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COLLECTION HISTORIQUE
DK
GEORGES PLEKHANOV
INTRODUCTION
L’HISTOIRE SOCIALE
DE LA RUSSIE
T R A D U IT E DU RUSSE EN F R A N Ç A IS
par
Mme BATAULT-PLÉKHANOV
ÉDITIONS BOSSARD
140, B oulevard Saint -G ermain , 140
P AR I S
INTRODUCTION
A
L’HISTOIRE SOCIALE
DE LA RUSSIE
COLLECTION HISTORIQUE
DE L ’ I N S T I T U T D’ ÉTUDES SLAVES
---------- "............- .. . N» 3 : .....................
GEORGES PLÉKHANOV
INTRODUCTION ,
A
L’HISTOIRE SOCIALE
DE LA R USSIE
TR A D U IT E DU RUSSE EN FRANÇAIS
par
M me B A T A U L T - P L É K H A N O V
ÉDITIONS BOSSARD
140, B o u l e v a r d S a i n t -G e r m a i n , 140
PARIS
19 2 6
COLLECTION HISTORIQUE
DE
L’I N S T I T U T D’ ÉTUDES SLAVES
Georges P l é k h a n o v .
I
IN T R O D U C T IO N
A L ’ H I S T O IR E S O C IA L E
DE L A R U S S IE
\
6 l ’h is t o ir e S O C IA L E DE LA RUS S IE
II
j
O P IN IO N DE K LIO U T C H E V SK I 7
fn s ts ir e de la fl K Klioutchevski à ce sujet ? j
b -’ Cvcident, et H L.- D faut. selon lui, distinguer dans l’histoire d’une classe 1
w * iait. cru cer- f l f: deux moments : l’ économique et le politique. Le pre-
’br™ je ancienne f l jg. mier se caractérise par la division de la société con-
Mes. A l ’heure f l | fk formément à la division du travail social. Le second
Mmsr. non si la fl
■■7s — le fait fl (1 ) La Douma de» hoiar$étau Vancienne Russie, 4e édit., p. 7.
8 l ’h is t o ir e S O C IA L E DE LA RUS SIE
III
(1) Essais sur rAtafaira de France, 10e édit, p. 73*74. On pourrait croire
que Guizot répond à Mifcookov.
(2) Voir pour plus de détails mon livre : U Evolution du point de vue moniste
dan» Vhistoire, 4* édit., p. 13-26 ; la préface de la 2e édit, de ma traduction
du Manifeste du parti communiste et mon article sur « M. P. Pogodine et
]a lutte des classes » dans le Savremenny M ir , avril et mai 1911.
12 L H ISTO IRE S O C IA L E DE LA RUS S IE
1 Ouvrage cité, p. 8.
14 l ’h is t o ir e S O C IA L E DE LA RUS S IE
IV
18 l ’h is t o ir e S O C IA L E DE L A R U S S IE
(1) Histoire de la Russie depuis les temps les plus reculés, éd. Obchlckes-
Wennaïa Polza, livre I. Voir la note de la p. 268.
L A R U S S IE
O PINIO NS DE SO LO YIE V 21
fe développement ulté- ifa io n t agi dès le premier jour et tout au long de notre
^B tiqu es, A. Rambaud, ’f c to ir e : l’historien doit prêter à toutes une attention
S que la Gaule franque égaie s’il ne veut ps* qu’on puisse lui reprocher d’ être
lément de la Gaule '^sÆ*âtérsî {• ;. *
ans après Clovis (1). A &mss ajouter, d ’abord, que même les
: ffistaeüe, de le mettre en |S5 ,t * Je B’B e pïj * ««sââeBtale. où la conquête n’ a pas
de leur évolution sociale,
» économique a eu
^g*s3«?*sion de ses droits et £ b?; .îi»> sskgts cbescherion» en vain dans celle de
œwactère de toutes les iSfcsSeg eû*uiàî&. que dacs «eux où la conquête a eu
: SHrvasion germanique. Il ItM . par « a France, son influence a été beau-
ihmmw considérable qu’on ne l’a cru longtemps ;
-fondé de l’opinion des
1a ê en cette invasion la «MjSæi, que M. P. Pogodine lui-même, qui basait sur
féodal en Occident (2). de conquête chez nous toute son opposition
we que si Klioutchevski la Russie et l’ Occident, fut obligé, dans sa polé-
l’évolution des classes *vec P. V. Kirèevski, dans Le Moscovite, de
points, différente de ce , qu’en Russie même cette absence de con
; esseidentale, il se trompe tas été aussi complète qu’il se l’ était imaginé
fsgwt cette originalité rela-
; le ? moment » politique ■ S£ mots admettons, en effet, d’après les chroniques,
}ue, alors qu’en t certaines peuplades slaves et finnoises firent volon-
ent dominé alternati- narmt appel aux Varègues, nous ne pouvons cepen-
i claire est en contradic- , asec que beaucoup d’aàtres furent réduites à
, le t moment » politique i ~r par ces étrangers, et que ceux-ci, une fois
’ Fantre, ce. qui d’ailleurs ÜBMioîrdement dans leur nouvelle patrie, s’y condui-
■k i une action en retour. fcflupart du temps, selon l’expression de Kliout-
qui juge, à juste titre, » conquérants. Ainsi s’ explique la révolte des
bws l’évolution de l’ Eu-
i contre Rourik, sous le commandement de
qu’on lui attribue par
le conseil de ne pas
« La grande différence t. I, p. 268, note. ^
{pas oublier non plus que le récit des chroniques sur l ’appel
États occidentaux b ou s est parvenu sous une forme d’une époque bien pos-
«è H e ou du début du xii® siècle. Or, d ’après Kliou-
6 par l’absence de con- suècle les Varègues continuaient à venir en Russie comme
***mbreuses et diverses iis ne s’y transformaient plus en conquérants et leur
ir par la violence autrefois, comme elle ne se reprodui-
-.t peu vraisemblable » {Cours d'histoire russe, 3e éd.
