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INSTITUT SUPERIEUR DE TECHNOLOGIES

COURS DE
TECHNIQUES D’EXPRESSION
ECRITE ET ORALE

Par
OUMAR PAYANDE SAWADOGO

OCTOBRE 2017
CHAPITRE PREMIER : LAPRISE DE NOTES
I. Quand et pourquoi prendre des notes ?
On prend des notes d’après un exposé oral (cours, conférence, émission
télévisée…) ou d’après un texte écrit (presse, manuel, encyclopédie…).
A l’oral, il n’y a pas de retour en arrière possible. Mais souvent l’émetteur en tient
compte et code son énoncé de façon redondante ; répétitions, marques d’insistance,
récapitulations partielles, formules frappantes : autant d’indices qui guident la prise
de notes.
On prend des notes plus ou moins sélectives selon l’objectif poursuivi :

 Pour garder trace fidèle du contenu d’un exposé ou d’un document, la prise de
notes tend à être la plus complète possible. On se rapproche alors du
résumé.

 Pour préparer un travail précis à partir de documents, quels qu’ils soient, la


prise de notes est sélective : elle ne conserve que ce qui concerne le sujet
étudié. Elle s’éloigne alors beaucoup du résumé, puisqu’elle ne vise pas à
rendre compte de l’ensemble de l’énoncé.
Il est donc indispensable d’avoir très clairement à l’esprit l’objectif poursuivi.

II. Comment prendre des notes ?


Quel que soit l’objectif, les notes prise doivent être claires et réutilisables par celui
qui les a prises et éventuellement par d’autres. Quatre procédés permettent par leur
combinaison d’atteindre ce but avec la rapidité nécessaire : abréger, disposer,
classer et schématiser.
II.1. Abréger
Il faut supprimer tous les mots indispensables (auxiliaires, prépositions,
articles…). On peut remplacer les mots usuels en utilisant un code d’abréviation
qui combine en général plusieurs procédés.

 Formes abrégées
cad : c’est-à-dire pr : pour gd : grand pb : problème
cpdt : cependant prtt : pourtant m : même qq : quelque
ds : dans pt point ms : mais qqf : quelque fois
ê : être qd : quand nb : nombre qqns : quelques-uns
pê : peut-être gal : général ns, vs : nous, vous ss : sous
tt : tout svt : souvent tjrs : toujours st : surtout
 Lettres grecques :

Φ : philosophie, philosophe


Ѱ : psychologie
Χ : Christ, christianisme
Θ : théâtre

 symboles et signes mathématiques


↑ : hausse
↓ : baisse
= : égal
≈ : peu différent de
♂ : masculin
♀ : féminin
† : mort
≠ : différent de

Les mots de plusieurs syllabes peuvent souvent être abrégés en conservant la


première syllabe du mot suivi de la dernière :
Révolution : révtion
Septembre : sept.
Machinisme : machisme

Mais attention à ce que ces abréviations ne compromettent pa la réutilisation des


notes ; Il ne faut pas recourir à un code secret trop subtil ni créer des risques de
confusions ! Il faut veiller à :
 ne pas abréger un terme la première fois qu’il est utilisé dans un énoncé,
 ne pas abréger de mots mal connus,
 garder trace des temps verbaux et des accords syntaxiques (marques du
pluriel par exemple),
 ne pas trop abréger ; l’initiale ne suffit pas, sauf si le contexte lève toute
ambiguïté : N. pour renvoyer à Napoléon dans un cours sur le Premier Empire
de France.

II.2. Disposer

Pour que les notes soient lisibles, la présentation doit être très aérée. En effet la
travail de classement et de schématisation doit souvent être complété et
systématisé lors de la relecture des notes ; cela impose que la disposition
typographique ne soit pas trop compacte.

On pensera à :

 Séparer les parties par des blancs plus ou moins importants,


 Aligner en retrait des remarques secondaires,
 Souligner des points essentiels
 Varier éventuellement les couleurs.
II.3. Classer
On doit mettre en évidence la hiérarchie des différentes parties par un système
de numérotation ou de signes conventionnels :

I Ou : 1. Ou : le système de puces


A 1.1
1 1.1.1
2 1.1.2
B 1.2
1 1.2.1
2 1.2.2
II 2.
A 2.1
1 2.1.1
2 2.1.2

II.4. Schématiser

Il est essentiel de mettre en valeur les articulations du raisonnement et les liens


logiques entre les idées. On peut utiliser pour cela des signes conventionnels :

→ : conséquence

← : cause
≠ : opposition, divergence

═ : analogie

↔ : Implication réciproque


CHAPITRE DEUX : LA PRISE DE PAROLE EN
PUBLIC
Si la prise de Parole est le plus souvent associée à un orateur face à un public important, nous
savons que les enjeux de nos communications orales ne dépendent pas du nombre de
spectateurs, de la taille de la salle ou de la hauteur de la tribune !
Prendre la parole en public est un art et c’est aussi une pratique avec des techniques.
A la recherche de la baguette magique, nous avons tous voulu posséder des " trucs " pour
renforcer l'impact de notre communication orale et de nos prises de paroles. Savoir prendre la
parole en public, savoir parler en public est une nécessité dans l’entreprise aujourd’hui.

La prise de parole en public est un puissant générateur de trac et le trac n’est pas
nécessairement un handicap. C'est la prise de conscience d'un enjeu qui engendre le trac et la
prise de parole en est un : il faut convaincre, s'exprimer clairement, séduire, sans quoi la
teneur du propos, aussi intéressant soit-il, n'atteindra pas l'auditoire, dans le jargon des
artistes, ne passera pas la rampe.

Un trac bien négocié est un trac utile. Il mobilise l'énergie dont on a besoin pour faire face à
une situation inhabituelle ou déstabilisante, il permet le passage à l'acte de la prise de parole
qui, lui-même, fait disparaître le trac.
La Respiration, la décontraction et d’autres techniques de la communication verbale et non
verbale aident à bien utiliser l'énergie libérée par le trac.

1. COMMUNICATION VERBALE ET COMMUNICATION NON VERBALE

1.1. LA COMMUNICATION VERBALE

La communication verbale utilise comme support le langage. Le langage est un instrument de


communication exceptionnel. Ses ressources tiennent à la nature du signe linguistique qui
permet d’obtenir des combinaisons innombrables et se prête à une utilisation souple et
créative.
La communication verbale est divisée en deux secteurs :
- La communication expressive qui comprend la parole et l’écriture, et
- La communication réceptive qui comprend l’écoute et la lecture.

1.1.1. La communication expressive

1.1.1.1. La parole est le mode de communication le plus utilisé parce que la


communication orale est la plus naturelle des formes d’expression ; en effet, la
parole demeure toujours le moyen de communication le plus utile et le plus
fréquent dans la vie courante. Il est, par ailleurs, le mode de communication le plus
rapide car elle permet de connaitre immédiatement la réponse de l’interlocuteur.
Malheureusement, pour les raisons de valeur, la parole ne suffit plus de nos jours
et les notes écrites, les avis entre services se multiplient. La substitution de la
parole par le papier a définitivement dévalorisé celle-ci. Combien de fois entend-
on un responsable dire : « je ne m’engage que pour ce que j’ai écrit et signé ».

1.1.1.2. L’écrit : il est préférable à la parole dans les cas suivants :


- Dispersion géographiques,
- Caractère durable de l’information (règlement par exemple)
- Caractère difficile du sujet traité (mémoire purement verbale difficile)
On devrait limiter l’usage de la formule écrite à ces seuls cas précités. Les défauts sont
évidents :
- Temps pour rédiger,
- Temps pour la saisie,
- Temps mis pour la distribution,
- Attente chez le destinataire,
- Prolifération des notes écrites.

1.1.2. La communication réceptive

1.1.2.1. L’écoute : un homme est assailli par une quantité de message, d’information,
de bruits. La communication en existe-t-elle autant ? Il n’y aura jamais
communication si on ne sait pas d’abord écouter. La relation entre deux personnes
ou plusieurs ne s’établit qu’à cette condition essentielle d’une écoute mutuelle et
permanente. Bien écouter ne va pas de soi. Il y a ce que je dis et ce qu’il entend ;
ce qu’il dit et ce que j’entends. Se mettre sur la même longueur d’ondes, décrypter
le message à la satisfaction de chacun exige un comportement et des attitudes
intérieures essentiellement actifs et volontaires. L’écoute implique l’ouïe, la
pensée, la réflexion et l’esprit critique. Elle évolue avec l’âge et la maturité
intellectuelle. Ecouter comprend trois actions :
- Recevoir physiquement un message,
- Porter attention aux différentes idées présentées successivement dans le message,
- Donner une signification au message.

1.1.2.2. La lecture : Lire un texte et chercher à le comprendre n’est pas une activité
aisée. Chaque mot de ce texte a une résonnance intellectuelle ou affective.

1.2. LA COMMUNICATION NON VERBALE

Le psychologue Albert Mehrabian (1967) affirme que 93% de l’effet émotionnel d’un
message provient de sources non verbales, alors que seulement 7% provient de sources
verbales. L’anthropologue Ray Birdwhistell (1970) affirme que 65% de l’effet causé provient
de sources non verbales alors que 35% provient de sources purement verbales. Quels que
soient les chiffres précis, un élément demeure : la communication non verbale contribue de
façon très important à la transmission des messages. Nous avons donc avantage à développer
l’aptitude à comprendre les messages non verbaux afin d’y réagir et à être conscients de ceux
que nous émettons. Cette partie aborde la communication non verbale, c’est-à-dire la façon
dont nous nous exprimons sans parler. Il vise à, donner un meilleur aperçu des connaissances
intuitives que nous avons du langage non verbal et à montrer que cette connaissance peut nous
amener à mieux nous comprendre et à mieux comprendre les autres. En ce sens que cette
partie contribuera à stimuler des aptitudes déjà acquises.

Comme nous l’avons abordé dans la première partie de ce chapitre, la communication utilise
couramment le langage verbal ; cependant dans la communication orale, les éléments non
verbaux jouent un rôle important comme l’attestent les statistiques ci-dessus ; sans eux la
communication ne serait pas totale.
La communication non verbale devient souvent le seul indice réel qui reste à l’homme pour
prendre davantage conscience du fond intime de l’être humain, de toutes les phases par
lesquelles il passe, de ses facultés sensorielles, souvent peu ou mal développées (toucher,
odorat, goût, ouïe, vue) de la succession rapide et changeante de ses idées et de ses concepts,
de l’abondance de sentiments autant positifs que négatifs, ambivalents, intenses ou modérés
qu’il éprouve avec lui-même et envers les autres.

Il est nécessaire que nous fassions un véritable apprentissage des communications non
verbales ; à travers leur complexité, il nous sera possible de capter les attitudes, émotions et
messages qu’elles veulent nous transmettre. Notre réceptivité aux indices non verbaux fera
toute la différence dans la compréhension d’autrui.

1.2.1. Une définition de la communication non verbale


A première vue, nous pourrions penser que la communication non verbale signifie simplement
« communication sans parler » ; toutefois, cette définition littérale n’est pas tout à fait exacte.
Tout d’abord, le langage par signes (dont se servent plusieurs personnes qui ont des
problèmes auditifs) est considéré par la plupart des spécialistes en communication comme un
langage verbal, même si les mots ne sont pas « prononcés » comme tels. Par ailleurs, certains
messages sonores ne sont pas à proprement parler verbaux, tels le ton de la voix, les soupirs
ou les rires.

A la lumière de ces considérations, la communication non verbale se définit plutôt comme


étant « l’expression de messages transmis par des procédés autres que linguistiques ». Cette
définition inclut non seulement les comportements, tels le regard ou le toucher, mais
également toutes les dimensions non linguistiques des mots prononcés, comme le volume, le
débit, le ton de la voix, etc. elle fait prendre conscience de l’extrême variété des messages non
verbaux.

1.2.2. Les fonctions de la communication non verbale


Une catégorie importante de messages sociaux véhiculés par la communication non verbale se
rapporte à l’image de soi. La communication verbale joue un rôle de premier plan dans le
processus qui incite à présenter une image positive de soi-même. Prenons l’exemple d’une
personne qui s’attend, au cours d’une soirée, à rencontrer les étrangers qu’elle voudrait mieux
connaitre. Plutôt que de présenter l’image qu’elle veut projeter d’elle-même (« bonjour ! Je
suis séduisante, amicale et décontractée. »), elle se comporte de manière à faire voir ces
caractéristiques. Ainsi, elle sourit beaucoup et « pose » peut-être un peu.

Vraisemblablement, elle a choisi ses vêtements avec soin, et ce, même si elle veut ne pas
paraître accorder beaucoup d’attention à son apparence.

La communication non verbale permet de définir les relations que nous voulons avoir avec
autres. En effet, nous pouvons adopter une multitude de comportements lorsque sourire, lui
donner l’accolade ou simplement une poignée de main, lui taper dans le dos, détourner le
regard, etc. chaque comportement transmet un message quant à la nature de la relation que
nous entretenons avec cette personne.
Le comportement non verbal peut ainsi déterminer, et ce, avec plus de force que les mots, le
type de relation que nous recherchons avec les autres. Par exemple, rappelons-nous de
situations dans lesquelles quelqu’un était fâché contre nous. Un changement de
comportement, même subtil, démontre incontestablement le rôle puissant que joue la
communication non verbale dans la définition d’une relation.

Enfin, les messages non verbaux servent à révéler des émotions que nous ne pouvons ou ne
voulons exprimer, ou des émotions qui, parfois, nous échappent totalement. Le plus
souvent, les premiers signes de colère ne proviennent pas d’énoncés directs, mais d’indices
non verbaux ; de l’absence, par exemple, de contact visuel, des silences plus nombreux, des
différences dans l’expression physionomique, d’une distance plus grande ou d’une diminution
du toucher.

1.2.3. Les types de communication non verbale


Il existe deux grandes catégories de communication non verbale : la communication
corporelle et la communication symbolique. La communication corporelle est dite
« active » car elle repose sur des actions tels l’orientation du corps, la posture, les gestes, les
expressions du visage, etc. la communication symbolique est dite « passive » car elle repose
surtout sur des états de fait telles la tenue vestimentaire, la façon d’aménager
l’environnement, etc.

