Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
DCEM1
HÉMATOLOGIE
CLINIQUE
ET BIOLOGIQUE
ONCOLOGIE
Enseignants ayant participé à l’élaboration du module d’enseignement
175 GÉNÉTIQUE
Génétique et cancer 176
Génétique des hémoglobinopathies 185
Contrôle génétique de l’hémostase 190
Prévention des maladies héréditaires hématologiques 192
HÉMATOLOGIE
CLINIQUE
ET BIOLOGIQUE
ONCOLOGIE
HÉMATOLOGIE
CLINIQUE
ET BIOLOGIQUE
Les antigènes (Ag) de groupes sanguins (GS) sont des 2-1 SYSTÈME ABO
molécules qui couvrent la surface des hématies et par- Découvert en 1900 par Landsteiner, le système ABO
ticipent à leur identité. Cette variabilité antigénique (ou permet de classer les différents groupes sanguins se-
polymorphisme) observée entre les individus est généti- lon :
quement transmise et détermine le phénotype érythro- • La présence ou non d’Ag A ou B à la surface des glo-
cytaire. bules rouges.
L’ensemble des variants antigéniques d’un composé • La présence ou non d’Ac naturels anti-A ou anti-B dans
membranaire constitue un système : Ex système ABO le sérum.
avec les antigènes A ou B, système Rhésus avec les an- Leur détermination se base sur la caractérisation des Ag
tigènes D, C, c, E et e, etc. Les individus présentant une présents à la surface des érythrocytes par l’épreuve de
même association d’antigènes érythrocytaires appar- Beth-Vincent et des Ac naturels sériques par l’épreuve
tiennent à un même groupe sanguin érythrocytaire (ex : de Simonin. Ces deux recherches sont obligatoires et
présence d’Ag A et d’Ag B = groupe AB). doivent être concordantes pour établir un groupe san-
Lorsqu’ils sont introduits dans un organisme qui les re- guin ABO. Une exception toutefois chez le nouveau-né de
connaît comme étrangers, ces Ags peuvent être la cible moins de six mois dont les anticorps ne sont pas bien
d’anticorps sériques anti-érythrocytaires naturels ou im- développés, et chez lequel les résultats donnés sont non
muns, dont la ixation entraînera une lyse des GR parfois déinitifs.
grave, voire mortelle. Ceci s’observe dans 2 domaines de
la pathologie : les accidents immunologiques transfu- 2-1-1 Les antigènes du système ABO :
sionnels et la maladie hémolytique du nouveau-né. Les Ag A, B et H sont des sucres portés par des glycoli-
Actuellement 30 systèmes de GS sont répertoriés par la pides membranaires des hématies, des cellules épithé-
Société Internationale de Transfusion Sanguine (2012). liales et endothéliales. Ils sont également présents dans
Cependant, nous nous intéresserons, dans ce cours, aux le plasma, la salive ou le lait.
systèmes de GS les plus importants en médecine trans- Leur expression sur les hématies est contrôlée par 2
fusionnelle : systèmes génétiques ABO et H/h qui fonctionnent sur un
• Le premier, ABO, car il entraîne un accident immuno- mode diallélique codominant.
logique transfusionnel immédiat en cas de transfusion
incompatible. a. Le locus Hh : 2 allèles H et h.
• Le second, Rhésus, car l’immunogénicité de ses Ags • L’allèle H code pour une enzyme qui forme l’antigène
entraîne très fréquemment des immunisations res- H. L’antigène H est nécessaire à la synthèse ultérieure
ponsables d’accidents ultérieurs et d’incompatibilités des antigènes A et B.
fœto-maternelles. • L’allèle h est un gène amorphe non fonctionnel extrê-
mement rare. Sa présence à l’état homozygote (h/h)
est responsable du phénotype Bombay absence d’Ag H
(voir plus loin).
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
6 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
b. Le locus ABO : 4 principaux allèles A1, A2, B et O. Le système ABO
• L’allèle A1 et A2 codent pour une même enzyme qui
transforme l’Ag H en Ag A.
La distinction A1/A2 n’a pas d’intérêt clinique majeur.
• L’allèle B produit une enzyme qui transforme l’Ag H en B.
• L’allèle O est non fonctionnel du fait d’une délétion im-
portante de la séquence codante, et aucune enzyme
active n’est produite. A l’état homozygote, il conduit à
l’absence d’Ag A ou B sur les GR, correspondant au
groupe O avec de l’AgH sur les hématies (cf schéma
biosynthèse).
NB/ Chez les rares sujets h/h (Bombay), ces étapes, fai-
sant intervenir le système génétique ABO, n’auront pas
lieu faute de substance H.
f1
B I OSY NT H E SE DE S A NT I G E NE S H , A , B
Fréquence des 4 principaux phénotypes ABO
Pr écur seur E nz H = H /H , H /h A NT I G E NE H
Groupes Fréquence en Fréquence en
sanguins Tunisie Trance
a % 32 45 %
A /A , A /O = E nz A B /B , B /O = E nz B B 17 % 9%
AB 5% 3%
O 46 % 43 %
A NT I G E NE A A NT I G E NE B
A /B : E nz A + E nz B : A NT I G E NE A +A NT I G E NE B
O/O: pas E nz A , pas E nz B : A NT I G E NE H
2-2 LE SYSTEME RHESUS (RH)
h/h = B ombay Pr écur seur non modifié , pas d’ A g A pas d’ A g B 2-2-1 Les antigènes du système Rhésus :
Le système RH comprend une cinquantaine d’Ag de na-
Pr écur seur Pr écur seur
ture polypeptidique. Seuls 5 d’entre eux ont un intérêt
clinique en médecine transfusionnelle. Il s’agit des an-
tigènes D, C, E, c et e. L’expression de ces antigènes est
contrôlée par 2 gènes (RHD et RHCE) adjacents (en tan-
dem).
2-1-2 Les anticorps naturels Anti-A et Anti-B Le gène RHD détermine l’expression de l’Ag D. Il est pré-
Les Ac anti-A et anti-B, dirigés contre les Ag du système sent chez 90 % des individus en Tunisie qui sont donc
ABO, sont appelés Ac naturels réguliers, car ils sont Rhésus positif ou D+. Les 10 % Rhésus négatifs ont une
présents de façon constante chez tout individu qui ne délétion complète du locus RHD, à l’état homozygote qui
possède pas le (ou les) Ag(s) correspondant(s). conduit à l’absence d’Ag D. Le phénotype de ces individus
• Sujets de groupe A a Ac Nat anti-B s’écrit D.
• Sujets de groupe B a Ac Nat anti-A
• Sujets de groupe O a Ac Nat anti-A et anti-B Génotype Phénotype Fréquence
• Sujets de groupe AB a pas d’Ac Nat anti-A
et anti-B Allèle 1 Allèle 2
Ils sont de classe IgM, capables d’agglutiner les GR in D D D+ Rhésus
vitro à froid, on parle d’agglutinines. A 37 °C, en particu- D (-) ou d D+ positif
lier in vivo, ces IgM sont également capables de lyser les ~ 90 %
GR par activation du complément sanguin. (-) ou d (-) ou d D- Rhésus
négatif
Anticorps naturels Anticorps Immuns
~ 10 %
Préexistent à toute stimulation Suite à une allo-immunisation
antigénique
• Le gène RHCE est responsable de l’expression des Ag
Non hémolysant Hémolysant C, c, E et e.
Titre faible Titre élevé • Les gènes RHD et RHCE forment un haplotype trans-
Non opsonisant mis en bloc.
Opsonisant
Optimum thermique : +4 °C • Les hapotypes les plus fréquents sont : DCe, DcE et dce.
Optimum thermique : 37 °C
Surtout IgM IgG Surtout IgG 2-2-2 Les anticorps anti Rhésus :
Ne traversent pas la barrière Traversent la barrière Les Ac anti-rhésus résultent d’une réponse immunitaire
fœto-placentaire fœto-placentaire induite par alloimmunisation : grossesse ou transfusion
sanguine incompatible. Le risque d›alloimmunisation est
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1 7
plus important pour les antigènes les plus immunogènes Épreuve globulaire Épreuve sérique
comme le rhésus D, mais aussi les autres Ag rhésus (C, Sérums-tests Hématies-tests
E, c, e). Ce sont le plus souvent des IgG (IgG1 et/ou IgG3) Phénotype
qui traversent le placenta. Ils entraînent une hémolyse Anti-A+
Anti-A Anti-B A1 A2 B
tissulaire. B
• La fréquence d›apparition des Ac anti D suite à une A1 +++ - +++ - - +++
erreur transfusionnelle ou à une incompatibilité Rh +++ - +++ - - +++
A2
D fœto-maternelle et leurs conséquences justiient le
respect systématique et obligatoire de la compatibilité B - +++ +++ +++ ++ -
RhD en transfusion sanguine. A1B/A2B +++ +++ +++ - - -
• En pratique, on ne peut tenir compte de tous les anti-
O - - - +++ ++ +++
gènes pour réaliser une transfusion faute de quoi on
ne disposerait jamais du bon groupe sanguin au bon
•Une carte de groupe sanguin ne sera remise qu’après
moment. La transfusion standard ne tient compte que
une deuxième détermination de groupe sanguin, réali-
du groupe ABO et le Rhésus D (Rh+ ou Rh -). Dans les
sé sur un prélèvement différent (deux techniciens, deux
situations à risque d’apparition d’un alloAc ou celles où
lots de réactifs).
cet alloAc serait particulièrement dangereux, on tient
•L’analyse de l’Ag D suit les mêmes principes en se limi-
compte d’un certain nombre d’autres systèmes dont au
tant à l’étude de la réactivité des hématies par de l’Ac
le Rhésus C, E, c, e. Il s’agit des enfants, des femmes
anti-D (épreuve globulaire).
en âge de procréer, et des malades transfusés à plu-
•A l’heure actuelle, l’utilisation d’automates de grou-
sieurs reprises. Dans ce cas, la présence des Ac anti
pages et de validation informatique des résultats repré-
rhésus contre-indique une transfusion incompatible.
sente une avancée majeure dans la sécurité transfu-
sionnelle.
3- AUTRES SYSTÈMES D’INTÉRÊT 4-2 TEST DE COMMBS (DIRECT ET INDIRECT)
CLINIQUE EN TRANSFUSION SANGUINE
4-2-1 test de coombs direct
Il s’agit des systèmes Kell (Kel), Duffy, Kidd et MNS. Principe : mettre en évidence la présence d’Ac anti-GR
Certains antigènes de ces systèmes de groupes san- (allo ou auto-Ac) ixés in vivo sur les hématies du patient
guins sont très immunogènes. par l’addition in vitro d’anticorps anti-Ig humain ou réac-
Ce sont : tif de Coombs.
• L’Ag Kel 1 pour le système Kell L’agglutination des hématies par le réactif de Coombs ou
• Les Ag Fya, Fyb pour le système Duffy test de Coombs direct positif témoigne de la présence
• Les Ag Jka, Jkb pour le système Kidd d’Ac ixé in vivo sur les GR du patient.
• L’Ag S, s pour le système MNS Ceci s’observe pour les alloanticorps lors de la maladie
Leurs anticorps peuvent être impliqués dans des ac- hémolytique du nné sur les GR du nné ou lors des trans-
cidents transfusionnels immunologiques ou dans des fusions incompatibles et pour les AAC dans les AHAI.
problèmes d’incompatibilité fœto-maternelle. Une re-
cherche d’anticorps irréguliers est donc indispensable 4-2-2 test de coombs indirect
pour les détecter avant toute transfusion de globules Ce test se déroule en 2 étapes, une étape de sensibilisa-
rouges (voir plus loin RAI). Lorsqu’ils sont présents, ils tion des GR par un premier Ac anti-GR suivi de l’addition,
imposent la recherche de culots globulaires immunolo- dans une deuxième étape, de l’anti-Ig de Coombs.
giquement compatibles. Applications :
Phénotypage érythrocytaire
Ordre décroissant d’immunogénicité des Ag de GS : D>- +Recherche de Du
Kell>E>c>Fya>Jka +Phénotype rhésus complet, kell, Duffy……
Épreuve de compatibilité au lit du malade (cf cours trans-
fusion)
4- LES EXAMENS BIOLOGIQUES RAI (cf cours transfusion)
Règles de compatibilité ABO pour les transfusions de Concen- 5-1-2 Risque lié à la présence d’anticorps immuns ir-
trés de Globules Rouges réguliers dans le sérum du Receveur
Les Ac dirigés contre les Ag érythrocytaires non ABO sont
immuns et irréguliers. Leur présence dans le sang d’un
A individu est le résultat d’une immunisation contre un ou
plusieurs Ag lors d’une transfusion sanguine antérieure
ou lors d’une grossesse.
5-1 ALLOIMMUNISATION
FŒTO-MATERNELLE ET MHNN
B On connaissait depuis longtemps les ictères graves sur-
venant à la naissance chez les enfants successifs d’une
même fratrie. En général, la gravité des ictères augmen-
NB - CAS PARTICULIER : LE PHÉNOTYPE BOMBAY : tait d’un enfant au suivant. Levine expliqua cette maladie
Ils ne peuvent donc être transfusés qu’avec des GR Bom- hémolytique du nouveau-né (MHNN) par un processus
bay, car ils possèdent des Ac anti-A et anti-B, un Ac na- d’allo-immunisation fœto-placentaire mettant en cause
turel anti-H et agglutinent donc tous les GR sauf les GR l’antigène D dans 95 % des cas.
bombay
b-Le cryoprécipité
Il est préparé par cryoprécipitation d’un PFC congelé 4– ACTE TRANSFUSIONNEL ET SÉCURITÉ
puis décongelé à + 4 °C. DE LA TRANSFUSION
• Caractéristiques
Unité de 10-20 ml. L’acte transfusionnel est acte médical qui engage res-
Il est riche en facteur VIII, en ibrinogène, en facteur ponsabilité du médecin prescripteur et de la personne
Willebrand et en facteur XIII. qui l’effectue sous sa responsabilité. Il doit être réalisé
• Conservation : à -30 °C pendant 1 an en respectant les règles de sécurité transfusionnelle
• Indications : L’acte transfusionnel comporte plusieurs étapes : pres-
Depuis la disponibilité des concentrés de facteurs de la cription du PSL, réalisation des examens prétransfu-
coagulation spéciiques (voir infra), le cryoprécipité est sionnels, l’acte transfusionnel proprement dit et le suivi
de plus en plus abandonné du fait du risque viral rési- post-transfusionnel du receveur.
duel.
Il était utilisé notamment pour le traitement de l’hémo- 4-1 LA PRESCRIPTION
philie A, de la maladie de Willebrand, des hypo- ou ai- L’indication de la transfusion doit être bien posée ain
brinogénémies et des coagulopathies de consommation. d’éviter toute transfusion inutile. Il faut prescrire le PSL
adéquat, à la posologie adéquate en tenant compte des
3-2 LES PRODUITS SANGUINS STABLES besoins spéciiques de chaque patient.
Ce sont des médicaments obtenus par fractionnement La demande de PSL se fait au moyen d’un formulaire
du plasma. Ils se caractérisent par une conservation standard (annexe3) qui doit être soigneusement rempli.
longue dans des conditions standard, une absence de
risque viral résiduel, car ils subissent une inactivation 4-2 LES EXAMENS PRÉTRANSFUSIONNELS
virale au cours de la procédure de fabrication. Cinq examens immunohématologiques clés réalisés
chez le receveur permettent de prévenir les complica-
3-2-1 L’albumine plasmatique humaine tions immunologiques de la transfusion érythrocytaire.
Elle existe sous 2 formes : 20 % et 4 %
L’albumine possède un pouvoir oncotique élevé et consti- a- Le groupage sanguin ABO/RhD
tue donc une solution de remplissage de choix, mais son Il est obligatoire. La transfusion de CGR implique obliga-
coût élevé limite son utilisation. toirement le respect de la compatibilité ABO et Rhésus.
Elle est indiquée dans les hypo protidémies et dans les
déicits volémiques importants. b- Le Phénotypage Rhésus et Kell
E, e, C,c, K
3-2-2 Les facteurs de l’hémostase d’origine plasma- Il est indiqué chez la petite ille, la femme en âge de pro-
tique créer et le polytransfusé.
a- Le concentré de facteur VIII
Indiqué dans le traitement de l’hémophilie A et de la ma- c- La recherche d’anticorps irréguliers (RAI)
ladie de Willebrand Elle consiste à tester le sérum du patient vis-à-vis de GR
b-Le concentré de facteur IX tests de phénotype connu permettant de détecter les an-
Indiqué dans le traitement de l’hémophilie B ticorps correspondant aux antigènes érythrocytaires les
c-Le concentré de facteur Willebrand plus immunogènes (Rhésus, kell, duffy, kidd…). En cas
Indiqué dans le traitement de la maladie de Willebrand de positivité de la RAI, le résultat doit être consigné sur
d-Le concentré de ibrinogène la carte de groupe sanguin.
Indiqué dans le traitement des hypo ou l’aibrinogénémie La RAI est indiquée chez les polytransfusés et les
e-Le concentré du complexe prothrombique ou PPSB femmes multipares.
Il contient la Prothrombine (facteur II), la Proconvertine
(facteur VII), le facteur Suart (facteur X) et le anti-hémo- d-L’épreuve de compatibilité au laboratoire (EDCL)
philique B (facteur IX). Elle consiste à tester le sérum du receveur vis-à-vis des
hématies à transfuser par, au minimum, un test à l’anti-
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
14 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
globuline (Coombs indirect). Elle permet une attribution 4-3 L’ACTE TRANSFUSIONNEL
nominative du produit érythrocytaire compatible. Il est réalisé sous la responsabilité d’un médecin.