l’appel aux princes varègues est non une tradition populaire, mais
* une fable schématique sur l'origine de l’ Empire appropriée à la
compréhension des enfants des écoles » {o w r. cité, p. 170). S. F. Pla-
tonov rappelle, de son côté, que le chroniqueur anglo-saxon Widukind
raconte d’une façon absolument identique l’appel des Bretons aux
Anglo-Saxons, et que de plus, ils vantaient dans les memes termes que
les Novgorodiens de la Chronique de Nestor, leur « lerram latam et
8paliosam et omnium rerum copia refertam ». (Cours d'histoire russe,
6e éd.f p. 68).
DE L A RUS SIE D IS C U S S IO N DES O P I N I O N S D E S O L O V IE V 25
V II
L ’influence réelle, en Russie, du milieu
géographique
Ses considérations sur l ’influence du climat, de la
« pierre » et du « bois » ont peu de valeur, mais on ren
contre cependant, au cours de son grand travail, d’autres
idées, plus justes, sur l’influence, dans notre évolution
sociale, du milieu géographique.
Dans son chapitre premier, parlant du caractère
uniforme de la plaine de l’ Europe orientale, il constate
que « l’uniformité des formes naturelles exclut les
groupements provinciaux, crée dans la population des
occupations identiques ; cette identité des occupa
tions produit celle des coutumes, des mœurs, des
croyances qui exclut les chocs hostiles ; les besoins
identiques appellent des satisfactions identiques, et la
plaine, quelle que soit son étendue, quelle qu’ait été,
à l’origine, la diversité de ses populations, deviendra
tôt ou tard le territoire d’un État unique ; c’est ce qui
explique l ’étendue de la Russie, la similitude des parties
qui la composent et le lien solide qui les unit (1) »
On ne peut tenir ce raisonnement pour irréprochable.
Notre historien y répète l’erreur des savants qui, avant
lui, ont étudié l’influence du milieu géographique sur
l’évolution d’un peuple ; lui aussi, il s’efforce avant tout
de déterminer à quelles dispositions psychiques ce
milieu a donné naissance. Ce n’est qu’ensuite qu’il
envisage les occupations et, en général, le genre de oie
qui, d’après lui, est le résultat de ces prédispositions.
V III
(1) Cours d’histoire de la littérature russe, 1 " partie, livre II, Saint-Péters
bourg, 1911, p. 68-69.
A C T I V I T É P R O D U C T R I C E D E L A RUS S IE 39
t
Z!* Saint-Péter»* ( K l io u t c h e v s k i , Cours d’histoire russe, l re partie, p. 67). C’est là encore
un fait incompatible avec le genre de vie des peuples chasseurs.
40 L H I S T O I R E S O C IA L E D E L A RUS S IE
(1) p. 110.
O u v r a g e c ité .
(2) C o u rs , p. 11Ô.
(3) C o u rs, p. 152.
L A P R E S S IO N DES N O M A D E S 45
IX
(1) Voir à ce sujet mes articles sur l’art parus dans les recueils : P e n d a n t
et
v in g t a n s C r i t i q u e d e n o s c r itiq u e s .
(2) 2° éd., Saint-Pétersbourg,
E s s a is s u r la c u ltu r e é c o n o m iq u e p r i m it iv e ,
1899, p. 39.
(3) O u v r a g e c ité , p. 113.
L A P R E S S IO N DES NOMADES 47
(1) O u v r a g e c it é , p. 40.
(2) Grouchevski, L a R u s s ie h iè v ie n jie , t. I, p. 339.
48 l ’ h is t o ir e S O C IA L E D E L A R U S S IE
(1) Voir V E s s a i s u r V h is t o ir e d e l ’o r g a n is a t io n s o c ia le et p o l i t i q u e de
, par St. K u t r z e b a , traduit du polonais par N. V. Iastrébov,
la P o l o g n e
Saint-Pétersbourg, 1907, p. 9-11.
(2) Boléslav le Brave était contemporain de Vladimir le Saint. Alors
t^ue la droujina disparaît en Pologne après lui, en Russie sa tradition con
tinue longtemps après la mort de Vladimir et se reflète avec éclat dans
nos chants épiques.
(3) G roüchevski, E s s a i s u r l ’h is t o ir e d u p e u p le u k r a in ie n , p. 117-118.
(4) V. Ô. Klioulchevski, après avoir montré que le mode de succes
sion des princes, non de père en fils, mais d’abord de frère en frère, et
seulement après, d’oncle en neveu a habituait les d r o u j i n n i k i à se
déplacer », remarque que, par suite de ces déplacements, les plus âgés
des d r o u j i n n i k i , ceux auxquels incombaient les plus hautes fonctions,
ne pouvaient pas les remplir longtemps dans les mêmes v o lo s t (cantons)
et y acquérir ainsi une sérieuse importance politique ; encore moins
pouvaient-ils rendre leurs charges héréditaires, comme c’était le cas
dans l’Occident féodal et dans la Pologne voisine ». [C o u r s , l re partie,
p. 239.) Ici, l’effet est donné pour la cause. Rien n’empêchait le d r o u
j i n n i k de rester dans une v o lo s t lorsqu’il y avait changement de prince.
