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finlandaise
de 1918
(Maurice Carrez)
LES CAHIERS DU MOUVEMENT OUVRIER / NUMÉRO 23
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LA RÉVOLUTION FINLANDAISE DE 1918
Une révolution...
défensive (1)
L
E 28 janvier 1918, une révolu- depuis montré l’inanité d’une telle inter-
tion éclata en Finlande (2). Le prétation. Pis, des travaux récents met-
pays, qui venait d’accéder à tent en lumière la manière dont les auto-
l’indépendance le 6 décembre rités blanches tentèrent de maquiller les
1917, se trouvait alors dans une situation massacres dont elles se rendirent parfois
socio-économique dramatique : graves coupables (3)…
problèmes d’approvisionnement, chômage Ces faits justifient à eux seuls qu’on
massif, effondrement du niveau de vie s’intéresse à cet épisode trop peu connu
étaient le quotidien des couches popu- de l’histoire du Vieux Continent. Il
laires, voire d’une partie des classes convient de s’interroger à la fois sur ses
moyennes. L’armée allemande n’atten- causes, ses modalités et ses consé-
dait qu’un signe pour intervenir sur le quences immédiates ou lointaines. Dans
sol de l’ancien grand duché ; elle était le cadre de ce court article, nous nous
pressée de mettre à genoux l’adversaire contenterons de mettre l’accent sur l’en-
russe, qui était aux abois depuis bientôt grenage événementiel menant à l’affron-
deux ans et se voyait contraint de négo- tement, sur les principales phases du
cier à Brest-Litovsk les conditions d’une conflit et sur les effets politiques de la
paix humiliante.
La guerre civile qui s’ensuivit fut
d’une terrible intensité. Durant les com- (1) Cet article est la transcription écrite de trois
bats, des milliers d’hommes et de des quatre parties d’une conférence donnée au
femmes trouvèrent la mort. Mais la dé- CERMTRI en mai 2003. Il manque en particulier,
pour des raisons strictement éditoriales, la ré-
faite des rouges, accélérée par le débar- flexion initiale sur les causes profondes de l’évé-
quement de la division Von der Goltz, nement.
entraîna une répression impitoyable, où (2) Deux ouvrages de nature universitaire peu-
périrent près de 10 % de la classe vent rendre compte de l’événement, avec des pré-
supposés et des interprétations différents : Antho-
ouvrière. Ce lamentable épisode n’émut ny Upton, The Finnish Revolution, Minneapolis,
guère en son temps la presse bourgeoise 1980 ; Viktor Holodkovski, Finliandskaïa Revo-
européenne. Au contraire, les vainqueurs lioutsia 1918 goda, Moscou, éditions du Progrès,
réussirent à construire la fable d’un châ- 1978.
timent proportionné à la monstruosité (3) Heikki Ylikangas, Tie Tampereelle (“La Route
vers Tampere”), Helsinki, WSOY, 1993. Marko
des actes commis par des révoltés san- Tikka et Antti Arponen, Koston kevät (“Le Prin-
guinaires. De nombreuses recherches ont temps de la vengeance”), Helsinki, WSOY, 1999.
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répression de masse. Nos lecteurs auront morts, une intervention des Cosaques et
ainsi, nous l’espérons, les éléments de des dizaines d’arrestations, parfois arbi-
base pour apprécier l’importance de cette traires. L’année suivante, des éléments
tranche d’histoire du mouvement ou- qualifiés d’anarchisants avaient réalisé
vrier. quelques braquages “révolutionnaires”,
que la direction social-démocrate s’était
empressée de condamner (4).
Aux origines immédiates Ces épisodes n’avaient cependant pas
la même importance que ceux de l’année
du conflit : 1917. L’écroulement soudain du tsarisme
la conjoncture politique en Russie créa alors un vide institution-
nel propice aux turbulences. Les so-
de mars 1917 ciaux-démocrates l’avaient certes pro-
à janvier 1918 nostiqué par le passé, mais dans un ave-
nir plus lointain. Otto Wilhelm Kuusi-
Il est bien évident que les causes de nen, le meilleur analyste du parti dans ce
la révolution finlandaise ne peuvent être domaine, avait prévu, dans deux séries
réduites à de simples événements poli- d’articles parus en 1911, puis en 1914,
tiques. Il faudrait aussi faire référence à que le tsarisme pourrait se prolonger en-
l’évolution des structures sociales, aux core avec l’appui des classes dirigeantes
bouleversements d’ordre culturel et men- russes, sauf si des événements imprévus,
tal de la fin du XIXe siècle, ainsi qu’à la une guerre par exemple, venaient le sa-
montée du sentiment national et à ses per de l’intérieur. Il ne pensait pas
contradictions. Nous n’avons malheu- qu’une révolution pût éclater dans l’im-
reusement pas le temps de traiter ici ces médiat. Il fallut donc improviser des
aspects essentiels de la question. Signa- lignes successives, toujours mises en pé-
lons simplement qu’ils font l’objet de ril par les rebondissements politiques en
débats passionnants entre historiens, les Russie et la relative lenteur des canaux
uns estimant que la révolution est plutôt d’information entre Petrograd et Helsinki.
