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musique
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MUSIQUE ET THEATRE
J, L. HEUGEL J. D'ORTIGUE
Directeur
Les.Bureaux, 2 bis, rue Vivienne Rédacteur en chef
COLLABORATEURS DU JOURNAL:
MM. TRE ANNE, AZEVEDO, H. BARBEDETTE, H. BLAZE DE BURY, GUSTAVE BERT, <ND, PAUL BERNARD,
OSCAR COMETTANT, D. DENNE-BARON, G. DUPREZ, P. A. FIORENTINO, Bh SPERINI,
G. HÉQUET, LÉON HALÉVY, B. JOUYIN, MARMONTEL, AMÉDÉE MÉREAUX, A. Dx PONTMARTIN,
J. D'ORTIGUE, G. DE SAINT-YALRY EX P. RICHARD, DE LA BIBLIOTHÈQUE IMPÉRIALF
Adresser FRANCO à M. J. L. HEUGEL, directeur du MÉNESTREL, les Lettres et les Manuscrits. (Pour les conditions d'abonnement, voir a.ix Annonces.)
demain : « Julie Berthaud n'était pas en voix... quelle soirée dé- mants de la Couronne obtenait, pour Zanetta et pour son propre
licieuse nous avons passé ! » compte, la revanche complète du compositeur. C'était le recom-
Depuis Gustave, M. Auber avait cessé d'écrire pour l'Opéra, mencement du succès du Domino, avec une veine musicale beau-
Il lui apporta le Lac des Fées, qui fut représenté le lundi coup p'ius-abondàute que dans h Domino* 11 faut dire pourtant que
("avril 1839. L'ouvrage obtint un grand succès, et présenta un l'ouvrage ne réussit pas aussi complètement à Paris qu'en province
contraste assez piquant : Mm 0 Stoltz, qui allait créer l'année sui- et à l'étranger. Le rôle de la Catarina, écrit pour Mm0 Damoreau,
vante la Léonor de Donizetti, jouait un rôle ingrat et secondaire fut chanté par Mme Anna Thillon, avec tous les agréments d'une
auprès de M110 Nau, pour laquelle avait été écrit le rôle sympathique jolie femme, et aussi avec toutes les défaillances d'une écolière.
•—
de la pièce. Mignonne de sa personne, élégante et jolie, douée Des-cheveux blonds adorablement crêpés, un visage de vignette
d'une petite voix aux sons cristallins et d'une grande agilité de vo- anglaise, un pastel jouant la comédie, et un accent anglais for-
calisation, l'élève de prédilection de Mm 0 Damoreau était la plus tement prononcé, c'était charmant, c'était même original, mais
adorable fée qu'on pût voir, et, en s'y prêtant un peu, —- la plus
— ce n'était pas suffisant dans ce rôle, le plus beau de l'emploi des
délicieuse cantatrice qu'on pût entendre. Elle conquit, ce soir-là, soprani à l'Opéra-Comique. Les jaloux de la gloire constante du
sa réputation, et la mérita quelques années plus lard dans Lucie. musicien dirent que M. Auber portait la peine de son inconstance
La réaction contre Duprez, inévitable après tant de succès, et et de son ingratitude. Le fait est-il bien prouvé, et Mme Damoreau,
après tant de fatigues, dont les marques ne pouvaient être plus dont on avait dit dans Zanetta : « C'est toujours la virtuose par
longtemps dissimulées au public, cette réaction date de la soirée du excellence, mais sa voix n'a plus de sonorité, » eût-elle porté jus-
Lac des Fées. 'Ce fut Berlioz qui attacha le grelot et, le premier, fit qu'au bout, sans fléchir, le fardeau de cette création importante?
entendre le cri d'alarme. On pouvait lui reprocher d'y mettre un Le doute est au moins permis.