S’il y avait acquis une importance politique sérieuse, le nouveau prince
n’eût pu l’éloigner des charges qu’il occupait, surtout si elles avaient
été déjà héréditaires. Aussi toute la question est-elle de savoir pour
quoi elles ne l’étaient pas devenues. C’est à quoi, sans s’en douter,
Klioutchevski répond lui-même. « 11 est facile de constater que la pro
priété foncière s’accroissait peu chez les boïars et ne constituait pas le
principal intérêt économique des gens adonnés au métier des armes. Les
d r o u j i n n i k i préféraient d’autres sources de revenu, continuaient à
s’occuper activement de transactions commerciales et recevaient de
leurs princes des honoraires en argent. » [O u v r a g e c ité , même page.)
Si la principale source de revenu du d r o u j i n n i k avait été la propriété
foncière, indépendante du prince, il n’eût pas été obligé de suivre le
L A P R E S S IO N DES N O M A D E S 55
prince d'un endroit à un autre. Mais comme son principal revenu lui
venait du prince, il « s'habitua à se déplacer ». Quant à ses transac
tions commerciales, il en sera question plus loin.
(1) G r o u c h e v s k i , o u v r a g e c ité f p. 98-99.
(2) C h r o n iq u e , version du monastère d’Hypat, 486,
56 l ’h is t o ir e S O C I A L E D E L A R U S S IE
I
i
sacrifiât pas parfois les intérêts du pays aux siens
propres. Il s’en faut de beaucoup que tous les princes
aient eu l’intelligence et l’ énergie de Vladimir Mono-
maque, et tous avaient pour règle le proverbe russe
« c’est ta propre chemise qui est le plus près de ton
corps (2) ». Cependant, aux yeux de la population, le
fd général prince était précisément et avant tout le gardien armé
centre de la terre ; plus le besoin de ce gardien était sensible,
plus augmentaient son importance et sa puissance.
celui-ci Nous savons déjà comment les nomades le firent sentir
à la Russie (3) ; il n’est donc pas étonnant, ainsi que le
remarque Grouchevski, « que le régime du prince et de
la droujina ait en général fortement comprimé la com-
it) « Il suffit pour s'en convaincre de considérer les noms dos nouvelles
villes de la Souzdalie : Péreiaslavl, Zvénigorod, Starodoub, Vichégorod,
Galitch — ce sont là dos noms de la Russie méridionale qui apparaissent
60 l ’h is t o ir e S O C IA L E DE L A RUS S IE
donné par les Petits-Russiens, était à cette époque répandu aussi dans le
Sud. Les Grands-Russiens sont donc demeurés les gardiens d’un vieil usage
de la Russie méridionale.
(1) K lio u tch evski , C o u rs, l re partie, p. 403.
I
62 l ’h is t o ir e S O C IA L E D E L A RUS S IE
XI
(1) Il faut ajouter que l’économie naturelle rendait très difficile, sinon
impossible, de dépouiller le producteur aussi complètement qu’on peut
le faire à des stades supérieurs de l’évolution économique. Dans la Russie
kiévienne, les « sorciers de finances » de notre époque eussent été écono
miquement impossibles. A chaque chose son temps. Dans une société
divisée en classes, la « loi de l’évolution économique » consiste dans le fait
que la part enlevée au peuple par ses « gardiens » et ses exploiteurs
s’accroît de plus en plus.
(2) « Le tribut levé par le prince et sa d r o u j i n a entretenait le commerce
extérieur de la Russie » ( K l i o u t c h e v s k i , C o u r s , 1re partie, p. 186).
(3) La conquête, par les Arabes, de l’Egypte et de la Syrie qui pro
curaient le blé au marché de Constantinople a plutôt favorisé le
développement de l’agriculture dans la péninsule des Balkans. Voir
Pierre G r e n i e r , L 'E m p i r e b y z a n tin , s o n é v o lu t io n s o c ia le et p o l i t i q u e ,
t. I, p. 160). Il est plus juste cependant de supposer que la conquête
de l’Egypte et de la Syrie par les Arabes a augmenté non l’agriculture
dans la péninsule des Balkans, mais seulement l’exportation des produits
balkaniques sur un marché précédemment acquis aux produits syriens
et égyptiens.
!/
l ’ a c t iv it é é c o n o m iq u e d u n o r d - e s t 65
X II
C O N D I T I O N S S O C IA L E S D E L A P R O D U C T I O N 71
(1) Il y eut, il est vrai, des gens de service qui cultivèrent eux-mêmes leurs
lots de terre. Nous en rencontrons aussi dans la Russie lithuanienne. Mais
ils se trouvaient toujours à l’échelon le plus bas de l’échelle de service et
•e fondirent par la suite avec les paysans. Ce n’est pas d’eux qu’il est ques
tion ici.
1
C O N D I T I O N S SOCIA LES D E L A P R O D U C T I O N 73
ifc n it sentir, c’était déjà le cas dans la région du Dniéper. Cet heu
h ü s e prin- reux temps ne se fit pas trop longtemps attendre.
