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LES KOSMIKER

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Olivier Sirost

De Boeck Supérieur | « Sociétés »

2016/4 n° 134 | pages 29 à 39


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ISSN 0765-3697
ISBN 9782807390782
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https://www.cairn.info/revue-societes-2016-4-page-29.htm
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LES KOSMIKER
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Olivier SIROST*

Résumé : Illuministes et théosophes posent au XVIIIe siècle les bases nouvelles d’une cos-
mologie conjuguant l’énergétique héraclitéenne et l’émersion parménidienne. Cette entre-
prise est notamment guidée par le Sensorium Dei de Franz von Baader, un nouvel âge de
la nature qui est réapproprié par les Naturphilosophes au Stift de Tübingen, en particulier
Hölderlin, Schelling et Hegel, ouvrant sur une astrologie intérieure, une météosensibilité et
les démons du paganisme. Ces trois thématiques vont alimenter la bohème européenne,
des Mardis de Mallarmé au Cercle cosmique de Schwabing. Les cultes dionysiens qui y
sont célébrés composent alors le terreau des utopies communautaires qui se déploient de
Monte Verità à la Beat Generation.
Mots clés : cosmologie, paganisme, Kosmiker, romantisme

Abstract: In enlightened century, theosophists brings a new cosmology foundation


between Heraclite energetics and Parmenide emergence. Franz von Baader’s Sensorium
Dei is the pathfinder from this new cosmology. Naturphilosophy has appropriate this
new age of nature especially by the work of Hölderlin, Schelling and Hegel like intern
astrology, weather sensibility and paganist daemon. Those three topical will improve
European Boheme from Mallarmé’s Mardis to Schwabing’s cosmical circle. Celebration
from Dionysian cults is the inspiration of all utopians communities from Monte Verità to
the Beat generation.
Keywords: cosmology, paganism, Kosmiker, romantism

À l’instar des prophéties poétiques de la Nature modernes, les observateurs


contemporains proposent une recosmologisation du monde (Berque, Sloterdjik) 1.
Cette sensibilité puise largement dans le renouveau de l’imagination cosmique

*
Professeur à l’Université Rouen Normandie, CETAPS EA 3832. olivier.sirost@univ-
rouen.fr
1. A. Berque, Poétique de la Terre. Histoire naturelle et histoire humaine : essai de méso-
logie, Belin, Paris, 2014.

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depuis la Renaissance, où se côtoient une perspective énergétique héraclitéenne et


une perspective émersive parménidienne (H. Tuzet) 2 puisant respectivement dans
un symbolisme de la volonté et du repos (G. Bachelard) 3.
La racine mythique de cette recosmologisation du monde puise sa source dans

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la philosophie platonicienne (dans la somme formée par La République, Timée et
Critias) où l’Eros est le principe fondateur de l’engendrement du monde prenant
son terreau dans le corps, l’âme et l’esprit. Le champ d’expérience ouvert par la
poésie, la gymnastique ou l’animisme permet de lier en une seule entité ces trois
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éléments cosmiques fécondés par la puissance de l’Eros 4.

Les Stiftler
Au XVIIIe siècle, les Naturphilosophes réveillent la tradition d’une mystique de la
nature conçue dans l’alchimie et la gnose de la Renaissance. Ils interrogent en pro-
fondeur les questions cosmiques de fondation du social et de l’homme, revisitant
les textes classiques d’Hésiode, Platon, Virgile ou Ovide. Les débats sur le mythe
d’engendrement de la vie, comme sur celui des âges de l’humanité, animent les
théosophies de la nature et les philosophies. On y restaure notamment le soma
du naturisme face au corpus de la médecine expérimentale. Le corps compose
un tout avec l’âme et l’esprit, loin de la division corpusculaire du mode de vie
industrialo-urbain. C’est dans ce contexte que Franz von Baader édifie le socle
d’une philosophie érotique où la fantastique de la vie se déploie sur le socle d’un
humus féminin 5. Cette dernière renoue avec le récit hésiodien d’engendrement de
la vie. Elle s’épanche dans la description d’une science sacrée de la nature, mais
également à travers une poétique symbolique, qui l’une et l’autre servent d’alibi
aux terreaux multiples d’expérimentations du corps. Baader discute l’ensemble
de cet héritage platonicien à travers les différents scenarii d’un Sensorium Dei où
l’acte créateur vient de Dieu, de la Nature elle-même ou du hasard 6.
Le Stift de Tübingen a certainement favorisé le partage d’un rêve cosmique.
Au séminaire luthérien, Hegel, Hölderlin et Schelling partagent la même chambre
et communient dans le culte de la Grèce antique. La froideur disciplinaire du chris-
tianisme renforce chez les trois compagnons leur idolâtrie pour le paganisme. Cette
voie conduit le jeune Hegel à s’échapper du Stift et à être puni pour délit de
vagabondage, mais également à fonder une antithéologie ancrée dans l’universa-
lisme humain : « Dans cette voie, Hegel engage une réflexion sur l’amour qui, sous

