34".Cesdernières sontdues
auséjourdeM.Sparmannau capde Bonne-Espérance.
CHAPITRE !!ï. 2~t1
d'années?Les températuresmoyennescorrespondantesà dij9Krensparallèles
ont-ellesaugmentéou diminuédepuisla dernière révolation quia bonleversé
ta surfacedu globe? Nous ne pouvonsrépondre à ce$ questionsdans l'état
actuel de nos connoissances nous ignorons tout ce qui a rapport à un
changementgénéral des;climats, comme nous ignoronssi la pression baro-
métrique de l'atmosphère,si la quantité d'oxygène, si l'intensité des forces
magnétiqueset un grand nombre d'autres phénomènes, ont éprouvé des
changemensdepuis les tempsde Noé, de Xisutris ou de Menou.Comme une
variationlocaledans la températurede l'Océanà sa surfacepourroit être l'effet
d'un changementprogressifdans la direction des courans qui amènent des
eaux plus chaudes ou plus froides, selon qu'ils viennent de latitudes plus
bassesou plus élevées;de même,dan%une étendue de mer très-limitée, un
refroidissementsensiblepourroitêtre produitpar le conflitdecouransobliqueset
sous-marins,qui mélentles eaux du fond avecles eaux supérieures;mais on
ne sauroit tirer des conclusionsgénéralesdes changemensqui ont lieu sur
quelquespoints du globe, soit à la surfacede la mer, soit sur le continent
Ce n'est que par la comparaison,d'un grand nombre d'observationsfaites
sous différensparatlè)eset à dinérensdegrés de longitude, qu'on parviendra
à résoudrele problèmeimportant de l'accroissementou de la diminution de
la chaleurde la terre.
Pourpréparerce travail, il fautdétermineravecsoin, à une époquedonnée
le maximum de la températuredes eaux de la mer sous les tropiques, et
le/M/r<~eZc des eaux les plus cA<HM~. Nousavons prouvé que ce nMMwnMM
est, de nos temps, dans les parages plus éloignésles uns des autres, de
les
28° à 2f)° du thermomètre centigrade.Une postérité très-reculée décidera
un jour si, comme M. Leslie a tâché de h; prouver par des hypothèses
ingénieuses,deux mille quatre cents ans suffisentpour que la température
moyenne de l'atmosphèreaugmente d'un degré. Quelque lent que soit cet
accroissement,il faut avouerqu'une hypotM~e"d'après laquellela vie organique
sembleaugmenter peu à peu sur le globe, occupeplus agréablementnotre

Lescouransdel'Océan aénenagissent
comme lescottrans
detamer.En Europe,parexempte,
la températaremoyenne d'un lieu peutaugmenter,parceque des causestrès étoignees
font
changer le rapportentrelesventsdusud-ouest
etceuxdunord-est. Onpeutdemêmeconcevoir
un
changement partieldanslahauteur barométrique
moyenne d'unlieu,sansquecephénomèneindique
unerévolution généraledanslaconstitution
de l'atmosphère.
~n experirrlental M~t~y into <Aenature and propagation o~~Mtt, t6o4, p. t8t et 536.

~R<'&:<MMtA/~<!f7<7M~.yb/H. 3t
24a
24~ LÏVBEï.
HVHEt.
imaginationque les anciens systèmessur le refroidissementde notre planète
et l'accumulationdes glaces pdtatires.!La pbysiqTtëet 1a~ ont urne
partie purement con~ectarale~ et l'on diroit que Ïëssctences perdent de
leur attrait si l'on s'eiKbreeà restreindre cette partie conjeetuBetle
dans des
limites trop étroites.

ÉTAT HYGROMÉTRIQUEDE L'AIR.

Malgrélesdoutesélevésdansces dernierstempssur la précisionavec laquelle


les hygromètresà cheveuetà baleineindiquent !es quantitésde vapeursmetées
à l'air atmosphérique,oh ne sauroitdisconvenirque, mêmedans l'état actuel
de nos cdnnotssances,ces instrumenssontd'un grandintérêt pour an physicien
qui peut les transporterde la zone tempérée la zone torride, de l'hémiaphère
boréalà Ihémisphèreaustral,des bassesrégionsdelairqui reposent surlOcéan,
aux cimesneigeusesdes Cordillères.JatimjErois mieux, dit M. de Saussure
que l'on se servit de rinstrumest le ~lus~imparlait, d'u'~ fil de chanvre,
tendu par le poids d'urnepierre, que de négligerentièrement des recherches
on s'est encore -si peu occupé dans des voyages lointains. Sans
dont
discuter si des expériencesinexactes sont plus nuisibles an progrès des
sciencesque l'ignorancetotale d'un certain nombrede faits, je puis ainrmer
que plusieurshygromètres,construitspar M.Paul, à Genève, et réduitsde temps
en temps au point de l'humidité extrême3, m'ont iburni des observations
très-comparables entré elles. J'ai constammentpréféré l'ancien instrument
muni d'un seul cheveu, à celui de Richer, dans lequel plusieurs cheveux
agissentà la fois sur le cadran, et avecdes tensionsinégales.Je puis aflirmer
aussique tout ce que M. de Saussurea dit dans l'Essai -sur f~g~MM~~e,

.EM<HM<r/gnMt<'<rK~ 3M.
M.Péroupenseque«c'estdansj~~)j}t:on
ducapitaineBaudm quedeshygromètres,
pourla
fois,ontpassÉ
première »mais
l'Océan;)' avantcevoyage, et mêmelong-temps
avantle mien,des
observations avoient
hygrométriques étéfaitesdansl'expédition
de Lapérouse,
et an Bengal,par
M.Deluc,fils.
3 Jf'a*fait cette correction
chaque fois qu'il merestoit Quelque doute SU)-l'indicationde l'hygromètre.
J'ai employé l'immersion dMsl'eau de pluie, telteque M. Detuo
t'exige pour les bandelettes de baleine.
On sait que, même pour le cheveu, cette méthode de vénËcation
ne peut causer qu'une tégère erreur de
i à t*5 (&M~ 3~, p. 3~), tandis que les meilleurs hygromètres diNërententre eux souventdea°.Je
n'ai pu ramener le cheveu ou la bandelette de baleine au
degré de sécheMsseeMréme, faute d'un appareil
portatif que j'ai regretté de n'avoir pas faitconstruire avant mon départ, te conseilleaux
voyageurs de se
CNAPITRE Ïtt. 3~3
de la-grande durée de ses hygromètresportattïs~estextrêtnemen);exact J en
ai conservésans altérationpendant trois annéesde voyagesdans les ~br~tset
les montagnesde l'Amériquejnéridionak leur*marche avoit été véri&éeavant
mon départ, par JM.Pictet, sur cell&des hygromètresde l'observatoire de
Genève, et je les ai presque toujours trouvés &Q~" ou too°,5 lorsquej j'ai
pu lesexposerà un brouillard très-épais.
Commele 5o. degré de l'hygromètre à baleine corresponddéjà au 86.°**
d~gréde l'hygromètreà cheveu, je mesuis servi du premier sur mer et dans les
plaines, tandis que le second a été généralementréservé pour l'air sec des
Cordillères.Lecheveuau-dessousdu 65~*degré de l'instrumentde Saussure
accuse,par ,de grandes variations,.les plus petits obangemensde sécheresse.
!1a en outre l'avantagede se mettre plus rapidementen état d'équilibreavec
l'air ambiant. L'hygromètre de Deluc agit au contraire avec une lenteur
extrême;et, sur la cimedes montagnes,'commeje l'ai éprouvéà mon grand
regret, on est souvent incertain si fon na pas cesséd'observer avant que
l'instrument ait cessé de marcher. D'un autre côté,> cet hygromètre,
muni d'un ressort, mérite des éloges par la solidité de sa construction,
par la précision avec laquelle il marque, dans un air très-humide, le
moindre accroissementde la quantité des vapeurs dissoutes, et surtout
parce qu'il agit dans toutes les positions, tandis que l'hygromètre'de
Saussuredoit être suspendu, et- se trouve quelquefoisdérangé par le vent
qui soulèvele contre-poidsdu cadran. J'ai pensé que c'étoit rendre service
aux voyageursque de consignerici les résultatsd'une expériencede plusieurs
années.
Pendant toute la traversée, TAMmMK~ apparente de l'atmosphère, celle

l'hygromètre non corrige par là température, a augmenté sensi-


qu'indique
blement, malgré l'accroissement progressif de la chaleur. Au mois de juillet,
de Saussure
par les i3 et ï~ degrés de latitude, l'hygromètre a marqué, sur

munir d'une cloche étroite contenant de la potasse caustique de la chaux vive ou du muriate de
chaux, et fertnée à vis par un plateau sur !equBJH'hy(ptMnetresoit iixé. Ce petit appareit MFoit d'un
transport facite, si t'en avoit soin de te tenir tou~ouMdans une position perpendiculaire. Comme sous
tes Tropiques, l'hygromètre de Saussure se soutient généralement au-dessus de 85°, une vérification
fréquente dttMol point del'humiditéextremesufEt]eptus souvent pour rassurer l'obserrateur. D'aiUenrs
pour reconnohre de quel côté est t'erreur, il &ut serappeler que de vieux hygromètres <! on ne les
corrige pas, tendent à indiquer de trop grandes sécheresses.
n..w <r c*
2~ HVRE <.
le mermomeM~
mer, 88~ Qa degrés par un tempspari~temeat serein,
se soutenantà a4 degrés.Sur lesbords du!ac de Oenèye~, l'humidité moyenne
en
du mêmemois n'est que de 80", la chaleur moyenne étant'de~
réduisant ces indications hygrométriquesà une tempéràtuire~unï~rane, on
trouve que l'AMM~~ r~Z~, dans le bassin de l'Océan Atlantique équî-
!a=a 7.
noxial, est à l'humiditédes mois d'été, à (Genève,dans le rapport de
Cette énorme humidité de l'atmosphèreexplique, en grande partie, ta ibrce
de la végétation que l'on admire sur les côtes de l'Amériqueméridionate où
il ne tombe presquepas dé pluie pendant plusieursannées.
La quantité de vapeurschangeant,non avec l'élasticité, mais avecla tempé-
rature, on peut comparer. Oules quantités absoluesde vapeursque contient
l'atmosphère en deux endroits, ou les rapports dans lesquels se trouvent
ces quantités avec celtesqui sont nécessairesà ta saturationcomplètede rair
sous diSérensctimats.On connott, par des expériences sumsamment exacte~,
les capacitésde saturation de Fair à divers degrés du thennomètre; mats les
rapports qui existententre ratongementprogressifd'un co~s bygroscopique
et les quantitésde vapeurs renferméesdans un espace donné, n'ont point été
appréciésavec -lemême degré de certitude. Ce sont ces considérationsqui
m'ont engagé à publier les indications des hygromètres à cheveu et a
baleine, telles qu'elles ont été observées,en notant le degré des thermo-
mètres qui font corps avec ces deux instrumens. Pour faciliter ~usquà un
certain point la comparaisondes observationsfaites à diSérentes latitudes,
je consigneraiici un tableau qui' a été calculé par M. d'Aubuisson à
l'occasionde ses recherchesintéressantessur les coëmciensdes formulesbaro-
métriques.L'ensembledes résultats prouvequ'à mesureque l'on avancevers
léquateùr, l'air se rapprochede l'état de saturation. Ona choisi les époques
où ta température de la mer étoit à peu près égale à celle de l'air. Des huit
colonnesqui composentce tableau, la première offre l'époque de l'obser-
vation la deuxième,la latitudedu lieu; la troisième, l'état du thermomètre;

àcheveu
L'hygromètre étantbeaucoupptiMconnuquecelui&bateme, ona unique,pourcon-
serverunemarcheuniforme,tesrésultats l'instrument
d'après
hygrométriques deSMsmre,lorsmême
a été faiteavecceluide Delnc.Cen'estquedanste )om'mal!ntétéorptog!que
quel'observation
quel'on a désigné
l'hygromètreemptoyé pourchaque Lesnombres
séried'e~pér!encea. marquent
l'humidité
toujours le contraire
<t/)p<trente/si n'estpasexpressément
énoncé.
Sous la zone tempérée, sur le continent, les extrêmes sont comntmtément en été 67° et 88°,
la température de l'air étant de aG à 18 degrés centésimaux.
CN~M~E~H.:I~I. a4$
<.t- .t.t.Tt')t" 1.1
~qs~~t~M~ t.çJnqt1.e~ aç :la,, vapeur
cm~?~M~ mm ~m~S~a~ :~ttamt
;~1A1;iilième,
le p~ d6ïtt ~p~tt~~ .mè~e:'ü ,e, eû !ant.i~g4rdau
dfgf&~~Htygir~~ :.la
se~tx~e; .ép~ï~aei~~rdea d'eau/i
sero~~é~poï'~je&~nt~i~ l'a~c
i b.ianî :étoit,
remeli sec,;
la hmtlëme~
~aissc~ ~l'air,.lâ
'de.vapem'
indiquéep&rrhygrom~tre~.
RÉSULTATS
D~OSSÈ&yATïON8HT~&OM~TRïQUES FAÎTESDANS LEBASSIN
/DË.~bC&ANATLANTtQCE.

¡"
DU%-Tue, eo~tettuMttMMt'air,
emnnehemreentempt
!om<ttTAmo)t<
..oMMTA~o~
~)~~*° ThtnBexthtt tMtMtt!<))t.t<!tttta)tM.)'~t<MntMt.<r<tUtBttM.
:'?" HyeMm~tn. JI"
p)t,B<mK. <t)gmn)mM.&)pMmm.~n..t<imttM..J)m!)timhM
Qjaiaty~39<'ï~ i4",5 82° T~~ n.4 o,SS 0,~5
i5. 5o"36' ao'o 85' 20,0 16,? 0,74 o,~
1-6 29"i8' zo",o 83<8 20,0 t5,7 0,7~ o,t6
5o t8"S5~ zi",2 8f,S 2t,3 16,0 0,79 o,2o
4)<uMet. t6"t<~ aa'5 88'* a9,<) 19,4 o,85 o,i5
to t:54~ s4'o 89" 248 21,5 0,95 o,t5
ja to°46' a5~ 90" 26,7 85,5 1,01 o,ta
i4 tt" s5" 92° :6,8 25,8 0,98 0,09

Voicite: fondemeM du catcntde M d'Auba!<som:


<=: Indication dtt thenmomëtre cetHigrade-
j!<=ïndMia6omde l'hygromètre de Sttmare.
soit:

e == /Ï~T°~eesd<~te<Mtonnetdat*Mm)t~t&~demt~etdea~eespar!e9memeBtett~
-~)
-= force e!ast!quede la Mpenr dMsun <<5pace ~aiest tata<
D'après tea travaux de SattSsure, on trouve <ptela farce étastique, dansun espace 0& t'hygrotnetre
marf[~e~tdegré~est~(o,ot5~–o,47),tanttq<teft~>5o'Soito,ot5~–0,4~==~.
<Bh..
M. t~Ptaeedonne,o'apreale) e<pénen<:esdeDatten, <f=o,oo5t:3x(to) '?97"°M<'6''5<
(Jmc.e~T.ÏV.p 373.)Det4omco<tdM:
taa<,8 tniHhn.
.+t.oo375'~='==*~ e~~<-(*).
2~6 3LÏVREX/

Il résultede l'ensemblede cesrecherchesque st les vapeursque l'air conttent


ordinairementdansnos latitudes moyennes~forment environ les trois quarts
de la quantité nécessaireà sa saturation, dans la zone torride cette quantité
s'élèveaux neuf dixièmes.Le rapport exactest de 0,78 à 0,88. C'est cette
grande humidité de l'air, sous les Tropiques,qui fait que l'évaporationy
est moins forte qu'on ne devroit le supposer, d'après l'élévation de la
température. <
J'ai été souvent surpris, pendant cette traversée,*etplus tard dans le vaste
bassinde l'OcéanPacifique,de ne pas voirihygromètre s'approcher davantage
du point de l'humidité Cet instrument a été quelquefois, loin des~
côtes, à 83°; et, généralementdans!a zoneéqninoxiale,il s'estsoutenuentre go
etga degrés.D'après lestàbleaux météorologiques,publiés parMM.Langsdorf
et Borner, on voit que, dans l'expéditionde Rrusenstern,de même,que dans
celle de Lapérouse, l'humidité apparente a été trouvée de 88" à <)2".Les
extrêmesont été 83° et g~°, ce qui est conforme à mes observations.U
est vrai que, d'après les recherchescurieusesde M. Cay-Lussac,!hygromètre
ne peut jamais marquer au delà de 90" dans un air qui est en contact avec
unesolutionsaturéede muriatede soude; maispartout t'eaude la mer s'éloigne
tellementde l'état de saturation,que te selqu'elle contient changeroità peine
d'un degréle point de l'humiditéextrêmequepeuventatteindrelesbassescouches
de l'air dans le bassindes mers. Ce point seroit indiqué par l'hygromètre, si
la tranquillitéde l'atmosphèren'étoit pas troublée par des courans.
Le vent, en déplaçant tes~notécutesdet'air, ne fait pas aller le cheveuau
sec, comme il fait baisser un thermomètreexposéau soleil en enlevant les
couchesd'air fortementécbaunees.Desexpériences nombreuses"deM.de.Saussure
prouvent que l'air agit de la même manièresur les substanceshygroscopiques,
qu'il soit en mouvementou en repos; par conséquentl'influencedes vents
horizontauxet descendansne devientsensibleà l'hygromètre,qu'autant que ces
ventsamènentdescouchesd'airmoinschargéesde vapeurs.Si descouransobliques
s'établissent,soit par une accélérationsubite dansle décroissementdu calorique,
soit par le conflitde plusieursvents, soit par desphénomènesélectriques~les

Jtf&Tt.de f~M~. de 7'~<eM&oMy,T. 1, p. 454. J'ai cprrigé les indications de l'hygromètre <!e
Deluc, dont seservoienttes voyageurs russes.Le 76.°* degré correopondoit,dans cet instrument, an point
de l'humidité extrême. Leshygromètres de Lamanon étoienthien TêriSés,
pnisno'ibindiquoient too et
10) degrés dans une brume épaisse, ~o~a~'e~e Lapérouse, T. IV, p. x6).
7?Mf~sur l'Hygrométrie, l5o-l56.
CHAPITRE
ÏT~. ~47
<
couchessupérieures de 1 atmosphèrese mêlentaux couches tnteneures. Les
mouvemensjointsauxventshorizontauxqui traversentdëgt~nd~cantinens avant
de parvenirdanslebassindesmers,tendentperpémellementàë~i~Bef l'hygromètre
du point extrêmede la saturation.Peut-être aussiles courànspolairesqui, par
i'enetde larotationdu globe,semblentprodaire~'apparenee des ventsalises, ont-
ils trop de vitessepour que l'air qu'ilsamènentpuisse, sous chaqueparallèle,se
charger de toute la quantité vapeurs correspondante sa température.
de à
Lesphysiciensqui ont suivi long-tempsla marchede l'hygromètreen pleinair,
savent combien il est rare, à moins qu'on ne soit dans un brouillard épais,
de voir ces instrumensà too". Pendant les pluies les plus fortes, et même
au milieu des nuages, l'hygromètre à cheveu se maintient souvent entre
go et <)5degrés Dans ce cas, l'air interposé aux gouttes d'eau on à la
vapeur vésicuiairc,est loin d'être saturé, et je doute que l'atmosphère, en
conservantune partaitctransparence,atteignejamaisle fKa.r//MMM de l'humidité
que nous produisonssous nos cloches.M. de Saussure, après avoir exposé la
longue série de ses expériencesmanométriqueset hygrométriques,faites à
différensdegrés de température, convientlui-même que les deux derniers
degrésdeson instrumentne sont peut-êtreque des degrés de supersaturation
et que la quantité de vapeurs que peut contenir un certain volume d'air
libre, est probablementplus petite qu'onTtedevroitl'admettred'aprèsdesessais
faits dans nos laboratoires2.
Les nntnraHstes qui ont accompagné le chevalier Kruse!~tern dans son vovage
autour du monde, assurent que l'hygromètre de Deluc a servi aux marins
à prévoir le mauvais temps pendant la traversée des iles à Nangasacky,
Washington
et partout dans la zone torride ou les
changemens de l'atmosphère ne sont presque
sensibles le baromètre. D'un autre côté, M. Péron dit
pas pour qu'il a vu

M.de Saussurel'a observé même une fois!<84°,~ pendant une ondée énorme. Essai 3~6, p. 3at.
D'un autre cote, M. Uetnc a trouvé que ses hygromètres qui, ptongé~ daf)~ feau,
marquoic~t iou', se
soutenoieuta83'3 lorsqu,'onles plaçoit sousune c)oc).c remplie d'air atmosphérique, et dont tes
parois
étoitot constamment humectées. En voyant, dans mon Journal de route
que l'hygromètre de Deluc s'est
le
maintenu plus souvent entre 60 et 65 degrés, il &ut se rappeler que,
pour cet instrument, le point
de saturatMti dans l'air n'est pas à )oo, mais environ à 84 ou 85
degrés. Idées mr J~~on)~<
178fi, T. p. ya; T. H, p. 4y3. i7r~M, ~œt&.< de historia nt~r~, i8o3, p. aaq.
En déterminant le point de l'humidité extrême, on ~roit que l'air de la cloche n'est
point encore
saturé quand dé)a tes vapeurs se précipitent d'une manière
presque imperceptible. (&MMMM,Essai,
S. [07 et 123.) M. Gay-L)MMca fait voir que ta propriété hygroscopique du verre devient une source
d'erreurs difficile:<éviter.
2~8 HVREÏ.
constammentbaisser le baromètre sur mer, lorsque l'hygromètre à cheveu
avançoit vers l'humiditéextrême.Je n'ai eu occasion de véri&erni l'âne ni
l'autre de-ces assertions.

COCM:OR DU'C!Ët,ETCOtHECR
AZCREE DELAMERASASCBFACË.

Les mesurescyanométriquesque renfermecet ouvragesont je crois, les


premièresque l'on ait tenté sur mer et dans les régionséquinoxiales.L'instru-
ment dont je me suis servi avoit été comparéà celui de M. de Saussure.
J'avois eu la satisfaction en ~5, de consulterce savant illustre sur mes
projets de voyage et il m'avoit engagé à faire, hors de l'Europe, des
observationscomparablesà celles qu'il avoit recueilliesdans la chaine des
hautes Alpes'.
Je ne rappelleraipasici la théorie du 4yanomètreet les précautionsnéces-
sairespour éviterleserreurs.Quoiquecet instrumentassezimparfaitsoit encore
peu répandu, les physiciensn'en connoissent~as~moinste priocipe ingénieux
sur lequelse fonde la déterminationdes points extrêmesde l'échelle*.Pour
m'assurer~par une preuve directe, si les observationscyanométriqhessont
comparablesentre elles, j'ai souvent essayéde placer l'instrument entre les
mainsde personnesqui davoientaucunehabitude de ce genre de mesure, et je
n'ai pas vu que leur jugement, sur les nuancesdu bleu vers l'horizonet au
zénith, différâtde pins de deux degrés.
Les chasseursde chamois~et les pâtres de la Suisse ont été frappés de
tout temps de l'intensitéde couleur quoffre la voûte célestesur le sommet
des Alpes. Dès l'année t~65~ M. Deluc fixa l'attention des savans sur ce
phénomène dont il a développé les causes avec autant de justesseque de
simplicité. Dans le bas de l'atmosphère, dit-il 3, la couleur de l'air est
toujours plus pâle et affoibliepar les vapeursqui, en même temps, dispersent
davantagela lumière.'L'air des plaines devient plus foncéquand il est plus

M.Leslie
a énoncé ce même<!ésirdanssonouvragesurla .Pnyaga~KW dela cAa/eMr,
p. 44a.
de?~r<n,T. tV,p. 409.Journalde~A~tte, T. XXXVtH,p. 499.~yo~Bt<&MM
Jt~motreo
les~~<, 2o86.Essai la CMfgT-ttpAte des~/<Ht<M~tSo~,p. toa. Bouguer
paroîtdéjàavoir
eul'idéed'uninstrument semblable,
maisd'unusage
plusgëméraLEn dela lumière
parlant renvoyée
parlesmoléculesd'air,il dit « Ondevroit commetermede comparaison,
employer, destablettes
dedifférentes
peintes couleurs. x 7~~ d'Optique,
p. 56S.
3 Recherches sur les modifications de l'atmosphère, S- 93t.
CHAPïTREÏH. ~49

pur, maïs H n'approchejamais de la'teinte vxveet &ncéeqae ron remMque


sur les montagnes.» Um'a~paruque, dans lachaîne des Andes,ceaapparences
Sjnt moinsd'impressionsur l'esprit des indigènes,sans doute parce qoe ceux
d'entre eux qui gravissent tes cimes des Ck~iUërespoury prendiiede la
neige, ne viennent pas de la région des mais de plateaux qui, eux--
mêmes, sont élevés de douze ou quinze cents toises au-dessus du niveau
des mers.
En examinantlesobservationscyanométriquësconsignéesdansmon journalde
etd'A~riquejusqu'àcellesde l'Amé-
route, on voit que, depuisles côtes d'Espagne
riqueméridionale,la couleurazuréedelavoûtecélestea augmentéprogressivement
de ï3 A a3 degrés.Du 8 au 10 juillet, par les t2 ? et t~ degrésde latitude
le ciel a été d'une pâleur extraordinairesans que des vapeurs concrètesou
vésiculairesaient été visibles.Le cyanomêtre n'a indiqué, au zénith, entré
midi et deux heures', que t6° à ~°, quoiquetes jours préeédensil eût été
à 22".J'ai trouvé, en général, la teintedu ciel plus (bncéeaousla zonetorride
que dansleshautes latitudes; maisj'ai constatéaussi que sur le même parattète,
cette teinte est plus pâle au large que dans t'intérieur des terres.
Commela couleur de la voûte céteste dépend de l'accumulationet de la
nature des vapeurs opaques suspenduesdans t'air, il ne faut pas s'étonner
si, pendant les grandes sécheresses,dans les steppes de Vénézuétaet du
Meta, on voit le ciel d'un bleu plus foncé que dans le bassin de l'Océan.
Un air très-chaud et presque saturé d'humidité s'élève perpétuellement de
la surfacedes mers vers les hautes régions de l'atmosphère ou règne une
température plus froide. Ce courant ascendànt y causeune précipitation,
ou, pour mieux dire, une condensationdes vapeurs. Les unes se réunissent
en nuages, sous la forme de vapeurs vésiculaires, à des époquesoù l'on
ne voit jamais paroitre de nuages dans l'air plus sec qui repose sur les
continens;d'autres restent éparses et suspenduesdans l'atmosphèredont elles
rendent la teinte plus pâle. Lorsque de la cime des Andes on tourne ses

I<esobservations
outtoujoursAéfaitesauzénithmême ouprèsduténith,maisdes ép<Mjnes
oùle soleil dela partieducieldontonmesurait
étoitéloigné delacouleur
t'intensité bleue.Ato
ouïa degrés dedistance,autourde l'astretesteintesontonepâleurlocale,comme aucontraire
ellesontuneintensité
localelorsqu'on
aperçoittebleudu ciel soitentredeuxnuages ouau-dessus
d'unemontagne couvertedeneige,soitentretesvoilesd'unnavireouentretescimesdesarbres.
Ilestpresque
inutiled'avertir n'estqu'apparente,
quecetteintensité etqu'eueestl'effetd'uncontraste
dedeuxcouleurs dediSefens tons.
Relation At~Of~He~ ?0/M. 33
t.
s
a$9 .t.t~R.z'

regards vers la mer du Sud) on ap~~it~spt~e~t'~ne~~ y n~niforrném`ent


à coinme~Mt
répandae; quinzeoudi'xJmit'~ceBits.~o~es-'dé' h~Mtëur~-ë~co.u~attt,
la
voileMger, suè~oede l'Océan. <6ëtte~ ltéu~de~i û~e~aâisôri~'
ïciû
,1'air, vu des côtes et an ~ge, para~ pa~ et par~iïemëa~t~ot~-aussi
l'existencede ces v~pe~nm c'pa'qNës~ûës'ao~nce Au~ que roi
lé peu d'intensité QM'oSm; ia co~e~ azarée da ciet. Noa~~aroasi occàStOM~ i
dans la suite, de revenir sur ces phénomènesqui modifient l'extinctionde
!a !umièrë, et qui, sentMaMesa~xhi~uiMardsque ïè peopIëap'peMë~
restent teHement circonscntsaMxha~t~régions de l'atmosphère que nos
hygromètresn'en éprouventaucun changementsensiMe.
J'ai répété,plusieurstbis~dans ta partie equiBoxiatede l'OceaMAtlantique,à
les expériencesque M. de Saussurea ~Kte~scrie décroisseBM'nt de t'ihtënsitë
de couleur observée depuis le zéaith Jusqu'à l'horizon. Le 4 ]umet, par
les t6" 19~ de latitude, ieael étant du bleu le pimspur, le thermomètre se
soutenantà 22°, et l'hygromètreà 88~ j'ai trouvé, vers midi:

à t" de haMtear 5" du cyanomètre.


to" 6"
to° 10°
50" t6",5
~0° i8"
6d~ a:
entre yo et 90° 25°,5.

Le 3o juin, par les~iS" 53~ de latitude, le thermomètreétant à B!2,


et l'hygromètre à 8t°,5, le décroissementcyanometriqueavoit été un peu
moinsrégulier:

à de hauteur 3",5 ducyaaomëtre.


10° 4~
2o° 8«,5
3o" t s*'
'45°~ ~5«,5'

5~" i8<5
60" 21"
entreyo'*etQo° as"~
Ce décroissementa beaucoup de rapport avec celui qui a été observéà
Il~ <t~
cBA~~M~n~ ~Sï'
~t~t.a~jt~o~ ~caïcat.
~C0an~~<e'l'un ~~yM~~tv~
tiqBe.)maM q~ ~.j[~,i~a~)r)~~)ja~~
han~Hr.t~JK~O!s~
à,us.e desvap~uM.qut~posen~aa~a~a.
tes rayonsbt~s.,nou&~s~ïMm!j(~ ~MH<M~'que,pr~~des''
côtes,à égaledistant dn~~th)!a~T~ rdqçielparott foncée du c&t~
du contmentquedu~coté déclamer. n
La quantité de vapëum qui ~odinent~l en rémé-~
chissantde ta lumière blanche, change~u matin au soir; et le cyanomètre,
obse~ att zënith on près de ce pointa indique~avec aMezde précision,tes
variationsqaico~fespondent aux d~~Mntesheutesdajour:

,.J Vï' X' ?<?.? .V'~


M~4e t$''55< ai" aa",4 M* 18°
17"
t6° 19~ ïg*' aa~ sS~SaS~so*5
i5" at~ tS" t6" ty" ïy" ï5«,8

Je n'ai pas~eataretrancher b dernière observation,celle dn8 jniUet,quoique


le clé!,par une anomaMe bizarre, ait paru, ce )OurQà,aussip~tequ'on le voit sur
le continent,dans la zonetempérée.Lesoteit étanta égaiesdistancesdu méridien,
lesteintessont plus <bncéeste soir que le matin, sans doute parce que te nMU~-
TnMfn de la températuretombe entre une et deuxheures.Je n'ai pas remarqué,
commeM. de Saussure, que te cyanomètretut régulièrementmoins étevéà
midi que quelque temps avant le passagedu soteit au méridien; maisaussi
je n'ai pu me livrer, avecautant d'assiduitéque lui, à ce genre de recherches.
Il ne faut pas confondreles mesurescyànométriquesavec les expériences
que Bouguera tentées, au moyen de son ~Mcwtetn', sur l'intensité de ta
lumière dinuse ou réfMchiepar l'air. Cetteintensité contribue sans doute à
modi&erla teinte plus ou moinsazurée de ta voûte céleste; mais les deux
phénomènesne dépendentpas directementdesmêmescauses,et il y a un grand

dejMt~t~, T. t/VM,p. 3?a.


Jb<<roo<
Observations deGen~e
cyanométnqaes
Yt'- X'' MMiU'' VI"
t4°,7 aa"~ 39°,& ao°,e t7*.
t
aS~ Ï.ÏVHE t.

nombre décirconstancesdans lesqu$!!es<Vintëns~dèSI~t~~ aérienmewest


très petite, tandis que le cyanOmetreindtquè dM t~!htës plus fbncéea.
M. Leslie a observé, par exemple, à soh~ phot~metrè~qoë la lumière
diffuseest moins (brte, lorsque le ciel estd'an Nea tres-pnr et ~es-fon~~
que lorsqu'il est légèrementvoilé par dea~vapeurs trmsparentes~D~~
sur les montstgnesott l'intensité de la lumière directe est bplaa! grande
la !umièreaérienne est très-foible, parce que les rayons sont ré&échispar
un air moins dense.Une teinte très-fbncéey corresponda la <b!Messede là
lumièrediffuse,et ~aspectdnciet ressëmBterbit, surlesmontagnes,&ce!uiqu'oHre
la voûte célestedans lesplaines, îofsqu'eHeest éclairéepar la foible htmièrede
la lune, si l'état des vapeursaqueusesne produisait pas une diSerencesensIMe
dansla quantité de, rayons Mânesréfléchis vers lesbasses régions de h terre.
C'estdans ces réglonsque les vapeursse condensentaprès le coucherdu soleil
et que des couransdescendanstroublent TéquiÏibr&de température qui s'est
établi pendant !e jour.5nr le dos des<3ordIuères,razurdacieïeMmoinsmê!éde
blanc,parce que l'air y est constammentd'une sécheresseextrême.L'atmosphère
moins dense des montagnes, édairée par ta vivetumière du soleil, réfléchit
presque .aussipeu -de rayons bleus que l'atmosphèreplus dense des plaines
éctairéepar la foible!umièrede la tune. H résulte de ces considérationsque
l'on ne devroit pas dire, avecM. de Saussureet d'autres physiciensqui ont
récemmenttraité cet~ematière, que l'intensitédu bleuest plus grande sur le
sommetdes Alpes que dans les plaines, la couleur du ciel y est seulement
plus (bncée~moinsmêléedetblanc.
Si l'on dirige le cyanomètre vers des paTtiesdu eiel très voisines du
soleil, l'instrument indique, près du zénith~ des teintes aussi fbibles que
celles que l'on observe près de l'horizon. Les causes de cette pâleur sont
très-dinerentes.Prèsdusoleil, une lumière trop intense fatigue nos: organes,
et, l'ceil ébloui par la quantité de rayons blancs qu'il reçoit à la fois,
devient presque insensibleà l'impressionnes rayons bleus. A l'horizon~ au
contraire, ce n'est pas l'intensitéde la lumièreaériennequi fait pâlir la teinte
azuréedu ciel avant le coucherdu soleil, ce phénomèneest produit par la
lumièreblanche que réfléchissentles vapeurs condenséesprès de la surfacede
la terre.

OnjM'op~ga~ïonof AMt~p. 44t.


*J~f&tee,~<Mtn.c~<!<e,T.tV,p.a8a.poH<tO)t<&<m<)f&tJMbttA~p.96.
CHAPITRE nr. ~S3
Bonguera fait l'observationcurieuseque, le soleilétant a ï5 on 20 degrés
de hauteur,,il y a, surent parallèlea l'horizon, deux;parttë&dtnciel éloignées
de l'astre de ïï0 à tao degrés, où l'mtensité est à son MMMMMMt~ tandis
qu'on observele M<M"~MMm dans un point diamétraflement opposé au soleil
Nous pensonsque cette circonstanceintimepeu sur l'exactitude des mesures
cyanométriquesfaites dans la zometorride; car plus le soleil est élevésur
l'horizon,et plus il y a d'uni~rmité dansla distributiondelà lumièreaérienne'.
Il paroit même qu'une partie du ciel peut réfléchir une quantité de lumière
plus ou moins grande, sans que le cyanomètreindique une teinte plus ou
moinsfoncée.
Je ne m'étendrai pas davantage sur les rapports qui existent entre les
résultatsobtenus par le cyanomètre de Saussureet le lucimètre de Bouguer.
On sait que cette matière appartient aux recherchesles plus délicatesde
l'optique; et la teinte du ciel mérite d'autant plus l'attention des physiciens,
que tes expériencesingénieusesde M. Arago ont prouvé récemment que la
lumièreaérienneest composéede rayoss qui ne sont pas de la même nature,
puisqu'elleen renfermequi ne sont pas susceptiblesd'être polarisés~
Si le cyanomètreindique, je ne dirai pas la quantité, mais l'accumulation
et la nature des vapeurs opaques contenuesdans l'air, le navigateur a une
manière plus simple de juger del'état des basses régions de l'atmosphère.
I) observeattentivementla couleur et la figuredu disque solaire à son lever
et à son coucher. Ce disque, vu à travers les couches dair qui reposent
immédiatementsur l'Océan, annonce la durée du beau temps, le calme
ou la force du vent. C'est une espèce de ~Mt~~MOTHefredont les indi-
cations ont été interprétées, depuis des siècles, avec plus ou moins de
succès.Sousla zone torride, où les phénomènesmétéorologiquesse succèdent
avecune granderégularité,et où lesréfractionshorizontalessont plus uniformes,
les pronosticssont plus sûrs que dans les régions boréales.Une grandepàteur
du soleil couchant, une couleur blafarde, une dénguration extraordinairedu
disque y sont des signes de tempête rarement équivoques,et ton a de la
peineà concevoircommentl'état des bassescouchesde l'atmosphère~que nous

Traitéd"Op<t~tM~
Bouguer, p. 71et 3<?~.
f&M~ p. 74.
~<ye~ la description de l'appareil auquel. Saussure a donné ce nom, dans tes jtjRaMtTMde Turin,
T. IV, p. 425.
t
20~ t.ïVNEÏ.
révèle ce diaphanomètrenaturel, peut être aussi intimement Ué à de$ chan-
gemensmétéorologiquesqui pat lieu huit ou dtxheufes après le couehef
dusotei). 'i~. '<
Les marins, plus.encorequeles habitaosde la campagne, Ont perfectionné
la connoissancephysionomiquedu ciel. N'apercevantque la surface.de
l'Océan et la voûte céleste qui semble reposer sur elle, ils nxent per*
pétuettement leur attention sur les plus petites modificationsqu'éprouve
l'atmosphère.Parmi le grand nombre de règles météorologiques, que les
pilotes se transmettent comme par héritage il y en a plusieurs qui
annoncent beaucoup de sagacité;et, en général, les pronostics sont moins
incertains dans le bassin des mers, surtout dans la partie équinoxiale de
1 Océan,que sur le continente où la configurationdu sol, les montagneset
lesplainestroublent!a régularitédes phénomènesmétéorologiques.L'influence
des lunaisonssur la durée des tempêtes, l'action que la lune exerce à son
lever, pendant plusieursjours de suite, sur la dissolutiondes nuages, la
liaison intime qui existe entre les abaissemensdes Baromètres marins et
les changemensdu temps et d'autres faits analogues, se manifestent à peine
dans t intérieur des terres comprises dans la zone variable, tandis que
leur réalité ne parott pas susceptibled'être niée par ceux qui ont navigué
long-tempsentre les Tropiques.
J'ai tenté d'employerle cyanomètre à la mesurede la couleur de la mer.
Quoique cette couleur soit le plus souvent verte, on n'a pas besoin d'un
chlorométre pour évaluer l'intensité de sa teinte. Il ne Sagit, dans cette
expérience,que du ton de couleur, delanuanceplus ou moinstbncée,et non de
la nature individuelleou de la qualité de la couleur.Par un beau tempsserein,
la teinte de l'Océan a été égaleau 33.°' au 38.°", quelquefoismême au
~°" degré du cyanomètre, quoiquela voûte du ciel fût très-pâleet atteignit
à peine te t4°*°ou i5.°" degré,Il seroitinutilede répéter cesexpériencesquand
l'atmosphèreestchargéede nuages,ou a l'èmbrc queprojettele corps duvaisseau.
Lorsqu'au lieu de diriger le cyanomètre vers une grande étendue de mer
libre, on fixe les yeux sur une petite partie de sa surface à travers une
ouvertureétroite, l'eau parott d'une couleurd'outremersuperbe.Au contraire,
vers le soir, quand le tord des vagues, éclairé par le soleil, brille d'un vert
d'émeraude,la face, du côté de l'ombre, a un reflet pourpré.
Rien n'est plus frappant que les changemensrapides qu'éprouve la couleur
de l'Océan par un ciel clair, et sans que l'on observeles moindres yaria-
CBA~lf&E tïï.
tiens dans l'atmosphère. ne parle pas M; de ta teinte MtetMeet Mahcnàtre
qui caractériselés eauxde sonde et tes bas fendf, et qat ne pent être doe
qu'au sable suspendudans 1~liquide, puisqu'eUese iroave dans des parages
où le fond, &vingt ou trente brassesde profondeur, n'est aucamen)~~ visible
je parle de ces cbangemeMeXtraot'diaaires par lesquels, au, milieu du vaste
bassinde l'Océanéquinoxial,l'eau passe du bleu d'indigoau vert le plus 6)ncë~
et de celui-ci au gris d'ardoise, sans que l'azur de la voûte célesteou ta
couleurdes nuagesparoissenty influer.
La teinte bleue de l'Océan est presque indépendante du reflet duciel.
En généra!, les mersde~ Tropiquessont d'un azur plus intense et plus pur
que les mers situéessous de hautes latitudes, et cette différence se fait
remarquerjusquedansle Gulf-stream.L'Océanrestesouventbleu, lorsque, par
un beau temps, plus des quatre cinquièmesde la voûte célestesont couverts
de légers nuages blancs et épars. Les sayans qui n'admettent pas la théorie
de Newton,surla coloration,considèrenttebienducietcuutmelenoir det'espace
vu à traversun milieudont la transparenceest troublée par des vapeurs 1;
ils pourroient étendre cette explicationà la teinte bleuede l'Océan.
Tout ce qui a rapport ta couleur de t'eau est extrêmementproblématique.
La nuanceverte deseaux de neigequi sortent des glaciersdes Alpes, et qui
contiennenttrès-peud'air dissous,pourroittaire croireque cettecouleurestpropre
à reau danssa plus grande pureté.C'esten vainqu'on sadresseroità la chimie
pour expliquerce phénomèneou la couleurbleue du Rhône près de Genève.
Rien ne prouve jusqu'iciqu'il existe des eaux ptus ou moins hydrogénées,et le
refroidissement des mersdansles tempêtesest beaucouptrop foible pour que
l'on puisse attribuer au simple changement de densité la rénexion de
rayons diversement colorés. Mn'est aucunement probable que la couleur
vertedes eaux soit due au mélangedes rayons jaunes du fond et des rayons
bleusréfléchispar l'eau 2; car !a merest souventverte au large, où elle a plus
de 800toisesde profondeur.Peut-être, à de certainesheuresdu jour, lalumière
jaune et rouge du soleilcontribue-t-elleà la colorationen vert 3. Les vagues,

1Antonio
de Dominis,
LaHireetM.deGûthe(Mémoires T. IX, p. 6l5;
<&<e<t<~nMe,
T. p. )
T-hr&MMre,
<D~at/eégyptienne, Vol. t~p. tôt.
Labellecouleur bleu-verdâtre qu'offrela glace lorsqu'on la voit en grande masse, est an phénomène
bien (Ugne de recherches, et connu de tous les physiciens qui ont visité les glaciers des Alpes.
a56
.cil" ïItVREt.
semblablesà des miroirs mobileset inc~hés, revêtent pï'ogt'eMivementte)*
nuages.et les teintes aériennes,~depuisïe zéni!<jhjusc[U%
l'horion. jLe mou-
vement de la surface de l'eau modiâe la quantité de Ïu~ejpe qui pénètre
vers les couchesintérieures, et l'on conçoit que ces chaageMensrapides de
transmission,qui agissentpour ainsi dire conune des changemensd'opacité,>
peuvent, lorsqu'ils se réunissent à d'autms causesqui nous sont inconnues,
altérer la teinte de l'Océan.

DEI/AtGC!U.E
INCLINAISON AIMANTÉE.
INTENSITÉ
DESFORCES
MAGNETÏQPES.

Les variationsdu magnétismeterrestre appartiennent à un genre de phé-


nomènesdont je me suis occupé, avecune prédilectionparticulière, pendant
le cours de mes voyageset dans les années subséquentes.Les objets vers
lesquelsj'ai dirigémesrecherchesont été, ï." l'inclinaisonde l'aiguilleaimantée;
2.~la déclinaisonou l'angleque fait le méridien magnétiqueavecle méridien
du lien; 3." lesvariationshorairesde la déclinaison; l'intensitédes forces
magnétiquesmesuréepar la durée desoscillationsd'une aiguillehorizontale ou
verticale~. L'étenduede la surfacedu globe, dans laquellej'ai pu déterminer
les phénomènesmagnétiquesavec les mêmes instrumens et en employant
des méthodesanalogues,est de ït5" en 'longitude;'elleest compriseentrera"
de latitude boréale ét t2" de latitude australe. Cette vaste région offre
d'autant plus dintérêt qu'elle est traversée par l'équateur magnétique; de
sorte que, le point où lindinaison est zéro, ayant été déterminéà terre,
et par des moyensastronomiques, on peut, pour les deux Amériques,
convertir, avec précision, les latitudes terrestres en latitudes magnétiques.
Cetteconversion,indispensablepour l'étudedeslois compliquéesdu magnétisme,
est au contraire très-hasardée, lorsqu'on compare des observationsd'incli-
naison faites sur des méridiens très-éloignés les uns des autres, et lorsque

Quandonmesure fintenshéparlesoscillations
dunettgMUe, daMun planhonMMal, il rapt
lesrésnttats
corriger parl'inclinaison
observéedamle mêmetien.Cettecprrectiottdevientinutile
emploie
lorsqu'on unea'gttute~d'tncMnMMnqut
faitdesOtcHtattoM
d'Mtophnduméridien magnêtinme.
Dameuta ~enombredecesoficiUatMms, comparé aunombre deceUe< que faitla mêmeMgaiHe
dansunplanperpendiculaire
au méndien magnétiaue détermme
t'incUnaiMn
duMen. Cettem~thede
detrouverl'inclinaison
paruninstrument sanslimbedivisé,
oHteplusdeprécmiott de t'eqhateur
prés
quedanslesrégions
magnétique elleaservi
boréales; à venSerl'eMetitnde
d'une
partœdemes«bservation!!
avantmonretouren Europe,
puMiées, parM.deLalande. (~oMta.~efAy< T. UX, p. 499.)
CHAPÏTRE Uï. ~~7
1
'1 ·_n_
t'en regarde réquateur magnétiquecommema grand cerclesanstnnexton et
sans:irrégularitéde courbure.
~aigré !e perfectionnement considérabteque MitcheHetNaimeavoientapporté
dans!aconstructiondesboussolesd'incjUnaison, ces instrumens,avant tannée ï 79~j
n'~toteatpointencoreparvenusàcedegrédeprécistonqu'ils ontatteint aujourd'hui.
Si La Caille, Dalrymple, Coo!t,Bay!y et lord Mutgrave, sont parv~ il
obtenir d'excellensrésultats, c'est qu'en habiles observateurs,its ont multiplié
les vérificationset pris des moyennesd'un grand nombre d'expenences.Les
boussolesde l'expéditionde Lapérouse étoient celles,dont le capitaine Cook
s'étoit servi dans son dernier voyageautour du monde.On doit croire que
ces instrumensétoient dérangés ou d'un usage assez difficile; car les incli-
naisons observéesà bord de l'~f/io&ï&e~diSèrent souvent de 5, 6 et 8
degrésde cellesque l'on a obtenuesle mêmejour à bord de la Bou~-fo~.C'est
cette incertitudequi avoit engagéle célèbreBordaà s'occuper,conjointement
avecM.Le Noir, du perfectionnementdesboussolesd'inclinaison.Ce géomètre,
auquel t'astronomie~st redevablede l'usagedes cerdes répétiteurs, est aussi
cetuiqui a facilitéaux voyageursles moyensde faire desobservationsprécises
sur l'inclinaisonmagnétique.La boussolede Bordaa été employéeavec succès
dans l'expéditiondu contre-amiral d'Entrecasteaux,dans celle du capitaine
Baudin, et dans les excursionsde M. Nouet en Égypte. Si t'on ajoute les
résultatsobtenus dans ces diuérensvoyagesà ceux que j'ai réunis, pendant
sept ans, dansles deux Amériques,en Espagne,en France, en Italie, en Suisse
et en.Allemagne,on aura une grande massed observationscomparables1 entre
eMes,et dignesd'exercerla sagacitédes géomètres.

Les obtervatMMM d'inclinaison &itM par MM. de Rossel, Freycinet, Nouet, Gay-t~Moacet moi
sont d'autant plus comparables qu'elles embrassent une période de temps assez courte. Le Monnier
(JLcMt<«m<t~n~<MBM,p.S7) et lord Mnlgrave( ~o~<o lhe North 7'o&, p. 68.) admettaient encore
l'invariabilitéde t'indiniusM magnétique; maisMM. Gitpin etCavendish ont prouvé, en t8o6 par des expé-
riencesdirectes, quel'inclibaison de l'aiguilleest tKM'miM,
cotomela décMnaison,a desvariatioMSannueUes,
quoique extrêmement tentes. Les villes de Londres et de Paris sont jusqu'ici lesseuls lieuxoù l'on connoisse
l'étenduede cesvariations.L'inclinaisonété, &Londres,en ty~Sjde ya"3o', et, en t8o5, de 70°ai'. (Philos.
7Vofu.,T.LXVt,P. t, p. %Ot.)NoasnesanrionsadmettreavecM.Cotte(JoMr/t.~f~<T.LXVI,
p. N77), qu'avant t'année t8o8 on ne connoissoit pas avec précision l'inclinaison de l'aiguille
aimantée a Paris. ~e t'avo's déterminée avec beaucoup de soin conjointement avec M. de Borda
en t?o8, peu de temps avant mon départ pour l'Espagne. EMeétoitalors de 69°5t'. M. Gay-Lussac
la trouva, en t8o6, de 60*' ta'. Le octobre )8<o, l'inclinaison étoit à Paris de 68° 60', et, te
10 novembre t8t9, de 68° 4a'. La première de ces deux expériences a été faite par M.
Arago et
moi; ta seconde par M. Arago seul. Les observations partielles n'ont pas ditféré de trois à quatre
Relation historique, Zbw. 53
a58 inVHE I.

Quoique notre traverséede taCorogneàGnmana ait duré trente-sept jours,


je n'ai, pu recueUUr,pendant cet espacede temps, que douze bonnes obser-
vationsd'inclinaisonmagnétique.J'avois ~ait ajouter &ta b~asaotede Borda,
par un artiste habite de Maddd, M. Megnié,une suspensionÏdouMe anneau
mobile,semblableà celle quiest connuesousle nomdesuspensiondeGafdan.par
cemoyen,l'instrument pouvoitêtre attacheparune cordetrès-longuea unendroit
de ta poupequi paroissoità peu près dépourvude fer, et ou dé petitesmassesde
cemétalétoienttrès-égalementdistribuées.Jem'étoisassuréde l'avantagede cette
positionendéterminantt'inctinaison, pendantuncalmeplat, surle pontet dans
plusieursparties de l'intérieur duvaisseau. Pendant le cours de ces obser-
vations, j'ai trouvé ta direction du méridien magnétiqueen chercnantïe
minimum des~inclinaisons.Le plus souvent il a iaMujuger de la grandeur
de l'angle, en prenant, parmi un grandnombred'oscittations très-petites,
la moyennedes éiongâtionsvers le Nord et le Sud.j'ai employéconstamment
deux aiguillesdifférentes;leur éentrageà été vérifiéen comparantl'indication
des deux pointes de la mêmeaiguille, et en la retournant sur elle-même,ou
en dirigeant successivement la face diviséedu timbe à t'est et à t'ouest. Je
croism'être assuréque les observationsfaitesà la voile peuvent atteindre une
exactitudemoyennede douzeminutesde la divisioncentésimale

minutes. Les potes de t'aiguiUe ont été changésplusieurs fois, et l'on a employé, danst'osage de la bous-
sole de Borda toutes tes précautions imaginablespouréviterles erreurs. Il résulte de cesobservationsque,
de t~5 à i8o5, FincUnaisona diminue à Londres de 4~ <8"par an à Paris, la diminution ~anoeUe a
été, depuis 1798jusqu'en t8ia, de~%4". Urne paroitroit hasardé de remonter à des épongesaMerieuret
où les instrumens étoient trop imparfaits et où les observateurs apportoient trop peude précMomdans
leurs expériencesmagnétiques.
Lesangles donnéspar !a boussoled'inclinaisonde Bordasont exprimés en gMdea mtdécret centestmanx
et en parties décimâtes de ces mêmes grades. LesTéri6cat(ons de l'instrument que l'on peut faire, a
terre, et que j'ai cenetamment employées, avec M., Gay-Lussac, pendant le cours des olMervatioM
puMiées dans les Mémoires de la Société d'ArcHeil, se réduisent, t." à donner une position honMn-
tale au cercle a~tmutat au moyen d'un niveau à h~Med'mr et d'un fil d'aplomb a" &tronver la direction
duméridienmagnétiqme.soit '')pardesinetmaisonscorre<pomdantes,SMt&) enajoutant.Mrteeerctea.zi-
mutal, too grades aux points qui correspondent à la position perpendiculaire de t'NgaiHe;soit. enfin
c)
par le minimumdes inclinaisons 3.° à corriger FeMentricité det'aignitte, en observantta pointe supérieure
et la pointe intérieure 4." à examiner si l'axe
magnétique de t'aiguiHe coïncide avec <onaie physique,
en observant à l'est et à ~onest; 5.<-à
corriger le manque d'éqoMibre dans l'aignMtepar te chan-
gement des potes. Les différences légères que t'om remarquera entre tea resuttats pabMésdaM cette
Relation et ceux qui ont été insérés, pendant mon
voyage, damptm:eur!) journaux (Joant. <&JK~-t.
T. Vï, p. 433 7)fag<M. M~op., an 8, p. 376, .ZacA ~j~~ Ctts~~ T. L, p.-4o9), pMviemnent
de ce que j'avois négligé quelquefois de
prendre les moyenne))entre let otMe~atiOMfaites a t'ett
CHAPITRE !t!. ~S<)

ÏNCUNAMONDE t'AtOMU.E AÏMANTEEET NtTENStTÉ DES EÛMES MAGNETÏQDES


DANS
L'OCEAN
ATtANTtQOE
Bp&EÀt.,
Ett t799.

!«"M"B
~<MMMW
i.ATtTOBB MNOtTun)! detMciUtûons
mtp'etNne; ttBtAttOCM.
~·HQVEB.
emommutea
horéate.
boréale. eccMBHNttc.~~i,}Mtcent~.
occidentale,
occideBttte. t,
de temps.

58° 5:' i6o 3:~ 242 Bonneobservation.


75",y6
gy" 26' t6° Sa' y5~55 2~2 ` Ca!mepreoquepar&:<.
54° 5o" 16" 55' y5",00 254 Caimepar&tt.
5l* 46~ l?" 4~ 7~~90 ~~7 Dont., smrtoutKnteMtté.
28" 28~ l8' 55~ 69",5S 258 Bonne.
24" 55' 20" 58' 67°,6o 259 Tr&benme.
21" 29' 25" 42' 64°,65 23~ Bonne.
28" 45' 63",5s 356 ~~M.
19" 54'
Bonne.
i4" i5' 48" 3' 56",5o 259
~go ~< S3° l5' 50°,67 234 tncUn.bonne,inten5.dont.
il" t' 64" 5l' 47°.o5 237 Bonne.
10" 46' 6o" 54' 46",95 229 Bonne.
tL u JI

Une partiede cesobservations ont servi de base aux théorieset aux calculs
deMM.Lowen8rn,Biot et Rraft'; elles donnent la direction de l'équateur ou
des parallèlesmagnétiquesavecd'autant plus de précision que j'ai employéle
mêmesoin à la recherchede l'inclinaisonet à cellede la positiongéographique
du vaisseau.Les observationsles plus exactes sur la variation de l'aiguille,
sur son inclinaisonet sur l'intensité des forces magnétiques,offriroientpeu
d'intérêt, si le voyageurn'étoit pas muni des instrumensnécessairespour fixer
astronomiquement la latitude et la longitudedu lieuoù les divers phénomènes
du magnétismeterrestre ont été observés.

et à l'ouest, et de ce que tes tatitndes et les longitudes observée: n'avoient pM toujours été réduites
par l'et<tnMà la, même ép<Mpteà laquelle l'inclinaison magnétique avoit été détermtmée.
~<HMte~t<<.&&ta&<Strtftfr, t8oa, p. agS. Journ. de Phys. T. LIX, p. 987..M~m.<&f<f«)-'tot<
t8og, T. ï, p. ~4X.~o~M aussi Mottweitte, Essai pour géméralMerles théonea d'Euler et de Mayer,
dans Gilbert, ~nna&-n, T. XXIX, p. t et aSi. )
260 HVREt.

Je ne rapporterai pas les essais que j'ai faits pendant la traversée pour
déterminer les courbes de déclinaisonmagnétique.Les résultats obtenus sur
mer par les meilleuresboussolesazimutales,sont si incertainsque, d'après le
témoignagedesnavigateurs les plus expérimentés les erreurss'élèventsouvent
.à deuxettroisdegrés. En ne les supposantmême que d'un seul degré, cette
incertitude, augmentéepar le changementlent dela variation sur diSereos
méridiens,jeteroitencore beaucoupde doutesur la véritablepositiondescourbes
que l'on essaiede tracer sur les cartes magnétiques y
En comparantles observationsfaites pendantplusieurs traversées, il paroft
que nous avionscoupé la courbe sans déclinaisonpar les t3° de latitude et
les53et 55degrésde longitudeoccidentalecettecourbese prolongeaujourd'hui
versle capHateraset vers un point situé dansle Canada,par les33" 2~ de lati-
tude, et les~o" de longitude.AvantlépremiervoyagedeChristopheColomb,
en t~6o,!a variationétoit zéroprès deftieCorvo; mais la marchede la courbe
sansdéclinaisonversl'ouest, n'est pas lamêmedanstoutesses parties, et elle est
quelquefoisralentie par l'Influencelocaledescontincns~t des ties qui forment
autant de systèmesparticuliersde forcesmagnétiques.C'est ainsi qu'ellea para
arrêtéependantquelquetempspar l'extrémitéaustralede la Nouvelle-Hollande,
et qu'à m Jamaïqueet à la Barbade, la déclinaisonn'a pas éprouvé de
changemenssensiblesdepuis cent quarante ans 3. °
L'intensitédes(brces~maguétiques estun autrephénomènetrès importantdont
très-peu de physiciens s e sont occupésjusqu'ici.Déjà Grahamet Mdschenbroek
avoient tenté de mesurer les%variationsdiurnes de cette force par la vitesse
desoscillationshorizontalesd'un barreauaimanté maisil parottque c'estBorda
qui, le premier, a eu l'idéede faire oscillerunemêmeaiguilled'inclinaisondans

~o~gN<<eYaneouver,
T.ï, p. 4oet99.De.RoMe~,
dansle ~<y~ do<f.En<rec<M<M<Hf,
T. ÏÏ,
p. t/a. Coot'<
Me.Yoyage,
T. t, p. xxiY. w
L'incertitude des observattOMde décMnaisomfûtes ett mer ne provient pas uniquement da fouit*
et du tangage on de l'imperfection des boussoles aumatalet etie est causée en grande partie par les
masses de fer répandues dans le vaisseau et agissant mégàtement, selon la direction dans laquelle on
gouverne. ~<fendrn, dans les ~e&!mRn~.o~J?<!n<tto~M.&M.~t<T.lH, p.tl~etT.V~p.aga.
Zach, Mon. Cor., t8oo, p. ~ag. ~tm~o, dans les Phil. Thmo.~ t8o5, p. tS?.

rAommn, ?<<. of the Royal &)< p. 461. Phil. ThttM., Vot. L, p. 33o et 349. (7%< Ortf<"<
Navigator, i8ot,p. 65o.)
.MtATrans.,Vol.XXXIII,
p. 332.?'4<MM(M,
.tEft.of theJR<yo/&c.,
p.46t. /K«.<&
JMog!M«,
Exp.CIletCVY!. °,
CHAPITRE!H. s6t
la
dinérenslieux de terre! Les tentatives de ce savant navigateur n'avoient
donné, commeil me l'aanirmé plusieursfois,aucun résultat précM, à cause
du frottementqn'éprouvoientles anciennesaigniHessutrtenrsaxes.On se con-
tentoit souvent, à cette époque, de faire osciller i'aiguittë des compas de
variation;et, dansla rotationmanuscritedu voyagede Borda aux Bananes,
il est dit expressément,en parlant des modihcationsde l'intensitédes forces
magnétiquesmesuréespar la vivacité des oscillations,qu'au sommetdu Pic on
avoitcompté dix oscillationsde la Roseen 9~ de temps, tandis qu'à Sainte-
Croix, leur durée avoit été de (~ a Cadix, de ïo3~, et, à Brest', de n3~.
M. Le Monnier,dans son ouvrage sur les lois du magnétisme observe
combienil seroit à désirerqu'on connût le rapport entreles oscillationsd'une
mêmeaiguilleau Pérouet dans le nord de l'Europe; mais une note ajoutée&
son planisphèremagnétique annoncequ'il n'avoit pas une idée bien exacte
des causesqui modifient l'intensité de ta force totale. Selon Cavendish3,
cette intensitédevoit être la mêmesur toute la surfacedu globe, et l'opinion
de ce grand physicienpouvoit être imposantepour ceux qui n'avoient point
occasiondinterroger la naturc par tic:*expériencesdirectes.
Danscet état d'incertitude, l'Académiedes sciencesengageavivementM. de
Lapérouse à faire pendant le cours de son voyage autour du monde,
des expériencessur l'intensitédes forces magnétiques.« On a reconnu, disent
les commissaires 4 dans l'instructioncommuniquéeaux naturalistesde l'expé-
dition, qu'à Brest, à Cadix, à TénériSe~à Gorée sur la côte d'Afrique et à
la Guadeloupe,lintensité est sensiblementla même. Il seroit intéressant de
répéter ces expériences, en estimant la force magnétique par la durée des
oscillationsd'une bonne aiguilled'inclinaison,à la mer dans les temps très-
calmes.Il seroit surtout important de connoître la force magnétique là où
l'inciinaisonest la plus petite. L'imperfectiondes boussolesembarquéesà
bord des bàtimensde M. de Lapérousen'a sansdoute pas permis aux astro-
nomesde cette expéditionde selivrer à ce genrede recherches,et lesvceuxde
l'Académiedessciencesn'ont été remplisque dansle voyagede d'Entrecasteaux
et dans celui dont cet ouvrage o6re la relation. Parmi le grand nombre
d'observationsprécieusesque nous devons à M. de Rossel, il y en a cinq

.p. ÏXT.
At<nx&M-<M)<t,
Mém. de .P<M-M,
1786, p. 43.
JPAt<.
TYœM.,
1778p.390.
~<y<~) de ~~n)M~ T. I, p. t6o.
¡
Tt6a HVREÏ.

sur les oscillationsde l'aiguilleaimantéefaites à Bj-est, àTénérine, à l'ile


Van Diemeo,à Antoine et à Java.De mon coté,j'ai déterj~ine, conjointement
avec MM.Gay-Lussacet Bonpiand,depuis les 5" de latitude magnétiquesud
jusqu'aux60"de latitudemagnétiquenord~l'intensitédes forcesen cent quatre-
vingtsendroitsappartenantà deuxsystèmesd'attractions paKio~MrsJ'ai pufa~re
osciller,dansl'espacede trois ans, lesmêmesaiguillesou des aiguillescomparées
entre eUes à Lima, sous l'équateurmagnétique, à Mexico, à Naples et à
Berlin, ce qui m'a mis en état de fixerle rapport qui existeentre la charge
magnétique du globe dans les dinérens climats. 1} résulte de ce travail
étendu~ qui sera publié séparément, qu'en supposant l'intensité de~ forcea
sous t'équateur==i, cette intensité est, à Naples, t,5; à Paris, ï,3~8a,
et à Berlin~ï,3~o3.
Nousvoyonsdé)aque, depuis les38 jusqu'auxt3 degrésde latitudeterrestre,
dansla partiede l'OcéanAtlantiqueboréal,à laquelleserapporte le tableauprécé-
dent, le nombredesoscillationsdiminuede a4~ à ~3~, tandisque l'inclinaison
varie de ?5°,~6 à 5o°,6~ de la division centésimale.Jai t&ché de faire ces
observationspar un temps'calmeet torsquc le v<uaseauosciUoitdans un plan
perpendiculaireau plan du limbe de la boussole.Les oscillationsde l'aiguille
ne son6presquepas troubléespar cellesdu vaisseau, ces dernières ayant, par
un vent uniforme, toute la régularitédes pendules isochrones.En général, la
marche que suivent, par diSérentes latitudes,.la déclinaisonet l'inclinaison
magnétiques,paroît plus régulièredans le bassin des mers que sur les con-
tinens où les inégalitésde ~asurfaceet la nature des rochesqui constituentles
montagnesenvironnantes,causentde fréquentesanomalies.Quant à laduréedes
oscillations,elle éprouvequelquefoisdes irrégularités, même au milieu des
mers3, sansdouteparceque la couched'eau est trop mince pour que l'aiguille
ne soit pas anectéepar 1 inégaledistributiondes forces magnétiquesdans l'in-

Ces observations
n'ontétépnbMes qu'en)8o8(~<ya~e!ef!En~ee<M<e<KH~ T. H, p.387,agtp
3at, 48oet 644);maiaellesontétéfaiteshuitan!)ayantmonvoyage à l'Orénoque.
J'enai.eucon-
dèsl'année
noissance <8o5,immédiatementaprèsavoircommuniqué àla premièreclassedet'Institat
tes
résultats demesobservations
généraux surle décroissementprogressifqu'oNreHntensitédesforces
magnétiques Fansjusqu'à
depuis t'éqoateur
magnétique,~yet leMémoi)'equej'aipuMié àcetteépoque,
avecM.tiot, dansle TomeUXduJournal
conjointement th .PA~~ue.
A cause des inflexions de t'équateur magnétique, on peut considérer les.. points du gtohe qui
diSerent peu en longitude magnétique, comme appartenant à un mêmesystème de forces. Les lon-
gitudes sont comptées du point d'intersection entre les équateurs terrestres et mamétiques.
~cye: dansle Journal de route mes observationsfaites par les 34* 3</ et tes i4* j~ de latitude nord.
CHAPITRE tl!~

tériéur du globe. La théorie mathématiquedes marées rend probable, il est


lieues
vrai, qnc la moyenneprofondeur de l'Océanest ad moins dé quatre
maisnous savons,par l'ascensionaérostatiquede M. Gay~Lussac,qtt'en s'élot-
gnant perpendiculairementde la sur&ce de"!a terre, de 36oo toises, on
n'éprouveencore aucun changementsensibledans l'intensité du magnétisme.
On ne peut par conséqoentpas admettre que la mer soit beaucoupplus pro-
fonde dans les paragesoù, sous le,même parallèlemagnétique, nous voyons
diminuer le nombre des oscillations.
Je n'ai point eu à regretterde n'avoir pas embarquél'appareil que Saussure
a appelémagnétomètre2,et que j'avois faitconstruirepar M. Paul, à Genève.
J'incline à croire que les variationsd'intensité que l'on a cru observer dans
un mêmelieu, au moyen de cet instrumentcompliqué, ont été l'enet d'une
illusioninvolontaire.M.de Saussurepensoitque.la force magnétiquediminuoit
et sur les montagnes et pendant les grandes chaleurs de l'été, tandis que
M. Blondeau3 croyoit avoir trouvé, pa)Mm instrument de son invention,
qu'unehaute températurede l'atmosphèreangmentoitl'intensitédu magnétisme.
Ni l'uneni l'autre des ces assertionsn'ont été confirméespar des expériences
précises.Il n'est pas douteux qu'il existe, dans un même lieu, des variations
périodiquesdans l'intensitédes forces magnétiques,comme on en a reconnu
déjà dans la déclinaison,et, jusqu'à un certain point, dansl'inclinaison 4de
l'aiguilleaimantée mais ces variations d'Intensité paroissent être infiniment
foibles, puisqu'on n'a pu les apercevoiren employant, au lieu du magné-
tomètre à verge perpendiculaireterminée par une boute de fer, l'appareil
délicat de Coulomb, c'est-à-direlesoscillationsd'une petite aiguillerenfermée
dansune cagede verre, et suspendueà unfil de soiesans torsion 5. D'ailleurs,
D'aprèsta petitehautesdesmarées danstesmerslibres,et le rapport
de ladensité
delamer
àcelledelaterre.(LaPlace,danslesJtf~Bt.
de/*<trM,
1776,p.9)8.)
Yoyage dans les ~pM~. 458 et atoS. Je trouve la première idée d'an appareil magnétométrique
dans tes Œuvres posthumes de Hooke. Ce physicien, dotté d'une sagacité extraordinaire, imagina,
eu t68o, de mesurer, au moyen d'nne balance ( <&t<em), la force aveclaquelle un aimant attire le fer
~orjht, p. Xtii).~<ye*aussi tes expériencesde Br<MATaytor,faites en tyt53
à dtBBrentesdistances.7*<M<A.
(fM.?~.n.Vot.XXX!,p.ao4). ).
3 Sur
l'appareil que M. Blondeau a désigné avant Saussurepar le nom de magnétomètre, voyez JtMnt.
de f~cof~m~e de la marine de Brett, T. I, p. 'tat.
On n'a pas remarqué des variations d'inclinaisons horaires ou diurnes, mais un changement tent
dans t'espace de plusieurs,années.
A l'hospice du Mont-Céniset à Rome, nous avons observé, M. Gay-Lussacet moi, lesoscillationsd'une
même aiguiU&de jour et de nuit, par des températures atmosphériquestrës-diuerentes le résultat de
cet expériences a été que, s'il existe une variation horaire dans l'intensité des forces magnétiques, elle
a6~ HVRBÏ.
tes deuxinstrumensne sont pastout-à-fait fondés sur le même principe; car
t'aimantartificielayant uhe quantité de fluide qui est pour ainsi dire indépen-
dantede celuidela terre,on conçoitque le magnétomètre,transportésousdiSerens
climats, ne peut donnerles mêmesrésultats quel'appareil oscillatoire.
.r.
En parlant des observationsde physique recueilliespendant la traverséedu
Ferrolà Cumanà,je n'ai pas fait mentionde mes expériencessur la pureté de
l'air et sursa chargeélectrique.Les premièresavoient été faitesau moyen du
gaznitreuxdans les tubesétroits del'eudiomètrede Fontana ellessembloient
indiquer une plus-grandeportion d'oxygènedans les couchesde l'atmosphère
qui reposentsur lamer que dans cellesqui entourentlescontinens.Noussavons
aujourdhui que, s'il existe des variationseudiométriques, elles doivent être
moindresde deux millièmes, et que les résultatsque j'ai obtenus en ~~9 ne
méritent pas de confianceà causedes.moyenstrop imparfaitsqu'on employoit
alorsà l'analysede l'atmosphère.
Quant aux expériences électrométriques, il nous a été impossible, tant
à bord du Pizarro qu'à bord de tous les autres bâtimens sur nous
lesquels
avons dans la suite, d'apercevoir au large le moindre
été embarqués signe
de tension, en nous servant d'excellens étectromètres de Bennet et de
Saussure. M. Bonpland a souvent pris la peine de ces instrumens
porter
armés de longues Mges métalliques et munis d'une mèche d'amadou en-
flammé, sur les mâts et sur les vergues les du du bâti-
plus éloignés corps
ment. Ces tentatives ont été répétées dans la mer du Sud, sur une frégate
du roi d'Espagne dont la mâture étoit très-élevée les <eu!ttets
jamais
d'or battu, les pailles tes plus sèches, ou les boules de moelle de
petites

ne change pas la durée des oscillations d'un douze-centième. A Milan, la même


aiguille a fait, 1~
t5 avril i8o5, dans l'intérieur de la ville, près de la cathédrale, soixante osclUatioM en4'
56",8;
et le 7 octobre, dans une prairie hors des murs, en~ 56",4. A Rome, la durée des oscillattons a été
la même à quelques dixaines de secondes près, a la Villa Borghèse, au Monte-Pincio et sur le chemin
de Tivoli. Ce genre d'expériences eat susceptible d'une telle précision que, dans différentes
exptnencM
faites à la cime du Mont-Cents, deux cent cinquante oscillations ont duré taao",3,
tMq",a; taaq~o
et tas<)' A Rome, nous avons trouvé successivement, en tempsd'un chronomètre de
Breguet,tt69",a'
n6Q",a 1169~,0et 1169',5. fa! cru devoir rapporter ici cesrésultats pour prouver que les
eïpértetMte!)
faites sur l'intensité des forces magnétiques, et consignées dans cet ouvrage, ne sont
pas sujettes, dans
une étendue de terrain peu considérable a ce grand nombre d'innnences locales et horaires
qui
affectent les observations sur la déclinaison de l'aiguille aimantée.
Je mettois d'autant plus d'intérêt à ce genre d'expériences
que, peu de temps avant mon départ
d'Allemagne, je m'étois livré à un travail très-étendu sur .l'électricité atmosphérique au pied des
CHAt!T&ZÏÏÏ. ?65
tureatt qui sont des substances ~ct'rQMOptq~es, moindre
divergence Est<-ce sur&ce de fOcéan qui dépoaiué de~ M
Ïes basses couches 'des~atmosph~ voiies et
les mata agissent-ilscOMmé de puissans i&onducteurs? Si cette action a tien~
1
pourquoi nos ëtec~om~~s n'ôo~M~~a~ ~ndt~ dans dMcanots
vu des signes d'tine
ouverts, tandis que, sur les cotes~'dn~iPét~u'~Néus~avoBtS
&)rtetensioa, lorsqu'un vent humidesou<&oitdularge ?'
H est du devoir du physiciende rapporter avec candeur les circonstances
dans lesquellescertaines expériencesne lui ont pas réussi.Comme deux tiers
de notre atmosphèrereposent sur te bassin des mers, la météorologie
gagneroitconsidérablement, si l'on conBoissoitl'état électriquede cette partie
de l'Océanaérien.On pourroit tenter de répéter les expériencesque je viens
de décrire avec !es Mtew <~ec<nMMc~.fde MM. Weiss, Gersdorf et
Maréchaux Ces Instrumensmanitestent de l'électricité près d'un mur, à
l'ombre d'un arbre, presque partout où les étectromètre~de Bennet et de
Saussuren'en indiquentpoint. Ils sont préférablesaux pointes électriquesatta-
chéesà des cerfs-vo!ansou à de petits aérostats, parce que t'électricité que
marquentces dernièresest le plus souvent le simple résultat du mouvement
ascensionnet,commele prouventiesbeHesexpériencesde M. Erman~.
Je n'ai pas mieux réussi que la ptupart des voyageursa déterminerle
degré de salure de la mer qui varie avec les latitudes.Il résulte du petit
nombre d'observationsprécisesque j'ai obtenues au moyen d'un aréomètre
de Dottond, peu dînèrent de celuide N!cho!son, que la pesanteur spéciûque
de l'eau de la mer augtnenteassezrégutièrementdepuis tes côtes de Galice
jusqu'à Ténérine~tandis qu'elle diminuede nouveaudes 22" 5a~ de latitude
aux 18"~5~. Dansces parages, par les 2~ et 3o degrésde longitude, une large
bande de l'Océanest moins saléeque !e reste, de trois ou quatre mHHèmes.

hautes
montagnes du SaMmurg.
Lesrésuttats
decetravaltsetrouvent dans!e~b~nM/
conHsnës de
tttt7.
~'A~'M~Me,
Gt<&er<,~omr&n, B. XV, p. 98.
~t~ p. '89 et 5o3.
M F<-mMt, frappé des tracer de mercure qu'à avoit rencontrées .dans tous !es tnunatetde sonde
d'Espagne (ATc&p&M't.J~tam. c/at. J°A' 'n-4°, Vot. Ht, p. 376), m'avottengagé, &mon d~art
dé Madrid, dé suspendre,pendant tatraversêe.nnetame mince d'or ou
d'argent, ta poupe du vaisseau
pour voir si eUe onrirott des traces d'amalgame. J'ai suivi le conseU de ce eetë~re ctumiste, quoique
j'eussepeu de confiance dans la réussite de cet essai; maisteEtauqueria lame etoit attachée s'est rompu
peu de jours après que j'avois mis l'appareil en e~tperienee.
?oM.
jRe~MHAM~M~Me~ 3~
266 )l HVREt.
Le muriat~ de soude s'élève jusqu'à 0,o3dep~ le parall~le ï8"8'
jusqu'à celui de ta" 3~.e ntre les ~3o et 5~ degrés de longitude; mais les
attérages de l'Me de ~abago et de taTen~~Ferme s'anaonçe~ des eaux
plus légères. H m'a paru que, dans ta parité de l'Atlantique compriseentre les
côtesdu Portugalet de la Terre-Ferme,l'eau est un peu plus salée au sud du
tropiquedu Cancer, quesousla zonetempérée,et jeserois tenté degéneraitse)'
ce fait, si les expériencesrecueilliespendant le troisième voyagede Cook ne
prouvoient directement quecette différencen'a pas lieu sur tOua les méri-
diens. Des couranshorizontauxqui traversent l'Océan à sa surface, et des
courans obliquesqui métent les couchesd'eau placées a diuerentes proton~
deurs, modifientta salure des mers et, en supposantmême que la quanUté
absoluedesmuriatesdissousdansrOcéann'ait point augmentéepar l'action des
volcanssous-marins,maisqu'ellesoit restéela mêmedepuisdes milliersd'années,
il n'en est pas moins probable que la distributionde ce selsur dinerenspoints
du globe subisse:, de temps en tempsdes changemensconsidérables.
CKAPtT~EÏII. a6~

JO~R~AI.E.<T&

TRAVEMËE DES CÔTES D'ESPAGNE A CEU~EJt DE t.'AMÉBtQUE MÉRtDtONAU!)f


`
OU DE LA COROGNEA CUMANA.

(Le<!ongttndea ont M d~temunéet par le g~rde-temps de M. Louis Be~thoad, n." ay. La


température de t'Ocean todiqu~e eat celle de la surface de l'eau. L'obtervaticm cyanométnqmt
a été faite au zétuth; h~hei-montetre exposé & l'air a été ptacé au vent et & l'ombre. Quand
t'observatiom dn passage du MM1 au méndien a manqué on s'est eervt de doubles bautenre,
calentée* d'après la méthode de Doutfet. Les, Mtttdib et les. longitudes sont mdi<méeapour
l'heure de midi).

m mr

~FOOUB) L~TtTUM MtftHTCBB a


OBSJmV.I;'1'IONS'
1799.
t79Q. boréale.
boréate. occidentale

Juin. 5 43*'a8* 10° M' Départ do port de la Corogne.


Température de tOcéan, t5'4 centésimaux air, t0°,a
~~ronte~ a hateine, 44**ou 8o",4 de l'hygromètre à cheveu
de Saussure.
<~<tnonM<fe, t3* Nuages épars; N. E. frais; mer assez grosse.
~tcNnaMOAmagnétique observée an port du Ferrol, 76°,t
division centigrade.
At<<'n«Mdes forces magnétiques en Galice, exprimée par a43
oseiUationsen to minutes de temps.

6 44' d 13° 7' ?~M<n!~trf de la mer, 16' Temp. de Pair, 9°. Vent grand frais
mer houleuse et très-agitée.

7 4~° 7' i5 a4' An delà du parallèle du cap Finistère, à 4a lieuesde distance


de ce cap. Petit fraisdn N. N.t:. air, t8°,7.
<attcntf<fe, t4'

8 4t° d 16* gr Nord-est très-foible. y'em~-n~re de l'air, ta°,5.


~~mm~<M, 45<6 Deluc (Sa" Sanssnre).

9 39*'t(/ t6°t8' 7~m~nt<H)~deIamer,<5'temp. de l'air, t4'5:Temtdenor<i


foible, ciet serein.
Thermomètre exposé ao soleil, t6°j9 force du soleil, a°,4 dans
le paraHëlede Péniche.
JHV&EÏ.

JOURNAL DE ROUTE
CHAPITRE
Ht. ~69

~JOURNAL DE ROUTE

~MOCEt t.ATtTCM MttonTM


OMEBLTA'nbMMnrHQUBS.
oas$averibas ra~rsiQtras.
'799. boréale. occidentale

Juin.t3 34° 3o' t6° 5~ <~<C!Cot~<re,<6";oonlenrbt~nedehmer,34'Lecietauneteinte


btea-mugettre, presque violette phénomeoe singulier que
j'ai aussi observé quelquefois dans t'Ocêan Paci6que, surtout
dant rh&mmph&reanstr~, et uns qne la mer fût verte.
~ocNn<t«oamagnétiqce, 73'o déterminée par un calme plat.
/<t<en<t<<maptét!q<te a54 oscillations.

t4 3a" 16' t7° 4' Ayettder'!B~eMadere,jt45Ueuet<tedMttanee:gfand&aMde


Ponest mer, treo-groMe.
de la mer, malgré la hauteur des vagues, i7'7,
7!K~pit<t<w
temp~de t'atr, t6°,8.
Ac<HMt*o~magnetiqBa~71*~90, un peu douteuse (ht. 3t" 46',
etloog.t7°4.').
~tMtMt~magnétique, a3~, très-douteuse.

30° 36' t6'* S4' Beau temps, mer presque entièrement calme.
T~B~Xratmwde l'eau, i8'7 temp. de l'air, 9o",6.
de fhygromètre et du thermomètre, observée
3f<treAa,pn!~reMtf<
avec Beimcoupde soin à l'ombre et 4 mètres au-dessus de la
surface de l'Océan
Henrtt. Hygtromttrt Thtrmnmtttt
aat'*3o' 65°~ af.acatme.
aa''3o' 85°,7 ao<ounpeudevent.
a3''3o' 85-8. ao'OK&'nt.
o''3o' 85'3. af,4catme.
a''3o' 84°,a. a3'7M~t.
3''3o' 8t'3. aa<5~m.
6"3o' 85°,2. ao-o~m.
y''3o' 86<2. t9°,8M.'m.
~%rce~Mto&t7,3°,t; thermomètre a t'ombre, ao°,6; thermo-
mètre exposéau soleil a3°,7.
EntretecapdeGeeretniotduSaîvage, a3Ueuesal'estdudernier.
L'estime des pilotes, comparée aux longitudes données par
~'horloge marine, indiqueun courant qui porte vers le sud-est.

«
2~0 .~HVRE't.

JOURNAL DE ROUTE.

AfoomN LATtTunz MnxHnntM


OD88RVATI61i8
OBSBKVATïÛNSPBTStQOM.
1799. horéatë. occidentale

,M~M~~M~~M~M~~M~M
Jnin. t6 a9' 18~ t6* 4o~ Beau temp~; vent d'ouest treB'&ittte p)-~) ~escotée occiaentttM
det'Nedet'Mcerote.
a%m~~B&H< de t'Océan, t9<3~ air, ra<9.
<~ew~Nw, aa~ (e<mte<trde la mer, 4o°). ).
~4'M'edttMlëiï,3'6;thenmomëtreexpM<Mt<mM,M*,5.
~M«n'Aapfo~MMtfe de rhygrometre et du thetmometre, t'ait
h
étant tres-pemàgtté:
HttxrM. ByeromMM 'n<tnno)atttrt
de SanMart. MBti~oth.
at' 85",8. t9°,5
aaM~ M°,o t8°,7
a3' 84',8~ ~7
o' 83°j,t. ao*,o;O~
t' 83°,4. at°,a
a~ 83-3 at°,8
3~ 83'5 a9'5
4~ 83°,5. at°,a
83°,8. at",9
5'
6' 85°,o. t9°,3

17 ag" 21' t6° 6' T&mpsclaif.catmeparintervane; sarTescAtesde!apettte!lë


la Gioaciosaet dans l'archipel d'itota qui en est an nord.
?'<'n~)~a<MM de l'QcÉan dHMle canal, entre les iles d'Ategranza
etdeSantaCtara, oMamern'aque6a mètres de profondeur,
t7'8, par conaéquentde t"} plus froide qu'en pleine mer, sur
le même parallèle. Température det'air, ao".

18 aq" 5' '7*' 'o' 3~mpfra<M~de la mer bien au delà,de la sonde, t8",7 temp.
det'a<r, t8*3:joti frais, temps chtir. Force du toteit, t",6;
thermomètre exposéau ëoteit, *9°,9

tqg a8*'a8' 18° 33~ ArriTeealaradedeSainte-Croi~deTénénae.


~!C&MtMon magnétique, 69 ,M.
~<<en<t<emagnétique, a38 oscittationt.
Séjour à t'tte de TénénBe, depuit le )9 jusqu'au a5 juin.

a5 a6''5i' 19*'t3' T~mp~M<«yedetamer,ao°;an-,t8<8:grandfraM)duN.E.


CHAttTRE ïtt. a~t
,Mg

JOURNAL DEROUTE.

tfOttUM LATtTODBLONMTCBB
OBSBRVAT'ONS PHTStQCM.
1799. boréale. occidentale

Jnin.a6 a5° t5' ao°t/ 2T'<-a<MM!det'Oeéttn,ao°;temp.del'atr,at°,a.


/m'&<MMonmagnétiqtte,67°,6o, observation très-bonne (latit.
a4° sy et longitude90°~8').
~<!<e)Mt~,a39 osciUat'OtMcomptées en temps de caLne, au
sud-ouest du cap Bojador, a 6a lieuesde distante.

9~ aa''Sa' aa"~ Mer,ao'air,?o°,):bnseffa!cheduN.E.aforcedusoledne


parotMantqmedea' Latmit, temp.de t'air t~)°,3.

a8 at"96' aS''a3' Air,M",gramd(raisduN.E.:a9ot.ded!st.aunorddueapVert


7nc&M<tMo<t maguéttque, ~t*,6~, observationtrès-bonne ( tatttaje
2t°99'ettoogihtdea5<'4a'). “
O~CtjMc[<tMMa37.

39 ao*' 8' 28° 5t' ?t'mpent<t<~de la mer, Bi°,a; air, 20°. Depuis les [o'* du
matin jusqu'aux A'' du soir, le thermomètre n'a pas Yar!e
de o'8, pendant que la brise soutHoittrès-fort
/nc&n<tMOnmagnétique, 6~52. OscHtations, a36 (à 60 lieues
dedistance au N. N. O. de )'ite Saint-Antoine) par les tq" 5t'
latitude et les StS"45' de tongitude.

30 iS" 53' 3o*' 4t' ?~)~<'<t<redetamer,at°,N;temp.derair,xi'a,beautemps.


CT~a~o~ï~rc,
aa°,4.
C~fom~re, 44° Deluc (8<°,5 Saussure).).

JuiUett1 t7<-57' 33- Mer, aa<4; air, a4°,8;ventdeN.E. modéré, tempsnuageux:)a


nuit bromûard ëpaisqut fit baisserle therm. a th
jusqu'à a)'3.
a t~" a6' 35° 8' Mer, aa°,6; air, a3°, temps couvert, quelques grains. l'eu
de variations horaires dans ta marche des instromens météo-
rologiques
Henres. Thermomètre Hygromètre
ceongrade. Je Deiuc.
t'- après midi a~ 51° (86° Saussure).
a'' 5,°,a
~9
4b a3°,o 5[°a tempsgris, mais
5.b ° sans luie vent
~~ë~
9"tesotr. a2°,a. 55°,?
,1 'o' aa°,a. 5~ (89°Saussure).).
3~2 MVRE Ï.

JOURNAL DE ROUTE.
w- u'=

trOQCM LATtTCBZM)N<HTPM
OBSBnYATÏOtfSPBiStQPBS.
1799. boréale. occidentale

Juillet 3 t6°4t' 5a"3i' u ÏtB~~n!<.<te!amer,BB°,5.MMchedeslMtntment: c ~Ï


Heures. ThtrmomtUt. Hygromètre de Dttne.

1 t7'T. aa°,7 ~6°,8(88'7SaoMure) couvert.


t8~ a9°,6 57'oteverduMteit,phuetre~Ene.
90' a2°,6. 56°,? couvert.
t o' aa'8 56-o pt,t:etrht-Bne,gouttBt
IJ1 aa°,8 59",o ép~Mesqui ne touchent
a'' 93°,t 5 pas !'hy~rom&tre et ne
59°,5 modmemt Metqne pas
3" aa°,7. 6a°,o fêtât liy swpique tte
bygroMoptque de
6' af',8. 6o<a l'air.
t' aa°,y ~7°,o Neu,beHesetoi!eB.
–––––– –––––- -–-––––––––––.––––––––;–––––––––––––
~–––––
4 i6°t9' 39*'t<)' Mer,3a'i!;air,aa°.
C~anoM~re~a3<5jc!ettres~))tr.Lanait,N.E.trt~6raM,Mt*)
de grains et de ptmieétectriqoe.
le </<ermom~<ff, tout le jour entre aa° et a3'6;rA~omt<
entre 87° et 89'<! divisionde Saussure.

5 )5'')8' .4a°at' Mer,a3°,o;,nr,aa'a.


Marché des instrnmen~ métëorotogiques~
àa3" a'°,9t)<erm.centig. 6~hygrom.deDetoc.
°
o' a3<a. 6t"
ah 33'4. 6o'o
3' a3-4. 6~~
6'- a3-t. 63°,o
12b a3°,3 6~4
Tempscoavertet nuageux.

6 t4<' 5~' 44* 4o' 7~Ntpe~&tfedet'OcÉan,a3'temp. del'air, aa",8.


!hutM TtMrmomttn-. Hygromètre dtDduc.
)5' a2<f! 68'5
18'* aa'7. 66'5
20b a3<3. 66°,5
aa' a3',i. 66-4 te'°p!.coavert,
o' a3",5 65<o nuageux.
7' a3'6 M'a
ta' a3" 6G<o
L'hygromètre de Saussure se teroit soatenu entre 9a°,8 et
1 9~-
CBAMMZHt. ~7"

JOURNAL D~! ROUTE.


--–

~éroQose
!6toqom irazTCnE
t~TtTOfz Mnt<ta'em!
pMBM~MMtSMXMQPM.
'799' boréale, oeeidenhde
gummummmm
JmUet?y i4'a</ 4y3y AamiKea de )'0eé<n, cette fAMqmietI'AménqoentM-~
dmmaîe,vent d'Ett tt~&aM ctd ~tMMmteoBTert;met
tt~~bdh:.
Htam*. TiMtmetmttn.BrgnxBttr'
<hJMec.
i4* a3'7. 64<5(99°,4&mMXM).
t8'' aa'6 63°,o
ao~ a3-3 6f
o' a4-4. 58-,5
4' a4°,a. 56°,o(88°,3S*MmM). ).
8' a3-8. 57<a
tt'* aS* €t*
à< 3o'e cielétant tansvapeurs,99*,5.
<~<t)t<H~tre
~a)M~tMqHe,M°,3o:o<ic~6oM~9;honmeo!Me~
Tatien(IttHmdet4°tyettongitnde48''3').

8 t3°St' 49*43' ~))~M~wdeïOeém,a4'7;<Bmp.derMr,a3'


<a<to~<~etent~amt,t?' et cependantle ciel tout bleu, mmt
mMget~<MH ~tpeMO visibles couleurbleuede t'Océm, 33°.
· Joli fr<M,mer Mie, &aoo lieuesde distancede !a Guyane
et an N. N.E-
a-jinCONe
H<tM*. 'ntttmomttM. BygroBtttrt deMat.
ao' a3*,5 58*
93",o 57"
4~ a3',o. S6°,9(88°,3&mMure).
).
9a°,8. Sg'.o
)a~ .<. 9a<3 6a'9(9t'4SaMMnr&).

9 t3* a' 5a°58' Mer agitée,bnteamez&~îche.


~ne&MtMon 5o°,67;bonne.
magnétiqmB,
CtcMeHont,a34, )tBpeu doete<ues.

M ta" 34~ 54° t9' Jott&<Mtre~pm-.

<y<moa~<~<eatMMnt,t6'co)denrdeta)ner,35'
ïb~nttBM de l'air depuis17'*et K)~entre a4<6 et a3'8.
~~o!!t«f<, pendantce temps,entM88°,5et 90°SauMnre.

Ttc&tttba AM~on~Mc,
Zbw. 7. 35
a~ ~ï.E'"i.'

JOURNAL DE àOUt!?
1 1

I.ATI'rCBE
~jfOQCM MJtOtTOM
OBSBRYATtONSPHTHQCBS.
1799·
t799. boréale.
hot~ale. occidentale

JmUetft n" 57° 47' Beaatem][H;pet:tTent.


n
HtM«n ThtnnomttM Hyermnttrt
cttoijjnMtt. <hMec.
t8' a4*,9. 60"
ao' a4<8 S~.
at' a5<9. M*,3
a3' a5",o. 59*
o' aS~a. 58',5
a6-6. 57*
8" a~°,o 60'
t* a3'7. 68°
~~<"ne<m de Saussure constamment entre 89**et 90*7; <M
!e méridien de SnnMm, & 80 Meeet de dutfmce des bmtohM
detQt~toqoe et de 4. Bartxde pendent la mut, un pen
deptmeetnnMitrc-en-etetinneite.

tas t0<'46' 60° M' Bon&tnB,Burtoethnn:t;Tëntd'eatame*&rt;meragiMe;c)e!


® trëa-bean, maM ~aporenï.
X5o'~M<!<M de t'Ocëam,95'8; temp. de t'a&, a5°,3.
C~<mo~<tt,t4°,4:
< ~~oBt~Mde SmtMnre, tout le jour, de 89°,5 &90°,
/ncR<MMOttmagnét:qne,46°,95,osc.iBattom,aa9(hotMteotMer-
Tathm).).

tg n*t6' 69° 45' Nnagenx~grains;~entd'e*ttr&a-<ra!6,.toefh~e-groMe; un pende


pluie, à une tieuede distancedam i'eet-snd-est du cap eepten-
ttionatdeI'MedeTabago.
7~<tr~deMcean,a5°,8,tentp.det'a!)',a5°,t.
~p~~ de~j0° &~)L°j,8( dirisiQnde &tnmmre).

'4 n° if 64*'S~ T!p~M~~< de l'Océan, 35°,6;maM ter tenaa-tond qui t'<ten<


depnh Mte de Tabago à celle de la Grenade, a3',t tentp.
'del'mf.aS'
~yoctA~w de SanMtnre, 9f,5 à 9a'7.
/'M'RnOM<t)tmagnétiqtte, 47°,5 <MeiHations,a37; bonne oh5er~
vation. La c~te BMntagtteusede Paria est reteTéeà 4 KenMde
distance; pedtfrait,~en)ptbea)tet<ete!n.
CHAPtTRB ÏH. ~7S

JOUJRNA&DE ROUTE~

tfOQtnM tATtTUM MtUMMMt


OB~BnV~TMNSPKÏSÏQPM.
l~~e.
1799' boréa!e.
1799· occidemtate
ocoideutale

.-T
JmItetiS to° 5t' 66* t~ VemtdetMtd-e<tM)te, heatt; mer h'&heUe.
~n~MtttM de!'0c<an sur le bas-fond près dè la Punta Araya
a3<4; mer au large, 25*,2.A 5 ntNtee de diatance du port
de CtMnMm,dam te N. N.E., la surface de t'OoéM m'araitque
99°,a de tetnpéMtmte Mm qu'il fût possible de trouver
dmfond &60 ~Mët de profondeur. Ce froid e<t-il dAau eoo-
MHt qui vient dee btUt-iEMMb de l'île de la Marguerite ? DxM
te* mert tret-étrottet, par exempte dana la Batttqtte, Ja
tempérafre de t'eMt oSM également dea ch<neeme!Mt
la mer t'e<<
brMquet. Aa port de CmatUM, l'eau de
MMttenaeeb 1799 et t8oo, constamment entre 25°,2 et
ao'3, la tBtapémtmre de Tabasse nmree étant souvent.dt
<t°,8plus éteTee que celle de la haute mtaree.
?~MiP<im<«n! de l'air, a8<7.
~]~noBKi<r<<!6''SaaMnre.

t6 to*' a8' 66'*3o' Arrivéeau port de Cumana.

DËTEtUtnrATKMDE LA. HACTBCRDE PMJMNBM POHfTS DE L'tSt-E DE T~NEMFFB.

Je discuterai, dans cette note, les mesures trigonométriques et barométriques exécutées, depuis un
siècle, par di~tens voyageurs, dans t'ite de Ténéritte. Je dounerai en même temps le précis historique
des tentatives qui ont été faites pour détenntBer lahautear du Pic de Teyde et des pointa les plus
remarquables Bttttée sur le chemin qui conduit à la cime de ce volcan. n n'est pas seulement d'un
grand intérêt pour la géologie de conno!tre exactement t'êtévation absolue de cette montagne; cette
connoissance est amsi nécessairepour le perfectionnement descartes des iles Canaries, parce que MM de
Borda et Varetn, lors de l'expédition de ta frégate la ThMMM~se sont servis des angles de hauteur du
Fie et des azimuts pour fixer les distances relatives ~e TénériBe, de Gomère et de Palma.
Quoique, dès l'année 1648, les opérations de Pascal et de Perrier eussent prouvé que le baromètre
pouvoit être appliqué avec succès aux mesures de hauteur, te n'est pourtant que depuis le commen-
cement du dix-huitième siècle qu'on a des idées précises de l'élévation de quelques montagnes.
tUceioli donnoit encore dm milles italiens, et Nieholls quinze lieues de hauteur au Pic de Teyde
Bdens ne tenta pas même une mesure, quoiqu'il fut parvenu à la cime du volcan en tyi5. Son

~tcA, ~oMfft.
<utr;Mt.,t8oo, T. T. I, p. a3~.
p. 396. ~<e~a,~ottCtfM&Hiortc<H,
2~6
1 LIVttE t.
6xa cependant l'attention des géographes et deo
voyagele plus ancien de ceux qui furent publiés,
physiciens en Europe, etiepremief essai d'une mesure &t&!t par le père Feuillée* entya~. Ce voyageur
trouva, par une opération trigonométrique, h hauteur absolue du Pic, de a9t3 toises. La Caille, en
parlant de cette me$uM dans !eaJMcMt~<<{età~d~ ~súltàt.
Ces doutes ont été reproduits par Bouguerqui, en fixant tes limites des neiges perpétneMessous d!He-
rentes zones, a discuté, avec sa sagacité ordinaire, l'opération du père FeuiHée. Il conclut que la
hauteur du Pic n'excède pas ao6a toises 4.
Il existe encore une autre mesure de cette montagne, faite pendant le voyage du père FeniUée,
par M. VergmnCette mesure, parement baM'métnquB, a été négligée ju<qm'i6!, parceque; catcuMe
d'après la méthode de Cassini, elle avait donné l'excessivehauteur de a6a4 toises 'Cette erreur, qui
excède les delà hauteur totale du volcan, <e réduit à si l'on applique la formule de La Place et
le coënicient de Ramond aux observations de M. Verguin, et si l'on suppose, ce qui est assex pro-
bable par une latitude aussi méridionale, que la pression de l'air n'a pas changé tres-sensiMement
dans l'espace de trois jours. Le 3t juillet )7~, le baromètre du P. FeuiHée se soutint, au port de
l'Orotava, à a~- 9,7- Le 3 août, on trouva le mêmeinstrument, au Monte-Verde, i a3.~ o."
et à la cime du p!o, à t~f" 5~. Le père FeuHlée ne parle ni de la température de l'tir aux deux
stations, ni d'observationscorrespondantes faites a la mêmeheure sur la cote. Les voyageurs construisoient
eux-mêmes, à cette époque,leurs baromètressur les lieux, et les instrumens météorologique~étoient tota-
lement inconnusà l'Orotava et à Santa-Craz. L'observation a la cimedu volcan ayant éh5 taitedans due
saisonoù les vaj'iatioM barométriquess'élèvent rarement, sur les cotes de Téuerine, dans l'espace de troit
jours au delàd'une oude deuxlignes, on peut, en calculant l'élévation du Pie, prendf'e pour basela hauteur
du mercure observéele 3t juillet.
En supposantaa" centésimauxpour la températare delà cote, plusie'Mt
heures avant le passage du soleil au méridien et 8<*pourla température de l'air a la cime du volcan,
ce qui est conforme la loi du décroissementdu calorique dans ces
régions, je trouve, par la formule
de M. La ylace, aoa5 toises ou tao toises de plusque ne donne la mesure trigotmmétnque de M. de Borda.
Quelque changement que l'on fasse à l'estime de la température et de la hauteur barométrique de l'Oro-
tava, on trouvera toujours, et ce fait est bien remarquable, que la détermination barométrique de M. Ver-
gnin est de beaucoup plusexacte que l'opération géométrique du père FeuiUée.L'erreur de la dernière
dans laquelle on a négligé le nivellement du terrain destiné à la mesure de la .base, est
presque trois
fois plus grande que l'erreur de la mesure barométrique que nous venons de rapporter.
Les observationsque le père Feuilles fit à la villede la Laguna, indiquent à peu près la hauteur absoluede
cet endroit si connu par son extrême fraîcheur En prenant les
moyenne~harométriques de deux mois,
pendant lesquelsles écarts extrêmes ne s'élèventqu'à ou 5 lignes, on trouve, pour la Laguna, a5' j t''
et pour le port de l'Orotava, 27"' io' Or, en supposant les températures de ces deux stations de
t5et 2o degrés du thermomètre de Réamnur, j'o tiens, par la formule de La Place,
pour la ville de
la Laguna, 3t3 toises. Cette hauteur n'augmente it encore que de 66 toises ou d'un
cinquième, si
l'on prenoit 28~ 3" pour la hauteur moyenne e la colonne de mercure au
port de l'Orotava,

'7. 7Ya<M.,Voi.XXVH,p.S~.
a Journal mamMcrtt du~e ~eM&'e. l'r
3 ~Mm.A; ·
<<:ad<(m.e,.~6, p. )i;3. ~'oy< de la Flore, T. t, p. t.
4 Figure d. la
7'errt, p<J9tù,c, a.~ tM- <Mmo~ fatmc~pMM, n9eet~6!. Mttgnfh diKMtthmd.
Bougueret la mesuresi connue<!oBorda, on trotTe tacere, dM< p)Mieertet<vr<ge(
dt phytiom. la h«tMN[dn Pie
<-ta~<~~09~. ~tBoet'o~o KMtet.)Mh(roiMtmeeditiomderMOtUemte~(«OtM!d<tMna<n!, par M. Mtn<!ec,pubM<'e
en t8t), p. et la Geo/ogte deM.Breiskct, T. t. p. 6, dent h tabledt*hauteur*foMmiUed'erttnrt typogftphiqatt.
5 Afem. <c«<<emM,~33 p. 45.
~oyezplushaut, p. to6.
<:ttAFïTREm.
v.. S~~
1
quotqMl'~Mcheque te harctnttre deFenitlée, mat purgé d'air, eto:t constammenttropbas de 6~< Mgnes,
et évalue
mêmeplus'.M. Uchtenstein~ qm< Mtrnt voyage Inté~ssant dans l'mt~riettr de.l'Afrique,
t'é~vaUon absolue de la Laguna de denx a trois m~p~sa~-dessus dm niveau des côtes ·.
Adtnson, dans son ~<y<t~<<M~n~t~, rapporte «que le Pie de Teyde{ent749)) 'wttronve élevé
de plus de aojo«toises. «M est probaMe que ce resnittt est fondésur une base mesurée par te loch
et sur une opérationfaite !i ht voilepar M. lèpres de MannevNette.comntahdantduTaimeaaMr lequel
Adansonétoitembarqué.
Le docteur Heberden dans la relation de son voyage &ta cime du Pic en tySa, avoit trouvé
t'étévation absolue du volcan, de tMg6 pieds anglois ou a4o8 toises. Ce résultat, ajoute-t-il, a été
con6nné par deux antres opérations que j'ai exécutées MtCoeMivententil est de n~eme entterement
conformeam résultats de deux t~rat~M tngonometri~etfaitettong-tentps avant par M. John Crosse,
consul anglois à Santa-CnHde TenériBe. Voilà cinq mesures qtt'omdit t'accorder par&ttement entre
eNea et domt!es erreurs. 6'e!crent t pht de 5oo toises, OMau quart de la hautenr totale du Pic.
Le docteur H~berden avott té~maé sept ans a l'Orotava; on doit regretter qu'il ne donne aucun
détaâ ni <ar la nature des insGrtniens-employée par hu et M. Crotte, ni sur la vateur des angles,
la longueur et le nivellement de la base sur laquelle les triantes ont été appuyés. Toutes ces opéra-
tions que non: venoM de rapporter ne méritent pasplus de foi que celles de Don Manuel Hemandez
qui assureavoir trouvé, en t~éa, par une mesure ~éemétriqtM, la hauteur du volcan, de a658 toises,
et par coméqnent de aoo toises plus éhivé que le Mont-Blanc.
C'est à Borda que nous devons la connoissanee de ta TértNtMeetévation du Trolcan de TénériBë;
cet exceBent géom&tre a obtenu un résuttat exact, après avoir passé par une erreur qu'il attribue a
la négngence d'un de ses cocpérateurs H fit trois mesures du Pic, dont deux géométriques et une
barométrique. La première mesure géométrique exécutée en t77t, ne donna que iy4a toises~ et,
tant qu'on la considéra comme exacte. Borda et Pingre trouvèrent, par des opérations faites à la voile,
la hauteur du Piede tyot toises HeureusementBorda Totales iles Canaries une seconde fois, en ~76,
conjointementavec M.de Chastenet-de-Puységor il 6t alors une opérationtrigonométriqne plus exacte,
dont il n'a pabtié le résultat que dans le Supplément du Voyage de la Flore On y trouve que la cause
principale de l'erreur commise en t~~t avoit été l'indication d'tm faux angle porté sur le registre
comme étant de 33', tandis qu'il avoit été TéritaMenM'ntreconnu être de 53!. 0
Le résultat de la mesure
trigonométrique faite en t~S, est de too5 toises c'est celui qui est anjout~
d'hui le plus générahanent adopté et sur
lequel se fonde en grande partie le gisement des îles Canaries
dans les cartes de Varela et de Borda. Je pense rendre service aux physiciens et aux navigateurs,
en consignant ici le détail des opérations faites dans la campagne de la Mgate &t J?ottMo~.et tiré du
manuscrit précieux dont j'ai eu occasion de parler dans le chapitre précédent 9. II seroit à désirer que le

Bttfom.de FemitMe &)* cimeda Pic, f~ p«M.S Mg. B~nnn.deBetda*a m<mepoint, iSpoae.o.lig. Barom.de
Ltmmmn,t8 ponc. tig.
~~em. ~«~r. ~temer., t8o6, p. 5'.
s T. [, p. <t,
4 ~M. ~MM., Vot.XLVII, p. 353.Cho~'tMeond~oya~e mmJtte ~erM, Vol. tt, p. tSt. Danst'~Mt tur
lu f/M~ortMn~M,p. a8~,les teenitaM de la premièremesuredeBordae<de cellesde Hcbersdenet d*Hefoandet M
trouventcnafondot.~ffoM',~t~~e & Cochinchine,T. ï,p. 69.
Na~a, ~o9o~e~&tf/o«,T.I,p.S8. 88..
?..< T. t, p. 69.
1 « Toutesïe~partiesde notretrahit seMutenoteotreciproqMment et concoarotent&une mêmedétermination, wjf&tj.,
T. t, p. t<«.Jo«m. <!e t~6, p. 66, et ';?9,p. '*9-
T. t, p. 3~8.
9 Pag.)t6. Ce Manmentdo Depnta i~ pagesM- il est copietar t'ongiaat,de la mainde M. deFtettriot.J'en
dois ta communication a tabienYeiUattcednTice-amiraIM.deRoMty.
2~8 HV~E ï.
journal de M' de Borda Mt pnbMéen entier. Les résultat* qu'il ren&nne M trouvent coMignét sut !it
Ct)tr<eparticulière </e< M;t CfMMftM, d'après <'&M~<<<t«<M dela JNe<M*e& << de ~Eep~Me, t7?6. Cette
carte, la meilleurede celles qui omtpai'ujusqu'&cejoar,&itpa<'tiede!teettee<tonpubiiéeauxfrai*dtt
~p~f&'&tAfofHM. :J~“
« La mesure du Pic de T~nérMb, dit M.de Borda, n'étoit pa<potu- n<m*om<tb)etdeWiMtp!ec)t)'!ot!<e!
elle tenoit ementieHejmentà notre trava!! tM~Uqae. Il nous étoit n~eeMMre de <Mmne!t)(~ fet~~on
exacte de ce volcan, pour tirer parti des observations de hauteur apparente que nous tïiom faites &
plusieurs pointes des. !!e<de TéméritEa, Gom&re et Canarie, et qui deToieetMrvirt &<e* tongt-
tudes et les latitudes de ces pointes.
Le terrain des environs du port de t'Orotava étant inégat et entrecoupé de vallons, il ne notm a pas
été possible d'y trouver une base asse~ grande pour déterminer la distancedu Pic
par un seuï triangle,
et nous en avons employé trois. Nous avons d'abord mesuré, près de ~< Pas, maison de campagne de
M. Cologan, une première base *,<'&, de a~9<Stoises; au moyen de ceUe-ci, nous en avons conclu âme
seconde, ac, de 6t4 toises, et ensuite une troisième, cd, de t5a6 toises. Le point e étoit le sommet
du monticule nommé par les indigenesh ~bn<aiîe<<t<M~'«e~oqui dominetaTiHe du
port de t'Orotov~.
La station d est l'extrémité oeeidentate d'une gâterie de la maison du cotonet
Franqui, à ta ~Mh <&<
OM)<<tf<près du Dragonnier célèbre par sa grossenf et son antiqttité. U paroit que la base du père
Feuilléeavoit été mesurée daM une plage assezétendue, maisnon horitontate, tituée au bas de t'hennitage
de la Paz, près de la maison de campagne de M. Cologan. Notre base ab a été mesure <neeesMVBa)ent
par deux diBërentestroupes h première a trouvé t~y pie. 6 po. ta seconde, ~77 pie. 3 pp. 6 tig.
On s'est servi de trois perches de tS pieds chacune, étahmnéM avec toin
eur une règle de 3 pieds.
que M. Varela avoit comparée à Cadit à la toise péruvienne dé M. Godin. Voici les angles pris avec
un quart de cercle de Ramsden, d'un pied de rayon

Triante <t6 e. Triangle <K-< Triangle e P


&oc==M''53'M" ~ao==85''58<4o" e<<~==94" o'4o"
<t6e = 73° 8~ 55" ~co ~= yn° at/ M" ~o/' = 76° 34' o"
Aca == ao''<'5/ 15" offc == aS" 4o' 8"

iSo" </ 5" i79° Sg' 43"


t
« Nous avons mesuré les trois angles des triangles a &cet ac~. Comme dam le
triangle c<P~ on
ne pouvoit employer ce genre de vërincation, j'ai mesuré, avec la
plus grande précision, les deux
angles c~~ et ~e~, au moyen d'un cercle à ré&suon, et je n'ai trouvé que deo différences de
8 à 10 secondes. H résutte de t& que l'angle au Pic c~~ est de
go ay ao". On trouve de même
.c=3686r't; .<<=86~3; <=9~F. e~=5Ss,4F.6; et~Mao~a. 1~agteo ae
hauteur donnent les étévatioMsuivantes du Pie ou des différens
points des stations ks mtspar rapport
am autres hauteur du Pic, vue du point
~==to4:tS~ nt~me, vue du point e=t~i6?',Q;
celle de d au-dessusdu pomt<t=733?' ,6; la même ta -deMnsdu
point c=68~' 6, et celle du point e
an dessnsdupoint<t=4y! ,3. Cela posé,ta hauteurdu Pic au-dessus du point fêtant de to4a3P' ,a
si on ajoute la hauteur du point d au-dessus du point «.
733 n
on aura une première hauteur du Pic au-dessus du
point o. )t )g68
~a
Au port de la Gomera,par compte, M. de Bordatrouvat'an~h de hauteur duPic
de 4e Un MtèTememt
placa la montagne
astronomique Est n}-- nord, En mppoKMtIon de~tion au-deMm du niveaude,t'Oe~n de
<9o~H)tKt,on trouvele port de la tiomem éloignédu Pic de o° a~' t9".
Yoye!Sg. ).
CHAPtTREïtï. ~79
De méme,cetMd<tPic au-det~dupomte étant. <tt<C,o
mon ajouteeeBed<tpointotu-detNttd)tpo!nta. ~7~
on a une fécondehauteurdu Pic au-des<nn dw point <t .< «t~3~'
Prenant un milieuentre ces deus rétnitab, on tM"Te tH<io pieds; et, em retr*mch~Bt pour !a
re&wcHeB t~,7, «tm ;m46'g, H cettoAAdetef~h~r la bauteurAt p<nt<t 'm-deMttdu niveau
de rOcéam.La depre~tonde rhoriMn dehjmeretcttem ade Y7'y'~eten~de3~~ aV. ïy*p)fee
ceodepremioB~ le pointo ettelert, et~deMmd<t<Mïe<m det'0<!eMt,de 385f'6; et, en ajoutantcette
quantitéà la hauteurdu Pie M~deMM du point o~ Ona, tMMla haaMatratx~, tt~So pieds<m
tgoS toiMs.»
La troisièmemesurefaite par M. de Bordaett unet)t€MrehMOtnét*iq<te, Nousavons encorepumé
les détaMataivaMdans le JM<BtM<cft<~<t ~~pd~,et ils <etrouventassez conformesaux r~uttats que
M. CavamUe*a pmbMaen ~799, d'apte*te NMaa<entde pen Jose Vareta, danwte* ~Mo/« de
ct<!ne«Mmt<t<nt&<e M.de Bordapartit deSaata~-Cr<M, te ay <eptemhreny?6. M étoit accompagné
de quarantepertMmet, panBM teequeMeoity araiit<MMte eCclen de la tsarine françoiseet etpa~no~
On t'étaitmunide boMMietde décti)ta!t<m et d'incHnaMpm, d'at~ montredB longitude,de phtt'eoM
thermometrea et dedeuxe~ceUens harotnëtteequiav<nentétécompare*,an portde l'Orotava,aubaromètre
de M. Pattey,négociantécMNtM Au retour du Pie, cet inatntmenB forent TértCé:de nouveau;la
différenceétoit restée absolumentla même, et l'on trouva, par l'interpolationd'un grand nombre
d'obserratmM&ttetdTtettreen henre par M. Pasley,les diMMncettuivantet:

BABOM~TeBe TttZMtOM~TM
tTATtOtfe. r 4 t'ait, ~Btt~QUm.
m.°t. n. n. <<!M)td<R<exn<Br.
1
potl(!#
Ijc- poDe:.lis.
PinodeI Domajito.
KnoJetDmmajih). 25
a5 lit.
t,9 'S*'
16.
Port d'Orotava. 28 2,8 ao"
StationnesRochers. t~ 9~ ig 9,8 8°~ ch~
Port. a8 a,7 a8 3,o <9°,S
C~n.e<h~c.8 9~
8 U~dun,a~.
Port. 98
8 a,8 '9° j
Pieddu
Fit.84~9~L8'.3<m.t.
Port. a8 2,8 t9",5 )
Sommet~NPie. tO c~ t8 0,4 6~ ), du
Port. a8 a~ a8 3,o ao'o j Mt0"~danmhn.

M. de Borda avoit troo~, dans an premier catcnï, M~toiaet en adoptant <Qpieds paor t'cNet de )a trefraetioB.
Il n'a pas indiqua lea hauteora apparentée; on peat !et dedMMo dea va!cntrade J~ et cJP. Eu c, le Pic devnit Mntendfe
na angle de 11" t~' *8*.Il parcÏt y aTûir unetertre orfent dt)MÏM haatenMde J Mt' c et de e <nra. Anport de fOretaTa,
!t ta ntaMoade M. C<tt<~<a,la haMtearappareate da Toteanfat troavee de 11*3</ 35". Un relèvement attronomiqne domnt
pfnr te giMmentSnd.t9" Ouest, d*ca reMtte nae dittanee de o"<E".
T. t, p. 9~5. J*ij~OMpar quel malentendu il est dit, dan* ce même cavrago (T. Ï, p. 85), qne J'avoia Mon~ la
han<ear du Pic de tQ!~ touMt.
M. Padey aMUM n'avotr obeerr~, depaMphmeare anocet, ïe Ammom~ttc do RëaBBMtC,an j~rt de FOMt~Ta, m
aa-dcoaede M~~ntan-deeNOMde t~5.
i

;:8o HVRE
«Depuisle 3o septembre&8 heuresdu soir jusqu'aut." octobret 10*'3o~du matin, te bM'ometM
n'avoitvarié que de ligne. D'après ta fortnutebarométriquede Detuc', «a trouve les hauteuM
suivantes,en ajoutant tt toises, pour t'étévationdeta maisonde M. Pasley M-deMMadu niveau
de la' mer:Pin du Dern~jiM,5t6 t.; Station de* JtocheM, t5t8 t.; CtTeraede gtace, t~Sy t.;
PiedduKton,i84/ t.e sommetdu Pie toag toiset.f
J'ai recalculécesobservations
de M.de Borda, conjointementavecM. Mathieu,d'armesta ~bnnotede
M. La Place,et, en supposantla températuredu metotre égale a celle de l'air et etH'M'titant les
stationsauniveaudetamer/mOnsavonsobtenu,pomr le P!ndeDontajito,S33t.; pom't'Estaacia<te!os
ïngtesfs,t5M t. pdnr laCavernede gtace,17991. pourte pieddn Piton, t8oat.; ponrta ettneft&'fëtean,
1976toises.Ce dernierrésultats'éloignedeuxfoisplus deceluide la mesuretrigonometriqueque la
hauteurobtenuepar la formulede Detuc.Nousdiscuteronsplus bas les causesd'erreur quipeuvent
aSectertesopérationspartiejttes. –' 1
H est assezordinaire'que,lorsqu'il s'agtt d'appliquerde petitescorrectionsa des htuteuMbare-
tuétriqueset tbermo<nétriques,tes voyageursqui ont observéensemblene t'arrêtent pas am mêmes
nombres,considéréscommemoyennesdes bonnesobservations.MM.Tareta et Arguedat<tomnent,
dansleur mémo!resur la mesuredu Pic, les hauteursbaromëtnques suivantes

i. Pino
t. Kno de!
del Dorma}:to.
Dorna iW. p'°`·a5 0,86
''r Th. t7°&.
170 R.
Niveau de la mer. a8. 4,oo –– tg~

a. Estacion de I<MÏngteses. iq o,)!t –– a"


mtOHtdeïamer. a8 3,7a in*~
3. Cueva delà Nieva. t8 6,n9 –– tl*~
TS!veandetamer. 98 3,51 .––tS°~
'4. Pied du Pain de Sucre. 18 %e~ ~–– 9<'7
Niveau de la mer. 98 3,5t –– !9°tT
S.CimeduPic~ t8 o,n ––– 8°~
Niveau de la mer. a8 3,~a –– tg*

M. Varela trouve, ignore d'après quelle formule, pour la première station, 534 t.; pour la
seconde station, i5Si t.; pour la troisième station, t~8o t.; pour la -quatrième station, lM4 t.; et
pour la cinquième station, t94o toises. Les petites différences que l'on observe entre tes hauteurs'
barométriques indiquéespar tes marins espagnolset cellesqui sont indiquéespar M. de Borda, proïtennent
en grande partie de ce que tes unes sont réduites au niveaude la mer, tandis que les antres se rapportent
à l'élévation du sol sur lequel est placée la maison de M. Pasley.
Lors de l'expédition de Lapérouse, en 1785, M. Lamanon porta un Baromètre a la cime du Pic
de Téuérine. L'observation de ce physicien calculée par M. de Zacb, donne, par ta formule de
Deluc, i856 t.; d'après cette de Snuckburgh,t8g~ et d'après TeBede Roy, t88a toises, titésnite
de la même observation barométrique, selonta~brmute de M. La Place, tgoa toises.

ComptrmFtemiemdta~b ~ya~e <M~<~)< T. U, p. tt. Femttt (OttercattoM <f<tftt~a voy~e «)!"«!


<t<!world, Vol. t, p. tt) aome au Pic ~o piedt anglois,on tgit Mittt, d'tpttt h mMMebMOB)<triqM de
Borda.
~oyMplus haut, p. )~t. ZMA, Jit.M-n.
astron. t8oo, p. 3g6.On est .ntprit de voit qn't am époqueeh les
connoiMoient
physiciens depuistong-tempt)et tffnfaMntitMde Deluc,de Shm-Utnrgh et de Trembleysur lesformatM
t'editeatdu
hMomëtri-jmee, d e
Voyage LaptrotiM(T. H, p.t8 ) ait pu }ettttmt dt dmtM<mlesKmtmttobtenu &t'Mde
du baromètre.
CHAMT&ZÏÏÏ. ~8t

M. Mmstone, en mesurantjme baseau moyendujoch, trouvala hauteur da P!c de t<nn toises


M. deChurruca, dansun voyageaudétroit de MageUam,essayaégaiementde déterminerl'élévation
du volcanparuneopéMtiongéométrique~tBttavMte'.ït ta trouva,en t~SS, de atoS toises, «en M
fêtiottant devoiratteintuneexactitudeMtpérieure 4 touteespérancefaiMnnaMe(<oc!a
«pentMofacton~),
parcequedeihauteursbammetnquetcatcuMet ptrBeMut~donneienttetnémenonthredeMi<es.» Menett
de<meturë<deantontagnes commedetMit<<de$etdeflongitudesB'P~T*~ Lei observateurssont
tatMtihde leursop~ra~oM,torequ'ibles trouventd'aecotd~ec quetquMrésultatsancientauxqneb!b
donnentla préfërenceturte* auhret.
M.Cordiertneaurale Pic de Téneri~, le 16arnttSoS, en employantun exceMentharometreqn'it
avoitfait bouillir'la veine, et par un tempstrht-beau et tres-conotantqui se prolongeapendant un
mois. «Lesinstrumentétoient placésau MHt~ dutio, et la hauteur barométriquefut ratneneea
températurede l'air ambiant. Le baromètrecorrespondantde constructionangloisene diueroitque
de de ligne, anciennemesurede France, de celui de Mossy,dontseservitle voyageur.Quoiqueles
personneschargeetdesobservations à l'Orotava,MM.Little et Legros,n'emptoyassent
pas le vernier, ils
évaluèrentcependantteshauteursdu mercure,avecbeaucoupde précision,a desquartset descinquièmes
de lignes4. » M. Cordier a tenu compte des petits changemensde niveaudans la cuvette, et ce
physicien tres-eMrcé am mesures barométriques,a pris toutes les précautionsnécessairespour
obtenirun résuttatexact. Voicile tableaude ses observations

tTATtOtft. BZ'nMt. BtMMBTM. THEMtOM~rxB


deRéanmttr.

E6tanc!adetottmgtBBe< 4~ tg g,5 ~9
Port ~'OMtava. 28 4,r, i5°,o

SommetdmPic te matm. 18 4,o <'°,7


Portd'Orotava. a8 5,6 t9*9
1
T

Le baromètre correspondant étoit placé 7 toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer.


M. Cordier a trouvé, par la formule de Detuc~ la station des Rochers de t5ao toises, et la cime dn
volcan de !QO) toises. La formule de M. La Place m'a donné, pour le premier de ces points,
i55o toMes; pour le second, t~ao to!se~
Résumons maintenant les mesures btrométnqnes et géométriques du Pic faites depuis un siècle

~oy~e of Lord ~<tc<K-«Ky,T. t, p. «!.


~e JMt~e&taM. ~'e<Mf'<-<p. to.
<X)MMde JM<t<M<tM<i~tMt, Vo). )[V,p.~<6 (<'dit- de '77!).).
4 Cez detaHeet les hauteursbarom~iqaee qui n'avoïeot point été Mnp)rim~<
dtBt le Journal da ~'&y~t~Me,T. LVtI, p. 60,
m'ont et<?commuci~<!spar M. Cordier. Ce voyageur qui a parconrn )'Egypte, rEepagmeet têt Hea Canaries, prépare on
ouvragein~MMantsur la géologiedes volcansctcioM.
Dans le Voyage maammit de M. 0-Oom)), deMt je doia h cmmmmicatmBt feM'geBaMdé M. Leode de Segrai,
on trouve la note tai~mte < Les mctUMt barométriques que nom Omet de )a hautear du rotean, colineident,
Il peu de chose prés ( con MrM J~etetn!t<t) amc ce)tt<de M. Cotdier, en ayant égard la différencede la totae francoite
et de la toise cattiUfuM.Et~ation tbtotae dea mmnt au pied de Pic, M~S Mite* etpagaoka, Ettaecia de tm IngtMea,
i~3t toi)tea sommet du Pic, 3a8~ toises. Je ae devine pat ce que M. 0-DoneU désignesont tenoM de toiaea eapagaolea,
car, en supposant qn ait roula parietr de la vara castellana, dont a,33 font une toise francoiM, !e volcanaeroit encore
de heancoop moiM élevé que ae le tronra M. de Borda dam h première de ses,troit mtNre*.

Relationhistorique, Zbw. 7. 56
a8a ï.tVRE i.

I. MESURESG~OMËWMQ~.

<')j~<'me.

Lep&re FeaiUee, en ~794.i. a9t3te!te*.


Le même rësnttat mod!6e par Bongoer. 9069
Heherden et CroMe, cinq opérat!ont, en t~a. 94o8
HemanJezj en y4a. 9658
Borda et Pmgre, en tyy t. ~49
Borda, en '776. tgo5

&) ~M~M a voile.

MannevHgtte, en 1743.). aooo


Borda et Pmgré, en <77t. t~o*
Churmcca, en t7M. 9to?
Johnstone. t~9

II. MBSCRESBAKOM~TMQCBS
C&MBijËES D'A~R~SLA MRMtnMBDB M. LA PLACE

FeuiHée et Vergntn, en t7a4. Boa5 touet.


Borda, en 17~6. to/S
tsamanon, en 1785. tooa
Cord!er, en t8o3. tgao

Cet mesures, faites à différentes époques, varient de 1700 & a6oo toises; et, ce
qui est assez
remarquable, les résultats obtenus par des opérations géométriques ditterent beaucoup plus entre
eux que ceux qui sont dus à l'emploi du baromètre. On a en bien tort cependant de citer ce
manque
d'harmonie comme une preuve de
l'incertitude de toutes tes mesures de montagnes. Des angles dont
la valeur est déterminée par de mauvais graphomètres, des bases qui n'ont point ét~ nivelées ou
dont la longueur a été déterminée par le sillage d'un vaisseau, des triangles
qui oBrent un angle
excessivement aigu au sommet de la montagne, des hauteurs
barométriques sans indications de la
température de l'air et du mercure, ne sont pas sans doute des moyens propres a conduite! a des
résultats exacts. Des quatorze opérations trigonométriques et barométriques,
indiquées phts haut, il n'y
a que tes quatre suivantes que l'on puisse considérer comme de véritables
mesures
Borda par une tnanguMon
,go5 toises.
Borda, au moyen du baromètre. tn~B
Lamanon,td' ttrna
Cordier, id

La moyenne de ces quatre observations, dont tous tes détaUs nous sont
connus, donne toa6 toises
pour la hauteur absoiue~u volcan; mais il faut discuter ici si, en
prenant ta moyenne, on 'doit
exclure la mesure barométnqae de M..de Borda, comme
péchant par excès, ou si ton doit préférer
le récitât de la triangulation aux mesures
barométriques d'un Pic rasé presque continuellement de
vents ascendans et descendans.
L'opération trigonométrique, faite en 1776, est ptus compliquéeque ne le sont
genëratement celles
CHAPITRE ïtt. ?S3

par lesquelles on détermine t'~vation d'un se<tt point. Léo voyageurs ont t'baMtnde d'employer,
ou une base dirigée vers la cime d'une momtagnet~tdenx angleade httttem~prit ttttettFémité* de
cette base, ou bien une base qui seroit à peu près perpendiculaire ta première, deux angtee de
position pris dans un plan oblique et un sent angle de hauteur. Dans les d~Om cas, bm meaare direc-
tement le cote du triangle dont le tommet est appuyéla c~me de la montagne. La mettre du Pie
exécutée par M. de Borda, est une trianguMem enivrement semblable tcellet par teMmeBet, dans
la prolongation d'une méridienne, on détermine tes élévationt des signaux ou de* montagnesvoizines
de ces signaux au-dessus du niveau de la mer. Cmne Muroitdiseonvenir que la simplicité d'une méthode
et le petit nombre des élémens qui entrent dans le calent de la hauteur, ojErentdes avantagea particuliers
mais il seroit injuste de condamner des opérations plus compliquées, si l'on peut se convaincre que
tes observateur*ont apporté le plus grand soin la résolution de chaque triangle.
M. de Bordan'a pu mesurer immédiatement la grande basede t5a6 toises, aux extrémité' de laquelle il
a déterminé tes anglesobliques de position et let angles que sous-tend la hauteur du volcan. La longueur de
cette base a été trouvée par la résolution de deux petits triangtea et cette détermination mérite d'autant
plus deconBance que toustes angles ont été mesurésdirectement qu'on a vériné, par un cercle répétiteur
à réOexion, le résultat obtenu par le petit quart de cercle de Ramsden; que les erreurs de chaque
angle ne paroissent pas avoir excédé 8 à <o secondes, et que la première base, de 2t3 toises, a été
mesurée deux fois, sans qu'on ait trouvé plus de a~ pouces de diCE6rence. Je ne pense pas que cette
partie de la mesure de M. de Borda puisse avoir manqué de précision; et il faut espérer que la même
précision a été atteinte dans les angles de hauteur, dont tro~ sont indispensables pour la mesure du
Pic; savoir: le sommet du Piton vu en d, le signal d vu en a, et la dépression de l'horizon de la
mer. il auroit été a désirer que l'observateur eût déterminé ces angles au moyen de son cercle a réNexion,
en employant, comme horizon artificiel, un verre plan ou du mercure car l'erreur de collimation et la
position horizontale de l'instrument sont bien difficilesà détermmer avecprécision dans un quart de cercle
mobile d'un pied de rayon. D'après le manuscrit conservé au ZMp<!< de Marine, cette vérincation
des angles de hauteur n'a pas eu lieu et l'harmonie
qu'offrent tes deux hauteurs du Piton au-dessus
des points d et c, prouve plus la constance de l'erreur de collimation que l'exactitude de la valeur
absoluedes angles de hauteur. Pour obtenir deux rémitats comparati<s M. de Borda a d6 prendre sept
distances Mnithates savoir celle du sommet vu ene et en < celle du signal d và en a et en c, celle du
signal c vu en a, et les dépressions de l'horiton de la mer mesurées en d et en a. Tout le monde
sait que ces distance
zénithales sont plus difficilesà obtenir avec précision que les angles de position,
surtout lorsqu'on ne peut faire u<)tged'un cercle astronomiquerépétiteur Aussi, à circonstances égales, une
méthode est d'autant plus désavantageuseque les angles de hauteur sont plus multipliés. Pour résoudre
la question de savoir quel est le nombre de toises dont la hauteur du Pic peut avoir été trouvée
trop grande ou trop petite, j'ai supposé une erreur dans la mesure de la base, dans celle de l'angle
sous-tendu par la montagne, et dans les réfractions terrestres. Si le volcanavoit toa5 toises d'élévation
absolueau lieu de too5 toises l'angle de P en c seroit, d'après le calent de M. Oitmanns et le mien,
dett° 36' 34" au lieu de n° ag' t8" que M. de Borda a trouvés; les bases cd et a seroient de
0260 et i5gt pieds, au lieu de gtSg et t3?~ pieds. Or, comment supposer que l'on se soit trompé
de 7' i6" en déterminant l'erreur de cotlimatian du quart de cercle, et de t4 pieds dans la double
mesure d'une base de a9Q,5toises? Nous ignorons à combien M. de Borda a évalué l'effet de la réfraction
terrestre mais il est probable que sa supposition n'a pas diSëré de l'arc La
beaucoup de

J'ai faitvoir,dansun antreendroit,<tm'mbord<hlamer, onpont, awcbs«MMpd'emctinuh-,iBtBtnrer la dépression


de t'horizonpar un mttnimeotr.:a<uon. en'prenantalternativement desnanteurtdu soleilau-dessusdefhetiMa de
la mer tt dansan horizonartificiel,et en réduisantCMhantonsau mêmeiMtmt.

J*
28~ MV~Eï.
distance du volcan est de 9 mit!es,et une variation de réfraction de a~'nechangetoit encore qued'une
toiselahauteurtotaledelamdntagne.
Comme tes bases qui fervent &h mesure de* montagnesne se trouvent généralement pas sur les cote*
et au niveau de l'Océan, tes voyageurs sont forces de recoanr, soit des mesares barométriques,
soit à la dépression de l'horizon. Dans t'opéra~on de M. de Borda, ces ttéductioM ont été asse*
considérables, d étant étevé de tCg toises, et ede55 toises an-dessns la tnrfitCe de le mer.
Or, quand il s'agit de comparer des mesures barométriques et géométriques qui ne différent que d'un
petit nombre do toises, il faut examiner quelle est la limite des erreurs que t'en pu commettre, et
si la mesure pèche par excès ou par défaut. Les variations de la réfraction terrestre élèvent ou
dépriment l'horizon de la mer de a on 3 minutes pour nn observateur placé sur la côte à 3 ou 4 toises
de hauteur. A cette distance, tes trajectoires peuvent être plus ou moins concave* ou convexes, selon
la température du sol ou Ide la mer, et selon le décroissement inégal de densité qu'offrent les couches
d'air superposées. A mesure que l'observateur s'élève au-dessus des cotes, les erreurs dues aux variations
irrégutieres de la réfraction diminuent considérablement; et il estfacile de prouver que, lors.de l'opération
de M. de Borda, eUes~n'ont pas excédé 3 à 4 toises Commela mer, a cette époque, étoit plus froide
que l'air, tes stationsc et ff peuvent avoir été trouvées moins hautes qu'elles ne te sont eBectivement et
l'on peut supposer, ce qui est confirmé par les mesures barométriques, que le résultat trigonométrique,
fait en 1776, péche plutôt par défaut que par excès.
En résumant ce que nous venons de constater par l'examen successif des é!émens qui entrent
dans le calcul de l'élévationabsolue du Pic de TénérNë, il résulte que la mesure trigonométrique faite par
M. de Borda est probablement exacte à moins de y~ de ta hauteur totale, à moins qu'on ne suppose
des erreurs accidentelles dues à la négligence des observateurs.
Je ne doute pas que ce mêmedegré dé précisionpuisse être atteint, dans descirconstances bien favorables,
par des mesuresmultipliées faites au moyen du baromètre; mais il est difficilede juger, lorsqu'il s'agit de
quelquesobservationsisolées, si des vents obliques, ou une inégale distribution dela chaleur dànsles couches
d'air superposées, n'ont pas altéré tes résultats. Des trois mesures barométriques faites
par MM. de
Borda, Lamanonet Cordier, et calculées d'après la formule de La Pt~ce et le eoëfneient de Ramond, il
n'y a que ]a seconde qui ne- donne pas de hauteurs plus grandes que l'opération géométrique. Si l'on
substitue a la formule de La Place celle de Deluc ou de Trembley, les hautem-s, au' lieu de
pécher par
excès, pécheront par défaut.En supposait que le Picait ef&ctivementtgo5 toisés d'élévation, la formule de
La Place, appliquée aux observationsbarométriques deMM. Lamanon et Cordier, n'offriroit
qu'une erreur
de 5 toises ou de quantité extrêmement petite, et qui ne seroit~ueOue la moitié ou le tiers de celle>
cette
à laquelle d'excettens observateurs peuvent être
exposés
Les oombrcMM observations
de dépressionfait., par M. M.c]minà Montjcny,prt. de tt.rMhme,ne di~n-nt entre
ellesque do7 toises.C'estla limitedesécartstMr~mM,la hauteurtotaledo la étantde .«5 toises.Delambre,
montagne
J?a~ejH~'y«em€me<rt~He,T.n,p.~S9et'-65~
a Biot,surlesréfractions~traordiaairm.dnn.k.m. )fe/MtfMt, .809, p. ,5?. et ;So. M. de Borda, comme
laplupartdesgéomètre. ontmesuréla dépression de t'hor.Mn,a n~Cged'mdi~er latempérature de t'Oceanmai. nous
Mvomqm'acetteépoquel'air étoita t5° et, d'aprèstêt observations Mppertee.plushaut, p. ~ï-~o on pent admettre
queh chaleurde l'eaudela mera étéde M à 3. degrés.Or, de. hauteursde 3o toiMtcalculées,dao.h
réfractionmoyennede 0,08et d'un décroissement mppo.itiood'uM
uniformeen progression arithmétique,paroitMntdiminneet dt 3 to<Mt
a
lorsqu'ily a quatredegrésde différenceentre la températurede l'air et de .'em. Ce nombrerésultedes obt~rTMiom.
nombreuses faitespar MM. 1Bh<t\tMathieua la tour de Dantterqne.
3 M. D'Aubuisson conclut,aprèsavoirdi.c<.tenn grandnombred'observations calculées
d'âpre, la formulede LaPlace,
et comparée. de~mesnresgéodésiques précis. .qu'en évitantie, can~.manifestes telsque te. henre. du
d'inexactitude,
matin,les changemen. considérablcs
de temps4'un jour a .'antre, les orageset 1'innnence
nn centièmecommela limitedeserren, U ajoute deslocalités,on peut regarder
que, leptn. souvent,par des compen~on.henreMc.,l'erreqr.er.
qnedeqnetqne.miUicmc. » Journalile Physique,T. LXXI,p. 35.
s~5'
~c~At~~nt.~
pt~Mt~~Ment dteM,~m~a~wMe~ Y~aA~,t:pll~ 1e11."711'"
t ~P .vw..r.
tttr h Mwp~det't~.l~)~~ ~ét~d~9~~ du oale~ da:
Ba~~L.'MM~<M~w~J~~ ~~I.-i' ,w~u. la~ce~t~
daatM'& tM< h~<e~ <es<< .~Mtrwt~de.
M..<B.a~p~E~<~m.)~t.)t~~ ¡de ~rda; de~r
.JIII;peq~'
.mwM~'we~qMitWM~,<~e~ ~be~u~aoup c~üe,de La~ dü ~ntr~~
~ne~rezbarommbtriq~ue payr
Stu~M.9~M~ ~B~r
piM ~t~t, ~s~o~té~de, düièaaes~S°e 0" i* Ttn~
qu~elques
t~c Mm~~e~fe~cow~dky dq metcuredendIU.'feite'. LestherDlôlPètree,
ont ét~obMf~t &t'<MB!H'e; hs ~otndM' c~MM'M"~ troaTentMt~téee dam ies joamem de
MM.de Befd~et/Ve)re!a wyagem~oottt m~meles ee~t qui a)ext porté deuxharom~tfe* h
cinte df Ktan' LM de~ ~tt~~M~'Mc~oiMt ~3~~ 4~Hu~M~ et yoa prenoiteoMt~m-
ment !t ~y<e)<~jM)t!reta' dem~ St t'ott n~conn~iMO'tpa~ 'vec aMezde p)~c:Mmt h T~ntaHe
hauteur du Ke~0~ d~wott pea'er <:p<e la me<ate!Mt«n~tnq<te (i~te en ~7~6 ne p<MMroit ette en
errew de T:?ttandM~'ette t'e~t RfahaMenteat au deHde M t~t de comparef!et iadieatMna
du har~metteet du theMMH<t&tfe de Borda Mreete~mdicattonode cet to~me*uMtnttnened<m'te*
TayegetdettfMtMWMetde rec<ta~t!fe<p'e,daM ~ntttm~ed" t." octebte ~776,
M.<~0)rdtef,pc'M'
sorleeetmnetdu PttMh!apM~ioadei'Mra éprouvé<mejmedtSo~tiea extMtH'dMta!te
et trtB-proMem&tMpte.
Vaieite~eittaen~de cette c<NmpM'MMn:

M- '[H)!M~fMtt)fz
BAfMMiTM DE~t~MOt. H~tïM~ B~CMtK'BttMT
'£U¡vs:.
UEOt. '–– d'II
't'op~hfen~te
Borda, i LamanOn, Cordier, MmhrtdttmtM
1778; ) t?8a. t8o3. ~T~c'.tt. MrrMp.t.B.
ye..1'. t4ara Po n. t6enn
Estanctad~ Bar-fag~ 8~' BM-.tgg.S 4?,9 B.t555t. B. t34t. t
teotngleMs.. a8 'i, .a'S.
af2,9 1g~,5 z8 a84,6
4,6 t5*
i3~ C: 'M3
C. ~543 C.
C. t55
t55
Eoslngleses.
Po li.~ ll,pm 1 li U~ero.. ~pn. li., 'fh im:
Sommet ~Bar.~So~ ~,5Bar.t'S4,3 ~°Bar.)~4~n 6~ B.t9?6t. t. B. '65 tf
du Pic. 38a,9 ao*
&'1'.1&0,2 8°,5 Bar. a~3,o
18 4,3 .9°
a4' 28 28 5,6 6.,1' L.
4,0 tg~g L, 1916
1902 L. 'aS
165
Sommet C. tgao C. t44
i

On est frappé de voir dans ce tableau que M. de Borda a trouvé sesbaromètres, an sommet du Pic,
4 lignesplus bas que d'autres <&servateurs,et sans queles indicationsdu thermomètre serventà expliquer
une si énorme diBïrenee dana la pression atmosphérique On pourroit croire que les instrumens se
soient déranges pendant la nuit que les voyageurs ont passée à la station des Rochers mais on trouve
marqué tout exprès, dans les journaux de MM. de~Hord~et Varela que, le lendemain du voyage,
la diBerenceentre le harometr& de M. Pasley, à l'Orotava, ~t ceux qui avoient servi à la mesure du

t LecoétEcïont,
i?97~ ~po<tttonjM<yy~. <h ~fojM~J t., p. 8~. AtMtooJ,~Mem. taf ~a~fMM~e
tarome~~Ma,
P-
Elle~to!tdé 0,9~p ~tgaean borddmCftttM.
L'ermNrd'nndegtëd<ta'rindieMioa
Je h Mmp~nttnre < t'tir Mchangeroit
emcorthhmtcm dnPie<t peapr~<<k toi*.
Un grandnombredebonnes faite*à la cime
observations, duSaint-Bernard,
prouveque!eaeieTauon~tOtate<c<[ïcNtee«onttrbp
foi< te*
grandeson tropPetiteschaque que temp~tMnrea am-demMsont e n an-detton<d e)t temn~raMM me~MMdu deux
*ttt:9M.Je<tm.<!e~~t.,T.LXXt,p.<o.
286 'tVBE't.
n. r ;g~-
pics tres-étancés, est sans doute peu propre & essayer l'erreur des coëBcient barométriques. H M
forme des vents obliques sur la pente rapide de la montagne, et il est t supposer que, lors de
la mesure de M. de Borda, un vent ascendant tres-~violent, ou quelque antre cause perturbatrice
inconnue, ont fait baisserle baromètre. LetempsavoitétépluvienxIaveiHe; le démroissementdncalorique
étoitd'uneextréme lenteur: et vraisemMaHemeàt très-peu uniforme, ce qui mot, en défaut toutes les
formules malgré ces circonstance< tans le témoignage d'un observatettrauss; exact queM. de Borde, on
auroit de la peine à croire que la pression barométrique pet changer de quatre lignes tune hauteur
déplus de tgoo toises et aux limites de la zone torride. Il en est d'une mesure barométrique Molée
commed'une longitude déterminée par le simple transport du temps, L'une et l'autre, exécutées ayec
de bons instrumens et dans des circonstances favorabtes, sont susceptibles d'une grande exactitude;
mais, lorsque les variations météorologiques ou'le retard du chronomètre ne suivent pas une marche
régulière et uniforme, it est impossible de 6xer la limite des erreurs, comme on le fait avec succès,
en discutant une opération géométrique, ou le résultat d'une série de distances lunaires.
Après avoirexelula mesure barométrique de Borda, il nous en reste deux autres qui inspirent une grande
confianceet dont l'une parolt pêcher un peu par défaut, commel'autre par excès. Nous awnsdé}t&it
remarquer que leur résultatmoyen ne dISere pas de o,oo3 de la mesure géométrique, et nous ne donnerons
pas la préférence aux observations barométriques de Lamanon sur ceHesde M. Cordier, parce que nota
croyonsavoir prouvé que le résultat mêmede la triangulation ponrroit bien être trop petit de quelque*toises,
et que M. Cordiera fait sonvoyage par un temps très-beau et très-constant. Cesavant pense que sa mesure
doit donner un résultat très-approchant de la vérité, à causedes précautions nombreusesqu'il a prises pour
éviter leserreurs L'observation a été,fa<tele matin, et Fou sait que,pour cette époque du jour, la formule
de M. La Place donne deshauteurs trop cibles, parce que ooncoëHiciént été déterminé par des
observationsfaites à midi mais d'un autre c~té, M. Ramond a rendu probable que le coëftieient
adopté polar nos contrées septentrionales doit subir une légère diminution, pour l'approprier a la
mesure des hauteurs comprteeftentre les Tropiques ou rapprochées des limites de la zone torride*.
Il y a donc eu eompensatton, et cette compensation n'a pas été troublée par les effetsde la variation
diurne du baromètre. J'insiste sur cette dernière circonstance, parce que des physiciens distingués ont
anirmé récemment que le baromètre doit baisser sur les hautes montagnes, tandts qu'à neuf heures
du matin il atteint son m'Mt'mMmdans les plaines. Cette assertion ne se fonde que sur des aperçus
théoriques et sur un phénomène local observé par Saussure dans les Alpes. Les observations que nous
avons faites, M. Bonpland et moi, sur les variations horaires du baromètre, depuis les cotes
jusqu'&
aooo toises de hauteur, prouvent au contraire que, sous les Tropiques, le mercure atteint son
m<M!MtMM et son mtntmuyn exactement aux mêmes heures dans les basses
régions et sur les sommet*
des Andes.
La véritable hauteur du Pic de TénérMe dinere probablement
peu de la moyenne entre les trois
mesures géométriques et barométriques de Borda, Lamanon et M Cordier/:
igo5 toises,
toca
'990 <

*9<'9
La détermination exacte de ce point est importante pour la physique, &Caneede
l'application des
Ramond,p. S et t6.
Atd.,p.
Jmra. Phys., T. LXXt, p..5.
Ht.
CHAPfCRE ~87
nouveaes&rmu!e<harométnqnet;pourlahav~<ion,~caMe~~ pi1o~.iD8truita
et
prenitentquelquefoisenptssant a~vned<tPic, pour la géographie,tcause~el'MagequeM~
VaMhtontfaitdecesmetnesangtBs pour le MievenMnt~t~ca~ de l'ar~hipetdes Canari.

~a
Nousavons agité plus haut, page t4o, la quesMonde savoirs! ta coted'AMque peut être vuedn Mmmet
du volcan de TénérMfe. Geprobtemea<tédiscutéparM.Detamhre,auquel~n~ devons un si grand
nombre d'observations précieuses sur les r~~cMons hori~ntetes Voici <bmdemens ~u calcul 3oat
nous n'avons donnéque te seul résultat dam te a.* chapitre soit (ng. a) M le Pic de TénériM, et Nla cote
qui est éloignée du pied dm Hc de l'afc PTQ=a°49'o' Comms la fë&action Ett paro!tre te~,,s
objets piM élevés qu'ih ne le sont réettement, H sera possible de voir dn haut dn Pic le point N,
bien qu'il eoit caché par la coarbure delà terre Ce-point sera ~Bectivement~~ s'il est assez
élevé pour envoyer un rayon qui, en décrivant la courbe N T M & travers les couches de l'atmosphère,
no~sse qmeraser la terre en T. Du sommetda Pie on apereevroit donc à la <t'isles points T et Nj et
t'observateur qui serott placé en T verroit tes points N et M dans son'horiieoo N' T M'. Si l'on désigne
par &==t9o4* la hauteur du Me, d'après !a mesure géométrique de Borda, par R==3aytaa5* le
rayon de la terre, et en6n par o le coënicient de la rëfraetton terrestre, dont la valeur. moyenne
a été trouvée de o,o9 par M. Detamhre; on aura la distance PT, a laquelle doit être t'observateur, pour
voir le sommet M en M<à l'horizon, pa~r la formule
1 I/IT
~~=~
qui donne ?T=B*' 7' a6". Telle est la plus grande distance a laquelle on puMse apercevoir le Pic
du*niveau de la mer. Si l'on retranche P T de PTQ = M"4o' «' il restera Q T ==4t' 34", avec cette
distance on trouveraaisément!a hauteurN Q= A' que doit avoirla cote pour paroitre en N' 41horizon. En
effet, si, dans la formuleprécédente, on remplace l'arc P Tpar QT et la hauteur h par A~,onaura

~~r~r (l-e)"
d'oh l'on tire

A'=~S'QT~
a
Ainsi, en vertu de la réfraction et malgré la courbure de la terre qui, à la distance P Q, cacheroit une
montagne de 3~0 on pourroit voir qnelqueioisune montagne situéesur la côte et élevéeseulementde
aoa* mais, comme les réfraction! sont incertaines et peuvent même être négatives, il seroit imprudent
d'affirmer quelque chose pour d'aussi grandes distances pour lesquelles on n'a nulle observation.

RÉSULTATSDESB~TBNMBtATteH~
M BAPTBCR.

Lagnna, ville. 36o toises.


Orotava,~<t)e.t. ~g
Pin du Dortmjito. 533
Eatancia de ios ïngtB<es. t55a
Cavet~e de ~tace. i?3a
PteddoPitott. t8a5
SommetdnPicdeTénën~ ,y~
1 t-r~Rt! ï.
288
J'ai rapporté, dan~ le Chapitre Mï te tésnttat de< ohtervatiom de longitude que jai faites &
Sainte-Croix de TénénBe. Voici des données tirées du menMcrit de M. de Borda, et qui servirent
à compléter ce qui a été rapporté dam le Recueil de mes ohetryatioM a~MnMniqaet (T. I, p. xxxvu
et a8). Don Josef Varela observa, le 3o août t776, au port de la Gomera, Mmemion du troisième
satellite de Jupiter, à 5h 4o' 8". ToEno vit, a Cadix, cette même émersion, à t6'' a3' 28". Différence
des méridiens, o'*43' ao";te port detaGomera étant eitoé, d'après les opération* de Borda, o' a8"
à l'est de Sainte-Croix, on trouve, pour ce dernier endroit, o'' 3o' 5a". Le ta octobre, Vareta «bterva
l'immersion du troisième satellite à Sainte-Croix, à ta*' 49' tt". ToMo Et la metne observation a
Cadix, à i3'* aa' a6". UiSerence des méridiens, o'* 4o' t5". Le même jour, émersiott dm tronieme
satellite à Sainte-Croix, &tS'' Sa' 5t"; à Cadix, 16'*Sa' S4". Différence, oh 4d y. La moyenMede
ces trois observationsde sateHites, qui n'avoient point encore été pub.tiéea, donne Sainte~Croixà l'ouest
de Paris de iS*'36' 45", en comptant, avec M. de Borda, .pour Cattix, 8° 36' o", confbnnément a
t'observation de t'éctipsc annulaire da soleil de '764, catcutée par Duséjour. Mais la véritaNe longitude
de l'ancien observatoire de Cadix étant, d'âpres un grand nombre d'occultations d'étoiles*, catcn}ée~
par MM. Triesnecker et Ottmaans, de 8° 3?' 37' il en rétatte, pour Sainte-Croix, par tes satellites
i8<-38' aa". Varela et Tofifioee servoient de deax télescopes de Dottond de a ?pied< de tongnew,
et avec lesquels ces deux observateurs avoient souvent obtenu à Cadix des résultats d'un accord
parfait. Deuxobservations des pretnier et second satellites, faites par te père Feuillée, en t7:t4, a ta
Laguna et à la ville d'Orotava, et comparées aut observations de Maraldi, à Paris, donnent, pour
Sainte-Croix de TénériBe, 18° 36' 36" et t8° ao' tt", en supposant, avec Borda, la Laguna de a' 50"
et la ville de l'Orotava de 16' i5'' à l'ouest dumote de Sainte Croix (Mém.det'Acad~ '746, p. ta3).
Ces données, réunies aux résultats ctTonométriques, concourent à prouver ce que j'ai développé
ailleurs, que la longitude du mele n'est probablement m plus petite que tS" 33' ni plus grande que
18" 36' ou t8*' 38'. M. de Borda, en partante dans son Journal, du capitaine Cook, qn'itettt la
aux t!es ~maries, ajoute: a Je ne conçois paspourquoi ce célèbre navigateur,
satisfact~n de rencontrer
qui connoissoit tes déterminations des voyageurs qui l'ont précédé, s'obstine à vouloir que te port de
Sainte-Croix soit par tes t8° 5t' o". ( Z!%tn< ~'<yo~e, T. p. tg ) Avant l'expédition de la Boussole
et de t'jE~~g~, on croyait généralement la latitude d~ Pic de Ténénf!e de !aS° ta' 54". ( A~M~e~ne,
Brit. Mariner' Guide, p. 17.) Cook trouva le Pic, par des opérations &ites!a la voile, ta' t t" plus
austral et 29' 3o" plus occidental le môle de Sainte-Croix. Les opérations géométriques de Borda
que
donnent, avec plus de précision, tt' 3?" pour la différenceen latitude, et a3' 54" pour ta différence
en longitude. Au môle, le Pic a été relevé astronomiqttement Ouest a8'*55' Sud. Angle de hauteur
apparent, 4° 37'. Distance, 23740 toises, en supposantl'élévation du volcan de t0o4 toises. Latitude
du Pic, a)i° t6' 53". Longitude, t8<' Sa' 54". Je cousiigneici tout ce qui a rapport à cette montagne
célèbre pour engager les navigateurs à vérmer des résultats aussi importans pour la géographie nautique.

M. de Borda est le seul voyageur qui ait comparé, d'une manière précise, l'inclinaison magnétique
à Sainte-Croixet à la cime du Pic de TénériSe. Ma ~roevéla dernière de t" i5' plus grande. (~anM<
crit du Dépdt, Cah. 4. ) Cette augmentation d'inclinaison observée sur le sommet d'une haute
montagne, est conforme à ce que j'ai remarqué plusieurs foisdans ta chaine des Andes ette dépend
probablement de quelque système d'attractions locales; mais, pour bien juger de ce phénomène, il
faudroit conno!tre exactement t'inctinabon de
t'aiguille aimantéeau pied dh v<~can, par exemple, a la
ville d'Orotava. Li déclinaison, en t776, étoit à Gomera-de tS" 45', au mole de Sainte-Croix de ~5"
5o',
et au bord du cratère du Pic, ~9° 4o' vers le nord-<mest.

Pagelot.
~t<-<ft'o~. astron.,T. p. !<S.~me<<t, MoMnMtfe ~~«ffgantn, t.t, p. ~5.
LIVRE IL

CHAPITRE
ÏV
PREMïMSEJOURA CO!tANA.–a!VESDU'MANZANAHZS.