économie, Dans la région située entre l ’Oka et la Volga, où se
t «y que. était portèrent tout d’abord les colons venus du Sud-Ouest,
aient eux- la population devint de plus en plus dense, car elle
I P o s a ie n t une éprouvait les plus grandes difficultés à s’ étendre, soit
er la terre à l’ Est, soit au Nord. Ce phénomène fortifia la position
rpèis souvent, des propriétaires fonciers et du gouvernement à l’égard
les agricul- des agriculteurs. «T a n t que dura l’entassement forcé
service, en de la population dans ce pays, les gens soumis au
rres dont le tiaglo furent bon gré, mal gré, obligés à plus de stabi
ir a it la pos- lité, ce qui facilita le travail d’organisation des pro
: retermination priétaires fonciers (1). »
du paysan Dès le milieu du x v e siècle, ils s’ efforcent d’obtenir
j*} deux par- la limitation légale des déplacements des paysans.
i Amorçait de Le résultat de leur effort fut le fameux « jour de la
: lâ c h a it à le Saint-Georges (2) », devenu proverbial. Le professeur
-t au prince, Klioutchevski fait remarquer que l’indication donnée
de résoudre par Herberstein d’une corvée paysanne de six jours
pouvoir poli- par semaine est exagérée, « mais son exagération même
licsàant à celui- témoigne de l’autorité qu’avait prise le propriétaire
l’agri- foncier dès le commencement du x v ie siècle, et cela,
fut peu à peu en effet, est confirmé par les témoignages de l ’époque ».
-i-Est ; l’asser- Cependant, si le jour de la Saint-Georges lim itait
fut l’ expres- le droit des paysans, il ne l ’abolissait pas. La nécessité
de cette abolition ne s’imposa pas tant que les conditions
re loin du ser qui empêchaient les paysans de quitter le pays entre
re de la Russie Oka et Volga continuèrent à exister. Or, elles dispa
sginer — s’ils rurent définitivement au milieu du x v ie siècle après
■« - a — le temps la chute de Kazan et d’Astrakhan. Alors le courant
im possib ilité impétueux de la population s’élança de la région cen
Volga, comme trale vers le Sud-Est, le long de la Volga, et vers le Sud, le
long du Don. Non seulement des villages, mais des
at eux-mêmes leurs
lithuanienne. Mais (4) L a D o u m a des b o ia r s , p. 308.
t T Mhelle de service et (2) Fête de la Saint-Georges d’automne (26 novembre). C’est ce jour
m i'eux qu'il est ques- là qu'en 1592, par un oukaze du tsar Féodor Ioanovitch, fut restreint le
droit du paysan de passer d'une terre sur une autre.
:
74 L H I S T O I R E S O C IA L E DE L A R U S S IE
A QUI A P P A R T E N A IT L A TERRE 75
A QUI A P P A R T E N A IT L A TERRE ? 79
X IV
: fin logi- bien leur abandonner de son revenu (1). » Nous verrons
sutimum bientôt pourquoi cet état de choses semble à Bouché-
Leclercq n’exister que « théoriquement ». Mais nous
;â Ft»n veut,
«tomaines pouvons constater dès maintenant qu’en Egypte la
suppression du droit de propriété du laboureur sur la
pro- terre fut beaucoup plus complète que, par exemple,
frapriêtaire en Chaldée. Dans ce dernier pays, la terre demeura en
Le comte grande partie la propriété de groupements basés sur
. le ministère la parenté du sang, et il y arriva souvent que, lorsque
rt les com- le souverain désirait disposer à son gré d’un morceau
Lenr action de terre appartenant à l’un ou l ’autre de ces groupe
ments, il le lu i achetait (2). Dans l’ ancienne Égypte
b fustigation
de même que dans la Russie moscovite, du moins à
la i requête
partir d’ Ivan le Terrible, le souverain ne se croyait
pas du tout obligé de dédommager ceux qu’il expro
priait. Quant à la Chine, les recherches de Sakha-
rov nous montrent que le système qui s’y était établi
environ mille ans avant la naissance du Christ était le
.Ses rapports
suivant : le paysan imposé occupait une terre de l’ État,
rchies
qu’il cultivait lui-même en partie pour le compte
de ce même État, et tous les hommes « de service »
étaient payés en terres. Pendant une période de plus
i est absolument
de mille ans, toute l’ histoire intérieure de la Chine se
. les crrands des-
confond, selon l ’expression d’ Êlisée Reclus, avec l’his
ki a eu tort de
toire de l’agriculture, et cette dernière, à son tour, n’ est
• avait rien eu de
autre chose que le tableau de la lutte pour la terre
exister ailleurs
qu’ont menée entre elles les différentes classes de la
• choses absolu-
société chinoise. Les gens de service s’efforçaient de
as été assujetti
rendre héréditaires les portions de terre dont ils avaient
. en Chaldée, en
la jouissance ; l’ État, de son côté, appuyé sur la masse
a t ces rapports
de développe-
. semblent avoir (1) B o u c h é - L e c l e r q , H i s t o i r e d es L a p id e s , t. III, Paris, 1906, p. 179.
(2) L a p io p r i é t é fo n c iè r e e n C h a ld é e d 'a p r è s le s p ie r r e s lim it e s (K a n d o u r r o u s )
d u m u s é e d u L o u v r e , par Ed. Cuq, professeur è la Faculté de droit de
l’Université de Paris, 1907, pp. 720, 728 et suiv.
. t$ sa , p . 134.