1.2.3.1. La communication corporelle


Le premier domaine de communication non verbale que nous allons aborder est le vaste
champ des mouvements du corps. Dans cette partie, nous allons étudier le rôle que jouent
dans nos relations interpersonnelles l’orientation du corps, la posture, les gestes, les
expressions du visage, etc.

1.2.3.1.1. La proxémie
La façon dont l’espace physique est occupé par les personnes constitue un type de
communication corporelle. Nous pouvons percevoir le genre de relation que les gens
entretiennent les uns par rapport aux autres simplement en observant la distance qu’ils
maintiennent entre eux. La proxémie est l’étude de la façon dont les gens et les animaux
occupent l’espace.

L’anthropologue Edward T. Hall (1969) a défini quatre zones ou distances que nous
respectons dans la vie quotidienne. Il ajoute que nous en choisissons une en particulier en
fonction des sentiments que nous éprouvons envers l’autre personne, du contexte de la
conversation et de nos objectifs interpersonnels.

Nous acceptons généralement la distance intime (45 cm et moins) avec les personnes avec
les personnes avec qui nous sommes émotionnellement très proches (certains membres de
notre famille, la personne aimée, des amis très intimes, le plus souvent de façon privée (faire
l’amour, se caresser, réconforter ou protéger). En permettant à l’autre d’entrer dans notre
sphère d’intimité, nous laissons le pénétrer à l’intérieur de notre territoire.

Lorsque nous le faisons sciemment, il s’agit le plus souvent d’une marque de confiance : nous
abaissons volontairement nos défenses. C’est pourquoi lorsqu’une personne envahit cette zone
sans notre consentement, nous nous sentons généralement menacés. Cela explique également,
par exemple, le malaise que nous ressentons parfois lorsque nous sommes placés fortuitement
avec des inconnus dans des espaces bondés comme les autobus. Dans des circonstances
semblables, le comportement normal, dans notre société, est de nous retrancher ou de tendre
les muscles et d’éviter les regards. C’est une façon non verbale de dire : « je suis désolé
d’envahir votre territoire, mais j’y suis contraint. »

Dans le jeu de la séduction, un des moments critiques survient lorsque l’un des deux
partenaires franchit pour la première fois la distance intime de l’autre.

Si le partenaire ainsi approché n’a pas de mouvement de recul, cela signifie souvent que la
relation est en train de franchir une nouvelle étape. Par contre, si le partenaire recule,
l’instigateur du geste devrait saisir le message, à savoir que l’autre ne désire pas, pour le
moment du moins, franchir cette étape.

Le point le plus proche de la distance personnelle (entre 45 cm et 2,25 m) est la distance à


laquelle la plupart des couples se tiennent en public. Si, au cours d’une soirée, une personne
du sexe opposé se tient à cette distance-là avec l’un des partenaires, l’autre aura tendance à se
sentir menacé, car cette « intrusion » est souvent perçue comme le signe qu’il se déroule
quelque chose de plus important qu’une simple conversation.

Au point le plus éloigné de la distance personnelle, les contacts sont encore raisonnables
proches, mais ils sont beaucoup moins intimes. Pour en faire l’expérience, nous n’avons qu’à
commencer une conversation avec une personne à une distance d’à peu près un mètre de nous
et de nous rapprocher, lentement jusqu’à environ 50 centimètre. Nous pouvons ainsi
facilement nous rendre compte que la distance affecte la nature de nos conversations.

A l’intérieur des limites de la distance sociale (1,20 à 3,60) se trouve le genre de


communication qui prévaut ordinairement dans les affaires. Les conversations entre vendeurs
et clients, ou entre personnes qui travaillent ensemble, se déroulent généralement au minimum
de cette distance. La plupart des gens se sentent, en effet, mal à l’aise lorsqu’un vendeur
s’approche à une distance inférieure à 1 m, tandis qu’une distance de 1,20 à 1,50 m indique de
façon non verbale : « je suis ici pour vous aider, mais je n’ai pas l’intention de me montrer
intime ou arrogant. »

Nous nous tenons dans la partie la plus éloignée de cette zone (entre 2 et 4 mètres) dans des
situations plus formelles et plus impersonnelles. C’est la distance à laquelle un employé se
tient généralement de son patron (ou de toute autre autorité), par exemple s’il est de l’autre
côté du bureau de celui-ci. Le fait de se tenir à cette distance laisse supposer un type de
conversation très différent et beaucoup moins détendu que si l’employé avait avancé une
chaise aux côté de son patron et s’était assis seulement 1 mètre de lui.

La partie la moins distante de la distance publique (3,60 m et plus) est celle qu’utilisent la
plupart des professeurs dans leur classe. Lorsque la distance est plus grande (7,50 m et plus),
la communication à double sens devient pratiquement impossible. Une distance semblable est
parfois nécessaire, comme dans le cas des orateurs qui font face à un auditoire très vaste.
Nous pouvons cependant supposer que toute personne qui choisit délibérément cette distance
lorsqu’elle peut très bien se rapprocher ne veut tout simplement pas établir un dialogue.

1.2.3.1.2. La territorialité
Tandis que l’espace personnel est la bulle invisible que nous transportons partout avec nous
comme une prolongation de notre personne physique, la territorialité est stationnaire. Toute
aire géographique, comme une pièce, une maison, un quartier ou un pays, sur laquelle nous
croyons avoir une sorte de « droit » constitue notre territoire. Ce qui est intéressant à noter,
c’est que la territorialité ne repose habituellement sur aucun fondement reconnu qui assure le
droit de « disposer » d’une zone donnée ; cependant, le sentiment de « possession » existe tout
de même. Notre chambre à la maison est la nôtre, que nous soyons là ou non (à la différence
de l’espace personnel que nous transportons partout avec nous). Ainsi, quelqu’un qui y
pénètre sans notre consentement viole notre territoire. Un étudiant ressent la même
impression pour son bureau à l’école, qu’il dit sien. Tout automobiliste dit également sienne
la place de stationnement qu’il occupe.

La façon dont les gens disposent de l’espace témoignait de leur pouvoir et de leur statut
social. Ainsi, nous accordons généralement une plus grande territorialité et une plus grande
intimité aux personnes qui ont un statut social plus élevé que le nôtre. Par exemple, nous
devons frapper avant d’entrer dans le bureau de notre patron, tandis que celui-ci peut enter
sans hésitation là où nous travaillons. Dans l’armée, des espaces plus vastes et une plus
grande intimité sont accordés selon le grade : les soldats de deuxième classe sont 40 par
chambrée, les sergents ont leur chambre privée et les généraux bénéficient d’une maison
fournie par le gouvernement.

1.2.3.1.3. L’orientation du corps


Imaginons une personne en pleine conversation avec un ami lorsque quelqu’un d’autre
s’approche et veut manifestement se joindre à la conversation. Si la personne n’est pas
particulièrement heureuse de voir le nouvel arrivé, mais qu’elle ne désire pas se montrer
impolie en lui demandant de s’éloigner, elle peut lui signaler qu’elle souhaite rester seule avec
son ami simplement par la position de son corps.

Dans une telle situation nous n’avons qu’à tourner légèrement le corps de côté pour indiquer
clairement à l’autre nos intentions. L’intrus, qui se trouve alors obliger de parler par-dessus
notre épaule, ne devrait pas tarder à saisir le message et à s’en aller.

Le fait de faire face à une personne indique clairement notre intérêt pour elle, alors que le fait
de s’en détourner indique le contraire. Dans des espaces restreints comme des ascenseurs,
nous pouvons nous entasser très près des autres sans offenser pour autant notre entourage. En
effet, l’orientation de notre corps n’étant pas directe (nous nous tenons généralement épaule
contre épaule en regardant tous dans la même direction), nous comprenons que, malgré
l’exigüité des lieux, chacun désire éviter des contacts directs.

En observant la façon dont se placent les gens, nous pouvons saisir comment ils se sentent.
Par exemple, dans un lieu bondé où les gens ont la possibilité de choisir à qui ils veulent faire
face, il est facile de voir qui semble faire de l’interaction et qui est subtilement repoussé. Peut-
être certains évitent-ils une personne en particulier sans en être conscients ou peut-être
tournent-ils franchement le dos aux autres. Quelles peuvent être les raisons de tels
comportements ? Ces personnes veulent-elles éviter une situation désagréable qui a besoin
d’être tirée au clair, communiquer leur mécontentement ou leur aversion pour l’autre
personne, ou faire part d’un autre message ? De la même façon, prêter attention à votre propre
position ; peut-être serez-vous surpris de constater ce qu’elle dévoile.

1.2.3.1.4. La posture
Le psychologue Albert Mehrabian (1981) observe que nous prenons des postures détendues
dans des situations qui ne sont pas menaçantes pour nous, mais que nous nous raidissons dans
des situations qui le sont. En se basant sur cette constatation, il affirme que nous pouvons
déceler en grande partie l’état intérieur des autres en regardant s’ils sont tendus ou
décontractés. Il souligne une façon de détecter des différences sociales par l’observation :
dans un groupe, la personne dont le statut social est le plus bas est généralement et
visiblement la plus tendue, tandis que celle dont le statut social est le plus élevé est
habituellement la plus décontractée. C’est le genre de situation qu’on remarque souvent
lorsqu’un employé est assis bien droit sur sa chaise alors que le patron est relaxe dans son
fauteuil.

Ainsi, les postures renseignent sur l’état intérieur de l’individu à condition que nous soyons à
même de le déceler.

1.2.3.1.5. Les gestes


Certains gestes sont parfois intentionnels : un signe joyeux de la main ou les pouces pointés
vers le ciel, par exemple. D’autres, par contre, sont inconscients. Parfois, un geste involontaire
sera un symbole non équivoque comme un haussement des épaules qui signifie : «à quoi bon,
je suis foutu. » D’autres, encore plus révélateurs, constituent ce que le psychologue Albert
SCHEFLEN (1965) appelle « le lissage des plumes » : se passer la main dans les cheveux ou
se recoiffer, se regarder dans le miroir ou arranger sa tenue… SCHEFLEN laisse entendre que
ce genre de gestes traduit une sorte d’intérêt pour l’autre : peut-être un message inconscient
d’ordre sexuel ou un signe conscient  d’intérêt.

D’autres gestes représentent des mouvements, la plupart du temps inconscients, dans lesquels
une partie du corps masse, tient, tripote, pince, gratte ou touche une autre partie de celui-ci.
Les conventions sociales nous rendent mal de nous comporter de cette façon en public mais
on le fait quelque fois sans s’en apercevoir.

Les gestes et l’attitude gestuelle convenables

- Illustrent les discours, représentent l’expression de la personnalité de l’individu ;


- Renforcent et complètent le discours avec l’intention de communiquer ;
- Essentiellement à travers le visage ;
- Règlent la mise en scène du contact : parler, se lever, écouter, tendre la main…
1.2.3.1.6. le visage et le regard
On parle aussi à travers le regard ; On dit d’un orateur, d’un professeur, etc., qu’il a un regard
magnétique, foudroyant, perçant … Les yeux jouent, en effet, un rôle important dans la
communication.

1.2.3.2. La communication symbolique

C’est le second type de communication non verbale. Contrairement à la communication


corporelle, la communication symbolique est dite « passive » ; elle concerne, entre autres, la
façon de se vêtir et celle d’aménager notre environnement physique.
La tenue vestimentaire, en plus de nous protéger contre les éléments de la nature, est un
moyen de communication non verbale. Quelqu’un a fait remarquer que la façon de se vêtir
véhicule au moins dix types de messages aux autres : le niveau de vie, le niveau d’éducation,
le degré de fiabilité, le statut social, le degré de raffinement, le milieu économique, le milieu
social, le milieu culturel, le degré de succès et la moralité.

Il faut veiller à ce que l’on ne vous manque pas de respect à cause de votre habillement. Il est
et conseillé de choisir ses vêtements à sa convenance. Toutefois, éviter les tenues ternes et
tristes en veillant à la manière de porter ces habits. Il y a lieu de comprendre également que la
circonstance fait la tenue.

Pour finir notre étude sur la communication non verbale, nous aimerions souligner la façon
dont le cadre physique, l’architecture et la décoration intérieure peuvent affecter la
communication.

Plusieurs dirigeants ont compris comment l’environnement pouvait influencer la


communication. Roben Sommer souligne que des éclairages tamisés, des bruits amortis et des
sièges confortables encouragent à passer plus de temps dans un restaurant ou dans un bar. Le
design du mobilier contribue aussi à contrôler le temps que passe une personne dans un
environnement donné. Selon que vous souhaitez retenir longtemps ou refouler en peu de
temps le client ou le visiteur, le choix du type de siège et l’aménagement de l’environnement
se feront en fonction. On peut aussi aménager pour rassurer, donner plus de confiance, attirer.

Pour conclure ce chapitre sur la communication verbale et non verbale, retenons seulement
leur importance dans l’image que nous souhaitons véhiculer de notre personne comme de la
société que nous représentons. A nous d’en tirer le meilleur profit et de savoir jouer.
CHAPITRE TROIS : L’EXPRESSION ORALE
1. Généralités

Nous avons tous des choses à dire. Sophocle dit que parler beaucoup et parler à propos n’est
pas la même chose.

Parler à propos c’est parler juste, parler quand il le faut ; Savoir parler c’est choisir
entre deux mots, le moindre, le plus court, le plus convaincant.

Parler bien est Indispensable pour réussir une communication d’où le caractère impérieux
pour tout communicateur de maîtriser les principales règles de la grammaire et d’avoir une
bonne diction (l’art de savoir dire) et d’avoir une clarté de l’élocution : apprendre à maitriser
la décontraction, la relaxation et la respiration, et le regard.

L’expression orale c’est l’art ou la manière de s’exprimer oralement. C’est un processus de


communication qui prend en compte la langue, la parole, le geste et le regard.

