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Université de la Manouba
Institut Supérieur de Comptabilité et d’Administration des Entreprises
Commission d’Expertise Comptable
Mai 2008
A mes parents, ma femme, ma famille et mes amis…
REMERCIEMENTS
J’exprime mes sincères remerciements et ma gratitude à tous ceux qui m’ont aidé
dans la réalisation de ce modeste travail. Je cite particulièrement :
PLAN
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
INTRODUCTION 1
Première Partie
GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET COMITES SPECIALISES
Introduction 9
CONCLUSION 83
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Deuxième Partie
COMITES SPECIALISES ET AMELIORATION DE LA
INTRODUCTION 87
Troisième Partie
ETUDE PRATIQUE
CONCLUSION 178
BIBLIOGRAPHIE 185
ANNEXES 192
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
INTRODUCTION
-1-
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
C’est dans ce contexte que nous avons assisté, durant les deux dernières décennies, à
des modifications considérables de la façon de légitimer et de contrôler le pouvoir dans
les entreprises. C’est ce qu’on appelle la « gouvernance d’entreprise ».
La genèse de ce thème, en tant que courant de recherche, est traditionnellement attribué
à Berle et Means (1932), dans leur discussions des conflits résultant de la séparation des
fonctions de propriété et de décision dans les grandes sociétés par action américaines au
début du siècle, et qui opposent les propriétaires aux dirigeants.
La gouvernance d’entreprise, ou « Corporate Governance », pourrait être définie comme
étant l’ensemble des relations intervenant entre les dirigeants d’une entreprise et ses
propriétaires. Pour des raisons d’efficacité, ces derniers sont représentés par un groupe
de personnes qui sont des membres du conseil d’administration ou du conseil de
surveillance.
1
Rapport du groupe de travail présidé par Daniel Bouton, Président de la Société Générale « Pour un
meilleur gouvernement des entreprises cotées » Conférence de presse du 23 septembre 2002.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Donc, nous pouvons dire que la gouvernance des entreprises se fonde sur un principe de
participation, intégrant un ou plusieurs groupes d’intervenants à savoir les propriétaires
représentés par les assemblées générales, la direction générale et les administrateurs
chargés du contrôle des actions stratégiques et des travaux de la direction.
Par ailleurs, la taille des sociétés et des groupes internationaux, la complexité des
affaires (juridique, comptable…) ainsi que les conflits d’intérêts entre les différents
actionnaires d’une part et entre les actionnaires et les dirigeants d’autres part ont rendu
la mission du conseil d’administration de plus en plus difficile et compliquée.
Pour remédier au fait que les administrateurs n’ont pas nécessairement le temps ou les
compétences pour contrôler la stratégie et les décisions des dirigeants, les conseils
d’administration se sont dotés de groupes de travail internes, les comités spécialisés.
Ces comités spécialisés sont chargés d’étudier en profondeur des domaines spécifiques
relevant des prérogatives du Conseil.
Les cinq principaux comités observés dans les pays développés sont le comité d’audit,
le comité des rémunérations, le comité des nominations et dans une moindre mesure, le
comité stratégique et le comité d’éthique.
La première date que l’on cite généralement comme étant le point de départ des comités
spécialisés est l’année 1940. Elle correspond à une recommandation sur les comités
d’audit de la Securities and Exchanges Commissions (SEC) faisant suite à une fraude
dans le cadre de l’affaire McKesson & Robbins.
De nos jours, et suite aux récentes crises financières qui ont secoué le monde des
affaires, les comités spécialisés constituent un élément essentiel des structures et des
processus pour assurer une bonne gouvernance d’entreprise dans les pays développés.
2
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economiques
-3-
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
capital que va jouer la gouvernance d’entreprise dans les pays DTE. Il est important
pour leur développement à long terme de réussir à passer d’un système de gouvernance
fondé pour l’essentiel sur des relations interpersonnelles à un système effectivement
fondé sur des règles en particulier pour les sociétés cotées en bourse. Force est de
constater que les entreprises bien gouvernées sont capables de lever des capitaux à un
coût nettement moindre que celles qui sont mal gouvernées. En effet, dans le dernier
cas, les investisseurs internes et surtout externes exigeront, vraisemblablement, une
prime de risque plus élevée pour y investir.
3
Notons que la présence de cet organe a été rendue obligatoire en Tunisie pour les institutions
financières, au cours de l’année 2001 (Loi n° 2001-65 du 10 juillet 2001 relative aux établissements de
crédits modifiée et complétée par la Loi n° 2006-19 du 2 mai 2006)
4
Sociétés qui remplissent des limites chiffrées relatives au total bilan et de leurs engagements auprès des
établissements de crédit et de l’encours de leurs émissions obligataires.
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l’introduction en Tunisie, par la loi ou par les pratiques de gouvernance, des autres
comités spécialisés constituera la prochaine étape.
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Première Partie
GOUVERNANCE D’ENTREPRISE
ET
COMITES SPECIALISES
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
INTRODUCTION
A l’origine, le capitalisme était caractérisé par la concentration entre les mains d’une
même personne, de la propriété, de la direction et du contrôle de l’entreprise. Le
dirigeant dans cette entreprise de petite taille, vérifiait directement que les tâches se
déroulaient de la manière qu’il jugeait appropriée et les membres du personnel
pouvaient rapidement communiquer. Mais le besoin de financement de leur croissance a
contraint les entreprises à faire appel à des capitaux extérieurs. Ces fonds provenaient
essentiellement des particuliers qui n’étaient pas nécessairement informés des risques
qu’ils encouraient, et qui n’avaient pas les compétences pour exercer le vrai pouvoir
dans l’entreprise.
Ainsi, nous avons observé une séparation des fonctions de propriété et de direction,
particulièrement dans les grandes sociétés cotées en bourse5. John Kenneth Galbraith
(1967) a parfaitement expliqué le mécanisme de cette dissociation en montrant
comment le vrai pouvoir dans les sociétés a été capté par des technostructures qui,
seules, détiennent les moyens, les informations et les compétences nécessaires à son
exercice. Il est aussi apparu que l’augmentation de la taille des entreprises ne pouvait
s’accommoder de la supervision directe du dirigeant comme de la coordination entre les
divers acteurs. C’est ce schisme sociétaire qui a servi de détonateur au développement
médiatique de gouvernance d’entreprise. Ce phénomène ne concerne que les entreprises
managériales, cotées. D’autres entreprises dont le capital social est majoritairement
concentré entre les mains d’une seule personne ou d’une seule famille notamment,
échappent au modèle de gouvernance qui vient d’être décrit. En effet, un courant de
recherche sur les entreprises familiales s’est attaché à l’analyse du poids social/sociétal
des entreprises familiales. Les résultats indiquent que les bases des analyses des
5
Ce phénomène a été mis en lumière pour les Etats-Unis par Berle A.A. et Means G.C. dans leur célèbre
ouvrage « The modern Corporation and Private Property » publié en 1932.
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Tous ces éléments constituent autant de facteurs qui jettent un lourd doute sur la
capacité du processus de la gouvernance d’entreprise actuel, à agir de manière cohérente
et à gérer au mieux les conflits et les intérêts de toutes les parties prenantes.
6
Les lois votées en France sur les Nouvelles Régulations Economiques (NRE 2001) et sur la sécurité
financière (LSF 2003) ; aux Etats-Unis Sarbanes-Oxley Act et en Tunisie sur le renforcement de la
sécurité des relations financières (2005)…
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dysfonctionnements relevés au sein des entreprises montrent que ce n’est pas toujours le
cas. D’où l’idée d’examiner la contribution des comités spécialisés à l’amélioration de
la gouvernance d’entreprise.
Avant d’exposer ces comités dans le deuxième chapitre, nous nous proposons de bien
cerner ce que l’on entend par gouvernance d’entreprise dans le premier.
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Le commerce lointain, qu’il soit terrestre (les caravanes) ou maritime (les navires),
constitue le domaine par excellence de cette dissociation entre détenteurs de droits et
opérateurs. Traditionnellement, en raison à la fois du temps requis pour ces opérations
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Le droit commercial maritime, progressivement élaboré au cours des siècles, est très
explicite sur ces questions, avec des nuances sensibles d’un cadre national à un autre,
même s’il s’agit d’un domaine où le rapprochement des conceptions et l’émergence des
règles internationales sont apparus souhaitables. Malgré ces efforts de clarification, les
problèmes de gouvernance sont restés complexes, comme on a pu le voir, ces dernières
années, avec les contentieux liés à des sinistres comme celui de l’Erika.
7
PEREZ. R, “La gouvernance de l’entreprise”, éd. La Découverte 2003.
- 13 -
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Le droit commercial et notamment le droit des sociétés ont explicitement prévu ces
situations et ont tenté d’en réguler les effets. Ainsi le concept même de société en
commandite repose sur la distinction entre ces deux acteurs majeurs de la gouvernance
d’entreprise : l’apporteur de capitaux (le commanditaire) et l’entrepreneur gestionnaire
(le commandité). Les dispositions relatives aux sociétés anonymes tentent de canaliser
les conflits potentiels entre ces deux catégories d’acteurs en précisant, autant que faire
se peut, les prérogatives de chacun, à travers le dispositif institutionnel de gouvernance
d’entreprise.
En revanche, elles ne pouvaient fixer les comportements, sauf au niveau d’un rappel de
principes généraux. Aussi, cette période historique fut tout à la fois celle d’une
croissance exceptionnelle des économies occidentales et celle de crises de divers ordres,
y compris des modes de gouvernance d’entreprise.
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Au cours du 20ème siècle, trois événements historiques ont constitué des étapes
significatives dans l’effacement de la puissance européenne au profit des Etats-Unis
d’Amérique à savoir :
les guerres mondiales qui ont été pour l’essentiel des guerres intra-européennes ;
la décolonisation qui a également concerné, presque exclusivement, les Etats
européens, au contraire des Etats-Unis qui étaient parmi les premières colonies à
accéder à l’indépendance ;
la chute de l’empire soviétique qui a laissé le géant américain sans rival direct.
La domination économique des Etats-Unis est d’autant moins sans partage que la
civilisation américaine est, dans ses mythes fondateurs, portée à mettre en relief la
réussite matérielle, sanction méritée de cette opportunité qui a constitué pour des
générations d’immigrants, l’aventure américaine.
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
Lorsque le chef d’entreprise en est le fondateur et, dans la quasi-totalité des cas,
l’unique ou le principal actionnaire, les problèmes de gouvernance ne se posent pas,
sinon marginalement. Même lorsque ces aventures entrepreneuriales ont abouti à la
constitution de très grandes entreprises, et corrélativement, d’immenses fortunes, une
telle situation ne choque pas.
D’une part, le culte de l’esprit d’entreprise amène à faciliter la tâche de ces dirigeants
dans leurs initiatives visant à poursuivre et développer le projet entrepreneurial des
fondateurs de la firme et à confronter celle-ci aux nouveaux défis de son temps.
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mettant en avant l’une et l’autre de ses faces selon les périodes historiques considérées.
L’évolution des dernières décennies illustre cette ambiguïté.
Les pays scandinaves, bien que proches des précédents, sont moins financiarisés et, par
ailleurs, plus marqués par les traditions sociales-démocrates. La gouvernance
d’entreprise tient compte de ce contexte et du rôle historique des familles (par exemple,
les Wallenberg en Suède).
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Les privatisations n’ont pas marqué une rupture véritable avec le modèle antérieur, car
elles se sont traduites par un système de participations croisées au sein duquel l’Etat
exerce encore une influence (Frank BANCEL, 1997)10. Cependant, à partir des années
quatre-vingt, les grandes entreprises sont de plus en plus émancipées du cadre national
pour mettre en place des stratégies d’internationalisation des firmes. Le développement
des marchés financiers a également transformé les conditions du financement des firmes
qui ont recouru de manière massive aux émissions de titres, délaissant le crédit bancaire,
contribuant ainsi à affaiblir le pouvoir de marché des banques.
8
Etat Fédéral.
9
Etude de Bauer et Bertin-Mourot en 1996.
10
BANCEL .F, « La Gouvernance des entreprises », 1997, Ed ECONOMICA
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Malgré ces facteurs de différenciation, il existe un fonds commun de ces cultures qui
influence, voire détermine les modes de gouvernance d’entreprise.
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Il n’est donc pas surprenant de trouver dans l’abondante littérature consacrée à ce thème
majeur du management différentes définitions et différentes approches.
Cette définition de l’OCDE n’est pas fondamentalement différente de celle que propose
Charreaux12 (1997) et qui a été unanimement retenue par l’ensemble des auteurs
francophones qui se sont penchés sur la questions selon laquelle, le « gouvernement
d’entreprise » recouvre « l’ensemble des mécanismes organisationnels qui ont pour effet
de délimiter les pouvoirs et d’influencer les décisions des dirigeants, autrement dit, qui
gouvernent leur espace discrétionnaire ».
11
Etudes Economiques de l’OCDE, Janvier 1997.
12
G. Charreaux, « Gouvernance des Entreprises », Ed. Economica 1997.
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La définition que donne Pastré13 (1994), selon laquelle la gouvernance d’entreprise est
« l’ensemble de règles de fonctionnement et de contrôle qui régissent, dans un cadre
historique et géographique donné, la vie des entreprises » paraît plus adaptée
aujourd’hui puisqu’elle ne limite pas le problème de la gouvernance d’entreprise au seul
conflit, bien que principal, opposant les actionnaires aux dirigeants.
Nous aurons aussi tendance à prendre en compte la définition de Gomez (1997) pour qui
le vocable de « gouvernement d’entreprise » « désigne le système de règles et mesures
qui ordonne les acteurs sociaux au double sens du terme : il met de l’ordre dans leurs
actions et il leur donne des ordres ».
13
« Corporate Governance, la gouvernance d’entreprise », Revue d’Economie Financière, n°31, 1994
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Le niveau organisationnel :
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Le niveau institutionnel :
Dans le système outsider, les besoins en capital sont satisfaits par une forte atomisation
des actionnaires et par l’existence d’un marché financier très développé. Les traits
caractéristiques de ce système sont : une dispersion de la structure du capital et donc des
droits de vote, des exigences de transparence de l’information. La régulation du
comportement opportuniste de certains dirigeants s’effectue alors de manière externe
sur le marché de prise de contrôle de l’entreprise ou sur le marché des dirigeants.
En effet, lorsque les bons résultats de la firme ne sont pas au rendez-vous, les
actionnaires sont incités à céder leurs titres faisant ainsi planer sur l’entreprise une cible
potentielle d’offre publique d’achat. Cette menace incite les dirigeants à s’aligner sur les
intérêts des actionnaires.
Dans ce système, les investisseurs institutionnels et notamment les fonds de pension
sont souvent présents.
- 24 -
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
Dans le système insider, en revanche, les marchés financiers sont peu développés. Les
besoins en capital de la firme sont comblés grâce à l’apport de gros actionnaires qui
protègent les équipes dirigeantes en place de la menace d’offre publique d’achat. Le
marché n’y joue qu’un rôle mineur.
Toutefois, ces gros actionnaires ne sont pas les seuls à exercer le contrôle sur les
dirigeants. D’autres parties prenantes comme par exemple les salariés, les clients, les
fournisseurs, les banques exercent aussi un contrôle sur les dirigeants.
Le dirigeant doit ménager divers types d’intérêts. La régulation du comportement des
dirigeants n’est plus assurée par les mécanismes de marché. L’équilibre interne entre les
différentes parties prenantes est assuré par des conseils de surveillance.
Ce qui caractérise ce modèle c’est la concentration du capital ou des droits de vote entre
les mains d’une poignée d’investisseurs, la protection juridique des investisseurs
minoritaires et des exigences de l’information jugées faibles.
En définitive, le mode de régulation du modèle repose sur une protection juridique qui
définit précisément le rôle de chaque partie prenante.
Toutes ces approches institutionnelles ont montré leurs limites puisque dans les deux
contextes de la gouvernance d’entreprise, les dirigeants notamment, sont parvenus à
déjouer les dispositifs de contrôle interne ou externe et à développer des stratégies
personnelles d’enrichissement et / ou d’enracinement comme peuvent en témoigner les
principaux dysfonctionnements constatés lors des scandales financiers de la dernière
décennie.
Afin de mieux appréhender ces approches, nous nous proposons de présenter dans ce
qui suit les mécanismes composants les systèmes de gouvernement des entreprises.
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
Bien que l'étude de ces systèmes relève de champs disciplinaires multiples, nous
retiendrons un cadre théorique économico-financier, reposant principalement sur les
théories de l'agence et des coûts de transaction, pour identifier les mécanismes
composant le système de gouvernement et en proposer une typologie.
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14
M. Jensen et W Meckling, « Theory of the firm: managerial behavior, agency cost, and ownership
structure », , Journal of Financial Economic 1976
- 27 -
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A la différence de M.C. Jensen et W.H. Meckling, E.F. Fama15 étudie le cas extrême de
séparation propriété/décision, caractéristique des firmes managériales. D'une part, il
conteste la pertinence de la notion de propriété de la firme, n'acceptant que la seule
propriété des facteurs de production et en conclut que le contrôle des décisions des
dirigeants n'est pas l'apanage des actionnaires.
D'autre part, il distingue clairement les fonctions de direction et d'assomption du risque,
confondues chez A.A. Alchian et H. Demsetz16. Il consacre ainsi l'existence de deux
facteurs de production distincts, la capacité managériale des dirigeants et la capacité à
supporter le risque, assumée par les propriétaires. Une relation d'agence est créée si les
dirigeants ne sont pas propriétaires.
Pour E.F. Fama, le principal mécanisme de contrôle est le marché des dirigeants,
compte tenu de l'importance du capital humain dans leur patrimoine. Des mécanismes
internes permettent de compléter la discipline assurée par ce marché, tels que la
hiérarchie, la surveillance mutuelle entre dirigeants et surtout le conseil d'administration
dont la tâche spécifique est de contrôler les principaux dirigeants, si nécessaire en les
remplaçant.
L'existence d'un marché concurrentiel des administrateurs externes (non-cadres de la
firme) garantirait l'absence de collusion entre les administrateurs et les dirigeants et
l'efficacité du mécanisme. Ce dernier se révélerait être moins coûteux que le mécanisme
15
E. F. Fama, « Agency Problems and the Theory of the Firm », Journal of Political Economy,
Avril 1980
16
A. A. Alchian et H. Demsetz H., « Production, Information Costs and Economic Organization »,
American Economic Review,1972
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des prises de contrôle qui interviendrait en dernier ressort. Cette analyse conduit à
distinguer les mécanismes disciplinaires externes (les marchés), des mécanismes
internes et à les hiérarchiser. Le mécanisme principal est le marché du travail, complété
par les mécanismes internes et par le marché des prises de contrôle. L'efficacité du
système global dépend principalement de l'efficience du marché du travail.