peu de cette exagération qu'il reprenait dans les éclats de voix Une seule femme a chanté la Catarina, et Paris n'a point connu
énormes de Duprez. Après avoir loué quelques beaux effets chez le celte virtuose, ou ce que Paris a entrevu de ce talent formé loin de
virtuose, le critique ajoutait : lui, ce sont les promesses du matin et les feux bien pâlis du soir,
Mm" Miro-Camoin, qui s'exila en province, et sut dorer cet exil
a Ceci est de l'art et du grand art. Mais ce qui s'en éloigne, ce sont après avoir créé le rôle de la laide dans l'opéra de l'Éclair, a été la
ces éclats de voix énormes dans des situations où l'accent naturel, autant vraie Catarina. Quand elle jouait et chantait l'Henriette d'Halévj,
que les convenances scéniques, comporteraient, au contraire, le chant le elle n'était pas encore; lorsqu'elle ne fit que passer, dix ans plus
plus soutenu et le plus doux ; ce sont ces efforts terribles qui font mal à la
iPoitrine des spectateurs et ne charment guère l'oreille de l'auditeur; ce tard, dans l'Ambassadrice, elle n'était plus. Mais il reste des lé-
sont, enfin, toutes les conséquences de la fatigue et du dépérissement de la moins de la puissance et de la séduction de l'actrice et de la chan-
voix de Duprez. » teuse dans ce rôle qu'elle avait fait sien, et j'en appellerais au
besoin, 'pour justifier mon enthousiasme rétrospectif, au témoi-
Duprez était très-fatigué en effet, et c'est probablement à cause gnage du nouveau chef d'orchestre de l'Opéra, M. Georges Hainl,
de cela qu'il venait d'abandonner son rôle dans le Benvenuto Cellini qui a monté à Lyon, pour Mme Miro-Camoin, les Diamants de k
d'Hector Berlioz. Couronne.
Le Lac des Fées est un des trois ou quatre ouvrages d'Auber que Les Diamants étaient joués, à l'origine, par Couderc, Mocker,
je n'ai pu entendre. 11 réussit à Paris, il tira de la foule, à Ricquier, Henri ; Mmes Anna Thillon et Darcier. Le rôle de Diana
Bruxelles, une jeune et jolie cantatrice, que nous avons applaudie, de Campo-Mayor était .bien peu de chose ; mais, avec sa grâce et son
il y a quinze ans, place Boïeldieu, et que nous applaudirons l'an esprit, MIle Darcier le mit sur le premier plan au troisième acte,
prochain, place du Châtelet, dans le rôle de Didon des Trmjens, et elle ne dédaignait point de le jouer, alors qu'elle était l'actrice
—
Mml> Charlon-Demeur. souverainement aimée à son théâtre.
La critique le prit sur le ton de la commisération avec l'opéra Mlle Lavoye, M"6 Delille et Mlle Duprez ont abordé toutes trois, à
nouveau : « La musique de M. Auber, dit-elle, semble avoir été dix ans de distance, ce rôle d'une reine cheffe de faux monnayeurs.
» écrite à une de ces époques de fatigue où se sont trouvés lès plus La première et la dernière y déployèrent un beau talent de voca-
»
grands artistes, et pendant lesquelles leur imagination se refuse liste ; toutes deux laissaient désirer plus de charme ; la seconde s'y
» à créer rien de saillant et de neuf. » — Remerciez, mon .cher montrait femme et jolie femme. Peut-être qu'en jetant les trois
monsieur Auber ; elle ne s'est pas toujours montrée aussi polie. Catarina dans le creuset de Rebolledo, on en eût tiré la Catarina
C'est une pilule ; mais elle a pris soin de vous la dorer! que nous attendons encore. Faut-il donc l'attendre toujours cette
Zanetta, représentée le vendredi 15 ou le lundi 18 mai 1840 Philis des cantatrices?