Nous étions arnvé&aumouithge,vis~t-visdel'embouchuredu Rio Manzanares,


le t6)uH!et,àà la pointedu jour; maisnousne pûmesdébarquerquetrès-tarddans
la matinée,parceque noustûmesobligésd attendrela visitedesofficiersdu port.
Nosregardsétoientnxéssur des groupes de cocotiersqui bordoientla rivière,
et dont les troncsexcédantsoixantepieds de hauteur dominoient te paysage.
La plaine étoit couverte de touffes de Casses, de Capparis et de ces
Mimosesarborescentesqui, semblablesau pin de l'Italie, étendent leurs
branches en forme de parasol. Les feuilles pennées des palmiers se déta-
choient sur l'azur d'un ciel dont la pureté n'étoit troubtée par aucune
trace de vapeurs. Le soleil montoit rapidement vers le zénith. Une lumière
éblouissanteétoit répandue dans l'air, sur les coMInesManchâtres,parsemées
de Cactiers cylindriques,et sur cette mer toujours calme, dont tes rives
sont peuplées d'Alcatras d'Aigrettes et de Flamants. L'éclat du jour,
la vigueur des couleursvégétâtes,la forme des plantes, le plumage varié des
oiseaux, tout annonçoit le grand caractère de la nature dans les régions
équatoriales.
La ville de Cumana, capitale de la Nouvelle-Andalousie, est éloignée
d'un mille de reMt&oncod~ou de la batterie de la Bocca, près de laquelle
nous avions pris terre, après avoir passé ia barre du Manzanares.Nous
eûmes à parcourir une vaste plaine qui sépare le faubourg des Guay-
queries des côtes de la mer. L'excessive chaleur de l'atmosphère étoit
augmentéepar la réverbérationdu sol en partie dénué de végétation. Le
P~Hcm hnmde Htt~Heducygne,N<t~~JP<.
<~<Bt.j
n~gS~.PeUc)<nat&MCM,Litt.(OMf<&
~6. X/~ c.6 )
El Salado.
/{e/a<wAAM<or!~t~ Tom. 7. 3y
ago tt~&Eït.

thermomètrecentigrade, plongé dans lé sable blanc, s'é!ev0ltà 3~7. Dans


de petites mares d'eau salée, H se'~O~eoO~~3o<5~ taudis que la chaleur
de l'Océan, à sa surtace, est généralement, dans le port de Cumana de
2~°,2à 26°,3.La premièreplanteque nouscueillîmessurle continentde l'Amé-
riqueétoitl'Avicenniatomentosa *qu!,danscet endroit,atteint à peine deux pieds
dehauteur.Cètarbuste,le~esuvium,le Gomphrenajaune etlesCactierscouvrent
lesterrainsimprégnésde muriatede soude; ils appartiennentà ce petit nombre
de végétauxqui vivent en société, comme la bruyère de l'Europe~et qui
ne se trouvent dans la zone torride que sur les rivagesde ta mer et sur les
plateauxéfevésdèsAndes 3.L'Avicenniade Cumanase distinguepar une autre
particulariténon moinsremarquable:elle offre l'exempled'une plante commune
aux plagesd~rAmérique méridionateet aux cotes du Malabar.
Le pilote indien nous fit traverser son ~ardtn qui ressemMoitphttôt à
un taillis qu'à un terrain cultivé. Il nous montra, comme une preuve de
la fertilité de ce climat', un Fromager (Bombaxheptaphyuum) dont
le tronc, dans sa quatrième année, et
avott Atteint près de deu~ pieds
demi de diamètre. Nous avons Observé, sur les bords de rOrénôque et
de !a rivière de la Madeleine,que !ësfBombax,tes Caro!inea,ÏesOchroma
et arbres de la itamiuedes Màtvacées,prennent un accroissement
d'autres
extrêmement rapide. Je pense cependantqu'il y a eu quelque exagération
dans le rapport de l'Indiensur l'âge du Fromager;car, sousla zone tempérée
dans les terrains humides et chauds de l'Amérique septentrionale, entre
le Mississipiet les
Monts.AIeghany, les arbres n'excèdent pas un pied
de diamètre en dix ans, et la végétation n'y est en général que d'un

Enrénnissant tm grandnombred'etpénences faitesen t799et tSoo, <MBat!mtetOaiMtM,je


trouveque,dansleportdeCumana, aunordduCerroColorado, la merest, pemhtitt
te 4
))Mantj
deo",8pluschaude le Net,quellequesoitthettredelamarée.
quependant Je consignerai
M t'oh<e'-
vationdnaooctobre, quipeutpresque servirdetype,et quia étéfaitesurun pointdescôtesoit
lamer,àt5otohesdedistance,a dé)&3oou4o&ra~s deprofbnnenr.
Adii~hèarës dumatinjusant,
a6°,t;air,prèsdela côte,a7<4;ttf, prèsdeta ville,3o<9jeandmMMtmnarM, a5'a. Aqaatre
heuresde t'apres-midimermontante, a5'3; air,prêtdeec&tef,a6',a;airà Cumana,?8°,t;eau
<tuManzanarea,a5°,7..
Jtf<tn~&prieto.
Sur t'Mtrénte rareté <)e))jo&~K~ft<ofMe< entre t&<
Tropiques (voyez 1*ËM<K«tr C<!o~.<&<
plantes, p. )o), et nn Mémoire de M. Brown, sur tes Protéacees (7~n<.
of the Lin. Soc., VoL X,
P. ï, p. a3), dam lequel ce grand botaniste a étendu et
connrmé, par des faits nombreux, mes
idées sur les associations des
végétaux d'une même espèce.
A cinq pieds de terre. Cesmesures sont d'un excellent
observateur, M. Micbauï.
cHAJPjn'RE <v.. agit

einqnièmep!usaecéMrée~'enEuMpe,m~meenl~~
d'Oscid~t~ !e Tatipier '? le Gap~ dwticha qui~~a~ de neuf a quinze
piedsde diamètre.C'est ~n~i BMrtaplage deCMmana,dan*~eja~n;dnpi!ote
guayquene, que nou$v~es,j~ur la premièreCois, un <?MOM~chargé de
neurs, et remarqnabtepar l'~tt~me longueuret l'éclat argentéde ses BombMMM
étamines,Noustravers&me< le ~ubonrgd<~ïndtens, dont les mes sont trèa-Men
alignées,et armées de petites maisnnstoutes nenves et d'un aspectriant. Ce
quartier de la vittevenoit d'être reconstruit à causedu tremblementde terre
qui avait ruiné Cumana.dix-buitmois avant notre arrivée. A peine eûmes-
nouspassé, surun pont de bois, le Rio Manzanaresqui nourrit quelquesBavas
ou CMCodttes de la petite espèce,que nous vfntespartout les traces de cette
borriMeeatastipopbe;de nouveaux ediRcess'~tevoientsur les décombresdes
ancien~.
Nous~urnesconduits, par !e capitaine du ~M<MW,chezle gouverneurde
la province, Don Vicente Emparas,pour lui présenterles passeportsqui nous
avoientétë donnes par la prenuère sectëtaiBeae~detat.IInousjeçntavec cette
tranchtseet cette nob!esimpUcit~qui, de tout temps, ont caractériséla nation
basque.Avantd'avoirété nommégouverneur de Portobetoet de Cumana,il s'étoit
distinguécommecapitainede vaisseaudans la marine royale.Sonnom rappelle
un desévénemenslesplusextraordinaities etlesplusaniigeansqueprésentel'histoire
desguerresmaritimes.Lors deladernièrerupture entre l'Espagneet l'Angleterre,
deux(rères de M. dEmparan se battirent, pendant!a nuit, devant le port de
Cadix, l'un prenant le vaisseaude l'antre pour une embarcationennemie.Le
combatfut si terrible que les deux vaisseauxcoûtèrentpresque à la fois. Une
très-petitepartie des équipagesfut sauvée, et lesdeux frèreseurent le malheur
de se reconnoftrepeu de temps avant leur mort.
Le gouverneur de Cumana nous témoigna de satisfaction de la
beaucoup
résolution que nous avions prise de séjourne!' quelque temps dans la Nouvette-
Andalouste, dont le nom, à cette époque) était presque inconnu en Europe,
et qui, dans ses montagnes et sur le bord de ses nombreuses
rivières, renferme un

~a t/MtTM,qu'à ne tout pas confondre avec Ht!ga commom on taga vera, WiM. (Ma'om
htg*, Un. ) t~ étantes M~ttchee, au NOtt~M Mixmte à aomMteréit, sont aM~h~ee 4 mneCMoBe
vcrdàtre, ont m) éclat toye~ et somt tennin~eaj~r âne anthère jeume.La fleur du GtMnMa t&UgnM de
long. La baatBur communede ce bel arbre, qui prefert: lès endroits humides, est de 8 a to toises.
Je ferai oMer~er, &cette occat.ion, que t'om
a distingué dans cet ouvrage, par le caractère <~a&om<
les noms des plantes nonveUe* que no<<saTon*recueimes M.
Bonpland et moi.
2Q~ t-tVRB tï.

grand nombre d'objetsdignesde nxerl'attentien des aataranstes. M. d'Emparan


nous montra des cotonsteintsavec des plantesindigènes,et dé beaux meubles
pour lesquelsonavoit employéexclusivementles bois dupays:il s'intéressoit
vivementà tout ce qui a rapport &la physique, et il demanda, à notre
grand étonnement, si nous pensions que, sous le beau ciel des Tropiques,
l'atmosphèrecontenoitmoinsd'azote( <~otteo)qu'enEspagne, ou sila Mpidité
aveclaquellele fer s'oxide dansces climats, étoit uniquementl'effet d'une plus
grande humidité indiquéepar l'hygromètreà cheveu.Le nom de la patrie~
prononcésur une côte lointaine, ne sauroit être ptu%agréable à t'oreitledu
voyageur,que ne t'étoientpour nousces mots d'azote, d'oxidede fer et d'hygro-
mètre.Noussavionsque, malgréles oMres de la couret les recommandations
d'unministrepuissant,notre séjour danstes coloniesespagnolesnous exposeroit
à des désagrémenssans nombre, si nous ne parvenionsà inspirer un intérêt
particulierà ceux qui gouvernent ces vastescontrées.M. d'Emparan aimoit
trop les sciences pour trouver étrange que nous vinssions de si loin
recueillirdes plantes et déterminerla position~de queïques !ieux par des
moyens astronomiques.Il ne supposa d'antres motifs à notre voyage que
ceux qui étoient énoncés dans nos passeports, et les marques publiques
de considérationqu'il nous a données pendant un long séjour dans son
gouvernement,ont contribué beaucoupà nous procurer un accueilfavorable
danstoutes les parties de l'Amériqueméridionale.
NousfBmes débarquernosinstrumensversiè soir, et nouseuthesla satisfaction
de trouverqu'aucunn'avoit~é endommagé.Nouslouâmesune maisonspacieuse,
et,dont l'expositionétoit favorablepour tes observations astronomiques.On
y jouissoitd'unefraîcheuragréabte,lorsquela brise soutnoit, tesfenêtresétoient
dépourvuesde vitres, et mêmede ces carreauxde papierqui, le plus souvent,
remplacenttes vitres à Cumana. Tous tes passagersdu Pizarro quittèrent le
bâtiment, mais la convalescence de ceux qui avoientété attaquésde ta nèvre
maligne étoit très-tente. Nousen vîmes qui, après un mois, malgré les
soins qui leur avoient été donnés par leurs compatriotes, étoient encore
dune foiblesseet dune maigreureffrayantes.L'hospitalité, dans tes colonies
espagnoles~est tetie, qu'un Européen qui arrive, sans recommandatMnet
sans moyenspécuniatres, est presque sur de trouver du secourss'il débarque
dans quelqueport pour cause de maladie. Les Catalans, tes Galiciens et
les Biscayensont les rapports les plus fréquens avec l'Amérique. Ils y
forment comme trois corporations distinctes, qui exercent une influence
CBAPÏT&1È <V. ~93

remarqaaMe mt M mceaM, l%d~tne ~t !e comm~e~ Le ptûs


sur d'etre~~ la
..dàn~s- ,~diaisoü
pauvre habitant de Siges ou de Vigo est
d'unj~a~w Catalan ou GàUctën,soit qu'it arrive an €&Ht,~ Mexique'
ou aux îles Philippines.J'ai vu les exemplesles plus toachans de ces soins
rendus à des inconnus, pendant desannées entières, et toujours sans
murmure. On a dit que l'hospitalitéétOit facile à exercer dans un climat
heureux, où la nourritureestabondante, où les végétauxindigènesfournissent
des remèdessalutaires, et oùle malade, couchédans un hamac, trouvesous
un hangardl'abri dontil~ besoin.Maisdoit-oncompterpourrienl'embarrascausé
dansune famillepar arrivéed'un étrangerdont on ne connottpas le caractère;i
est-ilpermisd oublier ces témoignagesdune douceur compatissante,ces soins
affectueuxdesfemmeset cette patience qui ne selasse point dansune longueet
pénibleconvalescence? On a remarquéqu'à fexceptionde quetquesviUestrès-
poputeuses,Fbospita!itén'a pasencorediminuéd'unemanière.sensibledepuisle
premierétaMissement descolonsespagnolsdans le nouveaumonde.IlestaStIgeant
de penserque ce changementauralieu, lorsquela poputationet t'industriecolo-
nialeferontdes progrèsplus rapides, et que cet état de la société,que l'on est
convenud'appeler une civilisationavancée, aura banni peu à peu « la vieille
franchisecastillane.
Parmi les maladesqui débarquèrentà Cumana, se trouvoit un nègre qui
tomba en démence,peu de jours aprèsnotre arrivée il mourutdans cet état
déplorable, quoique son maitre, '-v;ieil1ard
presque septuagénaire,qui àvoit
quitté l'Europe pour chercherun établissementà San Blas, à rentrée du
golfede CaHibmie, lui eut prodigué touslessecoursimaginables.Je cite ce fait
pour prouverqu'it arrive quelquefoisque deshommesnés sonsla zonetorride,
après avoir habitéles climats tempérés,éprouventles effets pernicieuxde la
chaleurdesTropiques.Le nègreétoit nn jeune homme de dix~huitans, très-
robuste, et né sur la côte de Guinée.Un séjour de, quelquesannées sur le
plateau des Castilles avoit donné à son organisationce degré d'excitabilité
qui rend ïes miasmesde Ja zone torride si dangereuxpour les habitans des
pays septentrionaux.
LeseLqù'occupela ville deCumana.fait partie d'un terraintrès-rematqdaNe
sous le point de vue géologique.Comme depuis mon retour en Europe,
d'autres voyageurs m'ont devancé dans la description de quelques parties

Petit marchand.
~4 'mfXt-.th

descôtes qu'ils ont visitées .après~'mat,d<Ms' ~boraer.~ Mià donner


développementaux observations Vers te~etles leurs ~tad~e~
dirigées.La chatne des Atp~ eatMtMS d~ Bërga~tw e~
prolongede t'est à t'onest depuis ta cime de t'?o~~ ;t)squ'a<' p0)~ de
Mochimaet au Campanario.La mer, dansdes temps tres-MC~é~pa~H.ir
séparé ce rideau de montagnesdelà côte rocheused'Araya etde ~a~
Le vaste golte dé Cariacoest du à une irruption pélagique,et l'Ott nesawoit
douter qu'à cette époque, les eaux ont couvert) sur la rive meridionate,
tout le terrain imprégnéde muriatede soudequetraverse lé Rio MbaM~ares.
H stnEt de jeter un coup d'ceit sur te plan topôgraphiquede la vitte de
Cumana, pour prouver ce fait aussi indubitablequelancien eéjourde ta met
dans te bassin de Paris~ d'Oxtbrd etde Rome.Une retraite tente dea ea~
a mis à sec cette plage étenduedans taqueltes'élève ungrompede moatiCHtea
composés de gypse et de brèches calcaires~ de ta formation h ptas
récente.
La vittede Cumana est adosséeà ce groupequi étoit )adisJMnejte~ goKe
de Cariaco.Lapartie deta ptainequi est au nord de la vit!e s'appelleta jP~t<f<f
Pi~sg~ ette s'étend à fest jusqu'à Punta Detgada, oa utte vaUéeétroite,
couvertede Gomphrenanava, marque encore le point de l'ancien déversoi)'
des eaux.CettevaHée,dont l'entréen'est défenduepar ancanouvrage extériettr)
estle pointpar lequella placeestte plusexposéeà une attaquemilitaire.L'ennemi
peut passer en toute sûreté entre la jF'oM~edes MMe.fJît iCo~~gonet l'em-
bouchure du Manzanares,~)ùta mer, près de t'entrée do gotfe de Cariaco,
a~o, 5o et, plus au sud~est,mêmejusqu'à8~ brassesde fond.!t pentdébarqoer
près de jPMnfa~e~ et prendre le fort Saint-Antoineet la villede Cumana
de reveM, sans craindrete &!Udesbatteries de l'ouest censtraitesà ta ~Pettte
P~< à t'embouchurede ta rivière, et au Cp~io<CbZoiia<~o.
La cetHnede brèchescaitcaices, que nous venonsde considérercommeune ne
dansl'anciengotfe,estcouverted'uneioret épaissede Giergeaet de Raquettes.Hy
en a quiont trente à quarantepiedsde haut, et dont le tronc, couvertde Lichens
et divisé en phjsieursbranches, en (orme de candélabre, offre un aspect
extraordinaire.Pcesde Maniquarez,à ta Puntà Araya, nous avons mesate nn

C/ttC<
f/<7gM
Punta Arenas del BarigOn,au sud du château d'Araya.
A l'OMestde &MNe~t<c<.
CHAPtTRE
tV. a~5
.A'" -1'
CMtierdontte troncavaitplus de quatrepiedsaettfponces de~tcon~reace't Un
Européen~qni neconaottque!es Raquettesdp nus aecrew~~t MrprM devoie que
,leboisde ce végétaldevient extrêmement dur avec l'âge, qu'it~ésiMe pendant
~es siècles&l'air et a l'humidité, et que lesMiens de Cumanal'empïoientde
préférencepour des rametetdesseuilj! depoyte<Cumana~ CoFO,M!e de~a
et
Margnerite CuraçaoMnt !esendroits de l'Amériqueméndipnalequi abondent
le plusen végétauxde lafamilledesNopatéee. C'estlà seulementque desbotanistes,
après long séjour, pourroient composerune monographie des Cactus qui
un
varient singulièrement,nondans teurs neurs et leurs Ïruits, mais dans la
formede leur tige articulée, le nombredesarêteset la disposition des épines.
Nousverronsdans la suite commentces végétaux,qui caractérisentun climat
chaud et excessivementsec, semblableà celui de lÉgypte et de la Californie,
disparoissentpeu à peu à mesureque l'on s'éloignede la Terre-Ferme pour
pénétrer dans l'intérieur des terres.
Les groupes de Cierges et de Raquettes sont, pour les terrains arides de
l'Amérique équinoxiale, ce que les marécages couverts de Joncacées et
d*Hydrocaridées,sont pour nos pays du Nord. On regarde presque comme
impénétrableun endroit où des Cactiers épineux de la grande espèce sont
réunis par bandes. Ces endroits, appelés ZMna~c~,n'arrétent pas seulement
l'indigènequi marche nu jusqu'à la ceinture; ils se font craindreégalement
des castes pourvues de vêtemens.Dans nos promenadessolitaires, nous
essayâmesde pénétrer quelquefoisdans le yun~ qui couronne le sommet
de la colline du château, et dont une partie est traverséepar un sentier.
C'est là qu'on pourroit étudier, sur des milliers d'individus, l'organisation
de ce singulier végétal.Quelquefoisla nuit nous surprit subitement; car !e
crépusculeest presque nul sous ce climat.Nous nous trouvâmes alors dans
une positiond'autant plus pénible que le <~Mca&e~ ou serpent à sonnettes3,
le Cbna/, et d'autres vipères, manies de crochetsvenimeux,fréquentent,dans
le temps de la ponte, ces endroits brulans et arides, pour y déposer leurs
œufs sousle sable.
Le châteauSaint-Antoineest construità l'extrémitéoccidentalede la colline.
Il ne se trouve pas sur le point le plus élevé, étant dominé à l'est par un

2'MMnMcAe.
Ondistingue
dansleboisduGMtttsIesprotongcmensmednUaircs,comme
M.Desfontainfs
t'ad~observé.(7oMrn.T.XLVm,p.)53.)
Crohhtscumanf'nsis
et C. t.6f!!ng! deuxet.pecesnomreUes.
fo~mon 7!<'«o7~'fM'Mrt\ soo/o'~oKf~J
T. H, p. 8'
3~6 'I.tVi~'E'ï.
sommetaon~brtiné.Le T~aa~est regardéici et partout damles coloniesespa"
gnoles,commeunmoyende défense militaire assez tmpor~at~L~élè,de8
ouvragesde terre, le~ ingénieurs cherchent &multiplier les cierges ép~
et à favoriser leur accroissement,comme ils ont soin de'conserver les croco'
dilesdans les fossesdesplacesdeguerre.Sousnn climat ou la nature organique
estsi active et si puissante,1 hommeappelleà sa dépenseles reptiles carnassiers
et les plantes arméesde formidablesépines.
Le château Saint-Antoine, sur lequel, les jours de ietës, on arbore le
pavilloncastillan n'est élevé quede trente toises au-dessusduniveaudes eaux
dans le golfedé Cariaco*. Placé sur une collinenue et calcaire.Il domine
la villeet se présente d'une manièretrès-pittoresqueaux vaisseauxqui entrent
dans le port. Il se détache en clair sur le sombre rideau de ces montagnes
qui élèventleurs sommets jusqu'à !a région des nuages, et dont h teinte
vaporeuseet bteuâtr6 se marie avec l'azur du ciel. En descendant du tort
Saint-Antoinevers le sud'ouest, on trouve, sur la pente du même rocher,
lesruinesde t'ancien châteauSainte-Marie.C'est un site deHcieuKpour ceux
qui veutent)ouir, vers le coucher du soleil, de la fraîcheur delà brise de
mer et de laspect du golfe;Les hautes cimes de file de la Marguerite se
présententau-dessusde la côte rocheusede l'isthme d'Araya; vers t'ouest, les
petites~! ~s Caracas, Picuita et Boracha rappellent les catastrophesqui
ont déchire les côtes de la Terre-Ferme. Ces flots ressemblent à des
ouvragesde ibrtincation; et, par l'eQet du mirage, tandis que le soteu
échauueinégalementles couchesinférieuresde l'air, l'Océan et le sol, leurs
pointes paroissent soulevées, comme l'extrémité des grands promontoires
de la côte.On se plaft, pendantle jour, à suivre cesphénomènes inconstans~;
on voit, à lentrée de la nuit, se rasseoirsur leursbases~ces massespierreuses
suspendues.en l'air; et l'astre dont la présencevivifie la nature organique,
semble, par rinnexion variablede ses rayons, Imprimerie mouvement à
tarocheiïnmob~e, et rendre ondoyantesles plaines couvertesde sablesarides.
Cettettéva~on est cottchte
de,la distance dum~tauquelonattache!p<fhMjmet
aMnmtale,
servant J'aitrouvÉ,
designaux. a lagrande cetMtgte,noncorrigé,
deCamatta,
place par!arëf)~tct!om
de83°a' tO".D!apr&ale plantopographique
deCumana,
teyé.entjrgg.parM.Fidalgo,
h dittattca
horizontale
dela Gr<H!<o:<t, auCastillo
deSanAntonio,
estdeaantoitea.
Le promontoire dn Macanao.
La véritaMe cause du mirage ou de'la réfaction extraordinaire que subissent les rayons,
lorsque des couches d'air de densités diHërentesse trouvent superposéesles unes aux autres, a déj&été
en~reyM par Hoo~e. Voyez ses PM<A.~o; p. <
CHAPtTRE tV. ~97
La ville de Cumana, proprementdite occupe le terrain contenu entre !e
château Saint-Antoine et ies petites rivières du Manzanareset de ganta
Catalina.Le Detta, formépar la bifurcationde la première de ces rivières,
offre. un terrain fertile couvert de Mamïaea.d'Achras, de bananiers et
d'autres plantes cultivées dansles jardins ou e&o~~ des Indiens. La ville
n'a aucun édince remarquable, et la fréquencedes tremblemensde terre ne
permetpas d'espérerqu'ellepuisse en avoir un jour. Il est vrai que les fortes
secousses serépètentdansune mêmeannée,moinssouventà Cumanaqu'àQutto,
où Fon trouve cependant des églises somptueuses et très-élevées.Mais les
tremblemensde terrede Quito nesont violensqu'enapparence; et par la nature
particulièredu mouvementet du sol aucun édificene s'écroule.A Cumana,
commeà Lima et dans plusieursvi!Iesplacéesloin de là bouche des volcans
actifs, il arrive que la série des secoussesfoibles.est interrompue, après une
longuesuite d années,par de grandescatastrophesqui ressemblentaux effetsde
l'explosiond'une mine. Nous aurons occasionde revenir plusieurs fois sur
ces phénomènes,pour l'explicationdesquelson~-imaginé tant de vaines
théories, et que l'on a cru classeren les attribuant à des mouvemensper-
pendiculaireset horizontaux, au choc et à t'osciUation*.
Les faubourgsde Cumanasont presqueaussi populeuxque l'ancienneville.
On en comptetrois, celui des ~e/Tttc-f,sur le cheminde la jP&ïgM cAteo, où
ron trouvequelquesbeauxTamariniers celuide Saint-François,versle sud-est,et
le grand faubourgdes Guayqueriesou Guaygueries.Le nom de cette tribu
d'Indiens étoit tout-à-fait inconnu avant la conquête. Les indigènesqui
le portent, appartenoientjadis à la nation des Guaraounosque t'en ne trouve
plus que dans les terrains marécageuxcompris entre les bras de rOrénoqoc.
Desvieillardsm'ont assuréque la languede leurs ancêtresétoit un dialecte du
Guaraouno; mais que, depuis un siècle, il n'existe, à Cumanaet à l'ile de
la Marguerite,aucunindigènede cette tribu qui sache parler un autre idiome
que le castillan.,
La dénomination de de même que celle de Pérou et de
Guayqueries,
.P~'MCMM, doit son origine à un
simple malentendu. Les compagnons de

Cette c!assi6cat~n date dn temps de PoaidonuM.C'est le MtccMMto et t'tnc&not/o de Séneqne


(~Va<.~M<B~,Lib. VI, c. at ). Maisles anciens avoient déj&remarqué judicieusement que la nature
des secoussesest trop TariaMepour qu'on p)MMet'assnjénr à ces lois imaginaires. (Fiatom chez ~P&;<
de placit. pAt/o< Lib. !U, c. t5, jReMtt, T. iX,p. 55t.)
n_I.
.Hp/o~on J · t
Tow.7.
/i/.s<o/Y<yH~ SS
3~8 HV&EII.
Christophe Colomb, en longeant l'Mede la Marguerite, où réside encore,
sur la,côte septentrionale,la portion la plus noble 'de la nationguayquerie,>
rencontrèrent quelques indigènesqui harponnoient des poissons en lançant
un bâton attaché à une corde et termine par une pointe extrêmementaiguë.
Ils leur demandèrent, en langue dTïayti, quel étoit leur nom, et les Indiens
croyant que la question des étrangers avoit rapport aux harpons formés
du bois dur et pesant du palmier Macana, répondirent GtMH~c,Guaike,
ce qui signifie bâton pointu. Il existe aujourd'hui une différence frappante
entre les Guayqueries,tribu de pêcheurs habileset civilises,et cesGuaraouns
sauvages de l'Orénoque qui suspendent leurs habitations aux troncs du
palmier Moriche!
La population de Cumana a été singulièrementexagéréedans ces derniers
temps. En ï8oo, plusieurs colons, peu habituésaux recherches d'économie
politique, faisoient monter cette population à 20,000 âmes, tandis que des
officiersdu roi, employésà l'administrationdu pays, pensoient que la ville,
avecses faubourgs n'en renfermoitpas 12,000.M. Dépens~dans son ouvrage
estimablesur la provincedé Caracas,donnoit, à Cumana, en ï8o2, près de
a8,ooo habitans; d'autresont porté ce nombre, pour l'année t8to, à 3o,ooo.
Quand on considèrela lenteur avec laquelle la population s'accroît à la
Terre-Ferme,je ne dis pas dans les campagnes,mais dans les villes, on doit
révoquer en doute que Cumana soit déjà d'un tiers plus peuplée que la
Vera-Cruz port principal du vaste royaume de la Nouvelle-Espagne.B est
même facile de prouver qu'en 1802, la population excédoit à peine
dix-huit à dix-neutmille âmes.J'ai eu communicationdes différensmémoires
que le Gouvernementa fait dressersur la statistique du pays, à l'époqueoù
l'on agitoit la questionde savoir, si le revenude laferme du tabacpouvoit être
remplacépar une contributionpersonnelle,et je me flatte que monévaluation
repose sur des fondemensassezsolides.
Un dénombrement, fait en 1792; n'a la ville de Cumana, ses
donné, pour

Les Guayqneries <&la Ban<&tdel Norte se regardent comme dè race plus noble, parce ~atL
se croient moins mélangés avec tes Indiens Chaymas et d'antres castes entrées. On les distingue des
Guayqueries du contme« la manière de prononcer l'espagnol qu'ils parlent presque sans desserrer
les dents. Ils montrent avec orgneHanx Européens la Pointe de la Galère,
appelée ainsi à cause du
vaisseaude Cototnbqui éte;t mo~Né dans cesparafes, et le port da ManzanHio, oitils tarèrent aux Mânes,
pour la première fois, en t4o8, cette amitié.qu'ils n'ont janmie trahie, et ~oi leur a &it donner, en
st~te du palais, le titre de~~M,6detes. (~ye:: plus haut, p. aai.)
CHAPITRE
tV. ~99
faubourgs et les maisonwéparsesànnelieueàlâronde,que to,74o~~ta°s.Don
ManuelNavarete,officierde la trésorerie,assure que l'erreur de ce dénombre-
ment ne sauroit être du tiers ou du quart de la sommetotale. En comparant
les registres annuels des baptêmes, on ne remarque qu'un foible accrois-
sementdepuis1790 jusqu'entSoo.Les femmes,tl est vrai, sont éxtrdmement
fécondes,surtout dans la caste des indtg&nes;mais, quoique la petite vérole
soit encoreinconnuedans ce pays, la mortalité des enfans en bas âge est
effrayante à causede l'abandonextrêmedans lequelils vivent, etde la mauvaise
habitudequ'ils ont de se nourrir de fruits verts et indigestes.Le nombre des
naissancess'élève généralementde 5xo à 600, ce qui indique au plus une
populationde ï 6,800âmes.On peut être sur que tous les enfansindienssont
baptisésetinscritssurlesregistresdesparoisses;et, en supposantquela population
eût été, en ï8oo, de 26,000âmes, il n'yauroit eu, sur quarante-troisindividus,y
qu'une seulenaissance;tandisque le rapportdesnaissancesà la populationtotale
est, en France, comme28à 100, et dans les régionséquinoxialesdu Mexique,
commeïy à 100.
II està présumerquepeu à peu le faubourgindien s'étendrajusqu'à l'embar-
cadère la plaine qui n'est pas encore couverte de maisonsou de cabanes,
ayantau plus 34o toisesde long Les chaleurssont un peu moinsaccablantesdu
côtédela plageque dans Fancienneville ottla rëvcrbératioadu sol calcaireet la
proximitéde la montagneSaint-Antoineélèvent singulièrementla température
de l'air. Au faubourgdes Guayqueries,les vents de mer ont un libre accès; le
sol y est argileux, et, à ce que l'on croit, moins exposé par cette raison
aux secoussesviolentesdes tremblemensde terre, que les maisons adossées
aux rocherset aux collinessur la rive droite du Manzanares.

Voicilesrésultats
quej'aitirésdesregistres
quim'ontétécommuniquésparlescurésdeCumana.
Naissances
del'année
1798,dansledistrict
desCbnM a37dansledistrict
~M-<oM< desCttr<M
e<Mff<m!M
5 dansle desGuayqneries,
faubourg onparoisse
d'~&<*Grada,aoc danslefanboarg ou
desSerritos,
duSocorro,
paroisse 19.Total,5aa.Onreconno!t,parcesregistres lagrande
desparoisses, fécondité
des
mariages car,quoique
indiens; lefaubourg desGttayqoenetl'entonne d'antres
4'indiTidm
bemtCMtp
onestfrappé
castes, delaquantité
d'enfansnéssurlarivegauchedmManzanares.
Leurnombres'élève
àdeuxcinquièmesdutotaldesnaissances.
° J'ai conclu cette distancedesang!esdehauteuretdesatlmutsde p!usiem-~edincesdont)'aToismesuré
avec soin la hauteur. Du coté de la rivière, il yaToit,en iSoo, de la première cabane du faubourg des
G uayqueriesà la C<Moblanca (de Don Pasqual Goda)538 toises, et de cette première cabane au pont sur Je
Manzanares, 3)0 toises. Ces données auront un jour quelque intérêt lorsqu'on voudra connoître les
progrès de l'industrie et de la prospérité de Cumana depuis le commencement du dix-neuvième siècle
300 LIVRE ïï.

La plageprès de l'embouchuredu petit Rio Santa Catalinaest bordéede


Palétuviers1; mais ces J)~Mg~~ n'ont pàs assez d'étendue pour diminuer
la salubrité de t'air de Cumana. Le reste de ta plaineest en partie dénué
de végétation, en partie couvert de touffes de,Sesuvium portulacastrum,
Gomphrcna fiavaj G. myrtifolia, Talinum cuspidatum, TI CMM~nc'F!
et Portulaca lanuginosa.Entre ces plantes herbacées s'élèvent çà et là
l'Avicennia~McMto~a,lé Scopariadulcis, un Mimosa frutescent à feuilles très-
irritables2, et surtoutdes Casses, dont le nombreestsi grand dans l'Amérique
mér!diona!e, que nous en avons recueilli, dans no& voyages,plus de trente
espècesnouvelles..
En sortant du faubourg indien et en remontant la rivière vers le sud, on
trouve d abordun bosquetde Cactiers.puis un endroit charmant, ombragéde
Tamariniers,de Bresittets,de Bombax et d'autres végétauxremarquablespar
leur feuillageet leursfleurs.Le sol offreici de bons pâturages,où des laiteries
construites en roseaux sont séparées les unes des autres par des groupes
d'arbres épars. Le lait reste frais lorsqu'on le conserve,non dahsté iruitdn
Calebassier3, tissu de fibrès ligneusestrès-denses,mais dans des vases d'argile
poreuse de Mahiquarez.Un préjugé, répandu dans les pays du Nord,
m'avoitfait croire que les vaches, sousla zonetorride, ne donnoient pas du lait
très-gras maiste séjourà Cumana,et smtuut le voyage par tes vastesplaines
de Calabozo,couvertesde graminéeset de sensitivesherbacées, m'ont appris
que les ruminans d'Europe s'habituent parfaitement aux climats les plus
brûlans, pourvu qu'ils trouvent de l'eau et une bonne nourriture.Le laitage
est excellent dans les provinces de la Nouvelle Andalousie,de Barcelone
et de Venezuela,et souventle beurreest meilleurdans les plaines de la zone
équinoxia!eque sur le dos des Andes où-les plantes alpines ne jouissant
dans aucune saison, d'une température assez élevée, sont moins aromatiques
que dans les Pyrénées, les montagnes d'Estramadureet celles de la Grèce.

RhiiMphoramangte. M. B<mp!and a retrouvé,


à la ~'&t~<t
e/Hco,t'AUloniaincamata,danele
même lieuo&l'Infortuné
LôNing cenouveau
avoitdécoovert genredesNyç)ag!néM.
LesEspagnols désignentparle nomdeDormideras (végétauxdonneum), le petitnombrede
Mimoses à feuilles
irritables
au toucher.
Nousavonsaugmenté ce nombre detroisespècesquiétoient
inconnuesambotanistes; leMimosa
savoir, humilis
deCmaua,leM.pellitadessavanes deCaMte~o
et le M.dôrmiens desrivesdet'Apuré.
3 Crescentia
Cujete.
CHAPÏTREÏV. 3oï
Commeles habitansde Cumana prêtèrent là 6'a~cheurdnvent de mer à
l'aspectdela végétation,ilsne connoissentpresqued'autre promenadeque celle
de la grandeplage.Les Castillans,qu'on accuseen généralde ne pas aimertes
arbreset le chant des oiseaux, onttransporté leurshabitudeset leurs préjugés
dansles colonies.A la Terre-Ferme,au Mexiqueet au Pérou, il estrare de voir
un indigèneptanterun arbre, simplementdanslebut de se procurerde l'ombre;
et si l'onexceptelesenvironsdesgrandescapitales,lesalléessont presqueinconnues
dansces pays.La plaine aridede Cumanaprésente,après de fortes ondées, un
phénomèneextraordinaire.La terre, humectéeet réchauileepar lesrayons du
soleil,répand cetteodeur~demuscqui, sousla zonetorride, est communea des
animauxde classestrès~dinérentes,au Jaguar, aux petitesespècesde chats-
tigres, au Cabiaï au vautour Galinazo2, au crocodile, aux vipères et aux
serpens à sonnettes. Les émanationsgazeuses, qui sont les véhiculesde cet
anwM'~ne semblentse dégagerqu'à mesure que le terreau, renfermantles
dépouillesd'uneinnombrablequantitéde reptiles,de verset d'Insectes,commence
à s'imprégnerd'eau.J'ai vu des enfans indiens de la tribu des Chaymas,
retirer de la terre et manger, des millepiésou Scolopendres3 de t8 poucesde
longueursur lignesde large. Partout où l'on remue le sol, on est frappé
de la massede substancesorganiquesqui, tour à tour, se développent, se
transformentou se décomposent.La nature, dans ces climats, paroit plus
active, plus féconde, on diroit plus prodigue-de la vie.
Dansla plageet prèsdeslaiteriesdont nousvenonsdeparler,on jouit, surtout an
leverdu soleil, d'unetrès-bellevue sur un groupeélevé demontagnescalcaires.
Caviacapybara,
Un. Chiguire.
Vuttur aura, Lin. Zamuro ou Galinato, !e coMto~r<&<B/~M~,de BuCbm.Je ne puis me résoudre
à adopter des noms qui désignent, comme appartenant à un seul pays des animaux propres à
tout un continent.
Les scolopendres sont très-communs derrière le château Saint-Antoine, au sommet de la
colline,
4 Si le
Brigantin ( Cerrodei Bergantin) est effectivement éloigne de Cumana de a4 mINesou de
aaSoo toises, comme l'indique la carte de M. Fidalge, puMiée par le Dépôt hydrographique de
Madrid, en t8o5 des angles de hauteur que j'ai pris à la Plaga grande donnent à cette mon-
tagne ta55 toises de hauteur. Mais cette même carte, mbins exacte pour tes positions éloignées des
cotes que pour cescotes mêmes, assigne àla ville de Cumanacoa une latitude de to" A', tandis qu'elle
est, d'après mes observations directes, de 10**16' tt" (05<. <M<nM~, T. t, p. 96). Si cette position
trop méridionalein~ue sur celle du Brigantin, il faut admettre que cette cime est beaucoupmoins éte~e.
Elle se présente &la Plaga grande sousun angle de hauteur corrigé par la réfraction et la courbure de la
terre, de 3**6'ta". D'autres angles, appuyéssur une base de tf)6 toises qui a été mesurée dans un terrain où
les eaux ont séjourné long-temps, me feroient croire que la hauteur et la distance du Brigantin ne
1-l'
3o2 ~tVRE ït.
Comme ce groupe ne sous-tend à la- maMonque nous habitions quun
angle:de trois degrés, il m'a servi pendantlong-temps pour comparer les
variationsde la réfraction terrestre aux phénomènesmétéorologiques,~es
oragesse forment au centre de cette Cordillère et l'on voit de toin, de
grosnuagesse résoudreen pluiesabondantes, tandis que pendant sept otshuit
mois il ne tombe pas une goutte d'eau à Cumana. Le Brigantin, qui est
la cime la plus élevée de cette chaîne, se présente d'une manière très-
pittoresque derrièrele Brito et le'Tataraqual. Il a pris son nom de la forme
d'une vallée très-profondequi se trouve à sa pente"septentrionale, et qui
ressembleà l'intérieurd'un vaisseau.Le sommetde cette montagne est presque
dénué de végétation et aplati comme celui de Mowna-Roa, dans tes Mes
Sandwich c'est un mur taillé à pic, ou, pour me servir d'un terme plus
expressifdes navigateursespagnols, une <aMp, mesa. Cette physionomie
particulièreet la dispositionsymétrique de quelques cônesqui entourent te
Brigantin, m'avoientfait croire d'abord que ce groupe, qui est entièrement
calcaire~renfermoitdes rochesde formationbasaltique ou trappéenne.
Le gouverneurdeCumanaavoitenvoyé,en ï 707,deshommescourageuxpour
explorer cette contréeentièrementdéserte, et pour ouvrir un chemindirect
à la Nouvelle-Barcelone, par la cime de' la mesa. On supposait, avec raison,
que ce~chemin seroit plus court et moins dangereuxpourla santé des voyageurs
que celuique suiventtes courriersde Caracas,le longdes côtes; mais toutes les
tentatives,pour franchirla chaînedes montagnesdu Brigantin, furent inutiles.
Dans cette. partie de l'Amérique, comme dans la Nouvelle-Hollande à
l'ouest de la ville de Sidney, ce n'est pas autant la hauteur de la Cordillère
que la forme des rochers, qui oppose des obstaclesdifficilessurmonter.
La valléelongitudinate, forméepar les hautes montagnes de l'intérieur et
la pente méridionaledu Cerrode San ~nfonjK),esttraverséepar le Rio Manza-
nares.C'est de tous lesenvironsde Cumana,la seule partie entièrementboisée;
on la nomme la plaine des CAa/M~ à cause des nombreusesplantations

sontpasbeaucoup au-dessusde 800toises,et de t4 16 miUM: tna!< onne peutavoirde la.


confiance
dansunebasesicourteetdamUM opéfattOndonttebutn'etottpaslamesure
duBrigantin.
LesmontagnesBleuesd~laNouvelle-Hollande,oeHBtdeCarmarthemetdeLaMdown, nesontplus
visibles,
paruntemps ctair,audelàde50milletdedistance.
/*<!wt,~iy~eotHt ?T<n~<c<M<ra&<,
p. 389.
Eu supposant
l'angtedehauteur d'undemi-degré,la hauteur decesmontagnes
absolue eer<ntetn!ron
de62otoises.
CAacm, par corruption C/Mnt, hutte ou eahane environnée d'un jardin. Le mot y«<-e a !a
même signiËcatiop.
CHAPÏt!tE tV. 3o3
j.t_.––<-t-t~
que les habitansont commencéesdepuisquelques annéesle long de ? rivière.
Un sentier étroit conduit de !acoMinede San Franeisco~ l~~fdrr~t;
à l'hospicedes Capucins,maison de campagneM&s-agréabïe,qaejtes teHgienx
aragonaisont bâtie pour y recueillir de vieux missionnairesïnStanettqui ne
peuvent plus remplir leur ministère. A mesure que fon avancevers t'est,
les arbres de la forêt deviennent plus vigouMux,et l'on rencontre quelques
singes qui sont d'aiHeumtrès~aresaux environs de Cnmana. Au pied des
Capparis, des Bauhinia et du Zygophyllumfleurs d'un jaune d'or, s'étend
un tapis de Bromelia~, voisin du B.karatas, qui, par son odeur et la
fraîcheurde son feuillage, attire les serpensà sonnettes.
La rivière du Manzanaresa des eaux très-limpides, et ne MMemMe
heureusementen rien au Manzanaresde Madrid, qu'un pont somptueux
fait paro!tre encore plus étroit. Eue prend sa source, comme toutes les
rivières de la Nouvelle-Andalousie,dans une partie des savanes(I~ano~),
qui est connue sous le nom de plateaux de Jonoro, d'Amana et de
Guanipa, et qui reçoit, près du viMageindien de San ~emando,les eanxdu
Rio Juanillo.On a proposé plusieursibis, au gouvernement, mais toujours
sans succès, de faire constrture un batardeau au premier Ipure pour
établirdes irrigationsartificiellesdans la plaine des C~~M~ parce que, malgré
son apparente stérilité, la terre y est extrêmement productive partout
où thumidité se joint à la chaleur du climat. Les cultivateurs, qui sont
généralementpeu aisés à Cumana, devoient restituer peu à peu lesavances
iaitespour la constructionde l'écluse.En attendant l'exécutionde ce projet,
on a établi des roues à godets, des pompes mues par des mulets et
d'autres machines hydrauliquesdune construction assezimparfaite.
Les bords du Manzanaressont très-agréables, et ombragésde Mimoses,
d'Erythrina, de Ceiba et autres arbres d'une taille gigantesque.Une rivière,
dont la température, dans le temps des crues, descend jusqu'à 22",
quand l'air est à 3o et 33 degrés, est un bienfait inappréciable dans un
pays où les chaleurs sont excessivespendant toute l'année, et où l'on
désire de se baigner plusieurs fois par jour. Les enfans passent pour ainsi

LeMachicommun,
ouSingepleureur.
C,M)tc&tAt<e,de la famille des Ananas.
Ces trois éminences portent les noms de Mesas, ?M~. Une plaine immense a'ete~e insensible-
ment en dos d'âne, sans qu'il y ait aucune apparence de montagnes ou de collines.
3o4 ~ÏVREÏt.
dire une partie de leur vjie dans Teau tous les hahitans, même lea
femmes des famillesles plus riches, savent nager; et, dans un pays
où l'homme est encore si près de l'état de nature, une des premières
questionsque l'on se propose le matin en se rencontrant, est de savoir
si l'eau de la rivière est plus fraîche que la veille. La manière de jouir
du bain est assezvariée. Nous fréquentions tous tes soirs une société de
personnestrès-estimables,dans le faubourgdes Guayqueries.Par un beauclair
deluneon plaçoitdeschaisesdans1eau leshommeset lesfemmesétoient légè-
rementvétus, commedansquelquesbainsdunord del'Europe; et lafamitleet les
étrangers,réunisdansla rivière, passoientquelquesheuresà fumer des cigarres
en s'entretenant, selon l'habitude du pays de l'extrêmesécheressede la
saison, de l'abondancedes pluiesdans les cantons voisins,et surtout du luxe
dont les dames de Cumana accusentcelles de Caracas et de la Havane.
Le cercle n'étoit pas inquiété par les 2~f<Mou petits crocodilesqui sont
extrêmement rares aujourd'hui, et qui approchent les hommessans les
attaquer. Ces animaux ont trois à quatre pieds -de long nous n'en avons
jamaisrencontrédansle Manzanares,maisbien des dauphinsqui quelquefois
remontoientla rtvière~pendantlanuit, et effrayoientles baigneurs, en faisant
jaillir l'eau par leurs évents.
L~port de Cumanaestune rade qui pourroit recevoirlesescadresde l'Europe
entière.Tout le golfede Cariaco qui a trente-cinqmillesde lougsur six à huit
millesde large, offreun excellentmouillage.Le Grand-Océann'est pas plus
calme et plus pacinque sur tes côtes du Pérou que ta mer des Antilles
depuisPertocabetto,et surtoutdepuis le cap Codera jusqu'àla pointe de Paria
Les ouragansdes îles Antillesne se font jamais sentir dans ces parages,où
l'on naviguedansdes chaloupesnon pontées.Le seul dangerdu port de Cumana
est un bas-fond, celuidu Morne .RoMgx?~ qui, de l'est à l'ouest, a 900 toises
de largeur,et qui esttellementaccorequ'ony touchepresquesanss'enapefcevou.

?'on<n<M.
° 7?<u;odel Morro roxo. H y a d'une et demie à trois brasses d'eau sur ce bat-fond, tandis
que
au delà des accores il y en a dix -huit trente et même trente-'huit. Les restes d'une ancienne
bauerie, située au nord-nord-est du château Saiat-Antoiue, et tout près de ce dernier, serrent de
marque pour éviter le banc du Morne Rouge. H faut virer de hord avant que cette batterie couvre
nue montagne tres-é)evéede la péninsule d'Araya, qui a été retevée par M. Fidalgo, du chateatt Saimt-
Antoine, Nord 66"3o' Est, à 6 lieues de distance. Si l'on néglige cette maMBuvre, on risqne d'autant
plus de toucher que les hauteurs de Bordones ôtent le vent au vaisseau qui se-dirige sur le port.
CBAPÏTNE
ÏV.. 3o5
J'ai donne quelque étendue à la description da site de Cumana, parce
qu~i!m'a paru impor&ntde faire connoîtreun lieu qui depuis des sièclesi
a été le foyer des tremblemensde terre les plus enrayans. Avant de parier
de ces phénomènesextraordinaires il serautile de résumerlestraits épars du
taHe~uphysique dont je viensde tracer l'esquisse.
La ville, ptacée au pied d'une collinesans verdure, est dominée par un
château.Point de clocher, point de coupolesqui puissentfixer de loin lœil
du voyageur,mais bien quelques troncs de tamariniers, de cocotierset de
datiers qui s'étèvent au-dessusdes maisons,dont les toits sont en terrasses.
Les plaines environnantes, surtout celtes du côté de la mer, offrent un
aspect triste, poudreuxet aride, tandis qu'une végétationfraîcheet vigoureuse
fait reconnoîtrede loin les sinuositésde la rivière qui sépare la ville des
faubourgs, la populationde races européenneet mixte des indigènesà teint
cuivré. La collinedu fort Saint-Antoine, isolée, nue et blanche, renvoie à
la fois une grande masse de lumière et de chaleur rayonnante elle est
composéede brèches dont les couches renferment des pétrifications péla-
gienncs.Dansle lointain, vers le sud, se prolongeun vaste et sombre rideau
de montagnes.Ce sont les hautes Alpes calcairesde la Nouvelle-Andalousie,
surmontéesde grès et dautresformationsplus récentes.Des forêts majestueuses
couvrentcette Cordillèrede t'intérieur, et se lient, par un vallonboisé, aux
terrains découverts, argileux et salins des environs de Cumana. Quelques
oiseaux, d'une taille considérable, contribuent à donner une physionomie
particulièreà ces contrées.Sur tes plagesmaritimeset dans le golfe, on trouve
des bandesde hérons pécheurs et des Alcatras d'une forme très-lourde, qui
cinglent, commele cygne, en relevant les ailes.Plus près de l'habitationdes
hommes, des milliers de vautours Gc~Mazo véritables Chacals parmi les
volatiles,sont occupéssanscesseà déterrerlescadavresdes animaux Un golfe,
qui renfermedes sourceschaudeset soumarines,sépare les rochessecondaires
des rochesprimitives et schisteusesde la péninsuled'Araya. L'une et l'autre
de ces côtes sont baignées par une mer paisible, d'une teinte azurée, et
toujoursdoucementagitée parle mêmevent.Un ciel pur, sec, et n'offrantque
quelques nuages légers au coucher du soleil, repose sur l'Océan, sur la
péninsuledépourvued'arbres et sur les plaines de Cumana, tandis qu'on voit
les orages'se former, s'accumuleret se résoudreen pluies fécondesentre les

Hist.n<t<.
B«~bn, des<Mf!<'<nM,
T. ï, p. tt4.
B-~< 7tM<ot/oMC,T'
Relation ToM. y f
Sa
3o6 ttjvRE H.

montagnesde rintérieu! C'est ainsi que~ sur ces côtes commean


< ~–t- t*
cimesdes
pied des Andes, !e ciel et~à terre oJ~nt de grandes opposite sérénité
et de brouillards,de sécheresseet d'ondées, de hndité aÏ)so!aeet de verdure
sanscesserenaissante.Dans !ë nouveaucontinent, lesrégionsbasseset maritimes
diffèrentautant des réglonsmontueùsesdët'intériëur, quetes ptai~esdëlà Basse-
Egypte diCèrentdes ptateaux étëvésde t'Abyssinie.
Les rapports que nous venons d'indiquer, entre !e littoral de la NouveMe-
Andalousieet celuidu Pérou, s'étendentjusqu'àla fréquencedes tremMemèns
de terre et aux limitesque la nature sembleavoir prescritesà ces phénomènes.
Nous avons éprouvé nous-mêmesdéssëcoussès très-viotentes a Cùmana; et,
au momentoù l'on reconstruisoit~esédiëcesrécemmentécroulés, Tnousavons
été à mêmede recueillir sur les lieux !e détaHexact des circonstancesquii
ont accompagné la grandeCatastrophédu ï~ décembret~97 Ces notions auront
d'autant plus d'intérêt, que!estremblemensde terre ont été considérésjusqu'ici,
moinssous un point de vue physiqueet géologique, que sous le rapport des
effetsfunestesqu'ils ont surla ~populationet le bien-êtrede la société.
C'est une opinion très ~répandueSur les côtes de Cùmana et à l'île de la
Marguerite,que !e golfe de Cariaço doit son existenceà un déchirementdes
terres accompagnéd'une irruption de l'Océan. La mémoire de éette grande
révolutions'étoit conservéeparmi les Indiens, jusqu'à la fin, du quinzième
siècle, e~ l'on rapporte qu'à t'époque du troisième voyage de Christophe
Cotomb, les indigènes-en parloient comme d'un événementassez récent.
En i53o, de nouvelles secoussesenrayèrent les habitans~ des côtes de
Paria et de Cumana.La mer~inondales terres, et le petit fort que Jacques
Castellonavoit construità !aNouve!ïe-ToIède's'écroulaentièrement,Il se forma
enmêmetempsuneénormeouverturedanslesmontagnesde Gariaco,su~lesbord~
du golfede ce nom, où une grande massed'eau satëe, mêlée d'asphalte, jaillit
du schistemicacé Les tremb!emensde terre furent très-fféquensvers la fin
duseizièmesiècle;et, selonlestraditionsconservéesà Cuhtana, ia mer inonda

C'estte premiernomdonné&la villedeCùmana (GtMo&tmoBe!MûB<,~7«.<&~ jtfon<&)n«c<'o,


p.3, 3t et 33).Jacques~CasteUon
étoitatïivédeSaint-Domtngtte
emt5tt, aprèst'apparition~nete
fameux Barthotomée dolasCasas
avoit&itedanscescontrées.Entmantavepattentïom lesreMoM
deBenzoni etdeCaulin,onvoitqcelefortdeCastellonétoitconstruit
prèsdet'emhouehnreduMan-
zanares( a/&tripa<<e~
~Mme deCMnMno), etnon,comme l'ontaNrmëque!qt)esvoyageurs
modernes,
surlamontagne oùsetrouve lechâteau
aujourd'hui Saint-Antoine.
(~M&n, Hist.eorn~~M p.
~N-er.~ delasIndiaa,p. t4.
J?«c!-p<-M)n
CMAUTRzïv. ~o?
'SOUV~~j!~P~geS,et.S'éIey~ lit!
'~9'<~2~g~~+~b~t,antJ.,
_sauvèrent;:snr!(~rro-de~n;
!e.:?etit~cota~et.Sa<ot~Mn~!si~n.
engagèrent les habitans~~constr à 4
montagne.et.qM;'Qecup.e:Mn~i,par)t.i~~
Comme11 n'existe ~ncnne.tChrQnique.:de~ ses archiyes, &caaa~
des dévastationscontinnejlesdeste;rn~tes~ ~UBmis Manches, nerenferment
aucundocumentqui rempnteà plu$de cent cipquanteans, on ne connoftpas lest;
dates presses des ~ncij~trembleme~ns de terre. Onsait~s~ dans
les tempsplus de nous y cannée t~6 a été à la fois la plus funeste
approchés
pour tes colons~e)t la plus remarquablepour l'histoire physiquedu pays.
Une sécheressesemblable a celles que/ron éprouve de temps en temps aux
îles du cap Vert.avoit régnédepuisqutnzemoM,torsque, le 2ï octobre t~66)
la viue de Comana fut entièrement détruite. La mémoire de ce jour est
tenouveléetous les ans par une tête religieuseaccompagnéed'une procession
sotenneue.Toutesles malsonss'écroulèrentdans l'espacede peu de minutes,
et tes secoussesse répétèrentpendant quatorze mois d'heure en heure. Dans
plusieursparties de !a province, ta terre s'entrouvrit et vomit des eaux
sulfureuses..Ceséruptions~rent surtout très-fréquentes dans une plaine qui
s'étend vers Casanay, deux Heues à l'est de ta 'ville de Cafiaco, et qui
est connue sous le nom du ~er~Mn c~~r, tierra At«?c<t~parce qu'eue
paro~tentièrementminée par des sourcesthermales.Pendant les années 1766et
t~6~, les babitans,de Camana campèrentdans les rues, et Us commencèrent
à reconstruireleursmaisonslorsqueles tremblemensde terre ne se succédèrent
plus que de moisen mois. Il arrivaalors sur ces côtesce que l'on a éprouvé
dans le royaume de Quito, immédiatementaprès la grande catastrophe du
4 février t~g?. Tandis que le sol continuellement, l'atmosphère
sembloitse résoudre en eau. De fortes ondées firent gonûer les rivières;
l'annéefut extrêmement fertile, et les ïndien~ dont les frêlescabanesrésistent
facilementaux secoussesles plus fortes, célébroient,d'après les idées d'une
antiquesuperstition,par des fêtes et des danses, la destruction du monde et
l'époqueprochaine de sa régénération.
La tradition porte que, dans le tremblementde terre de t~66 comme
dans un autre très-remarquablede ~94) les secoussesétoientde simplesoscil-
lationshorizontales ce ne fut quele jour malheureuxjdtut 4 décembre t~y, que
pour la premièrefois, à Cumana,le mouvement se fit sentirpar soulèvement,de
3o8 uvaEït.

bas en haut. Plus des quatre cinquièmesde la ville furent alors enttèrement
détruits; et le choc, accompagnéd'un brmt souterraintfès-fbrt,res''embloit,
commeà Riobamba,a l'explosiond'une mine ptacéeà une grande profbndemr.
Heureusementla secoussela plus violente fut précédée d~un léger mon-
vement d'ondulation, de sorte que la plupart des babitans purentse sauve!'
dans les rues, et qu'il ne périt qu'un petitnombre de ceux qui étoient
rassemttlésdans les égtises.C'est une opiniongénéralementreçue à Cumana,
que les tremblemensde terre les plus destructeurss'annoncentpar des oscil-
lations très-fbibteset par un bourdonnementqui n'échappe pas à la sagacité
des personneshabituéesà ce genre de phénomènes.Dans ce momentfatal, les
cris de "TKt~c~co~M, te~N&&~tembla retentissent partout, et il est
rare que de faussesalarmessoient donnéespar un indigène.Les plus peureux
observentavecattentionles mouvemens des chiens, des chèvreset des cochons.
Ces derniers animaux, doués d'un odorat extrêmementfin, et accoutumésà
fouillerla terre, avertissentde la proximité du danger, par leur inquiétude
et leurscris. Nousne décideronspas si ptacé~ptus près ~e ia sttp~acedu soi,
ils entendentles premiersle bruit souterrain; ou si leurs organes reçoivent
l'impressionde quelque émanationgazeusequi sort de la terre. On.ne sauroit
nier la possibilitéde cette dernière cause.Pendantmon sétour au Pérou, on
dans l'intérieur des terres, un fait qui a rapport à ce genre de
observa~
phénomènes, et qui s'étoit dejà présentéplusieursfois. A la suite de violens
tremblemensde terre, lesherbesqui couvrentlessavanesdu Tucumanacquirent
des propriétés nuisibles i~ y <ut épizootie parmi les bestiaux, et un
grand nombre d'entre eux paroissoit étourdi ou asphyxié par les mofettes
qu'exhaloitle sol. )'
A Cumana, une demi-heure avant la catastrophedu ï~ décembreï~<)7. i
on sentit une forte odeur de soufre près de la colline du couvent de Saint-
Franços. C'est dans ce même lieu que'le bruit souterrain, qui sembloitse
propager du sud-estau nord-ouest, fut le plus fort. En même temps on vit
paroftre des Bammessurtes bords du Rio Manzanares,près de l'hospicedes
Capucinset dans le golfe de Cariaco, près de Mariguitar.Nous verrons dans
la suite que ce dernier phénomène, si étrange dans
un pays nonvolcanique,
se présente assezsouvent dans les montagnesde calcaire
alpin près de
Cumanacoa,dans la valléede Bordones, à l'île de la Margueriteet au milieu

la <Brre
~M~tccT-~e~ tremble.
"'DAce
CHAPtTBEXV.
&&[, 3~9
.y.
des savanes ou J~nM' de ta Nouveue-ABdalousie. D~naces savattes, des
gerbesde <ens'élèventla une hauteur eottsidérabte4 on~es obsefve, pendant
des heuresentières, dans tes endroits les plus arides, et Konassure qa'eo
examinantte sot qui fournit la matière inRammabte,on n'aperçoit aucune
crevasse.Ce feu, qui rappelletessourcesd hydrogèneou Saalsede Modene et
lesfeuxfollets denosmarais, ne se communiquepas à t'herbe, sans douteparce
que la colonnede gazquise développeest météedazoteet d'acidecarbonique,et
ne brute pasjusqu'àsa base.Le peuple, d'ailleursmoinssuperstitieuxici qu'en
Espagne, désigneces flammesrougcâtrespar te nombizarre de t <MMe* du t~/Mn
~~wr/ imaginant que spectrele de Lopez d'Aguirre, persécuté par les
remords,erre dansces mêmescontréesqu'il avoitsouiUéesde ces crimes3.
Le grand tremblementde terre de i~Q~a produit quelques changemens
dans la conagnration du bas-fonddu Morne Rouge, vers l'embouchuredu
Rio Bordones.Des soulèvemensanaloguesont été observéslors de la ruine
totale de Cumana, en 1~66. A cette époque, sur la côte méridionale du
golfe de Cariaco, la Punta Delgada s'est agrandie sensiblement,et, dans
le Rio Guarapiche, près duvillagede Maturin, il s'est forméun écuci), sans
doute par l'actiondes fluides élastiquesqui ont déplacé et soulevéle tond
de la rivière.
Nous ne continuerons pas à décrire en détail les changemens locaux
produits par les dif!erenstrembtemensde terre de Cumana. Pour suivre une
marcheconformeau but que nous nous sommesproposé dans cet ouvrage,
noustâcheronsde généralisertesidées, etde réunir dansun mêmecadre tout ce
qui a rapport à ces~phénomènes la fois si eCrayanset si difficilesà expliquer.
Si les physiciensqui visitentles AtpeSjdela Suisseou les côtes de la Lapouie,
doivent ajouter à nos connoissancessur tes glaciers et les aurores boré<des
on peut exiger d'un voyageurqui a parcouru l'Amériqueespagnole, que
son attention soit principalement Cxée sur lês volcans et les tremblemens

Dansla Mesade Cari,au nordd'Apasay


etdansla Mesade Guanipa,
loindesJMbr<eAat~,
quisontles.endroits
humidesoùwgetele nalnuer
Mauritia.
~«/ Géologia, T. tt, p aS~.
3
Lorst))!) Cumana et & H)e de ta Marguerite, !e penpte prononce le mot el ftnmo, c'est tomonrs
pour désigner l'infâme Lopez d'AgunTe qui, après avoir pris part, en t56o, à l'émeute de Fernande
de G~nman contre Pedro de Ursua, gouverneur des Umegnas et dn Dorado, se donna )ui même
le titre de ~tf<< le <m&re. H descendit avec sa bande la rivière des Amazones, et parvint, par
nnecommnhicatt~'ndes rivières de ta Guyane, dont nous pa<ter«ns plus bas, àt'ite de la Marguerite.
Le port de Paragaacbe porte encore dans cette ile le nom de port dis tyran.
3ï0 ~LïVRE ïï.
de terre. Chaque partie dagMte ofïre des objets d'étude particuliers; et;i
lorsqu'onne peutespérer de devinerles~ causesde~~hénontèses de !a nature, on
doit du moinsessayerd'éndécouvrirlesloiset de démêler, par !a comparaison
de faits nombreux, ce qui est constant et uniforme, de ce~quiest variabte
et accidentel.
Les grands tremblernensde terre qui interrompent la longue série des
petites secousses,ne paroissent avoir rien de périodique à Cumana.Onles
a vus se succéder à quatre-vingts, à cent, et quelquefois à moins de
trente annéesde distance, tandis que, sur les côtes,du Pérou, par exemple
à Lima, on ne peut méconnqttre une certaine régularité dans tes époques
des ruines totalesde la ville.La croyancedes habitans à l'existence de ce
type y influemême d'une manière heureusesur la tranquillité publique et
sur la conservationde l'Industrie.On admet généralementqu'il faut un espace
de tempsassezlongpourque les mêmescausespuissentagir avecla mêmeénergie;
maisce raisonnementn'est justequ'autantque l'onconsidèreles secoussescomme'
un phénomènelocal, et que l'on suppose,sous chaquepoint du globeexposé
à de grands bouleversemens,un foyer particulier. Partout où de nouveaux
édificess'élèventsur les ruinésdes anciens, on entend dire à ceuxqui refusent
de rebâtir, que !a destructionde Lisbonne, du t." novembre t~5~ a été
bient~ suivie par une secondenon moins funeste, le 3< mars i~6t.
C'est une opinion extrêmementancienneet très répandueà Cumana,
à Acapulcoet à Lima, qu'il existe un rapport sensibleentre les tremblemens
de terre et l'état de l'atmosphère qui précède ces phénomènes.Sur les côtes
de la Nouvelle-Andalousie, on est inquiet lorsque par un temps excessivement
chaud et après de longuessécheresses,la brise cesse tout-a-coup de souNler,
et que le ciel, pur et sans nuages au zénith, offre, près de t'horizon, à 6
ou 8 degrésde hauteur~une vapeur roussâtre.Cespronostics sont cependant
bien. incertains; et, quand on se rappelle l'ensembledes variations météo-
rologiques,aux époquesoù le globeététe plus agité, on reconnoit que des
secoussesviolentesont égalementlieupar des tempshumideset secs, par un vent
très-frais, et par un calme plat et suffocant.D'aprèsle grand nombrede trem-
blemensde terre dout j'ai été témoin an nord et au sud de
l'équateur, sur
le continent et dans le bassin des mers, sur les côtes et à a5oo toises de
hauteur, il m'aparu que lesoscillationssontgénéralementassezindépendantesde

~rM< Lib.H (ed.J~~ T. t, p. 798). &M.


Meteor., ÇM.~,M. Vï, c. t9.
CHAPITRE AV-
ÏV. 3ït J
v*~
~nA~t~KC
l'état antér~ur de l'atmosphère.Cette opinion est partagéepar, beaucoupde
personnesinstruites qui habitent les coloniesespagnoles,et dont l'expérience
s'étend, sinon sur un plus grand espace du globe, du moins sur un plus
grandnombred'annéesque lamienne.Aucontraire,dansdesparties del'Europe~
où les trcmblemensde terre sont rares comparativement& l'Amériqne,les
physiciensinclinent à admettre une-liaison intime entre les ondulations du
sol et quelque météore qui se présente accidentellementà la même époque.
C'est ainsi qu'en Italie, on soupçonneun rapport. entre le Siroccoet les
tremblemensde terre, et qu'à Londres on regarda, commelesavant-coureurs
des secoussesqui se faisoientsentir depuis ï~8 jusqu'en i?56, la fréquence
des étoiles filantes, et ces aurores australes qui depuis ont été observées
plusieursfois par M. Dalton.
la régularité
Lesjours où la terre est ébranlée par des secousses violentes,
des variations horaires du baromètre n'est pas troublée sous les Tropiques.
J'ai vérifié cette observation à Cumana, à Lima et à Riobamba elle est
d'autant fixer l'attention des physiciens,
plus digne de qu'à Saint-Domingue,
à la ville du Cap-françois, on prétend avoir vu baisser un baromètre d'eau
de deux pouces et demi immédiatement avant le tremblement de terre de t~o.
De même on lors de 'la destruction d'Oran, un pharmacien se
rapporte que,
sauva avec sa famille, parce'que, observant par hasard, peu de minutes
avant !a catastrophe, la hauteur du mercure dans son baromètre, il s'aperçut

que la colonne se raccourcissoit d'une manière extraordinaire. J'ignore si l'on peut


foi à cette assertion; comme il est à peu près imposssible d'examiner les
ajouter
variations du poids de l'atmosphère pendant les secousses mêmes, il faut

.PAM.?t<MM.,T. XLVt. p. 64a, 663 et ~43. L'aspect de ces météores conduisit presque en même
temps deux savans di~tmguéeà des théories diamétratement opposées.Hales, frappé de son expérience
sur la décompositiondu gaz nitreux, lorsqu entre en contact avec l'air atmosphérique, imagina une
théorie chimique d'après laquelle le tremblement de terre étoit teCet « d'une prompte condensation
d'c~ha!!tiM)nssu!fureusesetnitrensesf (&t< p. 678). Smdteley,familiarisé avec tes idées de Franklin,
sur la distribution de Pétectricité dans les .couchée de l'atmosphère, regarda le mouvement oscillatoire
de la surface du globe comme t'eBet d'nn/fjhoc électrique qui se propage de l'air dans la terre ( ~Mf.,
p. 64a D âpres l'une et l'autre de ces théories, on admettoit, t'existence d'un gros nuage noir
qui séparoitdes couches d'air inéga!ement chargées d'étectricité ou de vapeurs nitreuses, et ce nuage
avoit été vu à Londresau moment des premières secousses. Je cite ces rêveries pour rappeler a quelles
erreurs on s'expose, en physique et en géotogie, si au He~d d'embrasserl'ensemble des phénomènes
on s'arrête à des circonstances accidentelles.
C-urrejoHes,dans le JoMm.de ~f., T. LIV, p. to6. Cet abaissement ne répond qu'à dem tignes
de mercure. Le baromètre resta assezimmoHte à Pignerol, en avril 1808. (~M! T. LXVII, p. ag,. )
~3 MVREÏÏ.
se contenterd'observerte baroïnetreavant on après que ces phénomènesont
eu lieu. Dans la zone tempérée,les aurons boréales ne ~odIRent
la déclinaisonde l'aimantet l'intensttédesforces magnétiques'. Peut-être aussi
les tremblemensde terre n'agissent-ilspas constammentde la mêmemanière
sur l'air qui nous entoure.
Il paroit difficilede révoquer en. doute que, loin,de la bouche des volcans
encore actifs, !a terre, entr'ouverte et ébranlée par des secousses,répand
de temps en temps des émanationsgazeusesdans l'atmosphère. A Cumana,
commenous l'avonsindiqué plus haut, des flammeset des vapeurs mêlées
d'acide sulfureux, s'élèvent du sol le plus aride. Dansd'autres parties de
la même province, ta terre vomit, de l'eau et du pétrole. A Riobamba,
une masse boueuseet inflammablequ'on appelleJMo~a, sort de crevasses
qui se referment, et s'accumuleen collinesélevées.A sept lieuesde Lisbonne,
près de Colares, on vit, pendant le terrible tremblement de terre du
i. novembre 175$, sortir des flammeset une colonne de fumée épaissedu
flancdesrochersd'Alvidras,et, selonquelquestémbïns~duseinde lamer Cette
fuméedura plusieursjours, et elle étoit d'autant plus abondante que le bruit
souterrain qui accompagnoitles secoussesétoit plus fort.
Des fluides élastiquesversésdans l'atmosphèrepeuvent agir localementsur
le baromètre, sinon par leur massequi est très-petite, comparativementà la
masse de l'atmosphère, mais parce qu'au momentdes grandes explosions,
il se formevraisemblablementun courant ascendant, qui diminue la pression
de l'air. J'incline à croire que, dans la plupart des tremblemensde terre,
rien ne s'échappe du sol ébranlé, et que ta où les émanationsde gaz et
de vapeurs ont Heu, elles précèdent les secoussesmoins souvent qu'ellesne
les accompagnentet les suivent.Cette dernière circonstanceoffre l'explication
d'un fait qui paroft indubitable, je veux dire de cette influencemystérieuse
qu'ont, dans l'Amériqueéquinoxiale, les tremblemensde terre sur le climat
,et sur l'ordre des saisonsde pluie ét de sécheresse.Si la terre n'agit générale-
ment sur l'air qu'au momentdes secousses,on conçoit pourquoi il est si rare
qu'un changementmétéorologiquesensible deviennele présagede ces grandes
révolutionsde la nature.
<
J'ai eu occasion d'observer, conjointement avec M.
Oltmanns, Berlin, dans la nuit dn
20 décembre t8o6, un
changement d'mtensité magnétiqoe Le point de convergence des rayons de
t'eurore boréa)ea été déterminé
astronomiquementpar des azimuts. ( Gt&e~, ~n~en, i8n, p. a?~. )
'.PAt7.7~M.,T.XUX,p.4t4.
caAP'T&B IV. 3t3

L'hypothèsed'aprèsjaqaeHe,damsles tMmblemactsdéterre de Giïmana, des


fluidesélastiquestendent à s'échapperdela sar&c~ sol .gemlileconfirméepar
l'observationdubruitenrayantquel'on observependantïes secoussesauxbordsdes
puits dansla plaine <~f <~ncM.Quelquefoisl'eauet lesablesont-projetésa plus
de vingt pieds de hauteur. Des phénomènesanaloguesn'ont pas échappe à
la sagacitédes anciens qui habitoient des parties de la Grèce et de l'Asie
mineure, rempliesde cavernes, de crevasseset de rivières souterraines.La
nature, dans sa marche uniforme, fait naître partout les mêmes idées sur
les causesdes tremblemensde terre et surles moyenspar lesquels1 homme,
oubliant la mesure de ses forces, prétend diminuer l'effet des explosions
souterraines.Ce qu'un grand naturalisteromain a dit de l'utilité des puits
et des cavernes est répété, dans le nouveaumonde, par les Indiens les
plus ignoransde Quito, lorsqu'ilsmontrent aux voyageursles gT~K?o~ou
crevassesde Pichincha.
Le bruit souterrain, si fréquent pendant les tremblemensde terre, n'est
le plus souventpas en rapport avec la Ibrce des secousses.ACumana il les
précède constamment tandis qu'à Quito, et depuis peu à Caracas et aux
AntHles,on a entendu-unbruit semblableà la décharged'une batterie, long-
tempsaprèsque tessecoussesavoientcessé.Un troisièmegenrede phénomènes,le
plus remarquablede tous, est le roulementde ces tonnerres souterrainsqui
durent pendantplusieursmois, sansêtre accompagnésdu moindremouvement
oscillatoiredu sol
Dans tous les pays sujets aux tremblemens de terre, on regarde comme la
cause et le foyer des secousses le~ point ou, vraisemblablement par une
des couches les effets sont les plus sensibles.
disposition particulière pierreuses,
C'est ainsi que l'on croit à Cumana château
que la colline du St. Antoine,

In pnteis est remedium, quale et erehri specus pnebent conceptnm enim spiritum e~hal&nt
quod in certu notatur opptdit, <pMBminns qmatinntnr, crebris ad eluviemcuoicalM ca~mta. Plin.
7,tA.f7,c.8a(e<<<tr.t~3,T.t,p.tta). Encore aujourd'hui, damla capitale de Santo Domingo,les
puits sont regardés commediminuantla violencedes secousses.J'ohserTerat a cette occasion que la théorie
des tremblemens de terre, donnée par Séneqae (Nat. (ht<Mt, Lib. FI, c. 4-3t ), consent te germe
de font ce qui a été dit de nos temps sor l'action des vapeurs élastiques renfermées dans l'intérieur
du globe. (Comparez Michell, dans les .PA<<.?hnM. T. LI, p. 566-634; et Thomas Yoong, daM
Rees, ~VeM'C~c&ptB~M,Vol.Xït, p. a, art. ~«r~A~Bote.)
Les tonnerres souterrains (&famM~M~truenos tt<&<erraneo<) de Guanaxuato seront décrits dans la
suite de cet ouvrage. ( ~Vouf.p., T. t, p. 4y.) Le phénomène d'un bruit sans secousses avoit déjà été
observé par lesanciens. ( .<<rM<o< J!~e<eor.,J'.t&.~7,ed. Dt<f< p. 8oa~ ~tn., Lib. 7~ c. 80).
te&t&OK ZbMt.
/<MtonyMe, 40
3t4 MVME 1t.
et surtout l'ëmmencesur laquelle est placé le couvent de Samt-francots,
renfermentune énormequantité de soufre et d'autres matièresInCammaMes.
On oublie que la rapidité avec laquelleles ondulations se propagent à de
grandesdistances,mêmeà travers le bassin de l'Océan, prouveque lé centre
d'action est très-éloigné de la surface du globe. C'est sans doute par cette
mêmecausequeles tremblemensde terre ne sont pasrestreints &de certaines
roches, comme le prétendent quelques physiciens mais que toutes sont
propresà propagerle mouvement.Pour ne pas sortir du cercle de ma propre
expérience, je citerai ici les granites de Lima et d'AcapuIco, le gneiss de
Caracas, le schiste micacéde la péninsule d'Araya, le schiste primitif de
Tepecuacui!co au Mexique,lescalcairessecondairesde l'Apennin, de l'Espagne
et de la Nouvelle-Andalousie, enfin les porphyres trapéens des provincesde
Quito et de Popayan. Dans ces lieux divers, le sol est fréquemmentébranlé
par les secoussesles plus violentes mais quelquefois dans une même
roche, lescouchessupérieuresopposent des obstaclesInvinciblesà la propa-
gation du mouvement.C'est ainsi que, dans les mines de la Saxe on a
vu sortirles ouvriersenrayéspar des oscillationsqui n'étoient point ressenties
à la surface du sol.
Si, dans les régions les plus éloignéesles unes des autres, les roches
primitives,secondairesou volcaniquesparticipent égalementaux mouvemens
convulsifsdu globe, en ne peut disconveniraussi que, dans un terrain peu
étendu, certainesclassesde roches s'opposent à la propagationdes secousses.
A Cumana, par exemple, avant la grandecatastrophede 17~7, les tremble-
mens de terre ne se faisoient sentir que le long de la côte méridionale et
calcairedu golfe de Cariaco'jusqu'à la ville de ce nom, tandis qu'à la
péninsuled'Araya et au villagede Maniquarezle sol ne participoitpas aux
mêmesagitations.Les habitansde cette côte septentrionalequi est composéede
schiste micacé, élevoientleurs cabanes sur un terrain immobile; un golfe
de trois à quatre mille toises de largeur les séparoit d'uneplaine couvertede
ruines et bouleverséepar des tremblemensde terre. Cette sécurité, fondéesur
l'expériencede plusieurssiècles, a disparu depuis le ï~ décembre ï~Q~, de
J'aurois
puajouterà çettelistedesroches
secondaires
tesgypses
deta plusnouvelleformation,
parexempleceluideMontmartre, plac~au-dessus
d'uncalcaire
marin
quiestpostérieur
alacraie.Voyez,
J
surletremblement deterreressentià l'ansetdanssesenvirons,
en t68t,tesMém. da/c<t~mte,
T.I, p. 34t.
Marienberg dans I'.E)~j'<'6tM'gB.
CttAMT&tEIV. 3t5

nouvellescommunica~onsparoissent s'être ouverts dans1 tntënenr du globe.


Aujpurdhuion n'éprouvepas seu!cment:t~apéninsuled'Arayales agitationsdu
sol deCumana;le promontoire de schistemicacéestdevenu son tour uncentre
an
particulierde mouyemens.Déjàla terre est quelque&isfortement ébMnïée
villagede Maniquarez,quandàJb côte de Cumanaon jouit delà plus par&ite
tranquillité.Le golfe de,Cariacon'a cependant que soixante ou quatre-vingts
brassesde profondeur.
On a cru observerque, soit dans lescontmenssoit ,dansles Mes,les côtes
occidentaleset méridionalessont les plus exposées aux secousses'.Cette
observationest liée aux idées queues géologuesse sont forméesdepuis long-
temps de la position des hautes chaînes de montagneset de la, direction de
leurs pentes les plus rapides; l'existence de la Cordillère de Caracaset la
fréquencedesoscillationssur lescôtes orientaleset septentrionalesde la Terre-
Ferme, dans le golfede Paria, à Garupano,à Cariacoet à Cumana, prouvent
l'incertitudede cette opinion.
Dans la Nouvelle-Andalousie, demêmequ'au Chili <t au Pérou,lessecousses
suiventle littoral, et s'étendentpeudansl'intérieurdes terres.Cettecirconstance,
commenous le verronsbientôt, indiqueun rapport intimeentre les causesqui
produisentlestremblemensdeterre, et leséruptionsvolcaniques. Sile sol étoit le
plus agitésur les côtes, parce qu'ellessontles parties les plus bassesde la terre,
pourquoilesoscillationsneseroient-elles pas égalementforteset fréquentesdans
ces vastessavanes ou prairies qui s'élèvent a peine huit ou dix toises
au-dessusdu niveaude l'Océan?
Les tremblemensde terre de Cumanasont liés à ceux des Petites Antilles,
et l'on a même soupçonnéqu'ils ont quelquesrapports avec les phénomènes
volcaniquesde la Cordillère des Andes. Le février 1797, le sol de la
provincede Quito éprouva un tel bouleversementque, malgré l'extrême
foiblessede la populationde ces contrées,près de ~0,000indigènespérirent,
ensevelissous les ruines de leurs maisons, engloutis par des crevasses, et
noyés dans des lacs qui se formèrent instantanément.A la mêmeépoque, les
habitansdes îles Antillesorientalesfurent alarméspar des secoussesqui ne
cessèrentqu'aprèshuit mois, lorsquele volcande la Guadeloupevomit de la

ttansle /btffn.
Ctomrejottes, ftefA~ T.UV, p. io4.
Les ~&Mtoede Cumana, de la NouveUe-Barcelone,de Calabozo det'Apare et du Meta.
3
Voyez mon Tableau géologiquede l'Aménque méridionale J<wn<~ <&f~ty<M, T LUt, p. 38.
3l6 itVKE!~
'111
pierre ponce, descendréset des bo~Seesde vapenit'ssul&reuSës. Cette éruption
du 27 septembre,pendant laquelle on entendit des mugissëmehssouterrains
très-probngés', fut suivie~ le ~décembre, du grand tremblementde
terre de Cumana.Un autre volcandes îles Antilles, celui de Saint~Vincent*,
a offert depuispeu un nouvel exempte de ces rapports extraofdinaires~Il
n'avoit pas jeté des flammesdepuisi7t8, lorsque en lança dé nouveau en
i8t2. La ruine totale de la ville de Caracasprécéda cette explosion de
trente-quatre jours, et de violentesoscillationsdu sol furent ressentiesà la
fois aux Meset sur les côtes de la Terre-Ferme.
On a remarquédepuislong-tempsque leseffetsdes grands tremblemensde
terre s'étendentbeaucoupplus loin que les phénomènesqu'offrent les volcans
actifs. En étudiant les révolutions physiques de l'Italie, en examinant
avec soin la~ série des éruptions du Vésuve et de l'Etna, on a de la
peine à reconnoître, malgré la proximité de ces montagnes, les traces
d'une action simultanée.Il est indubitable, au contraire, que, lors des deux
dernières ruines de Lisbonne la mer a été violemmentagitée jusque
(
~!ft~K)r<fait aux ~n~fOKt rictor .RttptM et te&<M~par ~nt;c~ ~*<ytw Hapel, jR~tt~HKtMet
Codé, cAarg~td'examiner la <t<!«t<t<mdu volcan de A* Basse-Terre, et &<~<<* qui ont <« lieu AtHt
la nuit du 7 ott 8 fent~mM~e an 6, p. 46. Cette relation d'un voyage fait à la cime da volcan,
renfern~be.njcoap d'otservadons curieuses elle a été imprimée à la Guadeloupe en ~98.
Letter of jtf. ~ftmt&om<o Sir Joseph B<t<:i~, t8i3. L'éruption commença le 3o avril t8ta;eHe
fut précédée de tremNemens de terre qui se répétèrent pendant onze mois. (/*A< Trans., 1785,
p. t6.)
Le a6 mars t8ia.
4 Les i."novembre t~SSet 3t mars t~Ct. Pendant le
premier de ces tremMemeM de terre t'Océan
inonda en Europe, tes côtes de la Suéde, de l'Angleterre et de l'Espagne en Amérique, tes îles
Antigua la Barbade et la Martinique. A la Barbade, où tes marées n'ont généralement que at à a8
pouces de hauteur, les eaux s'élevèrent de vingt pieds dans la baie de CartMe. Elles devinrent en
même temps « noires comme de l'encre, o sans doute parce qu'ettes s'étoient metées avec le pétrole
ou asphaltequi abonde dansle fond de la mer, tant sur les côtes du golfe de Cariaco que près de t'ite
de la Trinité. Aux Antilles et dans plusieurs lacs de la Suisse, ce mouvement extraordinaire des eaux
fut observé six heures après la première secousse qui se fit sentir à Lisbonne ( fA~. T)wM., Vol.
XLIX, p. 4o3, 4.0, 544, 668; /HA, Vol. LU, p. 494). A Cadix, on vit venir du targe, a huit
millesde distance,une montagne d'eau de soixantepiedsde hantenr:ettetèjetaimpétueusementsurlescotes.
et ruina un grand nombred~édiSces,semblableà lalame de quatre-vingt-quatre p!edt dehaut qui, te juin
i5S6, lors du grand tremblement de terre de Lima avoit couvert le port du Cattao (~<fM<<i,
Hiat. n<!<Mm/
de las Indias, ed. f!e tSat, p. t~3.) Dans t'Amérique septentrionale, au lac Ontario, on avoit
observé de fortes agitations de l'eau dèsle mois d'octobre t~M. Ces phénomènes prouvent des commu-
nications souterraines à d'énormes distances. En comparant les époquesdes grffdc" ruines de Lima et
de Guatimala, qui se succèdent généralement à de longs mtervaUes, on a cm reconneitre quelquefois
CKAPITKEtV 3;~
dans le nouveaumonde, par exemple à l'Ne de la Barbade, ëbignée de plus
de douzecentslieues<Mscôtes du Portugal
Plusieursfaitstendent à prouverque tes causesqui produtsenttes tremMemens
de terre ont une liaison étroite avec cellesqui agissent dans les ëraptions
volcaniques Nous avonsappris à Pastoque la colonnede fuméenoireet épaisse
qui, en !~97, so~toitdepuisplusieursmois, du votcan voisinde cette ville,
disparutà l'heuremême où, soixantelieues au sud les villesde Riobamba,
Hambatoet Tacungafurent bouleverséespar une énorme secousse.Lorsque,
dans l'intérieur d'un cratère emiammé, on est assis près de ces monticules
forméspar des éjections de scorieset de cendres, on ressent le.mouvement
du sol plusieurs secondesavant que chaqueéruption partielle a lieu. Nous
avonsobservé ce phénomèneau Vésuve en i8o5, pendant que la montagne
lançoitdesscoriesincandescentes;nousen avionsété témoinsen 1802, au bord
de l'immensecratère de Pichincha, dont il ne sortoit cependant alors que
des nuéesde vapeurs d'acide sulfureux.
Tout paroit indiquer dans les tremblemensde terre Faction des fluides
élastiquesqui cherchent une issue pour se répandre dans l'atmosphère.
Souventsur lescôtes de la mer du Sud, cette action se communiquepresque
instantanémentdepuis le Chili jusqu'au golfede Guayaquil, sur une longueur

quisecrêpage
l'effetd'uneaction le longdesCordillères
lentement tantôtdunordau sud,tantôtdu
sudaunord( Cosme ~hteno,.0<M'npcM'n ed.deLima,p. 6y.)Voici
del/*erA, quatredecesépoquet
remarquables
ME)[!<!tnE. P~BOC.
(Lat. t.3a'nord). (Lat. ~sud}.
3o Nov. tS~7. t7 Juin ~78.
4 Mars '679. 17 Juin 1678.
n Févr. )689. io Oet. t688.
37 Sept. t7t7. 8 F~tT.~7~6.
J'aïone que, lorsque tes secousses ne sont pas tmutttanées, ou qu'elles ne se suivent pas à peu de
temps d intervalle, il reste beaucoupde doute snr la prétendue communication <tu.mouvement.
Laliaison de ces causes, déjà reconnue par les anciens, Aappa de nouveau tjes esprits à l'époque
de la découverte de t'Amérique. (~eot<a[ p. <itf.)Cotte découverte n'offrit pas seulement de nouvelles
productionsà la curiosité des hommes elle donna aussi dé l'étendue à tenrs idées sur la géograplue
physique sur les variétés de l'espècehumaine et sur tes migrations des peuples. Il est impossible de lire
les premières relations des voyageurs espagnols, surtout celle du )ésuite Acosta, sans être surpris a
d'un grand continent, l'étude d'une nature
chaque instant de cette influence heureuse que l'aspect
merveilleuseet le contact avec des hommesde races diverses, ont exercée sur les progrès des lumières
en Europe. Le germe d'un grand nombre de vérités physiques se trouve dans les ouvrages du seizième
siècle, et ce germe auroit fructifié, s'il n'eût point été étouifë par le fanatisme et la superstition.
3t8 HVHE tt.
de six cents lieues et, ce qui est très-remarquable, les secousses
semblentêtre d'autant plus fortes que le pays est plus élo'gné des volcans
actifs. Les montagnes granitiques de la Calabre, couvertes de brèches
très-récentes,la chaine calcaire des Apennins, le. comté de Pignerol, les
côtesdu Portugalet de la Grèce, cellesdu Pérouet de la Terre-Ferme, offrent
des preuvesfrappantesde cette assertion'.On diroit que le globe ~st agité
avecd autant plus de force, que la surfacedu sol offre moinsde soupiraux:qui
communiquentavec les cavernes de l'intérieur. A Naples et à Messine, au
pied du Cotopaxi et du Tunguragua.on ne craint les tremblemensde terre
qu'aussilong-tempsque les vapeurset les flammesne sont pas sorties de la
bouche des volcans.Dans le royaumede Quito, la grande catastrophe de
Riobamba, dont nous avons parlé plus haut, a même fait naître l'idée à
plusieurspersonnesinstruites, que ce malheureux pays seroit moins souvent
bouleversé,si le feu souterrainparvenoit à briser le dôme porphyritique du
Chimborazo, et si cette montagne colossaledevenoit un volcan actif. De
tous les temps, des faits analoguesont conduit aux mêmes hypothèses.Les
Grecs qui attribuoient, comme nous, les oscillationsdu sol à la tension des
fluides élastiques,citoient en faveurde leur opinion la cessation totale des
secoussesà l'tte d Eubée, par l'ouverture d'une crevasse dans la plaine
Leia~tine
Nous avons tâché de réunir, a la fin de ce chapitre, les phénomènes
générauxqu'offrent les tremblemens de terre sous dinërens climats. Nous
avonsfait voir que lesmétéoressouterrainssont soumisà desloisaussiuniformes
que le mélangedes fluidesgazeuxqui constituentnotre atmosphère.Nousnous
sommesabstenus de toute discussionsur la nature des agens chimiquesqui
sont les causesdes grands bouleversemensqu'éprouve de temps en temps
la surface de la terre. Il sufSt de rappeler ici que ces causesrésident à
d'immensesprofondeurs, et qu'il faut les chercher dans les roches que
nous appelonsprimitives, peut-être même, au-dessousde la croûte terreuse
et oxidéedu globe, dans les abfmesqui renfermentlessubstancesmétalloïdes
de la silice, de la chaux, de la soude et de la potasse.

FIeuri&ude BeUevue, 7<M<m. de Physique, T. LXU, p. a6t.


Lessecoussesne cessèrent qu'âpres qu'il se fut ouvert dans la plaine de Lélante (près deChatcis )
une crevasse qui vomit un fleuvede boue enNammée.t StMto, Lib. e~. Ojcon. t!io~ T. t, p. 85.
(VoyMaussi~traduction<i'ejM..D<t?%e~T.ïjp.t37,mote4.)
~HAtt~A'E~tY. 3*9 1
On a tenté rëces~eM de~ns~ des voÏcaos etceux des
tt-emMemens déferre, con~ee~c~~ ~ta~ue~ d~vë!oppee
aae nier
par dépositionpartiûaU~ MOfoit
qae souvent,torsquëde~tM~së~)~~ ~~CCèd(!~t~risr~tJaceae
quelques senstMëtoent
heures,la tensionetectfiq~del'aïraujgmente' a rinstant
où le solest le plus agM;mais, on, n'a. pas
pou~~
besoinderecourira unehypothèsequi est en contradiction directeavectout
ce que t'on a observéjusqu'icisur la structurede notre planète, et sur
~u
la dispositionde ses couchés pierreuses.

V<tyetles Mpéne«ce< faites, en Pt&nont, danste<valléesde P~tiset de CtnMon,


aectroscopiqaM
ent8oS.J~m?t.<&f~t~e,T.I<XVtt,p. aga.
1
320 nvREït.

CHAPITRE V.
PENCtStM D'ARATA.–MARAIS SALANS.–RMtfES DU CHATEAUSAINT-tAQMS.

LES premièressemainesde notre séjourà Cumanafurentemployéesà vérifier


nos instrumens, à herboriser dans les campagnesvoisines, et à reçonnoîtreles
traces qu'avoit laisséesle tremblementde terre du ï~ décembre1797.Frappés
d'un grand~nombred'objets à la fois, nous éprouvâmesquelque embarras à
nous assujétirà une marcherégulièred'étudeset d'observations.Si tout ce qui
nous environnoitétoit propre à nousinspirer un vif intérêt, nos instrumensde
physiqueet d'astronomieexcitoientà leur tour la curiositédes-habitans.Nous
fumesdistraits par de fréquentesvisites; et, pour ne pas mécontenter des é
personnesqui paroissoientsi heureusesde voir les taches de la lune dans
une lunettede Dollond, l'absorptionde deux gazdans un tube eudiométrique,
ou leseffetsdu galvanismesur les mouvemensd'une grenouille, il fallut bien
se résoudreà répondreà des questionssouventobscures et à répéter, pendant
des heures entières-,les mêmesexpériences.
Cesscènesse sont renouveléespour nous pendant cinq ans, chaquefois que
nous avonsséjourné.. dans*unlieu où l'on avoit appris que nous possédionsdes
microscopes, des lunettes ou des appareils électro-moteurs.Elles étoient
généralementd'autant plus fatigantes, que les personnesqui nous visitoient
avoientdes notionsconfusesd'astronomieoude physique, deuxsciencesque,
dans les coloniesespagnoles, on désigne sous le nom bizarre de la nouvelle
philosophie,7!M<?f<ï~ojo~.Les demi-savansnous regârdoientavecune sorte
de dédain, lorsqu'ilsapprenoientque nous ne portionspoint parmi nos livres
le Spectacle de la Nature de fabbé jPZMcA<?~ le CoMMde y~~ue de
Sigaud La Fond, ou le Dictionnaire de ~'a&noyîtde Bomare. Ces trois
ouvrageset le Traité d'Économie politique du baron de JMe~e/J sont les
livresétrangersles*plus connuset les plus estimésdans l'Amériqueespagnole,
depuis Caracaset le Chilijusqu'à Guatimalàet au nord du Mexique.On ne
paroh savant qu'autant qu'on peut en citer les traductions, et c'est seulement
danslesgrandescapitales, à Lima, à Santa-Fede Bogota, et à Mexico, que
CHAPïT~~
V. '3~t
les noms de Baller de Cavendishet de Lav~isiercommepcentà remplacer
ceux dont la célébritéest devenuepopulaire depuis undeïnt-Mècle.
La curiositéqui se,porte sur les phénomènes du ciel et sur divers objets
dessciences.naturelle prend un caractèrebien diS~rent chez des nations
anciennementciviliséeset chez celles qui ont &it peu de progrès dans le
développementde leur intelligence.Les unes et les autres offrent, dans les
classesles plus distinguéesde la société, des exemplesM'équensde personnes
étrangèresaux sciences; mais, dans les colonies et chez tous les peuples
nouveaux,la curiosité loin d'être oiseuseet passagère, naît d'un désir ardent
del'instruction elles'annonceavec une candeur et une naïvetéqui n'appar-
tiennent en Europequ'à la premièrejeunesse.
Je ne pus commencerun coursrégulierd'observationsastronomiquesavant le
28 juillet, quoiqu'ilm'importâtbeaucoupde connoîtrela longitudedonnéepar le
garde-tempsde LouisBerthoud.Le hasardvoulutque dans un paysoù te ciel
estconstammentpur et serein, il y eût plusieursnuits sansétoites.Tous les jours,
deux heures après le passagedu soleil par le méridien,il-se formaitun orage,
et j'eus beaucoup de peine à obtenir dès hauteurscorrespondantesdu soleil,9
quoiquej'en prissetrois ou quatre groupesà différeusintervalles.La longitude
cbronométriquede Cumana ne différa que de 4" en temps de celle que j'ai
déduitedes phénomènescélestes;cependantnotre navigationavoit duré plus
de quarantejours, et, pendantle voyageà la cimedu pic deTéneriSe, l'horloge
avoit été exposéeà de grandesvariationsde température
Il résultede l'ensembledes observations quej'ai faites, en 1799 et tSoo,
que la latitude de la grande place de Cumana est de 10° 27' Sa~, et sa
longitudede 66" 3o~ 2~. Cette longitudese fonde sur le transport du temps,
sur des distances lunaires, sur Féclipsedu soleil du 28 octobre 1799, et
sur dix immersionsdes satellitesde Jupiter, comparéesà desobservationsfaites
en Europe. Elle dISère~ très-peu de celleque M. Fidatgo avoit obtenue avant
moi, maispar des moyenspurementchronométriques.La plus anciennecarte
que nous ayons du nouveaucontinent, cellede Diego Ribeiro, géographede
fempereurCharles-Quint,place Cumanapar les 9° 3o~ de latitude~,position
0&<t.
<M<f. T. I, p. XTtV.
J5M.,T. ï,p. 43-93.
D'âpre Herera, tat. 9° 5o'. (Descripcion de &MIndias oc<-M., p. 9.) D'après la Carte ~fOc~M
Atlantique, /tM&<~a
<M< <~)« de la Marine en 1793 ht. 9° Sa. La carte de Ribeiro est de t'année t5ag.
7ÏeZe<MM Zb/M.L
A<~07f~M~ 41
322 HVRE 1T.

qui diffère de 58~ deIavéritaNe latitude, et d'un demi-degré de celle à


laquelles'arrêteJenerysdans soB~Pt~o~ f.~Kt~t~He, puMIéen 1794-Pendant
trois siècleson traça toute la cote de !a Terre -Fermesur un parallèle trop
méridional, parceque, aux attéragesde l'îlede la Trinité~les c&aransportent
vers le -nord, et que, d'après l'indicationdu loch, les navigateursse croient
plus au sud qu'ils ne le sont réellement.
Le t~ août,un halo,oucouronnelumineuseautourde la lune, fixabeaucoup
l'attention des habitans. On le regarda commele présage de quelque forte
secoussede tremblementde terre; car, d'après la physique du peuple, tous
les phénomènesextraordinairessont immédiatementliés les uns aux autres.
Les cerclescolorésautour de lalune sont beaucoup plus rares dans les pays
du nord, qu'en Provence en Italie et en Espagne.On les voit surtout, et
ce fait est assezremarquable,lorsque le ciel est pur et que le tempsserein
paroît le plus constant. Sous la zone torride, de bellescouleursprismatiques
se présententpresque toutesles nuits, mêmeà l'époquedes grandessécheresses
souvent, dansl'espacede peu deminutes ellesflisparoissentplusieursfois, sans
doute parce que des~eouranssupérieurschangent l'état des vapeurslégères
danslesquelleslalumièrese réfracte.J'ai mêmeobservéquelquefois,metrouvant
entre les i5 degrésde latitude et l'équateur, de petits halos autour de Vénus;
on y distinguoitle pourpre, 1 orangéet le violet maisje n'ai jamaisvu de
couleursautour de S~ius, de Canopusou d'Achernar.
Pendant que le halo fut visibleà Cumana, l'hygromètremarqua une forte
humidité; cependant les vapeurs paroissoientsi, parfaitement dissoutes, ou
plutôt si élastiqueset si uniformémentrépandues, qu'elles, n'altéroient pas
la transparencede l'atmosphère.La lune se leva, après uue pluie d'orage,
derrièrele châteauSaint-Antoine.Dès qu'elleparut sur l'horizon, on distingua
deux cercles,un grand blanchâtrede ~4° de diamètre, et unpetit qui, brillant
de touteslescouleursde l'arc-en-ciel,avoit t" 43' de largeur.L'espaceentre les
deux couronnesétoit de l'azurle plus <bncé.A4o° de hauteur, ellesdisparurent
sans que les instrumensmétéorologiquesindiquassentle moindre changement
dansles bassesrégionsde l'air.Cephénomènen'avoitrien de frappant,si ce n'est
la grandevivacitédes couleurs,jointeà la circonstanceque, d'aprèsdes mesures s
prises avec un sextant de Ramsden, le disque lunaire'ne se trouvoit pas
exactementdans le centre des halos. Sans cette mesure, on auroit pu
croireque l'excentricitéétoit l'effetde la projection des cerclessur la concavité
CHAPÏTHE V. 323
apparentedu ciel L<t
L<tforme
bHnedes
desbaba,et
halosretlescouleurs
lescouleur que
qneprésente l'atmosphère
présentel'atmosphère
des Tropiqueséclairéepar la lune, méritent de nouvellesrecherchesde ta part
des physiciens.A Mexico,par untemps éminemmment serein, j'ai vu de larges
bandes,ayant touteslescouleursdeTMsyparcourir ta voûteducielet converger
vers le disquelunaire, météorecurieux qui rappelle celui qui a été décrit
par M. Cotes3 en t~ï6.
Si l'expositionde notre maisonà Cumana favorisoitsingutièrementl'obser-
vation des astres et des phénomènesmétéorologiques elle nous procuroit
quelquefoispendant le jour un spectacleamigeant.Une partie de la grande
place est entourée d'arcades au-dessus desquellesse prolonge une de ces
longues galeriesen bois que l'on retrouve dans tous les pays chauds. Cet
emplacementservoità la vente des noirs amenésdes côtes d'Afrique.De tous
les gouvernemenseuropéens, le Danemarcka été le premier, et long-temps
le seul, qui ait aboli la traite, et cependant les premiers esclaves que
nous vunes exposés, étoient venus sur un vaisseaunégrier danois. Rien ne
peut arrêter les spéculationsd'un vil intérêt en lutte avec les devoirs de
l'humanité,l'honneurnational et les lois de la patrie.
Les esclaves exposés en vente étoient
de jeunes gens de quinze à vingt
ans. On leur
distribuoit, tous
tes matins, de l'huile de cocos pour se frotter
le corps et pour rendre leur peau d'un noir luisant. A chaque instant se
présentoient des acheteurs qui jugeoient, l'état des dents, de l'âge et
par
de la santé des esclaves; ils leur ouvroient la bouche avec force, comme on

Le <7 août t799 thermomètre, a5°,3~ hygromètre de Deluc, 68°. La lune


ayant n" a8~ de
hauteur, le diamètre horizontal de la petite couronne étoit t° 5d, et le diamètre vertical 1° 43'.
Il y avoit, du centre de la lune au bord
supérieur du petit balo, 44', et au bord intérieur, 5g'.
Tout l'espace entre le disque lunaire et l'extrémité du petit halo briUoit de couleurs prismatiques.
Le diamètre horizontal du grand halo blanc étoit de 4a" y.
Lorsque la lune eut atteint 37° 34'
de hauteur au-dessus de l'horizon, le diamètre du
grand halo fut de 44° t0', et la largeur de la
bande laiteuse de 3° 35'. La lune ne montra plus d'eMentricitë, et le petit balo n'avoit que t° 37' de
diamètre. Ces mesures ont été prises sans lunette et en ramenant dans te sextant le bord de la lune
en contact avec tes extrémités très-tranchées des deux couronnes. U me paroit difEcile d'admettre
que j'aie pu me tromper de 13' sur l'excentricité de la tune la réfraction auroit plutôt diminué
qu'augmenté t'étendue du hato vers le bord inférieur. JI ne faut pas confondre ce phénomène, qui
appartient aux dernièrescouchesde l'atmosphère, et qui s'observe par nn ciel pur et sans vapeurs visibles,
avecces cercles cotorésqui seprojettent sur des nuages blancs chasséspar le vent devant le disque lunaire,
et qui n'ont que sept à huit cents toises de hauteur absolue. (Yo~ez Walker Jordan dans le Journ.
de ~Vtc/to&on,Vol. IV, p. t4t; et Optique de ~VeM'tcTt, 1723, p. 476).
La nuit du 8 mai i8o3.
.Sau~A,C<wrttf~tgM.~ *7G7,T. 1, p. t73, $. tog et p. i~, $. tBg.
3a~ ï.tVRE il.
fa!t ftano~s marchés aux
tait danslesmarchés date de Afhque, comme
aux chevaux.Getusageavihssant
chevaux.GetusaseaviUs!
le prouvele tableaufidèleque dansune-dé sespiècesdramatiques'Cervantes,
sorti d'une longuecaptivitéparmi les Maures,a tracé delà vente des chrétiens
esclavesà Alger. On gémit de penser qu'aujourd'hui même Hexiste aux
Antillesdes colonsEuropéensqui marquentleurs esclavesavecon fer chaud,
pour les reconpoitre lorsqu'ils s'enfuient. C'est ainsi qu'on traite ceux qui
épargnent aux autreshommesla peine de semer, de labourer et de recueillir
pour vivre, »
Plus étoit vive l'impressionque nous fit la première vente des nègres à
Cumana, et plus nous nous félicitâmesde séjourner chez une nation et sur
un continentoù ce spectacleest très-rare, et où le nombre des esclaves est
en généralpe~ considérable.Ce nombre, en t8oo, n'excédoit pas six mille
dans les deux provinces de Cumana et de Barcelone, lorsque, à la même
époque,onévaluoitla populationentièreà centdix mille habitans.Le commerce
des esclavesAfricainsque les lois espagnolesn'ont jamaisfavorisé,est presque
nul sur des côtesoù le commercedes esclavesAméricains se ~aisoit au seizième
siècleavec une effrayanteactivité. Macarapàn appelé anciennementAmara-
capana, Cumana Araya et surtout la Nouvelle-Cadix,fondée dans l'îlot de
Cubagua pouvoient alors être regardés comme des comptoirs établis pour
faciliterla traite. GirolamoBenzonide Milanqui, à l'âge de vingt-deuxans,
avoit passé à la Terre-Ferme, prit part à des expéditions faites en ï5~2,
sur les côtesde Bordones de Cariaco et de Paria, pour enlever de malheu-
reux indigènes.Il raconte av~ecnaïveté, et souvent avec une sensibilité peu
communedans les historiensde ce temps, les exemplesde cruauté dont il
fut témoin,Il vit traîner les esclavesà la Nouvelle-Cadix,pour les marquer
au front et aux bras/ et pour payer le quint aux officiersde la couronne.
De ce port, les Indiens furent envoyésà l'île d'Haïtiou Saint-Domingue,

'jM?h~o~yom.7f(~M~P~F-mMo,t~84,p.5t6).
La Bn<yere, C~ae~rM, Chap. XI (eF. iyM, p. 3oo). On aime à c:te~ en entier un passage dans
lequel se peint avec force, on peut d!re avec une noble se~értté, l'mMur de l'espèce hunmme.
On trouve (sous la zone torride) certains animaux farouches, des mates et des femelles,
répandus
par la campagne, noirs, livides et tout ht&tés du soleil, attacha la terre <}<t'ibfouillent et qu'as
remuent avec une
opiniâtreté invincible. Bs ont comme une voix artientêe; et, quand ils se lêvent
sur leurs pieds ils montrent une face humaine,
et en eBet!b sont des hommes. »
«Noi pigliammo dugento et quarànta schiavi fra maschi e ËMmne,
piccoti e grandi. Cosa vera-
mente molto compassionevoleda vedere la condutta di
queUe mescMne créature, nude, standte,
stropiate. Le infelici madri con due e treSgUaoUMte spalle e in eoUo~ colme'di pianto e didotore
CHAPXTRËV.
t-~– ,)~ ––~ M~ **<t~~m!<'<t'a<*tta)' mais
maM narce
après avoir souvent changé de maîtres, non par voie d'achat, parce
r
quele8soldatsles)0uoientaudé.
La première excursion~ue nous fîmes, fut dïrtgeeveMÏapémasd~
d'Araya et vers ces contréesjadis trop célèbres par la traite des esclaves
et la pèche des perles.Nousnous embarquâmessur le Rio Manzanares,p~ès
du faubourgindien, le ï<)août, versies deux heures après minuit. Le but
principal de ce petit voyage étoit de voir les ruines de l'ancien château
d'Araya, d'examinerles salines, et de faire quelquesobservationsgéologiques
sur les montagnesqui forment la péninsuleétroite de Maniquarez.La nuit
étoit d'unefraîcheurdélicieuse;desessaimsd'insectesphosphorescens brilloient
dans l'air, sur le sol couvert de Sesuviumet dansles bosquetsde Mimosaqui
bordentla rivière.On sait combienles versluisanssont communsen Italie et
danstoutle midide l'Europe maisl'effetpittoresquequ'ilsproduisentne saurait
être comparéà cesinnombrableslumières éparseset mouvantesqui embellissent
lesnuits de la zone torride, et qui semblentrépétersur la terre, dans la vaste
étenduedes savanes,le spectacledela voûteétoiléedu ciel.
Lorsqu'on descendantla rivière nous nous approchâmesdes plantationsou
cAa~tM,nous vîmes des feux de )oie allumés par des nègres. Une fumée
légèreet ondoyante s'élevoitverslacimedes palmiers et donnoit une couleur
rougeâtre au disque de la lune. C'étoit la nuit d'un dimanche, et les
esclavesdansoientau son bruyant et monotone de la guitare. Les peuples
d'Afrique, de race noire, ont dans leur caractère un fond inépuisable de
mouvementet de gaieté.Aprèsavoir été livré à destravaux péniblespendant
la semaine, l'esclave, les jours de fête, préfère encore la musique et !a
danse à un sommeilprolongé. Gardons-nousde blâmer ce mélange d'insou-
ciance et de légèreté, qui adoucit les maux d'une vie pleine de privations
et de douleurs!
La barque dans laquelle nous passâmes le golfe de Cariaco étoit très-
spacieuse. On avoit étendu de grandes peau~ de Jaguar ou tigre
d'Amérique,

aBitte, legati tutti da corde e di catene di ferro at collo, aUe braccia e alle mani. Si conducono a
Cubaguae tutti si marehiano in faccia e su le braccia con ferro infbcato, segnato d'un C noi eti
capitani ne faoo<~parte a soMati, che gli vendono, o se gUgiuocano t'nnocon t'atr~. Se paga il qninto
detle perte, del oro e dei schiavia gti mSiciatidel Re. Bt<teo<M,~M<.del 7t~bn<<o A~ot~, t565,
p. 4, 7 et 9. C'est ainsi que les Phéuiciens et tes Carthaginois cherchoient jadis des esclaves en Europe,
Heyne, C~MMCtt~T. IU, p. 63.
'Etaternoctitncns.
*Lampyri9itatica,L.noctItnca..
3a6 t.ïVREït.
nour nue
pour que nous
nous eussions recoseruën~attt
pussionsreposer pendant tala nn~
nuit.Kr~.t
Nous n'avions pas séjourne
deuxmoissousla zonetorride~et déjà nosorganesétoientteHementsensibles anx
plus petits changemehsde température, que le froid nous empechoit.de
dormir. Nousvîmes avec surpriseque le thermomètrecentigradese soùtenoit
à 21,8.' Cette observation, très-ctmnueà ceuxqui ont vécu
long-temps aux
Indes, mérite l'attention des physiologistes. Bouguerraconte qu'arrivé au
sommet de la MontagnePelée, à Me de la Martinique,lui et ses
compagnons
trembloientde froid, quoiquela chaleur excédâtencore2~ degrés*.En lisant
1intéressante relation du capitaineBlighqui, par une révolteà bord du navire
Bounty, avoitété tbrcé de faire douzecents lieuesdansune chaloupeouverte,
on voit que ce navigateur, entre les io et ta degrés de latitude australe,
souffroit beaucoupplus du froid que de la faim3. Pendant notre
séjour à
Guayaquil, au mois de janvier ï8b3, nous observâmesque les indigènes se
couvroienten se plaignantdu froid, lorsque le thermomètrebaissoit à
23",8,
tandis que la chaleur leur paroissoit suubcante à 3o°,5. Six à
sept desrés
suffisoient pour faire naître les sensations opposées du froid et de la
chaleur, parce que, sur ces côtesde la mer du Sud, la températurehabituelle
de l'atmosphèreestde 28" degrés.L'humidité~qui modifiela force conductrice
de l'air pour le calorique, contribuebeaucoupà ces impressions.Dansle
port
de'Guayaquilcomme partout dans les basses régions de la zone torride le
temps ne se refroidit que par des pluies d'orage et j'ai observé que
lorsque le thermomètrebaisse à a3°,8, l'hygromètre de' Deluc se soutient
à 5o et 52 degrést il ë~t au contraire à 3~ degrés par une
température
de 3o°,5. A Cumana, par de fortes ondées, on entend crier dans les rues
Figuredela terre,p. Hv.Lahauteurdece sommet estde736toisesd'après Dnpt.get,etde
G66toiseld'aprèsM.LeBlond. Cetteélévation
n'estparconséquent asse~
pas considérable
lesentimentdufroidpuisseêtrecansé,comme pourque
auChimhorazoet à P:ch:noha,parla moindre quantité
d'oxygène lespoumons
qu'enlèvent ànnairdilaté.
Sile baromètre,
part6-9 detempérature sesoutient
a lacimedela Montagne Pelée,à a4 poucea lignes(.&.Blond,~oy<~.MM ~M&< e< dans
<n~r,?MmerM<on~, T. 1, p. 87);I'é)évat:on
absolue
de ce point/est,d'aprèsla formule de
M.La Place,de 660toises,en supposant, pourle niveaude la mer,la hauteurdumercureà
a8pouces i ligne,et le thermomètre à a5°.
souvent ~<~ parà la
B~A, mouillé At m<.rfht&«<,<M<&<.<~n-
mer duSud, mous savons
par cette p.a65etet 3t6.
&.a~, latitude L'équipage de
tempétature delà chaloupeétoit
souvent mouillé par
li l¡¡mes;mais nous MVODS qu'à cette latitude., la tempéeàtnre de l'eau
teaudede la1~mer
merne
no
peut être au-dessousde ~3< et que le froid produit par t'évaporation est peu considérable
pendant des
nuits où la température de l'air excède rarement a~
85°,8 et 86<4 de l'hygromètre de Saussure.
73" Sauss. Si la quantité de vapeurs n'augmentoit pas, tadiSerence des humidités
apparentes ne
sero)tfpede..t.
CHAPrPREV. 3~7
~– -?- t ~––2~-t~ 1~ tt~~wwM~M~Â~hfA 3t &!a
«WM~C~ t'a) Vt~Mt~
AM&~ M~CM/Ma~ quoique le thennom~~eexposé pluie
ne baisse qu'à at°,S. Il résulte de l'ensemblede ces observations,qu'entre
les Tropiques, dans des peines où la températurede l'air est~ïejpar, presque
invariablementau-dessusdez~ ondésire se couvrirla nuit chaque Maque,
par un air humide, le thermomètrebaisse de 4 a5T degrés.
Nousdébarquâmes,vers leshuitheures du matin,à la pointe d'Araya, près
de lanouvelle~Mc. Une maisonisolée* s'élève dansuneplainedénuéede végé-
taux, près d'une batterie de trois canons,qui est l'uniquedéfensede cette côte
depuisla destructiondu fort Saint-Jacques.L'Inspecteurde la saline passera
vie dans un hamac, d'où il donne ses ordres aux ouvriers une barque
Jtt roi (la lancha del n?~) lui porte, toutes les semaines, ses provisionsde
Cumana. On est étonné qu'une saline, qui jadis avoit excité la jalousie
des Anglois, des Hollandoiset d'autres puissancesmaritimes, n'ait pas donné
lieu à l'établissementd'un village ou d'une ferme. A peine trouve-t-on, à
l'extrémité de la pointe d'Araya, quelques cabanes de pauvres Indiens
pécheurs.
On découvreà la fois, dans ce site, l'not de Cubagua, les hautes cimes
de la Marguerite,les ruines du château Saint-Jacques, lé Cerro de la Vêla
et la chaine calcairedu Bergantin, qui borne l'horizon vers le sud. Je
profitai de cette vue pour prendre les angles entre ces ditférenspoints,
en les appuyant sur une base de quatre cents toises que j'avois mesurée
entre la batterie et la colline appelée &ï Pe/Mt.Commele Cerro de la Vela,
le Bergantin et le château Saint-Antoine de Cumana, sont également

Quel froid g/ac~ j'en <«« transi comme si ~OM tMr <&«des montagnes. Le mot provincial
emparamarM ne peut être rendu que par une périphrase trës-Iougoe. Paramo en péruTienPuna est une
dénomination que t'on trouve sur toutes les cartes de t'Ameriqne espagnole.Elle ne signifiedanstes colonies
niun désert, ni unelande, mais un emdr<ntmont)tenxtconvert<t'<urbresrabongris, exposé auxvents, et dans
lequel règne perpétueUententunfroid humide.Sousla zonetorride, tes Paramos ont généralement de1600 à
2200 toisesde hauteur. Il y tombe souventde la neige qui ne reste que quelquesheures; car il ne faut pas
confondre, comme tes géographes ont fait souvent, les mots de Paramo et Puna avec celui de
A'i*KK!o,en péruvien ~«teapa, montagne qui entre dans leslimites des neigesperpétuelles. Ces notions
ont un grand intérêt pour la géologie et la géographie des végétaux, parce que, dans des contrées
ou aucune cime n'a été mesurée, on peut seformefune idée exacte de la moindre hauteur à laquelle
s'élèvent les Cordillères, en eherchamt sur les cartes les mots de Paramo et de Nevado. Comme les
Paramos sont presque continuellementenveloppésd'une brume froide et épaisse le peuple dit, a Santa-Fe
et &Mexico coe Mt pftntmtto, lorsqu'il tombe une pluie fine et que la température de l'air baisse
considérablement. De paramo on a fait emp<M!)7MrM, avoir froid comme si on étoit sur le dos des
Andes.
Z<tAan<'AerMt<~e&tSa<«M nueva.
3a8 LIVRE tï.
vîs!Mc8 Punta Aremassituée à
visibles laPuntaArenassituée Fouest
à la davi!!a?<'<]<'
l?ouestdu v~tbgede Manx~
Maniquarezlea reïevemens
des mêmesobjetsontservià déterminer apprqximatiyem~t la positionrespective
de plusieurspoints qui sont indiquésdansla carte minéralogiqne de la péninsule
d'Araya.H enrésulte que la lagune deTanclennesaline est à penprès par tes
ïo" 33~.La diSérencede longitudeentreCumanaetia nouvellesaMne~st,daprès
M. Fidalgo, de 5' 3~ en arc. J'ai déterminécette même diSerence par le
transport du temps les angles horaires étoient exacts à 3 à 4 secondes
près, mais je n'ai aucune confiancedansle résultat chronométrique~parce
qu'il ne s'agit que d'un très-petit nombre de secondes, et que l'avancede
l'horlogesur le tempsmoyen de Cumanan'a pu êfre vérifiéeimmédiatement
après mon retour, maisseulementquatre jours plus tard.
L'abondancede selque renfermela péninsuled'Arayafut déjà reconnue3 par
AlonsoNino,lorsque,surlestracesde Colon, d'Ojeda et d'AmerigoVespucci,il
visitacescontréesen i 499.Quoiquede touteslesnationsdu globe, les Indigènesde
l'Amériquesoientceuxqui consommentle moinsde se!,j)arcequ'Usse nourrissent
presqueuniquement de végétaux, il paroit cependant que les Guayqueries
fouilloient déjà les terrains argileux et muriatHeresde la Punta ~~e/:<M.
Même les salines, que l'on appelle aujourd'hui noM~~cj~ et qui sont
situéesà l'extrémitédu cap Araya, ont été travailléesdans les tempsles plus
recMés.Les Espagnols, étaMis d'abord à Cubagua,et bientôt après sur les
côtesde Cumana exploitoient,dès le commencement duseizièmesiècle,lesmarais
salans quise prolongenten formede lagune au nord-ouestdu Cerrode la Vêla.
Commeàcetteépoquela péninsuled'Arayane renfermoitpasde populationstable
lesHollandoisprofitèrentde la richessenaturelled'un sol qui leur paroissoitune
propriété communeà toutes les nations. De nos jours chaque coloniea ses
salinesparticulières,et I~navigationesttellementperfectionnée,que lesnégocians
de Cadix peuvent envoyerà peu de frais du sel d'Espagneet de Portugal dans
l'hémisphèreaustral,àunedistancede i goolieues,pourles salaisons de Montevideo
et de Buenos ayres. Ces avantagesétoientinconnusdu temps de la conquête;
l'industriecolonialeavoit fait alors si peu de progrès, que le sel d'Araya étoit
transportéà grands fraisauxAntilles,à Carthagène,et à Portobelo~.En 160~,
la cour de Madrid envoyades bâtimens armésà la Punta Araya, avec ordre

O&Mn'.<M<r.,T.I, p. 6, n.° ty.


C<M~tn,RMt<.c&oro~ro/!e<p. 123.
3 Muri&tede soude.
~~f~S.~e<~fcAtfM~eC!<Bt«'!<t.(7n/<trnM~Aec~o«o&t-e&tS<tKm<tt!Mefa.)
CNAPtTHE V. 3~9

d'y stationneret de chasserles HoIIandoisde vive force: ceux~c' contmu&rent


cependantencoreà recueillirfurtivementdu sel jusqu'à ce quel'on construisit,
en 16~2, près des salines, un fort devenu célèbresous le nom de €!Mt<Mo
Santiago, ou de la ~coZ~'M<°~M <<e~~a.
Lesgrandsmaraissalanssontindiquéssurles cart~espagnoles tesplusanciennes,
tantôt commeune anse, tantôt commeune lagune,Laet, qui écrivit son <3~Mt
no~Men t633, et qui avoit eu d'excellentesnotions sur ces côtes, dit même
tout exprèsque la laguneétoit séparéede la mer par unisthmeplus élevéque le
niveaude la marée montante.En ~26, un événementextraordinairedétruisit
la saline d'Araya, et rendit inutile le tort dont la constructionavoit coûté
plus d'un million de piastres fortes. On sentit un coup de vent impétueux,
phénomènetrès-raredans ces paragesoù la mer n'est généralementpas plus
agitéeque l'eau de nos grandesrivières.Le flot se porta bien avant dans les
terres, et, par l'effetde l'irruption de l'Océan, le lac salé fut convertien un
golfede plusieursmillesde long.Depuiscetteépoque, on a établi desréservoirs
ou MMcf~artificielsau nord de la rangée de collinesqui sépare le château
de la côte septentrionalede la péninsule.
La consommationdu sel s'élevoit,en ï~gget 1800, dansles deux provinces
de Cumana et de Barcelone,à neuf ou dix mille fanegas, chacunede seize
arrobasou quatrequintaux.Cetteconsommation est très-considérable,et donne,e
en décomptantsur la populationtotale cinquantemilleIndiensquine mangent
quetrès-peude sel, soixantelivrespar individu.En France, d'après M. Necker,
on ne compteque douzeà quatorzelivres, et cettediSérencedoit être attribuéeà
la quantité de sel employéedans lessalaisons.La viandede bœuf salée, appelée
tasajo, estl'objet d'exportationle plusimportant ducommercede Barcelone.Des
neuf à dix mille fanegas que fournissent les deux provinces réunies, il
n'y en a que trois mille produitespar la saline d'Araya; le reste est tiré des
eaux de la mer au Morrode Barcelone, à Pozuelos, à Piritu et dans le

Al'époque<!emonvoyage, legouvernementdeCumana tesdeuxprovinces


comprenoit delaNouvelle-
Andalousieet delaNouvelle-Barcelone.Lesmotsprovince et ~ocentM deCumana
ougo<tfeftMM<n< ne
sontparconséquent passynonymes. UnCatalan, JuandeUrpinquiavoitététourà tourchanoine,
docteur en droit,avocat à SantoDon)!ngoet simplesoldatauchâteaud'Araya, fonda,en 1636,la
de 2Vm!p<t
vi)le Barcelona et essaya
dedonner lenomdfNonTeUe-Catalogne ( AMffo ) à la
Ca<Aa&B<t
provincedontta ville,récemmentconstruite,
devenoitlacapitale.
Cette
tentative
estrestée
infructueuse,
etc'estduchef-lieu
quelaprovince entière'a
pris sadénomination. mondépartd'Amérique
Depuis elle
a étéétevee aurangde GoMerno. Dansla NouveUe-Andatoasie,lenomindien deCumana a prévalu
surceutdeA't<ef« 2Me<~o et NuevaC<"<Ma, quel'ontrouvesurlescartesdu'7.°"siècle.
Relation AMtnn~f/e, 7b~; L 4~
33o HVRE tï.

nr .1 U-9 1 o -'1 41 1 .r
So~o ~M~?.Au Mexique, te seut lac salé du .Pe~on ~B~neofournit par
an plus de a5o,Ooo~ncgN.fde set Impure
La province de Caracas a de belles-salinesaux écueits de &M~Ro~MCf;
cellequi existoit jadis à la petite fie de ta ?~a, où te aot est fortement
imprégné de muriate de soude, a été détruite par ordre du gouvernement
espagnol.On a fait un canat par lequel la mer a un libre accès aux marais
salans. Les nations étrangèresqui ont des coloniesaux Petites Antilles-,
fréquentoientcette inhabitée, et la cour de Madrid, d'après les vuesd'une
politiqueombrageuse,cràignoitquela saline delà Tortugane donnàt lieu à un
établissementstable qui favorisâtle commerceilliciteavectaTerre-Ferme.
La régie royale des satines d'Araya ne date que de Fannee t~ga. Avant
cette époque, elles étoient entre les mains de pécheurs indiens qui fabri-
quoient le sel à leur gré, et le vendoient en payant au gouvernementla
somme modique de 3oo piastres. Le prix de ta J~MM~M étoit alors de
4 réaux mais le sel étoit extrêmementitapur, grisâtre, mêté de parties
terreuses, et surchargéde muriate et de sut&t&~e~~Bagnésie.Comme en
outre l'exploitation ou te travail des ~CM/n~~f se faisoit d'une manière
très-irrégutière, on manquoit souvent de sel pour ta salaisondes viandes
et des poissons, circonstancequi influe puissammentdans ces contrées sur
les progrès de l'Industrie, le bas peupleindien et les esclavessenourrissant
de poissonset d'un peu de <<M<yo. Depuisque la provincede Cumanadépend
de' l'intendancede Caracas, la vente du sel sefait par régie;,et
la fanega, que
les Guayqueriesvendoient~une demi-piastre, coûte une piastre et dernier
Cette augmentationde prix est foiblementcompenséepar une plus grande
puretédu selet par la facilitéqu'ont les pêcheurset lesCotonsde s'en procurer
enabondancependanttoute l'année.L'administrationdelasalined'Arayarendoit
à la trésorerie,en i ~9~,un produitnet de 8000piastres.
Il résulte de cesnotions statistiquesque la fabricationdu sel n'est pas d'un
grandintérêt, si on ta considère commeune branched'Industrie.Ellemériteplus

Vol.Iï, p. 56aet S<)5.


JVoMM~-EtjM~M,
Dans cette Relatï;ra" comme dans 1'iaea's politique sur la -tout les prix sont
évalués en piastres fortes et en réaux d'argent; jM&«~t«mr &t~K'MK'<'&-J5'<p<tcne,<o<t*Te<pnx&sont
mne
piastre en piastres
ptastreforteou monnoie'de France.
atoSsous~monnoIede
fortes d'argent, (~Vot<f.Vot.p
(Nouv.-Esp., ÏMt CMt<e<nn[
de 5tn,6t6etM6.)
emtMtent
Il La fanega se vend aux Indiens et aux pêcheurs qui te paient pas les droits royaux (<~r«~M
reales) à Punta Araya 6, Comana 8 feo~. Les prix tont, pour ]tes a)tfM castee, à Araya t0,
3 Cumana 12 rea<M.
CBAPtTïmV. 33t
notre attention à cause de la nature du sot qui ren&nhe les Btataissalans.
Pour bien saisir la liaison geotogiquedans laquelle se trouve le terrain
muriatM~reavec les roches de formations plus anciennes, nous allons )eter
un coup dcei! générât sur les montagnes voisinesde Gumana et sur celles
de la péninsuled'Arayaet de t'~e dela Marguerite.
Trois grandeschainess'étendent parallèlementde t'est a l'ouest. Les deux
plus septentrionalessont primitives, et renfermentles schistesmicacésdu
Macanaoet du VaMe San Juan, de Maniquarezet de Chuparipari: nous les
désigneronsparles nomsdeCordillèrede l'ile dela 3~~erïtc, et Cb~t~e~e
<f~f/M~o/la troisièmechafne, la plus méridionalede toutes, la Cordillére du
Bergantin et du CXMoRor, n'offreque des rochesde formationsecondaire;et,y
ce qui est assez remarquable~quoique-analogueà la constitutiongéologique
des Alpes à l'ouest du St~-Gothard,le chaînonprimitif est beaucoup moins
élevéque celuiqui est composéde rochessecondaires'.La mer a séparéles deux
Cordillères septentrionales, cellesde l'île de la Margueriteet de la péninsule
d'Araya; les petites Mesde Cocheet de Cubaguasont les restesde ce terrain
submergé. Plus an sud, le vaste golfe de Cariaco se prolonge, commeune
vallée longitudinaleformée par l'irruption de t'Océan, entre les deux chaî-
nonsd'Arayaet du Cocollar, entreles schistesmicacéset le calcairealpin. Nous
'verrons bientôt que la direction des couches,très-reguHèredansles premières
de ces roches, n'est pas tout-a-fait parattèleà la direction généraledu golfe.
Dans leshautes Alpesde l'Europe, la grande vattée longitudinaledu Rhône
coupe aussi quelquefois sous un angle oblique, les bancs calcairesdans
lesquelsellea été creusée.
Les deux chaînons
paraltètes d'Araya et du Cocollar sont liés, à l'est de
la ville de Cariaco, entre les lacs de Campoma et de Putaquao,
par une sorte
de digue transversale, qui porte le nom de Cerro de et qui, dans
Meapire,
des temps reculés en résistant au mouvement des flots, a empêché les eaux
du golfe de Cariaco de s'unir à celles du golfe de Paria. C'est ainsi
qu'en Suisse,

DaM la NonreUB-Andatousie,la CoraM~e <&<CoeoRarn'ojtre nuHe part de< roches ptimtttTBt. Si


cet roches forment te noyau du cbahmn, et s'élèvent au dessus du niveau des plaines voisines, ce
qui est peu probable, il faut croire ~u'eUet sont toutes recouvertes de calcaire et de grès. Dans tes
Alpes de la Suisse, au contraire, le chainon que l'on désigne sous le nom t~op vague de cAa~ton
latéral et co~cattie, offre des roches primitives qui, d'après tes belles observations de MM. Escher et
Léopold de Buch, sont souvent à découvert jusqu'à huit cent et mille toises de hauteur.
Fret de Sitten. ~~<tM, T IV, p. 335. Bemott/K, Geo~n. C~&ef<M-A(~er&~«'e<p.35-4t.
33a HVMEH.

la chaîne
le chamecentrale.ceHeouicasseoar
centrale,celle qui passeparlecol
le-coldeF'erfex.le
de ferrex, le SSimplon,le St.-Gothard
et le Sptùgen, tient, au nord et an sud, a deux chatnes latérales, par lea
montagnesde la Fourche et de,la Maloya.On aimeà rappeler les analogies
frappantesqu'offre dans les deux continens la charpente extét~eure du
globe.
La chaîne primitive d'Araya se termine brusquement dans le méridien
du village de Maniquarez.Nous ferons voir plus bas que, trente-cinq
lieuesà l'ouest, on en trouve la continuation dans tesgneiss de la tSN&t<~e
C~naca~et dansle granitedelas Trincheras nous noua bornonsici à cequi a
directement rapport aux environs de Cumana. La pente occidentalede la
péninsuled'Araya, de même que ta plaine au milieu de laquelle s'étève le
château Sainte-Antoine,est recouvertede formationstrès-récentesde grès et
d'argitemétésde gypse.Peut-êtrecesmêmesformationsont-ettes remplijadis les
valléeslongitudinalesoccupéesaujourd'huipar l'Océan) et peut-être ont-elles
favorisé1 irruptiondes eaux, en opposant moinsde résistanceque les schistes
micacéset le calcairealpin. Près de Màniquarez,une brèche ou grèsà ciment
calcaire, qu'il est aisé dé confondre avec une véritable roche calcaire, est
immédiatementplacéesur le schiste micacé;tandis que, sur la côte opposée,
près de Punta Delgada, ce grès couvre un calcaire compacte, gris-bteuâtre,
presquedépourvu de pétrifications, et traversé par de petits filons de chaux*
carbonatée, cristaHisee.Cette dernièreroche est analogue,à la pierre calcaire
des hautes Alpes'.
La formation de grès,extrêmement récente de la péninsule d'Araya,
renferme; i", près de Punta Arenas, un grèsstratifié, composéde grains très-
fins qui sont liés par un cimentcalcairepeu abondant; 2. au Ce/vu de la
~e/a, un grès schisteux dépourvu de mica et faisant passageà l'argile
schisteuse3 qui accompagnela houille; 3.°, surla côte occidentate,entre Punta
Gorda et les ruines du château de Santiago, une brèche composée d'une
innombrablequantité de coquillesmarlaes pétriBBeset réuniespar un ciment
calcaire auquel sont mêlés des grains de quarz ~.<* près de la pointe du
Barigon, où Fouexploite la pierreemployéepour les constructionsà Cumana,
des bancsde calcairecoquillier blanc-jaunâtres, dans lesquels on reconnott
aussiquelquesgrainsépars,dequarz; 5. au &la cimedu Cerro de
PeM<Mn<?g7M~,
~~penttt/t~etn.
&!not!t<emeeAte~er.
Sc/tM/e~Aon.
CBAPÏTRE V. 333

un calcairec~pactegns-bleaatt~.aMez tendre, pF~~ de


l e
pétriScations,et recouvrant grès schisteux.Quelqueextraordinajr~qa~puisse
paro~tMce mélange de gfè&et de calcaire compacte,on ne saaMit douter
que ces couchesappartiennentà uneseule formation.Les roches secondaiDes
très-récentesoffrentpartout des~phénomènes analogues la molasse-dupays de
VaudMnfermeun calcairecoqMUlier etle
fétide~, c~~ne c~ntA~desbordsde
de
la Seméest quelquefoismêlé grès*.
Les couchesde brèchescalcairesque l'on peut examinerle mieux, en allant,
le long de là côterocheuse,de -PuntaGordaau .châteaud'Araya, sont composées
d'une infinitéde coquillespé!agiqnesde quatreà six poucesde diamètreet en
partiebien conservées. On y reconno~t,nondesammonites,maisdesampullaires,
des solens destérébratutes La ptupart de ces coquilles,sont métées; les
et
huîtreset les pectinitessont qne!que(bisdisposéspar famille.Toutessedétachent
facilement,et leur intérieurest rempli de cellulaireset de madreporestossUes.
Autrefois, en examinantles bancs de grès qui, à l'extrémitéseptentrionale
de la Punta .~y~c, sont fréquemmentbaignéspar la mer, j'avais pensé
que des coquules univalves, ressemblant au genre Hélix, et mêlées aux
coquillesbivalves pélagiques,appartenoient à des espèces Ruviatiles Ce
mélangese trouve en effetdans le calcairede très-nouvelleformationqui
recouvrela craiedu bassinde Paris; mais, ponr vérifierun fait si important,
il faudroit avoir sous les yeux les coquillesfossilesd'Araya et les examiner
de nouveau avec cette scrupuleuseexactitudequont mise récemmentdans
ce genre de recherchesMM.Lamarck, Cuvier et Brongmart.
Nous venonsde nommer les schistes micacés de Maniquarezet de Chu-
paripari, la formationde ea~H/ic~~MH de Punta Delgadaet du Cocollar,
et cellede grès, de brèchescalcaireset de calcairecompactetrès-récent,que l'on
trouve réunis à l'extrémitéoccidentalede.la Punta Araya, commeau château
Saint-Antoinede Cumana.Il nous reste à parler d'une quatrième formation
qui repose probablement sap le grès calcaire d'Araya, je veux dire de
rargile THM/M~/ë~
Cuvieret Bron~tM~ Geogr. min. des ettfomntde /'«TM, t8n p. 18, a5 et l35.
~!«M<,7.eAr&<K'A<&f CefjpMMM,T. n, p. 44t.
D'âpres l'observation intéressante de M. Bendan (Voyez Cttfter <<Bn<~ttMtf<, c. p. 89).
Des échantillons du grès oa brèche coquillière d'Araya te trouvent parmi les smites géotogiquea
que j'ai envoyées, en t8oo, au cabinet du roi d'Espagne à Madrid. Nous n'enpoMédons pas dans les
collections que nous avons déposées a BerII<tet à paris.
J'invite les voyageurs minéralogistes à euminer plus particulièrement le Cerro de la Vêla. La
334 -~f~!E'
:tte~argi!e~dM~<mp!'égné~ p~ti~s~~~t c~: p~e ~a~retlei~it
M-l€Bt!cH~!rc~eM-~aaa!ogtt~a~j~fA~~q~ sel_
gemmede Bercbtesgaden~ns.y~~nq~ MtéP~~ ~,a~tü.de~ipaqttrr~ax ,a,m'e,eu.
I EHe est(généMiemen~gris'de
gemme le Bercb.ésgadén~):,et¡,(lâ..&t~'PêrJqtteln&idJq~iI'lè
&mée~ ..de~lpaêJJUra.
massesptus solides d'un brun ~notr~M) a ça
conchoïdct<3~ ~gmeas~t~~poa< de~Iong'o~
anguleuse.Lor~qu~ls sont très-petits~Ils donnent&ceMe~t~i~m~'iKpect
porpbyroïue.On y trouve disséminas,'commenoual'avons indiqué plus
haut, soit en nids, soit en petits Ëlons,de taséténite et plus FMçntent
du gypsefibreux.Mest assezremarquable quecette couched'argile, denneme
que les bancsde selgeminepuretle .fo~Ao~en Eufope, nerenterment
presquejamaisde coquilles~ tandisqae tes rochescirconvoisineseh oBrent
engrandeabondance. ,t,'
Qaoiquele mari&tedesoudenesetrouvepasenpartiesvisib!esdansFargite
d'Araya,on nepeut douterdesonexistence. Hse montM en grandscristaux,si
Fonhumecte!a masseavecde t'eau dep!uie, et qu'onl'exposeausotei!. La
Lagune,à Festdachâteaude Santiago,o&etoustes p~nom&nes quiont ëtë
observésdanstes tacs sa!esde ta Sibérie, décrits par Ï~pechin,Gme!in et
Pajtas.Ellene reçoitcependantqueteseauxpluvia!esquis'innitrentà travers
les bancsd'argile,et qui se réunissentaupoint le plus bas de ta péninsute.
TandtS\queta Laguneservoitde salineauxEspagnols et aux HoMandois, elle
ne commnniquoit pas avecla mer; aujourd'hui,o n a de nouveauinterrompu
cette communication, en plaçantdes fascinesa t'endroit où tes eaux de
l'Océanavoientfait une irruptionen ï~6. Aprèsde grandessécheresses
on retireencore,de tempsen temps,du tond de la ZcgM!e,des massesde
muriatede soudecristalliséet très-pur,d'un volumedel~roisouquatrepieds

pierre catcMredesFehM negrMMposeMFune a~!)e ~dt~NMe,mèMede~MMe quarzeM;mxMtt<em


né pte~e quefergHemuriatt~redes MtiMttmtd'âne ~nmatton plustmoxmte~ueeftte M~ite<~t)Ne)Me
ou qn'eileiJtBmeavecdM )bancsde gréa.AucompB'Hn'aputt <t6 cre~ deMcet contres, rien ne peut
MoasttMtnuretnr !a superpositiondes couches.Lea btMsde gre<catc.nre, que t'on trowe au nord
du tacM)ëet près descabme<de pecheum,sur la c&teeppoeeeau cap MaeMMO, m'oot para Mrtir
<Mt-7eMOM del'argHemunati&re.
Prèsde Santa-Fede Bogota.Cette SnmUon d'<t<~t~'MM-Mt~ toog-te~pt negM~ d'H"!e< les
t~stëmesde géogmotie, caraetérMBle eet ~emmep!M qae te ~ypM teeomdaireatteien (<î&<~r
~M'Sy) qui repMe sur le MoAtteM ou co~c<M~ <~<m,commeje t'ai &it voir en '798, dan*
monouvragesur tes'<~<<<e<mHMt,(Ce&i<r<fMtM<er<n<McAe)tC<Mor<<t.t43.)
En ~n<< remuesdem a deax.
CHAPITRE V. 335
<~ aaMcB ~Mta~ m~~Mte~~a
a t'at'~Mtt*<!n)!htMf- t'~vattnf~ttt
cubiques.Les eanxsatées du tac, exposéesa l'ardeur da~Iet!
à leur surface; des croûtes de set, forméesdansune solutionsatarëe, tombent
au fond) et, par l'awaetioa entre des cristaux d'une mêmenature et
d'une même forme, les massescristattiséess'aggrandissentde jour en jour.
On observeen généralque l'eau est satée partout o~ il s'estformedes mares
dans le terrain argileux.!t est vrai que,pourexploiter lanouvelle satine, près
de la batterie d'Araya, on reçoittes eauxde la mer dans dcs~a~c~, comme
aux marais salans du midi de la France; mais, i'ue de la Marguerite
à
près de Pampatar, on fabrique-lesel en n'employant que les eaux douées,
qui ont lessivéfargilemuriatifere.
Il ne faut pas confondrele sel disséminédans ces terrains argileux,avec celui
que renfermentles sables des plages et que l'on bonifie sur les côtes dé
Normandie Ces phénomènes, considéréssous le rapport géognostique,
n'ont presque rien de commun.J*ai vu de l'argile murlatifère au niveau
de l'Océan, à la Punta Araya, et à deux mille toises de hauteur dans les
Cordillèresde la Nouvelle Grenade.Si dansie prëmiëfdë ces endroitselle se
~t~
trouveplacéean-dessas d'une brèchecoquillièretrès-récente,elleformeau contraire
en Autriche, près d'Ïscbe!, une couche'puissante dans le calcairealpin qui,
quoique égalementpostérieurà l'existencedes êtres organiséssur le globe,
est cependant d'une hauteantiquité, commele prouve le grand nombre de
rochesqui lui sont superposées.Nousne révoqueronspas en doute que le sel
gemmepur3, ou mêléà l'argilemuriatifère*, ne puisse être le dépôt d'une
mer ancienne; mais tout annonce qu'il s'est formé dans un ordre de choses
qui ne ressembleaucunementà celui dans lequel les mers actuelles, par une
lente évaporation déposent quelquesparcelles de muriate de soude surtes
sablesde nos plages. De même que te soufre et les houilles appartiennent
à des époquesde formation très-éloignéesles unes des autres, le sel gemme
se trouve aussi, tantôt dans le~Me de t7N/M~KMt~ tantôt dans le calcaire

Danstn
baied'Avranches
etdansbeaucoup
d'autres det'Earope.
parties Chaptal,
C~t)!M<t<na)&ot«!e
<tM;ar«,T.tV,l6t.
J!«cA, Ceo~Mtf. B<'oto<'A<M<tgim,
T. ï, p. ~33.
Cen~deWIeUcz~aet du Pérou.
4 Celui de HaHein, Ischl et
Zipaquira.
5 t~er~m~~M,dansletctmtedetransition:de
t'AJtêe
blanche
etentrele &rauwac~e
etlecalcaire
noirdetransition,
prèsdeBex,au-dessous
deta Dent
deChamoasaire
selonM.deBuch.
336 HVHE ït. Il

<i~Mn tantôt dansune argile muriatiferepeeouvMnt te g~c~ co~M<Mt<cr tF&s-


récent, tantôt -enfindans un gypse postérieur à la craie.
La nouvellesaline d7Arayarenferme cinq réservoirsou r~ef~~ dont les
plus grands ont une forme régutierieet deux mute trois cents toises carrées
de surface. Leur profondeurmoyenne est de huit pouces. On se sert à la
fois deseaux de pluie, qui, par infiltration se réunissentau point le plus bas
de la plaine, et de l'eau de la mer que l'on fait entrer par des canaux ou
TMarteZ&ere.~ lorsque le flot est poussé par le vent. La position de cette
saline est moins avantageusequecelle de la Z<o~HMe. Les eaux qui se jettent
dans celle-civiennent par des pentes plus inclinées, et ont lessivéune plus
grande étenduede terrain. Lesindigènesse servent de pompes mues à bras
d'hommespour transporter t eaude ta mer d'un réservoir principal dans les
vasets. I!seroitcependantassezfaciled'employerlevent commemoteur,labrise
soufflanttoujoursavecforcesur cette côte.On n'a jamaispenséni à emportertes
terres déjà lessivées,commecelase pratique de temps en temps t'tfe de la
Marguerite,ni à creuser des puits dans l'argue muriatifere, pour trouver
quelques couches plus riches en muriate de soude. Les .MU/~Mrwse
plaignent en général du manque de pluie; et, dans la nouvelle saline, il
'~HaUenTyrol.
Punta Araya.
Gypsede troisième formation parmi les ~M< Mpon<&t<~e<. La ptwttte~wformation jren&rme le
gypse dans lequel se trouvent les sources salées de la Thuringe, et qui est placé, soit daus le calcaire
alpin ou McA~em,auquel il appartient essentiellement(fftMt~m, Geo~mMt.~M&e<<en, T. !t, p. t9t), i
soit entre le Mc~tem et le ea&at~~jMM, soit entre le wA<tem et le grès nouveau. C*e<tht ~m«
encten de formation secondaire, de l'école de Wemer (<M<frer~ï~~M), qu'on
ponrroit pretque
appeler de préférence ~pM m~Mtt~ La secondeformation se compose du gypse Sbrenx placé Mit
dansla mo~Me ou grèsnouveau, soit entre celai-ci et le calcaire
supérieur Elle abonde en argile commune
qui dinëre essentiellement du .Sa&~ea ou <t~& nM<fM< La <n)Mt~Mformation de gypse est plus
la
récente que craie; c'est elle qui ren&rme le ~pm oMfme<M de Paris, et, commeil pafoit fesutter du
recherches de M. SteNens( Geogn.~a/%<M, i8to, p. t4a), le
gypse du Segeberg, en Holstein, danslequel
le sel gemme est disséminéquelquefoisen nids très-petits
(Jtn<MrZ,t«er<t<ttr.-Ze~ )8t3, p. ton). Le gypse
deParis, placé entre une pierre calcaire à cérithes qui recouvrela craie et nu grès sanscoquilles, se distingue
par desossemensfossilesde quadrupèdesdétruits, tandis que les gypsesdu Segeberget de Lunebonrg, dont le
gisement est moins certain, sont caractérisés par les boracites qu'ils enveloppent.Dent autres formations,
de beaucoupantérieures aux trois que nous venons d'indiquer, sont le
g~Mt <&<FWtM<ton ( iye&o~oMMMtt)
d'AigIe,etIe~~tMM<~(C~MM)de lavaMée Canaria près d'Airolo. Je pense rendre service au
nombre de géologuesqui préfèrent la connoissance des faits petit
positifs à des spéculations tmr t'onguM des
choses, en leur fournissant des matériaux d'après lesqueb ils pourront généraliser leurs idées sur le
gisementdesroches dans les dem hémMph&res.L'<Ht<-<MM«. relative <~<~on~~M est l'objet
d'une science qui doit nous faire conno:tre la <M~c& principal
du globe" c'est-à-dire la nature et la
tion des coucbespierreuses qui constituent la ero< e.r<~MMre Mperposi-
de notre planète.
CKAPÏTKE
V. 33~
ffieile<]&
me paro~tfdimcHe ~tepmmermieHeeest
de~détermiaerquelle st ta
la emaatitëde set <ml
qoanttté de sel est dac
qut est dac
uoiquement à l'eau de la mer.I~s indigènes l'évahtent à on sixieo~ produit
total, ï~'évaporationest ext~memeot forte, e~ ,par%Je:,'moo\'emeJ,lt
constantde l'air aussila ~c~cd~ sel à
s~Mtdix-huit vingtjours aprèsqu'on
a rempli les bassins. Nous trouvâmes 'la température de l'eau salée, dans
les 'M<Me~~ de 3a~5, tandis ~ue Mait~&fombre, étoitdè a~2, et le sable
des côtes, à six poucesde profondeur, de ~a",5. Nousfumes surpris de voir
que le thermomètre, plongé dans la mer, ne montoit qu'a t3",t. Cette
basse température'est peut-êtredue aux bas-fondsqui entourent la péninsule
d'Araya et Miede la Marguerite, et sur les accoresdesquelsles couchesdeau
Inférieuresse mêlent aux eauxde la sur&ce.
Quoique le muriatede soude,soit fabriquéavecmoinsde soin à la péninsule
d'Araya que dans les salinesd'Europe, il est cependantplus pur, et renferme
moinsde muriateset desulfatesterreux.Nousignoronssi cette pureté doit être
attribuée a !a partie du-sel qui est tbumie par la mer; car, quoiqu'Hsoit
extrêmementprobableque la quantité des setsdissousdansles eauxde TOcéan
està peu près la même 3 sous toutesles zones,il n'en est pas moinsincertainsi
la proportion, entreje muriatede soude, les muriate et sulfate de magnésie
et lessulfateet carbonatede chaux, est égalementinvariable
Après avoir examiné les satines et terminé nos opérations géodésiques,
nous partîmes au déclindu jour pour coucherà quelques milles de distance
dans une cabane indienne près des ruines du château d Araya. Nous nous
fîmesprécéderpar nos instrumenset nos provisions;car, fatiguéspar l'exces-
sivechaleurdel'airet la réverbérationdu sol, nousne sentionsde l'appétit, dans
ces climats, que le soir ou à la (ra!cheur du matin. Nous traversâmes, en
nous dirigeant vers le sud, d'abord la plaine couverte d'argile muriatifereet

Le jg a<t~t à troisheures
)7<)9, aprèsmidi.
Voyezplus haut, p. ay5.
A l'exception des mers médtterranées et des régions où se forment les glaces polaires. Voyez p&«
A<ta<,pag. ;4 et ~<y. Cette égalité de salure deseaux de la mer ( de o,oa4 à o,M8 ) rappelle t'uni~rmité
beaucoupplus grande encore avec taqueMet'oxygène est répandu dans l'Océan aénen. Dans l'un et t'antre
de ces étémens, tes courans étabtistent et conservent l'équilibre entre tes parties dissoutes ou at&tées
entre e!tes(B<y~'et Cook, th-~Mm~Otten' 345.).
lavoisier à trouvé que, dans tes eaux de la mer, près de Dieppe, la quantité de muriate de soude
est à cette des autres sels comme 9,36 à t. D'après MM. BouHton-tjagrangeet Vogel, cette proportion
est comme a,6o à t. Voy.les observations judicieusesde M. Thomson, dans sa CAtmM~T.VÏ,p. 346-35~.
(Henri, Phil. ThnM. <0<o, P. Ï~. o~ e< <ta et ~<Bna~< de, C&tnMet. ~JCXX~7f,f. <o3-.to~).
.R~/ahonAM<o/<~Mc~
ybw. Z. 43
338 t.ïVREH.
dépourvuede végétaux)puis deux chamesde ~oitiaesde grès, ientreI~squeUe~
~Mt*«. ~1~ ~t~v ~~t~~ ~)<*Mw ~~a~M~c ~tt
~M~Hn~<t F~~ ~w~c

est placée la Lagune.. La nuit nous surprit, tandis que Noussuivions <Mf
sentierétroit bordé d'un côté par ta mer, et de tautre par des bancs de
rochescoupéesà pic. La maréemontoit rapidementet rétrécissoit notrechemiti
à chaquepas. Arrivésau pied du vieux château d'Araya, nous jotHfmesde
la vue d'un site qui a quelquechose de lugubre et de romantique.Cependant
ni la fraîcheurd'une sombre forêt, ni ta grandeur des ibrmes végétâtesné
relèventla beautéde ces ruines. Fsoléessur une montagne nue et aride, cou-
ronnéesd'agave,de cactuscolonnaireset de mimoses épineuses,elles ressemblent
moins aux ouvragesde l'homme qu'à ces massesde rochers brisées lors des
premièresrévolutionsdu globe.
Nous voulûmes nous arrêter pour admirer ce spectacle imposant, et
pour observertiecoucher de Vénus, dont le disqueparoissoitpar intervalles
entre les masures du château mais le mulâtre qui nous servoit de guide
étoit excédé de soif, et nous pressoit vivement de rebrousser chemin. M
s'étoitaperçudepuislong-tempsque nousétions égarés;et, comme Hse ~attoit
d'agir sur nous il
par la crainte, par!oit sans cesse du danger des tigres
et des serpens à sonnettes.Les reptiles venimeux sont en effet très-communs
près du chateau d'Araya, et deux jaguars avoient été tués depuis peu à
len~rée du village de Maniquarez.A en juger par les peauxqu'on avoit
conservées,leur taille ne cédoit pas beaucoupà celle des tigres de t'Inde.
Nousavionsbeau faire observer à notre guide que ces animaux n'attaquent
pas les hommes sur des cô<~sou les chèvresleur fournissent une abondante
nourriture, il fallutcéder et retourner sur nos pas. Après avoir marché trois
quarts d'heure sur une plage couverte par la marée montante, nous lûmes
rejointspar le nègrequi avoitporté nos provisions;inquietde ne pas nous voir
arriver, il étoitvenu au-devantde nous. H nousconduisit, à traversun bosquet
de raquettes, à une cabanehabitée par une familleindienne. Nous y fumes
reçusaveccette franchehospitalitéque fou rencontre dansces pays parmi les
hommesde toutes les castes.L'extérieur de la cabane, dans laquelle nous
tendîmesnos hamacs, étoit très -propre; nous y trouvâmesdu poisson, des
bananes, et ce qut, dans la zone torride, est préférableaux atimens lès plus
exquis, de l'eau excellente.
Lelendemain,au leverdu soleil, nousreconnûmesquela cabanedanslaquelle
nous avions passé la nuit faisoit partie d'un groupe de petites 'habitations
situéessurlesbordsdulac salé.Cesont lesfoiblesrestes d'unvillageconsidérable
CHAPÏTHEV. 339
– '-Jt'~ autourdu
~–~––––
J)--~l~A~ T~~<«2-~<«.Jt~-<~~«A~tt.M~t~~M~
château.LesMÎnesd'aae
quis'étoit J~MBé
jadis ëgUs<*
se présentoient
énoncéesdans le sabtë et couvertesde brooMaiUes.LonMpt'em iy6a, pour
épa<-gner les irais qu'exigeoitl'entretien de la troupe, le château d'Araya fut
totatementdémoli,les ïndienset les gensdecouleur, établis dansée voisinage,y
émigrèrentpeu à peu pour se &cer à Maniquarez,à CarMtCo ~t dans le &u-
bourg des à
Guayqueries Cumana. t in petit nombre~retenu par l'amour du
sol natat, resta dans cetendroitstérile et sauvage.Ces pauvres gens vivent
de la péche qui est extrêmementabondante sur les côtes et les bas-fonds
voisins.Ils paroissoientcontensde leur position, et trouvoient étrange qu'on
leur demandâtpourquoiils n'avoient pas de, jardins et ne cultivoient pas
des plantes alimentaires.Nos jardins, disoient ils, sont au delà du golfe
en portant du poisson à Cumana, nous nous procurons des banaaes, des
cocos et du manioc.Ce systèmed'économie, qui flatte la paresse, est suivi
à Maniquarezet dans toute la péninsuled'Araya. La principalerichessedes
habitansconsisteen chèvresqui sont d'une race très-grandeet très-bette.Ces
chèvreserrent dansles campagnescommecellesdu Pic de TënérISe elles sont
devenuesentièrement sauvages, et on les. marque comme les mulets, parce
qu'il seroit difficilede les reconnoftreà leur physionomie, à leur couleur
et à la disposition de leurs taches. Les chèvres sauvagessont d'un brun
fauveet ne varientpas decouleurcommelesanimauxdomestiques.SI, dansune
partie de chasse, un colon tue une chèvre, qu'il ne regarde pas comme sa
propriété, il la porte de suite au voisin à qui elle appartient. Pendantdeux
jours, nous entendîmesciter partout, commeun exempted'unerare perversité,
qu'un habitant de Maniquarezavoit perdu une chèvre dont probablement
une famillevoisines'étoit régaléedans un repas. Ces traits qui prouvent une
grande pureté de mœurs parmi Je bas-peuple, se répètent encore souvent
dans le Nouveau-Mexique,au Canada et dans les pays situés à l'ouest des
Atteghanys.
Parmilesgensde couleurdont lescabanesentourentlelac salé, setrouvoit un
cordonnierde race eastillane.II nous reçut aveccet air de gravité et d'amour-
propre qui, dans ces climats, caractérisepresque tous ceux qui croient
posséderun talent particulier.11étoit occupé à tendre la corde de son arc et
à aiguiserdes flèchespour tirer desoiseaux.Sonmétierdecordonnierne.pouvoit
être lucratif dans un pays dont la plupart des habitans vont pieds nus
aussi se plaignoit-il de ce que, par te renchéris&mentde la poudre d'Europe
un homme de sa qualité étoit réduit à employerles mêmes armes que les
HV~E !tt
3~0

Indiens.C'étoitle savant du lieu; it connoissoitla Ïbrmationda se! par l'!n'-


v 1- 1-Il- '1- -A.1__>1~
,1-11.h;

âuenee du soleil et de !&pleinet lune, les aymptômes des tretiftbiemens de `


terre, les Indices par lesquelson découvreles minè~d'o~et d'argenté et les
plantes médicinalesqu'il divisoit, comme tous les colons depuis te Ghilt
jusqu'en Gallfbmie.en plantes c&aM~ et~/hQiM?.f AyantrasseStbMtes tra-
ditionsdu pays, .il,.nousdonnades détails curieuxsur tes perles de ~ubagua,
objetsde luxe qu'il traitoit avecle dernier mépris. Pour faire voir combienles
livressaintsluiétoientfamiliers.,il septaisoitàciterJobqui préféroitla sagesse
à toutes les perles de finde. Sa philosophieétoit circonscritedans le cercle
étroit des besoinsde ta vie. Un ~ne bien robuste, qui put porter une forte
charge de bananes à t'embàrcadere~ëtoitl'objet de tous ses désirs.
Après un tong discourssur le néant des grandeurs humaines, il tiray d'une
poche de cuir des pertes bien petites et bien opaques, qu'il nous força
d'accepter.Il nous enjoigniten mêmetemps-demarquer sur nos tablettes, qu'un
cordonnier indigentdAraya, mais homme b!anc et dé race noble castiHane,
avoit pu nous donner ce qui, de l'autre côté de la mer', étoit recherché
comme une chose très-prëcieuse.Je m'acquitteun peu tard de la promesse
que je fis à ce brave homme, et je me félicite de pouvoir ajouter que son
désintéressementne lui permit pas d'accepterla plus.légère rétribution. La
côte des perles oSre sans doute le même aspect de misère que les pays de
l'or et des diamans, le Chocoet leBrësii; mais la misère n'y est pas accom-
pagnée de ce désir Immodérédu gain qu'excitentles richessesminérales.
L'Aronde aux pertesabon&esur les bas'-fbndsqui s'étendent depuis le cap
Paria jusquàcelui de la Vela 3. L'ne de la Marguerite~Cubagua, Coche,
la Punta Araya et l'embouchuredu Rio la Hachaétoient célèbresau seizième
siècle, commete golfe Persiqueet l'île Taprôbanelétoient chez les anciens4.
Il uest pas juste de dire, comme plusieurshistoriensfont avancé, que les
indigènesde l'Amériquene connoissoientpas le luxe des pertes. Les premiers

Excitantes
ou déMUtantes ouMthémiqnM
stMntques du système
deBrown.
° ~'or <?, ou <&<o~fo<a<&)c<e<c/Mn'o(proprementH<t<MA<~e&!tg7'<M<<em<Mw), expression 6gurée,
par laquelle le peuple désigne l'Europe dans les colonies espagnoles.
Costa de lm fer&«. ~rern, Dec. Lib. c. 9. Comnfct, ~M< < 78. Petri Be~M C~tt~n.
Hist. ~ene<tE~.[&n~C/7(i5M),p.83.Cot<tce//ten,JO<M. <<jpr<t (?)-«<. Co<om&o(t)i0')), p. K)t.
4 Strabo, Lib. XY
(/)<t~. Oson. <o~.). ~n., Lib. /X, c. 35, Z.t&.-X:~ c. Solin. Polyhist.
c. 66 ( e. <i<S,p..M etji<4), et surtout ~A<o., D<'ynoMpA. /t&.jH~ e. 4t (<< &<f~AtltM!ef
T.l,p.~o-3~,et~n«tM<<feM.t)t~<&en.,<p.f~.
CHAPITRE V. 34*
Espagnolsqui abordèrept à la Tetre-Ferme', traaverent tes sauvagesparés d&
colliers et de bracelets; et, parmi tes peup!es~civitisésdu Mexique et du
Pérou, les perlesd'une belle &)rmeétoientextrêmementrecherehees.J'ai fait
connottrete buste en basalte d'âne prêtresse mexicaine dont la coi8e,
ressemblantdaitteurs au c~anfK'a des têtes d'Isis~ est garnie de pertes.Las
Casas et Benzoniont décrit, et non sans quelqueexagération, les cruautés
que t'en exerçoitenvers les malheureuxesclavesindiens et nègres employés
à la pèche. Au commencementde la conquête, l'île de Coche seule four-
nissoit fSoo marcs de perles par mois. Le ~mnf~ que les ~~c/w du roi
retiroientsur le produit des perles, s'étevoità 15,oooducats., ce qui d'après
la valeur des métauxdans ces temps, et d'après t étenduede la fraude, doit
être regardé comme une somme très-considérable.H paroit que, jusqu'en
i53o, la valeur des perles envoyéesen Europe s'étevoit, annéecommune, à
plus de 800,000 piastres. Pour juger de t'importanceque l'on devoit donner
à cette branche de commerceà Sévit!e,.à Tolède, à Anvers, et à Gênes, il
faut se rappeler qu'à la même époque toutes les mines de l'Amérique ne
fournissoientpas deuxmillionsde piastres, et que la flotte d'Ovandosembloit
êtred'unerichesseimmense,parcequ'ellerentermoitprès de2600marcsd'argent.
Les perlesétoientd'autant plus récherchéesque le luxe de l'Asieavoit été
introduiten Europe par deux voies diamétralementopposées,par Constan-
tinople, oùles Paléologues portoientdesvêtemenscouvertsde réseauxde perles,
et par Grenade, la résidencedes rois maures, qui déployoientà leur cour
tout le fastede l'Orient. Les perlesdes Grandes-Indesfurent préféréesà celles
de l'Occident; maisle nombre de ces dernièresqui circotoient dans le. com-
merce, n'en étoit pas moins considérabledans tes temps qui suivirent
immédiatementla découverte de rAmérique.En Italie, comme en Espagne,
1flotde Cubaguadevintl'objetdenombreusesspéculationsmercantiles.Benzoni3
rapporte l'aventure d'un certainLouis Lampagnanoà qui Charles-Quintavoit
accordéte privitégede passer, avec cinq c~M~e/Msur les côtes de Cumana

.<&M Pt.t eta.


