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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

UNIVERSITE DE CARTHAGE

INSTITUT DES HAUTES ETUDES COMMERCIALES

COMMISSION NATIONALE D’EXPERTISE COMPTABLE

MEMOIRE

EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME NATIONAL D’EXPERT COMPTABLE

Préparée et soutenue par : Encadré par :

LOBNA FEKI Mr. MOUNIR GRAJA

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DEDICACE

« A ma chère mère qui m’a toujours soutenue dans les moments les plus difficiles.

A mon cher père qui a toujours été là pour moi.

A mes deux chers frères Nizar et Ramzi qui m’ont été d’une aide précieuse

A mon cher fils Youssef qui a illuminé ma vie depuis sa naissance et qui est une source
de bonheur infinie.

Que Dieu vous préserve et vous garde en bonne santé ».

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REMERCIEMENTS

C’est avec joie que je remercie tous ceux qui m’ont aidé à réaliser ce mémoire.

Je tiens à remercier mon encadreur Monsieur Mounir Graja pour ses précieux
conseils.

Ma gratitude ira à mes deux rapporteurs Monsieur Fadhel Jaoua et Madame Sana
Ben Ghodhbane d’avoir accepté le sujet de mon mémoire et pour leurs
recommandations.

Mes profonds remerciements s’adressent également aux membres du jury pour


l’honneur qu’ils m’ont accordé et la patience qu’ils ont manifesté pour la lecture de
ce travail.

Enfin mes remerciements s’adressent à tous ceux qui de près ou de loin m’ont
aidé à l’élaboration de ce travail.

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LISTE DES ABREVIATIONS

AAOIFI : Accounting and Auditing Organization for Islamic and Financial Institution

BID : Banque Islamique de Développement

CAC : Commissaire aux comptes

CIPNR : Comptes d’Investissement Participatifs Non Restreints

CIPR : Comptes d’Investissement Participatifs Restreints

COC : Code des Obligations et des Contrats

DGELF : Direction Générale des Etudes et de la Législation Fiscale

FAS : Financial Accounting Standard

FCP : Fonds Communs de placement

GSIFI : Governance Standard for Islamic Financial Institutions

IFSB : Islamic Financial Services Board

IIA : Institute of Internal Auditors

IIFM : International Islamic Financial Market

IRPP : Impôt sur le revenu des personnes physiques

IRR : Investment Risk Reserve

IS : Impôt sur les Sociétés

KYC : Know Your Customer

OPCVM : Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières

PER : Profit Equalization Reserve

PSIA : Profit Sharing Investment Account

SICAF : Société d’Investissement à Capital Fixe

TVA : Taxe sur la valeur ajoutée

3P : Principe de partage des profits et des pertes

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SOMMAIRE

DEDICACE .............................................................................................................................................. 1
REMERCIEMENTS ................................................................................................................................... 2
LISTE DES ABREVIATIONS.................................................................................................................... 3
SOMMAIRE .............................................................................................................................................. 4
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................................... 6
PARTIE I : DEPOTS BANCAIRES CONVENTIONNELS ET DEPOTS BANCAIRES ISLAMIQUES :
CONVERGENCES ET POINTS DE DIVERGENCES ......................................................................... 12
CHAPITRE 1 : PRESENTATION GENERALE DU CADRE REGLEMENTAIRE DE LA FINANCE
ISLAMIQUE EN TUNISIE ................................................................................................................ 13
I. PERSPECTIVES DE LA FINANCE ISLAMIQUE EN TUNISIE ............................................ 13
II. CADRE REGLEMENTAIRE GENERAL DE LA FINANCE ISLAMIQUE EN TUNISIE ..... 15
CHAPITRE 2 : RESSOURCES ET EMPLOIS DANS LES BANQUES ISLAMIQUES ................... 19
I. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA FINANCE ISLAMIQUE ....................................... 19
II. LES RESSOURCES DES BANQUES ISLAMIQUES .............................................................. 24
III. LES EMPLOIS DES BANQUES ISLAMIQUES ...................................................................... 26
CHAPITRE 3 : TYPOLOGIE ET PARTICULARITES DES DEPOTS BANCAIRES ISLAMIQUES 37
I. PRESENTATION DES DEPOTS BANCAIRES DANS LES BANQUES ISLAMIQUES ...... 37
II. PARTICULARITES DES DEPOTS BANCAIRES ISLAMIQUES ............................................ 38
III. RISQUE COMMERCIAL DEPLACE ET MECANISMES DE COUVERTURE .................... 40
CHAPITRE 4 : DEPOTS BANCAIRES CONVENTIONNELS : TYPOLOGIES ET
PARTICULARITES ............................................................................................................................. 44
I. TYPOLOGIES DES DEPOTS CONVENTIONNELS ............................................................ 44
II. PARTICULARITES DES COMPTES DE DEPOTS CONVENTIONNELS ........................... 46
CHAPITRE 5 : COMPARAISON ENTRE LES DEPOTS BANCAIRES ISLAMIQUES ET LES
DEPOTS BANCAIRES CONVENTIONNELS ................................................................................ 48
I. COMPARAISON ENTRE COMPTE COURANT ET AMANA ............................................ 48
II. COMPARAISON ENTRE COMPTE D’EPARGNE ET MOUDHARABA ........................... 51
III. RISQUES SPECIFIQUES AUX DEPOTS ISLAMIQUES ........................................................ 54

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PARTIE II : DIFFICULTES JURIDIQUES, FISCALES ET COMPTABLES RELATIVES AUX COMPTES


D’INVESTISSEMENT ET LES DILIGENCES DU COMMISSAIRE AUX COMPTES........................ 59
CHAPITRE 1 : DIFFICULTES JURIDIQUES, FISCALES ET COMPTABLES RELATIVES AUX
COMPTES D’INVESTISSEMENT DANS LES BANQUES ISLAMIQUES .................................... 60
I. DIFFICULTES JURIDIQUES RELATIVES AUX COMPTES D’INVESTISSEMENT DANS LES
BANQUES ISLAMIQUES ............................................................................................................... 60
II. DIFFICULTES FISCALES SPECIFIQUES AUX COMPTES D’INVESTISSEMENT ............. 75
III. DIFFICULTES COMPTABLES RELATIVES AU TRAITEMENT DES COMPTES
D’INVESTISSEMENT ET DES FONDS DE RESERVES Y RELATIFS ........................................... 94
CHAPITRE 2 : DILIGENCES DU COMMISSAIRE AUX COMPTES POUR L’AUDIT DES
COMPTES D’INVESTISSEMENT ................................................................................................... 116
I. MECANISMES DE CONTROLE DES COMPTES D’INVESTISSEMENT ET LEURS
MISSION . ........................................................................................................................................ 116
II. DILIGENCES DU COMITE CHARIA ET DU COMMISSAIRE AUX COMPTES POUR
L’AUDIT DES COMPTES D’INVESTISSEMENT ......................................................................... 120
CONCLUSION GENERALE .............................................................................................................. 146
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................................. 148
TABLE DES MATIERES ...................................................................................................................... 152

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INTRODUCTION GENERALE
Le concept de la finance islamique est aussi ancien que la religion elle-même,
l’industrie bancaire islamique n’a réellement décollé que dans les années soixante
avec la création de la première banque islamique en Egypte en 1963.

Cependant, ce n’est qu’à partir de l’année1975, face à la montée du « pétrodollar »


que les premiers grands établissements financiers ont été créés dans le monde à
savoir : Dubai Islamic Bank à Dubai (1975), la Banque Islamique de Développement
(BID) et Al Rajhi Bank en Arabie Saoudite (1975) et Kuwait Financial House au
Kuwait (1977).

Le périmètre géographique de la finance islamique a connu une expansion


remarquable permettant d’exporter les préceptes de la finance islamique en dehors
des pays du Golfe et du Moyen Orient pour inclure les pays d’Asie, l’Europe,
l’Amérique latine, l’Afrique Sub-saharienne et l’Afrique du Nord.

En Tunisie, on compte déjà deux banques islamiques : Al Baraka Bank créée en 1985
avec une licence de banque off-shore et la Banque Zitouna créée en 2010 avec une
licence de banque universelle.

Par ailleurs, les banques islamiques en Tunisie cohabitent avec les banques
conventionnelles dans un cadre réglementaire commun.

Cette cohabitation pose des problématiques d’ordre réglementaire, comptable et


fiscal.

Comparés à l’activité bancaire conventionnelle, les produits des banques islamiques


se basent sur une approche de partenariat et de financement direct des transactions
conformément aux préceptes dictés par la Charia islamique.

En effet, pour une banque conventionnelle, les déposants constituent des créanciers
de la banque. Leurs dépôts sont des passifs dont le remboursement et la
rémunération à un taux conventionnel constituent un engagement inconditionnel
assumé sur les fonds propres de la banque.

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Alors que pour une banque islamique, les déposants ne sont pas des créanciers mais
plutôt des investisseurs qui autorisent la banque à gérer leurs fonds moyennant des
frais de gestion. Ce qui implique le partage des pertes et des profits générés par
l’utilisation des fonds.

Cette cohabitation pose plusieurs problématiques réglementaires, comptables,


fiscales et juridiques.

En effet, le mode de fonctionnement des banques islamiques n’est pas sans


conséquence sur le traitement comptable de ses opérations, la présentation de ses
états financiers et la divulgation de ses informations financières. Ainsi, le principe de
partage des profits et des pertes implique systématiquement un traitement
spécifique des ressources de la banque sous forme de comptes d’investissement
ainsi que les revenus y afférents.

Ce mode de fonctionnement expose le déposant à un risque de perte mal apprécié


par celui-ci et peut entraîner la fuite des dépôts.

Face à cette situation, les banques islamiques ont mis en place des mécanismes pour
la protection des déposants par la constitution de réserves : la réserve pour risque
d’investissement et la réserve de péréquation des profits.

La réserve pour risque d’investissement est constituée pour prémunir les déposants
des pertes futures éventuelles liés à leurs investissements. Tandis que la réserve de
péréquation des profits est constituée pour se couvrir contre le risque commercial
déplacé.

Le présent mémoire ne traite pas de la réglementation prudentielle des comptes de


dépôts.

En Tunisie, la finance islamique est plus que jamais d’actualité. En effet, celle-ci est
désormais présentée par les pouvoirs publics comme l’un des remèdes aux
problèmes de financement de l’économie tunisienne.

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De plus, la finance islamique qui de l’avis de plusieurs experts financiers, est un


créneau encore peu développé en Afrique du Nord, mais qui dispose d’un grand
potentiel de développement dans la région, plus particulièrement en Tunisie.

L’introduction de la finance islamique en Tunisie aura pour avantages de compléter


le paysage financier et bancaire existant, de contribuer à la relance de la croissance
économique, d’encourager l’épargne et d’attirer les investisseurs islamiques
étrangers.

Contrairement aux banques conventionnelles, les banques islamiques pratiquent


une intermédiation financière participative. En effet, la banque islamique est
considérée comme un gestionnaire de fonds qui fonctionne selon le principe de
partage des pertes et des profits avec ses déposants.

Une des principales différences entre les banques islamiques et les banques
conventionnelles réside dans le fait que les comptes de dépôt portant intérêt sont
interdits par la Charia. Ce qui fait que les banques islamiques mobilisent les fonds
essentiellement à travers les comptes d’investissement (PSIA), habituellement basé
sur un contrat de partenariat moudharaba entre la banque et le client ;
alternativement, un contrat Wakalah peut être utilisé comme base.

Un partenariat moudharaba est un «partenariat entre le travail et le capital», dans


lequel un partenaire, le moudharib, fournit du travail dans l'entreprise, tandis que
l'autre partenaire, le Rabb ul mal, fournit le capital comme un «partenaire dormant».

Les bénéfices des partenaires seront partagés selon un ratio convenu. En cas de
perte, c’est le Rabb ul mal qui assume l’intégralité des pertes (le moudharib n'ayant
pas de capital dans la société pour absorber les pertes). La part des bénéfices perçus
par le moudharib (la part du moudharib) est la rémunération que le partenaire
perçoit au titre de la gestion des fonds investis par le Rabb ul mal.

Si la banque accepte le PSIA sur la base d'un contrat Wakalah, suivant lequel il agit
comme wakeel ou agent, il perçoit des frais de gestion pour la gestion des fonds de
la clientèle. Encore une fois et sous réserve de l'exception mentionnée ci-dessous, le
wakeel ne porte pas toute perte découlant de l'investissement de ces fonds.

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Le moudharib ou le wakeel ne peuvent être tenus responsables de la perte des fonds


sous leur gestion, qu’en cas d'inconduite ou négligence de leur part. L’inconduite
inclut la fraude et toute autre conduite illégale, ainsi que l'investissement volontaire
des fonds en violation des interdictions de la Charia, la violation du mandat de
placement indiqué dans le contrat. Alors que la négligence inclut l'échec de la
diligence raisonnable, entraînant des pertes ou des revenus interdits qui devront
être donnés pour des causes caritatives.

Dans ce cadre, ce mémoire mettra en évidence les défis réglementaires et


comptables de fonctionnement et de comptabilisation des comptes de dépôt au
sein des banques islamiques en Tunisie. Nous présenterons également au niveau de
ce mémoire des mesures et des alternatives permettant de faire face et « résoudre
ces défis ».

Ce mémoire d’expertise comptable a pour objet de mettre en exergue les défis


réglementaires et comptables qui résultent du recours aux comptes
d’investissements régis par le principe de partage des profits et des pertes au sein
des banques islamiques, et de proposer des alternatives de résolution de ses
problèmes.

Nous proposons au sein de ce mémoire une analyse de la nature des comptes


d’investissement, leur fonctionnement, base contractuelle ainsi que les spécificités et
difficultés de leur traitement sur le plan juridique, fiscal, comptable et réglementaire.

La problématique traitée au sein de ce mémoire nous amène à répondre aux


questions suivantes :

1- Quelles sont les spécificités juridiques des contrats de dépôts ainsi que la nature
des difficultés juridiques posées par ces dépôts ?

2- Quels sont les mécanismes et les natures de réserves constituées pour la


protection des déposants en raison du principe de partage des profits et des pertes
régissant les comptes d’investissement dans les banques islamiques ?

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3- Quelles sont les difficultés réglementaires, fiscales et comptables auxquelles les


banques islamiques sont confrontées en l’absence d’une réglementation spécifique
en Tunisie ?

4- Quels sont les cadres réglementaire, comptable et fiscal à mettre en place pour
garantir le bon fonctionnement des banques islamiques en matière de dépôt ?

5- Quel est l’impact des spécificités des comptes d’investissement sur les diligences
du commissaire aux comptes d’une banque islamique et son programme de
contrôle de ses comptes aussi bien au niveau de la phase intérimaire ainsi que la
phase de contrôle des comptes ?

Afin d’apporter des éléments de réponse à notre problématique, nous avons choisi
de présenter notre étude en deux parties :

Une première partie consacrée à une analyse comparative des produits bancaires
islamiques et des produits bancaires conventionnels. Cette première partie est
scindée en cinq chapitres :

Un premier chapitre consacré à la présentation du cadre réglementaire


général de la finance islamique en Tunisie ;

Un deuxième chapitre consacré à la présentation des ressources et emplois


des banques islamiques ;

Un troisième chapitre consacré à la présentation des différents types de


dépôts bancaires islamiques et à l’exposition de leurs particularités ;

Un quatrième chapitre consacré à la présentation des différents types de


dépôts bancaires conventionnels et à l’exposition de leurs particularités ;

Un cinquième chapitre consacré à une étude comparative des produits


bancaires islamiques et des produits bancaires conventionnels en exposant
la typologie des produits et leurs particularités ainsi que les risques encourus
par les banques islamiques.

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Une deuxième partie consacrée aux enjeux et défis réglementaires, fiscaux et


comptables qui impactent le développement des dépôts bancaires islamiques en
Tunisie. Cette deuxième partie est scindée en deux chapitres :

Le premier chapitre traite des enjeux et défis réglementaires des comptes


d’investissement et des réserves y relatives en Tunisie ;

Le deuxième chapitre est consacré aux mécanismes de contrôle des comptes


de dépôts dans les banques islamiques et l’efficacité de ces mécanismes ainsi
qu’à la proposition d’un questionnaire de contrôle interne et d’un
programme de contrôle spécifiques aux comptes d’investissement dans les
banques islamiques.

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CHAPITRE 1: PRESENTATION GENERALE DU CADRE


REGLEMENTAIRE DE LA FINANCE ISLAMIQUE EN TUNISIE

I. PERSPECTIVES DE LA FINANCE ISLAMIQUE EN TUNISIE :

La finance islamique n’est pas nouvelle en Tunisie. Celle-ci a été impliquée dans le
développement de la finance islamique depuis ses débuts.

En effet, la finance islamique a débuté en Tunisie en 1983 par la création de la


première banque islamique off-shore « Bayt Al Tamweel Al Saoudi Al Tounsi »
également connu sous la dénomination « Best Bank » qui devint « Al Baraka Bank
Tunisia » en 2009.

En 1985, et à la suite d’un amendement de la législation des banques off-shore, Al


Baraka Bank a été autorisée à exercer une activité on-shore à condition que le total
des dépôts des résidents ne dépasse pas 1% du total des dépôts dans le système
bancaire tunisien. Ce n’est qu’en 2013, que la Baraka Bank a été autorisée à devenir
une banque résidente et à fournir des services aux clients locaux.

Un an après la création de la Best Bank, la première compagnie de takaful a été


établie en Tunisie sous la dénomination « Best Ré » entièrement détenue par l’Islamic
Arab Insurance Co (Salama) basée à Dubai.

Cette compagnie avait pour mission de piloter le business takaful dans l’Afrique du
Nord particulièrement en Algérie, Lybie, Maroc et la Tunisie.

Puis, l’année 1999 a été marquée par la création de la première société de leasing
islamique « Bayt Al Tamweel Al Saoudi Al Tounsi lil Ijara » connu sous la
dénomination « Best Lease ».

Dix ans plus tard, un bureau de représentation de la Noor Bank a été ouvert en
Tunisie.

Il a fallu attendre Mai 2009 pour que la première banque islamique tunisienne à part
entière voit le jour « La Banque Zitouna ». En effet, il s’agit de la première banque
islamique nationale (entièrement détenue par des actionnaires nationaux) dans la

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région du Maghreb arabe avec un capital de 75 MDT ayant pour objectif la


commercialisation et le développement de produits islamiques (financement et
dépôt) à destination des entreprises et des particuliers.

Bien qu’aucune réglementation bancaire spécifique aux banques islamiques n’ait


été développée par les autorités monétaires, la Banque Zitouna a pu développer des
contrats financiers islamiques en tirant profit de la souplesse des lois civiles.

En 2010, la Gulf Finance House of Bahreïn et le gouvernement tunisien ont décidé


d’instaurer le premier centre de finance islamique off-shore en Afrique du Nord.

La Gulf Finance House espérait que ce centre permettrait à la Tunisie de tirer


avantage de sa position méditerranéenne stratégique pour établir un pont entre
l’Europe et les économies émergentes de l’Afrique du Nord et l’Afrique Sub-
saharienne.

Cependant, ce n’est qu’en Mars 2014 que la Gulf Finance House décide d’entamer
ce projet pour un montant de 3 billions de dollars américains, qui a été finalement
suspendu en raison de pressions financières.

La fin de l’année 2010 a connu l’émergence de plusieurs sociétés de gestion d’actifs


islamiques telle que le FCP valeurs Al Kaouther.

En 2011, la Zitouna Takaful, compagnie d’assurance et de réassurance islamique, a


été créée pour répondre aux demandes croissantes de la clientèle souhaitant
bénéficier de produits d’assurance islamique.

En effet, la Zitouna Takaful est la première compagnie d’assurance multi-branches


en Tunisie dont les activités et les produits d’investissement sont soumis au contrôle
et à la validation d’un comité Charia.

Le gouvernement tunisien a proclamé en Janvier 2012 certains changements


réglementaires important relatifs à l’instauration d’un régime fiscal spécifique au
financement islamique.

En Février 2013, l’United Gulf Financial Services-Afrique du Nord, une société


d’investissement établie en Tunisie et filiale de l’United Gulf Bank Bahreïn membre

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du groupe KIPCO, annonce le lancement d’un fonds conforme à la Charia « Themar


Investment Fund » avec un capital de 50 MDT.

Le fonds en question est destiné à appuyer les petites et moyennes entreprises en


Tunisie. Les objectifs du fonds étaient de créer de nouveaux emplois, fournir des
ressources financières aux institutions ayant un potentiel de croissance élevé grâce
à l’amélioration de leur viabilité financière et leurs ressources humaines et
opérationnelles.

En Juin 2013, Al Amana Takaful a été créée avec un capital de 10 MDT représentant
ainsi la deuxième compagnie d’assurance en Tunisie.

La loi de finance pour la gestion 2014 a institué un régime fiscal spécifique aux
sukuks islamiques et au fonds communs de sukuks confirmant ainsi la volonté du
gouvernement d’instaurer un cadre fiscal spécifique à la finance islamique.

En 2015, un projet de loi traitant en partie de l’exercice des opérations bancaires


islamiques est en cours d’étude et n’a pas encore vu le jour à la date d’établissement
de ce mémoire.

En final, les perspectives de développement de la finance islamique demeurent


étroitement liées et largement tributaire de l’instauration d’un cadre réglementaire
qui soutient et favorise le développement de cette industrie financière.

II. CADRE REGLEMENTAIRE GENERAL DE LA FINANCE ISLAMIQUE EN


TUNISIE :

Le paysage bancaire tunisien comprend trois banques islamiques qui sont la Banque
Zitouna, Al Baraka Bank et le bureau régional de l’Islamic Noor Bank.

Ces banques cohabitent avec les banques conventionnelles qui sont déjà dotées
d’un cadre réglementaire, juridique, fiscal et comptable qui leur est spécifique.

Cependant, le fonctionnement des banques islamiques est régi par des principes qui
diffèrent de ceux qui régissent la finance conventionnelle.

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En effet, la finance islamique est régie par les règles de la Charia qui puisent leurs
origines dans les cinq sources suivantes :

Le Coran ;
La Sunna qui correspond à l’ensemble des hadiths et des actions de notre
Prophète (PBSSL) ;
Le Qyas qui correspond à une forme de raisonnement par analogie pratiqué
par les fuqahas et oulémas pour résoudre un problème de droit qui n’est pas
abordé par le Coran et la Sunna ;
L’Ijtihad qui peut être défini comme l’effort fourni afin d’extraire l’avis
juridique (Hukm Charia) qui est pratiqué par les muftis (juristes) et les
mujtahids (savants) ;
L’Ijma qui correspond à un consensus des savants sur un sujet précis et à une
période postérieure à la période prophétique. Il constitue l’une des sources
de jurisprudence islamique après le Coran et la Sunna.

L’activité des institutions financières islamiques doit être conforme à ces normes.

L’ensemble des principes éthiques de la Charia qui constituent les piliers de la


finance islamique constitue une particularité de taille qui distingue la finance
islamique par rapport à la finance conventionnelle.

En pratique, les autorités monétaires tunisiennes n’ont pas encore mis en place un
cadre réglementaire juridique, fiscal et comptable complet et spécifique à la finance
islamique en Tunisie.

Sur le plan fiscal, les lois de finance pour la gestion 2012 et 2014 ont essayé de
mettre en place les premiers piliers d’un régime fiscal spécifique aux produits
islamiques.

Par conséquent, les banques islamiques se trouvent en quelque sorte « contraintes »


de s’intégrer dans un cadre initialement conçu pour les banques conventionnelles
du fait qu’elles ont été agrées dans ce même cadre.

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Le tableau suivant illustre le cadre réglementaire général en Tunisie qui organise la


finance bancaire aussi bien conventionnelle et islamique.

NATURE DU CADRE CADRE DETAILLE

La loi 2001-65 du 10/07/2001 relative aux


établissements de crédit telle que amendée par la
loi 2006 -19 du 2/05/2006 ;

Les dispositions du code des obligations et des


CADRE JURIDIQUE ET contrats ;
REGLEMENTAIRE
Les dispositions du code de commerce relatives
aux commerçants et aux opérations bancaires ;

Les circulaires de la Banque Centrale de Tunisie.

1. En matière d’impôt direct :

Code de l’IRPP et de l’IS ;

CADRE FISCAL Code d’incitation aux investissements.

2. En matière d’impôt indirect :

Code de la TVA ;
Code des droits d’enregistrement.

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NATURE DU CADRE CADRE DETAILLE

Le cadre conceptuel de la comptabilité (décret


n°96-2459 de la 30/12/1996 portant
approbation du cadre conceptuel de la
comptabilité) ;

La loi 96-112 du 30/12/1996 relative au système


comptable des entreprises ;

Les normes comptables tunisiennes :


 NCT 21 : Présentation des états financiers des
CADRE COMPTABLE
établissements bancaires
 NCT 22 : Le contrôle interne et l’organisation
comptable dans les établissements bancaires
 NCT 23 : Les opérations en devises dans les
établissements bancaires
 NCT 24 : Les engagements et revenus y afférents
dans les établissements bancaires
 NCT 25 : Les engagements et revenus y afférents
dans les établissements bancaires

Ce cadre général qui a été initialement conçu pour les banques conventionnelles ne
favorise pas le développement des activités des banques islamiques en Tunisie.

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CHAPITRE 2 : RESSOURCES ET EMPLOIS DANS LES BANQUES


ISLAMIQUES

I. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA FINANCE ISLAMIQUE :

1. GENESE ET HISTOIRE DE LA FINANCE ISLAMIQUE :

La renaissance de la finance islamique a émergé après la seconde guerre mondiale


et au début de l’indépendance des pays musulmans.

En effet, dans les années 30, certains savants musulmans ont tenté une approche
islamique des différents problèmes socio-économiques qui les a amenés à
s’interroger sur la légitimité de l’application de l’intérêt.

Ces savants désiraient convaincre l’opinion publique de la nécessité d’adapter les


pratiques financières aux préceptes islamiques.

Ce n’est qu’en 1962 que le Pilgrim’s Management Fund « Tabung Hadiji » a été
institué par le gouvernement malaisien. Il était dédié à permettre aux fidèles
d’épargner pour l’accomplissement du pèlerinage à la Mecque.

L’année 1963 fût l’année de la concrétisation réelle de la naissance des principes


financiers islamiques en Egypte avec l’institution de la première banque islamique la
« Mit Ghamr Saving Bank ». Celle-ci proposait des comptes d’épargne basés sur le
partage des bénéfices et non des produits.

L’objectif de son fondateur Ahmed Najjar était d’assurer l’intermédiation des


ressources financières entre épargnants et petits investisseurs locaux.

En 1970, l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) a été créée et l’idée de la


banque islamique a été lancée.

Cependant, ce n’est qu’à partir de 1975, face à la montée du « pétrodollar » qu’un


premier pas vers la concrétisation d’un système bancaire alternatif rejetant l’intérêt
et conforme aux objectifs de la Charia a été effectué en la constitution des premiers
grands établissements financiers dans le monde à savoir : la BID (Banque Islamique
du Développement à Jeddah).

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

De la même manière, plusieurs banques islamiques vont apparaître dans les années
70 au Moyen-Orient. Ainsi, on peut citer la Dubai Islamic Bank du Soudan (1975), la
Faysal Islamic Bank d’Egypte (1977) et la Banque Islamique de Bahreïn (1979).

Le développement de l’industrie financière islamique s’est accompagné


parallèlement par une émergence de la recherche en finance islamique. En 1978, a
été fondé le premier centre de recherche en finance islamique à Jeddah « The
Center of Research On Islamic Economy » et en 1981 « The Islamic Research and
Training Institute » (IRTI) créé par la BID.

Certains pays ont même décrété l’islamisation totale de leur système bancaire tel que
le Pakistan en 1979 suivi en Septembre 1983 par le Soudan et de l’Iran en Mars 1984.

Ensuite, nombreux sont les pays islamiques du Golfe et de l’Asie qui ont suivi cette
même orientation.