(la date est restée pour moi indécise), est venue au monde entre Une anecdote sur les Diamants. M. Auber avait été invité parle
deux causes célèbres : l'affaire de l'instituteurÉliçabide et le procès duc d'Orléans aux fêtes militaires de Compiègne. Cette entrevue
de Mm0 Lafarge ; sans compter les tribulations d'un déménagement d'une tête couronnée et d'une tête qui croyait l'être, rappela l'en-
L'Opéra-Comique abandonnait sa salle à boyau de la place de la trevue de François Ier et de Charles-Quint. Le prince fit un accueil
Bourse pour venir se loger fastueusement place Favart, dans la royal au chef de l'École française ; mais celui-ci paya royalement
salle reconstruite après le sinistre des Italiens. Le soir où Mme Da- l'hospitalité de Compiègne. La veille d'une grande revue, il de-
moreau fredonnait, avec plus d'art et moins de voix que jamais, ses mande-une plume, de l'encre et du papier réglé, et, sous les yeux
mélodies et ses points d'orgue, la sonorité tempérée de l'orchestre du prince, il improvisa la marche-fanfare, que le compositeur à
de M. Àuber était dominée par un bruit de papier froissé, qui par- placée plus lard dans l'ouverture et au troisième acte des Diamants \
tait de toutes les loges. On assistait à l'opéra nouveau, le nez dans les de la Couronne.
journaux du soir. On dévorait les détails donnés par eux sur l'assas- Le grand succès des Diamants de la Couronne désarma-t-il lf :
sin Eliçabide. —Il a tué une femme,—il a assommé ses deux enfants critique ? Fit-il pardonner enfin au compositeur ses vingt ans de
à coups de marteau,
— il est bachelier es lettres,—on le dît savant triomphe et sa popularité que nous enviait Je théâtre étranger? Je ;
comme Voltaire, — voilà les propos échangés entre deux cavatines. vous le dirai tout à l'heure. Je veux auparavant placer en regard
C'est dans Zanetta qu'on vit se coucher l'astre de Mme Damoreau et deux médaillons de notre musicien, accrochés tour à tour au
se lever l'aurore de MmeRossi-Caccia.,L'ouverture, traversée par un clou du feuilleton du plus considérable, du plus littéraire de nos
délicieux trait de flûte, fut vivement applaudie ; le premier acte an- journaux.
nonçait un de ces triomphes promis à l'association toujours heu-
LES DÉBATS QUI PLEURENT..
reuse des noms de Scribe et d'Auber ; en avançant, l'intérêt musical
et dramatique sembla faiblir, et, Éliçabide se jetant à la traverse, « La phrase mélodique de M. Auber est courte, peu saillante... Mais; ce
Zanetta fut un opéra et un succès de transition. dont un musicien .est seul responsable, c'est du style plus ou moins dis;
tingué de ses mélodies... Un poëme n'a jamais obligé un compositeura
L'année suivante, le samedi 6 mars I84i, la partition àes.Dia- n'écrire que des banalités... Il y a un nombre prodigieux de contredanses
LE MÉfïESTUEE 287
cette partition (celle des Diamants]... J& question d'art est tout à fait guère que, malgré ses efforts, elle n'existait pas encore, en 1Ï6Q, dans le
dans
écartée... La critique ne peut pas toujours répéter cette plaisanterie :.— pays où il parlait ainsi (1).
«L'auteur a voulu: faire une. mauvaise choses etijla tant de talent qu'il y a » La musique se perdra, s'écrient de nos jours de vieux amateurs, plus
parfaitement réussi, ». sensibles aux souvenirs de leur jeunesse que satisfaits des innovations
»
était-il malade, ou posait-il mal? Le peintre avait-il dont ils sont les témoins, et certains musiciens qui ne peuvent se dissi-
Le modèle
nerfs? Quoi qu'il en soit, voici une autre copie du même ori- muler que^ déjà leurs ouvrages subissent le sort qu'ils prédisent à l'art. »
ses Le discours de M. le ministre de la maison de l'Empereur et des beaux-
ginal, brossée dans le même atelier, à la. vérité, mais par la main
arts a été presque en entier le brillant et ingénieux commentaire de ce.pas-
d'un.autre artiste. :
sage. En toute autre circonstance, on aurait pu désirer qu'il insistât un
LES DÉBATS QUI KIENT.
peu plus quUl n'a fait sur le respect et l'admiration qu'on doit aux anciens
« M.
Auber a été l'élève chéri de Gherubini... Il est le premier de nos modèles, sur le maintien des principes éternels, immuables, qui consti-
compositeurs qui ait exercé une influence considérable en Allemagne et en tuent la tradition de l'art, et sans lesquels il n'y a pas de progrès véritable.