Les analyses fondatrices ont privilégié l'étude des relations d'agence entre les dirigeants,
les actionnaires et les créanciers. Elles peuvent être élargies afin d'intégrer d'autres
stakeholders, en particulier les salariés, et approfondies pour mieux rendre compte de
l'hétérogénéité des groupes tels que les actionnaires ou les créanciers.
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L'analyse des relations avec les actionnaires, caricaturale dans les analyses initiales, doit
être poursuivie et approfondie pour prendre en compte les structures réelles de
17
O. E. Williamson, « The Economic Institutions of Capitalism », The Free Press, 1985.
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répartition du capital. Les firmes managériales sont peu répandues. Non seulement les
dirigeants détiennent souvent une part significative du capital, mais certains
actionnaires, par exemple les investisseurs institutionnels, peuvent détenir un pouvoir
important avec un pourcentage relativement faible du capital. La présence d'un
actionnaire influent résout fréquemment le problème traditionnel d'absence de contrôle
émanant des actionnaires, posé par la dispersion de l'actionnariat.
Les créanciers financiers ne constituent pas non plus une catégorie homogène. On
distingue ainsi "les dettes internes" contractées auprès des banques, des "dettes
externes" négociées directement sur les marchés. Les mécanismes de gouvernement qui
régissent les relations avec les banques ou avec les créanciers obligataires sont de nature
et d'intensité différentes. La discipline exercée par les banques, notamment par le
renouvellement des prêts et grâce à l'accès privilégié qu'elles ont à l'information interne
à la firme, est souvent soulignée. Les banques assureraient ainsi une fonction de
spécialiste du contrôle, ce qui conduirait les autres stakeholders à leur déléguer la
mission de surveiller les dirigeants. Au Japon, ce rôle des banques, notamment de la
banque principale, est souvent avancé comme étant un des facteurs déterminants de
l'efficacité des firmes, d'autant plus que les banques y sont fréquemment les actionnaires
principaux.
Le cadre théorique décrit précise les différents mécanismes qui délimitent l'espace
discrétionnaire des dirigeants, avec pour objectifs de limiter les coûts de transaction,
sans s'interroger sur le comportement des dirigeants. Ces derniers, cependant, ne sont
pas passifs.
Poursuivant un objectif d'enracinement, ils cherchent à neutraliser les différents
mécanismes disciplinaires. La théorie de l'enracinement des dirigeants proposée par
A. Shleifer et R.W. Vishny18 (1989) conduit ainsi à réinterpréter le rôle de certains
18
A. Shleifer et R. W. Vishny, « Management Entrenchment: the Case of Manager Specific
Investments », Journal of Financial Economics 1989
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mécanismes. Par exemple, les prises de contrôle justifiées dans la théorie de l'agence
comme moyen d'évincer les dirigeants inefficaces peuvent également constituer un
levier d'enracinement pour les dirigeants des firmes acquéreuses.
2.2.2 Une typologie des mécanismes composant les systèmes de gouvernement des
entreprises
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Par ailleurs, les impacts désastreux sur les actionnaires constatées suite aux derniers
scandales financiers observés lors de la dernière décennie, ont choqué tous les
actionnaires en général et plus particulièrement les actionnaires des grands groupes
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Quelques questions essentielles peuvent être posées par rapport au débat sur l’évolution
de la gouvernance d’entreprise : l’assemblée générale est-elle vraiment souveraine ? Le
conseil d’administration a-t-il vocation à administrer la société ou contrôler son
administration ? Le président doit-il être aussi le principal manager ?
Dans la « République des actionnaires », selon le terme employé par Gomez (2001), la
souveraineté appartient au « peuple » formé de l’ensemble des actionnaires sur la base
de la règle fondamentale : « une action = une voix ».
L’assemblée générale, convoquée pour examiner chaque année la situation de la société
(assemblée générale ordinaire) ou sur un ordre du jour ad hoc (assemblée générale
extraordinaire), exprime cette souveraineté ; les seules limites sont les dispositions
règlementaires édictées dans les différents pays.
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excessif des pouvoirs en blanc, systématiquement endossés par les banques qui les
collectaient au profit des dirigeants en place.
Dans d’autres cas, des dispositions statutaires, à l’initiative des dirigeants le plus
souvent, confortaient certaines situations : par exemple le droit de vote double attaché
aux actions conservées depuis deux ans ; ou au contraire, restreignaient les droits des
actionnaires : par exemple la limitation des droits de vote à un certain pourcentage.
Par ailleurs, les recommandations portent sur une meilleure information des
actionnaires, afin qu’ils puissent décider en toute connaissance de cause.
Tout particulièrement, une attention spéciale est portée aux actionnaires minoritaires
qui, étant moins informés que les actionnaires principaux (en général représentés au
conseil), peuvent faire les frais d’opérations menées par ces derniers ou avec leur
accord. Le principe d’équité amène à mettre ces deux catégories d’actionnaires sur le
même plan, notamment en cas d’offre publique d’achat (OPA) ou d’offre publique
d’échange (OPE).
Dans le même sens, les dispositions anti-OPA, tendant à rendre difficile, voire
impossible, une prise de contrôle, sont également condamnées, comme portant atteinte à
la souveraineté de l’actionnaire.
Enfin, une réhabilitation du rôle de l’assemblée générale des actionnaires, au-delà des
dispositions institutionnelles décidées ou préconisées, est venue du changement des
comportements des actionnaires eux-mêmes, tout particulièrement en liaison avec la
montée en puissance des fonds d’investissement et la prise de parole des représentants
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
des actionnaires minoritaires, tant il est vrai qu’un système de gouvernance d’entreprise
ne prend sens que si le dispositif institutionnel est animé par les acteurs concernés
notamment le conseil d’administration et ses membres.
D’une part, les administrateurs, élus par l’assemblée générale19, sont les délégués des
actionnaires, leurs « députés » en quelque sorte.
Selon les pays, leurs dispositions juridiques et jurisprudences établies, l’accent a été mis
sur l’un ou l’autre de ces deux aspects caractérisant la mission du conseil
d’administration et de ses membres.
19
Sauf dispositions particulières comme celles prévoyant des représentants du personnel élus par leurs
pairs.
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
20
Par exemple “30 patrons pour 160 fauteuils” dossier Le Monde, 19 juillet 2002.
21
La société anonyme est la seule forme juridique possible pour les sociétés faisant appel public à
l’épargne.
22
Code des sociétés commerciales (2000)
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Plusieurs dérives sont apparues dans les modèles de gouvernance (ou de gouvernement)
d’entreprise qui semblent justifier la prolifération des rapports ou textes dans les
différents pays et l’adoption ou la préconisation des codes de bonne gouvernance.
Tous ces rapports ou textes relèvent le cumul des fonctions de président et de directeur
général comme étant la principale cause de l’inefficacité d’un système de contrôle.
La séparation des fonctions de propriété et de gestion dans les entreprises managériales
et actionnaires/investisseurs. En effet, les dirigeants peuvent abuser du free cash
(Jensen, 1986), privilégier le court terme ou adopter des stratégies d’enracinement.
En théorie, c’est aux actionnaires que revient le rôle de contrôler l’action des dirigeants.
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En réalité, deux structures sont censées protéger les intérêts des actionnaires : la
structure duale23 avec conseil de surveillance et directoire et la structure unitaire qu’est
le conseil d’administration.
23
La structure duale ne semble pas poser des critiques majeures quant à son efficacité. Elle ne fera donc
pas l’objet de discussion ici.
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les entreprises ont donc cherché à résoudre ces différents maux en optant pour le
modèle de la société anonyme dualiste avec conseil de surveillance assurant le rôle de
contre-pouvoir ou en séparant les fonctions de Présidents de conseil d’administration et
de Directeur Général ; mais, la majorité d’entre elles a considéré que la solution se
trouvait dans la personne même de l’administrateur et dans la composition du conseil.
Elles ont ainsi choisi d’introduire des administrateurs qu’elles ont qualifiés
d’« indépendants » en reprenant un modèle anglo-saxon, celui de l’« independant non-
executive director ».
24
E.E Wa Mandzila, « La gouvernance d’entreprise, une approche par l’audit et le contrôle interne »,
Ed. L’Harmattan, 2006
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
Depuis lors, les administrateurs indépendants occupent une place croissante dans les
conseils d’administration. Leur présence au sein des conseils est devenue
incontournable : leur contribution a permis de poursuivre le mouvement engagé pour un
fonctionnement plus indépendant des conseils.
Nous constatons cependant que le concept d’« administrateur indépendant » fait l’objet
de controverses. La difficulté tient à l’impossibilité de définir juridiquement
l’administrateur indépendant. En effet, la notion d’indépendance revêt un caractère
subjectif, de telle sorte qu’il n’est pas toujours aisé d’en arrêter les contours.
25
L’administrateur indépendant : Définitions et grille d'analyse (Décembre 2006)
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
rapports AFEP-MEDEF et AFG en France, ainsi qu’avec ceux qui existent dans la
plupart des codes nationaux, notamment dans le rapport Higgs au Royaume-Uni.
Ils sont également cohérents avec la recommandation de la Commission Européenne
publiée au Journal officiel de l’Union Européenne le 15 février 2005, concernant « le
rôle des administrateurs non exécutifs et des membres du conseil de surveillance des
sociétés cotées et les comités du conseil d’administration ou de surveillance ».
L’administrateur peut être qualifié d’indépendant s’il ne se trouve pas dans l’une ou
plusieurs des situations suivantes, susceptibles d’altérer son indépendance de jugement
ou de le placer dans une situation de conflit d'intérêt réel ou potentiel.
26
Les différents rapports ne s’accordent pas sur la durée minimale optimale séparant une fonction
salariale et la fonction d’administrateur indépendant.
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
Relation d’affaires
Etre ou représenter un partenaire commercial ou financier significatif de la société
ou d’une société du groupe, ou pour lequel cette société représente une part
significative de l’activité.
Etre ou devenir un consultant de la société et recevoir, à ce titre, une rémunération
ou des honoraires substantiels de la société.
Etre ou représenter une « partie prenante » significative de la société (fournisseur,
client, Etat, banquier d’affaire, banquier de financement).
Il appartient à chaque société de déterminer si les modalités et l’importance des
rémunérations en cause sont de nature à créer un lien de dépendance de l'administrateur
concerné.
Conformément à la pratique anglo-saxonne et à la recommandation européenne, l’IFA
considère qu’il serait utile de prendre en compte ces situations afférentes non seulement
à l’exercice en cours, mais aussi à l’année ou aux deux années précédentes.
Ancienneté du mandat
Siéger dans le même conseil d’administration au-delà d’un certain nombre d’années.
Le rapport AFEP-MEDEF précise que pour être qualifié d’indépendant, un
administrateur « ne doit pas être administrateur de l’entreprise depuis plus de douze
ans ». Le rapport Higgs prévoit quant à lui une limite de dix ans.
A l’inverse, certaines sociétés considèrent l’ancienneté comme un facteur de stabilité et
de compétence supplémentaire, donc, selon elles, d’indépendance.
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
Le respect de ces critères formels est, bien entendu, une condition nécessaire pour
permettre à un administrateur d’être qualifié d’indépendant mais ce n’est pas une
condition suffisante.
En effet, l’accent mis sur les critères formels ne doit pas éclipser d’autres impératifs de
fond, tels que, notamment, la qualification professionnelle et les aspects
comportementaux, bien que ces derniers soient plus difficiles à évaluer du fait de leur
caractère subjectif.
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
Critères comportementaux
La force de caractère et l’indépendance d’esprit sont difficiles à évaluer lors de la
sélection des candidats bien qu’il s’agisse de critères essentiels d’indépendance.
Doit être prise en compte la capacité à résister à certaines formes de pression de type
psychologique qui peuvent s’exercer consciemment ou inconsciemment au sein du
conseil d’administration.
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
Le rapport Viénot 1 a souligné que « quelles que soient la composition ou les modalités
d’organisation du conseil d’administration, ce dernier est, et doit demeurer, une instance
collégiale qui représente collectivement l’ensemble des actionnaires et à qui s’impose
l’obligation d’agir en toutes circonstances dans l’intérêt social de l’entreprise ». Il a
précisé également la mission du conseil d’administration : « il définit la stratégie de
l’entreprise, désigne les mandataires sociaux chargés des gérer celle-ci dans le cadre de
cette stratégie, contrôle la gestion et veille à la qualité de l’information fournie aux
actionnaires ainsi qu’aux marchés à travers les comptes ou à l’occasion d’opérations très
importantes ».
Cette définition met l’accent sur l’étendue du rôle et de la responsabilité des conseils
d’administrations qui englobe entre autres :
La définition de la stratégie et le suivi de la stratégie.
La désignation des mandataires sociaux.
Le contrôle de gestion.
La veille sur la qualité de l’information comptable et extracomptable.
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
groupes internes : les comités. Ces comités spécialisés sont chargés d’étudier en
profondeur des domaines spécifiques relevant des prérogatives du Conseil.
Les rapports Viénot ont, à juste titre, insisté sur l’importance du rôle des comités
spécialisés dans le bon fonctionnement des conseils d’administrations. Ces comités ne
sont pas détachables du conseil d’administration, ils en facilitent le fonctionnement et
concourent efficacement à la préparation des décisions. Les comités ne sauraient donc
se substituer à la responsabilité du conseil d’administration.
Le nombre et la structure des comités dépendent de chaque conseil. Ainsi, le comité des
comptes a généralement une compétence couvrant à la fois les comptes, les risques et le
suivi de l’audit interne. Toutefois, dans certaines sociétés, peuvent coexister un comité
spécialisé chargé des comptes et un comité d’audit plus spécialement orienté sur le
contrôle des risques. De même, le comité des rémunérations et le comité de nominations
peuvent n’en faire qu’un dans certaines sociétés. Enfin, d’autres types de comités
peuvent être créés au sein des conseils comme le comité stratégique.
Par ailleurs, nous concevons que, quelle que soit la structure et la taille du conseil
d’administration, les domaines suivants doivent faire l’objet d’un travail préparatoire
par un comité spécialisé du conseil d’administration :
L’examen des comptes,
Le suivi de l’audit interne,
La sélection des commissaires aux comptes,
La politique de rémunérations,
Les nominations des administrateurs et des mandataires sociaux et leurs évaluations,
Le suivi de la stratégie de l’entreprise.
Dans le deuxième chapitre de cette première partie, nous allons passer en revue les
principaux comités spécialisés au regard de la réglementation et des modèles de
gouvernance internationaux, plus particulièrement le cas des Etats-Unis et celui de la
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Nous avons relevé dans le premier chapitre que la gouvernance d’entreprise peut être
définie comme l’ensemble de dispositifs internes par lesquels les actionnaires mandants
cherchent à contrôler au mieux les dirigeants mandatés. D’où le rôle primordial du
conseil d’administration dans le contrôle de l’activité, des décisions et des résultats des
dirigeants.
Le contrôle interne visait les dispositifs mis au point par la direction pour éviter et
corriger les erreurs ou les actions non conformes. Conçu ainsi, le contrôle interne se
limitait donc aux procédures répétitives à incidence sur les comptes et sur la
préservation du patrimoine.
Aujourd’hui, le système de contrôle interne doit permettre aux administrateurs de
maîtriser l’organisation. Avoir « le contrôle », la maîtrise d’une organisation dans son
acceptation moderne, ne peut ainsi se vérifier sans disposer au moins d’un contrôle
interne efficace et efficient.
Parmi les fondements de ces systèmes de contrôle interne, un élément structurel majeur
a émergé depuis une vingtaine d’années : les comités spécialisés pour remédier au fait
que les administrateurs, même actionnaires, n’ont pas nécessairement le temps ou les
compétences pour surveiller les décisions des dirigeants.
Les conseils d’administration dans les pays développés (Etats-Unis, France, Canada,
Royaume-Uni…) disposent depuis quelques années de groupes internes, les comités,
pour faire face à l’accroissement du champ de leur mission et à l’accentuation des
responsabilités surtout après que des dysfonctionnements de quelques sociétés cotées
ont été largement médiatisés. Ces comités spécialisés sont chargés d’étudier en
profondeur des domaines spécifiques relevant des prérogatives du conseil.
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
A titre d’exemple en France, le rapport 2004 de l’AMF constate que, sur un échantillon
de 118 rapports de sociétés cotées :
75% des rapports mentionnent l’existence de comités spécialisés,
65% des sociétés (dont la totalité des sociétés du CAC 40) indiquent avoir un comité
d’audit,
58% ont un comité des rémunérations,
41% des entreprises ont créé un comité des nominations.
Notons toutefois que plusieurs sociétés mentionnent aussi l’existence d’autres comités
spécialisés travaillant sur des thèmes particuliers, comme la stratégie, l’investissement,
les risques ou encore l’éthique.
Les cinq principaux comités observés dans ces pays sont le comité d’audit, le comité
des rémunérations, le comité des nominations et dans une moindre mesure, le comité
stratégique et le comité d’éthique.
Le comité d’audit, également appelé comité des comptes, est une des pièces
maîtresses du système de gouvernance des sociétés. En tant qu’émanation du conseil
d’administration, il contribue à éclairer celui-ci sur la bonne marche de l’entreprise
au niveau du contrôle interne et de la transparence financière. En tant qu’organe
distinct de celui-ci, il constitue un lieu où peuvent débattre, autour des
administrateurs qui en sont les membres, les divers acteurs responsables de la
fiabilité de l’information financière : direction comptable et financière, audit interne,
commissaires aux comptes.
Le comité des rémunérations joue un rôle très important dans le fonctionnement des
conseils d’administration puisqu’il contrôle la politique de rémunérations des
dirigeants. Cette politique est une composante majeure de la bonne gestion. Elle
associe tout au long de la vie de l’entreprise, les actionnaires et les principaux
acteurs de la stratégie à moyen terme. Elle doit éviter certains excès rencontrés
consistant à privilégier exagérément le court terme et aboutissant à dissocier l’intérêt
personnel des dirigeants de celui de l’entreprise.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Le comité d’éthique exerce une mission de veille aux bonnes pratiques dans tous les
domaines de la vie d’une entreprise : technique, environnemental, social…
Les comités d’audit se sont développés aux Etats-Unis à partir de 1940 et surtout au
cours des années 1970, puis au Canada et en Angleterre.
