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Analyse La pandémie, une occasion historique pour la Chine

Un drapeau chinois apparaît sur un tableau d’affichage à Belgrade, en Serbie, en guise de remerciement à la Chine pendant un
confinement imposé afin de prévenir la propagation du coronavirus, le 24 mars 2020.
PHOTO : REUTERS / MARKO DJURICA

François Brousseau
Publié le 25 mars 2020

À la fois un drame sanitaire et une crise économique sans précédent, la pandémie de COVID-19
laisse poindre un tournant historique dans les relations internationales. Un passage du témoin
pour la première place mondiale.

Ce thème existe déjà depuis des années : la Chine qui monte, tandis que les États-Unis
déclinent, du point de vue de leur richesse, de leur prestige, de leur influence ou de leur
leadership mondial.

Par exemple, si on prend la mesure du PIB, un indicateur parmi d’autres, on voyait déjà arriver, à
l’horizon des années 2020, le fameux « grand dépassement » des États-Unis par la Chine.

Il est en train de se faire au moment où ces lignes sont écrites. Mais ce dépassement, qui est
aussi un déclassement des États-Unis, on le voit à l’œuvre dans d’autres domaines.

Il est clair, par exemple, qu’il n’y a pas de « leadership américain » dans la crise du coronavirus.

La réaction de Washington a été extrêmement lente. Jusqu’au début de mars, la Maison-Blanche


a nié obstinément qu’il s’agissait d’une crise grave. Et il est possible que Donald Trump soit
encore dans le déni au sujet du coronavirus.
Aujourd’hui, les États-Unis – ils ne sont pas les seuls dans ce cas – sont d’abord occupés à se
sauver eux-mêmes. C’est même un trait absolument frappant de cette pandémie, qui est aussi
une addition d’épidémies nationales avec chacune sa dynamique, sa courbe, son calendrier
propre, ses particularités, très variables d’un endroit à l’autre : un peu partout, on s’en remet aux
autorités nationales. Avec beaucoup de méfiance et d’inquiétude, il est vrai, dans le cas
américain.

L’État, la puissance publique comme ultime recours, comme ultime protection (pour la santé,
pour l’économie), mais aussi la nation : tout cela revient en force à la faveur de la pandémie.

Le président des États-Unis, Donald Trump.


PHOTO : REUTERS / YURI GRIPAS

La Chine comme bienfaitrice

Mais entre tous les États du monde, une chose est remarquable en cette fin de mars 2020 : c’est
que, s’il y a aujourd’hui un pays, et un seul, qui a tout à la fois le désir et les moyens de mettre
cette crise à profit en matière d’influence et de prestige, c’est la Chine!

Pas les États-Unis, et pas davantage l’Union européenne, dont les pays individuels sont d’abord
occupés, comme les autres, à se sauver eux-mêmes, individuellement.

Si l’on en croit les chiffres diffusés par Pékin – toujours à prendre avec un grain de sel –,
l’épidémie nationale chinoise est aujourd’hui terminée. En tous les cas, la première vague, car il
peut toujours en arriver une seconde.

Et la Chine y a mis les grands moyens, ceux d’une superpuissance économique armée d’un
système politique ultra-autoritaire. Durant les mois de janvier et février, elle s’est retournée très
vite et a sorti l’artillerie lourde, réussissant à stopper l’expansion du virus (essentiellement
confiné – pour plus de 85 % des cas – dans la province du Hubei).

Ce qui fait qu’aujourd’hui, le pays qui a connu le premier l’épidémie, avant de l’exporter dans le
reste du monde, est le seul qui soit maintenant capable de se tourner vers les autres, de
prodiguer ses conseils et son aide.
Au début de mars, des fournitures médicales ont été envoyées par la Chine vers l’Italie.
PHOTO : REUTERS / CHINA DAILY CDIC

Un contraste saisissant

La Chine semble l’avoir fait généreusement, notamment en Italie, en Espagne et en Iran. Au


début de mars, le contraste était énorme entre les gestes – presque simultanés – qui venaient
de Pékin et de Washington.