2. H. Tuzet, Le cosmos et l’imagination, J. Corti, Paris, 1988.


3. G. Bachelard, La terre et les rêveries de la volonté, J. Corti, Paris, 1947 ; G. Bachelard,
La terre et les rêveries du repos, J. Corti, Paris, 1948.
4. J. Gordon, Plato’s Erotic World. From cosmic origin to human death, Cambridge Uni-
versity Press, Cambridge, 2012.
5. F. von Baader, Filosofia erotica, Rusconi, Milano, 1982.
6. A. Faivre, Philosophie de la Nature. Physique sacrée et théosophie XVIIIe-XXe siècle,
Albin Michel, Paris, 1996.

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toutes ses formes (sexuelle, sentimentale, mystique), réunit les contraires et pré-
sente en cela une analogie avec la raison comprise d’une manière dialectique 7. »
Friedrich von Schelling défend dans l’âme du monde une vision organiciste où au
cosmos extérieur correspond un cosmos intérieur : « Qu’est-ce donc que l’orga-

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nisme, sinon la nature concentrée elle-même, ou bien l’organisme universel dans
son état d’extrême contraction ? Il faut supposer une identité de la cause ultime qui
anime (comme une âme commune de la nature) la nature organique et la nature
anorganique, c’est-à-dire la nature universelle 8. » Schelling s’inspire du roman-
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tisme à travers les livres clandestins qui circulent au Stift. C’est sans doute par cette
entremise qu’il basculera vers la théosophie et mystique de la nature et viendra
à fréquenter Baader. Au final, plus que la terre désolée, « ruine grandiose où les
animaux séjournent comme des fantômes, et les hommes comme des spectres », il
convient de se plonger dans l’homme, « centre magique et magnétique de toutes
choses » 9. Pour le jeune Hölderlin, la résistance à la souffrance morbide du Stift
s’organise tous les jeudis soir en un cercle de poètes se réunissant autour d’un pot
de vin ou de bière, occasion de lire un poème, déposé par la suite dans un livre
commun. Il y travaille en particulier l’œuvre d’Hésiode. Le jeune poète s’inscrit
dès lors dans une démarche où il faut rendre l’idée sensible afin d’en produire
une représentation totale dans laquelle le lecteur s’immerge, renouant par là avec
l’esthétique schillérienne, le sublime et la question du rythme 10. Ces thématiques
seront replacées au centre de l’effervescence de la bohème munichoise à la fin du
XIXe siècle. Dans ces années de survie au pastorat, Hölderlin se laisse envahir par
une antiquité rêvée, habitée par les démons du paganisme, dont on trouve toute
l’inspiration des Chants de la terre natale. Il voue en particulier un culte à Diony-
sos dans son ode « À la terre mère », et dessine pour horizon l’Hespérie, pays du
soir où les dieux de jadis se sont réfugiés dans la vie de la nature 11. Les évasions
dans les tavernes avoisinant le séminaire de Tübingen anticipent les expériences
magiques et mystiques réalisées autour du magnétisme, du tellurisme, de la divina-
tion des baguettes de sourciers et des pendules. L’aimantation d’un lieu va devenir
un principe guidant les communautés théosophes à la recherche d’une terre nou-
velle pour y déployer leurs expérimentations de la vie libre.
La philosophie et la poésie des Stiftler vont ainsi se propager dans les cercles
romantiques, et en particulier chez une génération de Naturphilosophes tant portés
sur la botanique que sur le paysage. Ainsi, chez C. G. Carus, Goethe ou Lorenz
Oken se prolonge l’intuition de Baader. L’astronome que rencontre Werther dans le
roman initiatique de Goethe dit pleinement combien l’astre cosmique entre en soi
pour en devenir une part pleine et entière : « L’astre réel prend la place de l’astre