Il y a une dizaines d’années, seules 50% des sociétés du Top 500 européen disposaient
d’un comité d’audit. Depuis, cet organe de contrôle et de surveillance est peu à peu
devenu une véritable exigence du marché, acteur et garant de la transparence et de la
qualité de l’établissement de l’information financière. De nombreuses entreprises non
cotées ont également franchi le pas. Toutefois, leur mise en place ne garantit pas leur
efficacité. A titre d’exemple, le comité d’audit d’Enron était présidé par un professeur
de comptabilité de Stanford très renommé…
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Ainsi, dans l’ère post-Enron, la préoccupation des régulateurs semble être de garantir la
compétence des membres de tels comités spécialisés.
Aux Etats-Unis, le comité d’audit est défini par The American Law Institute comme
l’organe ayant pour rôle de vérifier les états financiers et leur élaboration, d’évaluer le
contrôle interne et l’indépendance des auditeurs externes, ainsi que de valider les
options comptables choisies par la direction générale.
En France, les principales missions des comités ont également été précisées par les
rapports Viénot :
Le contrôle de gestion,
La validation des états financiers,
L’assurance de la permanence des méthodes comptables adoptées,
Le contrôle de l’indépendance et de l’objectivité des commissaires aux comptes,
Le contrôle des études techniques menées par les directions financières et les
commissaires aux comptes quant au choix des normes comptables utilisées pour
l’établissement des comptes consolidés.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Est-ce que la présence d’un comité d’audit dans une société à pour seul but
l’amélioration de la qualité de l’information comptable ? Quelles sont aussi les
attributions de ce comité d’audit ?
La création d’un comité chargé d’examiner les comptes et de superviser les risques de
l’entreprise répond à plusieurs motivations :
Elle peut résulter de la constatation qu’il est plus efficace de répartir la charge de
travail des administrateurs en affectant les missions. Pour répondre, dans un temps
forcément limité, à l’exigence croissante des attentes des investisseurs à l’égard des
conseils d’administration, il faut s’engager dans une certaine spécialisation.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Quelle que soit la motivation, on observe que la présence d’un comité, sous réserve que
celui-ci soit organisé et fonctionne avec professionnalisme, est un véritable atout pour
les entreprises : En s’assurant de la qualité de l’information comptable, son existence
permet au conseil de se prononcer de manière plus pertinente sur les comptes.
La mission des comités d’audit peut être plus au moins large ; c’est la décision du
conseil d’administration qui en définit le périmètre lors de sa création.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La composition du comité d’audit doit tenir compte des spécificités des structures
organisationnelle et directionnelle de l’entreprise concernée. Elle concerne
principalement la taille du comité et la qualité des membres le composant.
Selon les principes de gouvernement des entreprises publiés dans les différents rapports,
le comité d’audit doit être composé de trois membres au moins.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Avoir plus de trois membres dans un comité d’audit permet de bénéficier d’une plus
grande expérience qui peut s’avérer utile lorsqu’il s’agit d’assumer tout les aspects du
mandat du comité.
Toutefois, les comités de grande taille peuvent être difficiles à gérer et accroissent les
risques de dispersion durant les réunions. Ils peuvent également réduire le degré de
responsabilité individuel, chacun pouvant penser qu’un problème potentiel n’échappera
pas à la vigilance d’un autre membre.
L’enquête internationale réalisée par le cabinet KPMG27 sur les pratiques des comités
d’audit en France et dans le monde a donné les résultats suivants :
73% des comités d’audit se composent de 3 à 4 membres,
22% des comités se composent de 5 à 6 membres,
5% des comités se composent de 6 à 11 membres.
Nous considérons que la bonne moyenne se situe entre 3 et 5 membres, ce qui assure
une présence constante et évite un fonctionnement trop lourd du comité.
Ainsi pour assurer l’efficacité des comités d’audit, les membres le composant doivent
être indépendants et ayant les compétences et les connaissances requises.
27
La pratique des comités d’audit en France et dans le monde. Enquête internationale-Juin 2006. KPMG
Audit.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
1.2.2.1 L’indépendance
En effet, avoir un comité d’audit dont les membres ont des liens avec la direction accroît
le risque d’un manque d’indépendance. En effet, les membres du comité peuvent être
réticents à poser les questions nécessaires et à insister jusqu’à ce qu’ils obtiennent des
réponses. Par conséquent, un comité d’audit composé uniquement d’administrateurs
indépendants constitue la solution optimale. De tels administrateurs sont plus à même
d’offrir un point de vue objectif, indispensable à l’efficacité du comité.
Selon l’American Law Institute, le comité d’audit doit être composé exclusivement
d’administrateurs qui ne sont pas salariés de l’entreprise, ou qui n’ont pas été salariés
pendant les deux années précédant leur nomination au comité d’audit. Il suggère
également qu’au moins une majorité de membres n’ait aucun lien significatif avec les
dirigeants de l’entreprise.
Les règles de la NYSE exigent l’indépendance de tous les membres du comité d’audit,
c'est-à-dire « sans lien avec l’entreprise qui pourrait nuire à leur indépendance vis-à-vis
de la direction de l’entreprise ».
Les règles de la SEC adoptés en 1999 exigent que les entreprises précisent, dans le
dossier remis aux actionnaires lors d’une assemblée générale ordinaire, si les membres
du comité d’audit sont indépendants tel que défini par les normes de cotations, et
donnent certaines informations concernant tout administrateur, membre du comité
d’audit, qui ne serait pas considéré comme « indépendant ».
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Le rapport Blue Ribbon Commitee28 insiste sur l’importance d’avoir, au sein du comité
d’audit, des administrateurs indépendants. On y signale que « plusieurs études récentes
ont révélé une corrélation entre l’indépendance du comité d’audit et deux résultats
souhaitables : un degré supérieur de surveillance active et une plus faible incidence de
fraude dans les états financiers ».
28
Report and recommandations of the Blue Ribbon Committee on improving the Effectiveness of
Corporate Governance Audit Commitee.
29
Report and recommandations of the Blue Ribbon Committee on improving the Effectiveness of
Corporate Governance Audit Commitee.
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
La NYSE, la NASD et l’AMEX exigent qu’au moins un des membres du comité d’audit
fasse preuve d’une « expertise » en comptabilité ou en gestion. En plus, ils exigent que
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
cet administrateur doit posséder une expérience dans la finance ou la comptabilité, une
expertise comptable certifiée par des corps professionnels ou une formation qui a abouti
à une expertise professionnelle individuelle, y compris l’obligation d’occuper ou d’avoir
occupé des fonctions de directeur général, directeur financier ou autre poste de haut
niveau avec des responsabilités de supervision financière.
Les membres du comité d’audit doivent posséder des connaissances comptables et une
expérience en matière de reporting financier suffisantes pour leur permettre d’en
comprendre le processus, d’appréhender l’élaboration des états financiers et les
problèmes y afférents afin d’assumer leur responsabilités.
Compte tenu de la complexité croissante des opérations, des principes et des méthodes
comptables de reporting, les membres du comité d’audit doivent être en mesure de poser
les bonnes questions, sonder les informations et remettre en cause ces dernières si
nécessaire.
Le fonctionnement du comité est très variable d’une entreprise à l’autre. En écartant les
situations dans lesquelles le comité est plus apparent que réel, il est vital que
s’établissent entre le président du comité et ses différents interlocuteurs (le président du
conseil, le directeur général, le directeur financier, le directeur de l’audit interne…) des
relations de confiance et de respect mutuel. En effet, il est primordial que les
responsables de l’entreprise donnent toutes les informations nécessaires aux membres
du comité, et que les difficultés potentielles puissent être abordées ouvertement. Le
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
président doit aussi être attentif à ce que les prérogatives du management soient
préservées.
Le conseil d’administration est compétent pour créer un comité d’audit et en fixer les
règles de fonctionnement, en aucun cas la création ne doit aboutir au dessaisissement du
conseil. Seul ce dernier a en effet le pouvoir de prendre des décisions en vertu du
principe de la collégialité, le comité d’audit est une émanation du conseil destinée à
faciliter son travail.
La formalisation des conditions dans lesquelles s’exercent les prérogatives du comité est
essentielle. Le règlement est opposable à tout administrateur et l’existence de règles
claires lui permet à tout moment de s’en prévaloir.
- 61 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Pour s’assurer du respect des règles qui garantissent l’indépendance et la qualité des
travaux du commissaire aux comptes :
o Les objectifs et la démarche du programme de travail,
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
o Un relevé du détail des honoraires qui leur sont versés par l’entreprise afin
de s’assurer que leur montant ou la part qu’ils représentent dans le chiffre
d’affaires du cabinet ou du réseau ne sont pas de nature à porter atteinte à
leur indépendance et que ce montant est suffisant pour leur permettre de faire
leur travail convenablement,
o Une information sur les missions n’entrant pas dans le cadre su contrôle
légal des comptes.
La fréquence et la durée des réunions du comité d’audit doivent être fixées par le
président du comité. Il doit y avoir autant de réunions que nécessaire. Celles-ci doivent
être au moins au nombre de quatre pour traiter des phases clés de l’audit à savoir :
La présentation du plan d’audit ainsi que sa planification et sa coordination.
L’examen des résultats semestriels.
L’examen du contrôle des comptes annuels.
L’appréciation par le commissaire aux comptes du contrôle interne.
En pratique, les réunions du comité d’audit doivent être plus nombreuses afin de couvrir
les autres domaines pour lesquels le comité est compétent pour intervenir :
Examen du plan d’audit interne.
Examen de l’organisation de l’audit interne et des procédures de contrôle interne.
Revue des résultats des audits internes et du suivi des recommandations par les
opérationnels.
Conduite de la procédure de sélection des commissaires aux comptes…
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Le compte rendu des travaux du comité est communiqué aux membres du conseil et
intégré au procès-verbal du conseil d’administration. Il importe aussi que sa rédaction
fasse l’objet d’un travail soigné et validé par les membres du comité. Là encore, un
certain délai est nécessaire pour assurer la qualité du processus de travail du comité.
Le rapport Bouton en France préconise un délai de deux jours entre les réunions du
comité d’audit et du conseil ; ce délai nous paraît insuffisant même si les délais de
communications financières soient de plus en plus serrés.
Le comité d’audit doit auditionner, dans les conditions qu’il détermine et après en avoir
informé le président du conseil d’administration, les dirigeants mandataires sociaux, les
directeurs financiers et comptables responsables de l’établissement des comptes. Ces
auditions peuvent se tenir hors de la présence de la direction générale de l’entreprise.
Sauf décision contraire du comité, les commissaires aux comptes sont invités à
participer aux réunions. Ceux-ci sont fréquemment entendus par les membres du comité
d’audit en dehors de la présence du management et du secrétaire du conseil si celui-ci a
aussi pour fonction d’établir le compte rendu de la réunion.
Le responsable de l’audit interne doit aussi être entendu hors de la présence des
mandataires sociaux au moins une fois par an. Le comité peut entendre tout autre
responsable opérationnel. Il en informe le président du conseil d’administration.
A l’exception des réunions qui sont tenues en l’absence des mandataires sociaux et qui
doivent conserver une totale confidentialité, les réunions du comité d’audit font l’objet
d’un compte rendu. Celui-ci peut être établi par le président du comité ou par le
secrétaire du conseil s’il existe et si tel est le choix du comité.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Le comité d’audit doit pouvoir recourir à des experts extérieurs en cas de besoins
spécifiques, cette faculté peut être prévue dans le règlement du comité.
Les réunions du comité sont importantes, mais elles ne sont pas suffisantes. La
complexité des affaires requiert que les membres du comité reçoivent périodiquement,
des informations sur la situation de l’entreprise, et que ces membres, en particulier le
président, maintiennent des contacts réguliers avec les personnes clés que sont le
président et le directeur général, le directeur de l’audit interne et les commissaires aux
comptes.
Le comité informe le conseil de ses travaux. Les comptes rendus d’activité destinés au
conseil d’administrations doivent permettre aux autres administrateurs d’être totalement
informés.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La restitution des travaux du comité d’audit doit être critique pour éviter une asymétrie
d’information entre les membres du comité et les autres administrateurs.
En fait, dans la mesure où les comités ne peuvent pas prendre de décisions, leur rôle se
limite à préparer l’information que le conseil utilisera dans ses débats : ils doivent
veiller à ce que celle-ci soit complète et surtout compréhensible.
Dans le droit commun, comme dans la pratique de tous les grands pays d’économie de
marché, cette mission est impartie au conseil d’administration, opérant en pleine
transparence vis-à-vis des actionnaires et sous le contrôle de leur assemblée générale
quant à la méthode et aux éléments de détermination utilisés.
Dans la structure unitaire du conseil d’administration, c’est le PDG qui choisit ses
différents administrateurs parmi ses amis de club ou d’écoles ou par le système de
représentations croisées d’administrateurs. Il s’agit en fait d’une nomination par simple
cooptation pouvant comporter deux dangers majeurs :
La dépendance vis-à-vis du PDG qui neutralise toute critique ou velléité
contestatrice de la part des administrateurs.
La compétence des administrateurs choisis n’est pas toujours garantie.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Lorsque le dirigeant siège dans le comité de nomination, il est moins probable que le
comité d’audit comprenne une majorité d’administrateurs indépendants (Klein
(2002)).
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
30
Rapport consolidé 2003.
- 68 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
est consulté sur toute nomination à une fonction de direction générale du groupe
(membres du comité exécutif) et de ses principales filiales,
est informé du plan de succession des membres du comité exécutif,
évalue périodiquement les performances des mandataires sociaux dirigeants et
présente leur évaluation au conseil.
Le comité des nominations est généralement composé de trois à cinq membres31, les
principales caractéristiques permettant une composition efficace de ce comité sont
exposées dans ce qui suit :
Tous les membres du comité des nominations doivent être indépendants. Toutefois,
si un actionnaire de référence est identifié et représenté au conseil, il est souhaitable
qu’il y ait un administrateur non exécutif le représentant au sein de ce comité.
31
D’après les recommandations de l’Institut Français des Administrateurs
- 69 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Tout comme pour le comité d’audit, les membres du comité des nominations
peuvent se faire assister de leurs propres conseils externes (différents de ceux du
management de la société) qu’ils sélectionneront directement. Si un conseil externe
est utilisé par le management de la société, le comité doit pouvoir avoir un accès
direct à ce conseil et à ses travaux.
- 70 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
mettre en place, de préférence avec l’aide d’un conseil externe et une anticipation
minimum (au moins un an par rapport à chaque vacance prévue), une procédure
rigoureuse et transparente d’identification d’un « vivier » de futurs administrateurs
potentiels ayant ces talents. Ce conseil externe travaillera en liaison avec le
président du conseil et le président du comité afin de proposer un choix entre
plusieurs administrateurs potentiels pour chaque vacance et approchera les
personnes retenues pour évaluer leur intérêt et leurs qualifications.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
cas d’un recrutement externe, le comité (ou son président) recevra délégation du
conseil pour mener ce recrutement avec l’assistance d’un conseil externe pour
établir le profil et les enjeux de la fonction puis mener la recherche de candidats
potentiels.
Nous tenons à rappeler que, comme pour leur nomination, la rémunération des
mandataires sociaux dirigeants n’incombe ni au législateur, ni à l’autorité de marché, ni
à l’assemblée générale des actionnaires.
Dans le droit commun comme dans la pratique de tous les grands pays d’économie de
marché, cette mission est impartie au conseil d’administration, opérant en pleine
transparence vis-à-vis des actionnaires et sous le contrôle de leur assemblée générale
quand à la méthode et aux éléments de détermination utilisés.
Les différents rapports sur la gouvernance d’entreprise se sont accordés sur la question
de la rémunération des mandataires sociaux dirigeants qui doit être traitée au niveau
d’un comité spécialisé du conseil d’administration appelé le comité de rémunération.
- 72 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La raison principale de sa création est que les salaires des dirigeants seraient très élevés
et ignorés des actionnaires.
Selon l’étude de Trepo et Roussel, il a été observé que plus le comité des rémunérations
intervient en matière de rémunérations, plus le lien entre le bonus du PDG et les
performances de l’entreprise était évolué. Ce qui tend à conférer au comité de
rémunération un rôle de règlement de conflit entre actionnaires / dirigeants et les autres
parties prenantes.
L’objectif du comité des rémunérations, qu'il serait essentiel de mettre en place dans les
sociétés à actionnariat dispersé selon les modalités préconisées par le rapport du groupe
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
est informé par la direction générale des rémunérations des principaux cadres
dirigeants. Sur proposition de la direction générale, il peut être amené à procéder à
la définition des rémunérations de tout ou partie des membres du comité exécutif.
Le comité des rémunérations est généralement composé de trois à cinq membres, les
principales caractéristiques permettant une composition efficace de ce comité sont
exposées dans ce qui suit :
Tout comme pour les comités d’audit et des nominations, les membres du comité
des rémunérations pourront se faire assister de leurs propres conseils externes
(différents de ceux du management de la société) qu’ils sélectionneront directement.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les attributions du comité seront reprises dans le règlement intérieur du conseil ou dans
une charte du comité des rémunérations. Ce sont :
la mise en place d’une politique de rémunération globale (salaire de base, partie
variable, plan de stocks options et/ou d’attribution d’actions gratuites, avantages
divers, plan de retraite) pour les dirigeants mandataires sociaux ;
la supervision des contrats et conventions particulières avec les mandataires sociaux
(dirigeants et administrateurs);
l’évaluation des conséquences financières sur les comptes de la société de ces
différents éléments;
les règles liées aux vérifications et remboursements de frais et avantages divers; le
respect des législations et règlementations existantes ;
la supervision des publications dans le rapport annuel des éléments détaillés et mode
de calcul de la rémunération des mandataires sociaux ;
la préparation des communications en assemblée générale sur les éléments
exceptionnels et différés (retraites, indemnités de départ etc).
32
Propositions de l'IFA sur les comités des Rémunérations et de nominations – Janvier 2007
- 76 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
33
Cité au niveau du premier paragraphe.
- 77 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
des niveaux et répartition de rémunérations (pour les dirigeants mais aussi pour les
« hommes clefs » de l’entreprise dont certains peuvent avoir une rémunération
supérieure à celles des dirigeants)
des critères de performances relatives par rapport aux concurrents qui serviront à
définir des objectifs quantitatifs et qualitatifs à court terme et long terme de
réalisations au-delà de l’EBITDA ou ROE et à évaluer la performance des
mandataires sociaux dirigeants pour déterminer leur rémunération fixe et variable.