~MMoM~Be,
J'a! tAcMde prouver, dans un antre endroit ( ~Vottf.-E~p.,T. H, p. 65a ) par rhistoire détaillée
des anciennesmines du Menque et du Pérou, combien sont peu exactes les idées répandues en
Europe
sur t'épmsement des g!tes m~taBiteres de t'Améritnte sur leur richesse <!écro!ssanteet sur la
quanttté de
métaux que l'Espagne a reçus pendant les règnes de Chartes-Quint et de
PMtippe t[.
Z,a //M~.t/e/~oaA) ~V;'o~o,~).54. Louis t~ampagnano, parent de celui qui avoit assassinéle due
de Milan, Ga!eazzoMaria Sforza, ne put payer les négoeians de Sévitte qui avoient fait les avances
de l'expédition il resta cinq ans a Cubagua, et moufnt dans un accès de démence.
3A& ~tv~s ïï.
À 1 .1__ Ir
Lés colonsle renvoyèrentavecta réponse hardtt
~.w,n.l~w:n
~1. ~rn,w~A.w.a~. -L. ,1.
pour y pocher des perles.
de
quel'empereur,trop Mbëratde ce qui n'étoit pas&lui~ n'avoitpas le droit
disposerdes huttfes qui viventdanste fond des mers; f
La pêchedes pertes diminua rapidementvers la fin du seizièmesiècte; et,
d'après te rapport de Laet, elle avoit cessé depuis long-temps en ï633
L'industriedesVénitiens,qui imitoientavecune grandeperfectionlespertes unes,
et l'usagefréquentdesdiamanstailtés rendirentles pèchesde Cubagua moins
lucratives.En mêmetemps lesmoulesqni fournissentles pertes, devinrentplus
rares,non, commeonle croit d'après unetradition populaire,parce que ces ani-
maux, effrayéspar le bruit des rames, s'étoientportés ailleurs,maisparce qu'en
arrachant imprudemmentles coquillespar milliers, on avoit empêché leur
propagation.L'aronde aux pertes est d'une constitution plus délicate encore
que la plupart des autres mollusquesacéphales.A Me de Ceytan, où, dans la
baie de Condeatchy,ta pècheoccupe six cents plongeurs, et où son rapport
annuelest de plus' d'un demi-million de piastres, on 'a essayéen vain de
transplanter l'animal sur d'autres parties de Ja cote. Le gouvernement n'y
permet la pêcheque pendant un seul mois, tandis qu'à Cubagua on exptoitoit
le banc de coquillesda)tStoutes les saisons.Pour se faire une idée de la
destructionde l'espècedauseeparles plongeurs,il fautse rappeler qu'unbateau
recHeIttequelquefois,endeuxou troissemaines,plusde35,ooo moules.L'animât
ne vit que neuf à dix ans, et ce n'est que dans sa quatrième année que
les perles commencentà se montrer. Dans to.obo arondes, il n'y a souvent
pas une seule perle de prix 3. La tradition rapporte que, sur le banc de
la Marguerite,les pêcheursouvroientles coquinesune à une à file de Ceylan,
on entasseles animaux, on les (ait pourrir à l'air; et, .pour séparerles perles
qui né sont pas attachées à la coquille, on soumet au Z(a!M!gp des monceaux
de pulpe animale, commefont lesmineurs avec lessables qui renfermentdes
pepites d'or, de l'étain ou des diamans.
Aujourd'hui, l'Amérique espagnole ne fournit d'autres au commerce
perles

« Insutarum Cubagua:et Coches quondam magna, fuit dtgMtas, quum mnionum captura floreret
nunc, illa deCciente, ol~scuraadmodunt fama. J~t. ~Vof. <MM, pag. 66g. CecotMMhteurexMt, en
parlant de la Punla Araya, ajoute que ce pays est tellement oublié « Mtvi~ ulla atta Americs;
mertdionaEspars bodie obscuriorStt.»
La taille des diamans fut mTentée par Louis de Berquen~ en t456, mais elle ne devint trcs-
commune que dans le siecte suivant,
3 Cor~MM;
Description of Ceylan, 1807, Vot.U~p. 187.
CHArtTRE:V. 343
'1 11
que celles du golfe de~Panama et de J'embpMchure du Rio de la Hacha;
Sur les bas-tfondsqui entourentCubagua, Coche et~te de 1~ Marguerite,
la pêcheest aussinégligée que sur les eôtesdeCali~onïie'.Oa croit&Cumaoa
que l'aronde aux perles s'est. multipliée sensiblementaprès deux sièclesde
repos~;et Ion se demandepourquoites pertestrouvées de nos jours dans Jes
coquittesqui s'attachent? auxËlets des pécheurs,sont si petites et de si pe<t
d'éclat, tandis qu'à l'arrivée des Espagnols, on en vit de très-bettes parmi
les Indiens, qui sans doute ne se donnoient pas la peine de tes recueillir
en plongeant. Ce problème est d'autant plus dintcile à résoudre que nous
ignorons si des tremblemensde terre ont altéré la nature du fond, ou
si des changemensde courans sOumarinSpeuvent avoir influé, soit sur.
la températurede l'eau, soit sur la fréquencede certainsmollusquesdont se
nourrissentlesarondes.
Le 2o au matin, le fils de notre hôte, jeune Indien très-robuste, nous
conduisit, par le Barigon et le Caney, au vittage de Maniquarez.tt y avoit
quatre heures de chemin. Par l'effet de la réverbération des sables le
thermomètrese soutenoit à 3t" Les cactiers cylindriquesqui bordent la
route, donnent au paysage aspect de verdure sans offrir de.la fraîcheur
un
et de l'ombre. Notre guide, quoiqu'il n'eût pas Mt une lieue, s'asseyoità
chaque instant. H voulut se coucher à t'onibred'un beau tamarinier, près
des Casas de la /~c~a, pour y attendre rentrée de la nuit. J insiste sur ce
trait decaractèreque l'on observechaquefoisque l'on voyageavec des Indiens,
et qui a fait naître les idées les p!ns faussessur la constitution physiquedes
différentesraces d'hommes.L'indigène cuivré, plus accoutuméà la chaleur
ardente du climat que le voyageureuropéen, s'en plaint davantage, parce
qu'il n'est stimuté par aucunintérêt. L'argfnt est sans appât pour lui; et s'il
s'est laissétenter un moment par l'idée du gain, il se'repent de sa résolution
dès qu'il est en route. Le même Indien, qui se plaint lorsque, dans une
herborisation, on le charge d'une botte remplie de plantes, fait remonterun
canot contre le courant le plus rapide, en ramant pendant quatorze ou

-Es~ T.1 p.3<3~e~'C.


jVoHf Je smssurpris
Il, p.~~65. den'avoir entendu
jamais parlerdans
deperles
nosvoyages trouvées
danslescoquilles
d'eau
douce
det'Amériqub
méridionale,
quoiquequelques
dugenre~ntoabondent
espèces danslesrivières
duPcMu.
En t8ta on a fait à la Marguerite quelquestentatives nouvellespour la pêche des perles.
Les habitans d'Araya vendent quelquefois de ces petites perles aux petits marchands de Cumana.
Le prix commuuest d'une piastre la douzaine.
3~ HVRE tïf

quinze heuresde suite, parce qu'iï désire retourner danssa famille.Pour bien
juger de la force musculairedes peuples, il faut les observerdans des cir-
constancesoù leurs actions sont déterminées par une volonté également
énergique.
Nousexaminâmesde près tes ruines du château Santiago dont la cons-
truction est remarquablepar son extrêmesolidité.Les murs, en pierre de
taille, ont cinq pieds d'épaisseur;On est parvenu à les renverser en taisant
jouer des mines on trouve encore des tuasses de sept à huit cents ~pieds
carres qui sont à peine crevassées. Notre guide j!ous montraune citerne
( el aljibe) qui a trente pieds de profondeur, et qui, quoiqu'assez endom-
magée, fournit de l'eau aux habitans de la péninsule d'Araya. Cette citerne
a été terminéeen ï68t par le gouverneur Don Juan de Padilla Guardiola, le
même qui construisit à Cumana Je petit fort de Sainte-Marie'. Comme le
bassin estcouvert d'une voûte en plein cintre, l'eau s'y conserve très-frafche
et d'uneexcellentequalité. Les conferves qui tout en décomposantte carbure
dhydrogène, abritent-aussi des vers et de petits jmsectes~n'y prennent-pas
naissance.On avoit-cru, pendant des siècles, quela péninsuled'Araya étoit
entièrementdépourvuede sourcesd'eau douce; mais, en '7<)7, après beau-
coup de recherchesinutiles, les habitans de Maniquarezsont parvenusà en
découvrir.
f~
Entraversantles collinesarides du cap Cirial, nous sentîmes une forte
odeur de pétrole. Le vent souffioitdu côté où se trouvent les sources de
cette substance, dont les premiers historiens de ces contrées ont dé)a fait
mention3. Près du villagede Maniquarez,le schiste micacé sort au-dessous
de la rochesecondaireen formantunechainede montagnesde t~!oà t8o toises
d'étévation.Cette roche primitive est dirigée, prèsdu cap Sotto, dunord-est
au sud-ouest ses couchesinclinentde So° au nord-ouest Le schiste micacé
est blanc d argent, à texture lamelleuseet ondulée, et renferme beaucoup

Surla cartequiaccompagne l'histoire


de l'AtCtfnqae
de Rchertion,on trouvele nomdece
ehAteam
confonduavecceluidelaNueva Cordoba.
Nousaïonsdéj&
faitobserverptuthaut,p.3~0,que
dénommaHon
cettedernière étoitjadissynonymedeCnmana.(~brera,p. t4 )
€<<<?) de Ntt'M<* ~afMt ou ~TterCsde N. & la Ca&eM.Voyez plus haut, pag. ao6. ( Cott~/t,
p. a84.) J"
Oviedo, Lib. XIX, cap. i. « LiqueurréMne)Me,aromatique et médicinale, »
4 ~*M~a pelada des créoles.
5 Hor. 3-4 de la boussole de
Freiberg. Tout près du village de Maniquarez, les couches varient
hor. ti et t2 en inclinant souventau sud-ouest.
cil A PITRE V. 345

de grenats.Des couchesde quarz, dont la pnissance varie de 3 à 4 to'ses,


traversentleschistemicacé,comme on peutl'observeBdanspÏusieaN ravinsétroits,
creuséspar leseaux.Nousdétachâmesavec peine an fragment decyanite_d un
bloc dé quarz laiteuxet fendillé,quîétoit isolé sur la ptage. C'est la seule
foisque nous ayonstrouvécette substance dansl'Amériqueméridionale*.
Les poteries de Maniquarez, célèbres depuis un temps Immémorial,
formentune branche d'industriequi se trouveexclusivemententre les mains
desfemmesindiennes.La fabricationse fait encoresuivantla méthodeemployée
avant la conquête.Elleannonceà la fois et l'enfancedes arts et cette immo-
bilité dé mœursqui caractérisenttous lespeuplesindigènesde l'Amérique.Trois
sièclesn'ont pas suffi pour introduire le tour de potier sur une côte qui
n'est éloignéede l'Espagneque de trente,à quarante jours de navigation.Les
indigènesont des notionsconfusessur l'existence de cet instrument, et ils
s'en serviroientsi on leur en présentoit le modèle. Les carrières d'où l'on
tire l'argile sont à une demi lieue à l'est de Maniquarez.Cette argile est
due à la décomposition d'un schiste micacécoloré en rouge par de l'oxidede
fer. Les Indiennes préfèrent les parties les plus chargées en mica. Elles
façonnentavec beaucoupd adressedes vasesqui ont deux à trois pieds de
diamètre, et dont la courbure est très-régulière.Comme ellesne connoissent
pasl'usagedes fours,ellesplacentdesbroussaillesde Desmanthus,deCassiaetde
Capparisarborescentautour des pots, et leur donnent la cuite en plein air.
Plus à l'est de la carrière qui fournit l'argile, se trouve le ravin de la
Mina. On assure que, peu de tempsaprès la conquête, des orpailleursvéni-
tiens y ont tiré de l'or du schistemicacé.Il parott que ce métaln'est pas réuni
dans des filons de quarz, mais qu'il se trouve disséminédans la roche,
commeil l'est quelquefoisdans le granite et le gneiss.
Nous rencontrâmesà Maniquarezdes créolesqui venoientd'une partie de
chassede Cubagua.Les cerfsde la petite espècesont si communssur cet îlot
inhabité, qu'unepersonnepeut en tirer trois ou quatre dans un jour. J'ignore
par quel accidentcesanimauxy sont venus; carLaet et d'autres chroniqueurs
decescontrées,en parlantdela fondationde la Nouvelle-Cadix, ne font mention
que de la grande abondancede lapins. Le ~enod!o de Cubagua appartient

DMtMne, Baity.
la cyanite
AteNouveUe-EspagM, n'aencoreétédécouverte AeGuatimala,
quedanslaprovince
àEttanoia Ce<Rio Tablasmin.,tSo4,p.a~.
grande.
Relation AM<of/M~Zb~t.
346 LÏVNEït.
à âne de ces nombreusesespècesde petits cerf~ américainsqueles zoologistes >9
ont confonduespendantlong-tempssous te nomvagupde Ci?~M,fMî<?~ca~Bhf.
Une meparoit pas identique aveelar~cAe~~c~aanMdeC~y~nneauGMtzHft
du Paraguay qui vit également en troupeau. Sa couleur est rt))Uge
brunâtre sur
le dos, et blanchesousleventre il est mouchetécommei'Axis.Danste~ ptaines
du Cari, on noMamontré, commeune chosetrès~raredansces ctimatabratans,
une variététoute Manche.C'étoitunefemellede ta grandeur du chevreui!d'Eu-
rope, et d'une formeextrêmementélégante.Les variétés <~M~se trouvent,
dans le nouveaucontinent, jusqueparmites tigres. M.d'Azaraa vu un jaguar
dont la robe toute blanchen'ofïroit, pour ainsi
ainsi dire, que l'ombre de quelques
tachesannulaires. 7four
De toutestes productionsdes côtes d'Araya, celle qui est regardée par le
peuple commela plusextraordinaire, onpeut dire commela plus merveilleuse,
est la jMpr~ ~~j~r, /Me<~M ~e /<M<yo~.Cette Substancecatcaire est le
sujetde toutestes conversations:d'après la physiquedes indigènes,c'est une e
pierre et un animalà la fois. On la trouvedans Je ~abte~on~etleest Immo-
bile mais isolée, sur une surface potie, par exemple sur un plat d'étain
ou de faïence, elle marche dès qu'on l'excite par du jus de citron Placé
dans t'ceit~le prétenduanimaltourne sur lui-même, et chassetout autre corps
étrangerqui s'est introduit accidentellement. A la nouvelle'salineet au village
de Maniquarez,les~M/TiMJe~ j~<?M~' furentoSertes
nous par centaines et les
indigèness'empressoientde~nousfairevoir l'expériencedu citron. On vouloit
nous introduire du sable dans les yeux pour que nous pussions éprouver
sur nous-mêmesrefncacité du remède. Il étoit aisé de reconnoftreque ces
pierres sont des opercules minceset poreusesqui ont, fait partie de petites
coquillesunivalves.Leur diamètrevariede ï a lignes de leurs deux surfaces
l'uneest ptane, et l'autrebombée.Cesoperculescalcairesfont effervescence avec
le jus de citronet semettent en mouvementà mesure que l'acide
carbonique
se dégage.C'est par l'effetd'unesemblableréaction que des pains,
placésau
four, se meuventquelquefoissur un plan horizontal, phénomènequi a donné
lieu, en Europe, au préjugé populairedes ~M/~f<McA<M~.Les piedras de
los ojos, introduitesdans l'œH,agissentcommede petitesperles et diSerentés

Pennant,Qnadrupeds,?.
t '9 n.52.Aftara,
EssaisurlesquadropMm<htParaguay,
T. I, p.
surlesRtumMns
Cuvier, dansles.~MM&t
fossiles, du~t<f,T. Xtt, p.365:
Onles trouve les plus abondamment près de la
batterie, à l'Mtrëm:té du cap Araya.
CHAP!TREV. 34~
de
graines Modes, employéespar les sauvages î'Aménqae~pour augmenter
récoulemont des larmes.Ces, explicationsfurent peu goûtées des Jhabitans
d'Araya. La nature paroit d'autant plus grande à l'homme qu'elle est plus
mystérieuse,et la physiquedu peuplefejette tout ce qui porte un caractère
de simplicité.. t, 1
En suivante c&te méridionale, à l'est de M~niquarez~on trouve rappro-
chéeslesunesdes autres trois langues de terre qui portent les noms de Punta
de Soto, Punta de la Brea et Punta Guaratarito. Dans ces parages, le fond
de la mer est évidemmentfermé de schiste micacé, et c'est de cette roche
que, près du cap de la Brea', mais à quatre-vingtspieds de distance de ta
côte, jaillit une source de naphte, dont rôdeur se répand dans l'intérieur de
la péninsule.H fallut entrerà mi-corps dans la mer, pour examinerde près
ce phénomèneIntéressant.Les eaux sont couvertesde Zostera; et, au milieu
d'un banc d'herbes très étendu, on distingue un endroit libre et circulaire
de trois pieds de diamètre~sur lequeLnagentquelquesmasseséparses d'Ulva
lactuca.C'est là que se montrentles~ources~Le fond du goue est recouvertde
sable; et le pétrolequi, par sa transparence-etsa couleurjaune, se rapproche
du véritablenaphte,sort par jets accompagnéde bulles d'air. En raffermissant
le solavecles pieds, on aperçoitque cespetitessources changentde place. Le
naphte couvrela surfacede la mer, à plus de mille pieds de distance.Si l'on
supposede la régularitédans l'inclinaisondes couches, le schiste micacédoit
se trouverà peu de toisesau-dessousdu sable.
Nousavonsfait observerplus haut que l'argilemuriatif~red'Araya renferme
du pétrole solideet friable. Ces rapports géologiquesentre la soudemuriatée
et les bitumesse manifestentpartout où il y a des mines de sel gemme ou
des fontainessalées mais un fait extrêmement remarquable est l'existence
d'une source de naphte dans une formation primitive. Toutes celles que
l'on connoitjusqu'iciappartiennent aux montagnessecondaires et ce mode
de gisementsembloitfavoriserl'idéeque tous les bitumesminérauxétolentdus
à la destructiondes végétauxetdes animaux3,ou à l'embrasementdeshouilles.
A la péninsuled'Araya, le naphte découlede la roche primitive même et

CapduGoudron. Le plusgranddépôtde pétrole estceluidel'iledelaTriuité,


(Chaptpotp)
décritparMM.Span,Hatchett, Anderson
etDatmon Lavaysse.
(~<y~ <MM ?-<de2VHtt<M e<de
Tabogo, T. t, p. a4-3o)
“.“ Pietra MaLt; Fanano; Mont-Zibio; Amiano, oit sont tes sources
l'illumination de la ~Me de Gênes; BadLou,etc. qui fonnuMemt le naphte
r pour
f"
Hatcbett, dans les ?httM. o/'<Ae~tn.&)CM< 1798, p. 190.
3~8 tï.
ttVBE
ce phénomèneacquiert
ce phénomcne une nouvelle
~cqple~une nouv~He importancesi l'on
importancesi se1 rappelle que Je
Vonse
mêmeterrain t r
renfermeles feux ~Lt
primitif soutermins,qu'au bord des cratères
enflammésl'odeur du pétrolese Jfait sentirde temps en temps', et que la
plupart des sources.chaudesde Antériquesortent dugneisset duschistemicacé.
Après avoir examinéles environsde Maniquarez,nous nous embarquâmes
)anuit dansun canotde pécheurspour retournerà Cumana.Rien ne prouveplus
combienla mer est paisible dans ces parages, que l'extrême petitesse et le
mauvaisétat decescanots, qui portent une voile très-haute. Celui que nous
avions choisi comme Je moins endommagé, faisoit tant d'eau que le 61s
du pilote étoit continuellementoccupé à la puiser avec un ?~HMM ou
fruit du Crescentiacureté.Harrive assez souvent, dans le golfe deCariaco~
etsurtoutau nord de ta péninsuled'Araya, que les pirogaeschargéesde cocos
chavirent,en gouvernanttropprès du vent, droit contrelalame. Cesaccidensne
sont redoutésque des passagerspeuhabituésà nager; car si la pirogueest con-
duite par un pécheurindien accompagnéde sonfils, le pèreredressela nacelle
et commenceà en faire sortir leau, tandis,que le fils rassembleles cocosen
nageant à t'entour. En moinsd'un quart d'heure la pirogue est de nouveau
sous voile, sans que l'indien, dans son imperturbableindiSerence~ait proféré
une plainte.
~Leshabitans d'Araya, que nous avonsvisités unesecondefois en revenant
de l'Orénoque, n'ont pas oublié que leur péninsuleest un des points les, plus
anciennementpeupléspar les Castillans.Ils aiment à parler de la pêche des
perles, des ruinesdu château Saint-Jacques,qu'ils se flattent de voir recons-
truit un jour, et de tout ce qu'ils appellentl'antiquesplendeurde cescontrées.
En Chineet au Japon, on regarde commedes inventionsrécentescellesque
l'on ne connoîtque depuis deux mille ans: dans les colonieseuropéennes~un
événementparoit extrêmementancien s'il remonteà trois siècles, à l'époque
de la découvertede l'Amérique.
Ce manquede souvenirsqui caractériseles peuples nouveaux, soit dans les
États-Unis, soit dans les possessionsespagnoleset portugaises,est bien digne
d'attention.Il n'a pas seulementquelquechosede pénible pour le voyageurqui
se trouve privé des plus belles jouissances
de ~imagination il influeaussi surles
liensplus oumoins puissansqui attachentlecolonansol qu'ilhabite, à la forme
desrochersqui eo'parent sa cabane auxarbres qui ont ombragéson berceau.

plushaut,p. t36.
Voyez
CHAPITRE
V. 3~9

Chez les anciens, les Phéniciens et les Grecs, par e~~


1.. 'h~- ~.IL t^·ll~ _1:" 1:;1"Á~ftoii
.les ~t~~ditians
et les souvenirsnationaux passèrent de la métropole aux cdoniesj, ou~ se
perpétuantde génératiousen générations, ils ne cessèrent d'Inûuer favora-
blementjsur les opinions, les mœurset la politique des colons. Les climats
de cespremiersétablissemensultramarinsdiHeroientpeu de celui de la mère-
patrie. Les Grecs de l'Asiemineureet dela Sicile ne devinrentpoint étrangers
aux habitans d'Argos, d'Athèneset de, Corinthe, dont ils se glorifioientde
descendre.Une grande analogiede moeurscontribuoit à cimenter l'union
qui se fondoit sur des intétets religieux et politiques. Souvent les colonies
oCroientles prémicesdes moissonsaux temples des métropoles; et lorsque,
par un accidentsinistre, le feu sacré s'étoit éteint sur les autels d'Hestia,
on envoyoit duibnd de l'ïonie, le chercher aux Prytanées' de la Grèce.
Partout, dans la Cyrenaïque, comme sur les bords de la Méotide, se
conservèrentles anciennestraditions de la mère-patrie. D'autres souvenirs,
égalementpropres à émouvoir limagination.étoient attachés aux colonies
mêmes.Ellesavoient leurs bois sacrés, leurs divinités tutélaires leur mytho-
logie locale, et ce qui donne de la vie et de la durée aux fictions des
premiers âges, des poètes dont la. gloireétendoit son éclat jusque sur la
métropole.
Ces avantages,et bien d'autres'encore manquent aux coloniesmodernes.
La plupart sont fondées dans une zone où te climat, les productions,
l'aspectdu ciel et du paysagedînèrent totalementde ceux de l'Europe. Le
colona beau donneraux montagnes,aux rivières, aux valléesdes noms qui
rappellentles sites de la mère-patrie; cesnoms perdent bientôt leur attrait,
et ne parlent plus aux générations suivantes. Sous l'influenced'une nature
exotiquenaissentdes habitudes adaptéesà de nouveauxbesoins, les souvenirs
nationauxs'effacent'insensiblement, et ceux qui se conservent, semblables
aux fantômesde 1 imaginationne se rattachentplus ni à un-temps, ni à un
heu déterminé.La gloire de Don Pelage et du Cid Campeadora pénétré
jusque dans les montagneset les foréts de l'Amérique; le peuple prononce
quelquefoisces noms illustres, mais ils se présentent à son esprit comme
appartenant à un monde idéal, au vague des temps fabuleux.
Ce ciel nouveau, ce contrastedes climats,cette conformationphysique du
pays agissentbien plus sur l'état de la société dans les colonies, que l'éloi-

~fM<.
C&~Mf, <&w tempsdo&tGrèce.
fnMteM T. M,p.67(T.t, p.t88).
3~0 tï~tLEtï.
gnementabsolu de la métropple.Tel est le pertectionnemeatde la navigation
moderneque les bouchesde i'Orénoque et do R~o de la PIatasemblentplus
rapprochéesde l'Espagneque ne l'étoient jadis le Phase etTartessus des côtes
de la Grèce et de la Phénicie. Aussi observons~nousqne~dans des régions
égalementéloignëe&,les moeurset les traditions de rEurope se sont p!us
conservéesdans la ~one tempérée et sur le dos des montagneséquatpriales
que dans les plainesdé la zone torride.L'analogiede positioncontribue, jus-
qu'à un certain point, à maintenirdes rapports plus intimes entre les colons
et la métropole. Cette influence-des causesphysiquessur l'état des sociétés
naissantesse manifestesurtout lorsqu'ils'agit de portions de peuples d'une
même race et qui se sont nouvellement séparés.En parcourant le nouveau
monde, on croit trouverplus de traditions, plus de fraîcheurdansles souvenirs
de la mère-patriepartout où le climat permetla culture des céréales. Sous
ce rapport, la Pensylvanie,le Nouveau-Mexique et le Chili, ressemblentà ces
plateaux élevés de Quito et de la Nouvelle-Espagnequi sont couverts de
chêneset de sapins.
Chez les anciens, les opinionsreligieuseset l'état physique d'un
pays se tenoient par des liens indissolubles.Pour oublier l'aspect des sites et
les anciennesrévolutions de la métropole, le colon auroit dû renoncer au
culte transmispar ses ancêtres.Chezles peuplesmodernes, la religionn'a plus,
pour ainsi dire, une teinte locale.En donnant plus d'étendue aux idées, en
rappelant à tousles peuplesqu'ils font partie d'une mêmefamille, le christia-
nisme a affoiblile sentiment national il a répandu dans les deux mondes
lestraditionsantiques de l'Orient et d'antres qui lui sont propres. Desnations
qui diffèrent d'origineet d'Idiomesont reçu par lui des souvenirs communs;
et rétablissementdes missions, après avoir jeté les bases de la civilisation
dans une grande partie du nouveau continent, a donné aux idées cosmogo-
niques et religieusesune prééminencemarquantesur les souvenirspurement
nationaux.
Il y a plus encore les coloniesde l'Amériquesont fondées presque toutes
dans des contréesoù les générationséteintesont à peine laissé quelque trace
de leur existence~Au nord du Rio Gila., sur les bords du Missouri, dans
les plainesqui s'étendentà l'est des Andes, les traditions ne remontent pas
au delà d'un siècle.Au Pérou, àGuatimalaet au Mexique,des ruines
d'édinces,
des peintures historiques et des monumens de
sculpture attestent, il est
vrai, l'anciennecivilisationdes indigènes;mais, dans une provinceentière, on
CNAPÏTREV. 35t

trouve à peine quelques~amitiésqui aient desnotionsprecîse~sur Mstoiredes


Incaset des princes mexicains.L'indigène
L'indigèn~aa conservésa
prineesll1:xicains. tangae, son costame
eonservésa:tangne,sÓn coStume
et son caractèrenational: mais le manque de quippus et de peintures sym-
boliques, l'introduction du christianismeet d'antres circonstancesque j~
développéesailleurs ont fait disparottre peu à peu tes traditions historiques
et religieuses.D'un autre cote, le coton de race européennedédaigne tout
ce qui a rappel aux peuples vaincus. Placé entre les 'souvenirsde ta
métropoleet ceuxdu pays qui t'a vu naître, il considèreles uns et lesautres
avec la même indiSérence; sous un climat où l'égalité dés saisons rend
presque insensiblela successiondes années,il ne se livre qu'aux jouissances
du présent, et porte rarement ses regardsdans les temps écoulés.
Quelle différenceaussi entre l'histoire monotone des coloniesmoderneset
le tableau varié qu'offrent la législation, les moeurset les révolutionspoli-
tiques des coloniesanciennes Leur culture intellectuelle,modifiée par les
formesdiversesde leurs gouvernemens,excitoitsouventt'enviedes métropoles.
Par cette heureuserivalité lesartset leslettres atteignirent le plus haut degré
de splendeuren Ionie, dans la Grande-Grèceet en Sicile.De nos jours~ au
contraire, les colonies n'ont ni histoire ni littérature nationales.Celles du
nouveaumonde n ont presquejamais eu de voisins puissaus, et 1état de la
sociétén'y a subi que des changemensinsensibles.Sans existence politique,z
ces étabtissemensde commerceet d'agriculturen'ont pris qu'unepart passive
aux grandes agitationsdu monde.
L'histoire des coloniesmodernesne présente que deux événcmens mémo-
rables, leur fondation et leur séparationde la mère-patrie. Le premier de
ces événemensest riche en souvenirsqui appartiennent essentiellementaux
pays occupéspar les colons mais, loin de rappeler les progrès paisibles de
l'industrieou !e perfectionnementde la législationcoloniale, il n'offreque des
actesd'injusticeet de violence.Quel charme peuvent avoirces temps extraordi-
nairesoù, sousle règne de Chartes-Quint, les Castillansdéployoientplus de
courageque de vertus, et où l'honneur chevaleresque,commela gloire des
armes turent souiUéspar te fanatismeet ta soifdes richesses?Les colons,doux
de caractère,et affranchispar leur positiondes préjugésnationaux apprécient
à leur juste valeurles exploits de ta conquête.Les hommes qui ont britté à
cette époque sont des Européens, ce sont les soldatsde la métropole, Ils
paroissentétrangers aux habitans des colonies,car trois sièclesont suffi pour
dissoudreles liensdu sang.Parmiles conquistadores, il s'esttrouvé sansdoute
35a t.ï~Aztï.
deshommesprobeset généreux;mais, con~ndusdanslamasse, ilsn'ontpu
échapperà !a proscriptiongênerait
Je croisavoirindiquélescausesprincipalesqui, dansles colonies
modernes,
font disparoitreles souvenirsnationauxsans les remplacerdignementpar
d'autresqui aient rapportan pays nouvellement habité. Cette circonstance,
nousne saurionsle répéterassez,exerceunegrandeinfluencesurla positMndes
colons.Danslès tempsorageuxd'une régénérationpolitique ils se trouvent
isolés,semblables à un peuplequi, renonçantà l'étudede,ses annales,cesse-
roit depuiserdes leçonsde sagessedanslesmalheursdes sièclesantérieurs.
LIVRE ML

CHAPtTREVI
MONTAGNESDE LA NOUVELLEANDALOUSIE. VALLÉE DE CCMANACOA.– CIME DU

COCOLLAB. MMSMNS DES INDIENS CHAYNLAS.

J~! OTBE premièreexcursionà la péninsuled'Arayafut bientôtsuivied'une autre


pluslongueet plus instructivedansl'intérieurdesmontagnes,aux missionsdes
Indiens Chaymas.Des objets d'un intérêt varié y appetoient notre attention.
Nousentrionsdans un pays hérisséde forêts nous allionsvisiter un couvent
ombragéde palmierset de fougèresen arbres, situé dansune valléeétroite, où
l'on jouit, au centrede la zone torride, d'unclimat frais et délicieux.Les mon-
tagnes d'alentour renfermentdes caverneshabitéespar des milliers d'oiseaux
nocturnes et, ce qui frappe plus l'Imaginationque toutes les merveillesdu
monde physique on trouve, au-delà de ces montagnes, un peuple naguère
encorenomade, sortant à peine de l'état de nature, sauvagesansêtre barbare,
stupide plutôt par ignoranceque par un long abrutissement.A cet intérêt si
puissantse mêiolentinvolontairementdes souvenirshistoriques.C'est dans le
promontoirede Paria que Colomba reconnule premier la terre continentale:
c'estlà quese terminentces vaHons,dévastéstour à tourparles Caribesguerriers
et anthropophageset par les peuplescommerçanset policésde l'Europe. Dansle
commencement duseizièmesiècle,lesmalheureuxIndiensdescôtesde Carupano,
de Macarapanet de Caracasfurent traités commel'ont été de nos jours les
habitansde lacôte deGuinée.Oncuttivoit le soldes Antilles;on y transplantoit
des végétauxde l'anciencontinent;maisla Terre-Fermerestalong-tempsétran-
gèreà un systèmerégulier de colonisation.Si les Espagnolsen visitoiientle
littoral, ce n'étoit que pour se procurer, soit par violence, soit par échange,
des esclaves,desperles, desgrains d'or et du bois de teinture. On crut ennoblir
les motifsde cette avarice insatiable, en affectantun zèle passionnépour la
religion;car chaquesièclea ses nuances,son caractèreparticulier.
Relation AM<o/~Kc~
Zbw. 45
354 I.IVREïtï.
La traite
traite des
des mdtgènes t~intcuivréfut
indigènesà temt accompag des mêmes actes
cuivré tut accompagnée
d'inhumanité
d'inhumanité ceHedes
que celle
que des nègres
nëgMsafricainseHe eut aussi!esmêmessuites, elle
africainseHeeutaussi
renditplus faroucheset les vainqueurs et les vaincus.Bès-lors,lesterres devinrent
plus fréquentesparmiles mdigènes;les prisonniersfurent traînes de l'Intérieur
desterresvers les côtes, pourêtre vendusaux blancs qui les enchamoientsur
leursvaisseaux.CependantlesEspagnolsétoientà cette époque, et furent encore
long-tempsaprès, unedes nationsles plusciviliséesde l'Europe.La vive lumière
dont brilloient leslettreset lesarts en Italie, avoit rejaillisur tous les peuples
dont les languesremontentà la même sourcequecelle~duDanteet de Pétrarque.
Onauroit dit qu'un adoucissementgénéral dansles mœursdevoit être la suite
de ce développementde l'esprit, de ces élanssublimesde l'imagination.Maisau
delà des mers, partout où 1a soif des richessesamènel'abus de la puissance,
les peuplesd~ l'Europe, à toutes les époquesde l'histoire, ont déployéle même
caractère.Le beausiècle de LéonX fut signalé dans le Nouveau-Monde,par
des actes de cruauté qui semblentappartenir aux sièclesles plus barbares. On
estmoinssurpris de l'enrayanttableauque présente4a conquêtede l'Amérique
si l'on se ranpelle ce qui se'passeencore malgré les bienfaitsd'une législation
plus humaine sur les côtesoccidentalesde l'Afrique.
Le commercedes esclavesavoit cessé'depuislong-tempsà la Terre-Ferme,
grâce aux principesadoptéspar Charles-Quint; mais les Cbn<yMM<a~or~, en
continuantleurs incursions, prolongeoientce systèmede petite guerre qui a
diminuéla populationaméricaine,perpétuéleshainesnationales,étouSépendant
long-tempsles germesde Ip civilisation.Enfin des missionnaires protégés
par lebras séculier,firent entendredes parolesde paix. Il appartenoit à la reli-
gionde consolerl'humanité d'une partie des maux causésen son nom; elle a
plaidé la cause des indigènesdevantles rois elle a résisté aux violencesdes
commendataires,elle a réuni des tribus errantes dans ces petites communautés
que l'on appellemissions, et dont Inexistence favoriseles progrèsde l'agriculture.
C'est ainsi que se sont formés insensiblement,mais d'après une marche uni-
formeet préméditée, ces vastesétablissemensmonastiques ce régimeextraor-
dinaire, qui tend sanscesseà s'isoler, et place sous la dépendancedes ordres
religieuxdes paysquatre ou cinqfois plus étendus que la France.
Desinstitutions,si utiles pour arrêter l'effusiondu sang et pour jeter les pre-
mièresbasesde la société, sont devenues, par la suite, contrairesà sesprogrès.
L'effetde l'isolementa été tel, que lesIndienssont restésdans un état peu diue-
rent de celui où ils se trouvoient, lorsque leurs habitations éparses n'étoient
CNAPtTBE VÏ. 355

po!nt encore réunies autour de la maison du missionnaire.Leur nombre a


considérablementaugme&té,mais non la sphère de leurs idées. Usont perdu
progressivement de cette vigueurde caractèreet de cette vivacité naturelle, qui,
dans tous les états de l'homme, sont les nobles fruits de l'indépendance.En
soumettant à des règles invariablesjusqu'aux moindres actions de leur vie
domestique, on les a rendus stnpides, à.force de les rendre obéissans.Leur
nourriture est en gênerai plus assurée, leurs habitudes sont devenuesplus
paisibles;maisassujétisà la contrainteet à latriste monotoniedu gouvernement
des missions,ils annoncent, par un air sombre et concentré, qu'ils ont sacrifié
à regret la liberté au repos. Le régimemonastique, restreint,à l'enceintedu
cloître, tout en enlevant à l'état des citoyensutiles, peut servir quelquefoisà
calmerles passions, à consolerde grandesdouleurs, à nourrir l'esprit de médi-
tation; mais transplantedansles forêts du Nouveau-Monde, appliquéanx rap-
ports multipliés de la sociétécivile, il a des suitesd'autant plus funestesque sa
duréeest plus longue.Il entrave, de générationen génération, le développement
des iacultésintellectuelles;il empêche les communicationsparmi les peuples,
il s'opposeà tout ce qui élèvel'âme et agrandit les conceptions.C'est par la
réunion de ces causesdiverses que les indigènesqui habitent les missions, se
maintiennentdans un état d'Inculture que nous appellerionsstationnaire, si
lessociétésne suivoientpas la marchede l'esprit humain, si ellesne rétrogra-
doient point, par célamêmequ'ellescessentd'avancer.
Ce fut le 4 septembre, à cinq.heures du matm, que nous commençâmes
notre voyage aux missionsdes Indiens Chaymaset au groupe de montagnes
élevéesqui traversentla Nouvelle-Andalousie. On nousa voitconseillé, à cause
del'extrêmedifncultédes chemins,de réduirenos bagagesau plus petit volume.
Deux bêtes de somme surnsoieUten effet pour porter nos provisions, nos
instrumenset le papier nécessairepour sécher les plantes.Une mêmecaisse
renfermoitun sextant, une boussoled'inclinaison,un appareil pour déterminer
la déclinaisonmagnétique,des thermomètreset l'hygromètrede Saussure.C'est
le choix des instrumens, auquel nous nous arrêtâmes constammentdans les
coursesde peu de durée.Quantau baromètre,il exigeoitplus de soinsencoreque
le garde-tempsjepuisajouter que c'estl'Instrumentqui donnele plus d'embarras
aux voyageurs.Nousle confiâmespendant cinq ans à un guidequi .nous.suivoit t
à pied; et cette précaution, assezdispendieuse,ne l'a pas toujours mis à l'abri
desaccfdens. Ayant déterminé, avec précision, l'époque des marées atmos-
phériques, c'est-à-dire les heures auxquellesle mercure monte et descend
356 LIVRC Ïïï.

lestropiques,
sousles nousavions
tropiques, nous avionsreconnuh possibilité
reconnula
régulièrementtousles
touslesjours
r~euttèrement jourssous possibt
de nivelerle paysau moyendu baromètre,sansemployerdes observationscorres-
pondantesfaitesà Cumana.Les plus grandschangemensdans la pr~ssiom de~l'atr
ne s'élèvent,dans cesclimats, sur les cotes, qu'à ï-t,3 lignes; et si l'on a une
seulefois marque, dans un lieu et à une heure quelconques, la hauteur du
mercure, on peut indiquer, avecquelqueprobabilité, les variations qu'éprouve
cette hauteur pendant l'année entière, à tontes les époquesdu jour et de la
nuit Il en résulteque, sous la zone torride, le manque d'observationscorres-
est
pondantesne peut guèrecauserdes erreursqui excèdent 12-15toises; ce qui
l'Iniluencedes~
peu important,Jorsqu'Il s'agit d'un nivellementgéologique,ou de
hauteurssur le climatet la distribution des végétaux.
La matinée étoit d'une fraîcheurdélicieuse.Le chemin, ou plutôt le sentier
qui conduit à Gumanacoa,suit la rive droite du Manzanarès,en passant par
l'hospicedes Capucins, situé dans un bois de gayacet de câpriers arborescens.
En sortant de Cumana, nousjouîmes, du haut de la collinede San Francisco,
pendantla courteduréedu crépuscule,d'unevueétenduesur la mer, surla plaine
couvertede Bera à fleursdorées~,et sur les montagnesdu Brigantin. Nousétions
frappésde la grandeproximitédanslaquellese présentoitla Cordillèreavant que
le disquedusoleillevanteût atteint l'horizon.La teintebleuâtredescimesest plus
foncéesleurs contoursparoissentplus fermes,leurs massesplus détachées,aussi
long-tempsque la transparencede l'air n'est pas troubléepar des vapeursqui,
accumuléespendant lanuit dansles vallons, s'élèventà mesureque l'atmosphère
commenceà s'échauSer.
A l'hospicede la Divina Pastora, le cheminse dirige vers le nord-est, et
traverse,pendant deux lieues, un terrain dépourvud'arbres, et anciennement
nivelé par les eaux. On y trouve non seulementdes Cactiers, des touffesde
Tribulusà feuillesde Ciste, et la belle Euphorbepourprée cultivée dans les
jardins de la Havane sous le nombizarre de jP<c<<WMO real, mais aussi
l'Avicennia l'Allionia,le Sesuvium.Ie Thalinum,et la plupart des Portuiacées
qui croissentsur les bordsdu golfe de Cariaco.Cette distribution géographique
des plantessembledésiguerleslimites de l'anciennecôte, et prouver, comme

~oj-M mes 0&M~. <M<M)n., Tom. tt p. a8g..


On appelle ces GApriers,dans le pays: Pachaca, 0&f0,<<o~ ce sont Capparis tenaMitiqaa, Jacq.
C. ferruginea, C. emat~tK<t<s,C. e~p<K'o,C. M<tCH&<<a,
C. rotjemo~t.
~'ft~oMn<Zygoph~namarboream,Jacq.Les<!eur!)OBtl'odeardeta~antt!e.
Euphorbia tithymaloides.
CHAPÏTRE V~ 35~
< t -–~1)2–J~~t ~~–«
nousl'avons remarquéplus haut; que les collines,dont nous t~A~ 1~ –L~–
longeâmesle revers
méridional,formoient.jadis un ilot, séparé ducontinent par un bras de mer.
Aprèsdeuxheuresde-chemin, nous arrivâmesau pied de la haute chatnede
intérieur,qui seprolongede l'est à l'ouest, depuisle Brigantinjusqu'au Cerro
de San Lorenzo.C'estlà que commencentde nouvellesroches, et, avec elles,
un autreaspectde !a végétation.Tout y prend un caractèreplus majestueuxet
plus pittoresque.Le terrain abreuvé par des sources, est sillonnédanstous
les sens. Des arbres d'unehauteur gigantesque,et couvertsde lianes, s'élèvent
dans les ravins; leur écorce, noire et brûlée parla doubleactionde la lumière
et de l'oxigèneatmosphérique,contrasteavecla fraîcheverdure des Pothos et
des Dracontium, dont les feuillescoriaceset luisantesont quelquefoisplusieurs
piedsde longueur.Ondiroit queles Monpcotylédones parasitesremplacent entre
les tropiques, la mousseet leslichensde notrezone boréale.A mesureque nous
avancions,les rochers, tant par leur formequepar leur agroupement,nous rap-
peloientlessitesde la Suisseet du Tyrol. Dans cesAlpes de l'Amérique,même
à des hauteursconsidérables,végètentdes Héliconia, des Costus, des Maranta
et d'autresplantesde la familledes Balisiers,qui, prèsdescôtes, ne se plaisent
que danslesendroitsbas et humides.C'est ainsi que, par un rapprochement
extraordinaire,dans la zonetorride commedans le nord de l'Europe sous
inHuence d'une atmosphèrecontinue!!ementchargéede vapeurs, commesur
un solhumectépar des neigesfondantes,la végétationdes montagnesoffre tous
les traits qui caractérisentla végétationdes marécages.
Avant de quitter les plainesde Cumanaet lesbrèchesou grès calcairesqui
constituentle sol du littoral, nous rappelleronsles diSérentescouchesdont se
compose cette formation très-récente telle que nous Pavonsobservéesur les
reversdes collinesqui entourentle châteauSaint-Antoine.Cette indicationest
d'autant plus indispensable,que nousapprendronsbientôt à connoitred'autres
roches, qu'on pourroit aisémentconfondreavecles poudinguesdes côtes.En
avançantversl'intérieurdu continent, nous verronsse déroulerpeu à peu à nos
yeuxle tableaugéologiquede cescontrées.
La brèche, ou grès calcaire, est une formationlocaleet partielle, propre
à la péninsuled'Araya au littoral de Cumanaet de Caracas.Nous l'avons
retrouvéeau Cabo Blanco, à l'ouestdu port de la Guayra, où elle renferme,
outre desdébrisde coquilleset de madrépores,des fragmenssouventanguleux
~o~Mt&er~, T~Mt~KB
devegotatione f< «o~mt p. xcvt).
&p<en<rM<tM~ etHx.
~ty<t plus haut, pag. 539.
358 ï.tv~ ïn.
de quarz et degneiss.Cette circonstancerapprochelaJbr&che de ce grès récent,
désignépar les minéralogistesallemandssous le nom de Mt~~M~e, et qui
couvreune si grandepartie de la Suisse pMqu'àmilletoises deh~ateuB', sans
of&Ircependantquelque trace de productionspélagiques.Près de CnmMMt, Ja
formation ~e &~e&ClT~P<M~9MB~<Me, ï". d'Hn calcaire ,cA~te gris-,
blanchâtre,dontles couches,tantôt horizontales,tantôt irrégnIiërejment~MMKn~,
ont cinqà six poucesd'épaisseur.Quelques bancssont presquesans méhntge de
pétrifications;mais, dans la plupart, les cardites, les turbinites, les ostracites
et des coquillesde petites dimensionsse trouvent rapprochéesà têt point, que
la massecalcairene forme qu'un ciment, par lequel sont unis des grains de
quarzet les corps organiques;a", d'ung~ calcaire, dans lequelles grains de
sablesont beaucoupplus fréquensque les coquillespétrinées d'autres couches
formentun grès entièrementdépourvude débris organiques,faisantpen d'eRer-
vescenceavecles acides,'et enchâssant, non des paillettesde mica, mais des
rognonsde mine de fer brune compacte 3°. des bancs d'a~g~ end'MWM, qui
renfermentde la sélénite et du gypselameîleux Ces derniersbancs offrent
beaucoup d'analogieavec l'argite mnriatuerede Punta Araya et paroissent
constammentinférieursaux couchesprécédentes..
La formationdebrècheou d'agglomeratdu littoral que nousvenonsdedécrire,
a une teinte blanche; elle reposeimmédiatementsur le calcairede Cumanacoa,
qui est gris-bleuâtre.Ces deux rochescontrastent d'une manière aussi tran-
chante, que la mollassedu pays de Vaud avec le calcairedu-Jura Il est à
remarquerqu'au contactdes <teuxformationssuperposées,lesbancsdu calcaire
de Cumanacoa,que je regardecommeun calcaire,alpin, sont presquetoujours
fortementchargésd'argileet demarne.Dirigés,commelesschistesmicacésd'Araya,
dunord-estau sud-ouest,ils setrouventinclinés,près de PuntaDelgada,sousun
angle de 60° au sud-est.
Noustraversâmesla forêtpar un sentier étroit; nous longeâmesun ruisseauqui
couleen bouillonnantsur un lit de rochers. Nousobservâmes que la végétation
étoit plusbelle partoutoù le co~<M~e alpin est recouvert d'un ~iM ~M~rzetM',
dépourvude pétrifications, et très-différentde la ~pcAf du RMon~.L:t cause
de ce phénomène ~ne tient vraisemblablementpas autant a lanature du terreau,
qu'à la plus grandehumidité du sol.Le grès quarzeuxren&rmedes couchespeu
Au Hohgaut quidominel'Emmethal.
Au nord du château de Saint-Antoine,
totttpr~sdeCttmaM.
Par exemple, près d'Aarau, de
Boudry et de Porentrni, en Suisse
CHAPÏTNZ VI. 35()

ëpatsses,d'une argile
argile'schisteuse
schtsteuse qu'oncon!ohdro!t
noirâtre, qu'on
'noirâtre, aisémentavecdu
con<ondro!taisément avec du
~ba~e~M~rsecondaire; et ce sont ces Couches qui les eauxdé se
perdre danstes crevasses dont est remplile calcairealpin. Ce dernier offreici,
commedans le pays de Salzbourget dans la chaîne desApehnIns, des bancs
fracturéset fortementrnclinés.Lé g]r&s,atrcontraire,partout où il est superpose
à la rochecalcaire,rend l'aspectdessitesmoins sauvage;lescollinesqu'il forme
paroissentplus arrondies, et leur revers, doucementincliné, est couvertd'un
terreauplus épais.
C'est dansces lieuxhumidesoù le grès enveloppele calcairealpin, que l'on
trouve constammentquelquetrace de culture. Nousrencontrâmesdes cabanes
habitéespar dès métis, dansle ravinde LosFrailes, commeentre la Cuestade
Caneyeset le RioGuriental.Chacunede ces cabanesest placée au centre d'un
enclosqui renfermedes bananiers,des papayers, de la canne a sucreet dumaïs.
On pourroit être surprisde la petite étenduede cesterrainsdéfriches,si l'on ne
se rappeloitqu'un arpent cultivéen bananiers,rapporteprès de vingt foisplus
de subsistancealimentaireque le mêmeespaceseméen céréales.En Europe, nos
graminéesnourrissantes,le froment,l'orge et le seigle, couvrentde vasteséten-
duesde pays les terres labouréesse touchent nécessairementpartout où les
peuplestirent leur nourriture descéréales. n'en est pas de mêmesousla zone
torride, où l'hommea pu s'approprierdés végétauxqui donnentdesrécoltesplus
abondanteset moinstardives.Dans cesclimatsheureux, l'Immensefertilité du
sol répondà l'ardeuret à l'humiditéde l'atmosphère.Une populationnombreuse
trouveabondammentsa nourriture surun espaceétroit, couvert de bananiers,
de manioc, d'ignameset de maïs. L'isolementdes cabanes disperséesau milieu
de la forêt, indique au voyageurla féconditéde la nature; souvent un petit
coin de terre défrichésuffit au besoinde plusieursfamilles.
Ces considérationssur l'agriculturede la zone torride rappellentinvolontai-
rement les rapports intimesqui existententre l'étendue desdéfrichemenset les
progrèsde la société.Cetterichessedu sol, cette forcede la vie organique,tout
en multipliant les moyensde subsistance,ralentissentla marche des peuples
vers la civilisation.Sous un climat doux et uniforme, le seul besoin urgent
de l'homme est celui de la nourriture.C'est le sentiment de ce besoin qui
excite'au travail; et l'on conçoit aisémentpourquoi, au sein de l'abondance,
à l'ombre des bananiers et de l'arbre à pain, les facultés intellectuellesse

&'A<e/er<Aon.
~tMt~o&&sur la ~Vom'eMe-Efp<<~M,Tom.
II p. 366.
36o HVREtïï.
développentmoins rapidement que sous un ciel rigoureux, dans là regtOn
des céréales,oùnotre espèceest sanscesseen lutte avecles élément. Lorsqu'on
embrassed'un coup d'oeilgénéral les pays occupéspar les peuples agricoles,
on observequetes terrainscultivésrestent séparéspar des forets ouse touchent
immédiatement,non-seulementselon l'accroissementdelà popu!at!oia,'ma!8
selon le choix des plantes alimentaires.En Europe, nous Jugeonsdu nombre
des habitans par l'étenduede la culture sousles tropiques, au contraire, dans
la partie la plus chaude et, la plus humide de l'Amériqueméridionale, des
provincestrès-peupléesparoissentpresquedésertes,*parceque l'homme, pour
s'y nourrir, ne soumetau labouragequ'un petit nombre d'arpens.
Cescirconstances,biendignesd'attention, modifientà lafoisl'aspectphysique
du pays et le caractèrede ses habitans; elles donnent à l'un et à l'antre une
physionomie,particulière,quelque chose d'agresteet d'inculte, qui appartient
à une nature dont l'art n'a point encore altéré le type primitif. Sans voisins,
presquesanscommerceavec les hommes, chaque famillede colonsforme une
peupladeisolée.Cet isolementarrête ou ralentit les progrèsversla civilisation,
qui ne peut s'accroîtrequ'à mesureque la sociétédevient plus nombreuse, et
que ses liens sont plus intimes et plus multipliés mais la solitude développe
aussiet raffermitdansl'hommele sentimentde l'indépendanceet de la liberté
c'est par elle qu'est nourrie cette fierté de caractèrequi, dans tous les temps,
aTdIstInguéles peuples de race castillane.
Ces mêmes causes, dont l'influencepuissante nous occuperasouvent dans
la suite, tendent à conserver au sol, dans les régions les plus habitées de
l'Amériqueéquinoxiale,un aspect sauvagequi se perd, dans les climats tem-
pérés, par la culture des graminéesnourrissantes.Entre les tropiques, les
peuplesagricolesoccupent moinsde terrain l'hommey a moins étendu son
empire; on diroit qu'il yparott, non comme un maître absoluqui change à
son gré la surfacedu sol, maiscommeun hôte passagerqui jouit paisiblement
des bienfaits de la nature. En effet, dans le voisinagedescitésles plus
popu-
leuses,la terre restehérisséede foretsoucouverte d'une bourreépaisse que le
le soc n'a jamaisfendue.Les ptantes spontanéesy dominent
encore, par leur
masse, sur testantes cultivées et déterminent seulesl'aspect du paysage.
Hestà présumerque cet état de chosesne changeraqu'avecune extrêmelenteur.
Si, dansnosclimatstempérés,la culturedes céréalescontribue à répandre une
triste uniformitésur lesterrainsdéfrichés,on ne sauroitdouter
que, mêmeavec
une populationcroissante,la zone torride conserveracette
majesté des formes
CHAPITRE Vt. 36ï

végétales,ces traits~une natureviergeet Indomptéequi la rendentsi attrayante


s~~<M~ vta~M* v~wiM* ~t ~t~~t< ~wmï la t~n~~Mt M attwavaTtt~

et si pittoresque.C'est ainsi que, par un ènchamementremarquablede causes


physiqueset morates,le choix,et le produit des plantes alimentairesInfluent
à la fois sur trois objets importans: l'associationou l'isolementdes famines,y
les progrèsplus ou moins lents de la civilisation, et le caractèreindividueldu
paysage.
A mesureque nous nousenfonçâmesdansla forêt le baromètrenousindiqua
l'élévation progressivedu sol. Les troncs des arbres offroient.ici un coup
d'eeitextraordinaire:une graminée*à rameauxverticillés grimpe, commeune
liane, à huit ou dix pieds de hauteur, et forme des festons qui traversent le
cheminet sont balancéspar les vents. NousSmes halte, vers les trois heures
de l'après-midi,sur un petit plateau, que l'on désignesous le nom de Quetepe,
et qui est étevéà peu près de ï~o toises au-dessusdu niveau de l'Océan.
Quelquescases2 ont été construitesprès d'une sourcerenommée, parmi les
indigènes,par sa fraîcheuret sa grande,salubrité.L'eau de cette sourcenous
parut en effet très-belle;sa températureétdit de 2~ du thermomètrecenti-
grade, tandisque celledel'air s'élevoità 28",y. Les sourcesqui descendentdes
montagnesvoisinesplus étevées,indiquentsouventun décroissementdechaleur
trop rapide.En effet,si l'on suppose'de 26° la températuremoyennedes eaux
à la côtede Cumana,ondoit en conclure,à moins que d'autres causeslocales
ne modifientla température des source~,que celle-de Quetepe acquiert sa
grande fratcheur à plus de 35o toises d'étévationabsolue4. En parlant des
sourcesqui jaillissentdans les plaines de la zone torride ou à de petites
élévations,je ferai observer, en général, que c'est seulementdans les régions,
où la températuremoyenne de l'été diSère beaucoup de celle de l'année
entière, que les habitans peuvent boire de l'eau de fontaine extrêmement
froide, pendant la saisondes grandeschaleurs. Les Lapons, près d'Umeo et
de Sôrsete, sous les 65° de latitude, se rafraîchissentà des sources, dont la
température,au mois daout, est à peine de 2 à 3 degrés au-dessusdu point
de la congélation tandis que, le jour, la chaleurde l'air s'élèveà l'ombre,
Carice auC~tM~Me
anatogue deSanta-Fe,
<h)groupe
desNastus.
Cettegraminée
donne
uneexcellente
nourriture
pourlesmulets.
~o~e:lesA'ofaGenen*«~)ectM
Plantarum (Tom.t,p. aoi de
e~MM!.
t'é<ttt!on
in-4.°),
quejepublie avecMM.
conjointement etKomth.
Bonpland
/~<t&t<<tet<M!
<&~ott Juan Pelay.
Pe )8*R.
~o~e: plushaut; p. Bto, a~S et 990.
JEb<t~. ~<en<t. ~c<K<.~e Handl., t8oa, p. ap5.
Relation historique, Tb~t.1. ~6
302 JLtVRE ï!t.

dans cesmarnesrégionsboréales,à a6 ou 2~degrés.Dansnos d!mats tempérés,


en France et en Auemagne~la différenceentre l'air et lés sourcesn'excède
jamais 16 à i~ degrés entre les tropiques, il est même rare qu'elle s'élève
à 5 ou 6 degrés. On se rend facilementmison de ces phénomènes, en se
rappelant que t intérieurdu globe et les eaux souterrainesont une tempéra-
ture presqueidentique avec la températuremoyenne annuellede l'air, et que
cette dernière dineré d'autant plus de la chaleur moyenne de l'été, que l'on
s'éteignede Féquateur.L'incHnaisonmagnétique à Quetepe étoit de 4~7
la divisioncentésimale:le cyanomètre nindiquoit,~pour la couleur du ciel
au zénith, que t~sans doute parce que la saison des pluies avoit commencé
depuisqueiquesjours, et que l'air étoit déjà mêlé de vapeurs
Du haut d'une collinede grèsqui dominelasourcede Quetepe,nous jonhnes
d'une vue magnifiquesur la mer, le cap Macanaoet la péninsulede Maniquarez.
Une immenseforêt s'étendoitànos piedsjusqu'aurivagedel'Océan:lescimesdes
arbres,entrelacéesde lianes,couronnéesde longspanachesdefleurs,formoientun
vastetapis,deverdure,dontla teintesombreretevoîtFécîatdelàlumièreaérienne.
L'aspectde ce site nous frappoit d'autant plus, que nos yeux embrassoientici,
pour la premièrefois, ces grandesmassesde la végétation des tropiques.Nous
cueillîmes,sur la collinede Quetepe, au pied du Malpighiacoco~o&fp/MM,
dont les feuillessont extrêmementcoriaces, parmi des touffes de Polygala
wo/a!, les premiersMelastomes,surtout cettebelleespècedécritesousle nom
de M. rufescens.Le souvenirde ce site nous restera long-tempsprésent à la
mémoire le voyageur conserve une vive prédilectionpour les lieux où il
rencontreun groupe de plantes qu'il n'a point encorevues à l'état sauvage.
En avançant vers le sud-ouest, le sol devient aride,et sablonneux nous
gravîmesun groupe de montagnesassezé)evéesqui séparent la côte desvastes
plaines ou savanes bordées par l'Orénoque. La partie de ce groupe sur
laquellepasse le chemin de Cumanacoa, est dénuée de végétation, et a des
pentesrapidesversle nord et le sud. On la désignesousle nomde Fj~MDO~t&A?~
parce qu'on pense qu'en cas d'un débarquement de l'ennemi, cette crête de
montagnesoffriroitun asyleaux habitansde Cumana.Nousarrivâmesà la cime
<.

A quatre heures du soir hygromètre de Deluc,


48°; thermomètre centigrade, a6",5. De Qnetene,
je relevai, avec la boussole, le cap Macanao N. a6"0. L'angte entre ce cap et la vallée San Juan de tite
de la Marguerite est de
39° 28'. La distance directe de Quetepe & Cumana paroît être de trois lieues
et demie.
Vt.
CHAPÏTRB 363
peu de tempsayant le coucherdu soleil et je pus à peine prendre quelques
angteshorairespourdé~rminerla longitudedu!ieu, au moyendu chronomètre*.
La vue de t'Ïmposibleest plus belle et lus étendueque celle.du plateau de
Quetepe.,Nousdistinguâmestrès'bien, et à !a simplevue, la cime aplatie du
Brigantin,dontil seroitsi importantde bienfixer ta position, l'embarcadèreet
la rade de Cumana. La côte rocheuse de ta péninsule d'Araya se dessinbit
danstoutesa longueur.Nous fûmesfrappés surtout delà configurationextraor-
dinaired'un port, que l'on désignesouste nomde Z~M~c G~an~cu Laguna
t?c/0&M~o.Unvastebassin,environné de hautes montagnes,communiqueau
golfe de Cariaco par un canal étroit, qui ne donne passagequ'à un seul
vaisseau.Ce port, dont M. Fidatgoa levé te plan détaitté, pourroit contenir
plusieursescadresà la fois. C'est un lieu désert, fréquentéd'année en année
par desbâtimensqui conduisentdesmuletsauxîlesAntilles.On trouve quelques
pâturagesau fond de la baie. Noussuivîmesdel'œil lessinuositésde ce bras
de mer qui, semblableà un neuve, s'est creuséun'lit entre des rochers taillés
à pic et dénuésde végétation.Ce coup d'ceil extraordinairerappelle le fond du
'paysagefantastiquedont Léonard de Vinci a orné le fameux portrait de la
Joconde
Nous pûmesobserver, au chronomètre,le moment où le disque du soleil
touchal'horizonde la mer. Le premiercontacteut lieu à 6' 8 j3"; le second,
à 6'* 10' 26", en tempsmoyen. Cette observation,qui n'est pas sansintérêt
pour la théoriedes réfractionsterrestres, fut faite au sommetde la montagne
à la hauteurabsoluede 2g6 toises.Le coucherdu soleil fut accompagnéd'un
refroidissementde l'air bien rapide. Troisminùtes après le dernier contact
apparentdu disque avecl'horizondela mer, le thermomètrebaissasubitement
de a5~a à 21°,3. Ce refroidissementextraordinaireétoit-il l'effet de quelque
courant descendant? L'air cependantétoit calme, et aucun vent horizontal ne
se Et sentir.
Nous passâmesla nuit dans une maison où il y a un poste militaire de

~<ye~mes 06«rc. <Mtron.,Tom. ï, p. n4. Lalatitude doit être près de to* 23' cause de la distance
la côteméridionale du golfe de Cariaco. Je relevai la rade de Cumana, N.6t°ao'0.; le
cap Macanao,
N.99°a/0. la t.agnna Grande, wr la cAteseptentr'ottate du golfe de Cariaco, N.g° to'0. le Cerro del
Bergantin ( centred: la Mesa), S.a7° 5'0. Oistance plus courte à la mer trois a quatre millea.Les angtes
ont été pris, en partie par le Mutant, en partie par la boussole ces derniers sont déjà corrigéspar la décll
naison magnétique.
Mena Lisa, épouse de FrancescodelGiocondo.
36~ Il RtvnB ïtt.
h)i!t hnmtnfs ~umman~s par
huit hommescommandés nar un
un sergentespagnol.C'est un hospice, construità
sergent esDacnoLC'eS
côté d'un magasin à poudre, et qui offre,au voyageur toMesorte de secours.
Le même détachementmilitairehabite la montagnependant cinq à six mois.
On choisitde préférencetessoldatsqui ont desc~c~-f on plantations danstes
environs.Lorsqu'aprèsla prise de l'Mede ta Trinité par les Angtois~en ~97,
]a ville de CumanaJut menacéed'une attaque, beaucoup d'habitans se réfu-
gièrent à Cumanaçoa et déposèrent ce qu'ils avoient de plus précieux
dansdes hangars, construitsen hâte, à la cimede l'ïmposible.On avoit résolu
alors d'abandonner,en cas d'uneinvasionimprévue, le châteauSaint-Antoine,
après une courte résistance, et de concentrertoutes les forces autour de la
montagne qu'on peut regarder comme la clef des jL/o~o~.Les événemens
militairesqui, à la suite des révolutionspolitiques, ont eu lieu depuis dans ces
contrées, ont prouvé combien ce premierplan étoit sagementcombiné.
La cime de l'ïmposible, autant que j'ai pu l'observer est couverte d'un
grès quarzeux dépourvude. pétrification. Ses couchessont ici, commesur le
dos des montagnesvoisines,assezrégulièrementdirigéesdu N.N.E.auS.S.O'.
J'ai déjà rappelé plus haut que cette direction est aussi la plus fréquente,*
dans les formations primitives, à la péninsuled'Araya et le long des côtes
de Venezuela.Sur la pente septentrionale de limposible près des Penas
Negras une source abondante sort du grès, qui alterne avec de l'argile
schisteuse.On observesur ce point, des couches fracturées qui sont
difrigéesdu nord ouest au sud est et dont l'Inclinaison est presque
perpendiculaire.
Les Llaneros, ou habitai des plaines, envoientleurs productions, surtout
le maïs, le cuir et le bétail, au port de Cumana par la route de l'Imposible.
Nous voyions arriver sans cessedes mulets conduits par des Indiens ou des
mulâtres.La solitudede celieume rappelavivementles nuitsque j'avoispassées
à la'cime du Saint-Gothard.Le feu avoit pris sur plusieurspoints aux vastes
forêts qui entourent la montagne.Des ûammesrougeâtres,à demi-enveloppées
dans destorrensde fumée, offroientle spectaclele plus imposant. Les,habitans
mettentle feu aux forêts pour améliorerles pâturageset détruire
le~ arbustes
qui étouffentl'herbe déjà si rare dans cescontrées.Souvent aussi 4'énormes
embrasemenssont bausés par l'insouciancedes Indiens qui négligent en
voyageant, d'éteindre le feu auquel ils avoient préparé leurs alimens. Ces

mcUn.de45°ausnd.
Hor.3-4,
CHAPITREVï. 365
accidensont contribuaà diminuerle nombredes vieuxarbres dansle chemin
dé Cumana à CumatMcoa,et les habitansobserventavec raison que~ sur
plusieurspoints de leur province, la sécheressea augmente, non-seulement
parce que te ~bldevientd'année en annéeplus crevassepar la fréquencedes
tremblemensde terre, mais aussi parce qu'il est aujourd'hui moins garni dé
bois qu'il ne l'étoit à l'époquedela conquête.
Je melevaipendant la nuit pour déterminerla latitudedu lieu par te passage
de Fomahaultpar le méridien.L'observation fut perdue, par le temps que
j'employai à niveler l'horizon artificiel. C'est le grand inconvénient des
instrumensà réflexion, lorsqu'on ne se sert pas, à cause de la mobilitédes
fluides, d'horizonsà mercure, à amalgameoù à huile, mais de ces verresplans,
dont l'usagea été introduit par M.de Zach. Hétoit minuit, j'étois transi de
froid commenos guides;cependant le thermomètrese soutint encore à ï9"7.
A Cumana, je ne l'ai jamaisvu baisserau-dessousde 2ï"; maisaussi la maison
que noushabitionsà flmposible étoit élevéede 258toisesau-dessusdu niveau
de l'Océan.Je déterminai, à la Casa de la ~o/tWM,l'inclinaisonde l'aiguille
aimantée elleétoit de ~2°,5. Le nombre des oscillationscorrespondantesà
10' de temps, s'élevoit à 233; l'intensité des forces magnétiquesavoit par
conséquentaugmentédes côtes à la montagne, peut-être par l'influencede
quelquesmassesferrugineuses,cachéesdansles couchesde grès, qui surmontent
le calcairealpin.
Nous quittâmes l'Imposiblele 5 septembre, avant le lever du soleil.La
descenteest très-dangereusepour lesbêtesde somme;le sentiern'a généralement t
que i5 poucesde large, et il estbordé de précipices.En t~gô, on avoit conçu
le projet utite de tracerunebelleroute depuisle villagedeSan Fernandojusqu'à
la montagne.Un tiersde cette routeétoit mêmedéjà terminé; malheureusement
on l'avoitcommencéedans la plaine au pied*deflmposible de sorte que la
partie du cheminla plus difficileétoit restéeintacte.Les travaux furent inter-
rompuspar unedecescausesqui fontéchouerpresquetout projet d'amélioration
danslescoloniesespagnoles.Plusieursautorités voulurent s'arroger le droit de
diriger à la fois lestravaux.Le peuple a payé patiemmentle péagepour un
cheminqui n'existoit pas, jusqu'à ce que le gouverneur de Cumanaait mis
fin à cet abus.

At~5 R.
L'inclinaisonmagnétique est toujours expnmée, dans cette Relation historique, en
division centési-
male, si le contraire n'est pasexpressément indiqué.
36iS LIVRE ïlï.
En descendantl'ïmposible, on voit reparoftrè, sous le grès, la roche
calcairealpine.Comme les couchessont généralementinclinées au sud et au
sud-est,un grandnombre de sourcesjaillissentsur la pente ïnéridionale de la
montagne.Dans !a saisondes pluies, ces sources forment des torrens, qoi
descendenten cascadesombragées d'Hura, de Cuspa et de Cecropi& 1à
feuillesargentées.
Le Cuspa, assezcommundansles environs de Cumanaet de Bor~toaes,est
un arbre encore inconnu aux botanistesde l'Europe. 11 n'a servi pendant
long-tempsqu'à la constructiondes maisons, et est devenucélèbre, depuis
l'année179~ sous le nom de Cascarillaon Quinquina de la Nouvelle-Anda-
lousie.Son tronc s'élèveà peine à quinze ou vingt pieds de hauteur; sesfeuilles
alternessont lisses, entièreset ovales.Son écorce, très-minceet d'un jaune
pâle, est éminemmentfébrifuge}ellea mêmeplus d'amertumeque l'écorce des
véritable~~inchona, mais cette amertume est moins désagréable.Le Cuspa
s'administre,avec le plus grand succès,en extrait alcoholiqueet en infusion
aqueuse~tant danslesSèvres intermittentes que dans les fièvresmalignes.Le
gouverneurde Cumana,M. d'Emparan~en a envoyéune quantité considérable
aux médecins de Cadix; et, d'après des renseignemensdonnés depuis peu
par Don Pedro Franco pharmacien de l'hôpital militaire de Cumana, le
Cuspaa été reconnuen Europepresqueaussibon que le Quinquinade Santa-Fe.
On prétendque, pris en poudre, il a l'avantage,sur ce dernier, d'irriter moins
l'estomacdes malades,dont le systèmegastriqueest très-anbibli.
/Sur les côtes de la Nouvelle-Andalousie,le Cuspa est regardé comme une
espècede Cinchona;,etPon assure que desmoinesaragonois,qui avoientrésidé
long-tempsdans le royaumede la Nouvelle-Grenade,Ont reconnucet arbre par
la ressemblancede ses feuillesavec celles des véritablesQuinquinas. Cette
assertionn'a rien d'exact; c'est justement par la dispositionde ses feuilleset
par l'absencedes stipules, que le Cuspa diffère totalementdes plantes de la
familledes Rubiacées.Il se rapproche peut-être de la familledes Chèvre-
Feuillesou Caprifbliacées~ dont unesection a des feuilles alternes, et parmi
lesquelsontrouve déjà plusieursCornouillersremarquablespar leurs propriétés
fébrifuges~. <
Boisde trompette.
Vers le sommet des brancher les feuilles
sont quelquefoisopposées, mais conoKtmment<<éponrvttes
de stipuïes.
3 Cornusflorida et C. sericea desÉtats-Unis.
( ~<t~. on the tW~ of <&ComM <~ Cinchona
contpa!re<P/tt/af<i8o3.)
CBÀPITREVt. 367
Le goût la foisamer;r et astringent
~stninsent et !a
la &uve de Fecorceont
couleur~tuve
pu seulsconduireà la découvertede la vertu fébrifuge du Gaspa. Comme il
fleurità la fin de novembre, nous ne t'avons pas trouvé en Heur, et nous
ignoronsà quel genre il appartient. Depuis plusieurs années, j'ai demandé
vainementà nos amis de Cumana des échantillonsde la fleur et du fruit.
J'espèreque la déterminationbotanique du Quinquina de la Nouvelle-Anda-
lousiefixeraun jour l'attentiondes voyageursqui visiteront ces régionsaprès
nous, et qu'Usne confondrontpas, malgrél'analogiedes noms, le CM~a avec
le Cuspare.Ce dernierne végètepas seulementdanslesmissionsduRio Carony,
mais aussi à l'ouest de Cumana, dans le golfe de Santa-Fe. Il fournit aux
pharmaciensd'Europe le fameuxCortex .<M<M~, et forme le genre Bon-
plandia,décrit par M. WUldenowdans lesMémoiresde l'Académiede Bertin
d'après des notes que nous lui avions communiquées.
H estassezsurprenantque, pendant un long séjourque nous avonsfait sur
les côtesde Cumanaet de Caracas,sur !es rives de l'Apure,de l'Orénoqueet
du Rio Negro, dans une étenduede terrain de ~0,000 lieues carrées, nous
n'ayons jamais rencontré une de ces nombreusesespèce~de Cinchona ou
d'Exostema, qui sont propres aux régionsbasses et chaudesdes tropiques,
surtout à l'Archipeldes Antilles.Nous sommesloin de vouloir affirmerque,
danstonte la partie orientaJede l'Amériquedu Sud, depuisPortocabellojusqu'à
Cayenne, ou depuis l'équateur jusqu'au !0° de latitude boréale, entre tes
méridiens de 54 et 71degrés, il n'existe absolument pas de Quinquina.
Pourroit-onse vanter de connoitre en entier la Flore d'une si vaste étendue
de pays? Mais lorsqu'on se rappelle qu'au Mexique même, on n'a encore
découvertaucune espèce3 des genresCinchonaet Exostema,ni sur le plateau
central,ni dans lesplaines,on doit êtreporté à croireque lesîlesmontagneuses

~nn~t8o'p.a4.
AntCinchonasdes bassesrég!ons ( qui <ont presque tontesdes J?jftM<enM, corollis glabris, filamentis
longe eMertis, e basi tubi nascentibns, seminibus margine integro cinctis ) appartiennent C. longiflora de
Lambert, C. caribœa,~C. angusttfotia de Swartz, C. lineata de Vau!, C. pbilippica de Née. royez mon
Essai botanique et physique sur les Quinquinas du Nouveau-Continent, dans Ber/. Jtfa~<t:MA'M<«r/!)r<cA.
)8o7, p. 108. Le genre Exostemaa été décrit le premier par MM. Richard et Bonptand dans nos
7'*reM/!f<e,
Plantes ~<HBOjrM&sTom. t, p. l3t. ~t~cArtM~er, J~Hr~M' die Bo~ntt, B. t, p. ~M.~ J
LeCinchona angusttfoHaet le C. tongiNoran'ont jamais été trouvésa la Nouvelle-Espagneou a Cayenne,
quoiqu'on l'ait amrmé récemment (Lambert, Deeer. o~<e genus CMc~o~m,~97, p 38. Btt~etm de
~MrnMfM, )8tit, p. 4ga). M. Richard, qutarésidési long-temps, après Aublet, a ta Guiane francoise,
assurequ'aucune espècede Quinquinan'y a été découverte.L'échantmon du C. tongiOora, que M. Lambert
cite danston intéressante Monographie commetiré de l'herbier d'Aublet, est probablement de l'ile Saint-
368 TLÏVREÏÏÏ.
t. t
_1- t t
~D r.
Tr~i
des Antilleset la Cordittèredes Andesont des Flores parttcauères, et queMes
possèdentdes groupesde végétauxqui n'ont passé ni des nés sur !e Continent,
ni de l'Amérique méridionaleaux côtes de la Nouvetie-Espagne.
Il y a plus encore.En réfléchissantsur les nombreusesanalogiesqui existent
entre les propriétés des végétauxet leur forme extérieure, on est surpris de
trouver des vertus éminemmentfébrifugesdans des écorcesd'arbres qui appar-
tiennent à dISérensgenres, et même à des famillesdifférentes1. Quelques-unes
de ces écorcesse ressemblentà tel point ,qu'il est facile de les confondre
au simpleaspect.Mais, avant d'examinerla questionde savoirsi l'on découvrira
un jour, dans le véritabtë Quinquina, dans le Cuspa de Cumana, le Cortex
~o~fHnr, le Switeniade t'tnde, les sautesde l'Europe, les fruits du Caner
et de t'Uvaria, une matière uniformémentrépandue et offrant ( comme
l'amidon/te caoutchoucet te camphre), dans différensvégétaux, les mêmes
propriétéschimiques,on pourroit demandersi, en général, dans tétât actuel
de la physiologieet de la médecine, on doit admettre un ~TMC~Cj~&~t~e?
Domingue dumoinsVahlareconnu parmitesplantes conservée*
desAntittes, danstescollections
de
M.deJussieu,leC.longiflora.
tjëQuinquina
duGrand Para(C,brasiliensis,
Hofmansegg) est-ilunvéri-
tableCinchona,ouappartient~it
augenreMachaonia?
tt peut être de quelque intérêt pour la chimie, la
physiologie et la botanique descriptive, de réunir aous
un même point de vue tes végétaux qui ont été employés avec plus ou moins de succès danstes fièvresinter-
mittentes. Nous trouvons, parmi tes /<u&/ac~e<,outre tes Cinchonaet tes Exostema, le Coutarea speciosa
ou Quinquina de Cayenne, le Portlandia grandiflora des Antilles, on autre Portlandia découvert par
M.Sesseau Mexique, le Pintmeia pubescensdes
Ëtats'Unjs, le fruit dm Caner, peut-être aussi le Macroc-
nemum corymbosumet le GuettaMa coccinea parmi les ~n~mo/tac~M, le Tulipier et te Magnoliaglauca;
parmi tes Zanthoxylées, le Cuspare de l'Angostura, connu en Amérique sous le nom de Quinquina de
t'0réuoqne,et le Zanthoxyloncarib~um; panni les Légumineuses, lesGeoB'ra'a, te SwitBnia<ebrifuga,
t'~Esehinomene grandiitora, le CiBSatpiniabonducella; parmi tes Caprifoliacées, le Comus florida et le
Cuspade Cumana parmi tes Rosacées, le Ceras<*<virginiana et le Geum urbanum parmi tes .ten<ac<M j
les saules, les chênes, tes bouleaux, dont l'extrait
alcoholique est usité en Russie parmi le peuple, le
Populus tremutoides, etc. parmi tes ~nnonac~, l'Uvaria febrifuga dont nous avons vu employer avec
succès les fruits dans les missionsde la Guiane espagnole;
parmi tes &BMroHMM le Quassia am~ra
célèbre dans les plaines Sévreusesde Surinam, parmi les TX~~t~AaceM, le Rhus
glabrmn; parmi les
Euphorbiacées, le CrotonCascaritta, parmi tes Composées,t'Enpatorium perfoliatum, dont les sauvages
de l'Amérique septentrionate connoissent tes vertus
fébrifuges. ( Grt/t<M, C'Atn<HMn-o~a<, Dorpat, t8oa.
Renard, <t~ tn/anc!. &H-n)~a<e der CAMorM~e,~<tM:, t6o~. J9M~n<&)~~~Mr~~rojer~~nte~tca/M
des plantes, ~8~6, p. y3, tao, ig8, t4a, 165, t~t, t7Q. Rogers, on <A<~Mpe~te<of the Liriodendron
<)t/er< ~f7f!f/<iSoa. ) C'est de t'écorce des racines qu'on se sert dans le Tulipier, comme dans le
Quassia.On a de même reconnu, à Loxa, des vertus éminemment fébrifuges dans le corps cortical des
racinesdu Cinchonacondaminea; mais il ést heureux, pour la conservationde
l'espèce, qu'on n'emploie pas
dansles pharmaciestesracines des véritables
Quinquinas. On manque encore de recherches chimiques sur
les amers éminemment énergiques, contenus dans les racines du
Zanthori~aaptifotia et de t'Acta-a race-
mosa le dernier a été quelquefoisemployé avec succès a KeH-York, dans les
épidémies de la 6evre jaune.
CNAPIT&EVï. 36g
N'estai!pasprobaNS,plutôt, que ce dérangementparticuUerde l'organisation,
que l'on désigne sous le nom vague d~~J~WH.r~ et dans lequel le
système vasculaire-et le système nerveux sont attaques à la fois, cède à
des remèdesqui n'agissentpoint par les mêmesprincipes, par un mêmemode
d'action sur les mêmes organes,par un même jeu des attractions chimiques
et électriques?Nous nous'bornerons à faireobserverici que, dansles espèces
du genre Cinchona, les vertus antifébrilesne paroissent résider, ni dans le
tannin (qui y est mêlé accidentellement ), ni dansle cinchonatede chaux, mais
dans une matière résiniformeque l'alcoholet l'eaudissolventà la fois, et que
l'on croit composéede deux principes,de l'<MMcr et du rouge CMcAon~M&f.
Or, peut-on admettre que cette matière résinifbrme,diSéremment énergique
selonles combinaisonsqui la modifient, se retrouvedanstoutes les substances
fébrifuges?Cellespar lesquellesle sulfatede fer est précipité en vert, comme
le vrai Quinquina, l'écorcedu saole blancet le périspermecornédu Caner,
n'annoncentpas pour cela une identité de compositionchimique et cette
identité pourroit exister, sans que l'on puisse en conclure que les vertus
médicalesfussentanalogues.Nousvoyonsque les~Mcn?~ et lestannins, lorsqu'ils
sont extraitsde plantesquine sont pasd'unemêmefamille,offrentdesdifférences
multipliées, tandis que l'analysecomparativedu sucre, de la gomme et de
l'amidon, la découvertedu radical de l'acide prussique, dont les effetssur
l'organisationsont si puissans,et tant d'autresphénomènesde lachimievégétale,
prouvent indubitablementque « dessubstancescomposéesd'un petit nombre
d'élémensIdentiques,et en même proportion, oSrcnt les propriétés les plus
hétérogènes, à causede ce modeparticulier de combinaisonque la physique
corpusculaireappelle l'arrangement,desmolécules~.
En sortant du ravin qui descend de l'Imposible, nous entrâmes dans une

L'écorcedu Cuspare( CM-t.~n~Ct<MriB ) préctpttc le fer en jaane, et cependant elle est employée. sur
tes bords de l'Orénoque, et surtout &la ville de Saint-Thomas de l'Angostura, comme mn excellent
Quinquina. D'un autre côté, t'ecorce du cerisier commun, dont la propriété fébrifuge est presque huUe,
précipite -lefer en vert, comme les véritables Cinchonas. ( Vauquelin, dans les ~MM& <& Chimie,
Tom. LIX, p. t43. Reuss, dans le Journal de Pharmacie, 18) 5, p. 5o5. Grindel, /ïtM<MeAe< ~aAr6. der
T'Aorm., 1808, p. i83. ) Matgré t'extrême imperfectionde la chimie végétate,les expériences déj&faites sur
les Quinquinas prouvent suffisammentque, pour juger des propriétés anti(ébriles d'une écorce it nefaut
pas attacher une grande importance, ni au principe qui verdit les oxidesde fer, ni autannin, niMamattëre
qui précipitel'infusion de tan.
Cay j~uMac,JP~t. sur f/oeh p. t <9, no<e1. (Humb., ~-s. über die ~ere~te .Mt~~Mer, B. 1,
p..28.)
7!e/<thoK Zb~.
&M<or/<~M~, ~7
LIVRE III.
3~0
forêt épaisseet traverséepar un grand nombre de petites rivières que l'on
des
passefacilementà gué.Nousobservâmesque le Cecropia, dont la disposition
brancheset le tronc élancé rappellentle port du palmier, se couvre de feuilles
plus oumoinsargentées,selonque le solest aride ou marécageux.Nousen vhnes
despiedsdont la feuilleétoit entièrementvertesurlesdeuxsurfaces Lesracines
de cesarbresse cachoientsousdestouffesdeDorsteriia,qui ne se plaît que dans
lesendroits ombragéset humides.Au milieude la foret, sur les bords du Rio
Cedono,commeà la pente méridionaledu Cocollar,on trouve, à l'état sauvage, i
des papayerset des orangersà fruits grands et doux. Cesont probablementles
restes de quelques conucos ou plantations indiennes;car, dans cescontrées,
l'oranger ne peut être comptéparmi les végétauxspontanés, non plus que le
bananier, le papayer, le maïs, le manioc et tant d'autres plantes utiles dont
nous Ignoronsla véritablepatrie, quoiqu'ellesaient accompagnél'homme dans
ses migrations,dès les temps lesplus reculés.
Lorsqu'unvoyageur, récemmentarrivé d'Europe, pénètre, pour la première
fois, dans les forêtsde l'Amériqueméridionale,la nature se présente lui sous
un aspectinattendu.Les objets qui l'entourentne lui rappellentque fbiblement
les tableauxque desécrivainscélèbresont tracéssur lesbords du MissIssipI,en
Floride, et dansd'autres régionstempérée duNouveau-Monde. Il sent, à chaque
pas qu'il se trouve, non sur les limites, mais au centrede la zonetorride, non
dansune desîlesAntilles, maissur un vaste continent, où tout est gigantesque,
les montagnes,les rivièreset la massedes végétaux.S'il est sensibleaux beautés
des sitesagrestes, il a de la peine à se rendre compte des sentimensdivers qu'il
éprouve.Il ne sait démé~r ce qui excite le plus son admiration, ou du calme
silencieuxde la-solitude,ou dela beautéindividuelleet du contrastedes formes,
oude cette forceetdecette fraîcheurde la vie végétalequicaractérisentle climat
des tropiques.Ondiroit que la terre, surchargéede plantes,neleur offrepas assez
d'espacepour se développer Partout letronc des arbresest cachésousun tapis
épais de verdure; et si l'on transplantoitavec soinles Orchidées, les Piper et
les Pothos, que nourrit un seul Courbarilou un figuierde l'Amérique, on
parviendroità couvrirune vasteétenduede terrain.Par cet agroupementbizarre,
les forêts, comm&lenancdesrocherset desmontagnes agrandissentle domaine
a
Le Manzanarès;leCedeno,
avecuneplantationdeCacoyeraetunerouehydrauHqneleVichoroco
leLucasperez avecunehabitation
quip ortelenomdu de
la leRio
Cuesta; San Juan
j etc.
° LeCecropia deWilldenov neseroit-il
concolor qu'unevariété
duC.peltata?
Ficus gigantea.
.CNAPtT&E~V! 3y*
de~a,atMe.,o~e8~
c~&d~ës~Ms~ ~'unà.l'gutreyà.plug;d,e, centpied.s'dé
C'est ainsi que,, .pa~Btf~ pladtt~ss
es~;souvent,.e~posé;cpnfbad~~ <
nent a, des~espèces~dME~ent~ .eui'¡~B:âfti¿n~
.T, :<
Nous~march~B~€8~penda~ ces voûtesqui
laissentà peine;.entFevQi~~l~zu~du.ciel~ d'un Meud'indigod'autant
plus~ncéyque le ~rt des pentes équinoxi~ est généralementd'un tojc~
vigoureux et tiran!. sur le brun~Une~rande j~ugère~en~~a~~très-diCérente
dnBo~podtmma''boreu!n des ÂjMMtes, sarm<MtttMt des massesderochersépars.
Nousjtumes&~ppss,dansc~t eodroit, pourta premtère fols, deces nidsen
tonnede bouteiMes oudepetitespoches ) quisetrouventsuspendus auxbranches
desarbrestes moins e!e~ës.!!$attestentt'adn)irab!eindustriedesTronpia!s,qui
mé!oient!eurramageauxcrisrauquesdesperroquetset desaras.Lesderniers,
si connus par t~vivacitéde ïeurs codeurs,nevoloitentqueparpaires, tandis
que les véritabtesperroquetserrentpar troupe!!de plusieurscentainesd'in-
dividus.H faut avoirvécudanscesclimats, surtout danslesvalléeschaudes
des Andes,pour concevoircommentcesoiseauxpeuventquelquefoiscouvrir
de leurvoixle braitsourddes torrensqui se précipitentde rocheren rocher.
Nousquittâmeslestbrets à une forte Ueuede distancedu villagede San
Fernando.Un sentierétroit conduit,aprèsplusieursdétours~dansun pays
découvert,maisextrêmement humide.Dansla zonetempérée j les Cypéracées
et les Graminéesy auraient&)rmédévastesprairies ici, le solàbondoiten
plantesaquatiques à feuillessagittées,et surtouten basiliers,parmilesquelsnous
reconnûmes les Rearssuperbesdes Costus,des Thaliaet desHéliconia.Ces
herbessucculentes ~élèvent à huit ou dix piedsde hauteur,et enEuropeleur
agroupement seroitconsidérécommeun petit bois.Le spectacleravissantdes
prairieset d'un gazon parseméde Neursmanquepresqueentièrementaux
bassesrégionsde la zonetorride; onne le retrouveque surles plateauxdes
Andes.
Prèsde SanFernando,l'éyaporation, causéepar l'actiondu soleil, étoit si
forte, que, n'étantque très-légèrement vétus, nous noussentîmesmouillés
comme dansun bainde vapeur. Le cheminétoit bordéd'une espèce*de
bamboasier,que lesIndiensdésignentsousle nom de Iaguaou Guadaa, et
Peat-~tre
n«tre AspMmm a
cot~M'tOth
( f~yez I&PL XX de n<Mf&tn<M~«M., Tom. t, p. 68. )
BambttsaGtM<&«t.
3ya HvBEïn.
qui s'élèveà plus de quarantepiedsde hauteur. Rien n'approchede l'élégance
de cette graminéearborescente.La forme et la dispositionde ses feuilles lui
donnentun caractèrede légèretéqu! contrasteagréablementave<~ la hauteur de
sa taille.Le tronc lisseet taisant du !agua estgénéralementpenché veMiebord
des ruisseaux,et il s'agiteaumpindresou~nledes vents~Quelqueélevéequesoit
la canne' dansle midi de l'Europe, elle ne peut donner aucuneidée de l'aspect
desgraminéesarborescentes;et, si j'osoism'enrapporterà mapropreexpérience,
je diroisque le bambousieret la fougèreen arbre sont “ de toutes les formes
végétalesdes tropiques, cellesqui frappentle plus l'imaginationdu voyageur.
Je n'entreraipas dans les détails de la botaniquedescriptivepour prouver
quelesbambousdes grandesIndes, lesc~MMe~J~f&aM~ de Hiede Bourbon,
les Guaduasde t'Amériqueméridionale, et peut-être même les Arundinaria
gigantesquesdesbordsdu Mississipi .appartiennent à un mêmegroupedeplantes.
Cesdiscussionssont consignéesdans un autre ouvrage, consacréuniquementà
la description'des nouveauxgenres et des nouvellesespècesque nous avons
rapportés de ,nos voyages3. Il sufnt ici de faire observer, en général, qu'en
Amérique,lesbambousiersabondentmoins qu'on ne le croit communément, Ils
manquentpresqueentièrementdansles marécageset tesvastesplainesinondées
du Bas-Orénoque,de l'Apure et de FAtabapo, tandis qu'ils forment des bois
épais de plusieurslieues de long, dans la partie du nord. ouest, dans la
Nouvelle-Grenade et dans le royaume de Quito. On diroit que la pente occi-
dentale desAndesest leur véritablepatrie; et, ce qui est assez remarquable
nous les avons trouvés non seulementdans lesbasses régions, au niveaude
l'Océan, maisaussi dans les hautesvallées des Cordillères, jusqu'à 860 toises
d'élévation.
Le chemin,bordé de bambousiers,nousconduisitjusqu'aupetit villagede San
Fernando, qui est situé dans une plaineétroite, entourée de rocherscalcaires
très-escarpés.C'étoitla premièremission4 quenous voyionsen Amérique.Les
Amndo
Donax.
° Bamhusa, ou plutôt Nashnatpina.
Nov. Gen.et %M~, Tom. ï, p. a<n et a4t de I'édtt:on m-4 Les ~ux continent oarent
chacun
diverses espècesde gen~e*Nastuoet BamItuM.
On appelle, dans !es colonies espaghotea,~MMn on
Pueblo de Miaion, une rémnon d'habitations
autour d'une égusë qui est desservie
par un moine missionnaire.Les viMagetindiens, gouvernés par des
curés, s'appellent Pueblos de Doctrina. On distingue d'ailleurs le Cttra doctrinero,
qui est le curé d'une
paroisse d'tndiens, et le Cura.~e~, qui est te curé d'an village haMté par des hommes btaBes on de
race mêlée.
CttAPÏTREVt. 3~3
'1 -1 1- _r,r_les unes
ou
maisons, plutôt les cabanes d esIndiensChaymas séparées desautres,
ne sont point entoura dejardins.Les raes, largeset bien alignées,se coupent
à angle droit tes murs, très-minceset peu soMdes~soatde' terre glaise et
raSermispardeslianes.Cette uniformitéde construction,fair grave,et ta'c!turce
des habitans,l'extrêmepropretéqni règnedans leurs maisons, tout MppëMe ici
lesétablissemens desFrèresMoraves.Chaquefamilled'jfndienscultive, à quelque
distancedu village, outre son proprejardin, le eonuco de la commune C'est
dansce dernier que les individus adultesdes deux sexestravaillentune heure
le matinet une heurele soir. Dansles missionsles plusrapprochéesde la cote,
le jardin de la communautéest généralementune plantation de canne à sucre
ou d'Indigo,dirigéepar le missionnaire,et dont le produit, si l'on suit stricte-
ment la loi, ne peut être employéqu'à l'entretiende l'égliseet à l'achat des
ornemenssacerdotaux.La grandeplacede San Fernando, situéeau centre du
village, renfermel'église,la demeuredu missionnaire,et cet humbleédificeque
l'on appelletastueusementla maisondu roi, Casa del ~y. C'est un véritable
caravanserai,destinéà donner de l'abriaux voyageurs,et, commenous t'avons
souventéprouvé, infinimentprécieuxdansun paysoùle mot d'aubergeestencore
inconnu.Les Casasdel Re se retrouventdanstoutestes coloniesespagnoles,et
l'on pourroit croire qu'ellessont une imitationdes Tambos duPérou établis
d'aprèsles loisdeMancoCapac.
Nousavionsété recommandésaux religieuxqui gouvernentles missionsdes
IndiensChaymas, par leur syndicqui résideà Cumana.Cette recommandation
nousétoit d'autant plus utile, que les missionnaires,soit parzèle pourla pureté
desmoeursde leursparoissiens,soit pour soustrairele régimemonastiqueà la
curiositéindiscrètedes étrangers, mettent souventen exécutionun réglement
ancien, d'aprèslequelil n'est pas permisà un hommeblancde l'état séculierde
s'arrêterplus d'unenuit dansun villageindien.En général,pour voyageragréa-
blementdanslesmissionsespagnoles,il seroitimprudent de se fier uniquement
au passe-portémanédelasecrétaireried'étatde Madridoudes gouverneurscivils
il faut semunir de recommandationsdonnéespar les .autorités
ecclésiastiques
surtout par les gardiensdes couvensou par les générauxdes ordres résidant à
Rome, qui sont inûnimentplus respectésdes missionnairesque ne le sont les
évoques.Lesmissionsforment, je nediraipas, d'aprèsleursinstitutionsprimitives
et canoniques,maisdansle fait,une hiérarchiedistincte,à peu près indépendante
et dont les vuess'accordentrarementavecceltesdu clergéséculier.
CottMCo
delacommunidad.
3~ Ï.ÏVREïït.
Le missionnairede San Fernandoétoit uncapucinaragono!s,très-avanceen
âge, maisencorepleinde vigueur et de vivacité.Son extrêmeembonpoint, son
humeurjoyeuse, sonintérêt pourles combatset les sièges, s'accordaientassez
malavecles idéesque l'on se forme, dansles paysdu nord, de la rêveriemélan-
coliqueet de la vie contemplativedes missionnaires.Quoiquetrès-occapëd'une
vachequi devoitêtre tuée le lendemain, ce vieux religieux nous reçut avec
bonhomie;il nous permit de tendrenos hamacsdansun corridorde sa maison.
Assis,sansrien faire, pendant lamajeurepartiedu jour dans un grandfauteuil de
bois rouge, il se plaignoitamèrementde ce qu'ilappeloit la paresseet 1 ignorance
desescompatriotes.Hnousfit millequestionssur le véritablebut de notre voyage,
qui lui parut hasardeuxet pour le moinstrès-inutile.Ici, commeàl'Orénoque,
nousfûmes fatiguéspar cette vive curiositéque conservent les Européens, au
milieudesforêtsde l'Amérique.pour lesguerresetlesoragespolitiquesdel'Ancien-
Monde.
Notremissionnairesembloitd'ailleurstrès-satisfaitde sa position.Il traitoit les
Indiensavecdouceur; il voyoit prospérersa mission; illouoît avecenthousiasme
leseaux, les bananeset If laitagedu canton.La vue de nos instrumens, de nos
livreset de nos plantessècheslui arrachoitun souriremalin; et il avouoit, avec
la naïvetéqui est propre à ces climats, que, de touteslesjouissancesde la vie,
sansen excepterle sommeil,aucunen étoit comparableauplaisirde mangerde
la bonneviandede vache, carne <~focco tant il estvrai que la sensualitése
développepar l'absencedes occupationsde l'esprit. Notre hôte nous engagea
souventà visiter aveclui cette vache qu'il venoitd'acheter et, le lendemain,
aulever du soleil, nousne pûmesnousdispenserde la voirtuer à la manièredu
pays, c'est-à-direen coupant le jarret, avantd'enfoncerun large couteaudansles
vertèbresdu cou. Quelquedégoûtanteque fût cette opération, elle nousapprit
à connoîtrel'extrêmeadressedes IndiensChaymas,qui, au nombrede huit, en
moins de vingt minutes, parvinrent à couper l'animalen petites portions. Le
prix delavachen'étoit que de septpiastres,et ce prix sembloittrès-considérable.
Le mêmejour, lemissionnaireavoitpayédix~huitpiastresà unsoldatde Cumanay
pour avoir réussi, aprèsplusieurstentativesinfructueuses,à le saignerau pied.
Ce fait, peuimportanten apparence,prouve, d'une manièrefrappante,combien,
dansles paysincultes, le prix des chosesdiQèrede celuidutravail.
La missionde San Fernandoa été fondéeà la findu dix-septièmesiècle, près
de la jonctiondes petitesrivièresduManzanarèset de Lucasperez Un incendie,
7?M~.
CoM/tn, cor<c~ZVMet~~M&MM~ p.3oQ.
CHA~TRZV!. 375
'1- .1"T:J' ,e ~a.e:. m
qui consumal'église et lescabanesdesIndiens, engagea eapacins&ptacer le
!es
villagedansle beau s4<te qu'il occupeaujourd'hui. Le nombredte familless'est
accru jusqu'àcent et le missionnairenous&tobserverquel'usage que~uivent
tesjehne~gens, dese marieral'âge de trei~ ou quatorzeans, contribuebeaucoup
à cet accroissementrapide de la population, tinioit que la vieillessefut aussi
précoceparmites IndiensChaymas,quele croient eommunéBMnt les Européens.
Le gouvernementdeces communes indiennes est d'ailleurstrès-compliqué;elles
ont leur gouverneurrieurs alguazilsmajors et leurs commandansde milice,
qui sont tous des indigènescuivrés. La compagniedes archers a ses drapeaux,
et fait l'exerciceavecl'arc et laflècheen tirant auManc c'est la gardenationale
du pays. Cet appareil militaire, sous un régimepurement monastique, nous
parut bien singulier.
La nuit du 5 septembre, et le matin suivant, il y eut une brume épaisse;
nous n'étions cependant pas élevés de plus de cent toises au-dessus de la
surfacede la mer. Je déterminaigéométriquement au moment de partir, la
hauteur de la grandemontagnecalcaireptacée&800toises de distance,au midi
de San Fernando, et coupéeà pie versle nord. Ellen'est que de 2ï5 toisesplus
élevéeque la grandeplace; maisdes massesnuesde rochers, que l'on découvre
au milieud'unevégétationépaisse,lui donnentun aspecttrès-imposant
Le chemin de San Fernando à Cumana passe, au milieu de petites
plantations,par une vallée ouverte et humide. Nous traversâmesà gué un
grand nombre de ruisseaux.A l'ombre, le thermomètrene se soutenoit pas
au-dessusde 3o"; mais nous étions exposés aux rayonsdirects du soleil,
parce que les bambousiersqui bordent la route ne présentoientqu'un foible
abri, et nous sounrîmesbeaucoupde la chaleur.Nous passâmespar le village
d'Arenas, habité par des Indiens qui sont de la même race que ceux de
San Fernando; maisArenasn'estplus une mission, et les indigènes,gouvernés
par un curé', y sont moins nus et plus policés. Leur église est d'ailleurs
connuedans le pays,à causede quelquespeintures informes.Une frise étroite

BMe versla montagne,


dirigée 14°a5'6"et15°ty'36".Baromètre
dehauteur,
agopieds.Angte: de
6,7tignesptasbas
qu'auportdeCnnMna.Haatearatt-desMsdunivean ai~-{-93:=3o8toisea.
dela mer,
Dela grandeplacedeSat.Fernando, delimposible
la montagne gitN.74*0.,etlavilledeCmmanacoa
S.4t"E.
Le9qxatrev!t!agetd'Arenas,Maca)'apana,MarigaitaretAncagua,<ondeepardescapucintd'Aragon,
portent te nomde Coc<rMt<M <<<
BncoBMent&t.
Ï.IVRE ïtï.
3~6
renfermedes figuresd'Armadils, de Caymans, de Jaguars.et autres animaux
du NouveauMonde.
C'estdans ce mêmevillageque vit un laboureur, Francisco LoZano, qui
offreun phénomènede physiologiebien propre à frapper l'imagination,quoi-
qu'il soit très-conformeaux lois connuesde la nature organique.Cet homme
a nourri un fils de son propre lait. La mère étant tombée malade, !e père,
pour tranquilliserl'enfant, te prit dans son lit et le pressa contre son sein.
Lozano, âgé de trente-deuxans, n'avoit point remaMpié,jusqu'à ce jour,
qu'il eût du Iait~ma!sl'Irritation de la mamelle, sucée par l'enfant, causa
l'accumulationde ce liquide. Le lait étoit épais et fortementsucré. Le père,
étonnéde voir grossir son sein, donna à téter à l'enfant, pendant cinq mois,
deuxou troisfois par jour. Il attiroit sur lui l'attention de ses voisins,mais
il n'imag~oit pas, commeil auroit fait en Europe, de mettre à profit la
curiosité qu'il excitoit. Nous avonsvu le procès-verbaldressé sur les lieux
pour constaterce fait remarquable.Les témoins oculairesvivent encore ils
nous ont assuré que, pendant l'allaitement,le EIs ne reçut aucune autre
nourritureque le lait dupère. Lozano, qui ne se trouvoit pas à Arenaslors
de notre voyagedans les missions,estvenu nous visiter à Cumana. Il étoit
accompagnéde son filsqui avoit déjà treizeou quatorze ans. M. Bonpland a
examinéattentivementle sein du père, et l'a trouvé ridé comme chez les
femmesqui ont nourri. Il observa que le sein gauche étoit surtout très-
dilaté, ce que Lozanonous expliquapar la circonstanceque les deux mamelles
n'ont jamaisfournile latjt.avecla même abondance.Don Vicente Emparan,
le gouverneurde la province,a envoyéà Cadix une description circonstanciée
de ce phénomène.
Iln'est pas très-rarede trouver, parmi les hommeset lesanimaux desmâles
dont les mamellesrenferment du lait, et le climat ne parott pas exercerune
influencebien marquée sur cette sécrétion plus ou moins abondante. Les
ancienscitent le lait des boucsde Lemnosct de Corse:encore de nos jours,
on a vu, dans le pays d'Hanovre,un bouc qui, pendant un grand nombre
d'années,fut trait de deux jours l'un: il donnoitplus de lait que les chèvres*.
Parmi les signesde la prétendue foiblessedes Américains,les voyageursont
~~<M./<MnM<&at~emamm<tnMt<<M<e<. t8.
t8ot,p.6. ~M-,B/e)!t..P~t)'o/Tom.Vn,P.!t,p.
B/Mmen&t<-A,
~e~teA.~na< t8o5,p. 504.~onSf~cAft ~Magaz.,ty8y,p.y53./M<,~M-A.
der
~A~McA,Tom.IU,p.43g.~on~m,G<M.~e~aB~8t9,p.t~.
CBAPÏTBEVÏ. ~77
fait mention du lait contenudansée seindes hommes*,t~~ cepenoant peu
probable que ce phénSmèneait jamaisété observéchez une peupladeentière,
dans quelquepartie de l'Amérique mcohnueaux voyageM~modernes~~ je
affirmer il n'est pas plus commun dans le Nouveau-
puis qu'aujourd'hui,
Continentque dans l'ancien. Le laboureur d'Arenas, dont nous venons de
rapporter l'histoire, n'est pas de la race cuivrée des Indiens Chaymas c'est
un homme blanc, descendant d'Européens. De plus, les anatomiste&de
Pétersbourg ont observé que, chez le bas-peuplerusse, le lait, dans les
mamellesdes hommes, est beaucoup-plus fréquentque chez les nationsplus
méridioaales,et lesRussesn'ont jamaisétéconsidéréscommefoibleset enéminés.
Il existe, parmi les variétésde notre espèce,une race d'hommes, dont le
sein, à l'âgede la puberté, offreun volumetrès-considérable. Lozano n'appar-
tenoit pas à cette classe, et il nous a répété souvent que ce n'est que
l'irritationde la mamelle, effet de la succion qui lui fait venir le lait.
a
Cela confirmel'observationdes anciens3 qui remarquent « que les hommes
qui ont un peu de lait, en donnent abondamment,dès qu'on suce leurs
mamelles.» Ces effets singuliersd'un stimulus nerveuxétoient connus aux
bergers de la Grèce ceux du MoUt-Oetasfrottoientlesmamellesdes chèvres,
qui n'avoient pas encore conçu, avec de l'ortie, pour leur fairevenir du lait.
Lorsqu'onréfléchitsurl'ensembledes phénomènesvitaux, on trouvequ'aucun
d'eux n'est entièrementisolé.Dans tous les siècles,on a cité des exemplesde
jeunes filles non nubiles, ou de femmes dont les mamellesétoient flétries
par l'âge, qui ont nourri des enfans. Chez les hommes, ces exemplessont
infiniment plus rares; et, après bien des recherches, j'en ai trouvé à peine
deux ou trois.L'un est cité par l'anatomistede Verone, AlexandreBenedictus,
qui vivoit à la fin du quinzième siècle.Il raconte 4 l'histoire d'un habitant
de la Syriequi, pour calmer l'inquiétudede son enfant, après la mort de la
mère, le pressacontre son sein. Le lait dès-lorsvint avecune telle abondance,
que le père seul put se chargerd'allaiterl'enfant.D'autresexemplessetrouvent
On a même atRnné que,dansunepartie
gravement duBréaH,
c'étoient
teshommes,
etnontesfemmes,
quinourrissoient
tesenfans. Storia
Clavigero, diJMeMM-o,
Tom.!V,p.169.
OMHtMnt.J*e<ny., Tom. m, p. 376. e
~Wtt., ~Mt. <HMm.,<[&.3, cap. ao, ed. D«Mt<,1639, Tom. Il, p. a59.
MaripetnM sacrt ordinis equestris tradtdtt, Syrum quendam, cui ntms mfans, mortua con)nge,
Mpererat, ubera saepiaaadmo~risse,ut Smëm Stu v8gientis frustraret, continuatoque suctu lacte manasse
papittam;quo exinde nutritus est, magno totius orbis miraculo.Alex. Benedictihum. corp. ~fn<t<ome/Bas.,
t5t9,!tb.3,cap.4,p.595.Bat-<Ao/t~!f.~tKt<om.,t648,p.5a.
Relation AMtOr~HC~
ZbyM7. 48
3~8 nv&Ein,

rapportes par SantoreHus,Faria, jet parl'évequed~ Cpr~e}Robert. Comme !a


plupart de ces phénomènesont été observés dans desjt~mps assez éteignes,
il n'est pas sans intérêt pour la physïologie, qu'on ait pu les constater de
nos jours. Ils touchentd'ailleursde très-près à la discussiontant rebattue sur
les causesfinales. La présence de la mamelle chez l'homme a long-temps
embarrasséles philosophes et récemmentencoreon n'a pas hésitéd'a~rmer
Mque ta nature a refusé à l'un des sexes la faculté de nourrir, parce que
« cette faculténe seroit pasd'accord avecla dignitéde l'homme. »
En s'approchantde la ville de Cnmanacoa,on~trouve un terrain plus uni
et une valléequi s'élargitprogressivement.La petite ville,est située dans une
plaine nue, presquecirculaire, environnéede hautes montagnes:elle offreun
aspect t morne <t triste. Sa population s'élève à peine à 2,300 habitant du
temps du~père Caulin~ en ï~53, elle n'étoit que de 600, les maisons sont
très-basses,peu solides, et, à l'exceptionde trois ou quatre, toutes construites
en bois.Nous parvînmescependant à placer nos instrumens, d'une mantere
assez avantageuse, chez l'administrateurde la régie du tabac, Don Juan
Sanchez.C'étoit un homme aimable, doué de beaucoupde vivacité d'esprit.
It nous avoit préparé une demeure spacieuseet commode.Nous y passâmes
quatre jours, et il voulut bien nous accompagnerdanstoutes nos excursions.
Cumanacoafut fondée, en ï~t~, par Domingo Arias*, au retour d'une
expéditionfaite à t'embouchuredu Guarapiche,pour détruire un étaMissement
tenté par des flibustiersfraneols. La nouvelleville prit d'abord le nom,de
San Baltazar de La~~no~, mais la dénominationindiennea prévalu,
commele nom de Caracasa fait oubliercelui de Santiagode Leon, que l'on
trouve encore souventsur nos cartes.
En ouvrant le baromètre nous fumes frappés de voir la colonne de
mercureà peine de ~,3 lignesplus courte que sur 'les côtes. L'instrument ne
paroissoitcependant aucunementdérangé. La plaine, on plutôt le plateau,

G<t~r.
AMC~tMt~ ~M<.natur.CM'. t~at,p. 332.Misc.<M;a<
&tn<&)M& nat.Cta' t688,p. atg.
~At&<tM.,i74i,p.8)o.
Comment.~'e<rcp.,Tom.ïH, p. ayy.
Hist. Cor.,pt3t)9et3t7.DeavoyagenrsféceMdonnent4CmoittMCoa~mepopu!ati<Mtde5,<MMMnet;
mais faitobserver
j'aidéj& plushaut(Chap.
tV~p.9g8)quejen%mesuit Mrét6
àdesnombres moi~~rattda
desrecherches
qu'après faites aveclesofficiers
conjointement tinroietdescolons
tres-tnteHxMM.
LepèreCanUn assure la
que vaUée dams Ariasfitlespremières
laquelle très-
e<tnstructtoas,portoit
anciennement
lenomdeCumanacoa mais
lesBiacayens
revendiquentlaterminaison
coo,q uitMaiBe
em
basquedeCumana oudépendantt<eCtfBMna,
comme dansJaungoitoa, etc.
Baeoco<n
1.
CHtPÏTM~ï. ~79
dans ÏM~ellà ville de Cumanacoaest située, na pas attela de 104 totses
d'élévationau-dessus~u niveau de l'Océan c'est trois on quatre fois' moins
que te apposentles habttans de Cnmaha,à cause des idées exagéréesqu'tls
ont du troid de Cumamac&a. Maisla différencede climat qae l'on observe
entre deslieux si voisins, est peat~tre moins due &la hauteur du site qru'à
des circonstanceslocàïCsparmi lesquellesnous citerons la proximité des
forêts, la fréquence des couransdescendans, si communs dans des vallées
fermées,rabondancedes pluies, et cesbramesépaissesqui diminuent, pendant
une grande partie de l'année, l'action directe des rayonssolaires. Le
décroissementde la chaleur étant à peu près le même entre les tropiques
et, pendant t'été, sous la zone tempérée, la foible différencede niveau de
cent toises ne détroit produire qu'un changementde température moyenne
de i" à t°,5. Nous verrons bientôt qu'à Cumanacoa.la différences'élève à
plus de quatre degrés.Cette ffatcheùrdu climat est d'autant ptussurprenante,
que l'on éprouve encore des chaleurstres-tbrtesà la ville de Carthago à
Tomependa, situé sur le bord'de la rivière des Amazoneset dans les vallées
d'Aragua, à t'ouest de Caracas quoiquela hauteur absoluede ces différens
lieux soit entre 200 et ~80 toises.Dans la plaine commesur les montagnes,
les lîgnes Mot~erMMne sont pas constammentparallèlesà Féquateurou à la
surfacedu globe C'est le grand problèmede la météorotogiede déterminer
lesindexionsdpceslignes,et de reconnottre,aumilieudesmodificationsproduites
par descauseslocales, les lois constantes de la distribution de la chaleur.
Le port de Cumanan'est éloigné4 de qumanacoa que d'environ sept lieues
marines.H ne pleut presquejamais dans le premier de ces deuxendroits;
tandis que, dans le second, il y a sept mois d'hivernage.A Cumanacoa les
sécheresses règnentdepuislesolsticed hiverjusqu'à l'équinoxedu printemps.De
petitespluiessontassezfréquentesdanslesmoisd'avril, demaiet de juin; à cette
époque,lessécheresses reprennentde nouveau, et durent depuislesolsticed'été
jusqu'à lafin d'août enfinsuivent lesvéritablespluiesd'hivernage,qui necessent

~<y<tnnMémotre surlesréfraettOM dans


mesOA<.
hottiMmtaIes, Vot.1,p.i agett4t,etplus
<M<r.,
hant,danscetteRelation,
p.ttg, t4tett83
Dansla province de Popayan, ta chatear est t'eftet de la rérerberatmn des plaines.
Toyet mea~«rnetM <&<K<<~<~tbnegto~apA«!<t~&M<<tnMt~ <«-<tn<&<m
t'<~&<entper~eftt
et o&tttMfMMnt
,n!Ott<tam,danttesA<K'.Geo.e<~<c.,Tom,t,p.xxvm,ed.in-4°.
La distance Itinéraire est comptée, dans le pays, de ta lieues, mais ces Henesont à peine aooo toises.
te conclus la distance vraie des observations astronomiquesque j'ai faites à Cumana et Cumanacoa, et qui
ont été publiéesen 1808.
38b HVJtE t!t.

qu'au mois de novembre; et pendantlesqueltest des iorrensd'eau descendant


du ciel. D'après la latitude deCumanacoa,lesoIei!passe par !e zénith de
lieu, la premièrefbis~Iet6 avril, et, la secondefois, le 2~ aout' Onvoit,
par ce que nous venonsd'èxpose! que,ces deux passagescoïncident avec le
commencementdes pluieset des grandesexplosionsélectriqtKS.
C'est pendant l'hivernageque nous fnnes notre premier séjour dans Jes
missions.Toutes les nuits une brume épaisse éouvroit le ciel comme un
voile uniformément répandu, et ce ne fut que par des éclaircies que je
réussisà faire quelques observationsd'étoiles. Le ~thermomètrese.soutenoit,x
de i8°,5 à 20°, ce qui sous cette zone, et au sentiment d'un voyageurqui
vient des côtes, indique une assez grande fraîcheur. A Cumana je n'ai
jamaisvubaisserla températurede la nuit au-dessousde aï". L'hygromètrede
Delucindiquoit, à Cumanacoa,85", et, ce qui est assezremarquable dès
que les vapeursse dissipoientet que les étoilesbrilloient de tout leur éclat,
l'instrument rétrogtadoit jusqu'à 55". Cette différence de sécheressede 3o"
n'auroit fait varier l'hygromètrede Saussureque de tt". Vers le matin, la
températureaugmentoit lentement, à causede la force de l'évaporation, et,
à dix heures, elle ne s'élevoitpoint encoreau-dessusde ax". Les plus fortes
chaleursse font sentir de midi à trois heures, le thermomètrese soutenant
entre 26 et 27 degrés.L'époque du maximumde la chaleur, qui a lieu environ
jfteux heures après le passage du soleil au méridien étoit marquée très-
régulièrementpar un orage qui grondoit de près. De gros nuages noirs et
très-basse dissolvoientenfuies; ces aversesduroientdeax à trois heures, et
faisoientbaisserle thermomètrede cinq à six degrés. Vers les cinq heures, la
pluie cessoit entièrement; le soleil reparo~ssoitpeu avant son coucher et
Ihygromètre marchoit vers la sécheresse;mais, à huit ou neuf heures du
soir~ nous étions de nouveau enveloppésdansune couche épaissede vapeurs.
Ces changemensdivers se suivent, ce qu'on nous assuroit pendant des
moisentiers, d'aprèsuneloi uniforme,et cependanton ne sent pas le moindre
soufflede vent. Des expériencescomparativesm'ont fait croire, en général,
que les nuits de Cumanacoasont de t à 3 et les jours de 4 à 5 degrés
centésimauxplu~ frais qu'au port de Cumana. Ces différencessont assez
grandes;et si, au lieu d'mstrumensmétéorologiques,on ne consultoit que le
sentimentqu'on éprouve, on les supposeroitencore
plus considérables
=*.
'.Dei4'8-t6"R.
Cumanacoa, le 6 septembre t~g, &minuit: <~BM)!)~, t~R; ~wn~M,M''Deluc(bnmM).
CHAPITREVI. 38t
ï~a végétatMMï de la~)'t!n<*
plaine<tM<
qui<environne
'nvn'n)f)n«la
!&ville
viUet est
est assë~
àssë~ monotoney
ïBonotone.
y
due à l'extréme hunudité de
mais remarquable par une grande ira~ehear
l'atmosphère.Ce qui la caractériseparticulièrementest une Solangearbores-
cènte ~i a quarantepieds de hauteur~ lUrttca baccifera, et une nouvelle
espèce du genre Guettarda '.La terre est très-fertile, et elle pourroit même
être arrosée facilement, si l'on faisoit des saignées à un grand nombre de
ruisseauxdont les sourcesne tarissent pas de toute l'année. La production
la plus précieusedu canton est le tabac c'est aussi la seule qui ait donné
quelque célébritéà une ville si petite et si mal construite.Depuis l'intro-
ductionde laj~rime' en 1779, la culture du tabacest à peu près restreinte,
dans la provincede Cumana,à la seule vallée de Cumanacoa,de mêmequ'an
Mexique elle n'est permise que dans les deux districts d'Orizaba et de
Cordova. Le systèmede la fermeest un monopoleodieux au peuple. Tout
le tabac qui a été récolté, doit être vendu au gouvernement;et, pour éviter,
ou plutôt pour diminuer la fraude, .on trouvé plus simple de concentrer
la culturesur un même point. Des gardesparcourentle pays pour détruire
les plantations qui se formenthors descantons privilégiés;ils dénoncent les
malheureuxhabitansqui osentfumerdes cigarresqu'ils ont préparéesde leurs
mains. Ces gardes sont pour la plupart Espagnols, et presque aussi insolens
que ceuxque nous voyons fairele même métier en Europe. Cette insolence
n'a paspeu contribuéà entretenirla haine entre les colonieset la métropole.
Aprèsles tabacsde t'Hede Cuba et du Rio Negro, celui de Cumana est
des plus aromatiques, ïl l'emportesur tousles tabacs de la Nouvelle-Espagne
et de la provincede Varinas.Nousdonneronsquelquesdétailssur sa culture,
parce qu'elle diffère essentiellementde cellequi est usitée en Virginie. Le
développementprodigieuxque l'on remarque dans les Solanéesde la vallée
Le7septembre, àlamême heure;fAenMmet~, t4'8R. Aygr., Ata**
8S°,8. a~delanuit <A<-rm.
t6<4R.A~r.,M'3( cielétoile ).At'*4'dehnutt;<A<rm.,t5''R.hygr.8a"(ctel concert,brtunenx;
arc-en-ciel
lunaire;éclairs
dechaleur danslelointain). à 8''dumatin;
Le septembre, ~fnn.,ty~aR.i
( cielconvert
~gf., 7a<' aa'R. A~ 48°.A7' après
). At''45',<Aemt., la pluieet l'orage;
~~m.,1
t7°,3R. A~ 5a°.Ato'*dnsoir;tAenn., i6°,4R. hygr.8a°( brume
). LavalléedeCumanacoa est
adiorages.
tres-etposee Onassure qu'aumoisd'octobre,onentend letonnerre
gronder lamajeurepartie
dujour.'
Ces arbres sont entoures de Galega pitosa, Stellaria rotundifolia, Aegiphila elata Swartz, Sauvagesia
erecta, Martinia pérennisa et d'un grand nombre de Rivina.La savane de Cumanacoa oSre parmi les
graminées, le Paspalus tenticularis, Panicum adscendens, Pennisetum aniflorum, Gynerium saccha-
roides, Eleusineindica, etc.
Emanée~<t~de TMoco.
38~ MVBEÏïï.

de Cumanacoa,surtout dans les espècesmultipliées de Solanum arboreacëns,


d'Aquartiaet de Cestrum, semble indiquer combience Mteeft&vûraMe aux
plantationsde tabac.On en sèmela graineen pleineterre, au commencement
de septembre: quelquefois on attend jusqu'au mois de décembre, ce qui est
moins avantageuxpour la récolte. Les cotylédonsparoissentle huitième jonr;
on couvre les jeunesplants de larges feuillesd'Heliconia et de Bananiers
pour tes garantir'de l'action directe du soleil, et l'on a soin d arracherla
mauvaiseherbe qui pousse, entre les tropiques, avec une enrayanterapidité.
Le tabac est transplanté, dans une terre grasse~et bien ameublie un mois
et demi après que la graine a levé. Les plants se disposent par rangées
bien alignées, à trois ou quatre pieds de distanceles uns des autres. On a
soin de sarclersouvent, et l'on ~M&?,à plusieursreprises, la tige principale,
jusqu'àce que des taches bleu-verdâtreindiquent au cultivateur la m<j~Mr~
des feuillffs.
On commence à lescueillirdans te quatrièmemois 'et généralement
cettepremièrerécottese terminedanst'espacede peu de jours,tl seroitpréférable
de ne récolterlesfeuillesqu'à mesurequ'ellessèchent. Dans de bonnes années,
lescultivateurscoupent le plant lorsqu'ila quatre pieds de haut, et le jet qui
naît de la racine poussede nouvellesfeuillesavecune telle rapidité, qu'elles
peuvent déjà être cueillieste treizièmeou le quatorzièmejour. Ces dernières
ont le tissu cellulairetrès-étendu ellesrenfermentplus d'eau, plus d'albumine
et moins de ce principe âcre volatil et peu soluble dans l'eau dans
lequel
paroit résiderla propriété excitante du tabac.
La préparation qu'on fait subir à Cumanacoaau tabac récolté est celle
que les Espagnolsapposent de cura ~eca. M. de Pons l'a très-bien décrite
telle qu'ellese pratique à Uritucu et dans les valléesd'Aragua On
suspend
les feuillesà des fils de Coculza"; on leur enlève ta côte, et on les tord'en
corde.Le tabac préparédevroitêtre porté dansles magasinsdu roi, au moisde
juin mais la paressedes habitâns et la préférencequ'ils donnent à ta culture
dumaïs et du manioc, les empêchentle plus souventde finir la
préparation
avant le moisd'août. !t est aisé de concevoirque les
feuilles trop long-temps
exposéesà unair éminemmenthumide, perdentdeleur arôme.L'administrateur
de la ferme conserve, pendant soixante
jours, et sans y toucher, le tabac
déposédansles magasinsdu roi. Lorsque ce temps est écoulé, on ouvre les

~o)~àla Terre-Ferme,
Vol.II, p, 3ooà 3o6,
Agare americana.
CBAPtTRiEVt. $83

M~jt R~r tabac


~t~p!i~~)e~at~c~
~;j[tVM~Bt~Cette me~~qHai~reven~ ''au
p~~de.:do~e .pitastres~et'
qu.i est entréde nouveau en ~nneatattoa, est br&Mem~p cuttïv&teur
([Ht a..fecaïes avances de~ te ~ruit ~uh
longtravaH.Nousvtmes détruire, sur ~grande''pïace~~des tas de cinq cents
arabes, qui auroient sans douteservi en Europe, pour en faire du tabac
en poudre. _j_
Le sot de Cumanacoa estsiprapfe a cette branchede culture, que le tabac
devient sauvagepartout ou Ïa geainetrouvequetquehumidité.C'estainsi qu'il
croît spontanémentau Cerro del Cuchtvanoet autour de la cavernede Caripe.
D'aiUeurs, la seule espèce de tabaccuhivée & Cumauacoa, comme dans les
districts voisinsd'Aricaguaet de San Lorenzo, est !e tabac à larges <eui!!es
sessiles appelé tabac de Virginie. On n'y connott pas !e tabac à feuilles
pët!olëes~, qui est le véritableye~ des anciens Mexicains quoiqu'on le
désigneen Attemagnesous te nom bizarre de ~&ac turc.
Si la culture du tabac ëtoit!ibre,ïa province de Cumana pourroit en
pourvotr une grande partie de l'Europe il paroft même que d'autrescan-
tons ne seroientpas moins <avorabtesà cette branche de l'industrie coloniale,
que la vallée de Cumanacoa,dans laquelledes pluies trop abondantesaltèrent
souventles propriétés aromatiquesdes feuiues.Aujourd'hui que Fagricutture
est restreintedans un espace de quelques lieuescarrées, le produit total de la
récoiten'est que de 6000 arobes Cependant, lesdeux provincesde Cumana
et de Barce!onaen consommentta,ooo; ce qui manque est fourni
par la
Guiane espagaote.B n'y a, en que t5oo individus
général, qui s'adonnent,
danslesenvironsde Cumanacoa,à là recettedu tabac.Cesont tous des Mânes
l'espoir du gain y engage dimcilementles indigènes de race Chaymas et la
fermene regarde pas comme prudent de teur faire desavances.
En étudiantl'histoirede nosplantescuttivées, on est surprisde voir qu'avant
la conquête,Fusagedutabacétoit répandu dansla majeurepartie de
l'Amérique,
Nicotiana
TMMcunt.
*N{cM!amaT)Mttca.
~<«M ~o~. <~ &t Abm-eMt-~Mtg!)~ Tom. n,
p. 44~. En Crm~e, on cmtttTede pre~Mnee le
Nicotiana pan:t:u!ata. faMm)~.RenMM diettMÏ. Nt<t«Aa&er<cA< Tom. 11,
p. 3~7.
récolte de ~98 <to!tde 3~00 afobee; eeUede 1799, de 6too.
La
v
38~ LIVRE UÏ.
t' t
la
tandisque pomme de terreétoit inconnue,tant auMexiquequ'aux âesAntIMes~
~J. n~

où ellevientcependant très-bien le,tabac


da~sles régions montueuses.Demême,
a été cultivéen Portugal dès l'année t5~g, tandis quela pommede terre n'est,
devenueun objet de l'agricultureeuropéenneque depuis la Bndu dix-septième
et le commencement du dix-huitièmesiècle Cette dernière plante~ qui a influé
si puissammentsurle bonheurde la société, s'est répandue dansles dpuxconti-
nens avec plus de lenteur qu'une production qui ne peut être considéréeque
commeun simpleobjetde luxe.
Aprèsle tabac, la culturela plus importantede la vallée de Cumanacoaest
cellede l'indigo.Lesindigoteriësde Cumanacoa, de San Fernando et d'Arenas
en produisent qui~ dansle commerce est encore plus estimé que celui de
Caracas il approchesouvent, pour l'éclatet la richessedela couleur, de l'indigo
de Guatimàla.C'estde cette provinceque l'on a reçu, surlescôtesde Cumana,
la première graine de l'tndigoferaAnil, qui est cultivé conjointement avec
l'Indigoferatinctoria Comme dans la vallée de Cumanacoales pluies sont
très-fréquentes,une plante de quatre piedsde haut nëTÏonn~pas plus de matière
colorantequ'en onriroit uneautre trois fois pluspetite dans les valléesarides
d'Aragua, à l'ouestde la ville deCaracas.
Toutes les indigoteriesque nous avonsexaminéessont construitesd'aprèsles
mêmesprincipes.Deux trempoirs ou cuves qui reçoiventl'herbe destinéeà la
pourriture, sont accouplées. Chacuned'elles a i5 pieds en carré sur a? de
profondeur.Ces cuvessupérieuresversent le liquide dans les batteries, entre
lesquellesest placé le moulinà eau. L'arbre de la granderoue traverse les deux
batteries; il est garni de cuilléres à longsmanches, propres au battage. D'un
reposoir spacieux, la féculecoloranteestportée dansles séchoirs', où elleest
étaléesurdes planchesdeBresilet,qu'onpeut, au moyendepetitesroulettes,placer
sousuntoit, sila pluiesurvientinopinément.Cestoits, inclinésettrès-bas,donnent
deloin aux séchoirsl'aspectd'uneserre.Je n'entreraipoint ici dans plusde détails
surlafabricationdes productions coloniales jesupposele lecteurInstruitdans la
théoriedesarts chimiques,et je me borne auxobservationsqui peuventéclaircir
des questionsmoinsrebattues.Dansla valléede Cumanacoa,la fermentationde
l'herbesoumisea la pourriture se faitavec une promptitudeétonnante.Ellene

Lesindigos
répandusdanslecommercesontdusa qnatre
espècesdeplantesa t.tinctona,&ï. Anil,
à1 argentea
etI. disperma.
Am RioNegro,prèsdesfrontières
duBrésU, nousavonstrouvé le
maisseulement sauvage
Largentea, dansdeslieuxanciennement
hajtites
partesIndiens.
O~c~naspara secarel ant/.
CHAPITRE VI. 385
dure généralement
Mnt qque quatre à cinq
ue quatre cinq heures.
heures. Cette courte durée
Cette courte ne doit
durée ne être
doit être
à
attribuée qu'à l'humiditédu Climat,'et l'absence du soleil le
pendant dévelop-
pement de la plante. J'ai cru observer, dansle coursde mesvoyages,que plus
le climatest sec, plus lacuvetravaillelentement,et plus aussiles tigesabondent
en indigoauminimumdeloxidation, Dans.laprovincede Caracas,où 56a pieds
cubesd'herbe légèremententasséedonnent 35à ~o livresd'indigosec, le liquide
ne passe dansla batterie qu'aprèsvingt, trente ou trente-cinq heures. Il est
probableque leshabitans de Cumanacoaretireroientplus de matière colorante
de l'herbeemployée,s'ilsla laissoienttremper plus long-tempsdansla première
cuve1. J'ai dissoutcomparativement,dans de l'acide sulfurique,pendant mon
séjourà Cumana, l'indigoun peu lourd et cuivreuxde Cumanocoaet celui de
Caracas.La dissolutiondu premier m'a paru d'un bleu beaucoupplus intense.
Maigrel'excellencedes productionset la fertilité du sol, l'Industrieagricolede
Cumanacoaest encore, dans sa premièreenfance. Arenas, San Fernando et
Cumanacoane versent, dans le commerce, que 3oo<~livres d'indigo, dont la
valeur est, dansle pays, de ~5oo piastres.On manque de bras, et la foible
populationdiminue journellementpar des émigrationsdans les Llanos. Ces
savanesimmensesoffrentà l'hommeune nourriture abondante, à causede la
facilemultiplicationdes bestiaux, tandis que la culture de l'indigoet du tabac
exige dessoins particuliers.Le produit de, cette dernièrebranche est d'autant
plus incertain, que l'hivernageest plus ou moins prolongé.Les laboureursse
trouvent dans la dépendancede la ferme royale qui fournit des avances
pécuniaires et ici commeen Georgieet en Virginie on préfère la culture
des plantes alimentairesà celledu tabac. On avoit proposé récemmentau
gouvernementde faireacheter, aux frais du roi, quatre cents nègres, et deles
distribueraux cultivateursqui seroienten état de rendreles avancesd'achat en
deuxou trois ans.Par ce moyen, on comptoitporter la récolteannuelledu tabac
jusqu'à15,ooo arobes.J'ai vu, avecsatisfaction que ce projet a été blâmépar
beaucoupde propriétaires.On ne pouvoit espérer qu'à l'exemplede quelques
partiesdesÉtats-Unis, on accorderoitlalibertéaux nègresou àleurs descendans,
après un certain nombre d'années, et l'on devoit craindre, surtout depuis les
funestes événemensà l'île,de Saint-Domingue d'augmenterle nombre des

LeseoloM assez
pensent quelafermentation
généralement del'herhenedevrait durermoins
jamais
dedixheures.
B«Htf<M<
/M<Ht,.~<&ftœSgo<Mf,
p.8t.
à.
~efmn, ~Vo~son ~t~nM, p. 306 et p. 388.
Relation historique ?b~ I. 49
386 t!V]\E ïï!.
esclaves
ssur
esclaves laTerre-Ferme.
ur la Unepolitique
Terre-Ferme.Une prudenteas souventtes mêmes
politiqueprudente effets
que lessentimensplusnobleset plus rares de la justiceet del'humanité.
La plaine,de Cumanacoaparseméede fermeset de petitesplantationsd'indigo
et de tabac, estentouréedemontagnesqui s'élèventsurtoutvers Ip sud, et offrent
undoubleIntérêt au physicienet au géologue.Tout annonceque lavaMéeestle
fond d'un ancientac; aussiles montagnesqui en ont forméjadis le rivage, sont
toutestailléesà pic ducôté de la plaine.Le lac ne donnoitd'issueaux eaux que
du côté d'Arenas.En creusantdes fondations,on a trouvé, près de Cumanacoa,
desbancsde galetsmêlésà de petitescoquillesbivalves.Au rapport de plusieurs
personnestrès-dignesde foi, ona mêmedécouvert il y a plus de trente ans,
dans le fonddu ravin de San Juanillo deux énormesfémurs, de quatre pieds
de loug, et qui pesoientplus detrente livres. Les Indiensles prenoient, comme
faitencoreaujourd'huile peupleen Europe, pour des ossemensde géants, tandis
que les demi-savansdu pays, qui ont le droit de tout expliquer, afnrmoient
gravementque côtoient~desjeux de la nature peu dignesd'attention. Ceux-ci
fondoient leur raisonnementsur la circonstanceque les ossemenshumains se
détruisent très-rapidementdansle sol de Cumanacoa.Pour orner les églisesà
la fête desmorts, onfait prendre des crânesdanslescimetièressur la côte, où
la terre est chargéede substancessalines.Les prétendusfémursde géantsfurent
transportésau portdeCumana.Jelesy aicherchésen vain mais, d'aprèsl'analogie
desossemensfossilesquej'ai recueillisdansquelquesautresparties de FAmérIque
méridionale,et qui ont été soigneusementexaminéspar M. Cuvier 2 il est
probableque lesfémursgigantesquesdeCumanacoaappattenolentà des éléphans
d'uneespèceperdue.On~peutêtre surpris de lesavoirtrouvésdans un endroitsi
peu élevéau-dessusdu niveauactuel deseaux carc'estun fait très-remarquable,
que les fragmensde Mastodonteset d éléphansfossilesque j'ai rapportés des
régionséquinoxialesdu Mexique,de la Nouvelle-Grenade, de Quito et du Pérou,
ne sesont pas rencontrésdanslesrégionsbasses( commedansla zonetempérée,1
lesMegatheriumduRioLuxan3et dela Virginie4,lesgrandsMastodontes de l'Ohio

découverte
Cette fatfaiteparDonAlexandro
Mexias, deCatuaro.
oorrégidor
7!ecAereAM
<tUf oMemetMyoMt/et,Tom. H ( I~pAatM~eMtTM), p. 57.
A une lieue au sud-est de la.ville de Buenos-Ayree.
Le Megatherium de la Virginie est le Megatonht de M. JeBerson. Toutes les dépouilles énormea,
trouvéesdans les plaines du Nouveau-Continent, soit au nord, soit au sud de t'éqnateHr~n'appartiennent
pasà la zonetorride, mais à la zone tempérée. D'un autre cAte,Pa!tas observe qu'en Sibérie, par conséquent
encore hors des tropiques, les ossemens fossiles manquent entièrement dans les parties montueuses.
CHAP~RE Vt. 38y

et~es eléphansfossilesdu Susquehana),mais sur des plateaux de six cents à


quatorzecents toise%dehauteur.
Lorsque 1*00atteint le rivage méridional du bassin de Cumanacôa, on
jouit de la vue de Turimiquiri'. Un mur énorme de rochers, reste d'une
anciennefalaise, s'élève au milieu des forêts. Plus à l'ouest, au Cerro de!
Cuchivano la chaîne de montagnesparo~t brisée comme par l'eSet d'un
tremblementde terre. La crevassea plusde cent cinquantetoisesde largeur elle
est environnéede rochers taillésà pic et remplie d'arbres dont les branches
entrelacéesne trouvent pas despacepours'étendre. On croit voir une mine
ouverte parl'éboulement desterres. Un torrent, le Rio Juagua, traversecette
crevasse,dontl'aspectest extrêmementpittoresque,et quiporte lenomde 7ÏMCO
del Cuchivano.Larivièrenaît à septlieuesdedistanceversle sud-ouest, au pied
de la montagnedu Brigantin, et formede bellescascades,avantde se répandre
dansla plainede Cumanacoa.
Nous visitâmesplusieursfois une petite ferme le Conucode Bermudez,
placé vis-à-visde la crevassedu Cuchivano.Ony cultive, dans les terrains
humides, des bananes, du tabac et plusieursespècesde cotonniers', surtout
celle dont le coton a la couleurfauve du nankin, et qui est si communeà
l'île de la Marguerite3. Le propriétaire de la ferme nous dit que le ravin
étoit habité par des tigres Jaguars. Ces animaux passent le jour dans les
cavernes,et rôdentla nuit autourdeshabitations.Commeils sont bien nourris,
ils atteignent jusqu'à six pieds de longueur.Un de ces tigres avoit dévoré
lannée précédente un cheval appartenant 'à la ferme. Il avoit traîné sa
proie, par un beau clair de lune, à travers la savane, sou%un Ceiba d'une
grosseurénorme. Les gémissemensdu cheval expirant avoient éveillé les
esclavesde la ferme.Ils sortirent au milieu de la nuit, armés de lances et

Comment.
( Nov. t~a, p.N77.
~*<<n;p., ) Cetfaits,intimement
liésentreeux,semblent &I&
conduire
d'unegrande
cenmoimance loigéologique.
Quelqueshabitans prononcent Tumur!qmr!,TuranMqain ou Tnmirtqnu'L Pendant tout le temps de
notre séjour à Cumanacoa, te sommet de cette montagne fut couvert je nuages. Elle devint TuiMe le
)( septembre au soir, mais pour peu de minutes. Je trouvai t'angte de hauteur, à la grande place de
Cumanacoa, de 8° a*.Cette détermination et la mesure barométrique de la montagne qne je fis le t3
peuvent servir à trouver approximativement la distance qui est de 6 millesou 6o5o toises, en supposant
que la partie découvertede nuages avoit 85otoises de hauteur au-dessusde la plaine de Cumanacoa.
Gossipiumunigtandulosmn,improprement appelé herbaceum, et G. barbadense. M. de Rohr a prouvé
combien il règne encore de confusion dans la détermination des variétéset des espèces de cotonniers.
G. reKgiosum.
388 HVKE tl!.

de MMc~p~M Le tigre, couchésur sa proie, tes attendit tranqu!Hemeot~il


ne succombaqu'après une résistance longue et opiniâtre. Ce fait et nombre
d'autres vérinéssur les lieuxprouvent que le grand Jaguar àdela Terre-Ferme,
commele Jaguarëtedu Paraguay et le véritabletigre d'Asie ne fuient pas
devant l'homme lorsque celui-ci veut les combattre corps à. corps et
lorsqu'ilsne sont pas enrayés par le nombre des assaiHans.Les naturalistes
saventaujourdhui que Buffon a entièrementméconnule plus grand des chats
de l'Amérique.Ce que cet écrivaincélèbredit de la lâcheté des tigres du
Nouveau-Continentse rapporte aux petits Ocelots.3, et nous verrons bientôt
qu'à rOrénoque le véritabletigre Jaguarde l'Amériqu&se jette quelquefoisà
l'eau pour attaquerles Indiensdans leurs pirogues.
Vis-à-vis!a fermede Bermudez, deuxcavernesspacieusess'ouvrentdans la
crevassedu Cuchivano il en sort de temps en temps des nammes que l'on
distinguede très-loin pendant la nuit. Les montagnesvoisinesen sont éclairées;
et, à juger par 1 élévationdes rochers au-dessousdesquels ces émanations
enflamméess élèvent,on seroit tenté de croire qu'ellesatteignent une hauteur
de plusieurscentainesde pieds. Ce phénomènea été accompagnéd'un bruit
souterrain,sourdet prolongé,à l'époqueduderniergrandtremblementde terrede
Cumana4.On l'observesurtoutpendant la saisondes pluies, et lespropriétaires
desfermessituées vis-à-visde la montagne du Cuchivanoassurent que les
flammessont devenuesplusfréquentesdepuislemoisdedécembrede l'annéeï ~y.
Dans une herborisationque nous fimesà la Rinconada,nous essayâmesen
vain de pénétrerdansla~crevasse. Nous voulûmesexaminerde près les roches
qui semblentrenfermerdans leur sein les causesde ces embrasemensextraor-
dinaires.La force de la végétation l'entrelacementdes lianes et des plantes
épineuses,nousavoientempêchésde passerenavant heureusementleshabitans
de la valléeprenoient eux-mêmesun vif intérêt à nos recherches, moins par

Grandscouteaux, àlames semblables


tres-atongées, dechasse.
auxcouteaux Danslazonetorrideonne
vapasdanstesboissansêtrearméd'unmachete,
tantpoursefrayerunchemin,
encoupant
teslianes
et
lesbranches
desarbres,quepo~sedéfendrecontrelesanimauxsauvages.
~/Monfo,Ltn., que Buffona nommé Panthèreoillée, et qu'il a cru originaire d'Afrique, La panthère
femeHe, Egarée dans]'~M<ot~ des Quadrop~M de Bt~Mt, Tom. ÏX, pl. XH, est un véritable Jaguar.
( Ctffter, OMem.~oMt~M,Tom. ÏV, Chats, p. t S.) Nous aurons occasionde revenir dans la suite sur ce
sujet important pour la zoologieet la géographie desanimaux.
fe<M Lin.,ouChibiguazu
pardalis, diterentdnTttteo-Oeetott
d'Azzara, emchattigrédesAztèques.
~oye:pIushaut,Chap.IV,p.3o8.
CBA!'t'FRB VI. ~S<)
r _t_ a.
la crainte d'nae explosionvolcanique, que parce que !ear tmagmattonetott
frappée de l'idée qee le Risco det CucMvano renfermoit une mine d'or.
Nousavions beau énoncernos doutessur l'existencede t'or dansun calcaire
coquillier, ils voulurent savoir ce que le mineur allemandpensoit de la
richessedu filon. » Depuisle temps de Çhartea-Ouintet te gouvernementdes
Welsers, des Ainngerset des SaiteM,a Coroet à Caracas, le peuple conserve,
à ta Terre-Ferme, une grande conSancedanstes Allemandspour tout ce qui
a rapport à l'exploitation des mines. Partout où je passai dans FAmérique
méridionale, on venoit memontrer des échantillons déminerais, dès que
t'en savoit le lieu de ma naissance.Dans ces colonies, tout François est un
médecin, et tout Allemandestun mineur.
Les fermiers, aidés de leurs esclaves onvrirent un chemin à travers tes
bois jusqu'à la première chute du Rio Juagua et, te 10 septembre nous
Hmes notre excursion au Cuchivano. En entrant dans la crevasse nous
reconnûmesla proximitédes tigrestant parun porc-épic,fratchementéventré,
que par l'odeur infecte de leurs exerémens qui ressemblentà ceux du chat
d'Europe. Pour plus de sûreté tes Indiens retournèrent à la ferme et
cherchèrentdeschiensd'une race très-petite.On assureque, dansle cas d'une
rencontrepar uncheminétroit, le Jaguarse jette plutôt sur le chien que sur
l'homme.Nous suivîmes,non le bord du torrent, mais la pente des rochers
qui sont suspendusau-dessusdes eaux. On marche à côté d'un précipice de
deux à trois cents pieds de* profondeur, sur une espèce de cornichetrès-
étroite, semblableà la route qui du Grindetwald, conduit le long du
Mettenberg, au grand Glacier.Lorsque la corniche se rétrécit au point que
l'on ne sait plus où poser le pied, ondescenddans le torrent, on le traverse,
soit à gué, soit monté sur l'épaule d'un esclave,et l'on gravit le mur opposé.
Ces descentessont assez pénibles, et il ne faut point se fier aux lianes qui,
semblablesà de. gros cordages,pendent de la cime des arbres. Les plantes
sarmenteuseset parasites ne tiennent que foiblement aux branches qu'elles
embrassent; le poids de leurs tiges réunies est assezconsidérable, et l'on
risque d'ébranlertout un berceaude verdure, si, en marchantsur un terrain
incliné l'on se tient suspendu aux lianes. Plus nous avancions, et plus la
végérationdevenoitépaisse.En plusieursendroits, lesracinesdes arbresavoient
brisé la roche calcaire,en s'introduisantdansles fentesqui séparent les bancs.
Nousavionsde la peine à porter les plantesque nouscueillionsà chaquepas.
Les'Canna, les Heliconia à belles fleurs pourprées les Costus et d'autres
3QO HVRSïït.

végétauxde la familledes Amomées atteignent ici huit à dix pieds de hauteur.