82 L H I S T O I R E S O C IA L E D E L A R U S S IE
XV
!î
liiutrumentum cas, n’était pas une simple collecte, mais un recouvre
at plus loin le ment accompagné de bastonnade qui s’effectuait de
t h pensée sociale deux manières, dit M. A. Lappo-Danilevski ; ou bien
entre la poli- le voïvoda — le gouverneur — envoyait dans le district
et le socialisme ses subordonnés avec mission d’exiger les arrérages par
la contrainte et de faire payer la taxe de voyage (1)
par les contribuables (souvent deux fois), et en plus
« le passage et la nourriture », ou bien les paysans étaient
appelés à la ville chez le gouverneur qui exigeait d’eux
Isous l ’influence double taxe et confisquait parfois leurs « biens »,
agricole. boutiques, ateliers, industries ; ils étaient de plus im pi
toyablement battus de verges. « A fin d’ enlever à ces
Ü
qu’un moyen
on ne peut le
hommes de charrue l’envie d’enfreindre à nouveau la
loi », on les faisait battre tout le jour, et, pour la nuit, i
îi
on les jetait en prison (2). »
i re* cautions survenue en Ce genre de rapports donne naissance à des mœurs
« socialistes chinois » originales dont le trait le plus caractéristique est que
p » n t de règne pour ren-
***** aux désirs du peuple le paysan àsservi par l’ État négligeait parfois de payer
vêt tcute une classe d’inqui-
g é o g r a p h ie , t. VII, l’impôt même quand il n’ était pas dépourvu de la
certaine malice, s’ex-
» ”* :dcs plus platoniques,
) auxquels i! comparait
qui effectua en Chine (1) Taxe de voyage, p r o g o n v , taxe affectée au payement des frais de
•m ptd* du soi-disant socia- voyage des fonctionnaires. {Note du traducteur.)
j q v ' u n nouveau et rapide
(2) A. L a p p o - D a n i l e v s k i , O r g a n is a t io n d e l 'i m p o s i t i o n d ir e c te d a n s
I k reconquérir la terre de V Ê t a l de M o s c o u d e p u is le te m p s des tr o u b le s ju s q u 'à l'é p o q u e d es ié jo r m e s ,
Saint-Pétersbourg, 1890, pp. 20, 341-342.
f
84 L H I S T O I R E S O C IA L E DE L A R U S S IE
[ LA RUSSIE
RENFORCEMENT DU POUVOIR CENTRAL 85
préférant s’acquitter
d’une force de résistance aux oppresseurs et aux exploi
fen travail, en produits
teurs.
sof, « saint héros de
« Au Nord, dit Klioutchevski, le colon ne trouve
- i « b vivre en Russie ?)
qu’avec peine, parmi les forêts et les marais, un endroit
■ces mœurs.
sec, assez sûr et commode pour qu’il puisse s’y fixer
encore une fois se con-
et y construire sa maison. Ces endroits secs étaient
engendrent les mêmes
de rares îlots dans la mer des forêts et des marais, et
iirser l’ étude de Wilkinson,
sur chacun d’eux, il y avait place pour un, deux ou trois
ent Egyptians, dont le
feux. Aussi les villages composés de un, de deux feux
■iiapitre fort instructif :
constituent-ils la forme dominante de la colonisation
i- iir e la punition par les
dans la Russie septentrionale, presque jusqu’à la
est que les anciens Égyp-
fin du x v n e siècle (1). » Il va de soi que la force de résis
espèce de bois, principa-
tance de tels villages était très peu considérable. i
Pour se mettre à l’abri, par exemple, des incursions
raison de dire que l’ histoire
des nomades qui, même au Nord-Est, troublaient la
pays qui se colonisée Mais
paix du paysan russe, les habitants de ces villages ! Si
s seulement que la Russie
devaient aider par tous les moyens possibles le renfor
mais d’ abord que la colo-
cement du pouvoir qui concentrait entre ses mains
aüîeurs qu’il l’a indiqué —
la défense du pays et son extension. Plus le territoire
aomades ; ensuite, que l’éco-
soumis était étendu et plus nombreux étaient ses
nisait la plaine orientale de
défenseurs. Nous voyons, en effet, que les paysans de
naturelle. L ’histoire des
la Russie du Nord-Est aidèrent à l’accroissement de la
b du Nord est aussi celle d’un
puissance princière et à l’ extension du territoire de
H-Gs la colonisation s’y est
l’ État ; le fameux « rassemblement de la terre russe »
fcms économiques absolument
par les Grands Princes de Moscou ne put s’effectuer
B.pagnée de tout autres rela-
avec tant de succès que parce que la politique de
soci^ fx et politiques y furent-
« rassemblement » rencontrait une viv e sympathie
dans le peuple. Mais, en même temps, les laboureurs
du Nord-Est, dispersés dans la profondeur des forêts,
nces, que nous venons d’ énu-
en de minuscules villages, étaient impuissants à résis
féographiques dans lesquelles
ter aux vexations et aux abus du pouvoir central
ation de la Russie du Nord-
qu’ils contribuaient eux-mêmes à augmenter ; un
retard dans le développement
village de deux ou trois feux ne pouvait opposer
qu’une résistance passive aux attentats de Moscou
Khure de Maspero, D u g e n re é p is to la ir e contre sa liberté, et les autres petits village se trou-
Paris, 1872, où l’auteur décrit la
w o n iq u e ,
aide de verges de palmiers. Des nègres
reaox.
(1) C o u r e d ’h is t o ir e ru s s e , l re partie, Moscou, 1308, p. 383.
86 l ’ h is t o ir e S O C IA L E DE L A R U S S IE
(1) 11 faut ajouter à cela l’influence des nomades que nous connaissons
bien maintenant et qui s’explique, en particulier par ce fait que « depuis
la domination tatare, les princes augmentèrent leur domination sur la
terre et ceux qui l’habitaient, parce qu’ils devàient répondre de l’exactitude
des payements dus aux khans pour la terre et scs habitants » (N. A r i s -
t o v , L 'i n d u s t r i e d a n s l'a n c ie n n e R u s s ie , Saint-Pélersbçurg, 1866, p. 49).