Par ailleurs, il convient de rappeler que le comité des nominations et le comité des
rémunérations décrits au niveau des sections 2 et 3 peuvent être fusionnés au sein d’un
seul comité appelé le comité des rémunérations et des nominations. A ce titre, l’Institut
Français des Administrateurs34 précise, qu’au fur et à mesure de son développement et
de l’augmentation de son nombre d’administrateurs, toute société à conseil
d’administration ou conseil de surveillance pourra connaître les quatre étapes suivantes
dans l’appréhension des questions de rémunérations et de nominations des mandataires
sociaux :
1. Dans sa phase initiale, au moins un administrateur non exécutif ou indépendant
et compétent en matière de ressources humaines sera plus spécialement
responsable des questions de rémunérations et nominations.
2. Par la ensuite, un comité des rémunérations et des nominations sera constitué au
sein du conseil.
3. Ce comité sera ultérieurement scindé en deux avec un comité des rémunérations
d’une part et un comité des nominations d’autre part.
4. Enfin, dans sa forme la plus évoluée, le conseil pourra élargir le domaine de
compétences de ces deux comités en créant d’une part un comité des ressources
humaines (incluant les questions de rémunérations et plans de succession) et
d’autre part un comité de gouvernance (incluant les nominations et autres sujets
liés à la gouvernance de la société).
34
Propositions de l'IFA sur les comités des Rémunérations et des nominations – Janvier 2007
- 78 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
En pratique, les comités spécialisés (autres que les comités d’audit, des nominations et
des rémunérations) les plus fréquemment constitués sont le comité stratégique et le
comité d’éthique. Mais le conseil, suivant sa taille et le contexte de l’entreprise et son
secteur, a toute liberté de créer tout comité qu’il juge opportun.
Il a notamment pour mission de préparer les décisions du conseil portant sur la stratégie
de la société ou du groupe36, d’examiner les opérations de portefeuille, d’investissement
et d’alliance en conformité avec la stratégie retenue, et de présenter au conseil
d’administration ses conclusions et recommandations.
Plus précisément, le comité stratégique assure, en vue de préparer les travaux du conseil
d’administration, les missions suivantes :
la définition des axes stratégiques de développement de la société et de son groupe
au niveau national et international,
l’étude des projets d’accords stratégiques et le suivi des partenariats,
35
D’après les principales études sur les comités spécialisés
36
Lorsque la société est à la tête d’un groupe de sociétés.
- 79 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
C’est ainsi que le comité d’éthique, qui est une émanation du conseil d’administration,
exerce une mission de veille aux bonnes pratiques dans tous les domaines de la vie
d’une entreprise : technique, environnemental, social…
Ces comités se sont fortement développés durant les dernières décennies dans les grands
groupes et sociétés exerçant principalement dans les secteurs de l’environnement, de
l’énergie, de la santé…
- 80 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Le comité d'éthique veille à la prise en compte de la réflexion éthique dans les travaux
du conseil d’administration et dans la gestion du groupe en respectant les trois principes
suivants :
Les administrateurs doivent agir en toute connaissance de cause, de bonne foi, avec
toute la diligence et le soin requis et dans l’intérêt de la société et de ses
actionnaires.
Lorsque ses décisions peuvent affecter de manière variable les différentes catégories
d’actionnaires, le conseil d’administration doit veiller à traiter équitablement tous
les actionnaires.
Le conseil d’administration doit appliquer des normes éthiques élevées. Il doit
prendre en considération les intérêts des différentes parties prenantes.
Le comité d’éthique examine aussi le rapport annuel hors états financiers (rapport
d’activité et rapport sur le développement durable), le rapport d’activité du délégué38 à
l’éthique et à la déontologie.
37
www.pernod-ricard.com/fr
38
La personne ou la direction qui s’occupe des questions d’éthique et de déontologie au sein du groupe
ou de la société
- 81 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Le comité des risques est chargé d’évaluer les différents risques encourus par la société
et notamment en :
- 82 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
analysant les risques associés aux grandes orientations stratégiques qui s’offrent à la
société (notamment ceux qui menacent le plus directement ses avantages
compétitifs) ;
effectuant un examen approfondi des risques face aux divers interlocuteurs
potentiels de la société : la direction générale, la direction financière, les
gestionnaires des risques ("risks managers"), les auditeurs internes, les commissaires
aux comptes, la direction de la qualité…
Le comité des conventions est chargé de vérifier que les accords passés entre la société
et son (ou ses) actionnaire(s) - notamment - majoritaire(s) ne lèsent pas les intérêts des
autres actionnaires.
Le comité est saisi, en vue de préparer les travaux du conseil d’administration, des
questions concernant la qualité des relations entre la société ses clients, notamment dans
les cas suivants :
L’étude de la satisfaction des clients de la société ;
L’analyse de la qualité des services fournis aux clients ;
L’examen des bonnes pratiques en matière de services fournis aux clients ;
L’examen des bonnes pratiques en matière de développement durable et de
responsabilité sociale d’entreprise.
CONCLUSION
Pour conclure cette première partie, relative à l’émergence des comités spécialisés du
conseil d’administration et le rôle primordial et important qu’ils occupent dans un
- 83 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
- 84 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Comme le conseil, les comités disposent d’un budget autonome et révisable dont
l’utilisation est transparente.
Nous avons observé que ces comités spécialisés se sont largement étendus dans les pays
développés dans les deux dernières décennies et participent activement à
l’accroissement efficace de la mission du conseil et l’accentuation de ses
responsabilités.
Mais qu’en est-il de leur participation dans les pays moins développées et plus
précisément pour le cas de la Tunisie ?
Hassairi39 (2005) a relevé une existence très faible des comités spécialisés dans les
entreprises tunisiennes malgré le rôle important qu’ils peuvent jouer dans l’amélioration
de la gouvernance d’entreprises.
Nous étudierons dans la deuxième partie du mémoire les opportunités de mise en place
des comités spécialisés dans les entreprises tunisiennes et l’impact de cette mise en
place sur l’amélioration de la sécurité financière en Tunisie ainsi que les obstacles et les
difficultés de leur mise en place et leur fonctionnement dans le contexte et la culture
tunisienne.
39
S. Hassairi, « Le rôle du comité d’audit dans l’amélioration de la gouvernance d’entreprise », 2005
- 85 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Deuxième Partie
COMITES SPECIALISES
ET
EN TUNISIE
- 86 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
INTRODUCTION
Dans ce contexte, en Tunisie, une loi consacrée à la sécurité financière a été promulguée
en octobre 2006 (La loi n° 2005-96 du 18 octobre 2005). Ce texte a, entre autres, rendu
obligatoire la création de comité d’audit pour les entreprises tunisiennes40.
Nous présenterons donc au niveau du premier chapitre de cette deuxième partie, le cadre
règlementaire du comité d’audit en Tunisie ; sa mission, sa composition et son
fonctionnement ainsi que les principales difficultés de sa mise en place dans les
entreprises tunisiennes.
40
L’obligation concerne les établissements de crédit et les grandes sociétés tunisiennes.
- 87 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les comités d’audit ont été adoptés récemment en Tunisie (en 2001 pour les
établissements de crédit et en 2005 pour les entreprises faisant appel public à l’épargne
et les grandes sociétés). Actuellement, l’existence dans les entreprises tunisiennes de
comités d’audit efficaces, c'est-à-dire exerçant pleinement leur mission telle que définie
par les principaux codes de bonne gouvernance41, est très rare.
Cette situation ne provient pas seulement de leur récente mise en place, mais aussi des
spécificités et particularités du contexte tunisien.
Nous allons donc présenter dans ce chapitre en premier lieu, le cadre règlementaire
régissant les comités d’audit en Tunisie et en second lieu, la mission, la composition et
le fonctionnement de ces comités dans les entreprises tunisiennes. Enfin, nous
évoquerons les préalables à la mise en place et les difficultés de fonctionnement des
comités d’audit dans le contexte tunisien.
Les comités d’audit ont été évoqués pour la première fois au niveau de la
réglementation tunisienne en 1999 sous forme d’une recommandation pour les
établissements bancaires. En effet, la norme comptable tunisienne 22 relative au
contrôle interne et l’organisation comptable dans les établissements bancaires42 stipule
que : « Conformément aux bonnes pratiques d’usage, il est approprié de créer un comité
d’audit, rattaché au conseil d’administration, et ayant pour rôle :
41
Développement au niveau du deuxième chapitre de la première partie : Première section.
42
La norme est applicable aux états financiers relatifs aux exercices ouverts à partir du 1er janvier 1999.
- 88 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La présence de ces comités d’audit a été rendue obligatoire en 2001 pour les
établissements du crédit par la loi n° 2001-6543 du 10 juillet 2001 relative aux
établissements de crédits.
La loi n° 2001-65 du 10 juillet 2001 telle que modifiée et complétée par la loi n° 2006-
19 du 2 mai 2006, relative aux établissements de crédit a rendu obligatoire pour la
première fois en Tunisie la création d’un comité d’audit au sein des établissements de
crédit. En effet, l’article 34 de ladite loi stipule que « Les établissements de crédit
doivent créer un comité permanent d'audit interne.
43
telle que modifiée et complétée par la loi n° 2006-19 du 2 mai 2006
44
Sociétés qui remplissent des limites chiffrées relatives au total bilan et de leurs engagements auprès des
établissements de crédit et de l’encours de leurs émissions obligataires.
- 89 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La création d’un comité permanent d’audit interne est obligatoire pour les
établissements de crédit. La définition des établissements de crédit a été donné par
l’article 2 de la même loi45 qui stipule que : « Est considérée comme établissement de
crédit, toute personne morale qui exerce, à titre de profession habituelle, les opérations
bancaires.
Les opérations bancaires comprennent:
la réception des dépôts du public quelles qu'en soient la durée et la forme,
l'octroi de crédits sous toutes leurs formes,
l'exercice, à titre d'intermédiaire, des opérations de change,
la mise à la disposition de la clientèle et la gestion des moyens de paiement.
L'établissement de crédit peut aussi effectuer les opérations liées à son activité telles que
le conseil et l'assistance en matière de gestion de patrimoine, de gestion financière,
45
Loi n° 2001-65 du 10 juillet 2001, relative aux établissements de crédit.
- 90 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
d'ingénierie financière et d'une manière générale tous les services destinés à faciliter la
création, le développement et la restructuration des entreprises.
L'établissement de crédit peut, en outre, prendre des participations au capital
d'entreprises existantes ou en création conformément aux conditions définies aux
articles 2146 et 2247 de la présente loi. »
Ainsi, et suivant l’article 6 de la même loi, les établissements de crédit comprennent, les
banques et les établissements financiers. Les établissements financiers sont constitués
par les établissements financiers de leasing et les établissements financiers de
factoring48.
Suite à la crise de confiance dans les mécanismes du marché qui s'est manifestée depuis
quelques années dans la plupart des pays développés et des pays émergents ; des textes
règlementaire ont été votés dans les pays développées introduisant de nouvelles
obligations d’information des actionnaires et du marché sur la communication
financière et les procédures de contrôle interne mises en place dans les sociétés. Les
principaux textes concernent les Etats-Unis à travers la loi Sarbanes-Oxley (juillet 2002)
et la France à travers la loi sur la sécurité financière (août 2003).
46
Art. 21 : Un établissement de crédit ne peut affecter plus de 10 % de ses fonds propres à une
participation dans une même entreprise.
Il ne peut également détenir directement ou indirectement plus de 30 % du capital d'une même entreprise.
Toutefois, il peut, à titre temporaire, dépasser ce pourcentage lorsque la participation est faite en vue de
permettre le recouvrement de ses créances.
47
Art. 22 : L'établissement de crédit peut prendre des participations dans le capital de sociétés exerçant
dans le domaine des services financiers y compris les services d'intermédiation en bourse, et ce, sans tenir
compte du pourcentage prévu au 2ème paragraphe de l'article 21 de la présente loi. Il doit, dans ce cas,
établir d'une manière consolidée des états financiers conformément aux conditions, modalités et
procédures fixées par les règles comptables en vigueur ainsi qu'un rapport sur la gestion prudentielle.
48
Article 54 de la loi n° 2001-65 du 10 juillet 2001, relative aux établissements de crédit.
- 91 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Afin d’atteindre ces deux objectifs, la loi d’octobre 2005 a, entre autres, étendu49
l’obligation de créations de comité d’audit aux sociétés faisant appel public à l’épargne
et aux sociétés et groupes de sociétés « importants50. ».
49
Obligation existante pour les établissements de crédit depuis 2001 comme évoqué dans le paragraphe
précédent.
50
Sociétés qui remplissent des limites chiffrées relatives au total bilan et de leurs engagements auprès des
établissements de crédit et de l’encours de leurs émissions obligataires.
- 92 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
la société mère lorsque le total de son bilan au titre des états financiers consolidés
dépasse un montant fixés par décret,
les sociétés qui remplissent les limites chiffrées fixées par décret relatives au total
bilan et au total de leurs engagements auprès des établissements de crédit et de
l'encours de leurs émissions obligataires.
Le comité permanent d'audit veille au respect par la société de la mise en place de
systèmes de contrôle interne performant de nature à promouvoir l'efficience, l'efficacité,
la protection des actifs de la société, la fiabilité de l'information financière et le respect
des dispositions légales et réglementaires. Le comité assure le suivi des travaux des
organes de contrôle de la société, propose la nomination du ou des commissaires aux
comptes et agrée la désignation des auditeurs internes.
Le comité permanent d'audit est composé de trois membres au moins, désignés selon le
cas par le conseil d'administration ou le conseil de surveillance parmi leurs membres.
Ne peut être membre du comité permanent d'audit, le président-directeur général ou le
directeur général ou le directeur général adjoint.
Les membres du comité permanent d'audit peuvent recevoir, en rémunération de
l'exercice de leur activité, une somme fixée et imputée selon les conditions mentionnées
à l'article 204 du code des sociétés commerciales relatif aux jetons de présence. »
- 93 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La société mère lorsque le total de son bilan52 au titre des états financiers consolidés
dépasse un montant fixé par décret, ce montant a été fixé par le décret
d’application53 à cinquante millions de dinars (50 MDT).
les sociétés qui remplissent les limites chiffrées fixées par décret relatives au total
bilan54 et au total de leurs engagements auprès des établissements de crédit et de
l'encours de leurs émissions obligataires. Ces limites chiffrées sont fixées par le
décret d’application55 à :
o Cinquante millions de dinars (50 MDT) pour le total du bilan.
51
Au sens de la même loi, le démarchage s'entend l'activité de la personne qui se rend habituellement à la
résidence de personnes, sur leurs lieux de travail ou dans les lieux publics, en vue de leur proposer la
souscription ou l'acquisition de titres.
Est également considéré comme démarchage, l'envoi de lettres, dépliants ou tous autres documents
lorsqu'il est utilisé, de façon habituelle, pour proposer la souscription ou l'acquisition de titres ;
52
D’après l’article 7 du décret d’application le total du bilan correspond au total brut du bilan sans
déduction des amortissements et des provisions et majoré de la valeur des équipements, du matériel et des
biens immobiliers objet d'opérations de leasing selon la valeur inscrite au contrat, compte non tenu des
intérêts financiers et de la marge commerciale,
53
Décret n° 2006-1546 du 6 juin 2006 portant application des dispositions des articles 13, 13 bis, 13 ter,
13 quater et 256 bis du code des sociétés commerciales.
54
D’après l’article 7 du décret d’application le total du bilan correspond au total brut du bilan sans
déduction des amortissements et des provisions et majoré de la valeur des équipements, du matériel et des
biens immobiliers objet d'opérations de leasing selon la valeur inscrite au contrat, compte non tenu des
intérêts financiers et de la marge commerciale,
55
Décret n° 2006-1546 du 6 juin 2006 portant application des dispositions des articles 13, 13 bis, 13 ter,
13 quater et 256 bis du code des sociétés commerciales.
- 94 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
o Vingt cinq millions de dinars (25 MDT) pour le total des engagements
auprès des établissements de crédit et l'encours des émissions obligataires.
La circulaire n°2006-19 a rappelé les principes édictés par la loi relative aux
établissements de crédit et la loi relative au renforcement de la sécurité des relations
financières et a donné aussi des explications supplémentaires ayant trait à la mission, la
composition et le fonctionnement des comités d’audit.
56
Articles 56 à 61 de la circulaire de la BCT n°2006-19 du 28 novembre 2006.
57
Article 2 de la circulaire de la BCT n°2006-19 du 28 novembre 2006.
58
Article 62 de la circulaire de la BCT n°2006-19 du 28 novembre 2006.
- 95 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
59
Extrait de l’article 256 bis du code des sociétés commerciales.
- 96 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
L’article 256 bis du code des sociétés commerciales stipule que le comité permanent
d'audit veille au respect par la société de la mise en place de systèmes de contrôle
interne performant de nature à promouvoir l'efficience, l'efficacité, la protection des
actifs de la société, la fiabilité de l'information financière et le respect des dispositions
légales et réglementaires.
De même l’article 34 de la loi relative aux établissements de crédit précise que parmi les
tâches du comité d’audit est de veiller à ce que les mécanismes appropriés de contrôle
interne soient mis en place par l'établissement.
Les facteurs internes, tels que l’environnement de contrôle et la qualité des processus
comptables ainsi que les facteurs externes comme les conditions économiques et les
changements intervenant dans la réglementation présentent des risques qui affectent les
performances de la société et ses rapports financiers.
Ce sont ces risques sur lesquels les conseils d’administration ou de surveillance à
travers les comités d’audit doivent porter une attention particulière. Un contrôle interne
bien conçu et correctement mis en œuvre réduit le risque de dérapage de la société et le
risque d’erreurs significatives dans les états financiers.
- 97 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Il s’en suit que l’évaluation des risques est une étape clé de la formulation des plans
d’une société et de la mise au point de ses contrôles.
Premièrement, la direction de la société doit identifier les risques majeurs, évaluer leur
impact potentiel et prendre les mesures nécessaires afin de réduire les risques les plus
importants.
En second lieu, le comité d’audit doit analyser cette évaluation des risques et vérifier
que les facteurs de risques sont raisonnablement pris en compte.
Le comité d’audit, en plus d’apprendre à bien connaître les principaux risques auxquels
la société est confrontée, devrait veiller à ce que la direction les surveille et les contrôle.
Une attention particulière devrait être portée au mode de contrôle des risques financiers
et des risques liés au comportement contraire à l’éthique.
Pour compléter ce contrôle, le comité d’audit peut obtenir d’autres avis auprès de
sources plus spécialisées qui peuvent être des auditeurs internes ou externes ou des
cabinets spécialisés.
L’article 256 bis du code des sociétés commerciales stipule que le comité d’audit assure
le suivi des travaux des organes de contrôle de la société.