La parole est l’expression verbale de la pensée, la faculté de communiquer la pensée par un


système de sons articulés. La langue est un système d’expression et de communication d’un
groupe social.
La parole est individuelle, la langue est collective. La parole est une actualisation de cet
ensemble collectif.

L’expression orale est une activité qu’on ne peut comprendre qu’en fonction d’un certain
nombre de rapports.

1.1. Rapport avec la langue


La structure d’une langue régit sur la pensée du lecteur. Un français ne peut penser qu’en
fonction des possibilités que lui offre sa langue. Si tous les français ont en commun l’usage
de la langue française, chacun tient avec cette langue une relation particulière en fonction de
ce que cette langue représente affectivement pour lui : bons ou mauvais souvenirs familiaux,
scolaires, professionnels.

1.2. Rapport avec soi-même

C’est la manière dont on se perçoit soi-même et aussi son niveau de culture. L’être
humain est le vecteur de la matérialisation de l’expression orale. Cela se fait par la voix, le
corps, le geste caractéristique d’une attitude.

Dans ce contexte, la décontraction, la relaxation, le geste et le regard sont fondamentaux pour


la pratique de l’expression orale.

1.3. Rapport avec les autres


Parler c’est communiquer avec les autres. Et la façon dont nous parlons dépend de la manière
dont nous voyons les autres : statut social, professionnel, familial. Le complexe d’infériorité
qu’on nourrit à leur égard en pensant qu’ils s’expriment mieux que nous, l’appréhension
devant des nouveaux visages et l’inconnu qu’ils représentent, sont autant de facteurs qui
paralysent l’expression orale.

Le manque de confiance en soi, l’image infériorisée de soi-même, la difficulté d’intégration et


d’implication personnelle qui se traduisent par l’anxiété et la timidité sont autant d’obstacles à
l’expression orale.

1.4. Principes pédagogiques pour libérer la parole

Il est primordial de permettre à chacun de surmonter les obstacles qui l’ont contraint à ne pas
s’exprimer oralement comme il l’aurait voulu. Pour y parvenir, il faut :

 avoir une vue positive de soi-même, tout en acceptant sa propre personnalité. Cela
favorise un équilibre général. Conséquence des interactions : on porte sur sa propre
personne le jugement des autres. Intégrer en même temps les normes de la société :
savoir que dire, que faire, qu’être.

 favoriser le désir de communiquer en supprimant la peur : difficultés orales


provoquées par des causes extérieures : appréhension, peur d’être jugé. Trouver des
occasions pour vaincre cette peur, pour avoir un élan vers autrui ; cela renforcera une
vue positive de soi-même. Prendre l’initiative.

 favoriser l’action libératrice. La parole est acte et l’acte est libératoire. C’est en
forgeant qu’on devient forgeron. C’est aussi en s’exprimant qu’on apprend à
s’exprimer. Pour libérer l’expression, il faut donc donner des occasions de passer à
l’action et relier la parole à un processus général de créativité.

2. Articulation /Prononciation

L’élocution est la mise en œuvre de ce que l’on a acquis de la respiration et de la voix de


façon à projeter des mots et des phrases d’une manière correcte.

L’articulation concerne surtout la netteté de l’élocution, tandis que la prononciation concerne


plutôt la correction des formes sonores.

L’articulation est l’art de donner à chaque voyelle, à chaque consonne, sa netteté et sa pureté
tandis que la prononciation est l’art de donner à chaque voyelle et à chaque consonne une
valeur conforme à l’usage établit comme dans Choléra, prononcé [koléra]

Pour une bonne articulation, il faut donner la netteté aux consonnes : les sourdes et les sonores
ne doivent pas être confondues, il faut faire la différence entre : tre/dre, cla/gla, motte/mode…

Il faut aussi donner la netteté aux voyelles : un/en, « é » dans « salé » ne doit pas être
confondu à « ai » dans « salai » ou « um » dans « parfum » à « in » dans « chagrin ».
Pour dire des syllabes difficiles, il faut d’abord assembler deux lettres, puis trois et ainsi de
suite progressivement. Une bonne élocution nécessite que l’on sépare les syllabes sinon on
aura un son flou, barbouillé.

Pour se corriger, ne pas laisser tomber les finales. Il faut maintenir le timbre et le volume de la
voix jusqu’à la fin de la phrase et percuter sur la dernière syllabe autant que sur les autres. On
peut aussi dire une série de phrases pièges qui tiennent du jeu de société. Chaque syllabe
devra toujours être prononcée distinctement, indépendamment de la précédente et de la
suivante.

Exercices de diction :

 Trois gros rats gris dans trois gros trous très creux.

 Je ne sais pas si j’exagère mais je veux et j’exige ces jolis oiseaux jasant.

 Un chasseur sachant chasser sans son chien est un chasseur sachant chasser.

 Fruits cuits, fruits crus !

 Alerte, Arlette halète !

 Constantinopolitain, quand te déconstantinopoliseras-tu ? Je me


déconstantinopoliserai, quand tous les constantinopolitains se seraient
déconstantinopolisés.

 Que lit Lilly sous ces lilas-là ? Lilly lit l’illiode.

 Le Fisc fixe chaque taxe fixe excessive exclusivement au luxe et à exquis.

 L’assassin suçait sur sein son sang sans cesse.

 Poche plate, plate poche !

 Piano, panier !

Les défauts de l’articulation

Le grasseyement qui est la formation gutturale du « r » ; pour s’en corriger, prononcer chaque
jour pendant cinq minutes successives les syllabes suivantes : te de tri, bra bre bri bro.

Le sifflement : c’est l’intensité exagérée de l’articulation du « s ». Pour s’en corriger, appuyer
le bout de la langue sur les dents supérieures au lieu de la placer entre les dents.

Le blèsement ou zézaiement : prononciation défectueuse du « g », »j », « ch » que l’on


articule en laissant la langue dépassée les dents.

Pour le « g » et le « j », la langue doit rester suspendue, la bouche ne s’ouvre qu’un peu ; le
son s’entend au milieu du palais.
Pour le « ch », la langue doit arrêter le son au milieu de la bouche où il résonne mais
sourdement.

Le bégaiement : il se fait avec les consonnes occlusives : b, p, d, t, k, g (guttural) lorsque le


courant d’air s’échappe brusquement, l’explosion, pénible au début, se répète plusieurs fois.
Les autres consonnes sont prolongées avant la formation de la voyelle.

Le chuintement : c’est le changement du « je » et du « se » en « che » et « ge » ; c’est


l’inverse du zézaiement. C’est aussi le changement du « ve » en « fe ».

Le bredouillement : le bout de la langue vient continuellement se placer contre les dents et


change toute l’articulation des consonnes. On dit de ces personnes qu’elles ont la langue
lourde. Pour s’en corriger, faire le même travail que pour le sifflement mais l’étendre à toutes
les consonnes formées par la langue.

Le lambdacisme : c’est le redoublement ou la répétition de « l »

Le iotacisme : supprime les consonnes et les remplacent par « ye » ; pour s’en corriger,
prononcer : « donnez-lui à minuit huit fruits cuits. Et, si ces huit fruits cuits lui nuisent,
donnez-lui à minuit huit fruits crus. »

2. LES PRINCIPES DE L’EXPOSE ORAL


Quelques recommandations pour aider à réussir l’exposé oral

Préparation personnelle :

 Adapter son look au public


 Respecter son auditoire par sa tenue
 Préparer à l’avance
 Répéter pour soi (“se mettre le texte en bouche”)
 Répéter devant des confrères (¦il extérieur)
 Se projeter (visualisation)
 S’approprier l’espace (répéter dans la salle)

Préparation contenu :

 Définir le but
 Avoir un objectif
 Rester fixer sur l’objectif
 Structurer le contenu
 Connaître les attentes de son auditoire
 Préparer la conclusion
 Soigner les transitions

L’organisation :

 Réserver une salle adéquate


 Préparer son matériel
 S’assurer du nombre de place
 Disposer le public en fonction du style

Le discours :

 Ponctuer le discours d’exemple et/ou d’anecdote


 Remplacer les mots parasites par des silences
 Faire simple

L’accueil :

 Etre présent à l’entrée du public


 Apprivoiser le public

Le début :

 Faire face à l’assemblée


 Regarder le public
 Sourire
 Prendre le temps d’être le mieux possible
 Commencer par un silence
 Préparer l’introduction (1° phrase)

Comportement physique :

 Commencer avec un geste ouvert et haut


 Coupler les gestes à la parole
 Sourire
 Utiliser l’espace disponible
 Contrôler et soigner sa posture
 Chercher la stabilité - ancrage (les pieds au sol)

Comportement Vocal :

 Respirer avec le ventre


 Parler de manière audible (fort)
 Parler distinctement – Articuler Rythmer son discours (pause – accélération –
ralenti)
 Intégrer des silences

Relation au public :

 Présenter les intervenants


 Définir les règles (le cadre)
 Se présenter si personne ne l’a fait
 Gérer le temps – respecter le temps imparti.
 Attendre d’avoir l’attention de l’auditoire pour commencer
 Laisser du temps pour réfléchir - intégrer
 Communiquer les émotions
 S’approcher du public
 Interagir avec le public
CHAPITRE QUATRE : TECHNIQUES DE
L’EXPRESSION ECRITE: ETUDE DE QUELQUES
DIFFICULTES DE LA LANGUE FRANÇAISE

I. QUELQUES DIFFICULTES ORTHOGRAPHIQUES (orthographe


d’usage et grammaticale)
1. Orthographe d’usage
1.1. Prononciation et orthographe
La prononciation et l’orthographe présentent en français de profondes différences. Alors que
la prononciation a évolué et se modifie sans cesse, l’orthographe, depuis des siècles, ne
change que très lentement. L’écart entre l’écrit et l’oral était déjà très important en ancien
français (français du Moyen Age) et il n’a cessé de grandir. Cela explique que le même son
-è- puisse être transcrit par –ai- (raie), -è- (très), -ei- (pleine), etc.
1.1.1. Les écarts entre l’oral et l’écrit
Il n’y a pas de correspondance systématique entre les sons et les lettres :
- Le même mot peut-être transcrit de plusieurs manières, et on peut avoir alors des
homophones (mot de même prononciation et de sens différents : sot et seau, pot et
peau, mot et maux ;
- Une même lettre finale peut être prononcée ou non : t non prononcé dans pot mais
prononcé dans le mot d’origine américaine hot-dog ; c non prononcé dans broc mais
prononcé dans toc.
1.1.2. Lettres et sons
1.2. Les signes graphiques autres que les lettres
1.2.1. Les accents
1.2.2. Le tréma
1.2.3. La cédille
1.2.4. L’apostrophe et l’élision
1.2.5. Le trait d’union dans les mots composés
1.2.6. Le trait d’union dans les formes verbales
1.2.7. La majuscule
1.3. La ponctuation
1.3.1. Les signes qui organisent la phrase
1.3.2. Les signes qui traduisent l’intonation
1.3.3. Les autres signes
1.4. Les règles orthographiques d’usage
1.4.1. Usage de base
1.4.2. Les lettres finales
1.4.3. Les lettres initiales et intérieures
1.5. Les homonymes
1.5.1. Les homonymes lexicaux
1.5.2. Les homonymes grammaticaux
1.5.3. les confusions dues aux liaisons
1.6. L’orthographe des familles de mots
1.6.1. La fin des mots de la même famille
1.6.2. Le début des mots de la même famille

II. LES ACCORDS (noms, adjectifs, verbes, participe passé…)


Si, dans la grammaire, la syntaxe s’occupe de la position des mots dans l’énoncé et de leurs
interactions, la morphologie décrit la forme même des mots. En particulier,
- Certains termes sont invariables : l’adverbe, la préposition, la conjonction,
l’interjection ;
- D’autres termes varient en genre et en nombre : le nom, le pronom, le déterminant,
l’adjectif (ou le participe) ;
- Le verbe varie selon le temps et la personne (se reporter au « tableau de
conjugaison »).
Nous rappellerons ici les règles qui concernent les noms composés, la liste des participes
présents et adjectifs verbaux distingués par l’orthographe et les principales règles d’accord.
2.1. Marques du genre et du nombre des mots composés
 Mots anciennement composés s’écrivant aujourd’hui en un seul mot
III. LES REGLES DE PONCTUATION
IV. LA CONCORDANCE DU TEMPS
CHAPITRE CINQ : LES TECHNIQUES DE REDACTION
L’écrit n’est pas la simple transcription de l’usage oral du langage ; il a un fonctionnement qui
présente des contraintes et offre des possibilités spécifiques. Le texte écrit utilise peu de
répétitions et tend à une condensation de l’information. Cela impose un système d’encodage
spécifique : organisation de l’information, jeu de reprises nominales et pronominales, système
de subordination, rigueur des liens logiques, précision du vocabulaire… Ce sont là les
principes d’élaboration d’un texte dont la combinaison permettra de réussir une rédaction.

I. Organiser l’information

Pour qu’un texte progresse de façon cohérente, il faut que l’information y soit clairement
organisée. En effet, confronté à un apport désordonné d’informations dont le lien avec ce qui
précède n’est pas clair, le lecteur a l’impression de « sauter du coq à l’âne ».

1.1. Les modèles de base

Trois modèles de base, aisément identifiables à l’intérieur d’énoncés brefs, garantissent une
bonne organisation de l’information.

1.1.1. La progression à thèmes constant

Chaque phrase part d’un même élément, donné de départ comme connu, qu’on appelle le
thème, et apporte à propos de ce thème un élément d’information nouveau qu’on nommera
donc propos : c’est pourquoi on appellera ce type d’organisation progression à thème
constant.

Exemple :

La cour suprême des Etats-Unis, dont la session 1983 – 1984 vient de s’achever,
semble prendre une direction plus conservatrice que par le passé, notamment en ce
qui concerne les droits des individus face à l’Etat. Elle a notamment décréter que
les prisonniers n’avaient aucun droit au respect de leur vie privée, que les juges et
non les jurys doivent décider de la peine de mort. Elle a également rendu des
jugements favorables à la position du gouvernement de Ronald Reagan dans
plusieurs cas touchant aux libertés civiques où à la discrimination.
Le Matin, n° 2285.
Phrase1 : Thème 1, propos 1 ;

Phrase2 ; Thème 1, propos 2 ;

Phrase 3 ; thème 1, propos 3.