Italie--- Son mérite essentiel est d'avoir su être populaire sans être jamais Mais, évidemment, le ministre, membre de l'Institut, n'a pas voulu en-
vulgaire... Que d'oeuvres médiocres ont été qualifiées de "savantes, parce dosser la toge de professeur; il a voulu que des paroles destinées à rester
qu'il s'y trouve deux ou trois méchantes modulations... Et quel injuste gravées dans l'esprit des élèves, ne fussent que des paroles d'encourage-
oubli, par exemple, pour le final du Serment, un des morceaux les meil-
ment, propres à inspirer la plus vive émulation.
leurs et les plus complets que l'on ait exécutés sur la scène de l'Opéra...
M. Auber est, tout bien considéré, l'expression la plus complète de l'école Aussi son discours a-t-il été interrompu, accompagné et suivi des plus
française. » chaudes acclamations. Les applaudissements ont redoublé au moment où
Son Excellence a annoncé que, pour donner à tout le corps enseignant du
La première de ces deux toiles, où le modèle n'est pas flatté, a Conservatoire un témoignage de sympathie et d'encouragement, l'Empe-
été brossé le lendemain du succès des Diamants de la Couronne; la
reur nommait M. F. Le Couppey chevalier de la Légion d'honneur. Donc,
seconde, où l'original a si bon air, date de la réussite de la Part à l'issue du discours, et au milieu d'un tutti de bravos, M. Le Couppey a
du Diable. Hector Berlioz a fait maussade le visage du musi- été décoré sur le champ de bataille par les mains du maréchal, et en a
cien que M. Jules Maurel a fait souriant; et, chacun d'eux, s'a- reçu l'accolade, à laquelle M. Auber, son général en chef, a joint la
dressant au même journal, lui a dit en musique : « Prête-moi ta sienne.
plume pour écrire un mot! » — Le mot de M. Jules Màurel est On a passé ensuite à la distribution des prix, qui n'était pas la partie de
«elui qui restera. la séance la moins intéressante pour les élèves, leurs familles et pour le
B. JOUVIN. public, qui tenait à ratifier par ses bruyantes approbations la plupart des
— La
suite au procï a;n numéro. — récompenses obtenues.
La cérémonie s'est terminée par un concert et des scènes de déclamation
CONSERVATOIRE IMPÉRIAL DE MUSIQUE ET M- DÉCLAMATION dramatique et lyrique exécutées par les élèves lauréats. Le programme se
composait de l'air du deuxième acte de la Dame Blanche : Viens, gentille,
dame! chanté avec goût par M. Bach; de l'air de la Somnambule, dans
DISTRIBUTION DES PRIX lequel MUe Rey a déployé une voix très-belle et très-juste; d'un fragment
séance de la distribution des prix du Conservatoire, nous avons eu
A la du concerto en lamineur de M. deBériot, exécuté par un élève deM. Eugène
uo échantillon d'éloquence militaire. Son Excellence le ministre de la Sauzay, M. Colonne, qui a partagé le premier prix de violon avec M. Des-
maison de l'Empereur, M. le maréchal Vaillant, en entrant dans la salle jardins, élève de M. Massart (voilà déjà deux ans que le premier prix de.
pour couronner les lauréats au nom de l'Empereur, a eu une réminiscence violon a élu domicile dans la classe deM. E. Sauzay) ; de l'air de Philémon
du champ d'honneur. Dans chaque élève, il a vu un soldat. Il a parlé et Baucis, chanté avec beaucoup de sûreté et de goût par M"e Ébrard.
