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« Celles-ci sont condensées en archétypes qui représentent comme un produit de la distillation

de tout I ’existant, de ce qui peut se produire et se produira encore. Il semble que par une
répétition incessante, ces images se soient chargées d'une énergie interne au moyen de laquelle
elles sont véhiculées de génération en génération »

La conception lévi-straussienne du symbolique.

Si la culture est l'objet propre de l'anthropologie, il semble tout naturel de la rattacher de rattacher
son étude à celle de la fonction symbolique, et même de voir en celle-ci le fondement de celle-là. En
effet, depuis quelques décennies, on s'accorde généralement à reconnaître dans la fonction
symbolique le trait le plus caractéristique de la nature humaine. S'il y a un seul point qui peut faire
l'unanimité des psychologues comme celle des linguistes, des philosophes comme celle des
anthropologues, c'est certainement celui-là. Mais qu'est-ce exactement que la fonction symbolique ?
Et peut-elle constituer, à elle seule, le principe organisateur de la vie sociale ? Les maigres indications
que Lévi-Strauss nous donne à ce sujet sont peu éclairantes et bien faites pour alimenter notre
perplexité.

Pour fixer les idées, commençons donc par rappeler que, par " fonction symbolique ", on entend
communément le pouvoir (souvent reconnu comme spécifiquement humain) d'utiliser des symboles,
et par " symbole ", au sens le plus général du terme, une chose qui permet de représenter une autre
chose en l'absence même de cette chose. Telle est, en substance, la définition qu'adoptent
spontanément des auteurs aussi divers que Henri Wallon, Emile Benveniste, Raymond Ruyer et André
Leroi-Gourhan [8].

Or, chose curieuse, ni Lévi-Strauss ni ses disciples ne reprennent cette définition classique, sans en
proposer d'ailleurs une autre qui serait meilleure ou seulement plus précise [9]. Les structuralistes
préfèrent décrire les manifestations collectives de la fonction symbolique : les " systèmes symboliques
" qu'elle est censée produire dans les sociétés humaines, et auxquels toutes les activités humaines
seraient assujetties.

Tout se passe comme s'ils avaient une conscience que partir de la définition usuelle du symbolisme,
ce serait prendre le risque de partir de l'individu pour reconstituer le tout social et donc à retomber
dans le psychologisme. Car telle est bien le nœud de l'affaire. Du moins pour le Lévi-Strauss de 1950,
qui semble avoir pour objectif de montrer mieux que Mauss la " subordination du psychologique au
sociologique ", et affirme avec force que " les conduites individuelles normales ne sont jamais
symboliques par elles-mêmes : elles sont les éléments à partir desquels un système symbolique, qui
ne peut être que collectif, se construit [10]. " Comme si c'était de la culture, conçue comme réalité
première, c'est-à-dire comme ensemble de systèmes symboliques autonomes, que l'individu tirait sa
propre capacité à symboliser et partant toute sa substance proprement humaine [11]. Mais comme,
par ailleurs, Lévi-Strauss ne peut éviter d'enraciner la fonction symbolique dans l'esprit humain [12],
et va même jusqu'à faire de celui-ci l'objet principal de l'anthropologie [13], il risque de retomber
dans cette " réduction du social au psychologique [14] " qu'il s'agissait pourtant d'éviter.

D'où sa propension à désubjectiviser les opérations de l'esprit humain en s'efforçant d'ancrer le


symbolique lui-même, et par suite la culture, dans une réalité supra-individuelle qu'il nomme "
l'inconscient [15]". Un inconscient qui n'est ni celui de Freud [16] ni celui de Jung [17], puisqu'il est "
toujours vide " et " se borne à imposer des lois structurales, qui épuisent sa réalité, à des éléments
inarticulés qui proviennent d'ailleurs : pulsions, émotions, représentations, souvenirs [18]. " Cet
inconscient, ajoute Lévi-Strauss, " cesse d'être l'ineffable refuge des particularités individuelles, le
dépositaire d'une histoire unique, qui fait de chacun de nous un être irremplaçable. Il se réduit à un
terme par lequel nous désignons une fonction : la fonction symbolique, spécifiquement humaine, sans
doute, mais qui, chez tous les hommes, s'exerce selon les mêmes loi ; qui se ramène, en fait à
l'ensemble de ces lois. [19] "
A première vue, les choses n'avancent guère, puisque la fonction symbolique est définie par
l'inconscient et l'inconscient, à son tour, par la fonction symbolique. Mais, si les " lois structurales "
mises en œuvre par l'inconscient sont universelles, celui-ci n'est pas seulement le principe
organisateur de la subjectivité individuelle, c'est en même temps un " terme médiateur entre moi et
autrui [20] ", et donc un opérateur synthétique propre à engendrer le lien social [21].