L’EDCL est obligatoire avant toute transfusion de produit - Informer le patient du déroulement de l’acte transfu-
érythrocytaire (CGR). sionnel, chaque fois que c’est possible.
e- L’épreuve ultime au lit du malade - Prendre le pouls, la pression artérielle, la température
Cette épreuve est obligatoire. Elle permet d’éviter un er- et noter l’état de conscience du patient
reur dans le système ABO - Le produit sanguin est réchauffé en le laissant s’équili-
Elle comporte deux étapes : brer avec la T° ambiante ou au moyen d’un réchauffeur
• Le contrôle de la concordance des documents de tubulure. Il doit être transfusé dans les 6 heures sui-
- Demander au patient de décliner son identité vant sa réception.
- Vériier la concordance entre l’identité du patient et - Utiliser un transfuseur avec iltre adapté et une grosse
celle sur la carte de groupe sanguin veine
- Vériier la concordance du groupe sanguin du patient - Adapter le débit en fonction de l’état cardiovasculaire
(carte de groupe) avec celui du CGR du patient (1 à 2 h)
- Vériier que l’épreuve de compatibilité au laboratoire a - Ne pas injecter des solutés ou médicaments pendant
été effectuée la transfusion
- Vériier l’aspect, l’intégrité et la date limite de validité - Surveiller le patient en continu pendant les 15 pre-
du CGR à transfuser mières minutes puis de façon adaptée à la clinique
- S’assurer de la concordance entre les résultats des RAI - A la in de la transfusion, conserver la poche vide au
et le phénotype du CGR frigidaire pendant 2heures
• Le contrôle ultime de compatibilité en présence du - Devant tout signe d’intolérance, arrêter la transfusion
patient et brancher une perfusion de sérum physiologique
Il peut se faire selon l’une des méthodes suivantes : - Enregistrer la transfusion et son déroulement sur la
- un contrôle du groupe ABO du patient et du CGR à iche transfusionnelle du patient et le registre transfu-
transfuser par une épreuve globulaire sionnel du service.
- un contrôle direct de la compatibilité entre le plasma du
patient et le CGR à transfuser. 4-4 LE SUIVI POST-TRANSFUSIONNEL
DU RECEVEUR
RAI : entre 7è et 21è jours post-transfusionnel.
Sérologies virales : 3 mois après la transfusion
Don de sang
Cryoprécipité
Pool de plasma
Fractionnement - Albumine
- Immunoglobulines
- Facteurs de la coagulation (VIII, IX, ibrinogène…)
- Colle biologique
Centrifugation
Plasma riche en
plaquettes
Centrifugation
Plasma frais
Congélation à -30 °C
QROC
1. Énumérer les principes du don de sang en Tunisie
6. Décrire brièvement les différentes étapes de réalisation du test ultime au lit du malade
QCM
1- Les examens immunohématologiques obligatoires avant toute transfusion de globules rouges sont :
A. Groupage ABO et Rh standard D
B. Phénotypage Rh-Kell
C. Recherche d’anticorps irréguliers [RAI]
D. Épreuve de compatibilité au laboratoire [Cross match]
E. Test de coombs direct [TCD]
2- Parmi les transfusions suivantes, la ou lesquelles est [ou sont] possible [s] :
A. Un patient de groupe A est transfusé par du PFC de groupe AB
B. Un patient de groupe B est transfusé par un PFC de groupe O
C. Un patient de groupe AB est transfusé par un PFC de groupe B
D. Un patient de groupe O est transfusé par un PFC de groupe A
3- Parmi les circonstances cliniques suivantes, la ou lesquelles constitue [ent] une indication du phénotypage
érythrocytaire Rhésus-Kell :
A. Patientes de sexe féminin avant la ménopause
B. Hémoglobinopathie constitutionnelle
C. Aplasie médullaire idiopathique
D. Sujet âgé
E. Polytraumatisé de sexe masculin âgé de 30 ans
6- La RAI
A- Consiste à tester Le sérum du malade + panel de globules rouges
B- Dispense de la pratique de l’épreuve de compatibilité au laboratoire si elle est négative.
C- Peut être négative 2 jours après un accident hémolytique post transfusionnel
D- Recherche des anticorps ixés sur les globules rouges
11- Au cours d’un syndrome hémorragique la transfusion de concentrés plaquettaires est justiiée en cas de :
A- thrombopénie périphérique à 10000/mm3 sans signes de gravité
B- CIVD C- leucémie aiguë en aplasie post-chimiothérapie
D- thrombopathie de Glanzmann E- maladie de Willebrand
Réponses
1) -Parmi les propositions suivantes la (ou lesquelles) représente un accident transfusionnel immédiat :
A- Le choc endotoxinique B- La réaction frisson-hyperthermie
C- L’alloimmunisation anti-HLA D- La séroconversion virale
E- Le TRALI
2) -Parmi les propositions suivantes concernant la GVH post-transfusionnelle la (ou lesquelles) est (sont) vraie(s) :
A- Il s’agit d’un accident bénin B- Il s’agit d’un accident fréquent
C- Elle survient chez les patients immunodéprimés D- Elle survient chez les patients déicitaires en IgA
E- Elle est prévenue par l’irradiation des PSL
3) -L’hémochromatose :
A- Survient chez les polytransfusés B- Fait suite aux transfusions itératives de plaquettes
C- Est un accident immédiat de la transfusion D- Est un accident immunologique de la transfusion
E- Est prévenue par la déleucocytation des PSL
5) -Le TRALI :
A- Correspond à un œdème de surcharge B- Est une réaction fréquente
C- Survient chez les déicitaires en Ig A D- Survient généralement à J7 post transfusionnel
E- Est un accident immunologique de la transfusion
6)- Parmi les propositions suivantes concernant l’accident hémolytique retardé la ou lesquelles
est (sont) vraie (s) :
A- IL est généralement lié à des anticorps anti-HLA B -Il survient quelques jours après la transfusion
C- Il est prévenu par le lavage des PSL D- Il se manifeste par une hémolyse intratissulaire
E- La RAI est positive
7- Parmi les propositions suivantes concernant l’incompatibilité ABO la (lesquelles) est (sont) vraie(s) :
A- Il s’agit d’un accident bénin B- Il survient suite à une transfusion de plaquettes
C- Il se manifeste par une hémolyse intravasculaire D- Est un accident retardé de la transfusion
E- Peut être prévenu par le test ultime au lit du malade
7- C,E
6- B, D, E
5- E
4- D
3-- A
2- C, E
1- A, B, E
Réponses
Pré-requis
1. Globule rouge : structure et physiologie
2. Métabolisme du fer (annexe 5)
3. Hémogramme normal et pathologique
4. Sémiologie des anémies
L’anémie est déinie par la baisse du taux de l’hémoglo- 3.1. DIAGNOSTIC POSITIF :
bine :
<13g/dl chez l’homme a. Les signes cliniques : le début est progressif
<12g/dl chez la femme et l’enfant et insidieux :
<10.5 g/dl chez la femme enceinte a.1.Le syndrome anémique :
<14g/dl chez le nouveau-né • longtemps bien toléré
Une anémie microcytaire est une anémie avec un volume • Asthénie d’aggravation progressive
globulaire moyen (VGM) inférieure aux limites de la nor- • signes de souffrance cardio-respiratoire :
male <80 l). −dyspnée d’effort puis dyspnée permanente
−soufle systolique fonctionnel apexien sans irradiation
−tachycardie
2. MÉCANISME : • ECG : troubles ischémiques, inversion de l’onde T (sujet
âgé)
Une anémie microcytaire est une anémie due à une in- • troubles neuro-sensoriels : céphalées, vertiges, lipo-
sufisance de synthèse de l’hémoglobine soit par : thymies bourdonnement d’oreilles.
- Carence en fer : anémie par carence martiale = ané- L’examen physique : pâleur des téguments et des mu-
mie ferriprive. queuses
- Séquestration du fer par les macrophages : anémies
inlammatoires. a.2.Les signes de sidéropénie :
- Déicit de synthèse d’une des chaînes de la globine : Ils sont spéciiques de la carence martiale. Ils s’obser-
thalassémies. vent chez des malades dont l’anémie évolue depuis plu-
- Trouble de synthèse de l’hème : anémies sidéroblas- sieurs années.
tiques. − Les anomalies des phanères :
−Les ongles sont ins, mous, cassants, d’abord aplatis
puis relevés latéralement perdant leur convexité na-
turelle pour réaliser l’aspect en petite cuillère ou la
koïlonychie.
−Les cheveux sont secs, cassants avec chute fréquente.
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
28 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
−Les anomalies des muqueuses : l’homme. Ces examens permettent en effet d’identiier
−Glossite : langue lisse, dépapillée, brillante. l’hémorragie, de localiser son siège et sa cause :
−Stomatite angulaire : perlèche (issuration des com- Les principales étiologies sont :
missures labiales). −Les varices œsophagiennes
−Gastrite atrophique. −Les gastrites médicamenteuses
−Syndrome de Plummer-Vinson : chez la femme de −Les ulcères gastro-duodénaux
plus de 40 ans, ayant une carence martiale, se ma- −Les cancers digestifs (adénocarcinomes ou lymphomes)
nifeste par une dysphagie haute d’abord modérée et −La hernie hiatale
intermittente puis devenant permanente, évoluant en −Les angiomes du grêle
un rétrécissement du haut œsophage avec risque de −La Rectocolite Ulcérohémorragique (RCH)
cancérisation. −Les parasites entraînant des saignements digestifs :
ankylostomiase, anguillulose.
a.3.Splénomégalie : −Les hémorroïdes
10 % des cas. Plus fréquente chez l’enfant.
a.3.Autres types de saignements :
b.Les anomalies hématologiques et biochimiques : −Maladies de l’hémostase (thrombopathie, purpura
b. 1. L’hémogramme : thrombopénique périphérique chronique, hémophilie,
−Anémie maladie de Willebrand…)
−Microcytose (VGM < 80 l) −Hématuries
−Diminution des CCMH et TCMH = hypochromie −Épistaxis répétées (maladie de Rendu-Osler).
−Réticulocytes <120 000/mm3 −Hémodialyse chronique.
−Les GB normaux ou leucopénie −Dons de sang fréquents et répétés.
−Les plaquettes normales ou hyperplaquettose −Scariications volontaires et répétées.
Le frottis sanguin : anisocytose, microcytes, annulocytes,
poïkilocytose, hématies cibles et hypochromie. b. La carence martiale d’apport :
Elle constitue l’étiologie la plus fréquente des anémies
b.2.Bilan martial : ferriprives du nourrisson. Elle survient chez le nourrisson
−Le fer sérique : est franchement abaissé : au 2e trimestre sous régime lactofarineux non enrichi en
< 60 µ g/100ml (normal = 100 ± 30 µ g/100ml) fer, souvent favorisée par la prématurité, la gémellité et
−CTF : est franchement augmentée : 450 à 600 µg/ml la carence martiale maternelle. Elle peut retentir sur le
(normal = 300µ g/100 ml) développement psychomoteur de l’enfant.
−Coeficient de saturation de la sidérophiline très di- La carence d’apport est aussi incriminée chez :
minué. −Le sujet âgé socialement démuni.
−Ferritinémie : diminuée < 10 µg/l −Les populations sous-alimentées.
(normal = 80 à 250 µg/l) −Au cours de l’anorexie mentale.
Commentaire :
Les entérocytes duodénaux absorbent environ 1 à 2 mg de fer par jour pour compenser les pertes. Le Fer absor-
bé circule lié à la transferrine et est utilisé principalement par les précurseurs érythroïdes dans la synthèse de
l’hème. Les macrophages du système réticuloendothélial captent le fer libéré par les érythrocytes sénescents
(hémolyse physiologique) pour l’exporter dans la circulation ou le conserver dans la ferritine. Les hépatocytes sont
un autre site de stockage du fer sous forme de ferritine et le site principal de production de l’hormone peptidique
l’hepcidine. L’hepcidine bloque la libération de fer des entérocytes et des macrophages.
Pré-requis
1- Métabolisme de la vitamine B12 et des folates (annexe 6)
2- Hémogramme normal et pathologique
3- Sémiologie des anémies
Une anémie macrocytaire est une anémie avec un vo- LES ANÉMIES MÉGALOBLASTIQUES
lume globulaire moyen (VGM) > 100 µ3 ou l chez l’adulte.
La macrocytose est physiologique chez le nouveau-né.
Une fausse macrocytose peut être observée dans cer- 1. DÉFINITION ET GÉNÉRALITÉS :
taines situations (Immunoglobuline monoclonale, agglu-
tinine froide). Une enquête étiologique est indispensable Elles sont déinies par la présence de mégaloblastes
(algorithme) dans la moelle osseuse. Elles correspondent à un trouble
• Elle peut être régénérative (Réticulocytes > 120000/ de synthèse de l’ADN qui entraîne un ralentissement des
mm3). Les principales causes sont : une hémorragie divisions cellulaires alors que celle de l’ARN est conser-
aiguë, les anémies hémolytiques et la régénération vée. Ceci entraîne un asynchronisme de maturation entre
d’une anémie centrale.
Pré- requis
1. Physiologie du globule rouge
- Hémoglobine : structure, synthèse, variants de l’hémoglobine humaine, fonction
- Enzymes érythrocytaires et fonction
- Membrane : structure et fonction
2. Hémolyse physiologique
b- Physiopathologie
Le gène α est dupliqué (α1 et α2 par chromosome) et il
s’exprime dès la vie fœtale. Le déicit de synthèse des
chaînes α-globine résulterait de la délétion d’un ou plu-
sieurs gènes α.
L’expression clinique dépend du nombre de gènes α dé-
létés.
Le déicit de chaîne α entraîne la formation de tétramère
γ4 ou Hb bart et β4 ou Hb H.
Thrombine
XIII XIIIa
Facteur Tissulaire
KHPM,KP, VII
IX
V Va, Xa Fibrinogène
II IIa XIIIa
Thrombine Fibrine
Caillot insoluble
C’est une affection hémorragique constitutionnelle déi- Le diagnostic est orienté par les éléments suivants :
nie par une anomalie quantitative ou qualitative du fac- • Le temps d’occlusion sur PFA-100 allongé : c’est un
teur de WILLEBRAND plasmatique nécessaire à l’adhé- bon test de dépistage, mais problème de disponibilité.
sivité plaquettaire et à la stabilité du facteur VIII de la • plaquettes non diminuées sauf au cours du type dit
coagulation. Il s’agit donc d’une maladie qui peut s’ac- « IIB »
compagner d’un déicit secondaire en facteur VIII • Agrégation plaquettaire perturbée avec la ristocétine.
• TQ normal
• TCA souvent allongé (en rapport avec le déicit en FVIII)
2. GÉNÉTIQUE :
Le diagnostic de certitude repose sur l’étude du com-
C’est une maladie constitutionnelle qui se transmet se- plexe facteur VIII-facteur Willebrand, qui montre dans les
lon le mode autosomal (dominant ou récessif). Les muta- déicits quantitatifs :
tions sont très nombreuses et peuvent être responsables • facteur VIII coagulant : < 50 %.
de déicits quantitatifs et/ou qualitatifs. • facteur Willebrand antigène : < 50 %.
• activité cofacteur de la ristocétine : <50 %.
4. DIAGNOSTIC POSITIF :
2. ÉPIDÉMIOLOGIE :
4.1. SIGNES CLINIQUES :
On distingue : Trois syndromes s’associent de façon diverse, selon la
1- Les AM acquises : l’incidence est de 2 cas /1 M hab/an sévérité des cytopénies
dans les pays développés, 2 à 3 fois plus élevée dans les
pays en voie de développement (Asie de l’Est.. ). a) Syndrome anémique :
Distribution biphasique avec 2 pics 10-25 ans et > 60 ans. sa tolérance est variable selon la rapidité d’installation
Répartition égale entre les deux sexes. de l’anémie, de l’importance de la déglobulisation et du
2- Les AM constitutionnelles : très rares, mais dont la terrain (femme enceinte, cardiaque, sujet âgé, enfant).
fréquence est accrue dans les pays à forte consanguinité
b) Syndrome hémorragique :
en rapport avec la thrombopénie.
3. PHYSIOPATHOLOGIE : Purpura pétéchial ou ecchymotique, hémorragies mu-
queuses (épistaxis, gingivorragies...) ; voire même vis-
Les AM acquises sont caractérisées par une diminution cérales, dont la plus redoutable est l’hémorragie céré-
importante ou une disparition complète des cellules bro-méningée.
souches hématopoïétiques (CSH).
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1 65
c) Syndrome infectieux : liée à la neutropénie. 6. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL :
Se manifeste par une ièvre avec parfois des ulcérations
nécrotiques bucco-pharyngées, anales, un foyer pulmo- 6.1 PANCYTOPENIES A MOELLE RICHE :
naire, voire un tableau de septicémie.
d) Il n’y a pas de syndrome tumoral clinique+++. 6.1.1 Les leucémies aiguës :
certaines LA peuvent se présenter comme une pancyto-
4.2. SIGNES BIOLOGIQUES : pénie sans syndrome tumoral ni blastes circulants, mais
le myélogramme est envahi.
a) Hémogramme : Cependant, une aplasie médullaire peut dans certains
Montre habituellement une pancytopénie plus ou moins cas être un état préleucémique.
sévère.