Cette émergence rapide de la finance islamique partout dans le monde, dans les
années 90, a créé un souci majeur de réglementation et de gestion de l’industrie
bancaire islamique. Cette conjoncture a conduit à la création de trois organisations
internationales afin d’harmoniser les pratiques bancaires islamiques :

1. L’Accounting & Auditing Organization of Islamic Institution (AAOIFI)


fondé à Bahreïn en 1991 et qui a pour mission d’harmoniser les règles
comptables des banques islamiques ;
2. L’Islamic Financial Services Board (IFSB) créé en 2002 par plusieurs
Etats musulmans qui a pour rôle de rechercher des voies d’intégration
de la finance islamique à la finance internationale ;
3. L’International Islamic Financial Market (IIFM) fondé à Bahreïn en 2002
et ayant pour objectif de concevoir de nouveaux mécanismes et
instruments de marché compatibles à la fois avec la Charia et un
développement rapide de la finance islamique.

La première décennie du vingt-et-unième siècle a été marquée par le


développement rapide du marché financier islamique et conjointement par une
émergence rapide du marché des sukuks.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

En effet, en 1990, les premiers sukuks furent émis en Malaisie par SHELL MDS. Ce
n’est qu’en 2001 que le marché des sukuks devint international suite à l’émission par
le gouvernement du Bahreïn du premier sukuk Al-Ijara souverain et International.

2. PRINCIPES DE LA FINANCE ISLAMIQUE :

La finance islamique est trop souvent simplifiée et résumée dans le principe de


l’interdiction de l’intérêt alors que celle-ci est basée sur une multitude de principes
trouvant leurs origines dans les préceptes islamiques.

Ce sont en effet ses principes qui distinguent la finance islamique par rapport à la
finance conventionnelle.

2.1 LA PROHIBITION DU RIBA :

Le terme Riba vient du verbe raba, yarbou qui signifie augmenter ou accroître. Il
s’agit d’une augmentation de la richesse sans contrepartie effective.

Le Riba est par conséquent tout surplus ou avantage bénéficiant à un contractant


sans aucune contrepartie acceptable et légitime du point de vue de la Charia
comme :

La perte de la valeur liée à l’usage d’un bien (dans le cas de la location d’un
bien) ;
L’effort fourni pour la réalisation d’un objet (dans le cas de la vente d’un bien
produit par le vendeur) ;
Le travail accompli pour l’obtention d’un bien matériel, le risque engagé dans
sa prise en charge.

Cependant, il faut préciser que dans la religion musulmane, l’intérêt et l’usure sont
conjointement associés sous le nom Riba, alors que conventionnellement, le premier
terme signifie la somme que l’on paie pour l’usage de l’argent et le second traduit
un délit commis par celui qui prête de l’argent à un taux excessif.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le Riba a deux formes principales :

1. Riba-Al-fadl : Il s’agit de tout surplus concret perçu lors d'un échange direct
entre deux choses de même nature qui se vendent au poids ou à la mesure.

2. Riba-Annassia : Le surplus perçu lors de l'acquittement d'un dû, dont le


paiement a été posé comme condition de façon explicite ou implicite dans le
contrat, en raison du délai accordé pour le règlement différé. Riba-
Annassia est le type le plus répandu dans la société, notamment à travers les
crédits, des prêts et des placements proposés par les établissements bancaires
et les organismes de financement conventionnels.

L’interdiction du Riba est un principe fondamental en finance islamique. Le Riba a


été expressément interdit dans le Coran comme il l’a été également dans le Judaïsme
et le christianisme.

Cette interdiction vise à bannir l’augmentation de la richesse du fait de l’exploitation


d’autrui et de l’injustice sociale. Elle a pour fondement en Islam le fait que l’argent
ne peut pas générer de richesse sans travail et sans risque.

2.2 LE PARTAGE DES PROFITS ET DES PERTES :

Le principe de partage des profits et des pertes est le principe le plus important et le
plus caractéristique de la finance islamique.

Plusieurs produits islamiques tels que les modes de financements participatifs (par
exemple : le contrat de moudharaba) consacre ce principe.

En effet, ce principe rend nécessaire le partage des risques entre les parties
prenantes et préconise un partage aussi bien des profits et des risques.

Par conséquent, tout contrat de financement mettant à la charge de l’une des


parties tous les risques encourus n’est pas légitime en finance islamique.

2.3 LE PRINCIPE DE PROHIBITION DU GHARAR ET DU MAYSIR :

En littérature, le gharar signifie l’aléa ou l’incertitude. En effet, les clauses


contractuelles doivent être claires et ne comportant pas d’ambiguïté pour éviter

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

toute incertitude qui compromettrait l’exécution du contrat par les parties


prenantes.

On parle de gharar dans les cas suivants :

Lorsque la marchandise objet de la transaction n’est pas clairement


déterminée, que ce soit au niveau de sa nature même, ou de sa catégorie, de
son type, de sa qualité ou de sa quantité ;
Lorsque la contrepartie n’est pas clairement définie, que ce soit au niveau de
sa nature même, ou de sa catégorie, de son type, de sa qualité ou de sa
quantité. De même, lorsque, dans une vente à crédit, l’échéance du paiement
n’est pas précisée ;
Lorsque l’objet du contrat n’existe pas au moment de la transaction
commerciale ;
Lorsque le vendeur n’est pas en mesure de livrer la marchandise à l’acheteur
au moment de l’exécution du contrat ;
Lorsque le transfert de propriété de la marchandise (ou de la contrepartie) est
conditionné par un évènement aléatoire et hasardeux.

Il est interdit en finance islamique de conclure des transactions renfermant du


gharar. De même, cette interdiction concerne également le maysir.

Le maysir peut être défini comme le fait de spéculer. En effet, tout contrat ou
arrangement qui parie sur l’avenir ou dépend d’un évènement aléatoire est interdit
en Islam. On trouve le maysir dans les paris, jeux de hasard...

2.4 LE PRINCIPE DE LA DISTRIBUTION DU ZAKAT :

Le terme « Zakat », souvent traduit en français par « aumône légale », signifie


littéralement « purification ». Il désigne l'aumône obligatoire que chaque musulman
verse en vertu des règles de solidarité au sein de la communauté musulmane.

Il s’agit effectivement d’un mécanisme de redistribution des revenus et des richesses


spécifique à la finance islamique.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

2.5 LE PRINCIPE DE PROHIBITION DU HARAM :

Ce principe est la consécration du caractère éthique et responsable de la finance


islamique. En effet, l’Islam interdit d’investir dans des activités et des produits illicites
tels que l’alcool, la drogue ainsi que les produits dont la consommation est interdite
par l’Islam (viande de porc,…).

En résumé, en Islam on ne peut vendre ni acheter l’illicite.

2.6 LE PRINCIPE DE L’ASSET BACKING OU DE L’ADOSSEMENT A UN ACTIF


TANGIBLE :

Selon ce principe, toute transaction financière doit être adossée à un actif réel
identifiable et tangible.

De ce fait, les investissements dans les produits dérivés tels que les contrats de
« futures » et les options sont interdits en finance islamique.

En effet, ce principe est le corollaire du principe de l’interdiction du gharar qui


interdit la spéculation, la vente de bien qui ne sont pas en possession du vendeur.

II. LES RESSOURCES DES BANQUES ISLAMIQUES :

Les ressources des banques islamiques proviennent d’abord de leur capital, des
dépôts, des commissions sur les services rendus et des profits réalisés grâce aux
projets financés.

A ce titre, les dépôts des banques islamiques peuvent être de trois natures :

Les dépôts à vue ;


Les comptes d’épargne ;
Les comptes d’investissement.

1. LES DEPOTS A VUE :

Les comptes courants au niveau des banques islamiques opèrent sous le principe de
wadi’a. Le terme wadi’a renvoie à un ancien concept « Al Amanah » suivant lequel

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

une personne se voit confier des biens par une autre personne dans le but de les
conserver.

Les dépôts à vue dans les banques islamiques présentent les caractéristiques
suivantes :

Les dépôts à vue ne sont pas rémunérés ;


Le déposant ne partage pas les risques avec la banque. Par conséquent, la
banque se porte garante de la restitution du montant intégral du dépôt à la
demande du déposant ;
Les banques sont censées faire payer des frais de fonctionnement aux
déposants pour couvrir le coût de l'administration de ce type de compte ;
Les dépôts à vue peuvent être investis par la banque sous réserve de
l’obtention de la permission du déposant. Dans cette même logique, les
profits peuvent être partagés par la banque avec le déposant suite à une
décision du management.

2. LES COMPTES D’EPARGNE :

Les comptes d’épargne ont le même fonctionnement que les comptes courants
islamiques.

Les comptes d’épargne peuvent être de deux types :

Les comptes d’épargne sans autorisation d’investissement : le titulaire du


compte d’épargne n’autorise pas la banque à utiliser les fonds déposés pour
effectuer des investissements : les règles de gestion de ses comptes est la
même que pour les dépôts à vue.
Les comptes d’épargne avec autorisation d’investissement : le titulaire du
compte d’épargne autorise la banque à utiliser les fonds déposés pour
effectuer des investissements : la gestion de ses comptes est la même que les
comptes d’investissement non restreints.

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3. LES COMPTES D’INVESTISSEMENT :

Les comptes d’investissement sont de deux types :

Les comptes d’investissement non restreints : Ce sont des fonds déposés par
leurs titulaires dans des comptes spécifiques afin qu’ils soient investis dans des
projets financés par la banque pour une période déterminée.
Les comptes d’investissement opèrent sous le mécanisme du contrat de
moudharaba. En effet, ce contrat implique deux intervenants : le Rabb ul mal
qui est le déposant apporteur des fonds et le moudharib.
La banque joue dans le cadre de ce contrat le rôle de gestionnaire de fonds
pour le compte des déposants.
Aucune restriction n’est imposée à la banque concernant la nature ou le type
des projets qui seront financés par les fonds déposés.
Ces comptes sont régis par le principe des profits et des pertes : les titulaires
de ses comptes sont rémunérés par les profits réels générés par les projets
financés par les fonds selon des taux de répartition convenus à l’avance entre
la banque et le déposant.
Dans la même logique, les pertes réalisées par les projets sont réparties
proportionnellement entre les déposants selon la contribution de chacun
d’eux.
Les comptes d’investissement restreints : Contrairement aux comptes
d’investissement non restreints, le titulaire des fonds impose des restrictions
concernant la nature et le type de l’investissement dans lequel les fonds
seront investis par le moudharib ou la durée.

III. LES EMPLOIS DES BANQUES ISLAMIQUES :

1. LES PRODUITS REGIS PAR LE PRINCIPE DES PROFITS ET DES PERTES :

1.1 LE CONTRAT DE MOUDHARABA :

Le contrat de moudharaba est un partenariat mettant en relation un partenaire qui


fournit des fonds à un autre partenaire dans une entreprise commerciale.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le premier partenaire est identifié comme le Rabb ul mal alors que la gestion et le
management sont la responsabilité exclusive du deuxième partenaire identifié
comme le moudharib.

Dans le cas du contrat de moudharaba, tous les actifs acquis par le moudharib sont
la seule propriété du Rabb ul mal. Le moudharib perçoit sa part dans le profit dans
le cas où la vente des actifs génère un profit.

Par ailleurs, le moudharib ne peut réclamer sa part dans les actifs eux-mêmes même
si leur valeur s’est appréciée.

Le contrat de moudharaba peut être de deux types :

« Al moudharabah almuqayyadah » (restricted mudaraba) : ce qui caractérise


ce type de moudharaba est que le Rabb ul mal restreint l’investissement de
ses fonds dans une nature ou un type de projet en particulier. La banque en
sa qualité de moudharib doit se conformer à la restriction qui lui est imposée
en vertu du contrat de moudharaba.
« Al-moudarabah al-mutlaqah » (unrestricted mudaraba) : Ce qui caractérise
ce type de moudharaba est que le moudharib jouit de la liberté d’investir les
fonds confiés par le Rabb ul mal dans quelconque investissement licite du
point de vue de la Charia.

Pour que le contrat de moudharaba soit valide, le moudharib et le Rabb ul mal


doivent convenir dès le début des clés de répartition du profit généré par les projets
financés.

Par conséquent, ces clés de répartition sont fixées d’un commun accord entre les
deux parties.

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Le schéma ci-après illustre le mécanisme du contrat de moudharaba :

Le financement par Moudharaba

Etape 1 : La banque islamique mobilise les fonds sur le base de la Moudharaba

Investissement du capital sur la base des 3P


Déposants La banque
investisseurs islamique

La banque islamique participe soit (1) directement aux projets d'investissement


Etape 2 : soit (2) elle met les fonds à la disposition des entrepreneurs sur la base d'un
contrat de Moudharaba

Investissement en capital
La banque Projet
Résultat
islamique d'investissement

Entrepreneur Agent
Investissement des fonds Projet
gestionnaire des fonds
avancés par la banque d'investissement
de la banque
associée à son savoir faire

Résultat

La banque islamique partage les profits ou les pertes issues de l'investissement du


Etape 3 :
capital

Déposants Capital + la part des profits ou des pertes La banque


investisseurs islamique

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1.2 LE CONTRAT DE MOUSHARAKA :

Le terme « mousharaka » est d’origine arabe et signifie dans la littérature


« partage ».Dans le contexte des affaires et du commerce, il correspond à une
coentreprise dans laquelle tous les partenaires partagent les profits et les pertes
générés par celle-ci.

Donc, la mousharaka est un partenariat établi entre plusieurs parties à travers un


accord mutuel.

Plusieurs conditions sont nécessaires pour garantir la validité du contrat de


mousharaka et qui peuvent être résumées comme suit :

Les parties doivent avoir la capacité ou l’aptitude de conclure un contrat ;


Le consentement des parties intervenantes ne doit pas être entaché par une
quelconque contrainte, fraude ou autres…

Le contrat de mousharaka présente aussi certaines particularités listées comme suit :

Les taux de répartition des profits générés entre les différents partenaires
doivent être déterminés et convenus à la date de conclusion du contrat ;
Les taux de répartition du profit ne doivent en aucun cas correspondre à la
proportion des fonds investis dans le capital par partenaire ;
Dans le cas où le résultat généré par la coentreprise est une perte, chaque
intervenant au niveau du partenariat supporte une perte proportionnelle au
capital investi ;
Chaque intervenant a le droit de prendre part dans la gestion et le
management de la coentreprise. Mais, ils peuvent décider que la gestion de
la coentreprise soit confiée à un d’entre eux ou à une tierce personne.

1.3 LE CONTRAT DE MOUSHARAKA DIMINUE

Il s’agit d’une forme du contrat de mousharaka qui présente certaines particularités.


En effet, la banque et le déposant des fonds participent à la réalisation d’un projet
commun ou à l’acquisition d’un actif commun.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Dans cette forme de mousharaka, la banque reçoit non seulement sa part dans le
profit généré par le projet mais aussi la contrepartie de ses parts dans le capital du
projet pour qu’à la fin du projet, le déposant des fonds devienne le seul et unique
propriétaire.

2. LES PRODUITS NON REGIS PAR LE PRINCIPE DES PROFITS ET DES PERTES :

2.1 LE CONTRAT DE MOURABAHA

Le contrat de mourabaha est un type particulier de vente qui n‘a rien à voir avec le
financement dans son sens originel.

Dans ce type de contrat, la banque procède à l’achat d’un actif qu’elle revend à
terme à son client avec une marge bénéficiaire préétablie et consentie par les deux
parties contractantes.

Le paiement par le client peut être effectué en un seul paiement ou sous la forme de
paiements échelonnés.

Le contrat de mourabaha est une alternative au prêt à intérêt destiné à l’acquisition.

Si l’actif livré ne correspond pas aux caractéristiques énoncées, il revient à la banque


de procéder aux démarches nécessaires pour que le fournisseur en question
reprenne son bien.

De même, en cas de retard de paiement du prix convenu avec le client, aucune


indemnité de retard ne peut être exigée par la banque.

Le caractère licite et la validité d’un contrat de vente à terme à un prix supérieur au


prix actuel sont subordonnés aux conditions suivantes :

Les parties doivent convenir du prix de vente et des échéances en cas de


paiement échelonné ;
Ne pas réclamer des indemnités de retard suite au retard de paiement ;
L’actif ou la marchandise objet du contrat de mourabaha ne doit pas être de
l’or, de l’argent ou de la nourriture selon la norme charaique n°8 de l’AAOIFI.

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2.2 LE CONTRAT IJARA

Le contrat ijara est un mode de financement à moyen terme. Le terme « ijara »


signifie le transfert de l’usufruit d’un actif à une autre personne en échange ou en
contrepartie d’un loyer qui lui est réclamé pour une durée prédéterminée.

L’ijara en tant que mode de financement est gouverné par certaines règles qui se
présentent comme suit :

L’actif objet du contrat doit avoir une utilité. Par conséquent, les actifs n’ayant
aucun usufruit ne peuvent être loués ;
Il est nécessaire pour la validité du contrat que l’actif loué demeure la
propriété du bailleur et que seulement l’usufruit soit transféré à l’autre partie ;
Tout actif dont l’utilisation entraîne sa consommation ne peut être loué. De
ce fait, certains actifs comme l’argent, le carburant et les vivres ne peuvent
faire l’objet d’un contrat ijara ;
Sachant que la propriété du bien loué revient au bailleur, tout passif
émergent de la propriété du bien doit être pris en charge par le bailleur. Dans
la même logique, les passifs se rapportant à l’usufruit du bien loué doivent
être pris en charge par le locataire ;
La période de location doit être prédéterminée d’une manière claire dès la
signature du contrat ;
Le locataire est tenu de payer les indemnités pour les dommages qu’il a causé
à l’actif loué résultant de son mauvais usage ou sa négligence puisque le
bailleur demeure le propriétaire du bien tout au long de la période de
location ;
L’actif loué doit être complétement et clairement identifié par les parties
contractantes ;
Le loyer doit être déterminé et convenu au moment de la signature du
contrat pour toute la période de la location. Par ailleurs, le bailleur ne peut
pas augmenter le loyer unilatéralement ;
La période de la location débute à partir de la date à laquelle l’actif en
question a été livré au locataire peu importe si le locataire ait commencé à
utiliser l’actif ou pas ;

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Lorsque le bien objet du contrat d’ijara a été endommagé, qu’il a perdu sa


vocation pour laquelle il a été loué et que sa réparation n’est pas possible, la
location prend fin le jour ou à la date à laquelle une telle perte a été causée.
Toutefois, si cette perte a été causée par la négligence ou l’abus du locataire,
il sera tenu d’indemniser le bailleur d’un montant égal à la valeur dépréciée
de l’actif comme il était avant la survenance du dommage.

2.3 LE CONTRAT IJARA WA IKTINA

Le contrat Ijara wa Iqtina est une forme particulière du contrat Ijara prévoyant une
option d’achat (Iqtina).

Ce contrat est similaire à l’ijara mais inclut une promesse d’achat du bien de la part
du client à la fin du contrat.

Si l’option d’achat est exercée par le locataire, le prix ne doit pas être déterminé à
l’avance. Il doit y avoir un contrat de vente séparé tenant compte de l’état du bien
et sa valeur sur le marché à ce moment.

2.4 LE CONTRAT BAI’SALAM

Le contrat salam est une vente dans laquelle le vendeur s’engage à fournir des biens
spécifiques à l’acheteur à une date future à un prix de vente payé au comptant.

Dans ce cas, le vendeur est appelé « Muslam ilayh », l’acheteur « Rabb-us-salam » et


le prix au comptant « Ra’s-ul-mal ».

Il y a trois conditions indispensables pour assurer la validité d’une vente vis-à-vis de


la Charia qui se présentent comme suit :

L’existence physique de l’actif vendu ;


Le vendeur doit être le propriétaire de l’actif ;
Le vendeur doit être en possession de l’actif en question.

Il y a deux exceptions à ce principe de la Charia qui sont :

Le contrat Bai’salam ;

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Le contrat Istisna ;

Le contrat salam a été permis par le Saint Prophète (PBSSL) dans le but de répondre
aux besoins des petits agriculteurs qui avaient besoin d’argent pour faire pousser
leurs cultures et de subvenir aux besoins de leurs familles jusqu’à la saison de la
récolte.

Le contrat salam est bénéfique pour le vendeur puisqu’il a reçu le prix de vente à
l’avance et il l’est aussi pour l’acheteur puisque le prix de vente en salam est
d’habitude inférieur au prix de vente au comptant.

Puisque la vente salam constitue une exception à la règle qui interdit les ventes à
terme, elle est par conséquent soumise à des conditions de validité strictes :

L’acheteur doit payer l’intégralité du prix de vente à la date de conclusion du


contrat de vente puisque en l’absence de celui-ci, la vente en question
équivaut à une vente contre une dette, situation expressément interdite par
le Saint Prophète (PBSSL) ;
La quantité et la qualité des produits objet de la vente salam doivent être
entièrement spécifiées avec exactitude ne laissant ainsi aucune ambiguïté qui
pourrait conduire à un différend.
Dans la même logique, si le bien ou le produit est quantifié en poids ou en
mesures spécifiques alors le poids ou la mesure exacts de ce bien doivent être
déterminés et spécifiés ;
La date et le lieu exacts de la livraison doivent être précisés dans le contrat ;
La vente salam ne peut être affectée à un produit particulier relatif à une
parcelle spécifique de la ferme ou d’un champ ;
Les produits objet de la vente salam ne doivent pas être des biens devant faire
l’objet d’une livraison immédiate.

2.5 LE CONTRAT ISTISNA

Le contrat istisna est la deuxième forme de vente où le bien est vendu à terme. Cela
se traduit par la situation suivante : un fabriquant fabrique un produit spécifique à
l’attention d’un acheteur.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le contrat istisna viendrait à exister si le fabricant s’engage à fabriquer le produit


demandé à partir de matières lui appartenant.

Il est nécessaire pour la validité de l’istisna que le prix de vente soit convenu entre
les parties et que les spécificités du produit soient entièrement et exactement
définies entre eux.

Le contrat istisna crée une obligation morale pour le fabricant pour la fabrication
des produits. Mais il est à noter qu’avant le commencement du cycle de fabrication,
l’une des parties peut résilier le contrat après l’avoir notifié à l’autre partie
contractante.

Cependant, une fois le cycle de fabrication entamé, le contrat ne peut être résilié
unilatéralement.

Le contrat istisna se distingue du contrat salam dans les aspects suivants :

L’objet du contrat istisna est toujours un produit qui doit être fabriqué tandis
que le contrat salam peut être adossé à un produit fini ou à un produit devant
être fabriqué ;
Le paiement intégral du prix à l’avance n’est pas nécessaire dans le cadre d’un
contrat istisna ;
Le contrat istisna peut être résilié unilatéralement avant que le cycle de
fabrication ne soit entamé alors que le contrat salam ne peut être résilié une
fois affecté ;
Alors que dans le contrat salam, le délai de livraison dûment fixé est une
condition indispensable pour la validité du contrat, il ne l’est pas dans le
contrat istisna.

2.6 LE CONTRAT BAI’MUAJJAL

Ce contrat correspond à la vente d’un bien avec un paiement qui sera effectué à
une date future fixe ou dans un délai déterminé. En bref, il s’agit d’une « vente à
crédit ».

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Le bai’muajjal peut être défini comme un contrat entre un acheteur et un vendeur


en vertu duquel le vendeur vend des biens licites selon la Charia à un prix convenu
qui sera payé par l’acheteur à une date future fixe ou dans un délai fixé.

Le bai’muajjal présente certaines caractéristiques importantes qui nécessitent d’être


listées :

La banque doit être en possession du bien objet de la vente. A cet effet, il est
suffisant que le fournisseur du bien l’ait acheté, qu’il soit réservé au nom de
la banque et qu’il soit remis à toute personne habilitée par la banque ;
La banque doit livrer les biens objet du bai’muajjal à la date et au lieu de
livraison convenus dans le contrat ;
La banque peut convenir avec l’acheteur d’un prix de vente. Ce prix de vente
peut être supérieur au prix d’achat du bien et ainsi inclure une marge
bénéficiaire. Cependant, une fois le prix convenu il ne peut être augmenté.
Tant que la banque n’a pas encore livré les biens, les risques inhérents à la
propriété des biens sont supportés par la banque.

2.7 LE QARD HASSAN

Le qard hassan (ou prêt gracieux) est un prêt sans intérêt accordé comme un acte
de charité ou pour satisfaire des besoins de financements à court terme.
L’emprunteur est tenu de rembourser le montant principal du prêt seulement.

La plupart des banques islamiques offrent des prêts sans intérêts à leurs clients qui
sont dans le besoin.

Du point de vue Charia, le qard hassan doit être accordé à l’emprunteur


gratuitement. Par conséquent, il est du devoir moral du prêteur d’aider ses frères
dans le besoin et de ne pas profiter du besoin de son frère.

Si le débiteur est en difficulté, le prêteur peut prolonger la période de


remboursement ou même renoncer volontairement au remboursement d’une
partie de la totalité du montant du prêt.

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Le débiteur peut choisir volontairement de payer un montant supplémentaire au


prêteur par rapport au montant initial du prêt à titre de reconnaissance.

Cette situation n’est pas considérée comme une violation du principe de


l’interdiction du riba car il ne s’agit pas réellement d’une compensation de la valeur
temporelle de l’argent.

2.8 LES SUKUKS

Les sukuks sont des produits financiers ayant une échéance fixée d’avance et
adossés à un actif sous-jacent permettant de rémunérer le placement.

Les sukuks constituent une alternative à l’obligation classique qui est illicite en Islam.
Mais à la différence des obligations conventionnelles, le rendement n’est pas un taux
d’intérêt fixe et l’actif sous-jacent doit être obligatoirement licite du point de vue
Charia.

Le détenteur des sukuks reçoit une part du profit attaché au rendement de l’actif
sous-jacent.

Les caractéristiques des sukuks peuvent être résumées comme suit :

Les porteurs des sukuks ne prêtent pas d’argent mais financent plutôt une
entreprise ;
Les porteurs de sukuks ont un droit de jouissance sur les actifs de référence
et reçoivent une rémunération sous forme de flux de bénéfices qui seront
générés par les actifs ;
On ne peut pas réellement parler de prêt et de remboursement du principal
en matière de sukuks mais plutôt :
 De la cession d’actifs aux porteurs de sukuks à l’émission ;
 Du rachat de l’actif par l’émetteur aux porteurs des sukuks à l’échéance
en effectuant un versement à leur profit.

L’obligation de rachat est matérialisée par un acte d’engagement d’achat et le prix


de rachat est déterminé pour correspondre au montant nominal des sukuks à
l’émission.

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CHAPITRE 3 : TYPOLOGIE ET PARTICULARITES DES DEPOTS


BANCAIRES ISLAMIQUES

I. PRESENTATION DES DEPOTS BANCAIRES DANS LES BANQUES


ISLAMIQUES :

Les dépôts dans les banques islamiques peuvent être de deux natures :

Les comptes de dépôt non participatifs qui correspondent aux dépôts à vue
et aux comptes d’épargne ;
Les comptes de dépôt participatifs qui sont régis par le principe de partage
des profits et des pertes ;

1. LES COMPTES DE DEPOTS NON PARTICIPATIFS :

Cette catégorie de compte regroupe les dépôts à vue et les comptes d’épargne.

Les dépôts à vue sont des dépôts qui opèrent sous le principe de Wadi’a à la
demande. Ces déposants ne désirent pas investir leurs fonds et la banque
s’engage à restituer le montant intégral du dépôt à la demande du déposant.
Ils sont même assimilés à des « prêts » à la banque.
Les comptes d’épargne peuvent être de deux natures :
 Les comptes d’épargne sans autorisation d’investissement qui suivent
les mêmes règles de fonctionnement que les dépôts à vue ;
 Les comptes d’épargne avec autorisation d’investissement qui suivent
les mêmes règles de fonctionnement que les comptes d’investissement
participatifs.

2. LES COMPTES DE DEPOTS PARTICIPATIFS :

Ces comptes sont spécifiques aux banques islamiques et sont régis par le principe
des 3P (partage des profits et des pertes). Ces comptes fonctionnent sous le
mécanisme de la moudharaba.

Les titulaires de ses comptes sont effectivement des apporteurs de fonds et la


banque sera le gestionnaire des fonds.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

La rémunération des fonds déposés dans les comptes de dépôts participatifs


correspond au rendement généré par les projets financés par ses fonds.

Les comptes d’investissement participatifs se répartissent en deux sous-catégories :

Les comptes d’investissement restreints où le Rabb ul mal (déposant) autorise


le moudharib (la banque) à investir dans un projet spécifique ou pour une
durée déterminée. Par ailleurs, le Rabb ul mal supporte les pertes à hauteur
de sa proportion dans le capital investi sauf dans le cas où la perte résulte de
la négligence ou la mauvaise gestion du moudharib.
Les comptes d’investissement non restreints où le Rabb ul mal n’impose
aucune restriction au moudharib concernant les projets à financer.