Leur verduretendreet franche,l'éclat soyeuxet !e développementextraordinaire
du parenchyme,contrastentavecle ton brun des fougèresen arbres, dont le
feuillageest si délicatement découpé. Les Indiens munis de leurs grands
couteaux, faisoientdes incisionsdans le tronc des arbres ils fixèrent notre
attention sur la .beautéde ces bois rouges et jaune doré qui seront recherchés
un jour denos tabletierset de nostourneurs.Ils nous montroientune Composée
de vingt pieds de taut (l'Eupatoriumtaevigatumde la Marck), la ~!<Me
Belveria célèbrepar l'éclat de ses ueurs pourpréeset le ~a/~Je D~~on de
ce pays, qui estuneespècede Crotonnon encoredécrite, et dont le suc rouge
et astringent est employé pour fortifierles gencives. Ils recoanoissoiëntles
espècespar l'odeur, et surtout enmâchant les fibresligneuses.Deux indigènes,
à qui l'on donne le même bois à mâcher, prononcent, et le plus souventsans
hésiter, le mêmenom..Nousne pûmesprofiter que très-peu de la sagacitéde
nos guides; car, commentse procurer des feuilles des fleurs ou des fruits,
placéssur des troncs, dont tes branchesaaissettt à~ cinquanteou soixantepieds
de hauteur. On est frappé de trouver, dans cette gorge, l'écorce des arbres
et même le sol couvertsde mousse3 et de lichens.Ces cryptogamesy sont
aussicommunesque dansles pays du Nord..Leur développementest favorisé
parl'humiditéde l'air et par l'absencede la lumièredirectedu soleil cependant
la températureest généralementle jour de a5, la nuit de ig degrés.
Lesrochers qui bordent la crevasse,sont escarpéscommedes muraiUes,et
composésde la même formation calcaire qui nous suivoit depuis Punta
delgada. Elle est ici gris-noirâtre,de cassure compacte, faisant quelquefois
passageau grenu, et traverséepar de petits filonsde-spath calcaireblanc. A ces
caractères,on croit reconnoîtrele Calcaire alpin de la Suisse et du Tyro!,
dont souvent-la couleur est très-foncée, quoique
toujours à un moindre
Brownea Bfe<&')m.
racemosa, ined.
Des végétaux de famitte toat-a-fait di~rente
portent, dans les cotoaMj)espagnoles deodeux continent,
le nom de Sangre <&< Drago ce sont des Draoma, dea PterocarpM et de) Crotons. Le ptre CattMn( .D<-<cf.
Coro~<co, p. a5 ), en parlant des résines que l'on trouve dans les forêMde Cumana, distingue très-bien
le Drago A Unare qui a des feuilles pennées
( PterocatpM bfaco ), du 0~~ ~M~.
Paria qui a des feuilles entières et velues. Le dernier est notre Croton
~n~H~m de CumanMoa, de
et
Caripe de Cariaco.
De YéritaMesm~c< Nons y recne!Mtme<aussi, outre un petit Boletus
e Boletus igniarius et le Lycoperdon ateHatum atipitatas blanc de neige,
d'Esope. Je n'.v.MttO.Tà~e deMier~tedaM des endroits
en
tre~-secs, AUemagneou ett Pologne.
CHA~ïTBEV!.
vr. ~9"
degré que dans le CMca~ de ~~tOK La première de ces tbrmadons
tout le
(~nâtit~e le GaChtva~o, te noyaM de~
groupe des hautes montagnesde ta NouyeUe-Andatousie. Je n'y ai pas vu de
pétrification;maisleshabitans assurent
que ~oh trouvedes massesconsidéraHes
de coquilles à de très-grandes hauteurs. Le mêmephénomènese présente
dans le pays de Sa!zbourg*.Au~ucMvano,teCat<Mirè alpin renferme.des
couchesd'argile marneuse qui ont jusqu'à trois ou quatre toises d'épaisseur,
et ce fait géologiquerappelle, d'un côté, t'identité de 1'<?M~Z~~M avec
le Zeebstein de Thunnge; de l'autre, l'amnité de ibrmation qui règne entre
!e Calcairealpin et celuidu Jura 4. Les couchesmarneusesfont effervescence
avec les acides, quoique la silice et falumine y prédominent: elles sont
fortement chargéesde carbone, etnoircissent quelquefoisles mains comme
feroit un vrai schistevitriotique.
La prétenduemine d'or du Cuchivano,qui étoit l'objet de nos recherches,
n'est autre chose qu'une excavationtentée sur une de ces couchesnoires de
marne qui abondent en pyrites. L'excavationest sur la rive droite du Rio
Juagua, dans un endroit dont il faut s'approcher avec précaution, parce que
le torrent y plus de huit pieds de profondeur.Les pyrites sulfureusesse

'Etcher,daMl'~tM,Tom.tV,p.34o.
En Suisse, les bancs de coquilles, isolés à treize cents on deux mille toises d'élévation dans !e
Jungfrauhom, la Dent de Morcle et la Dent de Midi ~appartiennent au Gt&KMre de <r<tn<t<ton.
~etgw&c&te/er.
Le Calcaire du Atnt et le C<t&Mtf<- alpin sont des ~HTnaUonsfoMtetque l'on a quelquefoisde la peine
à distinguer, torsqn'eUeoreposent immédiatementl'une smtl'autre, connue dans lu Apennins le Calcaire
<)tn et le JZecA~MB,célèbres parmi tes géologues de Freiberg, sont des formations identiques. Cette
identité, que j'ai indiquée dès l'année )7o9(C~h!r die CrM&e<t-~e«er, p. gS), est un fait géologique
d'autant plus intéressant qu'it setnhteKerlesfortnationsdn nord de l'Europe cette de la chaine centrale.
Onsait que le Zechstein estphcé entre le Gypsemnrmtifere et le Conglomérat( grèsancien ), on lorsque le
GypsemuriatKeremanque, entre le grès argileux t Colites( &un<e &m<&<eM, Werner ) et le Conglomérat
ou grès ancien ( Tot&M/.M~<MM~ ) Il renferme descouches dé marne schisteuseset cuivreuses( &t<«mMdce
Jtfe~e~-Mn~Jft~~Mf-Ate/er) qui sont un objet important d'exploitation dans le Mansfetden Saxe, près de
RiegetsdorfenHesse, et à Hase!et Pransnitz enSSéste-Dansta partie méridionalede la Bavière(Oberbaiern),
j'ai vu la pierre calcaire alpine contenir ces mêmesbancs d'argile schisteuseet de marne qui, plus minces,
plusblancs, et surtout,plus fréqneM, eaMCtérisentle Calcairedu Jura. Quant aux schistesdu Btattenberg,
dansle cantonde Glaris, qu'a causede nombreusesempreintes de poissons,tes minéralogistes ont confondus
long-temps avec le scbiste cuivreuxdu M*nsfeld, ils appartiennent, d'après M. de Buch, à une véritable
formationde transition. L'ensemble de ces donnéesgéologiquestend a prouver que des couches de marne,
plus onmoins chargées de carbone, se trouvent dahs le Calcaire du Jura le Calcaire alpin et les schistes de
transition. Le mélange de carbone, de sulfure de fer et de cuivre me paraît augmenter avec l'ancienneté
relativedes formations.
3~2 LÏVRE Ïïï.
en
trouventles unes masse, les autrescristalliséeset disséminéesdans la roche:
leur couleur, d'un jaune d'or très-clair, n'indique pas qu'elles renfermentdu
cuivre: elles sont mêlées de fer sulfuré fibreux et de rognons de pierre
puante ou chaux carbonatéefétide.La couche ~crneMC traversele torrent;
et, commeleseaux enlèventles grainsmétalliques,le peuples'imagine,à cause
du refletdes pyrites, que le torrent estaurifère.On raconte qu'aprèsles grands
tremblemensde terre qui eurent lieu en 1765, les eaux du Juagua se trouvoieht
tellementchargéesd'or, que « deshommes,qui vinrent de très-loinet dont on
ignoroitla patrie, "y établirent des-lavages.Ils disparurent pendant ta nuit,
après avoir recueillibeaucoup d'or. Il seroit superflu de prouver combience
récit est fabuleux des pyrites dispersées dans des filons quarzeux, qui
traversentle Micaschiste sont sansdoute très-souventaurHères, mais aucun
fait analoguene conduitjusqu'ici à supposerque le fer sulfuré, que l'on
trouve dans les marnes schisteusesdu Calcairealpin, contienne également
de For. Quelques essais directs, que j'ai faits par la voie humide, pendant
mon séjour à Caracas, ont prouvé que les pyrites ~u ~uchivano ne, sont
aucunementaurifères.Nos guides Mâmoientmon incrédulité;j'avois beau dire
qu'on retireroit tout au plus de l'alun et du sulfatede fer de cette prétendue
mined'or, ils continuèrentà ramasseren secret chaqueparcellede pyritequ'ils
voyoientbriller dans l'eau. Plus un pays est dépourvu de mines, et plus les
habitans ont des idées exagéréessur la facilité avec laquelle on retire des
richessesdu sein de la terre. Combien de temps n'avons-nouspas perdu,
pendant cinq annéesde voyage,pour visiter, à l'Invitation pressante de nos
hôtes, des ravinsdont les coucheSpyriteuses pertent, depuis des siècles, le
nom fastueuxde minas de o~/Que defbisn'avons.nouspas souri en voyant
des hommesde toutesles classes,des magistrats,des curésde village, de graves
missionnairesbroyer, avec une patience InattéraMe, de
l'amphibole ou du
mica jaune pour en retirer de l'or au moyen du mercure!Cette fureur avec
laquelle on se porte à la recherchedes mines, frappe surtout dans un climat
où le sol ne demandequ'à être légèrementremuépour offrirde richesmoissons,
Après avoir reconnules marnespyriteusesdu Rio Juagua, nous continuâmes
à suivre la crevasse,qui se prolonge commeun canal étroit et
ombragépar
des arbres très-élèves. Nous observâmes, sur la rive
gauche, vis-à-visdu
~aart~t.
G/HtmMfM'Ate/er.
s
CHAPITRE Vï. ~9"

t~?~o oM Cuchivano, des couches stnguuèrementarquées et contournées.


C'est le phénomènesque j'avois souventadmiré a t'Achsenberg en passant
le lac de Lucerne.D'ailleurs,lesbancscalcairesdu Cuchivanoet des montagnes
voisinesconserventassez régulièrementla directiondu N.N.E. au S.S.O. Leur
inclinaisonest tantôt au nord, tantôt au sud; le plus souvent elles paroissent
se, précipiter vers la vallée de Cumanacoa, et l'on ne sauroit douter que
la formation de la vallée n'ait exercé de l'influence sur l'inclinaisondes
couches.
Après bien des fatigues, et tout mouillés par les passagesfréquens du
torrent, nous arrivâmesau pied des cavernes du Cuchivano.Un mur de
rocherss'élèveperpendiculairementà huit centstoises de hauteur. Il est rare
que, sousune zone où la forcede ta végétation cache partout le sol et les
rochers,on voie une grande montagneprésenter des couchesà nu dans une
coupe perpendiculaire.C'est au milieu de cette coupe, dans une position
malheureusement inaccessibleà l'homme,que s'ouvrentdeux cavernesen forme
de crevasses.On assurequ'ellessont habitée par lesmêmes oiseauxnocturnes
que nous apprendronsbientôt à connoîtredans la Cueva JcZ Guacharo de
Caripe.Près de ces'cavernes nous vîmes des couchesde marne schisteuse
traverserle murde rocher, et plus bas, au bord du torrent, nous trouvâmes,
à notre plus grand étonnement,du cristal de rocheenchâssédans les bancs
du Calcaire alpin. C'étoient dés prismes hexaèdres, terminés en pyramides,
ayant 14lignesde long sur 8 de large.Les cristaux, parfaitementtransparens,
se trouvoientisolés, souvent éloignésfun de l'autre de trois à quatre toises.
Ils étoient renfermésdans la massecalcaire, commeles cristaux de quarz de
Burgtonna3 et les Boracitesde Lunébourg qui sont renfermésdans le gypse.
Il n'y avoit de près aucune fente, aucun vestige de spath calcaire

CettemontagnedelaSuisse estcomposée deCalcaire


detransition.
Lesmêmes inBexions
decouchese
retrouvent
prèsdela Bonneville, auNantd'Arpenaz enSavoie,
etdansla TaUée dT~statthée
dansles
(Saussure,
Pyrénées. ~<y.,Tom. I, $.4~9et 1673.~MOMntOM~ ~oy.JMt<t~r<t/ p. i54.Ramona,
~<y.auxPyrénées,p.55,tooeta8o.)Uneautreroche detransitionleGr<M<(fattedesAllemands,ou
JH/~MdesAngtott~joSrele même phénomène enEcosse..Ecfta&.
~At<.?~<HM.,t8t4,p.80.
Ompeutfairelamême aulacdeGemünden
observation enAutriche, quej'aivisité
avecM.de Bnch
etquiestundessiteslespluspittoresques
del'Europe.
Dans le duché de Gotha.
Ce phénomène en rappelle un autre également rare, les cristaux de quarz que M. Freiesleben
Tom. U, p. 89 ) a trouvés en Saxe, près de Bur~ômer, dans le comté de
( JE~/enK-At-t/er, Mansfetd, au
Relation ~toy~Me~ Tom. 50
3o4 LIVRE ïtf.
-f
Nousnous reposâmesau pied dp la caverne. C'est de là qu'on a vu sortir
cesjets de flammesqui sont devenusplus fréquens dans les dernièresannées.
Nos guides et le fermierj également instruits des localités de la province,
discutoient, à la manière des Créoles, sur les dangers auxquels la ville de
Cumanacoaseroit exposée, si le Cuchivanodevenoit un volcan actif, se
veniesse a refen~r. Il leur sembloitindubitable que la Nouvelle-Andalousie,
depuis les grands~€remblemens de terre de Quito et de Cumana, en ï ~7,
étoit de jour en jour plus minéepar les feuxsouterrains.Ils citoient les flammes
que l'on avoit vu sortir de terreàCumana,et les secoussesque l'on éprouve
dansdeslieuxoùlesoln'ajamaisété ébranléavant.Ils rappeloientqu'àMacarapan,
on sentoitfréquemment,depuis quelquesmois, desémanationssulfureuses.Nous
fûmesfrappésde cesfaits, sur lesquelsils fandoientdes prédictionsqui sesont
presquetoutesréalisées.D'énormesbouleveraemens ont eu lieuà Caracasen 1812
et ont prouvécombienla nature est tumultueusementagitée dans la partie
l'
nord-estde la Terre-Ferme.
Maisquelle estla causedesphénomènestgnes quel'on observeau Cuchivano
Je n'ignore pas qu'on voit briller quelquefoisd'une vive lumière la colonne
d'air qui s'élèveau-dessusde la bouchedes volcansenuammcs*.Cette lueur,
que l'on croit due au gaz hydrogène, a été observée, de Chillo, sur la cime
du Cotopaxi,à une époque où la montagneparoissoit dans le plus grand
r repos. Je sais qu'aurapport des anciens, le Mons Albanus, près de Rome,
connu aujourd'huisousle nom de Monte Cavo, sembloit enûamméde temps
en temps pendant la nt~t mais le Mons Albanusest, un volcan récemment
éteint qui, du vivant de Caton,jetoit encore des rapiUI~, tandis que le
Cuchivanoest une montagnecalcaire, éloignéede toute roche de formation
trapéenne.Peut-onattribuer ces flammesà une décompositionde l'eau qui
entre en contact avec les pyrites dispersées dans des marnes schisteuses?
Est-ce de l'hydrogèneenflamméequi sort des cavernes du Cuchivano?Les

milieu
d'uneroche
calcaire
poreuse(AtMcAffhMe immédiatement
) quirepose snrlapierrecalcaire
alpine.
Lescristaux
deroche,quisontassez
communs
dansleCalcaire
primitif
deCarrare,tapirentdescavités
sansêtreenveloppés
delaroche
même.
Il ne faut pas confondre ce phénomène très-rare avecla tueur que l'on observe communément, à
peu
de toises au-dessus du bord des cratères, et qui ( comme je l'ai vu au Vésuve, en 18n5) n'est que !e reflet de
grandes massesde scoriesennammées et projetéessans dépasserl'ori6ce du volcan.
Albano Monte biduum continenter tapidibtMpMt. ~tc~yX~, aco~
y. ( ~tevne, C~<MeM&<
Tom. m, p. a6i).). l'
CHAPtTRE Vt. 3g5

marnes, commeleur odeur l'indique, sontbitumineuses et pyriteuses à la


fois, et les source~de goudron minéralauBuénPastoret l'île de la Trimté
naissent peut-être de ces mêmesbancs de calcaire atpin. ïl seroitaisé
d'imaginerdes rapportsentre leseauxinfiltréesdansce Calcaireet décomposées
sur des couches'depyrites, et lestremblemensde terre de Cumana,les sources
d'hydrogènesulfurédeNuevaBarcelona.lesdépôtsde soufre natif deGarupano,
et les émanationsd'acide sulfureux que l'on sent de temps en temps dans
les savanes: on ne sauroit douter aussi que la décompositionde l'eau par
les pyrites, à une haute température~favoriséepar l'afnaité de l'oxidede fer
pour lessubstancesterreuses, ne puisse donnerlieu à ce dégagementde gaz
hydrogène,auquel plusieursgéologuesmodernesfont jouer un rôlesi important.
Mais, en générât, l'acide sulfureux se manifeste plus constamment dans
l'éruption des volcans que l'hydrogène, et c'est surtout l'odeur de cet acide
qui se fait sentir quelquefoispendant que la terre est agitée par de fortes
secousses.Lorsqu'on envisagedans'leur ensembleles phénomènesdesvolcans
et des tremblemensde terre, lorsqu'on~e~rappelle l'immense distance à
laquellelemouvementse propageau-dessousdu bassindes mers, on abandonne
facilementdes explicationsfondéessur de petites couchesde pyrites et de
marnesbitumineuses.Je penseque les secoussesque l'on ressentsi fréquemment
dans la provincede Cumana, doiventaussi peu être attribuées aux rochesqui
viennent au jour, que les secoussesqui ébranlent les Apennins,à des filons
d'asphalteou à des sourcesde pétrole embrasé.Tous cesphénomènestiennent
à des causesplus générales,j'aurois presquedit, plus profondes~et ce n'est
pas dans les couchessecondairesqui forment la croûte extérieurede notre
globe, mais dans les roches primitives, à une énorme distancede la surface
du sol, qu'il faut placer le centre de l'action volcanique.Plus la géologiefait
de progrès et plus on conçoit l'insuffisancede ces théories fondées sur
quelquesobservationspurementlocales.
Des hauteurs méridiennesdu Poisson austral observéesdans la nuit du
y septembre,donnèrent, pour la latitude de Cumanacoa, 10°ï6' ï"; l'erreur
des cartes les plus estiméesest par conséquent de de degré. Je trouvai
l'inclinaisonde l'aiguilleaimantéede ~2",6o et l'intensitédesforces magnétiques
correspondanteà 228 oscillations,en dix minutes de temps l'intensité étoit
par conséquentde neuf oscillationsou de moindre,qu'au Ferrol.
Le 12, nous poursuivîmesnotre voyage au couventde Caripe, chef-lieu
des missionsChaymas. Nous préférâmesà la route directe le détour par les
3g6 LIVRE !H.
a celle
montagnesdu Cocollar1et du Turimiquiri, dont la hauteur excèdepeu
duJura. Le cheminse dirige d'abord vers l'est, en traversant, pendant trois
lieues, le plateau.de Cumanacoa, sur un sol anciennement nivelé par les
eaux; puis il détourne vers le sud. Nous passâmesle petit village indien
d'Aricagua entouré de coteaux boises et .d'un aspect riant. De là. nous
commençâmes à monter, et la montéedura plus de quatre heures. Cette,partie
du chemjtnest très-fatigante ontraversevingt-deux fois la rivièrede Pututucuar,
torrent rapide et rempli de blocs de rocherscalcaires.Lorsque, sur laCMe~~
del Cocollar, on atteint une élévationde deuxmille pieds au-dessusdu niveau
de la mer, on est surpris de ne presqueplus trouver de forets ou de grands
arbres. On parcourt un immenseplateau couvert de graminées. Des -Mimosa
à cime hémisphérique,et dont les troncs n'ont que trois à quatre pieds de
hauteur, interrompent seuls la triste uniformité des savanes. Leurs branches
sont inclinéesvers la terre ou s'étendent en parasol. Partout où il y a des
escarpemenset des massesde rochers à demi-couvertsde terreau, le Clusia
ou Cupeyà grandes fleurs de Nymphée étale sa IbeHeverdure. Les racines
de cet arbre ont jusqu'à huit poucesde diamètre, et sortent quelquefoisdu
tronc à cinq pieds de hauteur au-dessusdu sol.
Après avoir continué long-temps de gravir la montagne, nous arrivâmes
à une petite plaine, à l'Hato <M Cocollar. C'est une ferme isolée dans un
plateau qui a 408 toises de hauteur. Nous restâmes trois jours dans cette
solitude,comblésdessoins du propriétaire qui nousavoit accompagnésdepuis
le port de Cumana.No<j)sy trouvâmesdu lait, des viandesexcellentesà cause
de la richessedes pâturages, et surtout un climat délicieux.Le jour, le
thermomètre3 centigradene s'élevoitpas au-dessus de a a" à 23"; peu avant
le coucherdu soleil,il baissoità ï g",et, de nuit, il se soutenoità peine à 14°.
La température nocturne étoit par conséquentde degrés plus frafcheque

Ce nomest-ild'origine
indienne?
ACnnMtBt, d'aBe~nMHereMsez
en~~Mfire, dnmot
recherchée,
espagnol ccear
C~o<&<, desplantes leCocollar
oléracées formant
lecentre
dugronpe
entierdesmontagnes
delaNouveUe-A~datonsie.
BottMathiasYtnrbNri,natif de !a Biscaye.
Acinq heure, du soir, le ciel étant serein, therm. de RéaMnnr, tS" hygrom. de Detnc, 6a°. A 9'' du
so!r,tb.,)3'hyg.,7<i'An'th., tt°,a;hyg,8o°.AM\th.,t8°;hyg.,5i°.Amidi,th., )o'hyg.,5o'
Nous ne vîmes pas l'hygromètre au-dessousde 46° (83° Saass. ),
mat~é la hantenf du lieu; mais aussi
la saison des.pluies avoit commencé, et à cette
époque, l'air, quoique tre~-Meuet transparent, etbit dé)ii
extraordinairement chargé de vapeurs aqueuses.
< A tt°, a R..
CHAPÏTBJE V!' ~97
1 _1~ j- !tt.t~s .e
celledes côtes; c~qui prouve de nouveau, le plateau du Cooollarétant moins
élevé que le sol de la ville de Caracas, un décroissemeat de calorique
extrêmementrapide.
Aussiloin que porte la vue, on n'aperçoit de ce point élevé que des
savanes nues; cependant de petits bouquets d'arbres épars s'élèventdansles
ravins;et, malgrél'apparente uniformitéde la végétation, on ne laisse pas de
trouverici un grandnombrede plantestrès-remarquables~. Nousnousbornerons
à citer un superbe Lobelia à fleurs pourprées, Brownea coccineaqui a
le
plus de cent pieds de haut, et surtout le Pejoa, célèbre dans le pays, à
causede l'odeur délicieuse aromatiqueque répandent ses feuilleslorsqu'on
et
les froisse entre les doigts 3. Mais ce qui nous charmoit le plus dans cet
endroit solitaire, côtoient la beauté et le calme des nuits. Le propriétaire
de la fermeprolongeoitses veillesavec nous, il sembloitjouir de l'étonnement
que produit sur des Européens, nouvellementtransplantéssous les tropiques,
cettefraicheurtoujoursprintanièrede l'air quel'onressentsufles montagnesaprès
le coucher du soleil. Dans ces climats éloignés, où les hommes connoissent
encore tout le prix des dons de la nature, un propriétaire vante l'eau de
sa source, l'absencedes insectes,malfaisans,le ~nt salutairequi soutneautour
de la colline, commenous vantonsen Europe les avantagesde notre demeure
ou l'effetpittoresquede nos plantations.
Notre hôte étoit venu dans le Nouveau-Mondeavec une expédition qui
devoit établir, sur les bords du golfe de Paria des coupesde bois pour la
marineespagnole.Dans cesvastesforets d'Acajou, de Cedrelaet de Brésillets
qui bordent la mer des Antilles, on comptoit choisir les troncs d'arbres les

Cassiaocu<a,Andromedart~M&t, Casearia hypericifolia, Myrthus longifolia, Büttneria salicifolia,


Glycine picta, G.~r~enfM, G. gibba, Oialis nm&roM, Malpighia pnryepMM,Cephaëlis salicifolia,
Stylosanthesan~Mtt/b~a, Salvia paeudocoecinea, EryBginm/<B<t<<m. Nousavonstrouvé une seconde fois1
cette dernière plante, mais à une très-grande hauteur, danstes vastesforêts de Quinquina qui environnant
la villede Loxa, au centre des Cordillères.
Lobe~iaa~ec~N.
C'estle Gaultheria o~omta, décrit par M. Willdenow. ~A~Mt Schrifien <<<rJv~<./'re«n< Tom. ÏV,
p. 218), d'après des échantillons que nous lui avions communiqués. Le Pejoa se trouve autour du lac du
Cocollar, duquel prend naissance le grand fleuve Guarapiche. Nous avonsrencontré des pieds du même
arbrisseauà la Cuchilla de Guanaguana. C'est une plante subalpine qui, commenous le verrons bientôt,
forme, à Silta de Caracas, une zone beaucoup plus é'evee que dans la province de Cumana. Les feuilles
du Pejoa ont l'odeur plus agréable encore que celles du Myrthus Pimenta; mais elles ne répandent plus de
parfums, si on les froisse quelques heures après que la branche a été séparée du tronc.
3o8 t-ïv&E~tt.
plus gros, leur donner, comme par ébauche, la forme nécessaire pour la
constructiondes vaisseaux, et les envoyer tous les ans au chantier des
Caraques, près de,Cadix. Des hommes blancs, non acclimatés ne purent
résister aux fatigues du travail, à l'ardeur du climat et à l'impression de
l'air malfaisantqu'exhalent lesforêts. Ces mêmesvents, qui sont charges du
parfumdes fleurs, des feuilleset des bois, portent, pour ainsi directe germe
de la dissolutiondans les organes. Des fièvrespernicieuses enlevèrent, avec
les charpentiers de la marine royale, les personnes qui administroient le
nouvel établissement et cette anse, que les premiersEspagnolsont nommée
le Golfe triste, à cause de l'aspectlugubre et sauvagede ses côtes, devint
le tombeaudes marinseuropéens.Notre hôte eut le rare bonheur d'échapper
à ces dangers après avoir vu mourir un grand nombre des siens, il se retira,
loin des côtes, dans tes montagnesdu Cocollar. Sans voisins, tranquille
possesseurde cinq lieues de savanes, il y jouit à la fois de l'indépendance
que donne la solitude, et de cette sérénité d'esprit que produit, dans les
hommessimples, un air pur et fortifiant.
Rien n'est comparableà l'impressiondu calmemajestueuxque laissel'aspect
du firmamentdans ce lieu soti~ire. En suivant de t'cell, à l'entrée de la nuit,
ces prairiesqui bordent l'horizon, ce plateau couvert d'herbes et doucement
ondulé, nous crûmesvoir de loin, comme dans les steppes de t'Orénoque, la
surfacede l'Océan supportantela voûte étoHéedu ciel. L'arbre sous lequel nous
étionsassis, les insecteslumineux qui voltigeoientdans l'air, lesconstellations
qui brittoient vers le sud, tout sembloitnous dire que nous étions loin du sol
natal. Si,alors, au milieu de cette nature exotique, du fond d'un vallon, ta
cloched'unevacheoule mugissementdu taureausefaisoitentendre, le souvenir
de la patrie se réveilloitsoudain.C'étoitcommedes voix lointainesqui reten-
tissoientd'au-delàdes mers, et dont le pouvoirmagiquenous transportoit d'un
hémisphèreà l'autre. Étrange mobilitéde l'imagination de l'homme, source
éternellede ses jouissanceset de ses douleurst
Ata fraîcheurdu matin, nous commençâmesà gravir le Turimiquîn. C'est
ainsi que t'jonappellele sommetdu Cocottarqui, avec le Brigantin, ne forme
qu'une seulemassede montagnes,jadis appeléepar les indigènesla Sierra de
los Ta~n?~. On fait une partie du cheminsur des chevauxqui errent dans ces
savanes, mais dont quelques-unssont accoutumésà porter la selle..Quoique
très'tourds de (orme, ils grimpentlestementsur Je gazonle plus glissant.Nous
nous arrêtamesd'abordà une source qui sort encore, non de ta roche calcaire,
c~u~T~~v~ ~99
maisd'unecouche~e grèsquarzeux. ~a températureétoit de aï", par conséquent
de ~5woMM qùè~eMe de la sourcéj cte ~uëtepe aussi la dif~'ence duniveau
est de près de detïxcent vingts toises!Partout ou legrèsvient~n~ sot est
et
uni, formecommede petits plateamxqui se suiventpar gradins. Jusqu'àseptt
centstoises de hauteur,et mêmeau-delà,cette montagne, commetoutes celles
qui l'avoisinent n'est couverteque de graminées'.A Gnnïana, on attribue ce
manqued'arbresà la grandeélévationdu sol; mais, pourpeu qu'on réfléchisse
sur la distributiondes végétauxdansles Cordillèresdela zonetorride, on conçoit
que les cimesde la Nouvelle-Andalousiesont b!en loin d'atteindre la limite
supérieuredes arbres qui, par cette latitude, se soutientau moinsà millehuit
centstoisesde,hauteur absolue.Lê gazonras duCocollarcommencemême déjà
à semontrerà trois cent cinquantetoisesau-dessusdu niveaudela mer, et l'on
peut continuerde marchersurce gazonjusqu'àmilletoisesd'élévation plus tpin,
au-de~ de cette bandecouvertede graminées,se trouve, dans des pics presque
inaccessibles à l'homme, une petite forét de Cedrela, de Javillo3et d'Acajou.
Ces circonstanceslocalesfont croire queles savanesmontueusesdu Cocollaret
du Turimiquiri ne doiventleur existencequ'à la funeste habitude qu'ont les
indigènesde mettrele feu auxbois qu'ilsveulentconvertiren pâturages.Lorsque
ainsi, depuistrois siècles,les graminéeset lesherbes alpinesont couvertle sol
d'une bourreépaisse, les grainesdes arbresne parviennentplus à germeret à
se fixer dansla terre, quoiquele ventet lesoiseauxles transportentcontinuel-
lementdesforêtséloignéesvers le milieudessavanes.
Le climatde cesmontagnesestsi doux, qu'à la fermedu Cocollaron cultive
avecsuccèsle cotonnier, lecafieret mêmela canneà sucre. Quoi qu'en disent
leshabitansdes c~tes, on n'a jamaisvu, par les to" de latitude, de la gelée
blanchesur descimesdont la hauteur excèdeà peine celle du Mont-dOr et du
Puy-de-Dôme.Les pâturagesde Turimiquiridiminuentde bonté avecl'élévation

Direction Hor.4,3.tnetinamon45**
ausud'e~t.
Les espècesdominantessontdesPaspalus,
t'Andropegot* quiformelegenre
/fM<tgM<t<m Diectomis
<)eM.atMMt<!eBeaoTois,etteÏ*MHcnmo~roM~M.
Haracrëpitans,
delafamille L'McrotMement
JetEuphorbes. desontroncests!énorme que,dans
layaUée
deCuriepe,entrelecapCoderaetCaracas,
M.Bonplandamesurédescaves en boisdeJa~iIIo
nmavotentqaatorze
piedsdelongsurhuitdelargeCescaves,d'nneseulepièce,servent
a conserver
le
on)nsdecanne
gaarapo etlamétasse.Lesgraines
deJavillo
sontunpoison etlelaitquijaillit
très-actif,
dn péttote, tebrise,nousa souvent
lorsqu'on causé
desmauxd'yeux,si parhasard tespluspetites
s'introduisoient
quantités entretespaupières.
4~0 LIVREIII.
ftn s!t<*Partnnt
du site. Partout nn dfa roches
où des mchf& <!naraf):n<tffttt de
éparses offrent f!c t'~tmh
l'ombre, on trouve et de~
plantes licheneuseset quelques moussesde 1'Europe. Le MelastomeGuacito 1
et un arbrisseau dont les feuillesgrandeset coriaces résonnent comme du
parchemin, lorsque le vent les agite, s'élèvent çà et là dans la savane. Mais
l'ornementprincipal du gazonde ces montagnesest une liliacée&Heursdorées,y
le Maricamartinicensis.On ne l'observe généralement, dans les provincesde
Cumanaet de Caracass, que lorsqu'on s'étèveà quatre ou cinqcents toises de
hauteur. Toute la masse rocheusedu Turimiquiri est composéed'un Calcaire
alpin semblableà celui de Cumanacoa et de couchesassezmincesde marne
et de grès quarzeux.Le Calcaireenchâssedes massesde fer oxidé brun et du
fer spathique.J'ai reconnu, en plusieurs endroits, et très-distinctement,que
le grès ne reposepas seulement sur le Calcaire, maisque souventaussi cette
dernièrerocherenfermele grèsen alternantaveclui.
On distingue,dans le pays, le sommetarrondi du Turimiquiri et les pics
élancésou 6'MCurMcAM revêtusd'une végétationépaisse, et habités par'des
tigresque l'on chasseà causede la grandeuret -dela beautéde leur peau. Nous
avonstrouvéle sommet arrondi, qui est couvert de gazon, élevéde 707 toises
au-dessusdu- niveau de l'Océan.C'est de ce sommet que se prolonge vers
l'ouestune arêtederochersescarpés.Elleest interrompue,à un millede distance,
par une crevasseénormequi descendvers le golfe de Cariaco.Au point où l'on
pourroitsupposerla continuationde l'arête, s'élèventdeux mamelonsou pitons
calcaires,dont le septentrionalestle plus élevé.C'estce dernier que l'on appelle
plus particulièrementle Cucurucho de Turimiquiri et que l'on regarde
commeplus haut que la montagnedu Brigantin4, si connue des marins
qui

Metastoma
Mn<~o<t<K-AyMm,
appelé à Caracas.
Guacito,
Paticonrea rigida, C~xMvo bovo. Dans tes savanes ou Llanos, le même nom castillan est donné
à un arbre de la famille des Protéacées.
Par exemple, dans la Montana de Avila.,dans le chemin de Caracas à la
Guayra et dans la Silla de
Caracas. Les graines du Marica mûrissent a )afin de décembre.
Cette opinion populaire, sur hauteur du Brigantin favorisela
suppositionque la distance du port de
Cumanaàk montagne est beaucoupau-dessous
devingt~natremittesnautiquesicar nous avOMvu plus haut
( Chap.IV, p. 3oi ) que tes anglesde hauteur pris à Cumana donnent au Brigantin t a55toise* d'ététation,
si l'on croit exacte la distanceindiquéedans ta carte du
P~oMto ~Ap~~co de Madrid. Je trouve que,
pour mettre en harmonie t'angte observéet une hauteur supposéede mille toises, le sommet du
ne devroit pas être éloigné de Cnmana de Brigantin
plus de dix-neuf milles. La cha!ne des montagnes de la
NouveHe-Andatous!ese dirige, comme la cote voisine, assez régulièrement de l'est à
l'ouest et, dans
l'hypothèse d'une distance de plus de dit-neuf mittes, te BrigaBtmseroit plus méridionat
du Cocollar.Cependant tes habitans de Cumana ont voulu que le parallèle
tracer, par le Brigantin, un chemin à Nueva
ez~Mt~E~Vt. 40!

~~t~t~t~SM~ ~t~amana~~O'ap~ des ~~ettr ~et~ne base


as6e~~coiMr~'tt!a<eée ~su~: 1& 'son~rnt~
le'o~(~oru~ <ï~ notre
.¡d(,C!()'t~¡s~s'~l~¡. Ï
.stationK~de~orte'jque~a~ut~
~La~-vue~dont.~on~ suri~'Ï* étendues jet <tes plus
des chatnes de
piMoresques.Bepaïs'ii~t~
mo!~gnes qur se dmg~t~ à louest, et qui bordent des
vaH~estoQgitMdtBates.~otnme ces dem~ressont coupées en angle droit par
une in&Bttëde petits Mvînsqueles torrens ont creuses~il en résulte quêtes
chapons latéraux sonttraasjfbrmésen autant de rangéesde mamelons, tantôt
arrondis, tantôt pyramidaux. La pente générale dû terrain est assez douce
se
jusqu'à nmposible;.plusloin, les escarpemensdeviennenttrès-rapides, et
suiventjusqu'aurivagedu golfede Cariaco. Cetamas de montagnes rappelle
sa
par forme, leschaînons duJura, et la seule plainequ'il onre est la valléede
Cumanacoa.On croit voirie tond d'un entonnoir, dans lequel on distingue,
entre des bouquetsd'arbres épars, le villageIndien d'Aricagua.~Versle nord,
une langue de terre étroite, 1~ péninsuled'Araya, se détachoit en brun sur la
mer qui, éclairéepar les premiersrayons du soleil reûétoit une vivelumière.
Au-delàde la péninsule, l'horizonétoit borné par le cap Macanao dont les
rochers noirs ~élèventau milieudes Eaux, commeun immensebastion.
les io°g'33"n
La~fermedu Coeollar,située au pied duTurimiquirI, est par
de latitude.J'y ai trouvél'inclinaisonmagnétiquede 4~,10. L'aiguilleoscilloit
deux cent vingt-neuf fois en dix minutesde temps. Peut-être des massesde
mines de fer brunes, renferméesdans la roche calcaire, causent-ellesune
légère augmentationdans l'Intensité des forces magnétiques.Je ne consigne
pas ici les expériencesfaites avec un pendule Invariable malgré les soins

de 10"6' 5a" Cette circonstance


Barcellona,et je n'ai pas trouvéta latitudede cette villeau-dessous
confirmele résultatde latriangulationfaitean Sf'M" Cnmana, tandisquedet'antrec&téunrelèvement
tC9gnét!qne da Brigantin,pris au sommetde t'hnpMtMe,conduità tmélo!gnememt plue grand. Ce
re!eve<nentseroit inBtt:mentprécieux,Mt'en étoit bien sûr de la !ong:tndede t'ïmposiMeet de la
variationde t'aig~Nteaimantée,dans un endroitoù le grès est extrêmementferrugineux.n est du
devoirdn voyageurd'énonceravecfranchiseles doutesqui lui restent Mr des poinUqui ne sont pas
eneore tt6banMnentéctaireis.A notre atteragesurlescotesde Cumana,,tes pilotesévahterentta distance
du Tataraqnatà quinzeou seizemilles.
D'âpres te$ haateon!mendiennesde Denebda Cigne, que )'at prises dans les nuits du m et
dai3 septembre.0&Mfvo<.<M<t.,Vot.t, p. 98.
.Rc/<!<«M!ÂM<O~M~yb7M. 51
~02 HVRE iri.
que j'ai mis & ce genre d'expériences,je les crois âé&ottMOSM~ & cauM de
la suspensionimparfaitede la verge du pen<Me. )
Le i4 septembre, nous descendîmesle Cbcolïarver$ Ïa nuasionde Sam
Antonio.Le cheminconduit d'abord &traversdes savanespaMemées de grands
blocsde rochers calcaires;puis on entre dans une foret épaisse.Après avoir
passé deux arêtes de montagnesextrêmement escarpées on découvre une
belle valléequi a cinq à six lieuesde long, ~n suivant presque constamment
la direction de t'est à l'ouest.C'est dans cette vallée que sont situées les
missionsde San Antonio et de -Guanaguana.La première est renommée, à
caused'une petite église à deux tours, construite en brique, dans un assez
bon style, et ornée de colonnes d'ordre dorique; c'est la merveille du pays.'
Le préfet des capucinsavoit terminé la constructionde cette église en moins
de deux étés, quoiqu'il n'eût employéque les Indiens de son village. Les
moulures'des chapiteaux, les corniches et une frise décorée de soleils et
d'arabesques,ont été exécutéesen argile mêlée de brique pitée. Si l'on est
surpris de trouver, sur les confinsde la Laponie*,des églises dans le style
grec le plus pur, on est encore plus frappé de ces premiers essaisdans les
arts, sous une -zoneoù tout annonce l'état sauvage de l'homme, et où les
basesde la civilisationn'ont été jetées par les Européens que depuis une
quarantaine d'années.Le gouverneur de 1~ province désapprouva le luxe
de ces constructionsdans les missions;et, au plus grand regret des religieux,
l'achèvementdu temple est resté suspendu.Les Indiens de San Antonio
sont loin de partager ces regrets ils approuvent en secret la décisiondu
gouverneur qui flatte leur paresse naturelle. Ils né se soucient pas plus
d'ornemensd'architecture,quejadis les indigènesdans lesmissionsdesJésuites
du Paraguay.
Je ne m'arrêtaià la missionde SanAntonioque pour ouvrir le baromètreet
pour prendre quelques hauteursdu soleil. L'élévationde la grande place an-
dessusde Cumanaest de 2t6 toises. Après avoir traversé le village, nous
passâmesà gué les rivièresColoradoet Guarapichequi, naissant toutes deux
dans'les montagnesdu Cocollar, se réunissentplus bas, à l'est. Le Colorado
a un courant très-rapide, et devient, à son embouchure,plus large que le

Cesarêtes,
assezdifficiles
à gravirversla findelasaisondespluies,
sontconnues souslesnoms
bizarres
deLoaY<pM et duFantasma..LeCalcaire, oùil paroîtau jourdanscesendroits,
partout
sedirige,
hor.4-5.(Incl.descouches40°auS.E.)
ASkelefter,pre~deTomeo. ~M-A, ~o~e en ~Vbw~,Tom.11,p. 37$.

0
CBAPITRE Vï. 4~3

Rhin: tcGuarapiche, réuni au Rio Areo, a plus de vingt-cinq crasses ue


profondeur.Ses borda sont ornés d'une superbegraminée que j'ai dessinée
deux ans plus tard, en remontant le fleuve de la Magdeleine et dont le
chaumeà feuillesdistiquesatteint 15 ou 20 pieds de hauteur Nos mulets
avoientde la peine à se tirer des bottesépaissesdont étoit couvertletchemm
qui est étroit et uni. Il pleuvoit à verse la forêt entière sembloit convertie
en un marais par la force et la fréquencedes ondées.
Nousarrivâmesvers le soir à la missionde Guanaguana, dont le sol est
presque au niveau du village de San Antonio.Nous avionsgrand besoin de
nous sécher.Le missionnairenous reçut avec une extrême bonhomie.C'étoit
un vieillardqui paroissoitgouvernersesIndiens avec beaucoup d'intelligence.
Le villagen'existeque depuis trente ans dansle site qu'il occupeaujourd'hui.
Avant cette époque il étoit placéplus au sud, adossé à une colline. On
est étonnéde la facilitéavec laquelleon fait changerde demeure aux Indiens.
Il y a des villagesde l'Amériqueméridionalequi, en moinsd'un demi-siècle,
ont été déplacéstrois fois. L'indigènese trouve attaché par de si fbiblesliens
au sol qu'il habite, qu'il reçoit avecindifférencel'ordre de démolirsa maison
et de la rebâtir ailleurs.Un villagechangede place commeun camp.Partout
où l'on trouve de l'argile, des roseaux,des feuillesde palmier et d7Heliconia,
la case est reconstruiteen peu de jours. Ces changemensforcés n'ont souvent
d'autremotif que le capriced'unmissionnairequi, récemmentarrivé d'Espagne,
s'imagineque le site de la missionest fiévreux ou qu'il n'est pas assezexposé
aux vents.On a vu des villagesentiers se transporter à quelques lieues de
distance, simplementparce que le moine ne trouvoit pas assezbelleou assez
étenduela vue de sa maison.
n'a point encore d'église. Le vieux religieux, qui habitoit
Guanaguana
depuis trente ans les forêts de l'Amérique~ nous fit observer que l'argent de
la communauté, ou le du travail des Indiens, devoit être employé
produit
d'abord à la construction de la maison du missionnaire, à celle de l'église,
puis
et enfin aux vêtemens des Indiens. Il assuroit gravement que cet ordre ne
être interverti sous aucun prétexte. Aussi, les Indiens qui préfèrent
pouvoit

~.<t<<tou Cana brava. C'est un nouveau genre entre Aira et Arundo, que nous avons décrit sous
le nom de Gynerinm (Pd. équin., Vol. Il, p. na). Cette graminée colossale a le port du Donax
d'Italie eUe est, avec l'Arundinaria du Mississipi(Lùdol6a Wittd., Miegia de Persoon), et avec les
Bambousiers, la graminée la plus élevéedu Nouveau-Continent. On en a transporté la gratne à Saint-
Domingue, où Ion coupe le chaume pour en couvrir les cases des Nègres.
4~4 MVRE ttt.

une nudité absolue au vêtementle plus léger, nè.sônt pas presses que leur
tour arrive.Onvenoit de terminer la demeurespacieusedû .P<M~c,et nous
remarquâmesavec surprise que cette maison, dont le fatte se terminoit en
terrasse, étoit ornée d'un grand nombre de cheminéesqm 'réssembloieptà
autant de tourelles.C'étoit, disoit notre hôte, pour se rappeler une patrie
qui lui étoit chère, et des hivers de l'Aragon, au milieu des chaleurs de la
zone torride. Les Indiens de Guanaguanacultivent le coton pour leur profit,
commepour celui del'égliseet du missionnaire.Le produit est censéappartenir
à la commune/et c'est avec l'argentde la communeque l'on sumt aux besoins
du curé et de Faute!.Les indigènesont des machinesd'une constructiontrès-
simple servantà séparerleçoton de sa graine. Ce sont des cylindresde bois;
d'un diamètre extrêmementpetit, entre lesquelspasse le coton, et qu'on fait
mouvoir avec Je pied, comme nos rouets. Ces machines, bien imparfaites,
sont cependanttrès-utilesj et l'on commence lesimiter dansd'autresmissions.
J'ai exposéailleurs, dans mon ouvrage sur le Mexique, combien l'habitude
de vendrele coton avec la graine embarrasseie Transport-dans les colonies
espagnoles,où toutes les marchandisesarrivent à dosde mulets dansles ports
de mer. Le sol de Guanaguanaest aussi fertile que celui d'Aricagua, petit
villagevoisin qui a égalementconservéson ancien nom indien. Un .~KtM&ï
de terrain (à i85o toises carrées) produit, dans les bonnes années, 25 à.3o
fanèguesde maïs, chaquefanèguepesant cent livres. Maisici, commepartoutt
où la bienfaisancede la nature retarde le développementde l'industrie, on
ne défriche qu'un
très-petit nombre d'arpens, et l'op néglige de varier la
culturedes plantes alimentaires.La disette se fait sentir, chaque fois que Ja
récoltedumaïsse perd par une sécheresseprolongée.LesIndiensde Guanaguana
nous racontoient, commeun fait peu extraordinaire,que, t'année précédente~
pendant trois mois, eux, leurs femmeset leursenfansavôientété al monte,
c'est-à-direerrant dans'tes forêtsvoisines,pour se nourrird'herbessucculentes,
de choux palmiers, de racines de fougère et de fruits d'arbres sauvages.Ils
ne parloient pas de cette vie nomade comme d'un état de privation. Le
missionnaireseul en avoit été incommodé,parce que le village etoit resté
désert, et qu'au retour des forêts, les membresde la petite communeétoient
moins docilesqu'auparavant.
La belle valléede Guanaguanase prolongevers l'est, en s'ouvrantdans les
plainesde-Punzereet de Terecen.Nous aurionsbien voulu visiter ces plaines
pour examinerles sourcesde pétrolequi se trouvent entre le fleuveGuarapiche
CNjM'tTB'B~viK. ~o5
~$!AFe~mais;la.Mison;de~~p!uî~é~ noua trouvions
journeMement~dans~pIus'gra~ pentes
que nous av~nsEecaciM qui "n~~itJd,e:t1.u~.Dà~nâ~il~e,.de
Punzere. m-on 'pa~ San iE~li~~u?' 'es~ un XoM
( terme de Mtait ) de~ missîûaaairs~~ qu'au rapport
des Indien8,l~trouve~gMndea~maj~d~ dans une roche
gypseuseoucalcaire, maisa peude pro~ndeurau-dessousdela surfacedu sol,
dansdesbancsd'argile. Cephénomène singulier meparott propre à l'Aménque
nous le retrouverons En
dans le r~aame~dë~~
approchantde Punzere, onvoit, dansles savanes;de petits sacsforméspar un
tissu de sole, suspendusauxbranchesdes arbres lesmoinsélevés.C'est la .M<~
~fMt~e, ou soie sauvagedu pays, qui est d'un be! ec!at, mais très-~rudeau
toucher. La pha!ènequHa produit est peut-êtreanalogueà celledes provinces
de Guanaxuatoet d'Antioquia,qui fournissentégalementde la soiesauvage
On trouve, dansla belleforêt de Pun~re,deuxarbresconnussousles nomsde
Curucayet de Cane!a le premier, dont nousparleronsdans la suite, offreune
réstnetrès-rechercMedes ~F'MC&M ou sorciersindiens; le seconda desfeuilles
dontt'odeurestceUede la veritabtecanneMe de Ceytan De Punzerele chemin
sedirigeparTerecenetNuevaPaïencia,qui est unenouveHecoloniede Canariens,
au port de Saint-Jean, situé sur la rive droite du Rio Areo, et ce n'est qu'en
traversantce fleuveavec une pirogue~ qu'on parvient aux fameusessourcesde
pétrole( ougoudronminerai)du BuenPastor.On nous les a décrites commede
petitspuits ou entonnoirscreusespar la naturedans un terrain marécageux.Ce
phénomènerappellele lac d'Asphalteou de C&a/~of<?de l'tle de la Trinité 3
qui n'est éloignédu Buen Pastor, en ligne droite, que de trente-cinq lieues
marines.
Aprèsavoirlutté quelquetempscontre le désirque nous avionsde descendre
le Guarapichejusqu'auGoMbtriste, nousprimeslaroute directedes
montagnes.
Les valléesde Guanaguanaetde Caripesont séparéespar une espècede
digue ou

'~Vottf.JB<p.,Tom.I,p.453;TomïI,p.668.
Ett-ce te Lturm cmnamommJea de MntM?QMt e<ttcet antre Cannettier
appetë par tes Indieno
~OT-co,qui abonde dans les montagaef de Tocuyo et anx Muréesdu Rio Uch:re?0n en mêle t'ecorce
au chocobt. Le père Cau)in désigne sous le nom de Curucay le
Copaifera oEcinaiis, qui donne le
baume de Copahu.(.~M<. ccn~rn~ p. a4 et 34.)

~MM ~au Md-ett du port de Naparima. n y a uue autre soarce


d'asp~tte Mr fa
cAte ortemtaiede l'He, dans la baie de Mayaro.
4o6 r ï.ïv&Etïj.
arête calcaire, très-célèbresonsilenom de~la <X~ ~nanag~M. N00$
trouvâmescepassagepénible, parce qu'à c~te époque npos~~
parcouru!es Gor~tëre~;~Msil n'est aucunementaussi dï~eM~ ae plalt
à le dépeindreàCumana. Le sentier,il est vrai,n'a, sur plusieurspoints, que
i4 ou ï5 poncesde largeur la croupedéjà jmontagne,surlaqueUe la rentese
prolonge,est couverte.d'nngazonras extrêmementglissant; les pentesdesdenx
côtéssont assezrapides, et le voyageur, s'il faisoit une chute, pourroit en
roulantsur l'herbe, être entraméjusqu'àsept ou huit cents pieds de profondeur.
Cependant, les Nancsde la montagne oSrentplutôt des escarpemensque de
véritablesprécipices,et les mulets de ces contrées ont le pied si sur, qu'ils
inspirentta plus grandeconnance.Leurshabitudessont lesmêmesque cellesdes
bêtes de sommede la Suisseou des Pyrénées. A mesure qu'un pays est plus
sauvage, l'instinct des animaux domestiquesgagne de finesseet de sagacité.
Lorsquelesmuletsse sententen danger, ils s'arrêtenten tournantla têteà droite
et à gauche;le mouvementde leurs oreillersembleindiquerqu'iis réfléchissent
sur le parti qu'ils doivent prendre. Leur résolution est~ente, mais toujours
bonne, si elle est libre, c'est-à-diresi elle.n'estpoint entravéeou accéléréepar
l'imprudence-du voyageur.C'est dans les chemins épouvantablesdes Andes e
pendant des voyagesde six à sept mois, à traversdes montagnessillonnéespar
les torrens,que l'intelligencedes chevauxet des bêtes de sommese développe
dune manière surprenante.Aussi1onentend dire aux montagnards « Je ne
vousdonneraipasla. muledont la marcheestla plus commode,je vous donnerai
cellequi raisonnele mieux, la mas racional » Cemot du peuple, dicté par une
longue expérience,combatle système des machines~animées, mieux peut-être
que tous de la
les argumens philosophiespéculative.
Lorsquenous eûmes atteint le point le plus élevé de la crête ou Cuchilla
de Guanaguana,un spectacleintéressants'offrità nos yeux. Nous embrassâmes
d'un coup d'œil les vastes prairies ou savanesde Maturin et du Rio Tigres,
le piton 3 duTurimiquiri et uneinfinitéde chaînonsparallèles qui, vusde loin,
ressemblentaux lames de la mer. Vers le nord-est s'ouvre la vallée qui
renferme le couvent de Caripe. Son aspect est d'autant plus attrayant,
qu ombragéepar des ibrêts, cette valléecontraste~vecla nudité des montagnes

Arétesemblable à lalamed'uncouteau.DanstonterAmériqne lemotcuchilla


espagnole, désigne
unecrêtede montagnesa doubles
pentestrès-rapides.
Cesprairies
natnreMe<
fontpartiedesLlanosonsteppes
immenses
bordées
parlOrénoque.
1 ElCMft/rMf~o.
CB-A~t~e'~ï. 4<*7

-~jMma~a~)~
2~îses'pMs.'e!evee-'qa
'desc~dant'~i'a~te'pa~
entièrementbo!sé.Le 'sel~<id~<no~~ et Bonv~e espèce<te
t)rosera qai,'par''s6n~p0rt~~pp~ Alpes.L'épaisseur
des foretset ta force de la vë~etatica augc~ t'apprécie
du couventde Garipë.'fout'"6haagé~ Md'aspect, mêmeta rochequi noos
accompagnoit depuisPantaBeigadà.Les couchescalcaires deviennentplus
minces etiesarment des assisesquis'alignenten mnraiMes, en cornicheset
en tours,commedansles montagnesduJura dainscellesde Pappenheimen
Allemagne, et près d~Oic~w, en (~alËcie. La couleurde la pierre n'est pins
gris de fuméeet gris-bleuâtre,e lle devientManche:sa cassureest unie,
quelquefois même imparMtement eonchoïde. C en'est plus le Calcairedes
Hautes-Alpes, T)!M&une fbrn'ation à ïaqneHeceM-ci s ert de baseet qui est
analogue a n C~c<M~ ~a J«Me.Damr chamedes Apennins~ entre Romeet
Nocera,j'ai observécette mêmesuperposition Immédiate*: elle indique,nous
te répétonsIci, T!onte passaged'ânerocheà l'autre,maisl'affinitégéotogiqne
quiexisteentredeuxformations. Selonle typègênerai descouchessecondaires,

Droseratenella.
C'est ainsi qne~prës de Genève,hroehe du MMe, qui appartient au Ca&<tMW
<t~pt)t,Mt<Mt-<&«otM
du C<t&OMe du Jura, qui eoootitue le Mont-jM~e.
Voici la suite des formations secondaire*, hriqne toutes ont pris un développement égal, c'est-
à-dire lorsqu'aucune d'elles n'a été supprimée ou engtobée par tes formationsvoisines t. Gret ancien
reposant sur le schistede transition ( ~<&«'
Sandatein X~tMLiegende); a. Calcaire alpin (~~pento~~eM,
ZeeA<<em);3. Gypse ancien (&!&~y<); 4. Calcaire du Jura (JttmAa<t«eM}, 5. Grès de seconde
fonnationj MotaMe (Bunter <S!M<~<Mt),6. Gypse fibreux (~«er Gyp<); 7. Calcaire de troisième
formation (J~McAe~<~t«etn<&~ento); 8. Craie; 9. Calcaire à Cerithes; to.Gypseaossemens; n. Grès;
ta. Formation d'eau doBce. Nons aurons souvent occasionde recourir a ce ~pe, dont la connoissance e
perfectionnée semble être le but principal de la Geognosie, et sur lequel on n'a commencé a avoir
des idées exactes que depuis une vingtaine d'années. Nous nous bornerons à faire observer ici que tes
dernières formations, 8, 9, t0, tt et ta, examinées avec tant de soin par MM. Brongniart et Cuvier,
manquent dans une grande partie de t'Europe que tes CatcaireBa et 4 ne font souvent qu'une senle masse,
et que, partout où tes deux formations de.gypses (3 et 6) n'ont pu se développer, la suite des roches
secondaires se réduit au type infiniment simple de deux ~orma~otM de ~r~ <tùenM<n<et <!f<edeux
<'tt&-atr<'<.
formations. Pour se rendre compte d'un grand nombre de phénomènes de superposition qui
paroissent très-bizarres au premier aspect, il faut se rappeler tes deux lois suivantes qui sont fondées
sur t'anatogie de faits bien observés: t.* lorsque dem formation se succèdent immédiatement, il
arrive souvent que les couches de l'une commencent d'abord à alterner avec les couches de l'autre,
4o8 .ÏV~Ei.
qui a été reconnudan%une grandepartie dp1~ le Calcaire;
alpinest
séparéduCalcairedu Jura par le G~~e ~< ma'S~S~ celui-ei
manqueentièrement ous.e trouveren~rmëcommeeo~~e~M~~nM~e'dans
le Calcairealpin~Alorsles deuxgrandesformationscatcairease succèdent
immédiatement ou se con~ndeot en uneMulei~
La descentede laCuchiMaestbeaucoupmoinslonguejquela montée.Nous
trouvâmes lé niveaude layaltéede Caripede aootoisesp!usélevéquecelui de
la valléede Gua!)aguana. Un groupede montagnes,de peu de !argeur,sépare
deuxbassins,dont l'un est d'ùuë~raIcheuF délicieuse,tandis quel'autre est
renommé parl'ardeurde sonclimat.Ces contrastes,si communs au Mexique,
î
dansla Nouvelj~Grénade et au P~rou~sont bienraresdansla partienord-est
de l'Amérique méridionale.Aussi,de toutesleshautesvalléesdela NouveUe*-
Andalousie, cellede Caripeest laseulequisoittres~haMtée.Dansuneprovince
dontla populationest peu~considérable, ~t.où les montagnesn'oSreBttu une
grandemasse,ni. desplateauxtrès-~tendus.les hpmmesont peu de motifspour
abandonner lesplaineset poursefixerdansdesrégionstempérées et montueuses.

jusqu'àce que la fonnatiomh pttNneuvese montreuns mélangedeoonehettabordonnêes(PacA,Ceo~t.


Beob.,Tom.ï~ p. io4et iS~) a.° lonqu'une formationpeu puissantese trotTe placée,d'ap~t son
anciennetérelative,entredeux grandes&)nnà~M, on observeparfois,ou qu'elledieparoitentièrement,
ou qu'elleest engtobée,connuecoacbesubordonnée,tantôtdanst'one, tantôtdanst'antredesformations
voisines.
Hauteur absolueda couvent,au-dessus du niveaude la mer, 4ta toises.

d
CHAPtME VU. 4~9

CHAPITRE VIL

DECAMPE. CAVEMtE
COUVENT – OISEAUX
DUCCACHARO. NOCTURNES.

<Jt!E alléede Perseanous conduisità l'hospicedes capucinsaragbnois.Nous


nousarrêtâmesprès d'une croix de brésilletqui s'élèveau milieu d'une.grande
place.Elleestentouréedebancsoù lesmoinesnormes viennentdire leur rosaire.
Le couventsetrouveadosséà un énormemurde rocherstaillés à pic et tapissés
d'une végétationépaisse.Les assisesde la pierre, d'oneblancheuréclatante,ne
paroissentque cà et là entre le feuillage.Il est difficiled'imaginerun site plus
pittoresque il me rappela vivementles valléesdu comté~de T)erby et les
montagnescaverneusesde Muggendorfen FranconienLes hêtreset lesérablesde
l'Europe sont remplacésici par les formes,plus imposantesdu Ceiba et des
palmiersPragaet Irasse.Des sourcessansnombre jaillissentdu flanc desrochers
qui entourentcirculairementle bassin de Caripe, et dont les pentes rapides
offrent, versle sud, des profilsde mille pieds de hauteur.Ces sourcesnaissent,
pour la plupart, de quelquescrevassesou gorges étroites. L'humidité qu'elles
répandentfavorisel'accroissement des grandsarbres; et lesindigènes,qui aiment
leslieuxsolitaires, formentleursconucosle long de cescrevasses.Desbananiers
et des papayersy entourentdes bouquetsde fougèresarborescentes.Ce mélange
de végétaux cultivéset sauvages,donne à ceslieuxun charmeparticulier.Sur le
flancnu des montagnes,on distinguede loin lessourcespar desmassestouffues
de végétation qui d'abord semblentsuspenduesau roc, et puis, en descendant
dansla vallée,suiventlessinuositésdes torrens.

Parmi tes plantes int~reMantMde la vaUéede Caripe, nous avons trocvé pour la première fois: un
Caladium dont le troue a vingt pieds de haut (C. arboreum), le Mikania mtt-nMtAoqui pourroit bien
participer aux propriétés antivénéneuses de &mem Gaoco du Cboco, le Bauhinia ctttM~MM, arbre
colossal que les Indiens appellent Guarapa, le Weinmamnia glabra, un Psychotria en arbre, dont les
capsules, froisséesentre les doigts, répandent une odeur d'orange tres-agréabte, le Dorstenia Houstoni
(~!<tMde M</Ha~o),te Martynia Craniolaria dont la Ceur blanche a six à sept pouces de long une
Scrophutaire qui a le facies du Verbascam Miconi, et dont tes feuilles, toutes radicales et velues, sont
marquées de glandes argentées. Le NaeilMBaou Manettia de Caripe ( Manettia empota ), que j'ai
~tCMKOa NtMOr~MC~ ./OW. 022
4ï0 HVRBtH.
-1
Nousfumesreçusavecle plùsgrandempressemeBt par les moineadel'hospice
Le père gardien Ou supérieur étoit absent;mais, averti.d~ notre départ de
Cumana,il avoitpris les soinstes plus empresséspoumons rendre notre séjour
agréable.L'hospice a une cour intérieure, entouréed'un -portique, commeles
couvensd'Espagne.Cet endroit closnous offtoit beaucoupde commoditépour
établir nos instrumenset pour en suivre la marche. Nous trouvâmes dans le
couventunesociéténombreuse de jeunesmoines, récemmentvenus d'Espagne,
étoientau point d'êtrerépartisdanslesmissions,tandisque de vieuxmissionnaires
infirmescherchoientleur convalescence dansl'air vif et salutairedes montagnes
de Caripe.<~elogeaidansla celluledugardien, qui rentermoitune collectionde
livresassezconsidérable.J'y trouvai, avec surprise,près du Z~o~ cnMco de
Feijo et des Lettres ~{~aMt~~le ?hï~ec<Mc~de l'abbé Nollet. On
diroit quele progrèsdeslumièressefaitsentirjusquedanslesforetsde l'Amérique.
.Le plus jeune des moinesttCapucins de la dernièremission 2avoitapporté une
traductionespagnolede la Chimiede <~pt< Il comptoitétudier cet ouvrage
dans une solitude où, pour le reste dt~ses jours, it devoit être abandonné à
lui-même.Je douteque ledésir de l'instructionse conservechezun jeunereligieux
isoléaux bords du Rio Tigre: maisce qui est certain, et très-honorablepour
l'espritdu siècle, c'est que,pendant notre séjourdans lescouvenset lesmissions
de l'Amérique,nous n'avons jamaiséprouvéaucune marque d'intolérance.Les
moinesde Caripe n'ignoroientpas que j'étois né dans la partie protestantede
l'Allemagne.Muni des ordrès de la cour, je n'avoisaucunmotif de leur cacher
cefatt cependantjamaisaucunsigne de méfiance,aucune questionindiscrète,
aucunetentativede controverse,n'ont diminuéle prix d'une hospitalitéexercée
avectant de loyautéet de franchise.Nous examineronsdans un autre endroit
lescauseset les limitesde cette tolérancedesmissionnaires.

dessmésur tes lieux, d<B&re beaucoup du M. reclinata de Mntis. Ce dem:er, quî a servi de type au genre,
est ptaeé par Linné au
Mexique, quoiqu'il soit de la Nouvelle-Grenade. M. Mutis n'a jamais été au
Mexique, et il nous a engagé à rappeler aux botantstet~ue toutes les plantes qu'il a envoyéesà UpMt,
et que le Species, la Mantissa et le Supplémentindiquent comme mexicaines, sont de la Montuosa,
près ydePamplona ou de la Mina del Zapo, près d'Ibagae, par conséquent des montagnes de la
Nonvette-Grenade.
Nousaimons à citer avec reeonnoissance les noms des PP. Manuel de
Monreat, Louis de Mirahete
et Francisco de Allaga.
Outre les villages danslesquels tes indigènes sont réunis et
gouvernés par un religieux, on appelle
mission, dans les colonies espagnoles, la réunion des jeunes moines qui partent à la fois d'un port
d'Espagne pour recruter tes étaMissemens monastiques, soit dans le Nouveau-Monde, soit aux îles
Pbilippines. De là, l'expression: «aller à Cadix chercher une nouvelle mission. H
il
CBAM~RRVIÏ. 4"
.t' .i'J~A~C. &a
co~n~de..dan~ ,sïte~appeM~act~M~~
hau~u~aN~-d~u~nMMeam~~ la
vi~~de~~aracas~de~ia ~pa~~b~ Moatagn~~ïe~dei'
Aussi.'Ies'températures';m'oy€~ne8Ï~~
entreles tropiquessontpem~di!iMpaQ~C~ on sentlebesoindesetenir
couvertpendantla nuit, surtout sol~eil,
1.'tl'olts
vnnesle thermo-
mètrecentigrade,à minuit' .entre t~ et t~,5~ tg" et 20".
Versune heurede l'après-midi)il nes'étevoitencorequ'à at" et 22",5.
C'estune températurequi sumtau dévjeloppement desproductionsde lazone
torride;enla comparantaux chaleurs e xcessivesd es plainesde Cumana, on
l'appeMemit unetempératurede printemps. L'eau,exposéeà descouransd'air
dansdesvasesd'argilepbrease~ were&oidit à Caripe,pendantla nuitt, jusqu'à
t3". Jen'aipas besoinde rappelerquecette eauparoît presqueà la gtaceàdes
voyageurs qui, dansune mêmejournée,arriventau couvent,soit de la côte,
soitdessavanesbrutantesde Terezen,et quiparconséquentsontaccoutumés à
de
boire l'eaudes rivières,dont ta~ha!eu~ est communémentde aS" à 26°
centésimaux.
La température moyenne de la vaMée de Caripe, conclue de celle du mois de
septembre, paroît être de t8°,5. Sous cette zone, d'après les observations faites
à Cumana la température de septembre diffère à peine d'un demi-degré de celle
de t'aBnée entière. La température moyenne de Caripe est égale à celle du mois
de juin à Paris, où cependant les chaleurs extrêmes sont de 10° plus fortes que
dans les jours les plus chauds de earipe. Comme l'élévation absolue du couvent
n'est que de ~oo toises, on peut être surpris de la rapidité avec laquelle décroît

6ant)le districtde Ctarendon,tethen~omëtrecentigrade se Mntâent,de jour, entre aa" et a4°; !t


monterarementà 96' et il deMemdquelquefois juqu'à t8*. Cetterégiondes montagnesBleuesest
assezhabitée.On y trouvemetnequelquesmaisonsa des haMenmoh les colonsont t'habitadede faire
du feu pour se cbaufbr, lorsque (comme a Santa-Fede Bogota)Fatr se refroidit!e matin jnsou'ato*.
A tam~meépoqae, les ehaleurs de la plaine,par eMmpteJL~ingston, sont de 3a'*a 35*. Voyez
les ObserraNons de M. Farqnhar, qai a Teondix-septans a ta Jamaïque,danste fMo~~Mtt AM.
~tMm~t)Vot.1, p. t8a. J'ai désira réunir dans mon ouvragetout ce qui a rapport a~l'inBuence
deshantearssur lesclimatset lesettes organisa, soitdanstes AntiUes,soitsurle continentde l'Amérique
éqninoxiate.
Entre t9'8-t4'R.
Qu'ai6°,8-i8° R.
Jusqu'à te'4 R.
Deao*,o-2o",8R.
4 I2 ï.!VNE!tt.

la chaleurdepuisles cotes.L'épaisseurdes forets empêche la révefbératioa du


sol, qui est humideet convertd'unebourreépaissed'herbes et de mousses.Par
un tempsconstammentbrumeux,le soleilreste desjournéesehtiefessansaction
et, versl'entrée dela nuit, desventsfrais descendentde la Sierradel Guacharo
dansla vallée.
L'expériencea prouvé que le climattempéréet l'air rarénéde ce site sont
singulièrementfavorablesà la culturedu caûer, qui, comme on le sait, se plaft
sur leshauteurs. Le supérieurdes capucins,homme actifet éclairé a donnéà
sa provincecettebranche nouvelled'industrieagricole.On avoitcultivé-jadisde
l'indigoà Caripe maisle peu de recule que rendoitcette plante 'qui demande
de forteschaleurs,en a fait abandonner la culture.Nous trouvâmesdans le
Conucode /a Cb?n7MMn<*beanc9upde plantes potagères, du maïs, dela canneà
sucre, et cinq mille pieds de caner qui promettoient une belle récolte.Les
religieuxespérolent d'en tripler le nombre dans peu d'années. On ne peut
s'empêcherde remarquercette tendanceuniformequi se manifeste,au commen-
cementde la civilisation,dansla politique delà Mérarchie monacale.Partout
où lescouvensn'ont point encoreacquisde richesses,dans le Nouveau-Continent
commedanslés Gaules en Syrie commedansle nord de l'Europe ils exercent
une influenceheureuse sur le défrichementdu sol et sur l'introduction des
végétauxexotiques.A Caripe, leConucode la communeoffrel'aspectd'un grand
et beau jardin. Les indigènessont tenus dy travailler.tous les matins de six
à dix heures. Les Alcades et les Alguasilsde race indiennesurveillent les
travaux.Cesontles grandsofficiersde l'État qui, seuls, ont le droit de porter
une canne, et dont le choix dépend du supérieur du couvent.Ils attachent
beaucoupd'importanceà ce droit. Leur gravité pédantesque et silencieuse,
leur air froid et mystérieux,leur amour pour la représentationà l'église et
dans les assembléesde la commune,fontsourireles Européens.Nous n'étions
pas encore accoutumésà ces nuancesdu caractère indien, que nous avons
trouvéesles mêmesà l'Orénoque,au Mexiqueet au Pérou, parmi des peuples
qui diSèrent par leurs mœurs et leurs langages.Les Alcadesvenoienttous les
joursau couvent, moinspour traiter aveclesmoines desaffairesde,la'mission,
que sous le prétexte de s'informer de la, santé des voyageurs récemment
arrivés.Commenous leur donnâmesde l'eau-de-vie, les visites devinrent plus
fréquentesque ne le désiroientles religieux.
Pendant tout le temps que nous avons passé à Caripe et dans ~Ïesautres
missionsChaymas,nousavons vu traiter lesIndiens avecdouceur.En général.
CHAPITRE VII. 4*3

les missions des capucins aragonois nous ont paru gouvernées d'après un
systèmed'ordre et de disciplinequi malheureusementest peu commun dans
le Nouveau-Monde. Bes abus qui tiennent à l'esprit gêneraides établissemens
monastiques,ne peuventêtre imputés à aucunecongrégationen particulier.Le
gardien du couvent fait vendre le produit du jardin de la commune; et,
puisque tous lesIndiens y travaillent, tous prennent aussi une part égaleau
gain. On leur distribue du maïs, des vétemens~des outils, et, à ce qu'on
assure,quelquefoisde l'argent.Ces institutionsmonastiquesressemblent,comme
je l'ai fait observerplus haut,auxétablissemensdes Frères Moraves;elles sont
utiles<M~grès d'unesociéténaissante et, danslescommunautéscatholiques,
que t'da~Signe sousle nom de missions, l'indépendance des familles et
rexistenceindividuelledes membresde la société sont plus respectéesque
dans les communautésprotestantesqui suivent la règlede Zintzendorf.
Ce qui donne le plus de célébritéà la valléede Caripe, après la fraîcheur
extraordinairedu climat, est la grande Cuevaou cavernedu Guacharo Dans
un pays où l'on aimele merveilleux,une cavernequi donne naissanceà une
rivière, et qui est habitée par desmilliersd oiseauxnocturnesdont la graisse
est employéedanslesmissionspour apprêterles alimens,estun objet intarissable
d'entretienset dediscussions. Aussi,à peineun étrangerest-ildébarquéà Cumana,
qu'il entend parlerjusqu'à satiété de la pierre des yeux d'Araya, du laboureur
d'Arenasqui a allaitéson enfant, et de la cavernedu Guacharo qu'on assure
avoir plusieurslieuesde longueur.Un vif intérêt pour les phénomènesde la
nature se conservepartout où la sociétén'a pas de vie, où, dans une triste
monotonie,ellene présentequedes rapportstrès-simpleset peu propresà piquer
la curiosité.
La caverneque lesindigènesappellentune mine de g'nM.Mc, ne se trouve pas
danslavalléede Caripemême, maisà troispetiteslieuesdedistancedu couvent,
versFouest-sud-ouest. Elles'ouvredansUnevalléelatéralequiaboutit à la Sierra
del Guacharo. Nousnous mîmesen cheminvers la Sierra, le 18 septembre,
accompagnés des alcadesou magistratsindienset de la plupart des religieuxdu
couvent. Un sentierétroit nousconduisitd'abord, pendant une heureet demie,

La province deGmtcAarMcM, visita


queDelgado ent534,ttansl'expédition
deHieronimo
deOrta!x
paroitavoirétésituéeau sudouau sud-estde Macarapana. Sonnoma-t-ilquelque
rapportavec
ceuxdelacaverne et del'oiseau,
oucedernier nomest-ild'origine (~ae~Nov.0~.
espagnole?
p. 676). Guacbaro encastillan
signifie quicrieet<e&Mne)t<e
or,foiseaudeta caverne
deCaripe
etle
Gaacharaca(PhasianusParraka)sontdesoiseauxextrêmement criards.
~t~ Ï.ÏVKEÏÏÏ.
v i · __L
vers lé sud, à traversune plaineriante et couverte d'un beau gazon; puis nous
tournâmesvers l'ouest le long.d'unepetite rivière qui sort;de la'bouche de la
caverne.On marche, en nfontantpendant trois quartsd'heure, tantôt dans l'eau
sur un sol
qui est peu profonde, tantôt entre le torrent et un murde rocher,
extrêmementglissantet fangeux.L'éboulementdes terres, les troncs d'arbres
épars, sur lesquelsles muletsont de la peine à passer, les plantes sarmenteuses
assezfatigante.Nousfûmes
qui couvrent le sol, rendent cette partie du chemin
de trouver à
ici, peine à 5oo toises de hauteur au-dessusdu niveau de
surpris
l'Océan, une le
Crucifère, Raphanus~nnofM.f. On sait combienles végétaux
de cette famillesont rares sous les tropiques; offrent, pour ainsi dire, une
ils
forme &on~Ze,et, comme telle, nous n'Imaginionspas la trouversur le plateau
peu élevédé Caripe. Ces mêmesformesboréales sembtoiehtse répéter dans le
Ga!ium,caripense, le Valeriana~ccn<&~ et unSanicula qui se rapproche du
S. marilandica.
Lorsqu'aupied de la haute montagnedu Guacharoonn'est plus qu'à quatre
cents pas de la caverne, on n'en voit point encoreTouverturë. Le torrent coule
dans unecrevassequia été creuséepar les eaux, et l'onmarchesousunecorniche
dont la saillie empêche de voirle ciel.Le sentier serpenté commela rivière; au
dernier détour, on se trouve subitementplacé devant'l'ouverture immense de
la grotte. Cet aspecta quelque chosed'imposant, mêmeaux yeux de ceux qui
sont accoutumésaux scènespittoresquesdes Hautes-Alpes.J'avôis vuà cette
époquelescavernesduPic de Derbyshire,où, couchédans un bateau, ontraverse
une rivièresouterrainesousune voûtede deuxpiedsde hauteur.J'avoisparcouru
la belle grotte de Treshemienshizdans les Carpates, les cavernesdu Harz et
cellesde Franconiequi sont de vastescimetières*1 d'ossemens de tigres, d'hyènes
et d'ours, grands commenoschevaux.La nature, sous toutesles zones, suit des
lois immuablesdans la distribution des roches, dans la forme extérieuredes
montagnes,et jusquedansces changemenstumultueux qu'a éprouvésla croûte
extérieurede notre planète. Unesi grandeuniformitéme faisoitcroirequel'aspect

Le,terreauquicouvre,
depuisdesmilliers
d'années,lesoldescavernes de <&aytenreoth
et de
MuggendorfeuFranconie,
exhale encoreanjourd'hu},
àdecertamet époque* det'année,
desmofettes
oudesmélangesgazeux etd'aMte,<)u!
d'hydrogène verslavo&te
s'étevent dessouterrains.
Cefaitestconnu
detousceuxquimontrent cescavernesaMvoyageurs; la direedon
et, torsqae}'avois desminesdu
j'aieuoccasion
Fichtetberg, de l'observer
souventenété.M.Laugier a trouvé,dansceterreaude
Muggendorf,outrelesphosphates
dechaux dematièreammale, ( Cww, <Mr M~m.
.HeoAo'c~m
Tom.
fossiles, le terreausurunferrougi,j'aiétéfrappé,pendant
1V~Ours,p. i4.) Enprojetant
monséjourà Steeben,
del'odeurfétideetammoniacalequisedégage, °
1

C,H~MT;K~,V,[. "5

delaca~rn~deC~~ voy~s
.antéH€Mrs~r~l~é:<a,,dc~be~60u~ ,'ul1,.9~té"1i1
eoung~ati~ des g~Qttes~
rature ittorganiqae oSreut de~~ppa~~ lautre aussi la majesté
de la végétationéquinoxialedo~, & l'ouv~ d'une caverne, uncaractère
iadiyiduel.
La CuevadelGuacharoest percéedawle piROnI verticald'un rocher.L'entrée
regardele sud; c'est une voûte qui a quatre-vingtspiedsde large sur soixante-
douzede hauteur.Cetteélévationégale,àuncinquièmeprès, ceUedela colonnade
du Louvre. Le rocher, qui surmontela groMe,est couronned'arbresd'unetaille
gigantesqueLe Mameiet le Genipayer' à feuilleslarges et luisantes!élèvent
verticalementïeurs branchesversje ciel, tandisque cettes duCourbantet de
t'Erythrinaforment, en s'étendanteune voûteépaissede verdure.DesPothosà
tige succulente, desOxa!iset des Orchidéesd'unestructure bizarre naissent
dans tes tentesles plus aridesdu rocher, tandis quedes plantes sarmenteuses,
balancéespar lesvents, s'eptrelacent~nfestonsdevantl'ouverturede la caverne.
Nousdistinguâmes,dansces festons, unBignonia d'un bleu violet, le Dolichos
pourpré, et, pourla premièreibis,ce magninqueSolandra~dont la fleur, couleur
orange, a un tube charnude plus de quatre pouces de longueur.U en est de
l'entréedes grottes comme de la vuedes cascades;c'est le site plus ou moins
Imposantqui en fait le charme principal, qui détermine, pour ainsi dire, le
caractèredu paysage.Quel contrasteentre la Cuevade Caripeet cescavernesdu
nord qui sont ombragéespar deschêneset par de sombresmélèzes.
Maisce luxe de la végétationn'embellit pas seulementla voûte extérieure, il
se montremêmedansle vestibulede la grotte.Nous vîmes,avec étonnement,
de superbesHéficoniaà feuillesde Bananier,atteignantdix-huitpiedsde hauteur,
le palmierPragaet desArum arbbrescens,suivrele bord du ruisseaujusquevers
ceslieuxsouterrains.Lavégétationcontinuedansla cavernede Caripe, comme
danscescrevassesprofondesdes Andes,qui ne jouissentque d'un demi-jour elle
ne cessede semontrer quelorsqu'onavançant dans l'intérieur, on est parvenu
à 30 ou 4o pas de distancede l'entrée de la grotte. Nousmesurâmesle chemin
au moyend'une corde,et nousmarchâmesprès de quatre cent trente piedssans

americana.
Cttoto,Genipa LaSeurvarie, decinqasitetaminea.
&Caripe,
UmDeu(troM)t)n'&
Be(u' denoir,detroispouces
dorée,tachetée de tongueur.
SolandratMMM~M. le GoMMttteAo
C'eat desIndiens
Chaymas.
~l6 LIVREïtï.
avoir besoind'allumerdes torches. La lumièredu jour pénètre jusqu'à cette
région,parceque la grotte ne,formequ'un seul canal, qui conservela même
directiondusud-estau nord-ouest.Là, pu la lumièrecommenceà s'éteindre, on
entend de loin te bruit rauquè des oiseauxnocturnesque les naturels croient
exclusivementpropresà ces lieuxsouterrains.
Le Guacharo a la grandeurde nos poules, la gueuledes Engoulevenset des
Procnias,le port desVautoursdont le beccrochuestentouréde pinceauxdesoie
roide.En supprimant avec M. Cuvier l'ordre des P/c~B, il faut rapporter cet
oiseauextraordinaireaux Passereauxdont lesgenressont liés entre eux par des
passagespresqueinsensibles.Je l'ai fait connoîtresousle nomde Steatornis, dans
uneMonographieparticulièrequerenferme~esecondvolumede mesObservations
de Zoologieet d'Anatomie comparée: il formeun nouveaugenre très-différent
du Caprimulgus, par le volume de sa voix, par son bec extrêmementfort et
munid'unedoubledent, par sespieds dépourvusde membranesqui unissentles
phalangesantérieuresdes doigts.Il offrele premierexempled'un oiseaunocturne
parmiles Passereaux dentirostres.Il a, par ses mœurs, à la fbisdes rapports
avecles Engoulevenset les Choucasdes Alpes Le plumagedu Guacharoest
d'unecouleurfoncéegris-bleuâtre,mélangéde petites strieset de points noirs.
De grandestachesblanches, qui ont la formed'un cœur et qui sont bordéesde
noir, marquentla tête, les aileset la queue. Les yeux de l'oiseausont blesséspar
l'éclatdu jour; ils sontbleuset pluspetitsque ceuxdes Engoulevensou Crapauds
volans.L'enverguredes ailes, qui sont composéesde ï~ à t8 pennes remiges,
estde trois piedset demi.Le Guacharoquitte la caverneà l'entrée de la nuit
surtoutlorsqu'ilfaitcla~de lune.C'estpresque le seuloiseau nocturnefrugivore
que nousconnoissionsjusqu'àce jour; la conformationde ses piedsprouve assez
qu'ilne chassepas à lamanièrede noschouettes.Il senourrit de fruits très-durs
commele Casse-noixet le Pyrrhocorax.Le dernierse nicheaussidansles fentes
des rochers, et on le'désigne sous le nom de Corbeau de nuit. Les Indiens
assurentque leGuacharone poursuitni les insecteslamellicornesni les
phalènes
qui scrvent de nourriture aux Engoulevens,H sufSt de comparerles becs du

~<M<nfm
SM~aractCMsementiBtssont:
ftt&&t<m,&t<ert&t~
conyreMMm,
~teetM~eant,mon<N&t~<t
auperiori dente
MMt<&n<a<<t,anteriori
<teM«on..R<e<<M
<M!p~tM)MM..P<~
t~Mj),<&F'<M~MM,
M~ttt&tM
integerrimis.
Corvus Pyrrhocorax.
Corruscaryocatactes, C. glandaruM. Le Choucas ou la corneille <!e
nos Alpes niche, Yen) la cime
du Liban, dans des grottès souterraines, à peu
près comme le Gmacharo, dont il a aussi la voix
épouvantablementaiguë (Labillardière, dans tes ~M<t~ At Toux. XVHt, p. 455 ).
cH~ïT~i.. 4*7
Gu~cbaro,,et~u,.Gapri~uIga~
~<~
de
cesoiseauxi~t dansla~p~t~e<As~
qu'au bruit de nos corbeilles qui; d~ yMectt'en
société,etconstruisentleursnidssurdé~les cimesse touchent.Les
sonsaiguset peccajMdes~uacha~ réRéchissent contrelesdes rochers,
et l'écholesrépèteau fondde lacayerne.LesïndÏ~nsnousmontrpientlesnids
decesoiseaux,enaxantjdestorchesaubout d'unelongueperche.Cesnidsse
trouvoientà5oou60piedsdehauteurau-dessus de nos têtes,dansdestrousen
formed'entonnotfs, dontle pMbndde lagrotteestcriblé.Le bruit augmehte à
mesureque l'onavance et que les oiseauxsont la
eSi'ayéspar lumtèreque
répandent Ïestorchesde Copal.Lorsqu'ilces'soit
pendantquelques minutesautour
de nous on entendottde loinlescrisplaintifsdes oiseauxnichésdansd'autres
emhranchemens de lacaverne.Onauroit dit que cesbandesse répondoient
alternativement.
Lej!Indiensentrentdansla CueyadetGuacharoune foispar an, versla fête
de Saint-Jean,armésde perchesaumoyendesquelles ilsdétruisentla majeure
partie desnids.Ontueà cette époque plusieurs milliersd'oiseauxet lesvieux~
commepour dé&ndreleurscouvées,planent autourde la tête des Indiens,en
des
poussant cris horribles.Lésjeunes qui tombentà terre sont éventrés
sur-le-champ. péritoine fortementchargé graisse,et une couche
Leur est de
adipeusese prolonge depuisrabdomenjusqu'àl'anus,enformantune espècede
pelotteentrelesjambesdel'oiseau.Cetteabondance de graissedansdesanimaux
frugivores,non exposés à lalumièreetfaisanttrès-peudejnouvemens musculaires,
rappellecequel'ona observédepuislong-temps dansl'engraissement desoieset
cette
des bœufs.On saitcombienl'obscuritéet le reposfavorisent opération.
Lesoiseauxnocturnes de l'Europesont maigres,parcequ'aulieude se nourrir
de fruits,commele Guacharo,ils viventdu produitpeu abondantde leur
chasse.Al'époquequeron appellevulgairement à Caripela récoltede Z'AM~e
lesIndiensconstruisentdescasesen feuillesde palmierprèsde l'entréeet dans
levestibulemême delacaverne.Nousen vîmesencorequelquesrestes.C'estlà,
qu'à unfeude broussailles,onfait fondreet découler,dansdes potsd'argile,la

'~MpoRiMd'e/GmMAam.
Z~ e«McJt<t<~e&t!n<M<em~
ybM.7.
2}eZe<«Mt&M<cttyMe~ 53
~t8 tïVRE !!ï.

graissedes jeunesolséauxrécèmmenttuës.Cette graisseest connuesoas!e nom


de beurreoud'huile( M~Ttfcca ouaceite) du Guacharo elleestà demi-Hqaide,
transparenteet inodore. Sa pureté est telle qu'on la conserveau-~etàd'un an,
sansqu'elledeviennerance.Aucouventde Garipe, dansta cuisinedes moines,on
n'employoitd'antrehuilequecelle de la caverne,et jamaisnous n'avonsobservé
qu'elledonnâtaux m~tsun goûtouune odeur désagréable.
La quantitérécoltéede cette huile ne répondguère au carnagequeles Indiens
fontannuellementdansla grotte,ï! paroîtquel'on ne recueillepas au-delàde i5o
à 160 bouteilles1 de M~nf<?<M bien pure; !e reste, moins transparent, est
conservédansde grandsvasesdeterre. G~.tebranchede l'industriedes indigènes
rappellela récoltede l'huilede pigeon dont on tetiroit autrefoisen Caroline
quelquesmilliers de barriques. A Caripe, l'usagedej rhùi!e de Guacharosest
très-ancien,et !es missionnairesn'ontrait querégotarisertaméthodede rextraire.
Lesmembresd'uneJi~He indiennequi porte tenom deMorocoymas,préfendent,
commedescendansdespremierscolonsdela vaHée,être lespropriétaireslégitimes
dela caverne:ilss'arrogentle monopoledela graisse mais, grâceaux institutions
monacales,leursdroits aujourd'huine sont qu'honorifiques.D'aprèsle système
des missionnaires,les Indienssont obligésde fournir de t'huite du Guacharoà
la lampederégHse on assureque le resteleur est acheté.Nousne
prononcerons
ni sur la légitimitédes droits des Morocoymas ni sur l'originede
l'obligation
imposéeaux indigènespar lesmoines.Il paroîtroit naturel que le produit de
la chasseappartînt à ceux qui la font mais, dans les forêts du Nouveau-
Monde, commeau centre de la civilisation européenne, le droit public est
modifiéd'après les rapports qui s'établissententre le fort et le
foible les
conquéranset les conquis.
La racedes Guacharosseroit
éteinte depuislong-temps,si plusieurscircon-
stancesn'en favorisoientpas la conservation.Les
indigènes, retenuspar leurs
idéessuperstitieuses,n'ont souventpas
le couragede pénétrerbien avant dans la
grotte.Mparoît aussique des oiseauxde la mêmeespècehabitent des cavernes
voisines,qui sont trop étroitespour êtreaccessiblesà l'homme.Peut-êtrela grande
cavernese repeupte-t-eUede coloniesqui abandonnentces
petites grottes; car les
missionnairesnous ont assuréque jusqu'ici onn'observe
pas que le nombre des
oiseauxait diminué sensiblement.,On a envoyé de
jeunes Guacharosau port
de Cumana; ils y ont vécu plusieursjours sans
prendre aucunenourriture, les
De60pouces cubeschacune.
C. pigeon-oil vient de la Columba
migratoria. (~~n<~ ~-«c ~b.T.m. ïî, p. 13).
CIt~ïT~.yt.Ï..
4~
~Q~t
grame~qu,~o~E,o~ n'étant ~ftrnt de t~KpicmAt.I~~KMtneda on,
on
<W~!M~ab~ e~yestomac des jeunes oisea
sort~;dp~<s.durs .et.se~~qu~~ 'Jl~fA,:t),iffr~9:,gJ;ajo~
oc '<G<un. ,&h<jrea~~ntet'-
mtttpntes,Gesont ~es~vieux-~IsjMux~~t~.pe~ graines à leuM~pe~ts.
On les ramasse soigoe~e~ot po~ :Cj1ri~t
dansd'autres endroit&évreuxdes basses rég~~
Nous caverne,les bordsde la pettte
suivîmes,toujoursen parjMurànt!a
rivièrequi y prendna~ssancë~EUe à ~8 a~3o~Ieds~de large.On marchesur
le rivageaussiÏong-temps quepermettentles couines,forméesd'inçrustations
calcaires;souvent,lorsqueie torrentserpenteentredes massesde staï~ctites
très-éievées, on est pMïgéde descendredansson lit m~mequi n'a que deux
piedsde profondeur. Nous~pprïmes~ avecsurprise,quece ruisseausouterrain
est l'originedu RioCaripequt,à que~ques Meues de distance,aprèss'êtreréuni
au petit Rio de SantaMaifia,est aavigaMe pour des pirogues.Il entredansla
rivièred'Areo,sousle nomde C~So~e ~~Men.Noustrouvâmes,surlebord
du ruisseausouterrain,unegrandequantité de bois de palmier.Ce sont tes
restesdes troncssur tesqueisgrimpentles Indienspour parveniraux nids
d'oiseauxsuspendusau pta~bndde la caverne.Les anneauxforméspar les
vestigesdesancienspétioles,oBrentcommeles marchesd'uneëcheUeplacée
perpendiculairement.
La grotte de Caripe,sur unedistanceexactement mesuréede 47~ mètres
ou ï~58 pieds, conserve ta mêmedirection,la mêmelargeur, et sahauteur
pnmitivede 60 à yopieds.Je n'aivu aucunecav6rpe,d~a8 !es deuxcontinens,
qui ait unestructureaussiuniformeet aussirégun~~j~s avionseu beaucoup
de peineà persuaderaux tndiensde dépasserla parEfS" antérieurede lagrotte,
la seulequ'ils iréqaententannuellementpour y recueillirde la graisse.Il
faHuttouterautoritéde 7<M pour les faireavancerjusqu'àl'endroit
où le sol s'élèvebrusquement avec uneinclinaisonde 6o", et où le torrent
forme unepetite cascadesouterraine Les indigènesattachentdes idées
mystiquesà cet antre habitépar des oiseauxnocturnes.Ils croientque tes
amesde leursancêtresséjournentau Jbndde la caverne. L'homme,disent-ils,
doit craindredes lieuxquine sontéclairés jai par le so!eU,~M,ni par ïa

'Ce phénomène
d'unecascade
sonterMine
setronve maissnruneëcheKe
rêpêlê, beaucoup
plus
enAngleterre,
grande, danslecnmtê prèsde&:agsda!e,
d'Iorc~, &Yerdao-CMe.

u,wt.
4~0 t!VBE

lune, nMiM.Aller rejoindre les Guacharos c'est rejoindreses pères, c'est


mourir. Aussi, les magiciens,/MacA<M, et les empoisonneurs,ïMû~n~, font
leurs jongleriesnocturnesà t'entrée de ta caverne,pour conjurer le chef des
mauvaisesprits, ivorokiamo.C'est ainsi que se ressemblent, dans tous !es
climats, les premièresfictionsdes peuples, celles surtout qui tiennent &deux
principesgouvernant!e monde, au séjourdes ames après la mort, au bonheur
des justes et à la punition des coupables.Les langues les'plus différenteset
les plus grossièresonrent un certain nombre d'imagesqui sont les mêmes,
parce qu'elles'ont leur source danslà nature de notre intelligenceet de nos
sensations.Les ténèbres se lient partout à ridée de la mort. La grotte de
Caripe est le Tartare des Grecs, et les Guacharosqui planent au-dessusdu
torrent, en poussantdes cris plaintifs, rappellent les oiseauxstygiens.
C'est au point oùla rivière formela cascadesouterraineque se présente,d'une
mamèrebten pittoresque, le coteau, couvert de végétation, qui est opposé à
l'embouchurede la grotte. On le découvreà l'extrémité d'un canal droit, de
2~otoisesde longueur.Lesstalactites qui descendent de ta voûteet qui ressemblent
à descolonnessuspenduesen l'airseprojettentsurun fonddeverdure.L'ouverture
de !a caverneparo~t singulièrementrétrécie vers le milieudu jour; et nous la
vîmeséclairéede cette vivelumièreque reflètentà la foisle ciel, tes et
les rochers.La clarté lointaine du jour cOntrastoitavec les ténèbresplantes nous
qui
enveloppoientdanscesvastessouterrains.Nousavionsdéchargénos fusilscomme
au hasard,partout oùles crisdesoiseauxnocturneset lebattementde leursailes
faisoientsoupçonnnerqu'ungrandnombrede nids étoient réunis.
Aprèsplusieurs
tentativesinutiles,M. Bonplandréussità tuer deux Guacharos éblouis par
qui,
la lumièredestorches, sembloientnous
poursuivre.Cettecirconstanceme procura
le moyende dessinercet oiseau
qui, jusqu'ici,estresté inconnuaux naturalistes.
Nousgravîmes,non sans quelquepeine, la
petite collinede laquelledescendle
ruisseausouterrain.Nous vîmes que la grotte se rétrécit
sensiblement, en ne
conservantque 4o pieds de hauteur, et
qu'elle se prolongeau nord-est, sans
dévierde sa directionprimitive, qui est
parallèleà cette de la grande vallée de
Caripe.
Dans cette partie de la caverne,
ci~erne le ruisseaudépose
déposéun terrain noirâtre,
noiràtre assez
semblableà la matière que, dans la grotte de
Mugendorf, en Francdnie, on
appellela terre dusacrifice Nousne pûmesdécouvrir si ce terrrau, fin et

O~r- dela caverne duHodeBerg(montagne percéeajoar).


CHAPttRE VII. 4~Ï

spongieux,tombeàtraversdesfentesqui communiquentaa-dehofsavecta surface


dusol, ous'il est charié par les eaux de pluie qui pénètrent dans la caverne.
C'était unmélangede silice, d'alumineet de detritus végéta!.Nous marchâmes
dans une boue épaissejusqu'à un endroit où nous vones avec étonnementles
progrèsde la végétationsouterraine.Lesfruits quêtes oiseauxportent dans la
grotte pour nourrir leurs petits, germentpartout oit ils peuvent se-fixerdans le
terreauquicouvrelesincrustationscalcaires.Des tigesétioléeset muniesdequelques
rudimensde feuillesavoientjusqu'à deuxpieds de hauteur. ït étoitimpossiblede
reconnoitrespécifiquementles plantesdont la (orme,!a couleur et tout le port
avoientété changéspar l'absencede la lumière. Ces tracesde l'organisation,au
milieudes ténèbres frappoientvivementla curiosité des naturels, d'ailleurssi
stupideset si difncitesà émouvoir.Ils les examinoientdans ce recueillement
silencieuxque leur inspireun lieuqu'ilssemblentredouter.On auroit dit que ces
végétauxsouterrains, pâleset défigurés, leur paroissoientdesfantômesbannisde
lasurfacede la terre.Quant à moi, ils me rappeloient une des époquesles plus
heureusesde ma premièrejeunesse, un longséjour dans tes mines de Freiberg,
où je fisdes expériences1 surleseffetsde t'étiotemeht,très-différens,selonque
l'airest pur ou surchargéd'hydrogèneet d'azote.
Les missionnaires,malgréleur autorité, ae purent obtenir des Indiens de
pénétrerplusloindanslacaverne.A mesurequela voûtedu souterrains'abaissoit,
lescrisdesGuacharosdevinrentplusperçans.Il fallutcéderà la pusillanimitéde
nos guides, et retournersur nos pas. Le spectaclequ'offroit la caverneétoit
d'ailleursbien uniforme.!t paroît qu'un évéquede Saint-Thomasde la Guiane
étoit parvenuplus loin que nous.!t avoit mesuréprès de aSoo pieds
depuis
l'embouchuréjusqu'àl'endroitOùil s'arrêta, quoiquela caverneseprolongeâtplus
loin.Lamémoirede cefait s'étoit conservéeaucouventde Caripe, sansque l'on
en eût marquét'époqueprécise.L'éveques'étoit muni de gros ciergesde cire
blanchede Castille; nous n'avionsque destorchescomposéesd'écorced'arbre et
de résineindigène.La fuméeépaisseque donnentces torchesdans un souterrain
étroit, incommodeles yeux et gênela respiration.
Noussuivîmesle cours du torrent pour sortir de la caverne.Avant que nos
yeuxfussentéblouispar la lumièredu jour, nous vîmesétincelef,au-dehors de
la grotte, l'eaude la rivièrecachéesousle feuillagedesarbres.C'étoitcommeun

Humbotdt, ex physiologia
Aphorismi chemica
plantarum
(~om ~~e~. M<&er~M<
p. t8t.)
960ferot.
~3~ HVRE tir.
tableau otacé dans le lointaiû.
placé dans auquel couverture de rla caverne ~ervoit
lointain, et aacrueLI~~ertMre
d'encadrement.ArrivésenjSna cette ouverture, assis au bofdduruisseau, nous
nousreposâmesde nosfatigues. Not~étions bten aises de ne plus entendreles
cris rauquesdes oiseaux, et de quittejrun lieu où lesténèbresn'on~ent guère
lecharmedu silenceet dela tranquillité.Nousavionsde la peiné a nouspersuader
que le nomdela grotte de Canpeait pu rester jusqu'alorsentièrementinconnu
en Europe Les Guacharosseuls auroientsu~Rpour la rendre célèbre.Hors les
montagnesde Caripeet de Cumanacoa,on n'a jusqu'ici découvertnulle part de
ces oiseauxnocturnes, a
Lesmissionnairesavoient fait préparer un repas à l'entréede la caverne.Des
feuillesde bananierset de VIjao qui ont un lustre soyeux, nousservoient de
nappe, selonl'usagedupays.Riennemanquoltànos jouissances,pasm~me des
souvenirsquisontd'ailleurssi raresdanscescontréesoùlesgénérationss'éteignent
sanslaisserde tracede leur existence.Noshôtesse plaisoientà nous rappeler que
les premiersreligieux,venusdans ces montagnespour fonder le petit villagede
Santa-Maria3, avoientvécu pendant un mois ~ansla~Eaverne, et que là, sur
une pierre, à la lueurdes torches, ils avoientcélébréles mystèresde la religion.
Ce réduit solitaireservoitde refuge aux missionnairescontre les persécutions
d'un chef belliqueuxdès Tuacopans,campésur les bords du Rio Caripe.)
Avant de quitter le ruisseausouterrain et ces oiseauxnocturnes, jetonsun
dernier coup d'oeilsur la caverne'du Guacharo et sur l'ensembledes phéno-
mènes physiques qu'elle présente. Lorsqu'on a suivi le voyageurpas à pas
dans une longuesérierd'observationsmodifiées par les localités, on aime à
s'arrêterpour s'éleverà des considérationsgénérales.Les grandescavités, que
l'on appelleexclusivementdès cavernes~doivent-ellesleur origineaux mêmes
causesqui ont produit les drouses-desfilonset des couchesmétallilères, ou le
phénomèneextraordinairede la porositédesroches?Les grottesappartiennent-
ellesà toutes les formations,ou à cette époque seule où les êtres organisés

Ondoitêtresurpris
quelepèreGil:,auteur<ht&tgg'<'
'K&o< ~tMWMnn (Tom. ÏV,p.4t4), n'en
aitpasparlé,quoiqu'il
eûtentrelesmainsunmanuscrit ent~So,<mcouvent
composé, deCaripememe.
~'ai~dhnëtespremières
Not!oMd& la Cuevadel
Gtaacharoen1800,dansme~Lettres&MM. Delambre
etDetatmétherie, dansle~Mmo~de
publiées ~'&yt~M. maC&)~r.
~cy<t)MtMi ~~&Ht<e*, p.84.
Heliconia Mhai,Lin.Lescréoktontchangé, danslemothaytien le b enf et lh enj,
Bihào,
conformément &la prononciation
castillane,.
3
Ce Titlage.simé au sud de la caverne, étoit jadis le chef-lieu desmMsionsChaymao. C'est ponr cela
que, dans la CAoH~opAM<&< père Ca~M~p. 7 et 3io, elles sont dêtignéea sous les noms de J~~ione~
de Santa Maria de &)<! l'P. CopMcAmoj! ~agCnetM.
iCNAPtTttE VU. 4~3
commencoieatà peupler la surfacedu globe? C<6squestions géologiquesne
peuvent ~tre résoluesqu'autantqu'elles ont pourobjet, Pétâtactuel des choses,
c'est-a~~ desfaits susceptibles d'e~v&'i&és pat l'observatiQ~~
En considérantles ï'pch<es d'ap~s la BOGcessicn destemps on reconno~qne
les formationsprimitivesonrent tr&speu de cavemes,Les grandescavités que
l'on observedansle granitél&plttsancien, et qee l'on appeHe~M~ lorsqa'eMes
sont tapisséesde cristauxde roches, naissentle plus souventde ta réunion de
plusieurs~MoM~ eo~o~Sj&M de quarz, defeldspath ou de granite à petits
grains.Legneissprésente,quoiqueplusrarement,!e mêmepMnomene;et, près
de Wunsiedel au Fichtelgebirge j'ai eu occasiond'examinerdes ~M~
cristaux ayant deuxà trois piedsde diamètre, dans une partie de la rochequi
n'étoit pas traverséepar des filons.Nousignoronsrétendue des cavitésquetes
feuxsouterrainset lessoutèvemensvolcaniquespeuvent avoir produitesau sein
de la terre, dans cesrochesprimitivesqui, abondant en amphibole, en mica,
en grenats, en fer oxiduié et en titane, paroissentantérieurs au granite, et
dont nousreconnoissonsquetques fragmensparmi les éjectionsdes volcans.Ces
cavitésne peuventêtre envisagéesque commedes phénomènespartiels et locaux,
et leurexistencene répugneguère aux notions que nous avons acquisespar les
belles expériencesde Maske!yneet de Cavendish, sur la densité moyenne de
la terre.
Danslèsmontagnesprimitivesexposéesà nosrecherches,de véritablesgrottes,
cellesqui ont quelqueétendue, n'appartiennentqu'aux formations calcaires,
aux carbonateset au sulfatedechaux.La solubilitéde cessubstancesparoît avoir
favorisédepuis des siècles l'action deseauxsouterraines.Le calcaireprimitif
présentedes cavernesspacieuses,commele calcairede transition3et celui que
l'on appelleexclusivementsecondaire.Si ces cavernes sont moins fréquentes
dans le premier, c'est que cette roche ne formegénéralementque des couches

?nMttnter.
G&<cAtet<<~a C'està cespetitsfilonsquiparoissent
dumême Agequelaroche,qu'appar-
tiennent
tesfiletsdetaieet d'asbeste,
danslaserpentine, et lesnombreuxfiletsdequarzquitraversent
tesschistes
(?%o<Mc&M/er). J.zmMon oncontemporan8ous feMM danstes.Méat. of theWerner.&c.
Tom.I, 4.
En Franconie, ausud-est dela TLuehsburg.
DansJe calcaire primitif se trouvent le Hut~et-Loch, près de Kautungen en Silésie, et probablement
plusieurs cavernes des Mesde t'Archipet. Dans te calcaire de transition, on observe les cavernes
d'Etbingerode, du Rubeland et de Scbarzfeld, au Harz; celles de taSaMuh, daM tes &fMons et,
d'après M. Greenough, celle de Torbj, dans le Devonshire.
4a4 i.tV~)Eïïï.
subordonnées
aauschiste
subordonnées u schistemicacé nonopmm
micacé etet un ssystèmede montai parttcuheres,t
yst~e de montagnes
dans lesquelleslés eauxpuissents'innitrer et drculer & de grande~ distance
érosionscauséespar cet élément dépendent &Ia fois de s& q~ntitét de son
séjourplus ou moins long.deila vitesse qu'ilacquiert parla chute, et du degré
de solubilitéde la roche.J'ai observé, en généfai, que les eauxattaquent plus
facilementlescarbonates et lessulfatesde chaux des montagnessecondaires,
que !es càlcaju'esde transition fortement mêlésde silice et de carbone. En
examinantla structure Intérieuredes~talactitesquI recouvrent les paro!s des
cavernes,on y reconnoîttous lescaractèresd'un précipitechimique.Lecarbonate
de chauxn'a pasétéentra~néou suspendu,il a été vraimentdissous.Je n'ignore
pasque, dans les procédésde nos laboratoires,cette substancene paro!t soluble
que dans une eau fortement chargéed'acide carbonique mais les phénonaènes
que la.nature nous offrejournellement dans les caverneset dans les sources,
prouvent assezqu'une petite quanj&téd'acide carboniquesumtdéjà pourdonner
à l'eau, après un long contact, la propriété de dissoudrequelquesparcellesde
carbonatede chaux.
A mesurequel'on approche de ces tempsoù la vie organiquese développe
dans un plus grandnombre de formes, le phénomènedes grottes devient plus
fréquent.Hen existeplusieurs, connussous le nom de baumes non dans le
grèsancienauquelappartientla grandeformationde houille, mais dansla pierre
calcairealpineet danslecal cairedu Jura, qui n'estsouventque lapartiesupérieure
de la formationalpine.Le calcairedu Jura esttellementcaverneux3 dansl'un et
1antrecontinent, qut~plusieursgéognostesde l'école de Freibergluiont~donné
lenomdecalcaire à cavernes, Z~SA~enAa~t~n. C'estcette roche quiinterrompt
si souventle coursdesrivières4 en les aussi
engounrantdans son sein.C'estelle
qui renfermela fameuseCueva<~ Guacharoet les autres grottes de la valléede
Caripe,Le gypsemunatifere5, soit qu'il se trouveen couchedans le calcairedu
Jura oudanscelui des Alpes, soit qu'~sépare ces deux formations, soit enfin

QaetqneMsm&'metmgneiss,comme ~uSimpton, entreDovredoetCirevola.


Danslediatecte
desSuisses allemands
Balm8n.C'est&lepierrecalcaire
alpine les
qu'tpparttemneot
Ba~esduSentis,dumie et duBeatenberg, surtesbordsdttlacdeTbun.
Jemeborneraia citerlesgrottesde BoHdry,deM<Miera-TraTemetdeVatorbe,dans
!e Jmra;ht
deBalme
grotte prèsdeGenève; lescavernes
entreMugendorf enFranconie;
et Gailenreutb, SowiaJama,
Ogrodzimiec
etWtodowice, en Pologne.
Cephénomène géologique fixél'attention
avoitbeaucoup desanciens,
SCf~o,Gt< ?. 6(e~.
OMn,t8û7,To'n.ï,p. Soy).
)· o
5 Gypse de Bottendorf,SeA/o~eng)y~.
CHAPtT&E VU. 4~

qu'il reposeentraxecalcairealpin et le grès argileux offreaussi, à cause de sa


grandesolubilitédansl'eau, descavitésénormes.Elles communiquent quelquefois
entre ellesà des distancesde plusieurslieues.Lorsque ces bassins,souterrains1
sont remplisd'eau leur proximitédevient dangereuseaux mineurs, dont ils
exposentles travauxà des inondations imprévues;si les cavernesau coniraire
sont à sec et très-spacieuses, elles'favorisent le desséchémentd'une mine.
Distribuéespar étages,ellespeuventrecevoirleseauxdansleur partiesupérieure,
et servir, en secondantleseffetsde l'industrie, commedes-galeriesd'écoulement
creuséespar la nature. Aprèslesformationscalcaireset gypseuses,il resteroit à
examiner,parmi les rochessecondaires,Unetroisièmeformation, celledu. grès
argileux plusneufquelesterrainsà sourcessalées;ma~scette roche, composée
de petitsgrainsde quarz,cimentés,par de l'argile,renfermerarementdescavernes;
et, lorsqu'ils'enprésente ellesont peu d'étendue.Rétréciesprogressivement vers
leur extrémité3 leursparois sont recouvertesd'ocre brune.
Nousvenonsde voir que la formedes grottesdépenden partie de la nature
des rochesdanslesquelleson lestrouve maissouventaussicetteforme, modifiée
par des agens extérieurs, varie dans une même formation.Il en est de la
configurationdes cavernescommedes contoursdes montagnes,de la sinuosité
desvallées,et de tant d'autres phénomènesqui n7ôffrent,au premierabord, que
de l'irrégularitéet dela confusion.L'apparencede l'ordre renaît lorsqu'on peut
soumettrea l'observationune vasteétenduede terrain qui a subides révolutions
violentes,maisuniformeset périodiques.D'aprèsce quej'ai vudansles montagnes
de l'Europe et dans les Cordillèresdé l'Amérique,les cavernespeuvent être
divisées, selonleur structureintérieure,en trois classes.Les unesont la forme
de largesfentes ou crevassessemblablesà des filonsnon remplis de gangue,
commela caverne de Rosenmulleren Franconie, Elden-hole dansle Pic de
Derbyshire'et les~MMiMe~M de Chamacasapa4auMexique.D'autres cavernes
communiquent avecle jour aux deux extrémités ce sont de véritables roches
percées, galeriesnaturellesqui traversentune montagneisolée.Telssont le
des
Hole-Bergde Muggendorf,etla fameusecaverneappeléeDantoe par lesIndiens
Otomites, et le font de la Mère de Dieu par les Espagnols-Mexicains. Il est
difncilede prononcersur l'originedeces canaux,qui serventquelquefoisde lit

en Thuringe.
AMtM-~eMM,
Grès de Weisenfels et de Nebra, grès &Oolites. B~~o San~teM.
Tdi)sont la Reuscheune, en Si)~e; le I)iEbAe!kr et le KuhstaH.en Saxe.
Près de Tasco et de Tehuilotepec.
_r.
Relation AMhMv~He, Z~m. 7. 6~
~26 1, HVRB
ït!.
à des rivièressouterraines.Les rochespercéessont-elles creuséespar l'impulsion
d'un courant, ou doit-onadmettreplutôt quel'unedesonvertares de la caverne
estdue à un éboulemehtsubséquent,à un changementdansla fb~meextérieure
des montagnes,par exempleà unenonvellevalléeouverte dansleuirs~ancs?Une
troisièmeformede cavernes, et la plus communede toutes, offreune enfilade
de cavitésplacéesà peu près au même niveau, dans une même direction, et
communiquantentreellespar des couloirsplus ou moinsétroits.
A ces différencesde formesgénérâtes se joignent d'autres circonstancesnon
moins remarquables.Il arrive souventque des grottes peu spacieusesont des
ouverturesextrêmementvastes, tandisqu'onpénètre en rampantsous desvoûtes
très-bassesdansles cavernestes plus vastes et les plus profondes.Les couloirs
qui réunissentles grottes~partiellessont généralementhorizontaux: j'en ai vu
cependantaussi qui ressemblentà des entonnoirsou à des puits, et que l'on
pourrbit attribuerau dégagementdé quelquefluide élastiqueà traversune masse
non endurcie.Lorsquedes rivièressortent des grottes, elles ne formentqu'un
seul canalhorizontalcontinu et dont les dilatations sont prcsqae insensibles.
Tellesse présententla Cueva del GMCcAanO que nous venons de décrire, et,
danslesCordillèresoccidentalesdu Mexique,la cavernede San Felipe, près de
Tehuilotepec.La disparitionsubite1 duruisseauqui prend sasourcedans cette
dernière caverne, est devenueune cause d'appauvrissementpour un canton,
dont lescolonset lesmineursont égalementbesoind'eaupour arroserleschamps
et pour mouvoirles machinèshydrauliques.
En considérantcette variété de structuresqu'offréntles grottes dans les deux
hémisphères,on est forcéde rapporter leur formationà plusieurs causestrès-
diSérentes.Lorsqu'onparle,de l'originedes cavernes, il faut opter entre deux
systèmes de philosophienaturelle, dont l'un attribue tout à des secousses
violenteset instantanées,par exempleà la forceélastiquedes vapeurs et aux
soulèvemenscauséspar des volcans, tandis que l'autre a recoursà de petites
forces qui agissent presqueinsensiblementpar un développementprogressif.Il
seroitcontrele but d'un ouvragequi s'occupedesVoM <~ela nature, de discuter
lon~/M des choses, et d'abandonnerle petit nombre de faits bien observés
jusqu'ici, pour se perdra dansle vaguedes conjectures.Nousengageronsseule-
ment les physiciensqui aimentà se livrer à des hypothèsesgéologiques,à ne
pas oublierl'horizontalitéque l'on remarquesi souventau sein des montagnes

Dans lanuitdut6 avril8o2.


CHAPÏTREVn. 4~7
o. 11 t~ .2_ 1.
la. .5.H.
gypseuseset cal~res, sur de de
grandesétendues, dans position grottesqui
communiquent~tre ellespar des couloirs.Cette horizontaHM presqueparfaite
cette pente douceet Baiibrme,semMeat être ïe résultatd'a~ séjour des
eauxqui agrandissentpar érosionles fentesdéjà existantes et qui enlèventles
matièrestesplus tendres d'autant plus facilementquel'argileon le mùriatede
soudese trouve mêléau gypseet aucalcairefétide '.Ces effetssont les mêmes,
soit que les cavernesforment unelongueenniadecontinue, soit que plusieurs
de ces enfiladesse trouvent superposéesles unes aux autres, comme cela
arrive presqueexclusivementdans les montagnesgypseuses.
Ce qui, dans les rochescoquillèresou neptuniennes,appartient à l'action
des eaux, sembleêtre quelquefois,dans les rochesvolcaniques, l'effetd'éma-
nationsgazeuses3 quiagissentdansja directionoù ellestrouvent le moins de
résistance.Lorsqu'unematière fondue se meut sur une pente très-douce, les
grands axes des cavités armées par le dégagementdesfluides élastiquessont
à peuprès horizontauxou parallèlesau plan sur lequela lieu le mouvementde
translation.Un dégagementsemblablede vapeurs~joint A Ja force élastique
des gazqui pénètrent des couchesramollieset soulevées,paroît donner quel-
quefoisune grande étendueaux cavernesque l'on trouve dansles trachytes ou
porphyrestrapéens.Cescavernesporphyriquesportent, dansles Cordillèresde
Quito et du Pérou,le nom indien de .Mac~~ 4: ellessont généralementpeu
profondes, tapisséesde soufre,et diffèrent, par l'énorme grandeur de leur
ouverture,de cellesqu'offrent les tuffesvolcaniques5 en Italie, à Ténériffeet

&MtM«fe,
Yoyages,465,2~M<<e&en, Tom.H,p.tya.
Jï~/eMcA~/er,
&<nt<<eM). M. Werner a hasardé l'hypothèseque, dans le gypse ancien de la Thnnnge, tes cavernes
sont dues à la soustraction d'énormes massesde muriate de soude. ~Me~6en, e*, p. aoS. Reuss,
Geo~/Mtte,B. p. 484.
~o~e: pIashaNt,T.t,p.a47,35.ïet35Q.AuVéi&Te,tedncdetaTon-em'afa:tTOtr, en t8o5, dans des
courans de tave récente, des cavités atongées dans,le sens des courans, et ayant 6-y pieds de long sur
3 pieds de hauteur. Ces petites ftKWa~ volcaniques étoient tapissées de fer spécn!aire qui ne peut
conserver te nom de fer oligiste depuis les dmiers travaux de M. Gay-Lussac sur les otides de fer.
Machay est un mot de la langue qqaiehoa ~oe les Espagnolsappellent vulgairement la langue de
l'lnco. C'est ainsi que Callancamachay signifieu caverne grande comme une maison, une caverne qui
sert de tamboou caravanseray.
5
Quelquefois le feu agit comme l'eau, en enlevant des masses tes cavités peuvent être l'euet d'une
solution ignée, comme elles sont plus souvent l'effet d'une 'érosion ou solution aqueuse. Le capitaine
Flinders, dont tes amis des sciences ont déploré la perte funeste et prématurée, attribue une caverne,
près de laplantation Menil, dans l'iste-de-France, à une couche de &f spécutaire fondne et enlevée à la
suite d'une éruption volcanique. <o?~nM ott~ra~ Vol. U, p. 445.
4x9 HVR~ÎÏÏ.
dansles Andes.C'est en rapprochantainsi par la penséeles roches primitives;
secondaireset volcaniques,en distinguant entre la croûteoxidéc duglobe et le
noyauIntérieur,composépeut-~trede substancesmétalloïdeset inflammables,
qu'on reconnoitpartout l'existencedes~grottes. Elles agissentdans l'économie
de la nature commede vastes réservoirsd'eau et de fluides élastiques.
Les cavernesgypseusesbrillentde l'éclatde ta sélénitecristallisée.Deslames
vitreuses,coloriéesenbrun et en jaune, se détachentsur un fond strié, composé
de couchesd'albâtreet de calcairefétide. Lesgrottes calcairesont une teinte
plus uniforme.Elles sont d'autant plus belles et plus riches en stalactites,
qu'ellessont plus étroites et que l'air y circulemoins librement. C'est pour
être trop spacieuseet trop accessiblea l'air, qne la cavernede Caripe manque
presqueentièrementde ces incrustations,dont les formesimitativesexcitent,
dans d'autres pays, la curiositédu peuple.J'y ai aussi cherchéen vain des
plantes souterraines,de ces Cryptogamesde la familledes Usnéacées,qu'on
trouve quelquefoiscolléessur les stalactitescomme le lierre &urnos murs, au
momentoù l'on pénètre pour la première fois dans une grotte latérale
Les cavernesdes montagnesde gypserenfermentsouventdes moSettesetdes
gazdélétères Ce n'est pas le sulfatede chauxqui agit sur l'air atmosphérique,
maisl'argilelégèrementcarburéeet le calcairefétide qui se trouventsi souvent
mélangésavecle gypse.Onne sauroitdéciderencoresi la chauxcarbonatéefétide
agit commeun hydrosulfureou par un principe bitumineux3. Sa propriété
d'absorberl'oxigèneest connuede tous lesmineurs de la Thuringe elle est la
même que l'action de~l'argile carburéedes grottesgypseuses et des grandes
chambres( ~n~tfp~c) que l'on pratiquedanslesminesdesel gemme,exploitées
par l'introductiondeseaux douces.Les cavernesdesmontagnescalcairesne sont

C'estainsi'
qu'aétédécouvert
leLichen lorsdeta première
toph:co!a ouverture
delabeHe caverne
deRosenmuHer,enFranconie
(~9«m& UbercKe
Gn~nf~Mer, p.39).Lacavité,
<pMrenfermoit
leLichen,
étoitfermée
detouscôtéspard'énormea
masses
destalactites-
Ceteiemple
ne favorise de
pasl'opinion
quelquesphysiciens
quipensentquetesplantes décrites
sonterraines, parScopoli,
par~Hofmaonetpar
moi,sontlescryptogamesdenosforêtsportées
accidentellement
avecdesboisde charpentedans
Knténeurdesnune8,etde66nreespar!esenëtsdel'etlotement.
'~M<~en,Tom.H,p.t89.
3 L. <Tom.U,p. t6,aa. Le Stinkstein a constammentdes teintes brun noirâtres: H nedevtentManc
que par décomposition,qu'après avoir agi sur l'air environnant. Il ne faut pas confondre avec ie~<tnt«em,
qui est de formation secondaire, un calcaire prumttf grenu, très-blanc, de l'Mede Tbasos,
qui, radé~
offreune odeur d'hydrogène sulfuré. Ce marbre a te grain phm gros
que le marbre de Carare ( marmor
Z.t<MM<-). H a été tres-commnnément employé par tes statuaires grecs, et j'en ai souvent recueitti
des fragmensà la ~M&t.~frtfHM,près de Rome.
CHAfïTRE VÏÏ. 4~9

pas exposéesà ce~ décompositions de l'air atmosphérique,à moins qu'elles ne


renfermentdes ossemensde quadrupèdes,ou ce terreau mêléde gluten et de
phosphatede chaux, duquelse dégageât,commenousl'avonsobservéplus haut,
des gazInflammables et fétides.
Malgrétouteslesrecherchesque nous-avonsfaitesprès des habitans de'Caripe,
de Cumanacoaet de Cariaco,nousn'avonspasapprisqu'onait jamaisdécouvert,
dans la caverneduGuacharo, ni des dépouillesde carnassiers,ni de cesbrèches
osseusesd'animauxherbivoresquel'on retrouvedanslescavernesd'Allemagneet
de Hongrieoudans les fentesdes rochescalcairesde Gibraltar.Lesos fossilesde
Megatherium~ d'Eléphanset de Mastodontes que des voyageursont rapportésde
1 Amérique méridionale,appartiennent tous aux terrains meublesdes valléeset
des plateauxélevés.A l'exceptiondu Mégalonix espècede paresseuxà taille de
bœuf, décrit par .M,Jefferson,je ne connoisjusqu'icipas un seul exemplede
squelette d'animauxenfoui dans une cavernedu Nouveau-Monde. L'extrême
se
rareté de ce phénomènegéologiqueparoit moinssurprenante, si l'on rappelle
que la France, l'Angleterreet l'Italieoffrentaussiun grandnombrede grottesdans
lesquelleson n'a jamaisrencontréde vestiged'ossemensfossiles
Quoique,~lansla nature brute, tout ce qui tient aux idées d'étendueet de
massene soit pas d'une grandeimportance,je dois rappelercependantque la
cavernede Caripe estune des plusspacieusesque l'on connoissedans les roches
calcaires.Ellea pour le moinsgoo mètresou 2800 pieds de long En général,
à causedes diversdegrésde solubilitéde la roche, ce ne sont pasles montagnes
calcaires,maisles formationsgypseusesqui offrent les enfiladesde grottes les
plus étendues.On en connoît, en Saxe, dans le gypse, qui ont plusieurs lieues
de long, par exemple celle de Wimelbourg,qui communiqueà la caverne
de Cresfeld.
L'observationla plus curieuse queprésentent les grottes aux physiciens,
c'est la déterminationexactede leur température.La cavernede Caripe située
à peuprèspar lesio"to~ de latitude,par conséquentau centre delazonetorride,
est élevéede 5o6 toisesau-dessusdu niveaudes eaux dans le golfede Cariâco.

Le Megalonix
a ététrouvé
danstescavernes
deGreen-Briar,enVirginie,
à t5oolieues
dedistance
duMegstberinm,
dontildiffère etquialatailleduRhinocéros,
très-peu, (~menc. n."3o,p.a46).
?~afM.,
io.
Ct«'Mr,7ïe<'A.Mtr&«MeenMB<yoMt<M,Tom.rV,OttMjp.
La céiebre caverne de Baomann, au Barz, n'a, d'après MM. Gilbert et Ilsen, que 5~8 pieds de
longueur la caverne de Scharzfeld en a 35o; cette de Gaitenreuth, 304; celle d'Antiparos, ?oo pieds
(f)iMM&&en,Tom. H, p. t65 Mais, d'après Saussure(~<yo~, $. 465), la grotte de Balme en compte t3oo.
43o HVBEÏH.
avonstrouvé
Nousy avons
Nous trouvé partout,
.partout,
ft-
moisde
au mots
-1 septembre la température de
de septembre,
l'air Intérieur entre t8°,4 ~t i8'Q du thermomètrecentésimal.L'atmosphère
extérieureétotta t6°,2. A l'entrée de la caverne, le thermomètrese soutenoit
dansl'airà ~°,6; mais, plongé dans l'eau de la petite rivière souterraine, il
marquoit, jusqu'aufondde la caverne, t6°,8.Ces expériencesoffrentbeaucoup
d'intérêt, si l'on réfléchitsur l'équilibrede chaleur qui tend à s'établir entre
les eaux, l'air et la terre. Lorsqueje quittai l'Europe, les physiciensregrettoient
encorede n'avoirpas assezde donnéessurce qu'onappelleun peu fastueusement
la f<?7M~/MtMrc de l'intérieur dug~&c, et ce n'est que très-récemmentqu'on a
travailléavec quelquesuccèsà résoudrece grand problèmede la Météorologie
souterraine.Les couchespierreusesqui forment la croûte de notre planète,
sontseulesaccessibles à nosrecherches,et l'onsaitaujourd'huique la température
moyenne de ces couchés ne variepas seulementavecleslatitudeset leshauteurs,
maisque, selonla positiondes lieux, elle fait aussi, dans espace dune année,
desoscillationsrégulièresautour de la chaleurmoyennede l'atmosphèrevoisine.
Nous sommesdéjà loinde cette époque où l'on étoit surpris de trouver, sous
d'autreszones, la chaleurdes grotteset des puits, différentede celle que l'on
observedansles cavesde l'Observatoirede Paris. Le mêmeinstrument qui,
dans,ces, caves,marque 120,s'élève,danslessouterrainsde l'île de Madère,près
deFuncbal'.à i6",2; dansle puits de Saint-Joseph,au Caire', à 2t°,2; dans
les grottesde l'île de Cuba à 22° ou 23°. Cet accroissementest à peu
près
proportionnel à celui des températuresmoyennes de l'atmosphère, depuis
les 48" de latitude jusqu'autropique.
Nous venonsdevoir que, dans la cavernede Guacharo,l'eaude la rivière
est de près de 2° plus froide que l'air ambiant.du souterrain. L'eau, soit en
s'infiltrant à traversles roches, soit en coulantsur des lits pierreux,prend, à
n'en pas douter, la températurede ces lits. L'air, au contraire, renfermé dans
les grottes, n'est point en repos; il communiqueavec l'atmosphèrede dehors.
Quoique, sousla zonetorride, les changemensde la température extérieure
soientextrêmementpetits, il se forme cependantdes
couransqui modifient

AFmchal(lat.Sa"3?'),la température
moyenne det'airestdeao'4: cequiett d'autant
ptua
probablequeM.Escobrtrouve, pewSainte-CM!!tdeTéoénBe,at",8(CaveBdMtt,da)Mte&fAt/.
T~.
'778,p.Sgs Nous reviendrons danslamutesur cettedifférence entrete<souterrains
remarquable
àl'iledeMadèreet L'atmosphèrecirconvoisine.
Aa Caire (!at. 3o°a'), ta température
moyenne de l'air est de M-4, d'après Nonet.
s 0~. astr., Tom. p. t34. La températuremoyenne de l'air à La
Havaneest, d'apre$ M. Ferrer, ''y,6. e
CHAftTBE Vît. 4~t

périodiqH~CMia chaleur de Jt'airinténeu~~


des eaux, celle ~et6o,8que~
de la te~edauscesmontagnes, ~~rqtJ~ce~~1J'IKtt",fle.sçendent
pomt avecrapiditëdes~onlMj~6~T~ plusé_ lep~ées.
ïl Mit de ces rapprochein~s~q~~
absetameptprëcis, ontrpuY& ,1J~~1J.~f{1Ie~nedesn()mbres'lirfi~J"
ACaripe, dansla zoneéq~noxija~,à 5ootoises,'hauf.e1Jr" la température
moyenne du globen'est pasau-dessous de ï6°,8;c'estcequedonnel'expérience
faitesur l'eau deJarivièresouterraine. Onpeutde même prouverque cette
températuredu globen'est pas au-dessus de ïp" degrés, puisquel'air de la
caverne,au moisde septembre,a ététrouvéà ï8" Comme la température
moyenne de l'atmosphère,dans le moisle ne
pluschaud, dépasse pas t9"~5,
il est probableque, dansaneune saisonde l'année,on ne verroit monterle
thermomètre,exposéà l'air dans!a grotte, au-dessusde t~. Cesrésultats,
comme tant d'autres, quenousprésentonsdansce voyage,paroissentde peu
d'importance, en/es considérant isotément mais si on les compareaux
observations réclament faitesparMM.de Buchet WaMenberg sous!e cercle
ils du
polaire, rép~dpnt jour sur l'économie de la natureen généralet sur
l'équilibrede Mmpérature verslequeltendentsanscessel'airet la terre.Il n'estr
plusdouteuxqu'enLaponie,lacroûtepierreusedu globesoitde 3 à 4 degrés
oM-~c~Mdelatempératuremoyenne de l'atmosphère.Le froid qui règne
perpétue!tement dans les abunesde l'Océanéqninoxial,et qui estl'cSetdes
couranspolaires,produit-il,souslestropiques,une diminutionsensibledans
la températurede la terfe? Cette températurey est-elleaM-de.MeM~ de celle
de l'atmosphère:' Voilace quenousexaminerons dansla suite, lorsquenous
auronsréuniplusde faitsdansleshautesrégionsdela CordillèredesAndes.
Latempé~atcM Jnmeis
moyenne deteptetnbre.&Canpe,est
4et8'5;et,MU-hautes
deCnmana,
«&nousMon*
pmfecneiiNrun nombre
grand lestempénttnres
d'obserwtietM, desmoisles
moyennes
ptMchauds
nediNefent
decette:
deontOM
lesp!us&o:ds
qmedei°,8.
~32 HVBE ï!ï.

CHAPITRE VIÏt.

DÉPART DE CAMPE. – MONTAGNE ET FORET DE SANTA MARIA. –- MÏSS!ON DE


CATUARO. PORT DE CARIACO.

LES jours que nous passâmesau couvent des Capucins, dans les montagnes
de Caripe, s'écoulèrentbien rapidement; cependant, notre vie étoit aussi
simple qu'uniforme.Depuisle lever du soleil jusqu'àl'entrée de la nuit, nous
parcourionsla, foret et les montagnes voisines pour recueillirdes plantes
dont nousn'avionsjamais fait une plus ample moisson.Lorsque les pluiesde
l'hivernage nous empéchoientd'entreprendre de&~omse& lointaines, nous
visitionsles cabanesdes Indiens, le Co~Meodelà commune,ou ces assemblées
dans lesquellesles alcadesindiens distribuent, tous les soirs, les travaux du
lendemain.Nousne rentrionsau monastèreque lorsque le son de la cloche
nousappeloità partagerdansle réfectoirele repasdes missionnaires. Quelquefois
de grandmatin, nouslessuivionsà l'église pourassisterà la doctrine c'est-à-
dire à l'enseignementreligieux des indigènes.C'est une entreprise au moins
très-hasardéeque de vouloir parler de dogmes à des néophytes, surtout
lorsqu'ilsn'ont qu'âme connoissancetrès-vaguede la langueespagnole.D'un
autre côté, les religieuxignorent aujourd'hui,presque totalement l'idiome
Chaymas;et la ressemblancedes sons embrouilleà tel point l'esprit de ces
pauvresIndiens, qu'elleleur fait naître lesidéesles plus bizarres.Je mebornerai
à citerun seul exemple.Nousvîmes un jour le missionuaires'agiter vivement
pour prouverque I't~?<?mpjen&r, et l'Mf~Tto, hiver, n'ëtoient pas la même
chose, mais qu'ils différoient commela chaleur et le froid. Les Chaymas
ne connoissentd'autre hiver que le temps des pluies, et l'enfer des blancs
leur paroissoitun endroit où lesméchanssont exposésà de fréquentesaverses.
Le missionnaireeutbeaus'impatienter,il étoit impossibled'elfacerles premières
impressions,dues à l'analogieentre deuxconsonnes onne parvint pas à séparer
dans l'esprit des néophytes les idées de pluie et d'enfer, d'tw~7:o et
dt~/?emo.
''f
c~u~p~ 4~
Ap~avo~ passépresquetout le.,jour en plein,air nous, tac~~s te
s~t~~j ~t.~t.aM.~ "(¡;¡'Iaté3età
dessinercelles qui noMparoïssoi~ f~émerdés genrés~nauvé~i' Les puoinés
nous taissoient jouir de ;~out&notre~~liber~Vêtnousnous~rappelo'M,avec
une vive satis&ction, un sétot~r~a~ pour nos tfavanx.
NEalheureusement, !e ciel,~u~nx~d'une~~i~Bij~e~où les forets versent une
prodigieusequantité d'eau dans faitr, étoit peu iavorable aux observations
astronomiques.Je passaiune partie des nuits pour saisirle moment où quelque
étoileétolt visiHeentredes nuages près de son passagean méridien.Souvent
je trejmMotots de froid,quoiquele thermomètrene baissâtquejusqu'à ï6°. C'est,
dans nosclimats,la temperatureduMUrversïaBndeseptenutre.LesiBstrùmens
restoient montést~asla courdu couve)ttt pendantplusieursheures, et presque
toujours j'étoistMmpé dans mon attente. Quelquesbonnes observations de
Fomahanttet de Deneb du Cygne donnèrent, pour !a latitude de Canpe,
t o" ï b ï cequi prouveque laposition indiquée sur la carte de Caulinest
faussedeï8~,ceHedArrowsmithd~–––––––
Commedes observationsde hauteurscorrespondantesdu soleil me faisoient
connoïtrele tempsvrai à 3" près, je pus détermineravec précision, au moment
du midi, la variationde l'aiguilleaimantée.Elle étoit, le 20 septembres799,
de 30 ï5~ 3o~; au nord-est,parconséquent, de o" 58~ ï5~ plus petite qu'a
Cumana.Sil'on a égard à l'influencedesvariationshoraires qui, sous ces climats
ne s'élèventgénéralementpas au-delàde 8~, on reconnoitraqu'à des distances
considérables,la déclinaisonchange avec moins de rapidité qu'on ne le croit
communément.L'inclinaisonmagnétiqueétoit ~a~S (division centésimale),
et le nombredes oscillations qui exprimentl'intensité desforcesmagnétiques
s'élevoitaaa9,enïo'detemps.
Le chagrinde voirdisparoitreles étoilespar un ciel brumeux est le seul que
nousayons connudansla valléede Caripe.L'aspect de ce site a quelquechose
à !a fois de sauvageet de- calme,de lugubre et d'attrayant. Au milieu d'une
nature si puissante, on n'éprouveque des sentimensde paix et de repos. Je
dirois même qu'on est moins frappé, dans la solitude de ces montagnes, des
impressionsnouvellesque l'on reçoità chaquepas, que destraits de ressemblance
qu'oSrentles climats les plus éloignés.Les collinesauxquellesle couvent est
adossé,sont couronnéesde palmiers et de Ïbugèresarborescentes.Le soir, par

<?<.astr. Tom.I, p. tOo-toC.


~e&t&ba&MfoM~Hf~ybw.T. 55
434 LIVRE III.

un ciel'1. qui annonce la pluie,1 ill'air retentit du


'1 '1 1 8.
hurlement uniformedes singes
Alouates,qui ressemble au bruit lointain du vent .lorsqu'il agite la foret.
Cependant, malgré ces sons inconnus,ces formes étranges de, plantes, et ces
prodiges d'un monde nouveau, partout la nature fait entendre à l'hommeune
voix dont les accensluisent familiers.Le gazon qui tapissele sot, la vieille
mousseet la fougèredontse couvrent les racinesdes arbres, les torrens qui se
précipitent sur les bancs inclinés de la roche calcaire; enfin, cet accord
harmonieuxde couleursque reflètentleseaux, la verdureet le ciel,tout rappelle
au voyageurdes sensationsqu'il a déjà éprouvées.
Les beautésnaturellesde ces montagnesnous occupoientsi vivement, que
nousnousaperçûmesbien tard de rembarrasqu'éprouvoientles bons religieux
qui nous donnoientl'hospitalité.Ils n'avoient pu faire qu'unefoible provisionde
vinet de pain de froment;et, quoique,dans cesrégions, l'un et l'autrene soient
regard'ésque comme appartenant au luxe dé la table, nous vîmesà regret que
nos hôtes s'en privoient eux-mêmes.Notre ration de pain.avoitdéjà diminué
de trois quarts, et cependant de cruellesaverses nous ~breoient encore de
différernotre départ de deux jours.Que ce retard nous parut long; que nous
redoutionsle son de la clochequi nousappeloit au réfectoire!Nous sentions
vivement,par les procédésdélicatsdes missionnaires,combiennotre position
contrastoitavec cette des voyageursqui se plaignentd'avoir été dépouillésde
leurs provisionsdansles couvensCoptesde ta Haute-Egypte.
Nous partîmes enfin le 32 septembre suivis de quatre mulets chargés
d'instrumenset de plantes.Nouseûmesà descendrela pente nord-estdes Alpes
calcairesde la Nouvelte-Andalousieque nousavonsappeléesla grande chaule
du Bergantin et du Cocollar.La hauteur moyennede cette chaîne n'excède
guère sixou sept cents toises; et, sous ce rapport et celui de sa constitution
géologique,on peut la comparerà la chaînedu Jura. Malgrél'élévationpeu
considérabledes montagnesde Cumana, la descenteen est des plus pénibles,
on pourroit presque dire des plus dangereuses,du côté de Cariaco. Le Cerro
de Santa-Maria,que lesmissionnairesgravissentpour se rendre de Cumanaà
leur couventde Caripe, est surtout célèbrepar lesdinicultésqu'il
oppose aux
voyageurs.En comparantces montagnes,les Andesdu Pérou, les Pyrénéeset
les Atpes que nous avons parcourues successivement,nous nous sommes
rappelé plus d'une fois que les cimesles moinsélevéessont souventles plus
inaccessibles.
En quittant la valléede Caripe, nous traversâmesd'abord une
rangée de
CHAPITREVI!t~ 4~5
-1.. Ir T.4
--Il. ~-nA«IQ;f 'thlllt%llra
collinessîtuéèsau nord-est du couvent.Le chemin nous conduisit tou}ours en 1-n
montant,par une vastesavane,jusqu'auplateaudu Guardia de ~~MfM.
Nousy fîmeshalte pour attendre Hndien qui portoit le baromètre; nous nous
trouvâmesà 533 toises d'élévationabsolue, un peu plus haut que le fondde la
caverneduGuacharo.Les savanes, ou prairiesnaturelles, qui oSrentd'cxcetlens
pâturagesaux vachesdu couvent sont absolumentdépourvuesd'arbres et
d'arbustes.C'est le domainedes plantes monocotylédones;car au milieu des
graminéesne s'élèventça et là que quelquespieds de Maguey dont leshampes
fleuriesont plus de 26 piedsde hauteur.Arrivésau plateaudu Guardia, nous
nous trouvâmescommetransportésdans le fond d'un ancien lac, nivelé par le
séjourprolongédes eaux.On croit reconnoîtrelessinuositésde l'ancien rivage,
des languesde terre qui s'avancent des rochersescarpésqui s'élèventen forme
d'îlots. Cet ancienétat des chosessemblemême indiqué par la distributiondes
végétaux.Le fond du bassin est une savane, tandis que sesbords sontcouverts
d'arbresde hautefutaie.C'est probablementla valléela plus élevéedes provinces
de Cumanaet de Venezuela.Il està regretterqu'un siteoù l'on jouit d'un climat
si tempéré, et qui seroit sansdoute propre à la culture du froment, soit
totalementinhabité.
Depuisle plateaudu Guardia, on ne fait plusque descendrejusqu'au village
indiende SantaCruz.On passed'abord par unepente extrêmementglissanteet
rapide, à laquellelesmissionnairesont donné le.nom bizarre du Purgatoire
C'est un rocherde grès schisteuxdécomposé,couvert d'argile, et dont le talus
paroît d'une rapidité effrayante;car, par t'eSet d'une illusion d'optique très-
commune,lorsqu'onregardeduhaut de la collinevers le bas, le cheminparoît
inclinéde plus de 6o". En descendant,les mulets rapprochent les jambes de
derrièrede celtes de devant, et, baissant la'croupe, ils se laissentglisser au
hasard.Le cavalierne court aucun risque, pourvuqu'il lâche la bride et qu'il
ne contrarie en rien les mouvemensde i animal.De ce point, on aperçoit, vers
la gauche, la grandepyramidedu Guacharo. L'aspect de ce Pic calcaire est
très-pittoresque maison le perd bientôtde vueen entrantdans laforêt épaisse,
qui est connuesousle nom de la Montana de .yanta-TMayra. On descendsans
interruption pendant sept heures, et il est difficilede se faire l'idée d'une
descenteplus épouvantable;c'est un véritablechemin des échelles, une espèce

americana.
Agave
Baladadel Purgatorio.
436 MVRE t!ï.

de ravin dans lequel, pendant le temps des pluies, les torrens impétueux
s'élancentde rocheren rocher.Les gradinsont deuxà trois piedsde hauteur; etles
malheureusesbêtes de somme, après avoir mesurél'espacequi est nécessaire
pour que la chargepuisse passerentre les troncs des arbres, sautent d'un bloc
de rocher sur un autre. De peur de manquer le saut, on les voit s'arrêter
quelquesinstans comme pour examinerle terrain, et rapprocher les quatre
jambes à la manièredes chèvres sauvages.Si l'animal n'atteint pas le bloc de,
pierre le plus voisin, il enfoncejusqu'àmi-corpsdans l'argilemolleet ocreuse
qui remplitles intersticesdes rochers.Partoutoù lesblocsmanquent, d'énormes
racinesoffrentdès points d'appui aux pieds de l'homme et des animaux. Elles
ont jusqu'à vingt poucesd'épaisseur, et partent souvent du tronc des arbres
beaucoup,au-dessu~aela surfacedu sol.Les créolesse fient assezà l'adresseet
à l'heureux instinct des mulets pour rester en selle pendant cette longueet
pérUfeusedescente.Craignantla fatiguemoinsqu'eux, et accoutumésà voyager
lentement,pour recueillirdes plantes et pour examinerla nature des roches,
nouspréférâmesdescendreà pied.Les soins qu'exigëoientnos chronomètres,ne
nous làissoientpas mêmela liberté du choix.
La forêt qui couvre le flanc escarpéde la montagne de Sainte-Marie, est
une des plus épaissesque j'aie jamaisvues. Les arbres y sont d'une hauteuret
d'une grosseur prodigieuses.Sousleur feuillagetouffu et d'un vert foncé, il
règneconstammentun demi-jour, une sorte d'obscuritédont nos forêtsde pins,
de chineset de hêtresne nous offrentpas d'exemple.On diroit que, malgré sa
température élevée, l'air ne peut dissoudrela quantité d'eau qu'exhalent la
surfacedu sol, le teuillage des arbres, et leurtronc couvert d'une bourre
ancienne d'Orchidées,de Peperomia et d'au très plantes charnues. A l'odeur
aromatiqueque répandentles fleurs, lesfruits et le bois même, se mê!e celle
que nous sentons en automnedans les temps brumeux.Ici, commedans les
forêts de l'Orénoque, enfixant les yeux sur le sommetdes arbres, on aperçoit
souvent des tramées de vapeurslà où quelques faisceauxde rayons solaires
pénètrentet traversentl'atmosphèreépaissie.Nosguidesnousfaisoientremarquer,
parmi lesarbres majestueuxdont la hauteur excèdeï20-i3o pieds, le Curucay
de Terecen',qui donneune résineblanchâtre, liquide et très-odorinante.Elle
fut employéejadis par les Indiens Cumanagoteset Tagirespour encenserleurs
idoles.Les jeunesbranches ont un goût agréable,
quoiqueun peu astringent.

~'oyMp!Mhaut,p.4o5.
CHAPITREV!tt. 4~7
Après le Curucay et d'énormestroncs d Hymeneadont le diamètre excède
9-ïo pieds, lesVégétauxqui attiroient le plus notre attention, étoientle Sang
de,Dragon(Croton sanguISnum),dont le sue brun pourpre s'épanchesur une
écorceblanchâtre, la fougèreCa~ïM~, différente-de celle du Pérou, mais
presqueégalementsalutaire et les palmiers trasse, Macanilla, Corozo et
Praga Le dernier offreun choux palmiste très-savoureuxdont nous avons
mangéquelquefoisau couvent de Caripe. Avecces palmiers à feuillespennées
et épineuses,contrastoientagréablementles fougèresen arbre.Une d'entre elles,
le Cyatheaspeciosa3, s'élèveà plus de trente-cinqpieds de hauteur, ce qui est
prodigieuxpour des plantes de cette famille.Nousdécouvrîmesici et dans la
valléede Caripe cinq nouvellesespècesde fougèresarborescentes4 du temps
de Linné, lesbotanistesn'en connoissoientpasquatre danslesdeuxContinens.
On observeque les fougèresen arbre sont, en général, beaucoupplus rares
que les palmiers.La nature les a circonscritesdansdes lieuxtempérés,humides
et ombragés.Ellescraignentlesrayonsdirects du soleil;et, tandisque lePumos?e
le Coryphades steppeset d'autres palmiersde l'Amérique,se plaisentdans les
plainesnues et brûlantes, cesfougèresà tronc arborescent, qui, vuesde loin,
offrentl'aspectdes palmiers, conserventle caractèreet leshabitudes des plantes
cryptogames.Elles aiment les lieux solitaires, le demi-jour, un air humide,
tempéré et stagnant.Si eUesdescendentquelquefoisjusque vers les côtes, ce
n'est qu'àl'abri d'unombrageépais Le vieuxtroncdes Cyatheaet desMeniscium
est couvertd'une poudrecharbonneuse,qui (peut-êtredépourvued'hydrogène)
a un lustremétalliquecommele graphite.Aucunautre végétalne nousa présenté
ce phénomène;car lestroncs des Dicotylédones,malgrél'ardéur du climat et
l'intensitéde la lumière, sont moinsbrûlés sous les tropiquesqu'ils ne le sont
dansla zone tempérée.On diroit que lestroncsdes fougères,qui, semblables

LeCalahuala
de Caripeest!ePolypodium dontMM.
celuiduPérou,
crasifolium; RuizetPavonont
tantrépandu vientdel'Aspidtum
l'usage, Wtlld.
coriaceum, (Tectaria Cav.). Onme!e,dans
Catahoata,
lecommerce,lesracines duPolyp.crassifolium
diaphorétiqnes etdel'AcrostIcham
Huascaroauxracines
duvéntaMeCalahuala
onAspidium coriaceum.
AiphanesPraga.
Peut-être un Hemitelia de Robert Brown. Le tronc seul a aa-a4 pieds de longueur c'est, avec le
Cyathea excelsa de Itle de Bourbon, la plus majestueuse de toutes les fougèresen arbres décrites par
les botanistes.Le nombre total de ces cryptogames gigantesques s'étëve aujourd'hui à a5 espèces; celui
des Palmiers, à 80. Avec le Cyathea croissent, dans la montagne de Santa-Maria, Rhexia juniperina,
Chiococca ntcemoMt,Commelina spicata.
Meniscium «r~ore<ce)M,Aspidium caducum, À. rostratum, Cyathea villosa, et C. speciosa. ~<yet
les ~VofaGenera et Spec.plant., tom. t, p. 35, de l'édition in-4".
~38 MVRE ÏtÏ.
aux Monocotylédones, grossissentpar les débris des pétioles, tneu!'eBt~!a
circonférenceversle,centre, et que, dépourvusd'organescorticaux, par lesquels
les sucsélaborésdescendentvers tes racines, ils se brûlent pins facilementpar
l'oxigène de l'atmosphère.J'ai rapporta en Europe de ces poudresà éclat
métallique, enlevéesà des troncs de Menisciumetd'Âspidium tfès-~aBiem.
A mesure que nous descendîmesla montagnede Santa-Maria~cous ~tne$
diminuerles fougèresen arbre et augmenterle nombredes palmiers.Les beattx
papillonsà grandesailes les Nymphales,qui volentà une hauteur prodigieuse,
devenoientplus communs.Tout nous annonçoit que nous nous rapprochions
des côtes et d'une zone dont la température moyenne du jour est de a8 à
3o degréscentigrades.
Le temps étoitcouvertet faisoitcraindreunede cesaversespendantlesquelles
il tombequelquefoisi à i,3 poucesd'eau dans un seul jour. Le soleilédairoit
par intervallesle sommetdes arbres; et, quoiqueà l'abri de cesrayons, nous
éprouvâmesunechaleur étonnante.Déjàle tonnerre gMndoit dansle lointain;
lesnuagesparoissoientsuspendus-àla cime des hantes montagnesdu Guacharo,
et le hurlementplaintifdes Araguatosque nous avions si souvent entendu à
Caripe au coucherdu soleil annonçoit!a proximité de l'orage*Nous eûmes
occasionici, pour la première fois, de voir de près ces singes hurleurs.'Ils
sont de la familledes Alouates dont les auteurs ont long-temps confondu
les diversesespèces.Tandis que les petits Sapajousde l'Amérique,qui imitent,
en sifflant, la voix des Passereaux,ont l'os de la langue minceet simple, les
singesà grandetaille, comme les Alouateset lesMafimondes2, ont la langue
placée surun large tambour osseux.Leur larynx supérieura six poches, dans
lesquellesse perd la voix, et dont deux, en terme de nids de pigeons,
ressemblentassez au larynx inférieur des oiseaux.C'est par l'air chasseavec
forcedans le tambour osseux, qu'est produit le son lugubre qui caractérise
les Araguatos.J'ai dessiné sur les lieux ces organesimparfaitementconnusdes
anatomistes, et j'en ai publié la description, d'abord après mon retour en
Europe Lorsqu'on considèreles dimensionsde la boite osseusedes Alouates
et le grand nombre de singeshurleurs nichéssur un seularbre dansles forêts
de Cumanaet de la Guiane, on estmoins surpris de la force et du volume de
leurs voix réonies.

Stentor Geoffroy.
Atetes, G.
~O~Zoo/ogte,Totn.t,p.8,pt.4,n.°9.
CHAPITRE VïtT. ~39
L'Araguetto,,queles IndiensTamanaqnesappetïent Aravata ëttesMaypures
Marnée, ressembj~a un jeune ours. Il a trois pieds de long en comptant du
sommetde la tête, qui est petite et très-pyramidale,jusqu'à Forigine de la
queueprenante; son pelageest touffuet d'un brun-roussàtre; la poïfrineet te
ventre sont égalementcouvertsd'an beau poil, et non pas nus commedans le
~foMO colorado, ou Alouate rouxdeBuSbn,que nousavonsexaminéavecsoin,
en remontantde CarthagènedesIndes à ~ata-F~de Bogota.La facede l'Araguato,
d'un bleu noirâtre, est couverted'une peau nne -et ridée. Sa barbe est assez
longue; et, malgréla directionde la lignefaciale,dont l'anglèn'est que de 3o",
lAraguatoa dansle regard et dans l'expressionde la physionomieautant de
ressemblanceavec l'homme que la Marimonde(S. Belzebuth, Brisson) et le
Capucinde lOrénoque( S.chiropotes). Parmides milliersd'Araguatosque nous
avonsobservésdanslesprovincesde Cumana, de Caracaset de la Guiane, nous
n'avonsjamaisvu de changemensdans le pelagebrun-roussâtredu dos et des
épaules,soit que nousayons examinédes individus, ou des bandes entières.Il
m'a paruen généralque lesvariétésde couleurssont moinscommunesparmi les
singesque ne le croientlesnaturalistes Elles sont surtout très-raresparmi les
espècesqui vivent en société.
L'Araguatode Caripe est une nouvelleespècedu genreStentor, que j'ai fait
connottresousle nomd'Alouate-Ourse,~MMMï ~nH/M.J'ai préféréce nomà ceux
quej'auroispu tirer de la couleurdu pelage, je m'y suisarrêté d'autant plus
et
facilementque, d'aprèsun passagede Photius, les Grecsconnoissoientdéjà un
singevelusous le nom d'~re<o~A<?c<M. Notre Araguato dinère égalementde
l'Ouarine( S.Guariba) et de l'Alouateroux ( S.Seniculus). Son œil, sa voix,
sa démarche, tout annonce de la tristesse. J'ai vu de jeunes Araguatos,
élevésdanslescabanesdes Indiens ilsne jouentjamaiscommeles petitsSagoins,
et leur gravitéa été biennaïvementdécrite par Lopezde Gomara, aucommen-
cementdu t6." siècle.« L'.Aranata de los C~MMejej, dit cet auteur, a le visage

Gomara ( ~M<-general de las Ind. cap. 80, p. io4). Fray Pedro Simon (Noticias de la Conquista
~e 7'tetv~~nM, t6a6. A~t.4,c.a5,p.3t7),ettepereCaut<n (/eor.,p. 33), décrivent ce singe
sous tes nonnd'dranata et Araguato. On reconno!t aisément dans les deux noms une même racine; le f
a été transformé en g e<en n. Le nom d'~M&ata, que Gumilladonne aux singes hurleurs du Bas-Orénoqne,
et que M. Geoffroypense appartenir an S. stramioea du Grand Parà est encore le même mot tamanaque
~ra~<M<t. Cette identité de noms ne doit pas nous surprendre. Nous verrons bientôt que la langue des
Indiens Chaymas de Cumana est une des branches nombreusesde la langue tamanaque, et que celle-ci
est liée à la langue caribe du Bas-Orénoque.
Spit,dansles Mém.
def~fc~.<&-
Munich, p. 340.
1815,
4~0 HVREHI.
de l'homme, la barbe d'un bouc, et le maintiengrave, A<MmM<o ~<?~o."J'ai
déjà fait observer dans une autre partie de cet ouvrage que les singes sont
d'autant plus tristes, qu'ils ressemblentplus à l'homme.Leur gaietépétulante
diminueà mesurequeleurs facultésintellectuellesparoissentplusdéveloppées
Nousnousétions arrêtéspour observerles singeshurleurs,qui, au nombrede
trente à quarante, traversoientle cheminen passant, en longue nie, d'unarbre
à l'autrepar desbranchescroiséesethorizontales.Tandisque cespectaclenouveau
nxoit toute notre attention, nous rencontrâmesune troupe d'Indiens qui se
dirigeoientvers les montagnesde Caripe.Ilsétoient entièrementnus, commele
sont généralementles indigènesde ce pays. Les femmes,chargéesd'un fardeau
assezlourd, fermoientla marche; les hommesétoient tous armés, jusqu'aux
enfansles plus jeunes, d'arcs et de flèches.Ils marchoient en silence, les yeux
fixéssurle sol. Nous tâchâmesd'apprendred'eux si nousétions encoreloin de
la missionde Santa-Cruz,oùnouscomptionspasserlanuit. Nousétionsharassés
de fatigueet tourmentéspar la soif~La chaleuraugmentoitavecla proximitéde
l'orage, et nous n'avionspas, sur notre chemin, trouvéde source pour nous
désaltérer.Les motssi Patre, no JPaf~, que lesIndiens répétoientsans cesse,
nousfaisoientcroirequ'ils entendoientun peu l'espagnol.Aux yeuxdesindigènes,
tout hommeblancest un moine, un jP~M~e~; car, dans les missions,la couleur
de la peau caractérisele religieuxplus encoreque la couleurdu vêtement.Nous
eûmesbeau tourmenterlesIndiensde nos questionssur la longueurdu chemin,
ils répondolentcommeau hasard, si et no, sansque nous pussionsattacher un
sensprécisà leursréponses.Celanousimpatientoitd'autant plus, que leursourire
et leurs gestesindtquoient l'intention de nous plaire, et que la forêt sembloit
toujours devenir plus épaisse.II fallut nous séparer; les guides indiens, qui
entendoientla languechaymas, ne pouvoientnoussuivreque de loin, parceque
lesmuletsde charges'abattoientà chaquepas dansles ravins.
Après plusieursheuresde marche, en continuantde descendresur des blocs
de rochers épars, nous nous trouvâmesInopinémentà l'extrémitéde la forêt
de Santa-Maria.Une savane3, dont les pluies de l'hivernageavoient renouvelé
la verdure, se prolongeoitdevantnousà perte de vue. A gauche, nos regards
s'étendoientsur une vallée étroite, qui aboutit
aux montagnesdu Guacharo.
0~.zoo<Tom.I, p.399et3M,Pl.3o.
Dans ta Gr~ce moderne, les moines portent vulgairement !e
nom de hw ~MtNan&, Katog~eroL
On y trouve Paspalum con~gatum, P. scoparium,
~o~M~<nct/<M-ntM,etc.
CHAPÏTRE VHÏ. 44*

Le fonddecetteva!!éeest couvertdune épaissefb~ret.L'œilp!ongeoïtsur la cime


des arbres,qui, &8oo piedsau-dessousdu chemin ,&rmoientun tapis de verdure
dune teinte sombre et uniforme.Lesclairièresde la foretparoissoi'ent comme de
vastesentonnoirs,danslesquelsnousreconnûmes,à leur forme éléganteet à leur
feuillagepenné, lespalmiersPragaet ïrasse.tHais~equi rendce siteéminemment
pittoresque,c'est l'aspectde!a ~e<v~~GtMtc~aw. Sa pente septentrto~ale,
cellequi regarde le golfede Cariacd, est abrupte: elle offreun mur de rochers,
un profilpresquevertical, dont lahauteur excèdetroismille pieds.La végétation
qui couvrece murest si peu épaisse~que l'œil peut suivre l'atignementdes
assisescalcaires.Le sommet de la ~<TM est aplati, et ce n'est qu'à son
extrémitéorientaleque s'élève,commeune pyramideInclinée, le Picmajestueux
du Guacbaro.Il rappellepar sa Cormetes aiguilles et lescornes des Alpes de
la Suisse.Comme la plupart des montagnesà pentes abruptes paroissentplus
élevées qu'elles ne le sont effectivement,il ne faut pas être surpris que le
Guachàropassedans lesmissionspour une cimequi domine le Turimiquiri et
IcBrigantin.
La savaneque nous traversâmesjusqu'au'village indien de Santa-Cruzest
composéede plusieursplateauxtrès-unis, et superposéscommepar étages.Ce
phénomènegéologique,qui se répète soustous les climats, paroît Indiquer un
longséjour deseauxdansdes bassinsqui ont déversélesuns danslesautres. La
rochecalcairen'estplus au jour eUeestcouverted'uneépaissecouchede terreau.
Là où nous la vtmespour la dernièrefoisdansla forêt de Santa-Maria,elleétoit
légèrementporeuseet ressembloitplus au calcairede Cumanacoaqu celuide
Caripe.Nousy trouvâmesdela minede ferbrun disséminéeen nids, et, si nous
ne noussommespas trompésdans l'observation,une corned'Ammon.Nous ne
parvînmespas à la détacher elle avoit sept poucesde diamètre.Ce fait est
d'autant plus important que, nulle part, dans cette partie de l'Amérique
méridionale,nousn'avonsvu d'Ammonites.La missionde Santa-Cruzestsituée
au milieu de la plaine.Nousy arrivâmesvers le soir, excédésde soif, étant
restésprès de huit heuressanstrouver de l'eau. Le thermomètrese soutenoit
à 26 degrés; aussi nous n'étions plus élevés que de ïgo toises au dessusdu
niveaude lamer.Nous passâmesla nuit sousun de cesAjupasque l'on appelle
maisons du rui, et qui, commeje l'ai dit plus haut, servent de tambo ou

rmsteramhom.
SchreUtôrnefj
Relation &M<or/yKej
Tom. 56
44~2 LIVRE :!).

caravanseraiaux voyageurs.Les pluies empéchoienttoute observationd'étoiles


et nous continuâmes,le lendemaina3 septembre, notre descentevers te golfe
de Cariaco.Au-delàde Santà-Cruzcommencede nouveau une foret épaisse.
Nousy trouvâmes, sous des touffesde Melastomes,une bette fougèreà feuilles
d'Osmunda,qui forme un nouveaugenre 1 del'ordre des PotypodiacéeS.
Arrivésà ta missionde Catuaro, nous voulûmescontinuerà t'est par Santa-
Rosalia,Casanay,San-Josef, Carupano, Rio-Cariveset la Montagnede Paria;
maisnousapprtmes, à notre grand regret, que lesaversesavoient déjà rendu
les cheminsimpraticables,et quenousrisquerionsde perdre les plantesque nous
venionsde cueillir.Un riche planteur de cacaoyèresdevoit nous accompagner
de Santa-Rosaliaau port de Carupano.Nousapprîmes à temps que sesaffaires
l'avoient appeléà, Cumana. Nous résolûmespar conséquentde nousembarquer
à Cariaco;et de retourner directementpar le golfe, au lieu de
passerentre l'file
de la Margueriteet l'isthmed'Araya.
La missionde Catuaroest placéedans le site le plus sauvage.Des arbresde
haute futaieenvironnentencorel'église, et les tigresviennentla nuit manger les
poules et les cochonsdes Indiens. Nous logeâmeschez le curé, moine de la
congrégationde l'Observance,auquel les capucinsavoient confié la mission,
parcequ'ils manquoientde prêtres de leur communauté.C'étoit un docteur en
théologie,petit hommesec, d'une vivacité pétulante. H nous entretenoit sans
cessedu procèsqu'il avoit avecle gardien de son couvent, de l'Inimitiéde ses
confrères,et de l'injusticedes Alcades,qui, sans égard pour les privilégesde
son état, l'avoient fait jeter dans un cachot. Malgréces aventures, il avoit
conservéun malheureuxpenchantpour ce qu'il ~appetoitdes questionsméta-
physiques.Il vouloit savoir ce queje pensoisdulibre arbitre, des moyensde
dégagerlesespritsde leur prisoncorporelle,et, avanttout, de t'âmedes animaux,
sur lesquelsil avoitlesIdéeslesplusbizarres.Lorsqu'ona traverséles foretsdans
lasaisondespluies, onsesent peu de goûtpour ce genrede
spéculations.D'ailleurs
tout étoit extraordinairedanscette petite missionde Catuaro, jusqu'àla maison
du curé.Elle avoit deux étages, et étoit devenuepour cela l'objet d'une vive
contestationentre les autorités séculièreset ecclésiastiques.Le
supérieur des
capucins,la trouvant trop somptueusepour un missionnaire,avoit vouluforcer
les Indiensà la démolir le gouverneurs'y étoit opposé
avec vigueur, et sa
volonté avoit prévalu contre les moines.Je cite ces faits peu
importans en
~Vbf.
Po!ybotna. Gen.,Tom.1, tab.2.
CHAPtTRE V!II. 443
eux-mêmes,parce qu'Hsfont connoïtre le régime intérieur des missions qui
n'estpas toujour~aussipaisiblequ'onle supposeen Europe.
Nous rencontrâmes,dans la missionde Catuaro le corrégidor' du district,
hommeaimableet d'un esprit cultivé. M nous donna trois Indiens qui) munis
de leurs MMcAe~,devoientnous précéder pourfrayer un chemina travers la
foret.Dansce pays si peufréquenté,ta~brccdela végétationest telle, à l'éppqne
desgrandespluies, qu'un hommea chevala de la peine à passer par dessentiers
étroits, couvertsde lianeset de branchesentrelacées.A notre plus grand regret,
le missionnairede Catuarovoulut absolumentnous conduireà Cariaco.Nous
ne pûmesnous y refuser il ne noustourmentolt plus de ses rêvessur l'àme des
animauxet le libre arbitre de 1 homme,II avoit à nous entretenir d'nn objet
bienautrementpénible.Le mouvementvers l'Indépendance,qui avoit manqué
d'éclaterà Caracas,en ï~8, avoitété précédéet suivi d'une grandeagitation
parmi lesesclavesde Coro, de Maracayboet,deCariaco.Un malheureuxNègre
avoitété condamnéà mort dans cette dernièreville, et notre hôte, le curé de
Catuaro, s'y rendoit pour lui offrirlessecoursde son ministère.Qu'il nous parut
long ce chemin, pendant lequel nous ne pûmeséchapper à des conversations
'<sur lanécessitéde la traite, la maliceinnéedes Noirs, et les avantagesque tire
cette race de son état de servitudeparmi les chrétiens »
On ne sauroitnier la douceurde la législationespagnole,en la comparantau
CodeNoir de la plupartdesautres peuplesqui ont des possessionsdans lesdeux
Indes.Maistel est ~tat des Nègresisolésdansdes lieux à peine défrichés,que
la justice, loin de les protéger emcacementpendant leur vie, ne peut même
punir les actes de barbarie qui ont causéleur mort. Si l'on tente une enquéte,
lamort del'esclaveest attribuéeà la foiblessede sa santé,àl'influenced'un climat
ardent et humide, aux plaiesqu'on lui a faites, maisque l'on assureavoir été
peu profondeset peu dangereuses.L'autoritécivileest impuissanteen tout ce
qui regardel'esclavagedomestique,et rien n'estplusillusoirequel'effettant vanté
de cesloisqui prescriventla formedu fouetet le nombrede coupsqu'ilest permis
de donner à la fois. Les personnesqui n ont point vécu dans lescoloniesou
qui n'ont habité que les Antilles, pensent assezgénéralementque l'Intérêt du
maftreà la conservationdes esclaves doit rendre leur existenced'autant plus
douceque le nombreen est moins considérable.Cependant, à Cariacomême,
peude semainesavant monarrivéedansla,province,un planteurqui ne possédoit

Don AteMndro
Me~ia.
4.44 LIVRE Hï.

que huit Nègresenfit périr six, en tes fustigeantde la manière!a plusbarbare.