• anémie normochrome normocytaire (parfois macrocy- 6.1.2 Pancytopenies des états myélodysplasiques :
taire) arégénérative le myélogramme est souvent riche caractérisé par des
• leuconeutropénie, voire même un agranulocytose anomalies morphologiques touchant une ou plusieurs li-
(P.N.N. < 500 / mm3). gnées. Ces maladies justiient la recherche d’anomalies
• les monocytes sont diminués, la lymphocytose n’est cytogénétiques.
que relative.
• thrombopénie : le plus souvent profonde (<50.000/ 6.1.3 Métastases médullaires d’un cancer :
mm3). le myélogramme et/ou la biopsie médullaire montrent
Les données de l’hémogramme ont une signiication des amas de cellules extrahématopoïétiques.
pronostique.
6.1.4 Myéloibroses :
b) Myélogramme : s’impose dans tous les cas. le myélogramme est pauvre ou dificile à réaliser (os dur).
Il est évocateur quand il montre une moelle pauvre ou Le diagnostic est conirmé par la biopsie médullaire.
désertique. La plupart des cellules observées sont des Il
lymphocytes ou des plasmocytes. 6.1.5 Anémies mégaloblastiques :
Parfois la cellularité paraît normale, mais déséquilibrée moelle riche mégaloblastique.
avec absence de mégacaryocytes.
6.1.6 Hypersplenismes :
4.3. BIOPSIE OSTEOMEDULLAIRE (BOM) +++ : splénomégalie associée à une pancytopénie modérée à
Examen de certitude de l’AM qui permet à lui seul d’af- moelle riche.
irmer le diagnostic, la BOM montre une hypoplasie mé-
dullaire raréfaction du tissu médullaire, qui est rempla- 6.1.7 Leishmaniose viscérale :
cé par des cellules graisseuses. Elle peut montrer des pancytopénie fébrile avec splénomégalie.
foyers hémorragiques et un œdème du tissu de soutien. Au myélogramme présence de leishmanies. La sérologie
L’aspect est parfois hétérogène, avec persistance de spéciique est positive.
foyers hématopoïétiques faits de granuleux et d’éry-
throblastes. 6.1.8 Tuberculose des organes hématopoïétiques :
La biopsie médullaire élimine un envahissement médul- syndrome infectieux sévère et cachexie, présence d’une
laire ou une ostéomyéloibrose. hépatosplénomégalie, pancytopénie avec ou sans mi-
liaire. L’IDR est négative. La myéloculture (sur milieu de
Lowenstein) apporte la preuve bactériologique.
5. ÉLÉMENTS PRONOSTIQUES : Le diagnostic est histologique (PBF, Biopsie médullaire).
En l’absence de traitement, une majorité des patients 6.2 PANCYTOPENIES A MOELLE PAUVRE :
décèdent dans les premiers mois qui suivent le diagnos- essentiellement les formes hypoplasiques des syn-
tic. Une pancytopénie peut mettre en jeu le pronostic dromes myélodysplasiques. La présence d’anomalies
vital. Le degré d’urgence diagnostique et thérapeutique clonales en cytogénétique est un argument pour une
est d’autant plus important que la pancytopénie est plus myélodysplasie
sévère.
Une aplasie médullaire acquise est dite sévère si elle
comporte au moins 2 de ces 3 critères (critères des Ca- 7. DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE :
mitta) :
Il repose sur un interrogatoire soigneux, un examen phy-
PNN < 500 / mm3, PQ < 20.000 / mm3, sique complet et sur d’autres examens para cliniques
Réticulocytes < 20.000 / mm3. (caryotype sanguin et médullaire, sérologies virales, cy-
tométrie en lux à la recherche d’un clone HPN).
Elle est dite très sévère si le taux des PNN est < 200 /mm3.
7.1- A M ACQUISES :
7.1.1. A M acquises idiopathiques (70-80 % des cas) :
Elles sont de loin les plus fréquentes.
Le diagnostic est retenu après avoir formellement éli-
miné une des causes citées ci-dessous.
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
66 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
7.1.2. A M secondaires (20-30 % des cas) Le diagnostic positif est afirmé par l’étude du caryo-
a) de cause toxique et médicamenteuse : type sanguin ou constitutionnel qui montre une fragili-
• radiation ionisante accidentelle. té chromosomique constante (augmentation du nombre
• médicaments : antibiotiques (Chloramphénicol…), de cassures chromosomiques), spontanée et provoquée
AINS (Indométacine, Phénylbutazone), antirhumatis- (diépoxybutane, mitomycine C) des lymphocytes circu-
mal (Sels d’or, Pénicillamine), anticonvulsivans (Car- lants.
bamazépime, Phénothiazine), antidiabétique (Chlor- En l’absence de greffe de cellules souches hématopoïé-
propamide), Antithyroïdiens de synthèse. tiques, seul traitement potentiellement curatif, l’évolu-
• insecticides : Organochlorés, Organoluorés (agricul- tion se fait progressivement vers un tableau d’insufi-
teurs). sance médullaire sévère avant la puberté, une leucémie
• benzène et dérives : l’A.M. s’installe 2 à 5 ans après l’ex- aiguë précédée d’un syndrome myélodysplasique lors de
position. la 2e décennie ou une tumeur solide (tête et cou, œso-
• Ces aplasies médullaires peuvent être évitées par une phage…).
surveillance hématologique régulière.
7.2.2. Autres aplasies constitutionnelles (dyskératose
b) Causes infectieuses : congénitale, maladie de Schwachman…) sont beaucoup
• Hépatites virales : étiologie évoquée sur la présence plus rares et débutent plus précocement.
d’une cytolyse associée ou non à un ictère, voire un ta-
bleau d’insufisance hépatocellulaire.
Il s’agit le plus souvent d’une Hépatite virale non A non 8. TRAITEMENT :
B non C, responsable d’une aplasie grave s’installant
dans un délai de 2 à 8 semaines après le début de 8.1. BILAN PRE-TRANSFUSIONNEL
l’hépatite. ET ENQUÊTE HLA :
• Autres virus : CMV, EBV, Parvovirus B19, HIV. Groupage ABO, phénotypage érythrocytaire, RAI, AC an-
ti-HLA, sérologies virales, typage HLA du patient et des
c) Maladie de MARCHIA FAVA- MICHELI ou hémoglobi- membres de sa famille (fratrie et parents).
nurie paroxystique nocturne (HPN) :
• Environ 30 à 40 % des patients atteints d’AM traités par 8.2. TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE :
immunosuppression développent une HPN et environ a) de l’anémie :
30 % des patients ayant une HPN présentent initiale- transfusion de culots globulaires phénotypés déleucocy-
ment une pancytopénie (cf anémies hémolytiques ac- tés et irradiés si une allogreffe est envisagée.
quises).
b) du syndrome infectieux :
d) Grossesse : • bilan infectieux (Hémocultures, ECBU, Rx pulmo-
A.M. survenant à partir du 2e trimestre et pouvant ré- naire…)
gresser après l’accouchement. • antibiothérapie à large spectre.
• mesures d’hygiène.
7.2. A.M CONSTITUTIONNELLES :
c) du syndrome hémorragique :
7.2.1. La maladie de Fanconi : transfusion de concentrés plaquettaires d’aphérèse dé-
Elle est la cause la plus fréquente des AM constitution- leucocytés et irradiés si une allogreffe est envisagée.
nelles. La transmission est autosomale récessive. D’ins-
tallation progressive au cours de la 2e enfance (4 - 8 ans) 8.3. TRAITEMENT CURATIF :
parfois plus tardivement. a) AM acquise :
Le diagnostic est orienté par : < 40 ans avec donneur HLA-identique = allogreffe de
* La présence d’un syndrome malformatif (inconstant) CSH (> 80 % guérisons)
associant un retard staturo-pondéral important ; des ≥ 40 ans ou absence de donneur = Ttt immunosuppres-
taches café au lait ; une dysmorphie faciale : visage seur par sérum anti-lymphocytaire et ciclosporine (40
in triangulaire, une microcéphalie, microphtalmie ; –50 % guérisons)
une hypoplasie osseuse (pouce) : syndactylie, biidité ;
malformations rénales (ectopie, biidité, rein en ” fer à b) AM constitutionnelle (Fanconi en particulier).
cheval”...). • Donneur HLA-identique = allogreffe (> 70 % guérison)
* Les antécédents de cas familiaux. • Pas de donneur HLA-identique = androgènes.
Le myélogramme est pauvre puis franchement hypopla-
sique.
ALLOGREFFE AUTOGREFFE
Source Mo/Sang Mo/Sang
Age limite 50 ans 60 ans
Donneur HLA-id Patient lui-même
Greffon Sain Contamination tumorale possible
Complications immunologiques +++ 90
(RGVH, Rejet) - 15-36
Déicit immunitaire +++ (prolongé) +/- (transitoire)
Effet anti-tumoral +++ (effet GVL) +
++ +
Coût +++ Non
Indications dans les HP non malignes : (>80 % guérisons)
AM acquise
AM constitutionnelle
β thalassémie majeure
Drépanocytose homozygote
Déicit immunitaire cong.
-Indications dans les Hémopathies malignes : (20 – 70 % guérisons) (20-40 % guérisons)
LAL ++ +
LAM ++ +
LMC ++ -
SMD ++ +/-
Myélome + +
LLC + +
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1 69
LEUCEMIES AIGUES
Les Leucémies aiguës (LA) constituent un ensemble Dans la majorité des cas, ils sont inconnus. Certains fac-
d’hémopathies malignes caractérisées par l’expansion teurs favorisants sont cependant reconnus :
clonale à partir de la moelle osseuse de précurseurs - L’acutisation de syndromes myéloprolifératifs chro-
hématopoïétiques bloqués à un stade précoce de leur niques et de syndromes myélodysplasiques.
maturation : (iniltration par ces cellules blastiques > - Chimiothérapies anticancéreuses
à 20 %). - Exposition aux radiations ionisantes.
Les LA sont classées en fonction de la lignée cellulaire - Une exposition prolongée aux dérivés benzéniques.
atteinte en LA lymphoblastique (LAL) ou en LA myéloïde - Facteurs génétiques : anomalies chromosomiques
(LAM). constitutionnelles (trisomie 21, maladie de Fanconi).
Cette prolifération s’accompagne : - Facteurs viraux : EBV dans certaines leucémies de type
- d’un syndrome d’insufisance médullaire, en rapport Burkitt.
avec la détérioration de la production des éléments
sanguins normaux.
- d’un syndrome tumoral : passage de blastes dans le 4. SIGNES CLINIQUES
sang et iniltration des organes hématopoïétiques voir
extrahématopoïétiques. Ils résultent de deux conséquences de la maladie : l’in-
Le diagnostic et le pronostic reposent sur l’examen mor- sufisance médullaire et la prolifération des blastes (syn-
phologique des blastes du sang et de la moelle osseuse, drome tumoral).
l’immunophénotypage et l’étude cytogénétique et molé- Il n’y a pas de signe caractéristique. La présentation
culaire. est variable, allant de la forme peu symptomatique à la
Le pronostic, bien que réservé, est actuellement amé- forme d’emblée grave nécessitant l’hospitalisation ur-
lioré grâce à la thérapeutique adaptée aux facteurs pro- gente en milieu spécialisé.
nostiques.
Le traitement repose sur la polychimiothérapie et la 4. 1 SIGNES LIÉS À L’INSUFFISANCE
greffe de cellules souches hématopoïétiques. MÉDULLAIRE
- Syndrome anémique : pâleur, asthénie, dyspnée d’ef-
fort…
2. ÉPIDÉMIOLOGIE : - Syndrome hémorragique cutané ou muqueux, ou hé-
morragies extériorisées, en rapport avec la thrombo-
Il s’agit d’une affection rare (3-4 nouveaux cas /an/100 pénie, aggravée parfois par une Coagulation Intra-Vas-
000habitants). Les LAL sont observées surtout chez l’en- culaire Disséminée (CIVD).
fant, mais peuvent se voir également chez l’adulte après - Syndrome infectieux en rapport avec la neutropénie,
50-60 ans (la LAL représente 1/3 des cancers de l’enfant) classiquement de la sphère ORL (ièvre résistant aux
et les LAM se voient essentiellement chez l’adulte, leur antibiotiques, sepsis grave).
fréquence augmente avec l’âge (médiane autour de 65
ans).
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
70 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
4. 2 LES SIGNES TUMORAUX l’appartenance à une lignée, recherche un phénotype
•Une hypertrophie des organes hématopoïétiques (adé- aberrant et apprécie le stade de différenciation. Il est in-
nopathies et splénomégalie) ou une hépatomégalie se dispensable pour le diagnostic et le classement des LA.
voient surtout dans les LAL.
•Il existe aussi des localisations particulières : 5.2.3 Cytogénétique
−localisations méningées responsables de céphalées, On observe des anomalies dans 50-60 % des cas. Il s’agit
de paralysies des nerfs périphériques. d’anomalies de nombre, ou de structure (délétions,
−localisations cutanées sous forme de leucémides (LA translocations). Ces anomalies permettent de classer
monoblastiques). plus précisément les divers types de LA (selon la classi-
−gingivites hypertrophiques (LA monoblastiques). ication OMS) et leur mise en évidence est capitale pour
−localisations osseuses, responsables de douleurs déinir le pronostic.
(LAL de l’enfant surtout) prédominantes aux dia-
physes proximales. 5.2.4 Biologie moléculaire
−atteinte testiculaire dans les LAL, essentiellement La mise en évidence par PCR de divers transcrits de
chez l’enfant. fusion (correspondant à certaines anomalies cytogéné-
−localisation médiastinale surtout dans les LAL-T. tiques retrouvées avec le caryotype) ou d’anomalies mo-
•L’hyperleucocytose n’a de traduction clinique que léculaires a un intérêt diagnostique, pronostique et pour
quand elle est majeure (> 100 G/l), s’accompagnant le suivi de la maladie résiduelle après traitement.
d’un syndrome de leucostase dans les capillaires pul-
monaires et cérébraux. Les signes sont représentés au
niveau pulmonaire par une hypoxie réfractaire parfois 6- CLASSIFICATION DES LEUCÉMIES
sévère avec détresse respiratoire et au niveau cérébral AIGUËS (LA)
par des troubles de conscience voire un coma ou des
convulsions. 6.1 LEUCÉMIES AIGUËS LYMPHOBLASTIQUES
(LAL)
L’immunophénotypage permet de déinir les LAL de type
5. SIGNES BIOLOGIQUES ET DIAGNOSTIC B (> 85 % des cas) et les LAL T (10-15 % des cas).
• LAL-B : présence de marqueurs B de surface ou intra-
5.1 HÉMOGRAMME cytoplasmique (CD19, CD20, CD10, CD79a, µ, IgS)
Il est toujours anormal et représente l’examen d’orienta- • LAL-T : expression de marqueurs T de surface ou intra-
tion majeur du diagnostic : cytoplasmique (CD3 de surface ou intracytoplasmique,
- Anémie presque constante, parfois sévère, normocy- CD1a, CD7, CD2, CD4, CD8).
taire ou modérément macrocytaire, non régénérative. - La valeur pronostique des anomalies cytogénétiques
- Thrombopénie : très fréquente, parfois < 10 G/l. est prise en compte dans les indications thérapeu-
- Leucocytose très variable, allant de la leucopénie tiques :
(< 3 G/l) à l’hyperleucocytose majeure (> 100 G/l). • Sont de bon pronostic : les hyperdiploidies > 50 chro-
- Neutropénie constante (< 1.5 G/l). mosomes, t (12 ; 21)
- Les blastes circulants peuvent représenter l’essentiel • Sont de mauvais pronostic : les hypodiploïdies < 45
des leucocytes (formes hyperleucocytaires), mais sont chromosomes, t (9 ; 22), les anomalies 11q23
parfois absents ou très rares (formes leucopéniques)
•Une entité particulière : Leucémies aiguës Lym-
5.2 MYÉLOGRAMME phoblastiques (LAL) à chromosome « Philadel-
Examen clé du diagnostic, il est indispensable même s’il phie »
existe des blastes circulants. Il va permettre d’afirmer le Ce sont des LAL-B caractérisées par la présence de la
diagnostic et de typer la leucémie. translocation t (9 ; 22) et du gène chimérique correspon-
dant BCR-ABL. Elles sont fréquentes chez l’adulte et sont
5.2.1 Étude morphologique des frottis médullaires de pronostic péjoratif. Elles justiient actuellement un trai-
La moelle est le plus souvent richement cellulaire, tement spéciique, avec l’association d’un inhibiteur de ty-
pauvre en mégacaryocytes, et contient par déinition au rosine-kinase à la chimiothérapie et à la greffe de moelle.
moins 20 % de blastes selon la déinition OMS 2008 (sou-
vent plus, jusqu’à 100 %). 6.2 LEUCÉMIES AIGUËS MYÉLOÏDES (LAM)
Divers critères morphologiques des blastes vont per- •Avec la classiication morphologique Franco-América-
mettre de séparer les LA en 2 grands groupes : no Britannique (FAB) et les données de l’immunophé-
- LA lymphoblastiques : blastes de taille petite ou notypage, on identiie 8 groupes selon la lignée atteinte
moyenne et cytoplasme peu abondant. et le degré de différenciation :
- LA myéloïdes : blastes contenant souvent quelques −LAM 0 : LA Myéloblastique indifférenciée : MPO + en
granulations et parfois 1 ou plusieurs bâtonnets rouges immunophénotypage
(azurophiles) appelés corps d’Auer. −LAM 1, M2 : LA Myéloblastique différenciée : CD16- ou +
−LAM 3 : LA promyélocytaire : CD34- ; DR-
5.2.2 Immunophénotypage des blastes −LAM 4 : LA myélomonocytaire : marqueurs monocy-
Cette technique recherche par cytométrie de lux l’ex- taires CD14+et CD36+<50 %
pression de divers antigènes de différenciation membra- −LAM 5 : LA monoblastique : marqueurs monocy-
naires ou intracytoplasmiques. Cet examen conirme taires CD14+et CD36+>50 %
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1 71
−LAM 6 : LA érythroblastique : GlycophorineA+ 7.4 BIOPSIE DE MOELLE
−LAM 7 : LA mégacaryoblastique : CD41+, CD42+ et Est inutile sauf dans les LA avec myéloibrose dans les-
CD61+ quelles l’aspiration médullaire est impossible.