II. PARTICULARITES DES DEPOTS BANCAIRES ISLAMIQUES :

1. L’INTERDICTION DE PERCEVOIR DES INTERETS :

La Charia interdit aux banques islamiques de percevoir des intérêts au titre des fonds
qu’elles mettent à la disposition de leurs clientèles.

Dans cette même logique, elles ne peuvent rémunérer les dépôts clients sur la base
d’un taux de rémunération fixe.

La rémunération doit correspondre à une affectation d’une partie des profits


générés par les projets financés selon un taux de répartition préétabli.

2. LE PARTAGE DU RISQUE :

Le partage du risque est une caractéristique fondamentale qui distingue le système


financier islamique par rapport au système financier conventionnel.

Seuls les comptes d’investissement sont régis par le principe des 3P. La banque et le
déposant sont dans une logique participative : ces deux contractants se partagent
les profits selon un ratio préétabli. En cas de pertes, Celles-ci sont supportées par les
déposants chacun à concurrence du capital investi.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

La répartition des profits et des pertes varie selon le résultat généré contrairement à
la finance conventionnelle où l’entrepreneur supporte à lui seul les pertes générées
par le projet.

3. L’IMPORTANCE DE LA PRODUCTIVITE PAR RAPPORT A LA SOLVABILITE :

La finance islamique est en premier lieu une finance éthique puisant ses fondements
dans les préceptes coraniques et la jurisprudence islamique qu’est la Charia.

Le financement de l’économie a des dimensions beaucoup plus importantes et


vastes que la simple intermédiation entre des agents économiques ayant un
excédent de trésorerie et d’autres ayant un besoin en trésorerie.

La finance islamique vise tout d’abord à promouvoir le bien être de l’espèce humaine
qui doit être forte matériellement et moralement.

Elle veille aussi à la préservation des ressources et de l’environnement.

Elle veille également à établir une équité sociale et à contrecarrer l’injustice dans les
échanges commerciaux.

Désormais, l’entrepreneur n’est plus guidé par le seul objectif de maximisation des
profits mais il adopte et s’identifie à un comportement social et moral vis-à-vis des
consommateurs, employés et société civile d’une manière générale.

Enfin, on peut considérer que la finance islamique consacre un modèle de


responsabilité sociale du fait que les entreprises ne sont plus de simples ressources
financières génératrices de profit mais plutôt des intervenants introduisant dans la
conduite de leurs activités des pratiques « exemplaires » qu’elles soient
environnementales, sociales ou de natures autres.

4. LE RISQUE MORAL :

Les dépôts bancaires islamiques ne peuvent être utilisés ou investis dans des projets
dont l’objet est illicite du point de vue de la Charia. Par exemple : l’alcool, la viande
de porc…

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Par conséquent, l’investissement des dépôts dans les banques islamiques est soumis
à des restrictions contrairement aux dépôts dans les banques conventionnelles qui
peuvent être librement investis.

III. RISQUE COMMERCIAL DEPLACE ET MECANISMES DE COUVERTURE :

1. RISQUE COMMERCIAL DEPLACE :

Les réserves spécifiques aux dépôts bancaires islamiques qui sont la réserve de
péréquation des profits et la réserve pour risque d’investissement résultent de
l’exposition des banques islamiques à un risque qui leur est spécifique : le risque
commercial déplacé.

En effet, les banques islamiques évoluent dans un environnement concurrentiel et


cohabitent avec des banques conventionnelles.

Les déposants peuvent donc transiter d’une banque à une autre en cas
d’insatisfaction quelconque. Par conséquent, ils peuvent retirer leurs dépôts et aller
vers des banques concurrentes (islamiques ou conventionnelles) pour un motif
principal qui est la recherche d’une rémunération plus élevée des fonds déposés.

Les banques islamiques font face à une pression commerciale qui peut se traduire
par le retrait des fonds par les déposants.

Les déposants dans les banques islamiques peuvent avoir deux principales
motivations :

Se conformer à la religion ;
Fructifier l’argent déposé.

Lorsque le rendement des projets financés par les comptes d’investissement est bas
et qu’il n’est donc pas compétitif, la banque va essayer de l’augmenter. Alors que
lorsqu’il est élevé, elle va essayer de le diminuer par le prélèvement d’une partie pour
la constitution d’une réserve.

Cette pratique constitue un biais au principe de partage des profits et des pertes qui
gouverne la finance islamique.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le risque commercial déplacé a été défini comme suit par l’IFSB : « Displaced
Commercial Risk refers to the risk arising from assets managed on behalf of
Investment Account Holders which is effectively transferred to the Islamic Financial
Institutions (IFI) own capital because the IFI for goes part or all of its Mudarib’s share
(profit) of on such fund, when it considers this necessary as a result of commercial
pressure in order to increase the return that would otherwise be payable to
Investment Account Holder’s” (IFSB 2005; Norme 76)

En d’autres termes, le risque commercial déplacé est le risque de perte occasionnée


par le retrait massif des fonds des comptes d’investissement suite à un rendement
bas et non compétitif de ses fonds investis par la banque.

L’exposition à ce risque est d’autant plus élevé que la proportion des comptes
d’investissement par rapport au total dépôts de la banque est importante.

En pratique, les banques islamiques sont amenées à lisser les taux de rendement des
comptes d’investissement pour éviter la fuite des fonds vers d’autres banques
concurrentes en recourant à deux types de réserves : la réserve de péréquation des
profits et la réserve pour risque d’investissement.

2. MECANISMES DE COUVERTURE :

La banque a deux pratiques standards de rétention de réserves : la réserve de


péréquation des profits et la réserve pour risque d’investissement.

2.1 LA RESERVE DE PEREQUATION DES PROFITS :

La réserve de péréquation des profits est une affectation d’une partie du résultat
brut de la banque avant l’allocation des profits entre les actionnaires de la banque
et les titulaires des comptes d’investissement.

Cette réserve constitue une technique de lissage du taux de rendement des comptes
d’investissement dans les banques islamiques. Elle permet de maintenir un taux de
rendement comparable et compétitif par rapport à celui affiché par d’autres
banques islamiques ou conventionnelles sur le marché.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le montant de cette réserve appartient aux actionnaires et aux titulaires des


comptes d’investissement.

De cette manière, la banque islamique contourne le risque commercial déplacé.

2.2 LA RESERVE POUR RISQUE D’INVESTISSEMENT :

La réserve pour risque d’investissement est une affectation d’une partie du revenu
des contrats de moudharaba.

Cette réserve est prélevée sur les profits revenant aux titulaires des comptes
d’investissement.

Bien qu’il s’agisse également d’une technique de lissage des taux de rendement des
comptes d’investissement, cette réserve présente certaines différences par rapport à
la réserve de péréquation des profits.

Tout d’abord, le montant de cette réserve appartient aux titulaires des comptes
d’investissement et a pour vocation la résorption des pertes sur le capital investi par
les déposants.

La rétention des réserves PER et IRR (d'après l'AAOIFI)

Comptes
Sources des fonds Capital des actionnaires d'investissement
participatifs

Actif
Allocation des fonds
Répartition au prorata de la contribution au capital
PER

Répartition selon un ratio prédéfini

Revenu de la Moudharaba
Profit des actionnaires

IRR Profit des déposants

Titulaires des comptes


Banque Islamique
d'investissement

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le tableau suivant met en exergue les principales différences entre les deux types de
réserves PER et IRR :

Elément de comparaison Réserve PER Réserve IRR

Profit des opérations de Profit de la moudharaba


moudharaba revenant aux titulaires
Prélèvement
des comptes
d’investissement

Résultat brut avant Après détermination et


allocation des profits affectation de la part du
Etape d’affectation entre le moudharib et les moudharib dans le profit
titulaires de comptes de la moudharaba
d’investissement

Lissage des profits réalisés Couverture des pertes


Vocation
futures du capital investi

Le moudharib et les Les titulaires des comptes


Bénéficiaires ultimes titulaires des comptes d’investissement
d’investissement

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CHAPITRE 4 : DEPOTS BANCAIRES CONVENTIONNELS : TYPOLOGIES


ET PARTICULARITES

I. TYPOLOGIES DES DEPOTS CONVENTIONNELS :

1. LES DEPOTS A VUE :

Le dépôt à vue est un dépôt de fonds par un agent économique sur un compte
bancaire. Ce dépôt est restituable à vue à la demande du déposant.

Le dépôt à vue peut être rémunéré par la banque selon un taux convenu avec le
déposant.

Cependant, l’article 1 de la circulaire 91-22 portant réglementation des conditions


de banque stipule ce qui suit : « le taux d’intérêt applicable aux comptes à vue en
dinars et à tout dépôt ou placement en dinars d’une durée inférieure à 3 mois ne
doit pas excéder deux points de pourcentage ».

En pratique, certaines banques peuvent offrir des taux de rémunération nettement


supérieurs pour attirer les grands déposants.

2. LES COMPTES D’EPARGNE :

Un compte d’épargne est un dépôt de fonds par un agent économique sur un


compte bancaire. Il est également appelé compte sur livret.

Il permet de fructifier l’épargne tout en la sécurisant.

Ce compte ne peut être débité qu’à concurrence de la provision existante dans le


compte. Par conséquent, les comptes d’épargne ne peuvent être débiteurs.

Les comptes d’épargne sont rémunérés à un taux d’intérêt annuel le TRE (Taux de
Rémunération de l’Epargne) qui est fixé par la Banque centrale de Tunisie à 3,5%
l’an.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Il existe plusieurs natures de comptes d’épargne :

Les comptes spéciaux d’épargne : le compte spécial d’épargne est un compte


nominatif au titre duquel des intérêts sont servis.
Ce compte donne lieu à la délivrance d’un livret ou d’une carte électronique
de retrait. Il n’est pas délivré un carnet de chèque.
Ce compte est productif d’intérêts au taux de rémunération de l’épargne
(TRE). Il ne peut être débité qu’à concurrence de la provision existante.
Les comptes épargne investissement : mêmes règles de fonctionnement que
pour les comptes épargne pour la promotion des projets.
Les comptes épargne emprunts obligataires : les sommes déposées dans ces
comptes d’épargne servent uniquement à l’acquisition d’obligations. Selon
l’article 3 de la circulaire 92-07 du 21/04/1992 relative aux « comptes
d’épargne-emprunts obligataires », les montants déposés dans le compte ou
lui revenant au titre des intérêts , des amortissements ou des produits des
ventes sont destinés exclusivement à l’acquisition pour le compte du
déposant des obligations ayant fait l’objet d’un appel public à l’épargne et ce
dans un délai ne dépassant pas 15 jours à compter de la date d’inscription
des montants audit comptes.
Les comptes épargne logement
Les comptes épargne pour la promotion des projets : les règles d’ouverture
et de fonctionnement de ses comptes d’épargne sont fixées par la loi 82-91
du 31/12/1982 portant loi de finance pour la gestion 1983 et de l’arrêté du
ministre des finances du 2/04/1984. Ce compte est productif d’intérêts au
taux de rémunération de l’épargne (TRE).

3. LES DEPOTS A TERME :

Un dépôt à terme est un dépôt de fonds par un agent économique sur un compte
bancaire bloqué pour une durée déterminée et sans possibilité de rachat anticipé.

Selon l’article 14 de la circulaire 91-22 : « Les banques sont habilitées à ouvrir des
comptes à terme, à émettre des bons de caisse nominatifs ainsi que tout autre
produit financier. Il est interdit aux banques de procéder au remboursement anticipé

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

des dépôts à terme et des bons de caisse ou d’accepter tout arrangement


contractuel d’effet équivalent. »

Les dépôts à terme peuvent être de deux natures : les comptes à terme et les bons
de caisse. Ils présentent les caractéristiques suivantes :

La durée des dépôts à terme doit être supérieure à 3 mois et inférieure à 5


ans ;
Le dépôt à terme peut faire l’objet d’une avance à la demande du client ;
Le dépôt à terme ne peut faire l’objet d’un remboursement anticipé ;
Les comptes à terme ne peuvent être que des produits financiers
postcomptés et les intérêts sont versés annuellement et à l’échéance du
placement ;
Les bons de caisse peuvent être des produits financiers précomptés (les
intérêts sont perçus d’avance à la date de souscription) ou postcomptés (les
intérêts sont versés annuellement et à l’échéance du placement).

II. PARTICULARITES DES COMPTES DE DEPOTS CONVENTIONNELS :

Les comptes de dépôt dans les banques conventionnelles présentent les


caractéristiques suivantes :

La restitution des dépôts est garantie par la banque ;


La rémunération des dépôts est convenue avec les déposants et servie par la
banque nonobstant la performance financière de celle-ci.

1. GARANTIE DES DEPOTS :

La garantie de restitution des dépôts dans le système bancaire conventionnel a été


consacrée par l’article 3 de la loi 2001-65 du 10 Juillet 2001 relative aux
établissements de crédit qui stipule ce qui suit : « Sont considérés comme dépôts
reçus du public au sens de la présente loi, les fonds que toute personne recueille
d’un tiers à titre de dépôt ou autrement avec le droit d’en disposer pour les besoins
de l’exercice de son activité professionnelle, mais à charge pour elle de les restituer
à leurs titulaires …».

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

En effet, dans le système bancaire conventionnel, la relation entre la banque et le


déposant est plutôt une relation de débiteur-créancier.

La banque est donc tenue de restituer l’intégralité du dépôt à la simple demande du


déposant.

2. REMUNERATION DES DEPOTS :

Les banques conventionnelles assurent une rémunération fixe sous la forme d’un
taux d’intérêt pour les déposants des différentes natures de dépôts.

Ce taux d’intérêt varie selon la nature du dépôt comme suit :

S’il s’agit d’un dépôt à vue ou de tout placement en dinars d’une durée
inférieure à 3 mois, la rémunération ne doit pas excéder 2% ;
S’il s’agit d’un compte d’épargne, il doit être rémunéré au TRE ;
S’il s’agit d’un dépôt à terme, le taux de rendement est librement fixé et résulte
d’un commun accord entre la banque et le déposant.

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CHAPITRE 5 : COMPARAISON ENTRE LES DEPOTS BANCAIRES


ISLAMIQUES ET LES DEPOTS BANCAIRES CONVENTIONNELS

Afin de mieux maîtriser les spécificités des banques islamiques et de mettre en


exergue les défis auxquels elles font face. Une comparaison entre les ressources des
banques islamiques avec leurs homologues conventionnelles sera exposée dans ce
chapitre.

Le tableau suivant dresse une correspondance des dépôts conventionnels et des


dépôts bancaires islamiques :

Banque conventionnelle Banque islamique

Compte courant Wadiah (ou Amana)

Compte d’épargne Wadiah/ Moudharaba

I. COMPARAISON ENTRE COMPTE COURANT ET AMANA :

Cette comparaison a pour objectif de souligner les similitudes et les divergences


entre les ressources conventionnelles et les ressources islamiques.

Elément de comparaison Compte courant Wadiah ou Amana

Le compte courant est un Une somme d’argent


compte de fonds à déposée auprès de la
disposition qui peuvent banque qui devient
être retirés à tout entièrement responsable
Définition moment par le déposant de leur sauvegarde et
et qui peut être utilisé leur conservation.
pour les encaissements,
les paiements et les
virements inter comptes.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Elément de comparaison Compte courant Wadiah ou Amana

Le compte admet la Ce compte n’admet pas la


faculté de découvert faculté de découvert et
Faculté de découvert suite à l’obtention d’une ne peut par conséquent
autorisation de facilité de accuser un solde
caisse. débiteur.

La restitution des fonds La restitution est garantie


est garantie par la par la banque.
Garantie de restitution
banque (obligation
par la banque
consacrée par les articles
3 et 41 de la loi 2001-65).

Nature de la relation Débiteur - Créancier Entrepreneur -


Banque/Déposant Investisseur

Aucune contrainte ou Contrainte de conformité


conformité spécifique qui à la Charia.
Contrainte de conformité
limite la libre utilisation
des fonds.

Convention de gestion Le contrat de dépôt


de dépôt prévu par la comporte les spécificités
circulaire 2006-11 du 18 listées comme suit :
Octobre 2006.
Le compte de dépôt
ne peut être
Contrat de dépôt débiteur;
Le déposant ne peut
prétendre à aucune
part dans le profit en
sus des conditions
standards.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Elément de comparaison Compte courant Wadiah ou Amana

Ce compte est soit non En raison du principe


rémunéré soit faiblement fondamental de
rémunéré par des l’interdiction du Riba, ce
intérêts. compte ne peut être
rémunéré par des
intérêts.
Rémunération du
déposant Par ailleurs, la banque
peut de sa propre
initiative accorder une
rémunération au titulaire
du dépôt. Cette
rémunération n’est pas
contractuelle.

Les comptes d’épargne sans autorisation d’investissement fonctionnent d’une


manière identique que les comptes courants.

En conclusion, les comptes courants dans les banques conventionnelles et celles


islamiques présentent certaines similitudes qui les rapprochent. Mais il existe
également des aspects qui constituent des divergences majeures.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

II. COMPARAISON ENTRE COMPTE D’EPARGNE ET MOUDHARABA :

Elément de comparaison Compte d’épargne Moudharaba

Le compte d’épargne est Le contrat de


un dépôt de fonds auprès moudharaba est un
d’une banque qui ne partenariat mettant en
peut pas être utilisé pour relation un partenaire qui
effectuer directement des fournit des fonds à un
paiements. autre partenaire dans une
entreprise commerciale.

Le premier partenaire est


le Rabb ul mal. La gestion
et le management sont la
responsabilité exclusive
Définition
du moudharib.

Le moudharib ne garantit
pas la restitution du
capital investi en cas de
perte sauf s’il est
démontré que cette perte
résulte de sa négligence
et/ou de sa mauvaise
gestion.

Le compte d’épargne ne En cas de perte, le Rabb ul


peut être débité qu’à mal supporte la perte à
concurrence de la concurrence de son
Faculté de découvert provision existante en se capital investi. Le compte
référant à la d’investissement ne peut
réglementation bancaire en aucun cas être
en vigueur. débiteur.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Elément de comparaison Compte d’épargne Moudharaba

La restitution des fonds Le capital investi n’est pas


est garantie par la garanti par le moudharib.
banque en se référant
En cas de perte du capital
aux articles 3 et 41 de la
Garantie de restitution investi, le moudharib n’est
loi 2001-65.
par la banque tenu de le restituer qu’en
cas de négligence ou de
mauvaise gestion de sa
part.

Nature de la relation Débiteur - Créancier Entrepreneur -


Banque / Déposant Investisseur

Les fonds peuvent être Les fonds doivent être


librement investis. investis dans une activité
licite du point de vue de la
Charia.

Pour les comptes


d’investissement
Contrainte de conformité restreints, la banque ne
peut pas en disposer et les
investir librement.

Elle doit les investir dans


un projet bien déterminé,
pour une durée
déterminée...

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Elément de Compte d’épargne Moudharaba


comparaison
Les règles de Il n’existe pas de contrats
fonctionnement et de standards.
gestion des comptes
d’épargne sont définies
par la réglementation
bancaire :

La circulaire 86-42 du
1/12/1986 pour les
comptes spéciaux
d’épargne ;
L’article 31 de la loi 82-
Contrat de dépôt
91 du 13/12/1982 et
l’arrêté du Ministre des
Finances du
2/04/1984 pour les
comptes d’épargne
pour la promotion des
projets ;
La circulaire 92-07 du
21/04/1992 pour les
comptes d’épargne
emprunts obligataires.

Le déposant est rémunéré Le déposant est


par des intérêts rémunéré par une partie
trimestriellement du profit généré par les
Rémunération du déterminés au taux TRE. projets financés suivant la
déposant clé de répartition
prédéterminée et
convenue avec la
banque.

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III. RISQUES SPECIFIQUES AUX DEPOTS ISLAMIQUES

Les banques islamiques sont exposées aux mêmes risques encourus par les banques
conventionnelles à savoir le risque de crédit, le risque de marché, le risque
opérationnel, le risque de liquidité, …

Néanmoins, la détention des comptes d’investissement et le principe de partage des


profits et des pertes régissant leur fonctionnement génèrent de nouveaux risques
spécifiques auxquels les banques islamiques font face.

Le mécanisme de partage des profits et des pertes génère le risque commercial


déplacé et le risque fiduciaire.

L’exigence de conformité des banques islamiques à la Charia génère également un


nouveau risque relatif à la non-conformité à la Charia.

Nous allons essayer dans cette section de présenter les risques spécifiques auxquels
les banques islamiques sont exposées.

1. RISQUE DE CREDIT :

Le risque de crédit est défini par la circulaire aux établissements de crédit n° 2006-19
relative au contrôle interne comme suit : « Le risque de crédit s’entend du risque
encouru en cas de défaillance d’une contrepartie ou de contreparties considérées
comme un même bénéficiaire au sens de la réglementation en vigueur. »

Dans une opération de moudharaba, le risque de crédit se matérialise par le défaut


de paiement de la part de la banque par l’entrepreneur financé par celle-ci.

Ce risque est d’autant plus amplifié par l’asymétrie d’information qui frappe la
banque qui ignore les profits et la performance réellement réalisés par le projet
financé. D’autant plus que la banque en sa qualité de Rabb ul mal n’est pas en
position de s’assurer que le moudharib gère convenablement le projet financé.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

2. LE RISQUE DE MARCHE :

Le risque de marché est défini par la circulaire 2006-19 comme suit : « On entend
par risque de marché, les risques de pertes qui peuvent résulter :

Des fluctuations des prix sur les titres de transaction et de placements tels que
définis par les normes comptables et sur tout autre instrument financier prévu
par la réglementation en vigueur ;

Ou des positions susceptibles d’engendrer un risque de change, notamment


les opérations de change au comptant ou à terme. »

A priori, il peut nous sembler que les banques islamiques ne sont pas exposées à ce
risque du fait qu’elles n’utilisent pas les taux d’intérêt et ne traitent pas avec l’intérêt.

Cela peut nous amener à s’interroger si les fluctuations des taux d’intérêt ont
réellement un impact sur les banques islamiques ?

En réalité, pour assurer un rendement comparable et compétitif par rapport à celui


offert par les banques conventionnelles à leurs déposants, les rendements des
comptes d’investissement sont ajustés par rapport aux taux de rendements
conventionnels et donc par rapport aux taux d’intérêt.

Donc, toute évolution à la hausse du taux du marché monétaire (TMM) et des taux
de rendements conventionnels qui constituent des taux de référence a des
conséquences pour les banques islamiques.

3. LE RISQUE DE LIQUIDITE :

Le risque de liquidité est défini par la circulaire 2006-19 comme suit : « Le risque de
liquidité s’entend comme le risque pour l’établissement de crédit et la banque non
résidente de ne pas pouvoir s’acquitter, dans des conditions normales, de leurs
engagements à leur échéance. »

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Alors que les banques conventionnelles trouvent plus d’aisance à gérer ce risque,
les banques islamiques sont plus exposées à ce risque pour les raisons suivantes :

L’absence d’un marché interbancaire islamique qui leur permet de se


refinancer rapidement à un coût raisonnable ;

L’impossibilité de recourir à des instruments financiers dérivés puisque les


produits actuels ne sont pas conformes à la Charia ;

L’absence d’un prêteur de dernier ressort pour les banques islamiques.

La prise en compte de tous ses facteurs amplifie l’exposition des banques islamiques
au risque d’illiquidité.

De même, en cas de surliquidité, les banques islamiques trouvent de la difficulté à


placer ce surplus de liquidité dans des produits conformes à la Charia.

4. LE RISQUE OPERATIONNEL :

Le risque opérationnel est défini par la circulaire 2006-19 comme suit : « Le risque
opérationnel se définit comme étant le risque de pertes résultant de créances ou de
défaillance attribuables à la conception de l’organisation et à la mise en œuvre des
procédures, aux erreurs humaines ou techniques ainsi qu’aux événements
extérieurs. La définition inclut entre autres le risque juridique mais exclut les risques
stratégiques et de réputation. »

L’exposition à ce risque est d’autant plus forte et importante en raison de ce qui suit :

Les logiciels informatiques ne sont pas systématiquement adaptés aux


spécificités des produits islamiques puisqu’ils sont conçus à la base pour la
finance conventionnelle ;
Le manque de spécialistes en matière de Charia ;
L’hétérogénéité des interprétations des versets coraniques qui rend plus
difficile la mise en œuvre des produits islamiques ;

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

L’absence d’un cadre de supervision et de contrôle qui tient compte des


spécificités des banques islamiques du point de vue prudentiel. De plus, le
cadre actuel ne prévoit aucun mécanisme de contrôle relatif à la conformité
de la Charia ;
L’absence d’un marché monétaire interbancaire qui permet aux banques
islamiques de se refinancer en cas de besoin de liquidité et de placer le
surplus de liquidité ;
L’absence de produits dérivés conformes à la Charia pour la couverture
contre les risques encourus ;
Spécificités des modes de financement participatifs tels que la moudharaba
puisque la banque islamique en tant que Rabb ul mal ne peut s’immiscer
dans la gestion du projet pour indiquer les actes de gestion appropriés pour
une gestion performante du projet financé et assurer les rendements
escomptés. Ce même problème se pose pour les déposants titulaires de
comptes d’investissement lorsque la banque islamique endosse le rôle de
moudharib ;

5. LE RISQUE DE NON CONFORMITE A LA CHARIA :

Ce risque peut être défini comme le risque que les opérations de la banque islamique
transgressent les préceptes de la Charia (par exemple : investissement dans des
activités illicites, gharar, perception d’intérêts…).

Par ailleurs, les contrats des différents produits islamiques ne sont pas standardisés
et sont conçus dans chaque pays selon son appréhension de la Charia.

Sans prétendre être exhaustif, un contrat de moudharaba n’est pas conforme à la


Charia dans les cas suivants :

Prise de participation dans une société exerçant une activité illicite ;


Insertion d’une clause dans le contrat garantissant le capital investi par les
titulaires des comptes d’investissement ;
Les conditions de partage des profits et des pertes ne sont pas définies au
niveau du contrat.

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6. LE RISQUE COMMERCIAL DEPLACE :

Le risque commercial déplacé résulte du fait que la banque islamique fournisse un


rendement à ses déposants inférieur à celui offert par d’autres banques c’est-à-dire
que le rendement n’est pas comparable et compétitif par rapport à celui d’autres
banques islamiques ou conventionnelles.

Par conséquent, les déposants insatisfaits de ce rendement peuvent retirer leurs


dépôts exposant ainsi la banque à un risque d’illiquidité important.

Pour éviter un mouvement de retrait des fonds par les déposants en tant que
réaction à l’insuffisance de rendement, les banques se trouvent obligées de
constituer la réserve PER pour pouvoir ajuster les taux de rendements réels. Cette
réserve est en réalité un mécanisme de lissage des rendements.

7. LE RISQUE FIDUCIAIRE :

Le risque fiduciaire est le risque que les déposants tiennent la banque pour
responsable du faible taux de rémunération des dépôts.

Ce risque peut être également causé par une violation de la banque des préceptes
de la Charia lors de l’exécution du contrat.

En résumé, ce risque se manifeste par la perte de confiance des déposants dans la


banque et le retrait massif de leurs dépôts.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

CHAPITRE 1 : DIFFICULTES JURIDIQUES, FISCALES ET COMPTABLES


RELATIVES AUX COMPTES D’INVESTISSEMENT DANS LES BANQUES
ISLAMIQUES

I. DIFFICULTES JURIDIQUES RELATIVES AUX COMPTES


D’INVESTISSEMENT DANS LES BANQUES ISLAMIQUES :

1. LES CONTRAINTES POSEES PAR LA LOI 2001-65 RELATIVE AUX


ETABLISSEMENTS DE CREDITS :

Les banques islamiques évoluent en Tunisie dans un cadre juridique initialement


conçu pour les banques conventionnelles.

Ce cadre juridique réserve une place étroite à l’activité des banques islamiques et ne
tient pas compte de leurs spécificités et de l’exigence de la conformité à la Charia.

Ce même cadre juridique et plus particulièrement l’article 3 de la loi 2001-65


consacre le principe de la protection des déposants en mettant à la charge des
banques l’obligation de restitution de leurs fonds qu’elles reçoivent du public.