La question nationale, très présente de-
une parenthèse dans la tradition intégra-
puis le début du règne de Nicolas II, évo-
tive du mouvement ouvrier (Risto Ala-
lua en outre très rapidement. On passa en
puro), les autres considérant qu’elle est
quelques mois chez tous les protago-
en partie le fruit des contradictions so-
nistes finlandais d’une problématique de
ciales (Pertti Haapala) ou bien la consé-
l’autonomie élargie à une problématique
quence d’un ressentiment construit par
de l’indépendance ; cela entraîna des
les acteurs (Jari Ehrnrooth).
jeux subtils de la part des partis bour-
Cela dit, les facteurs strictement poli- geois et des sociaux-démocrates pour se
tiques ont compté. Avant 1917, par prendre mutuellement de vitesse en
exemple, la Finlande avait été touchée conquérant à leurs vues l’opinion, fonda-
par la vague révolutionnaire de 1905. En mentalement hostile désormais à la tu-
novembre de cette année-là, la grande telle impériale. Dans le même temps, la
grève patriotique avait rapidement abouti population, tenaillée par la disette, han-
à des tensions assez graves entre les pre- tée par le spectre du chômage et la peur
mières gardes rouges du capitaine Kock des désordres, exigeait des mesures im-
(connu pour ses sympathies socialistes médiates pour améliorer la situation.
révolutionnaires) et les gardes civiques Dès que fut connue l’abdication du
commandées à Helsinki par le capitaine tsar, les principales formations politiques
Theslöff. Au mois d’août 1906, dans le
cadre de la révolte des marins russes de (4) Sur toutes ces questions, le meilleur auteur est
Viapori (la forteresse commandant le Antti Kujala, Vallankumous ja kansallinen it-
port d’Helsinki), elles avaient abouti à semäärämisoikeus. Venäjän sosialistiset puolueet
des échanges nourris de coups de feu sur ja suomalainen radikalismi vuosisadan alussa
(“Révolution et autodétermination nationale. Les
le marché populaire d’Hakaniemi, au partis socialistes russes et le radicalisme finlan-
nord de la capitale. Il y avait eu plusieurs dais au début du siècle”), Helsinki, 1989.
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une partie des représentants des gardes à la bataille sans aucune chance de réus-
rouges, apparaissait à beaucoup comme site. C’est l’idée que défendirent Sirola
irréaliste après l’échec de la grève géné- et Kuusinen le 19 janvier au conseil du
rale, qui avait douché l’enthousiasme parti. Ce dernier refusa cependant de
des chefs syndicaux. Les bourgeois, qui créer une commission de préparation à la
sentaient ces hésitations, décidèrent pour révolution, malgré leur menace de dé-
leur part de tailler dans le vif. Effrayés mission (agitée aussi par Turkia et Man-
par la combativité ouvrière, ils confiè- ner). Il y avait pourtant urgence : le même
rent le gouvernement à l’énergique Svin- jour, les gardes civiques et les gardes
hufvud, un nationaliste jeune-finnois, rouges de Viipuri en étaient venues à
décidé à s’appuyer sur l’Allemagne et à l’affrontement armé. Finalement, après
obtenir le plus vite possible le départ des d’interminables palabres et rebondisse-
troupes russes. L’homme ne tarda guère ments, la nouvelle commission exécutive
à montrer ses intentions. Il commença du parti commença le 23 janvier à
par déclarer unilatéralement l’indépen- prendre les mesures concrètes en faveur
dance, alors que les sociaux-démocrates d’un futur soulèvement. Letonmäki et
considéraient comme nécessaire de la Haapalainen furent peu après placés à la
négocier. Il fit pression sur les garnisons tête d’un comité ad hoc, qui en fixa la
russes pour qu’elles évacuent rapidement date pour le 27, puis le 28 janvier. Ces
leurs casernes. Il annonça surtout la tergiversations avaient fait perdre un
création d’une force armée nationale à temps précieux. Déjà, l’armée blanche
partir des gardes civiques et des chas- attaquait en Ostrobotnie et en Carélie.
seurs revenus au pays. Pour l’encadrer, il En effet, Mannerheim était devenu le 15
avait déjà pris contact avec un certain janvier président du comité militaire ins-
nombre d’anciens hauts officiers du tsar titué par le gouvernement légal. Il était
d’origine finlandaise. Parmi eux, un cer- parti quatre jours plus tard pour Vaasa,
tain baron Mannerheim, qui devait s’im- et, dès le 25, avait pris la décision d’atta-
poser à la tête de l’armée blanche quer les garnisons russes de la région,
quelques semaines plus tard. afin de créer une base solide depuis la-
Les gardes rouges, comme la direc- quelle il pourrait éventuellement inter-
tion sociale-démocrate, y virent à juste venir contre les gardes rouges (7).