7. J. D’Hondt, Hegel. Biographie, Calmann-Lévy, Paris, 1998, p. 56.


8. F. von Schelling, De l’âme du monde, une hypothèse de la physique supérieure pour
l’explication de l’organisme général, Presses de l’ENS, Paris, 2007, p. 293.
9. X. Tilliette, Schelling. Biographie, Calmann-Lévy, Paris, 1999, p. 194.
10. A. Alter, Hölderlin. Le chemin de lumière. Biographie, Champ Vallon, Seyssel, 1992,
pp. 46-47.
11. F. Hölderlin, Chants de la terre natale, La Différence, Paris, 2014.

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rêvé, il consume la magnificence de l’apparition, et cependant je contemple et vous


contemplez avec moi ce qui aurait dû s’évanouir avec les vapeurs du sommeil 12. »
Lorenz Oken suit des études de médecine et de physiologie. C’est une vision bien
plus pragmatique et froide qu’il propose en venant sur les terres de Baader à

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Munich, préparant ainsi sur les bases de l’attachement identitaire à la terre natale
et la reproduction utile à la race germanique une politique de la nature fondatrice
de l’indépendance nationale. À Munich il se brouille ouvertement avec Schelling et
Baader 13. Oken ira jusqu’à la formaliser en développant une cosmogonie érotique
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en organisant des fêtes orgiaques en réponse à sa perspective animiste. Cette contra-


diction dans l’homme et ce goût pour le conflit qu’il ressasse dans sa revue Isis lui
fera perdre sa chaire à Iena : « Sa philosophie de la nature est rédigée en aphorismes
brefs et dogmatiques, où le démon de l’analogie fête des orgies vertigineuses : déjà,
dans le cours des astres, l’acte suprême de la vie animale, l’accouplement, est pré-
figuré. La création même n’est autre chose qu’un acte fécondant. Le sexe est prévu
dès l’origine. Quiconque nie le sexe ne saisit pas l’énigme de l’univers 14… » La pers-
pective n’est pas sans rappeler celle d’une science du peuple naissante où l’âme du
monde se confond avec l’esprit populaire et son humus. L’enracinement mythique
du peuple germanique dans la Nature composant un langage sensible, un symbo-
lisme viscéral est fort bien décrit par la philosophie de Herder et ses Lieder. C’est
dans ce terreau que se fonde le Volkstum dont la gymnastique naturelle et mystique
de L. Jahn – le Turnen – va être l’incarnation 15. C’est également à Munich qu’Oken
rencontre Carl Gustav Carus. Ce dernier publie en 1831 ses Neuf lettres sur la pein-
ture de paysage 16. Il y développe une communion mystique et esthétique avec la
nature dont la force de projection s’incarne en paysage qu’il intitule : le sens de la
vie de la terre (Erdlebenerlebnis). Dans sa physiognomonie des montagnes, Carus
est réceptif à la beauté des « monts Métallifères (Erzgebirge) » terrains qu’il estime
primitifs et accueillants. La vie de la terre s’éprouve dans l’écoute de l’âme lors des
changements météorologiques, des transformations du lichen ou du surgissement
de la plante hors de la terre. Carus psychologise au final le cosmos schellingien, dont
il tente de rendre compte de la puissance symbolique par la peinture de paysage 17.
La vie et l’œuvre de Stéphane Mallarmé incarnent bien à sa manière le débat
cosmique qui se joue dans les avant-gardes artistiques. Le poète symboliste (lecteur
de Hegel) convoque tour à tour la puissance des glaces, des feux, des gazes, des
écumes, des eaux, du feu, de l’air et de la terre. Il explore les corolles, les grottes,
les insectes pour percer les mystères des essences et des rythmes cosmiques 18. Son