1.1.2. Progression linéaire

Dans ce type de progression, chaque phrase repart du propos de la phrase précédente, qui
devient donc le nouveau thème, et le complète par une information nouvelle (nouveau
propos).

C’est le cas dans le texte ci-après dont on peut schématiser ainsi la progression :

Alors que l’Allemagne compte 40 000 professeurs de mathématiques et de sciences au


chômage, les Etats-Unis en manquent cruellement. Cette situation a donné une idée
aux responsables de l’université de Géorgie : aller recruter à Hanovre une vingtaine
d’enseignants diplômés et parlant anglais et les ramener dans la région d’Atlanta.
Tous sont embauchés pour un an, avec un salaire équivalent à celui qu’ils touchent en
Allemagne.

Le Monde de l’éducation, n° 107.

Phrase 1 thème 1 propos 1

Phrase 2 thème 2 propos 2

Phrase 3 thème 3
propos 3

1.1.3. La progression éclatée

Le thème (ou éventuellement le propos) de la première phrase est décomposée en éléments


multiples, repris comme thèmes successifs des phrases suivantes. On peut appeler thème
d’ensemble ce point de départ qui est « éclaté » dans la suite de l’énoncé.

Cette civilisation dont les occidentaux sont si fiers s’est édifiée grâce à de multiples
apports dont beaucoup viennent de non-européens. L’alphabet, par exemple, transmis
d’abord aux Phéniciens par les groupes sémitiques voisins de la péninsule du Sinaï, est
passé ensuite aux Grecs et aux Romains (…) ; le système que nous employons pour la
notation des nombres est d’origine arabe, de même que l’algèbre (…) ; les premiers
astronomes apparaissent en Chaldée et c’est dans l’Inde où le Turkestan qu’est inventé
l’acier ; le café est d’origine éthiopienne ; le thé, la porcelaine, la poudre à canon, la
soie, le riz, la boussole nous viennent des chinois.
Michel LEIRIS, Cinq Etudes d’ethnologie.
Thème d’ensemble : multiples apports culturels

Thème 1 : alphabets Thème 2 : nombres Thèmes 3 : astronomes

Propos 1 : phéniciens Propos 2 : arabes Propos 3 : Chaldée

2. Quelle progression choisir ?

Le choix d’un mode de progression de l’information impose des contraintes grammaticales.


Par exemple, avec une progression à thème constant, on peut être amené à préférer une
tournure passive à la construction active pour démarrer chaque nouvelle phrase sur le thème.
La progression linéaire, elle, impose souvent des reprises par des pronoms démonstratifs ou
des nominalisations, etc.

Chaque procédé a ses avantages et ses limites :

Avantages Limites

Procédé facile à employer Monotonie


Progression à
Le thème est mis en évidence Aspect de catalogue, faiblement
thème constant
Système de reprises simplifié argumentatif

Procédé dynamique qui donne Risque de dérive ou de digression


Progression l’impression d’avancer par éloignement progressif du
linéaire
Reproduit la souplesse de la pensée thème initial

Mise en évidence des thèmes


Progression Exige une perception d’ensemble
d’ensemble ; se prête bien à
éclatée et une abstraction suffisantes
l’argumentation

L’organisation de l’information selon un principe unique est difficile à maintenir dès que le
texte se prolonge. En général, plusieurs types de progression se combinent : par exemple, des
passages à thèmes constants assurent le développement d’un paragraphe à l’intérieur d’une
progression d’ensemble à thème éclaté, notamment dans le cas de l’argumentation. De plus,
d’autres principes d’organisation interviennent concurremment dans les textes argumentatifs :
la structuration logique du raisonnement et l’alternance des points de vue opposés.

Dans certains textes faiblement argumentatifs, qui se rapprochent des textes d’exposition, la
progression de l’information tend à s’imposer comme principe organisateur de l’ensemble du
texte. On retrouve en ce moment comme plan du texte l’un des trois types d’organisation
décrits plus haut à propos de brefs passages.

Le choix du thème n’est pas neutre : dans un texte argumentatif, il dépend du fonctionnement
du circuit argumentatif : on retient comme thème constant ou thème d’ensemble l’élément
dont on veut valoriser la dimension argumentative.

II. UTILISER UN SYSTEME ENONCIATIF HOMOGENE : RECIT / DISCOURS

La cohérence d’un texte suppose qu’il se définisse clairement par son appartenance à l’un ou
l’autre des deux systèmes énonciatifs qu’il est habituel d’appeler « système du récit » et
« système du discours ».

Les termes récit et discours n’ont pas ici leur sens usuel : le récit ne désigne pas forcément
une narration, le discours ne correspond pas nécessairement à un énoncé oral. L’opposition
récit / discours ne recoupe pas la distinction écrit / oral. Si l’oral contient essentiellement des
discours, on peut y trouver des exemples de récits (quand on raconte une histoire…). L’écrit,
lui, utilise aussi bien le discours (lettre, éditorial d’un journal…) que le récit (ouvrage
historique, roman à la troisième personne).

2.1. Les systèmes du récit et du discours

Texte 1

Le 15 septembre 1840, vers six heures du matin, la Ville-de-Montereau, près de Paris,


fumait à gros tourbillons devant le quai Saint-Bernard.
Des gens arrivaient hors d’haleine ; des barriques, des câbles, des corbeilles de linges
gênaient la circulation ; les matelots ne répondaient à personne ; on se heurtait ; les colis
montaient entre deux tambours, et le tapage s’absorbait dans le bruissement de la vapeur,
qui, s’échappant par des plaques de tôles, enveloppait tout d’une nuée blanchâtre, tandis
que la cloche, à l’avant, tintait sans discontinuer.
Enfin le navire partit ; et les deux berges, peuplées de magasins, de chantiers et d’usines,
filèrent comme deux rubans que l’on déroule.
Un jeune homme de dix-huit ans, à long cheveux et qui tenait un album sous son bras,
restait auprès du gouvernail, immobile. A travers le brouillard, il contemplait des clochers,
des édifices dont il ne savait pas les noms ; puis, il embrassa, dans un dernier coup d’œil,
l’île Saint-Louis, la Cité, Notre Dame ; et bientôt, Paris disparaissant, il poussa un grand
soupir.
FLAUBERT,
L’Education sentimentale

Texte 2

Vous devez, cher maître, me traiter intérieurement de « sacré cochon », - car je n’ai pas
répondu à votre dernière lettre et je ne vous ai rien dit de vos deux volumes, sans compter
que, ce matin, j’en reçois de vous un troisième. Mais j’ai été depuis quinze jours
entièrement pris par mon petit comte qui sera fini bientôt. J’ai eu plusieurs courses à faire,
différentes lectures à expédier, et, chose plus sérieuse que tout cela, la santé de ma pauvre
nièce m’inquiète extrêmement, et par moment me trouble tellement la cervelle que je ne
sais plus ce que je fais. Vous voyez que j’en avale de rudes ! Cette jeune femme est
anémique au dernier point. Elle dépérit. Elle a été obligée de quitter la peinture qui est sa
seule distraction. Tous les fortifiants ordinaires n’y font rien. Depuis trois jours, par les
ordres d’un autre médecin qui me semble plus docte que les autres, elle s’est mise à
l’hydrothérapie ; Réussira-t-il à la faire digérer et dormir ? À fortifier son être ?
Comparons les deux textes de Flaubert :

Dans le système du récit (texte 1), l’émetteur n’intervient pas dans l’énoncé, qui se trouve
ainsi mis à distance ; il n’y a pas de référence à la situation d’énonciation.

RECIT = distance maximale par rapport à la situation d’énonciation.

Marques caractéristiques Exemples

La situation dans le temps et l’espace n’est Le 15 septembre 1840, vers six heures du
pas relative à l’acte d’énonciation. matin…
Utilisations de dates, de repères objectifs. Le quai Saint-Bernard, Paris…
Effacement de l’émetteur et du récepteur. La Ville-de-Montereau fumait… Un jeune
Récit à la troisième personne. homme de dix-huit ans restait auprès du
gouvernail…
Utilisation du passé simple, de l’imparfait et Des gens arrivaient hors d’haleine… Il
du plus-que-parfait (éventuellement du poussa un grand soupir…
présent de narration).

Dans le système du discours (texte 2), au contraire, la présence de l’émetteur et du récepteur


se manifeste par de nombreuses références à la situation d’énonciation.

DISCOURS = insertion dans situation d’énonciation

La situation dans le temps et l’espace est Ce matin…


relative à l’acte d’énonciation. Utilisation de Depuis 15 jours…
déictique1 Depuis 3 jours…
Présence de l’émetteur et du récepteur, donc J’en reçois de vous un troisième…
de la première et de la deuxième personne. Vous voyez que j’en avale de rudes…
Utilisation du passé composé et de tous les J’ai eu plusieurs courses à faire…
temps, sauf du passé simple. La santé de ma nièce m’inquiète…
Réussira-t-il ?

En pratique, un même texte peut faire alterner les deux systèmes, par exemples en insérant
un passage écrit selon le système du récit à l’intérieur d’un discours.

Si la deuxième personne est bien exclue du système du récit, la troisième personne, elle,
peut y apparaître. C’est ce qui se passe lorsque l’émetteur raconte un événement qui le

1
On appelle déictique un terme (pronom, adverbe) qui n’a de sens que par rapport à une situation
d’énonciation donnée : un adverbe comme « ici » n’a pas de sens dans l’absolu.
concerne mais le présente avec le recul propre au système du récit : « ce jour-là, je découvris
la gravité de la situation.. »

On rencontre souvent, en particulier dans la presse, des textes écrits selon un système mixte :
ils évitent le passé simple, tombé en désuétude dans la langue courante, et présentent les
événements en recourant au présent de narration (dont l’appartenance au système du récit est
moins marquée) et au passé composé (théoriquement caractéristique du discours). Cela
permet de raconter les faits tout en les rapprochant du lecteur.

En situation scolaire, le système utilisé est en général celui du discours, puisqu’il s’agit le plus
souvent de produire des textes argumentatifs. Toutefois les marques de l’émetteur et du
récepteur y sont discrètes, voire neutralisées.

Au contraire, la lecture de romans amène à rencontrer des variantes littéraires, souvent


subtiles, du système du récit ; elles établissent une distance plus ou moins grande entre
l’émetteur et l’énoncé.
Attention à l’emploi des références spatio-temporelles, qui sont différentes dans le système du
récit et dans le système du discours !
TEMPS
ESPACE Antériorité Postériorité
Présent
(passé) (futur)

Repères + ou - La veille Date précise : le Le lendemain


précis : à Paris, 6 mai 1780 ou deux jours plus
en France, au Deux jours repère tard
Système du récit bord du fleuve auparavant approximatif :
= repères un jour, alors un Le lundi suivant
Le lundi
objectifs précédent matin… avec
reprise par : ce
jour-là, ce
matin-là

Système du Ici Hier Aujourd’hui Demain


discours =
Là-bas Il y a deux jours maintenant Dans deux jours
références
déictiques Lundi dernier Lundi prochain.

III. UTILISER UN SYSTEME ENONCIATIF HOMOGENE : LE DISCOURS


RAPPORTE

Il y a discours rapporté lorsqu’à l’intérieur d’un énoncé donné vient s’insérer un énoncé
attribué à un autre émetteur ou tenu par l’émetteur lui-même à un autre moment.

 L’insertion directe : « style » direct


Elle est toujours marquée par la typographie (deux points et guillemets) et, le plus souvent,
indiquée par la présence d’un verbe introducteur (dire, penser…)
Le président du Sénat a déclaré au premier ministre : «  Le débat d’hier a montré que, si vous
n’observez pas la constitution, vous vous heurterez à de grandes difficultés »
La citation, souvent utile dans un devoir, est un cas d’insertion directe :
Pour définir la grandeur paradoxale de l’homme, Pascal a dit : « L’homme est un roseau pensant ».
Mais on peut intégrer la citation dans son propre texte par des procédés plus souples et plus élégants, sans
recourir à un verbe introducteur. Le nom de l’auteur cité peut alors être renvoyé entre parenthèse, après la
citation, ou figurer dans le contexte. Mais attention à ne pas oublier les guillemets.
Par exemple, on peut écrire :
- La formule de Pascal « L’homme est un roseau pensant » définit bien la grandeur paradoxale de la
condition humaine.
- On ne peut nier la grandeur de la condition humaine, définie en une formule paradoxale par Pascal :
« L’homme est un roseau pensant ».
- La grandeur paradoxale de sa condition fait qu’on peut voir en l’homme « un roseau pensant »
(Pascal).
 L’insertion indirecte : « style » indirect

Sans marque typographique, elle consiste à reprendre l’énoncé rapporté sous forme de
proposition(s) subordonné(s) dépendant d’un verbe introducteur.
Le président du Sénat a déclaré au premier ministre que le débat de la veille lui avait
montré que si celui-ci n’observait pas la constitution, il se heurterait à de grandes
difficultés.

L’insertion indirecte entraine des modifications syntaxiques importantes :


- modification des personnes : tous les pronoms passent à la troisième personne. Cela
peut créer des ambigüités dans les reprises pronominales ; aussi faut-il avoir recours
au pronom démonstratif pour les dissiper : dans l’exemple, celui-ci est nécessaire pour
renvoyer sans doute possible au premier ministre.
- modification des références spatio-temporelles : les déictiques propres au discours
doivent être remplacés par les références habituelles dans le système du récit puisqu’il
n’y a plus de renvoi possible à la situation d’énonciation. Par exemple, le débat d’hier
devient le débat de la veille.
- modifications des formes verbales. Si le verbe introducteur est au passé, ce qui est
très souvent le cas, la concordance impose des changements de temps en chaîne selon
le principe suivant :

Enoncé direct Enoncé rapporté


Passé composé Plus que parfait
Imparfait ou présent Imparfait
Futur simple Conditionnel présent (= futur dans le passé)
Futur antérieur Conditionnel passé

Quand l’accident s’est produit, il y a eu une importante déflagration


Il a dit que, quand l’incident s’était produit, il y avait eu une importante déflagration.
Dès que le linge aura séché, il faudra le rentrer car l’orage menace
Il disait que, dès que linge aurait séché, il faudrait le rentrer car l’orage
menaçait.