- 98 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les deux organes principaux qui procèdent à l’évaluation du contrôle interne sont les
auditeurs internes et externes de la société, les premiers à travers les rapports d’audit
interne et les seconds à travers leur lettre de direction appelée aussi lettre sur le contrôle
interne.
Le comité d’audit procède donc à la vérification des travaux des auditeurs et à l’examen
de leurs rapports.
« L'audit interne est une activité indépendante et objective qui donne à une organisation
une assurance sur le degré de maîtrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les
améliorer, et contribue à créer de la valeur ajoutée. Il aide cette organisation à atteindre
ses objectifs en évaluant, par une approche systématique et méthodique, ses processus
de management des risques, de contrôle, et de gouvernement d'entreprise, et en faisant
des propositions pour renforcer leur efficacité.60 » On peut affirmer que le contrôle
interne est la finalité de l’audit interne.
60
Définition de l’IFACI : Institut Français des Auditeurs et Contrôleurs Internes
- 99 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les conclusions et les recommandations de l’audit interne doivent être validées dans un
rapport : rapport d’audit sur le système de contrôle interne de la société.
Le comité d’audit doit s’assurer que la mission d’audit interne a donné naissance au
rapport d’audit. A travers ce rapport et des appréciations apportées par les auditeurs
internes, le comité d’audit va pouvoir examiner la qualité du contrôle interne de la
société.
La forme du rapport doit être examinée par le comité d’audit. En effet, le rapport d’audit
interne est un document d’information pour la hiérarchie, il doit analyser et présenter le
détail des constats et observations, les recommandations doivent être concrètes et
précises, afin que les responsables ne restent pas dans le flou et soient en mesure de
définir avec précision les actions à entreprendre.
Il est important que le comité d’audit discute avec les auditeurs internes de la société les
conclusions spécifiques et les recommandations relatives aux sujets significatifs.
En outre, le comté d’audit doit examiner avec l’auditeur interne les conclusions des
audits précédents, afin de déterminer si la direction a pris les mesures correctives
relatives aux recommandations significatives et si les changements mis en place ont été
efficaces.
Donc, il appartient à l’auditeur externe de s’assurer que la société auditée publie une
information financière de qualité, c'est-à-dire que les comptes et informations
financières sont régulièrement établis et donnent une image fidèle et sincère de la
situation financière et du patrimoine de la société auditée.
- 100 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Le comité d’audit doit s’assurer que la direction de la société met à la disposition des
auditeurs externes toutes les informations nécessaires à l’évaluation du contrôle interne.
L’auditeur externe doit veiller également à ce que le comité d’audit soit informé des
défaillances de contrôle significatives, identifiées au cours de son audit. Cependant, il
faut signaler que l’auditeur externe ne teste, en général, les contrôles internes que dans
les domaines précis sur lesquels il a l’intention de s’appuyer pour l’audit des états
financiers.
De ce fait, le comité d’audit doit comprendre dans quelle mesure le travail de l’auditeur
externe permettra de détecter des faiblesses du système de contrôle interne ou des
fraudes éventuelles.
L’article 256 bis du code des sociétés commerciales stipule que le comité d’audit
propose la nomination du ou des commissaires aux comptes et agrée la désignation des
auditeurs internes.
- 101 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Nous avons soulevé lors des derniers paragraphes l’importance du processus de contrôle
interne dans l’efficacité, l’efficience, la sauvegarde du patrimoine de la société, la
fiabilité de l’information communiquée et le respect des dispositions légales et
réglementaires.
Ainsi, les organes qui contrôlent la mise en place et l’efficacité de ce contrôle interne, à
savoir les auditeurs internes et les commissaires aux comptes, jouent un rôle essentiel
dans le fonctionnement de la société. Il est donc primordial pour la société de s’assurer
de la qualité et de la compétence des membres de ces deux organes.
Le (ou les) commissaires aux comptes de la société est nommé par l’assemblée générale
des actionnaires sur proposition du conseil d’administration ou du conseil de
surveillance. C’est le comité d’audit, en tant que spécialiste de la question, qui doit
sélectionner le ou les commissaires aux comptes que le conseil va proposer à
l’assemblée générale.
Les critères de sélection des commissaires aux comptes doivent être objectifs et
concernent principalement :
- 102 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Sans remettre en cause l’importance de cette tâche et son impact primordial sur le
fonctionnement efficace et efficient de la société et sur la qualité de l’information
financière communiquée ; nous pensons que le législateur aurait dû mentionner dans
l’article 256 bis du code des sociétés commerciales une autre mission aussi importante
du comité d’audit qui est l’examen des comptes de la société.
En effet, les principaux rapports et codes sur la bonne gouvernance ainsi que les lois
« post-Enron » se sont accordés sur le fait que « l’examen des comptes annuels et
semestriels » constitue une des principales attributions du comité d’audit.
L’importance de cette tâche provient du fait que si les dirigeants établissent les comptes
sous leur responsabilité, c’est le conseil d’administration qui les arrête. Cette fonction
est certes essentielle, mais elle n’a de sens que si les administrateurs ont la possibilité de
se prononcer sur la qualité des états financiers qui leur sont soumis et s’ils conservent la
possibilité de les amender. Or, l’arrêté des comptes par le conseil d’administration
- 103 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Afin d’atteindre cet objectif, le comité d’audit doit se réunir régulièrement et de façon
suffisamment fréquente pour pouvoir influer sur le processus d’élaboration des états
financiers. Il doit avoir accès à l’information pertinente, et surtout disposer des outils lui
permettant de se prononcer sur la pertinence des procédures d’élaboration62 et d’audit
des états financiers.
61
R. Manita : « Le comité d’audit et la qualité de l’audit externe : quelle interaction ? »
62
D’où l’importance des travaux du comité sur la qualité de l’audit interne développés précédemment.
- 104 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Nous n’avons pas trouvé d’explication pour justifier la position du législateur. Celui-ci
a évoqué cette importante tâche du comité d’audit « Examen des comptes » au niveau
du texte de 2001 spécifique aux établissements de crédit et l’a ignorée, toutefois, au
niveau du texte général en 2005 dans l’article 256 bis du code des sociétés
commerciales. Il nous paraît donc adéquat que le législateur rajoute cette attribution à la
charge du comité d’audit au niveau de cet article.
En attendant, nous recommandons aux sociétés qui créent un comité d’audit d’intégrer
l’examen des comptes de la société parmi les principales attributions du comité d’audit
au niveau de sa charte ou son règlement interne.
- 105 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
L’article 256 bis du code des sociétés commerciales stipule que : « Le comité permanent
d'audit est composé de trois membres au moins, désignés selon le cas par le conseil
d'administration ou le conseil de surveillance parmi leurs membres.
Ne peut être membre du comité permanent d'audit, le président-directeur général ou le
directeur général ou le directeur général adjoint. »
Ainsi, d’après la législation tunisienne, le comité d’audit est formé de trois membres au
moins et de douze membres au plus.
63
Article 189 du code des sociétés commerciales.
64
Article 236 du code des sociétés commerciales.
- 106 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Cette disposition est en phase avec les différents codes de bonne gouvernance qui
stipulent aussi que le comité d’audit doit être composé de trois membres au minimum.
Selon l’article 256 bis du code des sociétés commerciales, les membres du comité
d’audit sont choisis parmi les membres du conseil d’administration ou du conseil de
surveillance.
Pour les membres du conseil d’administration, sauf disposition contraire des statuts, la
qualité d'actionnaire n'est pas requise pour être membre. Les membres du conseil
d'administration sont nommés par l'assemblée générale constitutive ou par l'assemblée
générale ordinaire pour la durée fixée par les statuts, sans que celle-ci puisse excéder
trois ans.
Un salarié de la société peut être nommé membre au conseil d'administration. Le cumul
des deux qualités n'est possible pour le salarié que si son contrat de travail est antérieur
de cinq années au moins à sa nomination comme membre au conseil d'administration et
correspond à un emploi effectif.
65
Première section ; 1.2.1 : La taille du comité d’audit.
- 107 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Par ailleurs, le législateur tunisien a introduit quelques notions relatives à la qualité des
membres des comités d’audit :
Concernant la qualité de l’indépendance, il est interdit au président-directeur
général, au directeur général et au directeur général adjoint d’être membre du comité
d’audit en vertu de l’article 256 bis du code des sociétés commerciales.
Concernant la compétence des membres, l’article 56 de la circulaire de la Banque
Centrale de Tunisie n°2006-19 du 28 novembre 2006 relative au contrôle interne et
destinée aux établissements de crédit stipule que les membres du comité permanent
d’audit interne sont désignés par le conseil d’administration ou le conseil de
surveillance et choisis autant que possible parmi les administrateurs ayant des
qualifications dans le domaine financier et comptable.
66
Troisième section ; 3.3.2: L’administrateur indépendant.
67
Première section ; 1.2.2 : Les qualités des membres du comité d’audit.
- 108 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Le législateur tunisien, à l’image des rapports sur la gouvernance, n’a pas énoncé
d’obligation pour les sociétés quant à l’organisation et le fonctionnement des comités
d’audit. En effet, l’organisation du fonctionnement de ces comités est très variable
d’une entreprise à une autre. Elle dépend essentiellement de la taille de l’entreprise, de
son secteur d’activité et de la complexité de ses mécanismes de fonctionnement.
Ce comité n’a aucun pouvoir de décisions, son rôle est purement consultatif. En aucun
cas la création ne doit aboutir au dessaisissement du conseil. Seul ce dernier a en effet le
pouvoir de prendre des décisions en vertu du principe de la collégialité, le comité
d’audit est une émanation du conseil destinée à faciliter son travail.
L’importance d’une charte écrite est reconnue depuis longtemps par de nombreux
comités d’audit et de plus en plus souvent incorporée dans les recommandations et
règlementations.
Il faut en outre signaler que la charte du comité doit être un document évolutif. Dans ce
sens, le conseil d’administration doit s’assurer que la charte correspond aux besoins de
l’entreprise et qu’elle reflète l’évolution de ses besoins.
- 109 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les modalités de fonctionnement et les méthodes de travail des comités d’audit ont été
développées au niveau du deuxième chapitre de la première partie sous forme de
réponse aux quatre questions suivante :
De quelles informations a-t-il besoin ?
Quand se réunit-il ?
Avec qui travaille-t-il ?
Comment rend-il compte au conseil d’administration ?
3.3 Evaluation des travaux du comité d’audit et relations avec les auditeurs
externes
Afin d’assurer un fonctionnement efficace du comité d’audit, ses travaux doivent être
évalués. Il doit aussi avoir une relation privilégiée et permanente avec les auditeurs
externes.
Le comité d’audit doit mener à bien un nombre important de tâches. Mais comment
garantir qu’il les assume bel et bien dans la pratique ? Comment le comité d’audit
atteint-il son objectif principal, à savoir un contrôle efficace ? Comment parvient-il à
éviter de disperser ses efforts ?
La réponse consiste en une autoévaluation correcte et régulière.
- 110 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
des membres des comités eux-mêmes, du conseil d’administration et des autres acteurs
de l’entreprise.
Le comité d’audit et le conseil d’administration devraient analyser conjointement ces
évaluations et en tirer les mesures d’amélioration qu’ils jugent nécessaires. Les
évaluations faites consciencieusement sont la preuve que le comité d’audit prend ses
tâches et ses responsabilités au sérieux.
Il n’existe pas de méthode d’évaluation « universelle », et chaque comité d’audit doit
élaborer une méthode adaptée qui réponde aux mieux à ses buts et objectifs, tout en
tenant compte de la taille et de la complexité de la société. L’utilisation d’un
questionnaire d’évaluation peut constituer, de ce fait, une solution utile.
Les questions doivent être élaborées en fonction de la charte du comité d’audit. Elles
doivent être ouvertes, de façon à permettre aux évaluateurs de fournir une rétroaction
plus complète. En outre, un questionnaire est d’autant plus utile que les questions qui y
sont posées exigent des réponses permettant d’évaluer l’efficacité des activités, plutôt
que de simplement en déterminer l’existence.
Nous avons observés que la tâche principale du comité d’audit est l’examen des
comptes annuels de l’entreprise.
Ce n’est pas ce comité d’audit qui élabore les comptes, ce n’est pas lui non plus qui les
audite, mais il est chargé de se prononcer sur l’adéquation des travaux de l’audit au
risques de l’entreprise et de rapporter les conclusions de ses travaux au conseil pour
éclairer sa décision d’approbation des comptes.
Le comité d’audit s’acquitte de cette tâche notamment en se fondant sur les rapports, les
observations et les travaux des auditeurs externes.
Il existe donc une étroite correspondance entre les intérêts et les responsabilités du
comité d’audit et de l’auditeur externe. Ainsi les membres du comité d’audit seront en
concertation régulière avec les commissaires aux comptes et / ou les auditeurs externes
tout au long de leur mission d’audit à travers les étapes suivantes :
- 111 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
- 112 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
- 113 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Nous avons montré dans les sections précédentes que le rôle du comité d’audit en
Tunisie est très large et très technique. Il participe activement, avec ses actions
d’investigation et d’évaluation, à l’information du conseil d’administration.
Par son action au sein du conseil, dont il est une émanation, le comité d’audit contribue
au renforcement de la gouvernance d’entreprise :
En étudiant les processus d’identification des risques et les procédures de maîtrise et
de contrôle mises en place par le management.
En s’assurant que toutes les actions sont engagées pour avoir une production
comptable de qualité et que l’information financière est la plus fidèle possible.
Considéré ainsi, la création des comités d’audit dans les entreprises tunisiennes
constitue une opportunité de taille qui leur procure les avantages suivants :
Améliorer la pertinence et la crédibilité de l’information financière,
Améliorer le système de contrôle interne,
Renforcer le contrôle des dirigeants.
Cette vision idyllique doit cependant être relativisée, elle suppose en effet au moins
deux conditions essentielles :
Une indépendance et une compétence des membres composant le comité.
Un fonctionnement optimal des comités d’audit.
Nous allons donc présenter les difficultés, dans le contexte tunisien, quant à
l’indépendance et le choix de membres et quant au fonctionnement des comités d’audit.
- 114 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les principaux textes et rapports sur les comités d’audit, à l’instar de la loi Sarbanes-
Oxley, ont demandé aux entreprises de se doter de comités d’audit composés
exclusivement d’administrateurs indépendants. La législation tunisienne n’a pas évoqué
cette question d’indépendance.
Dans le contexte tunisien, seulement 10% des sociétés ont des administrateurs
indépendants au sein de leur conseil d’administration ou leur conseil de surveillance et
seulement 36% des comités d’audit existant ont un membre indépendant parmi leurs
membres69.
Par ailleurs, nous avons relevé d’autres obstacles à l’indépendance des membres des
comités d’audit dans les entreprises tunisiennes :
68
R. Manita : « Le comité d’audit et la qualité de l’audit externe : quelle interaction ? »
69
S. HASSAIRI : « Le rôle du comité d’audit dans l’amélioration de la gouvernance d’entreprise »
- 115 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Ainsi, 56% des sociétés adoptent la forme de société de type classique à savoir, conseil
d’administration avec président directeur général. Dans ce genre de structure,
l’indépendance des membres des comités d’audit est facilement remise en cause car il
est peu vraisemblable que le comité d’audit, dans son compte rendu au conseil
d’administration, critique les choix et les travaux effectués par son président.
- 116 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Par ailleurs, la NYSE, la NASD et l’AMEX exigent que tous les membres du comité
d’audit aient des qualifications dans le domaine financier et comptable et qu’au moins
un des membres du comité fasse preuve d’une « expertise » en comptabilité ou en
gestion. A ce titre, les entreprises anglo-saxonnes incluent des professeurs universitaires
spécialistes des disciplines comptables et financières dans leur comité d’audit.
Les difficultés de fonctionnement d’un comité d’audit dans les entreprises tunisiennes
concernent principalement les points suivant :
La culture de l’entreprise tunisienne.
Le concept de comité d’audit n’est pas clairement perçu.
Le concept de comité d’audit peut modifier les règles de pouvoir dans l’entreprise.
- 117 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Il est souvent fait référence aux points faibles de l’entreprise tunisienne (de manière
générale) au niveau de son organisation et sa gestion. Ceux-ci se répercutent
négativement sur sa situation financière.
L’entreprise tunisienne reste à domination familiale. Elle est contrôlée par un père
fondateur, ou par une famille. Elle a généralement commencé petite, sans pratiques de
management moderne. Elle a obtenu des financements selon la base des garanties
réelles et des cercles de relations de ses dirigeants. Elle a pratiqué, pour des raisons
fiscales (fiscalité très lourde durant les années 70 et 80), la non transparence
indispensable à l’évasion.
Le résultat est que cette entreprise est aujourd’hui mal organisée en termes de
répartition des tâches et de délégation des pouvoirs qui se trouvent concentrés entre les
mains de quelques personnes.
Elle n’est pas dotée de moyens de suivi de sa gestion (tableaux de bord fiables et
efficaces, encore moins d’un vrai système d’information). Sa communication financière
est très insuffisante, son taux d’encadrement est très faible et elle fait rarement recours
aux conseils externes.
Dans une pareille structure, le comité d’audit ne pourrait pas fonctionner de manière
efficace et atteindrait très difficilement les objectifs qui lui sont fixés. Le comité d’audit
n’est alors qu’une réponse à une obligation réglementaire.
- 118 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les comités d’audit ont fait de très grands progrès aux Etats-Unis et en Europe. Les
professionnels de l’audit sont convaincus de l’intérêt des comités d’audit pour assurer la
fiabilité de l’information financière et l’indépendance de leur fonction, mais les
entreprises tunisiennes n’ont pas encore, à part quelques rares exceptions, mis en place
de tels comités.
Il faut rappeler que, composé uniquement d’administrateurs nommés par le conseil, le
comité d’audit s’appuie sur les pouvoirs de ce dernier et travaille pour son compte. Il
convie ses partenaires, la direction générale, les commissaires aux comptes et les
auditeurs internes, à participer régulièrement ou ponctuellement à ses travaux.
Mais il faut bien admettre que la composition et les objectifs même du comité d’audit
seront marqués par la personnalité de ses membres et par le style de direction.
Il est vrai que l’émergence des comités d’audit est récente et il a fallu plusieurs
décennies pour les développer aux Etats-Unis et en Europe, ce qui a nécessité de faire
un effort important d’information à travers les médias spécialisés, à l’occasion de
manifestations appropriées, auprès des organismes patronaux et surtout au sein même
des entreprises.
Les acteurs tunisiens ne sont peut être pas encore tous préparés pour en assurer le
fonctionnement correct.