titre des mesures d’intimidation à l’égard
du mouvement populaire. Il s’agissait
vraisemblablement d’une sorte de provo- Finlande rouge
cation destinée à exaspérer la base pour
inciter les chefs soit à se couper d’elle en contre
se soumettant, soit à commettre l’irrépa-
rable en choisissant la confrontation. Ce
Finlande blanche
vieux renard de Svinhufvud ne s’était
pas trompé. Début décembre, la direc- Nous voyons donc que, dans l’esprit
tion du SDP tenta de desserrer l’étreinte des dirigeants rouges, la révolution était
des gardes rouges en les soumettant à un un acte défensif, une solution de dernier
contrôle plus rigoureux, en particulier à recours. Elle ne fut envisagée qu’au mo-
Turku et Helsinki. Ce fut un échec. Dès ment ultime, alors même que Svinhuf-
lors, seule l’option dure paraissait réaliste.
Au début janvier, la majorité des diri- (7) Pour la période qui va de septembre 1917 à
geants sociaux-démocrates était gagnée à janvier 1918, outre les sources et la bibliographie
l’idée que la voie parlementaire était précitées, j’ai eu beaucoup recours à la documen-
bouchée et que la bourgeoisie se prépa- tation rassemblée pour mon étude sur Otto Wil-
helm Kuusinen, dirigeant social-démocrate fin-
rait au coup de force. Il ne pouvait être landais, 1903-1918, qui doit paraître en finnois
question de laisser aux gardes rouges les fin 2004 ou début 2005, ainsi qu’Hannu Soikka-
plus radicalisées l’initiative d’un soulè- nen, Kohti kansanvaltaa (“Vers la démocratie”),
vement. Il fallait donc, dans un réflexe tome 1, Helsinki, 1975, qui est une histoire du
SDP avant 1937. Des éléments également dans la
défensif, prendre la direction du mouve- thèse de David Kirby, The Finnish Social-Demo-
ment populaire pour éviter qu’il ne parte cratic Party, 1903-1918, thèse, 1970.
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bases plus équitables, la gestion des tude. Les militants de gauche furent pla-
stocks fut rendue plus transparente et des cés en détention, avec quelques “ba-
négociations furent ouvertes avec la vures” à la clé, la censure fut établie, les
Russie pour s’approvisionner en Sibérie. gardes rouges écrasées sans ménage-
Le 30 mars, après bien des péripéties, 30 ment, les garnisons russes désarmées en
wagons de grains arrivèrent en grande dépit de leur relative passivité, et l’ar-
pompe à la gare d’Helsinki. Mais la di- mée devint l’objet de toutes les atten-
sette était trop grave pour redresser fon- tions.
damentalement la situation. L’état de guerre avait besoin d’un ré-
Signalons enfin que la Délégation du gime autoritaire. Sur le plan écono-
peuple fut attentive à l’établissement de mique, les dirigeants blancs obtinrent
liens internationaux, sans œillères idéo- sans difficulté la collaboration des chefs
logiques. Dans les négociations avec les d’entreprise et des paysans propriétaires.
Russes, elle montra son attachement à En revanche, ils échouèrent pour l’essen-
l’indépendance du pays et fit même des tiel dans le domaine de l’approvisionne-
demandes concrètes pour le rattachement ment. Les problèmes restèrent cependant
de la Carélie à la Finlande rouge. Elle moins aigus que dans la zone sous
tenta aussi de nouer des contacts avec contrôle rouge, du fait du moindre
l’Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume- nombre de citadins et de plus faibles
Uni et la Suède. Elle traita aussi avec densités. Mais la priorité absolue donnée
courtoisie les diplomates en poste en aux combattants entraîna des pénuries
Finlande et qui souhaitaient partir. Les supplémentaires pour les civils. De plus,
problèmes étaient toutefois insolubles. les couches populaires, déjà victimes du
Les Russes se trouvaient eux-mêmes en chômage, souffrirent plus que d’autres
très graves difficultés et prisonniers des de la disette, car le système de réparti-
accords de Brest-Litovsk. Les diplo- tion resta plutôt inégalitaire. Cela ex-
mates occidentaux ne voulaient avoir af- plique en partie la facilité avec laquelle
faire qu’au gouvernement de Svinhufvud l’armée blanche imposa la conscription,
et la Suède avait jeté son dévolu sur les
y compris dans les ex-circonscriptions
îles Aland. Dès la fin mars, furent égale-
rouges : elle permettait de manger.