Il détruisit votontairémentla majeurepartiede sa fortune.Deuxde sesesclaves
expirèrent sur-le-champ,Il s'embarquaavec les quatre qui sembloient plus
robustes,pour le port de Cumana mais ils périrent pendant la traversée. Cet
acte de cruauté avoit été précédé,dans la même année, d'un autre, dont les
circonstancesétoient égalementenrayantes.Des forfaits si grands sont restés à
peuprès impunis l'esprit qui a dictéles lois n'est pas celui qui présideà leur
exécution.Le gouverneurde Cumanaétoit un hommejuste et humain; mais
lesformesjudiciairessont prescrites,et te pouvoirdu gouverneurne s'étendpas
sur uneréformed'abusqui sont presqueinhérensà tout sytèmede colonisation
européenne.
La route que nous suivîmesà travers la forêt de Catuaro ressëmNe à la
descentede la montagnede Santa-Maria,aussilespassagesles pins difficilessont-
ils désignésici par desnoms égalementbizarres.Onmarchecommedansunsillon
étroit, creuséparles torrenset remplid'argitefineet tenace.Les muletsabaissent
la croupe et se laissentglissersur les pentesles plus rapides. Cette descente
s'appelle~co-~antec~ ) à causede la consistancede la boue qui ressembleà du
beurre.Le danger dela descentedevientnul par ta grandeadressedes muletsde
ce pays.L'argilequi rend le solsi glissantestdue aux couchesfréquentesde grès
et d'argileschisteusequitraversentlecalcairealpin gris-bteuâtre celui-cidisparoit
à mesureque t'en se rapprochede Cariaco.La montagnede Meapireest déjà
forméeen grandepattie d'un calcaireblanc rempli de pétrt&cationspélagiques
et parcissantappartenir, commele prouventdes grains de quarz agtutinésdans
la masse,à la grande formationdes brèches du littoral On descendcette
montagnesur les assisesdu roc, dont la coupureofïre des gradins de hauteur
Inégale c estencoreun véritablechemin des échelles. Plus loin, en sortant de
la forét, on atteint la collinede Buenavista Elle est digne du nom qu'elle
porte; car c'estde là qù~ondécouvrela villede Cariaco, au milieud'une vaste
plaine rempliede plantations, de cabaneset de bouquetsépars de cocotiers.A
l'ouest de Cariacos'étendle vaste golfequ'un mur de rocher sépare de l'Océan:
enfin vers l'est, on découvre, commedes nuéesbleuâtres,leshautes montagnes
d'Arcoet de Paria 3.C'est une des vuestes ptusétenduesetles plus magnifiques,
dont on puissejouir surles côtes de la NouveIte-Andatoùsie.

~yMplMhaut,sorcettefonBationdegr~onpoBdtngMcatcmre,p.357.
Montagne de la belle vue.
Sierra de ~eo et Montana de Paria.
CHAPITRE Vt!t. 44~
Noustrouvâmes dans la ville de, Cariacoune grande partie des habitans
étendusdans leurs hamacs, et maladesde fiêvres intermittentes.Ces ûèvres
prennent, en automne, un mauvaiscaractère, et passent à l'état de fièvres
pernicieusesdysentériques.Lorsqu'on considèrel'extrême ~ertitité desplaines
environnantes,leur humiditéet la massedes végétauxqui les'couvrent,, on
conçoitaisémentpourquoi an mHiende tant de décompositionsde matières
organiques,leshabitansne jouissentpasdecette salubritédé Pair qui caractérise
la campagnearide de Cumana.ItestdijBiciiede trouver, sousla zonetorride,
une grande fécondité de sot, des nhnes fréquentes et prolongées, un luxe
extraordinairede la végétation, sans que ces avantagessoient contre-balancés
par unclimat plus ou moins funesteà la santé des hommesblancs. Les mêmes
causesqui entretiennentla fertilitéde laterre et-qui accélèrentle développement
des plantes, produisent des émanationsgazeusesqui mêtéesà l'atmosphère
lui donnent des propriétésnuisiHes.Nous aurons souventoccasionde faire
remarquerla coïncidencede cesphénomènes,lorsque nousdécrironsla culture
du cacaoyer,et lesrives de l'Orénoque, où, sur quelquespoints, les indigènes
eux-mêmesont de la peine à s'acclimater.Danslavattéede Cariaco,l'insalubritéde
l'airne dépendpas uniquementdescausesgénéralesque nousvenonsd'indiquer;
on y reconnottl'influenceparticulièredes localités.Il ne sera pas sansintérêt
d'examinerla naturede ce terrainqui sépare le golfede Cariacodu golfedeParia.
La chaînede montagnescalcairesdu Brigantinet duCocollarenvoie au nord
un rameauconsidérablequi se réunit aux montagnesprimitives de la côte.Ce
rameauporte le nomde A~e~zde Meapire; du côté de la ville de Cariaco, ili
s'appellele C~vo gMHMte CaMaco.Sa hauteur moyenne ne m'a pas paru
excéderi5o à 200 toises; là on j'ai p~t'examineF~il est composéde la brèche
calcairedu littoral.Desbancsmarneuxet catcaipe~akementavec d'autresbancs
qui renfermentdes grainsde quarz. C'est un phénomèneassezfrappant, pour
ceuxqui étudientle reliefd'un pays, que de voir une arête transversalelier en
angledroit deuxchaînons parallèles,dont l'un, le plus méridionai,est composé
de rochessecondaires,et l'autre, le plus septentrional, de roches primitives.
Ce dernier, que nous avonsfait connottredansnotre excursionà la péninsule
d'Araya n'offre, jusqueversleméridiendeCarupano,que desschistesmicacés;
maisà l'est de ce point, là où il communiquepar une arête transversale ( la

Apeuprèsou4a' à l'estduméridien
deCumana.
~ey<Mplus haut p. 33a.
~6 L!VREïtt.
Sierra de Meapire), au chaînoncalcaire, il renferme du gypse lamelleux du
calcairecompacteet d'autres rochesd!eformationsecondaire.Ondirolt que cest
le chaînon méridionalqui a donnéces rochesau chatnon~septentrional.
Lorsqu'onse placesur le sommetdu Cerrode Meapire, on voit les versans
allerd'un côté au golfe de Paria, et de l'autre an golfede Cariaco.A l'est et à
l'ouest de l'arête, il y a des terrainsbas et marécageuxqui se prolongentsans
interruption; et si l'on admet que les deux golfes doivent leur origine à des
affaissemens et à desdéchiremenscauséspar des tremblemensde terre, il faut
supposerquele Cerro de Meapirea résiste auxmouvemensconvulsifsdu globe,
et empêcheles eauxdu golfe de Paria de se réunir à cellesdu golfede Cariaco.
Sans l'existencede cette diguerocheuse,l'isthmen'existeroitvraisemblablement
pas.Depuisle châteaud'Arayajusqu'aucap Paria, toute la massedes montagnes
côuëresfbrmeroituneîle étroite, parallèleà l'ue de la Marguerite,et quatre fois
pluslongue.Cene sont passeulementl'inspectiondu terrainet des considérations
tiréesde son reliefqui con~rmentcesassertionsla simplevuede la configuration
des côteset la carte géologiquedu pays, feroientnattre les mêmes idées.Il parott
que l'île de la Margueritea été contiguëjadis à la chalnecôtière d'Araya, par('
la péninsulede Chacopata et les îles Caribes, Lobo et Coche de la même
manière que cette chaîne l'est encore à celle du Cocollar et de Caripe, par
l'arêtedu Meapire.
Dansl'état actuel des choseson voit s'agrandir, en gagnant sur la mer, les
plaineshumidesqui se prolongent, à l'est et à l'ouest de l'arête,,et qui portent
lesnoms impropresde valléesde San Bonifacioet de Cariaco.Les eaux de la
mer se retirent, et ces changemensde rivagesont surtout très~sensiblessur la
côte de Cumana.Si le nivellementdu sol sembleindiquer que les deux golfes
de Cariacoet de Paria occupoientjadisun espacebeaucoupplus considérable,
on ne sauroitdouter aussi que ce sont aujourd'huiles terres qui augmentent
progressivement.Prèsde Cumana,une batterie, qu'on appellede la Bocca, a
été construite,en !79ï, sur le bord mêmedé la mer:~ 1799, nous la vîmes
très-loin dans l'intérieur des terres. A l'embouchuredu Rio
Neveri, près du
Morro de Nueva Barcelona la retraite des eaux est
encore'plus rapide. Ce
phénomènelocal estdû probablementà des àtterrissemensdont la marchen'a
pas encoreété suffisamment examinée.
En descendantla Sierra de Meapire,qui forme l'isthmeentre les
plaines

PrëscteGmreetdeCarupano.
CMAPtTRE vm. 447
de San Bonifacioetde Cariaco, on trouve, vers l'esté grand lac dePutacuao~
qui communiqueayec le Rio Areo, et qui a à 5 lieues de dtttmecre.Les
terrainsmontagneuxqui environnentce bassin, ne sont connusqu'auxindigènes.
C'estlà que se voientces grandsserpensBoasque lesIndiens Chaymasdésignent
souste nom de Guainas, et auxquelsils attribuent fabuleusementun aiguillon
sousla queue.En descendanttaSierra de Meapire,vers l'ouest, on rencontre
d'abord un terrainereux ( tierra Aueca),~ut, pendant les grands tremblemens
de terre de ï~BS, a jeté de l'asphalteenveloppédans du pétrole visqueux:
plus loin on voit jaillir du sol une innombrablequantité de sourcesthermales
hydro-sulfureuses;enfin on atteint les bords du lac de Campoma, dont les
émanationscontribuentà rendre insalubrele climat de Cariaco. Les naturels
pensentque le terrain creux est formé par l'engouffrementdes eaux chaudes;
ct, à enjugerpar le sonque l'onentendsouslespieds deschevaux,ondoit croire
que lescavitéssouterrainesse prolongent'dél'ouestà l'est jusque vers Casanay,
sur une longueurde trois à quatre milletoises.Une petite rivière, le Rio Azul,
parcourt ces plaines.Elles sont crevasséespar des tremblemensde'terre qui
ont un centred'actionparticulier, et qui se propagentrarementjusqu'àCumana.
Leseauxdu RioAzulsontfroideset limpides:ellesnaissentau reversoccidental
de la montagnede Meapire, et l'on croit qu'elless'enrichissentdes infiltrations
du lac de Putacuao, qui estsitué de l'autre côté du chaînon.La petite rivière
et les sourceschaudeshydro-sulfureuses se jettent ensembledans la Laguna
de Campoma.C'est le nom que l'on donne à une grande mare qui se divise,
dans le tempsdes sécheresses,en trois bassinssitués au nord-ouestde la ville
de Cariaco, près de l'extrémitédu golfe. Des émanationsfétides se dégagent
sans cessede l'eau croupissantede cette mare. L'odeur de l'hydrogènesulfuré
se méteà celledes poissonspourris et des végétauxdécomposés.
Les miasmesse formentdansla valléede Cariaco, commedans la campagne
de Rome mais l'ardeur du climatdes tropiques en accroîtl'énergiedélétère.
Ces miasmessont probablementdes combinaisonsternaires ou quaternaires
d'azote, de phosphore,d'hydrogène, de carboneet de soufre.Deux mittièmes
d hydrogènesulfuré, métésà l'air atmosphérique,suffisentpour asphyxierun
chien, et, dansl'état actuel de t'eudiométrie,nous manquonsde moyenspour
apprécier des mélangesgazeuxqui sont plus ou moins nuisibles à la santé,
selonque lesélémens,en quantitésinfinimentpetites, se combinenten différentes

~M~&mo
de~KMcalientes,
à t'E.N.E.
de Cariaco,
distance
dea lieues.
~8 Ï.IVRE ïït.
orooorttoos.
proportions.Un des servM~Mt
les
Undesservjeest
ïesplusiKtportaas
plusimportansque !a chtmien
qaelachimiemoderneait rendus
à la physiologie,est d'avoif enseigné que nous ignoroOs~encorece que des
expériencesillusoiressur la compositionchimique et sur la salubrité de
l'atmosphèreavoient fait admettre~il y a quinze ans.
La position de la lagune de Gampoma rend le vent nord-ouest, qui soume
fréquemmentaprès le couchedu soleil, très-pernicieuxpour les habitainsde la
petiteville de Cariaco.On peut d'autant moinsdouter de son influence, qu'on
voit les fièvresintermittentesdégénéreren fièvrestyphoïdes, à mesurequ'on se
rapproche de la lagune, qui est le foyerprincipal des miasmesputrides. Des
famillesentièresde Nègreslibres, qui ont de petites plantations sur la cote
septentrionaledu golfe de Càriaco, languissentdans leurs hamacs dès l'entrée
de l'hivernage.Cesfièvresprennentlecaractèredefièvresrémittentespernicieuses,
si, exténuépar un longtravailet unefortetranspiration,on s'exposeà despluies
fines qui tombentsouventvers le soir. Cependantleshommes de couleur, et
surtoutles Nègrescréoles,résistentpinsque toute autre race aux influencesdu
climat.On traite les maladesavecde laTImonade,des infusions du Scoparia
dulcis, rarementavecle Cuspare, qui est le quinquina de l'Angostura.
On remarqueen généralque, dansces épidémiesde la ville de Cariaco, la
moralité est moins considérablequ'on ne devroit le supposer. Lea nèvres
Internuttentes,lorsqu'elles attaquent les mêmesindividus pendant plusieurs
années successives,altèrent et affoiblissentla constitution mais cet état de
débilité, si communsur les côtes malsaines,ne causepasla mort. Il estd'ailleurs
assezremarquablequ'on croit ici, commedans la campagnede Rome, que l'air
estdevenuprogressivementd'autant plus malsain,qu'on asoumisà la cultureun
plusgrandnombred'arpens.Lesmiasmesqu'exhalentcesplainesn'ont cependant
rien de communavec ceux qu'exhalenne foret lorsqu'oncoupe les arbres, et
que le soleiléchauSeune coucheépaissedefeuilles mortes: près de Cariaco, le
pays estnu et peu boisé. Doit~nsupposer que-leterreau, franchementremué et
humectépar les pluies, altère et ~ieie plas4'atmosphère quecette bourre
épaissed'herbesqui couvreun sol nonlabourée A cescauseslocalesse joignent
d'autres causesmoinsproblématiques.Lesbords voisinsde la mer sont couverts

S:cetteactionestnuisible,
ellen'eatcertainement
pasrestreintece procédé
j'aiconstaté
de~o~Ma~ot.qoe`
pardenombreuses expénence*surl'humusetles,terres(carburées)
d'unecouleur
foncée.
C'estpeut-être
simultanémentetàl'occasion
decetteabsorptîem
desaffinités,
lescombinaisons parle jeu
d~sgene,quete fermenta
comptiqné gMeaMs délétère!)
a bafedouble outripte.
CHAPITRE VIII. 449
de Mangliers,d'Avicenniaet d'autresarbrisseauxà écorceastringente.Tous les
habitansdes tropiquesconnoissentlesexhalaisonsmalfaisantesde cesvégétaux,
eton lescraintd'autantplus, que leursracineset leur piedne sont pas toujours
sous l'eau, mais alternativementmouillesou exposésà l'ardeur du soleil.Les
Mangliersproduisentdes miasmes,parcequ'ils renferment, commeje l'ai fait
observerailleurs, de la matière végéto-animale,combinéeavec du tannin.On
assurequ'il ne seroit pas difficiled'élargir le canal par lequel la Laguna de
Campomacommuniqueavec la mer, et de donner par~làde l'issue aux eaux
croupissantes.LesNègreslibres, qui visitent fréquemmentce'terrainmarécageux,
affirmentmême que cette saignéen'auroit guère besoind'être profonde, parce
que les eaux froideset limpidesdu Rio Azulsetrouventplacéesau fond dulac,
et qu'en puisantdans lescouchesinférieures,ontrouve de l'eau potable et sans
odeur.
La ville de Cariaco a été fois par les Caribes: sa
saccagée jadis plusieurs
population a augmenté les autorités
rapidement depuis que provinciales, malgré
les ordres prohibitifs de la cour de Madrid, ont souvent favorisé le commerce
avec les colonies étrangères. Elle a doublé en dix ans, et elle étoit, en 1800, de

plus de 6000 âmes. Les habitans s'adonnent avec beaucoup de zèle à la


culture du coton, qui est d'une très-belle et dont le produit excède
qualité,
ï o~ooo quintaux On brûle avec soin les gousses du cotonnier, dont la laine
a été séparée. Jetées à la rivière et soumises à la ces gousses donnent
putréfaction,
des émanations que l'on croit très-nuisibles. La culture du Cacaoyer a beaucoup
diminué dans ces derniers temps. Cet arbre précieux ne rend qu'après huit ou
dix ans. Son fruit se conserve très-mal dans les magasins, et il je /M<yMe au

Les créoles comprennent les deux genres RhiMphoraet Aviceunia, sousle nom de 3~&, en les
distinguant par les adjectifs co&)ra<&)
et prieto. Voici le catalogue des plantes ~orM~Mqui couvrent ces
plages sablonneuses du littoral, et qui caractérisent la végétation de Cumana et du golfe de Cariaco
RhizophoraMangte, Avicennianitida, Gomphrenaflava, G. &nM-&M<a', Sesuvium portutaoastrum(~MMo),
Talinum cuspidatum (~tcAo), T. cnmanense, Fortniacapt&Ma (&~oM),P. tanuginosa, Illecebrum
maritimum, Atriplex crM<<t<tt, Hehotropinm viride, H. latifolit4m,Verbena cuneata, MoHagoverticillata,
Euphorbia maritima, ConvolvulusotH)M'Mn<M. Ces tableauxde la végétation ont été forméssur les lieux,
en indiquant dans un journal, par des nombres, les plantes de nos herbiers que nous avons déterminées
plus tard. Je pense que cette méthode peut être recommandée aux voyageurs elle contribue à faire
connoitre l'aspect du pays sur lequel les catalogues, désignés sous le nom vague de 7'ïore< ne nous
instruisent que très-imparfaitement, parce qu'ils embrassent tous les genres de terrains à la fois.
Aottf..E~p., Tom. Iï, p. ~45. L'exportation du cotons'étevoit, en t8oo, dans les deux provinces de
Cumanaet de Barcelone,à i8,ooo quintaux, dont le port de Cariaco seul fournissoit six à sept mille;
en 1793, l'exportation totale n'étoit que de 390o. Le prix
moyen du quintal est de 8 à to piastres.
.ReZehoa ~M<or«yM~ ?om. 5~
~5o HVBE III.

bout d'un an, malgré toutes les précautions qu'on a employéespour le


sécher.Ce désavantageest très-grand pour le colon.Sur ces cotes, selon te
capriced'un ministère,et larésistanceplus oumoinscourageusedes gouverneurs,
le commerceaveclesneutres est tantôt prohibé,tantôt permissousde certaines
restrictions.Les demandesd'unemêmemarchandiseet les prix qui sont réglés
par la fréquencede ces demandes, subissent par conséquentles variations les
plus brusques.Le colonne peut profiter de ces variations, parce que le cacao
ne se conservepas dans les magasins.Ainsi lesvieux troncs de Cacaoyers,qui
ne portent généralementque jusqu'àl'âge de quaranteans, n'ont point été
remplacés.En 1792, on en comptoitencore.254,ooo dans la valléede Cariaco
et sur lesbords du golfe.Aujourd'huil'on préfèred'autresbranchesde culture,
cellesqui rendent dèsla premièreannée, et dont le produit moins tardif est
d'une conservationmoins incertaine.Telssont le coton et le sucre qui, sans
être sujets à la corruption commele cacao, peuvent être -conservéspour tirer
parti de toutes.les chancesde la vente.Les changemensque la civilisationet
lesrelationsavecles étrangersont introduitsdansTesmœurset le caractère des
habitansde la.côte, ontInnué sur ta préférencemarquée qu'ils accordentaux
diversesbranchesd'agriculture.Cette modérationdanstes désirs, cette patience
qui résisteà une longueattente, ce calmequi fait supporterla triste monotonie
de la solitude, se perdent peu à peu dansle caractèredes Espagnols-Américains.
Plusentreprenans,plus légerset plus mobiles,ils préfèrentdes entreprisesdont
le résultat est plus prompt.
Cen'est que dansl'Intérieurde la province, à l'est de la Sierra de Meapire,
dans ce pays inculte qui s'étend de Carupanopar la valléede San Bonifacio
vers le got(ede Paria, que l'onvoit naîtrede nouvellesplantationsde Cacaoyers.
Elles y deviennent d'autant plus productives, que les terres récemment
détrichéeset entouréesde forêtssont en contactavec un air plus humide,
plus
stagnant et plus chargé d'émanations méphitiques.C'est là que l'on voit des
pèresde famille,attachésaux ancienneshabitudes des colons, préparer à eux
et à leursenfansune fortunetardive, mais assurée.Un seulesclaveleur sumt
pour les aider dans leurs pénibles travaux.Ils défrichentde leursmains le sol,
étevent de jeunes Cacaoyers à l'ombre de l'Erythrina ou des Bananiers,
ébranchent l'arbre adulte, détruisent cet essaim de vers et d'insectes
qui
attaquentl'écorce, les feuilleset les fleurs, creusentdes rigoles, et se résolvent
à mener unevie misérablependant l'espacede sept ou huit ans, jusqu'à ce que
le Cacaoyercommenceà donner des récoltes.Trente mille pieds assurentde
CHAPITREVIII. 4~'
l'aisanceà une famillepour une générationet demie. Si là culture du coton
et du caféa fait diminuer cettedu cacaodansla provincede Caracas et dans
la petite vallée de Cariaco, il faut convenir que cette dernièrebranche de
l'industrie colonialea en général augmentédans l'intérieur des provincesde
Nueva-Barcelona et de Cumana Les causes de cette marche progressivedes
Cacaoyères de l'ouest à l'est sont facilesà concevoir.La province de Caracas
est la plus anciennementcultivée or, à mesurequ'un pays est défriché plus
long-temps,il devient, sous la zonetorride, plus dénué d'arbres, plus sec
plus exposéauxvents.Ceschangemensphysiquessontcontrairesà la production
du cacao; aussi les plantations, en diminuant dans la province de Caracas,
s'accumulent,pour ainsi dire, vers l'est, sur un sol vierge et nouvellement
défriché.La Nouvelle-Andalousie seule a produit, à l'époquede 1799, dix-huit
à vingt millefanègues de cacao(à 40 piastres la fanègueen tempsde paix),
dont cinq mille étoientexportéspar contrebandeà l'île de la Trinité. Le
cacaode Cumana est infinimentsupérieur à ~elalde Guayaquil. La meilleure
qualité est due aux valléesde SanBonifacio,commeles meilleurscacaode la
Nouvelle-Barcelone~ de Caracaset de Guatimala sont ceux de Capiriqual,
d'Uritucuet de Soconusco.
Nous eûmes à regretter que les nèvres'qui régnoientà Cariaconous empé-
chassentd'y prolonger notre séjour. Comme nous n'étions point encore
suffisammentacclimatés, les colons même, pour lesquels nous avions des
recommandations,nous engageoientà partir. Noustrouvâmes danscette ville
un grandnombrede personnesqui, par une certaineaisancedanslesmanières,
une plus grande étendue dans les idées, je dois ajouter par une prédilection
marquéepour les gouvememensdes Etats Unis, annonçoient avoir eu de
fréquensrapportsavec l'étranger.C'est pour la premièrefois, dans cesclimats,
que nous entendfmesprononcer, avec enthousiasme,les noms de Francklin
et de Washington. Aux expressionsde cet enthousiasmese mélolent des
plaintes sur l'état actuel de la Nouvelle-Andalousie,l'énumération souvent

delTesorero
Informe DonManuet sobreel proyectado
Navarete, estanoo
de aguardiente
decana,
t~oa(~f<tntMcn'<).
Les endroits où la culture est la plus abondante, sont tes vallées de Rio Carives,
Carupano,
Irapa, célèbre par ses eaux thermales, Chagttarama, Cumacatar, Caratar, Santa Rosalia, San Boni-
facio, Rio Seco, Santa Isabela, Patpeutal. En t~a, on ne comptoit encore dans tout ce terrain que
4a8,ooo Cacaoyers. En 1709, it y en avoit, d'après des renseignemens officielsque je me suis procurés,
près d'un million et demi. La fanègue de cacao pèse no livres.
4~2 LIVRE ÏÏT.

exasëreede
exagéréede ses richesses
richessesnaturelles.
naturelles, des voeux ardemsed, inquiets pour un
vœux ardet
avenir plus heureux.,Cette dispositiondes esprits devoit frapper un voyageur
qui venoitde voir de près les grandesagitationsde l'Europe: elle n'annonçoit
encorerien d'hostileet de violent, aucunedirection déterminée.Hy ayoit ce
vaguedansles idéesetles expressions,qui caractérise,chezles peuples comme
chezles individus, un état de demi-culture, un développementprématuré de la
civilisation.Depuis que l'ile de la Trinité est devenueune colonie angloise,
toutel'extrémitéorientalede la provincede Cumana surtout la côte de Paria
et le golfede ce nom, ont changéde face.Des étrangers s'y sont établis ils
ont introduit la culturedu eafier, du cotonnieret de la canneà sucred'Otaheiti.
La populationa extrêmementaugmentéà Carupano, dans la belle vallée de
Rio-Caribe,Guire et au nouveau bourg de Punta de Piedra, placé vis-à-vis
du port d'Espagnede la Trinidad. Le sol est si fertile dansle Golfb triste;i
que le maïsy donne deux récoltespar an et produit 38o fois la semence'.
L'isolementdesétabl-issemens a favoriséle commerceaveclescoloniesétrangères
et, dèsl'année ~797,il s'est fait unerévolutiondansles 4dées, dont les suites
ne seroientde long-tempsdevenuesfunestespour la métropole,si le ministère
n'avoit continuéà froissertous les intérêts, à contrariertous )es vœux.Il est
un moment, dans les rixes des coloniescomme dans presque toutes les
commotionspopulaires, ou les gouvernémens,lorsqu'ilsne sont pointaveuglés
sur le cours des choses humaines, peuvent, par une modération sage et
prévoyante rétablirl'équilibreet conjurer l'orage.Si ce moment leur échappe,
s'ils croient pouvoircombattre par une force physiqueune tendance morale,
alorstes événemens ae développentirrésistiblement,etla séparationdes colonies
s'effectueavec une violence,d'autant plus funeste; que la métropole, pendant
la lutte, est parvenueà rétablir, pour quelque temps, ses monopoleset son
ancienne dominatioq.
Nousnousembarquâmesde grand matin, dans l'espoirde faireen un jour la
traverséedu golfe de Cariaco.'Le mouvementde ses eaux ressembleà celui
de nos grands lacs, lorsqu'ils sont doucementagités par les vents. Il n'y a
que,douzelieues marinesde l'embarcadèreà Cumana.En sortant de la petite
ville de Cariaco nous côtoyâmesvers l'ouestla rivièrede Carenicuar, qui
alignéecommeun canal artificiel, se fraie un chemin entre des jardins et
des plantationsde cotonniers.Tout ce terrain, un peu marécageux,est cultivé

Unalmuda
donne,dansleGo~o
triste,ga, à Cariaco,
a5/a!Mga<.
CMAPÏTRE
VÏÏÏ. 4~3
avec k jp!~ ~ndsoin. Pendantnotre séjour au Pérou, on y a mtrodtntdans
les en~JMîtsplus%ecsla culturedu caner.Nous v~mesles J~mes indien
le lo~fgde ta rivièrede Cariaco, tayer leur linge avec le fruit du ~na~~ya
( Sapindussaponaria ). Onprétend que cette opération est très nuisibleaux
tissus 6ns. L'écprce de ce ~it donn~ beaitcoup~d~~ et le ~It est
tellement élastiqueque, jeté sur une pierre il bondit trois ou quatre fois à
7 ou 8 pieds de hauteur. Gommeil est d'un forme sphérique, on l'emploie
à faire deschapelets.
A peineembarques,n~ouseûmesa lutter conttedesventscontraires.Il
at~,e pleuvoit
à verse, et le tonnerregrondoitde près. Desessaimsde FIamingos,d'Aig~ttes
et de Cormoransremp!isso!entl'air en cherchantle rivage.L'Alcatras, grande
espècede Pélican, continuoit seul paisiblementsa pèche au milieu du golfe.
Nousétions ï8 passagers,et nous eûmesde la peine à placer nos instrumens
et nos collectionsdans une pirogue' étroite, surchargée de sucre brut, de
régimesde bananeset de noix de cocos.Le bord du bateauétoit à fleur d'eau.
Le golfede Cariacoa presquepartout ~? à ?b Tarassesde profondeur;mais,
à son extrémitéorientales, près de Curaguaca,sur une étendue de 5 lieues, la
sonde n'indiquepas plus de3 à 4 brasses.C'est là que se trouve le baxo de la
Cb~MC, banc à fond de sable, qui, à la marée basse, se découvrecomme un
îlot. Les piroguesqui portent des vivres à Cumana,y échouentquelquefois,
maistoujourssans danger, parceque la mer n'y est jamaisgrosseou ctapoteuse.
Nous traversâmescette partie du golfe où des sourceschaudes jaillissent du
fond de la mer. C'étoit le momentdu flot, de sorte que le changementde la
températureétoit moinssensible.Aussinotre piroguedérivoit trop vers la côte
méridionale.On conçoitque l'on doit trouver descouchesd'eau de température
différente',selon que le fond de la mer est plus ou moins bas, ou selon que
les couranset lesventsaccélèrentle mélangedes eaux thermalesavec cellesdu
golfe.C'est un phénomène' bien remarquableque l'existencede ces sources
chaudesqui élèvent, à ce que l'on assure, la températurede la mer sur une
étenduede dix à douzemilletoisescarrées.Lorsqu'onse dirige du promontoire
de Pariaversl'ouest, par ïrapa,Aguascalientes,le golfede Cariaco, leBergantin

ZattcAa. 1
*At'Medela Guadeloupe, il y a unefontaine
louillante
quijaillit~nr!agrève.( LescaUer
dansle
7ot<m.
<<efA~ tom.LXVII,p.379.)Dessources d'eauchaudes
sortentdufonddelamerdanslegolfe
de Naples,
et, prèsdel'!tePalmadansl'archipel
desCanaries.
45~ LIVRE ïï~
9 ~.I_-
et les valléesdAragua, jusqu'auxmontagnes neigeusesde Merida, on trouve
sur plus,dei5o lieuesde longueur une bande continued'eauxthermales.
Le ventcontraireet le tempspluvieux nousforcèrentderelâchera Pericantra!,
petite fermesituée sur la côte méridionaledu golfe.Toute cette côte, converte
d'unebelle végétation,est presquedénuéede culture: on y compteà peine
~oo habitans et, à l'exceptiondu villagede Mariguitar', on n'y rencontreque
des plantationsde cocotiers,qui sont les oliviersdu pays. Ce palmier occuper
dans les deux continens, une zone dont la températuremoyenne de l'année
n'est pas au-dessous de ao°. H est, commele Chamceropsdu bassin de la
Méditerranée,un véritable Palmier du .littoral. H préfère l'eau salée à l'eau
douce; il vient mmns bien dans l'intérieurdes terres, où l'air n'est pas chargé
de particulessaunes,que sur les côtes.Lorsque, à la Terre-Fermeou dans les
missionsde t'Orénoque,on plante des cocotiersloin de la mer, on jette une
quantité considérable,jusqu'à an demi-boisseau de sel, dansle trou qui reçoit
les noix de cocos.!1 n'y a, ~armi les plantes cultivées par l'homme, que la
canne à sucre; le bananier, 1 Mammeiet l'Avocatier qui aient la propriété
du Cocotier,de pouvoirêtre é paiementarrosésd'eaudouceet d'eau salée.Cette
circonstancefavoriseleurs migrations; et si la canne à sucre du littoral donne
un vezouun peu saumâtre, il est aussi, à ce que l'on croit, plus propre à !a
distillationdes eaux-de-vie,que le vezouproduit dans l'intérieurdesterres.
Le Cocotier,dans le restede FAmérIque,n'estgénéralementcultivéqu'autour
des fermes, pour en manger le fruit. Dans le golfe de Cariaco, il forme de
véritablesplantations.On parle à Cumanad'unehacienda de coco, commed'une
hacienda de cana ou de cacao. Dansun terrainfertile et humide, le Cocotier
commenceà porter abondammentdu fruit la quatrième année mais, dans les
terrainsarides, les récoltesne s'obtiennentqu'au bout de dix ans. La duréede
l'arbre n'excède généralementpas 80 à 100ans; sa hauteur moyenne, à cette
époque, est de 70 à 8o pieds. Ce développementrapide est d'autant plus
remarquable,que d'autres palmiers, par exemplele Moriche3 et la Palmade

'~Adasgéographique del'ouvrage
deRaynal entreCumana
indique, etCariaconmbourgappelé
~mMquin'ajamais existé.
Leaoartealesplusrécentes
de l'À!nét-iqtie
sontenrcbargées
denomsde
lieux,derivières
etde montagnes,sansquel'onpuisse
deviner
seulement
la source
deceserreurs
qui
sepropagentdesiècleensiècle.
Le cocotier végète dans l'hémisphère boréal,
depuis t'éqmtear jusqu'à 28° de latitude, Près de
t'équateur, it s'élève, depuis les plaines jusqu'à ta hauteurde 700 toises, au-dessus du niveau de la mer.
Mauritia ûexuosa.
caAPtT&EVÏIÏ. 4~5
Sombrero dont!a tnn<t<ic!t<! cet tt~-s-aranfle. n'ont
longévitéest très-grande, n'ont souventencoreatteint
souvent encore atteint que
<jue
à t8 piedsà t'~ge de 60ans. BansÏ~spremières 3oà~oannées, un Cocotier
du golfe de Cariacoporte, touteslé~lunatsons,un régime-de ï0-t~ fruits, qui
ne parviennentcependantpas tous à lamatunté. On peut compter~~ terme
moyen un arbre fournitannueHementtCent c~cos, dont on retire huit~Me<M'a
d'huile.Le~ajeo se vend pour deux r~uxetdemi~ de ou 3a sous. En
Provence, un olivierde 3oans donnea6livres ou sept fiascos d*buiÏe,de sorte
en
qu'il produit peuun moins qu'un cocotier, I l existe,dansle golfede Cariaco1
des AocMn<~<M de huit à neufmillejCocotiers elles rappeHent~ par leur aspect
pittoresque, cesbelles plantations Dattiers,près d'Elche, Murcie,où, sur
de en
une lieue carrée, on trouve plus de ~o,oob palmiers réunis. Le Cocotierne
continueà porter abondammentdu fruit que jusqu'à l'âge de 3o à ~o ans.·
passécet âge, les récoltes'diminuent,et un vieuxtronc de 100 ans, sansêtre
absolumentstérile, est cependantde bien peu de rapport. C'est dansla ville de
Cumanaque se fabriqueune grandequantité d'huile de Cocos, qui est limpide;
sansodeur,et très-propreà l'éclairage.Le commercede cette huileest aussiactif
que l'estsur lescôtesoccidentalesde l'Afriquele commercede l'huile de yoZ/nc
tiréedel'Elaysguineensis.Cettedernièreestemployéecommealiment. ACumana,
j'ai vusouventarriverdes pirogueschargéesde 3ooofruitsde Cocotier.Un arbre
enbon rapport donne unrevenuannuelde deux piastreset demie( t liv.5 s.
maiscomme,dansleshaciendas de coco, destroncsd âgesdifférensse trouvent
mêlés,onn'en évalue~le capital, danslesestimationspar experts, qu'à quatre
piastres.
Nousne quittâmesla fermede Pericantralqu'aprèsle coucherdu soleil.La
côte méridionaledu golfe. ornée d'uneriche végétation,offre l'aspect le plus
riant, tandis que la côte septentrionaleest nue, rocheuseet aride. Malgrécette

CoryptMt Voy.nos2V«f.
<ee<t!ntm. Gt-n.
<<~<eo.,
tomeï p.agf)del'édition
!n-4.°.
Ua~Mcoa 70-80
poacet dePAnt.
cttoeKt~piect
Ces évatuationspeuvent jeter quelque jour sur les avantagesque l'on tire de la culture des arbres frai-
tiers sous la zone torride. Près de Cumanaon évalue dans une estimation par experts, un pied de bananier
à un réat de ptata (t3 sous) un ~Vtf~eroou <!apotHMer, à 10 piastres. On vend pour un demi-réal quatre
noix decocoset huitfruits de N!spero(AiehrasSapota). Le prix des premiers a douMé depuis vingt ans à
causede la grande exportation que t'en eh fait pour les îles. Un Nispero de bon rapport donne an fermier
qui peut vendre le fruit dans une ville voisine, près de 8 piastrespar an; un pied de Bixaet un Grenadier
ne donnent que i piastre. Le Grenadier est très-recherché à cause du suc rafraîchissant de sesfruits,
que
l'on pré&re à ceux des Passiflores ou ~*«rcA<M.
~56 LIVREHï.
aridité et !emanquede pluie que l'on ressentquelquefois pendant quinzemois,e
la péninsuled'Araya (semblableau désertdeCanound dans l'tnde) produit des
Patillas ou melonsd'eau, qui pèsent de 5o à 70 livres.Sous la zone torride,
lesvapeursque l'aircontientformentenvironles de la quantité nécessaireà
sa saturation, et la végétationse soutier par l'admirable propriété qu'ont les
feuillesde pomper l'eau dissoutedans~l'atmosphère.Nous passâmesune nuit
assezmauvaisedans une pirogue étroite et surchargée, et nous arrivâmes, à
5 heuresdu matin, à l'embouchuredu Rio-Mançanares.Accoutumés, depuis
plusieurssemaines,à l'aspectdes montagnes,à un ciel orageuxet à de sombres
forets, nous fûmes frappés de cette pureté invariablede l'air, de cette nudité
du sol, decettemassede lumièreréfléchiequi caractérisele site de Cumana.
Au soleillevant, nous vîmeslesvautours ~aMM~w par bandesde 40 à 5o
perchéssur lesCocotiers.Ces oiseauxse rangentpar files, pour dormir ensemble
à la .manièredes gallinacées,et leur paresseest telle, qu'Usse couchentbien
avant le soleil, et qu'ils s'éveillentseulementlorsque le disque de cet astre est
déjà sur l'horizon.On diroit que cette paresseest partagée dans ces climats'par
lesarbresà feuillespennées.Les Mimoses, et lesTamarinsfermentleurs feuilles,
par un ciel serein, 25 à 55minutes avant le coucherdu soleil ils les ouvrent
le matin, lorsque son disque a été visible, pendantle même espace de temps.
Commej'observoisassezrégulièrementle leveret le coucherdu soleilpour suivre
le jeu du mirageoudesréfractionsterrestres,j'ai pu donnerune attention suivie
aux phénomènesdu sommeildes plantes. Je les ai trouvés les mêmesdans les
steppes, là où aucune inégalitéde terrain n intercepte la vue de l'horizon. Il
paroît qu'accoutuméespendant la journée à une extrêmevivacitéde lumière,
lessensitiveset d'autres légumineusesà feuillesminceset délicatesse ressentent
le soir du'plus petit affoiblissementdansl'intensité des rayons; de sorte que la
nuit commencepour ces végétaux, là commejOheznous~avant la disparition

Les pluies avoirétéplusfréquentes


paroissent aucommencement duse!ztemeeiecte.
Dumoinsle
chanoinedeGrenade, JPe<ff«
Martyrtf-~n~AMM (dereb.Ocean.Cotonue,)5y4,p.~5),enpartantdes
salines
d'Araya oud'.RitnH<t,
quenonjtavonsdécrites dan~te5.' chapitre,faitmentiond'averses
(c<t~!i'<t<M comme
t/ntte~), d'unphénomène très-commun.Lemême auteur,quimourut entSa6(C<MC<t-
di Co~B~p,
Rert,~Vo<HM p.ata),afSrmequeleasalines parlesIndiens
furentexploitées avantl'arrivée
desEspagnols.Onsécha leselenformedebriques, et PetrusMartyrdiscutemême déjà!aquestion
si leterrainmrgUeux
géologique, d'Haraia renfermedessourcessalées,ous'ila étéenrichide set
pendantdessiècles,
parlesinondations del'Océan.
périodiques
CMAEÏTNE Vïtï. 4~7
totaÏedttdisquesolaire.Maisppufqupi,sonsâne Mneo&it n'ya pt'esqnepas
decrepasca~BSj~remiets rayonsdefastre~n~ avèc
stiJD~neï-iJs;pa.s:'Iesfeuines
d'autantpïn~detorcequeFabsemee de~~tlumièrea dAles.rendreplusirritables? S
Peu~trefh~iditedëpo~s~tepaM~hy~ refroidissemèut des fenilles~
qaiest t'eHetdu rayoNnente~tnoct~t~ë~emp~che~-eUe l'actiondes pfemlers
rayotMdusoteit?OaasnoscUMats~ â euillesirritabless'éveillent
d~à avant de
l'apparition yastte, pe~damtle
ccepasc)ule du matin.

.Be~<«MtAM<<Mt<~M~T!MK.7. 58
458 jUVREtn.

CHAPITRE IX
CONSTITUTION' ETMOËURSDESCKAYMAS.Ï.EUB8Ï.ANGUES.–F!UATïON
PHYSIQUE DES
PEUPLES
QUI'BABItENT VUSPARCOLOMB.
LANOUVELLE-ANDALOCStE.–PABtAGOTES

JE n'ai point voulumêlerau récit de notre voyagedanslesmissionsde Caripe,


desconsidérationsgénéralessur les différentestribus d'indigènesqui habitent la
Nouvelle-Andalousie,sur leurs mœurs, leur langageet leur origine commune.
Retournéau lieu dont nousétions partis, je vais placer sousun mêmepoint de
vue des objetsqui touchent de si près à l'histoiredu genre humain.A mesure
que nousavanceronsdans l'intérieurdes terres, cet intérêt remportera sur celui
des phénomènesdu mondephysique. La partie nord-est de l'Amérique équi-
noxiale,la Terre-Fermeet lesrivesde 1 Orénoque,ressemblent, sousle rapport
de la multiplicitédes peuples qui les habitent, aux gorges du Caucase,aux
montagnesde l'Hindou-Klio,à l'extrémitéseptentrionalede l'Asie, au-delàdes
Tungouses,et des Tartaresstationnésà l'embouchuredu Lena. La barbarie qui
règnedanscesdiversesrégions,est peut-être moins due à une absenceprimitive
de toute civilisationqu'auxeffetsd'un longabrutissement.La plupart des hordes
que nousdésignonssouslenomde sauvages,descendentprobablementde nations
jadis plus avancéesdans la culture et commentdistinguer l'enfanceprolongée
de l'espècehumaine (si toutefoiselleexistequelque,part}, de cet état de dégra-
dation moraledanslequell'isolement,la misère, des migrationsforcées,ou les
rigueursdu climat, effacentjusqu'auxtracesde la civilisation? Si tout ce qui
tient à t'état primitif de l'hommeet à la première populationd'un continent
pouvoitêtre, par sa nature, du domainede l'histoire, nous en appellerionsaux
traditionsde l'Inde, à cette opinionsi souventexpriméedans leslois de Menou
et dans le Ramajan, qui considèreles sauvagescommedes tribus bannies de
la sociétécivileet rejetées dans les forêts.*Le mot barbare,
que nous avons
empruntédes Grecset des Romains,n'estpeut-êtreque le nom propre d'unede
ceshordesabruties

LesVarvaras,!MPaMawa9,tesSatm,!esJawanasJesKamhodschas, les Tsch.aM. /<M, Hixo-


pad., p. 3io..Bc~, ~<eme grammatical du sanscrit, du grec, du latin et du ~At?Me (en
a[!emand),t8t6,p.i~.
11;,
CHAPÏTREJtX. 4~*9
Dansle Nouveau-Monde,au commencementde la conquête, les mdtgènesne
se trouvoientreBnisen grandessociétés quesur le dos des CordIHèreset sur
les côtes opposéesà l'Asie.Les plaines~couvertesde forêts et entrecoupéesde
rivières, les savanesImmensesquÏ s'étendent vers l'est et bornent l'horizon,
enrôlent à l'œil du spectateurdes peupladeserrantes, séparéespar la différence
du langageet de~mœurs, éparses comnteles débris d'un vaste naufrage.Nous
essaieronssi, dansl'absencede tout autre monument,l'analogiedes langues et
l'étudede la constitution physiquede l'homme peuvent nous aider à grouper
les différentestribus, à suivre les traces de leurs migrationslointaines, et à
retrouverquelques-uns de cestraits de famillepar lesquelsse manifestel'antique
unité de notre espèce.
Les naturelsou habitansprimitifsfont encore, dansle pays dont nous venons
de parcourir les montagnes,dans les deuxprovincesde Cumana et de Nueva-
Barcelona,près de la moitiéde lafoiblepopulationde cescontrées.Leur nombre
peut être évaluéà 60,000, dont 24,000 habitent la Nouvelle-Andalousie. Ce
nombreest très-considérable,si on le compareà celui des peupleschasseursde
l'Amériqueseptentrionale;il paroft petit, si l'on se rappelle les parties de la
Nouvelle-Espagne où l'agricultureexistedepuisplus de huit siècles,par exemple,
l'intendanced'Oaxaca,quirenfermela Mixtecaet la Tzapotecade l'ancienEmpire
Mexicain.Cetteintendanceestd'untiers plus petiteque lesdeux provincesréunies
de Cumanaet deBarcelone et cependantelleoffre plus de ~00,000 indigènes,
de race pure cuivrée Les Indiens de Cumana ne vivent pas tous réunis
danslesmissions:on en trouve qui so~ dispersésdansle voisinagedes villes,
le long des côtes, où la pêche les attire, et jusque dans les petites fermes
desLlanosou savanes.Les seulesmissionsdes Capucins Aragonois, que nous
avons visitées, renferment i5,ooo Indiens, presque tous de race Chaynjas.
Cependantles villagesy sont moins peuplésque dans la provincede Barcelone.
Leur populationmoyennen'est que de cinqà six centsIndiens, tandis que, plus
à l'ouest, dans les missionsdes Franciscainsde Piritu, on trouve des villages
indiens de deux à trois mille habitans. En évaluantà 60,000 lé nombre des
indigènesdansles provincesde Cumanaet de Barcelone,je n'ai considéréque
ceuxqui habitentla Terre-Ferme,et nonlesGuaiqueriesde1 Me de la Marguerite,
et la grandemassedes Guaraunos,qui ont conservéleur indépendancedans les

L'<H*M
desdeuxprovinces
estde6100lieues de25andegré.
carrées,
Nouv. Eap. Tom. t, p. yy eta<)2.
~60 LIVRE

nés forméespar le Delta de l'Orénoaue.On


nésforméesnar l'Orénoque.On estime généralementle nombre de.
estimeseoMeoeB
ceux-cià six ou,huitmille; maiscetteévaluationme paroftexagérée.Al'exception
desfamillesGuaraunosqui rodentde tempsen tempsdanslesterrainsmarécageux*
et couvertsduPalmierMoriche(entrele Canote Manamoet le Rio Goarap~che),
par conséquentsurle continent même,il n'y a, depuistrente ans, plus d'Indiens
sauvagesdansla Nouvelle-Andalousie.
J'emploieà regretle mot sauvage, parce qu'il Indiqueentre nndien réduit,
vivantdans les missions, et l'Indien libre ou indépendant, une dinérencede
culturequi est souventdémentiepar l'observation.Dans les forets de l'Amé-
rique méridionale,il existe des tribus d'indigènesqui, paisiblement réunies
en villages, obéissentà des chefs*, cultivent, sur un terrain assez étendu,
des bananes, du maniocet du coton, et emploient ce dernier à tisser des
hamacs.Ils ne sont guère plus barbares que les Indiens nus des missions,
auxquelson a apprisà fairele signede la croix.C'estune erreurassezrépandue
en Europe, que de regarder tous les indigènesnon réduits, commeerrans et
chasseurs.L'agriculturea existésurla Terre-Fermelong-tempsavant l'arrivée
des Européens elle existe encore entre t'Orénoque et l'Amazone, dans les
clairièresdes forêts, là où les missionnairesn'ont jamaispénétré. Ce que 1 on
doit au régimedes missions, c'estd'avoir augmentél'attachementà la propriété
foncière,ta stabilité des demeures,le goût pour une vie, plus douce et plus
paisible.Mais ces progrès sont lents, souvent même insensibles,à causede
l'isolementabsoludanslequel on tient JesIndiens, et c'estfairenaître de fausses
idéessur l'état actueldes peuples de l'Amériqueméridionale, que de prendre
pour synonymesles dénominationsde chrétiens, réduits et civilisés, celles
de/MH<?7M, .MHcag<Metindépendans. L'Indien réduit est souvent aussi peu
chrétien, que l'Indien indépendant est idolâtre; l'un et l'autre, occupés des
besoins du moment, montrentune indifférenceprononcée pour les opinions
religieuses,et une tendance Secrètevers le culte de la nature et de sesforces.
Ce culte appartientà la premièrejeunessedes peuples; il exclut les idoles, et ne
connottd'autreslieuxsacrésque lesgrottes, les vaHonset les bois.
Si lesIndiensindépendansont à peu près disparu
depuis un siècleau nord
de 4'Orénoqueet de l'Apure, c'est-à-dire depuis les montagnesneigeusesde
Meridajusqu'aupromontoirede Paria, il ne faut pas en conclure
qu'il existe

7.M
JtfoncAtt~et.
Ces chefs s'appellent .Pec<HM<t,
~o<o ou Sibierene.
CBAPtTRE tX. 461

aujourd'huimoins d'indigènesdans ces contrées que du temps de l'ëveqae de


Chiapa, Barthélémyde Las Casas.J'ai déjàprouvé, dans mon onvMgesur le
Mexique, combienon a eu tort de présenter, comme un fait général1 la
destructionet la diminutiondes Indiens dans les coloniesespagnoles.H en
existe encore de race cuivrée, dans les deux Amendes, plus de six millions;
et quoiqu'une innombrablequantité de tribus et de languesse soient éteintes
ou fonduesensemble, on ne sauroit révoquer en 'doute qu'entre les tropiques,
dans cette partie du Nouveau-Mondeou la civilisationn'a pénétréque depuis
ChristopheColomb,le nombredes indigènesn'ait considérablementaugmenté.
Deuxvillagesde Caribes, danslesmissionsde Piritu ou de Carony, renferment
plus de.famillesque quatre ou cinq peuplades de FOrénoque.L'état de la vie
sociale des Caribes qui ont conservéleur indépendance, aux sources de
l'Esquiboet au sud des montagnesde Pacaraimo,prouvesuffisammentcombien
même, danscette belle race d hommes,la population des missionsremporte,
pour le nombre, sur celledes Caribeslibres et confédérés.D'ailleurs, il n'en
est pas des sauvagesdela zone torride comme des sauvagedu Missouri.Ceux-ci
ont besoin d'une vaste étendue de pays, parce qu'ils ne vivent que de la
chasse lesIndiens de la Guiane-Espagnole plantent du maniocet desbananes.
Un petit terrain suffit pour les nourrir. Ils ne craignentpas l'approchedes
blancs comme les sauvagesdes Etats Unis, qui, poussésprogressivement
derrière les A!éghan!s, l'Ohio et le MIssissipi, perdent leurs
moyens de
subsistanceà mesurequ'ils se trouvent resserrésdans des limitesplus étroites.
Sousla zonetempérée, soit dans les~MWMCKM internas du Mexique, soit au
Kentucky,le contactavec lescolonseuropéensestdevenufunesteaux indigènes,
parceque ce contact est immédiat.
Ces causesn'existentpoint dansla plus grande partie de l'Amériqueméri-
dionale. L'agriculture, sousles tropiques, ne demandepas des terrains très-
étëndus.Les blancsavancentaveclenteur. Les ordres religieuxont fondé leurs
établissemensentre le domaine des colons et le territoire des Indiens libres.
Les missionspeuvent être considéréescomme des états intermédiaires elles
ont empiété, sans doute, sur la liberté des indigènes; mais presque partout
elles ont été utiles à l'accroissementde la population, qui est incompatible
avec la vie inquiète des Indiens Indépendans.A mesure que les religieux

coeaeofM<<m<eM-M por<<M&M
a~nHMtyemtb partesel numero
de <«<jTm&M. ~Vb~eMe
( M~oo,
~mef.,t~a, p. 344.)
~6a nvRE ïir.
avancent verslesforetset gagnentsur les Indigènes,lescolonsblancscherchent
à envahirà leur tour, et du côté opposa, !e territoiredesmissions.Dans1 cette
lutte prolongée,le brassécùtlertend sanscesse~soustrairetes Indiensréduits,a
à la hiérarchie monacale et les missionnairessont remplacéspeu &peu par
descurés.Les .blancset'les castesdesang meté, favoriséspar tes Cb)hpg)M&)W~~
s'établissentau milieu des Indiens. Les missionsdeviennentdes villages espa-
gnols, et les indigènes perdent jusqu'au souvenir de leur idiomenatiônat.
TeUe est la marchede !a civilisationdes côtes vers l'intérieur marche lente,
entravéepar lespassions des hommes,mais sure et uniforme.
Les,provinces de la Nouvette-Andatousie et de Barcelone, comprises sous
le nom de govierno de Cumana, offrent, dansleur population actuelle, plus
de quatorze tribus dans la NouveUe-Andatousie, ce sont des Chaymas, des
Guaiquéries des Pariagotos des Quaquas, des Aruacas des Caribes et
des*Guarauaosdansla provincede Barcelone,des Cumànagotes,des Paienques,
des Caribes,des Pintus,des Tomuzas, des Topocuares, des Chacopatas et
des Guarives.De ces quatorze tribus, neuf ou dix se regardent eues-mémes
commede race entièrement différente. On ignore le nombreexact des
Guaraunos,qui font leurscabanessur lesarbres, à l'embouchurede t'Orénoque;
celuides Guaiqueries,dans te faubourgde Cumanaet à la péninsuled'Araya,
s'élèveà a,ooo. Parmi les autres tribus indiennes,les Chaymasdes montagnes
de Carine lesCaribes des savanesméridionalesde Nueva-Barcelona,et les
Cumanagotos,dans les missionsde Piritu, sont les plus nombreux.Quelques
famillesde Guarannosont été réduites en mission, sur la rive gauche de
t'Orénoque, là où~e Delta commenceà se former. La tangue des Guaraunos,
cellesdes Caribes, des Cnmanagotoset des Chàymas, sont les plus répandues.
Nousverrons bientôt qu'elles semblent appartenir à une mém~ souche et
qu'ellesoffrent, dansleurs formes grammaticales,de cesrapports intimes qui,a
pour me servird'une comparaisontirée de languesplus connues lient le grec,
l'allemand,le persanet le sanscrit.
Malgréces rapports, on doit regarder commedes peuplesdiSerens, tes
Cbaymas les Guaraunos,les Caribes, lesQuaquas, lès AruacasouArawaques,
et les Cumanagotos.Je n'oseroisaffirmerlà, même
chase des Guaiqneries~des
Pariagotos,des Piritus desTomuzaset des Chaeopatas.Les Guaiqueriescon-
viennenteux-mêmesde l'analogiede leur langue avec celle des Guaraunos.Les
uns et les autres sont une race littorale, comme les
Malayesde l'ancien
continent.Quant aux tribus qui partent aujourd'huiles idiomes
Cumanagotè,
9 CHAPITRE !~X. 4~
1_ _rt
Caribe etChayma~ il est dtinçile de pronpocer sur leur première origine et
sur leurs rapportsavec d'autres peuplesjadis plus pmssans.Les historiens de
la conquête, de même que les religieuxqui ont décrit les progrèsdes missions,
confondentsans cesse a la manièredes anciens, des ~MHKM~MMM g!
avecdes nomsde race. ïls parlent d~tndiensdeCumana et de la côte
cAMMC~
de Paria, commesi la proximitédes demeuresprouvoitune identité d'origine.
Le plus souventmêmeils nommentdes tribus d'après le nom de leurs chefs,
d'aprèsceluide la montagneet du vallonqu'elleshabitent. Cettecirconstance,
en multipliantà l'innni le nombre des peuplades,rend incertain tout ce que
les religieux rapportent sur les étëmens hétérogènesdont se compose la
populationde leurs missions.Comment décideraujourd'hui si le Tomuzaet le
Piritu sontde racedifférente,lorsquetous lesdeuxparlentla languecumanogote,
qui estla languedominantedansla partie occidentaledu Goviernode Cumana,
commele Caribe et le Chaymasle sontdans les-partiesméridionaleet orientale.
Une grandeanalogiede constitutionphysiquerend cesrecherchesfort dluicites.
Tel estte contrasteentre les deux continens,que, dans le nouveau, on observe,
une surprenantevariétéde languesparmi des nations qui sont d'une même
origine,et que le voyageureuropéendistingue à peinepar leurs traits; tandis
que, dansl'anciencontinent, des races d'hommestrès-différentes,les Lapons,
lesFinnois et les Esthoniens, les peuples germaniqueset les Hindoux, les
Persanset les Kourdes, destribus tartareset mongoles,parlent des languesdont
lemécanismeet les racinesonrent les plus grandesanalogies.
Les Indiens des missionsaméricainessont tous agriculteurs.A ~exception
de ceuxqui habitent les hautes montagnes. ils cultivent les mêmesplantes
leurscabanessont rangéesdela mêmemanière;la distributionde leurs journées,
leurstravauxdansle conucode la commune,leurs rapports aveclemissionnaire
et les magistratschoisisdans leur sein, tout est soumisà des règlesuniformes.
Cependant, et ce fait est très-remarquSbtedans l'histoiredes peuples une si
grandeanalogiede position n'a pas sud pour eSacer les traits individuels les
nuancesqui distinguent lesdifférentespeupladesaméricaines.On observedans
les hommesà teint cuivré une inflexibilitémorale,une persévéranceconstante
dansleshabitudes et les mceursqui, modinéesdans chaquetribu caractérisent
essentiellementla race entière. Ces dispositionsse retrouvent sous tous les
climats, depuis l'équateurjusqu'à la baie d'Hudsonet au détroit de Magettan
èllèstiennent à l'organisationphysiquedesnaturels, maisellessont puissamment
favoriséespar le régimemonacal.
~6~ TLt~HEIll. 1.
Hexiste dans les missionspeu de villagesoù les divefoeafamilles appar-
tiennentà dICérentespeuplades~etne parlentpas la mêmelangue.Des sociétés,
composéesd'élémenssi hétérogènes,sont difficilesà gouverner. Généralement
les religieuxont réuni des nationsentières, ou de grandesportions d'unemême
nation, dansdes villagesrapprochéslesuns des autres. Les naturels,ne voient
que ceux de leur tribu; car te manque de communicationet l'isolementsont
l'objet principal de la politique des missionnaires.Le Chaymas,le Garibe, le
Tamanaqueréduits, conserventd'autant plus leur physionomienationale,qu'ils
ont conservéleurs langues.Si l'individualitéde l'hommese reflète pour ainsi
dire dans les idiomes,ceux-ci,à leur tour, réagissentsur les idées et sur les
sentimens.C'estce lien intime entre les langues, le caractèreet la constitution
physique, qui maintient et perpétue la diversitédes peuples, source féconde
de mouvementet de vie dans le mondeintellectuel.
JLesmissionnairesont pu interdire à l'Indien de suivre certaines pratiques,
usitées à la naissancedes enfans, à leur entrée dans l'âge de la puberté, à
l'enterrementdes morts; ils ont pu les empêcherde se peindre la peau ou de
se fairedes incisionsau menton, au nez et aux joues;ils ont pu détruire, chez
la grandemassedu peuple, cesidées superstitieusesqui se transmettent mysté-
rieusement,de père en fils, dans de certainesfamilles; mais il a été plus aisé
de proscriredes usageset d'effacerdessouvenirs,que de substituerde nouvelles
idéesaux idéesanciennes.L'Indiendes missionsest plus sûr de sa subsistance.
N'étant pas dans une lutte continuelleavec des forces ennemies, avec les
élémenset les hommes, il mèneune vie plus monotone, moins active, moins
propre à donner de l'énergie à l'âme, que l'Indien sauvageou indépendant.
Il a la douceurde caractèreque donne l'amourdu repos, non celle qui naft
de la sensibilitéet desémotionsde l'âme.L'étenduede sesi<téesn'a pasaugmenté
là où, sanscontact avecles blancs, il est resté éloignédej objets dont la civi-
lisation européennea enrichi le Nouveau-Monde. Toutes ses actions semblent
motivéespar le besoindu moment.Taciturne, sansgaîté, replié sur lui-même,
il prend un air grave et mystérieux.Lorsqu'ona peu vécu dans les missions,
et qu'on n'est point encorefamiliariséavecl'aspect des indigènes,on est tenté
de prendreleur indolenceet l'engourdissement deleurs facultéspour l'expression
de la mélancolieet d'un penchantvers la méditation,
J'ai insistésur cestraits ducaractèreindienet sur lesdiversesmodificationsque
ce caractèreéprouvesousle régimedes missionnaires,pour donner plus d'intérêt
aux observationspartiellesqui font l'objet de ce chapitre. Je commencerai
par
CHAPITRE ÏX. 465

la nation des Chaymas, dont plus de i5,ooo habitent les missionsque nous
venons de décrira Cette nation, peubelliqueuse, que le P. Francisco de
Pamplona a commencéà réduiredepuis Je milieu du dix-septièmesiècle, a les
Cnmanagotosà l'ouest, les Guaraunosà l'est, et les Caribes au sud. Elle
occupe, le longdeshautes montagnesdu Cocollaret du Guacharo, lesrives du
Guarapiche, du Rio Colorado, de l'Areo et du Cano de Caripe. D'âpres un
relevé statistique,fait avec beaucoup'de soin par le P. Préfet~, on comptoit,
en 1792, dans les missionsdes Capucins Aragonoisde Cumana:
dix-neuf villagesde missions, dont le plus anciendè ~28; ils avoient
6433 habitans répartis en ï4~S familles;
seize villages de doctrina, dont le plus ancien de i66o; ils avoient
8170 habitans, répartis en t~66 familles3.
Cesmissionsont beaucoupsouffert,en t68t, tôg~ et 1720,par les invasions
des Caribes,alors indépendans,qui brûtolentdes villagesentiers. Depuis ï~3o
jusqu'en !~36, la population a rétrogradépar les ravagesde la petite vérole,
toujours plus funeste pour la race cuivrée que pour les blancs. Beaucoupde
Guaraunosqu'on avoit réunis, se sont enfuispour retourner dans leurs marais.
Quatorzeanciennesmissionssontrestéesdésertesoun'ont point été reconstruites.
Les Chaymassont généralementd'une petite taille; ils paroissenttels, surtout
lorsqu'on les compare, je ne dirai pas à leurs voisins, les Caribes, ou aux
Payaguaset Guayquilit4duParaguay,égalementremarquablespar leur stature,
mais au commundes naturelsde l'Amérique.La taille moyenne d'un Chaymas
est de i",57 ou 4 piedsio pouces; ils ont le corps trapu et ramassé, les épaules
extrêmementlarges, la poitrine aplatie, tous les membresronds et charnus.
LfUt couleurest cellequ'offretoute la raceaméricainedepuisles plateaux froids
de Quito et de la Nouvelle-Grenadejusqu'auxplaines brûlantes de l'Amazone.
Elle ne changepluspar l'influencevariéedes climats; elletient à desdispositions

Le nomdecereligieux,
connuparsonact!ve réTéré
intrenijitéestencore dansla province.
C'est
luiquia répandu
lespremiers
germesdelacivilisation 11avoitété long-temps
danscesmontagnes.
denavire,
capitaine ets'appeloit,
avantd'êtremoine,
TiburtioRedin.
Fray Francisco de Chiprana. (Mémoiremanuscrit.)
Terres cultivées (&t&rtMM<M), Le nombre des taches ne
appartenant à ces 35 viUages.:6554 almudas.
s'étevoit.ent/Qa, qu'à i883 têtes.
La taillemoyenne des Guayquilit ou Mbayas, qui vivent entre les 20" et aa° de latitude australe est,
d'après Azzara, de t°84 ou de 5 pieds 8 pouces. Les Payaguas, également élancés, ont donné leur nom au
Payaguay ou Paraguay.
Z?e&t~o~ Tom.
AM<oy/yM<~ 5g
~66 HVBEÏÏÏ.
nrcanimjcsffm. deomsdes
organiquesqut, depuis des s!èctes.se
siècles, se nrdDaeentInattëraMemen
propagent InaItéraMementde généraMon
en génération.Si la teinte uniformede la peau est plus cuivréeet plus rouge
vers !e nord, elle est, au contraire, chez les Chaymas, d'un brun obscur tirant
sur le tanné. La dénominationd'hommes ~OHgM-etwr~fn'auroit jamaispris
naissancedans l'Amériqueéquinoxiale,pour designertes indigènes.
L'expressionde ta physionomiedu Chaymas, sans être dure ou farouche, a
quelquechose de grave et de sombre. Le front est petit et peu saillant aussi
dit-on, dans plusieurslanguesde ces contrées, pour exprimer la beauté d'une
femme,qu'elle est grasseet qu'ellea un front étroit. Les yeux des Chaymas
sont noirs, enfoncéset très-alongés;Usne sont ni placésaussi obliquement, ni
aussipetitsque chezles peuplesde race mongole,dont Jornandes dit naïvement
qu'ils ont plutôt des points que des yeux, magis ~Mnc~t<~M<Mt lumina.
Cependantle coinde l'oeitest sensiblementrelevé par en haut vers les tempes;
les sourcilssont noirs ou d'un brun-foncé,minceset peu arqués; les paupières
sont garniesdecilstrès-longs,et l'habitudede lesbaisser, commesi ellesétoient
appesantie~par lassitude, adoucit le regard chez~les~femmes~et fait paroftre
l'oeilvoilé plus petit qu'il ne l'est effectivement.Si les Chaymas, et en général
tous les indigènesde l'Amérique méridionaleet de la Nouvelle-Espagne, se
rapprochentde la racemongoleparla formedes yeux, leurspommettessaillantes,
leurs cheveuxdroitset plats, et par le manquepresque absolude barbe, ils en
différentessentiellementpar la forme du nez, qui est assez long, proéminent
danstoute sa longueur, épaissivers les narines, dont lesouverturessont dirigées
par en bas, commechez les peuplesde la race du Caucase.La bouchegrande,
à lèvreslarges, maistpeusaillantes,a souventune expressionde bonté.Le passage
du nezà laboucheest marqué, chezles deuxsexes,'dedeuxsillonsqui se dirigent,
en divergeant,desnarinesversle coinde la bouche. Lementonest extrêmement
courtet rond; les mâchoiressont remarquablespar leur forceet leur largeur.
Quoiqueles Chaymasaient lesdentsblancheset bellescomme.tous les hommes
quimènentune vie très-simple,ellessont cependantbeaucoupmoins fortesque
chez les Nègres.L'usage de se noircir les dents, dès l'âge de quinze ans, par
l'emploi de quelques sucs d'herbes et de là chaux caustique, avoit attiré
1 attentiondes nremiersvoyageurs il est aujourd'huitout-à-faitinconnu.Telles
Les premiers
historiens
delaconquête
attribuent
ceteBetauxfeuilles
d'unarbre,quelesindigènes
~ty, etquireasembloit
appeloient aumyrte.
Parmidespeuples lesunedesautres,lepiment
trë~étoignës
porteunnomsemblable i chez
lesHaytiens
(del'ileSaint-Doanngue)
<~touahi;chezlesMaypures de
CHAPÏTREÏX. ~67
ont été les migmtipnsdes diversestribus dansces contrées, surtout depuis les
incursionsdes espagnols, qui faisoient la traite des esclaves qu'on peut
admettreque les habitansd~Paria, Visitespar Christophe Colombet par Ojeda,
n'étoien);,pasde la mêmerace queles Chaymas.Je doute fort que la coutume
de se noircir les dentsait été originairementliée, comme l'affirmeGomara',
à des idéesbizarressur J)a beauté, ouqu'elle ait eu pour but d'empêcher les
mauxde dents.Cemal est à peu près inconnuaux Indiens; lesblancs mêmesen
souffrenttrès-rarementdans les coloniesespagnoles,du moinsdans les régions
chaudesoù la températureest si uniforme.Ils y sont plus exposéssur le dos des
Cordillères,à Santa-Feet à Popayan. ·
Les Chaymasont, commepresque toutes les nations indigènesque j'ai vues,
les mainspetites et peu larges.Leurs pieds sont grands, et les doigts du pied
conserventune mobilitéextraordinaire.Tousles Chaymasont un air de famille,
et cette analogie de forme, tant de fois observée par les voyageurs frappe
d'autant plus, qu'entrevingt et cinquante ans, l'âge ne s'annoncepas par les
rides de la peau, par la couleur des cheveuxou la décrépitudedu corps. En
entrant dansune cabane, on a souventde là peine, parmi les personnesadultes,
à distinguerle père du fils, à ne pas confondreune générationavec l'autre.Je
pense que cet air de familletient à deux causestrès-différentes,à la position
localedes peupladesindiennes,et au degréinférieurde leur culture intellectuelle.
Lesnationssauvagessesubdivisenten une infinitéde tribus qui, se portant une
haine cruellelesunesaux autres, ne s'allient pas entre elles, lorsmême que leurs
langues remontent à une même souche, et qu'un petit bras de rivière ou un
groupe de collinesséparent seulsleurs habitations.Moinsles tribus sont nom-
breuses,et plus lesalliances,répétéesdepuisdessièclesentre lesmêmesfamilles,
tendent à fixer une certaine égalité de conformation, un type organique, que

Desplantes
l'Orénoque.a-t. et aromatiques,
stimulantes quin'appartiennent augenreCapsicum,
pastoutes
étoient parunmême
désignées nom.
Cap. 78, p. tôt. Les peuplesqui se présentaient aux Espagnols sur la côte de Paria, avoient sans
doute l'habitude de stimuler les organes dugoût
par de la chaux caustique, comme d'autres le font par
le tabac, le Chimo, les feuittes du Coccaou le Bétet. Cette habitude se retrouve
encore aujourd'hui sur
la même cote, mais plus a l'ouest, chez les Guajiros, à l'embouchure du Rio La Hacha.
Ces Indiens, restés
sauvages, portent de petites coquittes calcinées et réduites en poudre dans un fruit qui leur sert de vase
et qu'ils suspendent à ta ceinture. La poudre des Guajiros est un
objet de commerce, comme t'étoit jadis,
selon Gomara, celle des Indiens de Paria. En Europe, l'usage immodéré du tabac à fumer
jaunit et noircit
aussi les dents. Seroit-il juste de conclure de là
que l'on fume chez nous, parce que l'on trouve les dents
jaunes plus belles que les dents blanches?
468 nvRE m.
le. n~l1t~T\nD1"
peut appeler national'. Ce type se 1conservesous le régime des missions
l'on 1 0.
forméespar une seulepeuplade.L'isolementest le même,les mariagesne se font
que parmi les habitans d'un même hameau. Ces liens du sang, qui unissent
presque toute une nation, sont Indiquésd'une manière naïve dans ie langage
des Indiensnés dans les missionsou par ceuxqui, enlevésdans les bois, ont
appris l'espagnol. Pour désigner les individus qui appartiennent à la même
peuplade, ils emploientles mots mis parientes, mesparens.
A cescauses, qui ne tiennent qu'à l'isolement,et dont leseffetsseretrouvent
chezles Juifs de l'Europe, chezles-différentescastesde l'Inde et chez tous les
peuplesmontagnardsen général, se lient d'autres causesplus négligéesjusqu'ici.
J'ai déjà fait observerailleurs que c'est la cultureintellectuellequi contribue le
plus à diversifierles traits. Lesnations barbaresont plutôt une physionomiede
tribu ou de horde qu'une physionomiepropre à tel on tel individu: Il en est
de l'hommesauvageet de l'hommecultivécommede ces animauxde la même
espècedont les.uns errent dans les forets, tandisqueles autres, rapprochesde
nous, participent, pour ainsi dire, aux bienfaits et aux mauxqui accompagnent
la civilisation. Lesvariétés de formeet decouleur ne sont fréquentesque chez
les animaux domestiques.Quelle différencedans la mobilité des traits et la
diversitéde physionomieentre les chiens-redevenussauvagesdans le Nouveau-
Monde,et ceux dont on soignejusqu'aux moindrescaprices, dans une maison
opulente!Chez l'hommeet les animaux, les mouvemensde l'âme se reflètent
dansles traits, et cestraits prennentd'autantplus l'habitude de la mobilité,
que
les émotionssont plus fréquentes, plus variées et plus durables. Or, l'Indien
desmissions,éloignédetoute culture, guidéuniquementpar lebesoinphysique,
satisfaisantpresquesanspeine ses désirs, traîne, sous un climat heureux, une
vie indolenteet monotone. La plus grandeégalité règne parmi les membres
d'une même commune, et c'est cette uniformité, c'est cette invariabilité de
positionqui se peignentdans les traits desIndiens.
Sous le régimedes moines, les passionsviolentes, commele ressentimentet
la colère, agitent l'indigèneplus rarement que
lorsqu'il vit dansles forêts. Si
l'hommesauvagese livre -à des mouvemensbrusqueset Impétueux,sa physio-
nomie, jusque-làcalme et immobile, passe instantanémentà des contorsions
convulsives.Son emportementest d'autantplus passager, qu'il est plus vif. Chez

Nullisa!s aliarum
nationum
connubus
infecta,
propria et tantnm
et sincera, suisimilM
habitus gens,Unde
quoque eorporum,
quamquamintantobommamnuméro,idemomnibtM.T~e.Germ.c.4.
CHAPtTRE
ÏX. 4~9
l'Indien des missions, commeje Fat souvent observé à l'Orénoqne, la colère
estmoins violente, moins franche, mais pins longue. Bailtenrs, dans toutes
lesconditionsde l'homme, dene sont pasl'énergieoule déchaînementéphémère
des passionsqui donnentde l'expressionaux traits, c'est plutôt cette sensibilité
de Faméqui nousmet sanscesseen contactavec le monde extérieur, multiplie
nos souffranceset nos plaisirs, et réagit a la <bis sur la physionomie, les
moeursetle langage.Si la variétéet lamobilitédestraits embellissentle domaine
de la nature animée, il faut conveniraussique Tune et l'autre, sans être le
produit seul de la civilisation, augmentent avec elle. Dans la grande famille
des peuples, aucun autre ne réunit ces avantages à un plus haut degré.que
la race du Caucaseou Européenne.~!e n'est que dansles hommesblancs que
peut avoir lieu cettepénétration instantanéedu systèmedermoïdepar le sang,
ce léger changementde couleur dans la peau qui ajoute si puissammentà
l'expressiondes mouvemensde l'âme.'<Commentsefier à ceux qui ne savent
pasrougir », dit l'Européendans sa haineinvétéréecontrele Nègre et l'Indien?
On doit convenird'ailleursque cette immobilitédes traits n'est pas propre à
toutesles racesà teint très-basanéelleest beaucoupmoinsgrandechez l'Africain
que chezles indigènesde l'Amérique.
A ce tableauphysiquedes Chaymas, nous ferons succéderquelquesnotions
sommairessur leursmanièresde vivreet sur leursmœurs.Ignorant la langue de
ce peuple,je ne prétendraipoint, après un séjourpeu prolongédanslesmissions,
avoirapprofondileurcaractère.Chaquefois queje parleraides Indiens,j'ajouterai
ceque nous avons appris des missionnaires,au peuque nousavonsobservépar
nous-mêmes.
Les Chaymas,commetousles peuplesà demi-sauvages qui habitentles régions
excessivementchaudes, ont une aversion prononcéepour les vêtemens.Les
écrivainsdu moyenâge nous apprennentque, dans le nord de l'Europe, les
chemiseset lescaleçons,distribuéspar les missionnaires,ont beaucoupcontribué
à la conversiondes païens.Souslazonetorride, au contraire, onvoitlesIndigènes
avoir honte, commeils disent, d'être vêtus, et s'enfuirdans les bois, lorsqu'on
lesforcetrop tôt de renoncerà leur nudité.ParmilesChaymas,malgrélesremon-
trancesdes moines, hommeset femmesrestent nus dans l'intérieur de leurs
maisons.Lorsqu'ils traversentle village, ils portent une espèce de tunique de
toilede coton, qui descendà peinejusqu'augenou. Elleest munie de manches
chezles hommes; chezles femmeset les jeunes garçons, jusqu'àl'âge de dix à
douzeans, lesbras, les épauleset le hautde la poitrine sont nus. Latunique est
470 HVREHÏ.

coupéede manièreque la partieantérieuretient ocelledu dos par deux bandes


étroites qui reposentsur les épaules.En rencontranttes naturels hors de la
mission,nous les vhnes~surtout par un temps de pluie, dépouillésde leurs
vétemens~tenant leur chemiserouléesous lebras. Ïlsaimoient mieuxrecevoir
la pluiesur le corps tout nu que de mouillerleursvetemens.Les femmesles plus
vieu!esse cachoien~. derrière les arbres~en jetant de grands éclatsde fipe lors-
qu'ellesnous virent passer. Les missionnaire~se plaignent en général que les
sentimensde décenceet de pudeurne sont guèreplus prononcéschezles jeunes
fillesque chezleshommes.DéjàFerdinand Colomb'raconteque sonpèretrouva,
en 1498, à l'~le dela Trinité, les femmesentièrement nues, tandis que les
hommes portoient le guayuco, qui est plutôt unebandeletteétroite qu'un tablier.
Acette mêmeépoque, sur lacôte de Paria, lesfillesse distinguoientdes femmes
mariées, ou, commele prétend le cardinalBembo2, par une nudité absolue,
ou, selon Gomara~,par la couleurdu guayuco.Cette bandelette, que nousavons
trouvée encoreen usage chezles Chaymas -et chez toutes les nations nues de
FOrénoque,n'a que a à 3 poucesde large, et s'attachede deuxcôtésà uncordon
qui ceintte mitieu ducorps. Les ËUesse marientsouventà t'âge de douzeans:
jusqu'àceluide neuf ans, les missionnairesleur permettent d'aller nues, c'est-à-
dire sans tunique, à l'église.Je n'ai pas besoin de rappeler ici que, parmi les
Chaymascommedans toutes lesmissionsespagnoleset les villagesindiens que
j'ai parcourus,un caleçon,des souliersou un chapeau, sont des objets de luxe,1
inconnusauxnaturels.Un domestiquequi nousavoit servipendant notre voyage
à Caripe et à
l'Orénoque, et quej'ai amenéen France, étoit tellement frappé,
en débarquant, de voir labourer la terre à un paysan qui portoit un
chapeau,
qu'il se.croyoit « dans un pays misérable, où les nobles même (&MWMmoj
caballeros) suivent la charrue. M
Les femmes Chaymas ne sont les idées que nous attachons
pas jolies, d'après

Viede l'Amiral, cap. 7) (Churchill's Collection, tyaS,


Tome11, pag. 586). CetteVie rédigée, poaté-
rieurement t'année tSSy, d'après les notes
autographes de Christophe Colomb, est le Monument le
plus précieux de l'histoire de.ees découvertes. Elle n'existe que dans les traductions
itaUenneteteBpa-
ghot-sd'Atfonsode Ulloaet de Goozalès Barcia car l'originât porté, en tS~t.~
à Venise, par le savant
Fomari, n'a pas été publié ni retrouvé depuis. Napione della ~<Waatt Cb&.M&o, t8o4, p. tog et aoS.,
Cance~<rt<t)pnt CArM<.Colombo, l8oj),p. tao.
~M la description étoquente de t'Aménque, dans l'histoire de Venise (livre XII) «Femina: virum
passa;nuUam partem, praiter mutiehria virgines ne iUam quidem tegebact. a
Las donzellasse conocen en el color tamaBo det
y Corde), y traerlo asi, es senal cerths:ma de
~irg!nidad. ( Comoro, cap. y3 p. 06. )
CHAPITREÏX. 47'
à la beauté; cependantles jeunes filles ont quelquechose de doux et de triste
dans lé regard, qui contrasteagréablementavec K'expressionun peu dure et
sauvagedela bouche.EMesportentÏescheveuxréunis en deux longuestresses;
ellesne se peignentpas ia peauet neconhoissent d'autres ornemens, dans leur
extrente pauvreté, que des collierset de&bracelets formés de coquilles, d'os
d'oiseauxet de graines.Hommeset femmesont le corps très-musculeux,mais
charnu, à formesarrondies. Il est superflu d'ajouter que je n'ai vu aucun
individu qui ait une diubrmité naturelle; je dirois la même chosede tant de
milliersde Caribes, de Muyscas,d'!ndiensMexicainset Péruviens, que nous
avons observéspendantcinq ans. Ces difformitésdu corps, ces déviations,,sont
infinimentrares dans de certainesracesd'hommes,surtout chez les peuplesqui
ont le systèmedermoïdefortementco!oré.Je ne puis croire qu'ellesdépendent
uniquementdu progrèsde la civilisation,de la mollessede la vie, de la cor-
ruption des moeurs.En Europe, une fillebossueou très-Iaidcse marie si elle
a de la fortune, et les enfanshéritent souventde la difformitéde la mère.Dans
l'état sauvage,qui est un état d'égalité,rien ne peut engagerleshommesà s'unir
à une femmecontrefaiteou d'une santé extrêmementfoible.Si elle a eu le rare
bonheurde parvenirà l'âgeadulte; si ellea résistéaux chancesd'unevie inquiète
et agitée, elle meurt sans enfans.Onseroit tenté de croire que les sauvages
paroissenttous bienfaits et vigoureux,parce que les enfansfoiblespérissenten
bas âge, par manque de soin, et que les plusvigoureuxsurviventseuls;maisces
mêmescausesne peuventagir chezl'Indiendes missions,qui a les mœursde nos
paysans, chez lesMexicainsde Cholula et de Ttascàla, jouissantd'une richesse
qui leur a été transmisepar des ancêtresplus civilisésqu'eux. Si, dans tous les
étatsde la culture~la race cuivréemanifestecettemême inflexibilité,cettemême
résistanceà la déviationd'un type primitif, nesommes-nouspas forcésà admettre
que cettepropriété tient en grandepartie à l'organisationhéréditaire, à cellequi
constituela race?Je dis à dessein,en grande partie, pour ne pas exclureentière-
ment l'influencedela civilisation.D'ailleurs,chezleshommescuivréscommechez
lesblancs, le luxeet la mollesse,enaffoiblissantla constitutionphysique,avoient
rendu jadis les difformitésplus communesau Couzcoet à Tenochtitlan. Ce
n'est point parmi lesMexicainsd'aujourd'hui, tous laboureurset vivantdans la
plus grande simplicitéde moeurs, que Montezumaauroit trouvé les nains et
les bossusque Bernai Diaz vit assisterà son diner

Bernai /M<M ~fM<.fer~. de la Nueva ~fpantt, t63o, cap. gt, p. 68.


~2 LIVREÏÏÏ.
La coutumede se marier très-jeunen'est, selon !e témoignagedes religieux,
aucunementcontraire à la population. Cette nubilité précocetient à la race et
nonà l'influenced'un climat excessivement chaud on la retrouveà lacôte nord-
ouestde l'Amérique;chezlès Esquimaux,et enAsie,parmi lesKamtschadaleset
les Korcekes,où des fillesde dix ans sontsouvent mères.On peut être étonné
que le tempsde la gestation, la durée de la grossesse,ne soient jamais altérés
dans l'état de santé chezaucuneraceet sousaucun climat.
Les Chaymas&ontpresque sans barbe au menton, commeles Tongouseset
d'autrespeuplesderace mongole.Ils arrachentle peu de poilsqui leur viennent;
mais Hn'est pas justede dire en généralqu'ils n'ont pas de barbe, uniquement
parce qu'ils se l'arrachent.Indépendammentde cet usage, la majeurepartie des
indigènesseroientencore à peu près Imberbes'. Je dis la majeurepartie, car
il existedes peupladesqui, paroissantcommeisoléesparmi les autres, n'en sont
que plus dignesde fixer notre attention. Tels sont, dans l'Amériquedu Nord,
les Chepewyans~,visités par Mackenzie, et les Yabipaïs~, près des ruines
Toltèquesdu Moqui, à barbe touffue;dans l'Amérique<htsud, lexPatagonset
les Guaranys.Parmices dernierson trouvedes individusqui ont du poil, même
surla poitrine.Lorsqueles Chaymas,au lieu de s'arracherle peu de barbe qu'ils
ont au menton, essaientdese raser fréquemment,la barbe leur pousse.,J'ai vu
fairecetteexpérienceavec succèsà de jeunesIndiens qui servoientla messe, et
qui désiroientvivementressembleraux Pères Capucins, leurs missionnaireset
leurs maîtres.La grandemassedu peuple conserveautant d'antipathie
pour la
barbe que les Orientaux l'ont en honneur.'Cette antipathiedérived'une même
sourceavecla prédilectionpour les frontsaplati&,qui se manifested'unemanière
si bizarre dans la représentationdes divinitéset deshéros aztèques.Les
peuples
attachentl'Idéede la beautéà tout ce qui caractériseparticulièrementleur con-
formationphysique, leur physionomienationalet Il en résulte
que si la nature

Hn'yauroit eudedissentiment
jamais parmilespbysMqgistes,
surl'énoncede!abarbechezles
Américains,sionavoitpesécequelespremiers
historiens
deladécouverte
det'Aménque
avoientécrit
sur,cettequestion;
parexemple, en i5ig, dansson~.t<nM/,
Pigafetta, conservela bibliothèque
Ambrosienne à Milan,et pubUé( ent8oo) parM. ~n~, p.t<t, Be~ JK«.dal
~VMom,l57a,p.35;~em&o,J?M<)te<t557,p.86.
Lat. 6o<65'' nord.
3
~&m& Nouv. ~p., Tom. Il, p. 4io.
C'est
ainsiquelesGrecse~géroient,
dansleurs.plusbelles
statues,la formedufront,en retenant
outremesure
la!:gneiac!ate.(G~<. comp.T.
!p.6.<m.T~,p. ,58.)
CMAPtTREIX. 47~
leur a donné tr~-peu de barbe, un front étroit ou la peau Mage-brunâtre,
chaqueindividu se croitd'autant plus beau, qu'il a le corps plus dépourvu 'de
poils, la tête plus aplatie, la peau plus couvertede ~HCOM,de cAMM,ou de
quelqueautre couleurrouge-cuivre.
La vie des Chaymasest de la plus grandeuniformité; ils se couchenttrès-
régulièrementà sept heuresdu soir ils se lèvent long-tempsavant le jour, à
quatre heureset demiedu matin. Chaque'Indien a un feu près de son hamac.
Les femmessont si frileuses,que je les ai vues grelotter à l'égliselorsque le
thermomètrecentigradenebaissoitpas au-dessousde ï8°.L'Intérieurdescabanes
desIndiensestextrêmementpropre. Leurshamacs,leurs estères,leurs pots pour
contenirle maniocoule maïsfermenté,leursarcset leurs flèches,tout est rangé
dans le plus grand ordre. Hommeset femmesse baignent tous les jours; et,
commeils sont presque constammentnus, on ne trouve pas chez eux cette
malpropretédont les vêtemenssont la cause principalechezle bas peuple, dans
les pays froids.Outre la maisondans le village, ils ont généralementdansleurs
conucos, près de quelque sourceou à l'entrée d'un vallon bien solitaire, une
cabaneétroite, couverteenfeuillesde palmieret de bananier.Quoiqu'ils vivent
moinscommodémentdans le conuco, ils cherchentà s'y retirer aussi souvent
qu'ilsle peuvent.Nousavons déjà parlé plus haut de ce désirirrésistiblede fuir
la société,et de rentrerdans la vie sauvage.Les enfansles plus jeunesquittent
quelquefoisleurs parons, et rôdent 4à 5 jours dansles forêts, se nourrissantde
fruits, de choux-palmisteet de racines.En voyageantdansles missions, il n'est
pas rare de trouverlesvillagespresquedéserts, parce que les habitanssontdans
leurs jardinsou dans lesforêts jn~nfc.Chezles peuplescivilisés,la passion
pour la chassetient peut-êtreen partie à cesmêmessentimens, aux charmesde
la solitude, au désirinné de l'indépendance,à l'impressionprofondeque laisse
la nature, partout oùl'hommese voit seul en contact avecelle.
L'état desfemmesest, chez lesChaymascommecheztous les peuplesà demi-
barbares, un état de privationset de souffrances.Les travauxles plus durs sont
leur partage. Lorsquenous vtmesles Chaymasrevenir le soir de leur jardin,
l'hommene portoit rien que le couteau (~MC&eKe)avec lequel il se fraie le
chemindansles broussailles.La femmeétoit courbéesousun grand fardeau de
bananes; elle tenoit un enfant dans ses bras; deux autres étoient quelquefois
placésau haut de la charge.Malgrécette inégalitéde condition, lesfemmesdes
Indiensde l'Amériqueméridionalem'ont paru, en général, plus heureusesque
cellesdes sauvagesdu Nord.Entre les Monts-Alleghanys et le Mississipi,partout
n
~MMtKMt/MMM7~t<e~ ~OM. tio
HVBB
Ïtï.
où les indigènesne vivent pas en grandepartie de la chasse,ce sont les femmes
qui cultiventle maïs,tes fèveset les coorges leshommesne prennent ancnne
part au labourage.Sous la zonetorride, les peupleschasseurs,sont extrêmement
rares, et, dansles missions,leshommestravaillentau champcommetésfemmes.
Rien n'égale ta difUcultéaveclaquelle les Indiens apprennent l'espagnol: ils
Fonten aversion,aussilong-tempsqu'éteignesdesblancs,ils n'ontpasil'ambition
d'être appelés des Indiens policés, ou, commeon dit dans les missions, dés
Indiens latinisés) 7/K~KM muy latinos. Mais ce qui m'a frappé le plus, non
seulementchez les Chaymas, mais dans touteslesmissionstrès-reculéesquej'ai
visitéespar la suite, c'est la dimcultéextrêmequ'ont lesIndiensde coordonner
et d'exprimerles idéesles plus simplesen espagnol,lors même qu'ils saisissent
parfaitementla valeur des mots et le tour des phrases. On les croiroit d'une
Imbécillitéd'esprit, qui n'est pas mêmecellede l'enfance dès qu'un blanc les
questionnesur des objets qui les entourentdèsleur berceau. Les missionnaires
assurent que cet embarrasn'est pas 1'effetde ta'timidité; que, chezles Indiens
qui fréquententjournellementla maisondu missionnaire,e~ qui ordonnentles
travaux publics, il netient pas à une stupidité naturette, mais àt'obstac!equ'ils
trouvent dansle mécanismed'une langue si différentede leurs langues natales.
Plus 1 hommeest é!<Mgné de la culture, et plus il a de roideur et d'InûexibHIté
morale. Il ne faut donc pas s'étonnerde trouver, chezl'Indien isolé dans les
missions,des obstaclesqu'ignorent ceux qui habitent une même paroisseavec
les métis, les mulâtreset-lesblancsdansle voisinagedes villes. J'ai été surpris
souventde la volubilitéavec laquelle à Caripe, l'alcalde, le governador et le
sargentomayor harangnoient,pendant des heuresentières) lesIndiensassemblés
devant t'égHse: ils régtoieht les travaux de la semaine, réprimandoient les
paresseux,menaçoientlesindociles.Ceschefsqui sont égalementde racechaymas,
et qui transmettentlesordresdu missionnaire,parlent alorstons à la fois, d'une
voixforte, avecdes intonationsmarquées,presquesansaucungeste.Les traits de
leur visageestent immobiles,leur regard est impérieuxet sévère.
Cesmêmeshommes,qui anoonçoientdela vivacitéd'esprit, et qui possédoient
assezbienl'espagnol, ne pouvoientplus Herleurs idées, lorsqu'en nousaccom-
pagnantdans nos excursionsautour du couvent,nous leur faisionsadresserdes
questionspar les moines.Onleur faisoitaflirmerounier ce que l'on vouloit; et
l'indolence,accompagnéede cette politesserusée à laquelle l'Indien le moins
cultivén'est pasétranger, les engageoitquelquefoisà donner à leurs réponsesle
tour qui paroissoitIndiquépar nos questions.Les voyageursne sauroient
trop
CHAPtTREÏX. 4?S

se prémHhIrcOB~e (ta
ces assentimento&cieux, lorsque ~eal~lt s appuyer
témoignagedesnatifs.Pour mettre~n~calde in l~.ptçqve',ielui demandai
un jour « s Hne croyoit pas que la petite rivière de Caripe qui sort ~e ta
grotte duGaacharo, y~entr'Bduc~téopposé, par une ouvertureinconnue, en
remontant la pente de !&mon~gne."Après avoir eu l'air de rénéchir, <1dit,
pourétayer monsystème:Commentoussi,sanscela, y auroit-iltoujours 4eFeau
dans le lit de la rivière, à la bouche de la caverne?
Les Chaymasont une extrême dimculté à saisir tout ce qui tient à des
rapports numériques.Je n'en ai pas trouvé un seul à qui l'on n'eût fait dire
qu'il avoit t8 ou <? ans. M. Màrsdena observéla même chosechez les Malais
de Sumatra,quoiqu'ils aient plus de cinq sièclesde civilisation.La langue
chaymasrenfermedes mots qui exprimentdes nombresassezgrands, maispeu
d'Indienssaventles employer;et comme, par leurs rapports avec les mission-
naires, ils en ont senti la nécessité,les plus intelligenscomptent, en castillan
avecun air qui annonceun grandeffortd'esprit, jusqu'à3o ou 5o. Les mêmes
hommesne comptent,en langue chaymas,pas au-delàde 5 ou6. Il est naturel
qu'ilsemploient de préférenceles mots d'une langue dans laquelle on leur a
enseignéla sériedes unités et des dixaines.Depuisqueles.savansde l'Europe
n'ont pas dédaignéd'étudier la structure des idiomes de l'Amérique, comme
on étudiela structuredes languessémitiques/du grecet du latin, on n'attribue
plus à l'imperfectiondu langagece qui appartient à la grossièretédes peuples.
On reconnott que presquepartout les idiomesoffrent plus de richesses, des
nuancesplus fines qu'on ne devroitle supposer,d'après l'état d'inculture des
peuplesqui les parlent. Je suis loin de vouloir placer sur une mêmeligne les
languesdu Nouveau-Monde avecles plus belleslanguesde l'Asieet de l'Europe;
maisaucune de celles-cin'a un systèmede numérationplus net, plus régulier
et plus simple que le qquichua et l'aztèque,qui étoient parlésdans les grands
empiresdu Cauzcoet d'Anahuac.Or, seroit-il permis de dire que, dans ces
langues,onne comptepas au-delàde quatre parce que dans les villagesoù
ellesse sont conservéesparmi les pauvres laboureursde race péruvienne ou
mexicaine,on trouvedesindividusquinesaventpas nombrer au-delà.L'opinion
bizarre que tant de peuples américains comptent seulement jusqu'à 5,
io ou 20, a été répandue par des voyageursqui ignoroient que, selon le
géniedes diSérensidiomes,les hommess'arrêtent, sous tousles climats, à des
groupes de 5, i oop 2o unités (c'est-à-direaux doigts d'une main, de deux
mains; des mainset des pieds) et que 6, 13ou 20 sont diversementexprimés
HVREïïï.
476

par cinqun~ dix trois et pied dix '?Difoi~on que tes~ombreades Européens
–L- ~–- j'- -J t9T~:––– –t~t.~M.J~Bt7<tt

ne vont pas au~telàde dix, parceque nous nous arrêtonsaprès avoir forme un
groupede dix unités?s~
La structuredes languesamérieamesest si opposéeà celledes languesdérivées
du latin, que les Jésuites, qui avoient examinéà fond doutée qui pouvott
contribuerétendre leurs établissemens,introduisoient parmi les néophytes,
au lieu de l'espagnol,quelqueslangues indiennes très-riches,tres-rëguhèreset
ces
très-répandues,commele qquichuaet le guarani. Ils tâchoientde substituer
languesà des idiomes plus pauvres plus grossiers, plus irréguliers dans leur
syntaxe.Cettesubstitutionétoit très-aisée lesIndiens des différentestribus s'y
prétoientavecdocilité, et dès-lorsceslanguesaméricainesgénéralisées devinrent
un moyenfacilede communication entreles missionnaires et les néophytes.On
auroi~tort de croire que la, préférencedonnée à la langue de l'tncas sur le
castillan,n'avoitd'autrebut que celui d'isolerles missions, et de les soustraire
à l'influencede deux puissancesrivales, les évequeset les gouverneurscivils:
les Jésuitesavoientencored'autres motifsindépendansde leur politique, pour
vouloirgénéraliserde certaineslanguesindiennes.Ils trouvoientdansces langues
un liencommun et facileà établir entre des hordes nombreuses, qui étoient
restéesisolées, ennemiesles unesdes autres et séparéespar la diversité des
idiomes; car, dans les pays incultes, après l'écoulementde plusieurs siècles,
lesdialectesprennentsouvent la forme, ou du moins 1 apparencede langues
mères.
Lorsqu'ondit qu'un Danoisapprendplus facilementl'allemand, un Espagnol
plus facilementl'italienou le latin que toute autre langue, on pensed'abord que
cette facilitérésulte de lidentité d'un grandnombre de racinesqui sont com-
munesà toutesles languesgermaniquesou à cellesde l'Europelatine on oublie
que, près de cette ressemblancedes sons, il y en a une autre qui agit plus
puissammentsur les peuples dune commune origine.Le langagen'est pas le
résultat d'une conventionarbitraire le mécanismedes flexions, les formes
grammaticales,la possibilitédes inversions, tout dérive de notre intérieur,
de notre organisationindividuelle.Il y a dans l'hommeun principe instinctif
et régulateur, diversementmodifiéchezles peuplesqui ne sont pas d'une même

mes.MbnumetM
~oye: vol.M, p. 329-~7.
américains, Lessauvages,
pouffaciliter
tearnMnn&re.
degrands
d'exprimer ontl'habitude
nombres, defprmerdesgroupes
de5,'io ouao grainsdetMM,
selon
qu'ils danatemra
comptent langues
parpentadespardécades
ouparicosiades.
1
CNAPtTM IX. 1: 477

race.Le climat plus e)u moinsApre,le séjourdansles gorgesdes montagnesou


sur les bordsdela mer,les habitudesde la vie, peuventaltérer les son&,rendre
méconnoissable l'identité des racines, et en multiplier le nombre; mais toutes
ces causesn'aCectentpas ce qui constitueta structure et le mécanismedes
tangues.L'influenceduclimatet des agensextérieurs disparoïtauprès de Celle
qui tient à la race, à l'ensemblehéréditairedes dispositionsindividuellesde
l'homme.
Or, dans l'Amérique, et ce résultat des recherchesles plus modernes est
infinimentremarquablepour l'histoirede notre espèce; en Amérique,depuis
le pays des Esquimauxjusqu'aux rives de l'Orénoque, et depuis ces rives
brûlantesjusqu'auxglacesdu détroit de Magellan,des languesmères, entière-
ment différentesparleurs racines, ont pour ainsi dire une mêmephysionomie.
Onreconnoîtdes analogiesfrappantesde structuregrammaticale,nonseulement
dans des langues perfectionnées comme la langue de l'incas l'aymare, le
guarani, le mexicainet le cora, mais aussi dans des langues extrêmement
grossières.Des idiomes, dont les racinesne se ressemblentpas plus que les
racinesduslaveet du basque,ont de cesressemblances de mécanismeintérieur,
qu'on trouve dans le le le
sanscrit, persan, grec et les languesgermaniques.
Presquepartout, dans le Nouveau-Monde, on reconnoît une multiplicité de
formeset de temps dans le verbe, une industrie artificieuse,pour indiquer
d'avance,soit par la flexiondes pronoms personnelsqui forment la désinence
des verbes, soit par un ~M~TMM intercalé, lanature et les rapportsdu régime
et du sujet, pour distinguersi le régime est animé ou inanimé, de genre
masculiuouféminin, unique ou en nombrecomplexe. C'est à causede cette
analogiegénéralede structure, c'est parce que des langues américainesqui
Vater, dansle ~f<<~Mh<M, TomH!,P.H, p.385-4o9.M.,BfMB&eF-«n~wt~fntef-K:<t,p. 307.
Dans legrœntandois, parexempte, la multiplicité
desrégimes-pronoms produitvingt-sept formes
pourchaque tempsdel'indicatifduverbe. Onestétonné detrouver,chezdespeuples placés aujourd'hui
auplusbasdegrédela civilisation, cebesoindenuancer lesrapports dutemps,cettesurabondance
demodifications auverbepourcaractériser
apportées le régime..N~Hpo, il t'ote;nMM<Mp<-<,tul'Êtes;
nM«tHpff<«, il t'ote;BM«<np<tgt<,jet'&te.
Et au prétérit
dumême verbe m<t«<tM<, it t'a 6té;mat-
taratit,it t'aété.Cetexemple. tirédugrœntandois,peutservirà fairevoircomment lerégimeet le
pronom personnel formentcorps,dansleslangues américaines,avecleradical duverbe.Cesnuances
danslaforme <htverbe,d'aprèslanaturedesrégimes-pronoms, neseretrouvent, dansl'ancien monde
quedanslebasque etle congo. Mithr.
( ~a<er, Tom.HI,P. L,p.ai8;P.n, p. 386,et P.Ht,p. 442.
GMtMtMMM deHumboldt, delalangue AtM~M,p.58.)EtrangeconEormité danslastrocture deslanguessur
despoints si éloignes etcheztroisracesd'hommes, sidiBérentes,
lesCautabres lesCongos noirs
blancs
etlesAméricains 1
rouge~cuivrés
ïïï.
~8 MVNE
n'ont aucun mot de commun( par exemptele mexiGai~et te qqutcnaa}, se
ressemblententre elles par leur, organisation,et eontrasfenttentièf~mentavec
les languesde fEurope latine, q~e t'ïndien des missionsse re<!dplus aisément
familierun Idiomeaméricain, que celut de ta métropole.Dans tes tbf~tsde
t'Orénoque, )'ai vu lesïndiens les plus abrutis parler deuxou trois tangues,
Souventdes sauvagesde nations diNerentesse communiquent tours Idées parun
idiomequi n'est pasle leur.
Si i'on avoit suivi le systèmedes Jésuites, des languesqui occupentdë)à de
vastesétenduesde pays, seFoientdevenuespresquegénërales.A la Terre-Ferme
et à rOrënoque, on ne-parleroitaujourd'hui que le caribeou le tamanaque;
dans le sudet le sud-ouest,le qquichua,le guarani, l'omaguaet t'araucan. En
s'appropriantceslangues, dont les formes grammaticalessont trës-régutières, y
presque aussi fixées que celles da grec et du sanscrit, les missionnairesse
mettroientdans des rapports plus intimes avec lesindigènesqu'ils gouvernent.
Les diiBcaltessans nombre que Fon rencontre dans le régimedes missions
forméespar une dixaine de peuplades, disparottroiBntavec la confusiondes
idiomes.Ceux qui sont peu répanda~deviendroientdes langues mortes; mais
l'Indien, en conservantun idiome américain, conserveroitson individualité,
sa physionomienationale.On achèveroitainsi, par des voies paisibles, ce que
cesIncastrop vantés, qui ont donnéle premier exempledu fanatismereligieux
dansle Nouveau-Monde ont commencéà établir par la force des armes.
Comments'étonner,en effet, du péu de progrèsque font tes Chaymas, les
Caribes, les Salivesou les Otomaquesdans la connoissaneede ta tangueespa-
gnole, lorsqu'on <e rappelle qu'~mhomme btânc, un seul missionnaire,se
trouve isolé;aumilieu de cinq ou six cents Indiens, et qu'il a,de la peine à
formerparmi euxun Governador, un Alcadeou unFiscalqui puisse lui servir
d interprète.Si on parvenoità substituerau régimedes missionnairesun autre
moyen de civilisation, disons plutôt d'adoucissementde mœurs ( car l'Indien
réduit a des moeursmoins barbares, sansavoir plus de lumières); si~ an lieu
d'éloignerles blancs, on pouvoit les mêleraux indigènesrécemmentréunisen
villages, les idiomesaméricainsseroientbientôt remplacéspar les langues de
l' Europeet les naturels recevroientdans cestangues ta grande masse d'idées
nouvellesqui sont le fruit dela civilisation.Dès-tors,l'introductiondes langues
générales,commeceltesdeFincasoudu guarani, deviendroitsans doute inutile.
Maisaprèsavoir vécusi long-tempsdanslesmissionsde l'Amériqueméridionale
après avoir vude si près lesavantageset lesabusdu régimedes missionnaires,il
CHAPtTNE ÏX. 4?~
ioutef <tu'H so!t&eUe d'abandonnerce ~et<Be<
meseraperçus de douter qu'il sott iacue ttaBanaonnerce regnae~ ~ m est très-
ires-
suscepËNèdeperfeetionnement,et qui onreun moyenp~paraM'rea un antre
plus conforme& nos idées de liberté civile.On m'o~ectëpaqN~tes Romains
avaient réussià introduirerapidementleur langue avec leur dominationdans
les Gaales dansla Bétique et dans la provinced~Aifriqnemais les peuples
indigènesde ce pays n'étoient pas des sauvages.Ns habitoient des villes ils
connoissoientl'usagede l'argent; ils avoient des institutions qui indiquent un
état decultureassezavancé.L'appât du commerceet un long séjourdeslégions
romaineslesavoientmis encontactavecles vainqueurs. Nousvoyonsau contraire
que l'introduction des langues de la métropole a trouvé des obstaclespresque
insurmontablespartout oit des colonies carthaginoises,grecquesou romaines
sesont établiessur des côtes entièrementbarbares. Dans tous les siècles et
danstous les climats,le premier mouvementde l'homme sauvageest de fuir
l'hommepolicé.
La languedesIndiens Chaymasm'a paru moins agréable à l'oreille que le
caribe, le salive et d'autres langues de ~'Orénoquc.jEUe~t surtout moins de
terminaisonssonores en voyellesaccentuées.On est frappé de la répétition
fréquentedes syHabesg~z, cz, ~Meeet ~Mn Nous verrons bientôt que ces
désinencesdériventen partiede laflexiondu verbe être, et de certainesprépo-
sitionsqui s'ajoutentà !a nn des mots, et qui, d'après le, génie des idiomes
américains,font corpsaveceux. Onauroit tort d attribuer cette rudessede sons
au séjourdes Chaymasdans les montagnes ils sont étrangersà ce climattem-
péré. Ils y ont été conduitspar les missionnaires,et l'on sait que, de même
que tous les habitansdes régions chaudes, ils avoientd abord en horreur ce
qu'ils appellent le froid de Caripe. Je me suis occupé, avec M. Bonpland,
pendantnotre séjourdans l'hospicedes Capucins,de formerun petit catalogue
de mots chaymas.Je n'ignorepasque leslanguessont beaucoupplus caractérisées
parleur structureet leursformesgrammaticalesque par l'analogiedes sons et
des racines,et que cette analogiedes sons devient quelquefoisméconnoissable

JecroMqu'iltantchercher
danslecaractèredestnd'gene:etdans
FêtâtdeleurcMMsaUon,etnondans
lastructure
deleurtangue,lacausedecetterapideintroduction dulatindanslesGaules.Lesnations
cheveuxbruns,dinëroient
celtes, certainementdelaractidesnattonsgermaniques
a'chelemMonds
lacastedesDruides
et, quoique rappelleunedesinstitutionsduGange,itu'estpasprouvépourcela
quet'idiothe
desCeltes comme
appartienne, celuidespeuples
d'Odin,aurameaudeslangues
indo-pelasges.
Paranalogiedestructure
et paranalogiederacineslelatinauroitdûpénétrerplusfacilement
au-deta
duDanube quedanslesGaules;maisl'étatd'inculture,
jointà unegrande
mBexibintëmorale,s'opposoit
sansdouteà cetteintroduction
chezlespeuples germaniques.
~80 ttV~E îïî.
il 1 ~II_-
dans les dinerensdialectesd'unemême langue:car lestribw dans lequelles M
diviséune nation désignent souventles mêmes objets par des mots toùt-a'&tt
hétérogènes. en résulte qu'on est facilementinduit en erreur, si, ennégligeant
l'étudedesflexions,et en neconsultantque lesracines,par exempte!es mots qui
désignentla lune, le ciel, l'eau et la terre, on prononcesur la diSerenceabsolue
de deux idiomes d'après la seuledissemblancedes sons.Tout en connoissant
cette source d'erreur les voyageursdoivent continuer, je pense, à réunir 'les
matériauxque leur positionpeut leur offrir.S'ilsne font pas connottrelastructure
intérieureet l'ordonnancegénéralede l'édifice,ils-en feront connottreisolément
quelquespartiesimportantes.Les cataloguesdes mots ne sont point à négliger;
ils nousapprennentmêmequelque chosesur le caractèreessentield'un Idiome,
si le voyageura recueillides phrases qui montrent la flexiondu verbe et le
modesi différentde désignerles pronoms personnelset possessifs.
'Les trois langues les plus répandues dans les provincesde Cumana et de
Barcelonesont aujourd'hui le chaymas,le cumanagotteet tecaribe. Elles ont
constammentété regardéesdanscespays commedes idiomestUSerens chacune
d'ellèsa son dictionnaire,composé;pour l'usagedes missions~par les pères
Tauste,,Ruiz-Blancoet Breton.Le ~oeotM&ïrM <trte de la lengua de
lndios Chaymasest devenuextrêmementrare.Le peu d'exemplairesdes gram-
mairesaméricaines,impriméespour la plupart au t~*siècle, ont passé dans les
missions,et se sont perdus dans lesforêts.L'humiditéde l'air et la voracitédes
insectesrendent la conservationdeslivrespresqueimpossibledans cesrégions
brûlantes.Ils setrouvent détruits dans un court espace de temps, malgréles
précautionsqu'on~emploie. J'ai eu beaucoupdtTpeineà réunir dansles missions
et les couvensles grammairesde languesaméricainesquej'ai remises,d'abord
après mon retour en Europe, entre les mains de M.SeverinVater, professeur
et bibliothécaireà l'universitéde Kœnigsberg:~lleslui ont offert des matériaux
utiles pour le grand et bel ouvragequ'il a composésurles idiomesdu Nouveau-
Monde.T'avoisomis, dansle temps, de transcrirede monjournal, et de commu-
niquer à ce savant ce que j'avoisrecueilli sur le chaymas.Comme ni le père
Gili, ni labbé Hervas,n'ont fait mentionde cette langue,je vais exposersuc-
cinctementici lerésultatde mes recherches~.

Les termites,
mconnues
dansfAmênqoe sousle nomdeCMM~o.
e*ptgncte
~tyttlanoteAàlafindecelivre. °
lanoteB.
Voyez,poxrmnpttMamptedéHit,
CHAPÏTBE IX. 48t
Sur la rive droite de t'Ojénoque,au sud-estde !amissionde t'Encaramada
à plus de €<n<r~ieues de distance des Chaymas, demeurentles Taman~ques
( j~monocM ta
), dont languesediviseen plusieursdialectes.Cette nation jadis
très-puissante,est réduite aujourd'hui à un petit nombre; ette est séparée des
montagnesde Caripe par t'Orénoque,par les vastessteppes de Caracaset de
Cumana,et, cequi estune barrièrebien plus difficilea franchir,par les peuples
d'originecaribe.Malgrécet éloignementet cesobstaclesmultipliés, on reconnoît,
enexaminantla languedes Indiens Chaymas, qu'elleest unebranchedela langue
tamanaque.Les plus anciensmissionnairesde Caripe n'ont'aucuneconnoissance
de ce résultat curieux, parce que les'capucinsaragonoisne fréquententguère
les rives méridionalesde t'Orénoque, et qu'ils ignorentpresque l'existencedes
Tamanaques.J'ai reconnu l'analogieentre l'idiomede ce peuple et celui des
Indiens Chaymas, long-tempsaprès mon retour en Europe, en comparantles
matériauxquej'avoisrecueillis, au précisd'une grammairepubliéeen Italie par
un ancienmissionnairede l'Orénoque.Sansconnottre le chaymas, l'abbé Gili
avoit pressentique la languedes habitans de Paria devoit avoir du rapport
avecle tamanaque.
Je prouverai ce rapport par les deux voies qui peuvent faire reconnoître
l'analogiedes idiomes,je veux dire par la structuregrammaticaleet l'identité
des mots ou des racines.Voici d'abord les pronoms personnelsdes Chaymas,
qui sont en même temps des pronoms possessifs.:u-re, je, moi; eu-re, toi,
tu; teu-re, il, lui. En tamanaque:M-je; amare ou oK-~<ï,tu;iteu-ja, il.

Par lesy et ~a5'de latitude.


Ct/t, &~<o di &ofM ~mer., Tom. III, p. apt. M. Vater a aussi donné des conjectures très-fondées
snr la liaison des tangues et caribes avec les tangues que l'on parte sur la côte nord-est de
tamemMmes
l'Amérique méridionale. ~<Â<~S&E<t, Tom. ïtt, P. U, p. 654 et 6~6. Je dois avertir le lecteur que ~'ai
constammentécrit les mots des langues atnéricaines d'après l'orthographe espagnole; de sorte que les u
doiventêtre prononcés ou, le che comme ofAe,en aUemand,etc. N'ayant parlé, pendant nn grand nombre
d'années, aucune autre tangue que le castillan j'ai noté les sons d'après un même système d'écriture, et
je craindrois aujourd'hui de changer la valeurdes signes, en en substituant d'autres égalementimparfaits.
C'est un usagebarbare que
d'exprimer comme la plupart des nations de l'Europe, des sons très-simples
et tre~disttncts, ou par plusieurs voyelles ou par plusieurs consonnes réunies (ou, eo, OMgA,<m'~c&,
<cA, <~cA,~A,pA,<<, da), tandis qu'on pourroit les indiquer par des lettres également simples. Quel
chaos, que ces vocabulaires écrits d'après des notations angloises, allemandes, françoises ou espagnoles
Le nouvel essai que l'illustre auteur du
~o~oge en Égypte, M. de Volney, va publier bientôt sur t'anatyse
des sons, trouvés chez les dinërens peuples, et sur la notation de ces sons d'après un système uniforme,
fera faire les plus grands progrès a l'étude des
langues.
Rnh.
Relation 7. "F n
Zbw. 7.
AM<or~Ke~ 61
A8s MVEE Il r.

Le radicalde la premièreet dela troisièmepersonneest' en chaymas,u et


teu; lesmêmesracinesse retrouventchezles Tamanaqaes.

CHAYMAS. TAttAttAQCB.

Z7w,}e. Ure.
T~o.eaa. 2~~
CoMo~Oj pluie'. Canepo.
Poturu, savoir. Puturo..
~po<o,feu. Uapto(en caribe) ualo.
Nuna, tune, mois. Nuna3.
Je, arbre. Jeje. <`
~~a, maison. ~H<'<?.
J?M~a,à toi. ~M;N.
?b~o!,àtoi. //e~<
CMaNe,niiel
Guane, mieL t~Hte.
Vane.
~Vac<tfawa~ irt'a dit. j~<!c<!r~M<!<
~'McAa(~M<tcA~),médecin, sorcier. ~MteAe(Psiaschi).
7Ybin,un. O~M(enJaoi,y!?H'M).
~eo~deux. <?eo(eocaribe,0cco).
Oroa, deux. Orua (en caribe, O~o).
jPMn,chaire. JPMHM.
Pra, non (négation), fnt.

Le verbe substantif être en


s'exprime, chaymas, par az en àjoutant au
verbe le pronom je ( u de
personnel M-y~e), on placer pour l'euphonie un g

It ne faut point être surpris de ces racines qui se réduisent à une


sente voyette. Dans nnelangne de
l'ancien continent, dont la-stmcture est si artiEcieuMmentcompMquée,dans le
basque, le nom patro-
nymique ugarte (entre &< <a<M), renferme ru de ttn! (eau) et ar<e (entre). Le g est a)ecté pour
l'euphonie. GMt/<.de jHiMt&o&& sur langue &a<<e, p. 46.
Le même mot conqM) signtne~Met <MM~e. On compte les années par le nombre des AM'Mw, qui est
la saisondes/)&< On dit, en chaymas comme en sanscrit, tant de pluies,
pour dire tant d'années. En
basque, le mot tH-<M,année, dérive d'<~<em(/nm<&<c<M),développer des feuilles an printemps.
3 En tamanaqueet en caribe, nonosignineta terre; nuna, la lune, comme en chaymas.Ce rapportm'a
paru Lien curieux: aussi.les Indiens du Rio Cauradisent que la hne est uneautre terre. On tronM chez
les sauvages, au milieu de tant d'idées Confuses,de certaines ~mMMCtMteM bien dignes d'attention. Chez
les GrcBnIandois,m<nasigni6ela terre, anoningat la lune.
CHAPITRE ÏX. 483

devantl'M, commedans g~MM, proprement g'-M-a~. Gomme la première


se reconnoitparunH, la secondeest désignéepar M,11 troisième
la
personne
ri"< wl11 1 1 1 ,0, 1 an
par un ttt es, Ma.t: ~~i~Mee ~~M~/?<'Maz, pourquoi es-tu triste pro-
tu es gras de corps,
prement cela pour triste fot ~tn-, ~Mn~M<?cfo~MC~<*<?M~,
proprement chair (~Mn) pour (~M<*c ) ~N~ ( te~McAe ), tu étre ( iM<). Les
pronomspossessifprécèdent le substantif:
upatay, dans ma maison,proprement
~t0t MoMdnen. Touteslesprépositionset la négation~yMsont incorporéesà la
6n, commedans~ctamanaque.On dit, en chaymas,~Mec,aveclui, proprement
ZM~fce;eM~<ï,à toi on toi à; epuec charpe guaz, je suis gai avec toi, pro-
prement toi avec gai moi ~fn?/ Mca~e~yia, non commemoi, proprement 7K<M
comme non; quenpotupra quoguaz, je ne le connois pas, proprement le
connoissant pas je suis; quenepra quoguaz, je ne l'ai-pas vu, proprement
le voyantpas je suis.En tamanaque)on dit acurivane,beau, et acurivanepra,
laid, non beau; Moto~~t,il n'y a pas de poisson, proprementpoisson pas;
uteripipra, je ne veux pas aller, proprementje aller vouloir non, composé
de ttc~ aller, ipiti, vouloir, et~fN, non.Chezles Caribes, dont la langue
a aussi des rapports avec le tamanaque, quoique infiniment moins que le
chaymas,la négationest expriméepar un m placé devant le verbe amoyen-
lenganti, il fait très-froid, et mamoyenlenganti, il ne fait pas très-froid.
D'unemanièreanalogue, la particulemna ajoutéeau verbe tamanaque,non à
la fin, mais par intercalation, lui donne un sens négatif, comme taro, dire,
taromnar, pas dire.
Le verbe substantif dans toutes les langues, est a~ on
( être) très-irréguUer
ats en chaymas; et uochiri (dans les compositions H~c, Ma~cAa) en tama-
à former le passif, mais it s'ajoute aussi incon-
naque. Il ne sert pas seulement
comme par aglutination, au radical des verbes attributifs, dans
testablement,
un nombre de temps 2. Ces agtutinations rappellent l'emploi que fait le sanscrit

Emchaymas: M<ec~), j'irai aossi, proptement je (") aller (le radical t<e, ou à causede la voyelle
qui précMe te) <MMM (c&<mou ereon ire ). Dam N&t-Mne on retrouve te verbe tamanaque, aller, t<<'n\,
dont t<eest encore le radieal, et ri la terminaison de t'inBnitif. Pour prouver qu'en chaymas, eAeft on ere
indiqnet'adverbe <nfMt,je citera), d'après le fragment d'un vocabulaire que je poMede t<-e&er<,je auM:
nacontm~M, il le dit ausat;gtMMMNeM, je portai auMi eAarecAere,porter aussi.En tamanaque, chareri
signifie porter tout commeen chaymas.
Le présent tamanaque, ~Mf-tfc-Nre, ne me paro!t autre ccose que le verbe substantif bac, om f«tc
(de uocachiri, être),ajouté au radical porter ~are (à l'in6nitif~<tfBrt),d'ou résulte ~M'tott~'to'.
484 LivRE m.

des verbesauxiliairesas et MM (o~ et Mac~)*; letat!n,de~et/MOU~<o';


le basque, de t'z<M;Mc~neteg~M. My a de certains points dans lesquels les
idiomeslesplus dissemblablesse rencontrent; ce qu'il y a de coMtmaaà l'orga-
nisation intellectuellede l'homme se reflète dans la structure générale des
Iangues,et tout idiome, quelque barbare qu'il paroisse, décelé un principe
réguiateuFqui a présidéa sa formation.
Le pluriel, en tamanaque, est indiquéde septmanières, selon la terminaison
du substantif,ou selonqu'il désigneun objetaniméou Inanimé En chaymas,
le plurielse fait commeen earibe ~,en on teure, lui-méme; teM~con~eux-
mêmes;tanorocon, ceuxd'ici; montaonocon,ceux delà-bas, en supposantque
l'interloculeurparled'un endroitoù II setrouvoit présent /K~vonocon,ceux de
là-bas,.ensupposantque l'inteI'lQcu'teurindiqueun lieu où il ne se trouvoit pas.
Les Chaymas ont aussi les' adverbescastillansaqui et allà, nuances que
nous ne pouvonsexprimer que par des périphrases, danslesidiomesd'origine
germaniqueet latine.
QuelquesIndiens, qui savoient l'espagnol, nous ont assuré que Z~f ne.
signifioitpas seulementle Soleil,maisaussi la Pivinité.Celam'a paru d'autant
plus extraordinaireque, cheztouteslesautres nationsaméricaines,ontrouve des
motsdistinctspour Dieuet leSoleil. Le Caribene confondpas~f/MOM-MK~&o, le
vieux du ciel, avecle soleil i~yoM. Mêmele Péravien, adorateur du soleil,
s'élèveà l'idéed'un être qui règlela marchedesastres.Le soleil porte dans la
langue de l'Incas, presquecommeen sanscrit, lenomd'M~, tandisque Dieu
est appelé~MM~yHuayna, f~~e~cMcntycMne~.
L'arrangement~desmots est, chez les Chaymas, tel qu'on le trouve dans
toutesles languesdes deuxContinensqui ont conservéun certainair de jeunesse.

Dans
lerameau
deslangues onretrouve
germaniques, bhu,danslesformes
bim,&M<;
as, dansles
formesMM,<'tM<,fe<M~.(Bopp,p.i38.)
"De là, /i<-eru, a~M~-tMem, om<M~-eram,~M-~Mm(jM~Hm).).
7'<tm<nMcM,un Tamanaque; pluriel ~XMtaatemt
~bM~Aemt,uu Espagnol, proprement MtJtontnM
AoM~; ~ongamo, les Espagnols ou les habillés. Le pluriel en cne caractérise les objets
tnammes; par
exemple, cetMchose ;ceneeneles choses jeje arbre, jejecne les arbres.
~t<AW~<e<,Tom.tn,P.M,p.687.
t En qquichua o. langue de l'Incas, soleil, ~,an.oaf,
m. grand, ~p~. en sanscrit, soleil,
indre; amour, m~< grand,(~<d.,< T. ni, p. 333. ) Ce sont les seuls exemptes.
d'analogie de son qu'on ait trouvés jusqu'ici. Le caractère des grammMres des dem
totalement. langues diffère

"~ttM! toujoursou ëternet,A!Myno,dans*E~eur de t'age.


CHAPITRE IX. 485

On place!e rëgimeavant
régime~avantle verbe,le verbe
le verbe, avantle
verbeavant le pronom peMonpet.
pronotppersonnel.L'objet
L'objet
sur lequell'attention doit être principalementûxée, préc&detoutes les modifi-
cationsde cet objet. L'AméHcaindiroit 7~rt~éntiére aimons-nous, au lieu
de: nous aimonsla liberté entière; to~ccecA<'M~M.r ~MM~g,au lieu, de: je
suisheureuxavectoi. Hy a quoiquechose de direct, de ferme et démonstratif
dans ces tours, dont la naïveté augmeptepar l'absencede l'article. Doit-on
admettre qu'avec une civilisation avancée, ces peuples, abandonnésà, eux-
mêmes,auroientchangépeu à peu l'arrangementde leur phrase? On est porté
àadopter cetteidée si l'on se rappelleleschangemensqu'a éprouvesla syntaxe
desRomainsdansles languesprécises claires,mais un peu timidesde l'Europe
latine.
Le chaymas,commele tamanaqueet la plupart des langues américaines,
manqueentièrementde certaineslettres, commede f, b et d. Aucun mot ne
commencepar un La mêmeobservationa été faite sur la langue mexicaine,
quoiqu'ellese trouvesurchargéedes syllabestli tla et tf/, à la finou au milieu
desmots. Le chaymassubstituedes r aux l, substitutionqui tient à un défaut
de prononciationsi communsous toutes les zones C'est ainsique les Caribes
de l'Orénoque ont été tranformés en Galibi dans la Guiane françoise,en
confondantravecZ, et en adoucissantle c. Du mot espagnol soldado, le
Tamanaquea fait cAo~(.M&ïZo). La disparitionde f et b danstant d'idiomes
américainstient à la liaison intime entre de Certainssons, qui se manifeste
dans toutesles languesd'unemêmeorigine.Les lettresf, v, b et p se trouvent
substituéesles unesaux autres; par exemple en persan, peder, father pater;
&Mr<M~y', frater; &e&ar,ver; en grec, ~&or~M(./orfon), bùrde; pous, fouss.
De même,chezles Américains, et &deviennentp, et <~devientt. Le Chaymas s
prononcepatre, Tios, ~tOM~ aracapucha pour padre, Dios, ~<~OM et
arcabuz arquebuse).
Malgrélesrapports que nous venons d'indiquer, nous ne pensonspasqu'on
puisseregarderla languechaymascommeun dialectedu tamanaque, tels que
le sont lestrois dialectesMaitano, Cuchivero et Crataima.Il existe beaucoup
de dISérencesessentielles,et les deux langues me paroissent tout au plus
rapprochées,commel'allemand, le suédoiset l'anglois.Elles appartiennent à
une mêmesubdivisionde la grande famille des languestamanaques, caribes

Lasubstitution
derà Mraeténse, ledialecte
parexemple, dela lMg)te
bMcht)MWt['.te copte.
D'o!t
l'allemand aveclesmêmes
brader, consonnes.
~86 HVREÏt!.
et arouaques. Commeil
Comme i l n'existe absolue parenté entre les
pas une mesure absoluede
Idiomes,
idiomes, on ne ces de
peutindiquer degrés parenté que par pa des exemplestirés
de langues
iangues connues.Nous comme
regardons comme d'une memf
même familleceux qui se
,n,al,an+ nnf,.no "wnnm,na1um·nr l'!IIn~rnftnèl
~an~rA~
rapprochent entre eux, commele grec, l'allemand, persan et lesanscrit.
le
On a cru découvrir, en comparantles langues, qu'elles se divisent toutes
en deux classes', dont les unes, plus parfaites dans leur organisation, plus
aisées et plus rapides dansleurs mouvemens, annoncent un. développement
intérieur par~c~ton, tandis que les autres, plus grossièreset moins suscep-
tiblès de perfectionnement,n'offrent qu'unassemblagebrut de petitesybnne-t
ou particulesaglutinées,conservantchacuneia physionomiequi leur est propre,
lorsqu'onles emploie isolément.Cet aperçu très ingénieuxmanqueroit de
justesse,si l'on supposoitqu'il existedes idiomes polysyllabiquessans aucune
flexion, ou que ceux qui se développent organiquement, comme par des
~germes intérieurs, ne connoissentpas d'accroissementde dehors par la voie
des ~M~Mtet des o~.r<ï, accroissementque nous avons déjà appeléplusieurs
foispar aglutinationou incorporation.Beaucoupde chose qui nous paroissent
aujourd'hui des flexionsdu radical, ont peut-être été, dans l'origine, des
amxa,dont il est à peine resté une ou deuxconsonnes.Il en est des langues
commede tout ce qui est organiquedansla nature; rien n'est entièrementisolé
ou dissemblable.Plus'on parvientà pénétrer dans leur structure interne, plus
les contrastes,les caractèrestranchanss évanouissent. « Ondiroit 3qu'ellessont
commeles nuagesdont les contoursne paroissentbien terminés que lorsqu'on
les voit dansle lointain.
Mais si noua~ n'admettons pas un principe unique et absolu dans la classifi-
cation des langues, nous n'en demeurerons pas moins d'accord que, dans leur
état actuel, les unes montrent plus de tendance pour la flexion, les autres plus

~oyez le savant ouvrage de M. Frédéric Schteget, Sprache and ~'eMAettt&r~&r, p. 44-6o.


Dans le sanscrit même, plusieurs <ea~Mse forment par agrégation on ajoute le verbe substantif être
au radical, par exemple dans le p)rem!erfutur. De même nous trouvonsen grec m<M'&.e~ ,at le <n'est pas
l'effet de la mexion, et en latin, pot-ero (Bopp,p. 26 et 66). Voilà des exemples.d'incorporattons et
d'agtotinattons dans le système grammatical de langues, que l'on cite avec raison comme des modèles
d'un développement intérieur par Be~ion. Dans te système grammatical des Américains, par exempte
chez les Tamanaques, <<!MMcAt, je porterai, se compose de la même manière du radical <H'(infin. jareri,
porter), et du verbe substantif <cM-At (;nEn. tMMcttrt, être), n ëliste à peine un mode d'agrégation,
dans les langues américaines, dont on ne trouve un exempleanalogue dansquelque autre langue que l'on
supposene se développer que par flexion.
GM/ de Humboldt, lur les monographies des langues, t. Le m<<tM,sur la &M~M< So~~Ke
p. 43, 46 et 5p..
'~C~A.PtTRE.~X. 4877
n~<~
*t~nf
de tendance t'attt<~<*<tt!
~~t<ttm<~
~tnca!t~m'&t
taa nf<nt!f<*
<t)~!<t!nn
anftaf-
pourl'agrégationexterne,Onsait qu*~ prem~fe.~ywon,appar-

.!d!ome8.~a~~tas~c<aB~
les tangues. ~sémitiqMe8,.et:~b~<!q~~e~p~~q~ 4~
l'!dIonMdesChayïnas;M~ .~na dQqte,,()~p"t~Jlvel'çe~J1~CC:
constante .Yers~;l'incorp9rati<)n:o~
agt'~a:ttQ~est &ciHe
de séparer, quoique. d'aprè~nn.iM~ïa~~ ra&oé, onleurait
fait perdrequelques lettres, ouqd'onles de quelquesautres.Ces
ait augmentées
<~y«,en alongeantlesmo~, indiquentles rapportsles plusvariésde nombre,
de tempset de mouvement.
Lorsqu'on reRechitsur ta structureparticulièredestangHes américaines,on
croitrecoonoitretasourcede cette opiniontrès-ancienne et uni verseMement
répanduedans tes~missions, queceslanguesont de l'analogieavecl'hébreu
et le basque.Partout, au couventde Caripecommeà fOrénpque,au Pérou
commeau Mexique, j'aientenduénoncercetteidée, et particulièrement à des
religieuxqui avoientquelquesnotioos~vaguesdes languessémitiques.Des
motifsque l'on croitintéresserla religion,ont-Ilsfait établirune théoriesi
extraordinaire? Dans le norddé l'Amérique, parmilesChactaset lesChicasas~
des voyageurs un peucrédulesont entenduchanterl'a~c&~tA desHébreux,
comme,au dire des Pandits,lestrois parolessacréesdesmystèresd'Eleusis
( <&<MM'oM~M*)retentissentencore dansl'hde Je ne soupçonnepas queles
de
peuples l'Europe latine aient appeléhébreuon basquetoutce qui a une
physionomie d e
étrange, mêmeque long-tempsonnommoitmonumenségyp-
tiensceuxqui n'étoientpas dansle stylegrecou romain.Je croisplutôtque
c'estle système grammatical desidiomes quia tbrtinélesmissionnaires
américains
duseizième siècledansleurs idéessurl'origineasiatiquedes peuplesdu Nou-
veau-Monde. La fastidieuse compilationdu pèreGarcia,T~a~Mfode~ortgp/ï de
/<Mj&Mf~.en&itfoi La positiondesprononM possessif personnets la
et à
fin du nomet des verbes,ainsi que les tempssi multipliésde ces derniers
caractérisent l'hébreuet les autreslangues L'espritdequelquesmis-
sémitiques.
sionnairesa étéfrappéde trouvercesmêmesnuancesdansleslangues américaines.
Ils Ignoroientquel'analogiedeplusieurstraits éparsne prouvepointque des
langues appartiennent à unemême souche.
Charlevoir
IIF~carliot,
L'Esou'Bot, etmAme
etmême
Charlevom ( Hi~t.
Adair
AJair < the
'ôf
JSM<. flmericarx
<Ae Iudiena,
~atet-K-aK
~KotM,
y775P·i5-~so
t~S,p.t5-a90
).
*~<ta<.jR«.,Tom.V,p.93t.Oaf<M'o~<Kf&<B)y~t~<~E~MMM,t&~p.ayetn5.
3.
'Jt.~o.f/T,cof..r~,$.3.
~88; Ï.IVBEHï.
Il
Il _1'It.A~.
paroft moinsétonnant
"=_0 .J.h"\nn~n.
que des hommesqui ne "ft,4.a.
ema,aon~~n~nrmae~~eraai~.
coono'ssentbien
'Dft
que deux
n

langues entièrement hétérogènes~ le castillanet le basque, aient trouvé àcelui-ci


un air de familleavec les languesaméricaines.C'estla compositiondes mots,
la facilitéavec laquelleon retrouve les élémenspartiels, ce sont lesformesdu
verbe et les modificationsdiversesqu'il éprouve, selonla nature du régime, qui
ont pu causeret entretenir cette illusion. Mais, nous le répétons, une égale
tendancevers l'agrégationou incorporationne constituepas uneidentitéd'origine.
Voici quelques exemples de ces rapports de physionomie entre les langues
américaineset la languebasque entrelesidiomesqui diNèrententièrementdans
les racines.
En chaymas: quenpotupra ~MOFMC~,je ne connois pas, proprement ne
connoissantpasje suis.En tamanaque:y<<trcr-M~e-Mrc, portantsuis-je~je porte
anarepra aichi, il ne portera pas, proprementportant ne sera patcurbe,
bon; ;~<ïtCHif~r!, sefairebon: Tamanàcu, un Tamanaque; Tamanacutari, se
faire Tamanaque .Po~Ae7K<espagnol;~ong~e~f~, s'espagnoliser;tenect-
~eAt,je verrai; teneicre,je reverrai; ~e~cAc~~~ai~c~ai~, je retourne;
M<M~ butké, un petit Indien Maypure; aicabutké, une petite femme';
nM~M)~a/<?,un vilainIndien lVlaypure;aicataje, une vilainefemme.
En basque:maitetutendot,je t'aime,proprementje aimant raI;&cg~M,rœI!,
et beguitsa, voir; aitagana, versle père; en ajoutant tu, on en formeleverbe
aitaganatu, aller versle père; ume-tâsuna, ingénuitédouceet enfantine;ume-
queria, entantiDagedésagréable
J ajouteraià ces exemplesquelquescomposésdescriptifsqui rappellentl'en-
fancedes peuples,et nous frappent égalementdansles languesaméricaineset
basquespar une certainenaïvetéd'expression.Eniamanaque: la guêpe, uane-
<MM,père (:7K-~), du miel (H<M<?); les doigts du pied, ptari-mucuru, pro-
prement lesfils du pied; les doigts la main, amgna-mucuru, les fils de la
de
les
main; champignons,~~e~nar:, proprementles oreilles (panari)de l'arbre
(jeje); lesveinesde la main, <Mng'Ma-7Kt~, proprement les racines ramifiées,
les {eui!lesj~rM~~r~7' proprement les cheveuxde la sommitéde l'arbre-
j~MtreTïe-~c/M, proprement soleil (t/e/M) droit ou perpendiculaire; foudre~

Le diminutif
defemme (aica)pnd'IndienMaypnre,seforme
enajoutant estlaterm!naisoa
&M<M,qu:
depetit,cM/MpM<M/
<<t/e
repond auacciodesItaliens.
Laterminaison<ae!tna unebonne
indique qualité;
~HerMenindique
unemauvaise
etdénTC deerM,
maladie.( GMt/deBMm&oMt, BatyMm, p. 4o.)
3 Je reconnois dans ttnenMrM,tonnetTe ou orage, [a racine tfnsne, noir.
ÏX.
CBAPÏTRE 4~9
Ât7!<?M~M-tM~<M't, proprementle fea
~f~~fot~~Mt t<*
~n
(M~to)<tndu tonnerre
/tMMt~iA <~Ttn<'ff<' ~t) de
ou l'orage.En
~<t !fa0f Fn

basque &<*coyMM~ le front, ce qui appartient (co et ~M~) à t'œil (&egTMc)~


o<~o~a,le bruit (o<~a) du nuage(odeia) ou tonnerre;am&~CM,t'ëcho~propre-
ment la pierreaniméede <MVMt, pierre, et McM, la vie.,
Les verbeschaymaset tamanaquesont une énormecomplicationde temps,
deux présens,quatre prétérits, trois futurs. Cette multiplicité caractériseles
languesaméricaineslesplus grossières.Astarloacomptede même,dansle système
grammaticaldu basque, deux cent six formes du verbe. Les langues,dont la
tendanceprincipaleest la flexion, excitent moinsla curipsttédu vulgaireque
cellesqui semblentforméespar agrégation.Dansles premières,on ne reconnoft
plus les étémensdont se composentlesmots et qui se réduisentgénéralement
à quelqueslettres.Isolés,ces ëtémensn'offrentaucun sens; tout est assimiléet
fonduensemble.Les languesaméricainessont au contrairecommedes machines
compliquéesdont les rouagessont à jour. On reconnoîtl'artince, je dirai le
mécanismeindustrieuxde leurstructure.On croit assisterà leur formation on
les dit'oitd'uneoriginetrès-récente,si l'on nese rappeloitpasque l'esprithumain
suit imperturbablementune impulsiondonnée, que les peuples agrandissent,
perfectionnentou réparent t'édince gEMnmaticat de leur langues, d'après un
plan une foisdéterminé;enfin, qu'il y a des pays dont le langage,lesinstitu-
tions et lesarts sont invariablesdepuis une longue suite de siècles.
Le plus haut degréde développementintellectuels'est trouvé jusqu'ici chez
des nationsquiappartiennentau rameauindienet pelasgique.Les languesformées
principalementpar agrégationparoissent opposer elles-mêmesdes obstaclesà
la culture; ellessont en partie dépourvuesde ce mouvementrapide, de cette
vie intérieureque favorisela flexiondesracines,et qui donnenttant de charmes
aux ouvragesde l'imagination.N'oublions'pas cependantqu'un peuple célèbre
dèsla plus haute antiquité, auquel les Grecsmêmesont empruntédes lumières,
avoitpeut-étreune languedont la structure rappelleinvolontairementcelle des
languesdel'Amérique.Queléchafaudage de petitesformesmonosyllabesou dissyl-
labesajoutéesauverbeetausubstantifdansla languecopte LeChaymaset leTama-
naque,àdemi-sauvages, ontdes motsabstraitsassez courtspour exprimerlagrandeur,
l'envieetlalégèreté,cheictivate, uoite et Mon~p,mais,en copte; lemot malice
nzetrepherpetou,est composéde cinq élémensfacilesà distinguer.Il signifie

Voyez,surt'identité
incontestable
del'ancien ÉgyptienetduCopteetsurle système particulier
desynthèse
decettedernière
langue,lesréflexions deM.~&'«<re
judicieuses deSacy,dansla Notice
desRécherches
deM.Étienne def~j~pte,p. 18et 23.
Burlalittérature
~«atrem~re
RelationAM<or/~Me,yb/M. 62
a
LIVRE ÏÏÏ.
~QO
t M /IL\ f~ ~t-
la ~HC&~ (M~<) ~'M~JM/Ct(replt) qui fait (e~) la chose'qui est (pet) W~
(OM). Cependantla langue copte a eu sa littérature comme la langue chinoise~
dont les racines,loind'être agrégées,sont à peinerapprochéesles unesdesautres,
sans contact Immédiat.Convenonsque les peuples, une fois réveillésde leur
léthargie, et 'tendant vers la civilisation,trouvent dans les langues les plus
bizarrestesecret<f exprimer avecclartéles conceptionsde l'esprit, et de peindre
lesmouvemensdél'âme.Un hommerespectable,qui a péri dans les sanglantes
révolutionsde Quito, don Juan de la Rea, avoit imité avec une grâce naïve
quelquesIdyllesde Théocritedansla langue de l'Incas, et l'on nifaassuréqu'en
exceptantles traités de scienceet de philosophie,il n'y a presquepas d'ouvrage
de la littératuremodernequ'on ne puisse traduire en péruvien.
Les rapportsintimesqui se sont formésdepuisla conquête,entre lesnaturels
et les Espagnols,ont fait passerun certainnombrede motsaméricainsdans la
languecastillane.Quelques-unsde cesmots n'exprimentpas deschosesinconnues
avant la découvertedu Nouveau-Monde,et nous rappellentà peine aujourd'hui
leur origine barbare Presque tous appartiennent à la langue des grandes
Antilles,quel'on désignoitjadis sous le nom de langue d'Haïti, de Quizqueja,
ou d'Itis*.Jeme borneraià citer lesmo~t~a~,ta&<K'~c<M!0~ &a~<P)C<MMM~
balsa, conuco, etc.Lorsque les Espagnols,dès l'année 1498, commencèrentà
visiterla Terre-Ferme,ils avoient déjà des mots 3 pour désigner les végétaux

Parexemplesavane,
cannibale.
Le nom d'Itis pour Haïti ouSaint-Domu)gne(Hispan:ola),se trouve dansl'ltinerarium de
l'évoque
Geraldini ( 7!omo', !63*, p. ao6~. « QoamColonus /<<minsu~n) cemeret. x
Voici, dansleur vé~taMe les
forme, mots haïtiens qui ontpassé, dèsla fin du 5.° siècle, dans la langue
castillane, et dont une grande partie n'est pas sansintérêt pour la botanique descriptive ahi (Capsicum
baccatum), batata (Convolvnlus Batatas), bihao (Heliconia Bihai), Mtmtto (Chrysophyttam Caimito),
cahoba ( SwieteniaMahagoni), ~cca et casabi ( JatrophaManihot; le mot casabi ou ofMMfene
s'emploie
que pour le pain fait des racines du Jatropha; le nom de la ptante,/<tce«, fut aussi entendu par
Americo Vespucci sur la côte de Paria); age ou a/M (Dioscorea à!ata copei Ctusia
), ( at~a ), y«y<M.<!n
(Guajacum officinale), ~~a&<t(Psidium pyn<erum), guanavano (Anona muricata), nMHtt(Arachis
bypogsa), gm<tm<t(Inga), Aen~tten (originairement cne herbe avec taqoette, selon lesContes des
premiers voyageurs, les Haïtiens coupoient les métaux, aujourd'hui tout fil très-résistant); ~teaco
~(ChrysohalanasIcaco) maghei (Agave amer!cana),NMAMOunMM(Zea),n«!nMt(Mammeaamerioama),
TtMn~(Rhitophora ), jM<o/M/<t( CactusPitahaja), eet&n(Bombax),<tM<t (Cactus Tuna), Atco<e«(tortue),
~n<t(Laeerta ïguana), manati (Trichecus Manati), n.~M. ( Putexpenëtrans), Aomaett (Hamac), &a&a
(radeau, cependant &tt&M: est un mot ancien castillan lorsqu'il signifieune mare ), &<tr&ac<M ( couchette de
bois téger, ou de roseau), <-<Mee ou &M/;to(cabane), canoa ( canot), <-oc«/o (Etater nootitucus), chicha,
~fAMcAo(boisson fermentée), macana ( gros bâton ou massue faitedes
pétioles d'un palmier), tabaca (non
l'herbe, mais le tuyauduquel on se servoit pourrespirer la fuméedu tahac), coz~Ke
(chef). D'aa&esmots
CKAPtTREÏX. ~Qt
tes plus utiles l'homme, communsaux AntiUeset aux côtesde Gumana et
de. Paria. Ils ne ? contentèrent pas de conserver ces mots empruntés aux
Haïtiens,i!s contribuèrentaussi àtes répandredans toutestes parties de FAmé
rique,à une époqueou !à tangued'Haïti étoit déjà une langue morte~et chez
des peuplesqui ignoroientjusqu'à ~existencedes Antilles.Quelquesmots dont
on se sert journeUementdansi~scoloniesespagnolessont attribués à tort aux
Haïtiens.Banana estdu Cha~, de la languembaja; <a (pain de manioc ou
de JatrophaManihot), et gTM~MCo (tablier, perizoma), sont caribes; curiara
est
(canot très-alongé) tamanaque;c&MC&or/io (hamac),et fMfMM<ï (fruit du
CrescentiaCujete, ouvaisseaupour contenirun liquide), sont desmots chaymas.
Je me suis arEétélong-tempsà desconsidérationssur les languesaméricaines,
parcequ'en Ies<analysant pour la première foisdanscet ouvrage,j'ai cru devoir
faire sentir tout l'intét~t de ce:genrede recherches.Cet Intérêt est analogueà
celuiqu'inspirentlesmonumensdes peuplesà demi-barbares.Onnelesexamine
point, parce qu'Usméritent par eux-mêmesune place parmi les ouvragesde
l'art, mais parce que leur étude répand quelque jour ~ur l'histoirede notre
espèceet sur le développementprogressifde nos facultés.
Aprèsles Chaymas,il me resteroità parlerdes autres nations indiennes quii
habitentles provincesde Cumana et de Barcelone.Je me contenterai de les
indiquersuccinctement.
!.° Les Pariagotos ou Paricas. On croit que les terminaisons en go<o, comme
dans Pariagoto, Purugoto, Avarigoto, Acherigoto, Cumanagoto, Arinagoto,
Kirikirisgoto indiquent une origine caribe 2. Toutes ces peuplades (à
l'exception des Purugotos du RioCaura) occupoient jadis les pays qui ont t
été si long-temps sous la domination caribe; sa voir, les côtes de Berbice et

améncMM, aujourd'hui aussi Mites parmi les Cr<o!e*que ks mots arabes espagnolisés, n'appartiennent
pas à la langue d'Haïti par exemple, e<!MMM!, jotn~tw, jK~xt/a( Carica) <M<M'a<e ( Persea), tarat~o,
/)ftramo. L'aNté Gili rend probable qu'ils sont t!rés de la langue de quelques peuples qui habitoient le
pays tempéré entre Coro, les montagnes de Merida et le plateau de Bogota ( Nf~gto, Tom. III p. aa8.
~'M anssi plushaut, Chap. v, p. 3ay ) Que demots des tangaes celtique et germanique noos auroient
conservéJntes-Césaret Tacite, si les productionsdes paysseptentrionaux Tisitéspat. tes Romains, avoient
différéautant des productions de l'Italie et de l'Espagne que de ceUesde rAmérique équinotiate.
Les JEMttrMgMo*(ou Kirikiripas) sont de la Guiane-HoUandoise. Il est bien
remarquable que,
parmi les petites peupladesbrésiliennes qui ne parlent pas la langue des Tupi, les JEtftft, matgré l'énorme
émignententde 65o lieues, ont plusieurs mots tamanaques. ~eff<M Ca<a&)~o delle <MgKe,p. a6.
Dans la langue tamanaque, qui est d'un mêmerameau avecle caribe, se trouve aussi la terminaison
,~o, comme <Me~Mm~o<«, animal. Souvent une analogie dans les terminaisonsdes noms, loin de
prouver
une identitéde race, indique seulementque les noms des peuples ont été empruntés d'uue même
langue.
~f)2 LIVREïtl.
C'est
d'Esquibo, la péninsulede Paria, les plaines de Piritu et la PaMme.
par ce dernier nom qu'on désigne, dans les missions, te terrain peu
connu entre tes sourcesdu Cujuni, du Caroni et du Mac. Les Indiens.
Parlas se sont fondus en partie avec les Chaymasde Cumana d'autres
ont été fixés par les capucinsaragonoisdans les missionsde Caroni, par
exempleà Cupapuy et Alta-Gracià,où l'on parte encore leur langue,qui
paroît tenir lemilieuentre le tamanaque et le caribe.Maistenom de Parias
ou Pariagotos n'est-ilqu'un nom purementgéographique?Les Espagnols
qui fréquentoientces côtes depuis'leur premier établissementà l'tle de
Cubaguaet à Macarapana,ont-ilsfait passer le nom du promontoire de
Paria à la tribu qui l'habitoit? Nousne l'affirmeronspas positivement;
carlesCaribesnommoienteux-mêmesCaribana3 un paysqu'ils occupoient
et qui s'étendoitdu Rio Sinuau golfe de Darien.C'est un exemplefrappant
$ d'une identité de nom entre un peuple américain et le territoire qu'il
possède.On conçoitque, dans un état de la société où les demeures
ne sont pas fixes pour long-temps, ces exemples devoient être très-
rares.
2.° Les Guaraons ou Gu-ara-unu, presque tous libres et indépendans, dis-

persés dans le Delta de l'Orénoque, dont eux seuls connoissent bien les
canaux si diversement ramifiés. Les Caribes appellent les Guaraons <7-<MTa-H.