Comme il l'a souvent déclaré, c'est à l'étude scientifique du langage, et plus particulièrement à la
phonologie, que Lévi-Strauss s'estime, à tort ou à raison [22], être redevable de cette idée de
l'inconscient [23]. Ce qui montre qu'en dépit des apparences il ne s'éloigne guère de la conception
classique de la fonction symbolique qui, elle aussi, tient le langage pour le représentant par
excellence du symbolisme. Le structuralisme propose seulement d'étendre la notion de système
symbolique à tous les facettes de la vie humaine individuelle ou collective, et surtout de leur
appliquer les découvertes non triviales que la linguistique structurale aurait dégagées de l'étude des
langues naturelles, et que la théorie de l'information de Shannon permettrait de développer à l'aide
d'un outil mathématique approprié [24].

Mais, en réalité, Lévi-Strauss ne doit à peu près rien aux travaux dont il se réclame. Pour décrire les
langues et les autres systèmes symboliques, il fait seulement appel aux catégories les plus générales
et les plus pauvres, celles d'expression et de communication. Et s'il lui arrive d'user et d'abuser (en
particulier dans Les Mythologiques) du terme relativement technique de code, c'est toujours de
manière approximative et purement rhétorique.

Soit sa définition de la culture, considérée comme un " code universel [25] ". " Toute culture, écrit-
il, peut être considérée comme un ensemble de systèmes symboliques au premier rang desquels se
placent le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l'art, la science, la religion.
Tous ces systèmes visent à exprimer certains aspects de la réalité physique et de la réalité sociale,
et plus encore les relations que ces deux types de réalité entretiennent entre eux et que les systèmes
symboliques eux-mêmes entretiennent les uns avec les autres [26]. "

La belle construction en abîme qui termine cette définition a beau la rendre séduisante, elle ne
parvient pas à en dissimuler les faiblesses. Remarquons tout d'abord que Lévi-Strauss qui définit, sans
plus de précision, le langage comme " phénomène social [27] " , voire comme identique au phénomène
social [28], ne distingue pas (ici comme ailleurs) langue et langage [29]. Or, si toute langue est bien
une réalité collective, le langage proprement dit serait plutôt la capacité individuelle de s'approprier
une langue quelconque, capacité non réductible à celle d'assimiler passivement cette langue, comme
le montrent non seulement les travaux de Chomsky, mais aussi ceux de Jakobson (étudiant, par
exemple, la maîtrise des systèmes phonologiques par les enfants) dont se réclame le structuralisme.
Faire du langage, sans autre précision, la base de la culture n'est sans doute pas le meilleur moyen
d'assurer l'autonomie de celle-ci.

Par ailleurs, assimiler langue, règles matrimoniales et rapports économiques, mettre sur le même
plan échange de mots, échange de femmes et échanges de biens , et postuler l'existence d'un " code
universel , capable d'exprimer [leurs] propriétés communes ", c'est confondre des " structures de code
", qui sont des structures mentales, avec des " structures de réseau " , qui sont proprement sociales
et indépendantes de l'esprit humain .

Enfin, soutenir que tous des systèmes (linguistiques, matrimoniaux, économiques) visent à exprimer
certains aspects de la vie physique et sociale, c'est faire du symbolique non plus la matrice ou le
vinculum substantiale du social, mais au contraire son reflet. Et c'est, du même coup, borner
l'anthropologie structurale à une étude des superstructures. Lévi-Strauss finira d'ailleurs par s'en
aviser, mais, chose étonnante, plutôt que de réformer ses analyses, il sera alors tenté de jeter le
manche avec la cognée : d'abandonner l'étude des infrastructures à d'autres disciplines, en allant
jusqu'à reconnaître que " l'ethnologie est d'abord une psychologie ".

Revenons au texte de 1950. Le langage n'y figure pas seulement comme moyen d'expression, mais
surtout comme moyen de communication. De sorte que la fonction symbolique serait, en définitive,
un système de principes inconscients immanents à la communication, et " le problème ethnologique
[...], en dernière analyse, un problème de communication " : celui de comprendre comment les
structures inconscientes de la communication, qui opèrent une médiation entre moi et d'autrui,
parviennent à engendrer de vastes tissus de relations sociales suffisamment stables.

Mais quels sont ces principes ? Lévi-Strauss ne donne à ce sujet que de maigres indications, qui
proviennent en droite ligne de son étude des systèmes de parenté et d'alliance et, plus
particulièrement, des " organisations dualistes ", sans rien emprunter, ici encore, et quoi qu'il laisse
entendre, à l'étude scientifique du langage.