^'exploits, de vainqueurs, de vaincus, de ces vaincus qui se relèvent sans Mlle Colombier, élève de M. Régnier, a déclamé ensuite un fragment de
honte et sans amertume ; pleins de confiance, parce qu'ils ont en eux la la tragédie de Marie Stuart, de Lebrun, avec le concours de M"e Petit,
force, pleins d'espoir, parce qu'ils ont devant eux l'avenir. Il a parlé aussi MM. Verdellet, Beauvallet et Leprevost, qui lui donnaient la réplique;
de ces guerres fraternelles où la défaite même a sa gloire, où le succès des M. Séveste, autre élève de M. Régnier, a joué la scène de la Consultation
msne fait, que stimuler le couraye des autres. Et lorsque le glorieux mi- du docteur Pancrace, dans le Mariage forcé, avec le concours de MM. Ver-
nistre a distribué les récompenses, on a pu remarquer que les élèves de dellet et Beauvallet; enfin, l'heureux couple couronné, M. et Mme Soustelle,
nos corps d'armée qui, depuis la suppression du Gymnase musical, sont assisté de Mlle Azimon, a chanté et joué une bonne partie du troisième
admis.aux classes du Conservatoire, étaient de sa part l'objet d'une prédi- acte d!Othello, de Rossini. Mais quelle que soil l'habileté dont M. Potier a
lection .particulière. Le maréchal avait pour tous les lauréats le plus gra- fait preuve en accompagnant au piano, il n'a pu, dans la musique à.'Othello
cieux sourire, mais il honorait l'uniforme d'une légère inclination de surtout, suppléer l'orchestre.
tête. Du reste, ne soyons pas trop exigeants, et gardons-nous de juger ces
Je reviensau discours de Son Excellence. J'aime cette éloquence brève séances au point de vue de Fart. Il est bien entendu que ce sont des fêtes
et mâle, qui dit nettement ce qu'elle veut dire, qui ne s'amuse pas de famille où l'on vient apprécier, non le talent, non l'expérience des
aux détours, qui ne s'égare pas dans les périphrases, qui va droit à son élèves, mais leurs dispositions et aptitudes. Ces élèves ne connaissent en-
but. Aux élèves du Conservatoire il fallait montrer le progrès, comme aux core d'autre théâtre que leur classe; c'est pour la première fois qu'ils s'en-
troupes enrôlées sous les drapeaux on montre la victoire. Aux uns et aux tendent eux-mêmes, se trouvent en face du public, d'un public de parents,
autres il faut crier : En avant! En avant', en dépit des obstacles qui d'amis et d'émulés. Ils s'ignorent encore. Les combats auxquels ils se sont
—
semblent barrer le chemin
; en avant! en
dépit de ces entêtés, de ces rétro- livrés jusqu'ici sont, comme le dit le maréchal Vaillant, des combats inno-
grades chagrins qui prétendent que l'art a fait son temps, a dit son cents. Attendons qu'ils soient aguerris et qu'ils aient vu le feu.
dernier mot et qui lui posent des bornes J. D'ORTIGUE.
au point où ils se sont ar-
rêtés eux-mêmes. Tel est le thème
que Son Excellence le ministre de la
maison de l'Empereur exposé
a en termes vifs et concis, et qui a conquis Voici le discours de Son Exe. le maréchal Vaillant :
tout de suite les sympathies du jeune auditoire. En effet, c'est parmi les
musiciens que l'on rencontre le plus de « Jeunes élèves,
gens disposés à se défier de l'ave-
ûirde leur art. Faire autrement qu'ils n'ont fait, c'est mal faire. Cela tient » Le concours est terminé, la lutte est finie; je viens, au milieu de vous,
a ce que la question des formes couronner les vainqueurs sur le théâtre de leurs exploits.
se pose à chaque génération d'artistes.
Ouvrez le volume de M. Eétis, intitulé Curiosités historiques de la Mu- » Innocents combats que les vôtres ! guerres fraternelles où la défaite
:
niuè, vous y trouvez, à la première page, le passage suivant : même a sa gloire, où le succès des uns ne fait que stimuler le courage des
« la musique est perdue, écrivait, en 1704, Benedetto Marcello, musi-
autres, et d'où les vaincus se relèvent sans honte et sans amertume, pleins
j^n de génie, dont les de confiance parce qu'ils ont en eux la force, plein d'espoir parce qu'ils
ouvrages démentaient l'opinion. Contemporain
Alexandre Scarlatti, ont devant eux l'avenir.
11
prédécesseur dePergoIèse, de Léo, de Jomelli, il
assistait, sans le savoir, à la naissance de la musique dramatique, et se .» J'aime à vous parler
de l'avenir, quand, plus qu'un autre peut-être, je
oyait appelé à prononcer serais autorisé à faire l'apologie du passé.
son oraison funèbre.
y'^musiquese perd, disait
en soupirant Rameau, qui ne se doutait (1) Je laisse au célèbre auteur la responsabilité de ces dernières paroles.