Lorsque le verbe introducteur retenu réclame le subjonctif dans la subordonnée complétive


(vouloir, souhaiter…) la modification porte aussi sur le mode. Le passage de l’indicatif au
subjonctif s’accompagne alors d’une simplification des rapports chronologiques. En effet, en
français moderne, le mode subjonctif fonctionne sur l’alternance présent /passé ; seule la
troisième personne du singulier du subjonctif imparfait est encore utilisée.

Le président du Sénat souhaite que le gouvernement éclaircisse sa position.


Le président du Sénat souhaitait que le gouvernement éclaircisse/éclaircît sa position
Le président du Sénat déplore/déplorait que le gouvernement n’ait pas éclairci sa
position

 Un cas particulier : le style indirect libre

Lorsque l’énoncé rapporté au style indirect se prolonge pendant plusieurs phrases sans qu’un
verbe introducteur soit répété au début de chacune d’elle, s’instaure ce qu’on appelle le style
indirect libre. Les modifications de temps, de mode, de personne et de références sont les
mêmes que dans le style indirect, mais il n’y a pas de transformation complétive visible. Dans
l’exemple suivant :
Le secrétaire d’Etat américain a précisé que le souhait des Etats Unis est de voir
disparaître le régime d’apartheid. Toutefois, les sanctions que le congrès américain
souhaite voir adopter ne feraient qu’aggraver la situation de la communauté noire
d’Afrique du Sud.

La deuxième phrase fait bien partie des propos du secrétaire d’Etat américain, même si le
verbe déclaratif n’est pas repris.

Dans le texte argumentatif, le style indirect libre permet d’introduire souplement le point de
vue d’un autre que l’argumentateur. Attention, dans ce cas à ne pas attribuer à tort à
l’argumentateur un point de vue qui n’est pas forcément le sien ! C’est le cas dans la dernière
phrase du passage suivant :
Le monde actuel est complexe, changeant. L’idée du législateur semble être qu’il faut donc
faire à ces complexités et à ces changements la plus grande place possible, afin d’y
habituer les jeunes en leur enseignant les données : les données sociales, en premier lieu,
évidemment, et aussi les données politiques, techniques, en bref, l’actualité. Cela leur
plaira plus, les intéressera plus, dans la mesure où l’enseignement rejoindra la presse, la
télévision, les débats de la table familiale ou du groupe syndical. Ils ne seront pas
désorientés, parce qu’ils seront immédiatement insérés, jetés dans le bain.
Jacqueline de ROMILLY,
L’Enseignement en détresse.

Ce procédé est utilisé dans la langue littéraire sans passage préalable par un verbe
déclaratif. Il permet notamment dans le roman d’introduire les propos ou les pensées d’un
personnage sans interrompre le cours de la narration :
Le vent passait avec sa plainte, comme un cri de faim et de lassitude venu des profondeurs
de la nuit. Devant les flammes qui s’effaraient, le vieux continuait plus bas, remâchant des
souvenirs. Ah ! bien sûr, ce n’était pas d’hier que lui et les siens tapaient à la veine ! la
famille travaillait pour la Compagnie des Mines de Montsou, depuis la création ; et cela
datait de loin, il y avait déjà cent six ans….
Emile ZOLA, Germinal.

 L’interrogation indirecte

Le passage des tournures interrogatives directes à leur équivalent dans le discours rapporté
indirect réclame une vigilance particulière. En plus des transpositions déjà décrites, le passage
à l’interrogation indirecte entraine, en effet, d’autres modifications.

Certaines jouent systématiquement : suppression du point d’interrogation, absence d’inversion


du sujet, absence de « est-ce que ».

D’autres diffèrent selon que l’on a affaire à une interrogation totale (réponse par oui ou par
non) ou à une interrogation partielle (réponse par oui ou par non impossible).
Le gouvernement procèdera-t-il à un référendum ?
L’opposition se demandait si le gouvernement procèderait à un référendum.

Quand est-ce que le gouvernement procèdera à un référendum ?


L’opposition se demande quand le gouvernement procèdera à un référendum
Marque de l’interrogation Marque de l’interrogation
directe indirecte
Interrogation totale ?
Inversion du sujet Si
est-ce que
?
Inversion du sujet Termes introducteurs
Termes introducteurs maintenus
Interrogation partielle (quand, où, qui)

Que Ce que
Est-ce que redondant

Aucune interférence n’est possible entre les deux systèmes : attention à ne pas écrire je lui
demande est-ce qu’il vient ? Mais je lui demande s’il vient.

ASSURER LA COHÉRENCE PAR LE JEU DES REPRISES

L’écrit évite les répétitions mais la cohérence du texte impose la reprise de certains éléments
constants indispensables à la compréhension. C’est ce mécanisme qui, lors d’une première
lecture, suggère au lecteur des fils conducteurs et évite l’impression d’éparpillement. Il repose
sur un ensemble de procédés de substitution dont le bon maniement est indispensable à la
production de texte cohérents.
De plus, le jeu des reprises permet souvent de parvenir à une expression plus dense et plus
économique, ce qui est particulièrement souhaitable dans le cas du résumé. Parmi ces
procédés de substitution, on peut distinguer les reprises pronominales, pronoms personnels ou
démonstratifs et les reprises lexicales.

 Les reprises pronominales

Les pronoms personnels


Les pronoms personnels permettent de reprendre un terme déjà utilisé (antécédent). Il ne
s’agit d’ailleurs pas nécessairement d’un nom, puisque le pronom personnel objet « le » peut
reprendre tout ou partie de l’énoncé antérieur :

Nous étions inquiets ; mais nous ne le sommes plus.


Il a pris froid  ; je le lui avais bien dit.

Toutefois l’usage des pronoms personnels est limité dans la langue par la recherche de la
clarté, sans qu’il soit toujours possible de fixer une norme absolue. Au bout de quelques
phrases, le souci d’éviter les répétitions inutiles cède devant la nécessité d’assurer la clarté de
l’information : comme on risquerait de ne plus savoir à quoi renvoie la forme pronominale, le
retour à des termes lexicaux pleins s’impose.

Il suffit de vivre huit jours avec les Lacandons pour constater qu’ils se comportent, dans
l’existence quotidienne, avec un sens aigu du réel qui les entoure.
(…) Face à un milieu naturel très dur, à un monde impitoyable, ils appliquent, jour après
jour, toute une série de techniques très sûres, très précises et souvent complexes.
Mais ce n’est pas tout : ils ne se contentent pas de répéter machinalement les gestes
nécessaires à la culture du maïs, à la chasse, à la pêche. Leurs actions sont fondées sur une
connaissance. Que de fois n’ai-je pas été émerveillé de voir avec quelle certitude ils savaient
où trouver en pleine jungle, à tant de jours de marche dans telle direction, un bouquet
d’arbres ont l’écorce peut être battue ; (…) avec quelle érudition ils étaient capables de
discerner les diverses variétés de baie, de lianes, d’animaux, de pierres ; quels indices, pour
nous invisibles, les guidaient dans la pénombre de la
Grande forêt. Dans ce monde à eux, c’étaient eux les savants et moi l’ignorant : il s’ouvrait
sous leurs yeux comme un livre que l’on déchiffre sans peine, alors que pour moi il demeure
scellé. Sans doute était-ce là le seul livre qu’ils connaissent et leur savoir n’est-il conservé et
transmis que par la mémoire et l’expérience, génération après génération. Il n’en reste pas
moins vrai que ces indiens ont établi l’inventaire du cadre naturel où se déroule leur vie et
qu’ils se tiennent constamment à jour. (…) Chaque Lacandon adulte dans l’esprit une
géographie, une botanique, une zoologie, une minéralogie non écrites, mais fort bien
adaptées à leurs objets.
Jacques SOUSTELLE, Les Quatre Soleils

Dans ce texte, l’auteur, après avoir longtemps utilisé des pronoms personnels, reprend à la fin
« les Lacandons » par « ces indiens ». Le retour à un terme plein (l’antécédent ou un
substitut lexical) est obligatoire si l’emploi d’un terme de même nombre et de même genre
empêche de savoir à quel antécédent renverrait le pronom :
Les jeux ne trouvent généralement leur plénitude qu’au moment où ils suscitent une
résonance complice. Même quand, en principe, les joueurs pourraient sans
inconvénient s’y adonner à l’ écart chacun de son côté, les jeux deviennent vite prétexte
à concours ou à spectacle.
Roger CAILLOIS, Les jeux et les Hommes.

La première fois jeux peut être repris par ils sans ambigüité mais il devient nécessaire, dans la
phrase suivante, de répéter jeux car la même forme pronominale « ils» pourrait alors désigner
aussi bien les joueurs.

En recourant aux reprises pronominales, attention à bien respecter les accords de genre et de
nombre. En français, l’accord ne se fait pas selon le sens mais selon la grammaire.
Par exemple, ne pas reprendre les personnes par ils mais par elles, puisque personnes est un
féminin pluriel. De même, ne pas reprendre l’enfance par ils, même si le terme générique
suggère bien l’idée de nombre. Quoique le raisonnement implicite qui amène à une telle
reprise ne soit pas absurde l’enfance=les enfants, donc ils), elle constitue une infraction
grammaticale qui perturbe gravement la cohérence du texte.

L’utilisation des adjectifs possessifs relève d’un système de reprise analogue. Un adjectif
possessif équivaut en effet à l’ensemble formé par l’article défini et un pronom personnel
complément de nom : les actions d’eux= *leurs actions.

A la troisième personne il faut veiller à choisir l’adjectif possessif qui correspond au


possesseur singulier ou pluriel :
*Les actions d’eux = leurs actions
*Les actions de lui = ses actions

Les pronoms démonstratifs


Les pronoms démonstratifs peuvent aussi assurer la reprise d’un antécédent et permettent
notamment d’éviter les ambigüités lorsqu’il y aurait hésitation entre deux antécédents
possibles (deux termes du même genre et du même nombre) ; en ce cas, le démonstratif
reprend toujours le plus proche :
Le comportement des enfants et des adolescents en ce qui concerne la violence ne fait
que refléter le modèle présenté par les adultes. Si ceux-ci n’aimaient pas voir des
images violentes, les médias n’en offriraient pas une si grande variété.
Bruno BETTELHEIM.

Comme le pronom personnel « le », les formes neutres « ceci », « cela », « ce », « ça »
peuvent reprendre non un terme précis mais tout ou partie de l’énoncé antérieur :
Il a perdu tous ses chéquiers ; cela lui complique beaucoup la vie.

Mais la reprise d’un énoncé antérieur se fera de préférence par une reprise lexicale (adjectif
démonstratif + nom). L’exemple ci-dessus devient alors :
Il a perdu tous ses chéquiers ; cet incident lui complique beaucoup la vie.

L’emploi du pronom démonstratif entraîne en effet une certaine lourdeur ; il convient de ne


pas l’utiliser inutilement lorsque le pronom personnel suffirait.

 Les reprises lexicales

Reprise d’un terme ou de plusieurs


Un terme peut-être repris par un terme équivalent désignant le même référent.
Jean – Bedel Bokassa
«  je ne veux pas être français »

« je ne suis pas citoyen français et je ne veux pas l’être ». La colère dans la voix, Jean-Bedel
Bokassa a téléphoné hier à Libération pour mettre «  un terme définitif » « aux injures,
critiques et moqueries » qui ont entouré les dernières informations sur sa quête de la
nationalité française.
L’ex- empereur de Centrafrique ne mâche pas ses mots contre le pouvoir français
-L’ancien comme le nouveau – et contre la presse. Il entend cependant tenir prochainement
une conférence de presse pour s’expliquer, si le ministre de l’Intérieur, Pierre Joxe, auquel il
entend écrire, lui en donne la permission.
«  tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi », affirme l’ancien maître de Berengo, qui
s’estime « séquestré » en France. Bokassa est arrivé à Paris en décembre dernier après avoir
été expulsé d’Abidjan au lendemain de sa rocambolesque tentative de retour en Centrafrique.
Son séjour en France ne devait être que provisoire, mais neuf mois plus tard, « papa Bok »
est toujours dans son château d’Hardricourt dans les Yvelines. L’ex-empereur explose au
téléphone : «  mes problèmes c’est le gouvernement français qui les a créés, du temps de
Giscard, mais ils continuent aujourd’hui. On parle des troupes soviétiques en Afghanistan,
mais pas des troupes françaises à Bangui qui ont ordre de tirer sur moi si j’arrive. j’ai écrit
trois lettres à Mitterrand, j’ai écrit à Roland Dumas, j’ai écrit à Fabius, je n’ai jamais eu de
réponse. J’en ai assez qu’on monte piège sur piège pour insulter et salir Bokassa »
Le châtelain d’Hardricourt refuse de revenir sur les circonstances de la tentative de se
procurer une carte d’identité sous un faux nom, révélée la semaine dernière par un employé
municipal de Menucourt, près de Pontoise. «  cette affaire de nationalité française ne
m’intéresse pas ». L’ancien « cousin » de Bangui, « plus Français que moi tu meurs »,
aujourd’hui écœuré par ses anciens « amis », se morfond dans son exil doré dans les
Yvelines. Le temps de méditer sur l’ingratitude de ceux qui, autrefois, l’ont flatté dans sa
mégalomanie.
Pierre HASKI, Libération, n°1017.

Dans l’article de Libération, le même personnage est désigné par six substituts différents !
Une telle variété, si elle témoigne d’une virtuosité incontestable et de compétences culturelles
étendues, n’est pas indispensable…
A défaut de terme équivalent, la reprise par un terme plus général est possible. Elle
s’accompagne souvent du recours à l’adjectif démonstratif qui conforme l’identité du terme
initial et de son substitut, notamment lorsqu’elle n’est pas évidente.
Jean-Baptiste Grize a publié un ouvrage intéressant ; ce philosophe et logicien y étudie le
langage de la danse.