A l'en croire, en effet, ces principes seraient au nombre de trois : " exigence de la règle ; notion de
réciprocité, considérée comme une forme permettant d'intégrer immédiatement l'opposition de moi
et d'autrui ; caractère synthétique du don . "

Comme le montre la célèbre critique de l'Essai sur le don , le maître-mot est ici celui de réciprocité,
l'idée centrale, celle que " l'échange n'est pas un édifice complexe ", construit, comme l'imagine
Mauss, " à l'aide des obligations de donner, de recevoir et de rendre ", mais " une synthèse
immédiatement donnée dans, et par, la pensée symbolique qui, dans l'échange, comme dans toute
autre forme de communication, surmonte la contradiction qui lui est inhérente de percevoir les choses
comme les éléments du dialogue, simultanément sous le rapport de soi et d'autrui, et destinées par
nature à passer de l'une à l'autre . "

Bref, la fonction symbolique n'est, en définitive, qu'un autre nom du principe de réciprocité . C'est la
réciprocité comme synthèse immédiate de moi et d'autrui, supposée produire ipso facto le lien social.

Or, il est facile de montrer que l'échange et la réciprocité ne suffisent pas à expliquer les structures
sociales . Même les organisations dualistes présentent des traits essentiels qui ne se laissent pas
décrire en termes de réciprocité . Lévi-Strauss lui-même le concède bon gré, mal gré , mais n'en tire
pas la conclusion qui s'impose, à savoir que, loin d'être un principe originel, la réciprocité, lorsqu'elle
existe, serait plutôt le produit d'opérations unilatérales .

En un mot, quelque manière qu'on interprète la notion lévi-straussienne de fonction symbolique, elle
ne saurait constituer le fondement du lien social. Car, ni le langage, ni l'échange, ni la réciprocité ne
suffisent à réunir les hommes dans des structures stables. A plus forte raison, doit-on renoncer à
fonder le social sur le mental, comme Lévi-Strauss lui-même finira par s'y résoudre à l'époque de La
Pensée sauvage, mais, répétons-le, dans conditions inacceptables, puisque confondant l'échec du
stucturalisme mentaliste avec les limites de toute anthropologie possible.

Il est en effet, arbitraire d'assigner à l'anthropologie la seule tâche d'élaborer une " théorie des
superstructures, à peine esquissée par Marx " et d'abandonner " à l'histoire _ assistée par la
démographie, la technologie, la géographie historique et l'ethnographie _ le soin de développer
l'étude des infrastructures " Soutenir que ces dernières échapperaient nécessairement à l'ethnologie
parce que celle-ci serait " d'abord une psychologie " est une pétition de principe. Au lieu de s'incliner
devant la rehétorique marxiste et " l'incontestable primat des infrastructures ", mieux vaudrait se
donner les moyens d'analyser ces infrastructures et d'élaborer un structuralisme plus audacieux qui
ferait sienne l'idée que les cultures, et partant les sociétés humaines, sont organisées par des
principes qui échappent non pas tant (ou seulement) à la conscience qu'à l'esprit humain. Dire, comme
Lévi-Strauss, que ces principes sont inconscients, ou qu'ils relèvent de l'histoire, est une façon
maladroite d'exprimer cette idée : le terme négatif d'inconscient est un joker conceptuel qui élude
les difficultés au lieu de les résoudre, et quant aux prétendues explications historiques , notre auteur
sait bien qu'elles sont de l'ordre du mythe .

Au demeurant, il lui arrive parfois de reconnaître du bout des lèvres que les formes culturelles
structurellement stables sont indépendantes de l'esprit humain, sans les reléguer pour cela hors du
champ de l'anthropologie. Ainsi, quand il accepte de définir la philosophie du structuralisme comme
un " kantisme sans sujet transcendantal " et surtout quand, dans sa polémique avec Sartre, il note
que les oppositions binaires et autres schèmes formels qui sont a l'œuvre dans les cultures ne sont
pas produits par l'homme, mais déjà présents dans la nature . Resterait à déterminer quels sont ces
principes et quelles relations ils entretiennent avec ce qu'il est convenu d'appeler la fonction
symbolique, au sens à la fois le plus commun et le plus clair du terme. Bref, il n'y a pas peut-être pas
lieu d'abandonner le programme de recherche que Lévi-Strauss avait élaboré en 1950, mais à condition
de trouver une explication plus satisfaisante de " l'origine symbolique de la société ".

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