Il s’agit de la première entorse faite par la loi relative aux établissements de crédit
aux banques islamiques. En effet, l’article 3 de la loi 2001-65 ne prend pas en compte
la particularité des comptes d’investissement qui sont gouvernés par le mécanisme
de la moudharaba qui se base sur le principe du partage des profits et des pertes.
Par conséquent, la banque n’a pas l’obligation de restituer les dépôts qu’elle reçoit
au titre des comptes d’investissement.

D’autre part, le même article de la loi 2001-65 stipule que : « … les fonds que toute
personne recueille d’un tiers à titre de dépôt ou autrement avec le droit d’en
disposer pour les besoins de l’exercice de son activité professionnelle… »

Or, il existe un type de compte d’investissement dans les banques islamiques dont
celles-ci ne peuvent pas en disposer librement pour leur propre compte : il s’agit des
comptes d’investissement restreints où les titulaires des comptes imposent des
restrictions concernant la nature et le domaine de l’investissement de ses fonds.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Cette situation constitue une exception à la « règle » énoncée par cet article qui
donne le droit à la banque de disposer des fonds pour son propre compte.

Une autre insuffisance ressort de la lecture de ce même article : en effet, il n’y a


aucune mention de l’exigence de la conformité de l’activité de la banque à la Charia
qui est une spécificité des banques islamiques. Par conséquent, se pose la
problématique de l’origine des fonds constituant les dépôts des banques islamiques.

Dans le même contexte, les infractions à la Charia ne constituent pas des motifs de
sanctions prévus par la loi 2001-65.

Par ailleurs, une autre problématique peut être évoquée comme suit : La banque
islamique gère les dépôts participatifs régis par le principe des 3P et les autres dépôts
à savoir les comptes courants et les comptes d’épargne qui ne sont pas rémunérés.
Celle-ci peut être tentée d’investir les dépôts non participatifs au titre desquels
l’intégralité des profits revient à la banque dans les projets les plus rentables et
d’investir les dépôts participatifs dans des projets moins rentables sachant que la
perte du capital investi est totalement supportée par les titulaires des comptes
d’investissement.

L’aléa moral qui se manifeste fortement dans les banques islamiques ne trouve pas
dans les textes de la loi 2001-65 des mécanismes de supervision et de contrôle
permettant son atténuation et par conséquent contribuant à la protection et à la
sauvegarde des intérêts des déposants.

2. NATURE ET SPECIFICITES DE LA RELATION CONTRACTUELLE ENTRE LE


DEPOSANT ET LA BANQUE ISLAMIQUE :

Le contrat de moudharaba est un partenariat mettant en relation un partenaire qui


fournit des fonds à un autre partenaire pour investir dans une entreprise
commerciale.

Pour la validité du contrat de moudharaba, les partenaires doivent convenir dès le


début du ratio de répartition des profits qui sera la résultante de leur consentement
mutuel.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le contrat de moudharaba est donc un contrat bâti sur une relation de proximité et
de confiance entre la banque et le déposant.

Ce mode de financement repose sur la volonté des parties de mettre en commun


leurs apports et de partager les profits par cette mise en commun : il s’agit de
l’affectio societatis.

Ce type de partenariat peut donc être assimilé à la société en commandite prévue


en droit tunisien.

Le code des sociétés commerciales prévoit deux natures de sociétés en


commandite :

La société en commandite simple ;

La société en commandite par actions.

Les articles du code des sociétés commerciales prévoient deux catégories d’associés
dans une société en commandite :

Les associés commanditaires qui sont des bailleurs de fonds qui ne sont tenus
qu’à concurrence de leurs apports ;

Les associés commandités qui sont seuls chargés de la gestion de la société


et qui répondent indéfiniment et solidairement des dettes sociales.

La société en commandite par actions présente certaines caractéristiques par


rapport à la société en commandite simple :

Les apports des commanditaires sont matérialisés par des actions ;

Le nombre des commanditaires ne peut être inférieur à trois.

Or, dans une opération de moudharaba le déposant ou le Rabb ul mal n’a pas la
qualité d’actionnaire du fait qu’il ne jouit pas des droits des actionnaires
essentiellement le droit de vote.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Donc, le contrat de moudharaba s’apparente plutôt à un contrat d’une société en


commandite simple en droit tunisien qu’à un contrat d’une société en commandite
par actions.

En effet, le contrat de moudharaba et le contrat en commandite simple


appartiennent à la catégorie des contrats intuitu personae : le moudharib
responsable de la gestion est dans l’obligation de remplir personnellement son
mandat qui consiste à mener à bien l’entreprise commune.

Néanmoins, il existe certaines différences entre le contrat de moudharaba et de la


société en commandite simple qui se présentent comme suit :

Société en commandite
Elément de comparaison Moudharaba
simple

L’associé commandité fait L’associé commandité


un apport en industrie peut détenir des parts
Aspect n°1
qui consiste en un savoir- dans l’entreprise
faire du gestionnaire. commune.

Bien que les profits soient Les associés


partagés selon un ratio commandités répondent
préétabli, l’intégralité des solidairement et
pertes est assumée par le indéfiniment des dettes
Aspect n°2
Rabb ul mal, le moudarib sociales.
n’ayant pas de capital
dans la société pour
absorber les pertes.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Société en commandite
Elément de comparaison Moudharaba
simple

L’opération de Il s’agit d’une société dont


moudharaba prend fin la vocation est de durer
dès que le Moudarib aura dans le temps.
racheté les parts du Rabb
ul mal.

Deux cas de figure


peuvent se présenter :

1er cas : Le Moudarib


Aspect n°3 rembourse les fonds
investis au Rabb ul mal et
partage les profits réalisés
et prélève sa commission
de gestion.

2ème cas : L’entreprise est


déficitaire, le Rabb ul mal
perd l’intégralité des
fonds investi.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

3. CONTRAINTES POSEES PAR LE CODE DES OBLIGATIONS ET DES CONTRATS :

L’article 1205 du COC stipule que : « Le gérant peut se charger des affaires d’autres
personnes pourvu qu’il les tienne distinctes les unes des autres et s’il n’y a pas
préjudice pour les intérêts du premier bailleur. Il doit en tout cas donner avis à ce
dernier. »

En pratique, les fonds déposés dans un compte d’investissement sont rarement


suffisants pour le financement d’une seule opération de moudharaba. La banque
rassemble ainsi les fonds déposés dans plusieurs comptes pour pouvoir boucler le
financement d’une opération de moudharaba.

Dans ce cas, cet article constitue une limite aux opportunités d’investissement de la
banque.

En effet, le titulaire du compte d’investissement a la qualité de bailleur de fonds et


n’a pas le droit de s’immiscer dans la gestion des projets financés dans le cadre d’une
opération de moudharaba.

Par conséquent, cet article va à l’encontre de l’expansion du recours des banques


islamiques à la moudharaba puisqu’il limite leur capacité à financer les projets en
raison de la gestion distincte dictée par l’article précité.

Un deuxième article va à l’encontre des règles de la moudharaba c’est l’article 1214


du COC qui stipule ce qui suit : « Le gérant est tenu de toutes les obligations du
mandataire quant à la reddition de comptes et la justification de ses dépenses. »

Cet article renvoie principalement aux dispositions de l’article 1136 du COC qui
stipule ce qui suit : « Tout mandataire doit rendre compte au mandant de sa gestion,
lui présenter le compte détaillé de ses dépenses et de ses recouvrements, avec toutes
les justifications que comporte l’usage ou la nature de l’affaire et lui faire raison de
tout ce qu’il a reçu par suite ou à l’occasion du mandat. »

Il faut tout d’abord rappeler que ces dispositions ne peuvent pas s’appliquer dans le
cadre du contrat de moudharaba puisque le titulaire du compte d’investissement a
la qualité d’un bailleur de fonds et n’a pas la qualité d’actionnaire et n’a en aucun

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

cas un droit d’investigation pour demander ou réclamer à la banque le détail des


dépenses et leurs justificatifs.

D’une part, ces articles ne peuvent pas s’appliquer en matière de contrat de


moudharaba.

D’autre part, cette situation est à l’origine d’une asymétrie d’information dans le
contrat de moudharaba du fait que les titulaires de comptes d’investissement ne
prennent pas part à la gestion des fonds qui sont exposés à des risques élevés
comme le risque de marché, le risque de non-conformité à la Charia…

4. QUALIFICATIONS DES CONTRATS DE DEPOTS DANS LE CADRE JURIDIQUE


TUNISIEN :

Les banques évoluent en Tunisie, état de droit positif, dans un cadre juridique
constitué essentiellement par la loi 2001-65 du 10/07/2001 relative aux
établissements de crédits, le code des obligations et des contrats et les circulaires de
la Banque Centrale de Tunisie.

En se référant aux articles 7 et 8 de cette même loi, l’exercice de l’activité bancaire


est soumis à l’autorisation du Ministère des Finances.

Mais, les expressions « banque conventionnelles » et « banque islamique » n’existent


pas en droit tunisien.

Les concepts reconnus en droit tunisien et plus particulièrement par la loi 2001-65
sont ceux « d’établissement de crédit », « établissement financier » et « banque ».

En effet, l’article 2 de la loi 2001-65 du 10/07/2001 relative aux établissements de


crédit traite de la définition d’un établissement de crédit et détaille la nature des
opérations bancaires. Il ne reprend pas le terme de banque islamique ni les principes
éthiques qui sous-tendent la finance islamique.

A. LE CONTRAT DE DEPOT STRICTO SENSUS :

L’article 2 de la loi 2001-65 relative aux établissements de crédit stipule que « Sont
considérés comme dépôts reçus du public au sens de la loi, les fonds que toute

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

personne recueille d’un tiers à titre de dépôt ou autrement avec le droit d’en
disposer pour les besoins de l’exercice de son activité professionnelle mais à charge
pour elle de les restituer à leurs titulaires. »

De la même manière qu’une banque conventionnelle, les banques islamiques


collectent des dépôts auprès des tiers qui prennent la forme de dépôts à vue ou de
dépôts participatifs.

Il convient tout d’abord de rappeler que le principe de la liberté contractuelle est


consacré en droit tunisien à travers l’article 62 du code des obligations et des
contrats qui stipule ce qui suit : « Les choses, les faits et les droits incorporels qui sont
dans le commerce peuvent seuls former objet d’obligations ; sont dans le commerce,
toutes les choses au sujet desquelles la loi ne défend pas expressément de
contracter ».

Par conséquent, les acteurs économiques peuvent contracter tout contrat tant que
celui-ci n’est pas expressément interdit par une loi spécifique.

D’une manière générale, la relation contractuelle liant la banque islamique et le


déposant se traduit soit par un contrat de dépôt soit par un contrat de dépôt
participatif.

Le contrat de dépôt appartient à la catégorie des contrats nommés puisqu’il a été


traité par les articles 995 à 1042 du code des obligations et des contrats qui en
déterminent le régime juridique du point de vue de ses conditions de formation ainsi
que de ses effets.

La difficulté qui se pose pour le contrat de dépôt dans les banques islamiques est
que ce contrat doit non seulement obéir au référentiel du droit positif tunisien mais
aussi au « droit musulman » qui lui impose des contraintes et des exigences qui lui
sont propres et qui peuvent constituer des limites à la liberté contractuelle.

Donc, la difficulté qui se présente pour un contrat de dépôt islamique est la pluralité
des référentiels normatifs auxquels il doit se conformer.

En effet, le droit musulman n’est pas un droit positif. Il ne constitue pas également
une source du droit positif.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Cette situation est à l’origine de plusieurs problématiques qui se présentent comme


suit :

Une norme de droit positif qui est en contradiction ou incompatible avec une
norme de droit musulman ;
Absence d’une norme de droit positif traitant d’un aspect particulier du
contrat et donc comment combler cette lacune alors que l’article 243 du code
des obligations et des contrats renvoie à la loi, l’usage et la nature des choses
pour combler ses lacunes ;

Le contrat de dépôt dans une banque islamique rejoint le contrat de dépôt usité
dans les banques conventionnelles dans l’obligation de restitution des fonds
déposés. En d’autres termes, le déposant ne court pas de risque de perte résultant
d’un quelconque aléa.

Mais, il présente en même temps deux principales divergences qui se présentent


comme suit :

Le dépôt ne peut être rémunéré par des intérêts dans une banque islamique
en vertu du principe de l’interdiction du Riba ;
Le compte de dépôt ne jouit pas de la faculté de découvert. Il ne peut être
débité qu’à concurrence de la provision existante.

Les contrats de dépôts participatifs font face à d’autres problématiques qui vont être
exposées dans les sections suivantes.

B. LE CONTRAT DE DEPOT PARTICIPATIF :

Le contrat de dépôt participatif est un contrat propre aux banques islamiques qui
est plus attractif pour les déposants qui ont droit à une partie des profits réalisés par
la banque au titre des projets financés par ses fonds.

Les dépôts participatifs sont de deux natures :

Le dépôt participatif non restreint ;


Le dépôt participatif restreint ;

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

a. LES DEPOTS PARTICIPATIFS NON RESTREINTS :

Les dépôts participatifs non restreints sont des fonds déposés par leurs titulaires dans
des comptes spécifiques afin qu’ils soient investis dans des projets financés par la
banque pour une période déterminée.

Le contrat de dépôt participatif non restreint peut être logé en droit tunisien dans la
catégorie des contrats de commande qui sont régis par les articles 1195 à 1225 du
code des obligations et des contrats.

L’article 1195 du code des obligations et des contrats définit le contrat de


commande comme suit : « La commande est le contrat par lequel une personne
appelée bailleur de fonds remet un capital déterminé à une autre personne,
dénommée gérant ou agent lequel se charge d’employer ce capital dans le
commerce, en son propre nom, mais pour le compte du bailleur de fonds,
moyennant une quotité déterminée dans les bénéfices. ».

Les articles 1195 à 1225 du code des obligations et des contrats déterminent les
conditions de formation, les effets et l’extinction du contrat de commande.

Les conditions de formation du contrat se présentent comme suit :

« Le contrat de commande ne peut être conclu qu’entre des parties capables


de contracter société. » (article 1197 du code des obligations et des contrats) ;
Le consentement express des parties sur les clauses essentielles du contrat et
la remise du fond ou du capital entre les mains du gérant (articles1198 et
1199 du code des obligations et des contrats) ;
La gestion exclusive des fonds remis revient au gérant (article 1200 du code
des obligations et des contrats) ;
« Le bailleur de fonds ne peut stipuler qu’il prendra part à l’administration à
peine de nullité de contrat » (article 1200 du code des obligations et des
contrats) ;
« Le gérant peut se charger des affaires d’autres personnes, pourvu qu’il les
tienne distinctes les unes des autres et s’il n’y a préjudice pour les intérêts du
premier bailleur » (article 1205 du code des obligations et des contrats) ;

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

« Il n’est pas défendu au gérant de trafiquer pour son compte personnel avec
ses capitaux, mais il doit tenir distincte sa caisse particulière de celle de la
commande, s’il n’y a usage ou convention contraire. » (article 1204 du code
des obligations et des contrats).

L’article précité traite des rapports du gérant avec plusieurs bailleurs de fonds et
stipule que la banque peut gérer plusieurs affaires à condition de les tenir distinctes
les unes des autres.

Cet article pose des contraintes aux banques islamiques qui collectent des fonds
auprès d’une multitude de bailleurs pour ensuite les investir dans des projets.

De plus, les fonds remis par un déposant ne sont pas le plus souvent suffisants pour
financer un projet.

Par conséquent, les articles 1204 et 1205 du code des obligations et des contrats
« handicapent » le mélange des fonds déposés par plusieurs bailleurs de fonds.

Ces articles constituent une limite ou contrainte pour la mise en place et le


développement du contrat de moudharaba.

b. LES DEPOTS PARTICIPATIFS RESTREINTS :

Ce sont des fonds déposés par leurs titulaires afin qu’ils soient investis dans des
projets financés par la banque pour une période déterminée.

Ces dépôts se distinguent par le fait que le titulaire des fonds impose des restrictions
concernant la nature, le type de l’investissement et sa durée.

Par conséquent, ce contrat ne peut être qualifié comme contrat de commande.

En effet, l’article 1218 du code des obligations et des contrats qui énonce les motifs
de nullité du contrat de commande évoque dans son alinéa 6 ce qui suit : « Le
contrat de commande est nul comme tel :… 6) Lorsque la faculté d’action du gérant
est restreinte à certains cas déterminés : par exemple s’il n’est autorisé à traiter
qu’avec certaines personnes ou dans un certain lieu ou pendant un certain temps
de l’année ».

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Donc, le contrat de dépôt participatif restreint est un contrat de commande nul


puisqu’il impose des restrictions.

Dans ce cas, le contrat s’apparente plutôt à un contrat de commission prévu par le


Code de Commerce.

L’article 601 du Code de commerce définit le contrat de commission comme


suit : « Le contrat de commission est le mandat par lequel un commerçant reçoit
pouvoir d’agir en son propre nom pour le compte de son mandant dit commettant. »

Les articles 601 à 608 du Code de commerce déterminent les droits et les obligations
du commissionnaire.

5. PROPOSITION DE SOLUTIONS ET D’ALTERNATIVES :

A. CREATION DE STRUCTURES POUR LA SECURISATION DES COMPTES


D’INVESTISSEMENT :

La protection des déposants n’est pas assurée dans les banques islamiques pour les
titulaires des comptes d’investissement.

En effet, et en application du principe des 3P le titulaire du compte d’investissement


partage les profits et supporte à lui seul la perte du capital qu’il a investi.

Pour essayer de trouver une solution pour « garantir » la restitution des fonds des
comptes d’investissements, l’on peut penser en premier lieu à la souscription d’une
police d’assurance auprès d’une société de Takaful.

La banque islamique y aura recours en cas de perte partielle ou totale des fonds
investis revenant aux titulaires de comptes d’investissement.

Mais n’est-ce pas là une remise en cause totale et une entorse au principe de partage
des profits et des pertes qui régit le fonctionnement des comptes d’investissement ?

Cette solution va à l’encontre du principe de partage des profits et des pertes.

Cette position est d’autant plus confortée par la norme charaique n°13 qui stipule
ce qui suit concernant les garanties en matière de contrat de moudharaba : « The

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

capital provider is permitted to obtain guarantees from the Mudarib that are
adequate and forceable. This is circumscribed with a condition that the capital
provider will not enforce these guarantees except in case of misconduct, neglience
or breach of contract on the part of Mudarib. »

En d’autres termes, même en cas d’obtention d’une garantie conséquente du


moudharib, le Rabb ul mal ne peut la mettre en jeu pour recouvrir son capital investi
que s’il démontre le lien de causalité entre la perte de son capital et la négligence
et/ou la mauvaise gestion du moudharib.

Il faut donc penser à renforcer la protection des déposants plutôt que de chercher
à garantir les fonds.

Par conséquent, il est primordial de veiller à instaurer des mécanismes qui réduisent
l’asymétrie d’information qui les affectent.

Pour essayer de réduire la disparité en matière de droit d’investigation ainsi qu’en


matière d’exposition aux risques entre la catégorie des déposants et les actionnaires,
peut-on penser à l’introduction d’un troisième partenaire : les fonds communs de
placements « islamiques ». Ces fonds doivent systématiquement être conformes à la
Charia.

Donc au lieu de chercher à garantir les fonds investis peut-être faut-il chercher une
solution qui puisse ramener les actionnaires de la banque et les titulaires de comptes
d’investissement sur un même pied d’égalité en termes de droit d’information et
d’investigation concernant l’utilisation des fonds et par conséquent en termes
d’exposition aux risques.

La création de fonds communs de placements conformes à la Charia pourrait


renforcer la protection des déposants sans pour autant garantir la restitution des
fonds.

Ainsi, un fonds commun de placement est créé pour chaque opération de


moudharaba où les actionnaires et les déposants seront des détenteurs de parts
dans le fonds communs de placements qui se charge de réaliser l’investissement en
question.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Ceci générera une modification dans le contrat de moudharaba classique en


introduisant un nouveau partenaire « islamique » qui rejoindra les intérêts et les
préférences en termes de risque des actionnaires de la banque et de ses déposants.

Il faudra tout de même s’inspirer des textes actuels du code des OPCVM traitant des
fonds communs de placement en valeurs mobilières pour les rendre conformes aux
exigences de la Charia et aux principes sous-tendant la finance islamique.

B. LE MECANISME DU « LAST LEND RESORT » :

La Banque Centrale a un rôle essentiel pour assurer le fonctionnement efficace et le


développement du marché monétaire. Elle endosse aussi un rôle primordial celui de
prêteur en dernier ressort.

En finance islamique, ce sujet semble être sans intérêt au regard du principe


fondamental de partage des profits et des pertes.

Néanmoins, les crises financières connues par l’économie mondiale ont démontré
la nécessité de préserver la stabilité financière des banques islamiques et d’assurer
la protection de leurs déposants au même titre que les banques conventionnelles.

Par conséquent, la Banque Centrale doit « fournir » un support aux banques


islamiques similaires à celui fourni aux banques conventionnelles mais à la seule
différence que ce support doit être conforme à la Charia.

Au même titre que les banques conventionnelles, les banques islamiques sont
exposées au risque de liquidité et peuvent se trouver en situation d’illiquidité bien
qu’elles soient encore solvables.

Dans cette situation, la Banque Centrale doit intervenir pour jouer son rôle de
prêteur en dernier ressort en fournissant une liquidité temporaire afin de renforcer
la confiance du marché et prévenir toute défaillance du système bancaire.

L’existence même de cette fonction de la Banque Centrale contribuerait à


l’instauration d’un marché stable. Elle permet également de protéger les déposants
contre la perte de leurs fonds déposés en cas de défaillance de la banque ,inspire

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

confiance au grand public et évite une panique en cas de rumeur ou de faillite réelle
de la banque.

Pour ce faire, il faudra instaurer des règles claires et bien définies pour le
fonctionnement du mécanisme du prêteur en dernier ressort tout en veillant au
respect de l’exigence de la conformité à la Charia.

Le premier régime de protection des déposants a été mis en place en 1993 au


Bahreïn. Ce régime peut être instauré sous 3 modèles :

1. Instauration d’une protection des dépôts islamiques dans un système


conventionnel ;
2. Développement d’un système mixte pour la protection des dépôts
conventionnels et des dépôts islamiques d’une manière séparée ;
3. Développement d’un système de protection des dépôts islamiques
dans les pays qui ont décrété l’islamisation de leur système bancaire.

La Tunisie est un pays ayant un système bancaire mixte où cohabitent des banques
conventionnelles et des banques islamiques, donc il faudrait instaurer un système
qui puisse fournir la protection séparée pour les dépôts islamiques tout en étant
conforme à la Charia.

C. CRITIQUES DU PROJET DE LOI RELATIF AU SECTEUR BANCAIRE :

Actuellement, un projet de loi relatif au secteur bancaire est en cours de discussion


et dont l’objet est de compléter et de combler les insuffisances de la loi 2001-65
relative aux établissements de crédit.

Sans prétendre présenter un diagnostic complet et exhaustif des insuffisances de ce


projet de loi eu égard à la mise en place du contrat de moudharaba, son expansion
et le souci de protection des déposants, nous nous proposons d’exposer les
principales insuffisances relevées :

Le projet de loi ne pallie pas à l’insuffisance constatée dans l’article 3 de la loi


2001-65 concernant le fait que pour les comptes d’investissement restreints
la banque islamique ne peut toujours pas disposer de ces fonds librement
pour l’exercice de son activité professionnelle.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le projet de loi se limite à définir d’une manière générale le concept de la


moudharaba et ses principales règles.
Le projet de loi comporte une contradiction entre l’article qui prévoit qu’un
établissement de crédit est tenu de restituer les fonds déposés et d’autre part
l’article qui présente le produit moudharaba et qui stipule que le Rabb ul mal
supporte la perte du capital investi.
Aucun mécanisme de protection des dépôts dans les banques islamiques
n’est prévu. Le fonds de garantie prévu par le projet de loi ne peut assurer
une protection pour les déposants des banques islamiques.
Tout d’abord, ce fonds sera alimenté par des cotisations des banques
conventionnelles et donc il s’agit de fonds ayant pour origine une activité
basée sur l’intérêt qui est totalement interdit en finance islamique. Ensuite,
une banque islamique ne peut cotiser dans ce fonds parce qu’elle ne peut
adhérer à un système de garantie des comptes d’investissement qui
fonctionnent selon le principe de partage des profits et des pertes.
Le projet de loi ne prévoit pas les comptes d’investissement comme une
nouvelle catégorie de dépôts ayant des règles de fonctionnement
spécifiques. Il pourrait même prévoir des modèles de contrats standards, un
modèle de convention de gestion de dépôts spécifique.

II. DIFFICULTES FISCALES SPECIFIQUES AUX COMPTES


D’INVESTISSEMENT :

1. QUALIFICATION DES PRODUITS DE MOUDHARABA EN DROIT FISCAL :

A. PRODUITS DE LA MOUDHARABA : REVENUS DE VALEURS MOBILIERES OU DE CAPITAUX


MOBILIERS :

Dans une banque conventionnelle, les comptes de dépôts sont rémunérés par des
intérêts.

Aux termes de l’article 34 du code de l’IRPP et de l’IS, les intérêts des dépôts des
sommes d’argent appartiennent à la catégorie des revenus des capitaux mobiliers
et sont soumis à une retenue à la source au taux de 20%.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Alors que dans une banque islamique, les titulaires de comptes d’investissement ne
perçoivent pas des intérêts mais plutôt une partie des profits générés par les projets
financés.

La qualification fiscale de ses revenus pose problème : ces revenus peuvent-ils être
considérés comme des revenus de capitaux mobiliers ou des revenus de valeurs
mobilières ou appartiennent-ils à une autre catégorie de revenus prévue par le cadre
fiscal en vigueur ?

On entend par capitaux mobiliers les placements à intérêt. Or, les profits de
moudharaba ne peuvent être qualifiés d’intérêt, l’interdiction de l’intérêt étant l’un
des principes qui sous-tendent la finance islamique.

Par conséquent, les profits distribués aux titulaires des comptes d’investissement ne
peuvent être considérés comme des revenus de capitaux mobiliers.

En ce qui concerne la catégorie des revenus des valeurs mobilières, il faut tout
d’abord rappeler ce qu’on entend par valeurs mobilières.

Les valeurs mobilières sont les titres de propriété du capital qui peuvent être des
actions de sociétés anonymes ou des parts de sociétés à responsabilité limitée.

Néanmoins, le titulaire du compte d’investissement n’a pas la qualité d’actionnaire


ou d’associé puisqu’il ne jouit de leurs droits notamment le droit de vote.

Finalement, les profits distribués aux titulaires des comptes d’investissement ne


peuvent être logés ni dans la catégorie des revenus de capitaux mobiliers ni dans la
catégorie des revenus de valeurs mobilières.

B. PLUS-VALUE DE CESSION DES TITRES DE MOUDHARABA :

Les banques en Tunisie qu’elles soient conventionnelles ou islamiques doivent


revêtir la forme juridique de sociétés anonymes.

De ce fait, les banques sont soumises d’une manière systématique à l’impôt sur les
sociétés.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le résultat imposable de la banque correspond au résultat fiscal qui est déterminé à


partir du résultat comptable retraité par les déductions et les réintégrations
conformes à la législation fiscale en vigueur et/ou aux dispositions d’avantages
fiscaux.

La question qui se pose concerne le régime fiscal des profits découlant des
opérations de moudharaba revenant à la banque en tant que moudharib : est-ce
que ces profits sont imposables et doivent par conséquent être inclus dans la
détermination du résultat fiscal ou sont-ils exonérés de l’impôt sur les sociétés ?

Certes, le premier constat à relever est que le législateur tunisien est demeuré muet
en ce qui concerne le régime fiscal des opérations de moudharaba que ce soit pour
la détermination du profit que pour le caractère imposable de ces profits chez le
moudharib en dépit de sa volonté d’instaurer un régime fiscal spécifique à la finance
islamique qui s’est manifesté à travers la loi de finance pour la gestion 2012 et la loi
de finance pour la gestion 2014.

Néanmoins, dans une prise de position de la DGELF en date du 7 Janvier 2015,


l’administration fiscale se positionne somme suit :

‫ يبقى البنك مطالبا بتسجيل محاصيل‬،‫ يشرفني إعالمكم أنه في غياب تشريع جبائي خاص بعملية المضاربة‬،‫” جوابا‬
‫بعنوان العملية المذكورة ضمن قاعدة الضريبة على الشركات تحتسب على أساس هامش الربح المعمول به في إطار‬
.“ ‫عمليات التمويل التي يقوم بها‬

Cette prise de position ayant pour objectif de combler une lacune est l’une des
formes variables que peut prendre la doctrine administrative.