Cat<Kn,p. 9, 88, 136. ~er, Tom. III, P. H, p. 465, 6t 7, 676. Gidi, Tom. m, p. aot, ao5.
Paria Uraparia, même Hnriaparia et Payra, sont les anciens noms du pays, écrits comme les
premiers navigateurs ont cru les entendre. (Ferd. Colomb, dans C«re&~ Co//«-<Mn,Tom. n, p. 686,
Cap. l.xxi. Galvano, dansjyat~'< Suppl. t8ta, p. t8. 7'e<nM~far~r, p. ~3, yS. CtM&tmoBe~to~, p.
GeraldiniItinerer, p. i~. Christ. CotnmbiNaTigatio.dans G<yn.Orb. Nov., p. 80 et 86. Go<~Mm,
p. ton
Cap. i.xxxrv.) tt ne me paroit guère probable que )e promontoire de Paria ait reca son nom de celui d'un
cacique t~-M/x!n, célèbre par la résistance qu'il 6t à Diego Ordaz en i53o, trente- deux ans après que
Colomb avoitentendu te nom de Paria de la bouche des indigènes, (Fray Pedro ~mton,
p. to3, tto<<eM a
Cap. xvi. C~M&n,p.i34ett43.) L'Orénoque, à son embouchure, prit aussUenomd'Uriapari.Ynyapari
ou lyupari. (Herera Dec., Tom. ï, p. 80, 184 et 108.) Dans toutes cea dénominations d'um
grand
fleuve, d'un littoral, et d'un pays pluvieux, je crois reconnoitre le radical par, qui signifie eau, non
seulement dans les !an$nes de ces contrées, mais dans ceUesde peuples
très-étoignés tes uns des autres
surles côtes orientales et occidentalesde l'Amérique..Mer ou grande eau se dit, en
canbe, en maypttreet
en brésilien ,~MBo, en tamanaqne,~<!MM. Dans la HauteGuiane,
l'Orénoqne s'appelle anM: Parava.
En péruvien ou qquichua, je trouve pluie, ~<tr<t, pleuvoir,jMmnt. De
p!M il y mnn lac au Pérou, qui
porte très-auciennement le nom de Paria. (Garcia, Ong~t &MInd. p. aoa.) Je suis entrédans ce détail
bien minutieux sur le mot Paria, parce que très-récemment on a cru recomno!trele
y pays des.PorKM`,
castede l'Hindostan.
3 /'e<mt!
Martyr, Ocean. p. ia5.
CHAPtTRS
ÏX. ~g3
Usdoivent leur Indépendancela naturedeleur pays; car les nussionnaires,
malgréleur zele%n'ont pas été tentés de les suivre sur la dmedes arbres.
On sait que les Guaraons, pour élever leurs habitations au-dessus de la
surfacede l'eau à l'époque des gfandesInondations, les appuient sur des
troncs coupésde manglieret dupalmier Mauritia'.Ils font du pain de la
farinemédullairede ce palmier,qui est te véritablesagoutlerde l'Aménque.
Lafarineporte le nomde Yuruma: j'en ai mange àla villede Saint-Thomas
de la Guiane, et elle m'a paru très-agréableau goût, ressemblantplutôt au
pain de maniocqu'au sagou de l'Inde. Les Indiens m'ont assuré que les
troncs du Mauritia (I'~r&~ de vie tant vanté par le père Gnmilla) ne
donnent abondammentde la farineque lorsqu'onabat le palmieravant que
les fleursse développent.C'estainsi que le maguey ~cultivéà la Nouvelle-
Espagne ne fournit une liqueur sucrée,te vin (pulque) des Mexicains,
qu'àl'époque oùla plante poussesa hampe.En Interrompant la floraison
on forcela nature à porter aillears cettematière sucrée ou amylacée,qui
devoits'accumulerdansles fleursdu maguey et dans lesfruits du Mauritia.
Quelquesfamillesde Guaraons, agrégéesaux Chaymas, vivent loin de
leur terrénatale, dans lesmissionsdes plainesou Llanos de Cumana
par
exempleà Santa-Rosade Ocopi.Cinq ou six cents ont abandonnévolon-
tairement leurs marécages,et ont formé, il y a peu d'années, sur la rive
septentrionaleet méridionalede l'Orénoque,à 25 lieuesde distancedu cap
Barima, deux villages assez considérables,sousles noms de Zacupanaet
Imataca.Lorsqueje fis le voyagede Caripe, ces Indiens étoient encoresans
missionnaires et vivoienten pleine indépendance.Les excellentesqualités
qu'ont ces Indigènesj commemarins, leur grand nombre, leur connoissance
intime des bouches de l'Orénoqueet de ce dédale de bras qui commu-
niquent les unsaux autres, donnent auxGuaraonsune certaineimportance
politique. Ils favorisentle commerce clandestin,dont t'ne de la Trinité
est le centre; ils faciliteroientprobablementaussitouteexpédition'militaire

Leursmœurs onttoujours
étélesmêmes. LecardinalBembo lesa décrites
au commencement du
16.'siècle«Quibusdam intociopropterpaludes
mcohB domusinarboribus<edi6cant.
»( jy, renet:,
)55t,p.88.) SirWalter en les
Raleigh t~S, dépeint Gaaraons souslesnomsd'~roo«~,de?VtM~
etde/iT<H-aM't<e<c'étaient lesnoms
peut-être dequelques
tribusdanslesquelles
la massedelagrande
nationguaraonne sesubdivisoit
alors.( Barrere,
EssaisurMM<. nat.dela France
M.Kuntha réunilestroisgenres équin.,
p. ~o )
dePalmiers,
Catamus, sousuneno~yeUe
Saguset~anritia, section
desCatamées. (~'oye*nosNova Génère,Tom. p.3)0.)
~ace ome/YcotM,t'atoësde nos jardins.
~Q~ LIVRE!
Les
qui voudroit remonterl'Orénoquepour attaquer la Guiane espagnole.
gouverneursde Cumana ont appelé depuis long-temps, et toujours sans
succès, l'attention du ministère sur cette peupladeindienne. Comme les
Guaraonscourent avecuneextrêmeadressesur desterrainsvaseux la ou le
blanc, le nègreou tout autre ïhdienn'oseroientmarcher, on croit commu-
nément qu'ilssont d'un moindre poidsque le restedes indigènes.C'est aussi
l'opinionqu'on a en Asièdes TartaresDurâtes.Le peu de Guaraonsque j'ai
vusétoientd'une taille médiocre, trapuset très-musculeux.La légèretéavec
laquelleils.marchentdans lesendroitsrécemmentdesséchés,sans enfoncer,
lors mêmequ'Usn'ont pas de planchesliéesaux pieds, me paroît être l'effet
d'une longue habitude.Quoiquej'aie navigué long-tempssur l'Orénoque,
je ne suis pas descendujusqu'àson embouchure;les voyageursqui visiteront
cesmarécagesrectiËerontce que j'ai avancé.
3°. Les G~a~Mcr~ ou GMa/Ae/'M. Ce sont lesplus habileset lesplus intrépides
pêcheurs décès contrées ;euxseulsconnpissentbien le banc très-poissonneux
qui entoure les îles Coche, Marguerite,Sola et Testigps~banc qui a plus
de ~oo lieues carrées,et qui s'étend, de l'est à l'ouest, depuis Maniquares
jusqu'aux Bouches-du-Dragon. Les Guaiquerieshabitent l'île de la. Mar-
guerite, la péninsuled'Araya et le faubourg de Cumana, qui porte leur
nom.Nousavonsdéjà fait observerplus haut 1qu'ils croient leur langueun
dialectede la languedesGuaraons.Cela rapprocheroitceux-cide la grande
familledes nationscaribes; car le missionnaireGili 2 penseque l'idiome
des Guaiqueriesest un des rameaux nombreuxde la langue caribe. Ces
rapportson~de l'intérêt, parce qu Us font apercevoir~d'anciennesliaisons
entre des peuplesdisperséssurune vasteétenduede pays, depuisla bouche
du Rio Caura3 et lessourcesde l'Erevato, dansla Parinie,jusqu'àla Gniane
françoiseet aux côtesdeParia.

'T.n.Chap.iv.p.agS. (Voy.!HKm~-f<MCa<p. 49). Si le nom do port de Pam-Patar, at'Me de


la Margaerite, est guaiqueri, comme on ne sauroit en dooter, il offre un trait d'analogie avec la
langue
cumanagote qui se rapproche du caribe et <ht tamanaque. Sur ta Terre-t'erme~ dans les missions
de Piritu, nous trouvonale villagede C<~t«t-~a«t)-, dont le nomsignifie maisonde Caygua.
'Chap.tv,p.a98.~<t~r,Tom.ïU!,P.n,p.676.
Lee Cuaiquirie om 0-aikiris, ttatiomea <m;om-d'hmsur les rives de
lErerato, et jadis entre Je
Rio Caura et le Cochivero, près de la petite
viUed'Aita-Gracia, Mat-ib d'une origine différente
des Guaiqueriesde Cmnama?te connois aussi, dansFintérienr des terres dans les missionsdes Piritus,
prësdnTiUagedeSanJuanEvangeltStadel&Mnve, un ravin qui porte très-anciennement le nom des
Guayquiricuar. Ces indices semblent prouver des migrations du sud-ouest vers le littoral. Laterminaison
CHAPÏTKE tX. 49~
Les ~MC~H~y,que ksTamanaquesappeMentjM~o~, peuplade jadis
très-guernèreet alliéedes CanbM.C'est,un phénomèneassezcoHènxque de
les trouver mêlésaux ChaymasdanslesmissionsdeCumana;car Icm'idiome
est, avecl'ature descataractesde l'Orénoque,un dialectedela languesalive,
et leur site originaireest sur les rives de l'Assivtiru,que les Espagnols
appellentGuchivero.ïtsont pousséleurs migrationsïoo lieuesau nord-est.
Jeles ai souvententendunommerà. l'Orénoque, au-dessusde la bouchedu
.Meta;et, cequi esttres-remarquable~on assure~'quedes missionnaires jésuites
ont trouvé des Quaquas jusque dansles Cordillèresde Popayan. Raleigh
cite, parmi lesnaturelsde lile de la Trinité, les Salives,-peupladede mœurs
très.doucesde l'Orénoque, qui demeureau sud des Quaquas.Peut-êtreces
deux tribus, qui parlentpresquela mêmelangue ont-ellesvoyagéensemble
versles côtes.
5." Les Cumanagotes( ou, selonla prononciationdes Indiens, CM~MM~co~o ),
aujourd'huià l'ouestde Cumana,dansles missionsde J?iritu, où ils vivent
commeagriculteursau nombrede plus de 36,000.Leur langue, de même
que celledes j~enc<M ou Palenques et GM<MWc~, se trouve placée entre
le tamanaqueet le caribe, mais plus rapprochéedu premier.Ce sont encore
des idiomesd'unemême famille;mais, pourlesconsidérercommede simples
dialectes,il faudroitaussi nommerlelatinun dialectedu grec, et le suédois
un dialectedel'allemand.Lorsqu'ils'agit de l'affinitédes languesentre elles,
onne doit pas oublierque cesauïnitéspeuventêtre très-diversementgraduées,
et que ce seroit tout confondreque de ne pas distinguer entre de simples
dialecteset des languesd'unemêmefamilte.Les Cumanagotes,les Tama-
naques,les Chaymas,les Guaraonset lesCaribesne s'entendentpas malgré
les analogiesfréquentes de mots et de structure grammaticaleqn'onrent
leursidiomes.Les Cumanagoteshabitoient, au commencementdu seizième
siècle, les montagnesdu Bergantinet de Parabolata.Le père Ruiz-Btanco,
d'abord professeurà Sévitte,et puis missionnairedansla provincedeNueva-
Barcetona,a publié, en ï683, une grammairedu cumanagote,et quelques

caor,quisetr<m~danstantde nomscnmmMgoteaetcaribes, ravin,comme


signifie dansGuaymacuar
( raïindeslézards),
~'<rK-A!tc!<ar
(ravinombragédepahmen PinchoouPu-ttn),CA~tMAM-Nar
(favin
de coquilles
terrestres). décritlesGuaiqueries
Raleigh sousle nomd'OMttefM.tt appette
tesChaymas
&Hma<, en changeant laprononciation
(d'après caribe)lecheem<.
~<t<e~,Tom.IH,P.ït,p.364.Lemomde ~Ma~aseretronTe accidentellement sur la côtelé Gnmêe.
Les Européens le donnent à une peuplade de Nègres, à l'est du
cap Lahon.
~1
496 LIVREïtt.
ouvrages
ouvrages tthéologi~es
héotogiquesdanslamême
dansla langue.Je a'ai
mêmelangue. a'ai pu
pu savoirsi 'les
savoirsi !e indiens
rt"*–
PIritus, ~t. ~L-– T~_––-
Tomuzas, f~–– -–<*–J).
confondus
Cocheymas,Chacopatas, Topocuares, âujour-
d'hui-danstes mêmes villagesavec les Cumanagoteset parlant leur langue
ont été originairementdes tribus de la mêmenation. Les ~Tt~f, comme
nousl'avonsfait observerailleurs ont tiré leur nom du ravin ~rtC~MCMar,
où' croît en abondancele petit palmier épineux ~r~M dont te bois
excessivement dur, et par cela même peu combustible, sert à faire des
pipes. C'est dans ce mêmetieu qu'a été fondé, en i556, le vitiagède la
Conceptionde Piritu,cheMieu des missionscumanagotes,connues sous la
dénominationdemission.esde Piritu.
6.° Les Caribes ( Chrtfcj). C'est le nom que les premiers navigateurs leur
donnent, et quis'estconservédanstoute l'Amériqueespagnole les François
et tesAllemandsfont tranformé,j'ignorepourquoi, en Caraïbes, eux-mêmes
s'appellent Ça/Ma, Ca~na et Callinago. J'ai parcouru quelquesmissions
caribesdes Z<Z<M<M en revenantdu'voyagede t'Orénoque, e; je me bor-
nerai Ici à rappeler que les Galibis (Caribi de Cayehne), les 7t«~oc<Met
les CMKagïMtra~, qui habitoient originairementles plaines entre lesmon-
de
tagnes Caripe(Caribe) et le villagede Matunn, les Iaoi de t'tïe de la
Trinité et de la provincede Cumana, et peut-être aussi les GMa~tfc~
alliésaux Palenques,sont destribus de la grande et belle nation caribe.
Quant aux autres nations dont nous avons indiqué les rapports de
langageavec le tamanaque et le caribe, nous ne pensons pas qu'il soit
indispensablede les considérercommede mêmerace avec eux. En Asie,
les peuples d'originemongolediHerenttotalement par leur organisation
physique,de ceux d'origine tartare. Tel a été cependant le mélangede ces
peuples,que, d'aprèsles bellesrecherchesde M. deRtaproth, des langues
tartares rameaux de l'ancien Oigour)sont parléesaujourd'hui par des
hordesincontestablementmongoles.Ni l'analogieni la diversité du langage
ne peuventsuffirepour résoudrele grandproblèmede la filiationdespeuples
ellesne donnentque de simplesprobabilités.Les Caribes proprementdits,
ceuxqui habitentles missionsdu CaridanslesLlanos de Cumana, les rives

Cand:cegraci!:actJeato,M:Mp:nn<ttis.
Peut~treda geMeAiphanes
de Willdenow.
(~'etthes
.Pn)/e~.<&<H<~t.~eo~r./)&m<t8ty,p.aa8.)
Je me servirai dorénavant de ce mot ~&M<M()oca~)&M<~
en supprimant le ~), sans ajouter les
équivalons de ~am/KM, Mf<MM /M-<HMM, steppes ou ~<aMM.Le pays entre les montagnes eotiëres et la
rive gauche de 1 Orénoquecomprend les Llanos de Cumana, de Barcelone et de Caracas.
C~APÏTRE ÏX. 4977

du Cauraet Jesplaines
aunprd-estdessourcesdel'Or~noqae~MidtStmguent,
par leur taille presquegigantesquede1'touteslesautres nationsquej'ai vues
dansle Nouveau-Continent. Faut-il admettre pour cela que ces Caribessont
une race entièrement isolée.et que lesGuaraonset les Tamanaqaes,dont les
langues rapprochentdu caribe, n'ont aucunlien de parenté avec eNx?Je
se
pense que non. Parmi des peuplesd'une même famille, un rameau peut
prendreun développementd'organisationextraordinaire.Les montagnards
du Tyrol et du Salzbourgsont d'une tailleplus élevéeque les autres races
germaniques; les Samojèdesde l'Altaï sont moins petits et trapus que
ceux du littoral. Demême il seroitdifficile de nier que les G~Mf sont
de véritables Caribes et cependant malgré l'identité des langues,e
quelledISérencefrappantedans la hauteur de la taille et la constitution
physique! 1
En indiquantlesélémensdont se composeaujourd'huila populationindigène
des provincesde Cumanaet de Barcelone,je n'ai pas voulu mêler des sou-
venirshistoriquesà la simpleénumérationdesfâits. Avantque Cortès brûlât ses
vaisseauxen débarquant sur les côtesdu Mexique,avant qu'il entrât dans la
capitalede Montezuma,en t5aï, l'attention de l'Europe étoit fixée sur les
régionsque nousvenonsde parcourir.En décrivantles moeursdes habitans de
Paria et de Cumana on croyoitdépeindreles moeursde tous les indigènesdu
Nouveau-Continent.Cette remarquene sauroit échapperà ceux qui lisent les
historiens de la conquête, surtout les lettres de Pierre Martyr d'Anghiera,
écritesla cour de FerdInand-le-Catholique, rempliesd'observationsfines sur
ChristopheColomb, sur Léon X et sur Luther, inspiréespar un nobleenthou-
siasmepour les grandesdécouvertesd'un sièclesi riche en événemensextraor-
diuaires. Sans entrer dans aucun détail sur les mœurs des peuplesque l'on a
confonduslong-tempssousla dénominationvaguede Cumaniens( Cumaneses),
il me paroit important d'éclaircirun fait que j'ai souvent entendu discuterr
dans l'Amériqueespagnole.
Les Pariagotes d'aujourd'hui sont rouge -bruns, commeles- Caribes, les
Chaymaset presquetouslesnaturelsdu Nouveaux-Monde. Pourquoileshistoriens
du seizièmesiècleaffirment-ilsque les premiersnavigateursont vu deshommes
blancscheveux blonds au promontoirede Paria? Ëtoient-ce de ces Indiens
à peau moinsbasanée, quenous avonsvus, M. Bonplandet moi, à lEsmeraIda
près dessources de l'OrénoqueFatals ces mêmesIndiens avoient les cheveux
RelationAMto~M~yom. 65
LIVRE ï!l.
~g~
aussinoirsque les Otomaqueset d'autrestribus dont te teint est le plus foncé.
Etoient-cedes Albinos,commeOnen a trouvejadis à l'isthmede Panama?Mais
les exemplesde cette dégénération sont très-raresdans la race cuivrée, et
Anghiera de même que Gomara, parlent des habitans de Paria en général,
non de quelquesindividus.L'un et l'autre les décriventcommesi c'étoient des
peuplesd'origine germanique:ils les disent blancs et à. cheveux blonds. Ils
ajoutent même qu'ils portoient des vetemenssemblablesà ceux des Turcs
Gomaraet Anghiera écrivent d'après les relations orales qu'ils avoient pu
recueillir.
Cesmerveillesdisparoissentsi nous examinonslerécit que FerdinandColomb3
a tiré des papiers de son pèce. On y trouve tout simplementque l'Amiral
étoit surpris de voir les habitansdeParia et ceux de rile de la Trinité mieux
~aits,plus cultivés(de buena conversacion) et plus blancsque les indigènes'
qu'il avoitvus jusqu'alors.» Celane veut pas dire sansdoute que les Pariagotes
sont blancs.Lacouleur moins foncée de la peau des indigènes, et la grande
fraicheurdes matinées, à la côte'de Paria, sembloientconfirmer l'hypothèse
bizarre que ce grand hommes'étoit faite sur l'Irrégularité de la courburede la
terre, et sur lahauteurdes plainesdanscetterégion, commeeffetd'unrenflement

./Ethiopes lanati,Pariae
nigri,crispi incolaalbi,capiHit
oMongis ~<tfM.PetrusMartyr,
protenais
Ocean.Dec.I., LU).
VI(ed.1574),p.yt.Utnusque<e!.nsindigen<Bo&tf~<tN<w<n'<e<,pra'<er«M~tfKU&
sokversantur,
loc.cit.,p. y5.Gomaraditdesindigènes
queColomb vità l'embouchure
de la rivière
deCumana«LasdomzeMas eranamorosae,
desmudas yMs~KM delacasa
~taa ) losIndios
quevanal
campoestannegrosdelsol.x~fMt. de~M/yt<!to<.
Cap.
Lxxtv,p.97-LostodiosdePariason&&MOM y
rnb!os.GarcM,Of~)tde~7ttA<M,tya9,L!h.ïV,Cap.,)m,p.~70.
Ils portoient autour de la tête un mouchoir decoton rayé. Ferd. Colomb, Cap. i.xxi ( Churchill,T. ït,
p. 586). A-t onpris ce genre de coMepour un tarban? ( Garciadel Origenffa TM.,p. 3o3.) Je suis surpris
qu'un peupte de ces regtons se couvrit la tête; mais, ce qui-est bien plus curieuxencore, c'estqoePinzon,
dans un voyage qu'il 6t seul à la cote de
Paria, et dont Pierre Martyr d'AngMert nons a c<MMervé les
détads, prétend avoir trouvé les indigènes vétus. « ïneolasomnesgenu tenus mares, fœminMsurarum
tenus, gossampinisvestibus amictos simptieibusrepererunt:sed viros more Turcarum insoto minatira
gos-
sipio ad heUiusum dupUcHus.( Petrus Martyr, Dèe. !ï, Lib. VH, p. to3.) Qn'est'ce que ces peuplesplus
civilisés, couverts de tuniques, comme sur le dos des Andes, e~ tronvés sur une côte ou, avant et après
Pinzon, on ne vit que des hommes uns ?
CA~rcA.~ Co/&eA, Tom. H, p. 584 et 586. Herréra,
p. 80, 83, 84. M~M, J9t«. ~v«~.
~Mt«&),Tom. 1, p. 283. « El color era bazo comoes regular en los Indios, pero mas ctaro que en lu Mas
reconocidas. » Les missionnaires ont l'habitude de nommer M<Me~<M~t,om même presque &tMM, les
Indiens moinsbrnns, moinsbasanés. ( Gt<mt&t,~M<.de
O~no~M, Tom. ï, Chtp, v, $ a.) Ces expreMions
tmprepreapeuvent tromper ceux qui ne sont pas accoutumésaux exagérations que se permettent souvent
les voyageurs.
CHAPÏTRE tX. 499
.~e
a ., .1n~'A
.a ~e~é.,aa~e"¡'_ftI1Al,u..1
1 A m~;toé.
extraordinairedu globedansle sensdès parallèles'.Amengo Vespncct (su est
permis de citer son prétendu /T?M~ voyage composapeut-être sur le récit
d'autresnavigateurs), Vespuccicompare les naturelsaux peuples<im~HiM non
pour leur couleur, mais pour la largeur du visage et i'express!on de la
physionomie.
Maiss'il estcertain qu'a la findu quinzièmesiècleil y avoit, surles côtesde
Cumana, tout aussi peu d'hommesà peau blanchâtre qu'il y en a de nos
jours, il ne faut pas en conclure que les indigènes du Nouveau-Monde
offrentpartout une même organisationdu systèmedermoïdè.Il est aussiinexact
de dire qu'ils sont tous rouge-cuivres,que d'anirmerqu'ils n'auroient pas une
teinte basanées'ilsn'étoient pas exposés à l'ardeur du soleil ou hâlés par le
contactdel'air. On peut partagerles naturelsen deux portions très-inégalesen
nombre; à la premièreappartiennentlesEsquimauxdu Grœnland, du Labrador
et de la côte septentrionalede la baie de Hudson, leshabitans du détroit de
Bering, de la péninsuled'Alaskaet du golfe du Prince Guillaume.Le rameau
orientalet occidental3 de cette race polaire, les Esquimauxet les Tchou-
gazes, malgré l'énormedistance de 8qo lieues qui les sépare, sont liés par
l'analogiela plus intimedes langues.Cette analogies'étend même, commecela
a été prouvé récemmentd'une manière indubitable, jusqu'aux habitans du
nord-estde l'Asie; carl'idiomedesTchouktches4, à l'embouchurede l'Anadyr,
a les mêmesracinesque la languedes Esquimauxqui habitentla côte de l'Amé-
riqueopposéeà l'Europe.Les Tchouktches sont lesEsquimauxd'Asie.Semblable
aux Malays,cetterace byperboréennen'occupeque le littoral.Elleest composée
d'Ichtyophages,presquetousd'une stature plus petiteque lesautresAméricains,
vifs, mobileset bavards.Leurs cheveuxsont plats, droits et noirs; mais leur
peau ( et ceci est très-caractéristiquedanscette race que je désigneraisous le
nom de la race des ~a<~atM~?!cAot~~e~), leur peau est originairement
blanchâtre.Il est certain que les enfansdes Grœnlandoisnaissent blancs,quel-

lanoteCà!afindulivre.
~<yM
VnUmnon muttmm speciosisunt, qnontam tatas facies r<M-htWM
Mbinutataehabent. (AmencI Vespatu
Navigatioprimadans C<yn, Oft. Nov., t555, p. aia. )
Vater, dans te ~t~rK&!<M,Tom. ]N, P. HI, p. 4a5-468,Egede, Crantz, Hearne, Mackensie, PorUoc~,
ChwostotF,DavidofF,Resanoff, Merket Billing, nous ont faitconno!tre la grande famille de ces peuples
Estluimaus-Tchougazesr
Jene parleiciquedesTchouktches
a demeures
stablescarte~Tchouktches
nomades
serapprochent
desKorceket.
~00 Ï/YVBEici.
ques-unsconserventcette blancheur, et spuyentdans les plus brunis (les plus
hâlés) on voit paroîtrele rouge du sangdansles joues
La secondeportion des Indigènesde l'Amériquerenferme tous les peuples
quinesont pas jE~~M<Htr-?~AoHg~.M~ à commencerdepuisla fivière~de Cook
de
jusqu'audétroit Magellan,depuisles Ugaijachmouzes et les Kinaïsdu Mont-
Saint-Eliejusqu'auxPuelcheset Tehuelhetsde l'hémisphèreaustral.Les hommes
qui appartiennent a cette secondebranchesont plusgrands, plus forts, plus
guerriers,plus taciturnes.IlsoffrentaussidesdISérencestrès-remarquablesdansla
couleurde leur peau. AuMexique,au Pérou, dansla Nouvelle-Grenade, à Quito,
surlesrivesde l'Orénoqueet de l'Amazone,dans toute la partie de l'Amérique
méridionaleque j'ai examinée, dans les plaines commesur les plateauxtrès-
froids, lesenfansindiens, à l'âge de deux ou trois mois, ont le mêmeteint
bronzé que l'on observedans les adultes.L'idéeque lesnaturelspourroient bien
être des~Mancs hâléspar l'air et le soleil, nes'est jamaisprésentéeà un Espagnol,
habitantde Quito ou des rives de l'Orénoque.Dansle nord-estde l'Amérique,
au contraire, on rencontrédes tribus chez lesquellesles palanssont blancs, et
prennent, à l'âgeviri!, la couleurbronzéedes indigènesdu PérQnet duMexique.
Michikinakoua,le chefdes Miamis avoit les bras et les parties du corps non
exposésau soleil, presque blancs. Cette différencede teinte entre les parties
couverteset non couvertesne s'observejamais chezles indigènesdu Pérou ou
du Mexique, même dans les famillesqui vivent dans une grande aisance et
restent presque constamment renfermées dans leurs maisons.A l'ouest des
Miamis,sur la côte opposéeà l'Asie, chezlesKoloucheset Tchinkitans de la
baie de Norfbick)lesfilles adultes, lorsqu'onles force de se nettoyer la peau,
offrentle teint blanc des Européens.Cette blancheurse retrouve, selon quel-
quesrelations3, chezles peuples montagnardsdu Chili.
VoHàdesfaits bien remarquableset contrairesà cette opiniontrop générale-
ment répandue de l'extrême conformité d'organisationchez les indigènesde
l'Amérique.Si nousdivisonsceux-cien ~~Mt~MM~et non Esquaimaux, nous
Cron~, ~M<.ofGreen&Ht~, Tom. p. t3a.LeGreentand
1667, paraitne pasavoir<téhaMt6 an
dumoins
11 eiëcle, lesEsquimauxneparurent qu'au14.'siècle,venant
det'Oueot.
( Lac.cit.,p.aS8.)
Entretes54°et 58°delatitude.Cespeuples blancsontété visités
McceMtvement par Portlol,
Marchand, BaranoifetDa~idotF.
LesTcMnk!tans ouSchinkit sontteshabitans de Me Sitka.~<!<<r.
Mithr.,T.tII.F.H, p.at8.Marchand, ~cf~e, T.11,p.167,t7o.
5~o~no, «t~ «orM œ!<.de/Chili,éd.9, p.393.Doit-ou foià CM
Saggio ajouter yeuxbleus desBoroas
duChilietdesGuayanas del'Uruguayqu'onnouepeintcomme despeupktdela racedOdin?~Mnt~
~ya~, T;ïï, p.76.
CHAPtTRE IX. 5ot.
convenonsvolontiersfraecettedfmsi&eàtion
que cette classi&càtionnn'est Raso!nsoh!!osopbi<rue
'est pas que
pins philosophiqueque
celledes anciens qui ne voyoientdans tout le mondehabité que des Celtes et
desScythes, des Grecset des Barbares.Cependant, lorsqu'ils'agit de grouper
des peupladessans nombre, on gagnedé)&en procédant par exclusion.Nous
avonsvouluétabliriciqu'en séparant toute la race des Esquimaux-Tchougazes,
il reste encore, au milieudes Américainsbrun-cuivreux, d'autres races dans
lesquelleslesenfansnaissent blancs, sans qu'on puisse prouver, en remontant
jusqu'àl'histoirede la conquête, qu'ils se soientmêlésavec les Européens.Ce
fait mérite d'être éclairci par des voyageursqui, doués de connoissancesen
physiologie,auront l'occasiond'examinerà l'àge de deux ans les enfansbruns
des Mexicains,lesenfansblancsdes Miamis,et ceshordesde lOrénoquequi,9
vivant dans les régions les pins brûlantes, conservent,pendant toute leur vie
et dans la plénitude de leurs forces, la peau blanchâtredes Métis.Le peu de
communicationqu'il y a eu jusqu'ici entre l'Amériquedu Nord et lescolonies
espagnoles,a entravétoutes lesrecherchesde ce genre.
Dans l'homme, les déviationsdu type commua la race entière portent
plutôt sur la tailles, sur la physionomie,sur la formedu corps, que sur la
couleur.Il n'enest point ainsi chezles animaux, où les variétésse trouvent plus
dansla couleurque dans la forme. Le poil des mammifères,les plumes des
oiseaux, et mêmeles écaillesdes poisscmschangentde teinte selonl'influence
prolongéede la lumièreet de l'obscurité, selonl'intensitéde la chaleuret du
froid. Dans l'homme, la matière coloranteparoît se déposerdans le système
dermoïdepar la racineou le bulbedes poils3, et toutesles bonnes'observations
prouventque la peau varie de couleur par l'action des stimulus extérieurs
dans les individus,et non héréditairementdans la race entière.Les Esquimaux
du Grœnlandet les Lapons sont hâtés par l'influencede l'air; mais leursenfans
naissentblancs.Nousne prononceronspassur leschangemensque là nature peut
produiredans un espacede temps qui excèdetoutes les traditions historiques.
Le raisonnements'arrêtedans ces matières,lorsqu'iln'est plusguidépar l'expé-
rienceet les analogies.
Les peuplesqui ont la peau blanchecommencentleur cosmôgoniepar des
hommesblancs; seloneux, les nègreset tousles peuplesbasanésont été noircis

&teintblanchâtre
Cespeuplades lesOjosetlesMaquiritares.
sontlesGuaicas,
Les peuples circoopolaires des deux continens sont petits et trapus, quoique de races très-différentes.
D'aprèslesrecherches intéressantes de M.Gaultier, sur l'organisation de lapeau de l'homme, p. 5y, Johnn
Hunter observe que, dans plusieurs animaux, la coloration du poil est Indépendante de cette de la peau.
5o2 tïVKE ï!t.
i j< ~~t-'<<<
ou brunis par l'ardeurexcessivedusoleil. Cettethéorie,adoptéepar les Grecs',
quoiquenonsans contradiction', s est propagéejusqu'ànosjours. BuSbn a redit
en prose ceque Théodectësavoit expriméen vers, deux mille ans avant, « que
les nationsportent la livréedes climatsqu'elles habitent. "SI l'histoireavoit été
écrite par des peuplesnoirs, ils auroientsoutenu, ce que récemmentdes Euro-
péensmêmesont avancé3, que l'hommeest originairementnoir ou d'unecouleur
très-basanée,qu'il a blanchi dans quelquesraces par reffet de la civilisationet
d'un affoiblissementprogressif, de même que les animaux, dans l'état de
domesticité, passent d'une teinte obscureà des teintes plus claires: Dansles,
plantes et dansles animaux, des variétésaccidentelles,formées sousnos yeux,
sont devenuesconstantes, et se sont propagées sansaltération mais rien ne
prouve que, dans l'état actuel de l'organisationhumaine, les différentesraces
d'hommesnoirs, jaunes, cuivréset blancs, lorsqu'ellesrestent sans mélange,
devient considérablement de leur type primitif par l'influencedes climats, de
la nourriture et d'autres agensextérieurs.
J'aurai occasionde rappeler de nouveauces considérationsgénérales,lorsque
nous monteronssur lesvastesplateauxdes Cordillères,qui sont quatre à cinq fois
plus étevésque la valléede Caripe.tl mesuffit ici de m'appuyerdu témoignage
d'UHoa Cesavanta vu lesIndiens du Chili, des Andesdu Pérou, des côtes
i
'.<&raAo, Lib.XV
(e~. Ojon. fa/eoM.,
T;~ irv~ !7~ T. H,
T tt
p. 990).
t
)
Ouesicritus,apnd &a&on., Lib., XV ( <oco ett., p. 983). L'expédition d'Alexandre paroit avoir beau-
coup contribué <tfixer l'attention des Grecs sur la grande question de t'inNueneedes climats. Ils avoient
appris par des voyageurs que, dans t'HindostaUj les peuples du midi étoient plus basanés que ceux du
nord, Toisinsdes montagnes, et ils supposoient que les ~ns et les autres éto!emtde la même race.
~<yee l'ouvrage de M. Prichard, plein de recherches curieuses /!eMafcAMtMo the ~A~Mc<t<
~rM<.o/M<t7t,t8t3,p.a33,a39.
Par exemple, la brebis pieds de devant très-courts, appelée <Meo/ttAe~p dans le Conectico.t, et
examinée par Sir Everard Home. Cette variété ne date que de l'année t~ot.
5 nLes Indiens
(Américains)sont d'une couleur cuivrée qui, par t'efFetdu soleil et de l'air, devient
plus obscure. Je dois avertir que ni la chaleur ni le climat froid ne produisent de changement sensible
dans la couleur, de sorte que t'on confond aisément les Indiens des Cordillères du Pérou avecles Indiens
des plainesles plus chaudes,et que l'on ne peut distinguer par la couleur, ceux
qui vivent sous la ligne de
ceux que l'on trouve par les 4o° de latitude nord et sud. n ~Vo<M'«M «mefKMHMM, Cap. xvn, p. 307.
Aucun auteur ancien n'a aussi claitement indiqué les deux formes de raisonnement par
lesquelles on
explique encore de nos jours les diBefëncesde conteur et de traits, parmi despeuplesvoisins,que Tacite dans
la Vie d'Agricota. Il distingue
entre~tes dispositions héréditaires et l'influence des climats; et, comme un
philosophe qui est persuadé de n<Mreprofonde ignorance sur l'origine des choses, it ne décide rien.
Habitus cotpomm varii o~tte ae eo CrgMnte~a.&t<durante in diversa ~rrM,
originisvi Mtt~octH-Mntt&tM
positio cœ/t corporibushabitum dedit. Agricola, Cap. n.
CHAPtTRE tX. So3
1
brûlantesde Panama, et ceuxdelà LoUmane,sttuëe sous la zonetempérée
boréale.!ï a eaîavaatagede vivre & âne é~~tes théof~esétoi~nt moins
maltipliéës,et, commemot,il a ëtdtrappedevoirquel'indigène,sousla ligne,
est aussibronza,aussi bran ~as le dimat~ Cordillères, que dans les
plaines.Lorsqu'onobservedesdISëjMnces~de couleur,elles tiennentà la race.
Noustrouveronsbientôt, sur les rivesbrûlantesderôrénoque~desïndiensà
`
peaublanchâtreest <~M~?M on~MMVM.
504 HVRE ïtt.

NOTES DU LIVRE !!ï.

Note A.

Je vais donner ici une notice des grammaires de langue* américaine: que j'ai rapportée* en Europe,
et sur lesquelles l'Intérêt des savansaétéC~é récemment par
les travaux de MM. Hervas,GH!,Barton,
Vater et Schlegel.
Bernardo de ~~o, gMt)tM<tca de la lengua ~e<M~t/del ATtefoReyno de Granada o <<e&t &n~M<~~M
j)f.K~te<Mo~)fozcat.~f<MtrMf,t6tQ.
t Diego Gon:<t~ ~Nb~Mtn,~ocotM&trtO<&la lenguageneral de <<x~o e/ Peru, /A!mo<&t &ngtMt~tMC&Mto
del Inca, eon/orme a la propriedad cofteMnat <5Meo.C<tK&~<&&«~!<ye<~1608.
GmnM«catfh&)!&ttgtM~7nc<t.~t)!Mt,ty53.
<~eJtfoNtM,~oe<~H&n-to <& &~tgzM Jtftitteana. ~<.ttc0y tS~~
~t<g!M<M t~ ~«a!n<ct< ~r« t<<, la ~t~M af<œte<tM.~f~fM', 1673.
.~M. ~M~MexG<M~&<~ ~ïo~m. A ~MMa e<<e<&&B~fM JtfMtt'an<t. ~eMa tb &)<~~<~ tBgS.
L. <<eTVefe~ Jtfo&M.,
~&Md!eor<o~r<t, ~cetonorM~ or<e ded t~mxMtOthomi. ~«tco, tySy.
Carlos <<eTapia Zen<e<M,j~o~oMtde la &m~!«t~MM<eeo, con <<oc~-HM) cArMtMno.Jtfe*&'o, t76/.
7'n<o!tto<ot~e<,CMtm<t<tc<tcfe&t~)!gMoJtfM<eca.~)fM;MO,tSQ5.
J<MeZambrano Bonidla, cm-s <&) San ~n<&-M ~t<c<<~<tn, arte de la &n~M<t'~Xonaca, con una
doctrina de la lengua de Naolingo, con
<MB<M foee«&<<t&ngM<tf<e<~tM/&t<t«-My~e«<t~of<K-<t,
par Franc. Dominguez, ettMtffe JÏ<t~)on.\F't<e&&t de/ot -~n~e<ty5a.
Votede Ortega, ~oM~/srtO <M~ lengua Cora. Mexico, t~3a.
C<M<<~&tna~
J~n!XtBMnM, Gra~ta<tM de la &)tgtM Caribe. ( Manoecrit.)
Mon frère, M. GaHIamne de Humboldt,
quiaa fait une étnde approfondie des langue*américaine*,
a enrichi cette collection des
ouvrages snivans C.fh Tapia Zenteno, a~e ttopMMma ~n~tM JfMtMtM.
Jt?ej[M'o,ty53.
7ï<ymot!c!Breton, Dict. Ctt~tt&e-KfOM. ~Mofre, i6€5.
Dictionnaire Galibi, par M. D. L. S. 7*0~63.
~.MMFigueira, CM;ttS<K!<! dela lengua ~Mt/. ~M~M 1yoS.
~.ctc.BmH.M&.t~nS.
H possède en outre quatorze mr ceux de l'abbé HervM et de la
Rome': i. ~M. sur &t&M~M~<ByMe tnanoscr~ copiés Propaganda a
oM ~<M<)M. a. JtfM.<rttrla langue <&<0&)~<e<. 3. ~fM. «H'/o
langue Maya on du ~ttca~M. 4. ~M. sur /M &t~MM fO~ao~tM M ~M& 5. ~M. «M-
~~n~. ~M Y<tta)-<.<. 6. ~M. <na-~ &M~MB<
y. jfM. sur la ~<tn~ OMMgMO. 8. JtfM. <M-la
&Mg!M~MoXM,~<H-&~n!CaaMao.9.JtfM.<~&,t,n~«.CMMM. iO.~fM.tttr&t~~MCtMMartt
ot<a.tt.~M.Mr&t&m~M~rocoM.ta.J<fM.<t<r&.&tMZ(t&. i3.Mm.ttM.&t langue du ~Mjoont.
i4. ~M. ~r ~g~ ~rawaM CM& Cette notice offre plus de trente
été réduites en grammaires à langues américaine, qui ont
l'usage des moines missionnaires.Il m'a pam d'autant pins nti!e de h con-
signer ici, que les plus riches bibliothèques de t'Europe. par
exemple celle d. Roi à Patis, né noM~dent
pas trois grammaires de l'Amérique espagnole.
NOTES. 5o5e

~o<eB.

Langée des Chayn<Mdans te*mMont de CWpe Co~mne~ t~MOi~Mtf ou tt~MOttMf,ma chasse, ce


C-M'e,mo!-même. quej'a!tné.
Eure, tu, toi. ~<Hrf, «n~n~pM~ouenef~po, &*n cmTfage.
Teure, il, lui. ~M<e, magicien, médecin.
?~«feeon, etn-mêmea. fcorotMMM, diable, mauvais esprit.
<~c~rc,moiauMi. Chavi, tigre, jaguar.
~'M~a.àtoi. CAofHMct,descendant du tigre, expression figurée
Tuya, peut-être, teuya, à lui. pour désigner an homme cruel.
Taquer, avec lui. 7b~&&, coq. ·
t~a ou M~Maf~, comme moi. ~'beera, poule.
t/eorym, pas comme moi. Cuivivi, camard.
J)ft<me, muenere, ce!m-!A. ?~et<cAt,colibri;
?!'m«ient, tout cela. Sicotu, chique ntgua, Pn!ex penetraus.
?!&ttpt~pnt~un sent. Ba<tf<o,en prononçant le b presque comme/ B&te.
~cAocono,tous les deux. Camo, chanter.
~cAonMono,tous lestrois. Tandema, demain.
!7cAe<yc~M-, McAeM-<tnxt,moi-même,entasistantjJ C~M~tte prends, impératif.
moi sans en douter. ~Mca, porte, impératif.
?~«er, avec lui. Th~pM, il crève.
Upuyaoou t~)Hn~<topour moi. Keaoptreipnei, il est malade.
CMM je suis(az, être ~-M, moi donc moi être). Tiiptntepo~K, il fait chaud.
Pra, pas, non. ?!MM<ttnp<~t,U<aitfroid.
~M, soleil. ~VeMe&'<tne,il tonne.
Nana, looe. Tït~po&poomaney, dé)a vient l'averse.
ù~<*te«.Vénus. Mico ttM-MH"Hp<Mt, un enfant est né.
~ï&t&oret,les Pléiades. es-tu
7h~«erM~t<ecanMH~y, ou <Mpf~c<tBMtn<
Apotos, feu. marié?
Tana, eao. ?}Mn«'cam<MM~ et-tn mariée?
0['a<~po,pluie, averse. ?ttgMefu~tt<ga<M, je suis marié.
Pemsi, vent. ?t<tMt~t<eg!M:, je suis mariée.
Mico, enfant. Iguanepuin use, ou tpM'tMpfo, je suis ~euye.
Ures fille. ~gmeftcA~pM~M*, ou tpt«<epnt, je suisveuf.
!7m/o<, garçon. J,p«Me<ac~marie-toi, en parlant à une femme.
~Mne~p«r ou ipuetepuin veuf. Ipuetetac, marie-toi en parlant un homme.
7pKe<~M<r, veuve. Epuitpe tttC&Mt BMt'Ae,que ceUe-ci soit ta femme.
?~«en:~Mett, le marié. 7t<pagt«<MjpM<,j'a< mangé assez.
7!«mey!ten,ia mariée. pour toi.
~i~ptteoMere,
Ye, arbre ou bois G~pMKcomKM, ou cttpHeeon~on c«pM)'econ, pour
GMey, hangard. nous.
Chinchorro, hamac. Ipuec ipagua, it est avec lui.
fièvre.
C%!tm<M<r, Onquapan, ou aponomac, donne-moi dairantage.
M)<onMea<t, cela a 6ni. GtMrqMtnMt,je porterai davantage.
~'an<Mou paremano, c'est assez. j~uec charpe g)H<M, je suis gai avec toi.
JRe/ahMt &M<or/yMej Tbm. ~64
5o6 LIVRE Ïïï.
~––<. :t aime
il ~«. à&t~n~
tuer. H /3<~tv~u~~umtF~tna.ou
C<«!~tMcMMMM~o, ou ~MMMMJMMP.
CMmu~MC,ils i vont tuer da
~jMMeo<qM)W!~
Notomocan, c'est fini. gibier.
G«ana~pMec,H cultive son jardin. ~a<a)!M~ chemin.
t'aTerM.
Çt<e)MfpMnM:e je ne î'ai vu. Conopyaune, ou conqy<t)'< !oMde
.~<Myeef<M,le maïs se mouiUe. Q«e<~o<t<pm ~MO~tMt,je ne le eonttoia pas.
7'eor~!«t,itfaitgtMsant. QfMnepraytto~Moz,je ne l'al pM vn.
Imoron, on imoromnique, empoisonneur. Terepuirpuec, pourquoi $'enftie-t-it?
?t<MjptK)p<Me, il se meurt. 7!<raj'opMc,&eMsedehtmaMie.
yoraMn~ao ou tora~Mconttao il aura peu Chetayma, en dedans.
JV«nM<!o,auclair de tune. CMm<«n/MOtn il voulut le frapper.
~<~xt<ec~M,ils doivent apprendre. E~a<a)'guane mana, il y a du mieldam ma cahane.
Etatechin, ils doivent entendre. ?tfntanent<t,toujours danser.
J?ntr<e<n~ ils doivent faïre. P<<cAHtn~ ) j'irai aussi.
Uyare OB~Mqje, donne-moiaussi. seulement les
Jtf<Mp<!n<onoaMt apotoaca itumuecon
~4macAen~)~tM, va me porter. méchans iront au feu. `
~mna <;MM,ou en:M, allons. ~'<!<MCM)!Mn<tn%e<MMn,Iepereest-itaC)UBana?
tJE<~<t, qu'est-ce que cela? Camanantacamana oai, il est à Cumana.
JtfananeyMMt, on l'appelle. ~on&!o<Mco<t,ou tafonocen ceux d'ici.
Ipunet, il le veut. ~f~onoeoo, ceox de là-bas.
~nee narepo, qui l'a vu? ye~uMjoMeceapt<em)<M,jëteNa!a!'arb)'e.

Note C.

LorsqueChristophe Colombrevint de son troisièmevoyage, an bruit confusse répandit dans toute l'Eu-
rope qu'il avoit reconnu, à dé certains mouvemensde la polaire, que la côte de Paria et la mer circonvoisine
étoient élevéescomme un vaste plateau; que la terre n'étoit pas tont-a-Mt tonde, mais que
(dans les con-
trées de l'ouest) eU~avoit nn renflement vers l'équateur qu'on montoit en allant de Cadiz à la péninsute
de Paria, et qu'à causede cette grande élévationdes terrains occidentaux, on trouvolt a Pariaun climat
moins ardent et des hommes moins basanés qu'en Afrique. Tous lesécrivains de ce
temps (ont mention
de ces hypothèses bizarres. (Petr. Martyr. Océan.,
Dec.ï.Lib.Vtf,?. Gomaro,B«t<M.,Cap.vtn,
p. 110. Herera, Dec. I, Lib. tM, Cap. xu.)
Mai~queHeétoitt'observation de la polaire qui avoit pu faire croire à Christophe Colomb des choses si
étranges? Ferdinand Colombnous t'apprend dansïaVie de son pcre ( C~Kn-/<~< Co~. T. ït, p. 583). L'Amirat
avoit observé,surk parallèle desîles Acores, la haNtenr méridiennede la
polaire au-dessuset an-dessonsdu
pôle. La différencede ces deuxhauteurs étoit S", et il en résuhoit a° 3o' pour la distance de t'étoite an po)e
tandis que, par un calcul trigonométriqne, on trouve qu'eUedevoit être à
cette époquede 3°a4'3o". L'er-
feurétoitdoncde 54' en moms.Cotombjugeo:tdespassagesde la polairepar la
position de la grande Ourse.
Quand le Chariot étoit à l'est «a à l'ouest, il ind:nn<Ht!epassage de !a polaire an méridien mais cette indi-
cation étant très-incertaine, Colomb n'étoit pas sûr d'observer au moment où la
polaire étoit dans le
méridien; la hauteur inférieure de la polaire devoit être trop.grande, et la hauteur
supérieure trop petite,
ce qui explique pourquoi Colomb n'a tromvé
que 5<'de dilférence entre les deux hauteurs.
Sousla zone torride,vers y&8" de latitude
boréale, Colombtrouva ta polaire élevée de t f an dessus de
l'horizon au méridien supérieur, et seulementde 6°
lorsqu'elle étoit en digression ou à la hauteur du pote,
ce qui lui donnoit une distance
polaire de 5°. Ici Colomb supposoit encore que la polaire étoit au
NOTES. So~
au
méridiensupérieur,~mfquele Chanojt êjtoit M'ouest; mais Mtmneil ne poatoitp" T0:r !a claire
ménd!eninférienr,pareequ'elleétoit<Mpbt~,~observala htuMar~
supérieur,et indiquoitla digressionde~Ëte. I~poMre lui parut eacoreMahauteurde g)* lorsquele
Chariotétoitanméridienin~ieur~etp~rconséquentinvisible&causedupemd'elévatiom dmpôle.
Si la constellationindiqnoitmall~passtgetdelapolaireauméridien,iIparottqn'eMeindiqw'tencore
plusmallesdigressions,carit est bten pro!~h!eqnëCotomh prenottla hauteurde ta })oh<Mi<h'~f'~e
Étottau-demoM de!ad'gremiemetdM~te,entort~MtM''T<tamehanteBr h-oppettte,etMM) d!ttamce
potairede 5"an t!emde a'*3o'qa'it av<)!tconct)tdetee ohMfratmmaux A~oret.Fonr se rendreMXott
d'unesi grandediCerento,Colomb pensaqBBLUiprte m'a~Mt pasta formed'une~e/oMf,mau d'une ~o~e,
et qu'on s'éterottprodigieMentent veMk c(et,en aMantdes~cor~oh le cercledécrit par la
polairedevoitpa~ître fort grand,parceqn'it etoitvtt de plusprès. « D'aittenrt,dit-il, quoique}€ ne
mb pas bientnattre de mon e~pMcatJOn, t'étoiteparoitdanssonorbiteentièresoust'eqnatenr, tandis
que plus on approchedu pote,etptas cetteorbitediminue,aca<tsede t'obliquitedociet."tout ceci
n'est pas feit pour nous donner une idéetaToraMëdes connoissances aetfonomiqoesde Christophe
Colomb.Commentadmettreque ce grandhomme n'ait paseu desnotions ptMjustessurladistancedes
étoileset totrs monvemensapparens?Ii'Atnirat racontequ'il souffroitd'nneinflammationdes yen!.
pendanttetempsqu'ilétoit sm-tesc&tesdeParia A-t-ilobservéplus matqu'at'ordinau-e,ou a-t-il marqué
sarson{eumat despilotes?Peut-êtreanssile Bisa-t-il eonfasément
les observations énoncélesidéesdupère.
GomaraMarnet'Amicatd'avoircru que ~*an<test plus prèsdes ciem que l'Espagne. ta terre, dit-il,
est rondeetnon dela Bgnred'unepoire.Cette&asseopinionde Colombs'estsoutenuejusqu'ànosjours
etfaitcroireauxpilotes,qui nesontpas lettrés,que, desIndeset dePariaenEspagne,onvaendescendant
cueetan&citf.f Pierre Martyr d'Anghicrajugeaussil'Amiralavec beaucoupde sévérité. Qua:de poli
vanetaterefertCotonus,contraomniumastronomorum sententiamprolatavidentur.n
1
LIVRE IV.

CHAPITRE X.
SEJOUR
SECONP A CCMANA.–TREMM.EMENS
DETERRE.
– METEORES
EXTRAORDMAtRES.

Nous restâmesencore un mois à Cumana. La navigation que nous devions


entreprendre sur l'Orénoque et le Rio Negro exigeoltdes préparatifsde tout
genre.Il f~Hoitchoisirlesinstrumensles plus facilesà transporter dansdescanots
étroits; il falloitse munir de fondspour un voyagede dix moisdans l'intérieur
des terres, à travers unpays qui est sanscommunicationaveclescôtes.Comme
la déterminationastronomiquedes lieuxétoit le but le plus important de cette
entreprise,j'avoisun grand intérêtà ne pasmanquerl'observationd'une éclipse
de soleil qui devoit être visibleà la fin du moisd'octobre.Je préférai rester
jusqu'à cette époque à Cumana, où le ciel est généralementbeau et serein.Il
n'étoit plus temps d'atteindre les rivesde l'Orénoque, et la haute vallée de
Caracasoffroitdes chancesmoinsfavorables,à causedesvapeursqui s'accumulent
autourdes montagnesvoisines.En fixantavecprécisionla longitudede Cumana,
j'avoisun point de départ pour les déterminationschronométriques, les seules
sur lesquellesjepouvoiscompter, lorsqueje ne m'arrétoispas assez
long-temps
pour prendre des distanceslunairesou pour observerlessatellitesde Jupiter.
Il s'en fallut peu qu'un accidentfunestene me forçât à renoncerau
voyageà
l'Orénoque,ou du moinsà l'ajournerpour long-temps.Le 37octobre, veille de
l'éclipsé,nousallâmes,commede coutume,au borddu golfe pourprendrele frais
et pour observerl'instantde la pleine mer/dont la hauteur, dansces
parages,
n'estquede 12à i3 pouces.Il étoithuit heuresdusoir, labrisene
souSIoitpoint
encore.Le ciel étoit couvert, et, pendant un calme plat, il faisoit une chaleur
excessive.Noustraversâmesla plagequi séparede l'embarcadèrele
faubourgdes
IndiensGuaiqueries.J'entendis marcher derrièremoi; en me
tournant, je vis
un hommed'une tailleélevée, de la couleurdes
Za~Ao~, et nu jusqu'àla cein-
ture.Il tenoit presqueau-dessusde ma tête une
macana, gros bâton de bois de
<
CHAÏ'tTWE X. 5c<)
faisantun
palmier, renflévers lebout en formede massue.J'évitai le coup en
sautversta gauche.M.Bonplaad,qui marehoit~ madroite.fut moinsheureux.
Il avoit aperçu le Zamboplustard qaemoi; il reçut au-dessasde la tempe un
coupqui l'étenditpar terre. Nousnous trouvionsseuls, sansarmes, à une demi-
lieuede toute habitation, dans une vaste plaine bordéepar la mer. Le Zambo,
au lieu de m'attaquerde nouveau,s'éloignalentementpour saisirle chapeaude
M. Bonpland,qui, en amortissantun peu la violencedu coup,étoit tombé loin
de nous. Enrayéde voirmon compagnonde voyageterrasséetsansconnoissance
pendant quelquesinstans, je ne m'occupaique delui. Je l'aidaià se relever; la
douleuret le ressentimentredoublèrentses forces.Nousnous portâmes sur le
Zambo qui, soit par une lâchetéassezcommunedans cette caste, soit parce
qu'ilaperçutdeloin quelqueshommessur la plage, ne nous attendit point, et se
mit à fuir versle Tunal, petit bocagede Raquettesetd'Avicenniaarborescent.
Le hasardle fit tomberen courant; M.Bonpland qui l'avoitatteintle premier,
seprit corpsà corpsaveclui, et s'exposaau dangerle plus imminent.Le Zambo
tira un longcouteaude son caleçon et, dans cette lutte inégale, nousaurions
été blessésindubitablement,si des négociansbiscaïens,qui cherchoient le frais
sur la plage, n'étoientvenusà notre secours.Se voyant entouré, le Zambone
songeaplus à sedétendre il parvint à s'échapperde nouveau et, aprèsque nous
t'eûmessuivilong-tempsen courantà traverslesCactusépineux, il se jeta comme
par lassitudedans une vacherie, d'où il se laissaconduire tranquillementà la
prison.
M. Bonplandeutla fièvrependant la nuit; mais, pleinde courageet doué de
cettegaîtéde caractèrequ'un voyageurdoit regardercommeun desdonsles plus
précieuxde la nature, il continuases travaux dès le lendemain.Le coup de la
/M<K;<Mc avoit porté jusqu'au sommet de la tête; il s'en'ressentit deux à trois
mois, pendant le séjourquenous urnes à Caracas.En se baissantpour ramasser
desplantes, il fut plusieursfoissaisid'un étourdissement,qui nousfit craindre
qu'il ne sefut forméun dépôt intérieur.Heureusementcescraintesn'étoient pas
fondées,et des symptômes, d'abord si alarmans, disparurent peu à peu. Les
habitansde Cumananous donnèrent les marquesles plus touchantesde leur
intérêt.Nous appnmes que le Zamboétoit natif d'un des villagesindiens qui
entourentle grand lac deMaracaybo-tl avoit servi surun corsairede l'île de
Saint-Domingueet, à la suite d'une querelleavec le capitaine, il avoit été
abandonnésurlescôtesde Cumana,lorsquelenavire avoit quitté le port. Ayant
vule signal quenousavionsfait placerpour observerla hauteur des marées, il
5t0 HVOtE IV.

guétalemoment
guéta le momentoùiloùil pourroit nousattaquer
pourroitnous attaquersur !a plage.
sur la ptage.MMaispourquoi après
avoir étendu par terre un de nous, scmbloit-ilsecontenterdu simple vol d'un
chapeau? Dan~un interrogatoirequ'il subit, ses réponsesfurent à la foissi con-
fuseset si stupides, qu'il étoit impossibled'éclaircirnos doutes; te plus souvent
il soutenoitque son intention n'avoit pas été de nous voter, mais qu'irrité des
mauvaistraitemensqu'il avoit endurésà bord du corsairede Saint-Domingue,It
n'avoit pu résisterau désir de nous fairedu mal dès qu'il nous avoit entendu
parier françois.Commela justiceest si lentedansce pays, que lesdétenus dont
regorgentles prisons,restent septà huit ans sans pouvoirobtenir un jugement,
nous apprîmesavec quelque satisfactionque, peu de jours après notre départ
de Cumana,le Zamboavoit réussià s'échapperdu château Saint-Antoine.
Malgrél'accidentfâcheuxarrivé à M.Bonpiand, je me trouvois, le lendemain
d8 octobre, à cinq heuresdu matin, sur là terrassede notre maisonpour me
préparer à l'observationde l'éclipsé.Le cielétoit beau et serein.Le croissantde
Vénus, et la constellationdu Navire, si éclatante par le rapprochement de ses
immensesnébuleuses,seperdirentdanslesrayonsdu soleillevant.J'avoisd'autant
plus à meféliciterd'un si beau jour que, depuisplusieurs semaines,les orages
qui se formoientrégulièrementau sud et au sud-est, deux à trois heures après
le passsagedu soleilpar le méridien, m'aVoientempêchéde régler les montres
par deshauteurs correspondantes.La nuit, une de ces vapeurs roussâtresqui
n'affectentguère l'hygromètredansles basses couchesde l'atmosphère, voiloit
lesétoiles.Ce phénomèneétoit d'autant plus extraordinaire,que, dansd'autres
années,il arrivasouventque, pendant trois ou quatre mois, on ne voit pas la
moindretracede nuageset de vapeurs.J'eusune observationcomplètedu progrès
et de la fin de l'éclipsé.Je déterminaila distancedes cornesou les différencesde
hauteursetoazimuth par le passageauxfilsdu quart decercle.La 'fin del'éclipsé
étoit à 2''ï4~5"')4? tempsmoyen de Cumana.Le résultatde mon observation,
calculée, d'après les anciennes tables, par M. Ciccolini, à Bologne, et par
M.Triesnecker,à Vienne, a ét~ publiée dansla Connoissancedes fe7KM'.Ce
résultatne différoitpas moins que de ï 'g~en temps de la longitude
que j'avois
obtenuepar le chronomètre;mais recalculéepar M.Oitmanns, d'aprèsles nou-
vellestables lunairesde Burg et les tablesdu soleil de Delambre, l'éclipsé,et
le chronomètrese sont accordésà 10" près.Je cite cet
exemple remarquable
d'une erreur réduite à y par l'emploides nouvellestables-, pour rappeler aux

~:9,p.i42.Zach~on.Co/TM~Vo!.
ï,p.59'(~o).Ma,MsHanoteA&taCn
dece4.'t!ïre.)
CHAPITREX. 5tt 1
6HtM* <!<.tottr tnt~f~t
~ « nntfret ~<'t in!tt!<trmtifttmux
tno!n<tt'e<:
voyageurscombiet~lestdëleur intérêtde noter et de puMierjusqn'au
détailsde ïears observationspartieltes. L'harmonie par&ite~trouvée M~lieux
mêmes~ entre les satellites de Jupiteret les résultats chronométriques,m'avait
inspirébeaucoup deconnance dansla marche du garde-tempsde LouisBerthoud,
fois
chaque qu'il n'était point exposé aux fortes secoussesdes mulets
Les jours qui précédèrentet qui suivirentceluide l'éclipsé dusoleil, surirent
des phénomènesatmosphériquestrès-remarquables. C'étoitcequ'on appelle,dans
cescontrées,la saisond'hiver, c'est-a-dire~elle~esnuageset des petites pluies
ë!ectriques.Depuisle io octobrejusqu'au3 novembre,à l'entréede la nuit, une
vapeurroussâtres'élevoitsur l'horizonet couvroiten peu de minutes,comme
d'unvoileplus ou moinsépais, la voûteazuréedu ciel.L'hygromètre de Saussure,
'loin de marcherà l'humidité, rétrogradoitsouventde go" à 83". La chaleurdu
jour étoit de 28° à 32°, ce qui, pour cette partie de la zone torride, est une
chaleurtrès-considérable. Quelquefois,au milieude la nuit, les vapeursdispa-
roissoientdans un instant; et, au moment où je plaçois les instrumens, des
nuagesd'uneblancheuréclatantese formoientau zénithet s'étendoientjusque
vers l'horizon.Le ï8 octobre, ces nuagesavoientune transparencesi extraor-
dinaire,qu'ilsnecachoientpas lesétoilesde la quatrièmegrandeur.Je distinguois
si parfaitementlestaches de la lune, qu'on auroit dit que son disqueétoit ptacé
au-devantdes nuages.Ils étoientà unehauteurprodigieuse,disposéspar bandes
et égalementespacés,commepar l'effetde répulsionsélectriques.Ce sont ces
mêmespetits amasde vapeursque j'ai vus au-dessusde moisur !e dosdesAndes
lesplus élevées,et qui, dans plusieurs langues,portent le nom de moutons.
Lorsquela vapeur roussâtrecouvroitlégèrementle ciel, les grandesétoilesqui,
généralement,à Cumana,scintillentà peine au-dessous de 20" ou aS", ne conser-
voientpasmêmeau zénithleurlumièretranquille planétaire.Ellesscintitloient
et

Voici
lesrésultats
del'ensemble
desobservations
delongitude,
faites
à Cumana,
en t ygg
et 1800
Parle transport
dutempsdela Corogne. 4ha6' 4"
PardixImmersionsetÉmersioMdesSatellites 4ha6' 6" e
Par des distances !<toaires< 4'* aS' 3a"
Parl'éclipse
dnsoteit. 4"a5'55"
deCumana.
1-ongitade 4''a5'54"
Voyezmes0~.<M<~n.,Vot.t,
p. 64-86.
Il faut se rappeler que, par cette latitude, à des époquesou il ne pleot jamais, l'hygromètre de
Saussure sesoutient assezconstamment entre 85° et 90*, la température étant de a5'3o' En Europe au
mois d'août, à la mêmetempérature, t'bnmMité moyenne de l'atmosphère est de /8'8o°. ~cyM plushaut,
p. aM.
5ta I.IVRËÏV.
à toutes les
les hauteurs,
hauteurs,comme après une fôrte pluie d'orage Je fus frappé de
torte pluie
cet effetd'une brumequi n'anectoitpasl'hygromètre
pasrhygrometr<à la surfacedusol.Je restois
une partiede la nuit assissur un balcon, d'ou je découvroisune grandepartie
de l'horizon. Sous tous les climats, c'est un spectacleattrayant pour moi de
fixer les yeux,par un ciel serein, sur quelquegrande constellation,et de voir se
former,s'agrandircommeautour d'un noyau central, disparoftreet se formerde
nouveaudes groupesde vapeursvésiculaires.
Du 28octobreau 3 novembre,la brume roussàtrefut plus épaissequ'éllene
l'eût encore été: la chaleur desnuits paroissoit étouffante,quoiquele thermo-
mètrene s'élevâtqu'à26°. La brise qui, généralement,rafraîchitl'air dèsles huit
ou neuf heuresdu soir, ne se fit pas sentir du tout. L'atmosphèreparoissoK
commeembrasée; la terre poudreuseet desséchéese fendilloit de toute part.
Le novembre,verslesdeuxheuresaprès midi, de gros nuagesd'une noirceur
extraordinaireenveloppèrentleshautes montagnesdu Brigantinet du Tataraqual.
Ils s'étendirentpeu à peu jusqu'auzénith.Vers les quatre heures, le tonnerre se
fit entendreau-dessusde nous, mais à une immensehauteur, sans~roulement,
d'un bruit sec et souventinterrompu.Au moment de l'explosionélectrique la
plus forte, à 12~, il y eut deux secoussesde tremblement de terre qui
se succédèrentà i5 secondesde distancel'une de l'autre. Le peuple jetoit les
hauts cris dans la rue. M. Bonpland,qui étoit penché au-dessusd'une table
pour examinerdes plantes, fut presque renversé.Je sentis la secoussetrès-
fortement,quoiqueje fusseétendu dans un hamac.Elleétoit dirigée, ce qui est
assezrare à Cumana',du nord au sud.Des esclavesqui tiroient de l'eau d'un
puits de plus dë~dix-huità vingt piedsde profondeur,près du Rio Manzanares
entendirent un bruit semblableà l'explosiond'une forte charge de poudre à
canon.Le bruit sembloitvenir du fonddu puits, phénomènetrès-singulier,

Je n'aiobservé aucunrapportdirectentrelescintillement desétoiles


etla sécheresse
del'air.dans
cettepartiedel'atmosphère
quiestsbnmiM à nosexpériencesJ'aivusouvent4Cfmtana Unfortscintille-
mentdesétoUes d'OrionouduSagittaire,l'hygromètre deSanssuresesoutenant
aM".D'autre* fois,ces
mêmes étoiles, àdegrandes
placées hantemrsomdessus de~'horixon, unelumière
répandoient tranquille
etpfanétaire, étantà 90°etoS".Cen'estprobaNement
l'hygromètre paslaquantité
devapeoK contenues
dansl'air,maislamanière dontlavapeur estrépandue et plusoumoins
minele parMtemeat quidéter-
ditsoute,
constammentaccompagné d'unecotoration
delumière.!1estassezremarquable
sei~ltement,
que,danslespays duNord,lescintillement estleplusfortparun très-grand
froid,àuneépoqueoù
l'atmosphèreparoitéminemment sèche,(~oy~lanoteB.)
Danslaplantation (chara)ducolonel d'artillerie
donAntonioMontana.~<yM plushaut,Chap.iv,
p. 3<3.
,h3..
CHAPITRE X. 513

quoique bien commun dans la plupart des pays de l'Atnénque exposésaux


tremb!)Èmens déterre.
ques minutesavant Ja premièresecousse,H y eut un coup de vent très-

violent,suivid'unepluie électriquea grossesgouttes,J'essayaidesuitel'électricité
atmosphériquepar
atmospherl~e Volta, Les petites boules
par l'électromè~rede:V~lta.Les boulessécart()lent,de
s'écartoient de
tignes l'électricité
l~lectroæ~
passa 1'e,de,
souventdu positif aunégatif~ comme c'est le cas
pendant les orages,et, dans le nord de l'Europe, même quelquefoislors de la
chutedes neiges.Le cielresta couvert, et le coup de vent fut suivi d'un calme
plat, qui dura toute la nuit. Le coucherdu soleil présentaun spectacled'une
magnificenceextraordinaire.Le voile épaisdes nuagesse déchira comme par
lambeaux,tout près de l'horizon le soleil pa~utà t2° de hauteur, sur un fond
bleu indigo.Son disque étoit énormémentélargi,défiguréet ondoyant versles
bords.Les nuagesétoientdorés, et des faisceauxde rayonsdivergens,qui reflé-
toientles plus bellescouleursde l'iris, s'étendoientjusqu'aumilieu du ciel. Il y
eutun grand attroupementsur la placepublique.Ce phénomène,le tremblement
de terre, le coup de tonnerre qui l'avoit accompagné,Ja vapeur roussâtrevue
depuis tant de jours, tout fut regatdécommel'effetde l'éclipsé.
Vers les neuf heures du soir, il
y eut une troisième secousse beaucoup moins
forte que d'un bruit souterrain très-sensible.
les deuxpremières, mais accompagnée
Le baromètre étoit un peu plus bas qu'à l'ordinaire 1; mais la marche des varia-
tions horaires ou des petites marées atmosphériques ne fut aucunement inter-

rompue. Le mercure se trouvoit précisément au minimum de hauteur au moment


du tremblement de terre; il continua de monter jusque vers les onze heures du

soir, et baissa de nouveau jusqu'à quatre heures et demie du matiu, conformément


à la loi à laquelle sont sujettes les variations barométriques. La nuit du 3 au

Le4nov.t799, haut. harotm.,&9he)tre<dftmatm,de336H. 83; &4'dn Mif,<le336,o4;&4'3o'<!e


335,ga; ait' de 336,4a.Le5noT.,à 9' dmmatin, de33)',oa; à ioh. de337,oo; à t'de336,7a; à 3b.
<!e336,aS; à 4' de 336,ao;a4' 3o' de336,5a;an' du soir, 336,86; a t'dela nuit, 336,3a; à
4* 3o' du matin, 336,a8. Le t8 août, j'avois été frappé de trouver la hauteur absolue du baromètre
un peu moindre qu'à l'ordinaire. Il y eut, ce jour-là, onze fortes secoussesde- tremblement de terre à
Carupano, aa lieues à l'est de Cmnana. Le a5, une légère secoussefut sentie à Cumana, et la hauteur
barotnétrtqne fut aussi grande nn'a l'ordinaire. Pendant ces dem phénomènes, les marées atmosphé-
riques furent éga~ment régulières, seulement, le aSao&t, leur étendue étoit de beaucoup plus
petite. Je placerai ici, pour chaque jour, les trois observations que nous avons faites, M. Bonpland et
moi, a 9' du matin, à 4' 3o' de l'après-midi, et à ti' du soir. Le t8 août 336,85; 335,Qa;
336,75.Le a5 août 337,01;336,8o;337,oo: le a6 août 337,5o; 336,4a;337,io: le 27 août 337,18; 336,5i;
336,8~. Ces exemples conSnnemt ce que j'ai'exposé plus haut sur l'invariabilité des marées atmosphé-
riques &l'époque dessecousses.( Chap.tv, p. 311. )
RelationAM<or/yM<
Zb/n.7. G5
~t~ HVREIV.
4 novembre,la vapeurroassâtrefut tellementépaisse,que je ne pus distinguer
l'endroitoù la luneétoit ptacée,que par un beau halo de ao<'dedtamètre.
11y avoit à peinevingnieux mois que la villede Cumana avoit été presque
totalementdétruite par un tremblementde terre. Le peuple regardetes vapeurs
qui embrument l'horizon,et le manque de brise pendant !a nuit, commedes
pronosticsinfaiHiblement sinistres.Nouseûmesde fréquentesvisitesde personnes
qui s'infbrmolentsi nos instrumens indiquoientde nouvellessecoussespour le
lendemain. L'inquiétude fut surtout très-grande et très-générale,lorsque, le
5 novembre,exactementà la mêmeheure que la veille, il y eutun coup de vent
violent,accompagnéde tonnerreet de quelquesgouttesde pluie.Aucunesecousse
ne se fit sentir.Le vent et l'oragese répétèrent pendantcinq ou six jours à la
mêmeheure, onauroit presquedit à la mêmeminute.C'estune observationfaite
depuislong-tempspar les habitansde Cumana et de tant d'autreslieux situés
entre lestropiques, queles changemensatmosphériquesqui paroissent les
plus
accidentelssuivent, pendant des semainesentières~un certain type avec une
régularité étonnante. Le même phénomènese-manifeste,en été, sousta zone
tempérée:aussin'a-t-11paséchappéà la sagacitédes astronomesqui, par un ciel
serein, voientsouventpendant troisou quatrejours desuite seformerdes nuages
au mêmepoint du ciel, prendre la mêmedirection, et sedissoudreà la même
hauteur~tantôt avant, tantôt après le passaged'une étoile au méridien, par
conséquentà peu dé minutes près au mêmetc~j wïH'.
Le tremblementde terre du 4 novembre, le premierque
j'aiesenti, fit une
impressiond'autant p!usvive sur moi, qu'H étoit, peut-être accidente!Iement,
accompagnéde vacationsmétéorologiquessi remarquables.G'étoit de plus un
véritablesoulèvementde bas en haut, et non one secoussepar ondulation.Je
n'aurois pas cru alors qu'après un long séjour sur les plateaux de
Quito et
lescôtesdu Pérop,je deviendroispresqueaussifamilieravecles mouvemensun
peu brusquesdu sol, que nous le sommes,en Europe, avecle bruit du,tonnerre.
Dansla villede Quito, nous ne pensionspas à nous lever la
nuit, lorsque des
mugissemens souteDpaIns (&nMKM6M- ), qui semblenttoujoursvenirdu volcan de
~PIchincha~annonçoient(2 ou 3,quelquefois 7 ou 8 minutes
secoussedont la force est rarementen rapport avecl'intensitédubruit. d'avance) une
L'insou-
ciancedeshabitans, qui se rappellent que,
depuistrois siècles, leur ville n'a
N.usavonsétét~tt.nti& à cepM.nc, M.Arago et onelongue
années et ""< 1'ob~t.ir. demoi, pendant séried'obser-
faites, Paris,
p ..r vérifier
ladedinai~des
étoiles.
CHAPtT&E X. 5t5

pas été ruinée, se communique&ciïententà l'étranger !e moinshardi. Ce n'est


en générâtpas autant ta craintedu dangerque la nouveautéde la sensationqui
frappe si vivement,lofsqu'onvient d'éprouverpour !a premièrefois tes eSetsdu
tremblementde terre le plus léger.
Dèsnotre enfance,Ndéede certainscontrastesse fixedans notre esprit; l'eau
nous paroît un élémentmobile,la terre une masseimmuableet inerte.Cesidées
sont, pourainsi dire, le produit d'âne expériencejournalière; elles se lient à
tout ce qui nous est transmispar les, sens.Lorsqu'une secoussese fait sentir,
lorsquela terre est ébranléedans ses vieux fbndemens,que nous avions Cru*si
stables, un instant suffit pour détruire de longuesillusions.C'est commeun
réveil,maisunréveil péniMe.Onsent qu'ona été trompépar te calmeapparent
de !à nature;on devientdès-lors attentif au moindrebrait, on se méfie,pour
la premièrefois, d'un sol sur lequel,si long-temps,on a posele pied avecassu-
rance.Silessecousses se répètent,si ellesdeviennentfréquentespendantplusieurs
jourssuccessifs, l'incertitudedisparoh. rapidement.En ï~8~, les habitansdu
Mexique s'étoient accoutumesà enteadregronderte tonnerreau-dessousde leurs
pieds*, comme nous l'entendons dans la région des nuages.La confiancerenait
facilementdans l'homme;et, sur lescôtes duPérou, on finit par s'accoutumer
aux ondulationsdu sol, comme le pilote aux secoussesdu navire causéespar le
chocdes vagues.
Le tremblementde terre du 4 novembrem'a paru avoir exercéune influence
sensiblesurles phénomènesmagnétiques.J'avols trouvé,peu de tempsaprèsmon
arrivée surlescôtesde Cumana, l'inclinaisonde l'aiguille aimantéede ~3°,53
divisioncentésimale.Quelquesjours avantletremblementde terre, }étoisoccupé
très-assidûmentà vérinerce résultat.Le gouverneurde Cumana, qui possédoit
beaucoupde livresde sciences,m'avoit prêté 1 IntéressantZ/M<a<&) de Nave-
gaciota de Mendoza;j'avois été frappé de l'assertionqui s'y trouve énoncée
'< que l'inclinaisonde l'aiguillevarie selonlesmoiset les heuresplus fortement
que la déclinaisonmagnétique.» Une suite d'observationsque j'avois faites en
t ~g8,conjointementavec le chevalierde Borda, à Paris, et puis seul à Mar-
seilleet à Madrid m'avoit convaincuque les variations diurnesne poudroient
être aperçuesdans les meilleuresboussolesd'inclinaison;que si elles existent
(commeon doit le supposer), ellesn'excèdentpas 8-!0 minutes et que les
Los bramidosdeGtMHt<MrtMf<0.
~<yM tï, p.3)3.
plushaut,Chap.
Tom.!t, p. 79-
Leschangemensannuels
del'inclinaison dansnosclimats,
paroissent, de4-5minutes;
mais,d'après
5l6 HVRE IV.

changemenshoraires
horaires, beaucoupplus constderabtes,mdtquéspar les atMerens
beaucoupp!ùs considérables,
auteurs, dévoientêtre attribuésau nivellementimparfaitde l'instrument.Malgré
cesdoutesassezfondés, je n'hésitaipoint, le ï."novembre, &placer la grande
boussolede Bordadansun endroit très-propre aux expériencesdélicates de ce
genre. L'Inclinaisonse trouva invariablementde ~S" Cemombrë èsCla
de
moyenne beaucoup d'observationsfaitesavecle plus grand soin. Le 7 no-
vembre, trois jours après les fortes secoussesdu tremblement de terre/je
recommençaila mêmesérie d'observations, et je fus étonné de voir que l'incli-
natsoh étoit devenueplus petite de gominutes centésimales;elle n'étoit
p!ns
quede~2<S. Je crus que peut-êtreelle augmenteroitde nouveauen revenant
progressivement à sonpremier état, mais je fus trompé dansmon attente.Un
an plus tard, aprèsmonretour de l'Orénoque,je trouvai encorel'inclinaisonde
l'aiguilleaimantée, à Cumana, de ~o, l'intensité des forces magnétiques
'étant restée la mêmeavant et après Jetremblementde terre. Elle se trouvoit
expriméepar 329 oscillationsen ïo~ de temps, lorsqu'à Madrid elle étoit
proportionnelleà 240 à Parisà a~S osclllations.~e~élemunai,te -y novembre,
ta déclinaisonmagnétique~elleétoit de 4" ï3~ 5o~ au nord-est.Je Favoistrou-
vée, avantle tremblementde terre, à dinerente& heuresdu jour, de 5 à 6 minutes
plus grandeet plus petite. Les variationshorairesmasquentles changemensde
déclinaisonabsolue, lorsquecelles-cine sont pas très-considéraMes.
En réûéchissantsur l'ensemblede cesphénomènesmagnétiques jen'aperçois
pas de caused'erreur qui ait pu altérer le résultat de mes observationsd'incli-
naisonfaitesavant le novembre.J'ai employé les mêmes
précautions,je n'ai
pas déplacé l'Iestrument j'ai noté dans mon journal le détail de chaque
observationpartielle.Il estmêmebien remarquableque
l'aiguilleconservéeavec
le plusgrandsoindansdu papierhuilé/a donné, après un
voyagede 700lieues,
en revenantà Cumana, par !a moyenne de quinze observations~ 5 minutes
centésimalesprès, la mêmeinclinaison qu'immédiatement après le tremblement
de terre.Je n'ai paschangé,il est vrai, à chaque
observation, les potes de t'ai-
guille, commeje l'aifait dans une longuesuite d'inclinaisonsdéterminées,con-

.desvariatioM
l'analogie diurnes
et annuelles
deh dédm.:Mm magnétîque il n'estpasindMpeMtNe
d'admettre
qoeleschangemens
dinme'd'inelmaMon
soient
Pluspetits
qneleschangemens annuels.
Le ~Saoùt
Le7noY. '799.ct:nMoual'est,4a<97;at'onest,44'o.Lei."nov.e<t,43°,to;onest,44'ao.
est,4a~i~onest,43<35.Le5sept.1800
est,4a'M ouest,43<4o.
Nousavons trouvé, en i8.5, M. Gay-Lussac et moi ( en changeant les
pâtes dans chaque endroit), à
Milan, dans l'intérieur de la ville, 66--46' dans une
prairie près de !a riMe, 65"36' anc. div.
CBAPÏTREX~ ~'7
autsse
jointementravticM.<&ay-Lussac,~en ï8o5 et ~806~entrançe, en itaue,:en
et en Allemagne,~et comme les astronomesl'aypient constamment fait dansle
secondvoyagedu capitaine,Coo~Cette opérationes b~ lprsqu'on
se voit forcéd'observerpresquetoujours en plein air. En quittant l'Europe, le
chevalier de Bordam'avoit~conseiMë de ne désaimanterl'aiguille qu'après de
certainsintervalles,et de tenir comptedes di~rences. CesdiSérencesne s'ete-
voient, à Paris, dansles expériences faites avecM.Lenoir, qu'à ï2 minutes; à
Mexico,dansdmérensessais à 8, ï 5,6et t ominutes aussil'aiguiUed'un acier
bien trempéa conservétout sonpoli pendantcinqans. De plus, dansle phéno-
mènequi nousoccupe,il ne s'agitque d'un changementd inclinaisonapparente,
et nond'unequantitéabsolue.N'ayantpas touché l'aiguille,je n'entrevoispas la
possibilitéd'uneerreur d'un degré centésimal.
On sait quele choc, en modifiantla positiondes moléculesde fer, de cobalt
ou de nikel, modifieaussi leurs propriétés magnétiques;qu'il est capable de
donnerdes pôles et quelquefoismême de,leschanger.Lorsqueje fis connoitre
les axesmagnétiquesd'une grandemontagnede serpentine polarisante située au
nord de Baireuth, en Franconie,M. Liçhtenberg,le célèbrephysicien de Got-
tingue, énonçala conjectureque ces axes pouvoientbien être l'effet des trem-
blemensde terre qui dans les grandescatastrophesde notre planète avoient
agi long-temps selonune mêmedirection. Nous savons, par les expériences
récentesde M. Haüy,quesi la chaleurdiminuela chargemagnétique elle peut
aussiquelquefoisrendre attirableà l'aimant de certainessubstancesdans les-
quellesle ferestcombinéavec quelqueautre principe.On conçoitpar-là, jusqu'à
uncertain point, commentdestremblemens,deterreet des agens volcaniques,
par les changemensqu'ils produisent dans l'intérieur du globe, à de grandes
profondeurs,peuventmodifierlesphénomènesmagnétiquesque nous observons
à sasurface.Je n'insisteraipas surdes conjecturessi hasardées,et je mebornerai
à faire observer ici, qu'aux époquesou nous avons éprouvé de fréquentes et
fortessecoussesdans lesCordIUèresde Quito et sur lescôtes du Pérou, nous
n'avons jamais pu découvrir aucunevariation accidentelledans l'inclinaison
magnétique.Il estvrai que les Ishangemens analogues,produits par les aurores
boréalesdansla déclinaisonde l'aiguille de mêmeque ceuxque j'ai cru remar-
querdansl'intensitédes forces,ne s'observentaussique de temps en temps ils
sontd'ailleurspassagers,et cessentavecla durée du phénomène.

lefersuUuré,
Par exemple, leterarsénical.
5l8 HVNE tV.
La vapeur roussâtrequi embrumoitl'horizon
embrumoitt'honzonpeu peuavant
avantle
le coucher
co' du soleil,
avoitcessédepuisle novembre.L'atmosphèreavoit repris son anciennepureté,
et lavoûtedu ciel parutau zénithde cette teinted'un bleu foncé, qui est propre
à desclimatsoùla chaleur,la lumièreet une grandeégalité de charge électrique
semblentfavoriserà la fois la plus parfaite dissolutionde l'eau dans l'air. J'ob-
servai, dansla nuit du 7 au8 l'Immersiondu second satellite deJupiter'.Les
bandesde la planète étoient plus distinctes que je ne les eusse jamais vues
°
auparavant.
Je passaiunepartie dela nuit à comparerl'intensitéde lalumièrequerépandent
lesbellesétoilesqui brillentdansle cielaustral.J'ai suivicetravail avec soinsur
mer, et pendant mon séjour à Lima, à Guayaquilet à Mexico, dans l'un et
l'autre hémisphère.Près d'un demi-siècles'étoitécoulédepuisque La Cailleavoit
examinécette régionduciel qui reste invisibleen Europe. Les étoilesvoisines
du pôle australsont observéesen généralavec si peu de suite et d'assiduité,que
lesplus grandschangemenspeuventavoir lieudansl'Intensitéde leur lumièreet
dansleurmouvementpropre sans que les astronomesen aient la moindrecon-
noissance.Je croisavoirremarquédeschangemensdecegenredanslaconstellation
de la Grueet dans celledu Navire.J'ai comparéd'abord, à la simplevue, les
étoilesqui ne sont pas très-éloignéea lesunesdes autres, pour les ranger d'après
la méthodeque M.Herschela indiquée dansun mémoirelu à lasociétéroyalede
Londres, en ï ~06 dansla suite, j~aiemployédes diaphragmesdiminuant l'ou-
verturede l'objectif, desverres coloréset non colorés placésdevant l'oculaire,
et surtout un instrumentde réflexionpropre à ramenerà la fois deux étoiles
dansle champdeM lunette, aprèsavoir égaliséleur lumièreen recevantà volonté
plus ou moinsde rayons réfléchispar la partie étaméedu miroir. Je conviens
que tous cesmoyensphotométriquesne sont pas d'une grande précision; mais
je croisque le dernier, qui peut-être n'avoit point encoreété employé,pourroit
êtrerenduassezexact, en ajoutantune échelleau support mobilede la lunettedu
sextant.C'est en prenant des moyennesd'un grand nombre d'évaluations,que
j'ai vudécroîtrel'intensitérelativedela lumièredes grandesétoiles, de lamanière
suivante:SIrius,Canopus, du Centaure.Achernar, du Centaure, Fomahault,
Rigel, Procyon, Betelgeuze,edu Grand Chien,J. du Grand Chien, <tdela
Jel'observai
à n''a5'6", tempe
moyen<o!tréoutte, en comparant
monobservation
à cellesde
Viviers etdeMarseille,
toug.deCumana4''a6'6".
( 0~.<M~.T.1,p. ?n.)
Phil. <r<m;For, <796,p..66. (Comparezaussirigottet Goodticke.daMtes :~wM.,voL -rS T. J
p.ta7,i54,etvoI.76,T.I,p.)g7.)
CHAPÏTHE X. 5tQ

Crue, ? du Paon. 6s travail, dont j'ai publié ailleursles résultats numériques


augmenterad'intérêt lorsque, de 5o à $o ans, les voyageursdetemuner~nt de
nouveaul'intensitéde lalatntèrëdesastres, et découvrirontquelques-unsde ces
changemensque semblentéprouver les corps célestes,soit à leur surface, soit
dansleur distanced~enotre systèmeplaaé~m'e.
Quand on a observélong-tempsavectes menteslunettes, dans nos climats
du nord et sousla zone torride, on est surpris de l'eSet que produisent dans
celle-cila transparencede l'air et la moindre extinctionde.la lumièresur la
nettetéaveclaquellese présententles étoiles doubles,les sa~Hitesde Jupiter ou
decertainesnébuleuses.Par un ciel égalementserein en apparence on croiroit
avoir employé des instrumensplus parfaits, tant cesobjets paroissentplus dis-
tincts, plus terminésentre les tropiques.On ne peut douter qu'à l'époque où
l'Amériqueéquinoxialesera le centre d'une grande civilisation, l'astronomie
physiquegagneraprodigieusement,à mesureque le ciel sera exploré par d'ex-
cellenteslunettes, dans les climatssecset brMa&sde Cumana, deCoro et del'île
dela Marguerite.Je ne nommepoint ici le dos des Cordillères, parce que, à
l'exception de quelqueshautes plaines assez aridesdu Mexiqueet du Pérou,
lesplateauxtrès-élèves,ceux dans lesquelsla pressionbarométriqueest de 10
ou t pouces plus petitequ'auniveaudela mer,n'offrentqu'un climatbrumeux
et extrêmementvariable.Unegrandepureté de l'atmosphère,telle qu'ellerègne
constammentdansles bassesrégions,pendant la saisondessécheresses,compense
l'effetde lahauteurdusite et de la rareté de l'air sur les plateaux.Lescouches
élevéesde l'atmosphèreéprouventdes changemensbrusques dans leur transpa-
rence, là où ellesenveloppentledos des montagnes.
La nuit du i ï au 1a novembreétoit fraîche et de la plus grande beauté3.
Versle matin, depuisdeux heureset demie, on vit, à l'est, lesmétéoreslumineux
lesplus extraordinaires.M. Bonpland,qui s'étoit levé pour jouir du frais sur la
galerie, les aperçut le premier.Des milliersde bolides et d'étoilesfilantesse

lanoteC&lafinda4.*Livre,etttiM0&<.
~o~M a«r.,Tom.T,p. t.xxt.
Deay à 3o centimètres, par exemple, les plaines qui environnent le Tolcande Cotopaxi, entre la
fenne de Pansache et Pumaurcu;le plateau de Chusulongo sur la pente d'Antisana, et, au Chimborato,
la plaine au-dessusdu Lac noir, en péruvien, Yanacocha.
D'après les formules de la Mécanique célestede
M. Laptace, l'extinction de la lumière est à la bantear de ces plateaux
999.?; à la cime dmChimborazo
9989; à la plus haMteeimede l'Himataya (supposée avec M. Webb, de 4oi3 toises) 9987, lorsqu'au
niveau de la mer, t'extmetion de la lumière est toooo.
` ( ~'oyez taon ~&/ea!t de la Géographie <fM
Plantes, 1806.)
3Therm.
cent.à 11''dusoirBt'8. Hygr.
82".Pasdescintillement
d'étoHes
an-dessus
deto--dehauteur.
~20 LIVRE IV.
.·.aa_
succédèrent~a:»., J.MA~
heures.TLeur
.AIIi~M.J:MA' ,e. .c_W:x»,
pendantquatre très-régulièrementdu
direction étoit
nord au sud; pellesremplissoientunepartie duciet qui s'étendoit du vérit&Me
point Est, 50° versle nord et le sud. Sur une amplitudede 60* on voyoit les
météoress'éleverau-dessusde l'horizonà l'E.N.E.et à t'E., parcoanr des arcs
plus ou moinsgrands, et retombervers te sud après avoir suivi la direction dn
méridien'. Quelques-unsatteignoientjusqu'à 4o" de hauteur; tous déjpassoient
25"à 3o°. Le vent étoit très-fbibtedans les basses régionsde l'atmosphère, et
souûloitdel'Est. On ne voyoit aucunetrace de nuages.M. Bonptandrapporte
que, dès le commencementdu phénomène,Hn'y avoit pas nu espace du ciel
égal en étendueà trois diamètresde la tune, que l'on ne vît, à chaque instant,
remplide bolideset d'étoilesniantes.Lespremiersétoienten plus petit nombre
mais commeon en voyoit de dinérentegrandeur, il étoit impossiblede fixer la
limite entre ces deux classesde phénomènes.Tous ces météoreslaissoientdes
traceslumineusesde8 à 0 degrésde longueur,commec'est souventle cas dans
les régionséquinoxiales La phosphorescencede ces traces ou bandes lumi-
neusesdurcit a 8 secondes.Plusieursétoiles ntantesavoient~unnoyau très-
distinct, grand commete disquede Jupiter, et d'ou partoient des étinc€!les
d'une -lueurextrêmementvive. Les bolides sembloient.se briser comme par
explosion;mais les plus gros, de ï" à i" 15' de diamètre, disparôissoientsans
scintillement,et laissoientderrière eux desbandes phosphorescentes(~~&~),
dont la largeur excédoit ï5 à 20 minutes. La lumière de ces météoresétoit
blanche, et non rougeâtre,ce qui devoitêtre attribué sans doute au manque
de vapeurset àl'extrêmetransparencede l'air.C'estpar la mêmecauseque, sous
les tropiques,~esétoilesde premièregrandeur, en se levant, ont une lumière.
sensiblementplus blanchequ'en Europe. v
Presquetous les habitansde Cumanafurent témoinsde ce phénomène,parce
qu'ilsquittent leur maisonavant quatreheurespour assisterà la premièremesse
du matin.Ils ne voyoientpas ces bolidesavec indinérenCeles
plus anciensse
souvenoientque les grands,trembtemensdeterrede1766 avoient été précédés3
par un phénomènetout semblable.Au faubourgindien, les Guaiqueriesétoient
sur pied ils prétendoient« quele feu d'artificeavoitcommencéune heurede

Cetteuniformitédans
ladirection
avoitaussitrappe habitans
ptomears deNneva
enparterent
à notreretourde lOrénoque, qmnons
Barcetona
sansquenousleureussions lesobservations
communiqué
de Cumana.
~o~ei!pka haut, Chap. i, p. 80.
~o~ez plus haut, Chap. tv~p. 30~.
CHAPtTREX. 52~
la nnit, et qn'enrevenantde la pèche dans le golfe, ils avoie~t déjà aperçu des
étoilesniantes, maistrès-petites,s'éleverà l'est.M!ls assuroieûtenmême temps=
que, sur ces côtes, les météoresignésétoienttrès-rares après deux heures du
matin
Depuisquatre heures, le phénomènecessapeu*&peu les bolides et les
étoilesfilantesdevinrentplus rares~cependantonen distinguoitencorequelques-
unesvers!enord-est; à leur lueur blanchâtreet à la rapidité de leur mouvement,
un quart-d'heureaprès le lever,du soleil.Cette dernière~ circonstanceparottra
moins extraordinaire,si je rappelleici qu'on a vu en plein jour, Fan 1788,
dansla ville dePopayan rintërieurdes appartemens fortement éclairé par un
aérolithe d'une énorme grandeur.Il passa, vers une heure après-midi, par un
beau soleil, au-dessus de la' ville.Le 26 septembreï8op, lors de notre second
séjourà Cumana, nous réussies, M. Bonplandet moi, après avoir observé
l'immersiondu premier satellitede Jupiter à voir distinctementla ptanète à
la simplevue, dix-huitminutes aprèsque le disque du soteilétoit sur l'horizon.
y avoitunevapeurtrès-légèredu côtéde t'est; maisJupiterparoissoitsurun fond
azuré.Cesfaits prouventt'extrémepuretéet la transparencede l'atmosphèresous
la zonetorride.La massede lumièrediffusey est d'autant plus petite, que les
vapeurssont plus parfaitement~dissoutes. La mêmecause par laquellese trouve
affoibliela diffusionde la tumièresolaire, diminuel'extinctionde lalumièrequi
émanesoitdes bolides, soit de Jupiter, soit de la lune, vue le deuxième jour
après sa conjonction.
La journéeduï 2 novembrefut encoretrès-chaude, et l'hygromètreindiqua
une sécheressebien considérablepour ces climats Aussi la vapeur roussâtre
embrumade nouveaul'horizon, et s'élevajusqu'à t4" de hauteur.Ce fut la der-
nièrefoisqu'elle se montradans cette*année.Je dois faire observerici qu'en
généralelleest aussi rare sous le beauciel de Cumana,qu'elleest communeà
Acapulco,sur lescôtesoccidentales du Mexique.
Comme,à mondépartd'Europe, les recherchesde M. Chiadniavoient singu-
lièrementfixé l'attention des physicienssur les bolides et les étoilesfilantes,
nousne négligeâmes pas, pendant le cours de notre voyagede Caracasau Rio
Negro*,de nous informerpartout si les météoresdu 12 novembre avoientété
Jel'observe
à 5''to'8",tempsmoyenlong.deCumana, déthute
des taMes
deM.Ddamhre,
4''a5'S~ ( 0&Mtv.<M~Tom.t, p.8q.)
A 9 heures du matin, therm. cent. a6<a;
hygr. 66",4. A t~, therm. ag*; hygr. 81" (toujours !a
divisionde l'hygromètre de Saussurequand lé contraire n'est pas expressément
indiqua).
Relation &M<onyMe 7o/M. 7, 66
~22 LÏVRE ÏV.

aperçus.Dans un payssauvage,où la majeure partie des habitanscouchent en


~pleinair, un phénomèneaussi extraordinairene pouvoit rester Inaperçuque la
oùdesnuagesl'avoieatdérobé aux yeuxde l'observateur.Le missi6nnà!recapucin
de SanFernandode Apure villagesitué au milieu des savanesde la province
de Vannas, les religieuxde Saint-François, stationnésprès des cataractes de
J'0rén<)queet à Maroa sur lesbords du Rio Negro, avoient vu des étoiles
nianteset des bolidessansnombre éclairerlavoûte du ciel. Maroaest au sud-
ouestde Cumana,à t~4 lieuesde distance.Tous ces observateurscomparoient
le phénomèneà un beaufeu d'artifice, qui avoit duré de trois à six heures du
matin.Quelquesreligieuxavoientmarquéle jour sur leur rituel; d'autres lédési-
gnoientpar les fêtes d'églisequi en étoient les plu~proches. Malheureusement
aucun d'euxne sesouvenoit de la direction des météores ou de leur hauteur
apparente.D'aprèsla positiondes montagneset des forêtsépaissesqui entourent
lesmissionsdescataracteset le petit villagede Maroa,je présumeque les bolides
ont encoreété visiblesà 200de hauteur au-dessusdeJ'horizon.Arrivéà l'extré~
mitéméridionaledèlaGuianeespagnole,au petit fortde Saint-Charles,j'y trouvai
des Portugais qui avoient remontéle Rio Negro depuis la missionde Saint-
Joseph des Maravitains.Ils m'assuroientque, dans cette partie du Brésil, le
phénomèneavoltété aperçu, au moinsjusqu'àSan Gabriel das Cachoeiraa,par
conséquentjusqu'à Téquateurmême
J'étoisvivementfrappé de l'immensehauteur que devoientavoir ces bolides
pour être visiblesà la fois à Cumanaet aux limitesdu Brésil,sur une ligné de
23olieuesde longueur.Quelfutmonétonnement,lorsqu'àmonretour en Europe,
j'appris que le même phénomèneavoit été~aperçu sur une étenduede globe
de 64° en latitude, et de~t" en longitude,à l'éqnateur, dans l'Amériqueméri-
dionale,au Labrador et en Allemagne'Pendantmon trajet de Philadelphieà
Bordeaux,je trouvai accidentellementdans les jM~KOt~M ~e la ~oct~ <&?
i Pensylvanie l'observationcorrespondantede M.Ellicot (lat., So~~a' ), et, lors
de mon retour de Naplesà Berlin, dans la bibliothèquede Gottingue, le récit
desmissionnairesMoraveschezles Esquimaux.A cette époque,plusieurs
physi-
Lat.7°53~
a";long.70°ao'.
Lat.a°42'o";long.yo°ai'.
Unpeu au nord-ouest de San Antonio de Castanheiro. Je n'ai
point trouvé de peMOMesqni aient
observéce météore à Santa-Fe de Bogota, à
Popayan, ou, dans~hétmsphëMamtral, à Quito et ta Pérou.
Fent-étre l'état de l'atmosphère, si variable dans ces contrées
occidentales, a-t-il seul empêché
l'observation.
CHAPtTBEX. 5~3

ciens avoient
Mentddéjà
elà discutéia avec celles
discutéta coïncidencedes observationsdo nord avecceltes
de Cumana,que obusavionspubliées~M.Bonpiandet moi,desl'annéeï8oo.
Voicil'indicationsuccinctedesfaits: t,<'lesmétéoresignésont été vusàl'est et à
l'est-nord-est,
jusque4o"de hauteur, de 3 à6 heuresà Cumana(lat~o" 5a~,
long. 66" à
3o~); Porto-CabeDo(lat. to" 6~5:t~, long.6~5~), et sar les
frontièresdu Brésil, près de l'équateur, par les 70" de long. occidentaledu
méridiende Paris, a." Dansla Guianefrançoise(lat. 4"56~, long.54° 35~), on
vit « le ciel commeenflammédans la partie du nord. Pendant une heure et
demie,d'innombrablesétoilesfilantesparcouroientle ciel, et répanSoientune
lumièresi vive, qu'on pouvoit comparerces météoresaux gerbesflamboyantes
lancéesdans un feudartince. » La connoissancede ce fait reposesur un témoi-
gnage infinimentrespectable, celui de M-le comtede Marbois,alors déporté
à Cayenne, victime de son amour pour la justice et pour une sage liberté
constitutionnelle;3.°M. Ellicot, l'astronomedes Ëtats-Unis, ayant terminé ses
opérations trigonométriques,pour la rectificationdes limites,'sur l'Ohio, se
trouva, le ïa novembre, dans le canal de Bahama, par les 25° de latitude
et 8t"5o~delongitude.)!vit2, danstouteslespartiesdu ciel, «autantdemétéores
que détoiles: ils se dirigeoientdans tous les sens; quelques-unsparoissoient
tomber perpendiculairement,et l'on s'attendoit à chaque instant à en voir
descendresur le vaisseau,Le mêmephénomène fut aperçu sur le continent
américainjusquepar les3o° ~2 delatitude.~.°Au Labrador,à Nain(lat. 56°55' ),
etHoffenthal( lat. 58° 4~); dansle Groenland,à Lichtenau(lat. 6t? 5~ ), et au
NouveauHerrenhut(tat.64" ~4~ long. ~2'*2Ct~),les Esquimauxfurent effrayés
del'énormequantité de bolidesqui tomboient,pendant le crépuscule,verstous
les points du ciel, et dont quelques-unsavoient un pied de largeur. 5." En
Allemagne,M. Zeissing, curé d'ttterstadt,près de Weimar (lat. 5o°59', long.
or.<)"ï aperçut, le i a novembre, entre 6 et heuresdumatin ( lorsqu'ilétoit
deux heures et demieà Cumana), quelques étoiles filantes qui avoient une
lumièretrès-blanche.«Bientôtaprèsparurent, vers le sud et le sud-ouest,des
rayonslumineux,de 4-6 piedsde long, qui étoientrougeâtres,et ressembloient
à la traînée lumineused'une fusée.Pendant le crépusculedu matin, on vit,
entre 7 et 8 heures, la partie sud-ouestdu ciel, de temps en temps fortement

MM. deHardenberg,
R!tteretB6ekmann,daMtes~nn<t<Mcfe
Gt~cr~Tom.VI,?.
tg) ;Tom.
Xtl!,
p.aM;Tom.XtV,p.n6 Tom.XV,p. toy.(Yoigt,
jMa~.t~r Tom.IX,p.468.
~V<K~ttfm<e,
Phil. <ran<.
oftheAmerie.
Me.,)8o4.Vol.VI,p.29.
52~ LIVRE ÏV.
éclairéepar quelqueséclairsblanchâtresqui parcouroientl'horizonen serpentant.
La nuit, le froid avoit augmenté,et lebaromètre ëtoit monté.M !1 est très-pro-
bable que le météore auroit puêtre observéplus à l'est, en Pologneet enRussie
Si unenotMedétaiHéen'avoit pas été tirée, par M. Ritter, des papiers du. curé
d'Itterstadt, nous aurions cru aussi que les bolides n'avoient pas été visibles
hors des limitesdu Nouveau-Continent.
Il y a deWeimarau Rio Negroï 800lieuesmarines,du Rio Negroà Herrenhut,
dansle Grœnland, !3oo lieues.En admettant que les mêmesmétéoresignés.
aient ététrus sur des points si éloignéslesuns des autres, il faudroit supposer
que leur hauteurfût au moinsde ~t t lieues.Prèsde Weimar, les fuséesparurent
au sud etau sud-ouest;àCumana, à l'est.et à l'est-nord-est.On pourroit croire
par conséquentque des aérolithessans nombre seroient tombésdans la jner,
entre l'Afriqueet l'Amériqueméridionale,à l'ouestdes Mesdu Cap-Verd.Mais
pourquoiles bolides, dont la directionn'étoit pas la même au Labrador et à
Cumana,n'ont-ilspoint été aperçus,dans ce dernier endroit, au nord, commeà
Cayenne?On ne sauroit être assezprudent dans une hypothèsesur laquelle
nous manquonsencorede bonnesobservationsfaitesdansdes-lieuxtrès-distans.
J'inclineà croire que les IndiensChaymasde Cumanan'ont pas vu les mêmes
bolides que les Portugaisdu Brésilet les missionnairesdu Labrador;toujours
on ne sauroit révoqueren doute(et ce faitme paroit extrêmement
remarquable)
que, dansle Nouveau-Monde,entre le méridiende ~6° et 82°, entre l'équateur
et le parallèlede 6~°nord, on a aperçu, auxmêmesheures, une immensequan-
tité de bolideset d'étoilesfilantes. Surun espacede<)aï,ooo lieuescarrées, ces
météoresont été partout égalementresplendissans.
Les physiciens qui récemmentont fait des recherchessi laborieusessur les
étoilesfilanteset leurs parallaxes,Ies' regardent
commedes météoresappartenant
aux dernièreslimitesde notre atmosphère,placés entre la région de l'aurore
boréaleet celle'des nuages3 les plus légers.On en a vu qui n'avoient
que
14,000 toises, environ 5 lieues d'élévation;les plus hautes ne paroissent,pas

APariset&Londres, letempsétoitcouvertàCarisrub,M.BMmann
deséclairsàlafoisaunord-ouest etausud-est. aperce,avantlecrépuscule,
~e.3 novembre, on CarbnA.unelueurparticu-
vit,.
lièreaaend-est.
( Surlesbolides
vuesà Bof,voyez J3.c~, FK-~K., Tom. M,p.ao5.)
° MM. Benzenberg etBrandes.
3 D'aprèslesohservatioiM surledosdesAndes,
quej'aifaites à ptmde3700t.MM dehauteur.surles
moutons oupetitsnuages blancs.
et pommeMs, il m'aparuqueleurélévation
au-dessus
duniveau
côtes des
pouvoitêtrequelquefois
deplusde6000toises.
CHAPÏTREX. Sa5
1.
dépasser ao lieues.Eues ont souventplus de cent ptedsaetuametre, et teur
vitesseesttellequ'ellesparcourenten peu de secondesun espacededeux lieues.
On en a mesurédont la directionétoit de basen haut presqueperpendicalaire,
ou faisantun anglede 5o° avecla verticale.Cettecirconstance,très-remarquable,
a fait conclureque les étoilesfilantesne sont pas des aérolithesqui, après avoir
planélong-tempsdans~espace,commelescorpscélestes,s'enflammentenentrant
accidentellement dansnotre atmosphère,et tombent versla terre
Quelleque soit l'originede cesmétéoreslumineux, il est difficilede concevoir
une inflammationinstantanéedans une régionoù il y a moins d'air que dans le
videdenos pompespneumatiqueset où (à aS.oootoisesde hauteur) le mercure,
dans le baromètre,ne s'élèveroltpas à 75~?lignes. Nousne connoissons,il est
vrai, lemélangeuniformedel'airatmosphériqueà r~s près, quejusqu'à3oootoises
de hauteur, par conséquentpas au-deiàde la dernièrecouchedes nuagesflocon-
neux. On pourroit admettreque, dans les premièresrévolutionsdu globe, des
substancesgazeusesqui nous sont restées inconnuesjusqu'ici, se sont élevées
verscetterégionque parcourentlesétoilesRiantes:maisdesexpériencesprécises
faitessurdes mélangesde gazquin'ont pasla mêmepesanteurspécifique,prouvent
que l'on ne peut admettre une dernière couchede l'atmosphère entièrement
différentedeseouchesinférieures..Lessubstancesgazeusessemêlentet se pénètrent
au moindremouvement,et, dans le coursdes siècles,l'uniformitédu mélangese
seroit établi à moins qu'on ne supposeles effetsd'une répulsion dont les
corpsque. nous connoissonsne noua.om'entaucun exemple.De plus, si nous
admettonsdes fluidesaériformesparticuliersdans ces régionsinabordablesdes
météoreslumineux, des étoiles filantes, des bolides et de l'aurore boréale,
commentconcevoirque la coucheentière de ces fluidesne s'enflammepas à la
fols~maisque des émanationsgazeusesremplissent,commeles nuages,un espace
limité? Comment admettre une explosionélectriquesans amas de vapeurs,
susceptiblesd'une chargeInégale,dans un air dont la températuremoyenne est
peut-êtrede a5°au-dessousdu zérodu thermomètrecentigrade,et dont la raré-
factionest telle, que la compressiondu choc électriquene peut presqueplus y

M. CbMni, qui regardoit d'abord les étoiles filantescomme des aérolithes, a dans la soite abandonné
cette idée.
Voyez mes expériencessur un mélange d'hydrogène et d'oxigene, ou sur nn air atmosphérique à base
d'hydrogène, dans nn méntoire stf les ré&actions joint N mes Observations<M<~nonM~MM, Tom. ï,
p. ti~-iao.
526 HVNEtV.
dégagerde la chaleur?Ces difficultésdisparottroientetf grande partie, si la
directiondu mouvementdes étoilesfilantespermettoit de !es considérercomme
des corps à noyau solide, commedes phénomènescc~MC~ (appartenant à
1 espacehorsdeslimitesde l'atmosphère),et non commedes phénomènes<e/&<-
riques appartenant à notre seu!ep!anète).
En supposantque tesmétéores de Cumana n'eussentque !a même hauteur a
laquelle se meuvent généralement les étoiles filantes,on<t pu voir, au-dessusde
l'horizon,les mêmesmétéores,dans des endroits éloignésles uns des autres de
ptus'de 3to lieues'. Or quelledispositiond'incandescenceextraordinairedoit
avoir régnéle ï novembre dansles hautes régionsde l'atmosphère,pour fournir
pendantquatre heures desmIHiardsde bolides et d'étoilesfilantes, visibles à
t'équatëur,au Grceniandet en Auemagne! M.Benzenbergobservejudicieusement
la même causequi rend le phénomèneplus fréquent, influe aussi sur la
que
grandeurdesmétéoreset l'Intensitéde leur ïumière.En Europe, les nuits ou il
ya le plusgrand nombred'étotlesfilantes,sont cellesdans lesquelleson en voit
de très-tumineusesmetéesà de très-petites. Lapéribdicité~du phénomèneajoute
à l'intérêt qu'Hinspire.Il y a desmois où dans notre zonetempérée~M.Brandes
na comptéque 60à 80étoilesfilantesdans une nuit; il y en a d'autresoù leur
nombres'estélevéà 2000.Lorsqu'onen observeune qui a lediamètredeSiriusou
de Jupiter, onestsûrde voirsuccéderà unmétéoresi brillantungrand nombrede
météoresplus petits.Si, pendantune nùit,tes étoilesfilantessont très-fréquentes,
il est très-probableque cettefréquencese soutiendrapendant
plusieurssemaines.
On diroit qu'il y a périodiquement dansles hautes régionsde l'atmosphère,près
de cette limite extrêmeoù la iorce*centrifuge est balancée
par la pesanteur,
une dispositionparticulièrepour la production des bolides,des étoilesfilantes
et de l'auroreboréale3. La périodicitéde ce grand
phénomènedépend-ellede
l'état de Fatmosphère,du de quelque choseque cette
atmosphèrereçoit de

~M l'expMcation de la cMeM- qnepredait !echocétectnque,donnée


parM.Gay-LaMM, dès
l'année
i8o5,etexposée dansunmémoire que)'a:pnN:eavec
luidansle~own.~~< Torn.LX.
C'estcettecirconstance
quiavoitengagé Lambert
à proposer
l'observation
desétoiles
filantes
.détermination
deslongitudes pourla
terrestres.
Il lesregardoit
comme célestes
dessignaux vusàde grandes
distances..
Ritter, sar les périodes de 9 a to ans ( 1788, .798, .807), dans les ~a~ Gilbert, Tom. XV,
p. a~ Tom. XVï, p. M4. Hdistingue, comme ptasieurs physiciens, les bolides mêtés aux étoiles filantes,
de ces météores lumineux, qui sont
enveloppés de fnméeet de vapeurs, qui font explosion avec fracas,
et laissent tomber( le plussouvent !e).M-)desacrolithes. Ces derniers
n'appartiennent certainement pas
à notre atmosphère.
.w :J cMA~TKE'X.i- 5~
1
dehors~tandtsquela terre a~a~ce<~Myécl!p~que cela,
comme! on~Mg~rott'\d~-teB~
QaaNt'aax'étoHM~tc~ ïlme
~f9tÇ'P~~$/~U~1~~pr~ce,
qu'émet sontplus~qdente~da~la~
au-dessus des conttnens et';pr~s.~de~r~t~t~~q~~ des:e~J-<a
surtacerayonnante duglobe,et la chargeélectriquedesbassesrégtpnsdel'atmos"
ph&re,qu!vaned'aprèsÏa naturedusoFetleg!sement descontiens et desmers, 1
exercent-eUes ïëùr innuej~ règne.uDhî~èr-~ernei.?
L'absence entière des auages,Tnéme des pluspetits~dansdecertainessaisons,
ou au-dessusde quettptespÏaînesarideset dépourvues de végétaux,setnblent
prouverque cetteinnaemce est sènsiHe,au moins jusqu'àeinqousixmUletoises
dehautéar. Dansnnpays hérissédeyotcans,sur !e plateaudes Andes,on a
observé, y a trentean~,un phénomène analogue à celuidu ta novembre. On
vit, à hviMe deQuito,s'élever~dans s eule
une partie ciel,du au-dessus duvolcan
de Cayambe,un si granénombre d~tôîtesniantes, quel'oncruttoute!a mon~
tagneembrasée. Ce spectacleextraordinaire dura plus d'uneheure le peuple
s'attroupad ansla plainedel'Ëxido,oul'on jouitd'unevuemagnifiquesurtes
plus hautescimes d esCordillères.
Déjàuneprocession étoitsur le pointdesortir
ducouventde Saint-François, lorsqu'ons'aperçutque l'embrasement del'horizon
étoitduà des météores ignésquiparcouroient le cieldanstoutes les.directions,
àiaouï~degrésdehauteur.
5a8 LIVRE iv.

CHAPITRE XI.
TRAJET DE CUMANAA LA GUAYRA.– MOMO DE NUEVA BAMEt-OttA. – CAPCODERA.–
·
ROUTEDE LA GUAYRAA CARACAS.

L<E t8 novembre,à huit heuresdu soir, nous étionssousvoilepour passer,le


longdes côtes,deCumanaau port de la Guayra, par lequel les habitansde la
province de Venezuelaexportent la majeurepartie de leurs productions. Le
trajet n'est que de 60 lieues, et nédure le plus souvent~ue 36à ~o heures. Les
petits bâtimenscôtierssont favorisésà la fois par le vent et lescourans ceux-ci
portent avecplus ou moinsde forcedel'est à l'ouestle longdescotesde la Terre-
Ferme,surtout du cap Paria à celui de Chichibacoa.Le chemin de terre de
CumanaNueva Barcelona,et de là à Caracas,est à peu près dansle même
état qu'avant la découvertede l'Amérique.Il faut lutter contre les obstacles
qu'opposentun terrain fangeux, des blocsde rochers éparset la forcede la
végétation;il fautcoucherà la belle étoile,passerles valléesde l'Unare, du Tuy
et du Capaya, traverser des torrens qui croissentrapidement à causede la
proximité des montagnes.A ces obstaclesse lient les dangersqui naissent de
l'extrêmeinsalubritédu paysqu'ontraverse.Lesterrainstrès-bas,entre la chafne
cotièreet le rivagede la mer, sont extrêmementmalsains, depuis la baie de
Mochima~usqu'àCoro.Maiscette demière<vi!le,entouréed'un immensebocage
de raquettesou Cactus-épineux,doit, de mêmequeCumana,la grandesalubrité
.de sonclimatà .l'ariditéde son sol et au manquede pluies.
On préfèrequelquefoisle chemindeterre au trajet par mer, lorsqu'onretourne
de Caracas à Cumana, et que l'on craint de remonter contre le courant. Le
courier de Caracasmet neuf jours à faire cette route: nous avons vu souvent
les personnesqui lavoient suivi, arriver à Cumanamaladesde fièvresnerveuses
et miasmatiques.L'arbre, dont l'écorcefournit un remèdesalutairecontre ces
fièvres,cro~tdanslesmêmesvallons,sur la lisière de cesmêmesforêts, dont les
exhalaisonssont si dangereuses.M. Bonplanda reconnu le
Guspare parmi les

Cor<M~~os<Mr<Bdemosphar)BM:es,récon:e<:[uBonphndiatrift)t:ata.
CHAPITRE XI. 52Q

végétauxdu golfede Santa-Fe,situéentre les ports de Cumanaet de Barcelone.


Le voyageursounrants'arrêtedans une chaumière dont les habitamIgnorent
lesqualitésfébrifugesdes arbres qui ombragentles valionsd'alentour.
En passantpar merde Cumanaà ta Guayra~notre projet etolt de séjourner
à lavillede Caracas ~usqu'àlàând&Iasaison des pluies,de nousdiriger de !a,
à travers les grandesplainesou Llanos, sur les missionsde l'Orénoque, de
remonter cette immenserivière, au sud des cataractes, jusqu'auRio Negro et
aux frontièresdu Brésil, et de revenir a Cumana.par la capitalede la Guiane
espagnole,appelée vulgairement,à cause de sa position, l'~n~o~fM~cou le
Détroit.Il ne nous fut aucunementpossible de fixer le temps qu'il faudroit
pour terminerce voyagede ~oolieues,dont plus desdeux tiers devoient être
faitsencanots.On ne connoît sur lescôtesque les partiesde l'Orënoqueles plus
prochesde son embouchure.Aucunerelationde commercen'est entretenueavec
lesmissions.Tout ce quiest au-delàdesLlanosestun paysinconnuaux habitans
de Cumanaet de Caracas.Lesuns pensentque les plaines de Calabozo, cou-
· vertesde gazon,se prolongent huit cents lieuesau sud, en communiquantavec
les steppesou Pampasde Buenos Ayres les autres, se rappelant la grande
mortalitéqui régnoit parmi la troupe d'Iturriaga et de Solano, lors de leur
expédition à l'Orénoque,regardenttout le pays,au suddescataractesd'Aturès,
commeexcessivement dangereuxpourla santé.Dans unecontréeoù Ion voyage
si rarement, on se plait à exagérer aux étrangers les diSicuttésqu'opposent le
climat, les animauxet l'homme sauvage.Nousétions encore Mu accoutumés
à cesmoyensde découragement que les cotonsemploientavec une candeurà la
foisnaïveet affectueuse:mais nous persistâmesdans le projet que nous avions
formé.Nouspouvionscompter sur l'intérêtet la sollicitudedu gouverneur de
Cumana, don Vicente Emparan, de même que sur les recommandationsdes
religieuxde Saint François, qui sont les véritables maftres des rives de
l'Orénoque.
Heureusementpour nous, un de cesreligieux Jnan Gonzales setrouvoit à
cette époque à Cumana.Ce jeune moine n'étoit. qu'unfrère lai mais il étoit
éclairé, très-intelligent,plein de vivacitéet de courage.Peu de temps après
son arrivéesur la côte il avoiteu le malheurde dépêtre à ses supérieurs, lors
de l'électiond'un nouveaugardte~des missionsde Piritù, qui est l'époque des
grandesagitations dansle couvent de NuevaBarcelona.Le parti vainqueur
exerçauneréactionsi générale,que le frèrelai ne put y échapper.Il fut envoyéà
l'Esmeralda dernière missiondu Haut Orénoque 6 1 renommée1par l'innom-
Relation AMtor~MC~
ZoM. 6-~
53o LIVREIV.
brable quantité d'insectesmalfaisansdontl'air y est constammentrempli. Fray
Juan Gonzalesconnoissoitàfondies foretsqui s'étendent depuisles cataractes
jusqueverslessourcesde t'Orénoque.Une antre révolution dans le gouverne-
ment républicain des moinesl'avoit ramené depuis quetqaes annéessur les
côtes, oùil jouissoit, et ajuste titre, de t'est!m&de ses supérieurs.!t nousfbr-
tifioit dansnotre désir d'examinerla bifurcationsi contestéede rQréno~ue il
nousdonna des conseils,utiles sur la conservationde notre santé, dans des
climatsdanslesquelslui-mêmeavoit souSertsi toB~emps des &&vres intermit-
tentes.Nousavonsèu la satisfactionde retrouver, Nueva Barcelona, le frère
Juan à notreretour du Rio Nègre.Voulant passer de la Havane à Cadiz, il se
chargeaobligeammentde transporteren Europe une partie de nos herbiers et
de nos Insectesde l'Orénoque mais ces collections furent malheureusement
engloutiesaveclui parla mer.Cet excellentjeune homme, qui nousétoit vive-
ment attaché, et dont le zèle courageuxauroit pu rendre de grands services
aux missionsde son ordre, périt, en t8ot ,dans une tempête, sur les côtes
d'Afrique.
Le bateau qui nousconduisitde Cumanaà la Guayra étoit un de ceux qui
fontle commercedescôteset des fiesAntilles.Ils ont trente piedsde long, et pas
au-delàde trois piedsde hauteur sur les bords ils ne sont pas pontés et leur
chargeest généralementde deux centsà deuxcent cinquante quintaux.Quoique
a mer soit très-honteusedepuis le cap Coderajusqu'à la Guayra, et qu'ils
portentune én<)fme voiletriangulaireassezdangereusedansles rafalesqui sortent
les gorgesdes montagnes,on n'a pas d'exempte, depuis trente ans, qu'un de
cesbateauxait sombrédans le trajet de Cumanaaux côtesde Caracas.Telle est
'habiletédes pilotesGuaiqueries,que les naufragessont mêmetrès-rares dans
es voyagesfréquensqu'itâfont de Cumanaà la Guadeloupeou aux îlesdanoises,
entouréesde brisans.Ces navigationsde 120à ï5o lieues par une merlibre,
torsde la vuedes côtes s'exécutentdans desbateauxouverts, à la manièredes
nciens,sansobservationdelà hauteur méridiennedu soleil, sans cartes ma-
ines, presquetoujourssans boussole.Le piloteindien se dirige de nuit d'après
étoilepolaire, et de jour d'aprèslé cours du soleil et le vent, qu'il suppose
eu variable.J'ai vu des Gualquerieset des pilotesde ta caste des Zambos,qui
avoienttrouverla polairepar l'alignementde~tet ~8de la grande Ourse et il
l'a sembléqu'ils gouvernoientmoinsd'aprèsla vue de la polaire que d'après

Onpaiecetrajettaopiastres
sil'ondépose
dubateau
entier.
CHAPITREXI. S3t
cet alignement.Onest surprisque, 8t souvent, aia prenuere vue ae terre, us
trouventMe de h Guadeloupe,Sainte-Croix'ouPorto-Rico maisla compen-
sationdeserreursde route n'est pas toujours égalementneuréasetLes bateaux
en attérantsousle vent, ont beaucoupde difnculté à remontervers l'est, contre
le ventet lescourans.Souvent, en temps de guerre,les pilotes paient cherleur
ignoranceet le manqued'usagede l'Octant, parce que les corsairescroisent près
de ces mêmescaps, queles bateauxde la Terme-Ferme,égarésdansleur route,
doiventreconno!trepour assurerleur point.
NousdescendtmesrapMement la petite rivière du Manzanares~dont des co-
cotiers marquent les sinuosités, commeles peuplierset les vieux saulesdans
nos climats.Surla plage voisineet aride, les buissons épineux qui, de jour,
n'offrent que desfeuillescouvertesde poussière, britloient, pendant la nuit, de
mille étincelleslumineuses.Le nombre des insectes phosphorescensaugmente
dans la saison des orages.On ne se lasse pas d'admirer, sous la région équi-
noxiale, l'effet de ces feux mobileset rougeâtresqui, reflétés par une eau
limpide, confondentleursimagesaveccellesde la voûteétoiléedu ciel.
Nousquittàmeslesbordsde'Cumanacomme si nous les avions long-temps
habités.C'étoitla première terre à laquelle nous avionstouché sousune zone
vers laquelletendoient mesvœux depuis ma premièrejeunesse.Il y a quelque
chosede si grandet de si puissantdans l'impressionque fait la nature sous le
climat des Indes, qu'après un séjour de quelques moison croit y avoir vécu
unelonguesuited'années.En Europe, l'habitant duNord et desplaineséprouve
une émotionpresquesemblable, lorsqu'ilquitte, même après un voyage de
peu de durée, les bords du golfe de Naples, la campagne déHcieuseentre
Tivo!i et le lac deNemi, oulessitessauvageset imposansdes Hautes-Alpeset
des Pyrénées.Cependant,partout, sous la zone tempérée, la physionomiedes
végétauxoffre deseffetspeu contrastés. Les pins et leschênesqui couronnent
les montagnesde la Suède, ont un certainair de familleavecceux qui végètent
sousle beau climatde la Grèceet de l'Italie.Entre les tropiques, au contraire,
danslesbasses régionsdes deux Indes, tout paroît neuf et merveilleuxdans la
nature. Au milieudes champs, dans 1épaisseurdes forêts, presque tous les
souvenirsde 1 Europesont eSacés carc'estla végétationqui déterminele carac-
tère du paysage;c'estelle qui agit sur notre imaginationpar sa masse, le con-
traste de ses formes, et l'éclat de ses couleurs.Plus les impressionssont fortes
et neuves, plus elles affoiblissentles impressionsantérieures.La .force leur
donnel'apparencede la durée.J'en appelleà ceuxqui, plus sensiblesaux beautés
532 LIVRE IV.

de la nature qu'aux charmesde la vie sociale, ont fait unlong séjour dans la
zone tôrride. Qu'elleleur reste thère et mémorablepourla vie, la première
y,terreoù ils ont abordeUo désir vaguede la revoirse renouvelleen eux jusque
dans l'âge le plus avancé.Cumanaet son sol poudreux se présentent encore
aujourd'huiplus souvent à mon Imagination que toutes les merveilles des
Cordillères.Sousle beau ciel du midi, !a lumièreet la magiedes couleursaé-
riennesembellissentune terre presquedénuée de végétaux. Le soleil n'éclaire
pas seulement,il coloreles objets, il les enveloppe d'une vapeur légèrequi
sansaltérer la transparencede l'air,rend les teintesplus harmonieuses,adoucit
leseffetsde lumière, et répand dansta nature le calme.qui se renète dansnotre
âme.Pourexpliquercette vive impressionquelaissel'aspectdu paysagedans les
deuxIndes, mêmesur des côtes peu boisées,il suffitde rappeler que la beauté =
du ciel .augmente,de Naplesvers l'équateur, à peu près autant que depuisla
Prôvenèejusqu'aumidi de l'Italie.
Nous passâmes,à lahaute marée la barre qu'a forméeà son embouchure .la
petite rivière du Manzanares.
La brisedu soir soulevoltmollementles vagues
dansle golfe de Cariaco.La lunen'étoit pas levée mais la partie de la voie
lactée qui s'étenddes pieds du Centaurevers la constellationdu Sagittaire,
sembloitverserunelumièreargentéesur la surfacede l'Océan. Le rocher blanc
que surmontele châteauSaint-Antoine, paroissoitde temps en temps entre
leshautescimesdes cocotiersqui bordentle rivage.Bientôtnous ne reconnûmes
lescôtesque par les lumièreséparsesdes pécheursGuaiqueries.C'estalors que
noussentîmesdoublementlecharmede ceslieuxet le regret de nousen éloigner.
Il y avoit cinq mais que nous étions débarquéssurcette plage commesur une
terre nouvellementdécouvertej étrangersà tout cequi nous environnoit,appro-
chant avec méfiancede chaquebuisson, de chaque lieu humide et ombragé.
Aujourd'huicettemêmecôte disparut à nos yeux en nous laissantdessouvenirs
qui sembloientdater de loin. Le sol, les rochers, les plantes, les habitans,
tout nous étoit devenufamilier.
Nouscinglâmesd'abordauN.N.O.en nousapprochantdela péninsuled'Araya
puis nous courûmes3o millessur l'O. et sur TO.S.O.En avançant versle bas
fond qui entourele cap Arenas, et qui se prolongejusque versles sourcesde
pétroledu Maniquarez,nousjoùimesd'un de ces spectaclesvariésque la grande
phosphorescencede la mer offre si souvent dans ces climats.Des bandes de
marsouins,se plaisoientà suivre notre embarcation.Quinze ou seize dé ces
animauxnageoientà égalesdistances.Lorsqu'en tournant sur eux-mêmes, i!s
CHAPITRE XL 533

frappoientde leur largenageoirela surfacede l'eau, ils ~pandoieatanejtueur


btiUan~eon auroit~it des Nammes qui sortoientdu fond de la mer. Chaque .· ~r_ /§ f 6.
bande, en sillonnantla surfacedes eaux laissoitderneree~e une tM~n~e~de ~A. e _U
AA
lumière.Cet aspect nousfrappoit d'autant plus, que le reste desondestt'ëtoit pf
'f~.

pointphosphorescent.Commete mouvementd'une rameet le siUagedmBateau !< li

ne produisoientdam.cette nuit que de faibles étincettesjII est naturel de croire


que la vive phosphorescencecauséeparles marsouinsétoit due non seulement
à l'impulsionde leur nageoire,maisencoreà lamatièregélatineusequi enveloppe
la surfacede leur corps, et sedétacheparle chocdes vagues.
A minuit, nous nous trouvâmesentredesîlesarideset rocheusesqui s'élèvent
commedesbastionsau milieude la mer c'est le groupedes îlots Caracaset
Chimanas La luneétoit sur l'horizon; elleéctairoitces rochersfendillés,sans
herbeset d'un aspectbizarre.La mer, entre Cumanaet le cap Codera, forme
aujourd'huiune espècede baie, un légerenfoncementdanslesterres. Les ilots
Picua, Picuita, Caracaset Borachaoffrentcommeles débrisde l'anciennecôte
qui se prolongeoitdepuisBordonesdans un&mêmedirectionde lest à louest.
Derrièrecesîlessetrouventles golfesde Mochlmaet de Santa-Fequideviendront
sans doute un jour des ports fréquentes.Le déchirementdes terres, la fracture
et l'inclinaisondes couches,tout annonceici les effetsd'une grande révolution.
C'estpeut-être lamêmequi a briséla chainede montagnesprimitives,et séparé
lesschistesmicacésd'Araya et det'ftede la Margueritedesgneissdu cap Codera.
Plusieursde cesîlessont visiblesà Cumanade laterrassedes maisons,où elles
présentent, selonla superpositionde couchesdair plus ou moins chaudes, les
effetsde suspensionet de mirageles plus extraordinaires La hauteur de ces
rochersn'excèdeprobablementpas j5o toises;mais, de nuit, éclairéspar la tune,
ils paroissentd'une élévationtrès-considérabtB.
On peut être étonné de trouverdes ~tesCaracassi loin dela ville'decenom,
vis-à-visla côtedes Cumanagotes;maisla dénominationde Caracasdésignoit,
au commencementde la conquête, non un site particulier, mais une tribu
d'Indiensvoisinsdes Teques, des Taramaynaset des Chagaragates.Le groape
dttes si montueusesque nous rangeâmesde près, nous ôtoit te-vent; et, au
leverdu soleil, de petits filetsde couransnousportoient\'ers la Boracha.C'est

ethuitîlesChimanas.
Hy atroisîlesCaracas
Voyez la note D à la fin du Livre.
ÛKM<<o &n!<M, jHM<-de ~e)te:M& Mb. ÏÏT~ Cap. ne, p. i4o. Une des petites Antilles, la Guade-
tcupe s'appeloit anciennement anse!Caracqueira. Petr. Martyr, Ocean. Dec. !tï, Lib. ÏX, p. 3o6.
53~ LIVRE IV.

la plus grande de toutesces Mes.Commèresrochers s'élèventpresqueperpendi-


culairement,le
culairement, le fond
Fondest acore;
acoreI et,
et det&~tsnn
.11 autre voyage,j'y ai vumouiller
des frégatespresqueen touchant )à ferre. La temperatnre~e l'atmosphèreavoit
augmentésensiblemeatdepuisque n~osavtons cinglé entre les glesdece petit
archipel. Leurs rochess'ëchaunent, pendant le jour, et rendent, la huit, par
rayonnement,une partie de la chaleurabsorbée.A mesure que le soleil montoit
au-dessusde l'horizon, les montagnesbriséesprojetoientleurs grandes ombres
sur la surfacede l'Océan. Les Flamants commençoientleur pêchepartout où,
dans une anse, les rochers calcairesétoient bordés par une plage étroite. Tous
cesîlotssont aujourd'huientièrementinhabités; maissur une des Caraques, on
trouvedes chèvressauvages,brunes, d'une tailletrès-élevée,rapidesà la course,
et ayant (à ce quedisoit notre pitate indien) la chair d'un goût exquis. H y a
trente ans qu'une famillede blancss'étoit établie sur cet Mot elle cultivoitdu
~naïset du manioç.Le père survécutseulà sesenfans.Commeson aisanceavoit
augmenté,il acheta deux esclavesnoirs: ce fut la causede son malheur,Il fut
tué par ses esclaves.Les chèvresdevinrent sauvages, mais non les plantes
cultivées.Le maïs en Amérique, commele froment en Europe, ne semblent
se conserverque par les soins de l'homme, auquel ils sont liés depuisMs
premièresmigrations. Nous voyons se disséminer quelquefoisces graminées
nourrissantes;mais.lorsqu'elles-sont abandonnéesà elles-mêmes, les oiseaux
empêchentleur reproductionen détruisantlesgraines.Les deuxesclavesde l'~e
de Caracaséchappèrentlong-tempsà la justice onavoit de la peine à constater
un crime commisdans un lieu si solitaire.L'un de cesnoirs est aujourd'hui le
bourreaude Cumana.Il avoit dénoncéson complice;et, d'après l'usagebarbare
de ce pays, commeon manquoitd'exécuteurpublic, on fit grâce à l'esclave,
sousla conditionqu'il se chargeroitde pendre tous les détenus, dontl'arrêt de
mort étoit prononcé depuislong-temps.On a de !a peine à croire qu'il y ait
deshommesassezférocespour.racheterleur vieà ce prix, et exécuterde leurs
mainsceux qu'ils ont dénoncésla veille.
Nous quittâmes des lieux qui laissent des souvenirssi pénibles~ et nous
mouillâmes,pour quelques heures, dans la rade de Nueva Barcelona, à l'em-
bouchuredu Rio Neveri, dont le nom indien (Cumanagote) est Enipiricuar.
La rivièreest remplie de crocodilesqui poussent quelquefoisleursexcursions
jusqu'enpleine mer, surtout par un temps decalme.Ils sont de l'espècequi est
si communedansl'Orénoque,et qui ressemblea telpoint aucrocodilede
l'Egypte,
qu'on )'a long-tempsconfonduaveclui. On conçoit qu'unanimal, dont le corps
Xt. 11 535
CHAPtTHE

est entoura d'uoo espèce de cuirasse, doit être assezindiËKrentà la saÏMMde


l'eau.B~&~j~&tta ~comme ~~ï~rappoptedaMMo;ou~ïj~
là Mijbn, ~voït va,
sor ïes côtesde Mtede Bornéo, des cfocod!~qu< habitent
égalent la terre et la mer. CesËMtsdoivent întéresserI~s geoïogues,depuis
que leof attentiona ét~ &x~esur les CM*matioM d'eau douée et sar le Méta~ge
curieuxde pétri6cat)0)M marineset &uviat!iesquel'on observequelquefoisdMts
de certainesrochestrès<rece~'tes.
Le port de Barcelone,dont le nomse trouve à peine sur nos cartes, fait un
commercetrès-actif depuisTannée ï ~5. C'est par ce port que s'écoutent, en
grandepartie, lesproduits de cesvastessteppesqui s'étendentdepuisle revers
méridionatde la chafnecôtièrejusqu'àrOrenoque, et qui abondent en bétail de
toute espèce,presque Commeles Pampasde Buenos-Ayres.~'industrie com-
merçantede ces contrées se fonde sur le besoin qu'ont les grandes et petites
Antillesde viandessalées, de bœuÏs, de mulets et de chevaux.Les côtesde la
Terre-Fermeétant opposéesà celles.de t'Hede Cuba, dans un étoignementde
t5 à ï8 joursde navigation,les négociansde la Havaneaiment mieux, surtout
en tempsde paix, tirer leurs provisionsdu port de Barcelone,que de courirles
chancesd'un long voyagedansl'autre hémisphère,à l'embouchuredu Rio de la
Plata.Sur une populationnoire de t,3oo,ooo que renfermedéjà aujourd'hui
l'archipeldesAntilles, Cubaseulea plus de 23o,oooesclaves dontla nourriture
se composede légumes,deviandessaléeset de poissondesséché.Chaquebâtiment
quifait lecommercedela viandesaléeou du tasajo de la Terre-Ferme,en charge
vingt à trentemille arobes, dont le prix de venteest de plus de 45,ooo piastres.
Barcelone,par'sa situation, est singulièrementfavorisé, pour lé commercedu
bétaiLLesanimauxn'ont que trois jours de marchedepuis lesLlanos jusqu'au
port, tandisque, â causede la chatnede montagnesdu Bergantinet de l'Impo-
sible, ils en mettent huit ou neuf jusqu'à Cumana.D'après les renseignemens
quej'ai pu me procurer,on embarquoit,pendantles années 179~)et ï8oo, à
Barcelone.8ooo, à Porto-Cabello6000, à Carupano 3ooomulets pour les îles
espagnoles,angloiseset françoises.J'ignore l'exportationprécisede Burburata,
deCoroet desembouchuresdu Guarapicheet de l'Orénoque; maisje penseque,

2~ae?.<f.~mere«t,p.tM.
Les débats des Cor<~de Cadiz smrt'aboMotMtela traite ont engagé le Consuladode la îtavaue à faire,
en i8n, des recherches exactessur la popnbtion de l'ile de Cuba on t'a trouvée de 600,000 âmes,
dont 2~4,000blancs, tt4,ooo hommeslibres de codeur, etat2,ooo nègres esclaves. L'évaluation publiée
ttansmon ouvrage sur le Mexique, Tom. U, p. étoit donc encore de beaucoup trop petite.
536 LIVRE ÏV.
malgré les causes qui ont diminuéle nombre des bestiaux dans les Llanosde
Cumana, de Barceloneet de Caracas, ces steppes immensesne fburnissolent
pourtant, à cette époque, pas moins de 3o,ooo mulets~paran au commerce
avec les Antilles.En évaluant chaquemulet à a5 piastres (prix d'achat), on
voit que cette branche de commerceseulerend près de 3,700,000francs, sans
compterle gainsur le fret des bâtimens.M.de Potis d'ailleurstrès-exactdans
sesdonnéesstatistiques,s'arrêteà des nombresmoms grands. Commeil n'a pu
visiter lui-mêmeles Llanos, et que sa place d'agent du gouvernementfrançois
l'aforcéderésiderconstammentà la villede Caracas,les propriétairesdes A~fc-y
lui'auront peut-êtrecommuniquédes évaluationstrop foibles.Je réunirai plus
bas, dans un chapitre particulier, tout ce qui a rapport au commerceet à
l'industrieagricolede ces pays.
Débarquéssur la rive droite du Neverl, nous montâmes à un petit fort,
*<?~ Morro de Barcelona, placéà 60 ou 7o toisesd~élévatioùau-dessusdu niveau
de la mer.C'est un rocher calcairenouvellementfortifié.Il est dominé,au sud,
par une montagnebeaucoupplusélevée, et les gens de fart assurent qu'il ne
seroit pas difficileà l'ennemi, après avoir débarqué entre l'embouchurede la
rivièreetle Morro, de tourner celui-cipour établir des batteriessurleshauteurs
environnantes.Nousrestâmescinq heuresdansle fortin, dont la gardeest confiée
à la miliceprovinciale.Nous attendîmesvainement des renseignemenssur les
corsairesangloisstationnésle longde la côte.Deuxde noscompagnonsde voyage,
frèresdu marquisdel Torode Caracas,venoientd'Espagne, où its avoientservi
dansles gardesduRoi. C'étoientdesofficiersd'un esprittrès-cultivé,qui retour-
noient,après une longueabsence,conjointementavecle brigadierM.de Caxigal
et le comte Tovar, dans leur pays natal. Ils devoient craindre, plus que nous,
d'être faits prisonnierset amenésà la Jamaïque.Je n'avois point de passeport
de l'amirauté;.mais, sûr de la protection que le gouvernementbritannique
accordeà ceuxqui voyagentpour le progrèsdes sciences,j'avois écrit, dèsmon
arrivée à Cumana,au gouverneurde l'île de la Trinité, pour lui exposerle but
demesrecherches.La réponse que je reçus par la voiedu golfede Paria, fut
entièrementsatisfaisante.
La vuedont on jouit au haut du Morro estassezbelle.On a file rocheusede
!a Borachaà l'est, le promontoired'Unare, qui esttrès-élève, à l'ouest, et à ses
pieds l'embouchuredu Rio Neveriet les plagesarides, sur lesquellesles cro-

~cya~a Th'n'-F~nM~
Tom.!I,p.386t
CHAPITRE XI. 53~
codilesviennentdormirausoleil.Malgrél'extrêmechaleurdeFaif(le thermomètre
exposéau refletdela roche calcaireManchemontoit à 38°), nous parcourûmes
la colline.Un heureuxhasardnousfit observerun phénomènegéologiquetrès-
curieux, mais quenous avonsretrouvédepuis dans lesCordillèresdu Mexique*.
Le calcairede Barcelonea la cassurematte, égaleou conchoïde, à cavitéstrès-
aplaties.Il est~ivisé en couchesassezminces,et offre moinsd'analogieavec le
calcairede Cumanacoaqu'aveccelui de Caripe, qui renferme la caverne du
Guacbaro.H est traversépar des bancs de jaspe ~cA/~cu~r~,noir, à cassure
conchoîde,se brisant en fragmensde forme parallélipipède.Ce fossilen'offre
pas de cespetits fUetsdequarz si communsdansla pierrelydienne.Hsedécom-
poseà sasurfaceen une croûte gris-jaunâtre,et n'agit point sur l'aimant.Ses
bords, un peu translucides,le rapprochentdes Ao/TM~K(pierre de corne),
qui sontsi communsdans lescalcairessecondaires3.Il est remarquablede trouver
ici le jaspe schisteuxqui, en Europe, caractériselesrochesde transition dans
un calcairequi a beaucoup d'analogieavec celui du Jura. Dans l'étude des
formations,qui estle grandbut de la géognosie,lesconnoissancesacquisesdans
lesdeux mondesdoiventse suppléer mutuellement.Il paroit que ces couches
noiresse répètentdansles montagnescalcairesde l'îleBoracha5.Un autre jaspe,
celui qui estconnu sousle nom de c<MNoM<2~v/?fe', a été trouvé par M. Bon-
pland près du village indien de Curacatiche
6, quinze lieuesau sud du Morro
de Barcelona,lorsque, de retour de l'Orénoque,nous traversâmesles Llanos,
et que nous nous approchâmesdes montagnescôtières.Il offroit desdessins
concentriqueset rubannés jaunâtres, sur unfond rouge-brun.Il m'aparu que
les morceauxarrondis de jaspe égyptien appartenoient aussi au calcairede
Barcelone.Cependant,d'après M. Cordier, les beaux caillouxde Suezsont dus
à une formationde brèche ou d'aglomératsiliceux.
Au momentoù nous mîmesà la voile, le 19novembre, à midi, je pris des
hauteurs de la lune pour déterminer la longitude du Morro.La différencedu

s
JSM<!t~O/t~MeM<r&t.2VMtMRf'-E~)ft~M,T.tI,p.535.
JftMt~cAte/erdeWcrmer.
EmSuisse, h pierre de corne (hornstein) faisant passagean jaspe commun, se rencontre par rognons
et par couchesdans le calcairè alpin et le calcaire du Jura, surtout dans le premier.
4 Les schisteset les calcairesde transition.
5 Nousen avons
Tu, comme lest, dans un bateau pêcheur, à Punta Araya. On en auroit pris les fragmens
pour du basalte.
Ou Curacaguitiche.
n_· 1. _°_- m F
Relation AM<or/~M~
Tow. 68
538 HVRE !y.
méridienentre Cumanaet ta ville de Barcelone, où je fis un grand nombre
d'observationsastronomiquesen ï8do~ est de d°34'4~. J'at discuté ailleurs
cette dinérence, sur laquelle il y avoit beaucoup de douteà cette époque';
je trouvail'Inclinaison de l'aiguilleaimantéede 4a<ao: l'intensité des -forces
étoit expriméepar 224oscillations.
se
Depuisle Morrode Barcelonejusqu'aucapCodera, les terres s~baiMenten
retirant versle sud elles portent leurssondes au large jusqu'à trbts mutesde
distance. Au-delàde cette ligne, il y a fondde 45 à 5obrasses. Latempérature
de la mer étoit, à'sa surface,de s5",g; mais lorsquenous passâmespar le canal
étroit qui sépareles deuxMesPiritù, surun fonddetrois brasses,le thermomètre
ne marquaplus que a4",5. La différenceétoit constante; elle seroit peut-être
plus grandesi le courant qui porte avec rapidité vers l'ouest, soulevoitdes
eauxplus profondes, et si, dans une passede si peu de largeur, les terres ne
contribuoientpas à éleverla température de la mer. Les îlesPiritu ressemblent
à ces hauts fonds qui deviennentvisibles à la marée descendante.Elles ne
s'élèventque de 8 à 9 poucesau-dessusdes eaux moyennes.Leur surface-est
~toute unie et couvertede graminées.On croit voir une de nos prairiesdu nord.
Le disque du soleilcouchantparoissoitcommeun globe de feususpendusur!a
savane.Sesderniersrayons,en rasantla terre, éclairoientles pointesde Fherbe,
fortementagitéespar la brise du soir. Lorsque, dans leslieux bas et humides
dela zoneéquinoxiale,les graminéeset tes joncacéesoffrentl'aspectd'une prairie
oud'un gazon, il manquepresquetoujours à ce tableau un ornementprincipal,
je veuxdirecette variété de fleurs agrestesqui, s'élevantà peine au-dessusdes
graminées, se détachent sur un fond uni de verdure.~Entre les tropiques, la
force et lé luxe de la végétation donnent un tel développement aux plantes,
que les herbes les
dicotylédones plus petites deviennent desarbustes.On diroit
que les liliacées,mêléesaux graminées,remplacent les Heutsde nos prairies.
Ellesimposent,sansdoute, par leurforme; ellesbrillent par la variétéet l'éclat
de leurs couleurs; mais, trop élevéesau-dessus du sol, elles troublent ces

< ~<yez l'/n<ft)<&M-<ton


&me:0& <M<nm., T. 1,p. xxxtx.M.Etpinosas'arrÈte à3W.
aM~ourd'hu!
Lespilotes surces<~te<
quinavigment comptentdeCntnana àBatcetoneta Kernee anxMes
deBarcelone
Ptritft6t.; decesMes aucapUnare6 t., dncapUnareaucapCodera t8 1.LechMnom&tre deBer-
thoudm'adonnéla pointeoccidentale delaplusgrande desîlesPintu,de t4'3a";le capCodera,
det°24'4"àl'ouest duméridien
deNuevaBarcelona.
Cerésuttatappartientproprementant.°*ao&t )8ooetataTiUedeIîaevaBarcetoma(!at. ~o°6'5a"),o~~
j'ai pu faire l'observation avec plus de soin.
CHAPÏTBE Xt. 53j)
rapports harmonieuxqui existententre les végétauxdont se composent notre
gazonet nos prairies~La nature bienfaisantea donnéau paysage, sous chaque
zone, un type de beauté qui lui est propre.
On ne.doit pasêtre surpris quedes ~tesfertiles, si rapprochéesde ia Terre-
Ferme, ne soient pas habitéesaujourd'hui.Cen'est qu'à la premièreépoquede
la découverte,lorsque les Indiens Caribes, Chaymaset Cumanagotesétoient
encoremaîtresdes cotes, que les Espagnolsfirent des étàblissemensàCubagua
et à la Marguerite.Dès que les indigènesfurent soumisou repoussésau sud vers
les savanes,on préférase fixersur le continent, où l'on eut le choixdesterres et
celuides tndiens,qu'onpouvoit traitercommedes bêtesde somme.Siles petites
nés Tortuga, BtanquiUaet Orchilla étoient placéesau milieu du groupe des
Antdtes, ellesne seroient pas restéessanstrace de culture.
Desbâtimensqui tirent beaucoupd'eau, passent entre la Terre-Fermeet la
plus méridionaledes fiesPiritù.Commeellessont très-basses,leur pointe nord
est redoutéepar les pilotesqui attérissentdansces parages.Lorsque nous nous
trouvâmesà l'ouestdu Morro de Barce!onaet de l'embouchuredu Rio Unare,
la mer, qui jusque-làavoit été beHe, devint d'autant plus agitée et houleuse
que nousnousapprochionsdu capCodera.L'influencede ce grand promontoire
sefait sentirde loin dans cette partie de la mer desAntilles.C'est de la facilité
plus ou moins grande avec laquelle on parvient à doublerle Cabo Codera,
que dépendla durée dutrajet de Cumana à la Guayra. Au-delà de ce cap, la
mer est constammentsi grosse,qu'on ne croit plus être près d'une côte où
( depuisla pointe de Paria jusqu'aucap Saint-Roman) on n'éprouvejamais un
coup de vent. L'impulsion des vagues se faisoit vivementsentir dans notre
bateau. Mes compagnonsde voyage souffroientbeaucoup je dormis tranquil-
lement,ayant le bonheurassezrare de ne pas être sujetau malde mer.Il ventoit
fraispendantla nuit. Le 20 novembre,au leverdu soleil, nous noustrouvâmes
assezavancéspour pouvoirespérerde doublerle cap en quelquesheures. Nous
comptionsarriverlemêmejour àla Guayra, maisnotre pilote indiencraignoitde
nouveaules corsairesstationnésprès de ce port. Il lui parut prudent de chercher
ta terre, de mouillerdans le petit port de l'Hignerote, que nous avions déjà
dépassé, et d'attendrela nuit pour continuerla traversée. Lorsqu'onoffreà des
personnesqui souSrentdu mal de mer le moyende débarquer, on est sûr de la
résolutionqu'elles vont prendre. Les remontrancesétoient inutites, il fallut
céder; et, le 20 novembre, à neuf heuresdu matin, nous étions déjà en rade
dansla baie de l'Higuerote,à l'ouestde l'embouchuredu Rio
Capaya.
5~0 HVRE ÏV.
Nousn'y trouvâmesni villageni ferme, mais deux outrois cabaneshabitues
par de pauvrespêcheursmétis.Leur teintlivide et l'extrêmemaigrea~desenfans
nous rappelorcntque cet endroitest an des plus malsainset des plus fiévreux
de toute la côte.La mer a si peu de fond dans ces paragesque, dansla plus
petite barque,on ne peut descendreà terre sansmarcher dans l'eau. Lesforêts
avancentjusqueversla plage,qui estcouvérted'un bocageépais de Paletuviers,
de Mancenillierset de cette nouvelleespèce de Suriana que les
d7Avice'nn.ia,
indigènesappellent .Rwncrode la Htor'. C'est à ce bocage, surtout aux exha-
laisonsdes palétuviersou mangliers,qu'ici, comme partout ailleurs dans les
deux Indes, on attribue l'extrêmeinsalubritéde l'air. En débarquant, lorsque
nous ne fumeséloignesque de ï5 à 20 toises, nous sentîmesune odeur fade et
douceâtre,qui merappeloitcelleque répanddansles galeriesdesminesdélaissées,
là où leslumièrescommencentà s'éteindre, le boisagecouvertde Byssusflocon-
neux.'La températurede l'air s'élevoità 34* à causede la réverbération des
sablesblancs qui formoientunelisièreentre lés manglierset les arbresde haute
futaie de la foret. Commele fond s'abaissepar une pente doucettes petites
maréessufËsentpour couvrir et mettre à sec alternativementles racineset en
partie le tronc des mangliers.C'est san&doute pendant que le soleiléchauffele
bois humide, et fait fermenter,pourainsi dire, le terrain fangeux, le détritus
des feuiiïesmorteset lesmollusquesenveloppésdansdesdébrisde varecflottanti
que seforment ces gaz délétèresqui échappent à nos recherches.Sur toute la
côte, nous v~mesl'eau de la mer, là où elleest-en contact avec les mangliers,
prendre une couleurd'un brun jaunâtre.
Frappé de ce phénomène,j'ai recueillià l'Higue~oteune quantité considé-
rable de branches~etderacinespour tenter, dèsmon arrivéeà Caracas,quelques
expériencessur l'infusiondu bois de manglier.Cette infusion, faite à chaud,
avoitune couleurbruneet un goûtastringent.Elle offroitun mélanged'extractif
et de tannin. Le Rhizophora, le Guy, le Cornouiller,toutes les plantes qui
appartiennentaux famillesnaturellesdes Loranthéeset des Capnfbliacées, ont
ces mêmespropriétés. L'infusionde manglier,mise en contact pendant douze
jourssousune clocheavecde l'air atmosphérique,n'en altéra pas sensiblement
la pureté. Il se fbrmoit un petit dépôt floconneuxnoirâtre, mais il n'y avoit
pas d'absorptiond'oxigènesensible.Le bois et les racinesde manglier,placés
sous l'eau, furent exposés aux rayons du soleil.Je voulois imiter ce que la
nature opèrejournellementsur lescôtesà la maréemontante.Il se dégageades
Suriana
maritima..
CHAPITRE Xt. 54*

bullesd'aic formèrent pendant dix jours an voïume ae~~ ,:pouc.é~ c~bes.