288 LE MÉNESTREL
» J'ai vu, en effet, briller du plus grand éclat les arts divers que l'on les études marchent donc comme par le passé, en suivant fidèlement le che-
vous enseigne ici ; j'ai applaudi, sur bien des scènes, de grands artistes min tracé par L. Niedermeyer.
qui appartiennent aujourd'hui à l'histoire et qui semblaient ne pouvoir Indépendamment des concours ordinaires'qui ont eu pour jury les
jamais être égalés. Mais, en remontant plus loin encore dans mes souve- professeurs de l'École, auxquels s'étaient réun:s MM. Félicien David, Nicou-
nirs, n'ai-je pas assisté aux débuts obscurs de ceux dont la retraite fut si Choron, Alary, Ermel, G. Héquet et Émilien Pacini, il y a eu une séance
regrettée; n'ai-je pas vu des élèves inconnus succéder en tremblant à des exceptionnelle, consacrée au choix d'un candidat pour le diplôme d'orga-
artistes célèbres qu'ils devaient éclipser plus tard? Chacun, tour à tour, niste.
reçoit pour ainsi dire en héritage les admirations de ses pères et en lègue M. Gigout, ancien élève, déjà pourvu, depuis l'année dernière, du di-
d'autres à ses enfants. plôme de maître de chapelle, aujourd'hui organiste de l'église Saint-Au-
» Loin de moi donc la faiblesse de croire que le dernier mot de l'art ait gustin et professeur de l'École, a subi les diverses épreuves d'une manière
jamais été dit ; loin de moi la pensée de déprécier vos maîtres au profit de très-satisfaisante; il a joué la Pascaylera, de Bach, déchiffré à première
leurs devanciers. Regrettons tous ceux qui nous ont charmés, soit qu'ils vue une sonate, et improvisé, sur un thème donné par le jury, de manière
s'éloignent volontairement de la scène, comme votre excellent professeur, à mériter toute son approbation.
M. Samson, soit qu'ils succombent dans la retraite, comme votre plus cher La commission, à l'unanimité, l'a déclaré digne de recevoir le diplôme
modèle, Mmc Damoreau, soit qu'ils disparaissent avant l'heure comme cette d'organiste, que le ministre de la justice et des cultes ne délivre qu'aux
jeune et aimable enfant que je n'ose nommer, tant sa perte est récente et jeunes gens dont les études prouvent un talent réel et sérieux.
douloureuse 1 Justes envers le passé, ne lui sacrifions pas l'avenir ; admi- Quant aux autres nominations, les voici dans l'ordre où elles ont été
rons tout ce qu'il convient d'admirer ; gardons la mémoire de tout ce qui proclamées par le jury :
mérite qu'on s'en souvienne; mais ne prétendons pas arrêter le monde
Solfège. — Prix : Paul Rakowski, élève boursier de Mgr l'évêque de
aux jours où nous nous sommes arrêtés nous-mêmes. Si doux que soient Grenoble ; accessit : Laurent Giroud, boursier de Mgr de Belley.
nos souvenirs, ne disons jamais d'une époque : C'était le bon temps. Piano. — lre division, rappel du 1er prix de 1862 : Albert Perilhou,
» C'est toujours le bon temps, mes amis ! S'il y a toujours des vieillards boursier de Mgr de Pamiers. Pas de 1er prix. 2e prix : Julien Kosz J1, bour-
qui finissent et qui regrettent, il y a toujours des jeunes gens qui com- sier de Mgr de Strasbourg; accessit: Edouard Marlois, boursier de Mgr
mencent et qui espèrent. d'Arras. 2e division, 2e prix: Victor Bellemant, boursier de Mgr d'Amiens;
» Toujours aussi, et en présence des maîtres qui m'entourent, je n'au- 1er accessit : Aloys Durrwaechter, boursier de Mgr de Strasbourg; 2e acces-
rais garde de l'oublier, il y a de vrais artistes et d'éminents professeurs
sit : Jules Stoltz, boursier de Mgr l'archevêque de Paris. Division élémen-
qui, par d'utiles conseils et par des exemples plus utiles encore, conservent
taire : Mention honorable accordée à Louis Lecloître, boursier de Mgr de
la tradition et la transmettent.
l'École musicale Quimper, et Paul Rakowski, déjà nommé.