Jean-Paul Sartre a écrit Les Mots ; le grand philosophe est aussi un maître de
l’autobiographie.

Le recours à un terme général englobant et approprié au contexte est indispensable pour


reprendre non plus un terme mais plusieurs :
Michel-Ange, Léonard de Vinci, Raphaël ces grands peintres.
Michel-Ange, Mozart, Ronsard ces artistes.

Reprise d’un groupe verbal ou d’un énoncé plus étendu

La reprise d’un groupe verbal antérieur par un groupe nominal s’appelle une nominalisation.
M. Lacoche a gagné au loto ; ce gain lui permet de prendre sa retraite anticipée.

Ce procédé de nominalisation peut s’appliquer à la reprise d’une phrase entière.


Le dollar est passé de plus de 10 F à moins de 7F. Cette baisse préoccupe les milieux
boursiers américains.

Le même procédé assure la reprise de l’ensemble d’une idée annoncée dans les lignes
précédentes. Il permet alors une récapitulation du passage antérieur à un niveau d’abstraction
plus grand. Ce type de reprise joue donc un rôle important dans le fonctionnement
dynamique des textes argumentatifs :
Nous vivons dans un monde qui change, qui change vite et, surtout, qui change de plus
en plus vite. Ce n’est pas le temps qui précipite sa course – ce qui n’aurait guère de
signification- . C’est le « contenu » du temps qui devient de plus en plus dense. Dans
une même période de temps, nous voyons s’opérer des transformations de plus en plus
nombreuses, et aussi de plus en plus profondes. Cette accélération du devenir humain
n’est d’ailleurs pas un phénomène isolé…
Gaston BERGER

Cette nominalisation peut inclure un ou plusieurs adjectifs, ce qui permet d’introduire une
nouvelle information tout en assurant la reprise.
Le dollar est passé de plus de 10 F à moins de 7F. Cette baisse imprévue préoccupe
les milieux boursiers américains.
La cohérence d’un texte est également soulignée par des anticipations. Un terme ou un
pronom sert à annoncer la suite de l’énoncé :
Le tiers monde connaît la famine ; ce fléau a plusieurs causes. La première en est la
sécheresse….

Dans le cas des nominalisations qui, par reprise ou par anticipation, portent sur un passage
étendu du texte, il ne s’agit pas seulement d’une nécessité grammaticale mais d’un moyen
rhétorique efficace pour souligner l’organisation du raisonnement.

V. RECOURIR AUX SUBORDONNÉES RELATIVES

Les pronoms relatifs qui, que, quoi, dont, où, etc. - ont une double valeur :
- Ils assurent, comme les pronoms personnels, la reprise d’un terme antécédent,
- Ils permettent également l’enchâssement d’une phrase dans une autre, par
l’élaboration d’une phrase complexe.

La subordonnée relative peut avoir, outre sa simple valeur de détermination, une nuance
circonstancielle que le contexte aide à définir. Cette nuance, de cause ou de conséquence par
exemple, fait de la subordonnée relative un moyen souple d’exprimer un rapport logique,
moyen particulièrement économique puisqu’il évite une répétition. Le recours à la
subordonnée relative est donc souvent très utile dans la rédaction du résumé :

Il ne faut pas être très vieux pour se rappeler une époque, qui n’est pas très éloignée
dans le temps, mais qui semble aujourd’hui dater de plusieurs siècles, où une
bourgeoisie qui travaillait était mal vue. (Relatives à valeur de détermination simple).

La rue rend visible une population largement déshéritée, qui n’a pas d’autre lieu pour
régler ses conflits, se défendre du pire, inventer, inventer le plaisir ou la rébellion.
(Relative à valeur causale = elle n’a en effet pas d’autre lieu…).

Des jeunes se marient, qui sont loin d’avoir acquis des bases matérielles (travail,
logement, etc.) très solides. (Relative à valeur concessive = bien qu’ils n’aient pas…)

On ne voit pas de civilisation distincte et contemporaine de la nôtre qui soit susceptible


de lui porter des coups comme ceux que les Arabes ont assenés à l’Empire grec.
(Relative à valeur consécutive = telle qu’elle soit…)

Le pronom relatif suffit à assurer la reprise de l’antécédent. Il est inutile et incorrect de


doubler un pronom relatif par un pronom ou adverbe personnel (en, y) renvoyant au même
antécédent !
On n’écrira donc pas le jardin où j’y suis allé mais le jardin où je suis allé….

VI. EXPRIMER LES LIENS LOGIQUES


La rédaction des résumés et le fonctionnement des textes argumentatifs imposent
fréquemment d’expliciter les liens logiques entre les phrases.

Ces liens logiques correspondent aux mécanismes fondamentaux du raisonnement :


- L’analogie=
- La disjonction /
- L’opposition≠
- La cause←
- La conséquence→

Spontanément, il est tentant d’exprimer ces relations grâce aux termes de liaison les plus
usuels (conjonctions de coordination : mais, ou, et, ni, car ; adverbe de coordination : donc, en
effet, ainsi…) en procédant par coordination de phrases simples.
L’essence baisse en France. En effet, le prix du pétrole est en chute constante et le cours du
dollar s’effrite.

Or la langue offre trois procédés d’enchâssement plus économique et tout aussi clairs :
- La subordination (1)
- La verbalisation (2)
- Les groupes prépositionnels (3)
1. L’essence baisse en France, parce que le prix du pétrole est en chute constante et que
le cours du dollar s’effrite.
2. La chute du prix du pétrole entraine la baisse de l’essence.
3. L’essence baisse en France, en raison de la chute constante du prix du pétrole et de
l’effritement du cours du dollar.

Tableau récapitulatif des liens logiques

Ce tableau recense les principaux liens logiques qui permettent d'articuler vos paragraphes
dans un commentaire ou une dissertation. Ces mots de liaison (ou « connecteurs logiques »)
peuvent également être utiles à l'oral.

Conjonctions et Conjonctions de Exemples de verbes ou Prépositions


adverbes de subordination locutions
coordination
Analogie et, aussi, soit, de comme, ainsi que, de à ceci s’ajoute que, ceci est en plus de, en
plus, c’est-à-dire, même que, aussi, plus, compatible avec, ceci se sus de, outre…
par exemple… moins (+adj.) que, autant… rapproche de, ceci évoque,
autant, plus… plus, comme ceci rappelle, ceci
si, aussi que, autant que, ressemble, ceci fait penser,
plutôt que, d’autant plus/ ceci est semblable à, ceci
moins que, outre que, non revient au même que…
sans que, sans compter
que

Disjonction ou, ni, soit…soit soit que..., soit que, non ceci exclut, diffère de, sans, hormis,
pas que…, mais, sauf que, annule, n’est pas excepté, sauf…
sauf si, si ce n’est, excepté compatible avec…
si, à moins que

Opposition mais, or, tandis que, alors que, avoir beau+ inf. ceci contre, en dépit
néanmoins, quand, si, au lieu que, là s’oppose à, ceci contredit, de, loin de, à
cependant, où, loin que ceci empêche, ceci interdit… moins de,
toutefois, pourtant, malgré…
en revanche, (concession)
inversement, au
bien que, même si, encore
contraire
que, quoique, quand
même, quel que, quelque…
que, si…que, tout…que, qui
que se soit qui

Cause car, en effet parce que, du fait que, de ceci résulte de, déroule de, à cause de, en
ce que, vu que, étant dépend de, provient de, raison de, à la
donné que, puisque, procède de, ressortit de, suite de, au nom
comme, c’est que, du vient de… de…
moment que, dès lors que,
sous prétexte que, d’autant
que

Conséquence donc, par de (telle) sorte que, de ceci implique, ceci entraîne, au point de, de
conséquent, en (telle) façon que, de (telle) provoque, amène, cause, peur de, de
conséquence, manière que, si bien que, produit, suscite, incite, crainte de, afin
aussi, c’est sans que, au point que, si… pousse à de, pour, dans
pourquoi que, trop… pour que l’intention de…
(but)= conséquence recherchée)
afin que, de peur que, pour que,
de crainte que
CHAPITRE SIX : CONSTRUIRE UN TEXTE ARGUMENTATIF
De nombreuses situations de la vie quotidienne ou professionnelle amènent à
contester ou à défendre un point de vue, donc à produire une argumentation.
Evidemment, selon le contexte où la situation où l’on se trouve (discussion orale,
débat, rédaction d’un rapport ou d’un devoir…), les stratégies argumentatives
utilisées sont différentes. Dans les lignes qui vont suivre, il sera question des
techniques qui permettent, en situation scolaire, de construire un texte argumentatif
en prenant comme exemple la discussion telle qu’elle est proposée aux candidats du
baccalauréat à la suite de l’épreuve du résumé de texte.

o Objectifs et principes de l’exercice

L’exercice consiste à :

 Analyser un problème

o Interpréter les faits

o Envisager les différents points de vue

 Définir une position personnelle :

o Choisir sa thèse

o Orienter l’argumentation en fonction de cette thèse

 Construire un raisonnement cohérent :

o Démontrer le bien-fondé de sa position

o Agencer clairement sa démonstration.

Le texte argumentatif n’est donc pas une simple narration ou description, ni une
exposition de faits ou d’idées ; dans le champ défini par le sujet, son auteur doit :

 Interpréter et organiser en thèses les faits, les idées et les exemples dont il
dispose ;

 Envisager plusieurs points de vue et pas seulement celui qu’il choisit de


défendre ;

 Choisir le point de vue qu’il adopte et organiser un circuit argumentatif


cohérent qui progresse de façon dynamique pour proposer la thèse retenue.

o Méthodologie

Produire un texte argumentatif à partir d’un sujet donné réclame :

 Un temps de recherche (compréhension du sujet et exploration du champ


argumentatif) ;

 Un temps d’élaboration (détermination des thèses, choix d’une position


argumentative et construction d’un circuit argumentatif)
 Un temps de mise au point (développement des arguments et mise en page).

2.1. Comprendre le sujet

2.1.1 Les différents types de sujet

Un sujet est composé de deux parties : la consigne et l’opinion.

L’opinion est la courte citation d’un auteur généralement mise entre guillemets qui
donne la matière à réflexion tandis que la consigne est l’indication du travail à faire.

Comprendre le sujet c’est comprendre les différents termes qui le composent et être
à même de la reformuler dans ces propres mots.

2.1.2 interroger le sujet

D’une façon générale, tout sujet – qu’il appelle ou non directement à l’argumentation
– doit être attentivement interrogé dans chacun des termes de son libellé. Seul un
décodage intégral de sa formulation permet de découvrir tous les éléments potentiels
d’argumentation dont il est porteur.

Le travail sur le sujet permet en effet de :

 De mieux mesurer sa portée argumentative, notamment en l’opposant à


d’autres assertions ;

 De faire apparaître les jugements de valeur implicites sur lesquels il repose et


qui pourront être également sources de discussion ;

 De dégager ainsi des idées qui pourront ensuite être utilisées directement
comme arguments ou servir de point de départ à une recherche systématique.

Ainsi, faut-il questionner l’énoncé du sujet et en rechercher les implicites.

o Questionner le sujet

Certaines questions offrent des clés toujours efficaces :

 Dans quelles circonstances l’affirmation à discuter est-elle valide ?

 Par rapport à quel autre terme les mots clés du sujet se définissent-ils ?

 A quelle(s) question(s) cette affirmation apporte-t-elle une réponse ?

L’un ou l’autre des procédés met ici en évidence la dimension historique et


amène à replacer le sujet dans le cadre d’une réflexion générale de la notion
abstraite qui le sous-tend.

o Rechercher les implicites du sujet


Un sujet affirme plus qu’il ne semble. On peut toujours s’interroger non seulement
sur ce qu’il affirme explicitement mais aussi sur ce qu’il pose comme allant de soi
(ses présupposés).

S’interroger sur les présupposés d’un sujet, c’est donc souvent faire apparaître
les jugements de valeur, voire les préjugés, sur lesquels il repose. On met ainsi
en évidence la portée idéologique de la thèse qu’il défend, ce qui rend possible la
constitution d’autres points de vue. C’est le meilleur moyen de trouver des prises
argumentatives face à un énoncé lisse et apparemment incontestable.

Comprendre le sujet – ce qu’il propose, ce qu’il impose, ce qu’il suppose – c’est


délimiter le champ argumentatif et repérer les premiers éléments à partir
desquels s’engage la production d’un texte argumentatif.

2.2. Explorer le champ argumentatif

Le travail sur le sujet, s’il amorce la réflexion en donnant le cadre général où va


se situer l’argumentation à venir, ne suffit pas : il faut explorer systématiquement
le champ ainsi défini pour trouver une matière argumentative plus dense.

Deux pistes de recherche complémentaires sont disponibles :

 Utiliser les éléments du sujet comme point de départ d’une réflexion


autonome ;

 Mobiliser les connaissances acquises à l’intérieur ou à l’extérieur du cadre


scolaire, et, si ce n’est pas en situation d’examen, se documenter
spécialement.

2.2.1. Comment trouver des idées ?

Il y a toujours quelque chose à dire sur un sujet. Même si à priori le sujet


« n’inspire pas » et ne suscite aucune réaction, on peut apprendre à trouver des
idées pour remplir la page blanche. Il y a des techniques de raisonnement qui
permettent de « faire naître des idées ».

On peut passer d’une idée à l’autre par le jeu des analogies et des différences,
des implications et des élargissements, selon les quatre axes que présente le
schéma suivant :

Elargissement à des catégories plus générales


Différences……………………………………………………………………...analogies

Implications et manifestations concrètes

Cette démarche permet à la fois de stimuler la production d’idées et structurer


l’articulation entre le particulier et le général, entre les faits et leurs interprétations,
entre les exemples et les principes qu’ils illustrent.
Un autre moyen de trouver des idées, c’est de multiplier les angles d’attaques
possibles du sujet. Que peut-on en penser si l’on se situe en tant que homme ou
femme, adolescent ou adulte, lycéen ou jeune travailleur, habitant d’un pays
favorisé ou défavorisé, homme du 21 ème siècle ou de l’après-guerre… Ces
variations de perspectives permettent d’enrichir la réflexion en suggérant la
possibilité de points de vue autres que celui auquel on s’était spontanément situé
au départ.