ment mis en débat des projets de com-
promis avec le gouvernement de Vaasa, Les blancs déployèrent surtout une
bien que la Délégation du peuple eût re- intense activité diplomatique, en particu-
fusé la médiation des sociaux-démo- lier en direction du Reich. Grâce à des
crates suédois en février (après de contacts privés, le Sénat envisagea dès
longues délibérations) (9). décembre de demander au gouvernement
du Kaiser une aide militaire, mais il y re-
Du côté blanc, le premier émoi passé, nonça en raison de désaccords internes.
on mit en place un gouvernement relati- Lors des négociations de Brest-Litovsk,
vement efficace, appuyé sur une force des émissaires demandèrent en revanche
militaire de mieux en mieux organisée aux négociateurs allemands de leur ga-
sous l’égide de Mannerheim. La machine rantir Petsamo et la Carélie orientale.
étatique, réfugiée à Vaasa, fit tout son Ceux-ci leur signifièrent un refus. Cela
possible pour maintenir l’image de la n’était que partie remise. Le 14 février,
continuité : le Sénat (gouvernement) tint les deux envoyés de Vaasa en Alle-
des réunions régulières et les députés magne, Edvard Hjelt et Rafael Erich, ob-
bourgeois qui avaient réussi à passer les tinrent de leur propre chef une aide mili-
lignes se réunirent en Parlement. Les mi- taire de Berlin. Mannerheim, furieux,
nistères comme les grandes administra- menaça de démissionner. Les sénateurs
tions furent reconstitués dans la mesure
du possible. Le gouvernement blanc (9) Pour ce paragraphe, la meilleure source reste
pouvait aussi compter sur la police, la Osmo Rinta-Tassi, Kansanvaltuuskunta punaisen
Suomen hallituksena (“La Délégation du peuple,
plupart des officiers et sous-officiers de gouvernement de la Finlande rouge”), Helsinki,
carrière, les diplomates en poste. Svin- 1986, autre volume de la série sur l’histoire de la
hufvud et ses amis agirent avec prompti- Finlande rouge.
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eurent eux-mêmes la mauvaise surprise tation par leur propre gouvernement. Les
de constater que cette aide était accom- garnisons russes, pourtant mieux équi-
pagnée d’un traité désavantageux livrant pées que leurs assaillants, ne présentè-
le pays à l’emprise économique et mili- rent pas d’opposition sérieuse en Ostro-
taire de l’Allemagne. La Finlande était botnie ; elles déposèrent les armes après
réduite au statut d’Etat vassal. des sièges plus ou moins symboliques.
Malgré les remous provoqués, Svin- Que des rouges finlandais aient souhaité
hufvud accepta de parapher ces condi- leur engagement à leurs côtés, c’est une
tions léonines lors d’une visite éclair à chose ; que l’affaire eût été réalisable en
Berlin, fin février. Après plusieurs se- est une autre. Précisons aussi que le
maines de palabres, Mannerheim se ral- gouvernement bolchevique, après avoir
lia fin mars à cette option, sachant que incité le SDP à faire la révolution, ne lui
ses troupes avaient fait la différence dé- apporta qu’une aide très limitée : quelques
cisive à Tampere. Il ne présenta aucune milliers de fusils, un train blindé,
objection, donc, au débarquement des quelques pièces d’artillerie, du grain,
troupes de Rüdiger von der Goltz le 3 une aide diplomatique en pointillés…
avril à Hanko (Hangö), au sud-ouest Pas de quoi, en un mot, gagner une guerre
d’Helsinki. Cette orientation nettement civile. Après le traité de Brest-Litovsk,
germanophile n’avait pas empêché les cette aide devint pratiquement nulle, du
blancs de négocier avec les Britanniques fait des engagements pris avec l’Alle-
(mission de Rudolf Holsti), les Français magne.
et les Américains, qu’ils convainquirent Côté rouge, la partie semblait pour-
de couper tout lien avec les rouges. tant encore jouable en janvier. Les
gardes ouvrières locales comprenaient
environ 30 000 membres, organisés en
Les opérations militaires compagnies et commandés par des “offi-
jusqu’à la fin avril ciers” élus. Leur armement était som-
maire et la discipline aléatoire. Mais cer-
Il convient d’abord de mesurer les taines troupes avaient beaucoup d’allant,
surtout celles qui étaient constituées par
forces en présence au départ en distin-
de jeunes sportifs ouvriers. Malheureu-
guant les protagonistes finlandais des
sement, les traits négatifs l’emportaient.
soldats russes encore présents en Fin-
Les hommes avaient du mal à rester loin
lande.