C'étoit aa ~rnélang~d'azotaet d'acide carbonique.Le ..gaz..iMt~e~'Mïq~t~
peine là présencede Poxigène Ennnj, dans um~Mn boM<~A~
69agir dubois etdes racines de maaglierfortementhumectéssur del'aicatmpN~
phériqued'un volumedéteHniné.Toutl'oxigène disparut; et, ïoia dese trouver
remplacépar det'acidecarboniqne,l'eaudechaux n'indiquade cetui-ciquep,oa.
n y eut mêmeunediminutionde volume plus considérableque celle quicorres-
pondoit à l'oxigèneabsorbé.Ce travail à peine ébaucheme portoit à croire que
cesontl'écorce et le-boishumidesqui agissentsur l'atmosphèredans les forets
de mangliers,et non la couched'eau de mer fortementcoloréeen jaune, qui
formoit une zoneparticulière le long des côtes.En suivantlesdtOerensdegrés
de décompositionde la matière ligneuse,je n'ai pas observéde trace de ce
dégagementd'hydrogènesulfuré, auquel plusieursvoyageursattribuent rôdeur
que l'on sentau milieu des mangliers.La décompositiondes sulfatesterreux et
alcalins,et leur passageà l'étatde sulfure, favorisentsans doute ce dégagement
dans plusieursplanteslittoraleset marines, par exemple,dans les fucus; mais
j'incline plutôt à croire que le Rhizophora, l'Avicenniaet le Conoearpus
augmententl'insalubritéde rair par la matièreanimalequ'ilsrenfermentconjoin-
tementavecle tannin.Ces arbrisseauxappartiennentà trois famillesnaturelles,
les Loranthées,les Combretacées2 et les Pyrenacées,dans lesquellesabonde le
principeastringent,et j'ai déjà fait observerplus haut que ce.principeaccom-
pagnela gélatine,mêmedans nosécorcesde hêtre, d'aune et de noyers3.
D'ailleurs, un bocageépais, couvrantdes terrains vaseux, répandroit des
exhalaisonsnuisiblesdans l'atmosphère,fut-il composéd'arbresqui~par eux-
mêmes, n'ont aucune propriété délétère.Partout où les mangliersse fixentsur
le bord de la mer, la plage se peuple d'une inanité de mollusqueset d'insectes.
Ces animauxaiment l'ombreet le demi-jour;ils trouvent de l'abri contre le
chocdesvaguesentrecet échafaudagederacinesépaissesetentrelacéesquis'élèvent
commeun treillisau-dessusde la surfacedes eaux.Les coquilless'attachentà ce
treillis, les crabessenichentdansle creuxdestroncs, les varecsque lesventset
la marée poussentvers les côtes, restent suspendusaux branches repliéesqui
se dirigentvers la terre. C'est ainsi que lesforêtsmaritimes-,en accumulantun

En tboparties,
84d'azote,
i5d'acide quePeaun'avoit
carbonique pas-absorbées,
t d'oxigene.
Rob. Brown,Flor.?< ~fo~jPro<~Tom.I,p.35t.
Vauquetm,~nn. du 7tf<M.Tom. XV, p. 77
5~3 LIVREtV<
1. _1 lu- la
limonvaseuxentre leursracines,agrandissentte domamedes conunens;mais a
mesurequ'ellesgagnentsur la mer,elles n'augmententpresque pas en largeur.
Leursprogrèsmêmedeviencentta causede leur destruction.Les maogtiemet
lesautresvégétauxavec lesquelsils vivent constammenten société*, pénstentà
mesureque le terrainse dessèche,et qu'ils ne sont plus baignés par l'eau aaMe.
Lenrs vieux troncs, couvertsde coquillageset à moitiéensevelisdanstes saMes,
marquent,aprèsdessiècles,et la route qu'Usent suiviedans leurs migrations, et
la limite du terrain qu'ils ont conquissur lOcéan.
La baie de l'Higuerote est très-favorablementsituée pour examiner le cap
Codera, qui s'y présente dans toute sa largeur, à sept milles de distance.Ce
promontoireest plusimposant par sa masseque par son élévation,qui, daprès
des anglesde hauteur' pris sar !aplage, ne m'a paru que de aop toises.Il est
taitté à pic au nord, a t'est et à l'ouest.On croit reconno~tredans cesgmnds
profilsl'inclinaisondescouches.A en juger d'aprèsles fragmensde roches que
l'on trouve le long de la côte, et d'aprèslescollinesvoisinesde l'HIguerote,te
cap Coderaest composé,non de graniteà texture grenue, mais d'un véritable
gneissà texture feuilletée.Les feuilletssont très-larges,et quelquefoissinueux3;
ils renfermentde grands noeudsde feldspath rougeâtreet peu de quarz. Le
mica se trouve en paillettes superposées,et non isolé. Les couchesles plus
voisinesde la baie étoient dirigées N.6o"E.et inclinéesde 800 au nord-ouest.
Ces rapports de direction et d'inclinaisonsont lesmêmesà la grande montagne
de la Silla,près de Caracas,et à l'est de Maniquarezdans l'isthmed'Araya ils
semblentprouverque la chameprimitivede cet isthme, après avoirété déchirée
ou engloutiepar la mer, sur une longueurde 35 lieues4, reparoît de nouveau
dansle capCoderaet continuevers l'ouest commeune chame côtière.
On m'a assuréque, dans l'intérieur des terres, au sud de l'Higuerote, on
trouve des formationscalcaires.Quant au gneiss, il n'agissoitpas sur la bous-
sete; cependant,le longde la côtequi forme uneansevers le cap Codera,et qui
est couverted'unebelle forêt, j'ai vu du sablemagnétiquemêlé à
des'paillettes
de mica qui sont déposéespar la mer.Ce phénomènese
répète près du port de
Voicilesnom! de cesvégétaux sur le continent et aux Antilles Ayicenntanitida, A.
guyancensis R!ch.
Conocarpusracemosa, Rhizophora Mangte, Cocoltoba uvigera, Bippomane Mancinella, Echites biflora,
le
Suriana, StrumpEa, palmier Pinau, etc.
L'angle apparent est de i*'a5' ao".
7)t~t~r<~r Gneiss.
4 Entre les méridiensde
Maniqnarez et de l'Higuerote.
CNAPÏTREXt. 543
la Guayra: il annonce peut-êtrel'existencede quelque couchedescb~~ampht-
boliquerouverte par les eaux, et dans laquellete sabte est dissénua~VeMte
Nord, te ~àp Codera forme un immensesegmentspMriqtM.~Asottpied se
prolongeun terrain très-bas,que les navigateurs.connOtssentsousles nom de
Pointesdu Tntumoet de San Francisco.
Mescompagnons de voyageredoutoientsi fort te roulisde notre petite embar-
cation,dansunemer grosseet houleuse ~<pï'i!s résoturent deprendre la route
de terre qui conduitde l'Higueroteà Caracas elle passepar un pays sauvage
et humide,par la Montanade Capayaau no~dde Gaucagua,la vauéedu Rio
Guatire et Guarcnas.Je vis avecsatisfactionque M. Bonplandpréféroit cette
mêmeroute qui, malgréles pluiescontinuelleset les débordemensdes rivières,
lui a procuré une riche collectionde plantes nouvelles Quant à moi, je
continuai seul, avecle pilote Guaiquerie, le trajet par'mer; il me. paroissoit
hasardeuxde quitter les instrumensqui devoientnous servir sur les bords de
1 Orénoque.
Nousmimesà la voile à l'entréede la nuit. Lèvent etoit peu favorable, et
nous eûmesbeaucoupde peine àdoublerle capCodera, leslamesétoientcourtes,
et brisoientsouventles unessur les autres; il falloitavoirsenti la fatigued'une
journée excessivementchaude, pour dormirdans un petit bateau qui cingloit
au plusprès du vent.La mer étoit d'autant plusélevée,que le ventfut contraire
au courantjusqu'aprèsminuit.Le mouvementgénéralvers l'ouest, qu'éprouvent
les eaux entre les tropiques, ne se fait bien vivementsentirsur cescôtes
que
pendant lesdeux tiersde l'année.Danslesmoisde septembre,d~pctobreet de
novembre,it arriveassezsouventque lecourantporte vers~est'* pédant qui~~
ou vingt jours consécutifs.On a vu des navires faMantroute de la Guayra
à Porto-Cabetto,ne pas pouvoir remontercontre le courant qui se dirigeoit
de l'ouestà l'est, quoiqu'ilseussentle vent en poupe. On n'a pu découvrir
jusqu'icila causede ces anomalies les pilotes pensentqu'ellessont l'eSet de
quelquescoupsde ventdu nord-ouestdansle golfe~duMexique cependant ces
coups de vent sont bien plus forts vers le printemps3 qu'en automne.Il est
remarquableaussique le courant vers l'est précèdele changementde la brise;

Banhmia
ferrnginet,
Bt~wnea racemosa
Bred.,ïngabymemeiMia, queM.WiM-
Ingacunepensis
denow
a nomméparerreurI.car~MM,etc.
<!ntta.
Con-Mn~e~or
'VcM'E~M~<M~TomI,p.~o.
5~ LIVRE IV.

il commenced'abord à se fairesentir par un tempsde calme et, ~presquelques


jours, le vent m~mesuit te courantet se nxe à l'ouest.Pendant la durée de ces
phénomènes,~jeu despetitesmaréesbardmétfiquesn'estaucunemeatinterrfmpa.
Le 21 novembre,au lever du soleil, nous nous trouvâmesà l'ouest ducap
Codera, vis-à-visle Curuao. Le.pilote indien étoit effrayéd'apercevoir une
frégateangloiseversle Nord, à un millede distance.Elle nous prit sansdoute
pour un de cesbateauxqui font le commercede contrebandeavecles Antilles,
et qui( cartouts'organiseavecle temps) étoientmunisde licences signéespar
le gouverneurde la Trinité. Ellejoe nous fit pas mêmehéler par le canot qui r
sembloits'approcherdenous. Depuisrle capCodera~lacôte est rocheuseet très-
élevée;el)e offredessites à la fois sauvageset pittoresques.Nous étions assez
près de terre pour distinguerdescabanes éparses,entouréesde cocotiers,et des
massesde végétationsqui se détachoientsur le fond brun des rochers.Partout
les montagnessont tailléesà pic, à trois ou quatre mille pieds de hauteur: leur
flanc projetoitdes ombreslarges et fermessur le terrain humide qui s'étend
jusqu'àla mer, et qui brilled'une fraîcheverdare. CeUttoralproduit en grande
partielesfruitsde la régionchaude,que l'on voit en si grande abondancedans
lesmarchésde Caracas.Entre Camburiet Niguatar,deschampscultivés,encannes
à sucreet en maïsse prolongentdans des vallonsétroits qui ressemblentà des
crevassesou à dèsfentesde rochers.Les rayons du soleil peu élevésur l'horizon
pénétroientdansceslieux, et oSroientles oppositionsles plus piquantesd'ombre
et de lumière.
La montagnede Niguataret la Sillade Caracassont les cimesles plus élevées
de cette chamecôtière.La secondeatteint presquela hauteur du Canigou on
croit voir les Pyrénées ou les Alpesdépourvuesde leurs neiges, s'éleverdu
sein des eaux, tant la massedes montagnessemble s'agrandir lorsqu'on les
aperçoitpour la,premièrefoisdu côté de la mer.Près de Caravalleda,le terrain
cultivés'élargit;on y trouvedes collinesà pentesdouces,et la végétations'élève
à une grandehauteur.On y~cultivebeaucoupde cannes à sucre, et les moines
de laMerciy ont une plantationet 200esclaves.Cet endroit étoit jadis extréme-
.mentfiévreux,et l'on assureque la salubritéde l'air a augmentédepuis qu'on
a fait croîtredes arbres autour d'une lagune dont on craignoitles émanations,
et qui estaujourd'huimoinsexposéeà l'ardeurdusoleil.Al'ouestde Caravalleda,
unmur derochersaridesavancede nouveauversla mer; maisil a peu d'étendue.
Aprèsl'avoirtourné, nousdécouvrîmesà la foisle joli site~davillagede Macutp,
les rochersnoirs de la Guayra hérissésde batteriesqui sesuccèdentpar étages,
Xi.
CBAPÏTttE 5~S
et dansnnïointaia~vaporeux,an tong promontoirea c!<Bt~côniqaeset d'une
Manehéaréëtatante, ïé ~&ojS~BMeo~ Des cocotiersbordent Ïeftvage, et lui
donnent,sons cedetbrn!ant,nneapparencede fertilité.
Débarquéan portdêï&Gnayra.~è~s,dans la soiréemême, les apprêts ponr
transportermesinstrumens&Carateas.Les personnespour tesquettesj'avbis des
recommandations meconseitloient de cdneher,non dans la ville ou la Sevré
jaune n'avoit cesséde régner qne depuispeu de semaines,mais au-dessus du
de
village Maiquetia, dans une maisonplacée sur une petite hauteur, et plus
exposée auxvents frais-que Guayra.J'arrivaià Caracaste 2novembre au soir,
la
quatrejours avantmes compagnonsde voyage,qui, dans laroute de terre, entre
Capaya Curièpe,avoientbeaucoupsouffertpar les aversesetles inondations
et
destorrens.Pour ne pas revenirplusieursfois surlesmêmesobjets, je vaisréunir
à la descriptionde la Guayra et de la route extraordinairequi conduit de ce
port à laviiïe de Caracas,tout ce que nousavonsobservé, M. Bonplandet moi,
dans une excursionfaite au Cabo B!ancoversia findu moisde janvier t8oo.
CommeM. Dépens a visité ces lieux après moi, et que son ouvrageinstructif
a précédé!e mien, je m'abstiendraide décrireen détaildes objetsqu'il a traités
avecune précisionsuffisante 2.
La Guayra est plutôt une rade qu'un port; la mer y est constammentagitée,
et lesnavires souffrentà la fois par l'action du vent, les lits des marées, le
mauvaisancrageet les tarets3. Les chargemensse font avec difficulté, et la
hauteur deslamesempêchequ'on ne puisse embarquerici des muletscomme à
NuevaBarcelonaet à Porto-Cabello.Lesnègreset lesmulâtreslibtes qui portent
le cacaoà bord des batimens, sont une classed'hommesd'une force musculaire
très-remarquaMe.!ts traversent l'eau à mi-corps, et ce qui est bien digne
d'attention ils n'ont rien à redouterdes requins, qui sont si fréquensdans ce
port. Ce fait semblese lierà ce que j'ai souvent observéentre les tropiques,
relativementà d'antres classesd'animauxqui vivent par bandes, par exempte

Dn23au27janvier,
Je d«Mrappeler. ici que les meMrM de hauteur et les résultats d'observations magnétiques publiés
par M. Depons (Ttm. Hî, p. 66, tg~ ), se fondent sur mes calculs approximatifsfaits sur les lieux, et
dont j'avois donné des copies à plusieurs personnes qui s'intéressoient à ce genre de recherches. C'est aux
errenrs de ces copiesqu'il fautattribuer sans douteles indications de M~roTn~M de Detnc, les inclinaisons
de l'aiguille aimantée confonduesavec t'tBe/MMMon <&t~)<!&à Caracas, les osciUatiomsd'un pendule dont la
longueur n'est pas déterminée, et qui ne sont pas comparéesaux oscittations comptées dans un autre
lieu pendant le même espace de temps, etc.
~~&n)nM.Teredona~atis,tf,
Relation ÂMtO~Me~
ZbM.7. 6()
5~)6 HVREÏV.
les singeset lescrocodiles,Danslea missionsd~l'O~aoque~et de ~arivière des
Amazones,les Indiens qui prennent des singes powrteevendMt savent très-
bien qu'ils parviennentà apprivoiser&cilementceux qui habitent<te certaines
fies, tandis que les singes de ta Mêmeespèce,pris sur le continentv<M<in,
meurent de rage ou defrayeurdes qu'Usée voient au pouvoir dei'homme.
Lescrocodilesd'une maredes Llanos sont lâches, et Ment m4medans t~au,
tandis que ceux d'une autre mare attaquent avec une Intrépidité extrême. H
serottdUneiled'expliquer, par l'aspect des localités,cette différencede mœurs
et d'habitudes.Les requins duport de la Guayra semblentoffrir,un exempte
analogue.Ils sont dangereuxet avides de sang aux Mesopposéesà la cote de
Caracas, aux Roques,àBonayre et a Curaçao,tandisqu'ils n'attaquent pas les
personnesqui nagentdans les ports de la Guayra et deSainte-Marthe.Lepeuple
qui, poursimplifierl'explicationdes phénomènesphysiques,a toujours recours
au merveilleux,assureque, dans l'un et l'autre endroit, un éveqne adonné la
bénédictionaux requins.
La situation de la Guayra est très-extraordinaire on ne peut la comparer
qu'à celle.deSainte-Croixde TénériSe.La chamede montagnesqui sépare le
port de la haute valléede Caracas,plongepresqueimmédiatementdansla mer,
et les maisonsde la ville se trouvent adosséesà un mur de rochersescarpés.H
reste à peine, entre ce mur et la mer, un terrain uni de too à t~o toisesde
largeur.Lavillea sixà huit millehabitans etne renfermeque deuxrues, dirigées
parallèlementde l'està l'ouest.Elleest dominéepar la batterie du Cerro colo-
ro<&~etj~s fortifications,le long de la mer, sont bien disposéeset bien
entretenues.L'aspectde cet endroit a quelque.chose de solitaireet de lugubre;
on croitse trouver, non sur un continentcouvert de vastes forêts, maisdans
uneMerocheuse,dépourvuede terreauet de végétation.A l'exceptiondu cap
Blancet des cocotiersde Maiquetia on n'a d'autre paysageque l'horizonde la
mer et la voûteazuréedu ciel. La chaleurest étonnante de jour, et le plus
souventaussi pendant la nuit. On regarde avecraison le climat de la Guayra
commeplus ardentque le climatde Cumana,de Porto-Cabelloet de Coro, parce
< que la brise de mer~'y fait moins sentir, et que les rocherstaillésà pic em-
brasent l'air par le caloriquerayonnant qu'ils émettent depuis le coucherdu
soleil.On jugeroit mal cependantde la constitution atmosphériquede ce lieu
et detout le littoral voisin, si l'on necomparoitque les
températuresindiquées
par les degrésdu thermomètre.Un air stagnant, engouffrédans une gorge de
montagnes,encontactavecun massifde rochers arides, agit autrement sur nos
Ctt~MMXt. S4?
organes,qtt'w ai~alemeat chatte dansâne campagne ouverte. Je suie loin de
de'là
chercheF~a oaoM physique de ~$4i~~nèsâdawl~
char~ ~I~triquede i'M~ je dob ajo~ qu'lÍu¡leb;.a. de
'l!efjt: lx
Guayra~du côté de MetcaM)to4a dë$ n~isoas~ et, a plos de cent te~ses de
dMtttBce des rocher de gae!~ ~aî~tt~peme obtenir, pendantplusieurs joue~ î
quelquetMMe<signesd'élec~Mt~e~tot~ m~rrieshèurmsde;1'a~pis~
midi, à Cumaaa~et avec le meMe~lectromètrcde ~oita, armé d'une mèche
fumante, pavois observéun étiârtementdes boules de jsureaude i à a lignes.
J'exposeraiplus bas leavariatioasrégulièresqu'éprouve chaquejour la tension
électriquede l'air dausta ~)Mëtorrtde, et qui indiquent an rapport frappant
entre lesvanriatitMM de Miaperâtareet la hauteurda<oleii.
L'examendes observationstnermOBtétriqaes faites pendant neuf mois, à la
Guayra patr nN médecin diM~nguë nt~ misen état de comparerle climat de
ce port à ceux de CcBtaaa.de ta Havaneet de la VeM-Cruz.Cette compa-
raisonestd'autant plus Intéressante,qu'elleest un sujet iatarissafMe de conver-
sationsdans tes colonies espagnotese< parmi les marins qui fréquentent ces
parages.Commerienn'est plus trompeur/dans cette matière, que te témoignage
des sens, cm ne peut juger de ? diSMrencedes cthnat&que par des rapports
numériques.
Les quatre endroits que nous venons de nommer sont regardéscommeles
plus chauds qu'offrele littoral du Nouveau-Monde leur comparaisonpeut
servir à confirmerce que nous avonsrappelé plusieursfois, que généralement
c'estla duréed unehaute température,etnoMl'excèsde la chaleurou sa quantité
1
absolue,qui fontsoufFrirles habitansdela zone torrtde.
La moyenne des observationsde midi, depuis 2~ juin jusqu'au ï6 no-
le
vembre, a été, à la Gua~ra, 3i'6 da thermomètre centigrade; à Cumana,
s9°,3; à Vera-Cruz,a8",7 a la Havane, 2<)°,5.Lesdifférencesdes jours ont à
peine excédé,à la même heure, 0*~8à ~,4. Pendant tout ce temps il n'a plu
que quatre fois, et seulement à 8 minutes c'est l'époque où règnela fièvre

Don ïoteHerrera, dela MoHMS


correspondant de médecine LeaobBerratmM
A'Edimhturg. (dm
a mai~9 au 17janviert<oo)<to!itnt faitest'ombre,loindureBetdesmurs,avecmathermo-
auxmieM),
mètrequej'aicomparé etp<trlesnmeM auxthenmah&tresdePobaervato:re
deParis.
On pourroit ajouterà cepetitMmbre Coro~ CarthagènedesIndes,ùmoa,Camp<che,Gntyaqml
et Acapulco.
MescomparatM'M Mibademt, pourCnm'ma, ~trmespropre*
oh!termt!oM
etcellesde
donFatBtm RoMopourlaVera-CrM eth Havane, sttrlesobservations
dedonBernardodeOrtaetde
dontoaeqmn Behfef.
6~8 tïVREÏV.
1
amc
jaune, qui disparoitordinairementà la Guayra commea vem'~ruz' et
de Saint-Vincent,lorsquela température des jours baisse a~dessous de z3 ou
2~ degrés.La températuremoyennedu moisle plus chauda ëtë~ a la Guayra~
à peu près de 29,~3;à Cumana, de 29°~ ;a Vera-CruZ,de a7'anGaire, y
à
d'aprèsNouet, de 20",9 Rome, a3~o. de Du 16 novembre a u ïo décembre,
la températuremoyennen'a été, à la Guayra,à midi que de a4~3 la nuit,
de 2t°,6. C'est l'époqueà laquelle on soùffrele moins de la chaleur.Je pense
du
cependantqu'on ne voit pas descendrele thermomètre(peu avant le lever
à à Vera-
soleil) au-dessousde 2~, il baissequelquefois à Camana, at°,at,
et
Cruz, à !6°;à la Havane (toujours lorsque le vend du nord soude)~ à 8"
mêmeau-dessous.La températuremoyenne du mois le plus froid* est, dans
cesquatreendroits, de 33~9, 36°,8, 2~,1, ai~o. Au Caire, elle estde ï5",4'·
La moyenne de fan/ entière est, d'après de bonnes observationscalculées
avecsoin, à la Guayra, à peuprèsde a8",t à Cumana.,27°,-7 à Yera-Cruz,
35*4; à la Havane-,25°,6; à Rio Janeiro, 23~5; à Sainte-Croixde TénériSe,
situéepar les 28",28~de latitude, mais adossée,commet Guayra, a un mur
de rochers,21",9; au Caire, 22" à Rome,15°,8.
Il résulte de l'ensemblede ces observations que la Guayra est un des

~VoMf.
Espagne,Tom.!ï,p.~65.
La moyennedumois
lepluscbaud4Parisestdetg* ao°,parconséquent
3à4 degrés
demoins
que
latempérature dumois
moyenne leplusfroidlaGuayra.
Voici les variations horaires du baromètre exprimées en lignes du pied de Paris. jointes aux
observationsdu thermomètre centigrade et de l'hygromètre baleine de De!no, comme je les ai observées
du 23 au a5 janvier ~n port de Guayra.
J<mM.Heurm ~ron). Ttwm. Hy~~m.
23 janvier ii s. a3°,5 ~t°,o étoiM,beau.
33~,9 (
4m. 33o,7 a3°,t 5a°,4
a4 y~m. 33y,5 a3°,a 4a',3
9 337,7 a4",3 4a'5
10 33~,6 a5'\6 4a°,3
ta 33y,t 26°,2 45°,a ciel vaporeux.
2`-, 336,4 a6°,4 45°,8
` 4~¡ 33<3 a6-a 46°,3
5~
4 336,6 a3<7 47'
os. 337,t a4°,3 M'~B nuages.
i~ 336,8 23°,7 5a''4
25 7 m. 337,0 aa',3 5t'a serein, ciel azuré.
8 337,3 a3°,5 5o°,3
Lesobservations
detempérature auxmiennes
correspondantes donnoient, !ea3janvier,
pourCu~nana,
CHAPITREXI. ~49
endroitsle$ pluschaudsde la terre quela quantité de dt~l~m*quereçoit ce
lieu pendant le cours d'une année, est un peu plus ge~xd&qae celle qu'oi
a
éprouvea Cumana nMisque, dansles moM de novembre,décembreet janvier
(à égsiledistancedes deax passagesdnsoleil par le zénith de la viHe), t'attnos-
phère se 'refroiditdavantage à 1~~ bien piM léger
que celui- à la même époque, a la Ver~-Çruz et &la
qu'on éprouver presque
Havane~ ne serôit-il pas l'~t de la positionplus occidentalede la Guayr&?
L'océan aérien qui, au premier aspect, ne paroit formerqu'une seule masse,
est agitépar des courànsdont les limitessont fixéesd'après des loisimmuables.
Sa températureest diversementmodifiéepar la configurationdes terres et des
mers sur lesquellesil repose. On peut le subdiviseren plusieurs bassins qui
déversentles uns dans les autres, et dont les plus agités (par exemple celui
placé.au-dessusdu. golfe du Mexiqueou entrela Sierra de SantaMartha et le
golfede Darien) ont uneinfluence marquantesurlerefroidissementet le mou-
vementdes colonnesd'air voisines.Les ventsdu nord causentquelquefois,dans
la partie sud ouest de la mer des Antilles, des refbulemenset des contre-
couransqui semblent,dans certainsmois, diminuerles chaleurs jusque sur la
Terre-Ferme.
Lors de monséjour à la Gnayra on n'y connoissoitencore que depuis deux
ans le fléau de la fièvre jaune, ou calentura aynar/Z/a encore la mortalité
n'avoit-ellepas été très-grande,parce que l'affluencedes étrangers sur la côte
de Caracas, étoit moindre qu'à laHavane et à !a Vera-Cruz.On avoit vu de
tempsen temps des individus, mêmedes créoleset des gens de couleur, être
enlevéssubitementpar de certainesRèvresataxiquesrémittentes, qui, par des
complicationsbilieuses, des hémorragies, et d'autres symptômes également
effrayans, paroissoientavoir quelque analogieavecla fièvre jaune. C'étoient
généralementdes hommesqui s'étoient!ivrésaux travauxpéniblesde la coupe
des bois, par exempledans les forêtsqui avoisinentle petit port de Carupano

à
àti''du soir,a6°,6;le94janvier, a8",a;à tl' dusoir,a6*5;le25janvier,
apr~smid!, à y'' du
matin,a5',5.
En Asie, les températures mcyennM d'Atashar, de Madras et de Batavia ne sont pas au-dessm'de 25
et a~ degrés; mais le mois le plus chaud e'éteve,à Madras, d'après Rotbnrgh, à 3a°; a Abusbar, sur le
golfe persique d'après M. Jules, à 33°,9; ce qui est a et 4 degrés de plus qu'au Caire. ~<ye* Barrow,
~oy. to Cochinchina,.p. tSo; Wa~eo&tt,~M<. o~' Persia, T. 11, p. 5o5, et mon Essat sur la distri-
hntion de la chaleur et les lignes isothermes dans les j!~nt. de /<!$ppte~ ~rc«e<7, Tom. ÏH.
Depuisla moitié de janvier, la chaleur va déjà en augmentant à la Guayra.
5$0 t,tVRE tV.

ou le golfede Santa-Fe, à l'ouest de Cumasa. Lear mort atapNEtoit gavent, daaa


desvilles qu'on croyoit éminemmentsaines, ÏMB~u~pée~no~accMmaté);
mais les germesde la maladie dont ils avoieat é~ attaqneaspM~dt~~emejitt~ ne
se propageoientpas. Sur ïa côte de la Terc~B~rme~ïe i~ntaMe typt~
rique, celui qui estconnu souslesnonMde ~oMitto~MSte' ( vomiasement noïr )
et de fièvrejaune et qu'on doit regarder com~etM~eaSbct~ommot~i~oe ~H<
generis, n*étoitconnu qu'à Porto-Cabeno~àCaftbagèBedesïadesetaSamte-
Marthe, ou Gastelbondol'avoit observéet décrit dès l'année 1799. LeaEspa-
gnolsrécemmentdébarquéset tes habitansde la vallée de Caracasne craignoient
point alorsle séjour de la Guayraon se plaignoit seulementdes chaleursacca-
blantes qui régnoientpendant une grande partie de l'année.Si t'on s'exposoit
à l'action immédiatedu soleil, on redoutoit tont au plus.ces inflammationsde
la, peau et des yeux que l'on éprouvepresquepartout sous la zone torride, et
qui sont souvent accompagnées d'un mouvementfébrileet de fortescongestions
vers !a te~e.Beaucoupd'individuspréféroientau climatfrais, mais excessivement
variablede Caracas,le climat ardent, mais égal de la Guayra: on ne parloitt
presquepas de l'Insatubntéde l'air de ce port.
Depuisl'année i~gy, tout a été changé.Le commercefut ouvert à d'autres
vaisseauxque ceuxde la métropole.Des matelots, nésdans des pays plus froids
que l'Espagne,et par conséquentplus sensiblesaux impressions~llmatériqnes
de la zonetorride, commençoientà fréquenterla Guayra. La nèvre jaune se
déclara; des Américainsdu nord atteints du typhus, furent reçus dans les
hôpttauxespagnols; on ne manquapas de dire qae e'étoienteux qui avoient
importé la eon~gion, et qtt'avantd'entréeen.rade, la maladie s'étoit déeta~éc
à b<Mfd d'un brigantin qui venoit de Philadelphie.Le capitainede ce brig&ntin
nioit le fait, et prétendoit que, loin d'avoir introduit le mal, se&matelots
l'avoientpris dansle port même.On sait, d'après ce qui est arrivé à Cadix en
i 8oo,combienil est difficiled'éclaircir des faits dont l'incertitudesemblefavo-
riser des théories diamétralementopposées.Les habitans les plus éclairésde
Caracaset de la Guayra partagés, commeles médecinsd'Europe et des États-
Unis sur le principede la contagionde la Sevréjaune citoientlemêmenavire
américainpour prouver, lesuns que le typhus venoit de dehors, les autres
qu'il
avoitpris naissancedans le,pays même.Ceux qui embrassoientte dernier
sys-
tème, admettoient unealtération extraordinairede la constitutionatmosphé-
rique, causéepar le débordementdu Rio de la Guayra. Ce torrent, qui n'a
génëratemcntpas to poucesde fond/eut, après soixante heures de pluie dans
CttAFïTRE Xt.
d'arbres et
lestMBtagnes, recrue si extraordinaire, qu'Hcharria des troncs
desmassesde rochers d'un volume considéraMë.Pendant crue i'eauavoit
la
3o à 4o pieds de largesur 8 à ï0 pieds 'de profbndeur.OneupposOit qu'elle
étoit sortiede quelquebassin souterrain, ibrmé par des inSItratIonssuccessives
dans des terres meubléset nouvellement défrichées.Plusieursmaisons furent
emportéespar le torrent et l'inondationdevint d'autant plus dangereusepour
les magasins,que la porte'de la ville, qui seule pouvoit donner de l'issue aux
eaux, s'étoit ferméeaccidentellement.Il fallut tirer brèche contre le mur du
côtéde la mer; plus de trente personnespérirent, et le dommagefat évalueà
un demi-millionde piastres.Les eauxstagnantesqui infectoientles magasins,les
caveset les cachotsde la prisonpublique, répandoientsans doute des miasmes
dans l'air, qui, commecausesprédisposantes,peuvent avoir accéléréle déve-
loppement de la fièvre jaune mais je penseque l'inondation du Rio de la
Guayra en a été tout aussi peu la cause première que les débordemens du
à
Guadalquivir, du Xenilet du Gual-Medina,ne l'ont été à Séville,à Ecija et
Malagadanslesfunestesépidémiesde ï8oo et i 8o4.J'ai examinéattentivement
lelit dutorrent de la Guayra;je n'y aivu qu'unterrain aride, desblocsde schiste
micacéet de gneiss, renfermantdes pyrites et détachésde la Sierrade Avila;
je n'y ai rien trouvé qui e&tpu altérer la pureté de l'air.
Depuislesannées1797et 1798( lesmêmesdanslesquellesil y eut une énorme
mortalitéà Philadelphie,à Sainte-Lucieet à Saint-Domingue),lafièvrejaune
a continuéà exercerses ravagesà la Guayra; elle n'a pas seulement été meur-
trière pour la troupe nouvellementarrivéed'Espagne,mais aussi pour celle qui
avoit été levéeloin des côtes dansles Llanos, entre Calabozoet Uritucu, dans
une régionpresqueaussichaude que la Guayra, mais favorableà la santé.Ce
dernier phénomènenous surprendroitencoredavantage, si nous ne savionspas
du
que mêmelesnatifs de la Vera-Cruz,qui désont point attaqués typhus dans
leur propreville, ysuccombentquelquefois dansles épidémies la Havane et
de
desEtats-Unis*.De même que le vomissement n oir trouve, sur la pente des
cheminde une limite insurmontable
montagnesdu Mexique,dansle Xalapa,
à l'Encero(à 476 toises de hauteur), où commencent chênes et un climat
l es
frais et délicieux,la fièvrejaune ne dépassepresquepas l'arête de montagnes
qui sépare la Guayra de la valléede Caracas.Cette vallée en a été exempte

on~e~MeoM
CtT&~te, Mthe~ntt/ t8oo,p.i;.
o/<M~fo/e~'e~tm<~on
AoKf. Tom.U,p.yya.
jE<p.,
5~3 t-ÏV&EIV.
pendant long-tempscar il ne faut pasconfbndre lefoM~o et ta nèvre jaune
avec !esnèvresataxiqueset bilieuses.La Cumbreet le Cerro de Avilasont un
rempart bien utile pour la villede Caracas,dont l'élévationexcèdeunpeu celle
de l'Encero.maisdont la températuremoyenneest au-dessusde latempépatnre
de Xalapa. 1.
J'ai exposé dans un autre ouvrage les observationsphysiques faites par
M. Bonpland et par moi sur la localitédes villes; qui sont périodiquement
sujet au fléau de la fièvrejaune, et je ne hasarderai point ici de nouvelles
conjecturessur les changemensque l'on observedans la constitution~fAog~-
niqùe de certainesvilles.Plus je rénéchis sur ces matières, et plus je trouve
mystérieuxtout ce qui tient à cesémanationsgazeusesque/Tonappellesi vague-
ment des germesde la contagion,et que l'on suppose se développer dans un
air corrompu, se détruire par le froid, se transporter avec les vétemens, et se
"fixeraux mursdes maisons.Commentexpliquerque, pendant lesdix-huit ans
qui précédèrentl'année !~4~ n'y eut pas un seul exemplede vomito &la
Vera-Cruz,quoiquele concoursdes Européensnon acclimatéset des Mexicains
de l'intérieurfut extrêmementgrand; que les matetots selivrassentaux mêmes
excèsqu'onleur reprocheaujourd'hui, et que la ville f&t moins propre qu'elle'
ne l'est depuisl'annéei8oo?
Voicila sériedes faits pathologiquesconsidérésdans leur plusgrande simpli-
cité. Lorsque, dans un port de la zone torride dont l'Insalubritén'a pas été
particulièrementredoutéepar les navigateurs,il arrive la fois un grandnombre
de personnesnées dans un/climat froid, le typhus d'Amériquese fait sentir.
Cespersonnesn'ont pas eu le typhus pendant la traversée; il ne se manifeste
parmieuxque sur leslieuxmêmes.La constitutionatmosphériquea-t-ellechangé
ou une nouvelleforme'de maladie§'est~eHe développéedansdes individusdont.
l'excitabilitéest fortementexaltée?
Bientôtle typhus commenceà exercerses ravagesparmi d'antres
Européens
nés dans des paysplus méridionaux.Si c'est par contagionqu'il se propage, on
est surprisd'observerque, dans lesvi!!esdu continentéquinoxial,il ne suit
pas
(lecertainesrues, et que le contact immédiat n'augmente
pas plus le danger
~Mc.~~p,jT'ont.
11,p,753-788,
Dans la peste de l'Orient ( autretyphus earactêrmé par le désordre du système
lymphatique), le contact
nnmédiat est aussimoins à craindre qu'on ne le pense génératement. M.
Larrey assure qu'il n'est pas dan-
gereux de toucher ou de cautériser des bubons, mais il pense qu'on ne doit pasrisquer de se couvrir des
vetemens des pestiférés, Mém.sur les 'na/adtM~efarnt~anfoMe <m~'Mp<e, p. 35.
CBAfïTRE Xt. S53
du séjourque l'Isolementne le diminue.Les malades,traaspottesdansitnteneur
des terres, surtoutdansdes lieuxplus &aiset plusélevés,par exemple,&Xaïapa,
ne communiquentpas le typhus aux habitansde ceslieux,soit parcequ'il n'e&t
pas contagieuxpar sa nature, soit parce que-lescausesprédisposantesn'y sont
pas lesmêmesque dans la région du littoral.Avecun abaissementconsidérable
de ta température,l'épidémiecesseordinairementdansl'endroit où ellea pris
naissance.Elle recommenceà l'entrée de'la saison chaude, quelquefoislong-
tempsavant,lorsque,depuisplusieursmois, il n'y a eu aucun maladedans le
port, et qu'aucunnaviren'y est entre.
Le typhusd'Amériqueparott restreintau littoral, soit parce que c'est là que
débarquentceux qui l'importent* et qu'on y entasseles marchandises que l'on
supposeimprégnées de miasmes d ,~oit parceque, sur plages la mer,
élétères les de
il se formedesémanationsgazeusesd'une nature particulière.L'aspect des lieux
où ce typhus exerceses ravages,paroit souvent excluretout soupçon d'une
origine localeou endémique.Onla vu régneraux îles Canaries,aux Bermudes
et parmi les petites Antilles,dansdesendroitssecset connusjadispar la grande
salubritéde leur climat.Les exemplesde la propagationde la fièvrejaune dans
l'intérieurdes terres paroissenttrès-douteuxsousla zone torride on peut avoir
confonducette maladieavecdesfièvresrémittentesbilieuses.Quant à la zone
tempérée,où le caractèrecontagieuxdu typhus d'Amériqueest plus prononcé,
le mal s'y est répanduindubitablementloin du littoral, mêmedans des lieux
très-élevésou exposésà desventsfrais et secs, commeen Espagne, à Medina-
Sidonia,à laCarlottaet à lavilledeMurcie.Cettevariétéde phénomènesqu'offre
la mêmeépidémieselon la diCéreneedes climats,la réunion des causesprédis-
posantes,sa durée plus ou moins longue, et les degrésde son exacerbation
doiventnous rendre très~circonspects en remontantauxcausessecrètesdutyphus
d'Amérique.Un observateuréclairé,qui, dans les cruellesépidémiesde 1802
et t8o3, a été médecinen chefde la coloniede Saint-Domingue,et qui a étudié
la maladieà l'ilede Cuba, auxEtats-Uniset en Espagne,M.Bailly,pensecomme
moi« quele typhusestfort souventcontagieux,maisqu'il ne l'est pas toujours2. M
Depuisque l'on a vu la fièvrejaune exercerde si cruelsravagesà la Guayra,
ons'est plu à exagérerla malpropretéde cette petite ville, commeon exagère
cellede la Vera-Cruz,et des quaisou waifs de Philadelphie.Dans un lieudont

BatUy, <~&t~Mffe/<tMM,i8t4, p. 4at.


Ba!My~c. p. xn (~Vonp. Tom.ïï, p.77~)*
JE<p., ).
jRe/a</<M!
Au<OMyMe~ 7o7K.
Z. 1. ~Q
55~ I.IVRE!V.
le sol estextrêmementsec,qui est dépourvude Végétation,et oui! tombeà peine
quelquesgouttesd'eaueh7 ou8 mois,lescausesquiproduisentceque 1*00appelle
des miasmesdélétèresne,peuventpas être bien fréquentes.Les ruesdela Guayra
m'ontparu en généralassez,propres, à l'exceptiondu quartier desboucheries.La
rade n'offrepas de cesplagessur lesquelless'amoncellentdes débris de tucuset
de mollusques;mais la côte voisine, cellequi se prolongeà l'est, vers le eap
Codera,et par conséquentau ventde la Guayra,est extrêmementmalsal'ne.Des
fièvres intermittentes,putrides et bilieuses, règnent souventà Macuto et à
Caravalleda;et, lorsquede temps en tempsla briseest interrompuepar un vent
de l'ouest,la petite baie de Catiaque nousauronssouventoccasiondenommer
danslà suite, envoie, vers la côte de.la Guayra, malgré le rempart qu'oppose
le cap Blanc, unair chargéd'émanationsputrides.
L'irritabilité des organesétant si différentechezles peuples du nord et ceux
*dumidi, on ne sauroit révoquer en doute qu'avec une plus grande liberté du
commerceet une communicationplus fréquenteet plus intime entre des pays
situéssousdifférensclimats,la fièvrejauné étendrases ravagesdansle Nouveau-
Monde.Il est mêmepossibleque leconcoursde tant de causesexcitanteset leur
action sur des individussi différemmentorganisés fassentnattre de nouvelles
formesde maladies,denouvellesdéviationsdesforcesvitales.C'est un desmaux
qui accompagnentinévitablementune civilisationcroissante l'indiquern'est pas
regretter la barbarie; ce n'est pas partager l'opinion de ceux qui voudroient
romprelesliensentre les peuples, non pour assainirles ports des colonies,mais
pour entraverl'introductiondes lumières,et ralentirles progrèsde la raison.
Les vents du nord qui amènentl'air froiddu Canadaversle golfedu Mexique,
fôntcesserpériodiquementla fièvrejauneet le vomissementnoir à la Havaneet
à la Vera-Cruz.Maisl'extrêmeégalité de températurequi caractérisele climat
de Porto-Cabello de la Guayra, deNuevaBarcelonaet de Cumana,faitcraindre
quele typhusn'y devienneun jourpermanent, lorsque, par une grandeconcur-
rence d'étrangers,il aura pris un haut degré d'exacerbation.Heureusementque
le nombredes morts a diminuédepuis qu'on a varié les traitemensselon le
caractèrequ'offrel'épidémiedans les différentesannées, depuisqu'on a mieux
étudiélesdiversespériodesde la maladie,quisereconnoissentpardes symptômes
d'inflammationet d'ataxieou de débilité.Je pense qu'il seroit injuste de nier
le succèsque la nouvellemédecinea obtenu sur u&néau si terrible cependant
la persuasionde cesuccèsn'est pastrès-répanduedanslescolonies on y entend
dire assezgénéralement«que les médecinsexpliquentaujourd'huila marchede
CHAPITRE Xt. 1 555

Ja maladied'une jjnanièreplus satisfaisantequ'ils ne Soient autrefois~mais


qu'Usne la guérissentpas mieux; que jadis on selaissoit mourirlentementen
ne prenant d'autresremèdesqu'une infusionde tamarins que de nos jours une
médecineplus active conduit à la môrt d'une manière plus prompte et plus
directe.»
Cette opinion n'est pas fondéesur une connoissaneeexactede ce que l'on
faisoitautrefoisauxAntilles.Onpeut seconvaincre,par le voyagedu pèreLabat,
qu'au commencement du 18.*siècle,les médecinsdesAntillesne laissoientpas
mourirle maladeaussitranquillementqu'on semblele supposer.Ontuoit alors,
non par des émétiques,du quinquinaet de l'opium, employésen trop grandes
doseset à contre-temps,mais par de fréquentessaignéeset l'abus des purgatifs.
Les médecinssembloientmêmesi bienconnoitreleseffetsde leur traitement,
qu'ils avoientla bonnefoi"de se présenterau lit du malade, accompagnés,dès
la premièrevisite, du confesseuret du notaire. Aujourd'hui,dansdeshôpitaux
propresetbien entretenus, on parvient souventà réduirele nombredesmorts
à t8 ou t5 sur cent et un peu au-dessous;mais partout où les maladessont
entassés,la mortalités'élèveà la moitié, et même (commel'arméefrançoiseen
a offertl'exempleà Saint-Domingue,en 1802) à trois quarts des malades.
J'ai trouvéla latitude de la Guayra io"36~ !<)" et la longitude6~"26~ï3~
L'inclinaisonde l'aiguilleaimantéeétoit, le 2~janvier 1800, de ~2",20; sadécli-
naisonau nord-est, ~"20~35". L'intensitédes forces magnétiquesa été trouvée
proportionnelleà 23yoscillations.
En suivantla côtegranitique de la Guayra, vers l'ouest, on trouve, entre ce
port qui n'estqu'une rade peu abritéeet celui dePorto-Cabello.,plusieursenfon-
cemens<tansles terres, qui offrentun excellentmouillageaux vaisseaux.Tels
sontla petite baie de Catia, Los Arecif<:s,Puerto-la-Cruz, Choroni, Sienegade
Ocumare,Turiamo, BurburataetPatanebo.Touscesports, à l'exceptiondecelui
de Burburatapar lequelon exportedesmuletspour la Jamaïque, ne sont visités
aujourd'huique par de petits bàtimenscôtiers qui chargentdes provisionset le
cacaodes plantationscirconvoisines.Les habitans de Caracas,ceux du moins
qui ont des vues plus étendues, fixent un intérêt bien vif sur le mouillagede
Catia, à l'ouestdu cap Blanc.C'estun point dela côte que nousavonsexaminé,
M.Bonplandet moi, pendant notre secondséjour à la Guayra.Un ravin, dont

EspinoM fixe, d'après M. Ferrer, la partie la plus septentrionale de la ~ilte par to*'36'4o" de latitude
Memorias de &Mnavegantes espailoles, tSog, Tom. Il, Part. IV, 24.
p.
556 HVRE ÏV.
nous parleronsdans la suite, et qui est connusousle nom de la ~Me~~a<~e*
Z~pc~descenddu plateau de CaracasversCatia.On a con<{u depuislong-temps
le projetde construire, par ce ravin, un cheminpropre au charriage, et d'aban-
donner l'ancienneroute de la Guayra, qui ressemblepresque au passagedu
Saint-Gothard.D'aprèsce projet, le port de Catia qui est aussi vaste que sûr,
pourroitremplacerceluidela Guayra.Malheureusement,toute cette plagey sous
le vent du cap Blanc,est rempliede Palétuvierset excessivementmalsaine.Je
suis monté sur la cime du promontoire, qui forme le Cabo Blanco, pour y
observerà la vigie le passagedu soleilau méridien.Jevouloiscomparerlematin
leshauteursprisessur un horizonartificiel, aveccellesprises sur l'horizonde la
mer,pour vérifierla dépressionapparentedu dernier,par la mesurebarométrique
de la colline C'est une méthodepeu employéejusqu'ici,d'après laquelle, en
.réduisantleshauteursde l'astreaumêmetemps, on peut seservird'un instrument
à réflexioncommed'un instrumentmuni d'un niveau.Je trouvaila latitude du
cap,quin'estpasmarquésurles cartes, d'ailleurs si exactes~duDepositohydro-
de Madrid~deio"36~5'~ je ne pus meservirque des anglesque donnoit
jg7'o/?co
l'image soleilréfléchisur un verre plan; l'horizonde la'mer étoit fortement
du
embrumé,et lessinuositésde la côte m'empéchoientde prendre leshauteurs du
soleilsurcet horizon.
Lesenvironsdu cap Blancne sont pas sans intérêt pour l'étude des roches.
Le gneisspasseici à l'état demica-schiste
et renferme,le long des côtesde la
mer, des couchesde Chloriteschisteuse3. J'ai reconnudans cette dernièredes
grenatset du sable magnétique.En prenant le cheminde Catia, on voit le
schiste chloritiquepasser au schisteamphiboliqué4. Toutes ces formationsse
retrouventensembledansles montagnesprimitivesde l'ancien monde, surtout

Baromètre auniveau dela mer,337,3; thermomètre,a8°;baromètreà lavigie,à la cime


ducap
Blanc,
33~8(toujours enlignesdel'ancienpiedde roi);.;thermomètre,
a~a; hauteur, 65toises.
J'ai
à lavigie,l'angle
trouvé, entrelamaison de.lacompagnie a laGuayra
desPhainpines etlatourdeMai-
quitia,n''3t'a5";entrecettemaisonetlapointedeNiguata, t4°S8'35".
L'axelongitudinalducap,qui
formeun promontoire alongé,sedirigedanstoutelamameN.8t''E.;
la partietap)o<t celledu
sedirigeN.47'E. taiUante,
,miHen, AtaGuayra, j'aivu( r<mtétante!evé
de33pieds
) lavigiedncausons
d'etévationde unangle
t°ta',cequi,combine avectametnrebarometnqae,donne pourla distance 33t6toises.
(0~.~<r.,Tom. t, p. 193.)Jefferys,
dansle~M. ft&xde ~83, placele capBlanc,20minutçs
(presque7lieues)à rouestdelaGuayra.
G~mmenseAte~er.
CMo~eAM/er.
jyornMend'~eAt'~er.
CHAPITRE Xï. 55y
dansle nord de l'Europe.An pied du cap Blanc, la merjette sur ïa plagedes
massesrouléesd'unerochegrenue, qur est Mt mélangeintime d'amphtbôleet de
feldspath lamellaire.C'est ce qu'on appelle un peu vaguementdo g~tMcM
~nH~ On y reconno~tdes traces de quarzet de pyrites.Il est probable que,
prèsdescôtes, il existe quelquesrocherssous-marinsqui fournissentcesmasses
excessivement dures. Je lesai comparés,dansmon journal, au ~tey~e~feMdu
Fichtelberg, Franconie,qui est aussi une diabase, mais tellementfusible,
en
qu'on en fait des boutonsde verre, employéspour le commercedesesclavessur
la côte de Guinée.J'avois cru d'abord, d'après l'analogiedes phénomènes
qu'offrentces mêmesmontagnesde Franconie, que la présencede ces masses
amphiboliquesà cristaux de feldspath commun (non compacté) indiquoit !a
proximité des rochesde transition; mais dansla haute valléede Caracas, près
d'Antimano, on reconnoîtdes boulesde la mêmediabase remplissantun filon
qui trave~e !e schistemicacé.Sur la*pente occidentalede !a colline du cap
le
Blanc, gneiss estcouvertd'uneformationde grès oud'aglomératextrêmement
récent.Cegrès renfermedesfragmensanguleuxde gneiss,de quarz et de chlorite,
du sablemagnétique,des madréporeset des coquillesbivalvespétrifiées.Cette
formationest-elledu même âge que cellede Punta Araya et Cumana? J'en ai
envoyéde nombreuxéchantillonsau cabinetdu roi d'Espagneà Madrid.
Peu de parties dela côte ont un climataussibrûlant que les environsdu cap
Blanc.Noussouffrimesbeaucoupde la chaleur augmentéepar la réverbération
d'un sol aride et poudreux maisleseffetsde l'insolationn'eurent pas de suite
fâcheusespour nous.On craint excessivement à la Guayra l'actionvive du soleil
sur les fonctionscérébrales,surtout à une époqueoù la fièvre jaune commence
à se faire sentir. Metrouvant un jour sur la terrassede la maisonpour observer
le midi et la diSérencedes thermomètresau soleilet à l'ombre,je vis paroftre
derrièremoi un hommequi me pressaavec instanced'avaler une potion qu'il
tenoit toute préparéeà la main.C'étoit un médecinqui, de sa fenêtre, m'avoie c
vu, depuisune demi-heure,la tête nue, exposéaux rayons du soleil.Il assuroit
que, né dans un paystrès-septentrional,je devois, d'aprèsl'imprudencequeje
venoisde commettre,éprouverindubitablement,et lesoir même, lessymptômes
de la fièvre jaune, si je m'obstinoisà ne pas prendre un préservatif.Cette
prédiction,quoiquefort sérieuse,ne m'alarmapoint, car depuislong-tempsje
me croyoisacclimaté;mais commentne pas céder à des instancesmotivéespar

Près SchauetMtem
et Steben,
o!tdomine
le schiste
catburé
detransition.
t
558 HVMEIV.
_k'
un intérêt si bienveillant?J'avalai potion, et le médecinme compta peut-être
!a
au nombre desmaladesqu'il avoit sauvésdans le courant de l'année.
Aprèsavoir décrit le site et la constitutionatmosphériquede la Guayra, nous
quitteronslescotesde la mer desAntilles, pour ne les revoirpresqueplus avant
notre retour des missionsde l'Orénoque.Le chemin, qui conduit du port à
Caracas,capitaled'un gouvernementde près de ~00,000habitans ressemble,
commenousl'avonsfait observerplus haut, aux passagesdes Alpes, auxchemins
du Saint-Gothardet du grandSaint-Bernard.On n'enavoitjamaistentéte nivelle-
mentavantmon arrivéedansla provincede -Venezuelaon n'avoit mêmeaucune
idéeprécisede l'élévationde la vattéede Caracas.On s'étoit aperçudepuis long-
tempsque l'on descendbeaucoupmoins de la Cumbreet de Las ~Me&a~,qui
est le point culminantde ta route, vers la Pastora à l'entrée de la vallée de
Caracas,que vers le port de la Guayra maiscommela montagned'Avitaa une
masse très-considérable,on ne découvrepas à la foisles points qu'on voudroit
comparer.tt estmêmeimpossiblede se formerune idée exactede l'élévationde
Caracas par te climat de la vallée.L'air y est refroidi par des courans d'air
descendant,et, pendant une grandepartie de l'année, par les brumes qui enve-
loppentla haute cime de la ~Na. J'ai fait plusieursfois à pied le cheminde
la Guayra à Caracas;j'en ai esquisséun profil, fondé sur ia points, dont la
hauteura été déterminéepar des mesures1 barométriques.J'ai désiré vivement
jusqu'icique mon nivellementfut répété et perfectionnépar quelquevoyageur
instruit qui visitâtcette contréeà la foissi pittoresqueet si int éressantepour le
physicien.
physicien. U
Lorsqu'on respire, dans la saison des grandes chaleurs, l'air embrasé de la
Guayra, et que l'on tourne ses regards vers les montagnes, on est vivement
frappé de l'Idée qu'à la distance directe de cinq à six mille toises, une popu-

Voici les observations barométr!ques et leurs résultats. Ma:qnét!a, 335,0, therm., aS°,6. La Venta,
grande auberge à la pente septentrionale de la Cambre ou du Cerro de Avila barom., 394,t therm., t Q°,a
El Guayavo ou petite Venta de la Cumbre, 385,3;tberm. t8<7. Fort de la Cuchilla, a8~S; theem.,
18°,8.Venta chica de Sanchorquiz, 284,2 therm. 18°,7.Près de la source de Sanchorquiz ( ta Foente)
286,4; therm. i8°,6. Dernière petite Venta, avant d'arriver à la Croix de la Gnayra a84,t Aerm.,
t8'8 La Cruz de la Cuayra. 993, therm., t~o. La Douane de Caracas, Adnamade ta Pastora, barom.
3oi,3; therm., t5-t. CaracasMaTrinidad,baron)., 3o3,7; therm., t5",9.(Voyezmeo 0~. <M<r.,Tom. t,
p. 396 et 367.) Les résultats catcotés péchent probablement nn peu par défaut. On a réduit les hauteurs
barométriques, à la même heure, partaconnoMMnce précise de l'effet des petites marées barométriques.
La hauteur absolue du baromètre au niveau de la mer est
indiquée pluspetite que ne la donnoit le même
instrument bien rectifié dans le point zéro de son échette il ue
s'agit ici que des différences.
CHA~ÏT!H~X~~ 55g
jatton ~p,ppoames~ ret~tc d~ l~)If:¡n~ur'au
printen~t~d'une~ttempérat~q~ à\l~RaU:tB~ètre
cen~simat.Ge ~approcit~e~~de~~d~)~~ climats`esttrés-com~mïuü -da~s~ tôute
!a (~rdH!ere_des~Andes, ~:Qu!tO,Ï~'om~<dans
la Nouvelle-Grenade~')~'& de ~v<~yage~~dansl'inténettr ~as~tf!!T<M~,
soit .par les platncs,"sott:e~.Te~~a~ parvenir aux grandes
vi Iles qui sont, ~s~atres' ~e ia!~tÏ!~MRf~Mvat!Ô~' de: Caracas c'est 'qo~te
tiets de celledeMexiço,de «~uîitOetdeSànta-Fedé Bogota; mais, parmi toutes
les capitalesde l'AmériqueespagnoIe, qui au milt torride, ont un
climatfraiset délic~eux~ c'est Caracasqui estle plus rapprochedes côtes.Quel
avantaged'avoir on pOFtde mer à trois lieuesde distance, et d'être situé entre
!es montagne~dansut~ptatean qui produiroit du troment~si on en prë~ëroit
!acu!tureàceÏ!educaRer!l
Le cheminde la Gnayraa la vaUéede Caracasest Innnimentplus beau que
celuide Hondaà Santa-Feetde Gnâyaqailà Quito; il-estmêmemieuxentretenu
que t'ancienneroute qui condoit daportdela Vera-CruzàPerote, suria pente
drienta!e des montagnesde taNouveMe-Espagne. On ne met, avec de bonnes
mutes,que trois heures pouraMerdu port de !a Guayra à Caracas; il n'en faut
que deuxpourle retour. Avecdes muletsde charge ou à pied, le chemin est de
quatreà cinq heures.On monted'abord, sur une pente derochersextrêmement
rapideet par des stationsqui portent les noms de Zbn~ ~He?M<MCa, CM/MCMft
et du Salto, à une grande auberge (&t ~enta) placéeà 600 toisesde hauteur
au-dessusdu niveaude la mer. La dénominationde T~bar&r~Meindique la
vivesensationque l'on éprouvelorsqu'ondescendvers la Guayra.Onest comme
suSbquépar la chaleurque reMètentles murs de rochers, et surtout les plaines
aridessur lesquellesplonge* la vue.Danscette route, commesur le cheminde
Vera-Cruzà Mexico,et partout où, sur une pente rapide, on changede climats,
laccrOissementdes forces musculaireset le sentiment de bien-être que l'on
éprouve, à mesurequel'on entre dansdescouchesd'air plus froides, m'ont paru
moinsvifsque le sentimentd'aSaissementet detangueurdont onest péniblement
saisi en descendantvers les plainesbrûlantesdu littoral. Telle est l'organisation
de l'hommeque, mêmedans le mondemoral, nousne jouissonspas autant dece
qui adoucitnotre situation, que nous sommesanectésd'une peine nouvelle.
De Gurucutiau Satto, la montée est un peumoins pénible.Les sinuositésdu
chemincontribuentà rendre la pente plus douce, commedansl'ancienneroute
du Mont-Cenis.Le<S'OM< ou Salto est~unecrevasse queTonpasse sur un pont-

<
56o LIVRE IV.
levis Devéritablesfortificationscouronnentle sommetde la montagne.A la
Venta, nous vmiesle thermomètre, à midi, à ï9°,5, lorsque, à la Guayra, il
se soutenoit,à la mêmeheure, à 36",2.Comme, depuisl'époque ou lesneutres
ont été admisde temps en tempsdans les ports des coloniesespagnoles,on a
plus facilementpermisaux étrangersde monterà Caracasqu'àMexico,la Venta
jouit déjà de quelque célébritéen Europe et aux États-Unis, par la beautéde
son site.En effet,lorsqueles nuagesle permettent, ce site offreune vue magni-
fique sur la mer et les côtes voisines.On découvreun horizon de plus de
vingt-deuxlieuesde rayon; on est ébloui de la massede lumière que reflète le
littoral blanc et aride; on voit à ses pieds le cap Blanc, le villagede Maiquetia
avecses cocotiers,la Guayraet lesvaisseauxqui entrent dansle port. J'ai trouvé
ce spectaclebien plus extraordinaireencore, quand le ciel n'est pas tout-à-fait
serein, et que destraméesde nuages,fortementéclairésà leursurfacesupérieure,
~aroissentprojetés, commedes îlots mobiles,sur l'immensesurfacede l'Océan.
Descouchesde vapeurs, se soutenantà diSérentesélévations,formentdes plans
intermédiairesentre l'ceilde l'observateuret lesbassesrégions.Par une illusion
facileà expliquer,ellesagrandissentla scèneet la rendent plus imposante.Les
arbreset leshabitationsse découvrentde tempsen tempsà traverslesouvertures
que laissentlesnuageschasséspar le vent et rouléssur eux-mêmes.On croiroit
alorslesobjetsplacésà une plus grandeprofondeurqu'ils ne se présententpar
un air pur et uniformémentserein. Lorsque, sur la pente des montagnesdu
Mexique,on se trouveà la mêmeélévation (entre Las Trancaset Xatapa) on
est encoreà douzelieuesde distancede la mer; on ne distingueque confusé-
ment la côte, tandisque dans la routede la Guayra à Caracas,on domine les
plaines(la t<<?~ ea~cTtfe)commeduhaut d'une tour. Qu'on se figurel'impres-
sion que doit laissercet aspectà ceuxqui, nés dans l'intérieurdes terres, voient,
pour la premièrefois, de cepoint, la meret des vaisseaux.
J'ai détermine,par des observationsdirectes, la latitude de la Venta,
pour
pouvoirdonner une Idéeplus précisede,sa distancedes côtes.Cette latitude est
de 10°33' g". Sa longitudem'a paru d'après le chronomètre, à peu près
de 2'4?" en arc à l'ouest de la ville de Caracas.J'ai trouvé à cette hauteur
l'inclinaisonde l'aiguilleaimantéede 4i",75, et l'Intensitédesforces
magnétiques
égaleà z34 oscillations.
t..
~(y<s le profil que j'ai pmNiédans l'~&M de la AoMfeKe-Etpa~M,Pl. n.
Leshauteurs du soleil que j'ai prises le 20 janvier
~800 étaient très-près du passage de t'astre p~r le
méridien. (0&s.eM<r.,Tom.T, p. t86.)
CHAPITRE Xt. 56t

Depuis!a Venta, que l'on appelleaussi renta grande, pour la distinguerde


trois ou quatre autrespetites hôtelleriesétablies (de mon temps") teJtong de
la route, on monte encore plus de t5o toisespour arriver au GtM~fo. C'est
presquele point culminantdu chemin j'ai porté le baromètre encoreau-delà~
un peu au-dessusde la Cumbre", au fortin de la Cuchilla.Me trouvant sans
passe-port(car pendant cinq ans je n'en ai connule besoin qu'au moment dé
débarquer), je manquaide mevoir arrêtepar un poste d'artilleurs.Pour calmer
le courrouxde cesvieuxmilitaires,je leurtraduisisenvares castillaneslenombre
de toisesqu'a ce poste au-dessusdu niveaude la mer. Cela ne parut guère les
intéresser, et je ne dus ma liberté qu'à un Andalou, qui devint extrêmement
traitable, lorsqueje lui dis que les montagnesde-sonpays, la Sierra Nevadâde
Grenade, étoientbien plus élevéesque toutes les montagnesde la provincede
Caracas.
On se trouve, au fort de la Cuchilla à la hauteur de la cimedu Puy-de-
Dômeou à peu près i5o toisesplus bas que le postedu Mont-Cenis.Commela
villede Caracas,la Ventadel Guayavoetle port de la Guayrasont si rapproches,
nous aurions désiré, M. Boupland et moi, .pouvoir observer simultanément,
pendant quelquesjours successifs,l'étendue des petites maréesbarométriques,
dansune valléede peu de largeur, sur un pbteau exposéaux vents et près des
côtesde la mer maisl'atmosphèren'étoit pas assezcalmependant le tempsque
nous séjournâmesdans ces lieux. D'ailleurs, je n'avois pas le triple appareil
d'instrumensmétéorologiquesqu'exigeoitce travail que je recommandeaux
physiciensqui visiterontce pays par la suite.
Lorsque, la premièreibis, je passaice plateau pour me rendreà la capitale
de Venezuela,je trouvairéuniautour de la petiteaubergedu Guayavobeaucoup
de voyageursqui faisoientreposerleursmulets.C'étoientdes habitansde Caracas.
Ils se disputoientsur le mouvementvers l'indépendancequi avoit eu lieu peu de
tempsauparavant.JosephEspanaavoit péri sur l'échafaud;sa femmegémissoit
dansune maisonde réclusion, parcequ'elleavoitdonné asyle à sonmari fugitif,
et qu'elle-nel'avoit point dénoncéau gouvernement.Je fus frappé de l'agitation
qui régnoitdansles esprits, de l'aigreuravec laquelleon débattoitdes questions
sur lesquellesdes hommesd'un mêmepays ne devroientpas différerd'opinion.
Tandis qu'on dissertoitsur la haine des mulâtrescontre les nègreslibreset les
a
EUessoot presque toutes détruites aujourd'hui.
La
La Mme,
cime lele tonMte~.
tonMte~.
/!e&!<MK ?om. 7.
/<M<oftyMe l
56a MVRE ÏV.
blancs,surla richessedes moineset la dtmcultëde tenir lesesclavesdanst obets-
sançe, un vent froid, qui sembloit descendrede la haute cimede ta Silla de
Caracas,nous enveloppadans une brumeépaisse, et mit fin à une conversation
si animée.On chercha de l'abri dans la Venta du G~ayavo.Lorsque nous
entrâmesdans l'hôtellerie, un homme âge, celui qui a~oit parle avec le plus
de calme, rappela auxautres combien,'danscestempsqe dë!àt!on,sar!a mon-
tagnecommeà la ville, il étoitimprudentdese livrerà desdiscussionspolitiques.
Cesmots, prononcésdansun Heud'un aspect si sauvage,me-causèrentune vive
impressionet qui s'est renouveléesouvent, pendant nos coursesdansles Andes
de la Nouvelle-Grenadeet du Pérou. En Europe, où les peuples vident leurs
querellesdans !ës plaines, on,gravit lesmontagnespour y trouver l'isolementet
la liberté.Dans le Nouveau-Monde,les Cordillèressont habitéesjusqu'à douze
mille pieds de hauteur.Les hommes y portent avec eux, et leursdissentions
civiles, et leurs passionspetites et haineuses.Des maisons'dejeu sont établies
sur le dos des Andes, !à où la découvertedes mimes&iait fonder des villes;
et, danscesvastessolitudes,presqueau-dessusdela régiondesnuages,au milieu
d'objets qui devroientagrandirles idées, la nouvelled'une décorationou d'un
titre refuséspar la cour trouble souventle bonheur des familles.
Que l'on porte sesregardsers l'horizonlointainde la mer, ou qu'on les dirige
an sud-est, vers cette créteidenteléede rochers qui semble réunir la Cumbre
à la Silla quoiqu'elleen sait séparée par le ravin ( OMC&rs<&ï ) de Tocume,
partout onadmirele grandcaractère paysage.Depuis Guayavo,on parcourt
du !e
pendant une demi-heureun plateauassezuni, couvertde plantesalpines.Cette
partie duchemin s appelle ~He~M, à causede sessinuosités.Un peuplus haut
las
se trouventles baraquesou magasinsdefarine que la compagniede Guipuzcoa
avoit construitsdansun lieu d'une températuretrès-franche,lorsqu'elleavoit le
monopoleexclusifdu commerceet de rapprovisionnementde Caracas.C'est
dansle chemin de las Vueltas que Fon voit pour la premièrefois la capitale,
placéetrois cents toisesplus bas, dansune vallée richement plantée en cafiers
et en arbres fruitiersde l'Europe.Les voyageursont l'habitudede s'arrêter près
d'une belle source, connue~ous le nom de Fuente ~e ~a~cAor~Ht~ et qui
descendde la Sierra sur des couchesinclinéesde gneiss. J'en ai trouvé la
température de i6°,4; ce qui, pour une élévation de ~26 toises, est une
fraîcheurbien considérable.Elleparottroitplusgrande encoreà ceuxqui boivent
cette eau limpide, si la source, au lieu de jaillir entre la Cumbreet la vallée
tempéréede Caracas,se trouvoitsur la descenteversla Guayra.Maisj'ai observé
CHAPITRE XI. 563
000

qu'a cette descente~sarte revers septeatrionalde làmontagnc, la roche' par


une exceptionpeu communedans cettecontrée) est Inclinée,non àHnord~onest,
mais au sud-est, ce qui empêchepeut-être les eauxsouterrainesd7yionmerdes
sources.
Du petit ravin de Sanchorquiz,on continuede descendreà la Crnz de ïa
Guayra, croix placéedans un Hettdécouvert a 63atoises de hauteur,et de ta
(en entrant par ta douaneet le quartierde la Pastora), à la ville de Caracas.
Sur ce revers méridionalde la montagned'Avila, le gneissoffreplusieursphé-
nomènesgéognostiques qui sont dignesde l'attentiondes voyageurs.Mesttraversé
par des filonsde quarzqui enchâssentdes prismescannelés,souventarticulésde
titane ruthile de deux ou trois lignesde diamètre. Dans les Sentesdu quarz,
on trouve, lorsqu'onle brise, des cristauxtrès-déliésqui formentun réseauen
se croisant quelquefois2, te titanene se présentequ'en dendritesd'un rougevif
Le gneissde la valléede Caracasestcaractérisépar les grenatsverts et rouges
qu'il enchâsse,et qui disparoissentià où la roche passeau schistemicacé.Ce
mêmephénomènea été observépar M.de Buch, en Suèdedans le Helsingland;
tandis que, dans l'Europe tempérée, ce sont généralementles schistesmicacés
et les serpentines, et non le gneiss, qui renfermentles grenats.Danslesenclos
des jardins de Caracas, construitsen partie ayec des fragmensde gneiss, on
reconnoftdes grenatsd'un beau rouge, un peu transparens,maistrès-diûicllesà
détacher.Le gneiss,près de la Croixde la Guayra,à une demi-lieuede distance
de Caracas, m'a offertaussi des vestigesde cuivreazuré3, disséminédans des
filonsde quarz et de petites couchesde graphite ou fer carburé terreux. Ce
dernier,qui laissedes traces sur le papier, se trouve en assezgrandesmasses,
et quelquefoismetéau fer spathique, dans le ravin de Tocume, à l'ouest de
la Silla.
Entre la sourcede Sanchorquizet la Croixde la Guayra, commeplus haut
encore, le gneissrenfermedesbancspuissansde catca!re*prim!t!f, gris-bleuâtre
saccaroïde,à grosgrain, contenantdu micaet traversé par des ntons de spath
calcaireblanc.Le mica, à largesfeuillets, est p~acédansle sensde l'inclinaison
des couches.J'ai trouvé dans cecalcaireprimitifbeaucoupde pyrites cristallisées
et des fragmensrhomboïdauxde fer spathiqued'un jaune isabelle.La
peineque

Hor.8,3;!nct.~4o"aa
sud-est.
Surtout au-dessous de la Cruz de la Guayra, à
5g4 toises de hauteur absolue.
Cuivrecarbonaté bleu.
*T
56~ JLÏVKEIV.
je me suis donnée pour découvrirde la tremolithe 1qui,dans le Fichtelberg
en Franconie', est communedans le calcaire grenu (sans dolomie), a été
inutile.En Europe, des bancs de calcaireprimitif s'observent généralement
dans les schistesmicacés;mais on trouve aussidu calcairesaccaroïdedans un
gneissde la plus ancienneformation en Suède près d'Upsal, en Saxe près
de Burkersdorf,et dans les Alpes au passagedu Simplon. Ces gisemenssont
analoguesà celui deCaracas.Les phénomènesde la gëognosie,particulièrement
ceuxqui tiennentà iastratiScationdes rocheset à leur agroupement, ne sont
jamaisisolés; on lesretrouvelesmêmesdansl'un et l'autre hémisphère.J'ai été
d'autant plus frappé de ces rapprochemenset'de cette identité de formations,
qu'à Fépoquede môn voyage, les minéralogistesne connoissoientpas encore le
nom d'une seulerochede Venezuela,de la Nouvelle-Grenade et desCordillères
.de Quito.

GrammatitedeM.HauyLecalcaire delasource
pr!mit!fa)t-deM)M deS*nct)0t~[<t!t
ettdirigé,comme
legneissdaMcepoint,bor.5,a, etincliné
de45'aunord,maisladirection
génératedngnetm ett, datM
leCerrodeAvila,hor.3,4avec60°d'inclinaisonauN.0. Desexceptionslocaless'observent
surune
petiteétendae
deterrain delaCroix
preii delaGuayra 8°.N.), etptMhaut,vis-&-T's
(hor.6,a,inclin. la
Quebrada deTipe( hor.ta inclin.
5o°0.)
PresdeWttnsiedd.
CHAPITRE XH. -1 S65

CHAPITRE Xïï.

VUE 6EKERALESUR LES PROVINCESDE VENEZPJELA.–DÏVER8ÏTÉ DE LEURS INTÉRÊTS*


– YIU.E ET VALLÉE DE CARACAS.
– CMMAT.

JL'tNPORTAKCE d'une capitalene dépendpas uniquementde sa population, de sa


richesseet de son site pour l'apprécieravec quelquejustesse, il faut se rappeler
rétenduedu territoire dont elleest le centre, lamassedes productionsindigènes
qui sont l'objet de soncommerce,les rapportsdans lesquelsellese trouve avec
les provincessoumises~àson influencepolitique. Ces circonstancesdiversesse
modifientpar les liens plus ou moins relâchésqui unissentles colonies à la
°
métropole;maistels sont empire des habitudeset lescombinaisonsde l'intérêt
commercial,qu'il est à prévoir que cette influencedes capitales sur les pays
environnans, ces associationsde provinces,fonduesensemblesous la dénomi-
nation de royaumes,de capitaineriesgénérales,de présidenceset de gouverne-
mens survivrontmêmeà la catastrophede la séparation des colonies.Les
démembremens n'auront lieu quelà où, en dépit deslimites naturelles,ona réuni
arbitrairementdes parties qui se trouvent entravéesdans leurs communications.
Là civilisationen Amérique,partout où ellen'existoitpasdéjàjusqu'àun certain
point avantla conquête(commeau Mexique,à Guatimala,à Quito et au Pérou),
s'est portée des côtes vers l'intérieur, en suivant tantôt la va!téed'un grand
ûeuve~tantôt une chaînede montagnesqui oSroient un ctimat tempéré.Con-
centrée à la fois sur différenspoints, elle s'est propagée commepar rayons
divergens.La réunion en provincesou en royaumess'est effectuéeau premier ,r
contactimmédiatentre les parties civiliséesou du moinssoumisesà une domi-
nation stable et régulière.Des contréesdésertesou habitées par des peuples
.sauvages,entourentaujourd'huiles paysconquispar la civilisationeuropéenne.
Ellesdivisent cesconquêtescommepar des bras de mer dimeilesà franchir, et

jReuKM,CajM~M:t<M
~nera&M, jPfefMtncta~,
GofMnMM, ~oytnc~M,sontles noms
quela cour
a donnés
d'Espagne detouttempsà sespossesstons c!onu)tt0<
d'outre-mer, de«Ztfttmar.
66 HVME IV.

le plus souvent des états voisinsne se tiennent que par des langues de terres
défrichées,tl est plus facilede connottreles configurationsdes côtes baignéespar
l'Océan, que les sinuositésde ce littoral intérieursur lequella barbarie et la
civilisation,des forets Impénétrableset des terrains cultivés, se touchent et se
limitent. C'estfaute d'avoirréfléchisur l'état des sociétésnaissantesduNouveau-
Monde, que les géographesdéfigurentsi souvent leurs cartes, en traçant les
différentesparties des coloniesespagnoleset portugaises..commesi ellesétolent
contiguëssur tousles points de l'intérieur.Les connoissanceslocalesque j'ai pu.
acquérirpar moi-mêmesur ces limites, memettenten état de mer avecquelque
certitude l'étendue des grandes divisionsterritoriales, de comparer les parties
sauvageset habitées, et d'apprécier l'Influencepolitiqueplus ou moins grande
qu'exercent certainesvilles d Amérique, comme centres de pouvoir et de
commerce.
Caracasest la capitaled'un pays qui est presquedenx~fols plus grand que le
Pérouactuel, et qui le cède peu en étendueau royaumede,IaNouvelle-Grenade
Ce pays, quele gouvernement espagnoldésignesouslenomdeTC!a/Mt<MM gene~
de C<M-ac<M ou des /?rc'MMc<M ( r~Mn~)de ~enc~Me&t a près d'un million
d'habitansparmi lesquels60,000 esclaves.Il renferme, le long des côtes, la
Nouvelle-Andalousie ou la provincede Cumana ( avecl'île de la Marguerite),
Barcelona, Venezuelaou Caracas, Coro et Marncaybd;dans l'Intérieur, les i
provincesde Varinaset dela Guiane, la première le longdes rivières de Santo-
Domingoet de l'Apure, la secondele long de l'Orénoque, du Casiquiare, de
l'Atabapoet du Rio Negro.En jetant un coup d'ceilgénéralsur les septprovinces
réuniesdela Te~re-Ferme,on voit qu'ellesforment trois zones distinctes,
° qui
s'étendentde l'est à l'ouest.

La Capitania gentry de Caracas a près de 48,ooo lieues carrées (de 95 an degré) Pérou
(depuis que La Paz, Potosi~Charcaset Santa-Cruz. de la Sierra ont été séparés et reonM la vice-
royanté de Buenos-Ayres) eaa3o,ooo; taNonTeHe-Gremade, en y comprenant la province de Quito,
65,000. Cescateuts ont été faits par M. OHmanna, d'après les changemens que mes déterminations astro-
nomiques ont apportés aux. cartes de l'Amérique espagnole. Je préfère ici des évaluationsen nombres
~mdti; tesdiacnssKHMparticnUeressurt'étBndnedesdtyers pays, leur population réspeetive et d'autres
faits purement statistiques trouveront leur
place dans des chapitrés particnlieM, mesure que nous
quitterons chacune des grandes divisions territoriales.
Le capitaine généra! de Caracas porte le titre de
Capitan general <&las .PnK-Mte«M
de Yenezuela
y Ciudad de Caracas.
Cette ile, rapprochée descôtes de Cumana, forme un Govierno
particulier, qui dépend immédiatement
du capitaine général de Caracas.
CHAPÏTKE XïT. 56y

jOntrouved'aborddesterrains cultivésle longdu littoral et grès de la chatne


destfrontag~escôtières, pulsdes savanesou des pâturages; ennn,an-de!à de
l'Orénoque, une troisièmezone, celle desfbretS, dans lesquelteson ne pénètre
qu'au moyen des rivières quHestraversent. Si les indigènes ~haMtansde ces
forets, vivoiententièrementdesproduitsde la chasse, commeceuxdu Mtssoary,
nousdirionsquelestrois zonesdans lesquellesnousvenonsde diviserleterritoire
de Venezuela,offrentl'image destrois états de là société humaine, la vie du
sauvagechasseurdansles bois de l'Orénoque, la vie pastorale dans lessavanes
ou Llanos, cellede l'agriculteurdansles hautesvalléeset au pied desmontagnes
côtières.Lesmoinesmissionnaireset quelquessoldatsoccupentici, commedans
toutel'Amérique,des postesavancéssur lesfrontièresdu Brésil.Cette première
zoneestcelleoù se fait sentir la prépondérancede la force,et l'abusdu pouvoir,
qui en est une suite nécessaire.Les indigènesse font une guerre cruelle, et se
mangentquelquefoisles uns lesautres. Les moinestachent d'augmenterleurs
petits villagesde missions, en profitant des dissentionsde~ indigènes. Les
militairesdestinésà protéger les moines, vivent en querelle avec eux. Tous
offrentégalementle triste tableau de la misèreet des privations. Nousaurons
bientôt occasionde voir de près cet état de l'hommeque vantent, commeun
état de nature, ceuxqui habitent les villes.Dans la seconderégion, daus les
plaineset les pâturages,la nourriture n'est pas variée, mais elle est très-abon-
dante.Plusavancésdansla civilisation,leshommes,horsde l'enceintede quelques
villes éparses, n'en restent pas moins isolésles uns des autres. A voir leurs
habitations,en partiecouvertesde peaux et de cuirs, on diroit que, loin d'être
6xés, ils sont à peine campés dans ces vastes prairies qui bornent l'horizon.
L'agriculturequi seuleaffermitlesbases de la société, et en resserreles liens,
occupela troisièmezone, le littorat, et surtoutles valléeschaudeset tempérées
des montagnesvoisinesde la mer.
On pourroit objecterque, dansd'autres parties de l'Amériqueespagnoleet
portugaise,partout où l'on peut suivrele développementprogressifde la civili-
sation, on trouveréunislestroisâgesdela société mais on doit remarquer, et
cetteobservationesttrès-importantepour ceuxqui veulentconno~reà fond l'état
politiquedesdiversescolonies,quela dispositiondestroiszones, cellesdesforêts,
despâturageset desterreslabourées,n'est paspartoutla même,et quenullepart elle
n'estaussirégulièrequedansle paysde Venezuela.Il s'en faut de beaucoupque

~oMf..E~ Tom.ï,p. t44.


568 LIVRE IV.,

ce soit toujoursde lacoteversl'intérieur que diminuentla population, l'industrie


commercialeet !a culture intellectuelle.Au Mexique au Pérou et &Quito, ce
sont les plateauxet tes montagnescentrâtesqui onrentia réunion la plus nom-
breusede cultivateurs, les villesles plus rapprochées, les institutions les plus
anciennes.On observemême que, dansle royaumede Buenos-Ayres,la région
des pâturages, connue sous le nom des Pampas, se trouve interposée entre le
port isoléde Buenos-Ayres et ta'grandemassed'Indienscultivateursqui habitent
lesCordillèresde Charcas, de la Paz et du Potosi. Cettecirconstancefait naître,
dans un même pays, une diversité d'Intérêts entre les peuplesde l'Intérieur et
ceuxqui habitentta côte.
Lorsqu'onveut se formerune idée précisede ces vastesprovincesqui, depuis
des siècles, ont été gouvernées,presquecommedes états séparés, par desvice-
rois ou des capitaines-généraux,il faut fixerson attentionsur plusieurspoints à
la fois. Il faut distinguerlesparties de l'Amériqueespagnolequi sont opposéesà
l'Asiede cellesq<Msont baignéespar l'Océanatlantique; il faut discuter, comme
nous venonsde le faire, où se trouve placéela majeurepartie de la population,
si elle est rapprochéedes côtes, ou si elleest concentréedans l'intérieur, sur les
plateauxfroidset tempérésdes Cordillères;il fautvérifierlesrapportsnumériques
entre les indigèneset les autres castes, rechercherl'originedes familleseuro-
péennes, examinerà quelle race appartient le plus grand nombre de blancs
dans chaque partie des colonies.Les AndalouxCanariensde Venezuela, les
Montagnards' 1 et les Biscayensdu Mexique, les Catalans de Buenos-Ayres
diiïèrentessentiellement entre eux dans leur aptitudepour l'agriculture, les arts
mécaniques, le commerceet les objetsqui tiennentau développementde l'intel.
ligence.Chacune de cesracesa conservé, dans le Nouveau~Monde commedans
l'ancien, les nuances qui constituentsa physionomienationale, l'apreté ou la
~ouceur de soit caractère, sa modérationou le désir excessifdu gain, son
hospitalitéan~bleou le gont pour l'isolement.Dansdes paysdont la population
est en grandepartie composéed'Indienset decastesmêlées, lesdinerencesqui se
manifestentparmi lesEuropéenset leurs descendahs~nepeuvent pas sansdonte
être aussicontrastéeset aussimarquantesque cellesqu'oSroientjadis les colonies
d'origineïonienneet doraique. Transplantésdans la zone torride, devenus,sousun
cielnouveau,presqueétrangersaux souvenirsdela mère patrie, les
Espagnols,
ont dû éprouverdes changemensplus sensiblesque lesGrecs établissur les côtes

J)fon<of:MM.
C'estainsiqu'onappelle
en Espagne
leshabitans
desmontagnes
deSantahder.
CHAPITREXII. 56g
de l'Asie-Miaeure oude
on de rhatm. donties~MmatsdiC&rentsinea
l'halle, dontlesclimats diSerentsi peudede ceuxd Athènes
ceux d'Athènes
ou de Corinthe. €& ne sauroit nier lesmodiccationsdiversesqu'ont produites
à ta ibis dans le caractèrede l'Espagnol~Amérieam la eonstitu~ionphysiquedu
pays,l'isolementdescapitalessardesplateaux,ou leur rapprochement des eôteS)
la vie agricole, le travaildesmineset l'habitude des spéculationscommerctaÏes~:
maison reconno~partout dans leshabitansde Caracas,de Santa-Fe-,deQuito
et de Buenos-Ayres,quelque chose qui appartient à la race, à la filiationdes
peuples.
Si l'on examinefêtât de la capitaineriegénéralede Caracasd'aprèslesprincipes
que nous venonsd'exposer,on voit que c'est principalementprès du littoral que
se trouventson industrieagricole,la grande massede sa population, ses villes
nombreuseset tout ce qui tient à une civilisationavancée.Le développement
des côtesest de plus de 200 lieues.Elles sont baignéespar la petite mer des
Antilles, sorte de Méditerranée,sur les bords de laquellepresque toutes les
nationsde l'Europe ont fondé des colonies,qui communiquesur beaucoup de
points à l'Océanatlantique, et dont l'existence, depuista conquête, a influé
sensiblementsur le progrès des lumièresdans la partie de l'est de l'Amérique
équinoxiale.Les royaumes de la Nouvelle-Grenadeet du Mexiquen'ont de
rapport avecles coloniesétrangères,et par ellesavec l'Europe non-espagnole,
que par les seuls ports de Carthagènedes Indeset oe Sainte-Marthe,de Vera-
Cruzet de Campêche.Cesvastespays, par la naturede leurscôtes et l'isolement
deleur populationsur le dos des Cordillères,offrent peu de points de contact
avecl'étranger.Le golfe du Mexiqueest mêmemoins fréquenté, pendant une
partie de t'année, à causedu danger des coups de vent du nord. Les côtes de
Venezuela, au contraire, par leur étendue, leur développementvers l'est, la
multiplicitéde leurs ports et la sûreté de leurs atterragesdans les différentes
saisons,profitent de tous les avantagesqu'onre la mer intérieuredes Antilles.
Nullepart lescommunications aveclesgrandesMes,et mêmeaveccellesdu Vent,
ne peuvent être plus fréquentesque par les ports de Cumana, de Barcelone,
dela Guayra de Porto-Cabello,de Coroet de Maracaybonullepart lecommerce
illiciteavecles étrangersn'a été plus difficileà, restreindre.
Peut-ons'étonner que
cette facilité de rapports commerciauxavecleshabitans de l'Amériquelibre et
les peuplesde l'Europeagitéeaient augmentéà la fois, dansles provincesréunies
sous la capitaineriegénéralede Venezuela, l'opulence,les lumièreset ce désir
Inquiet d'ungouvernementlocal, qui se confondavecl'amour de la libertéet des
formesrépublicaines?
Relation A<~or~Me~
7bw. Z. ~2
$~0 LIVRE IV.
Les indigènescuivrésou indiensne constituentune massetrès-importantede
la populationagricolequela o&les Espagnols, au'moment de là conquête,ont
trouvédes gonvememensréguliers, une sociétécivile, desinstitutionsanciennes
et le plus souvent très-compliquées,comme &la Nouvelle-Espagneau sud de
Durango, et au Pérou depuis le Gouzcojusqu'au Potôsi. Dans la capitainerie
généralede Caracas,la populationindienneest peu considérable,du moinshors
des missions,dans!azonecultivée.Au momentdes grandesdissentionspolitiques
les indigènesn'Inspirentpas de craintes aux blancs et aux castes mêlées.En
évaluant,en )t8oo,la populationtotaledes sept provincesréuniesà <)00,oooâmes,
j'ai penséqueles Indiensn'en font que tandis qu'au Mexiqueils font presque
la moitiédes habitans.
Parmi lescastesdont se composela populationde Venezuela celle desnoirs,
qui excite la foisl'Intérêt du au malheuret la crainted'une réaction violente,
n'est pas considérablepar le nombre; ellel'est par son accumulationsur une
étenduede terrain peu considérable.Nous verrons bientôt que, dans toute la
capitaineriegénérale,lesesclavesn'excèdentpas de la populationentière dans
l'îlede Cuba, cel!edesAntillesoùles nègressont en plus petit nombrecompara-
tivementauxblancs,ce rapportétoit,en t8ït/comme ï à3. Lessept provinces
réuniesde Venezuelaont 60,000 esclaves;Cuba, dont l'étendue est huit fois
moindre, en a 212,000.En considérantla mer des Antilles, dont le golfe du
Mexiquefait partie, commeune merintérieurea plusieursissues,il est important
defixernotre attentionsur les rapports politiquesqui naissentde cette configu-
ration singulièredu Nouveau-Continent entre des pays placésautour d'un même
bassin. Malgrél'isolementdans lequel la plupart des métropoles tâchent de
tenirleurs colonies,les agitationsne s'en communiquentpas moins.Les élémens
dedivisionsont partout lesmêmes;et, comïnepar instinct, il s'établitun accord
entre des hommesd'une mêmecouleurséparéspar la din~rencedulangage, et
habitant des côtes opposées.Cette Méditerranéede l'Amérique, formée par le
littoral de Vene'a~la, de la Nouvelle-Grenade,du Mexique,des États-Unis et
des MesAntiue~ compte sur ses bords près d'un million et demi de noirs
libreset esclaves;ils sont si Inégalementrépartis, qu'iln'y en a que très-peuau
sud et presquepasdans Ift fégionde l'ouest.Leur grandeaccumulationse trouve
sur !escotesseptentrionaleset orientales.C'est pourainsi dire
la! partiea&icaine
Les produitsdesétatsfwM-aMe~snMM sontexportés
parle Mississipi,
et MposseMiomdesFto-
ridesn'ests.vivement
désiréeparlesAnglo-Américains
quepour tmptM~rfmd
eecttper
decotessurlamerintérteure. déYetoppement
CHAPITRE XII. ~7*

de ce bassin intérieur,Il est naturelque les troubles qui, repais ï~Q~, se sont
manifestésà Sain~Domingue,,sesoientpropagésaux côtes de 'Venezuela.Aussi
long-tempsque l'Espagnea possédétranquillementcesbellescolonies tes petites
émeutesd'esclavesontété facilementréprimées;mais, dès qu'une lutte d'un
autre genre, cellepour l'indépendance,a commencé,les noirs, par leurattitude
menaçante,ont tour à tour inspirédescraintesaux partis opposes, et l'abolition
graduelleou instantanéede l'esclavagea été proclaméedans différentesrégions
de l'Amériqueespagnole,moins par desmotifsde justiceetd'humanitéquepour
s'assurerl'appui d'une race d'hommes Intrépides, habitués aux privations, et
combattantpour leurs propres Intérêts.J'ai trouvédans la rotationdu voyage
de GirolamoBenzoniun passagecurieuxqui prouve combiendatent de loin les
craintesquedoit produire l'accroissement de la populationnoire.Ces craintes
ne cesseront.que là où les gouvernemens seconderont,par des lois lesamélio-
rations progressivesque l'adoucissementdes moeurs~l'opinion et le sentiment
religieuxintroduisentdans l'esclavagedomestique.«Les nègres, dit Benzoni,
se sont tellementmultipliésà Saint-Domingue,qu'en ï5~5, quand j'étois à la
Terre-Ferme(àla côtede Caracas),j'ai vubeaucoupd'Espagnolsqui ne <~OM<<Me7!t
pas que sous peu cette ~e ~c/ïMt propriété des noirs Il étoit réservéà
notre sièclede voir s'accomplircette prédiction, et une colonie européennede
Amérique setransformeren unétat africain.
Les 60,000 esclaves unies de Venezuela
que renferment les sept provinces
sont si inégalement la de Caracas seule en contient pwes
répartis, que province

Vi sono molti Spagnmot!,chetengono par concerta, che quest'Isola (San Dominico) in breve
tempo sarà posseduta da qaestt Mori di Guinea. (B~Mat, ~fM<.del nton~~ttofo, éd. ada 'Sya,
croit que de son
p. 65.) L'auteur, qui n'est pas tr&s-scrnpoteuxsur les données statistiques qu'il adopte,
temps il y avoità Saint-Domingue 7000nègres fugitifs( Jtfoncimaroni) avec lesquels don Luis Colomb fit
un traité de paix et d'amitié,
I
Cette évaluationne dinere que d'un dixièmede celle que j'ai publiée dans mon ouTrage sur le Mexique
(Tom. H, p. 748), qui est terminé par des considérations générales sur l'état de toutes les colonies
espagnoles.Vivement intéressé à connoître avec précision la population noire de l'Amérique je m'étois
formé, en t8oo, sur les lieux mêmes et en consultant de riches propriétaires (A<MMtM&!<&M), des listes par-
tielles pour les valléesde Caracas Caucagua, Guapo, Guatire, Aragna, Ocnmare, etc. Cesévaluations
donnoientpour la provincede Venezuela3a,Soo esclaves~pour toute la Capitania gênent~de OaraotM54,poo,
èt non;ti8,4oo noirs, commeM. Deponsl'indique en supposant (sans doute par erreur de chi&es), que
les noirs sont presque le tiers (~) de la populationentière, (Yoyage à la Terre-Ferme, Tom. t, p. t7S
et a4t.) Les données que je me suis procurées pendant mon séjour à Caracas, à Cumana et dans la
Guiane espagnole, ont été soumisesrécemment à de nouvelles vériEcations, par les soins obligèans de
Don ManuelPatacio-Faxardo qui a publié une notice très-intéressante sur le carbonate de soude ou Urao
5y2 HVREÏV.
de quarante mille, dont de mulâtres, Maracaybodix à douzemiUe, Cumana
et Barceloneà peine six mille. Pour juger de l'influenceque les esclaveset les
gensde couleuren général exercentsur la tranquiHitépubliqueit ne sa~Ltpas
de connoîtreleur nombre, il fautconsidérerleuraccumulationsur certainspoints
et leur genrede viecommecultivateursou habitansdes v!Hes.Dans la province
de Venezuela,les esclavesse trouvent presque tous rëunis-sur untereain~qui
n'est pas d'une,grandeétendue, entre la côte et une ligne qui passe (à 12 lieues
de!a cote)par Panaquire, Yare, SabSnade Ocumare, Villa de Cura et Nirgua.
LesLlanos ou vastesplainesde Cataboso, SanCarlos, Guanareet Barquecimeto
n'en renfermentquequatre à cinq mille, qui setrouvent épars dans les fermeset
occupésdu soindes bestiaux.Le nombredesaffranchisest très-considérabteles
lois et lesmœurs espagnolesfavorisentl'affranchissement.Le maître ne peut
refuserla liberté à un esclavequi lui offrela somme de trois cents piastres,
t'esdaveeût-ilco&téle double, à causede son industrie et d'une aptitudeparti-
culièreau métier qu'il exerce. Les exemplesde personnesqui, par testament,
donnent la liberté à un certainnombre d'esclaves,sont plus communsdans la
province de Venezuelaque partout qilleurs.Peu de temps avant que nous
visitassiezles valléesfertilesd'AraguaetJelacde Vaience,une dame qui habitoit
le grand villagede La Victoria ordonna, sur son lit de mort, à ses enfans, de
donner!a libertéà tous ses esclaves~au nombre de trente. J'aime à rapporter
desfaits qui honorent le caractèredeshabitansdont nousavons reçu, M. Bon-
j pMndet moi, tant de marquesd'affectionet debienveillance.
AprèslesnoirsonestsurtoutIntéressé,dansles colonies,à conno~trelenombre
des blancscréonsquej'appelleZ~agno~M~-tC~HM et celuides blancsnés
en Europe. Hest tiinicHedese procurerdesnotions sufEsammentexactessur un
point si délicat. Le peuple, dans le Nouveau-Mondecommedans l'ancien,
abhorrelesdénombremens,parcequ'il soupçonnequ'on lesfait pour augmenter
la massedes impôts.D'unautre côté,lesadministrateursenvoyésparla métropole
danslescolonies,n'aimentpasplus que le peuple lesrelevésstatistiques,et cela
par des raisonsd'une politique ombrageuse.Ces retevésfatigans à faire sont
dinicilementsoustraitsàla curiositédescolons. Quoique,à Madrid,desministres,
<'ela LaguniUa,
etdontlestroisjournaux
dertmtedeSanta-Fe
à Vannas,deCaracasauxLlanosde
Foreet de Meridaà Truxillom'ontfournidesmatériaux
précient
pourle perfectionnement
des
cartesgéographiques.
A l'imitation du mot Anglo- ~«Mf-aM fecu dans teates les
tangnes de PEnrope. Dans les colonies
espagnotes,onnomme les blancs, nés en A mérique,des .E~M~no~,et les ventaMes Espaptob, ceux qui sont
nés dans la métropole, des JPM~~M,~ac/w~tfM on
Chapeton8.
CIIAPITRE XII. 5~3
éclairéssur les v~ltables intérêtsde la patrie aient désiréde temps en temps
obtenir-des informationsprécisessur la prospérité croissantedes colonies, les
autoritéslocalesn'ont généralementpas secondedesvuessiutiles. Il a &Mudes
ordresdirectsdela cour-d'Espagnepourqu'ondélivrât aux éditeursdu Af~nc'K~
~rMftcn les excellentesnotions d'économiepolitiquequ'ils ont publiées.C'est a
Mexico,etnonà Madrid,quej'ai entendublâmerle vice-roicomtede Revillagigedo
d'avoir appris à toute la Nouvelle-Espagne que la capitaled'un pays qui a près
de six millionsd'habitansne renfermoit, en ï~po, que a3oo Européens, tandis
qu'on y comptoitplus de 5o,ooo Espagnols-Américains.Les personnes qui
proféroientcesplaintes,considéroientlebelétablissement despostes par lesquelles
une lettre voyagede Buenos-Ayresà la Nouvelle-Californie,commeune des
plus dangereusesconceptionsdu comte de Florida-Blanca elles conseilloient
(heureusementsans succès) d'arracher les vignesau Nouveau-Mexiqueet au
Chili pour favoriserle commercede la, métropole.Étrange aveuglement,qui
fait croireque, par des dénombremens,on révéleraaux coloniesle sentimentde
leurs forces!Cen'est que dans les tempsde désunionet de troublesintérieurs,
qu'en examinantla prépondérancerelativedes castes,qui toutes devroientêtre
animées d'un même intérêt, on semble évaluer d'avance le nombre des
combattans!
Si l'on compare les sept provincesréunies de Venezuela, au royaume du
Mexiqueet à l'ilede Cuba, on parvientà trouverapproximativementle nombre
des blancscréoleset mêmecelui des Européens. Les premiers, ou Espagnols-
Américains,font au Mexiqueprès d'un cinquième;à l'île de Cuba, d'aprèsle
dénombrementtrès-exactde ï 8ï ï, un tiers de la populationtotale. Lorsqu'on
réfléchitsurles deux millionset demi d'indigènesde race cuivréequi habitent
le Mexique,lorsqu'onconsidèrel'état descôtes baignéespar l'Océanpacifiqueet
le petit nombredesblancs que renfermentlesintendancesde Pueblaet d'Oaxaca
comparativementaux indigènes,on ne peut douter que, sinon la Capitania
general, du moinsla provincede Venezuela,offre une proportionplus forte
que celle de ï à 5. L'~e de Cuba, dans laquelle les blancs sont même plus
nombreuxqu'au Chili peut nous fournir un nombre limite, c'est-à-dire le
MMMWHMTM, qu'on peut supposerdans la capitaineriegénéralede Caracas.Je
croisqu'il fauts'arrêterà deuxcentsoudeuxcent dixmilleEspagnols-Américaine
Je ne nomme pas le royaume de Buenos-Ayresoù, sur plus d'un million
d'haMtans, les blancs sont
extrêmement nombreux dans h partie du littoral, tandis que les plateaux ou provinces de la Sierra sont
presque entièrement peupMsd'indigents.
5~4 t-tVRE tV.

sur une populationtotale de 900,000ames.Dansla race Manche,!e nombre des


Européens (Ttoncompris les troupes envoyéespar la métropole)ne parott
pas excéderdouzequinze mille.Au Mexique, il.ne s'élèvecertainement pas
au-delàde 60,000, et je trouve, par plusieursrapprochemens,quesi l'on évalue
toutes les coloniesespagnolesà i~ ou i5.millions d'habitans~il y a dans ce
nombreau plus 3,ooo,ooodecréolesblancset 200,000Européens.
Lorsquele jeuneTupac-Amaru,qui se croyoit héritier légitimede l'empire
des Incas, fit, en ï~8t, à la tétede ~0,000tndiens montagnards, la conquête
de plusieursprovincesdu Haut-Pérou, tousles blancs furent saisis de la même
crainte.Les Espagnols-Américains sentirent, commeles EspagnolsnésenEurope,
la
que lutte étoit cellede la race cuivréecontre la race blanche, de la barbarie
contre la civilisation.Tupac-Amaru, qui lui-mêmen'étoit pas sans culture,
'commençapar flatter-lescréoleset le clergéeuropéen;maisbientôtentraînépar
les événemenset l'esprit de vengeancede son neveu Andréa Condorcanqui,il
changeade projet. Un mouvementvers l'IndëpeBdanc~ devint une guerre cruelle
entre les castes lesblancsrestèrent vainqueurs,et, excitéspar le sentimentd'un
intérêt commun, ils fixèrentdès-lorsune viveattention surle rapport qui existe,
dans lesdifférentesprovinces, entre leur nombre et celui des Indiens. Il étoit
réservéà nostempsde voir les blancs porter cette attention sur enx-m~mes,et
par des motifsde méfiance, examinerles élémensdont se compose leur caste.
Chaqueentreprisepour conquérirl'indépendanceet la liberté, met en opposition
le parti nationalou américainet les hommesde la métropole.Lorsquej'arrivai
à Caracas,ceux-civénoientd'échapperau danger dont ils s'étoientcrus menacés
dansle soulèvementprojeté par Espana. Cette tentative hardie eut des suites
d'autant plus graves,qu'au lieu d'approfondirles véritablescausesdu mécon-
tentementpopulaire, on crut sauver la métropole en n'employant que des
moyensde rigueur.Aujourd'hui,desmouvemensqui ont éclatédepuisles bords
du Riode la Plata jusqu'au Nouveau~Mexiqu&, sur une étendue de quatorze
centslieues,ont diviséles hommesdune communeorigine.
On paroît étonnéen Europe de voir que les Espagnolsde la métropole, dont
nousavonsIndiquéle petit nombre, ont fait, pendant des siècles,une si longue
et.si forterésistance;et l'on oublieque, danstouteslescolonies,le parti européen
s'augmentenécessairementd'une grande masse de nationaux. Des intérêts de
famille,le désird'unetranquilliténon interromMue,la craintede. se jeter dans
une entreprisequi peut échouer, empêchentceux-ci dembrasserla cause de
l'indépendance,ou d'aspirerà l'établissementd'un gouvernementlocalet repré-
CHAFtTR!! X!I. 5~5

sentatif,quoiquedépendantdela mère-patrie.Lesuns, craignanttouslesmoyens


violons, se flattent quedes réformeslentes pourrontrendre moinsoppressif te
régimecolonial Ilsne voientdanslesrévolutionsquela perte de leurs esclaves,la
spoliationdu clergéet l'introduction d'une tolérance religieusequ'ils croient
incompatibleavecla pureté du culte dominant.D'autresappartiennentà ce petit
nombredefamillesqui, dans chaquecommune,soitpar une opulencehéréditaire,
soit par leurétablissementtrès-anciendans les colonies,exercentune véritable
aristocratiemunicipale.ils aimentmieuxêtre privésde certainsdroits que de les
partageravectous; ils préféreroientmêmeune dominationétrangèreà l'autorité
exercéepar desAméricainsd'unecasteinférieure ilsabhorrenttoute constitution
fondéesur l'égalitédesdroits; ils redoutent surtout la perte de ces décorations
etde cestitres quileuront coûtétant de peine à acquérir, et qui, comme nous
l'avonsrappeléplushaut, fontune partie essentiellede leur bonheur domestique.
D'autresencore,et leur nombre est très~onsidérable,vivent à la campagnedes
produitsde leurs terres, et jouissentde cetteliberté qu'oSre,sousles gouverne-
mensles plusvexatoires,un pays dont la populationest éparse.N'aspirantpoint
aux places eux-mêmes, ils les voient avec IndiSérenceoccupées par des
hommesdont le nom leur est presqueinconnu et dont le pouvoir ne lesatteint
pas. Ils préféreroient,sansdoute, à l'ancienétat des colonies,un gouvernement
nationalet une pleineliberté de commerce maisce désirne l'emportepas assez
sur l'amourdu repos et leshabitudesd'unevie indolente, pourles engagerà-des
sacrificeslongset pénibles.
En caractérisant,d'après les rapports multipliésque j'ai eus avectoutes les
classesdes habitans, cette tendance diversedes opinions politiques dans les
colonies,j'ai développépar-làmêmeles causesde cette longueet paisible domi-
nation de la métropolesur l'Amérique.Le repos a été le résultatde l'habitude,
de la prépondérancede quelquesfamillespuissantes,et surtout de l'équilibrequi
s'établitentre des forcesennemies.Une sécurité, fondéesur la désunion, doit
être ébranléedès qu'unegrandemassed'hommes, oubliantpour quelquetemps
leurshainesindividuelles,se réunissentpar le sentimentd'un intérêt commun;
dès que ce sentiment, une fois éveUlé,se fortifiepar la résistance, et que le
progrèsdes lumièreset le changementdes mœurs diminuent l'influencede
l'habitudeet desidéesanciennes.
Nous avons vu plus haut que la population indienne, dans les provinces
réuniesde Venezuela,est peu considérableet récemmentcivilisée;aussi toutes
lesvillesy ont été fondéespar lesconquéransespagnols.Ceux-cin'ont pu suivre,
5~6 ï.tVRE!V.
LIVRE ivs.
commeau Pérou et au Mexique,testracesde l'ancienneculture des indigènes.
Caracas,Maracaybo,Cumanaet Coro n'ont d'Indienque lenr~nOMM. Parmi les
trois capitales1 de l'Amérique équinoxiale, placées dans les montagnes, et
jouissantd'un climat très-tempérer Caracas est la moinsélevée. Comxnela
grandepopulationde Venezuelasetrouve rapprochéedes côtes et quela région
la plus cultivéeleur est parallèleen se dirigeant de l'est à l'ouest, Caracasn'~st
point un-centrede commerce,commeMexico,Santa-Fede Bogotaet Qnitp. Des
septprovincesréuniesdansune capitaineriegénérale, chacunea un port parti-
culierpar lequel sortent ses produits. H sumt de considérerla position des
provinces,leurs rapports plus ou moins intimes avec les tles du Vent on les
grandesAntilles, la directiondesmontagneset le cours des grandsfleuves,pour
concevoirque Caracasne pourra jamais exercer une influence politique très-
puissantesurles pays dont elle est la capitale. L'Apure,le Meta et l'Orénoque,
'qui se dirigent de l'ouestvers l'est, reçoiventtous les aniuensdesLlanosou de
la régiondes pâturages,Saint-Thomasde la Guianeseranécessairementunjour
une placede commerced'une haute importance, surtout quand lesfarinesde la
NonveUe-Grenade,embarquéesaudessus du confluentdu Rio Negro et de
l'Umadea,descendrontpar le Metaet l'Orénoque,et qu'à Caracaset à Cumana
on les préféreraaux farinesde la Nouvelle-Angleterre. C'est un grand avantage
les
pour provinces de Venezuela de ne pas voir toutesleursrichesses territoriales
dirigées surunmême point, commecellesdu Mexique et de la Nouvelle-Grenade
quirefluentà Vera-Cruzet à Carthagène,maisd'onrir un grandnombredevilles
presqueégalementbien peuplées, et formantcommeautant de centresdiversde
commerceet de civilisation,
Caracasestle sièged'une ~M~MHCM (haute-courde justice) et d'un deshuit
archevêchésdanslesquelsest,diviséetoute l'Amériqueespagnole'.Sa population

Mexico, Santa-Fe de Bogota et Quito. On ignore encore t'etévatton du sol de la capitale de Guatimata.
D'après les productions végétâtesqui naissent sur ce sol, on peut croire qu'elle est an-deiisonsde 5op toises.
Les archevêchés ~jie" AudiemciMn'ont pas les mêmes Mntites qae les grandes divisions
politiques
~q~~I,indépendantes tesones des autres, sont connues sousles non)s de Tiee-royimtéset de capitaineries
générâtes. Souvent it y a deux ~ff&MCM<dans une même Ttce-royaute, comme cettes de Mexicoet de
Guadataxara, de Lima et du ConzcO; quelquefois les évêques d'une vice-royauté sont dependans de rar-~
chevêquequi réside dans une antre division politique, Les éveqmesde Panama, de Mainas, de Quito et de
Cuencasont soumisà
l'archevêque de Lima, pt non à celui de la Nouvelle-Grenade. Les 8 archevêques
de l'Aménque espagnole ont leur
siège à Mexico, Guatimala, Saint-Domingue, la Havane, Caracas,
Santa-Fe de Bogota. Lima et Chuquisaca ou Charcas. Les ta ~M~MnptMsontcettes de
Mexico, Guada-
lasara, Guatimala, ta Havane,Caracas, §anta.Fe de Bogota, Quito, Lima, Couzco,
Chuquisaca, Santiago
..w~ ~–
~~M~ ~7?
.<t~<A~Ë-i-jt*I~

.e~~ le~x~,i~:p~~sxr~rts.la~c~yoïe~t ~~n~e


~y~ib~çe~xd~c~uüeur~
~t,d D!valti~ta~~s`~~ ~ai~x~~8~
a~ ~an~es ~re~enseactë~
dt~mt

de~~a~ca~t~a
deHE:a]~< br~)~e=.liée;d~5~~c~ttn,i~ ëat4gfiac~e.avoxt~sau~'éx~
~tae~ pa~-,uu~ ~~tlle,~~id,te~`âe,~ia La.Dlortalitéi
`~etitewérole: s'éléya`:
ttttB~ ectteépoque¡ méQ}t)fable,l'inoc'olati.oo,
es~deweBae..g~erate~t~~ Je:s~urs.d.~smédeeins.
proMnce-de-~C!u<~Ma.-t~ wlpwùuicatÍ(I!4Juvt~a-1.°Éurope 3Qntmoins. fré;
qMBte6,M.a~d~< te~ps1,.p!Í$.:un~eJnple!d~p:eii~
,Y.~roledepuis
qMB~.aM~t~racas.
parceqa'~s'y~oiatro~to~o~ ~pQradiqPeJDènt:sul'plusieurs pointsà.;la'fois
Je d~~porad~ejn~e~ da~ns.i'Amérïque où
équitioxiale, les chaugemens ,de
ratmosp~reettesphe~ojme~d~ sujetsà une;v¢~io-
~~M~~aaMe~ Ïa p~~ in, ro uciQn~ sxien aisa~te~d~~a
vaccïne~n'exe~Mt ~va~ t'on p~tt ajouterJ!bià ooe croyance trës-
r~an4ae)<s~ï5oQt§ mop"retonren Europe,la popnlatiôu
deCaM~sa~~a~aag~~ clleétoit;de 5P,ooo>àmes.,
lorsque,le grand
tremblement de terredMs6tMMtSï&emËtp&ir,soMstesminesdeemaïsens,
prèsdedoazemille.Lesévéoemens po!!t!qaesqciontsaccéd~ cette:catastrophe,
ont red<Mtle nombredes habitansa moiosde vingt ïmme;matscesperte$ne
tarderontpas à êtret'ëparëes,sije pay~e~r~ement jEert~eetco~mercantdont
Caracasestle centre,a le bonheurde )oaM' de qaehptesanalesde reposetd'une
sageadtBHMstratton.
La TtHe est sttNee à rentrée de ïaplatne de Chacao, qui s'étend trois Henes
l'est vers Canritoare et la Cuesta de Aoyamas, et qui a jusqu'à deux lienes et

de CMa et ~eM~AyM!).EmSn,ÏM ti ~*°~ ~M"oB'P~Mt'qaM Mnt U T:ce-MyanM du Mextqne


(a~edeM cMtmMt~MM ~m~MM <ttMte<JRwtoeMMMt~f~xM et te capitainegen~t de Tacatam)teaC~t-
«t~KM~)Mfa~de G~<&m<)h,d~deM HottdeB,del'tte de <~tba,de!S&mt-!&)~!ngM, dePorto-Rico
et de VetezMh; h ~tce-MyMMde h Non<eBe-6Maade~~(~M .PMMf&'M~de Qmtû); ceNMdn
MMmetdeBaea<~&yt*t;h ~'M~ do~~ Be'yt quequaWlvice.-royauf&; maisle tûiilî,
Qotta et GnMttMhomtt~)o~parte eRJ~<pe~e~ea<~4e< le .titreToy~)tMt,~ït~M<.
Le pteOdemt d'une~~ieaettt ~nt etfeM)mmt& nn t:ce-to!;parexempie,eelmdeQMtodépend,comme
dans leSàlFairea et lnilitafreB,
aJMretadm!td$t!-a<iTe~
admilÛlÍÜ'ati,ves
et amtUa&es, dnvice-roi
d)t ~ce-MtdeSMMa-Fe.
de Santa-Fe.fat
J'si cru
crmdevoir
devoir
co!)MM~<t~g<<t<n!~
co>ri~aniiont gëaéràd;
dm* teit
rappeter ici ces di~HmM
tr!p!e* dethtéfMcMesptt~qaCt~~eMasttqueet jmdMmM, ptree qt'eBesse
tfowemtMave&tcontemdwe* deM te~oavtagMqmMettentdescotoniesMpagnotee.
JXe&tttOamïtor~Me~Tbm.Z. 70
5~8 t.tVHEÏV.
demiede large. Traverséepar le Rio Guayre, cette plaine a ~t~ tp!sésd'éléva-
tion au-dessusdu niveaude là mer.Le terrain qu'occupe!s villede Caracasest
inégalet a une pente très-fortedu N.N.O.versle S.S.E.Pour se formerune idée
exactede la position de Caracas,il faut se rappeler la dispositiongénéraledes
montagnescôtièreset des grandesvalléeslongitudinalesqui les traversent. La
rivièredu Guayre natt dansle groupedes montagnesprimitivesde THiguerote,
qui séparela valléede Caracasdecelled'Aragua.Elleseformeprès de lasAjuntas,
de !a réunion des petites rivières de San Pedro et de Macarao, et se dirige
d'abordà l'est jusqu'à la CMM&t de Auyamas, et puis au sud, pour réunir,e
au-dessousde Yare, seseaux à celtesdu Rio Tuy. Cedernier est la seule rivière
considérabledans la partie septentrionaleet montagneusede la province.Elle
suit régulièrementlà direction de l'ouest à l'est, sur une longueurde 3o lieues
en ligne droite, dont plus des trois quarts sont navigables.J'ai trouvésur cette
longueur,par desmesuresbarométriques,la pente du Tuy, depuisla plantation
de-ManteroIa jusqu'à son embouchure,à l'est du cap Codera, de a~5 toises.
Cetterivière forme, dansla chatne c6tière, une espèce de valléelongitudinale,
tandis que les eauxdes Llanosou des cinq sixièmesde la provincede Caracas,
suiventl'inclinaisondu terrain versle sud, et deviennentdes afHuensde l'Oré-
noque. Cet aperçu hydrographiquepeut jeter quelque lumière sur la tendance
naturellequ'ont les habitansd'unemêmeprovinceà exporterleurs productions
par des routes diverses.
Si la valléede Caracasn'est qu'unebranchelatéralede celledu Tuy, lesdeux
valléesn'en restent pas moins parallèlespendant quelque temps. Elles sont
séparéespar un terrain montueux,que l'on traverse dansle cheminde Caracas
auxhautes savanesd'Ocumare,en passantparle, ValleetSalamanca.Cessavanes
se trouventdéjà au-delàdu Tuy; et commela vallée du Tuy est beaucoupplus
basse que celle dt! Caracas, on descendpresquetoujours dans la directiondu
nord au sud. De même que le cap Codera, la Silla, le Cerro de Avila entre
Caracaset la Guayra, et les montagnesde Mariara forment la rangée la plus
septentrionaleet la plus élevéede la chaînecôtière, les montagnesde Panaquire,
d'Ocumare, de Guiripa et de la Villa de Cura en formentla rangée la plus
australe.Nousavons rappeléplusieursfoisque la directionpresquegénéraledes
couchesqui composentcette vaste chamedu littoral, est du sud-ouestau nord-
est, et que leur inclinaisonest ordinairementvers le nord-ouest.Il résultede

'Au pieddelahautemontagne
deCocuyza,
3'~l'estdela Victoria.
CHAPITBEXtï. 579
là que htdirectiondescouchesprimitivesest indépendantede celle.dé la chatne
entière et, ce quiest très-remarquable,en suivant cette chaîne depuis Porto-
Cabellojusqu'àManiquarezet au Macana~,dansHIedéla Marguerite on trouve,
de l'ouestà l'est, d'abord du granité, puis du gneiss, du schiste micacéet du
schiste primitif; enfin du calcairecompacte; du gypse et des ag!omerat8qui
renfermentdes coquillespélagiques.
On doit regretter que la ville de Caracasn'ait pas été placéeplus à l'est;
au-dessousde l'embouchurede FAnaneodans le Guayre, là où, vers Chacao,
la vallée s'élargit en une plaine étendue et comme nivelée par le séjour des
eaux. Diegode Losada lorsqu'ilfonda*la ville, suivitsans doute lestracesdu
premierétablissementfait par Faxardo.A cette époque les Espagnols,attirés
par la renomméedes minesd'orde los Tequeset deBaruta, n'étoient pas encore
maîtresde la valléeentière, et préf~roientrester prèsdu cheminqui conduità la
côte.La villede Quitose trouveégalementsituéedansla partiela plus étroiteet la
plusinégaled'une vallée, entredeuxbellesplaines(Turupamba et Rumipamba),
dont on auroit pu profiter, si l'on avoit voulu abandonnerlesanciennescons-
tructionsindiennes.
On descendcontinuellement,de la douanede la Pastora, par la place de la
Trinité et la Plaza major, à Sainte-Rosalie et le Rio Guayre. J'ai trouvé, par
des mesuresbarométriques,la douanede 3y toisesau-dessusde la place de la
Trinité, près de laquellej'ai fait mes observationsastronomiques;celle-ci de
8 toisesau-dessusdu pavé de la cathédralede la grande place, et la grande
place3a toisesau-dessusdu Rio Guayre à la Noria. Cette déclivitédu terrain
n'empéchepas les voitures de rouler dans la ville, mais les habitans en font
rarementusage.Trois petites rivières~qui descendentdes montagnes,FAnauco,
le Catucheet le Caraguata,traversentla villeen se dirigeant du nord au sud;
ellessont très-encaissées,et rappellenten petit, aveclesravinesdesséchéesqui
de Quito3. On
s'y réunissenten entrecoupantle terrain, lesfameux Guaicos
boit à Caracasl'eau du Rio Catuche; maisles personnes aiséesfont venir l'eau
du Valle,villagesituéà unelieueau sud. On croit cette eau et celledeGamboa

J'aiparléplushaut,
Chap.Xt, détachonsdulittoral
p.549,Jel'mterntpHon l'est dncapCodera.
La fondationde Santiago
deLéondeCaracasestdet56~,etpostérieure
àcelledeCumana,
Coro,
Nueva
BarcelonaetCaravalleda
ouElCollado.FrayPedroSimon, Not.7,Cap.m, p.5~5.Oviedo
y
BfMtM,p. 262.
~o~MpttKthant, Chap. iv, p. 3l3.
580 MVREiv.
très-salutaires,parcequ'ellescoulentsurles racinesde lasàlsepareille Je n'y ai
pu découvriraucune trace d'arômeoud'extractif l'eau du VaIIene contient pas
de chaux, mais unpeu plus d'acidecarboniqueque l'eau de l'Anauco.Le pdnt
nouveausur cettedernièrerivièreest d'une belle construction, et fréqheiOite par
ceuxqui se promènent du côté de la Gandelaria,surÏà route de Chacaoet dé
Petare.On compte à Caracas8 églises, 5 couvenset unesalle de spectaclequi
peut renfermer quinze à dix-huit cents personnes. De mon temps, elle étoit
disposéede manièrequeJe parterre, dans lequelleshommesse trouvent séparés
des femmes,nétoit pas couvert.On voyoit à la fois les acteurs et les étoiles.
Commele tempsbrumeuxmefaisoitperdre'beaucoupd'observationsde satellites,
je pouvois,d'une loge duthéatre,m'assurer si Jupiter seroit visiblependant la
nuit. LesruesdeCaracassont larges bien alignées,et se coupentenanglesdroits,
commedanstoutesles villes fondées par lesEspagnolsen Amérique;Les maisons
sont spacieuses,et plus élevéesqu'ellesne devroientt'être dans ,un payssujet
auxtrembtemensde terre. En ï8oo, lesdeux placesd'AIta Gracia et de Saint-
François offroient un aspect très-agréaMe;je dis em8oo, car les terribles
secoussesdu a6 mars1812ont détruit presquetoute la ville.Eiteserelève ten-
tement deses ruines; te quartierdela TWnK&ïJ, quej'ai habité, a~te bouleversé
commesi une mineavoit éclaté au-dessous.
Le peu d'étenduede la valléeet la proximitédes hautes montagnesd'Avila
et de la Silladonnentau site de Caracasun caractèremorne etsévère, surtout
danscette partie de l'année où règnela température la plus*fratche,aux mois
denovembreet de décembre.Lesmatinéessont alorsd'une grandebeauté par
un ciel pur et serein, on voit à découvertles deuxdômesou pyramidesarrondies
de la-Sillaet la crête denteléedu Cerro de Avità.Mais, versle soir, l'atmosphère
s'épaissit;les montagne~se couvrent; destraînéesde vapeurssont suspenduesà
leursflancstoujoursverts, et lesdivisent commepar zonessuperposéeslesunes
aux autres.Peu à peu ces zones se comtbndent,l'air froid qui descendde la
Silla s'engouffredansle vallon, et condenseles vapeurslégèresen gros nuages
floconneux.Cesnuagess'abaissentsouventau-dessousde la Croix de la Guayra,
et on les voit s'avancer, en rasant la terre, vers la Pastorade Caracaset vers le
quartiervoisinde laTrinidad. Al'aspect de ce ciel brumeux,je me croyois,non

Danstoutel'Amériqoe,
on s'imagine
queteseautacquièrent
tMvertusdesplantesà l'ombre
ellescoulent.
desquelles C'estainsiqu'au
détroitdeMageMan
on~tntebeaucoup
t'eauqutentreencon-
tactavec
lesracines
daWinteranaCaneHa.~<!gen/~<&,ne<t ~8, p.3t5.)
CHAP!THBXïï. 58t
1
dansunedes vallées tempéréesde la zonetorride, mai~au&nd del'Allemagne,e
surles montagnes~uHarzcouverteade pins et de mélèzes.
Maiscet aspect si sombre et si mélancolique,ce contrasteentre la sérénité
dumatin et leciel couvertdu soir, ne s'observentpas aomilieudeï'été. Les nuits
de juin et de juilletsontclairesetdéliciensesl'atmosphèreconservealorspresque
sansinterruptioncette puretéet cettetransparencequi sont propresaux plateaax
et à toutesles hautesvalléespar un tempscalme, aussi long-tempsque les vents
ne mêlent pas descouchesd'air d'inégaletempérature.C'est dans cette saison
d'été que l'on jouit de toute la beautéd'un paysageque je n'ai vu bien éclairé
quependantquelquesjours, à la findu moisde janvier.Lesdeuxcimesarrondies
de la Sillase présententà Caracaspresquesousle même angle de hauteur que
le Pic de TénériSeau port de l'Orotava.La première moitié de la montagneest
couverted'un gazon ras; puis vient la zone des arbustestoujours verts, que
reflèteunelumièrepourprée à l'époquede la &oraisôndu Befaria,te Rosage des
Alpes de l'Amériqueéquinoxiale.Au-dessusde cette zoneboisées'élèventdeux
~nassesrocheusesen formededômes.Dépourvuesde végétation,ellesaugmentent,
par leur nudité, la hauteur apparente d'une montagnequi, dans l'Europe
tempérée,entreroità peine dans la limitedes neigesperpétuelles.C'est aveccet
aspectimposant de la Silla et les grands mouvemensdu terrain au nord de !a
ville, que contrastent agréablementla région cultivée du vallon, les plaines
riantesde Chacao, de Petare et de la Vega.
Le climat de Caracasa été nommé souventun /~Tnfem/Mperpétuel; on le
retrouvepartout à mi-côtesur lesCordillèresde l'Amériqueéquinoxiale,entre
~oo et goo toisesd'élévation,à moins que la grande largeurdes valléeset des
plateaux,jointe à l'aridité du sol, n'augmenteoutre mesuré l'intensitéde la
chaleurrayonnante.Que peut-on en effet imaginer de plus délicieux qu'une
températurequi sesoutientle jour entre 20° et 26", la nuit entre i6" et t8°,
et qui favoriseà la foisla végétationdu Bananier( Cambury ), de l'Oranger,du
du
Cafier, pommier, de l'abricotieret du froment!Aussiun écrivainnational5

la hauteur
J'aitrouvéHa Trinidad, delaS'Ha,den° 19'4g".Sadistance
apparente esta peuprès
de45ootoises.
Commeà Carthago et a ïbague dans la Nouvelle-Grenade. Voyez mes fro& de ~M~eo~. pj<!n/.
p. 98.
Entre t6<'et9o'8 R.
Entre ia",8et t4°,4R.
L'historiographe de Venenteta, Jose de Oviedo y BaBos.
582 LIVRE tV.

et
comparele site de Caracasau Paradis terrestre, et reconnoît,<tansMnauco
lestorrens qui l'avoisinent,les quatre fleuves du Paradis.
H est à regretter qu'un climat si tempéré soit généralementinconstantet
variable.Leshabitans de Caracasse plaignentde ce que, dans le même jour,
ils ont différentessaisons, et que les passagesd'une saisonà l'autre sont extre-
mementbrusques.Souvent, au moisde janvier par exempte, une nuit dont la
température moyenneest de 16° est suivied'un jour pendantlequel le ther-
momètresesoutientà l'ombre, huit heuresconsécutives,au-dessusde a a".Dans
la mêmejournée, ontrouvedes températuresde 2~" et de t8". Ces oscillations
sont extrêmementcommunesdansnos régionstempéréesde l'Europe; mais, sous
la zonetorride, les Européensmêmessont si habituésà l'action uniformedes
stimulus extérieurs, qu'ils souCrentd'un changementde température de 6".
A Cumana,et partout danslesplaines, latempératurene changeordinairement,
depuis i heuresdu matinjusqu'à 11heuresdu soir, que de 2° à 3°. D'ailleurs
cesvariationsatmosphériquesinfluentplusàCaracassur~organisationdel'homme
qu'onne pourrôit le supposer enconsultantseulementle thermomètre.Danscette
valléeétroite, l'atmosphèreest pour ainsi dire balancéeentre deux vents, dont
l'un vient de l'ouest ou du côté de la mer, et l'autre de l'est ou de l'Intérieur
des terres. Le premier est connu sous le nom de vent de Catia, parce qu'il
remontede~Catiaà l'ouestdu cap Blanc, par le ravindu Tipe, que nous avons
déjà nomméplus haut, en parlant dune nouvelleroute et d'un nouveauport
que l'on a projetéspour remplacerle port et la route de la Guayra. Le vent de
Catian'a quel'apparenced'un vent d'ouest; le plus souventc'est la brisede l'est
et du nord-cst~qui,soufilantavec une grande Impétuosité,s'engouffredans la
Quebredade ipe. Rénéchi par les montagnesélevéesd'M~ 2VegTN.f,ce
vent remonte vers Caracas, du c6té de l'hospice des Capucins et du Rio
Caragùata.Il est chargéd'humidité, et il la déposeà mesurequ'il diminue de
température aussi la cime.de la Silla se couvre de nuages lorsque le Catia
s'introduitdansla vallée.Les habitansde Caracasle craignentsingulièrement
il causedes mauxde tête à ceuxqui ont le systèmenerveuxtrès-Irritable.J'ai
connudes individusqui, pour éviterleseffetsde cevent, se renfermoientdans
leurs maisons, commeon fait en Italie lorsque le Sirocco soume..Pavoiscru
reconnoitre,pendant mon séjour à Caracas, que le vent de Catia étoit plus
pur (un peu plus riche en oxigène)que le vent de Petare. Je pensois même
que sa pureté pouvoit être la causede sa propriété excitante.Mais les moyens
que j'avoisemployésméritent peu de confiance.Le vent de Petare, venant de
J
CHAPITRE XII. 583

l'estet du sud-est, par l'extrémitéorientalede la valléedu Guayre, amènel'air


plus sec des montagneset de l'mténenrdu pays: il dissipe les nuages et fait
paroftre Je sommetde la Silladans toute sa beauté.
Noussavonsque les modificationsapportées par les ventsà la composition
de l'air, danstel ou tel lien, échappententièrementà, nos procédésendiomé-
triquesdont les plus exactsn'évaluentque o,003d oxigène.La chimiene conno~t
encore aucun moyenpour distinguer deux flaconsd'air dont l'un auroit été
remplipendant le Siroccoou le Catia, et l'autre avant que ces vents eussent
commencéà soufuer.H me paroit probableaujourd'hui que l'effetsingulierdu
Catiaet de tousces couransd'air auxquelsune croyancepopulaire attachetant
d'importance,doit être attribuéà deschangemensd'humiditéet de température,
plusqu'à des modificationschimiques.On n'a pas besoind'avoir recoursà des
miasmesamenésà Caracasdes plagesmalsainesde !&côte on conçoit que des
hommeshabitués à l'air plus sec des montagneset de l'intérieur doiventêtre
désagréablement aSectéslorsquel'air de mer très-humide, poussépar la brèche
de Tipe, arrive, commeuncourantascendant, danslabaute valléede Caracas,
et qu'en se refroidissant, par la dilatationet par lecontactdescouchesvoisines,
y
il y déposeune grandepartie de l'eau qu'il renferme.Cetteinconstancedu climat,
ces passagesun peu brusques, d'un air sec et transparent à un air humide et
brumeux,sontdes inconvéniensquepartageCaracasavectoutela régiontempérée
destropiques, avectousleslieuxplacésentrequatreethuit centstoisesdehauteur
absolue,soit sur des plateaux d'une très-petiteétendue, soit sur la pente des
Cordillères,commeXalapa au Mexique,et Guaduasdansla Nouvelle-Grenade.
Une séréniténon interrompuependant une grandepartie de l'année, ne règne
que danslesbassesrégionsau niveaude la mer, et à de très-grandeshauteurssur
cesvastesplateauxoùle rayonnementuniformedu solsemble contribuer à la
dissolutiondes vapeursvésiculaires. La zoneintermédiairesetrouveau niveaudes
premièrescouchesde nuagesqui entourent la surfacede la terre. Le climat de
cette zone, dont la températureest si douce, est essentiellementinconstantet
brumeux.
Malgréla hauteurdu lieu le ciel est généralementmoins bleu à Caracasqu'à
Cumana.La vapeuraqueusey est moins parfaitementdissoute, et ici, comme
dansnosclimats,une plus grandediffusionde la lumièrediminue l'intensitéde la
couleuraérienne,en mélantdu blancau bleude l'air Cette intensité, mesurée

ni, p a52.
plushaut,Chap.
~<~M
LIVRE IV.
584

par le cyanomètrede Saussure,a été trouvée, de novembreà janvter, généra-


lementde t8°, jamais au-dessusde 20", sur les côtes elleétoit de az° à a5".
J'ai observé,dans la vallée de Caracas,que le vent de Petare contribue quel-
quefoissingulièrementà donnerune teinte pâle à la voûtecéleste.Le Mjanvier,
le bleu du ciel étoit, à midi au zénith, plus foible.que je ne l'ai jamaisvu
sousla zone torride. M correspondoità t2° du cyanometre l'atmosphèreétpit
alorsde la plus grande transparence, sans nuages, et d'une sécheresseremar-
quable. Des que le vent impétueuxde Petare eut cessé, le bleu augmentaau
zénith jusqu'à ï6". J'ai souvent observé, à la mer, quoique dans un moindre
degré, un effet semblabledu vent sur la couleurdu ciel le plus serein.
Quelleest la températuremoyenne de Caracas Nousla connoissonsmoins
bien que celle deSânta-Fede Bogotaet de Mexico.Je pense cependantpouvoir
démontrerqu'ellene s'éloignepas beaucoup de ai à 22 degrés.J'ai trouvé, par
mespropresobservations,pour les troismois très-fraisde novembre,décembre
et janvier, en prenant pour chaquejour le maximum et le minimumde la
température,les moyennesde ao" 20°,i; 20°,a. Or, par les connoissances
que nous avonsacquisessur la distributionde la chaleur dans les difïérehtes
saisons, et à diGérenteshauteursau~essusdu niveaude la mer, je suis en état
de déduireapproximativement,des moyennesde quelquesmois, la température
moyennede Tannée,à peu près commeon conclutla hauteur méridienne d'un
astre, deshauteurspriseshorsduméridien.Voicilesconsidérationssurlesquelles
se fondele résultat auquelje m'arrête.ASanta-Fede Bogota le mois de janvier
ne diffère,d'aprèsM. Caldas, de la températuremoyenne de l'année entièreque
de 0~,2;à Mexicodéjà très-rapprochéde la zonetempérée, la difïérenceatteint
un maximumde 3°. A la Guayra, près de Caracas,le moisle plus froiddiffère
de la moyenneannuelle, de 4")9; maissi l'air de la Guayra ( etcelui de Catia)
monte quelquefoisen hiver, par la QM~YMf<t de Tipe, à la haute vallée de
Caracas, cettevallée n'en reçoitpasmoins, pendant une plus grandepartie de
l'année, lesvents de l'est et du sqd-estvenantde Caurimareet de l'intérieurdes
terres. Nousavons appris, par des observationsdirectes, quà la Guayra et à
Caracas, lesmoisles plus froidssont de a3°,a et 20",t. Cesdifférencesexpriment
un décroissement de températurequi, dans lu valléede Caracas, est l'effetsimul.

deDeluc36°,2;
&mM!,thermom&treM'ontthrea3'7(anm!eH,arabrtd)tTent3o°,4);hygrom~tre
3°.Aheuresdet'apres-mtd!,
Cyan.auzémthta° àl'horizon leventcessa.
Therm.
at" bygr.3Q°,3;
cyam.i6°.A6hearesduso!r,therm.ao°,2;hygr.39'
cNApïTMxn. S85
tanédelahaateardnsite(ou de!a di! defâicdansle~ourauta~cendant )
~da~<?onSi~~t~'I~'venM~de~d~~tà~' ~–
B'â~~ an petitnombre d*ôbsë~ 'faitesy pendant troisar. en'~partïe
à Caracas,enpartiea Oh~ea.o~toat'pt'ès~ de.la capitale,;'aiva queIe..ttt.e~tre
centigrade sesoutient,dan~'I.â'8aiso~'<roide~- en novembre et décembre,ïe~as
souvent~,le joar,* entire~t?~t"a2~~ nuit, entre ï~' et 17".Dansla satS~m
chaude,enJuiNët~taoût,cet instrumentmontre25° à 26°;denutt,
22°à 23".C'estl'étathaMMteldel'atmosphère, et cesmêmes observations,faites
avecuninstrumentquej'ai véri&é,donnent,~?OMr~a ~M~~rM~M~ Moyenne
de ~ana~eAC~~e~M,an peuptus~de 2ï°,5. C'estcelleqaè, dansle système
desclimatscitattanti~ues, on trouvedansles plainespar les 36°ou S~" de
latitude,ïl estpresqneinutilederappeleriçiquecettecomparaison ne portequesur
la quantitéde chaleurqui sedéveloppedanschaqueendroitpendantlecourant
d'uneannéeentière et qu'ellenes'étendaucunement au <c/WM<, c'est-à-direà
ladistribution de iachaleurentrelesdifférentes saisons.
Onvoittfes-raretiMnta Caracas,pendantquelquesheures,s'deverla tempé-
rature,enété à 20* Onassurél'avoirvudescendre, en hiver, immédiatement
avantleleverdu soleil à ï ï". Pendantmonséjoura Caracas,lemaximumet
leminimum observés n'ontétéquedea5"et ï2",5.Lefroidnocturneestd'autant
plussensible,qu'ilestordinairement accompagné d'un tempsbrumeux.Jat été
dessemaines entièressansavoirpu prendre deshauteurs dusoleilet desétoiles.
J'aitrouvési brusquesles passages la
de plusbelle transparence de l'airà une
obscuritéparfaite,que souvent,l'œil déjà fixéà la lunette~ minuteavant
une
l'immersion d'un satellite,je perdois,dans brume,et la planèteet les objets
la
qui m'entouroient de plus près. En Europe, sousla zone tempérée,la
température estun peu plus uniformesur leshautesmontagnesque dansles
les
plaines.A l'hospicedu Saint-Gothard,par exemple,la dinérenceentre
températures moyennes des moislesplus chaudset les plus froidsestde ï7°,3
sousle même parallèle, presque au niveau de la mer, elle est de
lorsque,
20°à at". Le froid n'augmente pas sur nos montagnes aussirapidement-que

!cheMe~e
D'âpre jourde.<6°,84
Réamnar.te ta'8&iy,S.
t8°,o;Aen)tit,de i
de Réamaur.
De, jour, ao° &90",8;de nuit; l~.e à t8<Mathenn.
R. ~mr teSotserratioM partielles,
? D<!'7°~ R..Je m'etoi. arrêté, dam!et..PK.MM', p. 98. tB'
fO)'Mla note p à la fin du t.tYre.
A 93°.a R.
A S°,8 R.
Relation &M<o~Me~
TbM.7. 7~
596 Ï.ÏVMÏV,
les
ta chaleury diminue.Nous verrons, à mesure que nous avanceronsvera
la le
Cordillères,que, sous zonetorrid~, dimatest plus ani~ftoedansIe<plaines
que sur les plateaux.A Cumanaet à ta Guayra( car il,ne faut pas citer des
endroitsoù les vents du nord troublent pendant quelquesmois l'équilibre de
atmosphère),~thermomètre se soutient, pendant l'année ent~re~ entre
ai" et 35° ;&Santa-Feet à Quito, on trouve des oscillationsde 3"à M", sH'pn
compare~je ne dis pasles jours, .mais lesheuresde l'année les plus froideset
les plus chaudes.Dansles bassesrégions,à Cumana par exempte, les,nuits ne
diSerent généralementdes jours que de 3° à 4"' A Quito,j'ai trouve cette
différence(en prenantavecsoin, chaque jour et chaque nuit, les moyennesde
4 ou 5 observations)de 7". A Caracas,situe à uneélévation presquetrois,fois
moindre, et sur un plateau de peu d'étendue, les, jourssont encore, dansles
mois de novembreet décembre, de 5" à 5",5 plus chauds que les nuits. Ces
'phénomènes du reiroidissementnocturne peuvent étonner au premier abord:
ils sont modifiéspar l'ëchauSementdes plateauxet des montagnespendant le
jour, par le jeu descouransdescendans,et -surtout par le -rayonnementnocturne
du caloriquedans l'air,pur et sec desCordillères.Voici lesdifférencesde climat
entre Caracaset son port
C~tAC~t. LAGnATBA.
(Hmt.tMt.) (NiT.dchmer).
moyensJe t'MBée.
Température 3t°aaa<* aS"
T. m. dela Nisonchaade. a4'* a<)°
T. m. de la saisonfroide. t~* 23°,5
Maximum. a~* 35**
MininHUN* n~ at"

Les pluiessont extrêmementabondantesà Caracasdanslestrois moisd'avril,


mai et juin. Les oragesviennent toujours de l'est et dn sud-est, du côté de
Petareet du Valle.,Ilne tombepasde grêledans les bassesrégionsdestropiques;
maison ena observéà Caracas, presquetons les quatreou cinq ans.On a même
vu de la grêledansdesvalléesplus bassesencore, et ce phénomène,lorsqu'ils'y
~présente,fait une vive impressionsur le peuple. La chute des aérolithesest
moinsrare cheznousque ne l'estlagréle, sousla zonetorride,.malgréla fréquence
des orages, à 3oo toisesd'élévationau-dessusduniveaude la mer.
Le climat fraiset délicieuxque nous venonsde décrire convient encoreà la
culturedes productionséquinoxiates.La canne à sucre se cultiva avec succès,
mêmeà deshauteursquiexcèdentcellede Caracas;maison préfère,dansla vallée,
CHAPITRE X!ï. ~877
à causede la sécheressedusite et du terrain pierreux, la cMtttoMdu caner dont
le fruit peuaboyant estde !a plusbelle qualité.Lorsque cet arbrisseau est en
Reur, la plaine qui s'étend au-del&de Chacao omiel'aspect ïeptus riant. Le
bananierque l'on voit dansles plantationsautour de la ville, n'est pas le'grand
Platano harton ce sont tes Variétés CaM&H~ et Domi&!H*o~
qui exigent moins
dechaleur Les grandesbananesviennentaumarchéde Caracas,desA<M'tcn~a!J
de Turiamo,situées sur la côte, entre Burburataet Pbrto-CâbeHo. Les ananas
les plus savoureuxsont ceux de'Baruta de l'Empedrado, et des hauteurs de
Buenavista,dansle cheminde la Victoria. Lorsqu'unvoyageurmonte pour la
première fois à la vallée de Caracas, il est agréaMeaaentsurpris de trouver, à
côté du cameret du bananier,les plantespotagèresde nosclimats, des fraisiers,
des cepsde vigne, et presquetous lesarbresfruitiersde !a zone tempérée. Les
pècheset les pommesles plus recherchéesviennentde Macaraooude !'extrénuté
occidentalede !a vaHée.C'est!à que le coignassier,dont !e tronc n'atteint que
quatre à cinq pieds, est si commun, qu'il est presque devenu sauvage.Les
confituresde pommeset surtout de coingsent très-recherchéesdans un pays
où l'on croit que, pour boire de l'eau, il faut commencerpar exciterla soif en
mangeantdes matièressucrées.A mesureque les environsde la ville ont été
cultivésen cafier, et que l'établissementdes plantations, qui ne date que de
l'année !~<)5,a augmentéle nombre des nègrescultivateurs~,on a remplacé,
danslavaHéede Caracas,les pommiersetles coignassiersépars danslessavanes,
par du maïs et des légumes.Le riz, arrosé par des rigoles, étoit autrefoisplus
commundans la plaine de Chacaoqu'il ne l'est aujourd'hui.J'ai observé, dans
cetteprovince, commeau Mexique,et dans tous lesterrains élevésde la zone
torride, que là où le pommier est le plus abondant, la culture du poirier offre
de grandesdifficultés.On m'aassuréque, prèsde Caracas,les pommesexcellentes
que l'on vend au marchéviennent d'arbresnon greffés.On manque de cerisiers
les oliviers que j'ai vus dans la cour du couvent de San Felipe Neri sont
grandset beaux; maisle luxemême de leur végétationles empêchede porter
desfruits. <

to4.
fo~phMh*ut,Chap.!I,p.
CM&'e<<emftn:ona~<&mem&r<<&).
La consommation des TiUesde t'Amériqne espagnole, en comestibles, et surtout en viande, est si
énorme, qu'en )8oo, on tuoit à Caracas 4o,ooobn*nfs par an, tandis que Paris; avec une population
t4 fois plus grande, n'en cousommoit, du temps de M. Necker, que 70,000.
588 nvRE t~
Sila constitution atmosphériquede la vallée est si favorableaux différens.
genresde culturequi font là basede l'industne colonMe.ellene I!est pas égale-
ment à lasanté deshàbitanset desétrangersétàbiMdansla capitale de Venezuela.
La grande inconstancedu climat èt~lasuppressionfréquentede la transpiration
cutanéefont nattre des-affectionscatharrale~qui prennentles fbrmes~Iesplus
différentes.Un Européen, une foishabitué aux forteschaleurs~jouit ptus cons-
tammentd'une bonne santéà Cumana,auxvalléesd'Aragua, et partout ou jta
basserégion des tropiquesn'est pas tres-humMe,qu'à Caracaset-dans,tous ces
climatsde montagnesqueTonvante commeleséjour d'un printempsperpétue!.
En parlant de !a fièvre jaune de la.Guayra, j'ai énoncé l'opinion la plus
généralementrépandue, d'aprèslaquelle on supposeque cette cruelle,maladie
se propagepresque aussi peu, de la côte de Venezuelaa la capitale, que des
côtesdu Mexiqueà Xalapa.Cetteopinion est (ondéesurl'expériencedesderniers
vingt ans. Les épidémiesqui ont exercétoursravagesdansie portde la Guayra,
se sont à peine fait sentir à Caracas.Je ne voudrois pas trouMer, par des
crainteschimériques,la sécuritédes habitans~d~ja~capitateornaisje nesuis pas
persuadéque le typhus d'Amérique, devenu plus~endémiquesur la côte par
une plus grande fréquentationdu port, ne puisseun jour, s'il est favorisépar
descirconstancescumatériquesparticulières,devenirtrès-fréquentdansla vallée;
carla températuremoyenne deCaracasest encoreassezélevée pourque, dans les
moisles plus chauds, le thermomètrese soutienne entre aa° et 26°.Si l'on ne
peut douter que ce typhus,sonsla zone tempérée, se communique par contact,
peut-on être sûr que, dans un haut degréd'exacerbation, il ne se montre
égalementcontagieuxpar contact sous la zone torride, là où, à quatre lieues
des côtes, la température de Fêté secondela prédisposition des organes? La
situation de Xalapa, sur la pente des montagnesmexicaines, offre plus de
sécurité, parce que cette ville, moinspopuleuse,est cinq fois plus éloignéede
la mer que Caracas,parce que son élévation est de s3o toises plus grande, et
que sa température moyenne est de 3° plus franche.En ï6<)6, un évoquede
Venezuela,Diego de Banos, dédia une église(cr/nt~t) à,Sainte-Rosalie de
Palerme,pour avoir délivréla capitale, après seize mois de ravages, du fléau
du vomissementnoir, vomito negro une messe, célébréetous les ans à la n
cathédrale, au commencementde septembre, a perpétué la mémoirede cette

Entre17"et 2o°,8
R.
Oviedo Ban<M,p.2<!g.
'~CH~MTC~E~~H. S8<)
les
épidémie,comm& pro~sionson~ dans Ie~ colanies ladate
ys~~guales,
de~,gra]~~tremMemens~i~ ¡.itQt..tn:able
par:ibâevre~aune;quï.sévissmt'-d~
à bien étabïir soN.e;q)~e~ croire & '~e~pïd~mie
de~vomissement~noïr.tMa~ <n~~p~nf'et<JUi.t..averaa"
ainsidire.,cBtte.-saIso~e~trem~en~i~ehe~
à Caracas;asqN'ata~en ~3~ anctendansla hMte
valléede Caracasqaedaosjtes p~l~ fr~qaent~s de!aTen'e-Fenne?s~-
D'aprèsUHoa, onmeteconao~ssoitpas dansceox-ciavantïyag. Je douteque
l'ëpideïa!ede ï6g6att~te ïa~èwejaune~ulevëritaNetyphusd'Amérique. Les
aon~sa<!t!~pa~entsôuveatïes~ b!ueases rémittentes~
déjectiûas et ne
caraeterisent~a eN~sseu~s) pasptasquetesA~?Mt<~n~~ Ïa crueUematadie
qu'oncpnBaita~ourd'huià la Havaneet à la Vera-GnM sonsJenomde~oM~o.
Ma~ssi aucunedescnptionexaetene démontrequete typhusd'Amérique ait
régneà Caracas, d es!a Endudix-septiëmeslec!e, Hest malheureusement
trop
certainquecette ma!adie,dansïa même capitale,~aenlevéun grandnombre
de jeunesmUitaireseuropéens en ï8oa. Onest eSrayéde voir qu'ancentre
de la zonetorride, un plateau~é!evéde 4~otoises,maistres-rapprochëde la
mer, ne garantitpointencoretes habitansd un méanquel'oncroitpropreaux
bassesrégionsdulittoral.

'BaI)y,p,M.
5~0 HVRETV.

CHAPITRE Xtïf
SÉJOUR A CARACAS.–MONTAGNES QPÏ AVOISINENTLA VH.M.–EXCORSÏOtf A tA
· CIME DE LA 8tï.tA. – ÏNDtCES DE MtNES.

J'Ai séjournédeux mois à Caracas.Noushabitions, M. Bonpiandet mot, une


grandemaisonpresqueIsolée, dans la partie la plus élevéede !a ville.Du haut
d'unegalerie, nous pouvions découvrirà la fois le sommetde laSilla, la crête
denteléedu Galipanoet la valléeriantedu Guayre,dont la richeculturecontraste
avecle sombre rideaudes montagnesd'aIehtouif.C'ëtoitla saisondessécheresses.
Pour améliorerles pâturages, on metle && aux savanes~eraugazonqui couvre
lesrochers les plus escarpés.Ces vastesembrasemêns,vus de loin, produisent
deseffetsdelumièresurprenans.Partout oùlessavanes,en suivantlesondulations
des pentesrocheuses, ont rempli les sillonscreusés par les eaux, les terrains
enflammésse présentent, par une nuit obscure, commedes couransde laves
suspenduessur le vallon.Leur lumière vive, mais tranquille, prend une teinte
rougeâtre lorsque le vent qui descendde la Silla accumule des traînéesde
vapeursdanslesbassesrégions.D'autresfois, et ce spectacleestle plusimposant,
ces bandes lumineuses, enveloppéesde nuages épais, ne paroissentque par
intervallesà traversdes éclaircies.A mesureque les nuagesmontent, une vive
clarté se répand sur leurs bords. Ces phénomènesdivers, si communssous les
tropiques, gagneht d'intérêt par la forme des montagnes,la disposition des
pentes et la hauteur des savanescouvertesde graminéesalpines.Pendantle )our,
le vent de Petare qui soude de l'est, chasselajfuméevers la ville, et diminue
la-transparencede l'air.
Si nous avions lieu d'être satisfaits de l'expositionde notre maison, nous
l'étionsencoreplus de l'accueilque nousfaisoienttoutes les classesdeshabitans.
C'estun devoir pourmoi de citer la noblehospitalitéqu'a exercéeenversnous
le chefdu gouvernement,M.de Guevara Vasconzelos,alors capitainegénéral
des provincesde Venezuela.Quoiquej'aie eu l'avantageque peu d'Espagnolsont
partagé avecmoi, d'avoirvisité successivementCaracas, la Havane, Santa-Fe
CHAPÏTRt: XÏH. 5~9'

de BogotaQuitq~Limaet Mexico,et que, danscessix capitalesde t Aménque


espagnol, ma positionm'ait misen relation avecdes hommesdetous les rangs,
je ne me permettraipas de prononcer sur les dISerensdegrés de civilisation
auxquels la sociétés'est déjà élevéedans chaque colonie. Il est plus &cite
d'indiquerlesnuances diversesde la culture nationale, et le but vers lequel se
dirigede préterencele développementintellectuel,que de compareret declasser
ce qui ne peut être envisagésousun même point de vue. Il m'a paru qu'ily a une
tendancemarquéepour l'étude approfondiedes sciencesà Mexicoet à Santa-Fe
de Bogota;plus de goûtpour les lettreset tout ce qui peut flatter une imagina-
tion ardenteet mobileà Quito et à Lima plus de lumièressur les rapports
politiquesdes nations, des vues plus étenduessur l'état des colonieset des
métropoles,à la Havane et à Caracas.Les communicationsmultipliéesavec
l'Europecommerçante,et cette mer des Antilles que nous avons décrite plus
haut commeune Méditerranéeà plusieursissues, ont influé puissammentsur
le progrèsde la sociétéà l'Mede Cubaetdanslesbelles provincesde Venezuela.
Nullepart ailleurs, dans l'Amériqueespagnole,la civilisationn*apris une phy-
sionomieplus européenne.Le grandnombred'Indienscultivateursqui habitent
le Mexiqueet l'intérieurde la Nouvelle-Grenade,donnentà cesvastespays un
caractèreparticulier, ~'auroispresque dit plus exotique.Malgrél'accroissement
dela populationnoire, on se croit, à la Havaneet à Caracas,plus près de Cad~z
et desÉtats-Unisque dansaucuneautre partie du Nouveau-Monde.
CommeCaracasest placé sur le continent, et que sa population est moins
mobileque la populationdes tics, les habitudes nationaless'y sont plus con-
servéesqu'à la Havane.Lasociété n'ofire pas des plaisirstrès~vKset très-variés;
mais on éprouve, dans l'intérieur des tamHtes~ce sentiment de bien-être
qu'Inspirentune gaietéfrancheet la cordialitéunie à la politessedesmanières.
Il existeà Caracas,commepartout où il se prépare un grand changementdans
les idées,deux racesd'hommes,on pourroit diredeuxgénérationstrès-distinctes.
L'une, qui est restéepeu nombreuse,conserveunvifattachementauxanciennes
coutumes,de la simplicitédans les mceurs, de la modération dans les désirs.
Ellene vit que dansles imagesdu passé.L'Amériquelui paro~tla propriété de
ses*ancétresqui l'ont conquise.Abhorrant ce que l'on appelle les lumièresdu
siècle, elleconserveavecsoin, commeune partie de sonpatrimoine,sespréjugés
héréditaires. L'autre, moins occupéemême du présent que de l'avenir, a un
penchant souventIrréfléchipour les habitudeset les idéesnouvelles.Lorsque
ce penchant se trouve réuni à l'amourd'une instructionsolide lorsqu'il est
5c~ HVRE ÏV.

contenu et dirige par une raison forte et éclairée, seseffetsdeviennent utiles


pour la société.J'ai connu à Caracas,dans cette secondegénération, plusieurs
hommeségalementdistinguéspar leurgoût pour l'étude, la douceur de leurs
mœurset l'élévationde leurs sentimens;j'en ai connuaussi qui, dédaigneux
pour tout ce que le caractère, la littérature et les arts espagnols présentent
d'estimableet de beau, ont perdu leur individualiténationale,sanà avoir puisé,
dans leurs rapports avecles étrangers, des notions précisessur les véritables
basesdubonheur et de l'ordre social.
Commedepuisle règnede Charles-Quint,l'esprit de corporationet leshaines
municipalesont passéde la métropoleaux colonies,on se plaît, à Cumanaet
dansd'autres villescommerçantesde la Terre-Ferme, à exagérerles prétentions
nobiliairesdes famillesles plus illustresde Caracas, connuessousle nomde &M
Mantuanos. J'ignorecommentces prétentionssesont manifestéesjadis mais il
m'aparu que le progrèsdes lumièreset la révolution qui s'est opérée dans les
mœursont fait disparottrepeu à peu, et assezgénéralement~ce queles distinc-
tions ont d'oSensantparmi les blancs. Dans toutesles colonies, il existedeux
genresde noblesse.L'âne se composedescréolesdont les ancêtres ont occupé
très-récemmentde grandesplacesen Amérique elle fonde en partie ses préro-
gativessur l'illustrationqu'elle~dansla métropole;ellecroit pouvoirles conserver
au-delàdes mers, quelleque soit l'époquede son établissementdansles colonies.
E'autre noblessetient plus au sol américain ellese composedes descendansdes
conquistadores, c'est-à-dire des Espagnolsqui ont servi dans l'armée dès la
premièreconquête. Parmi ces guerriers, compagnonsd'armes de Cortez, de
Losadaet de P~zarro,plusieursappartenoient aux famillesles plus distinguées
de la péninsule;d'autres, issus<tesclassesinférieuresdu peuple, ont illustré
leursnoms par cette valeur chevaleresquequi caractérisele commencementdu
seizièmesiècle.J~airappelé ailleurs qu'en étudiant ces temps d'enthousiasme
religieuxet militaire, on trouveà la suite desgrandscapitainesplusieurshommes
probes,simpleset généreux.Ils blàmoientles cruautésqui souilloientla gloire du
nom espagnol; mais, confondusdans la masse, ils n'ont pu échapper la
proscriptiongénérale.Le nomde conquistadores est.restéd'autant plusodieux,
que la plupart d'entre eux, après avoir outragédes peuples pacifiques, et vécu
au sein de l'opulence, n'ont pas éprouvé, à la fin de leur carrière, de ces
longuesadversitésqui calmentla haine des hommeset adoucissentquelquefoisle
jugementsévèrede l'histoire.
t ~o~ plus haut, Cbap. V, p. 35~.
CHAPtTRE Xï!t. 593
Maisce N'est pas seulementle progrès des lumières et, le conSit entre'deux
noblessesd'un~originediS~rente,qui engagenttes cartesprivilégiées&renoncer
à leurs prétentions,on dn moins&les déguiserhabilement.L'aristoct&tie,dans
les colonies espagaotM,~ouve un contre-poids d'une autre espèCÈ~et dont
l'actiondevient de jour en tourplus puissante.Parmi les blancs, un se~Ment
d'égalitéa pénètre dans toutes les âmes.Partout où leshommesde conleu~sônt
regardésou commeesclavesou comme aSranchis~c'est la liberté héréditaire,
c'estla persuasionintime de ne compter parmi ses ancêtresque des hommes
libres, qui constituent la noblesse.Dansles colonies, la véritable marque
extérieurede cette noblesseest la couleur de la peau. Au Mexiquecommean
Pérou, à Caracas comme à Me de Cuba, on entend dire journellementà un
hommequi marchepieds nus: Ceblanc si riche se croiroit-il"plusblanc que
moi? La populationque l'Europe peut faireécoulervers
l'Amériqueétant très-
considérable,on conçoitque l'axiome tout hommeblancest noble, todo blanco
es co&a~Mio, contrariesingulièrementles prétentionsdes familleseuropéennes,
dont l'illustrationdate de très-loin.Il y a plus encoreH&vérité de cet axiome
est depuislong-tempsreconnueen Espagne, chez un
peuple justement célèbre
par sa loyauté,son industrieet son esprit national.Tout Biscayense dit noble;
et, commeil existe plus de Biscayensen Amériqueet aux Philippinesque dans
la Péninsule,lesblancsde cette race n'ont pas peu contribué à
propagerdansles
coloniesle systèmede l'égalitéde tous les hommesdont le sang n'est pas mété
avecle sangafricain.
D'ailleurs,les paysdont les habitans,tnéme sansun gouvernement représen-
tatifet sans institutionde pairie, mettent une si haute
importanceaux généa-
logieset aux avantagesde la naissance,ne sont pas toujoursceuxdans lesquels
l'aristocratiedesfamillesest la plus offensante.On chercheroiten vain chez les
peuplesd'origineespagnolecesairs froidset prétentieuxque le caractère de la
civilisationmodernesemblerendre plus communsdans le restede
l'Europe.Aux
coloniescommedans la métropole, la cordialité, l'abandon et une
grande
simplicitédans les manièresrapprochentlesdiSérentesclassesde la société.On
peutmêmediré quel'expressionde la vanitéet de 1 amour-propre y blessed'autant
moins,qu'elle a quelque chosede franc et de naïf.
J'ai trouvé dans plusieurs famillesde Caracasle goût de
l'instruction, la
cohnoissancedes chefs-d'œuvrede la littérature françoise et
italienne, une
prédilectionmarquéepour la musique,qui estcultivéeavec succès,et qui sert,
commefait toujours la culture des beaux-arts,à
rapprocherles diversesclasses
Relation ~Mtor/yMe~
Tona.Z. f
594 LIVRE IV.
de la société.Les sciencesexactes, le dessinet la peinture n'ont point ici de ces
grandsétablissemens que Mexicoet Santa-Fedoivent a la munincencedu gouver-
nement espagnolet au zèle patriotique desnationaux.Au milieu d'une nature
si merveilleuseet si riche en productions,personnesur ces côtes ne s'occapoit
de l'étudedes planteset des minéraux.C'est seulementdansuncouventde Saint-
Françoisque j'ai trouvé un vieillard' respectablequi calculoitl'almanachpour
toutesles provincesde Venezuela, et qui avoit quelquesnotions précises sur
l'état de l'astronomiemoderne.Nos instrumensl'intéressoientvivement, et un
jour notremaisonse trouva rempliede tous les moinesde Saint-François,qui,y
à notre grande surprise, demandoientà voir une boussoled'inclinaison.La
curiositéqui se porte sur les phénomènesphysiques augmentedans des pays
minéspar les feux volcaniques,sous un climat où la nature est à la fois si
imposanteet si mystérieusementagitée.
Lorsqu'onse rappellequ'aux Etats-Unisde 1 Amérique du nord, on publie des
journauxdansde petitesvillesde 3ooo habitans, on est surprisd'apprendreque
Caracas,avecune populationde quarante à cinquantemille âmes, n'avoit pas
d'imprimerieavant t8o6; car on ne peut donner ce nom à des pressesavec
lesquelleson a tenté, d'annéeen année,d'imprimerquelquespagesd'un calendrier
ou un mandementde l'évéque.Le nombre despersonnesqui connoissentlebesoin
de lire n'est pas très-grand, mêmedanscellesdes coloniesespagnoles,qui sont
les plus avancéesdansla civilisation;maisil seroit injuste d'attribuer aux colons
ce qui a été l'effetd'une politique ombrageuse.Un François,M. Delpeche, allié
à une desfamilles2 les plus respectablesdu pays, a le mérite d'avoir établi le
premierune belle imprimerieà Caracas.C'est, dans les temps modernes, un
spectacleassezextraordinairede voir un établissementde ce genre, qui offre le
plus grand des moyens de communications entre les hommes, suivre et non
précéderune révolutionpolitique.
Dansune contrée qui offredes aspectssi ravissans,à une époque où, malgré
les tentativesd'un mouvementpopulaire, la plupart deshabitans ne dirigeoient
leurs penséesque sur des objets d'un intérêt physique, la fertilité de l'année,
les longuessécheresses,le conflitdes ventsde Petareet de Catia,je croyoisdevoir
trouver beaucoup de personnes qui connussentà ~bnd les hautes montagnes
d'alentour.Mon attentene fut point remplie; nousne pûmesdécouvrirà Caracas

Le PèrePuerto.
LafamiUedesJtfon~a.
CHAPITRE
XUÏ. 5f)~
un seulhommequi fut allé an sommetde laSilla.Les chas&eurs ~s'élèvent pas
si haut sur la croupedes montagnes,et on ne voyagegu~re,danscespays pour
chercherdes plantes alpines pour examiner des rochea ou pour porter un
baromètresur destiénx élevés.Accoutuméà une vie uniforme et casanière, on
redoutela fatigueet les changemensbrusquesde climat;on diroit que t'en ne
vit pas pour jouir de la vie, maisuniquementpour la prolonger.
Nos promenadesnousconduisoientsouventà deuxplantationsde caner, dont
lespropriétaires étoient des hommes d'unesociétéaimable.Cesplantationssont
placées vis-à-visd e la Silla deCaracas.En examinant,par une lunette, les pentes
rapides de la montagne et la formedes deux picsqui la terminent, nous avions
pu apprécier lesdimcultés que nousaurions à vaincrepour parvenirau sommet.
Des anglesde hauteur pris avecle sextant, à la Trinidad, m'avoient fait juger
que ce sommetdevoit être moinsélevéau-dessusdu niveaude la mer que la
grandeplacede lavillede Quito. Cetteévaluationne s'accordoitguère avec les
idéesdes habitansde la vallée. Les montagnesqui dominent de grandesvilles
acquièrent,par celamême,danslesdeuxcontinens,une célébritéextraordinaire.
Long-tempsavant qu'on les ait mesuréesd'une manièreprécise, les savansdu
pays leur assignentune hauteur en toisesou en fay~ castiltannes,dont il n'est
paspermisde douter sansblesserun préjugénational.
Le capitainegénéral,M.de Guevara,nousfit donnerdesguidesparle teniente
deChacao.C'étoientdes noirs; ils connoissoientun peu le sentier qui conduit
verslescôtes par la crêtedes montagnes,près du pic occidentalde la Silla.Ce
sentierest fréquentépar lescontrebandiers;maisni cesguides, ni teshommesles
plus expérimentésde la milice, employésà poursuivretes contrebandiersdans
deslieuxsi sauvages,n'avoientété sur le pic oriental ~ai forme le sommetle
ptus élevéde la Silla.Pendant tout le moisde décembre,la montagne, dont les
anglesde hauteurme faisoientconnoitrele jeu des réfractionsterrestres, n'avoit
paru que cinq fois sans nuages.Commedans cette saisondeux jours sereinsse
succèdentrarement, on nous avoit conseilléde choisir, pour notre excursion,
moinsun tempsclairqu'uneépoqueoù les nuagesse soutiennentà peude hauteur,
et où l'on peut espérerqu'aprèsavoir traverséla première couchede vapeurs
uniformémentrépandues,onentreradansunair secet transparent.Nouspassâmes
la nuit du a janvierdans l'Estancia de Gallegos,plantationde cafiers,près de

Don
Andres
deIbarraetM.Blandin.
ACaravalleda.
5~6 LIVREIV
laquelle,dans un ravin richementombragé,la petite rivièrede Chacaitoforme `
de belles cascadesen descendantdes montagnes.La nuit étoit assezc!a!re; et
quoique,la veitted'unvoyagepénible,nouseussions~lésiré jouir de-quelquerepos,
nouspassâmestoute la nuit, M.Bonplandet moi, à attendre trois occultations
dessatellitesde Jupiter. Pavoisdétermined'avanceles instans de l'observation,
et nousles manquâmes toutes, à causedeserreursde calcul qui s'étoientglissées
danslaCbnnoM~ancc des temps.Un mauvaissort avoit été jeté surles pronostics
des occultationspourles moisdedécembreet de janvier.Le temps moyenavoit
été confonduavecle tempsvrai'.
Je fussingulièrementimpatientéde cet accident;et, aprèsavoir observé,avant
le lever du soleil, l'intensitédes forcesmagnétiquesau pied de la montagne,
nousnous mimesen marcheà 5 heuresdu matin, accompagnésd'esclavesqui
portoient nos instrumens.Nous étions dix-huit personnesqui marchionsà la
sMtelesunesdesautrespar un sentier étroit. Ce sentierest tracé sur une pente
rapide, couvertede gazon.On tâche d'abord de gagnerle sommetd'une coltine
qui, vers le sud-ouest, formecomme un promontoirede h Sitta. Elle tient au
corps mêmede la montagnepar une digue étroite, que lespâtresdésignentpar
un nomtrès-caractéristiquie~ celui de la Porte, ou Puerta de la Silla. Nous y
arrivâmesvers les y heures. La matinéeétoit betteet fraîche:le ciel, jusque-là,
paroissoitfavoriser notre excursion.Je vis le thermomètrese soutenirun peu
au-dessous de t~ Le baromètrem'indiqnoltque nous étions déjà à 685toises
d'élévationau-dessusduniveaude la mer, c'est-à-direprès de 8o toisesplus haut
qu'à la ~en~a, où l'on jouit d'une vue si magnifiquesur les côtes.Nos guides
pensoientqu'il faudroit encore6 heures pour parvenirau sommetde la Silla.
Nous traversantesune digue étroite de rochers couvertsde gazon elle nous
conduisitdu promontoirede la Puerta à la croupe de ta grande montagne.La
~ue plongesur deux vattonsqui sont plutôt descrevassesrempliesd'une végéta-
tion épaisse.A droite, on aperçoitle ravin qui descendentre les deux pics vers
la fermede TtfMno~. à gauche,on dominela crevassede Chacaito,dont leseaux
abondantesjaillissentprès de la~n~c de Gallego.On entendlebruit des cascades
sansvoir le torrent, qui reste cachésous l'ombragetouffudes Erythrina,' des
Clusiaet des Figuiersde l'Inde 3. Rien n'est plus pittoresque,sousune zoneoù

Voyezmes0~. astr.,Tom. p. 180.