4.2.3 Le concept de comité d’audit peut modifier les règles de pouvoir dans
l’entreprise.
Il n’y a pas de pouvoir réel sans information. Aussi, le comité d’audit se trouve dans une
position privilégiée et le souci des dirigeants est le suivant :
- 119 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Il serait léger d’écarter ces deux interrogations car, au-delà de la défense de certains
intérêts personnels qu’elles peuvent recouvrir, elles sont fondées et constituent
probablement le frein le plus sérieux à la mise en place et au fonctionnement des
comités d’audit, surtout en ce qui concerne la mise à leur disposition des informations et
documents nécessaires à l’exercice de leur mission.
Dès lors, loin de constituer un contre pouvoir paralysant, le comité d’audit renforce le
dynamisme d’entreprise. En effet, il constitue un aiguillon permanent pour accroître
l’efficacité et pour conjuguer les risques. C’est aussi un moyen pour améliorer la
communication entre la direction de l’entreprise et les administrateurs qui, mieux
informés, peuvent assumer leurs responsabilités en meilleure connaissance de cause.
C’est enfin, une des nécessaires contre parties à l’extraordinaire délégation de pouvoir
consentie par les actionnaires et les administrateurs à la direction de l’entreprise.
- 120 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Après avoir présenté les comités d’audit dans le contexte tunisien dans le premier
chapitre, nous évoquerons dans ce deuxième chapitre les opportunités et les difficultés
de mise en place et de fonctionnement des autres comités spécialisés dans les
entreprises tunisiennes.
Pour ce faire, nous traiterons du comité des nominations dans la première section et du
comité de rémunérations dans la deuxième. Le comité stratégique et le comité d’éthique
seront étudiés au niveau de la troisième section.
Les différents rapports sur la gouvernance d’entreprise convergent sur le fait que la
présence d’un comité des nominations indépendant est un élément important de
l’efficacité du conseil d’administration. Cependant, la présence dans les entreprises
tunisiennes de ce comité est très faible. En effet, d’après dans les travaux de
S. HASSAIRI70, 7% seulement des établissements de crédit et des sociétés de leasing
tunisiens ont un comité des nominations.
Nous allons donc présenter au niveau de cette section en premier lieu, les principaux
avantages de la mise en place des comités des nominations dans les entreprises
tunisiennes et en second lieu, les difficultés pratiques de leur mise place et leur
fonctionnement dans le contexte tunisien.
70
S. HASSAIRI : « Le rôle du comité d’audit dans l’amélioration de la gouvernance d’entreprise »
- 121 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La mise en place, dans les entreprises tunisiennes, d’un comité des nominations
performant et fonctionnant efficacement leur procure les principaux avantages suivants :
Améliorer l’efficacité du conseil d’administration.
Adapter le profil des dirigeants à la stratégie de l’entreprise.
Il est aussi à noter que « Chaque conseil d’administration est géré différemment et son
efficacité dépend essentiellement du ‘mix’ des compétences et la personnalité des
administrateurs individuels » (le rapport de Conference Board, 2003).
- 122 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Le rapport du Conference Board (2003) établit que les compétences des administrateurs
doivent être étroitement liées à la vision stratégique de l’entreprise. Celles-ci peuvent
varier selon la phase de croissance de l’entreprise et doivent être révisées suite à un
changement au sein de cette dernière. Ajoutons que chaque conseil d’administration a
besoin de mettre en place des administrateurs ayant des connaissances spécifiques dans
plusieurs domaines (tels que la finance, la comptabilité, la technologie, la gestion, le
marketing..). Une telle idée a été vérifiée antérieurement par Lee, Rosenstein et Wyatt
(1999) qui montrent que la présence des administrateurs externes ayant des
compétences financières permet de créer la valeur dans certains cas.
- 123 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La présence d’un comité des nominations efficace permet que la sélection des nouveaux
administrateurs et le renouvellement des anciens soient effectués selon des critères
objectifs de compétence répondant aux besoins de la société et cohérents avec ses
orientations stratégiques.
Parmi les attributions essentielles du comité des nominations est de mettre en place une
procédure annuelle d’évaluation du fonctionnement du conseil
d’administration / conseil de surveillance et ses comités spécialisés. Il s’agit aussi
d’évaluer la contribution de chacun des administrateurs individuellement.
Cette tâche peut être effectuée avec l’assistance d’un conseil externe qui dialoguera
directement avec le président du comité afin d’assurer à la fois la neutralité, l’objectivité
et la confidentialité nécessaires.
Les dirigeants jouent un rôle primordial dans le fonctionnement des entreprises. Ils sont
responsables de mettre en œuvre la vision et la stratégie des actionnaires et du conseil
d’administration ou de surveillance.
La désignation des dirigeants, mandataires sociaux, ne se fait pas par appel d’offres. Les
situations particulières sont spécifiques tant par la nationalité et le secteur considérés
que par les caractéristiques propres de l’entreprise et son mode de management. Le
marché est une référence, mais il ne peut être la seule.
- 124 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Ainsi, le choix de ces dirigeants est très important pour l’entreprise mais il est aussi très
difficile. Il faut que cette tâche soit effectuée par un organe disposant des moyens et des
compétences nécessaires et suffisamment indépendant pour le faire.
Comme la décision de nomination des dirigeants doit être effectuée au niveau du conseil
d’administration ou de surveillance, les différents rapports sur la gouvernance
d’entreprise ont préconisé la création d’un comité ad hoc émanant du conseil, le comité
de nominations, qui sera chargé de cette fonction à savoir le comité des nominations.
Son rôle n’est pas de nommer directement les dirigeants mais plutôt de faire des
propositions de candidats au conseil qui prend la décision de nomination. Le comité de
nomination est chargé aussi de la sélection des administrateurs.
La mise en place d’un comité des nominations au sein d’une entreprise, permet la
sélection et la nomination de dirigeants qui répondent à ses besoins et ayant un profil
adapté à sa stratégie.
Le comité des nominations établit aussi un plan de succession des dirigeants pour être
en situation de proposer au conseil des solutions de succession en cas de vacance
imprévisible.
- 125 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
71
Section 4 ; 4.1 : Choix et indépendance des membres.
72
« Gouvernance et responsabilité de dirigeants sociaux ». Institut Arabe des chefs d’Entreprise, Cellule
des jeunes membres. Octobre 2004
- 126 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Nous nous attendons à ce que lesdits actionnaires résistent à la création des comités de
nominations ou à leurs travaux, ce qui risque de diminuer leurs pouvoirs. Les
actionnaires avanceraient que les compétences spécifiques d’éventuels nouveaux
administrateurs pourraient être apportées à la société sous d’autres formes, tel que le
conseil externe.
Dans le contexte tunisien, où ces comités des rémunérations sont faiblement répandus,
quels seraient leurs apports au niveau du renforcement de la sécurité financière en
Tunisie ? Et quelles sont les difficultés pratiques de leur mise en place et de leur
fonctionnement dans les entreprises tunisiennes ?
- 127 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La mise en place des comités des rémunérations dans les entreprises tunisiennes peut
être considérée comme l’un des éléments qui concourent au renforcement de la sécurité
financière à travers :
L’amélioration de la transparence de la société au niveau de la rémunération des
dirigeants.
L’augmentation de la motivation des dirigeants.
La rémunération des dirigeants, mandataires sociaux, est un sujet pour toutes les
entreprises, qu’elles soient grandes ou plus petites, cotées ou non cotées. Les contraintes
sont différentes pour les unes et les autres. Elle donne lieu aujourd’hui à de larges
débats quant à ses modes de fixation, ses niveaux, ses évolutions et ses relations aux
performances de l’entreprise…
Beaucoup d’intervenants estiment ou pensent que « Les salaires des dirigeants seraient
très élevés et ignorés des actionnaires. »
- 128 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les pratiques observées dans les sociétés et les groupes du même secteur et de taille
similaire.
Les comparaisons internationales pour les entreprises multinationales.
La taille et la complexité de l'entreprise.
Les risques encourus par les dirigeants…
La politique des rémunérations doit donc être mesurée, équilibrée et équitable, et doit
renforcer la solidarité à l’intérieur de l’entreprise. Le souci de justification et d’équité
doit aussi prévaloir à l’égard des actionnaires. Pensée ainsi, la rémunération des
dirigeants peut être totalement transparente vis à vis des actionnaires de la société.
La rémunération d’un dirigeant, mandataire social, est fonction du travail effectué, des
résultats obtenus, mais aussi de la responsabilité assumée. Le rôle et les responsabilités
du dirigeant, mandataire social, n’est pas assimilable à ceux d’un salarié. En effet, il
assume la responsabilité ultime de l’équipe de direction. Il en fait certes partie et cela
crée des contraintes, mais il a aussi un rôle « unique » qui justifie une rémunération
nettement plus importante que celle des autres dirigeants. Cette situation ne signifie pas
pour autant que cette rémunération ne doit jamais leur être comparée et/ou comparable.
- 129 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
motivations existent telles que l’intérêt du projet, les satisfactions apportées par
l’exercice du pouvoir et l’obtention des résultats, la position sociale, etc… Dans cet
esprit, lorsque ces dernières motivations sont moindres (entreprises en difficultés,
missions peu valorisantes …), une rémunération incitative se justifie.
Par ailleurs, selon le rapport Cadbury (1992), un des aspects importants de l’efficacité
de la gouvernance est de « reconnaître que les intérêts spécifiques du dirigeant peuvent
diverger de ceux de l’entreprise. »
73
Section 4 ; 4.1 : Choix et indépendance des membres.
- 130 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les articles 204 et 205 du code des sociétés commerciales limitent les rémunérations
des administrateurs aux seuls jetons de présence ou aux rémunérations exceptionnelles
servies pour des missions spéciales confiées à l'administrateur soumises aux mêmes
obligations que les conventions réglementées.
F. Derbel et Z. Kharraz74 considèrent que la limitation des rémunérations des
administrateurs constitue un sérieux handicap pour un exercice professionnel dévoué.
Les administrateurs donnent de leur temps, font bénéficier l'entreprise de leur
compétence et surtout engagent leur responsabilité, ils doivent être rémunérés en
conséquence et percevoir une rémunération en rapport avec la complexité des dossiers
traités, la fréquence des réunions, la taille de l'entreprise.
Les jetons de présence ne suffisent pas à rémunérer correctement et équitablement,
puisqu'ils sont destinés à rémunérer, comme leur nom l’indique, une assiduité aux
réunions du conseil. Ces jetons de présence sont, en plus, doublement imposés en
Tunisie. En effet :
Au niveau de la société, les jetons de présence ne sont déductibles l'assiette de
l'impôt sur les sociétés qu’au titre de remboursement de frais de présence au conseil
dûment justifiés75.
Ils sont aussi intégrés au niveau des revenus des administrateurs et imposés à ce
titre.
74
« Gouvernance et responsabilité de dirigeants sociaux ». Institut Arabe des chefs d’Entreprise, Cellule
des jeunes membres. Octobre 2004.
75
Article 48 du code de l’IRPP et de l’IS.
- 131 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Attijari Bank a proposé un montant limité à 3.000 dinars par administrateur pour
l’année 2006, soit 36.000 dinars pour ses 12 administrateurs, sachant que le total de
ses capitaux propres dépasse les 100 millions de dinars.
Dans ce contexte, le comité des rémunérations ne pourra pas exercer une de ses
principales tâches, à savoir la mise en place d’une politique de rémunération équitable et
justifiée permettant de récompenser les travaux et les responsabilités des administrateurs
et les motiver.
D’après une étude de F. Derbel et Z. Kharraz76, mois de 10% des sociétés tunisiennes
faisant appel public à l’épargne fournissent des informations sur la rémunération de
leurs dirigeants.
En effet, contrairement à plusieurs législations étrangères, la législation tunisienne n’a
pas mis à la charge des sociétés l’obligation de fournir des informations sur La
rémunération et avantages des mandataires.
76
« Gouvernance et responsabilité de dirigeants sociaux ». Institut Arabe des chefs d’Entreprise, Cellule
des jeunes membres. Octobre 2004
- 132 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Devant cette situation, le comité des rémunérations est face à un véritable dilemme :
faut-il soumettre l’entreprise à une « obligation » qui n’est pas la sienne et qui risque de
gêner ses principaux dirigeants, ou admettre d’occulter ses renseignements au dépens de
la transparence recherchée ?
Dans le contexte tunisien, le conseil d’administration a toujours été investi, en droit, des
plus larges pouvoirs : il définit la stratégie de l’entreprise, détermine les orientations de
son activité, désigne ses dirigeants et veille à la qualité de l’information fournie aux
actionnaires.
Mais cette définition s’est révélée trop large pour être complètement opérationnelle.
Bien souvent, le véritable pouvoir a été exercé par le président du conseil, cantonnant
les administrateurs dans un rôle de figuration.
77
Principalement à travers le nouveau code des sociétés commerciales (2000) et loi relative au
renforcement de la sécurité des relations financières (2005).
- 133 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La mise en place des comités spécialisés a été présentée comme l’une des principales
réponses à l’élargissement des fonctions et des responsabilités des conseils. Les
membres de ces comités consacrent le temps et les diligences nécessaires, à travers leur
compétence spécifique, afin de faciliter le fonctionnement du conseil en préparant ses
décisions.
Nous avons abordé, dans les paragraphes précédents, l’opportunité de la mise en place
en Tunisie des principaux comités spécialisés à savoir le comité d’audit, le comité des
rémunérations et le comité des nominations.
Suivant la complexité de l’entreprise, sa taille, son secteur et l’intensité des travaux du
conseil, celui-ci peut créer tout autre comité qu’il juge opportun.
Les comités spécialisés les plus observés sont le comité stratégique et le comité
d’éthique.
La stratégie est probablement le domaine qui illustre le mieux les ambiguïtés et les
difficultés liées à la mission du conseil d’administration. Légalement, ce dernier
détermine les orientations de l’activité de la société et veille à leur mise en œuvre. Dans
la pratique, les administrateurs expriment fréquemment leur insatisfaction car ils
considèrent qu’ils ne sont pas suffisamment impliqués dans la réflexion et doivent
souvent entériner les choix proposés par la direction générale, leur rôle se limitant à
s’assurer de la cohérence globale de la stratégie proposée.
La mise en place, dans les entreprises tunisiennes, d’un comité stratégique émanant du
conseil serait donc un moyen important d’implication de celui-ci dans stratégie de
l’entreprise.
- 134 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La mise en place de ce comité stratégique dans une structure tunisienne peut lui
procurer les avantages suivants :
- 135 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
La création d’un comité spécialisé peut également être un outil très utile pour mettre en
œuvre un contrôle de l’exécution stratégique et le faire vivre.
L’entreprise est un acteur majeur de la société et elle est de plus en plus confrontée aux
pressions exercées par les actionnaires, les salariés, les consommateurs, les ONG et le
cadre réglementaire. La notion de responsabilité est fondée sur le droit de regard de ces
diverses parties prenantes et les enjeux se formulent en termes de transparence, de
risque et de réputation. A titre d’exemple, Les ONG et les associations se manifestent de
plus en plus souvent auprès des entreprises et dénoncent leurs pratiques dans les
domaines sociaux et environnementaux. Leur action peut être directe (pression ou
dialogue), indirecte (campagne de dénonciation, incitation au boycott ou à l’achat).
- 136 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
C’est ainsi que le comité d’éthique, qui est une émanation du conseil d’administration,
exerce une mission de veille aux bonnes pratiques dans tous les domaines de la vie
d’une entreprise : technique, environnemental, social…
Le comité d'éthique veille à la prise en compte de la réflexion éthique dans les travaux
du conseil d’administration et dans la gestion du groupe en respectant les trois principes
suivants :
Les administrateurs doivent agir en toute connaissance de cause, de bonne foi, avec
toute la diligence et le soin requis et dans l’intérêt de la société et de ses
actionnaires.
Lorsque ses décisions peuvent affecter de manière variable les différentes catégories
d’actionnaires, le conseil d’administration doit veiller à traiter équitablement tous
les actionnaires.
Le conseil d’administration doit appliquer des normes éthiques élevées. Il doit
prendre en considération les intérêts des différentes parties prenantes.
- 137 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
En conclusion de ce deuxième chapitre sur les comités spécialisés, autres que le comité
d’audit, en Tunisie, nous pouvons affirmer que leur mise en place dans les conseils
d’administration ou de surveillance des sociétés tunisiennes est un élément important et
primordial pour améliorer leur fonctionnement et leur efficacité. Mais les obstacles au
développement de ces comités sont nombreux et complexes. Ils ne seront levés qu’au
prix d’une information et d’une action soutenues.
Il faut aussi que chaque société trace elle-même sa voie dans ce domaine selon les
caractéristiques de taille et d’activité qui lui sont propres et aussi selon sa « culture ».
Il serait donc inopportun, à notre avis, dans l’état actuel des choses, de légiférer en la
matière. Ces comités nécessitent la volonté de toutes les parties prenantes pour
fonctionner correctement et cette volonté ne s’impose pas de l’extérieur.
- 138 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Troisième Partie
ETUDE PRATIQUE
- 139 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Lors de notre recherche sur les comités spécialisés, nous avons consulté plusieurs
enquêtes étrangères dont les études réalisées par KORN/FERRY78, KPMG79 et l’Institut
Français des Administrateurs80 traitant de l’importance et la nécessité de la présence de
ces comités au sein des organes de gouvernance ; des meilleures pratiques concernant
leurs compositions et leurs modalités de fonctionnement et des difficultés rencontrées
par leurs membres dans l’exercice de leurs missions.
78
Gouvernement d’Entreprise ; Etude Mondiale 2004.
79
La pratique des comités d’audit en France et dans le monde ; 2006.
80
Les comités de rémunérations et de nomination ; 2007.
- 140 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Celui-ci est construit afin de tester le rôle que jouent ou pourraient jouer les comités
spécialisés dans le renforcement de la sécurité financière et l’amélioration de la
gouvernance des grandes sociétés tunisiennes.
La dernière question porte sur l’utilité de la mise en place des autres comités spécialisés,
les plus observés dans les pays développés, dans les sociétés tunisiennes.
Pour répondre à notre question de recherche, la population choisie est constituée des
dirigeants des grandes sociétés tunisiennes et des experts comptables membres de
l’Ordre des Experts Comptables de Tunisie.
- 141 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Ainsi, nous avons établi un questionnaire adapté à chacun des deux groupes de notre
population81. Le questionnaire destiné aux dirigeants comprend en plus des demandes
d’informations générales sur les sociétés contactées (forme juridique, secteur d’activité,
mode de direction…).