de leurs bases plusieurs semaines et il
Les 40 000 militaires russes encore était difficile de les faire participer à des
présents fin janvier sur le sol finlandais opérations d’envergure, car ils avaient
furent longtemps présentés comme les l’habitude d’agir tout au plus à l’échelle
alliés naturels des gardes rouges. Cette d’un bataillon. Leur encadrement était
thèse, largement développée par les vain- très inégal. Seule une minorité des res-
queurs, doit faire l’objet d’une grande cir- ponsables avait une véritable formation
conspection. Elle repose certes sur des militaire. En outre, l’état-major chan-
faits réels, comme la participation de geait trop souvent. Parmi les comman-
certains officiers russes aux opérations dants en chef, Ali Aaltonen, un ancien
du front nord-ouest dans les premiers lieutenant de l’armée tsariste, fut ren-
jours de la guerre civile ou bien l’enga- voyé après une journée d’opérations,
gement de volontaires auprès des gardes sous prétexte qu’il n’avait pas réussi
rouges (2 000 à 4 000, selon les l’arrestation des responsables politiques
sources). Mais il n’y a non seulement bourgeois présents à Helsinki. Son suc-
aucun plan d’engagement général de ces cesseur, Eero Haapalainen, fut démis
troupes dans le conflit, mais aucun indice quant à lui de ses fonctions pour intem-
de ce que pensait la majorité de ces pérance. Certains chefs de corps eurent
hommes sur le plan politique ! Il est fort cependant l’occasion de montrer une
probable qu’ils n’aient attendu qu’un re- certaine valeur, comme Adolf Taimi,
tour rapide au pays, rendu logique par la Tuomas Hyrskymurto, Hugo Salmela et
déclaration d’indépendance et son accep- A. Nesky. Le problème essentiel restait
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en réalité l’insuffisance des liaisons nola, plus à l’est, les deux adversaires
entre le commandement central et les tentèrent de progresser le long du lac
unités de combat, qui dénotait un Päijänne pour se déborder mutuellement.
manque de discipline et de professionna- Les combats se soldèrent par un match
lisme (10). nul vers le début mars. D’autres opéra-
Côté blanc, il y avait au départ envi- tions d’envergure eurent lieu vers la même
ron 34 000 membres des gardes civiques époque en Carélie. A quatre reprises, les
et anciens chasseurs revenus d’Alle- rouges tentèrent de percer le front du lac
magne, un chiffre légèrement supérieur à Vuoksi. Les actions les plus dures furent
celui des gardes rouges. Comme leurs menées en direction d’Antrea et de l’est
adversaires, il s’agissait pour l’essentiel du Ladoga. Mais, là encore, sans succès,
de volontaires et non de professionnels. malgré leur supériorité numérique dans
Ils ne disposaient pas non plus d’un for- cette zone du front. Svetsnikov et Haapa-
midable arsenal. Leur avantage était sur- lainen montèrent une seconde offensive
tout d’être commandés par d’authen- sur Haapamäki début mars, qui échoua à
tiques généraux, parfois doués dans l’art son tour.
militaire, et qui avaient connu les ba- En vérité, Mannerheim avait patiem-
tailles de la Première Guerre mondiale. ment consolidé ses arrières et n’attendait
Le système de conscription fut aussi plus plus qu’une occasion favorable. Le 15
rapidement mis en place que dans la par- mars, pour éviter de se faire précéder par
tie rouge. Mais ces avantages n’apparu- les Allemands, le rusé général en chef
rent pas d’emblée décisifs. Le gou- amorça une manœuvre enveloppante
vernement de Vaasa souhaitait vivement dans la région située au sud de Vilppula ;
trouver des alliés qui fussent en mesure son objectif était la ville industrielle de
de contrebalancer l’éventuel appui russe Tampere, l’un des bastions rouges les
aux combattants rouges. plus solides.
Il avait remarqué que cet endroit du
Trois phases essentielles de combat front était favorable à une attaque de re-
peuvent être dégagées. La première fut vers. Il se heurta d’abord à une résistance
marquée par la généralisation des offen- acharnée, qui fit douter ses subordonnés.
sives rouges en direction du nord. Après Mais, le 20 mars, la partie était gagnée. Le
une dizaine de jours de combats assez 25, Tampere était encerclée. Elle tomba le
confus, les blancs s’emparèrent du centre 6 avril après des combats de rue et des
et du nord du pays, tandis que les gardes bombardements d’une violence inouïe.
rouges consolidaient leur emprise au sud L’ancien général du tsar tenait sa victoire,
d’une ligne Imatra-Heinola-Vilppula-Pori. même si, sur le reste du front, les blancs
Un front plus ou moins flou fut ainsi n’avaient pas encore obtenu d’avantages
constitué dans la première quinzaine de décisifs.