Pendant que Donald Trump annonçait la fermeture des frontières des États-Unis aux voyageurs
d’Europe, des avions chinois débarquaient en Italie avec des conseillers, du matériel, des
masques et des respirateurs.

Un contraste saisissant. Et le symbole, peut-être, d’un nouvel ordre en train de se mettre en


place.

Pourtant, les autorités de Pékin avaient été durement ébranlées, en janvier. Elles s’étaient
retrouvées sur la défensive pendant plusieurs semaines face au reste du monde, mais plus
encore par rapport à leur propre société (inquiète et révoltée, et dont une partie osait même
critiquer le pouvoir sur les réseaux sociaux, pourtant lourdement surveillés et censurés).

Malgré sa frousse et son désarroi passager, la direction chinoise a rapidement retrouvé ses
marques, prenant la décision de faire de cette grave crise une occasion stratégique d’envergure
mondiale.
L'hôpital Huoshenshan à Wuhan a été construit en 10 jours afin d'accueillir des patients atteints du coronavirus.
PHOTO : REUTERS / CHINA DAILY

Trois éléments de propagande

D’où ce qu’on peut qualifier d’offensive de charme, avec la « diplomatie de l’aide sanitaire ».
L’Empire contre-attaque, non pas avec des bombes, mais avec des masques et des
respirateurs.

La Chine bombe le torse, affirme qu’elle a terrassé le mal et peut désormais montrer la voie au
monde, pour exporter la « manière chinoise ».

Avec trois éléments de propagande, bien reliés entre eux.

Un, la Chine a réalisé un « exploit surhumain » contre le coronavirus. Les médias, tous à la
solde du régime, clament en chœur qu’une grande puissance a vaincu l’épidémie, sous la
direction éclairée de l’extraordinaire Xi Jinping.

Deux, le monde est invité à suivre la « voie chinoise », notamment celle d’un bouclage strict des
régions les plus touchées. L’Italie a été la première à emboîter le pas, avec la méthode du
bazooka et du blocus. Et aussi à accepter l’aide d’une superpuissance bienveillante, généreuse
et désintéressée, qui envoie des conseillers, du matériel médical, etc. Comme le faisaient
naguère les États-Unis.

Le troisième élément est moins fondé sur des faits avérés (alors que les deux premiers le sont) :
il s’agit maintenant de propager l’idée que le virus ne vient pas de Chine, mais des États-Unis.

Cette hypothèse a été avancée explicitement, le 13 mars, par un officiel haut placé des Affaires
étrangères à Pékin, selon laquelle le SRAS-CoV-2 aurait été apporté par des Américains, lors
des Jeux mondiaux militaires de Wuhan, en octobre, une compétition sportive regroupant des
soldats du monde entier.

La thèse peut paraître fantaisiste, opportuniste, voire mensongère, mais elle complète bien les
deux autres points de propagande : la Chine est forte, elle aide généreusement les autres et, en
plus, le virus ne vient pas de chez elle, mais des États-Unis!

Un tel discours a aussi un objectif évident de consommation interne : la crédibilité des autorités
chinoises face à leur propre peuple a été sérieusement ébranlée par les dissimulations, les
répressions, les mensonges initiaux à Wuhan. Dans ce contexte, semer le doute sur l’origine du
mal est une bonne stratégie de diversion.

Avantage Pékin

Donc, entre les deux superpuissances d’aujourd’hui, la crise de la COVID-19 accentue la bataille
pour la suprématie. Et de toute évidence, l’avantage va à Pékin.

Alors que la Maison-Blanche improvise au gré des humeurs de Donald Trump, et que les
dirigeants sanitaires du pays – dont l’excellent docteur Fauci – naviguent comme ils peuvent
entre deux déclarations présidentielles, la Chine a décidé, elle, de prendre le taureau par les
cornes en saisissant l’occasion unique que lui fournit cette épreuve.

Elle a compris que ce drame, qui avait semblé l’affaiblir, peut aussi s’avérer une occasion
stratégique à grande échelle. L’occasion d’opérer, en sa faveur, un renversement historique des
relations internationales.

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