12. Goethe, L’âme du monde, Éditions du Rocher, Paris, 1993, p. 315.


13. O. Breidach, H.-J. Fliedner, K. Ries (dir.), Lorenz Oken (1779-1851). Ein politischer
Naturphilosoph, Verlag Hermann Böhlaus Nachfolger, Weimar, 2001.
14. A. Béguin, L’âme romantique et le rêve, José Corti, Paris, 1991, pp. 66-67.
15. H. Bausinger, Volkskunde ou l’ethnologie allemande, MSH, Paris, 1993.
16. C. D. Friedriech, C. G. Carus, De la peinture de paysage, Klincksieck, Paris, 1988.
17. A. Deligne, La terre qui vit. Peinture et savoirs chez Carl Gustav Carus, PU Septentrion,
Lille, 2003.
18. J.-P. Richard, L’Univers imaginaire de Mallarmé, Seuil, Paris, 1961.

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célèbre poème « L’Après-midi d’un faune » évoquant les nymphes qui l’entourent
sera mis en musique par Claude Debussy et chorégraphié en 1912 par Vaslav
Nijinski. Résident à Valvins, près de Fontainebleau, où il acquiert une auberge
en bord de Seine, il côtoie Édouard Manet et les impressionnistes. Alternant dans

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son œuvre entre les représentations de la nature et ses rythmes les plus primitifs,
Mallarmé contribue à ouvrir la voie d’une poésie cosmique 19. De santé fragile
Mallarmé organise des rencontres à son domicile. Dès lors reste en suspens la tra-
dition des « Mardis », sorte de café littéraire instauré fin 1882 où se côtoient surtout
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peintres et poètes 20. Certaines de ces amitiés iront jusqu’au partage de parties de


pêche ou d’excursions en forêt.
Plus tard, dans la veine des mardis de Mallarmé, le poète Stefan George en
compagnie d’Alfred Schuler et de Ludwig Klages forme dans la banlieue de Munich
le cercle cosmique qui prolonge chez les élites artistiques, réformateurs sociaux,
théosophes et anarchistes cette tradition. Souvent, les débats savants servent
d’arrière-fond à un renouveau des pratiques corporelles : naturisme, randonnée,
végétarisme, sanatorium, bouddhisme, yoga, danse contemporaine, pédagogies
nouvelles… La bohème, les communautés artistiques, comme les cercles naturiens
se placent à l’avant-garde de ce mouvement. Pour Jerrold Seigel, à côté de l’avant-
garde bourgeoise se constitue une autre bohème prompte à vivre de la vie des
glaneurs des champs ou des chiffonniers des villes. C’est précisément chez eux que
se déploie un pandémonium d’activités où se croisent danseurs, musiciens, chan-
teurs des rues, artisans sans patente et autres hommes phénomènes. La poésie et
le vagabondage de l’âme y côtoient les tribulations des corps. Dès lors, la bohème
devient immersion où se transfigurent et se réinventent le nocturne ou la rue, où
s’incorporent le primitif et le populaire 21.

À la recherche de Gaia
L’effervescence intellectuelle autour d’un cosmos retrouvé, comme alternative à la
montée en puissance du mode de vie industrialo-urbain et de la puissance guer-
rière, devient le leitmotiv de tout un ensemble de communautés, avant-gardes,
bohèmes, colonies qui tentent l’aventure d’une vie alternative en harmonie avec
la nature. Du Stift de Tübingen où se nouent les amitiés des naturphilosophes aux
communautés anarchistes et théosophiques, les exemples sont nombreux. Dans la
banlieue de Munich se forment les colonies d’artistes, en particulier dans le quartier
Schwabing où s’implantent l’Université en 1826 et l’Académie des Arts en 1885.
Les peintres Ernst Ludwig Kirchner, Franz Marc et Paul Klee, comme les écrivains
Gottfried Keller, Michael Georg Conrad, Heinrich Mann, Thomas Mann feront