2.2.2. Recourir à l’expérience personnelle

On en sait toujours plus sur un sujet qu’on ne croit. Il faut penser à recenser les
connaissances disponibles sur le sujet sans exclusive : on peut utiliser aussi bien
les lectures bien faites en cours de français que les travaux menés dans d’autres
disciplines, notamment les sciences économiques et sociales ou l’histoire-
géographie. On peut également se référer au savoir acquis hors du lycée par les
différents médias. Ainsi le recours à l’expérience personnelle, suggérée par la
plupart des sujets, doit être compris dans un sens large : « l’expérience » ne se
limite pas à ce que l’on a directement vécu (et que l’on ne souhaite pas toujours
utiliser) ; elle englobe le « vécu indirect » constitué au fil des lectures et des
rencontres, c’est-à-dire toute une culture générale sur le monde et la pensée des
autres. Il ne s’agit pas de présenter une pensée neuve à partir de ce que l’on est,
mais de proposer un raisonnement cohérent qui peut s’appuyer sur la pensée
d’autrui !

En outre, cette mobilisation des connaissances est nécessaire pour mener à bien
un stade ultérieur du travail : le développement des arguments par l’exemple ou
le recours à la pensée d’autrui, éventuellement sous forme de citation.

2.3. Choisir une thèse

A partir des différents faits et éléments de réflexion identifiés au cours de la


recherche précédente, le deuxième temps de la démarche consiste à choisir une
thèse pour organiser un circuit argumentatif cohérent. En effet, seule la
détermination d’une thèse claire à la démonstration de laquelle doit parvenir
l’argumentation permet d’atteindre le triple objectif suivant :

 Traiter le sujet,

 Utiliser au mieux le produit de l’exploration du champ argumentatif,

 Assurer au développement progression et dynamique.

2.3.1. Comment choisir une thèse ?

Le choix d’une thèse ne relève pas de la conviction intime mais de l’efficacité


argumentative. Les deux peuvent se rejoindre mais il ne faut pas perdre de vue qu’il
ne s’agit pas tant d’exprimer son moi profond que de faire état d’une compétence
dans le maniement des idées et l’élaboration d’une argumentation. Même si le sujet
fait appel à l’expérience personnelle, il n’est pas indispensable que l’opinion
défendue par le devoir soit le fruit d’une adhésion permanente ! Compte tenu de la
situation scolaire et de ses contraintes spécifiques, il faut avant tout prouver sa
capacité à produire un raisonnement solide sur un sujet imposé. L’examen
critique de plusieurs points de vue qui est requis suppose bien que l’argumentateur
ne s’exprime pas seulement au nom de ses engagements individuels mais soit aussi
ouvert à d’autres opinions.

De plus, il ne s’agit pas de séduire ou d’intimider le récepteur par n’importe quel


moyen ! Contrairement à la publicité ou à la propagande qui sollicite une adhésion
irréfléchie en s’adressant à l’affectivité et aux désirs du récepteur, l’argumentation
scolaire, elle, doit respecter quelques valeurs fondamentales qui sous-tendent
tout système éducatif :

 la reconnaissance de l’autre

 les droits de l’homme,

 la pensée rationnelle.

Il n’est donc pas question d’utiliser comme « arguments » une insulte, ni l’expression
d’une idée reçue. Il ne suffit pas de dévaloriser tous ceux dont on ne partage pas
l’opinion pour avoir raison ; il faut être capable de justifier son propre jugement en
s’appuyant sur des faits ou des points de vue précisément et rationnellement établis.

Cette position d’argumentateur raisonnable et tolérant implique une certaine distance


entre le « je » vécu et le « je » qui argumente. L’usage traditionnel était de marquer
cette distance en utilisant dans les productions scolaires et universitaires le « nous »
ou des termes indéfinis : « on peut penser que… ». mais le « je » est également
admissible, étant bien entendu que le « je » qui argumente ne se confond pas avec
le « je » vécu.

Choisir une thèse, c’est se situer à l’intérieur du champ argumentatif pour la durée du
devoir, à la place qui permet d’être un argumentateur convaincant grâce aux
éléments d’argumentation disponibles.

2.3.2. Quelle thèse choisir ?

Cette thèse peut être :

 La thèse suggérée par le sujet (ou son contraire),

 Une thèse construite à partir du sujet si celui-ci n’a pas de dimension


argumentative suffisante,
 Une thèse originale si le découpage proposé par le sujet s’est révélé
contestable ou appauvrissant.

Dans le cadre particulier que constitue la discussion qui suit la contraction de texte, il
faut prendre en considération deux exigences supplémentaires :

 Défendre une thèse suffisamment autonome par rapport à celle que propose
le texte pour pouvoir bâtir une argumentation qui ne se contente pas d’en
reproduire pas à pas la démarche ;

 Tenir compte des arguments défendus par ce texte, qu’il est impossible
d’ignorer, sauf à paraître de mauvaise foi…

2.4. Elaborer un circuit argumentatif

Le choix de la thèse définit l’orientation générale du devoir. La mise au point du


circuit argumentatif relève de choix stratégiques, que ce soit dans ses articulations
d’ensemble ou à, l’intérieur de chaque étape. Dans le cadre scolaire, ces choix sont
limités par l’usage qui privilégie certaines normes et valorise certains modèles de
plans.

2.4.1. Les principaux modèles de plans

 Plan de type 1

Pour qu’un texte soit considéré comme argumentatif, il faut et il suffit qu’il s’organise
autour de deux grandes étapes articulées par un rapport d’opposition :

La thèse refusée ≠ la thèse proposée

Voici ce que pense l’autre ≠ mais voici pourquoi je pense autrement

La nécessité de la progression de l’argumentation impose que l’argumentateur


termine par la thèse proposée. Dans le cas fréquent où il choisit de se rallier à la
thèse proposée par le sujet, il faudra donc commencer par envisager celle à laquelle
elle s’oppose avant de justifier cet accord :

Certains pensent autrement ≠ mais voici pourquoi je partage le point de vue proposé
par le sujet

 Plan de type 2
Un schéma de raisonnement souvent retenu consiste à rendre autonome la
réfutation de la thèse initiale, ce qui permet d’expliquer celle-ci de façon plus neutre
en première partie. Cette démarche est fréquemment suggérée par des sujets
formulés de la façon suivante : expliquez puis discutez l’affirmation suivante…
On a alors un développement en trois points :

Analyse de la thèse initiale ≠ réfutation → proposition d’une autre thèse

La réfutation peut être radicale et amorcer le passage à une thèse totalement autre,
ce qui apparente le devoir à un schéma :

Voici ce que pense l’autre ≠ voici pourquoi il se trompe → voici ce je pense

La réfutation peut aussi n’être que partielle, et la thèse proposée peut reprendre
certains éléments de la thèse dépassée mais pas totalement rejetée ; la thèse
proposée apparaît alors comme une sorte de synthèse :

Voici ce que pense l’autre ≠ voici les limites de sa thèse → voici une meilleure
thèse qui permet de
dépasser ces limites

Dans tous les cas l’argumentation s’identifie à un dialogue avec la pensée de


l’autre, qu’il ne s’agit pas de nier ou de dévaloriser en bloc mais d’analyser pour la
réfuter ou l’utiliser afin de construire sa propre pensée. Dans les plans envisagés
jusqu’ici, et qui sont les plus courants, ce dialogue structure les grandes étapes du
raisonnement.

 Plan de type 3

Le dialogue peut également intervenir à un autre niveau : si les grandes étapes de


l’argumentation coïncident avec l’examen des différents aspects du problème, la
structure de dialogue se trouve renvoyée à l’intérieur de chaque partie.

Arguments favorables à la thèse 1

 Premier aspect du problème

Arguments favorables à la thèse 2

Arguments favorables à la thèse 1

 Deuxième aspect du problème Arguments favorables à la thèse 2


 Autres aspects éventuels…

Ce type de plan, plus proche de l’exposition que de l’argumentation, organise les


grandes masses du texte selon une progression à thèmes éclatés. Pour assurer
la dynamique du devoir, il faut alors classer les aspects successivement
envisagés de façon à permettre un approfondissement de la réflexion et une prise
de position finale clairement argumentative.

2.4.2. Organiser en détail le fonctionnement du circuit


Il ne suffit pas de déterminer les grandes lignes du circuit argumentatif. Il faut
aussi prévoir en détail l’organisation interne de chaque étape. L’ensemble,
représenté au brouillon sous forme schématique, constitue ce que l’on appelle le
plan détaillé du devoir.

Les différents faits et éléments d’information répertoriés lors de l’élaboration du


circuit argumentatif doivent, pour devenir arguments, être l’objet d’une série
d’opérations.

 Il faut les trier et les classer par rapport aux thèses envisagées. Ils peuvent
être favorables ou défavorables à chacune des thèses.

 Il faut les agencer et les connecter à l’intérieur de chaque partie.

La cohérence de l’argumentation dépend pour une large part de la rigueur avec


laquelle est fait ce travail préalable.

2.5. Développer les arguments

Il ne suffit pas d’énoncer un argument sous sa forme minimale : pour lui donner plus
de poids, il faut le développer soit en recourant à l’exemple, soit en l’étayant par un
raisonnement.

L’argument se présente donc rarement sous forme d’une phrase isolée mais s’étend
sur un partie plus longue qu’il est d’usage de mettre en évidence sous la forme d’un
paragraphe.

2.5.1. Le paragraphe est l’unité de base du développement de l’argument.

On peut présenter sous forme schématique son organisation élémentaire :

Première phrase qui présente l’argument

Variations au niveau explication du


De la formulation ; et / ou raisonnement sur lequel repose
Recours à l’exemple l’argument (procédé 2)
(procédé 1)

Une phrase qui récapitule l’argument et le connecte avec le suivant

2.5.1. Premier procédé : le développement répond à la question


« comment ? »
Il reprend l’idée à un niveau plus concret, notamment en l’illustrant par l’exemple, ou
en proposant des variations à partir de la formulation initiale.
Au temps où huit femmes sur dix étaient des paysannes, la maternité était le centre, la source de toute la féminité. Féconde et
nourricière, la mère mettait au monde de nombreux enfants, les nourrissait de son lait, les élevait comme elle le voulait ou
comme elle le pouvait jusqu’à six ou sept ans. Tout son travail entretenait leur existence : au potager, à la basse-cour, à
l’étable, elle produisait des aliments, à la cuisine, elle allumait et conservait le feu, elle cuisait la soupe et le pain, elle filait,
cousait, tricotait les vêtements ; au cours des grandes lessives et des grands nettoyages, elle accomplissait une œuvre rituelle
de purification et de régénération ; elle soignait les maladies, pansait les plaies, disait les paroles magiques, cueillait les plantes
salvatrices ; elle connaissait les saints à évoquer, les prières appropriées ; elle allait en pèlerinage, offrait des ex-voto ; elle
inventait des chansons, des jeux, des contes ; à ses filles, elle communiquait son savoir et son savoir-faire ; avec les autres
femmes elle formait des communautés d’entraide. Assurément, la mère était un des piliers de la société rurale, mais au prix de
quelles fatigues, de quelles privations, de quelles angoisses !

Yvonne KNIBIELHER et Catherine FOUQUET,


Histoire des mères.
Tout ce paragraphe développe à travers des exemples concrets l’affirmation posée
au début de façon générale : la maternité était le centre, la source, de toute la culture féminine ,
affirmation reprise à la fin du paragraphe : assurément, la mère était un des piliers de la
société rurale…

2.5.2. Le développement répond à la question « pourquoi ? » en explicitant le


raisonnement qui sous-tend l’argument.
Ce qui est de nouveau, dans notre temps, c’est moins la liberté des mères que leur degré de conscience. Leur liberté reste
encore souvent formelle, limitée par des conditions féminines, des contraintes sociales, l’inertie des mentalités. Mais leur
conscience s’éclaire : à la différence des mères du passé, elles deviennent de plus en plus lucides devant la maternité. Elles se
demandent désormais si elles veulent un enfant et pourquoi elles le veulent, quand, où et comment elles le mettront au monde  ;
elles s’interrogent sur les sentiments qu’elles lui portent, sur la charge, la responsabilité qu’il représente, sur le pouvoir qu’elles
exercent en l’aimant et en l’élevant , sur le rôle du père.

Les phrases 2, 3 et 4 décomposent le raisonnement formulé succinctement dans la


première phrase.

Un cas particulier de ce type de développement est l’utilisation de la concession, une


objection éventuelle étant suivie de sa réfutation :

Certainement, il ne faut pas croire qu’il suffise de modifier sa condition économique pour que la femme soit transformée  ; ce
facteur a été et demeure le facteur primordial de son évolution ; mais tant qu’il n’a pas entraîné les conséquences morales,
sociales, culturelles, etc., qu’il annonce et qu’il exige, la femme nouvelle ne saurait apparaitre… Simone de Beauvoir

Les deux procédés peuvent se combiner.


Avant de condamner la dissociation entre mère génétique, mère porteuse et mère éleveuse, il serait souhaitable de prendre
conscience de notre ancrage historique. Nous réagissons encore pour une part comme les héritiers de l’idéologie du XIXème
siècle.
Or l’attitude actuelle des femmes montre qu’on est entré dans une autre ère. Non seulement on en revient explicitement à une
maternité éclatée – puéricultrices, nourrices, jeunes filles au pair ou maîtresses de maternelles servent souvent de substitut aux
mères -, mais la science permet aux femmes, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, de n’’avoir que les enfants
qu’elles désirent et, si elles le veulent, de ne pas en avoir du tout. Elisabeth Badinter, le Nouvel Observateur, n) 1053

Ici, il y a à la fois décomposition du raisonnement et reprise concrète, par


l’énumération qui figure entre tirets, de l’idée de la « maternité éclatée ».