(1 ) S. F. P l a t o n o v , E s s a i s u r l 'h is t o ir e d es tr o u b le s d a n s V E ia i d e M o s c o u
d u X V I e a u X V I I I e s iè c le , 3e éd., Saint-Pétersbourg, 1910, p. 148.
(2 ) B ê l a e v ,
, H i s t o i r e de N o v g o r o d l a G r a n d e Moscou, 1864, p . 608*609.
Voir aussi Y H i s t o i r e d e la R u s s ie de Soloviev, livre Ier, p. 1375.
92 L H I S T O I R E S O C IA L E D E L A R U S S IE
L A R I V A L I T É DE S G E N S D E S E R V IC E 95
/ i
96 l ’h is t o ir e S O C IA L E D E L A R U S S IE
X V III
m —-i sociale de sement des villes aux dépens des villages rencontrait
d’obstacles, pour cette simple raison que la chaîne qui
1 il y avait attachait le paysan à la terre — aussi bien du seigneur
* •: : u de Pskov, que de l’ État — devenait sans cesse plus forte et plus
libres répu- courte.
» » t e Moscou firent L ’asservissement de la population entravait le déve
H-*r:-rrstein nous loppement du commerce et de l’industrie, mais ne
■ o c r e n t dans le pouvait cependant l’arrêter complètement. L e besoin
: ie Novgorod qu’avait la population de certains produits du travail
i^^uinissimus) des artisans ne pouvait être ni satisfait ni écarté par
m"- infecté par le servage des habitants de la Russie. Les circonstances
i* i r portée avec défavorables qui retardaient le développement de l ’ar
i : c a :_lîure et la tisanat dans nos villes amenèrent l’extension de l’in
ms t '.t remplacées dustrie domestique dans les villages et les hameaux.
3 cres presque en Par suite la vie économique de la Russie asservie prit
m iles , les Psko- une forme dont le caractère paradoxal n’ a pas été
! * nne telle honnê- remarqué par les écrivains qui aiment à voir dans la
iteüe simplicité que faible proportion de la population urbaine en Russie
indiqués sans la preuve que « la Russie n’est pas l’Occident » et que
re paroles desti- le Russe, réfractaire au travail industriel, s’ adonne de
imnhe des formes préférence au travail agricole. En 1861, A . Korsak,
■ à* la diffusion des se basant sur des données statistiques de 1856, a
; en. l ‘.re autrement, démontré que dans les gouvernements les plus indus
svait augmenté triels la proportion de la population urbaine était
En Russie, plus inférieure à la moyenne de la Russie entière ; que dans
rt. plus l’accrois- le gouvernement d’ Orel, la population urbaine était
de 9,77 pour 100, dans celui de Kharkov de 10,72
pour 100, dans celui de K iev de 10,88 pour 100, dans
*• m a i reste une corn
ante * autrefois, au t ia g lo , celui de Tauride de 18,38 pour 100, et que dans celui
- I* à Catherine II » de Kherson elle atteignait même 21,35 pour 100 ; alors
d u X V I I I e s iè c le ,
m -' efforts que faisait que dans le gouvernement de Iaroslav, elle ne dépas
wn : >>ians et les gens du
- “■ ‘ c.açait de punir de sait pas 8,2 pour 100, dans celui de Moscou (à l ’ex
*w. ■* non affranchie, ou ception du district de Moscou), 6,37 pour 100, et dans
- \ L a p p o -D a n i l e v s k i
« p. 172, n o te ) q u i le gouvernement de Vladimir 5,87 pour 100 (1),
»^ montre que cette
p a n , '. - -
i rz«i}e ténacité le gouver-
(1) D e s ,
fo r m e s d e F in d u s t r ie e n g é n é r a l e t de V im p o r la n c e d e la p r o d u c tio n
d o m e s tiq u e d a n s V E u r o p e o c c id e n ta le et la R u s s ie , Moscou, 1861, pp. 210-211.
106 l ’h is t o ir e S O C IA L E D E L A R U S S IE
(1) N. P. P avt .o v -S i l v a n s k i , L e s g en s d e s e rv ic e d u s o u v e r a in , le s g en s
2e éd., Saint-Pétersbourg, 1909, p. 223.
s o u m is a u s e rv a g e o u e n g a g é s ,
(2) Les princes lithuaniens se considéraient comme les héritiers légi
times de toutes les tenes de la Russie kiévienne. Olgerd disait aux cheva
liers teutoniques : « Omnis Russia ad Latvinos debet simpliciter perti-
nere ». (G r o u c h e v s k i , E s q u is s e d 'u n e h is t o ir e d u p e u p le o u k r a ïn ie n ,
p. 155, note).
(8) E s s a i s u r l'h i s t o i r e d e l 'E t a t r u s s o - lit h u a n ie n ju s q u 'à l 'u n i o n d e
L u b l i n in c lu s iv e m e n t, Moscou, 1910, p. 33.
tiîE L IN F LU E N C E DE L ETAT E C O N O M IQ U E 109
(1) L a G ra n d e P r i n c i p a u t é d e L i t h u a n i e d e p u is la c o n c lu s io n d e l 'U n i o n
(1569-1586), 1.1, Saint-Péters
d e L u b l i n / u s qu ’ A la m o r t d 'É l i e n n e B a f h o r y
bourg, 1901, p 518. Comme nou9 le voyons dans cette citation, l’expression
de p e u p le est employée par 1. I. Lappo, selon le vieil usage polono-lithua-
nien, dans le sens de classe ou d’état de la noblesse.