19. L. Lehnen, S. Mallarmé, S. George. Politique de la poésie à l’époque du symbolisme,


PUPS, Paris, 2010, pp. 150 sq. C’est nous qui tranchons avec cette assertion qui fait débat
en littérature.
20. G. Millan, Les Mardis de Stéphane Mallarmé, Librairie Nizet, Saint-Genouph, 2008.
21. J. Seigel, Paris bohème 1830-1930, Gallimard, Paris, 1991.

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la célébrité du lieu. Les tavernes et jardins qui s’implantent en ville contribuent à


l’effervescence initiatique de ce centre du monde, capitale de la bohème 22. Entre
jardin à l’anglaise et ateliers d’artistes, cette dernière s’abreuve également des acti-
vistes du Blaue Reiter aspirant à une œuvre d’art totale qui, à l’instar de la nature,

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semblait mourir 23.
Dans la bohème munichoise se forme en 1900 un cercle cristallisant ce type
de rêveurs de monde. Le mythologue et écrivain Karl Wolfskehl découvre en 1892
la revue de Stefan George : Blätter für die Kunst 24 prônant la défense de l’art
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pour l’art, la poésie symbolique et l’avènement d’un monde nouveau. S’inspi-


rant du cercle mystique de Mallarmé qu’il a fréquenté, Stefan George déploie une
armée de paladins (notamment dans les universités) pour accomplir son projet :
une quête incorporée de la vérité par la nature poétique 25. Cette offensive sym-
bolique considérée comme la plus importante qu’ait connue l’Allemagne a des
ramifications multiples comme le culte des animaux et des plantes dans les mouve-
ments de jeunesse (le totémisme notamment), l’iconographie utilisée pour figurer
la nature dans les cercles littéraires et le mouvement de libre culture du corps, ou
encore à travers une tentative de colonisation végétale du monde par les plantes
et les jardins 26. Parmi les disciples choisis par George, le jeune Wolfskehl, envoyé
en poste dans le nord de l’Allemagne, rejoint le berceau de Munich afin de jouer
le rôle passeur des idées de George. En 1898, Wolfskehl épouse Hanna de Haan,
fille d’un chef d’orchestre en poste à Darmstadt. À l’époque, Darmstadt est le
lieu d’installation d’une colonie culturelle promouvant le Jugenstil, les références
architecturales à l’antique, mais aussi la musique, la sculpture, le mouvement Arts
& Crafts, des lithographies célébrant la nudité et la nature 27… C’est également à
Darmstadt qu’Elizabeth Duncan fondera son école de danse et tentera de diffuser
l’œuvre de sa sœur Isadora. Karl Wolfskehl ira s’installer avec sa femme Hanna à
Munich où leur appartement devient un lieu de rencontre des intellectuels et des
artistes, à l’instar du domicile de Stéphane Mallarmé qui accueille ses mardis. C’est
dans l’appartement munichois qu’en 1900 Karl Wolfskehl, Alfred Schuler, Ludwig
Klages, Stefan George et Albert Verwey fondent le cercle cosmique 28. Saisis par
l’œuvre de J. J. Bachofen sur l’anthropologie du matriarcat, ils souhaitent remy-
thologiser le monde, à l’instar d’un Novalis et de sa maxime : « le monde doit être

22. W. Ross, Bohemiens und Belle Époque. Als München leuchtete, Siedler Verlag, Berlin,
1997.
23. W. Kandinsky & F. Marc, L’almanach du Blaue Reiter. Le cavalier bleu, Klincksiesk,
Paris, 1981.
24. S. George, Feuilles pour l’art, Les Belles Lettres, Paris, 2012.
25. R. E. Norton, Secret Germany, Stefan George and his circle, Cornell University Press,
Ithica & London, 2002.
26. J. Wolschke-Bulmahn (dir.), Nature and Ideology. Natural Garden Design in the Twen-
tieth Century, Dumbarton Oaks Research Library, Washington, 1997.
27. Institut Mathildenhöhe Darmstadt, Künstlerkolonie Mathildenhöhe Darmstadt 1899-1914,
Sparkassen-Kulturstiftung, Hessen-Thüringen, 1999.
28. B. Müller, Kosmik, Telesma Verlag, München, 2007.