Nous avons envoyé 40 questionnaires pour chaque groupe de la population. Nous avons
reçu 21 réponses de la part des dirigeants et 25 réponses de la part des experts
comptables.
81
Annexe 1 : Questionnaire destiné aux dirigeants
Annexe 2 : Questionnaire destiné aux experts comptables
- 142 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Pour l’analyse des résultats de notre étude empirique, nous construisons d’abord des
graphiques à partir des données collectées des questionnaires. Nous exploitons ensuite
l’information retracée par ces graphiques pour établir des commentaires synthétiques
des résultats de notre enquête
Mode de Direction
10%
Conseil d'administration avec PDG
29%
Conseil d'administration avec
62% président du conseil et DG
Directoire et conseil de surveillance
62% des sociétés adoptent la forme de société de type classique à savoir conseil
d’administration avec PDG.
- 143 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
7 à 9
28%
10 à 12
5%
19%
Aucun
1
3
76%
Seulement 24% des sociétés ont des administrateurs indépendants au sein de leur
conseil d’administration ou conseil de surveillance
- 144 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
70%
60%
67% Comité d’audit
50%
40% Comité des nominations
30% Comité des rémunérations
20% Comité stratégique
0% 10% Comité d’éthique
0% 0%
0%
0%
100%
80%
Comité d’audit
88%
60% Comité des nominations
Comité des rémunérations
40%
Comité stratégique
20%
0% Comité d’éthique
13%
0% 0%
0%
On remarque que seul le comité d’audit est actuellement présent dans les sociétés
tunisiennes.
- 145 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
100%
80% Pour répondre à une obligation
juridique
86%
60%
Pour améliorer la qualité de
l’information financière publiée
40%
Pour renforcer l’indépendance des
20% auditeurs internes et externes
29%
0%
0%
100%
Pour les dirigeants des sociétés, comme pour les experts comptables, la principale raison
de la création d’un comité d’audit dans une société tunisienne est la réponse à une
obligation juridique.
- 146 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
19%
29%
2
3
4
52%
25%
2
3
4
75%
D’après les dirigeants et les experts comptables, les comités d’audit se caractérisent par
leur taille restreinte : entre 3 et 4 membres.
- 147 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
14%
Aucun
29%
1
2
57%
12%
Aucun
1
50% 2
38%
On remarque que les experts comptables accordent plus d’importance à la présence des
administrateurs indépendants au sein des comités d’audit (Présence de deux membres
indépendants pour 50% d’entre eux contre 14% seulement des dirigeants).
- 148 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
100% Contrôle de la mise en place et
de la performance du contrôle
100% interne
80%
Suivi des travaux des organes de
60%
contrôles de la société
40%
57% Proposition de nomination des
43%
20% commissaires aux comptes et
38% agrément de la désignation des
0% auditeurs internes
Examen des comptes annuels et
semestriels
100% Contrôle de la mise en place et de
la performance du contrôle
80% interne
88%
Suivi des travaux des organes de
60%
contrôles de la société
63% 40%
50% Proposition de nomination des
20% commissaires aux comptes et
agrément de la désignation des
0% auditeurs internes
25% Examen des comptes annuels et
semestriels
Pour les dirigeants des sociétés, comme pour les experts comptables, la principale
mission du comité d’audit est le suivi des travaux des organes de contrôle de la société.
- 149 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
P4 71% 29%
Pas important
P3 100%
Important
Très important
P2 33% 52% 14%
P1 86% 14%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Pas important
P3 50% 25% 25%
Important
P1 100%
- 150 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Question 5 : Est-ce que les auditeurs externes doivent assister aux réunions du comité
d'audit
100%
90%
80%
Oui, à toutes les réuinions
70%
60% Oui, lorsque la réunion
50% concerne leurs travaux
40% Non
100%
30%
20%
0% 10%
0%
0%
80%
70%
60% Oui, à toutes les réuinions
50%
Oui, lorsque la réunion
40% concerne leurs travaux
Non
25% 30%
75% 20%
10%
0%
0%
Pour les dirigeants des sociétés, comme pour les experts comptables, la collaboration
entre le comité d’audit et les auditeurs externes est importante.
- 151 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Question 6 : Quelles sont les difficultés de mise en place d’un comité d’audit en
Tunisie
70%
L’indépendance des membres du
60%
comité d’audit
62%
50%
La culture de l’entreprise tunisienne
52% 40%
30% Le concept de comité d’audit n’est
38%
pas clairement perçu
20%
Le concept de comité d’audit peut
10%
modifier les règles de pouvoir dans
14% 0% l’entreprise
80%
70% L’indépendance des membres du
75% comité d’audit
60%
La culture de l’entreprise
63% 63% 50%
tunisienne
40%
Le concept de comité d’audit n’est
30% pas clairement perçu
20%
Le concept de comité d’audit peut
25% 10% modifier les règles de pouvoir
0% dans l’entreprise
Le premier frein à la mise en place d’un comité d’audit en Tunisie est la culture de
l’entreprise tunisienne.
- 152 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
L’indépendance des membres du
60% comité d’audit
50% La compétence des membres du
57%
comité d’audit
40%
43% La culture de l’entreprise tunisienne
30%
24%
20%
Le concept de comité d’audit n’est
10% pas clairement perçu
14%
14% 0% Le concept de comité d’audit peut
modifier les règles de pouvoir dans
l’entreprise
L’indépendance des membres du
80% comité d’audit
70%
75% La compétence des membres du
60% comité d’audit
63% 63% 50%
La culture de l’entreprise
40%
tunisienne
30%
38% 20% Le concept de comité d’audit n’est
pas clairement perçu
10%
0% 0% Le concept de comité d’audit peut
modifier les règles de pouvoir dans
l’entreprise
- 153 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Pour répondre à une obligation
60%
juridique
50%
Pour renforcer l’indépendance du
57% conseil d’administration par rapport à la
40% direction
Pour améliorer la compétence des
43% 30% administrateurs
20%
Pour évaluer les administrateurs et les
travaux du conseil
19% 10%
14%
Pour adapter le profil des dirigeants à la
10% 0% stratégie de l’entreprise
70% Pour répondre à une obligation
juridique
60%
Pour renforcer l’indépendance du
50% conseil d’administration par rapport à
63% la direction
40% Pour améliorer la compétence des
administrateurs
30%
38%
38% 20% Pour évaluer les administrateurs et les
travaux du conseil
10%
13% Pour adapter le profil des dirigeants à la
0% stratégie de l’entreprise
0%
Pour les dirigeants des sociétés, comme pour les experts comptables, la principale raison
qui pousserait une société tunisienne à créer un comité des nominations est l’obligation
juridique.
- 154 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
5%
24% 2
3
4
71%
4%
2
38%
3
4
58%
D’après les dirigeants et les experts comptables, les comités des nominations se
caractérisent par leur taille restreinte : entre 2 et 4 membres.
- 155 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
14% 14%
Aucun
1
2
72%
4%
25% Aucun
1
2
71%
La majorité des dirigeants et des experts comptables pense que la présence d’un
administrateur indépendant au sein du comité des nominations constitue une bonne
pratique de gouvernance.
- 156 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Organiser le fonctionnement du Conseil
80% et des comités spécialisés
70%
60% Mettre en place une procédure
71% d’évaluation du fonctionnement du
50%
Conseil
40%
Proposer un Conseil d’administration /
43% 30% de surveillance cible
20%
29% 10% Participer au recrutement et à
0% l’évaluation des mandataires sociaux
0%
14% Mettre en place un plan de succession
des mandataires sociaux
Organiser le fonctionnement du Conseil
80%
et des comités spécialisés
70%
79% 60% Mettre en place une procédure
67% 50% d’évaluation du fonctionnement du
Conseil
40%
54% Proposer un Conseil d’administration /
50% 30% de surveillance cible
20%
50% 10% Participer au recrutement et à
0% l’évaluation des mandataires sociaux
Mettre en place un plan de succession
des mandataires sociaux
Les dirigeants et les experts comptables ne s’accordent pas sur les principales missions
du comité des nominations. Ces derniers donnent plus d’importance et d’attributions à
ce comité.
- 157 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
80%
70% La forte présence d’actionnaires
60% majoritaires ou dominants au sein
du Conseil
71% 50%
40%
30% La culture des dirigeants tunisiens
43% 20%
10%
0%
100%
La forte présence d’actionnaires
80% majoritaires ou dominants au sein
du Conseil
88% 60%
63% 40%
La culture des dirigeants tunisiens
20%
0%
- 158 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
80%
70%
Pour répondre à une obligation
60% juridique
76%
50%
Pour améliorer la transparence de la
40% société au niveau de la rémunération
43% des dirigeants
30%
Pour renforcer la motivation des
20% dirigeants
10%
19%
0%
70%
60%
Pour répondre à une obligation
juridique
50%
63%
40% Pour améliorer la transparence de la
50%
société au niveau de la rémunération
30% des dirigeants
Pour renforcer la motivation des
20% dirigeants
10%
13%
0%
Pour les dirigeants des sociétés, comme pour les experts comptables, la principale raison
de la création d’un comité des rémunérations dans une société tunisienne est la réponse
à une obligation juridique.
- 159 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
9%
2
3
27%
4
64%
4%
2
3
50% 4
46%
D’après les dirigeants et les experts comptables, les comités des rémunérations se
caractérisent par leur taille restreinte : entre 2 et 4 membres.
- 160 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
14%
24% Aucun
1
2
62%
8%
25% Aucun
1
2
67%
La majorité des dirigeants et des experts comptables pensent que la présence d’un
administrateur indépendant au sein du comité des rémunérations constitue une bonne
pratique de gouvernance.
- 161 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les dirigeants et les experts comptables ne s’accordent pas sur les principales missions
du comité des rémunérations. Ces derniers donnent plus d’importance et d’attributions à
ce comité.
- 162 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
100%
La limitation règlementaire de la
80% rémunération des
administrateurs en Tunisie
86% 60%
40%
62% La réticence des dirigeants quant
à la divulgation de leur
20%
rémunération
0%
100%
La limitation règlementaire de la
80% rémunération des
100%
administrateurs en Tunisie
60%
40%
La réticence des dirigeants quant
à la divulgation de leur
20%
rémunération
38%
0%
- 163 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Question : Quelle serait l'utilité de la mise en place de ces comités spécialisés dans les
sociétés tunisiennes
Pas important
Gouvernance 29% 43% 29%
Important
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Pas important
Gouvernance 38% 63%
Important
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Les dirigeants et les experts comptables ne s’accordent pas sur l’utilité de la mise en
place des autres comités spécialisés dans les sociétés tunisiennes. En général, les
dirigeants des sociétés sont plus réticents à leur mise en place.
- 164 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Après l’exposé des résultats sous forme de graphiques dans la première section, nous
nous proposons dans cette deuxième section de commenter ces résultats et de les
rapprocher des hypothèses et des conclusions retenues dans la deuxième partie du
mémoire relative aux comités spécialisés dans le contexte tunisien.
Nous remarquons à la suite du résultat de cette première question posée aux dirigeants
que le mode de direction adoptée dans 90% des grandes entreprises tunisiennes est le
conseil d’administration et que seulement 10% de ces entreprises ont choisi la société
anonyme de type duale c'est-à-dire directoire et conseil de surveillance.
Il faut noter que cette forme duale n’a été autorisée en Tunisie qu’à partir de l’année
200082, ce qui explique le nombre réduit des sociétés ayant cette forme.
Nous remarquons aussi que 62% des sociétés adoptent la forme de société de type
classique à savoir conseil d’administration avec PDG.
82
Code des sociétés commerciales (2000)
- 165 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Nous pensons donc que la proportion d’entreprises dirigées par un PDG est très
importante en Tunisie et que ce mode de direction doit être remplacé par les autres à
savoir conseil d’administration avec président du conseil et directeur général ou
directoire et conseil de surveillance afin d’améliorer la gouvernance de ces entreprises.83
L’analyse des résultats du questionnaire nous a permis de constater que la moitié (48%)
des conseils d’administration ou de surveillance sont composés de plus de 10 membres.
En moyenne, cet organe de contrôle est composé de 9,8 membres.
Nous estimons donc que la taille des conseils d’administration ou de surveillance est
relativement satisfaisante dans les entreprises tunisiennes.
D’après les réponses des dirigeants et des experts comptables, seul le comité d’audit est
actuellement présent dans les entreprises tunisiennes.
Comme nous l’avons déjà évoqué, les comités d’audit ont été adoptés récemment en
Tunisie (en 2001 pour les établissements de crédit et en 2005 pour les entreprises faisant
83
Voire développement au niveau de la section 3 du premier chapitre de la première partie :
3.3.1 Le statut et la fonction du Président et/ou Directeur Général.
- 166 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
appel public à l’épargne et les grandes sociétés). Mais est-ce que ces comités sont
actuellement efficaces dans les entreprises tunisiennes ? Est ce qu’ils exercent leur
mission telle qu’elle a été définie par les principaux codes de bonne gouvernance ?
Cette tendance nous pousse à reposer la question de l’efficacité de ces comités d’audit
dans l’exercice de leur rôle important dans l’amélioration de la qualité de l’information
financière publiée et le rétablissement de la confiance des investisseurs qui a été
bouleversée par les scandales financiers à l’échelle nationale et internationale.
- 167 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les principaux rapports et recommandations exigent que le comité d’audit soit composé
d’au moins 3 membres dont le tiers est indépendant.
D’après le questionnaire, les dirigeants et les experts comptables sont globalement
d’accord avec cette exigence. Les experts comptables accordent plus d’importance à la
présence d’administrateurs indépendants dans le comité (Présence de deux membres
indépendants pour 50% d’entre eux contre 14% seulement des dirigeants).
L’indépendance des membres du comité d’audit est très importante mais il faudrait aussi
qu’ils aient la compétence et le temps suffisant pour l’exercice de leurs missions.
Pour les dirigeants des sociétés, comme pour les experts comptables, la principale
mission du comité est le suivi des travaux des organes de contrôle de la société. Ainsi, le
comité d’audit est un organe de contrôle en aidant le conseil d’administration à
accomplir une partie de ses tâches à savoir la vérification des états financiers de la
société et donc garantir une information financière fiable.
Les autres missions du comité d’audit selon leur ordre d’importance donné par les
réponses des dirigeants et les experts comptables :
Proposition de nomination des commissaires aux comptes et agrément de la
désignation des auditeurs internes.
Contrôle de la mise en place et la performance du contrôle interne.
Examen des comptes annules et semestriels.
- 168 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
L’objectif de cette question est de connaître l’avis des dirigeants et des experts
comptables concernant les qualifications que doivent avoir les membres d’un comité
d’audit.
100% des dirigeants et des experts comptables considèrent qu’il est important que les
membres du comité d’audit aient une parfaite connaissance de l’entreprise et de son
secteur d’activité.
La majorité des répondants affirment qu’il n’est pas important que les membres du
comité d’audit soient des experts comptables expérimentés.
La totalité des dirigeants estime que les auditeurs externes doivent être présents aux
réunions du comité d’audit qui concernent leurs travaux.
75% des experts comptables pensent la même chose et 25% considèrent qu’ils doivent
être présents à toutes les réunions du comité.
A notre avis, ce taux est très satisfaisant. En effet, la présence de l’auditeur externe dans
les réunions du comité d’audit entraine la possibilité de discussions ouvertes et directes
avec les membres du comité sans être toujours placées sous l’autorité de la direction
générale.
Par ailleurs, 38% des dirigeants et 63% des experts comptables pensent que c’est au
comité d’audit de proposer la nomination des commissaires aux comptes.
- 169 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Selon les réponses des dirigeants et des experts comptables, les difficultés de mise en
place d’un comité d’audit en Tunisie par ordre d’importance sont :
La culture de l’entreprise tunisienne : l’entreprise tunisienne reste jusqu’à
aujourd’hui à domination familiale sans pratiques de management moderne.
Le concept du comité d’audit n’est clairement pas perçu en Tunisie : l’émergence de
ces comités dans les économies développées a nécessité un effort important
d’information à travers les médias spécialisés, auprès des organismes patronaux et
surtout au sein même de l’entreprise.
L’indépendance des membres du comité d’audit : nous avons constaté à travers les
réponses à la troisième question que 24% seulement des conseils (d’administration
ou de surveillance) tunisiens comprennent des membres indépendants.
Le concept de comité d’audit peut modifier les règles de pouvoir dans l’entreprise,
ceci est à mettre en relation avec le fait que la création d’un comité d’audit répond
principalement à une obligation juridique.
Les dirigeants et les experts comptables considèrent que les deux principales difficultés
de fonctionnement d’un comité d’audit dans les structures tunisiennes sont :
La compétence des membres du comité d’audit, vue que les membres du comité sont
obligatoirement administrateurs actionnaires et donc il est difficile de trouver parmi
eux les disponibilités et les compétences nécessaires.
La culture de l’entreprise tunisienne qui reste à dominance familiale.
Les experts comptables pensent que l’indépendance des membres du comité d’audit
constitue aussi une difficulté importante pour le fonctionnement du comité d’audit.
- 170 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Deux autres difficultés, considérées de moindre importance par les répondants, sont :
Le concept de comité d’audit n’est clairement pas perçu en Tunisie
Le concept de comité d’audit peut modifier les règles de pouvoir dans l’entreprise.
Pour les dirigeants et les experts comptables, la raison principale de la création d’un
comité des nominations est la réponse à une obligation juridique.
Les autres raisons selon l’ordre d’importance donnée par les répondants sont :
L’adaptation du profil des dirigeants à la stratégie de l’entreprise.
Le renforcement de l’indépendance du conseil d’administration par rapport à la
direction.
L’amélioration de la compétence des administrateurs.
L’évaluation des administrateurs et des travaux du conseil.
L’obligation juridique n’existe pas actuellement en Tunisie, elle n’a pas été non plus
l’origine de la création des comités des nominations dans d’autres pays tels que la
France, les Etats-Unis ou la Grande Bretagne. En effet, c’est les rapports et les codes de
gouvernance qui ont recommandé la mise en place de ces comités84.
Ceci confirme la réponse de la question n°4 au sujet de l’inexistence des comités des
nominations dans l’échantillon étudié.
84
Rapport Cadbury en grande Bretagne et rapport Bouton en France.
- 171 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Plus des deux tiers des répondants considèrent que le nombre d’administrateur
indépendant au sein du comité des nominations devrait être égal à 1. Nous estimons que
cela peut être insuffisant dans certains cas surtout qu’un seul membre peut être
facilement isolé et écarté de la prise des décisions.