•L’immunophénotypage met en évidence l’expression
d’antigènes myéloïdes communs [CD13+, CD33+,
CD34+, CD117+, myélopéroxydase (MPO), DR+] et/ou 8. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
spéciiques de lignée (CD14+, CD36+, GlycophorineA,
CD41+, CD42+). - les syndromes mononucléosiques : le tableau clinique
•Certaines entités sont particulières : peut être inquiétant, quand il associe une asthénie pro-
−Leucémies aiguës promyélocytaires ou LAM3 fonde, une polyadénopathie et une angine fébrile. L’hé-
La présentation est en général pancytopénique. Il mogramme montre une hyperleucocytose constituée
existe très fréquemment une CIVD. La LA promyélo- de lymphocytes basophiles d’allure activés.
cytaire est caractérisée par une translocation t (15 ; - Le rhumatisme articulaire aigu et l’ostéomyélite : ta-
17) impliquant le gène du récepteur alpha de l’acide bleau caractérisé par des douleurs ostéo-articulaires,
rétinoïque entraînant la création d’une protéine de fu- mais il n’y a pas de blastes circulants. Dans le doute, le
sion PML-RAR→ limitant la différenciation cellulaire myélogramme permet d’éliminer une LA.
au stade de promyélocyte. - Les syndromes myélodysplasiques se différencient
Cette anomalie a une implication directe sur le trai- des LA par des cytopénies contrastant avec une moelle
tement. L’acide transrétinoïque (ATRA) permet une riche et une blastose médullaire n’excédant pas les
différenciation des cellules et d’entraîner des rémis- 20 %
sions. L’association de l’ATRA avec la chimiothérapie - L’aplasie médullaire : mais le myélogramme est
permet actuellement d’obtenir une guérison. pauvre et non blastique et la BOM conirme le diagnos-
−Leucémies aiguës monoblastiques LAM5 de la clas- tic d’aplasie médullaire.
siication FAB - Les métastases médullaires : Le myélogramme et
Il s’agit très fréquemment de formes hyperleucocy- surtout la BOM montrent des cellules malignes non
taires. Les localisations extramédullaires (ménin- blastiques disposées en amas.
gées, cutanées, gingivales…) sont assez fréquentes. - Les réactions leucémoides : Tuberculose des organes
• Pronostic : hématopoïétiques, infections graves. Mais il n’y a pas
-LAM de bon pronostic : LA promyélocytaire avec t (15 ; de blaste ni dans le sang ni dans la moelle.
17), les LAM avec t (8 ; 21), la LA myélomonocytaire avec
inversion du chromosome 16.
-LAM de mauvais pronostic : anomalies cytogénétiques 9. ÉVOLUTION ET TRAITEMENT
complexes, les anomalies du chromosome 7 et les ano-
malies du chromosome 5. Les LAM secondaires sont 9.1 ÉVOLUTION GÉNÉRALE ET PRONOSTIC
habituellement de mauvais pronostic En l’absence de traitement, la leucémie aiguë est mor-
telle en quelques semaines essentiellement par compli-
cations hémorragiques et/ou infectieuses.
7. AUTRES EXAMENS Le pronostic des LA traitées dépend d’un certain nombre
de facteurs, dont les plus signiicatifs sont l’âge (mau-
7.1 BILAN D’HÉMOSTASE vais pronostic surtout après 60 ans), l’existence de co-
La recherche d’une Coagulation Intra-Vasculaire Dissé- morbidités, la leucocytose (mauvais pronostic si GB >
minée (CIVD) est indispensable. Une CIVD est souvent 50 Gigas : l), le type de LA, déini par l’immunophéno-
présente dans les LA hyperleucocytaires et promyélo- typage, la présence d’une atteinte du système nerveux
cytaires. Elle augmente le risque hémorragique lié à la central, les anomalies cytogénétiques, et la réponse au
thrombopénie. traitement initial (l’obtention d’une rémission complète
est un facteur majeur).
7.2 BILAN MÉTABOLIQUE Le but du traitement de la leucémie aiguë est double :
La prolifération tumorale s’accompagne parfois d’un - obtenir une rémission complète (déinie par un examen
syndrome de lyse cellulaire tumorale, responsable de clinique normal, un hémogramme normal, moins de
complications métaboliques associant une hyperuricé- 5 % de blastes médullaires, disparition des anomalies
mie, hyperkaliémie, hypocalcémie et hyperphosphoré- cytogénétiques et une maladie résiduelle indétectable)
mie, aboutissant à une insufisance rénale. L’élévation - éviter les rechutes.
des LDH est proportionnelle au syndrome de lyse. L’en- Le traitement repose principalement sur la chimiothé-
semble de ces anomalies est accru lors de la mise en rapie.
route de la chimiothérapie.
Une perturbation du bilan hépatique (cytolyse et/ou ré- 9.2 LES MOYENS
tention) signe souvent des localisations spéciiques.
9.2.1 Chimiothérapie
7.3 PONCTION LOMBAIRE Ce traitement ne se conçoit que dans des centres spé-
Elle recherche une localisation méningée et permet une cialisés, et suivant des protocoles précis. Le traitement
administration intrathécale de chimiothérapie. Elle est se divise en trois grandes phases, quelle que soit la leu-
indiquée, même en l’absence de signes d’appel, dans les cémie
LAL, LA monoblastiques, et LA hyperleucocytaires.
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
72 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
• Induction 10. LES RÉSULTATS
Toujours sous forme d’association de chimiothérapie en-
traînant une aplasie durant 2 à 3 semaines, elle vise à 10.1 LEUCÉMIES AIGUËS
obtenir la rémission complète et une maladie résiduelle LYMPHOBLASTIQUES (LAL) DE L’ENFANT
indétectable. On obtient globalement plus de 90 % de rémission com-
plète, et plus de 70 % de guérison.
• Consolidation
Elle cherche à consolider la rémission et réduire encore 10.2 LEUCÉMIES AIGUËS
plus le nombre de cellules leucémiques résiduelles pour LYMPHOBLASTIQUES (LAL) DE L’ADULTE
éviter la rechute. On utilise dans cette phase des trai- Le taux de rémission complète chez l’adulte jeune est de
tements plus ou moins intensifs (chimiothérapies et/ou 80 %, mais les rechutes sont fréquentes avec seulement
allogreffe). 20 à 30 % de rémissions persistantes (50 % après allo-
greffe).
• Entretien
Le traitement d’entretien est indiqué dans les LAL et LA 10.3 LEUCÉMIES AIGUËS MYÉLOÏDES (LAM)
promyélocytaires, sur une période d’environ deux ans. EN DEHORS DES LAM3
9.2.2 Allogreffe de cellules-souches hématopoïétiques On obtient en moyenne 70 % de rémissions complètes
(CSH) (80 % avant 60 ans, 50 % au-delà) et 30 à 40 % de rémis-
L’allogreffe de CSH, HLA identique est une intensiica- sions prolongées (50 % si allogreffe, moins de 25 % après
tion thérapeutique (chimio- et/ou radiothérapique à visée 60 ans).
myéloablative) suivi d’une allogreffe de CSH à partir du
donneur (intrafamilial) dans un but curatif (reconstitu-
tion hématopoïétique de type donneur et effet anti-leu-
cémique). Elle est indiquée dans les situations à haut
risque de rechute chez les patients éligibles avec un
risque de mortalité lié aux complications de cette procé-
dure (réaction du greffon contre l’hôte et complications
infectieuses)
Les syndromes myéloprolifératifs chroniques (SMPc) Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les SMPc son
sont des hémopathies malignes déinies par une patho- divisés en deux groupes :
logie clonale de la cellule souche hématopoïétique ou •SMPc chromosome Philadelphie (Ph1) positif ainsi que
d’un progéniteur myéloïde multipotent. la protéine de fusion Bcr-Abl représentés par la leucé-
mie myéloïde chronique (LMC).
Ils sont caractérisés par : •SMPc (Ph) et Bcr-Abl négatifs regroupant les SPMc
•une hyperproduction d’une ou plusieurs lignées san- classiques (Polyglobulie de Vaquez [PV], Thrombocyté-
guines en l’absence d’un stimulus évident approprié ou mie essentielle [TE], Myéloibrose primitive [MP] et les
non. SMPc atypiques.
•une moelle hypercellulaire et hyperplasique
•une métaplasie myéloïde (rate et foie).
•des complications thrombotiques (artérielles et vei-
neuses) et hémorragiques.
Les SMPc évoluent à des degrés variables (sans traite-
ment) vers une leucémie aiguë (plus fréquente dans la
LMC) et la ibrose médullaire.
Actuellement le terme syndromes myéloprolifératifs
chroniques est regroupé sous la nomination de néopla-
sies prolifératives chroniques
La leucémie myéloïde chronique entre dans le cadre des Le chromosome de Philadelphie résulte d’une transloca-
syndromes myéloprolifératifs. Elle est caractérisée par : tion réciproque entre les bras long des chromosomes 9
et 22. Il correspond donc au chromosome 22 dont le bras
1.1. Une prolifération des éléments de la lignée granu- longs est raccourci par cette translocation. Ce chromo-
leuse au niveau de la moelle osseuse, mais aussi au ni- some de Philadelphie réunit l’oncogène Abelson (abl)
veau des organes qui normalement en sont dépourvus situé sur le chromosome 9 et une partie du gêne bcr
tels que le foie et la rate. Cette prolifération exagérée (Break point cluster région) du chromosome 22. Ce gêne
aboutit à la formation des polynucléaires neutrophiles hybride Abl-bcr est à l’origine d’un ARN messager codant
qui sans être parfaitement normaux conservent l’essen- pour une thyrosine-kinase dont le role n’est pas encore
tiel de leurs fonctions, avec passage de ces éléments bien établie dans la physio-pathogénie de la maladie et
granuleux dans le sang déinissant ainsi la myélémie. serait probablement responsable de la prolifération de la
lignée granuleuse.
1.2. Existence d’une anomalie cytogénétique acquise
quasi constante correspon-
dant à une translocation entre
les chromosomes 9 et 22 [t (9-
22) déinissant le chromosome
Philadelphie. Cette transloca-
tion entraîne la formation d’un
gêne hybride qui constitue le
déterminant pathogénique de
la maladie.
11.2. INDICATIONS :
•Le Glivec constitue le traitement de choix de la majorité
des malades.
•L’allogreffe de moelle osseuse est réservée aux phases
avancées de la maladie et aux LMC résistantes aux in-
hibiteurs des tyrosines kinases.
2. ÉPIDÉMIOLOGIE :
• Frottis sangin :
2. ÉPIDÉMIOLOGIE : Anisopoikilocytose avec présence de dacryocytes, myéle-
mie et erythroblastémie.
• Rare moins fréquente que la LMC son incidence est es-
timée à 3à7x106 /an • Myélogramme :
• Age : 50 – 70 ans. De réalisation souvent dificile. L’os est dur à la ponction,
• Sex. ratio : discrète prédominance masculine. l’aspiration est dificile à cause de la ibrose médullaire.
• La biopsie ostéomedullaire :
3. DIAGNOSTIC POSITIF : Conirme le diagnostic et permet de classer la maladie :
Stade I Fibrose réticulinique
3.1. CIRCONSTANCES DE DECOUVERTE : Stade II Fibrose Collagène
• Altération de l’état général Stade III Ostémyeloibrose
• Syndrome anémique
• Sensation de pesanteur de l’hypochondre gauche • Etude cytogénétique :
• Rarement ; syndrome hémorragique, douleur osseuse, −Pas d’anomalies cytogénétiques spéciiques.
crise de goutte. −Absence du chromosome de Philadelphie.
• Pathologies bénignes :
− Tuberculose des organes hématopoïétiques
− Maladie de Paget.
12. EVOLUTION :
9. CLASSIFICATION EN STADES DES LNH :
a) LNH de faible grade de malignité (LMNH indolents) :
C’est la classiication dite d’Ann-Arbor : L’évolution est lente ; la réponse au traitement est lente
• Stade I : soit atteinte d’une seule aire ganglionnaire et rarement complète et durable.
(stade I) éventuellement associée à une atteinte ex- De nombreux LNH de faible grade de malignité peuvent
tra-ganglionnaire de contiguïté (stade I E) soit atteinte se transformer au bout de quelques années en LNH de
viscérale (extra ganglionnaire) isolée. haut grade de malignité
• Stade II : atteinte de 2 ou plusieurs aires du même côté
du diaphragme (stade II) éventuellement associée à b) LNH de haut grade de malignité (LMH agressifs) :
une atteinte extra-ganglionnaire de contiguïté (Stade II Sont rapidement évolutifs, mais répondent générale-
E). ment aux traitements intensifs avec des rémissions
• Stade III : atteinte ganglionnaire de part et d’autre du complètes.
diaphragme.
• Stade IV : atteinte disséminée d’un organe ex-
tra-ganglionnaire ou de plusieurs localisations ex- 13. TRAITEMENT :
tra-ganglionnaires avec ou sans atteinte ganglionnaire
associée. L’approche thérapeutique est fondamentalement dif-
férente pour les LNH de faible malignité et les LNH de
malignité élevée.
10. BILAN PRONOSTIQUE : •LNH de faible malignité :
Seules les formes avec une forte masse tumorale et/ou
Le pronostique dépend du type histologique et du phéno- un retentissement viscéral ou sur l’état général justiient
type du LMH un traitement. Il consiste à faire soit
Le pronostic des LMNH B à grandes cellules dépend de −Une radiothérapie des territoires ganglionnaires at-
l’âge et de l’index pronostique international (IPI) qui re- teints dans les formes localisées.
groupe 3 critères : −Une monochimiothérapie orale continue par Chlo-
• L’état de performance ou performans status (PS) rambucil (Chloraminophène) ou Cyclophosphamide
• Le stade de la maladie (Endoxan) dans les stades III et IV en l’absence de
• Le taux des LDH facteurs de mauvais pronostic ou une polychimiothé-
Sont considérés de mauvais pronostic : rapie intravaineuse de type CVP (cyclophosphamide,
• Un âge > 60 ans Vincristine et Prednisone) dans les formes étendues ±
• Les stades disséminés (III et IV) −Une immunothérapie par anticorps monoclonal an-
• Un performans status ≥ 2. ti-CD20 (Rituximab) dans les lymphomes de phéno-
• Un taux de LDH > 1 x type B.
−L’abstention thérapeutique peut être proposée dans
11. BILAN DE RETENTISSEMENT les formes indolentes du sujet âgé (> 65 ans) ou pré-
ET PRE-THERAPEUTIQUE sentant des pathologies intercurrentes.
•LNH de malignité élevée :
•Hémogramme : (complet) Dans les LNH à grandes cellules B, l’obtention d’une ré-
−Normal le plus souvent. mission complète est le pré-requis à une survie prolon-
−Cytopénie en cas d’envahissement médullaire. gée. Une polychimiothérapie incluant une anthracycline
−Recherche systématique de cellules lymphomateuses est indiquée. (CHOP-ACVBP)+ Rituximab suivie d’une
circulantes (positive en cas de lymphome leucémisé). intensiication thérapeutique par autogreffe de celllules
•Bilan inlammatoire : VS, Fibrinémie, Électrophorèse souches périphériques
des proteines sériques. Les LNH lymphoblastiques sont traités selon les pro-
tocoles de traitement des LAL. les LNH de Burkitt sont
traités par des protocoles intensifs particuliers.
c) Les formes abdominales : elles sont plus rares, réali- b. Les facteurs pronostiques des stades étendus :
sant le tableau clinique d’une splénomégalie fébrile leuco- Une étude internationale a démontré la valeur pronos-
péniante. Le diagnostic est souvent fait après laparotomie tique d’un score établi à partir de 7 facteurs indépen-
et étude anatomopathologique des pièces opératoires. dants : SPI (score pronostique international) :
• Le sexe masculin
d) Les localisations particulières : • L’âge sup à 45 ans
• La localisation médullaire : 50 % des stades IV • L’anémie < 10.5 g/dl
• La localisation hépatique : 5 % des stades IV. L’atteinte • L’hyperleucocytose sup à 15000/mm3
splénique est constante • La lymphopénie < 8 % ou 600/mm3
• La localisation neurologique : rare, la localisation épi- • L’hypoalbuminémie < 40 g/l
durale est souvent responsable d’une paraplégie par • Le stade IV
un granulome épidural
10.2. LA STRATIFICATION PRONOSTIQUE :
9.2. LES FORMES PARTICULIÈRES : Groupe favorable : LH localisés sans aucun facteur de
a) LH de l’enfant : Rare avant 3 ans risque
Cette forme est caractérisée par la fréquence des stades Groupe intermédiaire : LH localisés avec un ou plu-
localisés et par un bon pronostic (survie supérieur à 90 %) sieurs facteurs de risque (en dehors du gros médiastin)
Groupe défavorable : LH localisés avec un gros médiastin
b) LH du sujet âgé: et tous les stades étendus
Il s’agit d’une forme disséminée d’emblée avec des signes
généraux au premier plan. L’hémogramme montre une 10.3. LES FACTEURS PRONOSTIQUES
leucopénie et une lymphopénie. C’est en général la biop- THÉRAPEUTIQUES :
sie médullaire qui permet le diagnostic. La chimiosensibilité après 2 ou 4 cures est le meilleur
facteur pronostique permettant de déinir des formes ré-
c) LH et grossesse : cette association pose un problème fractaires (10 à 20 % des patients) de très mauvais pro-
thérapeutique et évolutif de la grossesse et de la maladie nostic nécessitant une adaptation précoce du traitement
d) Association LH -Tuberculose : Association fréquente (intensiication thérapeutique)
en Tunisie
en mg/m²
en mg/m²
Niveau 4
mg/m²
Niveau3
mg/m²
Adriamycine 35 35 35 35
Cyclophosphamide 800 950 1100 1250
Etoposide 125 150 175 200
C’est le produit de sécrétion d’un clone unique de plas- Une protéine monoclonale peut être découverte à l’oc-
mocytes, caractérisé en cas d’une Ig complète par une casion d’une électrophorèse sérique et/ou urinaire de-
identité de structure des chaînes légères et des chaînes mandée :
lourdes (toutes les molécules ont le même isotype, le
même allotype et la même structure des parties va- 3.1. DEVANT CERTAINES ANOMALIES
riables) et en cas d’une Igincomplète par une isotypie K BIOLOGIQUES :
ou λ ou des chaines lourdes (µ,α,γ). • une accélération de la vitesse de sédimentation (habi-
tuellement sans augmentation de la ibrinémie ni des
a2 globulines).