Se pose donc la question relative à la portée de cette forme de doctrine


administrative.

En effet, la doctrine administrative d’une manière générale n’a pas de force juridique
contraignante comparable à celle conférée aux sources formelles de légalité.

Le législateur tunisien est même muet en ce qui concerne la valeur juridique de la


doctrine administrative ce qui nous oriente vers le constat suivant : la doctrine

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

administrative n’a pas de force juridique sans pour autant nier ou perdre son intérêt
pratique.

On en vient donc à conclure que la prise de position de la DGELF précédemment


évoquée peut être opposable à l’administration fiscale et n’équivaut ou ne se
substitue aucunement à un texte de loi et ne peut pas combler le vide juridique
actuel.

On peut ainsi admettre à priori que le régime d’imposition des intérêts des crédits
bancaires est applicable aux profits dégagés par l’opération de la moudharaba. Mais
à la seule différence que seule la partie des profits revenant à la banque islamique
en tant que moudharib doit être intégré au niveau du résultat imposable.

Alors que les profits distribués aux déposants titulaires des comptes d’investissement
constituent des charges pour la banque islamique.

En l’absence d’un cadre fiscal spécifique aux opérations de moudharaba, certaines


interprétations et assimilations possibles peuvent interpeler les banques islamiques.

Celles-ci peuvent se prévaloir des dispositions de l’article 48 VII quater du code de


l’IRPP et de l’IS et assimiler les profits de la moudharaba aux plus-values de cession
des titres des SICARs. Dans ce cas, les profits de la moudharaba seront exonérés de
l’impôt sur les sociétés.

Cette interprétation est motivée par le fait que le dénouement de l’opération de


moudharaba se traduit par une rétrocession des titres du moudharib (banque
islamique).

2. REGIME FISCAL DES RESERVES SPECIFIQUES AUX COMPTES


D’INVESTISSEMENT :

A. LA RESERVE PER (PROFIT EQUALIZATION RESERVE):

La réserve PER est une réserve spécifique et typique des banques islamiques par
rapport aux banques conventionnelles. Cette réserve et prélevée du résultat brut de
la banque avant l’allocation des profits entre les actionnaires de la banque et les
titulaires des comptes d’investissement.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Elle est retenue durant les exercices qui atteignent un taux de rendement supérieur
à celui des investissements comparables sur le marché. Cette réserve n’est autre
qu’une technique de lissage du résultat des banques islamiques qui permet de lisser
un taux de rendement positif mais faible.

Le premier constat à dresser est que le législateur tunisien est resté muet concernant
le régime fiscal de cette réserve.

Se pose donc la question du caractère déductible de cette réserve du résultat


imposable de la banque.

En droit fiscal tunisien, les déductions admises pour la détermination du résultat


fiscal sont énumérées d’une manière limitative.

La réserve PER n’est pas prévue dans la liste des déductions admises. Donc, à priori
elle ne peut être déduite du résultat imposable et doit faire l’objet d’une
réintégration.

Deux interrogations peuvent être posées :

Le droit fiscal tunisien prévoit-il d’autres natures de réserves présentant des


similitudes avec la réserve PER ? Par conséquent, le régime fiscal de ces
réserves peut-il être translaté à la réserve PER ?
Peut-on assimiler la réserve PER à une provision fiscalement déductible ?

Le droit fiscal tunisien a traité des régimes fiscaux de deux natures de réserves :

La réserve de réévaluation libre : la réévaluation libre des immobilisations


corporelles et financières consiste en un jeu d’écritures comptables qui
substituent la valeur actuelle de ses actifs à leur coût d’entrée.

D’un point de vue fiscal, « les bénéfices » de réévaluation ne sont pas des profits
imposables parce qu’ils ne correspondent pas à un enrichissement certain de
l’entreprise.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

La réserve PER présente des divergences de fonds avec la réserve de réévaluation.


Le tableau suivant illustre les principales divergences entre la réserve PER et la
réserve de réévaluation libre :

Réserve de réévaluation
Elément de comparaison Réserve PER
libre

La réserve PER est La réserve de


prélevée sur le résultat réévaluation libre résulte
brut de la banque d’un jeu d’écritures
Aspect n°1 effectivement réalisé. comptables et ne
correspond pas à un
résultat effectivement
réalisé.

La constatation de la La constatation de la
réserve PER ne donne lieu réserve de réévaluation
Aspect n°2 à aucun changement au donne lieu à la
niveau de la valeur des revalorisation des
immobilisations. immobilisations.

Donc, la réserve PER ne peut être assimilée à une réserve de réévaluation libre. Par
conséquent, on ne peut lui réserver le même régime fiscal de la réserve de
réévaluation qui prévoit son exonération de l’impôt.

En ce qui concerne l’assimilation possible de la réserve PER à une réserve à régime


spécial et selon l’article 48-VII quinquies du code de l’IRPP et de l’IS, la réserve à
régime spécial se compose des plus-values de cession des actions réalisées par une
SICAF. Elles sont exonérées de l’impôt sur les sociétés et sont bloquées pour une
période de 5 ans à partir de la date de clôture du bilan de l’année au cours de
laquelle la cession est réalisée.

La réserve PER présente également des divergences de fonds avec la réserve à


régime spécial.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le tableau suivant illustre les principales divergences entre la réserve PER et la


réserve à régime spécial :

Elément de comparaison Réserve PER Réserve à régime spécial

La réserve PER ne peut Le blocage des plus-


être bloquée. Elle doit values de cession
être disponible au pendant 5 ans est une
premier exercice ayant condition essentielle
constaté un taux de pour le bénéfice de
rendement insuffisant et l’exonération de cette
Aspect n°1
ce pour préserver la réserve de l’impôt sur les
compétitivité de la sociétés.
banque.
Elle devient fiscalement
libre après la période
légale de blocage.

Elle est présentée Elle est présentée au


comptablement dans la passif du bilan dans un
Aspect n°2
rubrique des capitaux compte intitulé « réserve
propres. à régime spécial ».

Par conséquent, nous concluons qu’aucun des régimes fiscaux prévus pour les
réserves admises fiscalement n’est adapté à la réserve PER.

Elle doit donc être réintégrée pour la détermination du résultat fiscal parce qu’il
s’agit d’une réserve ayant le caractère imposable.

En ce qui concerne l’assimilation de la réserve PER à une provision fiscalement


déductible, Le tableau suivant dresse les similitudes et les divergences entre la
réserve PER et le concept de provision :

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Elément de comparaison Réserve PER Provision

La constitution de la Selon la norme NCT 14, la


réserve PER est constitution de la
recommandée par l’IFSB provision est obligatoire
et l’AAOIFI. La Tunisie pour la constatation du
Aspect n°1 : Obligation
n’ayant pas adopté ces passif à la charge de
de constitution
normes donc la l’entreprise.
constitution de cette
réserve n’est pas
obligatoire.

Selon la norme NCT 02 Selon la norme NCT 14


relative aux capitaux relative aux éventualités
propres, les réserves et événements
désignent les montants postérieurs à la date de
des bénéfices affectés en clôture, une provision est
tant que tels. Elles une constatation
peuvent être de deux comptable d’une
sortes : diminution de valeur d’un
élément d’actifs
Les réserves légales
(provision pour
affectées suite à une
Aspect n°2 : Définition dépréciation) ou d’une
disposition légale,
augmentation de passif
statutaire ou
(provision pour risque et
contractuelle.
charge) précise quant à
Les réserves
sa nature mais incertaine
facultatives affectées
quant à sa réalisation et
suite à des décisions
que des évènements
prises par les
survenus ou en cours
propriétaires de
rendent prévisible à la
l’entreprise.
date de clôture de
l’exercice.

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Elément de comparaison Réserve PER Provision

La réserve PER est La provision est


Aspect n°3 : Règles de
présentée au niveau de la présentée au niveau des
présentation au niveau
rubrique des capitaux passifs.
des états financiers
propres.

En dehors du cas de la La provision est


réserve légale, les constituée pour
réserves facultatives l’extinction d’un risque
peuvent être utilisées aux spécifique et ne peut être
Aspect n°4 : Utilisation
fins décidées par les affectée à un autre
possible
propriétaires et être risque.
affectées pour la
couverture de divers
risques.

La réserve peut être La provision ne peut en


Aspect n°5 : Distribution distribuée aux aucun cas être distribuée
sous forme de dividendes actionnaires sous forme aux actionnaires.
de dividendes.

Aspect n°6 : Possibilité de La réserve peut être La provision ne peut être


réinvestissement réinvestie. réinvestie.

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B. LA RESERVE IRR (INVESTMENT RISK RESERVE):

La réserve IRR (Investment Risk Reserve) est également une réserve spécifique et
typique des banques islamiques.

Cette réserve est prélevée du revenu de la moudharaba revenant aux titulaires des
comptes d’investissement. Elle est donc retenue sur le revenu de la moudharaba
après calcul de la rémunération de la banque en tant que moudharib.

La réserve IRR se différencie de la réserve PER au titre de deux principaux aspects :

Elle revient uniquement aux titulaires de comptes d’investissement ;


Elle a pour objet la résorption des pertes du capital investi.

Cette réserve permet de résorber les pertes du capital investi alors que la réserve PER
permettra de ramener le taux de rendement effectif réalisé au taux de rendement
d’investissements comparables sur le marché en d’autres termes le taux benchmark.

De même que pour la réserve PER, le législateur tunisien est resté muet concernant
le régime fiscal de la réserve IRR.

La réserve IRR ne peut être assimilée ni à la réserve de réévaluation libre ni à la


réserve à régime spécial puisqu’elle présente les mêmes divergences que la réserve
PER.

Par ailleurs, la réserve IRR ne répond pas à la définition d’une provision. En effet, la
banque islamique n’a aucune obligation juridique de restituer le capital investi aux
titulaires de comptes d’investissement.

D’autant plus que la réserve IRR constituée peut couvrir partiellement ou totalement
les pertes éventuelles.

Par conséquent, nous concluons que la réserve IRR n’est pas admise en déduction
pour la détermination du résultat fiscal. Elle doit être réintégrée dans le résultat fiscal
parce qu’elle est imposable.

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3. APPLICABILITE DE LA TVA A L’OPERATION DE MOUDHARABA ET DE SES


PRODUITS :

Le régime des revenus des opérations de moudharaba en matière de taxe sur la


valeur ajoutée doit être analysé à deux niveaux :

Au niveau de la banque islamique en sa qualité de moudharib ;


Au niveau du titulaire du compte d’investissement.

Il faut tout d’abord préciser que le régime fiscal des revenus des opérations de
moudharaba n’a pas été prévu par le législateur tunisien dans les lois de finance
pour la gestion 2012 et 2014.

Dans ce cas, il faudra revenir au paragraphe premier de l’article premier du code de


la TVA qui détermine le champ d’application de cet impôt.

Cet article précise que les opérations soumises à la TVA sont celles « revêtant le
caractère industriel, artisanal ou relevant d’une profession libérale ainsi que les
opérations commerciales autres que les ventes ».

Les opérations commerciales autres que les ventes regroupent essentiellement les
prestations de service et toute opération commerciale par nature à l’exception des
activités de vente en l’état.

Parmi les opérations commerciales autres que les ventes figurent les services et
prestations de banque, les opérations de leasing, les prestations de services….

Mais le tableau A dans son point 39 liste les intérêts bancaires débiteurs parmi les
opérations exonérées de la TVA.

Le mutisme du législateur tunisien concernant l’éligibilité des parts de bénéfices


distribuées au moudharib et aux titulaires de comptes d’investissement nous amène
à admettre implicitement que l’exonération des intérêts bancaires débiteurs peut
s’appliquer aux bénéfices des opérations de moudharaba.

Cette volonté du législateur tunisien d’exonérer les revenus des divers techniques
de financements islamiques s’est manifestée à travers l’ajout de l’alinéa 39 bis au

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tableau A du code de la TVA portant sur « la différence entre le prix de cession et le


prix d’acquisition au titre des opérations réalisées par les établissements de crédit
dans le cadre des contrats de vente mourabaha, de vente salam et d’istisna à
l’exclusion des commissions.

4. PROPOSITION DE SOLUTIONS ET D’ALTERNATIVES AUX DIFFICULTES


IDENTIFIEES :

La législation fiscale tunisienne ne traite pas du régime fiscal des revenus de


moudharaba que ce soit en matière d’impôt direct ou d’impôt indirect aussi bien au
niveau de la banque islamique qu’au niveau du titulaire du compte d’investissement.

Nous sommes donc face à un vide en matière de droit fiscal en ce qui concerne la
moudharaba.

Donc, le législateur tunisien devra introduire des textes spécifiques à la moudharaba


afin d’assurer que ce produit typique de la finance islamique soit traité d’une
manière fiscalement neutre par rapport aux produits classiques des banques
conventionnelles.

De cette manière, les banques islamiques sont traitées fiscalement sur le même pied
d’égalité que les banques conventionnelles et leur capacité à drainer les fonds du
public ne sera pas altérée.

D’une manière générale, l’ampleur et la difficulté des modifications portant sur les
textes fiscaux dépendent d’un facteur principal qui est le suivant :

Si le droit fiscal du pays est basé sur la taxation d’une transaction en se basant
sur la réalité économique de celle-ci, les modifications ou les adaptations des
textes fiscaux seront simples ;
En effet, il suffit de décomposer une transaction de finance islamique en ses
différents constituants pour identifier le composant qui représente un coût
de financement et adapter l’imposition en conséquence.
Par contre, si le droit fiscal du pays privilégie la taxation sur la base de la forme
juridique d’une transaction plutôt que sa réalité économique, il serait plus

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

commode d’instaurer une législation fiscale spécifique aux produits


islamiques pour faciliter l’intégration et l’évolution des banques islamiques.

Tout d’abord, il faut préciser que le cadre conceptuel de la comptabilité en Tunisie


consacre le principe de la primauté de la réalité économique sur la forme juridique
des transactions et ce à travers la convention de la prééminence du fonds sur la
forme.

Cette convention énonce ce qui suit : « Les transactions et événements doivent être
enregistrés et présentés en accord avec leur substance économique et non
seulement leur forme juridique. »

Or, le résultat fiscal imposable est une résultante directe du résultat comptable
moyennant des retraitements.

Par conséquent, les transactions comptabilisées suivant leur réalité économique sont
systématiquement imposées sur cette base.

Nous allons tout d’abord exposer brièvement la démarche suivie par certains pays
pour adapter leur législation fiscale aux produits islamiques et les principaux
changements opérés.

Nos critères de sélection des pays dont la législation fiscale au titre des impôts directs
et indirects sera exposée se présentent comme suit :

1. Nous avons choisi les pays n’ayant pas décrété l’islamisation de leur
système bancaire mais plutôt les pays où il y a une cohabitation entre
les banques conventionnelles et les banques islamiques.

2. Ces pays sont soit des pionniers dans la mise en place des produits
bancaires islamiques ou sont déjà à un stade très avancé du processus
d’adaptation de leurs législations fiscales à la finance islamique.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Les pays sélectionnés selon ces critères se présentent comme suit :

La Grande Bretagne ;
La France ;
La Malaisie ;
Le Maroc.

Le tableau suivant présente une analyse comparative des régimes fiscaux de la


moudharaba dans les pays sélectionnés :

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GRANDE BRETAGNE MALAISIE FRANCE MAROC

Le Royaume-Uni a introduit La Malaisie est un pays pionnier La France n’a pas jugé Le Maroc a commencé la
une législation fiscale afin dans la finance islamique. opportun de recourir à des commercialisation des produits
d’assurer que les produits de la modifications de sa législation islamiques qualifiés également
Fort de son expérience d’une
finance islamique soient traités fiscale et a établi des directives de « produits alternatifs » à
quarantaine d’années, la
d’une manière fiscalement qui expliquent le traitement partir de l’année 2007.
Malaisie a instauré un
neutre par rapport aux fiscal des produits de finance
environnement fiscal assurant Mais même après plusieurs
produits conventionnels. islamique.
une attractivité et un années de lancement,
Certaines définitions ont été traitement comparable de la Par exemple, les mêmes règles l’encours des produits
introduites mais aucune finance islamique à la finance fiscales ont été appliquées aux alternatifs reste mineur par
mention à la Charia n’a été conventionnelle. produits de finance islamique rapport à l’encours des
faite. qui s’apparentent à des titres produits conventionnels.
L’approche de la Malaisie
de créance.
D’une manière générale, le traduisait une volonté de Les produits alternatifs et plus
traitement fiscal adopté est bannir toute discrimination En ce qui concerne le contrat particulièrement les contrats
similaire au traitement des fiscale entre les banques de moudharaba, aucune de moudharaba ont rencontré
intérêts. conventionnelles et les directive spécifique des contraintes fiscales qui ont
banques islamiques. déterminant le régime fiscal freiné leur évolution.

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GRANDE BRETAGNE MALAISIE FRANCE MAROC

En ce qui concerne la TVA, des A partir de 2005, la Malaisie a applicable au contrat de Aucune disposition ou
directives d’interprétation connu une croissance notable moudharaba n’a été établi. incitation fiscale n’est prévue
relatives à plusieurs produits de la finance islamique et le au titre du contrat de
Dans un projet de directive
islamiques ont été publiées. gouvernement malaisien a élaboré en 2010, les autorités moudharaba au niveau du

appuient décidé des exonérations fiscales ont indiqué que le Code Général des Impôts (CGI).
Ces directives
fortement la législation fiscale fiscales en 2007 au profit des traitement fiscal du contrat de Les contraintes fiscales
banques islamiques pour moudharaba était différent peuvent être résumées comme
existante et la jurisprudence.
promouvoir son statut de selon qu’il soit lié à un fonds suit :
Les autorités fiscales de la
leader international en matière
d’investissement ou à un
Grande Bretagne ont La non neutralité de la
de finance islamique. compte d’investissement.
également fourni des règles et TVA dont le taux a été
L’impôt sur les sociétés frappe
des interprétations sur lesquels Bien que cette instruction n’ait abaissé uniquement pour
les revenus perçus ou
les contribuables peuvent jamais été publiée, cette la mourabaha alors que
provenant de la Malaisie aussi
compter pour faciliter l’accès à distinction est restée en tous les autres produits
bien pour les établissements vigueur de telle sorte que le
ses produits. alternatifs demeurent
résidents que pour les revenu de la moudharaba lié à
Pour assurer la neutralité soumis à un taux
établissements non résidents. un compte d’investissement discriminatoire par rapport
fiscale, des changements se
sont imposées pour le droit de Les parts de profits sont traitées devrait suivre le même régime aux produits
comme des intérêts. fiscal que les intérêts. conventionnels ;
timbre et la taxe de propriété.

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GRANDE BRETAGNE MALAISIE FRANCE MAROC

Tout bénéfice distribué en Les produits islamiques Cette surtaxe génère un


vertu d’un contrat de gouvernés par le mécanisme surcoût au niveau des
moudharaba serait traité de la moudharaba sont traités produits alternatifs les
comme un intérêt présumé à d’une manière similaire au rendant beaucoup plus
des fins de taxation. traitement des produits chers ;

En général, l’intérêt est soumis conventionnels typiquement Des avantages concernant


à la retenue à la source au taux les crédits. les crédits classiques
de 20% sous réserve de toutes La part de profit revenant aux relatifs à la déductibilité du
autres exemptions en vigueur. déposants est imposable et est montant des intérêts sur le
déductible chez la banque. prêt du revenu net
imposable ce qui résulte
En conclusion,
en une baisse de l’impôt
l’assujettissement à l’impôt ou à
sur le revenu à payer.
la déduction des profits sera
similaire au régime fiscal de Ces avantages sont réservés
l’intérêt dans un contrat de aux contribuables ayant
financement conventionnel. recours aux crédits classiques
et les produits alternatifs sont
exclus de cette option.

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GRANDE BRETAGNE MALAISIE FRANCE MAROC

De même, les exonérations Surtaxation des profits


fiscales, les retenues à la source générés par les produits
ainsi que toutes règles alternatifs puisque les
régissant les intérêts incitations en termes de
s’appliquent également aux déduction prévus pour les
profits. crédits classiques ne sont
pas reconduits et
applicables à leurs
homologues alternatifs.

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Les résultats de cette étude comparative sommaire montrent que les pays leaders
en matière de recours et de développement de la législation pour l’expansion des
produits islamiques nous amènent à conclure que pour atteindre une neutralité
fiscale qui élimine les éventuelles discriminations, il faut assimiler le traitement fiscal
des revenus de la moudharaba au traitement fiscal des intérêts bancaires que ce soit
en matière d’impôt direct ou en matière d’impôt indirect.

En d’autres termes, la Tunisie n’a pas besoin d’instaurer une législation fiscale
spécifique à la moudharaba mais plutôt d’introduire ou d’opérer des aménagements
des textes fiscaux déjà existants.

Nature de l’impôt Texte actuel Amendements

Il n’y a pas de textes Tant que la part des


fiscaux qui détaillent la bénéfices des opérations de
détermination du résultat moudharaba ne sont pas
fiscal. Le résultat fiscal énumérées parmi les
correspond au résultat déductions ou exonérations
Impôt sur les sociétés
comptable retraité par les quelconques, aucun
déductions et les amendement n’est jugé
réintégrations prévues nécessaire.
par le Code de l’IRPP et de
l’IS.

L’article 34 du Code de Ajouter un alinéa à l’article


l’IRPP et de l’IS définit les 34 du Code de l’IRPP et de l’IS
revenus des capitaux qui prévoit que les parts de
mobiliers et les énumère. profits distribués dans le
Impôt sur le revenu
Ces revenus sont passibles cadre d’une opération de
des personnes
d’une retenue à la source moudharaba aux titulaires
physiques
au taux de 20%. des comptes
d’investissement sont
soumises à une retenue à la
source au taux de 20%.

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Nature de l’impôt Texte actuel Amendements

Le tableau A comportant Au même titre que les


la liste des opérations intérêts bancaires, les parts
exonérées de la TVA de bénéfices des opérations
prévoit dans la rubrique de moudharaba devraient
39-d que les intérêts être ajoutées dans la
bancaires débiteurs sont rubrique 39-d du tableau A
Taxe sur la valeur
exonérées de la TVA. du code de la TVA.
ajoutée

Aussi bien les intérêts De cette manière, tout


débiteurs que créditeurs bénéfice résultant de la
sont exonérés de la TVA. moudharaba est exonéré de
la TVA au même titre que les
intérêts bancaires.

III. DIFFICULTES COMPTABLES RELATIVES AU TRAITEMENT DES


COMPTES D’INVESTISSEMENT ET DES FONDS DE RESERVES Y
RELATIFS :

En sus des défis juridiques, réglementaires et fiscaux auxquels les banques


islamiques font face, celles-ci sont également confrontées à des défis d’ordre
comptable.

En effet, pour les produits islamiques basés sur le principe de partage des profits et
des pertes, les méthodes de comptabilisation ainsi que la détermination du profit
posent des difficultés qui résultent essentiellement de l’inadaptation de la
normalisation comptable nationale aux spécificités de ses produits.

Des normes comptables spécifiques ont été établies par l’AAOIFI pour les produits
islamiques mais elles n’ont été adoptées que dans quelques pays.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

La Tunisie fait partie des pays où l’application de ses normes n’est pas obligatoire et
où les banques islamiques doivent tant bien que mal préparer leurs états financiers
par rapport au cadre conceptuel national et aux normes comptables tunisiennes
NCT 21 à NCT 25.

Pour donner une image fidèle et une lecture meilleure des états financiers d’une
banque islamique, les normes de l’AAOIFI prévoient des états spécifiques.

Les états financiers présentés par une banque islamique comporte des états
spécifiques à l’activité de celle-ci qui se détaillent comme suit :

1. Le tableau de variation dans les investissements restreints relatifs à la gestion


des comptes ;
2. Le tableau des sources et usages des fonds de prêts gratuits ;
3. Le tableau des sources et usages des fonds de zakat et des fonds de charité.

Nous allons exposer les principales spécificités des états financiers des banques
islamiques par rapport à ceux des banques conventionnelles en mettant l’accent sur
les différences relatives aux comptes d’investissement et les fonds de réserves y
relatifs.

1. SPECIFICITES DES ETATS FINANCIERS DES BANQUES ISLAMIQUES PAR


RAPPORT AUX ETATS FINANCIERS DES BANQUES CONVENTIONNELLES :

A. BILAN :

La particularité des produits financiers islamiques et le principe des 3P caractérisant


certains produits font qu’ils existent des différences entre le bilan d’une banque
islamique par rapport à celui d’une banque conventionnelle.

Le tableau ci-dessous illustre les principales différences entre le bilan d’une banque
islamique et le bilan d’une banque conventionnelle :

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Bilan-Banque islamique
Bilan-Banque
(Modèle proposé par Remarques pertinentes
conventionnelle
l’AAOIFI)

Actifs Actifs Actifs

Caisses et avoirs auprès Caisses et avoirs auprès


de la Banque centrale et de la Banque centrale
autres établissements et autres établissements
bancaires et financiers bancaires et financiers

Mourabaha

Moudharaba
Crédits à la clientèle :
Moucharaka
- Crédits moyen et Le financement moudharaba qui
est un mode de financement
Istisna’a long terme
participatif régi par le principe de
- Crédits de
partage des profits et des pertes
Salam
gestion ne trouve pas d’équivalent dans
- Crédits leasing le portefeuille des crédits dans
Ijara muntahia Bittamlik
- Crédits aux une banque conventionnelle.

Immobilisations destinées particuliers


à l’Ijara

Stocks

Portefeuille titres Portefeuille titres


commercial commercial
Portefeuille titres Portefeuille titres
d’investissement d’investissement
Valeurs immobilisées Valeurs immobilisées

Autres actifs Autres actifs

Total actifs Total actifs

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Bilan-Banque islamique
Bilan-Banque
(Modèle proposé par Remarques pertinentes
conventionnelle
l’AAOIFI)

Passifs, comptes Passifs et Capitaux


d’investissements propres
participatifs non restreints
et Capitaux propres

Passifs Passifs Passifs

Comptes courants de la Dépôts de la clientèle : Les dépôts clients dans les


clientèle : banques islamiques comportent
uniquement les comptes à vue et
- Dépôts à vue - Dépôts à vue
les comptes d’épargne qui sont
- Comptes d’épargne - Comptes d’épargne présentés en passifs du fait de
- Néant - Dépôts à terme l’obligation de la banque de les
(Comptes à terme et restituer aux déposants.
Bons de caisse)
- Néant - Certificats de dépôts

Dépôts et avoirs des Dépôts et avoirs des


établissements bancaires établissements
et financiers bancaires et financiers

Sukuks Emprunts obligataires

Autres passifs Autres passifs

Total passifs Total passifs Total passifs

Comptes Néant Les comptes d’investissement


participatifs non restreints n’ont
d’investissements
pas d’équivalent dans les bilans
participatifs non restreints
des banques conventionnelles.
Les réserves PER (Profit
Equalisation Risk) et IRR sont
présentés dans cette rubrique
intermédiaire qui n’est ni une
rubrique de passifs ni une
rubrique de capitaux propres.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Bilan-Banque islamique Bilan-Banque Remarques pertinentes


(Modèle proposé par conventionnelle
l’AAOIFI)

Capitaux propres Capitaux propres Capitaux propres

Capital Capital

Réserves Réserves

Résultat reportés Résultat reportés

Autres capitaux propres Autres capitaux propres

Résultat de l’exercice Résultat de l’exercice

Total des capitaux propres Total des capitaux


propres

Total passifs, comptes Total des passifs et des


d’investissement capitaux propres
participatifs non restreints
et capitaux propres

Nous avons relevé les remarques pertinentes suivantes :

Les comptes d’investissement n’ont pas d’équivalent dans les bilans des
banques conventionnelles ;
Les comptes d’investissement restreints sont présentés dans un état
spécifique aux banques islamiques « le tableau de variation dans les
investissements restreints » qui peut être assimilé à un état hors bilan vu que
cette nature de comptes d’investissement ne constituent pas un passif pour
la banque islamique et que leurs investissements ne constituent pas des actifs.