T T SS!E L IN FLU E NCE DE L ETAT E C O N O M IQ U E 111
XX
L A R U S S IE L A F O R M A T I O N DES « C O S A Q U E R IE S 117
i fin s re c u lé s , livre III, p. 314. (2 ) G r o u c h e v s k i , Essai d’une histoire du peuple ukrainien p. 281.
120 l ’h is t o ir e S O C IA L E D E L A R U S S IE
Hr* donné aux Kozaks vice auquel ils étaient astreints envers l’ État finit par
•- :m phe d’un nouveau faire d’eux l’un des instruments les plus commodes de la
.u même, d’un nouvel réaction contre le vrai mouvement libérateur du
peuple, si bien qu’en fin de compte l’histoire confirme
üstoire s’explique, elle pleinement la note.
de la Russie est l’his- L ’ Europe occidentale n’a rien connu qui ressemblât
dans les conditions à ces formations. Même les Confins Militaires de
cident, les éléments l’Autriche ne leur ressemblaient nullement, ni par
« villages s’ entassaient leur origine, ni par leur importance sociale, et c’est
aient aller ailleurs, pour cela qu’il est si difficile à un Européen de se
:-ntre, que l’économie faire une idée quelque peu exacte des Kozaks. Mais
le pays. Chez nous, d’autres parties du monde en ont eu l’équivalent.
r. -aient dans la steppe « De même que les nègres marrons de Surinam, autre
æc^siairement beaucoup fois si dangereux pour les Hollandais, les esclaves
«ea.ités centrales. Ainsi, fugitifs de Zanzibar ont formé une espèce de « Libéria »,
f'-i eat des éléments de entre le mont Yom bo et la section shimbalienne de la
. les Kozaks jouèrent chaîne côtière. Ils attaquent les caravanes qui, de
z.*. soupape préservant Mombaza, vont directement dans l’Ousoumbara, et
lin Tanger d’explosion. Au ont opposé une résistance victorieuse aux Monasa-
•s:*ort a été stérile, et gnombé, sous-tribu des Vonaigo, dont le sultan les
mj:rument d’oppression réclamait comme ses sujets. Il y a encore, suivant les
'•î* -Taire dont ils étaient Arabes, une petite république de même origine aux
ur bravoure et leur environs de Goulouan... Les voyageurs parlent avec
*r-'o its l’expression de effroi de la violence et de la cruauté des fugitifs qui
■rr'-îseur S. F. Platonov la composent (1) ».
.s î - t les Kozaks du Don, Ces fuyards africains et sud-américains sont des
: iV.-à-dire d’une époque Kozaks noirs en lutte contre les blancs propriétaires
. dorovitch, le « Temps d’esclaves ou contre les « autocrates » noirs. Mais leur
j-.m l ’être terminé. Cette révolte a contribué aussi peu au progrès des rapports
tz. : >ut à Sa Majesté le sociaux que celle des Kozaks blancs d’origine russe.
■j— . ontre tous ses enne-
■ Tes couleurs, car ils se
3t--} d’une fois encore, en
la-nsi que nous l’avons dit,
le —eurée stérile. Le ser
b
'S'
V.
V
124 l ’h is t o ir e S O C IA L E DE L A R U S S IE
XXI
;i
l ’œuvre que les rois de France avaient accomplie
dans leur pays, bien longtemps avant lui, et chez nous,
de même qu’en France, elle donna un sens nouveau >1
aux rapports de la classe supérieure avec la terre.
Auparavant la possession de la terre imposait à la
classe supérieure l’obligation du service militaire ;
maintenant qu’elle recevait pour son service un « sa
laire » en argent et non plus en terres, elle devait
f :,„
l.*feV3
1
▼
RUS SIE
y * --K l ’é v o l u t io n vers l ’o c c id e n t 129
*: 'ans la Garde (1) ». pomêchtchiki) ne dominent que pour un temps »,
l'-a iiers régiments de et là-dessus Posochkov conseille de prescrire par
i n ssus de la noblesse, oukaze que « les paysans soient de véritables paysans
irrigations des rangs et non des mendiants ; car leur richesse est celle de
.ts « autocrates » se l’ empereur (1) ».
w : . lance de ces nobles Les paysans pensaient cela déjà sous Pierre le Grand,
ni* soldat. A son point à un moment où le service obligatoire des nobles
a h-* raison de ne pas n’était pas encore supprimé. Ce service leur apparaissait
t «c -le les appeler des janis- comme la seule justification de leur asservissement
■trnements qui se sont momentané. Lorsque les nobles n’ y furent plus astreints,
P r à l’ avènement de les paysans trouvèrent qu’eux aussi devaient être
Z- Garde ; en 37 ans, libérés, car le travail servile qui leur avait été imposé
- ont eu lieu avec sa pour un temps n’avait plus de raison d’ être. La libé
'a Garde, à Péters- rale Catherine fut obligée de les détromper. Aussitôt
~ aies du Sénat et du après son accession au trône, elle proclama qu’elle
air.-..ères des assemblées avait l ’intention de a maintenir inviolablement les
? - r-lant un temps, l’ab- seigneurs dans leurs biens et possessions, et les paysans
. de facto, par le sabre dans l’obéissance qu’ils leur doivent ». Mais cela ne
■t- soldat de la Garde, convainquit nullement les paysans qui ne cessèrent
>: ivait être durable. Il d’attendre la liberté ; presque chaque souverain dut
iu ; innettes en des mains répéter à son tour que la suppression du servage n’en
r*ûr\ jtism e dans toute sa trait pas dans le programme de son règne, mais les
•rapports des classes entre paysans mettaient cela au compte des seigneurs.