Den°,2R.
Ficus nymphaeiMia,Erythrina milis. Ontrouve, dans le même vaHon,deu~ belles espècesde Mimoses,
Inga~M~oMetJ.cinerea.
caAPïTRKXïït. 5~7
tant de végétauxont desfeuilles grandes.luisantes et coriaces,que laspect dû
sommetdes arbres places &<unegrande pro&ndeur,et éclairés par les rayons
presqueperp~ndiculairesdnsoleil.
Depuisla Puerta,la montée devient toujours plus rapide. !1 falloit jeter le
corps fortementen avant pour pouvoir avancer.Les pentes sont~ sonvent de
3o"à 3a".Le gazonest serre, et ~nelonguesécheressel'avpit rendu singulière-
ment glissant.Nousaurionsdésireavoir des cramponsou des bâtons ferrés.Des
herbescourtescouvrenttes rochersde gneiss, et l'on ne peut ni se saisirde ces
herbes, ni formerdes gradins, commeon fait surdesterrains moinsdurs. Cette
montée,plusfatigantequepérilleuse,décourageales personnesqui nous àvoient
accompagnésdepuisla ville, et qui n'étoient pas accoutuméesà gravir les mon-
tagnes.Nousperdimesbeaucoupde temps à les attendre, et nous ne résolûmes
de continuer,seulsnotre route que lorsquenous lesvîmestousdescendrela mon-
tagne au lieu de la gravir.Le tempscommençoit&se couvrir.Déjà, dn bocage
humidequi bordoit, au-dessusde nous, la régiondes savanesalpines, la brume
sortoit commede la fumée en filetsminceset droits. Onauroitdit d'un incendie
qui se manifestoità la fois sur plusieurspoints de la forêt.Peu à peu cestraînées
de vapeurss'accumuloient;et, détachéesdu sol, pousséespar la brisedu matin;
ellesrasoient, commeun nuageléger, la croupe arrondiedes montagnes.
A ces signesinfaillibles;nous reconnûmes,M. Bonplandet moi, que nous
serionsbientôt enveloppésdans une brume épaisse.De crainte que nos guides
ne profitassentde cette circonstancepour nous abandonner, nous nous rimes
précéderpar ceuxqui portoient les instrumensles plus nécessaires.Nousconti-
nuâmes à gravir les pentes qui s'inclinent vers la crevassedé Chacaito. La
loquacitéfamilièredes noirs créoles,contrastoitaveccette gravité taciturne des
Indiensqui nous avoientconstammentaccompagnésdanslesmissionsdé Caripe.
Ils s'égayoientsur ceux qui avoient renoncé si vite à un projet longuement
préparé, surtout ilsne ménageoientpas un jeune moine capucin, professeurde
mathématiques,qui n'avoitcesséde vanter les avantagesde force physique etde
hardiessequ'avoient,selonlui, les Espagnolseuropéensde toutes les classessur
les Espagnolsaméricains.Il s'étoit muni de bandelettesde papier blanc, qui
dévoientêtre découpéeset jetéesdans la savane, pour indiquer aux traîneursla

Depuisquej'aifaitlesexpériences
surlespentes n, p. t5a),j'aitronTëdansla Figure
( Chap. de
la 7trredeBoaguer(p.c!x),
nnpassage quecetastronome,
quiprouve donttesopinions sontd'unsi
grandpoids, aussi36°comme
regardoit t'inctinaison
d'unepenteinaccessible,
silesolnepermet
pasqu'on
y fassedesmarches
aveclepied.
LIVRE IV.
5~8
directionqu'il falloitprendre: Le professeura volt mêmepromis aux religieux
de son ordrede lancerla nuit quelquesfuséespour annoncer& toute la ville de.
Caracàsque nous avionsréussidans une entreprise qui lui paroissoit,je dois
ajouteràlui seul, une entreprisebien Importante.It avoit oubliéque ses vetcnïens,
si longs et si lourds, devaient l'embarrasserdans la montée. Comme il avoit
perdu couragelong-tempsavant les créoles, il passa le restede la journée, dans
une plantationvoisine, à nous voir gravirla montagnepar une lunette dirigée
sur la Sitla. Malheureusementpour nous, ce religieux,qui ne manquoit pas
d'instruction en physique, et qui a été assassinépeu d'années âpres par les
Indiens sauvagesde l'Apure, s'étoit chargédu transport de l'eauet des provisions
si nécessairesdans une excursionde montagnes.Les esclavesqui devaient nous
rejoindrefurent si long-tempsretenuspar lui, qu'ils ne purent arriver que très-
tard, et que nousrestâmespendant dix heuressans eau et sans pain.
Desdeuxpicsarrondisqui formentle sommetde la montagne,l'orientalest le
plus élevé.C'étoitcelui auquel nousdevionsparveniravecnosInstrnmcns.L'en-
foncemententre cesdeux pics a donnéà la montagneentière le nomespagnolde
Selle, Silla. Une crevasseque nous avonsdéjà nommée, descendde cet enfon-
cementversla valléede Caracas à son origineou extrémité supérieure,elle se
rapprochedu dôme occidental.On ne peut attaquer le sommet oriental qu'en
prenant d'abord à l'ouestde la crevassepar le promontoire de la Puerta, en se
dirigeantdroit sur le sommetle moins élevé, et en ne tournant vers l'est que
lorsqu'onest presqueparvenu à la crête ou à l'e/of!nent de la Silla, entre
lesdeux pics.L'aspectgénéralde la montagnesembleprescrire cette route; car
l'escarpementdesfrochersà l'est de la crevasseest,tel, que l'on auroit beaucoup
de peine à s'éleverau sommetde la Sillaen montant, non par la Puerta, mais
tout droit versle dômeoriental.
Depuisle pied de la cascadede Chaoaitojusqu'àmilletoisesd'élévation,nous
ne trouvâmesque des savanes.Deux petites liliacéesà fleursjaunes s'élèvent
seulesau milieudes graminéesdont la surfacedes rochersest couverte.Quelques
pieds de ronces nous rappeloient la forme de nos végétauxd'Europe. Nous
nous attendîmesen vain à trouver sur ces montagnesde Caracas, et plus tard
sur le dos des Andes, un églantierà côté des ronces.Nous n'avonspas observé

Ontrouve
Cypuramart:nicens:BetS:syr!nchiu!ntn(<</c~m.
aussieettedernière prèsdelaVenta
Iridée
JelaGuayra,
à 600toises
dehauteur.
Rubus jamaicensis.
CHAP!TBE xm. 5gQ

de rosier tndtgène dans toute iAmenque menotonate, matgre ianatogte qm


règne entre le climat des hautes montagnes de la zone tornde et le climat de
notre zonetempérée.Il paroit mêmeque ce charmant arbuste manque à tout
l'hémisphèreaustral,en deçà etau-delàdu tropiquejCen'est quesurlesmontagnes
mexicainesque nous avons été assezheureux pour découvrir, par les ï?" de
latitude, des églantiersaméricains*.
La brume nous enveloppade temps en*~emps;nous avions de la peine à
trouver la direction de notre route. A cette hauteur, il n'y a plus de chemin
tracé.On s'aidedesmainslorsquelespieds manquentsur une pente si rapide et
si glissante.Un nton remplide terre à porcelaine,attira notre attention.Cette
terre, d'un blanc de neige, est sansdoute le résidu d'un feldspathdécomposé.
J'en ai remisdes portions considérablesà l'intendant de la province.Dans un
pays où le combustiblen'est pas rare, le mélangedé terres réfractairespeut
devenirutilepour améliorerla faïenceet mêmeles briques.Chaque fois que les
nuagesnousentouroient,lethermomètrebaissoit~jusqu'àïa°; par unciel serein,
il s'élevaà 21".Cesobservationsse firent à t'ombre;mais H est dimcite, sur des
pentes si inclinées,couvertesd'un gazondesséché,luisantet jaune, de se garantir
de l'effetdu caloriquerayonnant. Nousétions à 9~0 toises; et cependant, à la
même hauteur vers l'est, nous vimes, dans un ravin, non quelquespalmiers
isolés,mais tout un bocagede palmiers.C'étoit la Palma ~M~,peut-être une
espècedu genreOreodoxa.Ce groupede palmiers,occupantune régionsi élevée,
contrastoit singulièrementavec les sautes épars dans le fond plus tempéréde
la valléede Caracas.On voit ici des formes européennesplacées au-dessous
des formesde la zonetorride.
Aprèsquatre heuresde marchepar les savanes,nousentrâmesdansun bocage
forméd'arbusteset d'arbrespeu élevés.Ce bocages'appelleel ~~u~Z, sansdoute
à causede la grandeabondancedu Pejoa ( Gaultheriaodorata), planteà feuilles

M.Redouté danssabelleMonographie
a publié, desRosiers,
notreéglantinier
mexicain
sonslenom
deRosier
deMontezuma.
La pnosance du 6ton est de 3 pieds sadirection est bor. ,a de la boussole de Freiberg, tandis que
cette du gneissest partout hor. 3,4 avec 50°-60° d'inclinaison au nord-ouest. Cette terre à porcelaine
humectée abaorbe avidement l'oxigène de l'air; j'ai trouvé (a Caracas) le résidu d'azote tres-foiMement
mêlé d'acide carbonique, quoiquej'eusseopéré dans des fiaconsbouchés à t'émerit et non remplis d'eau.

Jusqu'à g°,6 R.
Satix Humboldtiana de M. WiUdenow. Sur les palmiers alpins, voyeï mes 7'fc~omena de <<t<<r.
plant., p. a35.
6o0 LIVRE ÏV.
La pente de ta montagnedevient pins douce,et-riouséprou-
très-odoriférantes'.
vâmesun plaisir indicible examiner les végétauxde cette région.Nulle part
peut-être,on ne trouve réuni, sur un petit espacede terrain, des productionssi
belleset si remarquablessous le rapport de la géographiedes plantes.A. mille
toisesd'élévation,leshautes savanesde la Sillaaboutissentà unezoned'arbustes
qui, par leur port, leurs brancher tortueuses,la dureté de leurs feutlles, la
grandeur et la beauté de leurs fleurs pourprées, rappellent ce que, dans la
Cordillèredes Andes, on désigne,par le nom de végétationdes Paramos et des
Punas C'est la que se montrentla famille-desRosagesalpins, les Thibaudia,
les Andromèdes,les Vaccinium, et ces Befariaà feuilles résineusesque nous
avons comparésplusieursfois au Rhododendrum des Alpesde l'Europe.
Lors mêmeque la nature ne produit pas les mêmesespècessous des climats
analogues,soit dans les plainessur des parallèlesisothermes3, soit sur des
plateauxdont la températureapprochede celledes lieux plus voisinsdespôles*,
on observecependant une ressemblancefrappantede port et de physionomie
dans la végétationdes régionsles plus éloignées, ~~phénomène est un des plus
curieuxque présente l'histoiredes formesorganiques.Je dis l'histoire, car la
raison a beaa~interdirea l'hommeles hypothèses sur l'originedes choses, nous
n'en sommespas moinstourmentésde cesproblèmesinsolublesde ladistribution

~bj~zplushaut,Chap; vt ,p.397).C'estungrandavantage dela langueespagnole


quede
pouvoir dériver,commeen latin,dunomdelaplupart desarbres,unmotquidésignet'<M<ocM<tOM
oul'agroupementdesarbresde la mêmeespèce.C'estainsiquesontformés
lesmotso&car,robledar
et
pinal,deo&f),toMe LesEspagnols-Américains
et~mo. ontajoutéTunal,~'<~<t<,C«o~<t~,etc.,Meutoù
croissent
ensemble beaucoupde Cactus,
deGaultheria, odorataetdePsidium~
L'explication de ces motsa été donnée plus haut, Chap. v, p. 3a~.
s On peut ou comparer entre elles des latitudes qui, ~dansie même hémisphère, offrent la même
température moyenne (p. e., ta Fensytranie et la France centrale, le, Chili et la partie auttraie de la
NouveHe-HoHande ), ou considérer tes rapports qui existent entre la végétation des deux hémisphères
sous desparallèles isothermes (d'égale chaleur). ).
4 La
géographie des plantes n'examine pas seulement les analogies que l'on observe dans un même
hémisphère entre la végétation des Pyrénées et des pMnes Scandinaves, entre celle des Cordillères du
Pérou et des côtes du Chili elle discute aussi les rapports entre les plantes alpines des deux hémis-
phères. Elle compare la végétation des Alleghanys.et des Cordillères du Mexique avec celle des montagnes
du Chiliet du Brési).En serappelant que chaqueligne isotherme aune branchealpine (celle Muréunit,
p. e.,
Upsal à un pont situé dans les Alpes de la Suisse), on peut réduire le grand problème det'a<M&~e<<M~mM
végétalesà l'expression suivante t.* examiner, dans chaque hémisphère et au niveau des cotes, la végéta-
tion sur une même ligne isotherme, surtout près dessommets concavesou convexes; a."
comparer, souslé
rapport de la forme des plantes, sur une même ligne isotherme au nord etau sudde l'équateur, la branche
alpine à la partie tracée dansles plaines; 3." comparer ta végétation sur des tigres isothermes homonymes
dansles deux hémisphères, soit dans tesbasses régions, soit dans les
régtons alpines.
CNAPtftHE XIII. 6Q1
des êtres. Une gammée de la Suissesur les rochers gmoitiques du
détroit de Magellan.La Nouvelle-Hollandenourrit plus de quarante plantes
phanérogamesde l'Europe, et le p!as grand nombre des végétMXqui sont
identiquesdansles zonestempéréesdes deuxhémisphères,manquententièrement
dans la régionintermédiaire,qui est la régionéquinoxiale,tant dansles plaines
que sur le dos des montagnes.Une violette à .feuillesvelues,qui termine pour
ainsi direla zonedes phanérogamessur le volcande Ténéri~e, et quelong-temps
on a cru propre à cette Me se montretrois cents lieuesplus au nord près du
sommetneigédes Pyrénées.Desgraminéeset des cypéracéesde l'Allemagne,de
l'Arabieet du Sénégal,ont été reconnuesparmi les plantesque M. Bonptandet
moi avons recueilliessur les plateaux froids du Mexique, le long des rives
brûlantesde l'Orénoque,et dans l'hémisphèreaustral sur le dos des Andes de
Quito3. Comment concevoirles migrationsdes plantes à travers des régions
d'un climatsi diSerent,et qui sont aujourd'huicouvertespar l'Océan?Comment
lesgermesdesêtresorganiques,qui se ressemblentpar leur port et même par
leur structureinterne, sesont-ilsdéveloppésà d'inégalesdistancesdes pôleset de
la surfacedes mers, partout où des lieux si distansoffrentquelqueanalogiede
température? Malgrél'influenceque la pressionde l'air et l'extinction plus ou
moinsgrande de la lumière exercentsur les fonctionsvitalesdes.plantes, c'est
pourtantla chaleurinégalementdistribuéeentre lesdifférentesparties de l'année,
que l'ondoit considérercommelestimulusle plus puissantde la végétation.
Le nombre des espècesqui setrouvent identiquesdansles deux continenset
danslesdeuxhémisphères,est beaucoupmoinsgrandqu'on ne l'avoircrud'après
lesassertionsdes premiersvoyageurs.Les hautes montagnesde l'Amériqueéqui-
noxialeontsansdoutedes plantains,desvalérianes,desarénaires,des renoncules,
des néfliers,deschêneset despins, qu'à leur physionomieon pourroit confondre
avecceuxde l'Europe;mais ils en sont tous spécifiquementdifférens.Quandla
naturen'offrepas lesmêmesespèces,elle se plaît à répéterlesmêmesgenres. Des

PMeumatpinmn,examiné
parM'Browm.D'aprèslesrecherches
decearand iln'estpasdou-
botaniste,
teuxqu'uncertain
nombre està lafoiscommun
de plantes auxdeuxcontinens
etauxzonestempéteea
desdemthémupheret.
PotentiUaanserina,
PrnmeUaTutgaris, mucronatns
Scirpus etPanicumCrusgalli
croissent
enAllemagne,
danslaNouveHe-HoUande,etenPensylvanie.
Le Viola cheiranthifolia que nous avons décrit, M. Bonptand etmoi (Chap. n; p. t38 et t8y), a
été reconnu, par MM. Kanth et Léepotd de Buch, parmi tes ptantes alpines que Joseph de Jussieu a rappor-
téesdes Pyrénées.
Cyperus mncronatus, Poa Eragrostis, Festuca Myurus, Andropogon avenaceus, Lapago racemosa.
(Voyez nos Nova Genera et Spec., Tom.!,p.xxY, t58, t5S, 189, ng.)
Relation AMtorMKC~
ybm. L 76
60~ LIVREÏV.
espècesvoisinessont souventplacéesà d'énormesdistancesles une des autres,
dans les bassesrégionsde la zonetempéréeet les régionsalpines de l'Equateur.
D'autresfois encore (et la Sillade Caracasoffreun exemple happant de ce
phénomène}ce ne sont pas les genres européensqui ont envoyédes espèces
commedes colons, pour peupler les montagnesde la zone tofride, ce sont des
genresd'une mêmetribu, dif&citesà distinguerpar leur port, qui se remplacent
à différenteslatitudes.
Il y a plusdedeuxcentslieuesdedistancedesmontagnesdela NouveUe-Grcnade,
qui entourentle plateaude Bogota,à cellesde Caracas et cependantla Silla,seul
pic élevédansune chaîneassezbasse,offrecesagroupemenssinguliersde Befaria
à fleurs pourprées,d'Andromëdes,de Gaultheria, de Myrtilles, d'!7c<~cama-
ronas deNerteraetd'Aratiesà feuillesvelues2, qui caractérisentla ~~h~on
des Paramossur leshautesCordillèresde Santa-Fe.Nousavons trouvé lemême
Tbibaudiaglandulosaà rentrée du plateaude'Bogotaet dans le jPe/ua/ de la
Silla.'Lachamecôtièrede Caracasse lie, à n'en pas douter (par le Torito, la
Palomera, Tocuyo,lesParamosde las Rosas, de Boconoet de Niquitao), aux
hautesCordillèresde Merida,de Pamplonaet de Santa-Fe; mais de la Silla au
Tocuyo,sur une distancede soixante-dixlieues;les montagnesde Caracassont
si basses,que les arbustesde la familledes Ericinéesque nous venonsde citer,
n'y trouvent pas le climat froid qui est nécessaireà leur développement.En
supposantmême, comme il est probable, que le Thibaudia et le rosage des
Andesou Befaria,existentdansleParamode Niquitaoet danslaSierrade Merida
couvertede neigeséternelles,cesvégétauxn'enmanqueroient moinsd'unearête
assezélevéeet assezprolongéepour faire leur migrationverslapas
Sillade Caracas.
Plus on étudia la répartition des êtresorganiséssur le globe, et
plus on est
porté, sinonà renoncerà cesidéesde migration,du moinsà ne pas les considérer
commedes hypothèsesentièrementsatisfaisantes.La chaîne des Andes
partage
longitudinalementtoute l'Amériqueméridionaleen deux parties inégales.Au
pied de cette chaîne, à l'est et à l'ouest, nous avons trouvé un grand nombre
~dsplantesspécifiquementles mêmes.Les diacrens passagesdes Cordillèresne
permettentnulle part aux productionsvégétalesdes régionschaudesde passer

Le nomdevigne enarbreet d'MMcamaronas estdonné, danstesAndes,


auxplantes
dugenre Thi-
causedeleursgrands
baadia, fruitssucc~ns.
C'estainsiquetesbotanistes
anciens J'
appetoient
vigne
(uvaursi),etvignes
du7)f<~/<&, lesArbousiers
(ritis~dtea) ettesMyrtilles
qmappartMMentcomme le
Thibaudia
àlafamilledesEricinées.
Nertera depressa.Aralia reticulata, Hedyotis &~tMt~
CHAPITREX! 6o3
descôtesdela mer du Sud auxrives del'Amazone.Lorsque, soit au milieudes
plaineset de montagnestressasses, soit au centre d'an archipel d'~essouïevées
par lesfeuxsouterrains,un pic atteint ~negrandehauteur,sa cimeest couronnée
d'herbes alpines, dont plusieurs se retrouvent à d'immensesdistances sur
d'autres montagnesqui ont nn climat analogue. Tels sont les phénomènes
générauxde la distributiondes végétaux, et l'on ne sauroitassez engagerles
physiciens à lesétudier.Encombattantdes hypothèsestrop légèrementadoptées,
je ne m'engagepas à leur en substituer d'autres plus satisfaisantes.Je pense
plutôt que les problèmesdont Hs'agit ici sont insolubles,et que le physicien a
remplisa tâche, s'il indique les lois d'après lesquelleslanature a distribuéles
formesvégétales.
On dit qu'unemontagneest assez élevéepour entrer dans tes limites des
Rododendrumet des Befaria,commeondit depuislong-tempsqu'une montagne
atteint la limitedes neigesperpétuelles.En se servant de cette expression, on
supposetacitementque, sous l'influence de certaines températures, certaines
formesvégétalesdoivent nécessairementse développer. Une telle supposition
n'est pasrigoureusedanstoute sa généralité.Les pins du Mexiquemanquent sur
lesCordillèresdmPérou. La Sillade Caracasn'est pas couverte de ces chênes
qui, dansla Nouvelle-Grenade,végètentà lamêmehauteur.L'identitédes formes
indiqueune analogiede climats;mais, sous des climatsanalogues, les espèces
peuventêtre singulièrementdiversifiées.
Le charmant rosage des Andes, le Befaria a été décrit le premier par
M. Mntis qui t'avait observéprès de Pamplonaet de Santa-Fede Bogota, par
les et de latitudeboréale,n étoit si peu connu, avant notre excursion à
la Silla, qu'il n'existoit presque dans aucun herbier de l'Europe. Les savans
éditeursde!à Flore du .P~OMl'avoient même décrit sous un nouveaunom
celuid'Acunna.De mêmeque les rosages de la Laponie, du Caucaseet des
Alpes dînèrententreeux, les deux espècesde Befariaque nous avonsrappor-
téesde la Silla sont aussi spécinquementdifférentesA. celles de Santa-Fe de
Bogota3. Près de l'équateur,les rosages des Andes~couvrent les montagnes

Rhododendrmn R.citttMStcmn,
tap&nictum, R.<ern)g!neom
etR.hirsutom.
Befana~aMcs,
renferment B. cne
prenne M(/o&o.
Monographie
Voyez nos~'&tn&s~mno~M~.Tom. n,p. tt8-ta6
complètedu genre Be&riaqn! devroit porter (Tab. de ny-tat),
Bf~arm.
qm! renferment presque une Monographiecomplète du genre Befaria qui devroit porter le nom de Bejoria,
qui
Befaria œstttanset B. resinosa.
Surtout B. zstnans de Mntis et deux nouvelles espèces de
l'hémisphère austral que nous avons
décritessousles noms de B. cenr<'<<tM
et B. gMn<H~M<.
604 HVREÏV.
jusquedansles Parâmesles plus élevés, à seizeet dtx-septcentstotsesde hau-
teur.En avançantvers le nord, dansla Sillade Caracas, on les trouvebeaucoup
plus bas, un peu au-dessousde mille toises le Betaria, récemmentdécouvert
dansla Floride, sur le parallèlede 3o", végètemêmesurdes collinesde peu de
hauteur.C'est ainsi que, sur unedistancede 600lieuesen latitude, ces arbustes
descendentvers lesplaines à mesurequ'ilss'éloignentde Féquateùr.Le rosage
de la Laponie végètede mêmehuit à neuf cents toisesplus bas que le rosage
desAlpeset des Pyrénées.Nous avons été surpris de n'avoir découvertaucune
espècede Befariadansles montagnesdu Mexique,Y entre les rosagesde Sante-
Fe et deCaracaset ceux de la Floride.
Danslepetit bocagequi couronnela Silla le Befarialedifolian'a que trois à
quatre pieds de haut. Le tronc est divisé, dès sa base, en un grand nombre
de rameauxfragileset presqueverticillés.Les feuilles sont ovales, lancéolées,
glauquesen dessous, et rouléesvers les bords.Toute la plante est couverte de
poils'longs.et visqueux;elle aune odeur résineusetrès-agréable.Les abeilles
visitentses bellesfleurspourprées,qui sonttrès-abondantescommedans toutes
les plantesalpines, et qui, bien épanouies, ont souvent près d'un pouce de
largeur.
Le Rhododendrumde la Suisse, là où il végète entre 800 et iooo toisesde
hauteur, appartient à un climat dont la température moyenne est de + 2" et
– t°, semblableà celle des plainesde la Laponie. Dans cette zone, les mois
lesplus froidssont de 4° et t o° lesmoisles plus chauds, de 12" et de ~°.
Desobservationsthermométriqucs,faitesauxmêmeshauteurs et sousles mêmes
parallèles,rendenttrès-probablequ'aujP~MaZde la Silla, mille toisesau-dessus
du niveaude !a ~nerdes Antilles, la températuremoyenne de l'air est encore
de i~à 18°, et, que le thermomètre s'y'soutient dans la saison la moins -S
de
chaude, jour, entre ï5" et 20°; de nuit, entre to" et 12°. A l'hospice du
Saint-Gothard, qui est près de la limite supérieuredu rosage des Alpes, le
maximumde chaleur qM~au mois d'août, à midi (à l'ombre), ordinairement
~de 12"à 13°; de nuit,<ïan's là même saison, l'air s'y. refroidit par l'effet du
rayonnementdu sol, jusqu'à + i bu – t",5. Sousla même pression baromé-
trique, et par conséquentà la mêmeélévation, mais 3o" en latitude plus près
de l'équateur,le Befariade la Sillaest souvent, à midi, exposéà une tempé-
raturede a3° à 2~°.Le plus grand abaissementnocturnen'excèdeprobablement
jamais ~°. Nous avonscomparé avec soin le climat sous lequel végètent, à
diSérenteslatitudes, deux groupesde plantes d'une même familleà égale dis-
CHAPÏTRE XHï. 6o5

tancedu niveaudela mer; les résultatsauroientététrès-dinérens,si nousavions


comparédes zoneségalementdistantes,soit des neigesperpétaelles, soit de la
ligneisothennex~w*.
Dansie bocage du P~MO~ végètent près des 2~rM à fleurspourprées,un
Hedyotisà feuilles de bruyèrede huit pieds de haut; le C~oroM'.qaiestan
grandHypericumarborescent un Lepidiumquiparoit identiqueavec celui de
Virginie; enfin des Lycopodiacéeset desmoussesqui tapissent,les rochers et
lesracines des arbres. Ce qui donne, dansle pays, le plus de célébritéà' ce
bocage,est unarbustede i oà 15 piedsde haut, de la familledes CorymbLferes.
Les créolesl'appellent~nce~~ Incienso3. Ses feuilles coriaceset crénelées,
de mêmeque l'extrémitédes rameaux, sont couvertesd'une laineblanche.C'est
une nouvelleespècede Trixis, extrêmementrésineuse, et dont les fleurs ont
l'odeur agréabledu storax. Cette odeur est très-diSerentede celle'qu'exhalent
les fleursdu Trixis therebentinaceades montagnesde la Jamaïqueopposéesà
cellesde Caracas.On mêle quelquefoisl'lnciensb de la Silla aux fleurs du
Pevetera, autre composéedont t'arome ressembleà celui de t'Hétiotrope du
Pérou.Le ~efetera ne s'élèvecependantpas sur les montagnesjusqu'à la zone
du Befaria ilvientdans lavalléede Chacao, et lesdamesdeCaracasl'emploient
pourpréparer uneeau de senteurextrêmementagréable.
Nousnous arrétameslong-tempsà examinerles bellesplantes résineuseset
odoriférantesdu Pejual. Le ciel devint toujoursplus sombre. Le thermomètre
baissa jusqu'ap-dessousde n". C'est une température à laquelle, sous cette
zone, oncommenceà souffrirdu froid. En quittant le bocaged'arbustesalpins
on se trouvede nouveaudans une savane.Nousgravîmes une partie du dôme
occidentalpour descendredansrenfoncementde la ~e~c, vallée qui sépare les
deuxsommetsdela Silla.C'est là que nouseûmesde grandesdinicultésà vaincre,
à causede la forcede la végétation.Un botanistene devineroit pas aisément
que le bois épaisqui couvrece vallonest formé par l'agroupementd'une plante

La couched'airdontlatempérature est~o, etquinecoïncide


annuelle avec
guère lalimite
inférieure
desneiges setrouvesarle paraUete
perpétuelles, desRhododendram dela Suisse
à gootoMe*;
surle
paralMedeaBe<ariadeCaracas,a9700<Otsesdehantenr.
Vismia C<tpcn<m( servantd'appui à un Loranthos qui s'approprie le soc jaune du Vismia) DaTaHia
m<t~)R<t,Hieracium ~M&~ Aralia.arborea Jacq. et Lipidinm virginicum. Deux nouvelles espèces de
Lycopodium, le ~OK<Met t'<!TM<a<Mm, se montrent déjà plus bas vers la Puerta de la Silla. (Voyez nos
Nova Gen.et j%)ec.,Tom. ï, p. 38.)
5 Triais nereifolia de M. Bonpland.
606 LIVRE ÏV.

de la familledes Musacées C'estprobablementun Marantaou un Heliconia;


sesfeuillessont largeset lustrées;II s'élèveà ï~ ou,t5 piedsde hauteur,,etses
tigessucculentes sontrapprochéescommele chaumedes Cannes'~que l*on
trouvedausles régionshumidesde l'Europeaustrale.Il fallutse &'ayerun
cheminà traverscetteforêtde Musacées. Les nègresnous devançoientavec
leurscoutelasoumachettes.Le peupleconfondcette ScitaoHnée alpine avec
lesgraminées arborescentes, souslenomde<~rK?cnousn'en vtmesni lesfleurs
ni le fruit.Onest surprisde trouverunefamillede Monocotylédones, que l'on
croit exclusivement propre aux régionsbasseset chaudesdes tropiques,à
1100toisesde hauteur,bienau-dessus des Andromèdes,des Thibaudiaet du
rosagedes Cordillères 3. Dans une chaînede montagneségalementélevéeet
plus septentrionale encore, dans les montagnesbleuesde la.Jamaïque,le
Heliconiades perroquetset le Bihai croissentausside préférencedansdes
lieux.alpinsombragés 4.
En errantdansce bois épais de Musacées,ou herbesarborescentes,nous
nousdirigeâmes toujoursducôtédu pic orientalque nousdevionsatteindre.Il
étoitde tempsen tempsvisiblepar uneclairière.Soudainnousnoustrouvâmes
enveloppésdans une brume épaisse la boussoleseulepouvoitnousguider;
mais, en avançantversle nord, nousrisquâmes à chaquepas de noustrouver
au borddel'énormemurderochersqui descendpresqueperpendiculairement à
6000 piedsde profondeurvers la mer.n fallut s'arrêter;entourésde nuages
qui rasoientla terre, nouscommençâmes à doutersi nouspourNonsatteindre
le picorientalavantl'entréede la nuit.Heureusement les nègresqui portoient
l'eauetnosprovisionsnousavoient rejoints,et nous résolûmesde prendre
quelquenourriture.Notrerepasne fut pas long.Soitquele pèrecapucinn'eût
pas penséau grandnombrede personnesqui nousaccompagnoient, soit que
lesesclaveseussentj:buGhé auxprovisions pendant -la route nousne trouvâmes
que desolivespresque pas de pain.Horac&,danssaretraitede TIbur, n'aa
pasvantéde repasplusfrugalet pluslégers; maislesolivesquipouvoientnourrir
un poètelivréà l'étudeet à la vie sédentaire,paroissentun alimentbien peu
'\Ii
&:t<<!ntMt~ou famille des Bananiers.
Arundodonax.
3 Befaria.
Heliconia psittacorum et H. B!ha:.(Satisb))ry, dans tes ThMf.e/M~M. &)< Tom. ï,p. a/S.)
Cesdeux Heticonia sont, à la Tet-re-Ferme, tre~-eommomsdans tes ptames.
5 Carm. I, 3t.
CHAPITRE X~tt. 607
substantiela des hommesqui gxttvisaentles montagnes.Nous avions veillé la
majeurepartie de la nuit, et nousmarchâmespendant.neuf heure$sans avoir
trouvé de sources.Nos guides étbMnt découragés, ils voulurent abNo!ument
redescendre,et nous eumes~M. BôUplandet moi, beaucoup de peîne aies
retenir.
Je fis, au milieudelà brume, l'expériencede l'é!ectromètrede Volta armé
d'unemèche. Quoiquetrès-rapprochédes Heticonia réunis en un bois épais,
j'obtins des signesd'é!ectricitéatmosphériquetrès-sensibles.Elle passa souvent
du positifau négatif,en changeantd'intensité à chaque'instant.Ces variations
et le conflitde plusieurspetits eouransd'air qui divisoientla brume et la trans-
fbrmoientennnage~àcontoursdéterminés,me parurent despronosticsinfaillibles
d'un changementde temps. Iln'étoit que deuxheuresaprèsmidi. Nous conçûmes
quelque espoir de pouvoir atteindre le sommet oriental de la Silla avant le
coucherdu soleil, et de redescendredans le vallonqui sépare les deux pics.
C'estlà que nous comptionspasserla nuit, en allumantun grand feu et en
faisant construirepar les nègres une cabane avec lesfeuilleslargeset mincesde
l'Heliconia.Nousrenvoyâmesla moitiéde nos gens, en leur enjoignantde venir
le lendemainmatinà notre rencontre, non avecdes olives, mais avecdes pro-
visionsde viandessatées.
A peine avions nouspris ces dispositions,que le vent d'est commençaà
souffleravecimpétuositédu côtéde la mer.Le thermomètres'élevajusqu'à ï a",5.
C'étoit sansdouteun vent ascendantqui, en faisant hausser la température,
dissolvoittes vapeurs.En moinsde deux minutes, les nuages'disparoissoient.
Les deux dômes de la Silla se montrèrent à nos yeux dans une proximité
extraordinaire.Nousouvrîmesle baromètredansla partie la plus bassede l'en-
foncementqui séparetessommets,près d'une petite marred'eau très-bourbeuse.
Ici, commedans lesMesAntilles on trouvedes terains fangeuxà de grandes
hauteurs, non parce que tes montagnesboiséesattirent les nuages, mais parce
qu'elles condensent des vapeurspar Fenet du refroidissementnocturne que
causentle rayonnementdu sol et celuidu parenchymedes feuilles.Le mercure
sesoutenoità 2ponces 5,y lignes.Nousnous dirigeâmesdroit vers le sommet
oriental.La végétationnousopposapeu à peu moinsd'obstacles:il fallut cepen-
dant encoreabattre des Heliconia;mais ces herbes arborescentesétoient moins
élevéeset moins rapprochées.Les pics mêmede la Silla comme nous l'avons

LeMond, auxdntilles,Torn.ï, p. 4ao.


Yoyage
608 HVREÏV.
rappeléplusieursfois, ne sont couvertsque <rammees et de pettts arbustes
de Befaria.Cen'estpas leur hauteurqui est la causede leur nud.it~La.limi.te des
arbres, danscette zone, est encore de 4ootoises plus élevée;ca~, à en'juger
d'après l'analogied'autres montagnes, cette limite ne se tronveroit ici qu'à
j8oo toises de, hauteur. Le manque de grands arbressur les deux sommets
rocheuxde la Silla paroit dû l'aridité dusol, à l'impétuositédes vents de
mer, et aux incendiessi &équens dans toutes les montagnes de la région
équinoxiale.
Pour atteindrele pic le plusélevé, celuide t'est, il faut se rapprocher, autant
que possible,de l'énormeescarpementqui descendvers Caravalledaet les côtes
Le gneissavoit conservéjusqu'icisa texture lamelleuseet'sa direction primitive;
mais là où nousgravtmesle sommetde la Silla il passe au granite. Sa texture
devientgrenue;le mica, plusrare, est plus inégalementréparti. On~netrouve
plus de grenats, mais quelquescristaux isolésd'amphibole. Ce n'est cependant
pas une syénite, c'est plutôt un granite de nouvelleformation.Nous mîmes
trois quarts d'heure pour parvenir à la cime de la pyramide.Cette partie du
cheminn'est aucunementpérilleuse,pourvuqu'on examinebien la soliditédes
blocsde rochers sur lesquels on pose le pied. Le granite superposéau gneiss
n'offrepas une séparationrégulièreen bancs; il est divisépar des fentesqui se
coupent souventen angles droits.Des blocs prismatiques, d'un pied de large
.et de douzepiedsde longueur, sortent obliquementde la terre, et se présentent
au bord du précipice commed'énormes poutres suspendues au dessus de
l'abîme.
Arrivésau sommet,nousjouîmes, mais pendant peu de minutes seulement,
de toute la sérénitédu ciel. Nos regards embrassoientune vaste étendue de
pays; ils plongeoientà la'fois, versle nord surla mer, vers le midi sur la vallée
fertilede Caracas.Le baromètrese soutint à so poucesy,6 lignes;tatempérature
de l'air étoit de~3",7. Nousnous trouvâmesà ï35o toisesde hauteur. La vue
embrasseune étenduede mer de 36 lieues de rayon. Ceux dont les sensse
troublent à la vue des profondeurs,doiventse tenir au centre du petit plateau
qui surmontele dôme orientalde la Silla. La montagnen'est pas très-remar-
quablepar sa hauteur, qui est presque de 80 toises moindre que la hauteur
du Canigou,mais elle se distinguede, toutesles montagnesquej'ai parcourues
par l'énormeprécipicequ'elleonre du côté de la.mer.La côte ne forme qu'une
lisière étroite; et, en regardant du haut de la pyramidesur les maisonsde
Caravalleda,on s'Imagine,par une illusiond'optique dont nous avons souvent
CHAPITRE XIII. 6(M)

parte, que le mur de rochers est presque perpendiculaire.La venfatMëincli-


,naisondela pe)tte m'a paru, par un~calculexact de 53<'38~.}L'taclmaison
moyenneduPic deTénérineest peine de ï a"3o~. Unprécipice de MX&sept
millepieds, commeceluidelà Sï!!ade Caracas,est unphénomènebeauooupplus
rare que ne l'imaginent ceux qut parcourentles montagnessans mesurer leur
hauteur, leur masseet leurs pentes. Depuisqu'on s'estoccupéde nouveau,dans
plusieursparties de l'Europe~d'expériencessur la chute des corps et sur leur
déviationversle sud-est, on a cherchéinutilement danstoutes les Alpesde la
Suisse~un mur de rocher qui ait a5o toises de hauteur perpendiculaire.La
déclivitédu Mont-Blancvers l'AlléeBlanchen'atteintpas mêmeun anglede 45",9
quoique, dansla plupart des ouvragesgéologiques,le Moat-BIancsoit décrit
commecoupéà pic du côtédu sud.
A la Sillade Caracas,l'énormefalaiseseptentrionaleest en partie couvertede
végétation, malgrél'extrême rapidité de sa pente. Destournes de Befaria et
d'Andromèdesse présententcomme suspenduesau roc. La petite vallée qui
séparelesdômesversle sud, se prolongedu tôté ~ïe la mer.Les plantesalpines
remplissentcet enfoncement;débordantla crêtede la montagne, ellessuivent
lessinuositésdu ravin.On croiroitque destorrens sontcachéssousdes ombrages
si frais, et la dispositiondesvégétaux,l'agroupementde tant d'objetsimmobiles,
donnentau paysagele charmedu mouvementet de la vie.
Il y avoit sept mois que nous nous étioas trouvésau sommet.duvolcande
TénériSe,d'où l'on embrasseune surfaceduiglobe égaleau quart de la France.
L'horizonapparent de la mery est de 6 lieuesplus éloignéqu'à la cimede la
Silla,et cependant nous vîmescet horizon, du moins pendantquelque temps,
très-distinctement, Il étoit bien tranché, et nese confondoitpas aveclescouches
d'aircirconvoisines. A la Silla qui est de 55o toises moinsélevéeque le Pic de
TénériSe,l'horizonplus rapprochéde, nousdemeuroitinvisiblevers le nord et
lenord-nordest. En suivantdel'œilla surface dela mer, qui ressembloità celle
d'une glace, nous fumes frappés de la diminution progressive,de la lumière
réfléchie.Làoule rayon visueltouche la dernière limite de cette surface, l'eau
f.econfondoitavecles couchesd air superposées. Cet aspecta quelquechosede

Les observations
delatitude pourladistance
donnent, horizontale
dupieddeia montagne
prèsde
à ia~erticate
Caravblleda parlesommet,
quipasse i o0o
lapeine toises.
~ye: le témoignage du géognoste qui a le plus parcouru tes Alpes, M. Escher, de Zttrtch dans
·
!)M«,Tom.lV,p.a3<.
plushaut,Chap.t, p.g6,et Chap.n, p. i4o.
~o~e:
Relation historique Tom.1. 77
6t0 HVHE ÏV.

très-extraordinaire.Ons'attend à voir l'horizonau niveau defoeil et a~ïieude


distinguerà cettehauteurunelimitetranchéeentre les deuxë~éa~ns,les couches
d'eau les plus éloignéesparoissent commeconverties eh vapeurs, et melé~~à
l'Océan«érien. J'ai en ce mêmeaspect, non dans une secte partiede l'horizon,t
mais sur plus de t6o° d'étendue, près de la mer du Sud, lorsqueje me
trouvai, pour la première~ois, sur le rocher pointu qui domine!e ctatère de
Pichincha, volcan doAtlahauteurexcède celle du Mont-Btanc. La visibilité
d'un horizontrès-éloigaé dépende lorsqu'il n'y a pas de mtn~/de deux choses
distinctes,de la quantité de InmtêRBque reçoit la partie de l'Océan&laquelle
aboutit le rayon visuel, et de l'extinction qu'éprouve la ttHnièreréfléchie,
pendant son passageà traversles couchesd'air interposées,Il peut arriverque,
malgréla sérénitédu ciel et la transparencede l'atmosphère,l'Océan, à 35 ou
~b lieuesde distance, soit foiblementéclairé)ou que les couches'air les plus
rapprochéesde la terre éteignentconsidérablementla lumière en absorbant les
rayonsqui les traversent.
Mêmeen supposantau!sles èCetsde la ré&action'~on devroit voir, du haut
de la Silla par unbeau temps, les MesTortuga, Orchila~Roques~t Aves,dont
les plus rapprochéessont àa5 lieues de distance Nous n'aperçûmesaucunede
ces ftes, soit queTétât de t'atmosphère nousen empêchât, soit que le temps
que nous pûmesemployerpar un cielsereinàchercher/les ~lesne fût pas assez
long. Un pilote instruit, qui avoit tenté de gravir avec nous à la cime de la
montagne,don MiguelAreche, nous assuraavoir re!evé'IaSitia prèsi!esCaycs
de Sel, à la JRocca</eJ~[e?M~par lest2"t de tatitude Si les cimesenviron-
nantes n'interceptoientpas la vue, on devroit, du sommetde la SHta,voir la
côte à l'est jusqu'auMorro de PIritù, à l'ouest jusqu'à la Punta del Soldado,
!0 lieuesau-dessousdu vent de Porto-CabcHo. Au sud, dans l'intérieur des
terres, la rangéede montagnesqui séparentYare et la savane d'Ocumarede la
valléede Caracas,bornent l'horizon, commeun rempartqui se prolongedansla
directiond'un paranè!eàréquateur.Sicerempartavoitune ouverture,une brèche,
eomme on en trouve si souventdansles hautes montagnesdu Sàlzbourg3 et de
la Suisse,onjouiroit~ctdu spectaclele plus étonnant.On découvriroitàtravers
la brèche les Llanosou vastes steppes de Calabozo; et commeces steppes

Lerayonvisuel
estsansréfraction
det"Xg'
enarc avecuneréfraction
d'andixième,estdet"5o'.
La latitude
delaSillaestt0*5t'5" M.Ferrer.
d'après
Par exempte, aa /~M ~u~.
4

CHAPITRE Xttl. 6tt

&élèverotentà la hauteurde t'ceilde lobservatear, on verroit du mêmepoint les


horizonssemblablesde l'eauet de la terre.
Le pic arrondiou d~ja~eoccidentalde !à Sma nous déroba la vue de la ville
de Caracas;maisnous.diatimga&mes les maisOtMiespIxM voisines,les vil~ges de
ChacaoetdePetare, les pÏttntatiOnsd~canereetecOursduRio GuayM.~&let
d'ea~ qui renétoit une lumière argentée,La bande étroite de terrain cultive
contrastoitagréablementave~aspect morneet sau vagedesmontagnesd alentour.
En embrassantd'un coup d'<peil ce vaste paysage, on regrette à peine dene
pasvoir lessolitudesdu Nouveau-Monde embelliesde l'imagedes temps passes.
Partout où, sousla zone torride, la terre, hérisséede montagneset jonchée de
végétaux, a conservéces traits primitifs, l'hommene se présenteplus comme
lecentrede lacréation.Loinde dompterlesé!émens,il ne tend qu'à sesoustraire
à leur empire. Les changemensque les sauvagesont faits depuisdes sièclesà la
surfaceduglobe,disparoissentauprèsde ceuxqueproduisent,en quelquesheures,
l'actiondesfeux souterrains,les débordemensdes grands neuves, l'impétuosité
des tempêtes.C'estla lutte des élémensentre eux quicaractérisedansleNouveau.
Continent le spectacle de la nature. Un pays sans population se présente à
l'habitantde l'Europe cultivée comme une cité délaisséepar ses habitans. En
Amérique,lorsqu'ona vécu pendant plusieursannéesdans lesforêts des basses
régions,ou sur le dosdes Cordillères lorsqu'ona vu des pays étendus comme
laFrancenerenfermerqu'un petit nombrede cabaneséparses,unevastesolitude
n'effraieplus notre imagination.Ons'habitueà l'idéed'un monde qui ne nourrit
que des planteset des animaux, où l'hommesauvagen'a jamaisfait entendre le
cri de l'allégresseou lesaceens plaintifsde la douleur.
Nous ne pûmesprofiterlong-temps des avantagesqu'onrela position de la
Silla, qui dominesur toutes les cimesd'alentour.Tandis que nousexaminions
avecunelunettela partie dela merdont l'horizonétoitbien terminé, et la chaîne
des montagnesdOcumare, derrière laquelle commencele monde inconnn de
l'Orénoqueet de l'Amazone,une brume épaisses'élevades plainesvers leshautes
régions.Elle remplissoitd'abord le fond de la valléede Caracas.Les vapeurs,
éclairéesd'en haut, offroientune teinte uniforme, d'un blanclaiteux.La vallée
paroissoitcouverte d'eau; on eût dit d'un bras de mer, dont les montagnes
voisinesformoientle rivageescarpé.Nousattendîmesen vainl'esclavequiportoit
le grandsextantde Ramsden il fallutprofiterde l'état du ciel, et me résoudre
à prendre quelqueshauteurs du soleilavecun sextant de Troughton, de deux
poucesde rayon.Le disquedu soleilétoità demi-voilépar la brume.La diSérence
6t2 HVRE JV.
de longitudeentre te quartierde la Trinidadet le. pieorientalde la Sitta paroft
à peine excéder'o°3'22~.
Tandisque, assissur le rocher, j'étois occupéà déterminef l'inditt&Monde
l'aiguilleaimantée,je metrouvaites mainscouvertesd'âne espèced'abeitlesvètues,
un peu plus petites que l'abeiHcmetunqûedû nord de l'Europe. Cesinaectes
font leurs mds dansta terre, tts volent rarement; et, d'aprèslalenteur,de leurs
mouvemens,je tes auroiscrus engourdispar le froid des montagnes.Le peuple,
dans cesrégions,tes appellede/w~j <H!g~.f,a~geZ~o~
parce qu'its nepiquent
que très-rarement.Cesont sans doutedesapiairesdu groupedesMetipones.Quoi
qu'en aient dit plusieursvoyageurs,il n'est pas vrai que ces abeilles, propres
au Nouveau-Continent,soient.dépourvues de toute arme offensive.Elles ont
l'aiguillonplus fbible, et el!es s'en serventplus rarement Lorsqu'onn'est pas
encorebien rassuré sur la douceur de ces <Mg~t<<M,onne peut se défendre
crainte.J'avoueque,
de*quetque soui~ent,pendantlesobservationsastronomiques,
j'ai étéjHïrte point de laissertomber tes instrument;quandje mesentoisles mains
et le visage couvertsde ces abeilles velues.Nos guides assuroient que ces
insectesne se mettoient en défenseque lorsqu'onles irritoit entes prenant par
les pattes.Je n'ai pas été tenté de fairecet essaisur moi-même.
L'inclinaisonde l'aiguilleaimantéeétoit, à la Silla, d'un degré centésimal
plus petite qu'à la ville de ~Caracas. En réunissant les observationsque j'ai
faites, par un temps calme et dans des circonstancestrès-favorables soit sur
les montagnes, soit le long descôtesvoisines,oncroiroit, au premier abord,
reconnottre, dans cette partie du globe, une certaineinfluencedès hauteurs
sur l'inclinaisond~ l'aiguilleet sur l'intensité desforces magnétiques; mais il
faut remarquerque l'inclinaisonde Caracasest singulièrement plus grandequ'on
ne devroitle supposerd'après la position de ta vitte, et que les phénomènes
magnétiquessont modifiés par la proximitéde certainesroches qui forment
autant de centres'particuliers, ou pe~tssystèmes d'attraction.

~La<MR:'ence
delongitude
delaS!!taetdelaGuayra M;F!da!ge,
estd'âpre* o''6'4o".
~ez le Mémoire deMtLatreilleiMerédaaf)
mes0~ <&~&o<o~<t, Tom.ï, p. a6!et 369.
J'aivudesfregmeM de quarzquetraveMent des,bandesparaMHes defer tMgaétiqae, portés
danslavalléede Caracas, parleseauxquidescendent du Gatipanoet duCerrode Avila.Cette
minedefermagnétique ruhannéëserencontreaussi
danslaSierra~ef~adeMerida. Entrelesdeux
picsdelaSilla,ontrouvedesiragmensangmtem déquarzceHuteM, cotttertd'oxiderougedéfer ÏIs
passurt'aimant.
n'agissent Lacodeurdecetoxids estd'nnrongede cinabre.
XHÏ.
CBAPÏTRE Ct3

nAM)!)ntMMtmz MMMtm*ttfcm'ju'OK
MCtH~no"
MMX(l8oo). Mp~H', MMur..t
'T' <M~<dh.dMM..Fi~

LaGuayra. 3 nfS~o" 69"37' ~s'~o 2X7

Caracas
(Trinidad). 454 to"5o~5o"69''zS' 42«,90 Ma

LaV€nta(deAvtb). 606 io<'55'9" 69"28' 4ï".75 z54

LaSiUa. i55o io"5t/t5'' 69"ai" 4~90 25o

La températurede l'atmosphèrevarioit, sur le pic de la Silla, de li à t~


degrés,selonquele tempsétoit calmeou que le vent souffioit.On saitcombien
il est difficile,surla cimedes montagnes,de vériner la température que l'on
doit employerdans le calcul barométrique.Le vent étoit Est, ce qui semble
prouverque la brise ou les vents alisés ~'étendent, par cette latitude, bien
au-delàde tSootoisesde hauteur. M~de Buch a observéqu'au Pic de Ténérine,
placéprès de la limite septentrionaledes ventsalisés, on trouve, à 1900 toises
d élévation,le plus souvent, un vent de ~ntOM,celuide l'ouest;L'académie
des sciences avoit engagé les physiciens qui accompagnoientt'intbrtuné La
Peyrouseà se servir de petits ballons aérostatiques,pour examinersur mer,
entre les tropiques, Fétenduedesvents alisés.Ces recherchessont très-diuMUes
à faire, si l'observateurne quitte pas la surfacedu globe. Les petits ballons
n'atteignentgénéralementpas la hauteur de la Silla, et les nuages légers que
l'on découvrequelquefoisà des élévationsde trois ou quatre mille toises, par
exempleles moutons, restent immobiles,ou ont le mouvementsi lent, qu'on
ne peut juger de sa direction.
Pendant'lecourt espacede temps que nous vîmes le ciel serein au zénith,
je trouvai le bleu de l'atmosphèresensiblementplus foncé que sur les côtes.
Hétoit de 26",5 du cyanomètrede Saussure.A Caracas, le même instrument
n'indiquoit généralement,par un tempsbeau et sec que t8°. Il est probable
qu'aux mois de juillet et d'août, là différencede la couleur du ciel, sur les
6t~ ï.tVBTE M.
.0
côteset au sommetde la Silla est bien plus considérableencore'< Mais le
phénomènemétéorologiquedont nous avons été le plus happés,M. Bonpiand
et moi, pendant le séjour d'une heure que nous Rme~ sur la mon~gne,
fut celuide la sécheresseapparente de l'aire qui sembloit augmenter& mesure
que la brume se formoit. Lorsqueretirai de sa caissel'hygromètre à baleine
pour le mettre en expérience, H montra 5a" (87° Sauss.).Le ciel étoit clair;
cependantdes traînéesde vapeurs à contoursdistincts passoient de temps en
tempsau milieude nous, en raMntla terre. L'hygromètrede Delucrétrogradoit
à 49°(85° S. ). Unedemi-heureplus tard, ungros nuagevint nousenvelopper;
nous ne distinguâmesplus les objets qui nous.entouroientde plus près; et nous
vîmes avec surpriseque l'instrumentcontinuoità marcherau sec, jusqu'à47"t7
(84° S.). La températurede l'air étoit, pendantcetemps, de 12"à ïS". Quoique,
pour 1 hygromètre à baleine, te point de saturationdans l'air ne soit pas à ioo",
mais à 84°5 (99° S.), cet effet d'un nuage sur la marche de l'instrument me
parut des plus extraordinaires.La brume dura assez long-tempspour que la
bandelette de baleine, par son attraction ~our les moléculesdeau eût pu
s'alonger.Nosvétemensne furent pas humectés.Un voyageur,exercéaux obser-
vations de cegenre, m'a assurérécemmentavoir vu, à la MontagnePelée de la
Martinique, un effetsemblablede&nuages sur ~hygromètreà cheveu.Il est du
devoirdu physiciende rapporter tous les phénomènesque la naturelui présente
surtoutlorsqu'iln'arien négligépour éviterleserreursd'observation.M.deSaussure
a vu uneénormeondéependant laquelleson hygromètre,qui n'étoit pasmouillé
par la plnie, se soutint a presque comme à la Silla, dans le nuage) à
84°,7 (48°,6Deluc) mais on conçoit plus facilementcomment l'air interposé
entre les goutterde pluie n'est pasparfaitementsaturé,que l'on peut expliquer
commentdes vapeursvésicutairesqui touchent immédiatement le corpshygros-
copique, ne font pas marcher ce corps vers l'huinidité. Qu'est-ce que cet état
d'une vapeurqui ne mouille pas et qui estvisibleà l'oeil? Il faut
supposer, je
pense, qu'un air plus sec s'estmêléà celui dans lequel le nuages'est formé, et
que les vésiculesde vapeur, dont le volume est de beaucoupmoindre que
celuide l'air interposé, ne mouittotentpas la surfacelisse de la,bandelette de
baleine.L'air transparentqui précède un nuage peut être plus humide
quel-
quefoisque le courant d'air qui nous arrive avec le nuage.

royez plus haut, Cbap. u, p- t~s, et Chap. Uf, p. 2~8.


~'cyez plus haut, Chap. t<r, p. a4y.
CHAttTRB XttÏ. 6'S

Il awroitété imprudent de rester plus long-temps dMsez~ épaisse,


au bord d'un Mécipicede <ept à huit mille pieds de pM~deM* Nous
descendîmesle dôme otaentat de ta Sitta, et, nous récuetuîme~en deMendant
une graminéequi formenon seuletnent un nouveau genMtrès-remarqai!u)te,
mais que, à notre plus grand étontïément; nous avonsretrouvéedans !a suite
sur lesommetdu volcande Kchincha, dans l'hémisphèreaustral, à ~oo lieues
de distancede ta §itt& '.Le Lichen nondu~, si commun dans le nord de
l'Europe, couvroit les branches du Befaria et de la Gauttheria odorata; il
descendoitjusqu'à la racine de ces arbustes. En examinantles mousses qui
tapissentle rocher de gneissdans le vallon, entre tes deuxpics, je fus surpris
de trouver de véritablesgalets, des &agmensde q~arz arrondis On conçoit
que la valléede Caracasa pu être anciennementun lac intérieur, avant que
le Rio Guayre se fut fraye un cheminà t'est, près de Caurimare,au pied de la
eoHined'Auyamas, et avant que le ravinde Tipe s'ouvrità l'ouest vers Catia
et le cap Blanc;mais commentimaginerque les eaux aient pu monter jusqu'au
pic dé la SiHa, lorsque les montagnesopposées à ce pic, cellesd'Ocumare,
sont beaucouptrop bassespour empêcherun déversementdanslesLlanos? Les
galetsn'ont pu~t~e amenéspar des torrens de quelques points plus élevés,
puisqu'aucunehauteur ae dominela Silla.Faut-il admettrequ'its ont été soulevés
commetoute la chaînede mentagnes<pn bordele littoral-?
Il étoit quatre heures et demie du soir lorsque nous eûmesfini Tïos obser-
vations.Satisfaitsde l'heureux succèsde notre voyage, nous oubliâmesqu'il
pouvoit être dangereuxde descendredansl'obscuritésur des pentes escarpées,
couvertesd'urigazonras et glissant. Labrumenous déroboitla vue de ta vallée;
mais nous distinguâmesla double collinede la Puerta, qui paroissoit, comme
font toujoursles objets placéspresqueperpendiculairement au-dessousde nous,
dans une proximitéextraordinaire.Nousabandonnâmesle projet de passer la
nuit entre les deux pitons de la Silla; et, après avoir retrouvé le sentier que
nous nous étions frayé en montant à traversle bois touffu dHeticonia, nous
parvînmesau .P<yHaZ,qui est ta région des arbustes odoriféranset résineux.
La beautédes Befaria, leursbranchescouvertesde grandes fleurs pourprées,

Vers lenord-ouest,
!eBpentee plusaccessibles.
paroissept Onm'amême parléd'ansentier
d&con-
conduit
trebamdterqai à Caravalleda
entrelesdeuxpicsdelaSilla.Dupicorientalj'airelevéle pic
occidental
S.64*'4o'0.j
etdesmaisons
qu'onm'aditappartenir
a CaravaHedaN.
SS'ao'O.
~gopogancencAroK&t.
VoyeznosNov. Genera~ec., Totn.I, p.)3a,Tab.XUt. 1.
Acesgalets
setrouvoient
métesà ttyotoisesdehaoteor,
desfragmensdeminebrunedecuivre.
6f6 Ï.ÏVRE t~.
attiroientde nouveautoute notre attention. Lorsquedanscesclimatsonrecueitte
des plantes pour faire des herbiers, on est d'autant plus difRcitesur te choix,
que le luxe dela végétatibhest plus grand. Onrejette tes branches qu'on vient
de couper, parce qu'elles paroissent moins belles que les branches qu'on n'a
puatteindre. Surchargéde plantes en quittant te bocage, on semble regretter
encore dt ne pas avoir fait une ptusriche moisson.Nous nous arrêtâmessi
long-tempsdans te P~t~, que la nuit nous surprit à notre entrée dans la
savane, à plus de goo toises de hauteur.
Comme, entre les tropiques,le crépusculeest presquenut/ on passe subite-
ment de la plus grande clarté du jour dans les ténèbres. La lune étoit sur
l'horizon;son disque étoit couvert de temps en temps par de gros nuagesque
chassoitun ventfroidet impétueux.Lespentesrapides, revêtuesd'herbesjaunes
et sèches,tantôt paroissoientdans t'ombre;tantôt, subitement éclairées, ettet
ressembloientà des précipices dont l'œit mesuroit la profondeur.Nousmar-
châmesen longue file; on tâchoit de s'aider des mains pour ne pas rouler en
tombant. Les guidesqui portoient nos instrumens nous abandonaoientpeu à
peu~pourcoucher dansla montagne.Parmi ceuxqui étoient restés, j'admirois
l'adresse-d'unnègre congo, qui portoit sursa tête une grande boussoled'incli-
naison il la tenoit constammenten équilibre, malgrél'extrême déclivité des
rochers.La brumeavoit disparupeu à peu danslefondde la vat)ée.Leslumières
éparsesque nous vîmesau-dessousde nous causèrentune double illusion.Les
escarpemenssemMoient encore plus dangereux qu'ils ne sont; et, pendant
six heuresde descentecontinuelle, nousnous crûmeségalementprès des fermes
placées au pied de !a Silla. Nous entendimestrès-distinctement la voix des
hommeset les ~onsaigus des guitares.En général, le son se
propage si bien de
bas en haut que, dans,un ballon aérostatique,à 3oootoises de hauteur, on
entend quelquefois l'aboiementdes chiens.
Nousn'arrivâmesqu'à to heures du soir au fond de la vattée, harassésde
fatigueet de soif. Nous avions marché presque sans interruption pendant
15heures;la plante de nos piedsétoit déchiréepar les aspéritésd'un sol
pierreux
et parle chaumedur et secdesgraminées.Mavoit falluquitter nos bottes, dont
les semellesétoient devenuestrop glissantes.Sur des qui, dépourvues
de broussaillesou d'herbesligneuses, ne peuventonrir pentes
aucunappui aux mains,
on diminuele danger de la descente en marchant
pieds nus. Pour raccourcir
M.Gay-Lussac,
danssonascension
dut6 septembre
)8o5. <

B..
CHAPITRE XHI. 6l?
le chemin, on nousconduisitde !a Puertadela Sillaà la fermede Gallegos,par
un sentier qui m~neà un réservoird'eau, el tanque. On manqua le sentier, et
cettedernièredescente, la plus rapide de toutes, nous rapprocha du ravin de
Chacaito.Le bruit des cascadesdonna à cettescènenocturne un caractèregrand
et sauvage.
Nouspassâmesla nuit au pied de la Silla; nos amis de Caracasavoient pu
nous distinguer,par des lunettes,sur le sommetdu pic oriental.On s'intéressoit
au récit de nos fatigues,mais on étoit peu content d'unemesurequi ne donne
pas mêmeà la Sillal'élévationde la plus haute cimedes Pyrénées Comment
blâmercet intérêt national qui s'attache aux monumensde la nature, là où les
monumensde l'art ne sont rien? Comments'étonnerque tes habitansde Quito
et de Riobamba,qui s'enorgueillissentdepuisdessièclesdela hauteur duChim-
borazo, se défientde cesmesuresquiélèvent les montagnesde l'Himalaya, dans
l'Inde, au-dessusde tous les colossesdes Cordillères?
Pendantle voyageà la Silla, que je viensde décrire, et pendant toutes nos
excursionsdansla valléede Caracas,nous tûmes très-attentifsaux filonset aux
indicesdeminesqu'offrentles montagnesde gneiss.Commeaucuntravail régulier
n'a été suivi, il faut se contenterd'examiner les crevasses,les ravins et les
éboulemenscauséspar les torrens dansla saisondes pluies.La rochede gneiss
faisant passagequelquefois à un granitede nouvelleformation, quelquefoisau
schistemicacé,appartient, en Allemagne,aux rochesles plus métallifères;mais
dansle Nouveau-Continent,le gneissne s'est pas montré jusqu'icicommetrès-
richeen mineraisdignesd'exploitation.Les minesles plus célèbresdu Mexique
et du Pérou se trouvent dans les schistesprimitifs et de transition, dans les
porphyrestrapéens, le grauwakkeet la pierre calcairealpine 3.Sur plusieurs
points de la valléede Caracas, le gneissprésenteun peu d'or disséminédansde
petitsfilonsde quarz, de l'argent sulfuré,du cuivreazuréet de la galène;mais il
reste douteuxsi ces différensgîtes métallifèresne sont pas trop pauvrespour
mériter desessaisd'exploitation.Cesessaisont été faits, dèsla conquêtede cette
province, vers le milieudu i6." siècle.
Depuis le promontoirede Paria jusqu'au-delàdu cap la Vela, les navigateurs
avoienttrouvé parmi les habitansdu littoral des ornemensd'or, et de l'or en
Oncroyoitanciennement
quelahauteurdelaSillade Caracas
différoit
à peinedecelleduPicde
Laet.-~mfr/fa'
Ténêrinë. deser.t633,p. 682.
Surtout à de grandes hauteurs.
Tom.H,p.494.
JVbttf..E~).,
Relation AMtor/~MC~
2ToM. 78
1 HVRE ÏV.
618
poudre. On pénétra dans l'intérieurdesterres pour découvrirleslieuxd'o~ venoit
ce métal précieux;et, quoique les renseignemensque l'on avoit pris dMs !a
provincede Coro, aux Marchésde Curianaet de Cauchieto indiquassentassez
clairementqu'une véritablerichesseen mineraisne se trouvoit qu'à l'ouest et
au sud-ouestde Coro, c'est-à-diredans les montagnes qui avoisinentcelle de la
Nouvelle-Grenade,toute la provincede Caracasn'en fut pasexploréeavec moins
de zèle. Un gouverneur,récemmentarrivé sur ces côtes, ne pouvoit se faire
valoirà la cour qu'en vantant les mines de sa province, et, pour ôter à la
cupiditéce qu'elle a d'ignobleet de repoussant,on justifioit la soif de For par
l'emploi qu'onfeignoit de donner à des richessesacquisespar la fraude et la
violence.L'or, dit ChristopheColomb*,danssadernièrelettreau roi Ferdinand,
l'or est une chosed'autant plus nécessaireà Votre Majesté,que, pour accomplir
une ancienneprédiction, Jérusalemdoit être reconstruit par un prince de la
monarchieespagnole.L'or est le plus excellentdes métaux. Que deviennentces
pierres précieusesqu'on chercheaux extrémitésde la terre? On les vend, et
l'on finit par les convertiren or. Avecde l'or~on seulementon fait tout ce
que l'on veut dans ce monde on peut encore l'employerà tirer des âmes du
purgatoireet à peuplerle paradis. Ces mots, d'une candeur si naïve, portent
l'empreintedu siècleoù vivoit Colomb, mais on est surpris de voir l'élogele
plus pompeuxdesrichessessortir de la plumed'un homme dont toute la vie a
été marquéepar un noble désintéressement.
Comme la conquête de la
province de Venezuela a commencé par son extrémité
occidentale, ce sont les montagnes voisines de Coro, de Tocuyo et de Barqui-
simeto, qui ont attiré les premières l'attention des conquistadores. Ces montagnes
réunissent les de la Nouvelle Grenade (celles de Santa-Fe, de
~'oEdIHères
Pamplona, de la Grita et de Merida), à la, chaîne cotiere de Caracas. C'est un
terrain d'autant plus Intéressant le géognoste, carte n'a fait
jpour qu'aucune

~<r. Martyr, Ocean. D<c.~jM. ~/77,p. 90.9t.


C~n~M, p. 63-84. fn~ ~«~ -S~M j'Ve<.J'7,
'Ch~. n. 3, p. 55. Herrera, PM. ~&. IY, Oy. r (Tom.
t,p..06). Les Eap~n.h.tMt.~reat,
en t5oo, dans le pays de Curiana (aujourd'hui
Coro). de petits OMeam des grenonincs et d'antres orne-
mens d'or massif.Ceux qui savoientfondre ces
6gt)re<vivoient à Caucbieto, lieu plus rapproché du Rio ta
Hacha. J'ai Ytt desornemeM semblables ce)m
que décrit Kerre Martyr d'Angbiera,et qui annoncent
des orfévresassez habiles parmi tes
onïrages des anciens habitons de Candinamarca. La même industrie
paroît avoir régné sur les cotes et plus au sud, dans les montagnes dé la Nouvelle-Grenade.
Lettera rarissima data M~ 7~M n~a isola di Jamaira <,
7~~ <Mt5o3. (B<!Mano,t8to), p. 9o-3t.
« Looro ë metallo sopra gli altri
excellentissimo e dell' oro si fanno H tesor: e cbi lo tiene fa c opera
quanto vuole nel mondo, e Cimente aggionge a mandare le anime at Paradiso. »
CHAPtTRE XJttt. 6tf)

connoitrejusqu'iciles ramificationsde montagnesqu'envoientvers le nord-est


tes Paramos de~iquitao et de las Rosas, lesderniers de ceux dont la hauteur
atteint ï6oo toises.EntreTocuyo,AraureetBarquisimeto,6'élè~< le groupe
des montagnesde l'Altar.Il se lie vers le sud-ouest, au Paramo de t~s Rosas.
Un rameau de l'Atlarse prolongeau nord-estpar San Felipe el Fuerte~ en se
réunissantaux montagnesgranitiquesdu Uttoral, près de Porto-CabeUo.ï~'autre»
rameause porte, vers l'est, à Nirguaet le Tinàco, poursejoindre à la c&a~M<<c
l'intérieur,a cellede Yusma,Villade Curaet Sabanad'Ocamare:Tout ce terrain
que nousvenonsde décrire sépareles eauxqui vont à l'Orénoquede cellesqui
coulentdans l'immenselac de Maracayboet dans la mer des Antilles..M offre
des climatsplus tempérésque chauds, et on-le regarde dans le pays, malgré
l'éloignementde plus de cent lieues, commeun prolongementdes terrains
métallifèresde Pamplona.C'estdansée groupe de montagnesoccidentalesde
Venezuelaque les Espagnols,dès l'année t55r, travaillèrentla mine d'or de
Buria qui donna lieu à la fondationde la ville de Barquisimeto2; mais ces
travaux, commeplusieursautresmines ouvertes successivementfurent bientôt
abandonnés.Ici, commedans toutesles montagnesde Venezuela, les g~es de
mineraisont été trouvéstrès-inconstansdansleur rapport. Les filonsse divisent
et s'étranglentsouvent les métaux ne paroissentque par rognons, et offrent
les apparencesles plus trompeuses.Cependantce n'est que dans ce même
groupede montagnesde SanFelipe et dé Barquisimetoqu'on a continuéjusqu'à
nos temps le travaildes mines.Cellesd'Aroâ.prës de San Felipe el Fuerte,
situéesau centre d'un pays extrêmement âévreux, sont les seules que l'on
exploitedanstoute la capitaineriegénéralede Caracas.Ellesdonnent une petite
quantité de cuivre, et nous en parleronsplus tard après. avoir parcouru les
bellesvalléesd'Araguaet les bords du lac de Valence.
Après les exploitationsde Buria, près de Barquisimeto,ce sont cellesde la
valléede Caracaset des montagnesvoisinesde la capitalequi sont les plus
anciennes.FranciscoFaxardoetsa femmeIsabelle,de la nation des Guaiqueries,
tousdeuxfondateursde laville du Collado visitoientsouventle plateau où
se trouve située aujourd'hui la capitalede Venezuela.Ils avoientdonné à ce
plateaule nom de j~Re de San Z~ancMco,et, ayant vudes pépites d'or entre

.Be<t~
deJtf<n<M
d~&MFelipe
deBarm.
° ~V~efaSegovia.
CM-avatMa.
6~0 LtVRE ÏV.

les mainsdes. indigènes, Faxardo parvint, dès tannée ï56o, à découvrir les
minesde los Tc~Me~ au sud-ouestde Caracas,près du groupedes montagnes
de la Cocuiza,qui sépareles valléesde Caracaset d'Àragua.On croit que, dans
la premièrede ces vallées,près de, Baruta (au sud-du village du ~<a!~c), tes
indigènesavoientmêmefaitquelquesexcavationssurdesfilonsde quarzaurifères,
et que, lors du premierétablissementdes Espagnolset lors de la fondationde ta
villede Caracas, ils avoientrempli d'eaules puits dcjà~reusés.Il est impossible
aujourd'hui de vérifier ce fait; mais il est certain que, long tempsavant la
conquête, des grains d'or étoient, je ne dis pas généralement, mais entre de
certains peuples de la Terre-Ferme, un moyend'échange On donnoit de l'or
pour se procurer des perles, et il ne parott guèresarprenant qu'après avoir
ramassélong-tempsdes grains d'or dans les ruisseaux, des peuplesqui avoient
des demeures stables, et qui s'adonnoient à l'agriculture, eussent tenté de
suivre des filons aurifèresdans leurs auleUremens. Les mines,de/o~7e~uc~
ne'purent être paisiblementtravaiHéesqu'aprèsla défaitedu CaciqueGuaycay-
puro, fameuxchefdesIndiensTèques, qui~tisputa~~Uong-temps aux Espagnols
la possessionde la'provincede Venezuela.
H nous reste à nommerun troisièmepoint sur lequell'attention des Conquis-
tadores fut appelée, par des indices de mines, dès ta fin du t6.*8ièc!e.En
suivantla valléede Caracasvers l'est, au-delà de Caurimare,dans le cheminde
Caucagua,on parvientà un terrainmontagneuxet boisé, oùl'on faitaujourd'hui
beaucoupde charbon, et qui portoit jadisle nom de laprovince de los Mariches.
Dans cesmontagnesorientalesde Venezuela,le gneiss
passé à t'état d'un schiste
talqueux.Il renferme, commedansle Satzbourg,des filonsde quarz aurifères.
Les travauxqu'on a commencéstrès-anciennementsur cesfilonsont été souvent
abandonneset repris.
Pendant plus de cent ans, lesminesde Caracasrestèrent dans l'oubli mais
dans les temps les plus rapprochésde nous, vers la fin du dernier
siècte, un
intendant de Venezuela, don Jose Avalo, se livra de nouveauà toutes les
illusionsqui avoient ûatté la cupidité Il s'imaginaque les
des Cbn~MMM~M.

Treize années plus tard, en 1~3, Gabriel de


Avila, un dès alcades de la nouvelle ville de Caracas,
reprit le travail de ces mines qu'on appela des-toMle ~0~ ~no< Nuestra &noro. Peut-être çe
même Avila, à cause de
qnetqu.s fermes qu'il possédoit dans tes montagnes voisinesde la Guayra et de
Caracas, a-t-il fait donner à la Cun.bre le nom de Montafia de~a. Ce
nom dansla suite, a été faussement
app).q..é à la Shta et à toute la chaîne qui s'étend vers le cap Codera. Oviedo
Pe<rM<Martyr, p. 9). p. 998 et 3a4.
CHAPÏTREXï!ï. 62*
d e
montagnesvoisinesde la capitalerenfermoient grandes richessesmétalliques.
Commeà cette époque un jeune vice-roide la Nouvelle-Espagne,le comtede
Galvez,visitales côtesde la Terre-Ferme pour en examinerles fortificationset
rétat de défense,l'intendant pria le vice-roi de lui envoyer-quelquesmineurs
mexicains.Le choixne fut pas heureux. Ceuxqu'on employane eonnoîssoient
aucuneroche; tout, jusqu'aumica, leur parut de l'or, et de l'argent. Les deux
chefs1 de ces mineursmexicainsavolentchacun i5,ooo francsde traitement.
H n'étoit pas de leur intérêt de découragerun gouvernementqui ne s'effrayoit
d'aucunedépense propre à accélérerl'exploitauon.Les travaux furent dirigés
sur te ravin de Tipe, et surlesanciennesminesde Barutaau sud de Caracas,où
lesIndiensrecuèilloient,encorede mon temps, un peu d'or de lavage.Le zèle
del'administrationseralentit bientôt et, aprèsavoir fait beaucoupde dépenses
inutileson abandonnaentièrementl'entreprisedesminesde Caracas.On avoit
trouvédes pyrites aurifères, de l'argent sulfuréeet un peu d'or natif, mais ce
n'étoientque de foiblesindices;et, dansun pays où la main d'œuvreest extrê-
mementchère, il n'y avoit pas d'intérêt à suivredes exploitationsde si peu de
rapport.
Nousavonsvisitéle ravin de Tipe, situé dansla partiede la valléequi s'ouvre
versle cap Blanc.On passe,en sortantde Caracas,près de la grandecasernede
San Carlos, par un terrainaride et rocailleux.A peine y trouve-t-on quelques
piedsd'Argemoncmexicana.Le gneissvient partout au jour on secroiroitsur
le plateaude Freiberg.On traversed'abordle petit ruisseaude ~~H<ïSalud,
eau limpidequi na aucun goût minéral, et puis le Rio Caraguata On est
dominéà droite par le Cerro de Avilaet la Cumbre, à gauchepar la montagne
de ~gu<M2V~ra~.Ce défiléoSre beaucoupd'intérêtsousle rapport géologique;
c'estle point oùla vattéede Caracascommuniquepar les valléesde Tacaguaet
de Tipe avec le littoral, près de Catia. Une arête de rocher, dont le sommet
est étcvéde 4o toisesau-dessusdu fond de la valléede Caracas, et de plus de
3oo toisesau-dessusde la valléede Tacagua,divise leseaux qui coûtentvers le
Rio Guayreet versle cap Blanc.'Surce point de partage, à t'entrée dela brèche,
la vueest très-ag)é.tbte.On changede climat à mesurequ'ondescendversFouest.
Danslavalléede Tacagua, noustrouvâmesdenouvelleshabitations,desconucos
de maïs et de bananiers.Une plantation très-étenduede Tuna ou Cactusdonne

Mendana
Pedro etAntonio
Henriqnez.
Gneiss, hor. t2, incL 70° à l'ouest.
622 LIVRE ÏV.
à ce pays aride un caractèreparticulier. Les cierges ont jusqu'àï 5 pieds de
hauteur et s'élèventen candélabres, comme les euphorbesd'Afrique. On les
cultive pour en vendrelesfruitsrafraichissansau marchéde Caracas.C'est la
variété dépourvued épinesqu'on appelleassezbizarrement, dans les colonies,
Tuna.de'E,spa-na. Nous mesurâmes,dans le même endroit, des Magueysou
~gwe, dont la hampe chargéede fleurs avoit jusqu'à 44 pieds d'élévation.
Quelquecommuneque soit aujourd'huicette plante partout dans le midi de
l'Europe, un homme, né sottsun climatseptentrional,ne se lassepas d'admirer
le luxede la végétation, le 'développementrapide d'uneliliacéequi renferme à
la fois une sève sucréeet des sucs astringens et caustiquesemployésdans la
guérisondes plaiespour brûler les chairs.
Noustrouvâmesdanslà valléedeTipe l'aSIeurementde plusieursfilonsde quarz.
Ils renfermentdespyrites, duferspathique, destracesd'argentsulfuré(g~~crt;)',
Citdu cuivregris oufahlerz.Lestravauxcommencés,soit pour extrairele minerai,
soit pour reconno~trelanature de song!te,paroissoienttrès-superficiels.
Desébou-
lemensavoientcombléles excavations,etnousne pumesjugerpar nous-mêmes de la
richessedécèsfilons.Malgrélesdépensesfaitessousl'intendancede donJoseAvalo,
la grande questionsi la provincede Venezuelapossèdedes' minesdignes d'être
exploitées,paroH.encoreindécise.Quoique,dansdespaysoùl'on manquede bras, la
culturedusol demandeindubitablementla premièresollicitudedu gouvernement,
l'exemplede la Nouvelle-Espagne prouve cependantassezque l'exploitationdes
métauxne nuit pas toujours aux progrèsde l'Industrieagricole.Les champs
mexicainsles mieuxcultivés, ceux qui rappellentaux voyageursles plus belles
campagnesde la Franceet de l'Allemagneméridionale,s'étendentde Silaovers la
Villade Leon ils avoisinentlesminesde Guanaxuato,qui, à elles
seules, pro-
duisentla sixièmepartie de tout l'argent du Nouveau-Monde.
NOTES~ 6a3

NOTES DU LIVRE tV.

Note À.

La6ndei'éc)!psede soteitjm 98 octobre tygg~Chap.x, p. 5to) m'a <t&rtmt phénomènetres-


remarqnaMe. Je vaisledécrire teigne je le trouvemarquésurmonjournalastronomique.<tEn regardant
avecla grande !onettede DoMendbien CMment(a~4~S8'da chronomètre) la partie obsoarcieda
disquedn soleil je vis parettre et disparaitretttemtttvememttrois&quatrepointslumineuxsemblables
à desétoitet4e laCMtt(aieme grandeur.J'attribuependantquelquestMtMHcephénomènet t'etptoBtondes
Te!e*Bt 4e h hmedontHertcbett<httett'etmtBnee,et queDonAntonioCNMregardMtcommedes tron<
quitm~ertent!t ~)Mtete.Qnetfat monétonnement,husque,ven la finde fedipse, t 5*3/' dn ébrono-
mètre, ~'xpercat~MOL pointsImnmeM<e<nhhhtM hon de disque,étoi~Bétdobordde t9 omt5 minutes
en arc, du eM qui ~'avoit point été éetiptê.La fin de Pedipte étoit S'* 4S'3y" do chronomètre.
tjetdenx points !mnmentne punirent~t')M<e<ettte~!M<b Bt~voientFintem!té<!ehnaered'âneéte!tede
la troisièmegrandeur.Je ne ptmpM me rendreraison de ce phénomène.Ma Tuem'éteitpas dn toat
fatiguée.B
Lonvillerapporte(J~m. de <fe< t~tS p. 96)avoirvu à Londres, pendantl'éclipsetotale de
soleildu 3 mai ty t5, «desfulminationsou vibrationsinttantanéeede rayonslumineux.Ils pareM*oient,
pendantt'ODfennté totale, surla superficiedela tune ensorte que t'en auroitcru voir destr!<!mee<de
poudreenflammées. Commela luneest très-montagneose, il n'est pas extraordinaireque les orageBy
soienttres-frequem.B Dans le phénomèneque j'ai obserTé, il n eut ancnne fntgnratton,aucune
apparencede traineeode lumière.C'étotentdes pointaInmtnemd'une lumière tranquille, et qui dis-
parOMBoient aprèsavoirhrit!ét6 ou 8 secondes.Ils n'étoientpas rougeâtrescommecelui qtt'BHoaa cru
êtret'e&t d'une excavationdansla lune.(~'At<.T~ntM.,t~~a, p. it6. Jtf~tt.de B<rNn,ty88, p. 9e4.)
Aquoiattribuercesapparenceslumineuses observéesà diBerentesépoquessarle disquehma!rependant
une éctipsedesoleil?Lespointsquej'ai Tusen dehorsdu disquesolairene ponToientêtre dus'àla même
iUnsiond'optiqueqni a faitvoirle satellitedeVénus.Dansée dernierona cruvoirdes phases.

Note B.)~

Je rapporterai ici l'explication ingénieuse et satisfaisante que M. Arago a donnée du phénomène de la


scintillation, et qui n'a point encore été pmMiée.Ve!c!hnoteqne ce savanta bien vontu rédigera ma prière
« Les physiciens et les astronomes qui se font occupés de'la seintiHation des étoites, ont fait, pour la
plupart, abstractionde la circonstance pent-étre la ptns remarqnaMe de ce phénomène, je veux parler de
ces changement brusques et fréqmens de couleur dont il est toujours accompagné. Les progrès que la
théorie pbysiquede la lumière a faits depuisquelquesannées, nous permettront, ce mesemhie, de rattacher
l'explication de ce fait curieux à )a loi des interférences dont on doit la découverte au docteur Toung
6~4 HVRE :V.
de lumière homogène, et qui parviennent
D'aprèstes expériences dececél&bre physicien, deux rayons
en un mêmp point de l'espace par deux routes légèrement inégates, s'a~oufentou se détruisent suivant
autre valeur. Les différences qui conviennent Ma
que la différence<es chemins parcourus a telle ou telte
neutralisation des rayons de diverses nuances sont assez sensiblement inégales, pour que le résultat de
l'interférence ou du mélange de deux faisceaux blancs soit toujours accompagné d'une coloration
sensible; l'expérience a prouvé *de plM(~<~ez Annales de .chimie et de physique, Tom.ï,p. tog)
qu'il ne suffit pas, en recherchant la place ou deut faisceant peuvent s'inNuencer, de tenir compte de la
dif~rence des chemins parcourus, mais qu'il est de'plus nécessaire d'avoir égard à l'inégale réfringence
des milieux qu'ils ont traversés. Cela posé, il est facile de démontrer que les rayons qui, en partant
d'un même point, viennent se réunir au foyer d'une lentille peu étendue, vibrent,d'accord ou s'ajoutent
s'ils ont tous traversé des milieux de même dentité ou d'une égale réfringence; le même raisonnement
montrera, au contraire, qu'une inégalité de réfringence pourra, suivant qu'on la supposera plus ou moins
grande, donner naissance, dans le même foyer, ata neutralisation de telle ou telle autre classe de
rayons ooiorés En appliquant ces considérations à la scintillation des étoiles, on trouvera que si tous les.
rayons qui parviennent aux différentesparties de la pupille, traveDienf Constammentdes couches atmos-
phériques de mema-densité, l'image de l'astre aura toujours la même intensité et la même teinte; tandis
que, dans le eas;contraire, elle pourra changer du nuance et d'éclat à chaque instant. Pour un astt'c
au zénith, tes chances de scintillation seront beaucoup moindres, sous teo mêmes circonstances, que
pour un astre peu élevéau-dessusdel'horizon~Dans nos climats,elles seront moindresque sons les tropiques'
ou la chaleur est plus uniformément distribuée dans les coucher atmosphérique). ~Lcs changementd'intensité
se verront plus facilementdans les étoHes de première grandeur, ou ils seront accompagnés d'un change-
ment de couleur plus prononcé que dans les étoiles foibles; dans les astres blancs, que dans ceux qui sont
naturellement colorés. Toutes ces circonstances, si je ne me trompe, sont conformesaux observations, a

Note C.

tl ne faut pas craindre qu'en employant le moyen que }'m indiqué (Chap. x, p. 5to) pour évaluer
l'intensité de la lumière des étoiles le changement d'inclinaison des miroirs mit une inffuencesensible sur
la quantité de huniere~rêBecnie. Cette inBuenceest sans doute tres-considt'raMe lorsque la tnmiere est
réméeMepar un verre diaphane;, elle est presque nulle, quand les rayons sont renvoyés par un miroir
étamé sur sa face intérieure. H en résulte que, pour comparer deux étoitetret pour égaliser teur lumière
on peut ramener dans le champ de la lunette des étoiles dont les distances angulaires sont
très-grandes.
Voici les résultats de mon travail, en plaçant sur l'<M&-m~<r<f, les étoiles de la première grandeur entre
8o°–too", cem de la deuxième grandeur entre 60''–80°, ceux de la troisième grandeur entre
45°–60°
ceux dela quatrième grandeur entre 3o"–45°, cenx de la cinquième grandeur entre ao"_3o°
< Sirius loo".
Canopus g8°.
et Centaure 96°. y
Achernar 94°.
Centaure gS'
Fomahaalt 92°.

Voyezpluahaut, Chap.x, p. 5ia..


NOTES. 62~
R!gel 90-
Procyott 88°.
BetcigeuM M".
sGrand Chien 83°.
8t°.
aGrue 8t°.
a Paon 78'
0Grue y5°.
jSGrandChien y3°.
? Lièvre 7*°.
«Toucan yo°.
~Lièvre yo°.
m Colombe 68°.
67-
«GrandChien 66'.
«Phcenit 65°.
y Grue 58°.
Grand Chien 5t°.
ettndien 5o°.
CGrandChien. 4?°.
it est plus difficile de déterminer si a Indien a la moitié de la lumière de
Sirius, que de reconnoitre si
<tGrue est plus près de t'ectat de Sirius que decetn! de <tIndien. En
comparant Beteigeuze et tt Paon à
a Grue, on trouve que Beteigeuzedoit être placé entre a'Grue et Sirins, et a Paon entre a Grue et <tIndien.
Plus les limites deviennent étroitee, et plus il est aisé d'éviter les erreurs, surtout si l'on essaie de
parvenir au même résultat numérinne par des voies tres-diKérentes. On peut comparer, par exemple,
e Grue et Procyon, soit immédiatement, soit en
égalisant, dans un instrument de réSexion, les lumières de
Procyon et de Canopus, de Canopuset de <tGrue, soit enfin en comparant Grue et Procyon par l'intermède
de Rige) et de Sirius. Herschelfait snivre dans le Grand Chien ,e,9', o. Dans la Grue, il y a aujonr-,
d'hui beaucoup moins de différenceentrée et
qu'entremet~; quant à l'intensité relative de la lumière
de Sirius et de Canopus, les opinions des astronomes
qui ont visité la zone équinoxiate, ont été singuliè-
rement partagées jusqu'à ce jour. J'ai cru avoir reconnu, par beaucoup de combinaisons, que Sirius est
plus brillant que Canopua, autant que Centaure est plus brillant qu'Achernar. J'espère reprendre ce
travail.

~<-D,

Voici t'extrait desobservationssur le mirage, faites en 1799et t800, pendant mon séjour a Cumana, telles
que je tes ai consignées dans mon Journal astronomique. Je ne pouvois avoir atorsancune connoissance
de la théorie de M. Mongeet des expénencesde MM. Brandes WoUaMomet Tralles. Celles dn oétebre
physicienanglois ont été faites à la même époque que tes miennes. M. Vince s'étoit contenté de suivre
avec le tétescopetes phénomènesde suspension, sans déterminer la grandeur des
images et la dépres-
sionde l'horizon de la mer. Cesdéterminationsmanquoient aussidans les travaux de b1.
Buseh, à Hambourg
(7~ac<o<!M duo optici argumenti)', et de l'abbé Gruber ( Ueber &ra&n&MeA!<n~ und ~~n!<&<~ des
~.tcA<t,1793.) Quoique, en t8oo, je n'eussequ'une idée vague des diversescirconstances qui modifient le
n n
Relation AH<t)r~Me~
Tom. yq
626 HVBE tv.
mirage,je nenégligeaipasdemesurerlesanglesde dépressionde l'horiMn,la ht~ur de l'intersticeentre
l'horizonet l'objetsuspendu,la températuredu sable au dessusduquelpaHtoient les rayons lumineux,
cellesdel'air et de l'eau.J'examinail'influencede ta formedesNetssur leur saimeMion ptns ou moins
complète,lescasoù il y a suspensionsansdoubleimage,enfintêt changemensque te leveronle coucher
dusoleilproduisentdansle jeudecesréfractiomeMraordinaires. (J~c~M plushaut, CA<y.J~<<Jï/,p. ao6
et 533.)
<'Cumana,lat. to'*a7'5a".Terrassedela maisondedon PM~tet Marttnez,que j'habite depuis mon
retour'duRioNegro.J'y découvretes mêmesobjetsquej'ai mestMea daMmon ancienne demeureplus
rapprochéedu RioManzanares; je voisau sud tes~nontagnes du Mgantin, le TataMqxatet toutela chaîne
de montagnesde la Nouvelle-Andalousie; au nord-ouest,le grouped'îlessituéesentreles portsdeCumana
et de NuevaBarcelona,tesMesCaracas,Picuitaet Boracha.Distancede ces!te< t0-t5 m'ttes. Quart de
cerclede Bird, à doubledivision,soigneusement vérinépar un niveauà Mte d'air et le fil à plomb.
L'instrumentest placésurun mur massif.Je me suisconstammentservidela divisionen g6° dont chaque
degré est égal à 56't5'\ Le vernier subdivisetes degrésen ta&parties. L'erreurde cotlimationtété
déterminéepar lalatitudedulieuet partacomparaison avecnnsextamt de&tmttten<tEUeestS 4o~ (div.sex.)
additivesauxdistanceszénithales.L'objectifdelalunetteduquartde cercleest ehivédeta4 pieds11ponces
au-dessus du niveaude la mer.Pour être plus sur qu'aucunaccidentn'inNueMfles anglesde dépression
et de suspension, je prendschaque<oist'anglede hauteurd'unetour(~)qai, par <enélévationet sa proxi-
mité n'est passusceptibled'être aBectésensiblementparles changemensde ré&iactioM horizontales,x
Le i." septembret8oo,aa3*'t< lespointesdes ttes et dmc*p~du ~nntit~~tvoisin Mfi~nt toutes
relevées,suspendues. Luhettede DoUond,grossissement de 65 fois.Therm.l'air et à l'ombre99,"6R.
Hygromètre45,a Deluc. Cyanomètreao°. (où tour servantpour la rectificationde l'instrument)
94°3t'3". B, ou cap Est de t'tte Caracas90°5~25". C, ou le sommet de la petiteMePicuitanS~ou
95°56'3o".D, ou base de l':te PicuitagS°5M'a3".jE, ou la hauteurde Mie Bot-acha o5' F, ou
dépressionde l'horizonde la mer oS" L'eaude lamer at°,4. Lesabledes plagesentre la ville et la
mer 3o°,8R.
« Le3 septembre,à )Q'-du matin.Th. 9t"R. Hygr.43. Cyan.t4'.
A 9~
B nS" –~
C 05" -L °
D 9S°
~95°-A
F Q5°
a Le soir à 6**ciel couvert;il va pleuvoir.Air extrêmement
transparent.Les lies paroissenttres-
rapprochees.Th.2t' yR.Hygr.4o"
D 95"
E 95 ou 95°9~,5.
« Le4 septembreà 5* couvert,air très-transparent.Th. ay.S. Hygt-.4t°,9;L'eaude la mera sa
surface2i°,8.Sableblancde la plagea8,5. Aulien de 'je marquel'angte6a,a.
A 94° 69~.
B95° to4,5.
C95° )tt;3.
D 95° tt6,?.
E 95° 9a,5.
F 95° n6.
NOTE~, 627
e ToMtetMp*tMpe~M,m~bM~tt'tem'*q'w5 & 6 tm'nn~M~eJ~gnenr. La Pienitaest
entièrementen l'air, s<t iongnettr itpp<~e<t~ ~tt'An<~noherdaMte~r*ttM !e pedon
labasede t'i)eet t'hori& de lamerdtmtnne!t~MMtreqne t'atmoeph%re~ohtcnMtt.Lpt'sqnele disquedn
soteHse cachederrière desnnagest~-M~eentMdetatienitarepo)esurt'h<~ tes
repMottdanssonéclat,qno'qneseulementt 4° de
ettrémitésdel'îlequirestentatotssnspendaes.Le<!o!e~
hauteur,et toutet'Mesere!eve:eHee<t emtHte)meBt«wpe!)dtM!,ttnt t Mncentre, qmforme<mepetite
convexitéqu'au deux ettt~mtt~. FMde doubleMMi~e, r!e~<j~e<Mpemti<m,Apre<le coucherde ttoteit,
laPioaittresteencoreen Mr. Je t'eMmine aTeeh ~~de t~ttw de ~Uo~ il fait déjàd obMttrqne
j'ai de la peiaet HteïeMmbedm textàn~ t<MteoBMeBce<MHdMtte&<era&o!dir;t)M!* je voistoujours
dera~(aBespacetérien)entre~6r'~B~~pri<Be~etamereti<bMedet'Ne.)'»
« Le 5 septembre.Fendit Ïecr~p~ah dm ~in.9t',3.H~ Le disquedu soleiln'est
pointencorevisible,et déjàtontelaKcaitt paroîtsuspendueenl'air.CrépMetJetres-foiMe.
A 94* 69.
B g5° to3,7.
C 950 tn,a.
D 95" tt5,9.
E95" 93.
F 95-'t~,7.

«A3''9pree-m:di.Th.9S*,aR.Hygr.36<De!nc.CyM.2a'.
B g50to5,3.
C 95° t*a,7.
D 95° t'7,5.
E 95° 93.
F 95° u7<5.

< A6''(]uso!r,)esoteHm'aqM4°dehaut.Th.aa'8R.Bygr.36',5.
A 94' 6a,a.
B <)5°<o't,5.
C 95° ttt,3.
D 95* n6.
N95" 9~,7.
F 95° 116,3.

« Pendantle coucherdu soleil, t'horiton est oscillant.La PicuitahtiMeet n'est p)us:nspendne;la


dépremionde l'horMon,au momentmêmedu coucher95°n5,7~ et ~amtnutesplus tard, pendant le
créputcute95°n4,7. Cou P!cu!ta95°na. Encore plus tard: C95°m,3. F95°n6,3. U n'y a pas
d'errenrdanscet observations; car le signal restea la mêmehauteur,tandis qne l'horizonde la mer
éprouvedeschangmeussi brusques.D'antresjours j'ai vu tes Motsse reposersur l'horizonun peu avant
le coucherdu soleil.Cecoucherne produitpas toujourslesmarneschangemensde températureet de
rétractionsterrestres.»
«Le at septembre.Depuis le 18, oielconstammentcouvert.Le tempschange dansla nuit du a3.
Grandetransparence, lesétoitesextrêmementbrillantes,maispointde scintillement,
pas mêmeà l'horizon.
Le a4, grandesécheresse.Hygr. aat**dumatin3a° Deluc( 67°Saussure).Therm. at'5 R. Dépression
de l'horizon,la plusgrandede toutescellesque)'aiob<erveM. Eau de la meraa' Le terrainaride deta
plage 3a°,7. La Borachatoute en l'air. Le ciel tres-Nen. Cyan. a~. De petitesharqnesde pecheuM
628 LIVRE IV.

suspendues, nageant en l'air, 3 à 4 minutes au-dessus de l'horizon de la merqtti est <xtrêtoement tranché.
Une des barques, vuepar la lunette, ogre nne image tenvcMée.

A 94° 6a.
Bg5"to6.
CQ5°u6,a.
ËoS" 93,a.
F 96° ta, donc de ~( près de 8') piM grande quête 4 septembre.
« La Picuita paroît souvent double et renversée, pendant le reste du jour. L'image renïfraée est de taf
même grandeur et hauteur que l'image directe la dernière est tonte suspendue; mais l'image renversée,
dont l'Intensité de lumière est assez foible, empiète sur l'horizon de la mer: elle couvre une partie de
dernières couches de l'Océan. A aa'*du matin, therm. a3°,5 R.; hygr. 3t°,S.

A g4° 62,3.
Ct)5° m.
F 96° o.
«A midi, la dépression de l'horizon encore 96' t. Calme plat. M
Le 25 et le a6 septembre, l'horizon éclatant delumière, oscillant trois à quatre foisdans l'espace d'une
heure. La dépressionde l'horizon est tantôt o5° ] t8, tantôt 96'* 4 sans que tes instrumens météorologiques
changeut dans l'endroit où est ptacé le quart de cercle de Bifd~jLcs changemensont sans doute lieu
dans tes couches d'air intermédiaires, dans!a température de l'eau et du so) qui rayonnent de la chatenr.
Je crois voir que le phénomène d'un changement de dépression s'annonce par une variation de couleur.
Sans que la teinte azurée du ciel soit altérée, l'horizon de la mer se sépare en deux bandes. On voit
paro!tre une strie plus <bncéeque te reste, tout ce qui est postérieur à cette strie ptMt peu à,peu, et finit
par disparoitre entièrement tont ce qui est antérieur a la strie, augmente de couleur. Mte de la Picuita
est déjà suspendue; son pied (sa limite inférieure) ne change pas; mais, à mesure que la strie de-
vient l'horizon, et que la partie de la mer située derrière la strie s'évanouit, la suspensionapparente
[le l'île augmente. Elle sembles'étoigner de l'horizon', tandis que c'est plutôt l'horizon qui s'est éloigné
de l'ile. Avant la formation de la strie D. g5° !i6,3. F. 95° 11 g. Un quart d'heure plus tard, aprèsque
la zone derrière la strie est devenue invisible, je trouve D. <)5°n6,3. F. 96° 4,8. Peu à
peu la zone
antérieure qui forme l'horizon pâtit à son tour, la partie de la mer derrière la strie reparoit. On diroit
que cette dernière gagttë en couleur ce que t'autre perd. F. est~te nouveau 95° n8. D. reste invariable-
ment 95°1 6,5. La partie qui a reparu prend nne teinte btéu foucé; la partie antérieure, au contraire
( celle qui formoit l'horizon, lorsque la dépression étoit 95° no), est toute blanche. J'ai observé cette
oscillation pendant plusieurs jours. Les variations de couleur sont tes pronostics d'un
changement de
dépression. Ne doit-on pas admettre que tes rayons lumineux que nous envoie la partie la plus éloignée
de la mer, cette qui pâlit, sont Mtéchis de manière, pendant leur passage par les basses couches de
l'atmosphère, que, dans leur courbure convexe vers la surface du sol ils se confondent avec tes rayons
de la couche antérieure de la mer. Nous ne jugeons que d'après la direction des rayons; ces mêmes
rhyons inBéchis, qui nous arrivent des couchesd'eau les plus étoignées, nous semblent dès tors appartenir
aM couches plus rapprochées. C'est cette circonstance qui cause t'apparence des stries,
et qui augmente
cette intensitéde couleur ou d'éclat qu'on remarque dans le nouvel hortzon.
« Tous ces phénomènes s'observent aussi dans tes steppes arides de Caracas et sur tes bords de
t'Orénoque, là où le fleuve est bordé par des terrains sablonneux. Nous avons vu fréquemment
le mirage cette année (en t8oo), entre Catabozo et San Fernando
~e Apure, et & l'Orénonue, au
nord de la mission de l'Encaramada. Les monticules de San Juan et d'Ortiz, la
chaîne appeléeteGatera
paroissentsuspendues, lorsqu'on les voit du coté des steppes, a 3 ou 4 lieues de d:stance. Le sable,
a midi'
NOTES. 6~9
étoit éehauBe(au so)eH)jusqueta température de 4a'&éaomur.A t8 poucesd'étevationan-dessusdu
M); le thermomètremontra, danst'a!r,'3a' R. A 6 pieds;it s'éteva(a t'ombre) &99'$ R.Des palmiers,
isolésdanslesLlanos,paroissentmtmqMM de p!ed on diroitqu'uneeonched'air les sépâre.du sol. Les
plaines,dënnéeade vëgétaaï,paroissentdes mares ou des lacs.C'estl'iUoMOH Mcommunedanstêt détertt
d'A&iqae.la Mesade Pavones,au miHettdestteppMdeCaracM, nousavonevn.M. BonptaBdetmoi,
deBvachesen t'aur.Distance'de toootoises.Eu meMrMtavecle sextantla largeurdel'intersticeaérien
noustroutàmet!espiedsde t'an!matélevésau-deMMdasol de y 30' SimplesuspensionpasdedoeMe
image.On assureavoirvu, près de CataboM,desehevaBOt suspenduset renverses,tansqu'iisprescn-
tossentune imagedirecte.t
Tout ce quiprécèdea étéécrit à Cumana,versla finde l'annéet8oo.Le dernier phénomènem'a été
rapportépardes personnestrès-dignesde M.Hmeparo!tanaIogueacetui que décritM. ~{inee,etq~e
M. Biota très-heureusement expliquédansses ~!<eAe~eAe< Mfr r</r<!c<mM<ej[<ntoM/&!at~< ( <8to,
p. a~g,fig.4o &«). Ona vudeuximagesde vaisseaux dont la supérieureétoit l'image renversée.Dans
l'ouvragequeje viensde citer, M. Biota discutéune partiedesmesuresquej'avoisfaitespendantmou
séjoursouslazonetorride.Voicila réductiondes distancestémtbates (anciennedivisionseMgésimatc )
pour tesjoursoh la suspension
a été laplus forte

DATEB BOXMET MMMEf BAMOOFtZDC~fUEBSION


dea del'île dénie de dct'horizon
emBttt~TioSt. Boracha. Fimut*. la Picnit*. ~<)t mor.

a septembre à ag'' 89' M' 33" 90°5~a3" 90° ?' 5" 90° 7' 4e"
à 6'' 89 55 33 9°Sao go 6 ig
3 septembre à t9*' 89 55 3o 90 4 a3 9° 7 6 9° 7
à 895547 go ~~7
4 septembre à 5*4 89 55 46 9°~~ 9°S5a 9° 6 48
5 septembre, crépuscote. 89 56 o go 9° 6 44 9" 7
à 6b 89 56 o 9«436 go 6 48 90 65Î*
créptu.catednsotr. 9° 4 55 9° 6 io
plus tard. 89 56 a 90436 90 65~
a4 septembre a' 90 6 48 90 '7

En examinant les anglesdehauteur MM lesquels se présentent les sommetsdes MesBoracha et Picuita, on


remarque que l'étendue desvariationsdiminue avec la grandeur des angles. Lesoscillationsde l'horizon ont
été de 7' 57"; celles du sommetde la Picuita, de a' a5"; du sommetde la Boracha,de o' a~ La dépression
Traie de l'horizon devroit être, indépendamment de tonte réfraction, 5'ao"; je l'ai trouvée entre
6'to'~et t4~ t~Dans tousces cas, la réfraction a été négative, c'est à-dire que tes trajectoires décrites par
les rayons lumineux ont été, au moins dans leur partie Intérieure, convetes ~ers la surface de t'ean. On
remarquera encore quela base apparente de l'ile Picuita ne s'est pas toujours trouvée au-dessusdé l'horizon
apparent de la mer. Elle est quelquefois descendue à la même hauteur, par exemple, le 5 septembre, au
coucher du soleil. Alorsl'île a du paroitre reposer sur l'horizon. Quelquefois même la base de l'ile a paru
au-dessous de l'horizon apparent de la mer, comme le 4 septembre; alors la surface de la mer a été vue
un peu au deHde l'Me.«Pendant ces variations, tes trajectoires des rayons lumineuxétoient convexes vers
la mer, au momsdans leur partie intérieure, comme la dépression de l'horizon le prouve mais le point
de tangence de la trajectoire limite sur la surfacede la mer étoit plus ou moins éloigné de l'observateur, et
c'est ce qui produisoit les variétés observéesdans la suspensiondes îles, qui se trouvoient tantôt au-delà
de cette limite, tantôt en-deea.N(BM<, Rech., p. at6,at7,a'9.)
63o Ï.ÏVREÏV. ·
L'inNMnce du lever et du coucher du seleti qui mani~Mtedan* tn~tab'e~atiQns s~r laptcwtt.
conSrmece qui a été vu par LegentH pendantso<t séjour à fond'cMry. Ceoa~~t ~ya~nr a co~MtMMMmt
vu pendant l'hiver, l'horizon 4e la mer o'ahaimerde 36! ttrsqm ~e premietray<mde <cet.*stMc<!tnmenc«it
à paroUre. Lesoleil se teva<<&MM de l'horizon apparent de !aMer, comnM< <~<ot<<j&«!A«ot,(J?M~,
`
p.ax~. Voyez aussi mon~{<eMeMa!'o&Mn,.<M<r«n.,Tom.t, p. t~3.)
J'ai fréquemment observé que tes deux caps de l'ile Bertcb~ étoient Mgatement Mtevé*. ï~ partie
suspendre avoit, au cap Nord, 5'de long; Au cap Sud, 4 peine Le premier de ces ctp* M);a)'de
l'Océan, tandis que le c&tésud est opposé au continent et rappro~é de t'He PiCtita qot Mywe de la
chaleur pendant le jour. e Lofsqnela mer est plus chaude dans ces parages que l'air, la d~Brenee des
températures extrêmes de t'eao et del'air doit ~tre toujours moindre du cAt~smd que ducAtenerd.d'o!)
resnite unejnoindre réfraction négat!Te,etpa!rcopt)éqfentune
ptwpettte tu<pension.N(BtO~,p.~38.)
J'avois été très-attentif, pendant le cours de mes observatmMde Comata, et dans d'autres observations
faites sur les côtes de la merdu Snd à Lima, à ri(t<Memeequ'eterce h &~«t<r de
l'objet snr te phénomène
de la suspension. J'avois cru trouver, i.° que, dans de<!tes à sommet con~eM, !ece~tM de rHe repose
sur l'horiMn, tandis quetes extrémités sont relevées a. que de demt ttes & <brmMsemM~btes, par exempte
à formes paraHétipMes,t'e la plus longue ne sera rehYée que vers tes bords, ta courte
tandw tque plus
parottra toute en l'air. Les belles expénences faites sur le miragepar MM. Mot et Matbi~ ont parfaitement
ec!airci les véritaMes causes de ces phénomènes. Lorsqu'une !te rocheuse n~ se présente pas comme
un mur coupé perpendiculairement aux deux extrémités, mais qu'elle s'éteve vers son centre, il n'y a que
la partie du ciel qui reposesur tes extrémités (les couches d'a!r qut s~përcotYënt comme plus rapprochées
de l'horizon), qui peuvent semirer. La bande aérienne, le oietreBéohi, ne se verra pas au-dessousdu centre
de t'!)e, là ouelle est le plus étevée.La même chose arrivera, si de deux objets de forme semblablet'un a
une beaucoup ptus grande dimension dans le sens latéral. « D'après la théorie des réfractions extraordi-
naires près de l'horizon, la surface caustique s'élève à mesure qu'elle s'éteigne. Les extrémités latérales
d'un objet étant plusétoignées de l'observateur queson centre,seroient donc coupéespar la caustique à une
plus grande hauteur. Si Ktot est très-peu large, la différencesera insenstMe, et it paroitra tout entier élevé
dans le ciel, a neu près également. Mais si l'on observe une île assez grande, dont les contours répon-
dront à des points beaucoup plus éloignés que le milieu, la diBerence de hauteur de la
caustique à ces
<Uversétoignemenspourra devenir sensible, et les extrémités latérales de t'ue paroih'ont seules relevées.
Si peu à peu les dinërenees de température augmentent, et que le point de tangence de la trajectoire
limite se rapproche de l'observateur, ou, ce qui revient au même si l'observateur s'abaisse la
trajectoire
limite pourra s'élever au-dessus du sommet de t'tte qui sera alors entièrement
suspendue en l'air. i<
( Biot, p. 2t2.) C'est ainsi que, je trouve marqué sur monjournal te 7 septembre, sur la plage près de
l'embouchure du Rio ManMnares,aupieddu~<M~<& la boca, therm. 'g'R.; bygrom.M'a.Haut.
de 1'ceB4 pieds 3 pouces. A 19'' du matin, au quart de cercle que j'avais
transporté au bord de la mer,
C. 9$° g s,3. Le corps de l'île repose sur l'horizon de la mer. Les extrémités seulessont relevées.
Eau de la
mer près descotes ao°,a R. A ath, therm. ao°,9 R. hygrom. 4a<C.
95"9t,8, mais;toute l'île suspendue,
le centre comme les extrémités. Eau de la mer, couvrant une
plage que le soleil échauffe, a*6
le sable26° R.
Ce que nous venons de dire sur l'inauence dé la longueur et de la forme des
objets sur les phéno-
mènes de la suspension,me paroÎt conduire M'exptication d'en
pamage curieux deThéophrMte, dans
son ouvrage sur les pronostics des ~n«, « Quand les caps ( ouparties saillantesdes
cotes), dit Tbéophraste,y
semblent suspendus en l'air, on quand, au lieu d'une ile, en croit en
fOtfpAHM.t~,ce phénomèneindique
un changement du vent du sud. Quand la terre vous semble noire
(lorsqu'elle se détache en brun), von~
aurez le vent du nord, vous parott-elle blanche(se détache-t-ette en
clair) .attendez-vousau vent du sud..s
Tlieophr. designis ventoram.4a.. A ~<. (Furlanus traduit si promontoria sublimia, instd~e
si una plure8 appareant, austr: mutationem indicant). Lorsqu'une île
étoignée est tres-inégate dans
.NC~E~ 63ï
~<M!)~r~~t M '~t~t~i~tnt-tt~ cüe'l'I~tzonet~ri~in i~"xr(naga dnciet-tormée
~t~üttrere~e
~t$-et.M.M'.aB''t~ la fai~é ~r'rnltré'coxanï~ ·lix~t ~t~'~gée`eri plu-
~i&Ï~'St~h~ iïnêmàtsdpiicité~d'i~twg~ yla~~ ~i4~a~âéesôus
~a.t~~n~.j~tpat<t<a)~ae~~ra~~ Ariatôté,â~ leït~a~~cdŸola~ili.
Cap.rr,
Cep. M~p. 5~7 G. (éidit.~ttvaly; ~fal~ssi m~ntiou$e'ïa euxptariondes,
~y~e..(~i6i~~ won'des, e°t~àc~r~t~dërë'ame
t~td~&a~HMh~~
~`canxadr~~fnetùL~r~tït~nsanrle ·mirs~ayleecse3irh~#.t~ il
~ai'Mt~Htement'diitt~e'
y àTOit't~M~'MM-P~ ~ôi~
~iwt ee.dlitÎ81esÍ¡Uelles eepbéi1ODÍ~ne. a
tien it ptonve(~e~ p. t6t ) qté dès iMmeMi<MM <; pe~te<< pt*<et!e
t'im~
devient4mpefcept!btë. QMnt<~t~&&)i~~ l'boriadnK tnetet<ptMt t~pM-
nostics(t'auchangemeM~è<~t~< P~*
toujourssousl'a~eet de ~t!tMemM~'<W~pat&tpar des imMrMtUe< ~M~M.(Nt0<,p. t0, t5t, t83 a
et a6S.) Je n'at ~BM!t<<Met~ CMi''tMT'HMque &<mM t'a!r «SiMeMj'&:mMpbwiemt V)t q<i*anpand
eh<hgemBntdea<p<~aa~tp~~é~ta~n~t~n~t~ n~Yel horizonalloitseplacer.
yai prouvép!m<t<M(Ch<p.nt, p, a34) que, prêt <!el'&pM)M«t~ ta <M&~ <[)eWeêaMest presque
hththtètteKMmt de ~& t*,5p!Mch«w4eq)tei'aîre)mbiMt. Cette~Œ~enced~temp~toM est taBMm-
ment gmndepour pouvoir~tre <regM'<Me commenne causede Bt!rage.Snr te<bordsde t'B!be, M.Watt
mannaoh~et~équ'ily aT«!tdoubleimage,~~<nptetMpenMtM*, lorsquela temperatorede t'eac étoit
dede<mdegrésAtthenHMnètM deFahrenheit(a',a eettt ) plu ete'rê«q<'e cellede t'air. ït ne tant donc
pas t'etmmefquelennrage~it McommunentreïeOtMpiqMt,tOMqme ïe$ TayoMnont tnwentenrasant
la tmr&cedela mer.( Bifandet,dantie< ~ntM&M<& Ct&<f<jtT<Mn. X~Cn,p. 17~.)
Eusanscrit,le phénomènedll mimgeportele nomde tn~<t-<f<pAn4, soîf ou<MMr<& <ntt&)pe, Mns
doute parce que cet animal( <nttgN),pressépar la soif( ~tc&t<t ), s'appnxihede ce~tiem arideso&,par
t'eBotde t'inBe<iondesrayons,il croitvoirta tortace ondoyantedes eanx.

~VoteE.

Les températures m<yeH<tM de l'année indiquent tes températm'es qu'auroient tesdivers tienx de la terre
siiesquantitésinégatesdechate)tr,quisedévetoppenten différentes saisons et &dMBrentesbeuresdu{our
et de la nuit, étoient uniformément-répandues dans l'espace d'une année. Depuis les dernières recherches
qn'oo a faites sur la chaleur de l'intérieur de !a terre à dimerBnteslatitudes et à dNettntet hauteurs, on ne
peut pins regarder comme identiques, dans un tien donne, (es températtres moyennes des bassescouches tj
de l'atmosphère et te<températmreadetacronte pierreuse du glohe. On a dit souvent que les températures
moyeanes earaotérisoient par un seul chuTre tesdiNtats à différentes htitudes: cette assertion n'est
pas tout-à-fait exacte. Pour connohre le cNmo<,il faut savoir quelle est la distribution de la chaleur en
différentesparties de l'année, et deuxendroits, par exempleMManetPeUn~dontIatempérature moyenne
(de t3°) est la même, peuvent avoir, le premier un hiver de + a°,4, et un été de a~,8; le second, un
hiver de 3°, et un été de a8°. !1 est vrai que, partout ou la température moyenne de t'année s'éteve
à t5°, on ne trouvera plus une température moyenne de l'hiver au-dessous de t~n). En réunissant par une
courbe (Mo<Aen!te),des lieux dont tes températures moyennes de l'année sont tes mêmes, on voit que le
partage de la chaleur entre l'hiver et t'été se fait d'après desproportions~~ixes~e'esta-dire que tes varia-

VttyMplushaut p. 6~8.
~3a HVBE I V.
tiens ne dépassentpas de certaines jimites; mais ces Osci~ttOM,que j'ai eMtt~a~dans un
mémoireparticulier(~m. de la Société~ntM<7, Tom. M ), sont encore assezgrandes pour
exercer une influencesensiblesur la culture des plantesntilet&l'homnte~Sironveutcaraçtériserun
climatde vigne,il ne suSt.pas de dire-que ta températurede l'annéedoitêtre an-deMMde «".y on 9°
il fautajouterque, pouravoirdu vin potable,l'hiver nedoit pas être an-dessoMde -r-t**tt'e<e pMau-
dessousde t8°,5 a ta". Or, dam le Nouveau-Continent (auxÉtats-Unis),leshivers sontau-deMOua de
zéro,là ou lestempératuresmoyenue*de l'annéen'excèdentpaso*. Sur la tigneisothermede g* omvoit
souventdescendrete thermomètre,dans le systèmede ciimtat!trtm-attantiq)te9,&–tS". f
Il résaltede l'ensembledecescomsidÉratiom qne, pomr donneruneidée précise du climatd'un tien, il
fautfaire connohre,outrelesmoyennesde l'année,dessaisonsoudes mois,lesvariationsde tempéraMres
qui ont eu lieneffectivement à différentes
heuresdu jouretdeta nnit, pendantun espacede tempsassez
considéraMe. Lorsqu'onpeutdisposerd'unegrandemassed'observations,ondoit, je pense,chercherpar
des moyennes de 15années(par conséquentpar iog5odonnées partiettes)tesmoyennesde t'annéeet des
mois,etchoisirpourexemplela marchedu thermomètre,à différentesheuresdu jour et de la nuit, dans
lemoisquirapprochete plusde la moyennedecesi années.Cetteméthodede
présentertesobservations
tellesqu'ellesont étésuccessivementMtes, dansl'espaced'un mois, me parott préférable a la méthode
d'aprèslaquelleon chercheroit,par iog5oobservations, la moyennede chaquejour det'amnée.Pour
c~tK~Merun climat, il.nefaut pasfairedisparo!treentièrementce quej'oseroisappelersa physionomie
sestraitsindividuels,lespassagesbrusquesd'une
températureà une autre,tesvariationsqui sontMciden*
telles, maisqui-serépètentfréquemment.C'esten suivantcetprincipes que~meMit proposédepuMier
danscetteRelationune partie desobservations météorologiques que,j'ai faitesentretes tropiquesa diBe-
rcnteshauteurs.~Lorsqu'on réBéchitsurla positiond'un voyageur,qui ne peutpas observerà des heutes
fixes,et quidoit partagersonattentionentre nngrandnombred'objetsà la fois, ou nesera
passurprisde
trouverdeslacuneslàoù t'en désireroitunesuitenon J'ai ajoutéaux tempéra-
interrompue d'observations.
turesde Caracascellesde Cumana, notéespar donFaustinRubio.Lesuneset tesautressont
expriméesen
degrésduthermomètrede Réaumur,dtv.séen80 degrés.Les instrmnenséto.enten pleinair, à t'ombre,
loindu refletdes murset dusol.L'hygromètreestceluide Deluc;it n'a été
pas corrigépar la température,
de sorte qu'il indiquel'humiditéapparente.Les observationsde Cumana sont précédéesd'un C et se
rapportentaux mêmesheures;par exemple,le 28 octobre,la températurede l'air étoit a à
midi, t8",4; à Cumana(au faubourgdesIndiensGuaiqueries),d'après un thermomètre Caracas,
comparéaux
miens,a3°,a.Pournepasajoutersanscesseles motsavantou
n.èredesastronomes~esortequ'icicommedans-le~r~ aerès midi, le tempsest expriméatama-
route(p.=67).0"du matinrépondenta M
Caracas, quartierde la Trinidad;Lat..o'3c'5o". Long.69~5'. Haut. 454toises.
tannéet~aB.(~<y<Mptushaut,p.My.) Temp.moyennede
NOTES. 633
rt~wir~r~~trirrr~rrr~r~r
ttOTBiMM MMUt* ctcmBM MtMt.
OBMMA!noN5.
OMMVAWOM.
'799. r '799-)~

a8.
t8",4 48°,a eMr(C.93°,9). t?
8 i5,e 53, brouittard. 7 *5,5 &9,7 bleu.
Mm.
tt i4,2 .54,a clair. n t4,o 53,a (C.3t°,7).

~'ao'' ='°'' '5'o~5t°,o azuré(C.aa°,a).


.4~0 54-o ctair(C.ai-7).
t5,a 53,a '~3 50,4
i8,t 5o,o ~,a 48,i1
~.a 47,3 (C.a4-). ). 41 '8,4 43,8 (C.5). ).
9 i5,6 54,o 46,3
ni 9 '3,5 47,9 beauclair delune.
)5,o 53,a
––––––––––––––––––:–––––– tt t3,a 47,3 hlen(C.9f,3).
20'* i4<o 54°,a Meu(C.at°,3).
i i8,a d
at'* i5',o 48°,7 azuréavecnuages.
49,7
3 t8,o 48,a (C.a4°,o).
). M t5,5 47,5 couvert.
4`-, t8,o 47,3 b)eu. 9~ t6,3 46,5
5 t7,i 48,o a3~ 17,3 45,9
8`-, t4,5 53,2 b)e<t(C.a9°,a). o i8,a 45,3 azuré,vent.
9- t5,o 5a,o t t8,o 43,9 (C.a3'5).
il 14,7 53,a !esmaagesh~sbas). '8,0 4a,9
== –=====-––- t~3 bleu.
~g~
Décembre ~g
~g cahne(C.2t~5).
t9' i3°,o 5t',3 Meu(C.at-2).
2t~ i5,o 5),3 ao'* tB°,a 49*a brouillard.
aa t6,5 49,5 30~`-, !a,8 49,4 coaTert(C.ao°,4).
a3 17,3 47,7 bleu: ai !4,o 5o,a
o i8,o 46,9 ai~ t5,a 5o,3 bleu.
o~ t8,7 45,4 a5 17,0 4€,a nuages(C.a3't).
t t9,o 44,7 Meu(C.34*,o). o '7'S 45,o
––––––––––––––––––––––––- 4 t8,9 4i,6
a3'' '~o 44,a bleu.
i7'5 48-a couvert. ` 15 43,6
0 i8,o 47,9 ( C.a3°,5).
).
5 t6,5 48,7 couvert. 7.
"S,5 5a,a ptuM. ,9)~ ta«,5 5*°,6 azuré (C.)9",5).
g –––
a~~`-, t4",9 5o°,7 MM. at t5,a 49,7
atï 16,0 49,9 ventd'est :mpet. ~6,5 48,a r
o i7,5 47,8 a3 17,7 47,5 SiMadécouverte.
a;`-, t8,o 47,a (C.a3°,6).). o~ t8,5 45,o (C.a3",a).
Sï t8,o 46,8
Relation &M<07'~Me~
Z~M. 80
63~ LIVRE IV.

MtHMM.
nitCEMM aTBBKM.
n{,CSMSRB ·HBax. HMMM. n{,CBMBILB
ctcBMBM W
TamM.
ssau.
osasavextoxa.
OBSBKVATIONN. àA osa8àve~oxe..
OMmv.tTMtM.
.1799. Maumur. i/99- R&~mr.

"7' 14.
7 16 2
48,a azuré. 23 t7,o 4g,7 couvert.
10~ï i3,5 5o,a. 0 t7,o r~ (C.9t°,7). )·
4g,S
n~ t3,7 50,7 (C.at°,7). 6 t5,a 5<,6
–––––––––.––––––––––––– y~ tt5,5 53,9
i..4,5 3 55,7 t.S.Uadéc.u~rtc.
~6~ ~5 5 49' M~.
18
8 i2,3 4<),a soleillevant. ,g.
M i3,'t ~9,7 couYert(C.M°,o). M~ t6°,5 5o°,a azuré.
21 i3,4 5o,a o~ i8,5 47,3 laSiMateconvre.
5 16,7 48,2 couYert(C.aa°,o). 2;ï *7,8 ~7,3 (C.aa°,6).
8 15,0 51,1 5, *7<5 4g,9
i4 t4,.5 52,9 brume 6 i6,3 .5t,o nuagestrès-bas,
––––:––––––––––––––––––– 6~ )6,o 51,6
S 5~6 couvert.
a3' “ ,“ “ 9 t5,o
i7<3 5o",a Mon avec nuages.
nuages. to couvert:
3, .8,. 8
],2 45,33 M~.a~e.
bleucalme.
3' Il 15,0 5'"<7,2 (C.~7).
M,. (C .21Ó),7
4. ~o,0 45,33 (Ç.0)..5.0
7 t6,a 49,2 ,6.
8 i5,o 5o,3 bleu. a~~ i6-a 48',7 Mea(C.ao°,4). ).
9 i4,a 53,a aa 16,5 48,7 nuages très-bas.
10 i5,o 52,7 couvert. 23; t7,5 47,0
il i5,9 5a,a bleu. o t8,o 46,3 (C.aa°,6).
––––––––––––––––––––––––– ,~g très-beau.
7y Silla découverte.
dec.uT.rte.
o~
bï ,7-55 46°,3 c.~ert(C.8).
,couver.. 22,
9 5
7 t6,a
tCa 5it
5i,t
tt t5,~ 5t,t (C. zt°,3)..
~)-
bleù.
bleu.

12'
17-J31, 16,,5 49*,2 couvert.
"9' ~~7 ~,7 serein (C.). '<
° ~='
4 ~.o 45;4 .47,9
,1 !t
9 49.5 azuré. 17 7 46
2
= (C..3-).
z3°,~1
.4,.0 4~ 5
4g,5 id.~(C.
~.(C.3). 4 ~6,7 48,7 couvert.
i3. '–––––––––-–––––––––––––
i8°,t 46",3 bleu
Meu(C.aa'6).
(C.22o,6).
6) “
3~ '9' t3'o 53-a
53° (C zo°,o) couvert.
(C.ao°,.)
.75 463
55' 14,2 50, 2
i6,.
16,2 47~
47,2 couvert.
t t
12 ~,3 (C.3). ~a '6,8 49,o couvert.
i4. o t8,5 46, 1
21'' iS-.o 5i'i couvert (C.ao°,8). t8,€ 44,9 (C.aa°,6).
=~ i6,5 50,9 3 i8,5 44,5 couvert.
M t<6,5 5o;a 6~ ,~8 49,0 azuré.
~0~ 635

~Z~OMt. BtoMtt..
BtcttMM TBZM. mhiZMM TttMM.
1 OBt~VAKOM. ON~VATIONf!.
t799. Réaumur. ~799.
I7~g~_
baleine.

t9.
'9~ t4<g Sa°,a (C.90*,4)couvert. 93!. o: t7,5 48,9
M t5,o 5t,9 t t7,8 47,9
aa~ t6~3 50,8 vent d'est a~pét. 3L t8,a 45~4 moageux.
t 17.7 48,0 (C.9a°,a). 4~ 17,3 4J',9 bleu.
31 iy,o 47,55 cpttvert.5~ t~o 46,a'
5 *7,t 48,o calme. 8 t5j,i Bo~t
7~ t.5,5 5t,o M t4,a 5t,8
8~'i i~3 5t,o couvert. Il i3,4 54,9 bleu.
ta )(4,8 53,5 (C. at'o) pluie. ––~–– –––– –––––––––––
––––––
.––– a4.aa'' i7°,a 2 47°,G Mon.
tg~ 14*,3 54*,9 (C.ao'4)cowert. 23 17,5 ~47,6 estimpétueux.
at-i 16,o 51,8 estumpétueMt. t 18,0 46,3
aa 16,8 49,9 3~ t7,a 48,a calme.
a3- 17,0 47,8 couvert, y i6,t 1 53,a ~ottert.
3- 17,4 44,4 (C.aa'6).). 8 i5,4 54,a
4 17,5 43,o azuré, io 14,7 54,9
7-i i5,a 5o,t i4 14,3 57,8
n 12,5 53,a (C.at°,3) couvert –––––––––––––––––––––––
_–– 25.
a5.a3'* 17°,0 4<)°,7 couvert.
a)L*' t4°,5 53°,7 couvert, o ~6,5 5t,t p!u!e.
a~ 13,5 56..8 pluie. 3 i5,3 57,8 couvert.
23 t6,o 55,7 7 i5,o 57,6
o 15,5 55,7 pluie. '~a 58,8 couvert.
t .5~ 54,9 (C.Ba',6)._-Co
I-53,a –~–––––––––––––––––––––––
4 .4,9 26. 21i 'i· 17',0 '53',2 couvert.
4 14,9 5323'3 M t6,5 5a,3
9 I4,o couvert. °o 17,7 ~FBW
17.7 48,9
il I4,3 54,g ~)-
~.9 (C. sL°,3).
1 o- .7,9
0, '~48,z
17,9 48,a
22. '4 i7,S 45,a bleu.
a3'' t6°,o 48-7 couvert. 6 15.4 48;3
o t7,a 46,3 8 i5,o 5a,a couvert.
–––––––––––––-––––––––––
17,7 45,4 (C.a3.,t).
5 i7,t 45,8 ~'a~ )L6°,o 5t-o nuageux.
8 i5,o 53,7 couvert. 0 bleu.
~g ~g
IlI t4,a 54,9 t(C.9t-3). Silladécouverte.
6 17,0 4i,6
'~–––6
aa'' i6°,o 5o°,a couvert. i '3,a 54,a bleu.
a3 t6,a 49,7
o 16,7 49,0
636 MVRJEÏV.

HYOMM. BTGMM.
BËOEMBB.E TEERjM. THEUM.
THanyf..
]TANVM&
dNVlSa.
OBSERVATIONS.
OBSEttVATNM. 4 OSMtVJtNOM.
1799. Réaumur. t8oo.
baleine.
bMeme. B~mn. Mttttt.

a8. 4.
ao'' 1:~2 5~o 4h i8°,3 4o',7 azuré(C.93'5).
21 i2,5 55j brume. 9 15,7 48,a azuré.
~a t~.o .54,9 assez bleu. tt t5 5t,6 oonvert(C.at°,7).
1 16,22 49,a
–––––––––––––'–––––––––
'7~ t6",5 44",i bleu.
~'7 ..9.0 40,7 (C.).
4 18,0 bleu.
7
9 14~ 5,,o étoilé. “ M.u(C.3).
n t6,o 53,2 couvert. –––––––––––––––––––––––––––
9'" a~~ °
~9. t7°,$5 '"5'
45°,o bl
Men.
20'' i4'o 52',2 azuré, t 43,6
i9,5 (C.a3°,5).
~t L i4,8 53,a 3 ,8,4 4~ couvert.
aa 16,0 5),o 5 t~s 45,6
'7~ 48~ n~ ~4,o~ ~8,a ~ouTert(C.at°,7).
t '7,5 47,9' azuré. –––––––––~–––––––––––––––––
la i4,66 54,9
g
.Tert. '°-~ .rt(C.3).
30. 21 t6,a 48,1
ao'' i5<o 5o'a bleu. 3 tg.o 40,7 Nea(C.a3°,o).
22~ t7,a 47,3 4~ t8,a 4t,6
23' t~5 45,o 10 i4,5 49,9
o i8,5 44,S i4,o 49,0 étoNé(G.ai'4).
i i8,5 43,6
3 '"–––––––––––––-–––––––––
i8,o 39,7 bleu. th 4, Meu(C.aa*,6).
i 4 t~. 39,6ô
'°~ .7.5 4,,7 couvert.
*––––––––
g,
1.. 7. '5,o 46,3 étoilé.
ao i5°,o 5o°,~ bleu. ja.
aa~ 17,0o 3
47,3 i8-8 37°,6 Men(C.aa°,7).
23~ 17,5 45,o 4 i9,o 35,9
o i8,a 44,5 9 '~<5 46,o
'8,5 43,6 t3 i3,o 44,5 ét«Ué(C.at°,3).
3 i8,o 39,7 bleu.
3 "T'–––––––––––––––––
'~° 44,5 i3',a 44.,t .Mgeux.
'°~ 2
~9.=' couvert. 0 i7,, 4.,7
t
–~–===========
1. Meu(C.6).
3i 17,2 41,7
9"
9u~ ~,5 ,5 490,2 azuré.
~uré.
1 15,,5 49' 4f 6
9 ï 10,0
15 54,9 touteo~ert
"°'ert
tto.lé(C.ao",4).
.N~tB~ 63y

~mmKtË' )mr<KtOM.'
!A«Vt)!)t
Ttfm'M.Jt'i'
OPt t .MMYAnoM..)ANT!B)t"TMm<<'
tamu., t .Mm~TMM.
t8o0. Re*)<mur.
hale!Re< t800. a&mnm.
Metne.
t4. 16.~
ao~ t5',o 44-S Mea(<t8<e). 4 < t6,5 4$,3 ventdeC~tia(C.99'9)
tt, t7,a 4t,3 7 '5,9 48,3 couvert.
1 t7,5 4o,i (C.aa'9). '<' t4,o 48,5 couvert
(C.at',3)
3~
'Î 18,3 38,3 MeN. '~––––––'––––––––––
t5,7
7 44,3 'a~ t3",3 47<aMe)t(C.t9°~).
9 '4,9 47,9 coarert.–– ––3~ ~[8,7 39~ (C.99°,6).
n t3,5 49,3 coovert(C.ao*,8). t4,o .43,7 étoiM(C.'at°,3).
'5 a~ t6",S 4t<7 couvert. i8.a,h ~e'.o 45-4 amré.
1 t7,e 4t,7 Mea.(C.aa°,9). 1 ,~a 38,6 (C.23'5).
3~ t8,o 4),9 couvert. 3~A ~,3 36,9
4~ 16,7 4a,7 5~ 4,~ azuré.
9 '~o 43,6 ,t ,~6 4t,9 couvert(C.at",7).
n ––––––––––––––––––––––––
––––.– -–t4,5 –––
44,o–––~––~–~–
éte!M(C.at°,3).
-aa-––––––– .–––~
16. o'' i9'o 33",8Meu(C.aa<6).
t7'' t3°,9 45<4Nen(C.ao'o). 6 16,3 36,9
o 18,0 41,7 tg~ bte<t(C.3i°,a).

Lesobservationsfaitessimultanément aCumanaeta Caracas, aux extrémitésd'une colonned'air de


900mètres(459toises)de hauteur, meparoissentd'un grand intérêt. Quoiquele port de Cumamasoit
plusÉtoiguédeCaracasquene l'est la Guayra,ce port offrepourtantun point de comparaisonbeaucoup
plus s<~r.L'air circule plus HbremeMamtoarde GmBana, et la températurey est moinssnjette à des
mNnences locales:En comparant,tor touteta massedes ohserratioBS, at jours sereinschoisisindistinc-
tementdanstes Mois de novembre,décembreet janvier,je trouve,en calculant!es tempëratoretmoyennes
de chaquejour, d'aprèstesaMM't'nt<m
et lesnt<nHnM)m
observés,tesrésultatssmvans:
638 LIVREïv.
~~rr~Yrrwrrrwiirrrrrrr
T~~T~~Y~
à
JOV118.' ~«!d<t)0)lMA
JOCBS.
10UllS.
a~r.
CumMM.C<yacM.

29 novemb. aa°,g t6°,6 6",3


3o aa,6 16,0 6,6
t"déoemh. 22,6 16,0 6,6
3 aa,6 i6,t 6,S
4 at,8 15,8 6,0
5 at.y 15,7 6,0
'6 a~y t~! 6,6
9 a'~ '6,6 5,[
ta a)[,3 t4,8 6,5
at,6 t6,7 4,9
4 janvier. at,9 16,6 5,3
8 ao,8 ~,o 3,8
9 a~,4 t~,a 5,a
ta aa,o t6,o 6,0
'3 at,7 t5,B 6,5
t~ 2o,4 tj,9 4,5
t5 ao,8 t6,a 4,6
t6 at,t t5,6 5,5
t7 at,o 15,6 5,4
i8 at,o t6,8 4,a
'9 a<,5 t~.o 4,5

Les température: moyennes de 21 jours sereins ont dineré à Cumana de 3°,t a Caracas, de 3°,o du
thermomètre centéamal. Les dtnërences les moins grandes entre les températures moyennes des deux
endroits, n'ont pastoujours eu lieu )orsqu'it a fait le plus chaud Caracas; ellesont oseillé entre 4°,6 et S'a.
La moyenne de toutes les différencesa été de 6'0 (5**J5Réaum.), à peu près de t39 mètres par degré
centésimaLLavaïtee de Caracas est plus fraîche qu'elle ne devroit t'être à une hauteur de 900 mètres, et
cette circonstance rend le décroissement du calorique singulièrement rapide. La moyenne de toutes
mes observations, faites entre les tropiques, m'a donné, pour tes premières couches d'air comprises
entre le niveau de la mer et 1000 mètres d'étération, tyo mètres, correspondans à 1° du thermomètre
centigrade ou tog toises pour t° Réaum.
-J
SUPPLEMENT. 65<)

SUPPLÉMENT.

Le Frontispice, gravé d'après le dessinde M. Gérard, représente l'Amérique consolée par M!nerte et
Mercure des maux de la conquête. On lit au bas dela planche les mots humanitas, /<<<eyYB,yrM~.
Pline le jeune écrit Matime, qnestem' de Bithynie, nommé gouverneur de la province de t'Acha!e:
Songez que tes Grecs ont donaé aux autres peuples la ctf<~M«Mo tes lettres et lefroment. » Çeamêmes
biens, l'Amérique tes doit l'ancien continent. Les armes, tes costumes et les monumens sont d'une
exacte ndétité. (Voyez l'~&t~ pittoresque ou ~MMdes Cordilléreset Monumens des peuples t/M~t~n~,
Pt. t,7,9,t4,t6,ai,38, 49).

Le désir que j'ai énonce de voir examiner l'archipel desîles Canaries, sous le rapport de la
géologie, de
la physique et de la géographie des
végétaux, par des voyageurs qui potrroient y faire un long séjour, a
été rempli depuis peu. M. Léopold de Buch prépare un ouvrage étendu qui renfermera tes fruits de ses
laborieuses recherches sur TénériNe et les îles voisines. C'est à ce grand géognoste et aux travaux de
M. Smith qui, victime de son zèle pour tes sciences, a récemment dans ~expédition du Congo,
péri
qu'est d&te tableau physique du Pic de Teyde,(~</ojt géographique,Pl. Il.). Je n'ai pas hésité de
substituer des notions plus exactesà celles que M. Broussonnetm'avoit communiquées. (~o~M plus haut,
p i83-t87.)M. de Buch distingue, t."ta région <~<~brmMo/tcaM~o–aoo toises; 9.°ta région des vignes
et des eerM~j) 2oo-43o toises; 3.° la région des Lauriers, n~
sylvatica 43o–680 toises; 4.° la région
~M7'<nH<Mn<H-MnMt68o–980toises; 5."ta région f~~Ae~ma, Spartium nubigenum 980–ty3o toises.
Le Retama ne se trouve qu'à Téménne. Sa limite inférieure est de tooo toises. Les
montagnes de toutes
les autres îles, à l'exception de Palma, ne sont pas assezélevées
pour entrer dans cette limite, et le sommet
du Pico de dos Muchachos de Palma (1193
toises) n'est <brmé que de rochers nus et arides. Les*
graminées sont très-rares, et, comme l'observe M. detuch, elles ne forment pas une zone par~cnUère.
On a mis entre deux parenthèses tes plantes étrangères au Pic de
TénériBë.maisqui croissent, aux hauteurs
indiquées,danstes montagnesdes îles voisines. Ona ajouté un S (Smitb) aux espèces nouvelles qui seront
pubtiéespar MM. de Buch et Smith. Une croix placée à la fin d'un mot marque la limite supérieure d'une
plante, la hauteur à laquelle elle cesse de végéter,
Je vais consigner ici d'antres notions que je dois à
l'obligeante communication de M. de Buch, et qui
serviront à rectifier ce que j'ai avancédans le a.*
Chapitre de cette Relation. Je saisis avec empressement
les occasions qui se présentent de perfectionner cet
ouvrage, d'après le rapport des personnes instruites
qui ont visité les mêmes lieux, et qui y ont séjourné plus long-temps que moi. «Le Pin des Canaries
(p. 186) est bien certainement une espèce nouvelle, inconnue jusqu'ici aux botanistes de
l'Europe. Le
Dragonnier (p. n8) ne paroit point appartenir aux Indes orientales, comme Linné l'avoit avancé. On
le trouve à t'état sauvage près d'lgueste à 70 ou aoo toises de hauteur
au-dessus du niveau de l'Océan.
La plante épineuse de Lancerote,
que M. Broussonneta prise pour un Sonchus ( p. 169) est le Prenanthes
spmosa.–Le volcan de Lancerote, que j'avois jugé de 3oo toises
d'élévation (p. 84), d'après des angles
pris sous voile est la Corona, dont la hauteur, d'après une mesure
barométrique hce-exacte -est de
640 SUPPLEMENT.
aoa toises. Lahauteurde la villede la Laguna, quin'avoit jamaisétédéterminéed'unemanièreprécise
(p. 105et a8y), est de a64 toises.Aucunmur circulairede lavesm'empêche,du c&tédu nordet de
l'ouest, d'entrerdansle cratèredu PicdeTénénSe.Ce que j'ai dit de ce mur et de l'analogieentre le
sommetdn Pic et du Cotopaxi(p. t3a) ne parait pas exact.Aucunenotion postérieurem'a con&rmé
l'assertionde M. Broussonnet(p. t6S), que Mte de ta Gomere renfermeun noyau de granito et de
schistemicacé maisM. Esooiar, satantmiaératogisteespagnot,a trouvé, aHte de Fortaventure,un
bloc de,rocheprimitivesyénitique.C'estunemasseà Basede feldspathrenfermantdes cristaux d'amphi'
bole. M. deBuch a découvert,dans le grandcirquede Hïe de Palma qm'Hregardecommel'ancien
era~rede MM/~fement, une autre roche primitive.Elle,offre égatementune base feldspathiquequi
enchâssedesgrenatset de l'actinote(straMstein). Dansun ravinvoisinon observe/~es'blocsisotétde
schistemicacéavecde l'amphibole.Les formationscalcaireset gypseusesde Lanceroteet deFortaventure
(p. 169) sont descouchessubordonnéesà la formationdes tufs volcanique*.On y trouvem~me des
bancsd'oolithes.D'aprèsM.de Buoh, auqOelsontduestouteshs observations rapportéesdansce supplé-
meut, h températuremoyennede Sainte-Croixde Ténér!neeMde~t",8Fahr.ou at'6 cent.

bans cette Relation~Mton~tM,toutes les indicationsde températuresont comptéesen degrésdu


thermomètrecentésimal,sile contrairen'est pasexpressément marqné.Les nomsgenériquee.et spéci·
des
fiques plantesimprimés en caractère t<oN~!Mdésignentdes genreson desespèces inconnM avantt
notrevoyage,etdécritsdansnosoMbfo G~MMt et<%)ecM<~att<ftnt~
o~MnoM.

FIN DU PREMIER VOLUME.


M~~f.

Page 49,!i~e3a,deToHÏon~,5;:&<~t6*,7.
hgne3o,<<tt~Mde&en&ifeio°,m~M9'')6.
Iigneta,0!<~MttdëNaptMt8*~o:~MMi7'5.
88,tignet,<!M~a(tenns:7MMaott<.
tot,tignett,aa~Mdet6'Xo'~Nt<<ta''B7'.
t09~Mgne98,etpag,ïtt,t!gÏët~~ de pin lisez pain.
tt8,Mgnet8,<~OMieezapreeeï:d'apr&a Linné.
t43, ligne t,<nt~et<Ïe3o'&e< 19°.
i45, ligne14, «~~tme~depuis«qu'on n'an )usqn'ita liberté." n
t55, ligne tt, un point étonne wgnkapre~M~& et une virgule après coacAo~e.
t85, ligne ta, place. deux pcinu après Mogador.
a~S, ligneta, <tt<lieu de ao*,3:~M~aS*.
ayC,ligne?B, au lieu de cdP ~M~e dPc.
aSy, lignea8, au lieude Lagnua36ot. /Ket B641.d'après M. de Buch.
a88, ligne5, <!« lieu de5'' 4p'8" &'et t~ 4o'8".
a96,I:gaeB9(no~),<Ht<Mad'az!mutate:/Mezténitha!e.
326, ligne5, supprimezle signede la note Cettenote appartienta la ligne5, la note ·
àhKgnetB,!e6notet'et*a!at!gnea3.
3aS, lignedernière,au &e«de i &mz de 9 &10degr~t.
333, ligne ag, au lieu de sur le &Mau-dessousdu.
334, ligne a8, au 7MM de pronve ~MM e'opposeà admettra.
~M~ au lieu d'ancienne:<Meznente.
335, ligne 17,aM&nde an-dessus:&<<<an-de&wn<.
336, ligne i au lieude reeonTrent &ez couvertepar.
388, ligne t5, at<&et<deau-dessons:&w~au-deMM.
42o, lignet8, tt~xtine* versle tnitiendu jour.
458, ligne 22, au lieude Ramajam NMzRamâyana.
48a, ligne 19, au lieu de chaire &e*chair.
lignet8, au lieude oroa, deux &M~ oroa, ~rols.
ligne 12, au lieude toyaà toi &~ toya à lui.

,Relation A~to~Me~Tom. 7. 8i
TABLE DES MATIERES
CONTZ!njES

DANSLE PREMIERVOLUME.

e
INTRODUCTION fl,
LIVRE PREMIER.
CHAPITRE PREMIER. Préparatifs.–Instrumens.–Départ d'Espagne.- Retâche
auxites Canaries,?. 39.
CBAP.II. Séjour à TénériSe.–Voyage de Sainte-Croix à rOrotava.–Excur-
sion à là cime du Pic de Teyde, p. 99. n u
CHAP.111.Traversée de TénériBe aux côtes de l'Amérique méridionale.–
-Reconnoissance'del'ue de Tabago.–Arrivée à Cumana, p. 198.
Observationsphysiques
Températurede l'air, p. 99~.
Température de la mer, p. a3o.'
Etat hygrométriquedet'air, p. a~a.
Couleurazuréedu ciel et couleurde la mer à sa surface, p. a48.
Inclinaisondel'aiguilleaimantée.Inteasitédestbrcesmagnétiques,p.256.
Électricité,p. s64.
NOT'ESDU~ÏTVREI.
A. Journal de route, traverséedes cotes d'Espagne à Cumana, p. 367.
B. Ëtévatfonde plusieurspointsde l'île,de TénénCe, p. 9~5.
LIVREH.
CHAP.IV. Premier séjourà Camana.–Rivesdu Manzanares,p. 989.
CnAp.V. Péninsule d'Araya. Marais salans. Ruines du château Saint-
Sso.
Jacques,p.
LIVRE m.
CnAp.VI. Montagnesde la NouveUe-Andatousie.–Vallée de pumanacoa.–
Cimedu Cocollar,-Missions des Indiens Chaymas,p. 553.
CHAP.VII. Couventde Caripe.-Caverne de Guacharo.–Oiseauxnocturnes,
P. 409.
TABLE DES MAttERES. 6~3

UBAr.VJJU.repart <tet.<artpe.?–Htomagne ettutctu<fuMmM'*ttt.–t*


de~CatuaFO.–PortdeCartàco,p.~3z.
CBAp.IX. Constitattonphy~siqae et moeursdes Chay~ langues.-
T~tion des peuples q~h~~ la l~Toavelle-Aadalousîe.-Pariagotes
vus par Colomb, p. aS8~
NOTESPU ï.rVHB
A. Bibliographiedes grammairesde languesaméricaines,p. So4.
B. Fragment d'unvocabulairede la langue des Indiens Chaymas,p. 5o5.
C. Observationsde ChristopheColombsur !e passagede la polaire par le
méridien, p..5ô6.
UVREIV.
~CHAp.X. Second séjour à Cnmana.–TremMemens de terre.–Météores
extraordinaires,p. 5o8.
Cn~p. XI. Trajet de Cumanaà ta Guayra.-Morro de Nueva Barcelona.-
Cap Codera.–Route de la Guayraà Caracas, p. 5:8.
CHAp.XII. Vuegénéralesur tes provincesde Venezuela.–Diversitéde leurs
intérêts.–ViUeet vallée de Caracas.-Climat, p. 565.
CHAp.XIIÏ. Séjour à Caracas.~–Montagnes qui avoisinentla viUe.–Excursion
à la cimede la Silla.-Indices de mines, p. 5oo.
NOTSSDUHTM IV.
A. Points lumineuxvus pendant l'éclipsede soleildu 28 octobre 1799,
p. 635.
B. Recherchessur la causedu scintillementdes étoiles, p. 6a5.
C. Essais pour déterminerl'intensité relative de la lumière des étoiles,
p. 6a4.
D. Observationsfaitessur le mirage et la dépressionvariablede l'horizon
de la mer, p. 6a5.
E. Observationsmétéorologiquesfaitesdansla vallée de Caracas, 63).
p.
SUPPLÉMENT,p. 65Q. t

FIN DE LA TABLE.

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