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B. ETAT DE RESULTAT :

La particularité des produits dans les banques islamiques c’est qu’ils doivent être des
revenus conformes à la Charia et par conséquent provenant d’activités licites.

Les produits illicites ne sont en aucun cas constatés en résultat.

Le tableau suivant illustre les principales différences entre l’état de résultat d’une
banque islamique et celui d’une banque conventionnelle par rubrique.

Etat de résultat -Banque


Etat de résultat -Banque
islamique (Modèle proposé Remarques pertinentes
conventionnelle
par l’AAOIFI)

Revenus générés par les Produits d’exploitation


projets et contrats financés bancaire
conjointement avec les
investisseurs

Revenus sur les ventes à PR1-Intérêts et revenus


terme assimilés

PR2-Commissions
Revenus sur les autres
financements et PR3-Gains sur portefeuille
investissements titres commercial et
opérations financières

PR4-Revenus du portefeuille
d’investissement

Total Total

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Etat de résultat -Banque


Etat de résultat -Banque
islamique (Modèle proposé Remarques pertinentes
conventionnelle
par l’AAOIFI)

Les profits nets revenants Les revenus revenant aux


comptes d’investissement n’ont
aux détenteurs des comptes
pas leur équivalent dans l’état de
d’investissement
résultat des banques
participatifs non restreints conventionnelles.
(CIPNR)
L’état de résultat distingue entre la
Néant quote-part des profits de la
Les profits bruts revenant
moudharaba revenant au
aux CIPNR moudharib et la quote-part
revenant aux titulaires des
Quote-part de la banque en comptes d’investissement.
tant que moudharib sur les
CIPNR

Total Total

Revenus sur les ventes à


terme financées par les
fonds propres de la banque

Revenus sur les


investissements à terme
financés par les fonds Néant

propres de la banque

Quote-part de la banque en
tant que moudharib sur les
CIPR

Revenus sur les opérations


bancaires

Autres revenus Autres revenus


d’exploitation d’exploitation

Total revenus d’exploitation Total revenus d’exploitation

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Etat de résultat -Banque Etat de résultat -Banque Remarques pertinentes


islamique (Modèle proposé conventionnelle
par l’AAOIFI)

Frais de personnel Frais de personnel

Dotations aux Dotations aux


amortissements et amortissements et
provisions sur provisions sur
immobilisations immobilisations

Dotation aux provisions sur Dotation aux provisions sur


financements et financements et
investissements investissements

Charges générales Charges générales


d’exploitation d’exploitation

Zakat Néant

Autres charges Autres charges


d’exploitation d’exploitation

Total charges d’exploitation Total charges d’exploitation

Résultat d’exploitation Résultat d’exploitation


avant impôt avant impôt

Impôt sur les bénéfices Impôt sur les bénéfices

Résultat net de l’exercice Résultat net de l’exercice

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

C. NOTES AUX ETATS FINANCIERS :

Les banques islamiques en Tunisie sont soumises aux mêmes normes comptables
que les banques conventionnelles.

Les normes comptables tunisiennes NCT 21 à NCT 25 ne tiennent pas compte des
particularités de la finance islamique et ne prévoient pas de notes spécifiques pour
les banques islamiques particulièrement en ce qui concerne les comptes
d’investissement.

De plus, les normes comptables de l’AAOIFI n’ont pas été adoptées par la Tunisie et
par conséquent leur application n’est pas obligatoire.

Néanmoins, en se référant au paragraphe 70 de la norme comptable NCT 01


« Présentation des états financiers » qui énonce que : « Elles comprennent les
informations dont les normes comptables tunisiennes requièrent la publication et
d’autres informations qui sont de nature à favoriser la pertinence. », il est possible
d’ajouter d’autres notes du moment qu’elles fournissent des informations
pertinentes pour les utilisateurs des états financiers.

D’autres part, dans un souci de transparence et de pertinence et afin de réduire


l’asymétrie d’information qui touchent directement les titulaires des comptes
d’investissement, l’AAOIFI a publié une norme spécifique à ce sujet qui est la norme
FAS n°5 « Disclosure of bases for profit allocation between owners’ equity and
investment account holders » pour standardiser les notes aux états financiers.

Cette norme détaille les notes aux états financiers nécessaires en distinguant entre
celles relatives aux comptes d’investissement restreints et ceux non restreints.

2. APPLICABILITE DU CADRE CONCEPTUEL ET DES NORMES COMPTABLES


TUNISIENNES POUR LE TRAITEMENT DES COMPTES D’INVESTISSEMENT ET
PRODUITS Y RELATIFS :

La comptabilité peut être définie comme le processus d’identification, de mesure et


de communication de l’information financière pour permettre à ses utilisateurs de
prendre leurs décisions. Cet objectif est accepté par l’Islam.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Néanmoins, cette définition semble ignorer les objectifs socio-économiques des


activités en Islam à savoir le bien-être humain,… ainsi que l’aspect de la conformité à
la Charia.

En effet, la comptabilité financière dans les banques islamiques a d’autres objectifs


qui la distinguent par rapport à la comptabilité dans les banques conventionnelles.

Ces objectifs se détaillent comme suit :

Les banques islamiques doivent se conformer aux principes et aux règles de


la Charia dans leurs transactions et leurs finances ;

Le rôle des banques islamiques dans l’économie est différent du rôle des
banques conventionnelles. En effet, parmi les grands objectifs de l’activité
économique en finance islamique figurent l’augmentation de la richesse,
l’augmentation de l’emploi et la distribution équitable des richesses et des
revenus ;

La nature des rapports entretenus entre une banque islamique et ses clients
est différente de la nature de relation entretenue avec une banque
conventionnelle. Les banques islamiques mobilisent leurs ressources sous
forme de comptes d’investissement qui fonctionnent selon le principe de
partage des profits et des pertes.

Tous ses motifs font que les objectifs poursuivis par la comptabilité financière en
finance islamique sont différents de ceux poursuivis en finance conventionnelle.

A. INADAPTATION DU CADRE CONCEPTUEL DE LA COMPTABILITE A LA FINANCE


ISLAMIQUE :

En Tunisie, le cadre conceptuel de la comptabilité a été initialement conçu pour la


finance conventionnelle.

Actuellement, ce cadre semble inadapté dans certains de ses aspects aux banques
islamiques et devrait être complété par des normes comptables spécifiques aux
banques islamiques.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Ce cadre n’intègre pas également la dimension de la conformité à la Charia et les


principes éthiques de la finance islamique.

1. Application de la convention de la périodicité :

Selon cette convention, l’information financière doit refléter l’évolution périodique


des performances de l’entreprise pour servir de base à la prise des décisions
économiques. Elle doit être en conséquence produite et fournie à des intervalles
périodiques et réguliers, la période étant désignée « exercice comptable ». (Cadre
conceptuel de la Comptabilité)

La convention de la périodicité ne contredit pas les principes islamiques. Les profits


sont plutôt déterminés par période nonobstant la liquidation du projet. En effet, il
n’est pas pratique pour les titulaires de comptes d’investissement d’attendre la
liquidation de tous les projets financés par la banque qui peut prendre plusieurs
années pour récupérer leur profit.

D’autant plus qu’en Islam, chaque musulman doit calculer sa richesse une fois par
an pour déterminer le montant de la zakat à payer.

La norme charaique n°13 relative à la moudharaba prévoit le concept du « Tandeed


hukmi » (‫ )التنضيض الحكمي‬pour se faire.

Selon ce concept, les profits générés par les investissements durant une année ou
un exercice comptable sont calculés sans liquidation des investissements. Ils sont
considérés comme de nouveaux investissements l’année suivante.

La difficulté de la mise en application de cette approche réside dans la méthode


d’évaluation des actifs de la moudharaba à la clôture de l’exercice : Valorisation au
coût historique ou à la juste valeur ?

Selon l’AAOIFI, la valeur actualisée des cash-flows futurs est la méthode la plus
appropriée pour évaluer les actifs financés par les actionnaires et les titulaires des
comptes d’investissement. Cette position de l’AAOIFI est justifiée par la nécessité
d’assurer une répartition équitable des profits des investissements dans le groupe
des titulaires des comptes d’investissement ayant fourni des fonds à différentes

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

étapes de la vie des investissements mais également entre les titulaires des comptes
d’investissements et les actionnaires de la banque.

Il se trouve que cette méthode d’évaluation n’est pas actuellement adoptée par
l’AAOIFI en raison du manque des moyens adéquats pour mettre en application
cette méthode afin qu’elle produise une information fiable et adéquate.

Par conséquent, les actifs sont évalués au coût historique.

2. Application de la convention du coût historique :

Selon cette convention, le coût historique (ou valeur d’origine) sert de base pour la
comptabilisation des postes d’actifs ou de passifs. Les biens et les services acquis par
l’entité sont en règle générale comptabilisés à leur coût de transaction soit le
montant effectivement payé ou dû. (Cadre conceptuel de la comptabilité)

L’adoption de la convention du coût historique conduit lors de l’évaluation du


résultat de la moudharaba à une répartition inéquitable des profits au sein du
groupe des titulaires des comptes d’investissement mais aussi entre les actionnaires
et les titulaires des comptes d’investissement.

Néanmoins, cette convention demeure applicable en raison de la difficulté et du


manque de moyens pour la détermination de la valeur actualisée des cash-flows
futurs des actifs.

3. Application de la convention de la prééminence du fonds sur la forme :

Selon cette convention, la substance des opérations et autres événements n’est pas
toujours cohérente avec ce qui ressort du montage juridique apparent.

Pour que l’information représente d’une manière fiable les transactions et autres
événements qu’elle vise à représenter, il est nécessaire qu’ils soient enregistrés et
présentés en accord avec leur substance et leur réalité économique et non pas
seulement selon leur forme juridique (Cadre conceptuel de la comptabilité).

Appliquer la convention de la prééminence du fonds sur la forme pour les


transactions financières islamiques peut nous amener à les considérer comme des
transactions financières conventionnelles basées sur l’intérêt.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Par exemple, pour le cas de la moudharaba ce produit financier islamique se


rapproche du capital risque surtout pour les deux premières phases à savoir la phase
d’amorçage et de démarrage.

Par ailleurs, le fonds et la forme d’une transaction financière sont tout aussi
importants et fortement pris en considération par la Charia. En effet, ces deux
composantes doivent être plutôt compatibles et complémentaires et non
contradictoires.

De plus, et en termes de reporting financier il faudra toujours tenir compte de


l’équilibre entre la forme juridique et le fonds économique pour fournir aux
utilisateurs les informations pertinentes et utiles à leurs prises de décisions.

4. Application de la convention de l’information complète :

Cette convention établit que les états financiers doivent fournir toutes les
informations nécessaires pour ne pas induire en erreur les lecteurs.

Elle exige pour éviter toute ambiguïté dans l’interprétation de l’information


financière que les états financiers comportent des notes et des tableaux explicatifs
révélant toute information pertinente et attirant l’attention sur les événements ou
les traitements de l’information qui ont un impact significatif sur l’évolution des
résultats futurs et la situation de l’entreprise. (Cadre conceptuel de la comptabilité)

Les besoins en information des parties prenantes dans les banques islamiques
diffèrent par rapport aux banques conventionnelles en raison des motifs suivants :

La nature de la relation entre la banque islamique et les titulaires des comptes


d’investissement qui est une relation de partenariat « investisseur-
entrepreneur » comparé à la relation de débiteur-créancier dans les banques
conventionnelles ;
Le besoin en information des parties prenantes diffèrent de celui des banques
conventionnelles. En effet, ceux-ci ont besoin de connaître la conformité de
la banque avec la Charia ;
La conformité de la Charia doit faire l’objet d’un rapport séparé en sus du
rapport au titre des états financiers ;

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Les objectifs de la comptabilité financière dans une banque islamique sont


imprégnés par la dimension éthique et sociale de la finance islamique ;
Les objectifs des rapports financiers est de fournir des informations relatives
à la conformité de la banque à la Charia, aux ressources et obligations de la
banque pour permettre aux parties prenantes d’évaluer l’adéquation de son
capital pour absorber les pertes, le risque inhérent aux investissements, la
liquidité des actifs, les revenus et les charges concernant des transactions
prohibées, le suivi des responsabilités sociales, le développement de la
banque de ses ressources humaines.

Les normes comptables bancaires actuelles ne permettent pas de répondre à ces


objectifs et ne prévoient pas la fourniture d’états spécifiques ou de notes aux états
financiers à cet effet.

B. INADAPTATION DES NORMES BANCAIRES TUNISIENNES :

Les comptes d’investissement qu’ils soient restreints ou non restreints n’ont pas
d’équivalent dans les banques conventionnelles. De ce fait, aucune norme
comptable bancaire ne traite de leurs règles de présentation, de comptabilisation et
ceci est également valable pour les fonds de réserves y relatifs.

1. Présentation comptable des comptes d’investissement :

Les comptes d’investissement sont spécifiques aux banques islamiques. La


présentation des comptes d’investissement dans les états financiers pose problème
pour la normalisation comptable tunisienne.

En effet, ces comptes ne peuvent être présentés en passifs au même titre que les
dépôts de la clientèle dans les bilans des banques conventionnelles. Ceci s’explique
par le fait que ces comptes sont régis par le principe de partage des profits et des
pertes et que la banque islamique n’a pas l’obligation de restituer ses dépôts à leurs
titulaires en cas de perte.

De même, les comptes d’investissement ne peuvent être présentés en capitaux


propres puisque les titulaires de ces comptes ne jouissent pas des droits et des
pouvoirs des actionnaires dont essentiellement le droit de vote.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

2. Allocation des charges entre les parties prenantes :

Une autre problématique se pose pour les comptes d’investissement relatif à


l’allocation des profits entre le moudharib et le Rabb ul mal.

En effet, la banque islamique combine ses fonds avec les fonds de ses déposants
(comptes courants, comptes d’épargne et comptes d’investissement) pour le
financement de projets objet du contrat de moudharaba.

Se pose donc la question de l’allocation des coûts entre la banque islamique et les
titulaires des comptes d’investissement. Tout d’abord, les financements entraînent
deux natures de charges : les charges directes et les charges indirectes
essentiellement les charges administratives.

Les normes comptables actuelles ne prévoient pas de méthode déterminée qui fixe
les règles d’allocation des charges pour éviter toute minoration de la part des profits
attribuables aux titulaires des comptes d’investissement par la banque.

3. Traitement et prise en compte des réserves PER et IRR :

Les réserves PER et IRR sont spécifiques aux banques islamiques et plus
particulièrement aux comptes d’investissement gouvernés par le mécanisme de la
moudharaba.

En se référant aux dispositions de la norme NCT 21 « Présentation des états


financiers des établissements bancaires », les réserves comportent les primes liées au
capital, les réserves légales, les réserves statutaires, les réserves ordinaires ainsi que
les autres réserves (fonds social et fonds pour risques bancaires généraux).

Les normes comptables tunisiennes ne prévoient aucun traitement spécifique pour


leur constitution, constatation comptable et présentation au niveau des états
financiers.

4. Traitement et prise en compte des revenus générés par les comptes


d’investissement :

L’état de résultat prévu par la norme NCT 21 ne reflète pas la particularité des
revenus générés par les comptes d’investissement.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Ces comptes sont régis par le principe de partage des profits et des pertes et par
conséquent les résultats générés doivent être répartis entre la banque islamique en
tant que moudharib et les déposants titulaires de ces comptes.

L’état de résultat tel qu’il est prévu par la norme comptable NCT 21 ne permet pas
une compréhension du résultat de la banque islamique et ne privilégie pas une
analyse pertinente de la performance au titre des comptes d’investissement eu
égard aux règles régissant leurs fonctionnement et à l’exigence de la conformité à
la Charia.

De même qu’il ne distingue pas entre la quote-part des profits revenant à la banque
et la quote-part revenant aux titulaires des comptes d’investissement.

5. Insuffisance des notes aux états financiers :

Les utilisateurs des états financiers dans les banques islamiques ont des exigences
en informations uniques et spécifiques par rapport à l’industrie de la finance
conventionnelle.

En effet, les parties prenantes dans une banque islamique n’ont pas seulement
besoin d’informations leur permettant d’évaluer la capacité de la banque à
maintenir et à fructifier le capital investi mais aussi de s’assurer de ce qui suit :

La conformité des activités de la banque aux principes de la Charia ;


L’absence de produits ou de charges relatifs à des transactions prohibées ;
De l’accomplissement par la banque de son rôle socio-économique.

Toutes ces exigences en informations à fournir aussi bien quantitatives que


qualitatives ne sont pas prévues par les normes comptables tunisiennes actuelles.

Par ailleurs, les titulaires des comptes d’investissement constituent de nouveaux


utilisateurs des états financiers par rapport aux banques conventionnelles. Ces
utilisateurs ont des besoins additionnels en information qui concernent la zakat, les
variations des comptes d’investissement et autres qui ne sont pas traités par les
normes comptables actuelles initialement conçues pour les banques
conventionnelles.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

3. PROPOSITIONS DE SOLUTIONS ET D’ALTERNATIVES AUX DIFFICULTES


IDENTIFIEES :

Le cadre conceptuel de la comptabilité en Tunisie ne permet pas aux banques


islamiques de fournir un reporting financier pertinent et complet pour toutes les
parties prenantes.

De même, l’inexistence de normes comptables spécifiques aux banques islamiques


ne permet pas une standardisation du traitement comptable et des règles de
présentation des produits islamiques au niveau des états financiers entre les
banques islamiques.

Deux approches sont possibles pour essayer de parvenir à un traitement et une


présentation comptables homogènes pour les produits islamiques et compatibles
avec les principes de la Charia :

1. Introduire des amendements au niveau du cadre conceptuel de la


comptabilité ainsi qu’au niveau des normes comptables bancaires
conventionnels afin de répondre aux besoins uniques et spécifiques
des banques islamiques ;
2. Etablir des normes comptables nouvelles spécifiques aux banques
islamiques qui s’inspirent des normes de l’AAOIFI tout en apportant
des améliorations au niveau du cadre conceptuel de la comptabilité.

Actuellement, il serait plus opportun en Tunisie de procéder dans l’immédiat à des


amendements au niveau des normes comptables en s’inspirant des normes
comptables de l’AAOIFI pour les comptes d’investissement.

A notre avis et sans prétendre une complétude et une exhaustivité des


amendements proposés par nos soins et afin de veiller à préserver la cohérence
entre le cadre conceptuel et les normes comptables, nous proposons les
amendements suivants :

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Aspects à améliorer au niveau du


cadre conceptuel de la comptabilité Amendements
et la norme comptable NCT 21

Introduire les titulaires des comptes


Les utilisateurs des états d’investissement restreints et non restreints
financiers comme une nouvelle catégorie d’utilisateurs
des états financiers.

Rajouter que les titulaires des comptes


d’investissements sont également des
utilisateurs privilégiés des états financiers ;
Rajouter les besoins des titulaires des comptes
Besoins particuliers de certains d’investissement : s’assurer de la conformité
utilisateurs de la banque à la Charia, s’assurer de
l’inexistence de transactions prohibées,
évaluer la capacité de la banque à absorber
les pertes, le degré de liquidité et évaluer le
risque inhérent aux investissements.

Prévoir pour les banques islamiques la


présentation d’états complémentaires au
niveau du jeu des états financiers :
1. Le tableau de variation dans les
investissements restreints ;
2. Le tableau des sources et usages des fonds de
Jeu des états financiers zakat et des fonds de charité ;
3. Le tableau des sources et usages des fonds de
prêts gratuits ;

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Aspects à améliorer au niveau du


cadre conceptuel de la comptabilité Amendements
et la norme comptable NCT 21

Rajouter les objectifs suivants qui sont


spécifiques à la finance islamique :
1. Renseigner sur la conformité de la
banque islamique à la Charia et ses
objectifs de conformité ;
2. Renseigner sur les charges et produits de
la banque relatifs à des transactions
prohibées ;
3. Assister l’utilisateur à évaluer l’adéquation
du capital de la banque pour absorber les
pertes et asseoir le risque inhérent aux
investissements ;
Objectifs des états financiers 4. Evaluer le degré de liquidité des actifs et
les besoins en liquidité pour honorer ses
obligations.
5. Renseigner sur l’accomplissement par la
banque de son rôle social : préservation
de l’environnement, de la société et des
individus.
6. Etayer les efforts de la banque pour
développer ses ressources humaines eu
égard à leurs savoirs et connaissances de
la Charia et de l’économie ainsi que les
efforts de la banque pour encourager ses
employés à être efficients et efficaces.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Aspects à améliorer au niveau du


cadre conceptuel de la comptabilité Amendements
et la norme comptable NCT 21

Définir une nouvelle rubrique intermédiaire


au niveau du bilan entre la rubrique des
capitaux propres et celle des passifs pour la
présentation des comptes d’investissements
non restreints ;
Définir de nouvelles rubriques comptables au
niveau de l’état de résultat permettant de
mettre en exergue les profits générés par les
Eléments des états financiers
comptes d’investissement et leur répartition
entre la quote-part du moudharib et la quote-
part revenant aux titulaires des comptes
d’investissement ;
Prévoir une nouvelle rubrique au niveau de
l’état des engagements hors bilan pour y
présenter les comptes d’investissement
restreints.

Insertion d’une exception à cette convention


pour les produits islamiques et en particulier

Convention de la prééminence la moudharaba.

du fonds sur la forme Pour les produits islamiques, il faut donner


une importance égale à la substance et la
forme.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Aspects à améliorer au niveau du


cadre conceptuel de la comptabilité Amendements
et la norme comptable NCT 21

Prévoir une ou plusieurs méthodes pour


l’allocation des charges indirectes et des
revenus entre le moudharib et les titulaires
des comptes d’investissement.

Il existe deux méthodes :

1. « Pooling Method » : Cette méthode


consiste à partager tous les revenus (sauf
les revenus provenant des filiales) et des
charges (sauf les honoraires des auditeurs
externes et les avantages accordés aux
administrateurs) ;
Méthode d’allocation des coûts
2. « Separation Method » : Cette méthode
consiste à partager uniquement les
revenus et les charges directement
attribuables aux projets financés par les
fonds des titulaires des comptes
d’investissement.

Ces deux méthodes donnent une part de profit


attribuable aux titulaires des comptes
d’investissement différente l’une de l’autre.

Néanmoins, la première méthode demeure la


plus facile à mettre en œuvre dans la pratique.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Aspects à améliorer au niveau du cadre


conceptuel de la comptabilité et la norme Amendements
comptable NCT 21

Rajouter des notes aux états financiers


pour répondre aux besoins des titulaires
des comptes d’investissement relatives
notamment aux :
1. Méthodes de détermination des profits
et leur allocation entre les titulaires des
Notes aux états financiers
comptes d’investissement et du
moudharib ;
2. Politiques comptables et méthodes
d’allocation des charges entre le
moudharib et les titulaires des comptes
d’investissements.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

CHAPITRE 2 : DILIGENCES DU COMMISSAIRE AUX COMPTES POUR


L’AUDIT DES COMPTES D’INVESTISSEMENT

I. MECANISMES DE CONTROLE DES COMPTES D’INVESTISSEMENT ET


LEURS MISSIONS :

Les banques islamiques mobilisent et traitent les fonds du public au même titre que
les banques conventionnelles. Les fonds détenus par la banque peuvent même
dépasser son propre capital.

Par conséquent, il est primordial et même indispensable d’instaurer un


environnement de confiance pour les déposants et particulièrement les titulaires des
comptes d’investissement. Cet environnement permettra de se prémunir contre les
fraudes, la mauvaise gestion, le risque de non-conformité à la Charia…

La mise en place d’un système adéquat de gestion des risques et d’un système de
contrôle interne approprié est nécessaire pour l’instauration d’un tel
environnement.

L’audit externe aura pour mission de consolider davantage le système de contrôle


interne mis en place.

Par ailleurs, le principe de partage des profits et des pertes qui est un principe
spécifique et unique aux banques islamiques, l’obligation de se conformer à la
Charia ainsi que la particularité des produits islamiques font que ces systèmes
revêtent davantage d’importance.

Nous allons examiner les mécanismes internes et externes de contrôle au sein d’une
banque islamique tout en mettant en exergue leurs missions et contributions pour
le contrôle des comptes d’investissement et la maîtrise des risques spécifiques qui en
découlent.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

1. L’AUDIT INTERNE :

L’audit interne a été défini par l’IIA (Institute of Internal Auditors) comme suit :
« L’audit interne est une activité indépendante et objective qui donne à une
organisation une assurance sur le degré de maîtrise de ses opérations, lui apporte
ses conseils pour les améliorer, et contribue à créer de la valeur ajoutée.

Il aide cette organisation à atteindre ses objectifs en évaluant, par une approche
systématique et méthodique, ses processus de management des risques, de
contrôle, et de gouvernement d’entreprise et en faisant des propositions pour
renforcer leur efficacité. »

L’audit interne a pour mission principale d’examiner et d’évaluer l’efficacité du


système de contrôle interne. Les contrôles opérés par l’audit interne sont des
contrôles périodiques, ponctuels ou inopinés.

A l’issue des contrôles opérés, l’auditeur interne prépare un rapport dans lequel il
consigne les insuffisances relevées et donne des recommandations pour concevoir
et améliorer les contrôles concernés.

Tout d’abord, il faut souligner que l’auditeur interne dans une banque islamique doit
avoir une bonne connaissance des activités bancaires islamiques et des problèmes
spécifiques rencontrées par ses banques.

Il doit également avoir la capacité d’identifier les risques encourus dans les
opérations bancaires islamiques pour pouvoir y remédier et proposer des mesures
correctives si nécessaires.

En ce qui concerne les comptes d’investissement qui sont plus risqués, l’auditeur
interne doit s’assurer de la conception et de la mise en application des procédures
de contrôles pour prévenir l’arbitraire dans les décisions d’investissement, la
mauvaise gestion, l’exposition excessive aux risques et d’assurer une gestion
prudente.

 L’auditeur interne endosse ainsi le rôle de mécanisme de contrôle qui assure la


protection des dépôts.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Ceci est dû au fait que les déposants ne disposent pas de moyens leur permettant
de sauvegarder leurs intérêts : d’une part, ils ne peuvent pas avoir leurs propres
représentants au sein des conseils d’administration au même titre que les
actionnaires puisque ce sont des partenaires temporaires et qu’ils peuvent retirer
leurs dépôts à tout moment sans aucune contrainte. D’autre part, la création
d’entités spécialisées dans la garantie des dépôts n’est pas permise parce que ça va
à l’encontre du principe de partage des profits et des pertes.

Par conséquent, l’auditeur interne doit prévoir de contrôler la conception et la mise


en œuvre de procédures et de contrôles ayant pour objectif de prévenir et détecter
les risques résultant de la détention des comptes d’investissement qui sont le risque
fiduciaire et le risque commercial déplacé.

Rappelons que le risque fiduciaire est le risque que la banque ait fait preuve de
négligence ou de mauvaise gestion lors de l’exécution du contrat de moudharaba.
Alors que le risque commercial déplacé correspond au fait que la banque ne puisse
pas faire face à la concurrence des autres banques qu’elles soient islamiques ou
conventionnelles.

L’auditeur interne est le garant de la mise en œuvre et de l’amélioration du système


de contrôle interne instauré par les organes de gouvernance de la banque.

2. LE COMITE CHARIA (CHARIA BOARD) :

Les banques islamiques doivent se conformer aux préceptes de la Charia. A cet effet,
elles sont dotées de leur propre comité de la Charia.

Le comité Charia est une structure qui caractérise l’organisation interne d’une
banque islamique par rapport aux banques conventionnelles.

Selon la norme de gouvernance des institutions financières islamiques n°1 « Shari’a


Supervisory Board : appointment, composition and report » : « Le charia Board est
une structure indépendante composée de juristes spécialisés en Fiqh almua’malat. »

L’existence d’une telle structure au niveau de l’organisation de la banque est


obligatoire.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le comité Charia a un rôle consultatif : il a pour mission de se prononcer sur la


conformité des opérations et des produits proposés par la banque et de contrôler la
mise en application de ses décisions eu égard aux préceptes de la Charia.

Son rôle ne se limite pas à s’assurer de la conformité à la Charia mais il doit intervenir
au niveau du dispositif du contrôle interne. En effet, cet organe a un rôle de
contrôleur interne qui a un droit de regard sur l’ensemble des activités bancaires.

 Le comité Charia contrôle l’usage et la destination des dépôts de la clientèle. Il


supervise également le calcul et la distribution de la zakat.

