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Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/cedref/1268
ISSN : 2107-0733
Éditeur
Université Paris VII-Denis Diderot
Édition imprimée
Date de publication : 1 septembre 2019
Pagination : 118-135
ISSN : 1146-6472
Référence électronique
María Luisa Femenías, « Épistémologies du Sud : lectures critiques du féminisme décolonial », Les
cahiers du CEDREF [En ligne], 23 | 2019, mis en ligne le 03 décembre 2019, consulté le 16 décembre
2019. URL : http://journals.openedition.org/cedref/1268
Épistémologies du Sud :
lectures critiques
du féminisme décolonial1
Il la décrit sur le mode suivant : les groupes sociaux qui ont pro-
duit des changements progressistes dans les périodes récentes sont pré-
cisément ceux qui sont totalement invisibles pour la théorie critique
Épistémologies du Sud : lectures critiques du féminisme décolonial 121
Comme on le sait, Aníbal Quijano est l’un des plus importants théo-
riciens du courant décolonial. Quijano constate que bien qu’en Amé-
rique Latine, la colonie ait pris fin il y a deux cent ans, la “coloniali-
té” persiste dans ses structures et sa stratégie culturelle, puisqu’on la
décèle dans le racisme, l’eurocentrisme épistémique, l’occidentalisa-
tion des modes de vie (qu’elle soit violente ou négociée), et dans les pri-
vilèges sociaux et économiques que l’éducation reproduit (Quijano,
2000 ; 2011). Sur ces bases, Quijano relit le “mythe de la modernité” et
propose une unité d’analyse originale à partir des catégories de “race”,
“différence coloniale”, “système-monde-moderne /colonial”, “blessure
coloniale”, et “colonialité”, entre autres. Une des premières questions
qu’il a laissée irrésolue est celle de savoir si ces catégories valent seule-
ment pour l’Amérique Latine ou si elles s’appliquent à d’autres pays
qui ont également été colonisés comme l’Australie, l’Afrique du Sud
ou le Canada.
soit) obscurcit d’autres formes de pensées (c’est pour cela qu’elle est
hégémonique). Elle minimise ou déqualifie les autres connaissances
et les connaissances autres, les modes d’organisation sociale ou les sys-
tèmes de valeurs —en somme, elle impose sa vision du monde. Dans
cette perspective, le concept d’“épistémicide” forgé par de Sousa San-
tos permet bien de rendre compte de la destruction des savoirs propres
des peuples à cause du colonialisme (européen, états-unien ou autre)
qui impose la science occidentale telle qu’on la comprend habituelle-
ment comme unique méthode scientifique valable (De Sousa Santos,
2010 : 8). Dès lors, l’autre de la science et de la société actuelle est-il
meilleur et préférable en soi ? Sous quels critères ?
Il s’agit malgré tout d’une question ouverte que nous devons conti-
nuer à explorer.
Épistémologies du Sud : lectures critiques du féminisme décolonial 133
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