2. MOYENS D’IDENTIFICATION : • la présence d’hématies en rouleaux sur un frottis san-
guin.
-Électrophorèse de protides (EPP) sérique et urinaire qui • une hyperlymphocytose sanguine
montre en cas d’Ig complète un pic à base étroite. • une protéinurie
-Immunoélectrophorèse (IEP) sérique et urinaire : per- • l’existence d’une cryoglobuline
met l’identiication de l’Ig monoclonale complète ou • Hyperprotidémie, un pic ou une hypogammaglobuliné-
incomplète. mie à l’EPP.
-Immunoixation (IF) sérique et urinaire : technique plus • Insufisance rénale
sensible que l’IEP. • Hypercalcémie
• Fausse hyponatrémie.
12.3. LA RADIOTHERAPIE :
12. LE TRAITEMENT : Elle est indiquée en cas de :
• Compression médullaire
Le traitement du myélome est indiqué que dans les • Ou à but antalgique.
formes symptomatiques, déinies par l’un des critères
suivants (CRAB) : 12.4. LA CHIRURGIE :
Calcémie > 2,8 mmol/l, Elle est indiquée en ca de compression médullaire (lami-
Rein (créatininémie > 177 µmol/l nectomie) ou pour traiter une fracture.
1. DÉFINITION : 5. COMPLICATIONS
Prolifération lymphoïde maligne B cytologiquement poly- 5.1. COMPLICATIONS HÉMATOLOGIQUES :
morphe (lympho-plasmocytaire) produisant une IgM mo- Possibilité d’une activité auto-anticorps de l’Ig M : au-
noclonale à un taux > 5 g/l to-anticorps antiérythrocytaire, anti my éline, anti fac-
teur Willebrand
2. CIRCONSTANCES DE DECOUVERTE : • L’anémie hémolytique auto-immune (AHAI)
AHAI à auto-anticorps froids anti I ou anti Pr (L’IgM a
2.1. CLINIQUES : l’activité auto Ac) test de Coombs positif de type com-
• Syndrome anémique plément, titre d’agglutinines froides > 1/1000
• adénopathies • Troubles de l’hémostase : dus à la thrombopénie asso-
• Splénomégalie ciée ou non à ujne thrombopathie par l’adsorption de
• Syndrome d’hyperviscosité : des céphalées, somno- l’IgM à la surface des plaquettes altérant leur fonction
lence, des troubles de la conscience pouvant aller d’agrégation et d’adhésion.
jusqu’au coma, des troubles neurosensoriels (surdité, • Les troubles de la coagulation sont plus rares
syndrome labyrinthique, baisse de l’acuité visuelle) • Insufisance médulaire (syndrome infectieux, hémorra-
gique et anémique)
2.2. BIOLOGIQUES :
• vitesse de sédimentation très accélérée > 100 mm à la 5.2. COMPLICATIONS LIÉES À UNE
première heure CRYOGLOBULINE MONOCLONALE :
• un phénomène de rouleaux sur lame • Parfois, l’IgM a une activité rhumatoide (IgM anti IgG) :
• un pic sur l’électrophorèse des protéines sériques complexes cryoprécipitants
• anémie hémolytique à anticorps froids • Purpura vasculaire : iniltré parfois nécrotique, prédo-
• Dificulté de groupage sanguin minant aux extrémités : la biopsie cutanée montre des
lésions de vascularite leucocytoclasique
3. SIGNES CLINIQUES : • Syndrome de Raynaud
• Manifestations neurologiques : polyneuropathie péri-
Certains malades sont asymptomatiques, d’autres phérique sensitivo-motrice (multinévrite) a biopsie ner-
peuvent avoir : veuse :
• des adénopathies supericielles −Lésions de démyélinisation avec parfois une iniltra-
• Une splénomégalie avec ou sans hépatomégalie tion lymphoplasmocytaire avec en immunoluores-
• Des signes en rapport avec la présence de l’IgM mono- cence directe une IgM monjoclonale le long des gaines
clonale : de myéline
−Syndrome d’hyperviscosité −Lésions de vascularite
−Signes liés à la présence d’une cryoglobuline • Néphropathie glomérulaire avec protéinurie, hématu-
−Signes liés à une maladie de dépots rie, HTA et insufisance rénale
4. BIOLOGIE : 6. TRAITEMENT :
Le diagnostic de MGW est biologique. L’abstention thérapeutique est la régle dans les formes
•Mise en évidence de l’immunoglobuline monoclonale : asymptomatiques.
Le lymphoplasmocyte excrète une immunoglobuline La chimiothérapie est indiquée dans les formes sympto-
monoclonale de type IgM dont les chaines légères sont matiques avec :
monotypiques soit kappa dans 2/3 des cas, soit lambda • forte masse tumorale
dans 1/3 des cas. • syndrome d’hyperviscosité
•Mise en évidence de l’iniltration lymphoplasmocytaire : • insufisance médullaire
Elle est constante dans la moelle osseuse, objectivée sur • en cas d’augmentation régulière du taux de l’Ig mono-
le myélogramme et surtout la biopsie ostéomédullaire. clonale
Elle paut être mise en évidence sur la biopsie ganglionnaire.
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
100 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
LEUCEMIE LYMPHOIDE CHRONIQUE (L.L.C)
5.1. HÉMOGRAMME :
La numération formule sanguine montre :
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1 101
6. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL : 8.3. LA TRANSFORMATION :
• En un lymphome malin non hodgkinien à grandes cel-
6.1. HYPERLYMPHOCYTOSE INFECTIEUSE : lules : syndrome de Richter (3 à 10 % des LLC) suspecté
virale, bactérienne et parasitaire, transitoire, dans un devant le développement rapide d’une masse tumorale,
contexte évocateur. de phénomène compressif, de signes généraux d’évo-
lutivité. Le pronostic est sombre.
6.2. AUTRES SYNDROMES • En leucémie prolymphocytaire.
LYMPHOPROLIFÉRATIFS CHRONIQUES B
(score de Matutes <4) 9. TRAITEMENT :
L’examen du frottis sanguin et l’immunophénotypage des
lymphocytes sanguins sont les examens clés pour le dia- 9.1. TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE :
gnostic différentiel. • le traitement des cytopénies auto-immunes (PTAI,
a) le lymphome à cellules du manteau leucémisé : AHAI) fait appel à la corticothérapie.
b) leucémie à prolymphocytes : • les immunoglobulines intraveineuses en cas d’hypo-
c) leucémie à tricholeucocytes : gammaglobulinémie compliquée d’épisodes infectieux
d) lymphome splénique à lymphocytes villeux : à répétition.
e) lymphome folliculaire leucémisé : • traitement des complications infectieuses (antibiothé-
f) la maladie de Waldenström : rapie)
• Support transfusionnel en cas d’insufisance médul-
laire.
7. LE PRONOSTIC :
9.2. TRAITEMENT SPÉCIFIQUE :
Classiication de Binet : L’indication du traitement spéciique dépend des carac-
téristiques de la maladie :
-Classiication de Binet
-Signes d’activité de la maladie (1 seul critère sufit) :
aggravation de l’insufisance médullaire, augmentation
rapide du syndrome tumoral, temps de doublement des
lymphocytes < 6 mois, cytopénies auto-immunes réfrac-
taires aux traitements habituels, symptômes B (amai-
grissement > 10 % en 6 mois, ièvre >38° pendant plus
de 10 jours en dehors d’une infection, sueurs nocturnes).
Aires ganglionnaires : cervicale, axillaire, inguinale
(que l’atteinte soit uni ou bilatérale), rate et foie. 1) Stades A et B :
• Aucun critère d’activité : Abstention thérapeutique avec
surveillance clinique et hématologique.
8. LES COMPLICATIONS : • ≥ 1 critère d’activité : polychimiothérapie type FCR (Flu-
darabine, cyclophosphamide et rituximab) ou mono-
8.1. LES INFECTIONS : chimiothérapie par chloraminophène selon les condi-
Elles constituent une cause fréquente de mortalité. tions physiques du patient.
Elles sont favorisées par l’hypogammaglobulinémie, un
déicit immunitaire cellulaire et une éventuelle neutro- 2) Stades C :
pénie. Les infections sont principalement bactériennes, Polychimiothérapie type FCR (Fludarabine, cyclophos-
mais peuvent aussi être virales (herpès, zona), fongiques phamide et rituximab) ou monochimiothérapie par chlo-
(pneumocystose, cryptococcose, aspergillose) ou dues raminophène selon les conditions physiques du patient.
aux mycobactéries.
Schèma 1. Les
principales aires-
ganglionnaires
La rate est un organe situé dans l’hypochondre gauche 4.1. L’EXAMEN CLINIQUE :
sous le gril costal et la coupole diaphragmatique gauche. La palpation, en décubitus dorsal, trouve une masse de
Il s’agit d’un organe lymphoïde étroitement lié au sys- l’hypochondre gauche, supericielle, mobile avec la res-
tème porte. piration, au bord antérieur crénelé.
Les fonctions physiologiques de la rate sont : Le débord splénique doit être mesuré, à partir du rebord
•Siège mineur de l’hématopoïèse pendant la vie fœtale costal sur la ligne mamelonnaire jusqu’au point le plus
•Stockage et réservoir : 30 % du pool de plaquettes, 1-2 extrême de la rate, à l’aide d’un mètre ruban.
% des globules rouges L’examen en décubitus latéral droit permet de trouver
•Synthèse des anticorps (IgM surtout) lors de la réponse les splénomégalies modérées.
immunitaire primitive
•Phagocytose des particules étrangères et des globules 4.2. IMAGERIE :
rouges anormaux L’échographie abdominale est utile quand l’examen
•Elimination des débris cellulaires (corps de Howell- est dificile (ascite, obésité, paroi abdominale tonique)
Jolly, corps de Heinz) et permet de retenir la splénomégalie quand la lèche
échographique est ≥ 13 cm.
2. DÉFINITION :
5. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL :
Une splénomégalie est déinie par l’augmentation du vo-
lume de la rate qui devient palpable à l’examen clinique. Est celui d’une masse de l’hypochondre gauche
Toute rate palpable chez l’adulte est pathologique. •Gros rein gauche : plus postérieur et ixe avec un
contact lombaire à la palpation
•Tumeurs de l’angle colique gauche
3. PHYSIOPATHOLOGIE : •Tumeurs de la queue du pancréas
Le traitement des hémopathies malignes est une a/ Les Concentrés globulaires : CGR
chimiothérapie aplasiante responsable de neutropénie Ils doivent être identiques dans le système ABO et de
profonde, ainsi que d’une anémie et d’une thrombopénie même phénotype Rhésus Kell que le patient. Ils doivent
allant de 15 jours à 1 mois. Pendant cette période il faut aussi être déleucocytés. L’irradiation des produits est
assurer un support transfusionnel en globule rouges et faite en cas de greffe prévue.
en plaquettes.
b/ Les plaquettes :
4.1/ BILAN PRÉ-TRANSFUSIONNEL : On préfèrera les concentrés plaquettaires par aphérèse
Il est nécessaire, comme chez tout polytransfusé, de pré- (CPA) aussi nommés concentrés unitaires plaquettaires
voir avant toute transfusion un bilan transfusionnel com- (CUP), aux concentrés de plaquettes standards (CPS). En
portant les éléments suivants : effet à eficacité égale la transfusion de CPA prédispose
- Sérologies virales : hépatites, VIH, HTLV CMV. à moins de risque d’allo-immunisation plaquettaire et
- Groupe ABO, phénotype Rhésus et Kell, recherche de transmission virale, vu qu’il est prélevé à partir d’un
d’agglutinines irrégulières répétée au cous de la pé- seul donneur alors que les CPS proviennent de plusieurs
riode transfusionnelle. donneurs. Les produits ne sont pas obligatoirement iso-
- Recherche d’anticorps anti-HLA plaquettaires en cas groupe ni du même phénotype. Ils doivent néanmoins
d’ineficacité transfusionnelle en plaquettes. être déleucocytés et éventuellement irradiés en cas de
greffe.
HEMATOLOGIE
CLINIQUE
ET BIOLOGIQUE
ONCOLOGIE
ANATOMIE
PATHOLOGIQUE
Pre-requis
Histologie du ganglion normal
3. FORMES HISTOPATHOLOGIQUES
4. DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS
3.1- LYMPHOME DE HODGKIN CLASSIQUE
a- La forme nodulaire sclérosante Les diagnostics différentiels se posent différemment se-
C’est la forme la plus fréquente (60-80 % des LH). lon les types histologiques. Il s’agit de :
Elle est plus fréquente chez les adolescents et les adultes 1. éliminer un processus réactionnel viral, EBV induit ou
jeunes, mais peut atteindre tous les âges. Le médiastin et autre
les sites supra diaphragmatiques sont souvent atteints. 2. éliminer un lymphome non Hodgkinien (le lymphome
Elle est caractérisée par la présence de cellules lacu- anaplasique, le lymphome B riche en cellules T et
naires et/ou une ibrose d’abondance variable. Le granu- histiocytes, et moins souvent, un lymphome T mature
lome inlammatoire est hétérogène fait de lymphocytes, périphérique non spéciique ou de type angio-immu-
histiocytes, plasmocytes, éosinophiles et neutrophiles. noblastique)
La nécrose n’est pas rare. 3. écarter un processus malin non lymphomateux.
Dans les cas dificile, le diagnostic est facilité par les ré-
b- La forme à cellularité mixte sultats de l’immunohistochimie.
Elle représente 15-30 % des LH.
Elle est observée à n’importe quel âge.
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
116 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
Le LMP1 peut être détecté par immunohistochimie sur
5. ASPECTS PHYSIOPATHOLOGIQUES DU coupes en parafine, mais la méthode la plus sensible
LYMPHOME DE HODGKIN CLASSIQUE est la détection par hybridation in situ des ARN EBER
(Epstein-Barr virus latency-associated RNA).
Les études phénotypiques et génotypiques récents favo- Le pourcentage de cellules tumorales infectées par EBV
risent l’hypothèse que le lymphome de Hodgkin classique est variable selon le type histologique, l’âge et l’origine
s’intègre dans le spectre des proliférations lymphoïdes B géographique des patients.
clonales et dérive d’une cellule centro-folliculaire préa-
poptotique. 5.2- RÔLE DES CYTOKINES
Une sécrétion de diverses cytokines a été rapportée dans
5.1- LYMPHOME DE HODGKIN les LH, incluant l’interleukine 2(IL2), IL5, IL6, IL7, IL9,
ET VIRUS EPSTEIN-BARR IL10, IL13, GM-CSF et TGFβ. Certaines hyperexpressions
La présence de virus Epstein-barr dans le lymphome de de cytokines sont corrélées à un aspect spéciique tel
Hodgkin est maintenant bien établie. que l’hyper éosinophilie et la sécrétion d’IL5, IL10 et la
Les études génomiques ont montré que l’ADN viral est présence de protéine de latence d’EBV et TGFβ avec une
présent sous une forme épisomal monoclonal, anté- sclérose ganglionnaire.
rieure à la multiplication clonale des cellules tumorales.
Il est d’ailleurs généralement présent dans les diffé-
rentes localisations et les récidives de la maladie.
L’EBV mis en évidence dans les cellules de Reed-Stern-
berg présente une latence de type II : elles expriment
EBER, LMP1, EBNA1 et non EBNA2. Le LMP1 agit en on-
cogène avec un effet anti-apoptotique.