3. LA BANQUE CENTRALE DE TUNISIE :

La Banque Centrale est l’autorité de contrôle et de supervision aussi bien pour les
banques islamiques que les banques conventionnelles.

En tant que telle, la Banque Centrale doit remplir les fonctions suivantes :

Veiller au développement d’une culture de gestion des risques dans les


banques islamiques et promouvoir une gestion efficace des risques ;
Etablir des circulaires et des textes spécifiques régissant l’activité des banques
islamiques pour les obliger à concevoir et à développer un système de
contrôle interne. Ce dispositif doit permettre de fournir des informations
pertinentes et adéquates pour garantir une transparence de ses banques
pour la protection des déposants et des autres parties prenantes mais aussi
pour préserver la stabilité du système financier.
Ces circulaires doivent permettre et inciter à la communication d’informations
quantitatives et qualitatives concernant leur exposition aux risques ainsi que
les politiques mises en place pour la gestion de ses risques ;
Penser à se doter de son propre conseil de contrôle de la Charia.
De même, il faudra également penser à assurer des formations pour les
agents chargés de l’inspection et du contrôle des banques islamiques pour
contribuer au développement de systèmes efficaces d’évaluation interne du
contrôle et une culture de gestion du risque.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Actuellement, aucune circulaire spécifique n’édicte des contrôles spécifiques pour


les banques islamiques.

4. LES COMMISSAIRES AUX COMPTES :

En sus de la certification des états financiers, les commissaires aux comptes ont un
rôle important qui consiste à dynamiser et à améliorer l’efficacité des contrôles
internes de plusieurs manières :

Ils révisent et vérifient le système de contrôle interne ;


Ils jouissent d’une objectivité et d’une indépendance meilleure par rapport à
la gestion de l’organisation ;
Ils garantissent la conformité avec les normes et la réglementation locale.

La réglementation actuelle doit prévoir des amendements qui portent sur le rôle de
l’auditeur externe dans la fourniture d’une assurance que les banques islamiques
n’ont pas transgressé les préceptes de la Charia.

II. DILIGENCES DU COMITE CHARIA ET DU COMMISSAIRE AUX COMPTES


POUR L’AUDIT DES COMPTES D’INVESTISSEMENT :

Dans le cadre de sa mission, le comité Charia établit des rapports annuels afin de
confirmer le caractère Charia compatible des opérations réalisées par la banque.

L’auditeur externe est l’un des utilisateurs de ces rapports qui lui permettent
d’asseoir convenablement son évaluation du risque de non-conformité à la Charia
auquel la banque est exposée.

Ces rapports ont un impact direct sur les diligences mises en œuvre par l’auditeur
externe en identifiant :

Les produits et les charges générés par des transactions financières ou des
produits jugés non conformes à la Charia. En effet, ces produits et charges
doivent être exclus du résultat de la banque et doivent être présentés dans
un compte d’attente en vue de leur liquidation ;

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Le non respect des termes contractuels des contrats de moudharaba dans


leur exécution par la banque en sa qualité de moudharib ce qui expose celle-
ci au risque d’assumer les pertes du capital investi en ayant l’obligation de les
rembourser ;
Les produits islamiques dont les conditions de mise en œuvre ont fait l’objet
d’un avis émis par le comité Charia et auxquelles la banque ne s’est pas
conformée.

Bien que l’auditeur externe et le comité Charia aient des objectifs d’audit différents
de par la nature de l’audit exercé et de la différence des référentiels utilisés, ils se
rejoignent en tant que deux mécanismes externes de contrôle complémentaires
ayant pour finalité d’assurer la protection des déposants et de leurs intérêts.

1. DILIGENCES DU COMITE CHARIA :

La norme GSIFI n°2 de l’AAOIFI « Shari’a Review » détermine les étapes de mise en
œuvre du contrôle Charia qui se déroule en trois étapes :

Planification des procédures de contrôle ;


Exécution des procédures de contrôle et préparation des papiers de travail ;
Documentation des conclusions et émission du rapport.

A. PHASE DE PLANIFICATION DES PROCEDURES DE CONTROLE :

Les procédures de contrôle doivent être planifiées pour qu’elles soient réalisées
d’une manière efficiente et efficace.

Le programme d’audit doit être développé d’une manière adéquate de telle façon à
développer une compréhension des opérations de la banque islamique en termes
de volumétrie, emplacements...

Les diligences mises à la charge du comité Charia par la norme de gouvernance


précitée se détaillent comme suit :

Compréhension des activités et des produits commercialisés par la banque et


du degré de sensibilisation et de l’attitude adoptée par le management en

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

matière de conformité à la Charia. Cette compréhension détermine la nature,


l’étendue et le timing des procédures de contrôle à déployer ;

Le programme d’audit doit être dûment documenté en incluant les critères


d’échantillonnage qui doivent tenir compte de la complexité et de la
récurrence des transactions financières.

B. EXECUTION DES PROCEDURES DE CONTROLE :

D’une manière générale, pour s’assurer de la conformité d’une transaction


financière à la Charia, il faut répondre positivement aux questions suivantes :

1. Les clauses contractuelles sont-elles conformes à la Charia ?


2. L’attitude du moudharib quant à l’utilisation des fonds fournis par les
investisseurs serait-elle la même que s’il utilisait ses propres fonds ?
3. Le moudharib agit-il dans l’intérêt des investisseurs de fonds ou dans son
propre intérêt ?
4. Le projet financé par les fonds remplit-il des objectifs ayant une dimension
sociale et éthique tels que la contribution à la protection de l’environnement,
l’augmentation de l’emploi ?

Sans prétendre fournir un programme d’audit complet et exhaustif, les diligences


listées essayent de répondre aux questions précédentes.

Le programme d’audit « religieux » du comité Charia a été élaboré par nos soins en
se référant à la norme charaique n°13 « Mudaraba » de l’IFSB.

A notre avis, les critères d’échantillonnage devant être pris en compte par le comité
Charia dans sa revue se présentent comme suit :

La complexité de l’opération de moudharaba ;


L’importance relative du capital investi dans l’opération de moudharaba par
rapport à la masse totale des fonds dans les comptes d’investissement ;
La consultation du comité Charia par la banque antérieurement à
l’investissement effectif au titre de la conformité de l’opération à la Charia

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

dans l’un de ses aspects et ayant donné lieu à l’émission d’un avis de ce même
comité.

a. AUDIT DES CONTRATS DE FINANCEMENTS :

Q1 : Les clauses contractuelles sont-elles conformes à la Charia ?

Diligences générales au titre des contrats de financement moudharaba

Vérifier que le contrat utilise les termes suivants : Moudharaba, Qirad,


Mu’amala ;
Vérifier que les parties contractantes ont la capacité légale de contracter ;
Vérifier que le moudharib a investi le capital en question dans une
entreprise exerçant une activité licite eu égard aux préceptes de la Charia ;
Vérifier que le contrat ne comporte pas une clause stipulant que
l’investisseur a le droit de travailler avec le moudharib et doit être impliqué
dans les activités du projet financé (achat, vente, approvisionnement) ;
Vérifier que le capital investi est clairement indiqué dans le contrat et qu’il
ne présente aucune ambiguïté ou incertitude possible ;
Vérifier que le capital investi ne correspond pas à la conversion d’une
créance et qu’il est totalement disponible entre les mains du moudharib ;
Vérifier que le contrat comporte les ratios de répartition des profits et ne
prévoit pas un profit sous forme d’une somme fixée d’avance ou sous
forme d’un pourcentage du capital investi ;
Vérifier qu’un même investisseur n’a pas fourni au moudharib deux
capitaux distincts en prévoyant que les profits de l’un reviennent en leur
intégralité au moudharib et que les profits de l’autre capital reviennent en
leur totalité à l’investisseur.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Diligences spécifiques au titre de certaines catégories de contrats de


moudharaba

NB : ces diligences doivent en général concerner l’exhaustivité de ces contrats

1. Contrats de financements moudharaba résolus suite à une décision unilatérale de


l’une des parties prenantes

Vérifier que la résolution a eu lieu avant que le moudharib n’ait commencé


le projet ;
Vérifier que la résolution du contrat a eu lieu à la fin de la durée de
l’opération initialement fixée, convenue et déclarée par les parties dans le
contrat.

2. Contrats de financements portant sur une moudharaba restreinte

Vérifier que le moudharib s’est conformé aux restrictions imposées par


l’investisseur en termes de nature d’investissement et autres restrictions
possibles ;
Vérifier que les restrictions imposées par l’investisseur ne sont pas de nature
à handicaper le moudharib dans la conduite et la gestion du projet.

Q2 : L’attitude du moudharib quant à l’utilisation des fonds fournis par les


investisseurs serait-elle la même que s’il utilisait ses propres fonds ?

Q3 : Le moudharib agit-il dans l’intérêt des investisseurs de fonds ou dans son


propre intérêt ?

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Diligences relatives à l’évaluation de l’attitude et de l’intégrité du moudharib

Vérifier que le moudharib n’a pas utilisé les fonds des investisseurs pour
faire un don ou pour accorder un prêt à autrui sans le consentement des
investisseurs de fonds ;
Vérifier que le moudharib n’a pas acheté des biens ou actifs dans le cadre
de l’opération de moudharaba à un prix supérieur à celui du marché ;
Vérifier que le moudharib n’a pas procédé à la vente de biens ou d’actifs
dans le cadre de l’opération de moudharaba à un prix inférieur au prix du
marché ;
Vérifier que les honoraires ou frais supportés par le moudharib, suite à son
recours à un sous-traitant ou à une partie tierce pour l’exécution des
travaux ou des activités rentrant dans le cadre de ses responsabilités de
gestion des fonds, n’ont pas été prélevés sur les fonds investis mais plutôt
sur les fonds propres du moudharib ;
Vérifier, dans le cas où le moudharib prétend à des dépenses minimales de
vie quotidienne accordées par l’investisseur des fonds en vertu du contrat,
que les dépenses effectives ne dépassent pas le montant énoncé et
approuvé dans le contrat ;
Vérifier, dans le cas où les dépenses minimales de vie quotidienne n’ont
pas été prévues par le contrat, que leur montant effectif présente un
caractère raisonnable par rapport à l’usage et la coutume.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

b. AUDIT DE LA REPARTITION DES PROFITS ET DES PERTES :

Diligences relatives à la détermination et à la répartition du profit

S’assurer de l’existence d’une politique générale de répartition des profits


qui a été soumise au comité préalablement à son paramétrage au niveau
du système d’information et qu’aucune modification n’a été apportée sans
l’autorisation de celui-ci ;
Vérifier que les investisseurs ayant résolu leurs contrats n’ont pas bénéficié
d’une partie du profit distribué ;
Vérifier qu’il n’y a pas eu de distribution définitive du profit avant de
s’assurer de la préservation du capital investi par les investisseurs ;
Vérifier que les profits des investissements ont été purifiés en retranchant
les produits relatifs à des opérations illicites ;
Vérifier que le profit distribuable ne comporte pas des revenus provenant
d’autres activités ou de filiales ;
Vérifier que les charges devant être exclues du profit distribuable
puisqu’elles ne sont pas imputables aux opérations de moudharaba,
comme les honoraires des auditeurs externes et les avantages accordés
aux administrateurs, ont été effectivement exclues ;
Vérifier que la méthode d’allocation des coûts entre le moudharib et les
investisseurs correspond à l’une des méthodes « pooling method » ou
« separate method » pour éviter une répartition inéquitable des charges
qui minorerait la part du résultat attribuable aux investisseurs ;
Vérifier que le calcul de la Zakat a été effectué dans le respect des règles
de la Charia.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

C. DOCUMENTATION ET EMISSION DU RAPPORT :

Le comité Charia doit documenter ses conclusions et préparer son rapport à


l’attention des actionnaires sur la base des travaux effectués et des discussions
réalisées.

En se référant à la norme GSIFI n°1 « Shari’a Supervisory Board : Appointment,


composition and report », le rapport doit comporter les éléments suivants :

L’objet du rapport ;
La nature du travail effectué ;
Le rappel des obligations du management vis-à-vis de la réglementation
islamique ;
La confirmation que le comité Charia a réalisé les travaux de revue d’une
manière appropriée ;
Le paragraphe d’opinion doit exprimer l’opinion du comité concernant la
conformité des modèles de contrats et de la documentation y relative par
rapport aux principes et règles de la Charia.
Si le comité Charia relève des cas de violation des fatwas, règles et principes
de la Charia ainsi que des directives issues par ce même comité, ces violations
doivent être reportées dans l’opinion relative aux principaux aspects :
a. La conformité des contrats et des transactions à la Charia ;
b. La répartition des profits et des pertes relative aux comptes
d’investissement est conforme aux règles et aux principes de la Charia ;
c. Les revenus de source illicite ont été liquidés au profit d’œuvres de
bienfaisance/caritatives ;
d. Le calcul de la Zakat a été effectué en conformité aux règles et
principes de la Charia.
La période couverte par la revue et la date de la fin de la revue effectuée ;
La date du rapport qui ne doit pas être antérieure à la date d’approbation des
états financiers par le management ;
La signature de tous les membres du comité.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Les sections qui suivront vont traiter des diligences spécifiques à mettre en œuvre
par le CAC pour le contrôle des comptes d’investissement que ce soit en matière
d’évaluation du contrôle interne qu’en matière de contrôle des comptes.

2. DILIGENCES DU COMMISSAIRE AUX COMPTES EN MATIERE DE CONTROLE


INTERNE :

Lors de son intervention au sein d’une banque islamique, le CAC doit tenir compte
dans ses travaux des risques et enjeux spécifiques au sein de cette catégorie de
banque.

A. EVALUATION DU CONTROLE INTERNE :

L’objectif des tests sur les procédures est l’évaluation de l’efficacité et de la fiabilité
des procédures de contrôle interne. Ce qui permet au CAC d’évaluer le risque de
non contrôle qui est une composante du risque d’audit.

En se référant à la norme d’audit ISA 315 « Connaissance de l’entité et de son


environnement et évaluation du risque d’anomalies significatives », l’auditeur doit :

1. Acquérir une compréhension de l’environnement de contrôle ;


2. Déterminer si l’entité dispose d’un processus qui lui permet :
D’identifier les risques d’entreprises à prendre en considération au regard des
objectifs de l’information financière ;
D’estimer l’importance des risques ;
D’évaluer leur probabilité de réalisation ;
De décider des mesures à prendre en réponse à ses risques.
3. Acquérir une compréhension du système d’information pertinent
pour l’information financière ;
4. Acquérir une compréhension de la façon dont l’entité communique
l’information concernant les rôles et les responsabilités en matière
d’informations financières et les éléments importants liés à
l’information financière ;
5. Acquérir une compréhension des activités de contrôle pertinentes
pour l’audit ;

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

6. Acquérir une compréhension des principaux moyens utilisés par


l’entité pour faire le suivi du contrôle interne portant sur l’information
financière ;
7. Acquérir une compréhension de la nature des responsabilités de la
fonction d’audit interne, son statut au sein de l’organisation et des
activités qu’elle a mise ou qu’elle mettra en œuvre.

B. DILIGENCES SPECIFIQUES :

a. COMPREHENSION DE L’ENVIRONNEMENT DE CONTROLE DE LA BANQUE :

L’environnement de contrôle est un élément essentiel de la culture de la banque car


il détermine le niveau de sensibilisation de son personnel aux besoins de contrôle.

Dans une banque islamique, l’environnement de contrôle se distingue par rapport


à celui d’une banque conventionnelle par la prise en considération dans ses
différentes composantes de l’exigence de la conformité à la Charia.

a. Transmission et respect des valeurs d’intégrité et d’éthique : L’auditeur doit


évaluer si les intervenants (management de la banque, auditeur interne)
responsables de la conception, mise en place et du suivi des contrôles prévus
pour les comptes d’investissement ont un niveau élevé d’intégrité et
d’éthique.
Ces qualités constituent les clés de confiance des investisseurs et contribuent
à la mise en place de contrôles spécifiques et objectifs.
Les méthodes utilisées par le management pour atteindre les objectifs fixés
reflètent leurs priorités. La nature du jugement est à son tour le reflet de leur
éthique et intégrité.
b. Importance attachée à la compétence : L’auditeur doit s’assurer que les
différents intervenants au niveau du management, l’audit interne et le
contrôle de la conformité disposent des compétences et des niveaux de
qualifications requis en matière de finance islamique et jouissent d’une
expérience professionnelle dans le domaine. Ceci permet la prise de décision

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

adéquate d’investissement des fonds des clients et atténue le risque


d’arbitraire.
c. Philosophie et s tyle de management : L’auditeur doit évaluer l’attitude et les
décisions de la direction à l’égard de la fonction comptable, de la fonction
informatique et de l’information financière particulièrement celles relatives
aux investissements et aux performances des projets financés ainsi que leur
appréhension et réactivité pour la gestion des risques spécifiques aux
comptes d’investissement à savoir le risque fiduciaire , le risque commercial
déplacé et le risque de non-conformité à la Charia. L’auditeur devra aussi
vérifier que la gestion de la banque se base sur des tableaux de bord et des
procédures qui permettent une remontée et une circulation fluide de
l’information.
d. Politique d’organisation, de délégation des responsabilités et de gestion des
ressources humaines : L’auditeur doit évaluer le degré d’adaptation de la
structure organisationnelle de la banque à sa taille, la nature de ses activités
et ses besoins.
Par ailleurs, il doit vérifier si cette structure permet que les activités soient
planifiées, exécutées , contrôlées et suivies d’une manière adéquate pour la
réalisation des objectifs fixés tout en fournissant les moyens nécessaires pour
ce faire.
De plus, l’auditeur devra vérifier si le schéma des délégations des pouvoirs et
des responsabilités permet une circulation fluide des informations.
De même, il doit vérifier que ses délégations ne font pas l’objet de
dépassements.

b. EVALUATION DU PROCESSUS DE MAITRISE DES RISQUES PAR L’ENTITE :

En se référant à la norme d’audit ISA 315 « Connaissance de l’entité et de son


environnement et évaluation du risque d’anomalies significatives », l’auditeur
doit acquérir une compréhension du processus de maîtrise des risques et de ses
résultats.

Cette compréhension lui permet d’évaluer le degré d’adaptation de ce processus à


l’entité et de déterminer dans quelle mesure il permet d’identifier, de prévenir et de
détecter les risques générateurs d’anomalies significatives.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Pour dresser une évaluation appropriée et adéquate, l’auditeur doit réaliser les
contrôles suivants :

S’assurer que le processus d’évaluation des risques par l’entité est dûment
formalisé d’une manière concise et précise à travers l’existence d’un manuel
de contrôle interne et des notes de procédures détaillant les natures , les
niveaux et la matérialisation du contrôle ainsi que tout autre outil permettant
l’appréhension et l’application des mécanismes de contrôles prévus.
S’assurer que les manuels et les procédures prévus pour les contrôles relatifs
aux comptes d’investissement tiennent compte des risques spécifiques à la
détention de ses dépôts, de la récurrence des opérations de moudharaba et
du risque de non conformité à la Charia.
S’assurer du caractère opérationnel des structures de contrôles et des
contrôles mis en place constatés par des rapports périodiques qui remontent
les insuffisances constatées dans le fonctionnement des comptes
d’investissement, les projets financés, l’existence de transactions prohibées et
par conséquent de produits et de charges illicites ainsi que tout autre cas
survenu de non-conformité à la Charia.

Nous allons détailler encore plus les diligences de l’auditeur externe pour
l’évaluation des contrôles relatifs aux comptes d’investissement par niveau de
contrôle :

1. Contrôles de 1er niveau :

Vérifier que les financements moudharaba, les procédures internes relatives


au fonctionnement et à la gestion des comptes d’investissement sont
conformes à la Charia, aux exigences normatives et réglementaires
bancaires ;
Vérifier que les caractéristiques quantitatives et qualitatives de l’information
comptable et financière relative aux comptes d’investissement et à la
performance des projets financés favorisent une meilleure transparence de
l’utilisation des fonds pour les déposants ;

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Vérifier l’existence de limites de prise de risques par nature de risque, leur suivi
et la prévention des dépassements ;
Vérifier que la banque effectue un suivi et une justification des comptes
comptables relatifs aux comptes d’investissement, des comptes relatifs aux
transactions prohibées et des comptes de la Zakat ;
Vérifier l’existence et la réalisation de contrôles et de travaux de justifications
au titre des opérations manuelles qui touchent les comptes d’investissement,
la répartition des profits et la détermination des réserves y afférentes.

2. Contrôles de 2ème niveau :

L’auditeur externe doit vérifier l’existence du contrôle de 2ème niveau et évaluer son
efficacité :

Vérifier l’existence d’un contrôle de 2ème niveau dûment matérialisé qui porte
sur les journées comptables : les écritures comptables sont dûment justifiées
et une piste d’audit est clairement établie ;
Vérifier que les paramètres du système d’information en particulier ceux
relatifs à la détermination du résultat de la banque, la répartition des profits
et des pertes entre les déposants et la banque sont verrouillés et nécessitent
un niveau d’habilitation supérieur et des autorisations ponctuelles pour y
apporter des modifications ;
Vérifier l’existence d’habilitations strictes au niveau du système d’information
pour la création et la suppression de comptes comptables ;
Vérifier qu’il y a un suivi des comptes non mouvementés d’une manière
générale ;
Vérifier que les comptes comptables relatifs au résultat de la banque ne
logent pas des produits et des charges relatifs à des transactions prohibées.
En effet, tout produit illicite doit être logé dans un compte d’attente en vue
de sa liquidation ;
Vérifier que les provisions PER et IRR comptabilisées par la banque présentent
un caractère suffisant et pertinent par rapport au risque de perte relatif au
projet financé.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

C. SUIVI DES CONTROLES :

L’auditeur externe doit acquérir une compréhension des activités de contrôle


pertinentes permettant d’évaluer le risque d’anomalies significatives relatifs aux
comptes d’investissement et aux réserves y relatives en tenant compte des éléments
suivants :

Importance ou poids relatif des comptes d’investissement par rapport à la


masse totale des dépôts ;
Méthode d’allocation des coûts entre la banque et les titulaires des comptes
d’investissement ;
L’efficience et l’efficacité des structures chargées du suivi de la conformité à
la Charia ;
Méthode de calcul des profits et leur répartition ;
Méthode de détermination des réserves PER et IRR ;
Comptabilisation manuelle des profits attribuables à chaque déposant ainsi
que celle relative aux réserves et leurs ajustements.

Nous proposons ci-dessous un questionnaire de contrôle interne relatif à la phase


d’évaluation de contrôle interne.

Notons qu’il appartient à l’auditeur externe de déterminer s’il y a lieu de recourir à


un expert externe en Charia pour l’évaluation du risque de non-conformité aux
préceptes de la Charia.

Dans ce cas, l’auditeur doit accomplir des diligences supplémentaires en se référant


à la norme ISA 620 « Utilisation par l’auditeur d’un expert de son choix » à savoir :

Il doit évaluer si l’expert a la compétence en Charia et les capacités requises


pour remplir pleinement son rôle ;
Il doit évaluer l’objectivité de l’expert en s’assurant de l’absence totale
d’intérêt ou de relations pouvant menacer l’objectivité de celui-ci ;
Il doit acquérir une compréhension suffisante de la Charia qui est le domaine
d’expertise de l’expert en question ;

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Il doit juger du caractère adéquat des travaux accomplis par l’expert par
rapport à ses besoins.

D. QUESTIONNAIRE DE CONTROLE INTERNE :

DOSSIER
Réf DA

QUESTIONNAIRE CONTRÔLE INTERNE - EVALUATION


EXERCICE Coll.

Date

DILIGENCES OBJECTIFS REF :

Analyser les risques liés à l'environnement de


contrôle.
Mettre en évidence les faiblesses Réf DP
des procédures pour cibler les
Analyser les risques spécifiques pour le contrôles
cycle Comptes d’investissement/moudharaba.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

TESTS RISQUE REF


Observations
NATURE DU RISQUE/CYCLE EXAMINE FT
OUI/NON
F/M/f
N/A

RISQUE LIÉ A L'ENVIRONNEMENT GÉNÉRAL DE CONTRÔLE


INTERNE

Les contrôles des exercices précédents ont-ils mis en


lumière l’existence de nombreuses faiblesses de contrôle
interne ?

Constate-t-on une insuffisance du plan d'organisation,


pouvant se traduire notamment par l’absence
d’organigramme, l’absence ou l’insuffisance de structures
de contrôle ?

Existe-t-il un manuel de procédures ?

A-t-on relevé certaines situations ou évènements laissant


supposer l'existence de fraudes ou d'erreurs conduisant à
des anomalies significatives dans les comptes ?

Un ou plusieurs contrepouvoirs limitent-ils le plein pouvoir


de la direction ?

Existe-il un schéma délégataire formalisé des pouvoirs et


des habilitations diffusé au sein de la banque ? Si oui, fait-il
l’objet de dépassements ou a-t-on relevé des cas de non-
respect de ce schéma ?

La direction est-elle consciente de la nécessité d'un


contrôle interne performant ? La direction déploie-elle les
efforts nécessaires à cet effet ?

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

TESTS RISQUE REF


Observations
FT
NATURE DU RISQUE/CYCLE EXAMINE
OUI/NON
F/M/f
N/A

Existe-t-il un manuel de contrôle interne et des procédures


détaillant les contrôles relatifs aux comptes
d’investissement, les niveaux de contrôle et la
matérialisation de celui-ci ?

Les employés de la banque disposent-ils des compétences


nécessaires en matière de finance islamique pour remplir
pleinement leur rôle et assumer les responsabilités qui leur
sont confiés ?

La direction se base-t-elle dans sa prise de décision pour le


choix de projets d’investissement sur la réalisation
d’expertise et d’étude de rentabilité ?

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

TESTS RISQUE REF


Observations
NATURE DU RISQUE/CYCLE EXAMINE FT
OUI/NON
F/M/f
N/A

RISQUE LIÉ AU SYSTÈME COMPTABLE ET INFORMATIQUE

La comptabilité est-elle rigoureusement tenue à jour ?

Existe-t-il des journées comptables dûment conservées et


archivées ?

Le personnel comptable a-t-il une formation appropriée ?

Les écritures comptables sont-elles dûment appuyées par


des pièces justificatives et y a-t-il une piste d’audit précise et
claire ?

Existe-t-il une comparaison régulière entre les budgets et


les réalisations ?

La direction a-t-elle la maîtrise de la fonction informatique?

Existe-t-il un manuel comptable détaillant les schémas


comptables paramétrés et particulièrement ceux relatifs
aux comptes d’investissement, réserves y relatives et à la
moudharaba ?

Les paramètres du système d’information relatifs à la


répartition des profits, aux comptes de résultats sont-ils
verrouillés et ne peuvent être modifiés que par des
personnes habilitées et dûment autorisées ?

Les logiciels utilisés pour le traitement de l'information


comptable et financière manquent-ils a priori de fiabilité ?

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

TESTS RISQUE REF


Observations
NATURE DU RISQUE/CYCLE EXAMINE FT
OUI/NON
F/M/f
N/A

Est-il possible de procéder au niveau du système


d’information à la suppression d’écritures comptables ou à
leur modification ?

Existe-t-il des écritures comptables manuelles ? si oui,


recenser ses écritures par nature et par catégorie

Existe-t-il une structure de contrôle comptable chargée de


contrôler les journées comptables ?

RISQUE LIE A LA NON CONFORMITE A LA CHARIA

NB : l’auditeur devra évaluer s’il doit recourir à un expert en


Charia ou d’évaluer ses risques par ses propres moyens.

Existe-t-il un conseil de la Charia dûment constitué et


opérationnel au sein de la banque ?

Existe-t-il des procédures de contrôle de la conformité à la


Charia conçues et instaurées au sein de la banque ? Est-ce
qu’elles sont correctement appliquées ?

Examiner les rapports établis par les structures chargées du


contrôle de la conformité ? Evaluer les suivis et l’attitude de
des personnes constituant le gouvernement d’entreprise
par rapport au cas de non-conformité relevés ?

Vérifier que les opérations relatives aux financements


moudharaba et aux comptes d’investissement sont
conformes à la Charia ?