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romantisé ». La voie du paganisme (qui n’est pas sans rappeler celle de l’anthropo-
logie des mentalités primitives) est celle qu’il convient d’emprunter. Aussi Friedrich
Gundolf insistait-il sur la puissance symbolique des œuvres dans toute sa primiti-
vité. Au cercle s’adjoignent d’autres personnalités comme la théosophe Franziska

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zu Reventlow, le philosophe Martin Buber ou les peintres Paul Klee et Franz Marc.
Il semble bien que, dans ce phalanstère munichois, s’élabore toute la puissance
cristallisatrice des expériences de retour à la nature qui s’emparent de l’Europe par
la suite. Derrière le bricolage de symboles, certaines dérives apparaissent à l’instar
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de l’usage du swastika dont Schuler fait un insigne cosmographique ou du paga-


nisme extrémiste promu de temps à autre par Klages.
Le travail produit par Klages montre en tout cas clairement une telle ambition.
Bercé par la psychologie et l’esthétique de C. G. Carus, Klages fonde son travail
sur l’étude de la personnalité. Il fonde sur ce principe la société allemande de gra-
phologie en 1896 et entretient une relation avec Reventlow. Pour lui, la formation
du caractère est indissociable du cosmos qui pèse de tout son poids sur l’entité
corps-âme-esprit, entité menacée de séparation et d’opposition schizophrène par
la modernité. Aussi est-ce par les polarités du rythme, la religion de l’Eros et l’esprit
du matriarcat que l’homme doit trouver une voie alternative et renouer avec le
cosmos. Le groupe s’immerge dans un tableau fantasmé et idéalisé de la Grèce
antique, de l’Eros platonicien et du culte dionysiaque. La nudité, la danse sen-
suelle, les aphorismes érotiques, le vin côtoient les soirées intellectuelles. Quelques
scandales finiront par éclater comme la promotion par George d’une pédérastie
hermaphrodite ou la réalisation d’un autel dionysiaque au domicile de Schuler. En
1904, le groupe se sépare dans une ultime dispute accusant Klages d’antisémite
et Wolfskehl de sionisme. Il n’en reste pas moins le socle pionnier d’une poétique
se voulant ontologique, embrassant par son travail rythmique l’âme du monde.
Klages comme d’autres membres du cercle munichois partiront s’installer en
Suisse dans le Tessin. Mais c’est à Ascona que la force viscérale du symbolisme
cosmique va le mieux s’expérimenter. Le Mont de Vérité fondé en 1900 par une
petite communauté anarchisante proche du mouvement de Réforme de la vie
vient cristalliser des expériences alternatives à l’horizon social bourgeois porté par
les valeurs du travail et de l’urbanisation. Dans la seconde moitié du XIXe siècle,
le Tessin bordé par le Lac Majeur est un lieu attractif pour les anarchistes comme
Bakunin et Carlo Cafiero à Locarno, pour les écrivains et intellectuels à l’instar
de Nietzsche dans les îles Brigasso, ou encore les théosophes Frantz Hartmann et
Alfredo Piola, fondateurs du groupe Fraternitas sur la colline de Menoscia. Le sen-
timent vif d’un monde ancien qui se meurt et d’un monde moderne qui dénature
l’homme et son environnement renforce l’urgence de tout quitter pour fonder un
mode de vie alternatif. Le village de pêcheurs d’Ascona va alors devenir l’épi-
centre de la culture occidentale vers lequel convergent exilés, artistes, intellectuels
et touristes.
Ce « monde vérité », que préfigure déjà Nietzsche dans Le Crépuscule des
idoles en 1888, passe par l’introspection et le dénuement. C’est également la quête

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selon Schopenhauer d’une harmonie préétablie entre le monde représenté et le


monde existant objectivement. Il cristallise pleinement la bohème et ses commu-
nautés, la Naturphilosophie, le renouveau pédagogique ou le Lebensreform 29.