Pre-requis
Histologie du ganglion normal
HEMATOLOGIE
CLINIQUE
ET BIOLOGIQUE
ONCOLOGIE
ONCOLOGIE
I/- DÉFINITION - GÉNÉRALITÉS Ces taux de mortalité ou de morbidité dans une popu-
lation augmentent avec l’âge. Ainsi, dans 2 populations,
1/- ÉPIDÉMIOLOGIE : l’une est plus vieille que l’autre, et dont les taux spéci-
L’épidémiologie est l’étude de la fréquence, de la répar- iques par âge sont les mêmes, il y aura forcément moins
tition et des causes des cancers dans les populations de cas dans la population la plus jeune et par conséquent
humaines. un taux brut plus faible. Pour annuler cet effet de l’âge,
L’épidémiologie moderne des cancers est subdivisée on calcule des taux standardisés sur l’âge.
selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 3
branches : 3/- PRINCIPALES SOURCES DE DONNÉES :
- L’épidémiologie descriptive : c’est l’étude de la dis-
tribution des cancers dans les populations humaines, a/ Les données de mortalité :
ainsi que des inluences qui déterminent cette distri- Elles sont obtenues à partir des certiicats de décès re-
bution (âge, sexe, ethnie…). cueillis à un niveau national permettant en principe un
- L’épidémiologie analytique : c’est l’analyse de l’exis- dénombrement des cas selon le siège initial du cancer, le
tence des relations entre un sexe et l’âge. Or l’exactitude et la précision de ces certi-
cancer et les facteurs pouvant jouer un rôle dans son dé- icats sont insufisantes dans beaucoup de pays, rendant
clenchement. ainsi ces données très grossières et approximatives.
- L’épidémiologie d’intervention : c’est l’évaluation de L’amélioration de la qualité des certiicats de décès
l’effet d’une action préventive passe par une sensibilisation des médecins praticiens à
ou curative sur la santé d’un groupe d’individus (essai l’importance des renseignements transcrits sur ces cer-
thérapeutique). tiicats. Il ne doit pas être, pour cela, considéré comme
Ainsi l’épidémiologie apporte les connaissances qui per- une simple formalité administrative.
mettent d’orienter les actions de santé et ceci grâce aux
progrès réalisés dans la compréhension de la carcinoge- b/ les données de morbidité :
nèse, mais aussi dans la prévention et le traitement de la Elles proviennent des résultats d’enquête, mais surtout
maladie cancéreuse (exemple : le cancer de l’estomac). des registres de cancers qui sont des structures organi-
sées où l’on collecte tous les cas de cancers à partir des
2/- MORTALITÉ - MORBIDITÉ : différents laboratoires d’anatomie pathologique dans le
L’enregistrement systématique de tous les cancers s’est secteur privé et public soit à l’échelle nationale ou ré-
développé à partir de 1950 et a permis d’établir des sys- gionale.
tèmes de mesure pour apprécier la fréquence des can- Trois registres régionaux ont été mis en place en Tunisie
cers. Il s’agit de la détermination du taux de mortalité qui en 1997 ain de collecter les cas de cancers dans le nord,
est le taux de décès annuel et du taux de morbidité ou le centre et le sud du pays.
incidence. Ces taux se déinissent comme suit : Cet enregistrement recense :
- Tous les cas apparus au cours d’une année = Incidence
nombre de décès / zone géographique / année ou fréquence des nouveaux cas.
Mortalité = _____________________________________ - Tous les cas existants = Prévalence ou nombre de cas
population annuelle moyenne dans la zone présents.
Mortalité par cancer chez les hommes de 50 - 54 ans C’est l’épidémiologie analytique qui se base essentiel-
Œso- lement sur les enquêtes qui ont permis de dégager un
Catégorie socio- Poumon Tous certain nombre de facteurs
phage
professionnelle larynx cancers
pharynx
1/- LE MILIEU PROFESSIONNEL :
Employés ouvriers 119 91 369 Sir Parcival Pott rapporte le premier en 1775 l’existence
Ouvriers agricoles 98 105 315 d’une relation entre un facteur de risque : la suie et le
Artisans, petit cancer du scrotum des ramoneurs. Il a fallu 140 ans
93 44 174 pour découvrir l’agent responsable : le 3-4 benzopyre-
commerce
ne contenu dans le goudron de houille manipulé par ces
Cadre moyen 64 28 223 travailleurs.
Agriculteurs Les autres exemples de facteurs porfessionnels : mine-
42 35 182
exploitants rai radio-actif et poumon, colorant et vessie, aminante et
Industriel, Cadre sup, mésothéliome pleural….
46 15 154
gros commerçants
2/- LES RADIATIONS IONISANTES :
Œsophage 1,5 1,1 1,2 March rapporte en 1944 le taux élevé de décès par leucé-
* données françaises mie des radiologues.
Cette observation a été conirmée par l’étude des sur-
6/ VARIATION EN FONCTION vivants d’Hiroshima et de Nagasaki chez qui l’incidence
DE LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE : des leucémies a été maximale en 1951 -1952, soit 6 à 7
Certains cancers ont une répartition variable en fonction ans après la in de la guerre mondiale ; la dose nocive
du lieu géographique tel que le cancer du cavum qui est étant estimée à 100 rads ou plus.
fréquent en Afrique du Nord et en Chine, mais est peu D’autres cancers on été notés chez les mêmes survivants
fréquent en Europe et aux USA ou encore le cancer du exposés 15 ans plus tard : thyroïde, glande salivaire, ap-
foie fréquent en Afrique ou en Asie et est peu fréquent pareil digestif, arbre bronchique, sein et lymphome.
en Occident. D’autres études ont rapporté le risque couru pour une
Il en est de même des lymphomes du grêle où on dis- irradiation à visée thérapeutique ou diagnostique.
tingue la forme méditerranéenne caractérisée pour son Exemples :
type diffus extensif et la forme occidentale où l’atteinte - Les sarcomes radio-induits, 10 à 15 ans après un trai-
est segmentaire. tement par radiothérapie.
On note par ailleurs, qu’il y a 200 fois plus de cancer de - Les cancers cutanés sur peau irradiée pour teigne dans
la peau (essentiellement baso-cellulaire) en Australie, l’enfance
pays ensoleillé où la population à la peau très claire, qu’à - Les cancers du sein chez des tuberculeux après radios-
Bombay, pays ensoleillé où la population à la peau très copies pulmonaires à répétition.
foncée. Mais ces études comportent plusieurs biais.
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
126 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
3/- LES RAYONNEMENTS ULTRAVIOLETS : celui du foie, les amines aromatiques, les colorants dans
Les U.V. sont responsables de l’augmentation de la fré- le cancer de la vessie, les graisses animales et les can-
quence des cancers cutanés et des mélanomes et il cers colo-rectaux….
semble exister une relation plus nette depuis les mo- Tous ces corps sont connus comme carcinogenèse et
diications du comportement des individus vis à vis de il est probable que seuls ou associés, ils jouent un rôle
l’ensoleillement durant les vingt dernières années. Les dans l’apparition de certains cancers digestifs, mais au-
régions du corps touchées sont les régions exposées : cune étude n’en a apporté la certitude.
visage, avant-bras, jambes.
Les cancers cutanés surviennent avec une plus grande 6/ - LES HORMONES, LES MÉDICAMENTS :
fréquence chez les sujets à peau claire (blonds, roux). Une étude récente fait état d’un rôle favorisant de la
C’est ainsi que les incidences les plus élevées sont ob- pilule dans le développement du cancer du sein, si la
servées chez les Anglosaxons vivants en Australie ou en contraception débute à un âge jeune, peu de temps après
Afrique du Sud. la puberté.
Aux USA, les Causasiens ont 15 fois plus de cancers Il existe, par ailleurs, un risque connu de voir apparaître
cutanés que les noirs. un cancer du vagin chez les illes dont la mère a reçu
Les épidémiologistes prédisent que le mélanome malin du Diethylstilbestrol pendant les 3 premiers mois de la
deviendra à l’aube du 3e millénaire le premier cancer de grossesse.
l’homme (rôle de la couche d’Ozone ?). L’utilisation d’œstrogènes après la ménopause comme
pilule de jeunesse semble augmenter le risque de cancer
4/ - LE TABAC : de l’endomètre.
De tous les facteurs de risque connus, le tabac est cer- Quant aux hormones d’origine endogène, elles inter-
tainement celui qui cause le plus de cancers aujourd’hui viennent dans le cancer du sein et de l’endomètre à
dans le monde. De plus à cause de la longue période de l’inverse du cancer du col où existe un environnement
latence, on peut prédire que l’épidémie des cancers cau- hormonal opposé ; le rôle et le mécanisme de la cancé-
sés par le tabac va continuer au moins jusqu’en 2005- rogenèse restent dificiles à préciser.
2020 puisque sa consommation a augmenté. A l’inverse, la pilule contraceptive semble protéger contre
La quantité quotidienne de tabac fumée et la durée du le cancer de l’ovaire.
tabagisme jouent un rôle dans le risque de cancer, mais
après l’arrêt du tabagisme, l’accélération du risque Sein Col
cesse.
Puberté Précoce Tardive
Bien que depuis les années cinquante, la consommation
de cigarettes soit à peu prés stable en Grande Bretagne, Premier rapport Tardif Précoce
l’on y observe depuis quelques années une diminution Premier enfant Tard Tôt
très nette de l’incidence du cancer du poumon imputable
Nombre d’enfants Faible Elevé
à une diminution de la quantité de goudron dans les ci-
garettes. Ménopause Tardive Précoce
Une diminution analogue est observée aux USA. En
France, le taux moyen de goudron est encore très élevé Le risque de cancer en rapport avec la prise médicamen-
en 1985 et la mortalité par cancer bronchique continue teuse a été très peu étudié.
d’augmenter même chez les hommes jeunes. On sait tout de même que la Phénacètine et la Saccha-
Au USA, la mortalité féminine par cancer des bronches rine augmentent le risque de cancer de la vessie et que
tend à dépasser la mortalité par cancer du sein. les drogues de chimiothérapie favorisent l’apparition de
On considère que : seconds cancers.
•9/10 des cancers du poumon
•7/10 des cancers de la bouche, pharynx, larynx et œso- 7/- LES VIRUS ET LES AUTRES
phage AGENTS INFECTIEUX :
•4/10 des cancers de la vessie L’exemple le plus parlant est celui du lymphome de Bur-
•3/10 des cancers du pancréas, kitt de l’enfant et le virus d’Epstein Barr (EPB). La dé-
sont imputables au tabac. Le tabac est par ailleurs res- couverte de DNA viral dans les cellules malignes venait
ponsable du 1/4 des décès par cancer en France. conirmer le rôle probablement causal du virus. L’EPB
est également incriminé dans l’induction des cancers du
5/- L’ALCOOL ET LES FACTEURS cavum.
ALIMENTAIRES : En dehors, de ces 2 exemples, on connaît le rôle du Pa-
L’alcool est impliqué avec certitude dans le cancer des pilloma virus (HPV) 16, 18, 33… impliqué dans le cancer
VADS et de l’œsophage. Le rôle de l’alcool est plus difi- du col de l’utérus.
cile à préciser, car on n’a pu mettre en évidence aucun Parmi les autres agents infectieux, on cite la relation
agent carcinogène dans l’alcool, par ailleurs, les désé- entre Bilharziose et cancer de vessie mis en évidence
quilibres alimentaires les déiciences protidiques ou vita- chez les agricultures du Delta du Nil en Egypte.
miniques liées à l’alcool jouent sans doute un rôle adju-
vant, mais qui n’explique pas la totalité du risque. 8/- LES FACTEURS GÉNÉTIQUES :
D’autres facteurs présents dans l’alimentation ont été Il existe une composante génétique dans l’étiologie d’un
incriminés dans la genèse de certains cancers : les ni- assez grand nombre de cancer mais dificile à mettre en
trosamines dans le cancer gastrique, l’alatoxine dans évidence et surtout dificile à dissocier des facteurs envi-
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1 127
ronnementaux. Néanmoins il existe des anomalies chro- CONCLUSION :
mosomiques spéciiques :
Perte de chromosome 22 a méningiomes L’épidémiologie des cancers a permis d’identiier un
Trisomie 8 et 9 a certaines leucémies. nombre important de facteurs de risque qui doit débou-
cher sur des mesures préventives. Eviter notamment
Ailleurs, ce sont certaines maladies héréditaires qui le tabac, l’alcool, l’obésité, les infections sexuellement
s’accompagnent d’un risque accru de cancer : transmissibles, certains actes médicaux non néces-
−Les polyposes recto-coliques familiales /Syndrome de saires (Radiologie, Hormones…) ou éliminer les carcino-
Gardner gènes industriels.
−Le syndrome de Lynch
−Les néoplasies endocriniennes multiples de typeII.
Plus fréquentes sont les agrégations familiales de cer-
taines localisations cancéreuses qui multiplient le risque
de 2 à 4 soit pour la même localisation : cancer du sein,
cancer du colon soit de siège différent.
−Endomètre, sein, ovaire
−Poumon, mélanome, leucémie.
INTRODUCTION Exemples :
−métrorragies pour les cancers gynécologiques
Devant une tumeur, le diagnostic de malignité doit être −hémoptysie pour les cancers pulmonaires
posé sur des arguments cliniques et paracliniques alors −dysphagie pour les cancers de l’œsophage
que la certitude diagnostique sera donnée par l’examen
anatomopathologique. 1.1.2. EXAMEN CLINIQUE
Selon l’histoire naturelle du cancer, un bilan exhaus- Il doit être minutieux à la recherche des différents carac-
tif aussi complet que possible doit être instauré ain de tères évoquant la malignité tels que la dureté, l’irrégula-
connaître l’état d’envahissement tumoral à la fois sur le rité, la base d’implantation large et le saignement facile
plan locorégional que général. au contact de la tumeur.
A la in de ce bilan, une classiication est faite et qui sera Il ne faut pas oublier le caractère de généralisation de
la base de toute indication thérapeutique. la maladie qui représente un facteur primordial de ma-
lignité.
Exemples :
1. DIAGNOSTIC −cancer du sein
−cancer du col utérin.
Nous étudierons :
- le diagnostic positif 1.1.3. EXAMENS COMPLEMENTAIRES
- le diagnostic différentiel Ils sont biologiques, radiologiques et endoscopiques. Ils
auront la même inalité c’est à dire la recherche des ca-
1.1. LE DIAGNOSTIC POSITIF ractères de malignité de la tumeur primitive.
La suspicion de la malignité est évoquée devant les Exemples :
constatations cliniques, mais également para cliniques −la mammographie pour les cancers du sein.
et la biopsie tumorale apportera le diagnostic de certi- −La ibroscopie digestive pour les cancers digestifs tel
tude. que l’œsophage.
Pré-requis
Cours d’Oncologie : Histoire naturelle du cancer, Principes et indication de la radiothérapie,
Principes et indications de la chirurgie carcinologique, Principes de la chimiothérapie anti-
cancéreuse.
Activités d’apprentissage
Stages d’Externat
Mise à jour, Mars 2015, PR MAALEJ/DR CH.NASR
Face à un cancer, le chirurgien se trouve le plus souvent Elle s’adresse aux lésions précancéreuses ; Dysplasie
devant l’une des cinq situations suivantes du col utérin ; hyperplasie atypique (sein) ; polype du co-
• la chirurgie de diagnostic et de stadiication lon… ; ce type de lésion étant susceptible de dégénérer.
• la chirurgie radicale qui, avec ou sans radiothérapie,
doit guérir les cancers à faible potentiel métastatique
ou les tumeurs pour lesquelles actuellement les trai- 2-LA CHIRURGIE CURATIVE
tement médicaux n’ont pas fait preuve de leur eficaci-
té (cancers de l’estomac, du rectum, du pancréas, de C’est l’exérèse de l’ensemble de la tumeur avec une
l’utérus, les sarcomes des parties molles, etc.). marge de sécurité sufisante avec l’ensemble des élé-
• la chirurgie radicale intégrée dans un plan thérapeu- ments cellulo-lymphatiques et veineux pouvant être en-
tique visant à éradiquer les micrométastases par les vahis par les métastases régionales de la tumeur. Elle
traitements adjuvants. Le modèle en est le cancer du varie selon l’histoire naturelle des tumeurs, les organes,
sein. La chimiothérapie peut être le premier traitement les possibilités techniques, l’eficacité des traitements
avant la chirurgie (chimiothérapie néoadjuvante ou de adjuvants et l’expérience du chirurgien cancérologue.
première intention) chaque fois que la tumeur est en La chirurgie des cancers invasifs dits « au début « ré-
poussée évolutive ou que l’on espère que le traitement pond aux critères classiques de la radicalité de la chirur-
médical préalable permettra une meilleure exérèse gie oncologique : le chirurgien doit passer en zone saine
moins mutilante d’une volumineuse tumeur (cancer du macroscopique et microscopique dans tous les plans de
sein, tumeurs ORL, de l’œsophage, sarcome osseux...). l’exérèse avec une marge de tissu sain, dite marge de
• la chirurgie de réduction tumorale, véritable chirurgie sécurité sufisante.
biologique qui s’adresse aux tumeurs chimiosensibles Cette marge est variable selon les tumeurs :
pour lesquelles le volume et/ou la diffusion métasta- −mélanome malin : de 1 à 3 cm selon l’histopronostic ;
tique ne permettent pas une exérèse radicale, mais −pour le cancer du rectum : 2 cm, ce qui peut autoriser
seulement une réduction tumorale maximale. Celle-ci des conservations du sphincter anal à des tumeurs
entraîne le phénomène de recrutement cellulaire né- siégeant jusqu’à 4 cm de la marge ;
cessaire à une activité optimale des traitements cyto- −pour les cancers du sein : 1 cm segmentectomie, qua-
toxiques (cancers épithéliaux de l’ovaire, cancer non drantectomie ;
séminomateux du testicule). −pour les sarcomes : exérèse compartimentale de
• la chirurgie palliative qui, associée aux thérapeutiques l’unité fonctionnelle.
la chirurgie carcinologique (oncologique) est en évolution Chirurgie oncologique ; concepts et techniques : Evrard
permanente elle fait de plus en plus parti d’une prise en S,Guillemin F,Dauplat J. éditions John Libbey .
charge multidisciplinaire incluant la radiothérapie et les Chirurgie oncologique, present et futur : Bobin JY,Fro-
traitement médicaux (chimiothérapie, hormonothérapie, bert JL.
thérapeutiques ciblées…). Principles of surgical oncology : In DeVita éditions lip-
Le chirurgien oncologue fait le diagnostic, contrôle la pincot.
maladie cancéreuse par son acte ; guide les thérapeu- Recommendations pour une bonne pratique en chirur-
tiques adjuvantes grace à un staging adéquat, améliore gie cancérologique : Dauplat J Bull. du cancer1995 ; 82 ;
la qualité de vie des patients avec une maladie évoluée 795-809
ou métastatique ; contribue grâce aux techniques de re-
construction à une meilleure acceptation de la maladie
et à la réinsertion sociale des malades.