février. Les rouges, qui voyaient affluer Une troisième phase s’ouvrit alors,
vers eux les volontaires (au total 50 000 marquée à la fois par le débarquement de
à 60 000 hommes vers le 15 février), Von der Goltz et la ruée des blancs vers
avaient le vent en poupe. Ils étaient mo- le sud. Le 3 avril, les rouges ne purent
tivés par une bonne propagande et l’ins- opposer que 1 000 combattants à la divi-
tauration de soldes attractives. Coordon- sion allemande. Ils ne tinrent qu’une
née par le colonel russe Svetsnikov, une journée, au prix de lourdes pertes. Dès
attaque de grande ampleur débuta le 21 lors, la route de la capitale était ouverte
février avec 10 000 hommes sur le front et les gardes rouges de tout le sud-ouest
nord-ouest, entre Vilppula et Ruovesi. du pays pris comme dans une nasse. Le
Son but était de s’ouvrir la route vers 13 avril, Helsinki tomba après d’intenses
Haapamäki pour couper ensuite la voie
ferrée stratégique entre Vaasa et Käkisalmi. (10) De bonnes analyses dans Heikki Ylikangas,
Mais elle fut totalement interrompue le op. cit., et Jussi Lappalainen, Punakaartin sota
(“La Guerre des gardes rouges”), deux tomes,
27 en raison d’une contre-attaque dange- 1981, dans la série sur l’histoire de la Finlande
reuse des blancs. Dans la région d’Hei- rouge.
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19 avril et prit un tour décisif quand les était lui-même inquiet de la sauvagerie
rouges perdirent le contrôle de la voie de ses troupes sur le terrain. Il avait dû
ferrée le 23. Le 24, les blancs atteigni- rédiger une circulaire interdisant les exé-
rent les faubourgs. Le lendemain, à la cutions sommaires dès la fin février.
grande colère des combattants, la Délé- Mais comme elle n’était pas respectée, il
gation partit pour Petrograd, où elle tint fut contraint de renouveler son interdic-
sa dernière réunion le 27 avril. Le 29, tion, cette fois de manière plus ferme, le
Vyborg tombait. Peu après, vers Lahti, 28 mai. Il faut dire qu’existait un réel
les gardes rouges qui tentaient de rompre émoi, y compris à l’étranger, face à des
l’encerclement des blancs et des Alle- actes inadmissibles. Il y avait aussi la
mands furent complètement défaits après crainte, dans une conjoncture encore in-
une âpre bataille. La vallée du Kymi certaine, de voir se reconstituer une op-
tomba à son tour début mai. Le dernier position résolue et, qui sait, germer un
combat de la guerre civile eut lieu le 14 nouveau soulèvement. La date pour le
mai à Ino, au sud de Vyborg. Le 16, les moins tardive de la seconde mise en garde
troupes de Mannerheim défilaient fière- laisse toutefois penser que les respon-
ment dans Helsinki ; pourtant, depuis un sables des gardes civiques et de l’armée
mois, une horrible répression avait com- blanche avaient en partie fermé les yeux
mencé. sur les exactions commises, qu’ils ju-
geaient peut-être inévitables…
La Délégation du peuple était, quant
Après la tempête à elle, restée impuissante face aux débor-
dements de certaines gardes rouges, qui
Bilan direct des combats s’en étaient prises ici ou là, dans les pre-
mières semaines du conflit, à des pas-
Le terme de “bilan direct” peut être teurs, des maîtres d’école, des proprié-
contesté, dans la mesure où il établit une taires terriens ou, tout simplement, des
division un peu artificielle entre les gardes civiques en fuite vers le nord.
morts intervenues avant le 16 mai, date Elle avait néanmoins condamné ferme-
de la fin des combats, et celles qui ont eu ment, par la plume de Kuusinen, les
lieu après. Il a toutefois le mérite de “cruautés inutiles” (circulaire Julmuksia
mettre en relief les effets de la répression vastaan — “Contre les cruautés” — de
officielle, celle qui tua, si j’ose dire, “à février 1918) et pris des mesures qui
froid” et non dans le feu de l’action. avaient gardé une certaine efficacité jus-
Pour ce qui est des morts au combat, qu’à la fin mars. Mais en avril, dans leur
Jaakko Paavolainen en a recensé 3 600 retraite, certaines unités avaient à nou-
du côté des rouges et 3 100 du côté des veau commis des actes de vengeance
blancs, soit une proportion importante gratuits, dont s’était emparée la propa-
des hommes engagés dans les opérations gande blanche. Il faut dire, à la décharge
(plus de 10 % des effectifs de départ). Il des dirigeants rouges, que les “colonnes
faut y ajouter près de 20 000 blessés, volantes”, rendues furieuses par la défaite,
dont certains moururent dans les mois ou étaient devenues à peu près incontrô-
les années suivants. lables.