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Communautés de retour à la nature : l’immersion socialisante
S’il y a un Monte Verità idéalisé que l’on tend à originer comme point d’inflexion
de la culture occidentale, il y a aussi plusieurs Monte Verità vécus, avant et après
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la communauté qui s’y installe en 1900, mais aussi dans d’autres épicentres géo-
graphiquement et socialement situés 30. Au regard de la rareté d’archives et d’im-
probables sources inédites par rapport aux réaffectations successives du lieu, les
travaux déjà menés sur les vingt années d’existence de la communauté utilisent des
témoignages oraux à l’instar de Martin Green 31, des témoignages écrits par celles
et ceux qui y ont séjourné, un ensemble de biographies, de correspondances et
d’iconographies, un patrimoine architectural et touristique 32…
Si Monte Verità demeure pour beaucoup de ses commentateurs une utopie,
force est de constater que cette dernière est souvent érigée en un mythe culturel
des origines 33. Les pionniers de la communauté qui s’y installent à partir de 1900
apportent chacun de nouvelles pratiques corporelles et les expérimentent. Il nous
semble particulièrement opportun d’examiner l’avènement du Monte Verità sous
cet angle. Là où les autres archives ont été largement exploitées ces dernières
années, les archives du corps restent encore largement à explorer. On connaît le
lieu pour ses pratiques de la cure médicale au sanatorium et de la cure d’air et de
soleil, de la nudité, du végétarisme, de la danse, du jardinage, de l’habiter, du tou-
risme et de l’excursion, de la sexualité, de l’art et de l’écriture, des thérapies alter-
natives… Autant de domaines génériques d’expériences fondatrices qu’il convient
d’étudier à la loupe, et où viennent s’exprimer de grandes figures de la culture
européenne 34. Comme si l’expérience corporelle allait précéder par ses moments
de jaillissement la culture elle-même.
Si les travaux scientifiques produits sur Monte Verità trouvent un accord,
c’est bien sur la configuration originale du site. Plusieurs couches se superposent.
La situation géographique montre la conjonction d’une végétation dense, de

29. M. Cluet, C. Repussard, Lebensreform. Die soziale Dynamik der politischen Ohnmacht,
Francke, Tübingen, 2013.
30. K. Noschis, Monte Verità. Ascona et le génie du lieu, PPUR, Lausanne, 2011.
31. M. Green, The von Richthofen Sisters. The Triumphant and the Tragic Modes of Love
(1974), University of New Mexico Press, Albuquerque, 1988 ; Mountain of Truth. The
Counterculture Begins Ascona, 1900-1920, University Press of New England, Hanovre/
Londres, 1986.
32. H-C. Bodmer, O. Holdenrieder, K. Seeland, Monte Verità. Landschaft, Geschichte,
Kunst, 2000.
33. R. Landmann, Acona – Monte Verità. Auf der Suche nach dem paradise, Huber
Verlag, Francfort, 2000.
34. A. Schwab, Monte Verità – Sanatorium der Sehnsucht, Orell Füssli, Zürich, 2003.

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Olivier SIROST 37

l’altitude, de l’exposition au soleil, du lac ; mais également d’un air pur favorable
aux rémissions des souffreteux, d’un paysage singulier offrant une vue magique,
d’un magnétisme tellurique lié à la forte présence de mines à ciel ouvert.
L’endroit offre également une juxtaposition de signes religieux tout d’abord :