Pré-requis
Biophysique des radiations ionisantes (Cours DCEM1 de Biophysique)
Activités d’apprentissage
Stage d’externat de troisième année au service de radiothérapie.
Mise au point, Mars 2015, Pr Ag Chiraz Nasr Ben Ammar, Dr Asma Belaïd
C D
Photo n° 5 Exemple de tumeur radiocurable : Carcinome épidermoïde de la lèvre inférieure traité par radiothérapie exclu-
sive en associant radiothérapie externe et curiethérapie.
A : photo avant traitement B : photo après radiothérapie externe a la dose de 40 Gy,
C : photo lors de la curiethérapie, D : photo après guérison
A B
4. STRATEGIE THERAPEUTIQUE
4.1 POLYCHIMIOTHÉRAPIE/
MONOCHIMIOTHÉRAPIE
La polychimiothérapie est l’association de plusieurs
drogues. Son eficacité est supérieure à la monochimio-
thérapie. Elle permet de couvrir les cellules résistantes,
mais il faut veiller à en limiter les toxicités.
Pré-requis
Anatomie du système nerveux, sémiologie radiologique, l’hématopoïèse, le métabolisme
phosphocalcique.
b. Étiologies : b. Étiologies :
Dans plus de 90 % des cas, le SVCS est secondaire à une Les patients cancéreux présentent un risque accru de
tumeur maligne. Les tumeurs les plus pourvoyeuses de thrombose. Les emboles artériels pulmonaires peuvent
syndrome cave supérieur sont dans 80 % des cas les être soit :
cancers bronchiques notamment en premier lieu les car- -Fibrino-cruoriques : secondaire à la stase sanguine (al-
cinomes à petites cellules (CPC) du poumon ensuite les tération de l’état général et alitement) ou à une lésion
carcinomes épidermoïdes du poumon (CBNPC). endothéliale (chirurgie, compression tumorale ou inil-
Dans un deuxième lieu viennent les tumeurs suivantes : tration tumorale) ou à la thrombophilie (anomalies des
-Les lymphomes Non Hodgkiniens avec atteinte fonctions plaquettaires, secrétion de facteurs procoa-
ganglionnaire médiastinale (2-4 %) gulants ou d’anticoagulants circulants).
-Le Thymome (<2 %) -Tumoraux
-Les Métastases ganglionnaires d’un primitif testiculaire Les tumeurs les plus pourvoyeuses d’EP sont : prostate,
(tumeur germinale) (<2 %), ou mammaire… poumon, côlon, pancréas, estomac, ovaire, sein, rein.
Outre l’obstruction tumorale médiastinale, une obstruc-
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1 163
c. Signes cliniques : Des territoires ventilés par un autre traceur radioactif
Devant un patient cancéreux présentant une dyspnée (Xénon ou Krypton) inhalé.
(84 %) ou une douleur thoracique (74 %), le premier dia-
gnostic à évoquer en urgence est l’Embolie Pulmonaire. Les territoires bien ventilés, mais non perfusés corres-
Les examens cliniques et paracliniques serviront à ren- pondent au « mismatched » évocateur d’EP.
forcer le diagnostic ou à l’inirmer. Elle détermine des degrés de probabilités d’Embolie pul-
Par l’interrogation on recherche : les ATCDS de throm- monaire. Un examen normal présente 4 % de faux né-
bose veineuse profonde ou d’embolie pulmonaire ; une gatifs. Une scintigraphie normale avec une probabilité
douleur thoracique ; un malaise ; une toux (50 %) ; une clinique faible élimine le diagnostic.
hémoptysie (30 %).
Par l’examen physique : tachypnée FR >16/mn (90 %) ; e. Traitement :
tachycardie FC >100/mn ; Une thrombose veineuse pro- En urgence, il faut hospitaliser le patient et mettre en
fonde (œdème d’un membre inférieur) ; hypotension ; place au moins une voie d’abord veineuse et une oxy-
une turgescence jugulaire… génothérapie, repos au lit jambes surélevées. Une éva-
luation des signes de gravité, qui sont un état de choc,
d. Signes paracliniques : une défaillance hémodynamique, une IceVentriculaire
- Gazométrie Artérielle : Hypoxie < 85 mmHg (gravité Gauche ou une élévation de troponine, est nécessaire.
si <60 mmHg) - Hypocapnie < 35 mmHg - Gradient En cas de signes de gravité, le malade doit être hospita-
alvéolo-artériel > 20. lisé dans un service de réanimation pour correction hé-
La gazométrie n’a pas d’intérêt diagnostique (sensibi- modynamique et thrombolyse.
lité et spéciicité faibles), mais sert à évaluer la gravité. En l’absence de signes de gravité : anticoagulation par
Elle peut être aussi normale. héparine HBPM à dose curative : La Tinzaparine (Innhohep
- Dosage des D-dimères : Les D-dimères sont des pro- ®) en une seule fois par jour en SC. La dose standard est de
duits de dégradation de la ibrine qui sont présents en 175 UI/Kg/j, correspondant à 0,6 ml pour un poids de 70kg.
cas de Thrombose veineuse profonde ou d’embolie pul- La surveillance de l’activité thérapeutique n’est pas né-
monaire, mais aussi en cas de cancer, de grossesse, de cessaire sauf en cas de très faible ou de très fort poids
CIVD ou d’IDM. La valeur seuil par technique ELISA est du malade ou d’insufisance rénale modérée. Cette sur-
ixée à 500µg/l. veillance se fera par l’activité anti-Xa dont le prélèvement
Le Dosage du D-dimère n’a de valeur diagnostique que doit être fait à partir du second jour de traitement 6 à
s’il est négatif permettant d’inirmer le diagnostic d’EP. 7 heures après une injection SC. Une activité Anti-Xa
- ECG : Non spéciique, il peut être normal ou montrer : comprise entre 0.5 et 1 correspond à une dose eficace
une tachycardie sinusale, des troubles du rythme (i- d’HBPM.
brillation+), déviation axiale droite, S1Q3, BBD complet En cas d’insufisance rénale sévère (clairance de la créa-
ou incomplet ou des troubles de la repolarisation (onde tinine < 30 ml/mn), les HBPM sont contre-indiquées en
Tnégative). curatif, dans ce cas l’héparine standard doit être utilisée.
- Radio-Thorax : Non spéciique et ne sert pas au dia- La dose initiale est alors de 80 unités par Kg de poids
gnostic. Sert à éliminer un diagnostic différentiel tel en bolus (soit environ 5000 U) suivi d’une perfusion de
que Pneumothorax ou pneumopathie sévère ou des 18 U/Kg/heure soit environ 32.000 unités par 24 h. A la
métastases pulmonaires diffuses avec lymphangite différence des HBPM, l’héparine non fractionnée donne
carcinomateuse. des réponses pharmacologiques très variables en fonc-
Elle peut montrer : une radio Normale, une hyperclarté tion des sujets. Il importe donc de vériier le TCA à la
parenchymateuse localisée (défaut de vascularisation), 6e heure et d’adapter la dose en fonction de l’abaque de
des atélectasies en bandes, une surélévation de cou- Raschke (Voir tableau 1).
pole diaphragmatique ou un épanchement pleural. Le relais par AVK : le relais par AVK est une option thé-
- Angio scanner : L’angioscanner a une sensibilité su- rapeutique chez les patients cancéreux qui ne peuvent
périeure à 95 % avec des faux négatifs <1 %. Un an- bénéicier des HBPM. Le relais devra être fait dès le pre-
gioscanner avec coupes millimétriques et reconstruc- mier jour avec un chevauchement minimum avec une
tion constitue l’imagerie de première intention dans les héparine de cinq jours jusqu’à un INR supérieur à 2.0 de
embolies pulmonaires massives. façon stable (deux valeurs à 24 h d’intervalle). La dose
Il permet de faire le diagnostic positif : Thrombus intra- initiale doit être chez le cancéreux de 2 mg de couma-
vasculaire pulmonaire ; Remodelage vasculaire ; Dé- dine® (warfarine) ou de 2 mg pour le sintrom® (adé-
faut de vascularisation distale ; Épanchement pleural ; nocoumaroul) ou de 5 mg de Previscan® (Fluindione).
Infarctus pulmonaire… Une augmentation des doses par pallier de 1 mg pour la
- Echocardiographie : L’échocardiographie a une place coumadine et le sintrom ou de 5 mg pour le préviscan.
en cas d’embolie pulmonaire massive avec un patient La durée du traitement : HBPM ou AVK pendant une du-
instable ou des signes de défaillance du cœur droit. rée minimale de 3 à 6 mois (durée maximale de 12 mois).
Elle permet d’éliminer une tamponnade, une défail- La surveillance pendant le traitement : sous HBPM, il
lance cardiaque, une dissection… faut surveiller les taux de plaquettes pour dépister une
- Scintigraphie de ventillation-perfusion : Le principe thrombopénie induite.
est un marquage : Sous AVK, une surveillance étroite de l’INR est néces-
Des territoires perfusés par un traceur radioactif (ha- saire, car il existe un risque accru de surdosage sous
bituellement du technétium) injecté dans une veine au chimiothérapie par interaction médicamenteuse (5FU,
pli du coude. capécitabine…).
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
164 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
2.3. COMPRESSION MÉDULLAIRE : vent associées à une raideur rachidienne localisée. Ces
a. Déinition : deux signes constituent le syndrome rachidien.
La compression médullaire extradurale est déinie par Une fois la compression constituée, d’autres signes neu-
une compression du sac dural et de son contenu (moelle rologiques sont présents chez 50 à 85 % et constituent
épinière et/ou queue de cheval) par une masse tumorale deux syndromes :
extradurale. La masse peut envahir le corps vertébral ou, -syndrome lésionnel : comporte
moins souvent, les pédicules vertébraux, et comprimer Dlrs radiculaires : Isolées au début, de topographie
le sac dural, soit directement, soit par déplacement os- constante : névralgies cervico-brachiales, algies thora-
seux.. Il s’agit d’une véritable urgence médicale, car si ciques en ceinture, dlrs abdominales en bandes et im-
une intervention n’est pas rapidement entreprise, une pulsive à la toux, en salves, nocturnes++, au repos.
section de la moelle peut survenir subitement avec des Déicit radiculaire objectif : Hypoesthésie en bandes
séquelles neurologiques irréversibles. dans le territoire douloureux, Abolition, diminution ou in-
version d’un rélexe, Déicit moteur dans le même terri-
b. Étiologie : toire radiculaire avec amyotrophie pouvant orienter vers
Elle se voit chez 5 % des patients cancéreux en vie et le niveau de compression.
dans 5-20 % de leurs autopsies. Plus de 60 % des cas de -syndrome sous lésionnel : il comporte
compression sont dus à des cancers du sein, de la pros- Atteinte motrice= syndrome pyramidal : Variable, clau-
tate, du poumon ou un myélome. Elle est le plus sou- dication intermittente de la moëlle (gêne à la marche),
vent (80 %) secondaire à une épidurite carcinomateuse. tétraplégie/paraplégie spastique
D’autres étiologies peuvent se voir : croissance d’une Atteinte sensitive : retardée, picotements, fourmil-
tumeur paravertébrale par un foramen intervertébral lements, une sensation de striction, d’être pris dans un
(15 %), l infection (ostéomyélite), traumatisme, tasse- étau, de ruissellement d’eau glacée, de brûlures parfois
ment ostéoporotique, hématome, arthrose cervicale sé- exacerbées au contact, impression de marcher sur du
vère ou une hernie discale. coton ou du caoutchouc avec une gêne plus marquée à
la marche à la fermeture des yeux.
c. Les signes cliniques : Atteinte sphinctérienne : Très tardifs sauf si cône ter-
Toute mention de douleur au dos de la part d’un patient minal à type de Troubles Urinaires (miction impérieuse,
atteint de cancer nécessite une investigation approfondie dysurie), Troubles Sexuels ou ano-rectaux (constipation).
ain d’éliminer le diagnostic de compression médullaire.
La douleur dorsale est le symptôme le plus précoce et d. Le diagnostic positif :
le plus fréquent de la compression médullaire et affecte Le diagnostic de compression médullaire doit être évo-
jusqu’à 95 % des patients. Elle est secondaire à l’inil- qué devant tout patient cancéreux présentant une dou-
tration osseuse par la tumeur. Elle peut apparaitre plu- leur rachidienne et/ des signes neurologiques déici-
sieurs mois avant les signes neurologiques. Les douleurs taires. La conirmation diagnostique est apportée par
sont localisées, augmentent en position couchée et sont l’IRM rachidienne.
exacerbées par les manœuvres augmentant la pression
épidurale telles la toux et l’éternuement. Elles sont sou- e. l’IRM rachidienne :
Elle permet de mettre en évidence le niveau de compres-
sion médullaire sous forme d’iniltrations tumorales ver-
tébrales avec un aspect en diabolo (image 1), en galette
avec compression nette de la moelle épinière (image 2),
ainsi que le bilan des autres vertèbres.
En cas de signes neurologiques, l’IRM doit être faite en
urgence dans les 48 premières heures. Elle permettra de
poser le diagnostic positif et d’orienter la stratégie thé-
rapeutique.
g.Données bactériologiques :
Hémocultures : il faut prélever 2 à 3 hémocultures à des
sites différents (en périphérie et sur un cathéter veineux
central). Les hémocultures doivent être réalisées dans
la première heure suivant le diagnostic de neutropénie
fébrile.
En cas de cinétique de culture différentielle entre hé-
mocultures périphériques et sur cathéter inférieure à
2heures, ceci est en faveur d’une infection du cathéter.
h. traitement :
Il y a deux dogmes qui ne sont jamais remis en cause :
c’est une Urgence thérapeutique et c’est l’Indication
d’une antibiothérapie à large spectre.
L’Antibiothérapie : Principes généraux de l’antibiothéra-
pie restent :
-Large spectre
-Bactéricide
-Toxicité acceptable
-Faible pouvoir de sélection de mutants bactériens Ré-
sistants.
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1 169
LES AUTRES THERAPEUTIQUES MÉDICALES EN ONCOLOGIE
HEMATOLOGIE
CLINIQUE
ET BIOLOGIQUE
ONCOLOGIE
GÉNÉTIQUE
Pré-requis
Le processus de division cellulaire.
La déinition d’un gène et notion de mutations.
Le mécanisme de réparation de l’ADN.
• Données cliniques.
• Étude des jumeaux. 3. DIFFERENTS GENES IMPLIQUES DANS
• Génopathies précancéreuses. Tableaux 1-2 LE CANCER :
• Notion de cancer familial : plusieurs éléments per-
mettent d’évoquer une forme héréditaire notamment : 3.1 LES ONCOGENES
- Lorsque les sujets sont apparentés au premier degré. Les oncogènes ont été initialement identiiés par le biais
- Lorsque 2 générations successives, au minimum, sont de virus tumorigènes. En 1911, Rous a découvert que le
atteintes sarcome du poulet pouvait être transmis par un virus
- Lorsque plusieurs tumeurs primitives sont dévelop- et il a été montré par la suite que ce dernier contenait
pées chez un même individu. un gène, v-src, qui renfermait à lui seul toute l’activité
transformante.
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
176 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
Ce gène existe également de façon normale dans toutes sions…) peuvent avoir pour conséquence moléculaire,
les espèces animales, dont l’homme (ce qui a fait dire à la formation d’un gène hybride généré par la fusion de
Bishop, en 1976 : « les ennemis sont parmi nous »). La régions codantes entraînant la synthèse de protéines
découverte de ce premier oncogène, c-SRC, a été suivie chimériques non fonctionnelles.
par l’identiication de nombreux autres oncogènes cel- d.1 Les translocations :
lulaires. -Translocation 9-22 dans la LMC
La translocation t (9 ; 22) (q34 ; q11) caractérise les leucé-
3.1.1. Déinition : mies myéloïdes chroniques (LMC) et un sous groupe de
Les oncogènes dérivent des proto-oncogènes qui pos- leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL).
sèdent, physiologiquement, une action stimulatrice sur Dans 90 % des LMC, cette translocation se caractérise
la division cellulaire. Leur expression est soumise à une par la présence du chromosome Philadelphie (Ph1,
ine régulation durant le cycle. A la suite d’une modii- der22). Figure 1.
cation qualitative ou quantitative, un proto-oncogène de- Dans les autres cas de LMC et les LAL, la translocation
vient un gène oncogène ou gène transformant, c’est-à- n’est détectable qu’au niveau moléculaire.
dire un gène capable de conférer expérimentalement le Dans la translocation t (9 ; 22) (q34 ; q11), le gène ABL
phénotype cancéreux (transformation) à une cellule nor- (Figure 2) normalement localisé sur le chromosome 9
male eucaryote. Leur mode d’action est dominant, car il (9q34) est fusionné avec le gène BCR (Figure 3) localisé
sufit qu’un seul des deux allèles soit muté pour que leur sur le chromosome 22 (22q11). Le gène de fusion BCR-
action puisse s’exercer. ABL code pour une protéine chimérique BCR-ABL p210
dans les LMC ou BCR-ABL p190 dans les LAL. Figure 4.