De plus, il est capital que l’un des membres du comité des nominations ait une réelle
expérience en matière de management et ressources humaines et tout particulièrement
en ce qui concerne la constitution et le développement d’équipes dirigeantes et des plans
de successions.
D’après leurs réponses, les experts comptables (plus de 50%) estiment que le comité des
nominations doit avoir les attributions suivantes :
Proposer un conseil d’administration / de surveillance cible.
Organiser le fonctionnement du conseil et des comités spécialisés.
Participer au recrutement et à l’évaluation des mandataires sociaux.
- 172 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les dirigeants sont plus réservés quant à l’importance du rôle que peut jouer le comité
des nominations. En effet, ils considèrent que ces attributions principales se limitent à la
participation au recrutement et à l’évaluation des mandataires sociaux et dans une
moindre mesure à l’organisation du fonctionnement du conseil et des comités
spécialisés.
Les dirigeants et les experts comptables considèrent que les deux principales difficultés
de fonctionnement d’un comité des nominations dans les structures tunisiennes sont
dans un premier lieu, la forte présence d’actionnaires majoritaires ou dominants au sein
du conseil, et en second lieu la culture des dirigeants tunisiens.
D’après l’étude réalisée en Tunisie par F. Derbel et Z. Kharraz85, le pourcentage moyen
du capital détenu par les administrateurs est de 63%. Nous avons aussi soulevé, dans la
troisième question, que la présence des administrateurs indépendants dans les structures
tunisiennes est très faible.
Ainsi, on peut expliquer la réticence des dirigeants à ce comité des nominations qui a
pour principales missions de les sélectionner, d’organiser et d’évaluer leurs travaux. A
notre avis, ces administrateurs majoritaires peuvent donc penser que le comité des
nominations constitue une menace à leur présence et leur pouvoir au conseil.
85
« Gouvernance et responsabilité de dirigeants sociaux ». Institut Arabe des chefs d’Entreprise, Cellule
des jeunes membres. Octobre 2004
- 173 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Comme pour les comités d’audit et des nominations, les dirigeants (76%) et les experts
comptables (63%) considèrent que la raison principale de la création d’un comité des
rémunérations en Tunisie est la réponse à une obligation juridique.
Pour les dirigeants, le renforcement de la motivation des dirigeants peut constituer une
autre raison pour la création d’un comité de rémunération.
Pour les experts comptables, un comité de rémunération peut être créé aussi afin
d’améliorer la transparence de la société au niveau de la rémunération des dirigeants.
L’obligation juridique n’existe pas actuellement en Tunisie, elle n’a pas été non plus
l’origine de la création des comités des rémunérations dans les autres pays.
Ceci confirme la réponse de la question n°4 au sujet de l’inexistence des comités des
rémunérations dans l’échantillon étudié.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les dirigeants et les experts comptables s’accordent sur le fait que les principales
missions du comité des rémunérations sont la mise en place d’une politique de
rémunération globale des mandataires sociaux et la supervision des contrats et des
conventions particulières de la société avec les mandataires sociaux.
Par ailleurs, les experts comptables estiment que le comité des rémunérations doit aussi
avoir les attributions suivantes :
Préparer les communications en assemblée générale sur les éléments ayant trait aux
rémunérations des mandataires sociaux.
Veiller au respect des règles liées aux vérifications et remboursements des frais et
avantages, et de la réglementation en vigueur.
Superviser les publications dans le rapport annuel des éléments ayant trait aux
rémunérations des mandataires sociaux.
Ces trois dernières attributions n’ont pas été retenues par les dirigeants répondants au
questionnaire.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Les dirigeants et les experts comptables considèrent que la principale difficulté de mise
en place et de fonctionnement d’un comité des rémunérations dans les structures
tunisiennes est la réticence des dirigeants quant à la divulgation de leurs rémunérations.
En effet, la mise en place d’un tel comité suppose une transparence totale des
rémunérations des dirigeants et leurs règles de détermination et par la suite leur
divulgation au niveau des rapports destinés aux actionnaires.
L’objectif de cette question est de demander aux dirigeants et aux experts comptables
leur avis quant à l’utilité de la mise en place dans les sociétés tunisiennes des principaux
comités spécialisés observés dans les économies développées.
Les répondants sont globalement conscients de l’utilité et de l’apport de ces comités en
Tunisie. Toutefois, les experts comptables sont plus favorables que les dirigeants à leur
mise en place dans les structures tunisiennes.
D’après les réponses, l’ordre d’importance et d’utilité de ces comités est le suivant :
Le comité stratégique.
Le comité des risques.
Le comité de gouvernance.
Le comité d’éthique.
Le comité qualité et développement durable.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
L’utilité de la mise en place d’un tel ou tel comité peut différer suivant la complexité de
l’entreprise, sa taille, son secteur et l’étendue des travaux de son conseil.
A notre avis, lorsque les comités spécialisés sont performants et adaptés à la structure,
ils constituent l’une des principales réponses à l’élargissement des fonctions et des
responsabilités du conseil.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
CONCLUSION
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Nous avons ensuite traité dans la deuxième partie, le positionnement des comités
spécialisés dans le contexte tunisien. Nous avons commencé dans le premier chapitre
par le comité d’audit en exposant le cadre règlementaire de ce comité en Tunisie. En
effet, la présence de ces comités a été rendue obligatoire en Tunisie, en 2001, pour les
établissements de crédits et, en 2005 à travers la loi relative au renforcement de la
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
sécurité des relations financières, pour les sociétés faisant appel public à l’épargne et
pour les sociétés et groupes de sociétés « importants86 ».
Nous avons ensuite exposé les attributions et les modalités de fonctionnement telles que
données par la réglementation tunisienne et les avons comparées à celles des principaux
codes et recommandations sur la bonne gouvernance. Nous avons conclu que
globalement, les deux sources sont convergentes sur les principaux éléments.
Les difficultés de mise en place et de fonctionnements des comités d’audit ont fait
l’objet de la dernière section de ce chapitre. Il s’agit principalement de l’indépendance
et la compétence des membres et la culture de l’entreprise et des dirigeants en Tunisie.
Dans le deuxième chapitre de cette deuxième partie, nous avons énoncé pour chacun des
autres principaux comités les opportunités pour les entreprises tunisiennes de les mettre
en place et le rôle qu’ils peuvent jouer dans l’amélioration de la sécurité financière par
le renforcement du rôle du conseil d’administration et l’amélioration de la qualité de ses
travaux. Nous avons aussi exposé pour chaque comité les difficultés pratiques de sa
mise en place et son fonctionnement dans les structures tunisiennes. Outre quelques
difficultés ou blocages juridiques, les principales difficultés que nous avons relevées
sont la quasi-absence d’administrateur indépendant dans les conseils des sociétés
tunisiennes et la réticence des dirigeants tunisiens.
La troisième partie constitue une étude empirique ayant pour objectif de connaître le
degré d’implantation des comités spécialisés dans les entreprises tunisiennes, leur rôle et
les avantages qu’ils peuvent apporter dans le renforcement de la sécurité financière ainsi
que les difficultés pratiques de leur mise en place et fonctionnement dans les structures
tunisiennes.
En se basant sur les résultats collectés à travers un questionnaire adressé aux dirigeants
et les experts comptables tunisiens, nous avons relevé que ces derniers s’accordent sur
l’importance du rôle des comités spécialisés dans l’amélioration du fonctionnement des
86
Sociétés qui remplissent des limites chiffrées relatives au total bilan et de leurs engagements auprès des
établissements de crédit et de l’encours de leurs émissions obligataires.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Force est de constater, enfin, à travers la recherche réalisée, l’importance du rôle des
comités spécialisés dans le bon fonctionnement des conseils d’administration ou de
surveillance. Ces comités ne sont pas détachables du conseil, ils en facilitent le
fonctionnement et concourent efficacement à la préparation des décisions. Ils ont donc
un rôle primordial dans l’amélioration de la gouvernance d’entreprise en Tunisie et par
conséquent dans le renforcement de la sécurité des relations financières. Toutefois, leur
mise en place dans le contexte tunisien nécessite quelques préalables dont
principalement l’introduction de plus d’administrateurs indépendants et compétents au
sein des conseils des sociétés tunisiennes.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
BIBLIOGRAPHIE
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Ouvrages
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Analyse et positionnement du modèle tunisien
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
- 188 -
Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Mémoires et thèses
− Abiven A.G. “Les comités d'audit : une réponse à la crise de confiance qui entache
aujourd'hui la profession des commissaires aux comptes ?”, Mai 2005.
− Briancon A. “Comités d'Audit (Les) : l'exemple des Etats-Unis et les perspectives
d'introduction en France”, Novembre 1990.
− Calvet O. “Les nouvelles complémentarités entre le commissariat aux comptes,
l'audit interne et le comité d'audit : légitimité, contours et méthodologie”,
Novembre 2004.
− Haithem B.O. “Les comités d’audit en Tunisie : Etude des perspectives de mise en
application et impact attendu sur la mission du commissaire aux comptes”,
Septembre 2004.
− Hsairi S. “Le rôle des comités d’audit dans l’amélioration de la gouvernance des
entreprises”, Septembre 2005.
− Liebaert I. “Gouvernement d'entreprise (Le) : d'une nouvelle répartition des
pouvoirs au sein de l'entreprise aux conséquences sur la mission du commissaire aux
comptes”, Novembre 1997.
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
Rapports
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Comités spécialisés et renforcement de la sécurité financière
Analyse et positionnement du modèle tunisien
ANNEXES
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Annexe 1 : Questionnaire destiné aux Dirigeants
Mahmoud ELLOUMI
Expert Comptable Mémorialiste
Tel : 94 972 944
Fax : 71 753 153
E-mail : m.elloumi@gnet.tn
Objet : Questionnaire
Madame, Monsieur,
Mes travaux, portant sur l’analyse et le positionnement de ces comités spécialisés dans le
modèle tunisien, comprennent une enquête auprès des dirigeants des grandes sociétés
tunisiennes. A cet effet, votre expérience et vos réflexions me seront d’une grande utilité.
En conséquence, je vous serais gré de bien vouloir répondre au questionnaire ci-joint. Afin
d’assurer la validité scientifique de l’étude, il est essentiel que vous répondiez à toutes les
questions, même si vous avez l’impression que plusieurs d’entre elles se ressemblent.
Je tiens à vous garantir, Madame, Monsieur, que les réponses demeureront strictement
confidentielles.
En vous remerciant d’avance de votre confiance et pour le temps que vous aurez passé à
remplir le questionnaire, je vous prie d’agréer, mes sentiments les plus respectueux.
Bien cordialement
Mahmoud ELLOUMI
1. Présentation de la société
2. Mode de Direction :
4. Le comité d’audit
¾ Selon vous est ce que les administrateurs membres du comité d’audit doivent avoir
les profils suivants :
Parfaite connaissance de l’entreprise et son secteur d’activité
Pas important Important Très important
Parfaite connaissance des techniques comptables, fiscales et financières
Pas important Important Très important
Profil d’experts comptables expérimentés
Pas important Important Très important
Profils polyvalents dont l’un des membres est au moins un expert comptable
Pas important Important Très important
Profil des dirigeants d’entreprises ayant l’habitude de traiter avec les experts
comptables et ayant des connaissances en audit et en contrôle
Pas important Important Très important
¾ Est-ce que les auditeurs internes et externes assistent aux réunions du comité
d’audit ?
Oui, à toutes les réunions
Oui, lorsque la réunion concerne leurs travaux
Non
¾ Quelles sont les difficultés de mise en place d’un comité d’audit en Tunisie.
L’indépendance des membres du comité d’audit
La culture de l’entreprise tunisienne
Le concept de comité d’audit n’est pas clairement perçu
Le concept de comité d’audit peut modifier les règles de pouvoir dans
l’entreprise
Autres
Préciser les autres difficultés…………………………………………………………….
¾ Selon vous, quelles sont les attributions principales du comité des nominations :
Organiser le fonctionnement du Conseil et des comités spécialisés
Mettre en place une procédure d’évaluation du fonctionnement du Conseil
Proposer un Conseil d’administration / de surveillance cible
Participer au recrutement et à l’évaluation des mandataires sociaux
Mettre en place un plan de succession des mandataires sociaux
Autres
Préciser les autres attributions…………………………………………………………….
Annexe 1 : Questionnaire destiné aux Dirigeants
¾ Selon vous, quelles sont les attributions principales du comité des rémunérations :
Mettre en place une politique de rémunération globale des mandataires
sociaux
Superviser les contrats et les conventions particulières de la société avec les
mandataires sociaux
Veiller au respect des règles liées aux vérifications et remboursements de frais et
avantages ; et de la réglementation en vigueur
Superviser les publications dans le rapport annuel des éléments ayant trait aux
rémunérations des mandataires sociaux
Préparer les communications en assemblée générale sur les éléments ayant trait
aux rémunérations des mandataires sociaux
Autres
Préciser les autres attributions…………………………………………………………….
¾ Selon vous, quelle serait l’utilité de la mise en place de ces comités spécialisés dans
les sociétés tunisiennes :
Le comité stratégique
Pas utile Utile Très Utile
Le comité d’étique
Pas utile Utile Très Utile
Le comité de gouvernance
Pas utile Utile Très Utile
Le comité des risques
Pas utile Utile Très Utile
Le comité qualité et développement durable
Pas utile Utile Très Utile
Annexe 2 : Questionnaire destiné aux Experts Comptables
Mahmoud ELLOUMI
Expert Comptable Mémorialiste
Tel : 94 972 944
Fax : 71 753 153
E-mail : m.elloumi@gnet.tn
Objet : Questionnaire
Madame, Monsieur,
Mes travaux, portant sur l’analyse et le positionnement de ces comités spécialisés dans le
modèle tunisien, comprennent une enquête auprès des experts comptables travaillant avec les
grandes sociétés tunisiennes. A cet effet, votre expérience et vos réflexions me seront d’une
grande utilité.
En conséquence, je vous serais gré de bien vouloir répondre au questionnaire ci-joint. Afin
d’assurer la validité scientifique de l’étude, il est essentiel que vous répondiez à toutes les
questions, même si vous avez l’impression que plusieurs d’entre elles se ressemblent.
Je tiens à vous garantir, Madame, Monsieur, que les réponses demeureront strictement
confidentielles.
En vous remerciant d’avance de votre confiance et pour le temps que vous aurez passé à
remplir le questionnaire, je vous prie d’agréer, mes sentiments les plus respectueux.
Bien cordialement
Mahmoud ELLOUMI
¾ Existe-t-il au sein de vos sociétés clientes faisant appel public à l’épargne, les
comités spécialisés du conseil suivants :
Comité d’audit
Comité des nominations
Comité des rémunérations
Comité stratégique
Comité d’éthique
Autres
S’il existe, indiquer le (ou les) autre comité :...…………………………………………...
2. Le comité d’audit
¾ Selon vous, dans la plus part des cas, pourquoi une société tunisienne prendrait la
décision de créer un comité d’audit ?
Pour répondre à une obligation juridique
Pour améliorer la qualité de l’information financière publiée
Pour renforcer l’indépendance des auditeurs internes et externes
¾ Selon vous, est ce que les administrateurs membres du comité d’audit doivent avoir
les profils suivants :
Parfaite connaissance de l’entreprise et son secteur d’activité
Pas important Important Très important
Parfaite connaissance des techniques comptables, fiscales et financières
Pas important Important Très important
Profil d’experts comptables expérimentés
Pas important Important Très important
Profils polyvalents dont l’un des membres est au moins un expert comptable
Pas important Important Très important
Profil des dirigeants d’entreprises ayant l’habitude de traiter avec les experts
comptables et ayant des connaissances en audit et en contrôle
Pas important Important Très important
Annexe 2 : Questionnaire destiné aux Experts Comptables
¾ Est-ce que les auditeurs externes doivent assister aux réunions du comité d’audit ?
Oui, à toutes les réunions
Oui, lorsque la réunion concerne leurs travaux
Non
¾ Quelles sont les difficultés de mise en place d’un comité d’audit en Tunisie.
L’indépendance des membres du comité d’audit
La culture de l’entreprise tunisienne
Le concept de comité d’audit n’est pas clairement perçu
Le concept de comité d’audit peut modifier les règles de pouvoir dans
l’entreprise
Autres
Préciser les autres difficultés…………………………………………………………….
¾ Selon vous, dans la plus part des cas, pourquoi une société tunisienne prendrait la
décision de créer un comité des nominations ?
Pour répondre à une obligation juridique
Pour renforcer l’indépendance du conseil d’administration par rapport à la
direction
Pour améliorer la compétence des administrateurs
Pour évaluer les administrateurs et les travaux du conseil
Pour adapter le profil des dirigeants à la stratégie de l’entreprise
Autres
Préciser les autres raisons……………………………………………………………….
¾ Selon vous, quelles sont les attributions principales du comité des nominations ?
Organiser le fonctionnement du Conseil et des comités spécialisés
Mettre en place une procédure d’évaluation du fonctionnement du Conseil
Proposer un Conseil d’administration / de surveillance cible
Participer au recrutement et à l’évaluation des mandataires sociaux
Mettre en place un plan de succession des mandataires sociaux
Autres
Préciser les autres attributions…………………………………………………………….
Annexe 2 : Questionnaire destiné aux Experts Comptables
¾ Selon vous, dans la plus part des cas, pourquoi une société tunisienne prendrait la
décision de créer un comité des rémunérations ?
Pour répondre à une obligation juridique
Pour améliorer la transparence de la société au niveau de la rémunération des
dirigeants
Pour renforcer la motivation des dirigeants
Autres
Préciser les autres raisons……………………………………………………………….
¾ Selon vous, quelles sont les attributions principales du comité des rémunérations :
Mettre en place une politique de rémunération globale des mandataires
sociaux
Superviser les contrats et les conventions particulières de la société avec les
mandataires sociaux
Veiller au respect des règles liées aux vérifications et remboursements de frais et
avantages ; et de la réglementation en vigueur
Superviser les publications dans le rapport annuel des éléments ayant trait aux
aux rémunérations des mandataires sociaux
Préparer les communications en assemblée générale sur les éléments ayant trait
aux rémunérations des mandataires sociaux
Autres
Préciser les autres attributions…………………………………………………………….
¾ Selon vous, quelle serait l’utilité de la mise en place de ces comités spécialisés dans
les sociétés tunisiennes :
Le comité stratégique
Pas utile Utile Très Utile
Le comité d’étique
Pas utile Utile Très Utile
Le comité de gouvernance
Pas utile Utile Très Utile
Le comité des risques
Pas utile Utile Très Utile
Le comité qualité et développement durable
Pas utile Utile Très Utile