2.6. Mettre en forme l’argumentation


2.6.1. Introduire et conclure son argumentation
Les deux étapes extrêmes du devoir sont déterminantes pour son bon
fonctionnement. Elles sont scolairement codifiées de la façon suivante :

Introduction conclusion
Poser le sujet dans sa Récapituler les étapes
dimension argumentative principales de la démarche
suivie en formulant nettement la
Ce qu’il faut
thèse proposée
faire
Annoncer les grandes étapes Elargir la réflexion en prenant
du circuit argumentatif retenu du recul sur le champ
(présenter le plan du devoir) argumentatif
Pour réaffirmer explicitement sa
Pour faciliter la tâche du lecteur position et remettre en
pourquoi
et guider sa lecture perspective l’objet même de
l’argumentation

L’importance de ces deux parties du devoir justifie qu’on les rédige soigneusement
au brouillon dès que le plan détaillé définitif est établi. L’une et l’autre correspondent
à deux paragraphes clairement distincts du corps du sujet.

2.6.2. Articulation et transition


Le fonctionnement interne du circuit argumentatif est assuré par l’agencement des
éléments entre eux. Mais il est indispensable d’expliciter les articulations entre les
éléments (arguments/étapes principales) et de souligner la progression dynamique
de l’argumentation par des transitions plus ou moins développées : connexions
logiques, phrases ou petits paragraphes… Le lecteur verra ainsi plus facilement
comment les maillons s’enchaînent les uns aux autres. En particulier les
changements de points de vue doivent être clairement justifiés, si l’on ne veut pas se
contredire en donnant l’impression de soutenir successivement deux positions
incompatibles. Le passage d’une thèse à l’autre ne peut se faire abruptement par
simple juxtaposition. Il faut expliciter par des marques logiques et énonciatives la
modification de point de vue qui le rend possible.

2.6.3. La mise en page du devoir


La mise en page du devoir ne doit pas être négligée. Si elle est bien conçue, elle
offre au lecteur une vision d’ensemble du fonctionnement général du devoir, en
utilisant un code simple et homogène : par exemple, sauter des lignes entre les
étapes principales, détacher les paragraphes par des alinéas, etc.
L’essentiel est de trouver des équivalents typographiques au système de
numérotations et de signes qui sert à établir au brouillon le schéma du circuit
argumentatif.

CHAPITRE SEPT : RESUMER UN TEXTE


ARGUMENTATIF
Le résumé est un des exercices fondamentaux de l’enseignement du français à tous
les niveaux, des épreuves de français au baccalauréat jusqu’aux concours des
grandes écoles scientifiques et commerciales, en passant par les épreuves du BTS
et du DUT.
Même si les conditions de l’épreuve et en particulier la longueur, la nature et la
difficulté des textes varient, les principes fondamentaux de l’exercice restent les
mêmes. Ce sont ces consignes précises formulées à l’attention des candidats au
baccalauréat qui serviront de point de départ à ce chapitre.

I. Les consignes officielles


On peut ramener les consignes officielles à trois principes :
 Respecter le système énonciatif
o Garder le point de vue de l’auteur
o Eviter tout commentaire personnel
 Réduire au quart :
o Conserver l’ordre du texte
o Préserver les différentes étapes du circuit argumentatif.
 Reformuler le texte :
o Ne pas citer le texte
o Trouver une rédaction autonome.
Un bon résumé doit rendre compte fidèlement du texte de départ et constituer en lui-
même un texte clair et compréhensible même pour quelqu’un qui ne connaîtrait pas
le texte de départ.
II. Quelle démarche suivre ?
Avant toute tentative de réduction d’un texte il y a un stade de compréhension
globale du texte qui, seul, permettra de saisir les temps forts de son argumentation :
on ne résume bien que ce qu’on a compris. Il est dangereux de résumer
paragraphe après paragraphe et encore plus phrase après phrase ! Il est exclu de
remplacer un mot par un synonyme. C’est l’ensemble de l’argumentation qu’il s’agit
de reproduire, avec sa progression et ses articulations.
Le deuxième stade va consister à mettre en œuvre un certain nombre de
techniques pour réduire le texte en fonction des contraintes imposées. Ce travail
de contraction s’accomplit à travers l’indispensable reformulation explicitement
prévue par les textes officiels.

Ce sont ces les étapes de démarche qui sont décomposées dans ce chapitre, à
partir d’un texte de Raymond QUENEAU, extrait de l’avenir du français (1970).
II.1. Comprendre le fonctionnement du texte
II.1.1. Comprendre un texte argumentatif
Comprendre un texte argumentatif, c’est :
- Partir du texte tel qu’il est et rassembler les indices en réseaux ;
- Analyser à partir de là son fonctionnement d’ensemble et identifier les
différents arguments.
II.1.1.1. Relever et classer les arguments
On distingue trois types d’indices :
- Indices d’énonciation,
- Indices d’organisation,
- Indices lexicaux.
Les indices d’énonciation
On appelle indices d’énonciation les différentes marques qui renseignent sur la
position de l’émetteur par rapport à son énoncé. Celui-ci peut s’impliquer plus ou
moins : de moi, je pense que jusqu’à on peut penser que… Il peut prendre exprimer
son adhésion ou prendre ses distances de façon plus ou moins directe.
On peut relever comme indices d’énonciation des procédés très divers :
- Utilisation de certains termes ou expressions exprimant directement ou
indirectement un jugement de valeur
- Utilisation de certains termes ou expressions exprimant indirectement ou
indirectement un jugement de valeur parce que porteur de sèmes valorisants
ou dévalorisants
Ces deux types de marques renseignent sur la position de l’émetteur par rapport aux
thèses en présence.

Les indices d’organisation


On relèvera comme indices d’organisation : les connecteurs grammaticaux,
conjonctions ou adverbes ; les termes à valeur sémantique équivalente : il en
découle que, on peut conclure que ; les phrases ou expressions qui soulignent
les articulations du raisonnement ; l’organisation de l’information dans le texte
ou la disposition typographique.

Les indices lexicaux


Comme dans tout texte, la lecture d’ensemble amène à relever des termes
appartenant à un même champ lexical. Dans un texte argumentatif, l’opposition des
deux thèses en présence se manifeste souvent par la coexistence de champs
lexicaux opposés ; il est donc utile de les mettre en évidence et de les rattacher à
l’une ou à l’autre des thèses en présence.

Le lecteur construit une première hypothèse de lecture à partir du rapprochement de


ces trois types d’indices. Il distingue trois étapes dans l’organisation générale du
texte : l’exposé de la thèse refusée, la réfutation de cette thèse et le développement
de la thèse proposée.

II.1.1.2. Identifier les arguments


Une lecture plus fine permet :
- D’analyser à l’intérieur de chaque partie le fonctionnement ;
- D’identifier les différents arguments ;
- De schématiser leur agencement.

On relèvera comme argument tout fragment du texte que l’on peut rapporter
directement à l’une ou l’autre des thèses en présence. Ces fragments sont de
longueur variable car un argument est rarement présenté à l’état brut. L’auteur
choisit le plus souvent de lui donner une force plus grande en le développant. Il peut
pour ce faire :
- Reprendre le même argument avec des formulations différentes, plus
générales, plus concrètes, voire équivalentes
- Appuyer un argument sur une micro-argumentation en explicitant le
raisonnement qui le sous-tend.
En fonction de l’orientation du texte argumentatif, les arguments sont agencés à
l’intérieur d’un circuit qu’il est possible de schématiser, notamment en mettant en
évidence les liens logiques explicites ou implicites.
Lire un texte argumentatif, ce sera, en s’aidant d’une grille de questions, passer de
l’approche la plus extérieure (la fiche signalétique) à une compréhension en
profondeur de son fonctionnement.

II.1.2. Application au texte de QUENEAU


 Au niveau énonciatif, le texte s’organise autour d’une opposition claire : on +
temps du passé (l.1 à 26) ≠+ passage au présent (l.29 à fin). L’intervention
directe de l’auteur (l. 29/30) souligne fortement le passage à un deuxième
temps de l’argumentation : la thèse exposée dans ce qui précède est
explicitement définie comme thèse dépassée.
 Au niveau lexical, on peut relever deux champs principaux :
- Des termes scientifiques : légitimement penser, observation objective,
constater, spécifier, phénomènes, faux problèmes, thèse fondée, prévoir ce
résultat et des expressions empruntées à la linguistique : linguistique,
syntaxe, directe, expressions argotières, idiomes, néo-français, jargons, etc. ;
- La mise en valeur, dans la première partie, de l’idée d’évolution par un
réseau métaphorique : crise, menacer, bouleverser, abîme, catastrophe.
Une dramatisation du même ordre apparaît dans la deuxième partie avec la
métaphore militaire suggérée par déroute, envahissants, ravages.
La coexistence de ces deux champs renforce l’opposition entre les deux approches
possibles de l’évolution de la langue : une approche traditionnelle qui dramatise la
situation, une approche plus mesurée et quasi-scientifique. Dans les deux parties du
texte, Queneau joue sur ce contraste que le résumé devra respecter.
 Au niveau organisationnel, le circuit argumentatif se développe en deux
temps clairement identifiables qui assurent la dynamique du texte.
Aux graves inquiétudes sur l’évolution du français dans les années 50
(l. 1 à 28) s’oppose l’analyse plus sereine de la situation linguistique nouvelle
créée en 1970 par le développement de la télévision (l. 29 à 51).

II.2. Techniques de réduction


Comme l’indiquent les consignes officielles, le résumé doit reproduire fidèlement,
mais en réduction, l’agencement du texte et conserver le système énonciatif utilisé.
On se fixera donc comme objectif de rendre compte de chaque argument et de la
progression de l’argumentation.
Trois procédés permettent de parvenir à une formulation économique et autonome :
- La suppression,
- L’intégration lexicale,
- Le réagencement syntaxique.
II.2.1. La suppression
La suppression est une technique qui élimine sans laisser de traces certains
éléments du texte ; elle ne peut donc être utilisée qu’à l’intérieur d’un argument
car, on l’a vu, on ne peut pas supprimer d’argument à l’intérieur du circuit
argumentatif si on veut faire un résumé fidèle.
On supprime tout passage qui n’appartient pas au circuit argumentatif parce
qu’il ne se rattachant pas directement aux thèses en présence ou qu’il n’est pas
indispensable à l’efficacité de l’argument.
On peut supprimer la reprise d’une même idée. Quand une même idée est exprimée
plusieurs fois pour développer un argument, on garde plutôt trace de sa formulation
la plus générale. C’est notamment le cas quand l’idée reprise s’effectue sous la
forme anecdotique de l’exemple, destiné à rendre l’argumentation plus concrète ; ici
les l. 35 à 39 qui ne font que reprendre sous une forme plus vivante la formulation
abstraite antérieure.
II.2.2. L’intégration
La stratégie argumentative a souvent amené l’auteur du texte proposé à choisir des
formulations insistantes et développées pour étoffer ses arguments. Résumer, c’est
inversement réduire ces arguments à une expression plus brève. Le plus souvent,
cela implique un travail de généralisation et d’abstraction sur le vocabulaire qui peut
prendre plusieurs formes :
- Passer de l’énumération à un terme générique :
L’énumération Massillon, Bourdaloue, Georges Sand et André Breton peut
être reprise économiquement par grands auteurs.
- Reprendre un champ lexical par un terme englobant :
Le passage Evidemment, le franglais et le langage publicitaire se montrent
bien envahissants, pour ne pas parler de certains jargons sociologico-
philosophiques dont les ravages ne s’exercent, il est vrai, que dans des
domaines limités devient : bien que les néologismes divers prolifèrent… où
le terme néologisme reprend le champ lexical franglais, langage publicitaire,
jargons et où le verbe proliférer relève les sèmes dévalorisants.
- Resserrer un réseau sémantique diffus en une expression dense :
Un terme unique peut conserver dans le résumé la trace d’un réseau
sémantique plus ou moins étendu. Ainsi le passage la langue française
subissait ainsi une évolution naturelle (…). Cette évolution se poursuivait de
façon d’autant plus active qu’elle était, naturellement, inconsciente et l’on
aurait bien étonné la ménagère disant : « des petits pois, des frais, vous en
avez-ti des moins chers ? » en lui faisant remarquer qu’elle employait là une
construction courante dans certaines langues amérindiennes, mais non
enseignée à l’école des filles du quartier devient cette tendance(…)
s’affirmait spontanément dans l’usage quotidien… où spontanément
reprend naturelle, naturellement, inconsciente, non enseignée.
II.2.3. Le réagencement
Le texte de départ suit une progression de l’information qui lui impose une
certaine cohérence syntaxique. Il n’est pas question de reproduire telles quelles
l’une et l’autre « en miniature » dans le résumé. Reformuler implique de
réagencer un texte neuf dont la syntaxe soit en elle-même correcte.

II.3. Rédiger un résumé clair et cohérent


Il reste maintenant à s’assurer que le produit des opérations précédentes :
- Reproduise la dynamique du circuit argumentatif du texte de départ,
- Corresponde bien au nombre de mots requis,
- Forme un texte cohérent.
Résumer ce ne doit pas être juxtaposé des arguments sous leur forme minimale. Il
faut veiller à rendre la progression de l’argumentation avec beaucoup de netteté.

Le résumé ne conserve pas le découpage du texte d’origine en paragraphes,


désormais caduc, mais propose une nouvelle disposition qui souligne les
articulations majeures du circuit argumentatif. Il est souvent possible de respecter le
principe : un paragraphe du résumé pour une partie du texte initial.

Il est recommandé de recourir systématiquement à des connexions explicites pour


articuler les arguments les uns par rapport aux autres et marquer les grandes étapes
du circuit argumentatif : conjonctions de coordination, adverbes et locutions
adverbiales, etc.
La ponctuation est un procédé très efficace et économique. Les deux points suffisent
souvent à introduire une explication. Le choix entre le point et le point-virgule peut
parfois suffire à indiquer la relation logique entre deux phrases.

Le résumé doit respecter le nombre de mots requis à 10% près ; il doit être en lui-
même un texte cohérent.

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