*e ~ .e ce pays ne pouvait Ils comprenaient bien que ceux-ci s’ opposeraient de
-m a .a façon de la Pologne, toutes leurs forces à leur émancipation, et plus ils
toc demeurer un pays de' y aspiraient, plus augmentait aussi leur haine contre
les seigneurs. Cette haine affermissait l’autocratie
Ivan Posochkov, lui- de Pétersbourg. Toute tentative de la noblesse de
exprime la conviction lim iter d’une manière évidente et formelle le pouvoir
temps en disant, dans absolu se serait rapidement brisée contre l ’opposition
r. la richesse », que « les unanime de la classe inférieure. Nullement développée
is- liront pas éternellement au point de vue politique, la masse paysanne, au sein
r-r e i i maître (des paysans), de laquelle éclataient continuellement, en un lieu
r< Russies, et eux (les ou en un autre, des révoltes contre les seigneurs,
136 L H I S T O I R E S O C IA L E D E L A R U S S IE
X X III
L ’européanisation de la Russie.
Ses limites dans la réforme de Pierre le Grand
et sous son influence immédiate.
(1)L 'é c o n o m ie n a t io n a le e n R u s s ie d a n s le p r e m ie r q u a r t d u X V I I I e s iè c le
, Saint-Pétersbourg, 1892, pp. 268-269.
et la r é f o r m e de P i e r r e le G r a n d
(2 )D’après S. F. P l a t o n o v , Pierre payait un t r i b u t aux idées de son
siècle qui avaient suscité en Occident le système connu du protectionnisme
mercantile (C o u r s , 6« édit., pp. 488-489). Mais Pierre payait surtout tribut
à la vieille Moscou contre laquelle il luttai t si cruellement en d’autres cas.
140 l ’h is t o ir e s o c ia l e de la Ru s sie
»V i. S é m e v s k i , t. II,p p.l35 -
(1) Voir mon article, L 'é m a n c i p a t io n des paysans, dans la revue
M i r , 1911, fasc. 2
S o o ré m e n n y
150 l ’h is t o ir e S O C IA L E D E L A R U S S IE
XXV
v
PROGRÈS DE LA C U L T U R E G É N É R A L E 153
: hable que emprunté à l ’Occident a quelques chances d’être
-- i sera cer- réalisé en Russie.
- prolétariat J’ai déjà dit que la culture qui avait pénétré
' i 'é et l’est en Russie après la réforme de Pierre le Grand
- liasse pay- a gardé longtemps un caractère « noble ». Ceci est
- 'c-révolution particulièrement évident dans la littérature. Bien que la
~~ irts sociaux classe paysanne lui eût donné, presque dès le début,
i i -e le peuple un homme éminent, Lomonosov, cependant nos lit
: t en d’ autres térateurs se recrutèrent pendant longtemps sur
tout dans la noblesse. Dans la peinture, il n’en
fut pas tout à fait de même, mais elle ne servit
d’abord que les besoins esthétiques de la noblesse.
Cependant la partie conservatrice de celle-ci était
trop peu éclairée pour s’intéresser à la littérature et
*aoêrale; à l’art ; pratiquement elle n’avait guère besoin de la
littérature (la peinture pouvait du moins servir aux
portraits), et ses principaux besoins de classe étaient
s des nouveaux
suffisamment satisfaits par 1’ « action directe » qu’exer
çaient les milieux de la haute bureaucratie ourles
casernes de la Garde. Quant à la partie avancée de la
: - ü n » une partie noblesse, elle commença à exprimer ses tendances dans
- • : le capitalisme la littérature au moment où, ep Occident, la lutte du
: i ' u social solide Tiers État contre l’aristocratie laïque et ecclésias
- • ie ce moment tique était déjà engagée. Cela devait forcément influer
-. ïuces cessèrent sur le caractère de ses tendances. Tout en continuant
- i : hommes de à être sous certains rapports « grands seigneurs »
“ rnt que l ’idéal jusqu’au bout des ongles, nos jeunes idéologues nobles
eurent une attitude de réprobation à l’égard des plus
grossières manifestations d’ égoïsme de leur classe.
. la brochure extrê-
'M in e , Saint-Péters- C’est ainsi qu’au x v m e siècle déjà, ils attaquèrent
" , :. zl à Tatiention du
violemment les abus du servage et certains d’entre
î_r législation sur la
-é* pour sa mise en eux parlèrent même de l’abolir complètement. Il
* grande masse des y en eut aussi pour exprimer des exigences sociales
vactère sérieux. La
- immune rurale par et politiques dont la réalisation eût entraîné l’aboli
~~ '"lue le passage du
: tes, mais en laissant tion totale des privilèges de la classe noble et permis à la
"s tardées aux paysans, bourgeoisie d’atteindre un large développement éco
- - . at prévoir une lutte
nomique et politique. Il suffit de rappeler les Décem-
154 L H I S T O I R E S O C IA L E D E L A R U S S IE
(1) On connaît le mot du eomte Rostoptehine que chez nous les aristo
crates s’étalent posé le meme problème politique que les cordonniers
en France (G. £.)•
P RO G R ÈS DE L A C U L T U R E G É N É R A L E 155
\{ . X.
2 1 RUSSIE
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V. Le vieux slave par S. M. K u l ’ b a k in . . {E n préparation.)
VI. Introduction à l’histoire et à la dialectologie du serbo-
croate, par A. B e l i <î , ................................. {E n préparation.)