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

TESTS RISQUE REF


Observations
NATURE DU RISQUE/CYCLE EXAMINE FT
OUI/NON
F/M/f
N/A

CYCLE COMPTES D’INVESTISSEMENT/MOUDHARABA :


EVALUATION DU RISQUE

S’assurer de l’existence de modèles de contrats de


moudharaba aussi bien pour les comptes d’investissement
restreints ou non restreints qui obéissent aux critères
suivants :

Ces contrats sont conformes à la Charia et ne


comportent aucune mention ou condition
conduisant à la nullité de l’opération de
moudharaba ;
Les clauses contractuelles dans le contrat
n’appellent pas des interprétations multiples et ne
présentent aucune ambiguïté ;
Les clés de répartition des profits et des pertes sont
clairement indiquées ;

S’assurer que la banque veille à la constitution d’un dossier


d’ouverture de compte d’investissement complet
comportant entre autres un formulaire KYC et des
documents lui permettant de s’assurer de l’origine des
fonds déposés, la licéité de l’activité du client et de sa
situation financière ?

Existe-t-il une politique générale de répartition des profits


au sein de la banque ?

Vérifier que les paramètres de répartition des profits au


niveau du système d’information n’ont pas fait l’objet de
modifications ou d’ajustements par rapport aux exercices
précédents ?

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

TESTS RISQUE REF


Observations
NATURE DU RISQUE/CYCLE EXAMINE FT
OUI/NON
F/M/f
N/A

CYCLE COMPTES D’INVESTISSEMENT/MOUDHARABA :


EVALUATION DU RISQUE

Existe-t-il un suivi rigoureux des comptes d’investissement :


rapprochement encours gestion/comptable, suivi des
écarts ?

CONCLUSIONS :

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

3. DILIGENCES DU COMMISSAIRE AUX COMPTES EN MATIERE DE CONTROLE


DES COMPTES :

A. DILIGENCES SPECIFIQUES :

Après avoir évalué le risque d’anomalies significatives au niveau des états financiers,
l’auditeur planifie et met en œuvre des contrôles substantifs pour pouvoir répondre
aux risques identifiés.

Les contrôles substantifs peuvent comprendre :

Des tests de détails uniquement ;


Une combinaison de tests de détail et de procédures substantives
analytiques.

En ce qui concerne les comptes d’investissement et les contrats de moudharaba, les


principaux aspects qui doivent faire l’objet des tests substantifs se résume dans le
contrôle de la répartition équitable des profits et des pertes entre les titulaires des
comptes d’investissement et les actionnaires et entre les titulaires des comptes
d’investissement eux-mêmes.

B. PROGRAMME D’AUDIT DES COMPTES D’INVESTISSEMENT :

DOSSIER
Réf DA

PROGRAMME DE CONTROLE - COMPTES D’INVESTISSEMENT


EXERCICE Coll.

Date

DILIGENCES OBJECTIFS REF :

Réaliser les contrôles substantifs au titre des Dégager les anomalies Réf DP
comptes d’investissement significatives pour les corriger

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

TESTS ECART REF


Observations
CONTROLES SUBSTANTIFS FT
OUI/NON Significati
N/A f/NS

NATURE DES CONTROLES A REALISER

Rapprochement entre l’encours gestion et l’encours


comptable des comptes d’investissement avec suivi et
justification des éventuels écarts.

S’assurer qu’aucun compte d’investissement ne présente


un solde débiteur.

Rapprochement entre les clauses contractuelles des


contrats de moudharaba et les utilisations des fonds par la
banque.

Pour les comptes d’investissement restreints, Vérifier si la


banque s’est conformée aux restrictions d’investissement
imposées par le titulaire du compte d’investissement que ce
soit en termes de période, de nature de projet ou autres
restrictions.

Vérifier que les comptes d’investissement dont les titulaires


ne se sont pas conformés aux conditions de validité du
contrat de moudharaba n’ont pas bénéficié d’une partie du
profit.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

TESTS ECART
REF
Observations
CONTROLES SUBSTANTIFS FT
OUI/NON Significati
N/A f/NS

NATURE DES CONTROLES A REALISER

S’assurer que les revenus relatifs à des transactions


prohibées ne sont pas intégrés dans le profit de la banque
et qu’ils ont fait l’objet de purification.

Vérifier que les produits suivants et les charges suivantes


n’ont pas été intégrés lors de la détermination du profit
attribuable aux titulaires des comptes d’investissement :

Produits exclus : les revenus des filiales du groupe,


les revenus du portefeuille titres d’investissement,
Charges exclues : honoraires des auditeurs
externes, avantages servis aux administrateurs,…

Recalculer la rémunération des comptes d’investissement


selon le processus suivant :

Calculer les dépôts moyens par client au cours de


l’exercice clos en distinguant les comptes
d’investissement non restreints ;
Calculer le montant moyen des financements au
cours de l’exercice en distinguant les comptes
d’investissement restreints ;
Calculer le montant des profits des opérations de
financement et d’investissement ;
Déterminer le montant des profits revenant
directement aux détenteurs des comptes
d’investissement restreints après prélèvement de la
part de la banque en tant que moudharib
conformément aux clauses contractuelles
convenues avec l’investisseur ;

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

TESTS ECART
REF
Observations
CONTROLES SUBSTANTIFS FT
OUI/NON Significati
N/A f/NS

NATURE DES CONTROLES A REALISER

Intégrer les ajustements en termes de provision et


de profits réservés pour corriger les profits
distribuables des risques encourus par la banque et
partagés avec les détenteurs des comptes
d’investissement.
Répartir le reliquat des profits bruts entre les
comptes d’investissement et les ressources propres
de la banque.
Déterminer les pourcentages moyens de
rémunération des comptes d’investissement non
restreints ;
Déterminer le montant des profits nets revenants
aux détenteurs des comptes d’investissement après
prélèvement de la part de la banque en tant que
moudharib sur les comptes d’investissement
conformément aux clauses contractuelles
convenues avec l’investisseur.

Rapprochement entre les profits recalculés et la répartition


effective des profits.

S’assurer du caractère suffisant et adéquat des


notes aux états financiers au titre des comptes
d’investissement en se référant à la norme FAS n°1
de l’AAOIFI.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

CONCLUSIONS :

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

CONCLUSION GENERALE

La cohabitation des banques islamiques avec les banques conventionnelles en


Tunisie suscite plusieurs défis du point de vue juridique, comptable et fiscal.

Ces défis résultent d’une part de la particularité de fonctionnement des banques


islamiques qui opèrent sous la forme de partenariat avec leurs clients titulaires de
comptes d’investissement et d’autre part de l’exigence de la conformité à la Charia
spécifique à la finance islamique.

Les défis rencontrés par les banques islamiques sont de natures juridiques,
comptables et fiscales suite à la détention des comptes d’investissement.

Tout d’abord, les défis juridiques peuvent être résumés dans l’inadaptation du cadre
juridique actuel au contrat de moudharaba dont principalement la garantie de
restitution des dépôts en vigueur dans le système bancaire conventionnel et la
liberté de disposer des fonds des déposants qui va à l’encontre des comptes
d’investissement restreints.

De même, il y a lieu de signaler que le code des obligations et des contrats traite du
contrat de moudharaba mais accuse des insuffisances.

Ensuite, les textes fiscaux en Tunisie ne traitent pas du régime d’imposition des
revenus de la moudharaba aussi bien entre les mains du déposant que dans le
tableau de détermination du résultat fiscal de la banque.

De même, aucun traitement spécifique n’est prévu pour les réserves PER et IRR
typiques et uniques aux banques islamiques.

Ce flou fiscal et le mutisme de l’administration fiscale concernant le régime fiscal de


la moudharaba d’une manière générale est de nature à multiplier les interprétations
et peut conduire à une discrimination fiscale qui touche les produits islamiques par
rapport aux produits conventionnels.

Enfin, le cadre conceptuel comptable ainsi que les normes comptables bancaires
présentent des divergences par rapport aux normes comptables islamiques
instaurées par l’AAOIFI qui consistent principalement dans des divergences dans la

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

présentation des comptes d’investissement dans une rubrique intermédiaire entre


les capitaux propres et les passifs, la distinction des profits de la moudharaba entre
la part de la banque en tant que moudharib et la part revenant aux comptes
d’investissement, l’inadaptation de certaines conventions comptables…

Mais une remarque d’ordre générale qui a trait à tous les domaines doit être
soulignée et qui consiste dans le fait que tous ses cadres ignorent la dimension
éthique et religieuse de la finance islamique.

En effet, la conformité aux préceptes de la Charia qui est une obligation qui pèse sur
les banques islamiques et qui doit être reflétée dans ses états financiers est
totalement absente aussi bien dans le cadre juridique, fiscal et comptable.

Tous ses défis auxquels les banques islamiques font face et en particulier la
moudharaba et les comptes d’investissement ne font que mettre à la charge des
commissaires aux comptes de ses banques davantage de responsabilités et de
diligences supplémentaires à mettre en œuvre.

Le commissaire aux comptes doit par conséquent tenir compte des nouveaux
risques spécifiques aux comptes d’investissement tel que le risque de non-
conformité à la Charia, le risque fiduciaire et le risque commercial déplacé depuis la
phase de la planification de la mission jusqu’à la rédaction du rapport d’audit au titre
des états financiers.

D’autant plus que celui-ci doit acquérir des connaissances en Charia même dans le
cas où il juge qu’il doit recourir à un expert en la matière.

Ainsi, le développement des banques islamiques et plus particulièrement la


moudharaba en tant que mode de financement participatif est tributaire du
développement de solutions pragmatiques, d’adoptions totales ou partielles des
normes comptables ou d’audit développées par les organismes internationaux ainsi
que des normes de contrôle pour les régulateurs nationaux et les auditeurs externes.

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages

An Introduction to Islamic Accounting Theory and Practice. Abdul Rahim


Abdul Rahman
Handbook of Islamic Banking edited by M.Kabir Hassan and Mervyn K.Lewis
Geneviève Causse-Broquet, « La finance islamique ». Edition Revue Banque

Revues et articles

Emerald Jounal of financial Reporting and Accounting « Profit-Sharing


Investment Accounts in Islamic Banks or Mutualization, Accounting
Perspective
Karim Cherif, (2008), « La finance islamique : Analyse des produits financiers
islamiques ». Bachelor HEC, Haute Ecole de gestion, Genève.
Kaouther Toumi et Jean Laurent Viviani, (2013), « Le risque lié aux comptes
d’investissement participatifs : un risque propre aux banques islamiques ». La
revue des sciences de gestion n°259-260, pages 131 à 142.
El Gamal Mahmoud, (2000), « A Basic Guide to contemporary Islamic
banking and finance », Rice University, Houston.
Kahf.M, (2004), « Islamic Banks : The rise of a new power alliance of wealth
and Shariah scholars » in clement M.Henry and Rodney Wilson
Kahf.M and Khan.T, (1993), « Principles of Islamic Finance », Islamic Research
and Training Institute, Islamic Development Bank, Jeddah.
KPMG, (2007), « Growth and diversification in Islamic Finance », KPMG
Publications
Abdul Gafoor A.L.M, (2006), « Mudaraba-based investment and finance »,
Journal of islamic banking and finance
Archer.S and R.A.A Karim, (2006), « On capital structure, risk sharing and
capital adequacy in Islamic Banks », International journal of theoretical and
applied finance

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

M Umer Chapra and Tariqullah Khan, « Réglementation et contrôle des


banques islamiques », Etude spéciale n° 3, Banque Islamique de
développement, Institut islamique de recherche et de formation
Tariqullah Khan and Habib Ahmed, (2002), « La gestion des risques : Analyse
de certains aspects liés à l’industrie de la finance islamique », Document
occasionnel n°5, Banque Islamique de développement, Institut islamique de -
recherche et de formation

Sites Web

www.aaoifi.com
www.iifm.net
www.ifac.org
www.labanqueislamique.fr
www.aef.asso.fr
www.bct.gov.tn
www.procomptable.com
www.profiscal.com

Séminaires de formation et cours

Les divergences et les convergences entre la comptabilité islamique et la


comptabilité conventionnelle. Hana Ajili FSEG SFAX
‫الملتقى األول للتأهيل في المالية اإلسالمية‬

Lois, codes, arrêtés et décrets

Loi 2001-65 du 10 Juillet 2001 relative aux établissements de crédit


Code des obligations et des contrats
Code de l’IRPP et de l’IS
Projet de loi
Cadre conceptuel de la comptabilité

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Circulaires et notes aux banques

Circulaire aux banques n°91-22 portant réglementation des conditions de


banque
Circulaire aux établissements de crédit n°2006-19 sur le contrôle interne

Note aux banques et établissements financiers n°93-23 du 30/07/1993


relative aux termes de référence pour l’audit des comptes

Normes comptables et normes d’audit

Normes comptables tunisiennes :

NCT 01 : Norme comptable générale

NCT 02 : Norme comptable relative aux capitaux propres

NCT 14 : Norme comptable relative aux éventualités et événements postérieurs à la


date de clôture

NCT 21 : Norme comptable relative à la présentation des états financiers des


établissements bancaires

NCT 22 : Norme comptable relative au contrôle interne et à l’organisation


comptable dans les établissements bancaires

Normes comptables islamiques :

Financial Accounting Standard n°3 : Mudaraba Financing

Financial Accounting Standard n°5 : Disclosure of bases for profit allocation


between owners’ equity and investment account holders

Financial Accounting Standard n°6 : Equity of Investment account holders and their
equivalent

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

Normes d’audit internationales :

ISA 200 : Objectifs et principes généraux en matière d’audit des états financiers

ISA 210 : Termes de la mission d’audit

ISA 240 : Responsabilité de l’auditeur dans la prise en considération de fraude dans


l’audit des états financiers

ISA 250 : Prise en considération des textes législatifs et réglementaires dans un audit
des états financiers

ISA 260 : Communication des questions soulevées à l’occasion de l’audit aux


personnes constituant le gouvernement d’entreprise

ISA 300 : Planification d’une mission d’audit financier

ISA 315 : Connaissances de l’entité et de son environnement et évaluation du risque


d’anomalies significatives

ISA 320 : Caractère significatif en matière d’audit

ISA 330 : Procédure à mettre en œuvre par l’auditeur en fonction de son évaluation
du risque

ISA 500 : Eléments probants

ISA 600 : Utilisation des travaux d’un autre auditeur

ISA 610 : Prise en compte des travaux de l’audit interne

ISA 620 : Utilisation des travaux d’un expert

IES 4 : Valeurs, éthique et comportement professionnel

Normes d’audit islamiques :

Norme charaique n° 13 : La Moudharaba

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

TABLE DES MATIERES

DEDICACE ............................................................................................................................................... 1
REMERCIEMENTS ................................................................................................................................... 2
LISTE DES ABREVIATIONS.................................................................................................................... 3
SOMMAIRE .............................................................................................................................................. 4
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................................... 6
PARTIE I : DEPOTS BANCAIRES CONVENTIONNELS ET DEPOTS BANCAIRES ISLAMIQUES :
CONVERGENCES ET POINTS DE DIVERGENCES ......................................................................... 12
CHAPITRE 1 : PRESENTATION GENERALE DU CADRE REGLEMENTAIRE DE LA FINANCE
ISLAMIQUE EN TUNISIE ................................................................................................................ 13
I. PERSPECTIVES DE LA FINANCE ISLAMIQUE EN TUNISIE ............................................ 13
II. CADRE REGLEMENTAIRE GENERAL DE LA FINANCE ISLAMIQUE EN TUNISIE ..... 15
CHAPITRE 2 : RESSOURCES ET EMPLOIS DANS LES BANQUES ISLAMIQUES ................... 19
I. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA FINANCE ISLAMIQUE ....................................... 19
1. GENESE ET HISTOIRE DE LA FINANCE ISLAMIQUE .....................................................19
2. PRINCIPES DE LA FINANCE ISLAMIQUE ..........................................................................21
2.1 LA PROHIBITION DU RIBA ...............................................................................................................21
2.2 LE PARTAGE DES PROFITS ET DES PERTES .................................................................................22
2.3 LE PRINCIPE DE PROHIBITION DU GHARAR ET DU MAYSIR ................................................22
2.4 LE PRINCIPE DE LA DISTRIBUTION DU ZAKAT ..........................................................................23
2.5 LE PRINCIPE DE PROHIBITION DU HARAM ................................................................................24
2.6 LE PRINCIPE DE L’ASSET BACKING OU DE L’ADOSSEMENT A UN ACTIF TANGIBLE ...24
II. LES RESSOURCES DES BANQUES ISLAMIQUES .............................................................. 24
1. LES DEPOTS A VUE .................................................................................................................24
2. LES COMPTES D’EPARGNE ...................................................................................................25
3. LES COMPTES D’INVESTISSEMENT ....................................................................................26
III. LES EMPLOIS DES BANQUES ISLAMIQUES ...................................................................... 26
1. LES PRODUITS REGIS PAR LE PRINCIPE DES PROFITS ET DES PERTES ....................26
1.1 LE CONTRAT DE MOUDHARABA .................................................................................................26
1.2 LE CONTRAT DE MOUSHARAKA ...................................................................................................29
1.3 LE CONTRAT DE MOUSHARAKA DIMINUE .................................................................................29
2. LES PRODUITS NON REGIS PAR LE PRINCIPE DES PROFITS ET DES PERTES .........30
2.1 LE CONTRAT DE MOURABAHA ......................................................................................................30
2.2 LE CONTRAT IJARA .............................................................................................................................31

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

2.3 LE CONTRAT IJARA WA IKTINA ......................................................................................................32


2.4 LE CONTRAT BAI’SALAM ...................................................................................................................32
2.5 LE CONTRAT ISTISNA..........................................................................................................................33
2.6 LE CONTRAT BAI’MUAJJAL ..............................................................................................................34
2.7 LE QARD HASSAN ...............................................................................................................................35
2.8 LES SUKUKS ............................................................................................................................................36
CHAPITRE 3 : TYPOLOGIE ET PARTICULARITES DES DEPOTS BANCAIRES ISLAMIQUES 37
I. PRESENTATION DES DEPOTS BANCAIRES DANS LES BANQUES ISLAMIQUES ...... 37
1. LES COMPTES DE DEPOTS NON PARTICIPATIFS ...........................................................37
2. LES COMPTES DE DEPOTS PARTICIPATIFS ......................................................................37
II. PARTICULARITES DES DEPOTS BANCAIRES ISLAMIQUES ............................................ 38
1. L’INTERDICTION DE PERCEVOIR DES INTERETS ............................................................38
2. LE PARTAGE DU RISQUE ......................................................................................................38
3. L’IMPORTANCE DE LA PRODUCTIVITE PAR RAPPORT A LA SOLVABILITE ...........39
4. LE RISQUE MORAL ..................................................................................................................39
III. RISQUE COMMERCIAL DEPLACE ET MECANISMES DE COUVERTURE .................... 40
1. RISQUE COMMERCIAL DEPLACE .......................................................................................40
2. MECANISMES DE COUVERTURE ........................................................................................41
2.1 LA RESERVE DE PEREQUATION DES PROFITS ..........................................................................41
2.2 LA RESERVE POUR RISQUE D’INVESTISSEMENT .......................................................................42
CHAPITRE 4 : DEPOTS BANCAIRES CONVENTIONNELS : TYPOLOGIES ET
PARTICULARITES ............................................................................................................................. 44
I. TYPOLOGIES DES DEPOTS CONVENTIONNELS ............................................................ 44
1. LES DEPOTS A VUE .................................................................................................................44
2. LES COMPTES D’EPARGNE ...................................................................................................44
3. LES DEPOTS A TERME ............................................................................................................45
II. PARTICULARITES DES COMPTES DE DEPOTS CONVENTIONNELS ........................... 46
1. GARANTIE DES DEPOTS .......................................................................................................46
2. REMUNERATION DES DEPOTS ...........................................................................................47
CHAPITRE 5 : TYPOLOGIE ET PARTICULARITES DES DEPOTS BANCAIRES ISLAMIQUES 48
I. COMPARAISON ENTRE COMPTE COURANT ET AMANA ............................................ 48
II. COMPARAISON ENTRE COMPTE D’EPARGNE ET MOUDHARABA ........................... 51
III. RISQUES SPECIFIQUES AUX DEPOTS ISLAMIQUES ........................................................ 54
1. RISQUE DE CREDIT .................................................................................................................54
2. LE RISQUE DE MARCHE ........................................................................................................55
3. LE RISQUE DE LIQUIDITE ......................................................................................................55

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

4. LE RISQUE OPERATIONNEL .................................................................................................56


5. LE RISQUE DE NON CONFORMITE A LA CHARIA ........................................................57
6. LE RISQUE COMMERCIAL DEPLACE .................................................................................58
7. LE RISQUE FIDUCIAIRE ..........................................................................................................58
PARTIE II : DIFFICULTES JURIDIQUES, FISCALES ET COMPTABLES RELATIVES AUX COMPTES
D’INVESTISSEMENT ET LES DILIGENCES DU COMMISSAIRE AUX COMPTES........................ 59
CHAPITRE 1 : DIFFICULTES JURIDIQUES, FISCALES ET COMPTABLES RELATIVES AUX
COMPTES D’INVESTISSEMENT DANS LES BANQUES ISLAMIQUES .................................... 60
I. DIFFICULTES JURIDIQUES RELATIVES AUX COMPTES D’INVESTISSEMENT DANS LES
BANQUES ISLAMIQUES ............................................................................................................... 60
1. LES CONTRAINTES POSEES PAR LA LOI 2001-65 RELATIVE AUX ETABLISSEMENTS
DE CREDITS ........................................................................................................................................60
2. NATURE ET SPECIFICITES DE LA RELATION CONTRACTUELLE ENTRE LE
DEPOSANT ET LA BANQUE ISLAMIQUE ..................................................................................61
3. CONTRAINTES POSEES PAR LE CODE DES OBLIGATIONS ET DES CONTRATS ..65
4. QUALIFICATIONS DES CONTRATS DE DEPOTS DANS LE CADRE JURIDIQUE
TUNISIEN ............................................................................................................................................66
A. LE CONTRAT DE DEPOT STRICTO SENSUS .................................................................................66
B. LE CONTRAT DE DEPOT PARTICIPATIF .......................................................................................68
a. LES DEPOTS PARTICIPATIFS NON RESTREINTS .........................................................................69
b. LES DEPOTS PARTICIPATIFS RESTREINTS .....................................................................................70
5. PROPOSITION DE SOLUTIONS ET D’ALTERNATIVES ...................................................71
A. CREATION DE STRUCTURES POUR LA SECURISATION DES COMPTES
D’INVESTISSEMENT ......................................................................................................................................71
B. LE MECANISME DU « LAST LEND RESORT » ...............................................................................73
C. CRITIQUES DU PROJET DE LOI RELATIF AU SECTEUR BANCAIRE ......................................74
II. DIFFICULTES FISCALES SPECIFIQUES AUX COMPTES D’INVESTISSEMENT ............. 75
1. QUALIFICATION DES PRODUITS DE MOUDHARABA EN DROIT FISCAL ..............75
A. PRODUITS DE LA MOUDHARABA : REVENUS DE VALEURS MOBILIERES OU DE
CAPITAUX MOBILIERS .................................................................................................................................75
B. PLUS-VALUE DE CESSION DES TITRES DE MOUDHARABA ..................................................76
2. REGIME FISCAL DES RESERVES SPECIFIQUES AUX DEPOTS
D’INVESTISSEMENT .........................................................................................................................78
A. LA RESERVE PER (PROFIT EQUALIZATION RESERVE) .............................................................78
B. LA RESERVE IRR (INVESTMENT RISK RESERVE) .........................................................................84
3. APPLICABILITE DE LA TVA A L’OPERATION DE MUDARABA ET DE SES PRODUITS
………………………………………………………………………………………………………………………………………..85
4. PROPOSITION DE SOLUTIONS ET D’ALTERNATIVES AUX DIFFICULTES
IDENTIFIEES .......................................................................................................................................86

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

III. DIFFICULTES COMPTABLES RELATIVES AU TRAITEMENT DES COMPTES


D’INVESTISSEMENT ET DES FONDS DE RESERVES Y RELATIFS ........................................... 94
1. SPECIFICITES DES ETATS FINANCIERS DES BANQUES ISLAMIQUES PAR RAPPORT
AUX ETATS FINANCIERS DES BANQUES CONVENTIONNELLES ......................................95
A. BILAN ......................................................................................................................................................95
B. ETAT DE RESULTAT ............................................................................................................................99
C. NOTES AUX ETATS FINANCIERS ................................................................................................. 102
2. APPLICABILTE DU CADRE CONCEPTUEL ET DES NORMES COMPTABLES
TUNISIENNES POUR LE TRAITEMENT DES COMPTES D’INVESTISSEMENT ET PRODUITS
Y RELATIFS ....................................................................................................................................... 102
A. INADAPTATION DU CADRE CONCEPTUEL DE LA COMPTABILITE A LA FINANCE
ISLAMIQUE .................................................................................................................................................. 103
1. Application de la convention de la périodicité ..................................................................................... 104
2. Application de la convention du coût historique ................................................................................ 105
3. Application de la convention de la prééminence du fonds sur la forme ..................................... 105
4. Application de la convention de l’information complète .................................................................. 106
B. INADAPTATION DES NORMES BANCAIRES TUNISIENNES ................................................ 107
1. Présentation comptable des comptes d’investissement ..................................................................... 107
2. Allocation des charges entre les parties prenantes ............................................................................. 108
3. Traitement et prise en compte des réserves PER et IRR ...................................................................... 108
4. Traitement et prise en compte des revenus générés par les comptes d’investissement ......... 108
5. Insuffisance des notes aux états financiers ............................................................................................ 109
3. PROPOSITIONS DE SOLUTIONS ET D’ALTERNATIVES AUX DIFFICULTES
IDENTIFIEES .................................................................................................................................... 110
CHAPITRE 2 : DILIGENCES DU COMMISSAIRE AUX COMPTES POUR L’AUDIT DES
COMPTES D’INVESTISSEMENT ................................................................................................... 116
I. MECANISMES DE CONTROLE DES COMPTES D’INVESTISSEMENT ET LEURS
MISSIONS .. ..................................................................................................................................... 116
1. L’AUDIT INTERNE ................................................................................................................. 117
2. LE COMITE CHARIA (CHARIA BOARD) .......................................................................... 118
3. LA BANQUE CENTRALE DE TUNISIE ............................................................................. 119
4. LES COMMISSAIRES AUX COMPTES ............................................................................... 120
II. DILIGENCES DU COMITE CHARIA ET DU COMMISSAIRE AUX COMPTES POUR
L’AUDIT DES COMPTES D’INVESTISSEMENT ......................................................................... 120
1. DILIGENCES DU COMITE CHARIA .................................................................................. 121
A. PHASE DE PLANIFICATION DES PROCEDURES DE CONTROLE ....................................... 121
B. EXECUTION DES PROCEDURES DE CONTROLE .................................................................... 122
a. AUDIT DES CONTRATS DE FINANCEMENTS ........................................................................................ 123
b. AUDIT DE LA REPARTITION DES PROFITS ET DES PERTES ............................................................... 126
C. DOCUMENTATION ET EMISSION DU RAPPORT .................................................................... 127

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MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME D’EXPERT COMPTABLE

2. DILIGENCES DU COMMISSAIRE AUX COMPTES EN MATIERE DE CONTROLE


INTERNE ........................................................................................................................................... 128
A. EVALUATION DU CONTROLE INTERNE .................................................................................. 128
B. DILIGENCES SPECIFIQUES ............................................................................................................ 129
a. COMPREHENSION DE L’ENVIRONNEMENT DE CONTROLE DE LA BANQUE ......................... 129
b. EVALUATION DU PROCESSUS DE MAITRISE DES RISQUES PAR L’ENTITE ................................. 130
1. Contrôles de 1er niveau .................................................................................................................................................. 131
2. Contrôles de 2ème niveau ............................................................................................................................................... 132

C. SUIVI DES CONTROLES .................................................................................................................. 133


D. QUESTIONNAIRE DE CONTROLE INTERNE ............................................................................ 134
3. DILIGENCES DU COMMISSAIRE AUX COMPTES EN MATIERE DE CONTROLE DES
COMPTES ......................................................................................................................................... 141
A. DILIGENCES SPECIFIQUES ............................................................................................................ 141
B. PROGRAMME D’AUDIT DES COMPTES D’INVESTISSEMENT ............................................. 141
CONCLUSION GENERALE .............................................................................................................. 146
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................................. 148
TABLE DES MATIERES ...................................................................................................................... 152

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