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effigies de la Madone, Croix, projet de couvent laïque, présence importante de
théosophes ; de signes largement illustrés par la rêverie romantique ensuite : îles,
grottes, sentiers, huttes et cabanes, jardins… Cet assemblage particulier renvoie
inéluctablement à l’aimantation exercée par un lieu qualifié de mystérieux, chargé
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de religiosité.
On voit ici qu’à une écologie extériorisée par le génie du lieu, comme le signale
Kaj Noschis, semble correspondre une écologie intérieure révélant les diversités
des corps, des âmes et des esprits. Ce lien entre l’extériorité et l’intériorité expli-
cite sans doute d’autres Monte Verità comme le cercle Eranos, l’Institut Esalen,
les Children of the Sun, Monte Sol… Dans les années 1920 aux États-Unis on a
écho de l’utopie du Monte Verità relayée par le magazine Mother Earth. La mode
du port de la barbe et des cheveux longs va d’ailleurs être directement impor-
tée d’Allemagne. Parallèlement à Palm Canyon s’installent les réfugiés allemands
qui fuient le conflit armé et fondent le mouvement des Nature Boys. La chanson
« Nature Boy », interprétée par Nat King Cole en 1948, raconte la philosophie et la
vie de ces migrants. D’autres, comme Henri Oedenkhoven et Ida Hoffman, choi-
sissent le Mexique afin d’y constituer une nouvelle communauté baptisée Monte
Sole. Enfin, l’Institut Esalen, centre d’inspiration New Age explorant ce qu’Aldous
Huxley a appelé le potentiel humain, fondé par les hippies Michael Murphy et
Dick Price en 1962 semble lui aussi directement influencé par la matrice du Mont
de Vérité.
Les sociologues de l’école de Francfort 35 poursuivront dans cette voie dans
l’analyse d’une cosmologie urbaine, analysant les érogénéisations de la ville
comme les herborisations du bitume. Walter Benjamin, bercé dans sa jeunesse par
la pédagogie nouvelle de Gustav Wyneken et participant au mouvement de jeu-
nesse via la revue Anfang, réalise son travail de doctorat sur le concept de critique
esthétique chez les premiers romantiques 36. Benjamin dans son œuvre inachevée
sur Paris rend hommage au symbole de la bohème : Charles Baudelaire insistant
sur la transfiguration des terrains de chasse dans l’œuvre d’Alexandre Dumas et
de l’animalité de l’homme. À cette herborisation du bitume correspond la figure
du flâneur : « comme un animal ascétique il rôde dans des quartiers inconnus ».
Alors la ville prend une autre connotation : « Terre promise du flâneur, ce paysage
composé de vie pure dont a parlé un jour Hofmannsthal. Un paysage… » 37. Cette
filiation n’est pas anodine car outre-Atlantique le transcendantalisme d’Emerson a
largement contribué à préparer le terrain d’un Eros fécondant la société des loisirs.

35. Th. Tripold, Die kontinuität romantischer Ideen. Zu den Überzeugungen gegenkutureller
Bewegung. Eine Ideengeschichte, Transcript, Bielefeld, 2012.
36. P. Lavelle, Walter Benjamin, L’Herne n° 104, Paris, 2013.
37. W. Benjamin, Paris capitale du XIXe siècle, Cerf, Paris, 1993, pp. 434-472.

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38 Les Kosmiker

Kenneth White dresse d’ailleurs la filiation d’un « gang du kosmos » 38 fondateur


d’une géopoétique propice à l’errance et à la déambulation avec Walt Whitman,
Allen Ginsberg, William Carlos Williams, Garry Snyder ou Robinson Jeffers. Tous
sont pris par la puissance jaillissante d’un symbolisme intérieur et viscéral dans leur

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exercice de mise en géographie de l’espace et du paysage. Cette déambulation
nomade vicariante est présente à tous les instants dans les expériences corporelles
du monde, et particulièrement dans la vieille Europe romantique. On retrouve ici
le socle fondateur d’une écosophie : « Mitwelt et Umwelt, être au monde avec, par
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et grâce à l’environnement dans lequel le partage a lieu 39. »

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38. K. White, Le gang du kosmos. Poétique et politique en terre américaine, Wildproject,


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39. M. Maffesoli, Ecosophie. Une écologie pour notre temps, Cerf, Paris, 2017, p. 145.

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Olivier SIROST 39

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Maffesoli M., Ecosophie. Une écologie pour notre temps, Cerf, Paris, 2017.
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