Pour ce qui est des morts de la terreur, La comparaison des chiffres permet
l’estimation de l’auteur précité est de cependant d’observer que les thurifé-
1 650 victimes de la terreur rouge (dont raires de la “guerre de libération” avaient
quelques centaines de simples civils) et moins de scrupules à éliminer les soi-di-
8 400 personnes fusillées par les blancs
(en avril et mai le plus souvent). Il faut (11) Tous les chiffres cités proviennent de l’en-
ajouter à ces chiffres déjà effrayants 1 600 quête menée par Jaakko Paavolainen, Poliittiset
disparus, la plupart gardes rouges ; or ces väkivaltaisuudet Suomessa 1918 (“Les Violences
politiques en Finlande en 1918”), Tammi, Helsinki,
hommes et ces femmes n’avaient pas tous 1966. Tome 1 : Punainen terrori (“La Terreur
fui à l’étranger, ce qui laisse deviner leur rouge”), tome 2 : Valkoinen terrori (“La Terreur
triste sort (11)… L’état-major des blancs blanche”).
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Pendant que la droite s’affrontait sur monde ouvrier. Mais il réserva ses
la question constitutionnelle et tentait flèches les plus acérées pour l’ex-Délé-
d’échapper à l’opprobre de l’alliance al- gation du peuple et le nouveau Parti
lemande, un certain nombre de diri- communiste finlandais en train de naître
geants sociaux-démocrates qui avaient à Moscou. Les dirigeants du SDP main-
pris leurs distances avec le soulèvement tenu appelèrent à un congrès extraordi-
tentèrent une OPA sur le parti. Ils profi- naire le 4 décembre 1918. Dans ce but,
taient du chaos créé par la fuite des chefs les droitiers avaient réussi à obtenir l’ap-
révolutionnaires et de 10 000 gardes pui d’une partie du centre, avec l’ancien
rouges (accompagnés de leurs familles) zimmerwaldien Karl Wiik et le syndica-
en Russie pour tirer les marrons du feu liste Mikko Ampuja. Le congrès, tenu
et obtenir une légitimité qu’aucun les 27 et 28 décembre, entérina une ligne
congrès par le passé n’avait conférée à très réformiste, mais se heurta à une op-
leur ligne réformiste. Parmi eux figu- position vigoureuse d’éléments restés fi-
raient le juge Tanner, principal artisan du dèles à la gauche et emmenés par Joonas
complot, le médecin Hannes Ryömä et Laherma. Certains membres de cette op-
deux anciens sénateurs de 1917 : Julius position étaient de fait très proches des
Ailio et Väinö Wuolijoki. Pour caution communistes, mais ce ne fut qu’au
ouvrière, ils obtinrent l’appui de congrès suivant, en décembre 1919,
quelques anciens journalistes du Tra- qu’ils constituèrent une véritable ten-
vailleur, Väinö Hupli et Väinö Hakkila, dance organisée (13).
du théoricien kautskyste J. W. Keto et de De l’autre côté de la frontière, les
deux vieilles figures du parti à Helsinki, émigrés sociaux-démocrates fondèrent
Matti Paasivuori et Miina Sillanpää. Le fin août le SKP (Suomen Kommunisti-
10 avril 1918, le surlendemain du départ nen Puolue), l’un des premiers partis
de la Délégation du peuple à Vyborg, ils communistes au monde. Sirola, Kuusi-
firent circuler un texte appelant à des né- nen et Manner, les éléments réputés mo-
gociations avec les blancs et dénonçant dérés de la Délégation du peuple, s’em-
l’aventurisme des chefs rouges. Ils firent parèrent d’emblée des commandes, au
pression sur les gardes rouges de la ville prix d’un gauchissement très net du dis-
pour une reddition sans combat à Von cours. Le nouveau parti fit une autocri-
der Goltz. Le 16 avril, une fois la capitale tique sévère de la révolution manquée et
tombée, ils demandèrent aux rouges de
déclara que son but était la préparation
cesser unilatéralement leur résistance et
d’un deuxième soulèvement en Finlande.
qualifièrent le soulèvement de “tragique
En réalité, les divisions internes étaient
erreur”. Le 6 mai, alors que le fracas des
très fortes (avec, entre autres, l’opposi-
canons ne s’était pas encore tu, Hannes
tion des frères Rahja) ; de plus, une partie
Ryömä fit paraître un opuscule analysant
non négligeable des réfugiés, en particu-
l’année écoulée et justifiant la création
lier d’anciens syndicalistes, refusèrent
d’un parti social-démocrate épuré. Le
même jour paraissait un nouveau journal l’adhésion. Le SKP avait les pires diffi-
destiné à prendre la succession du Tra- cultés à entretenir des liaisons avec la
vailleur, le Social-démocrate de Finlande, Finlande, ce qui entraîna des options
à la tonalité nettement plus “modérée”, pour le moins irréalistes. Au printemps
sauf à l’égard des révolutionnaires. Il dé- 1919, Otto Kuusinen fut donc envoyé
nonçait le bolchevisme et ses adeptes, sur place pour tenter d’organiser les
réels ou supposés, ainsi que la dictature choses. Il acquit très vite la conviction,
du prolétariat, traduction de Kautsky à justifiée, que la révolution immédiate
l’appui. n’était plus possible et, contre l’avis de
la direction restée à Moscou, il mit sur
Durant l’été, le juge Tanner partit pied un mouvement ouvrier légal, à
pour la Suède et le Danemark chercher gauche de la social-démocratie tanne-
des appuis internationaux. Il en profita
pour dénoncer les conditions des camps
de prisonniers. C’était un moyen de ré- (13) Pour ce paragraphe, voir Hannu Soikkanen,
cupérer en sa faveur l’amertume du op. cit.