3.1.2. Classes d’oncogènes : La recherche du chromosome Philadelphie a un double
Les oncogènes sont répartis en 6 grandes classes en intérêt : un intérêt diagnostic, sa présence conirme le
fonction des oncoprotéines pour lesquels ils codent : diagnostic et un intérêt pronostic, son absence signiie la
a. Les facteurs de croissance : rémission et sa réapparition, la rechute.
ils assurent une boucle de régulation autocrine. - Lymphome de Burkitt :
Exemple : proto-oncogènes codant pour les protéines de Dans les proliférations lymphoïdes, des translocations
la famille FGF (ibroblast growth factor) mettent en contact, de part et d’autre du point de cas-
b. Les récepteurs transmembranaires de facteurs de sure, un oncogène et un promoteur, soit du gène des
croissance : immunoglobulines (Ig) (lymphomes B), soit du gène du
Exemple : erb B code pour le récepteur à l’EGF (epider- récepteur T (TCR) (lymphome T). Soumise à la « stimula-
mal growth factor) tion » du promoteur du gène d’Ig, l’expression de l’onco-
c. Les G-protéines ou protéines membranaires liant le gène est fortement augmentée et entraîne la transfor-
GTP mation de la cellule siège du remaniement et l’apparition
Exemple : proto-oncogènes de la famille ras d’un clone tumoral à la croissance dérégulée.
d. Les tyrosines protéine-kinases membranaires Dans le lymphome de Burkitt, on observe une transloca-
e. Les protéine-kinases cytosoliques tion chromosomique entre le chromosomes 8 et géné-
f. Les protéines à activité nucléaire : elles contrôlent la ralement le chromosome 14 et plus rarement les chro-
transcription de gènes cibles en interagissant avec l’ADN. mosomes 2 et 22. La translocation survient à l’occasion
Exemple : erbA codant pour le récepteur aux hormones d’une erreur de recombinaison génétique au cours des
thyroïdiennes, fos, jun et c-myc réarrangements des gènes des Ig.
Il a été démontré que la translocation entraîne un
3.1. 3. Mécanismes d’activation des oncogènes : échange de matériel entre la région du proto-oncogène
a. Intégration virale : c- myc située sur le chromosome 8 et une région codant
Mécanisme d’intégration-chimérisme pour des gènes des Ig, respectivement chaînes lourdes,
L’insertion de l’ADN viral se fait au niveau d’un gène ré- chaînes légères lambda et chaînes légères kappa sur les
gulateur, aboutissant à un gène chimère à l’origine de la chromosomes 14, 22 et 2.
synthèse d’une protéine hybride. Exemple : HBV. L’activation de c-myc se traduit par son expression anor-
b. Mutation ponctuelle : male en quantité ou en durée dans le cycle cellulaire.
Survenant dans une séquence codante pour un pro- d.2 Les délétions : (voir paragraphe 2 : les anti-onco-
to-oncogène aboutissant à une modiication fonction- gènes)
nelle de l’oncoprotéine. Exemple : mutation faux-sens et
activation de la famille ras aboutissant à un blocage en e. Ampliication génique :
conformation active, liée au GTP. L’ampliication correspond à une augmentation anor-
c. Délétion : male du nombre de copies du gène dans la cellule, les
Les délétions entraînent souvent une perte de fonction, copies surnuméraires se trouvant alors, soit sous forme
mais peuvent parfois entraîner une activation anormale intégrée dans un chromosome, soit sous forme de mi-
si elles touchent une région régulatrice. nichromosomes surnuméraires, les chromosomes
Exemple : l’activation du proto-oncogène erb B qui code double-minute (DM). Cette ampliication entraîne géné-
pour le récepteur à l’EGF peut résulter de la délétion de ralement une augmentation du niveau de l’expression du
la partie extra-membranaire et le domaine kinase intra- gène.
cytoplasmique est alors actif de façon constitutive. Exemple : Les proto-oncogènes c-myc et N-myc sont
d. Réarrangement structural : souvent ampliiés dans les tumeurs solides
Des altérations chromosomiques (translocations, inver-
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1 177
2. LES ANTI-ONCOGENES fond d’œil jusqu’à l’âge de 5 ans, est recommandé pour
(gènes suppresseurs de tumeurs) : tout enfant ayant un risque de prédisposition au réti-
noblastome.
2.1 DÉFINITION DES ANTI-ONCOGENES
Les gènes suppresseurs de tumeurs ou anti-oncogènes b. Théorie ou hypothèse des deux évènements
sont des gènes qui codent pour des protéines ayant un (« two-hit ») de Knudson :
rôle régulateur de la croissance cellulaire ou de la diffé- En 1971, Knudson a émis une hypothèse qui est la base
renciation. Ici, à la différence des oncogènes, c’est l’inac- du mode d’action des gènes suppresseurs de tumeurs.
tivation, la perte de fonction, qui va contribuer au proces- Cette théorie suppose l’apparition de deux mutations
sus de cancérisation. Il s’agit d’un phénomène récessif, successives touchant les deux allèles d’un gène, dans
car il faudra la perte ou l’inactivation des deux allèles une même cellule. La première mutation n’a pas d’effet
pour entraîner le phénomène de cancérisation. Ce ca- à elle seule, puisque l’autre allèle reste actif. Si le deu-
ractère récessif avait été montré dès 1988 par Harris qui xième allèle est touché, il y aura inactivation de l’expres-
observa que la croissance de cellules tumorales murines sion ce gène dans la cellule, ce qui participera au proces-
était arrêtée par fusion somatique avec des cellules nor- sus de cancérisation.
males. On distinguera deux cas selon la nature du premier évè-
nement :
2.1.1. Notion de prédisposition génétique : - Premier évènement constitutionnel, deuxième évène-
Théorie ou hypothèse des deux évènements de Knudson ment somatique :
(« two-hit »). Dans certains cas, la première mutation est constitu-
a. Cas du rétinoblastome : tionnelle : présente dans toutes les cellules de l’orga-
Le rétinoblastome, comme toute tumeur, se développe nisme, souvent héritée d’un des parents. Le premier
à partir d’une cellule dans laquelle se sont accumulées évènement étant déjà présent dans toutes les cellules,
des altérations génétiques. il y aura une assez grande probabilité pour qu’un deu-
Dans ce cas, on sait que l’altération des deux exem- xième évènement somatique (c’est-à-dire acquis, non
plaires du gène RB (à l’opposé des oncogènes) dans une hérité, survenant « par accident » au cours du déve-
cellule de la rétine est nécessaire au développement de loppement) se produise dans une cellule et entraîne la
la tumeur. cancérisation.
- Dans plus de la moitié des cas de rétinoblastome, l’at- - Deux évènements somatiques :
teinte est unilatérale. Dans la très grande majorité de Dans d’autres cas, les deux évènements peuvent être
ces cas (90 %), il s’agit de l’altération des deux exem- somatiques. Le risque de survenue combinée de ces
plaires du gène RB au niveau d’une cellule de la rétine deux évènements successifs dans une même cellule
acquise au cours de la petite enfance. Il faut savoir que sera faible.
10 % des enfants atteints d’un rétinoblastome unilaté- b. P53, le gardien du génome :
ral sont porteurs d’une prédisposition génétique. Le gène P53 code pour une phospho-protéine nucléaire
- Dans moins de la moitié des cas, l’atteinte est bila- qui joue un rôle de régulateur de l’expression d’autres
térale : l’enfant est atteint de plusieurs lésions ré- gènes. P53 a un effet anti-proliférateur au point de
tiniennes indépendantes. Dans ce cas, on suppose contrôle des phases G1/S du cycle cellulaire et assure
d’emblée une prédisposition génétique, c’est à dire que le maintien de l’intégrité du génome en empêchant la
l’enfant est porteur dans toutes ses cellules, y com- réplication de l’ADN endommagé : ainsi, en cas de dom-
pris dans les cellules de la rétine, d’une altération d’un mage cellulaire (rayonnement, exposition à un muta-
exemplaire du gène RB (altération constitutionnelle). gène…) l’arrêt temporaire du cycle cellulaire sous le
L’altération du deuxième exemplaire du gène RB est contrôle de P53 permet à la cellule de procéder à la ré-
acquise au niveau des cellules de la rétine. paration des altérations.
• Dans 25 % des cas, l’un des deux parents a lui-même Si la réparation réussit, la cellule poursuit son cycle.
été atteint dans l’enfance. Par contre si elle échoue, l’arrêt est déinitif et la cellule
• L’enfant atteint a hérité de son parent atteint une alté- meurt par apoptose.
ration constitutionnelle du gène RB. Il a un risque sur b.1. Mutations sporadiques de P53 :
deux de la transmettre à chacun de ses enfants. P53 est le gène le plus fréquemment porteur de mu-
• Dans 75 % des cas, l’enfant n’a aucune histoire fami- tations somatiques dans les cancers sporadiques hu-
liale, il s’agit alors le plus souvent d’un accident géné- mains, tels que cancers du colon, du foie de la vessie, du
tique qui a eu lieu dans une cellule germinale (sper- sein, de l’œsophage, de la prostate, du cerveau et leucé-
matozoïde ou ovocyte) de l’un des deux parents. Dans mies.
ce cas, le risque de prédisposition des frères et sœurs b.2. Mutations constitutionnelles de P53 :
de l’enfant atteint est très faible. En revanche, l’enfant Des mutations constitutionnelles de P53 ont été dé-
porteur de cette prédisposition aura plus tard un risque crites chez des patients présentant le syndrome de Li-
sur deux de la transmettre à chacun de ses enfants. Fraumeni.
Pour tous les patients atteints d’un rétinoblastome, il Il s’agit d’un syndrome héréditaire rare caractérisé par
existe donc un risque plus ou moins important d’être des cancers divers tels que des sarcomes, des cancers
porteur d’une altération constitutionnelle du gène RB, du sein, de la cortico-surrénale, des leucémies et des
avec, alors, un risque de prédisposition pour la fratrie ou tumeurs cérébrales. Il s’agit là encore d’une illustration
pour les descendants du patient. En l’absence d’étude de la théorie de Knudson, avec un premier évènement
génétique un suivi précoce et fréquent, par examen du constitutionnel suivi d’un deuxième évènement soma-
Ce poly a ete telechargé depuis med-tmss.blogspot.com/2016/08/cours.html | Page Fb : www.facebook.com/Faculte.de.Medecine.TMSS
178 ANNÉE UNIVERSITAIRE 2016-2017 / HEMATOLOGIE CLINIQUE ET BIOLOGIQUE ONCOLOGIE / DCEM1
tique, tous deux touchant le gène P53 par mutation ou Des expositions au soleil entraînent des tâches sombres
délétion. sur la peau, un amincissement de celle-ci, des kératoses
et des cancers. Ces modiications font penser à celles
que développent les personnes âgées, mais elles inter-
3. LES GENES DE REPARATION DE L’ADN : viennent dès l’enfance.
Les yeux sont souvent douloureux, irrités et larmoyants,
Nous avons vu que dans les cellules normales, les gènes il s’agit de lésions à type de cataracte ou kératite. 20 %
de réparation permettent la correction des erreurs et des sujets présentent des atteintes nerveuses et un re-
empêchent qu’un ADN muté ne soit répliqué et que l’er- tard de développement.
reur ne soit ainsi transmise aux cellules illes.
Parfois, la cellule ne peut faire face à la survenue de ces Le Xeroderma pigmentosum est une affection ra-
altérations, soit parce que le génome fait preuve d’une dio-induite. Elle résulte de l’atteinte de l’ADN des cel-
grande instabilité (les systèmes de réparation sont « dé- lules (en particulier des cellules cutanées) par les rayons
bordés ») soit parce que les systèmes de réparation sont ultra-violets (surtout les UV-B). Les lésions les plus fré-
déicients. Dans tous les cas, un taux accru de mutations quentes sont des lésions « simple brin » comme la for-
favorise l’apparition de cancers (Syndromes d’instabilité mation de diméres T-T ou T- C entre les pyrimidines qui
génomique). bloquent la transcription et la réplication.
Habituellement, 80 % de l’ADN est réparé en 15 minutes.
3.1 LE CANCER COLORECTAL HEREDITAIRE Dans le cas du Xeroderma, le taux de réparation n’est
NON POLYPOSIQUE (HNPCC) que de 10 %.
3.1.1. Le système de réparation des erreurs Le Xeroderma résulte de mutations somatiques qui per-
d’appariement : durent par défaut de réparation de l’ADN. La plus impor-
Lors de la réplication, les erreurs de synthèse d’un nou- tante voie de réparation est l’excision des nucléotides
veau brin d’ADN sont normalement corrigées immédia- altérés. Cette opération comporte plusieurs phases : re-
tement en grande partie par l’activité exonucléasique de connaissance du dimère, excision, remplacement des
la polymérase. Les erreurs restantes sont ensuite corri- nucléotides, rétablissement des liaisons. Figure 5.
gées par le système de réparation des erreurs d’appa- La reconnaissance fait intervenir les produits des
riements (« mismatch repair »). gènes ERCC1, XPA et XPF qui interagissent avec le fac-
teur de transcription TFIIH (produits des gènes de répa-
3.1. 2. Mutation des gènes de réparation et HNPCC : ration XPB et XPD).
Chez les patients atteints de cancer colorectal héréditaire L’excision est réalisée par les produits des gènes ERCC1
non polyposique (HNPCC), le système de réparation est et XPG. L’opération est achevée par l’action de la polymé-
déicient. Le HNPCC est du à une mutation germinale rase et de la ligase.
de gènes de réparation des erreurs d’appariement de Le gène XPA est localisé sur le chromosome 9. Des mu-
l’ADN. A nos jours, 4 gènes sont connus : MSH2, MLH1, tations affectant ces exons entraînent une altération to-
PMS2 et PMS1. tale ou partielle de la fonction réparatrice.
Le HNPCC répond au modèle des deux évènements de
Knudson, une inactivation somatique du deuxième allèle
sera nécessaire pour engendrer le processus d’instabili- 4. GENES DU METABOLISME DES CAR-
té. Conséquences : hypermutabilité, instabilité des sé- CINOGENES ENDOGENES ET EXOGENES :
quences micro-satellites et transformation
L’association des deux évènements dans une cellule va Cette susceptibilité est sous la dépendance de polymor-
conduire à un phénotype cellulaire d’hypermutabilité, phismes génétiques (ou formes alléliques) de systèmes
détectable par la mise en évidence de l’instabilité de sé- enzymatiques impliqués dans la réponse aux agents
quences répétées de l’ADN, appelées séquences « mi- toxiques et aux mutagènes carcinogènes et non le ré-
cro-satellites » (phénotype « RER » pour « replicative sultat de mutations délétères. En effet, certains allèles
error »). des systèmes géniques de détoxiication semblent dé-
Ce phénotype d’hypermutabilité aura pour conséquence terminer une plus grande sensibilité des individus, qui
l’apparition de mutations responsables de la transfor- les portent, à certains carcinogènes et seraient ainsi à
mation cancéreuse. l’origine de l’accumulation d’agents mutagènes (par
On ne connaît pas la raison pour laquelle la transforma- transformation métabolique d’un produit inactif en un
tion cancéreuse ne touche que certains organes chez composé carcinogène ou par la non élimination rapide
les patients HNPCC alors que la déicience dans le sys- d’un produit toxique), conférant ainsi un risque accru de
tème de réparation est aussi présente dans des cellules mutations (oncogènes et gènes suppresseurs en parti-
phénotypiquement normales. culier) et donc de cancers.
Question n° 1 :
Parmi les propositions suivantes, choisir la (les) réponse(s) exacte(s)
La leucémie myéloïde chronique (LMC) :
A- Résulte d’une transformation néoplasique monoclonale d’une cellule souche hématopoïétique.
B- Est due à une translocation réciproque entre les chromosomes 9 et 22
C- Fait intervenir un anti-oncogène.
D- Met en jeu le gène Cmyc.
E- Nécessite une analyse cytogénétique pour conirmer le diagnostic.
Question n° 2 :
Parmi les propositions suivantes, choisir la (les) réponse(s) exacte(s)
L’anomalie cytogénétique retrouvée au cours du rétinoblastome :
A- Est secondaire à l’inactivation d’un anti-oncogène.
B- Met en jeu le gène Cmyc.
C- Est due à une microdeletion chromosomique.
D- Siège au niveau du bras long du chromosome 13.
E- Est variable.
Question N° 3 :
a. Citer les anomalies cytogénétiques que l’on peut observer au cours du lymphome de Burkitt ?
b. Quel est le mécanisme impliqué dans ce processus de cancérisation ?
Question N° 4 :
Expliquer la théorie de Knudson.
Réponses
Pré-requis
Structure de l’Hémoglobine.
Techniques diagnostiques pour analyse de l’ADN.
Structure d’un gène.
Les différents types de mutations géniques.
Pré-requis
Les différents facteurs de la coagulation sanguine.
Les tests de l’hémostase.
Pré-requis
Les différentes maladies de l’hémoglobine et des facteurs de coagulation ainsi que leurs
mutations géniques causales.
Les modes de transmission mendélienne des maladies héréditaires.
Les techniques d’analyse de l’ADN.
Figure 1 : Localisation
des gènes de la globine
chez l’homme.
Figure 2 : Exemple
de fusion génique :
Hb Lepore et Hb
anti-Lepore.
Figure 3 : Diagnostic
moléculaire
de la drépanocytose
par PCR-RFLP.