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LA RÉVOLUTION FINLANDAISE DE 1918
rienne. C’est ainsi que naquit en mai des années 1930 pour éliminer les
1920 le Parti ouvrier socialiste finlandais germes de contestation révolutionnaire,
(SSTP), auquel se rallièrent de très nom- au nom d’un esprit de type “ancien com-
breux militants et électeurs de gauche battant”. Il réussit à ramener Svinhufvud
(14). au pouvoir et à faire interdire en 1930 le
Entre-temps, les partis bourgeois, qui mouvement ouvrier crypto-communiste,
avaient tenu compte de l’avertissement dont l’influence ne se reculait pas depuis
des élections législatives de 1919, dix ans. Dans ses fondements idéolo-
étaient revenus à de meilleurs senti- giques, le mouvement de Lapua était
ments. Sous l’impulsion de Stahlberg, ils donc plus une formation ultra-conserva-
adoptèrent un régime républicain, trice et nostalgique qu’une formation
consentirent à des réformes sociales fasciste proprement dite, bien que dans
(surtout à la campagne) et acceptèrent IKL, parti fondé sur ses ruines en 1935,
une large amnistie. Les revanchards ul- il y eût d’authentiques admirateurs du
tras durent attendre 1930 pour tenter de nazisme ou du mussolinisme.
reprendre l’initiative. D’une certaine ma- Quoi qu’il en soit, le traumatisme de
nière, le pire était évité, même si les 1918 a laissé des traces durables dans la
gardes civiques conservaient pignon sur conscience collective, tant du côté des
rue. En outre, Svinhufvud et Manne- vainqueurs que des vaincus.
rheim durent se retirer provisoirement de Les premiers ont cherché à imposer
la vie politique suite à l’échec du raid leur interprétation des événements à
d’Aunus, qui entraîna la paix de Tartu l’ensemble de la société ; pour eux, la ré-
avec la Russie des Soviets à l’automne pression était une obligation morale et
1920. leur action entièrement légitime.
Les seconds se sont battus durement
pour récupérer leurs droits et justifier
Les conséquences politiques leur point de vue ; les survivants ont mis
à plus long terme en place une sorte de “contre-culture”
populaire, très vivace jusqu’aux années
La division du mouvement ouvrier 1970. De nos jours encore, dans les fa-
était destinée à durer. En dépit des vicis- milles, on garde la fierté d’avoir un aïeul
situdes de son histoire, l’extrême gauche garde rouge ou garde civique. L’esprit de
communiste (ou proche des commu- dialogue s’est bien sûr développé, ce
nistes) réussit à se maintenir en vie. A dont témoigne aussi la recherche histo-
l’exception des années 1930-1944, où elle rique depuis les années 1960, mais la
fut interdite et contrainte à une vie sou- coupure demeure entre les deux héri-
terraine sous la pression des activistes tages.
d’extrême droite, elle parvint même à
concurrencer électoralement le Parti so-
cial-démocrate, voire à le talonner durant Conclusion
toute la période de croissance de l’après-
guerre. Aujourd’hui encore, il existe une La révolution finlandaise de 1918 ne
véritable force électorale à gauche de la fut pas simplement le fruit des circons-
social-démocratie, beaucoup plus forte tances immédiates. Elle naquit d’un élan
en général que dans les autres pays scan-
dinaves.
A l’autre extrémité du spectre poli- (14) Pour les premiers pas du Parti communiste
tique, le mouvement de Lapua (du nom finlandais, le meilleur ouvrage est celui de Tauno
Saarela, Suomalaisen kommunismin synty 1918-
d’une bourgade ostrobotnienne d’où est 1923 (“La Naissance du communisme finlandais,
parti le phénomène) est également à 1918-1923”), Helsinki, KSL, 1996. Deux ou-
mettre en relation avec le soulèvement vrages plus anciens en langue anglaise : John
de 1918. Ses promoteurs se voulaient les Hodgson, Communism in Finland : a History and
Interpretation, Princeton UP, 1967, et Anthony
héritiers de la “guerre de libération” et Upton, Communism in Finland, Londres, Wei-
voulaient profiter de la crise du début denfeld et Nicolson, 1970.
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LES CAHIERS DU MOUVEMENT OUVRIER / NUMÉRO 23
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