» A leur tête j'aime à voir l'illustre et infatigable chef de
Plain-chant. — Prix donné par S. Exe. le garde des sceaux, ministre
française, de cette brillante École dont un contemporain de Rameau eut
de la justice et des cultes : Laurent Giroud, déjà nommé ; accessit : Donat
l'injustice de douter, et qui a réfuté si victorieusement cette assertion de
Schuler, boursier de Mgr de Strasbourg.
Jean-Jacques Rousseau : « Les Français n'ont point de musique et n'en
Orgue. — lre division : Prix donné par S. Exe. le ministre : Laurent
peuvent avoir, ou, si jamais ils en ont une, ce sera tant pis pour eux. »
Giroud, déjà nommé ; 2e prix : Adam Laussel, boursier de Mgr l'archevê-
» La France, et c'est tant mieux pour elle, a aujourd'hui sa musique et
que de Paris ; accessit : Gabriel Fauré, boursier de Mgr de Pamiers.
ses musiciens. 2e division : 1er prix : Théodore Laurent, boursier de Mgr d'Autun ;
» Qu'ils composent ou qu'ils exécutent, qu'ils soient à
l'École de Rome
2e prix : Edouard Marlois, déjà nommé ; accessit : Donat Schuler, déjà
ou à l'Institut, au Japon ou au Mexique, qu'ils charment le public dans les nommé; mention honorable : Aloys Durrwaechter, déjà nommé, et Ludovic
théâtres ou qu'ils conduisent nos soldats à la victoire, les musiciens de la
Frémont, boursier de Mgr l'archevêque de Paris.
France n'ont rien à envier à personne ; et, tandis que les oeuvres de nos
Composition musicale. — Les conditions réglementaires du concours
compositeurs sont applaudies sur toutes les scènes, les étrangers eux-
n'ayant pas été rigoureusement remplies, il n'a pu être donné de prix;
mêmes rendent hommage à l'incomparable orchestre de notre Conser-
mais une mention très-honorable est accordée aux élèves Gabriel Fauré et
vatoire.
Adam Laussel, déjà nommés, qui ont présenté au jury des morceaux fort
» Heureux d'être auprès des artistes l'interprète d'une auguste bien- remarquables.
veillance, je ne saurais trop leur dire que l'Empereur les aime, et que son
Harmonie. — lre division : 1er prix : François Limonot Gorget, boursier
intérêt s'attache aux travaux des maîtres comme aux progrès des élèves.
de Mgr de Dijon ; 2e prix: Julien Koszul, déjà nommé; accessit : Théodore
Avant de vous couronner en son nom, mes jeunes amis, je vous annonce
Laurent, déjà nommé.
que, pour reconnaître de bons services et de nombreux succès, pour donner •
DE
SEMAINE THEATRALE
L'ÉCOLE DE MUSIQUE RELIGIEUSE
Fondée par ï;. ISIKDEBIIEIÏËB Nous avons, cette semaine encore, de tristes nouvelles à enregistrer,
deux morts qui ont causé une pénible impression dans le monde des
théâtres.
Cette institution, qui mérite, à tous les titres, un sérieux encourage- Canaple, coryphée du chant à l'Opéra, a été frappé d'apoplexie à la gare
ment de l'État, a également distribué ses prix la semaine dernière. On sait Saint-Lazare, au moment où il montait en wagon pour se rendre chez lui,
que l'Ecole de musique religieuse, fondée par M. L. Niedermeyer, est au- à Neuilly. Canaple était un excellent musicien, qu'on remplacera difficile-
jourd'hui continuée par son fils, avec le concours de MM. Dietsch, pour le ment dans le modeste emploi qu'ilhonorait depuis de longues années. Il avait
contre-point, la fugue, la composition et l'instrumentation ; de MM. Saint- commencé par les premiers rôles. Lauréat du Conservatoire, il avait débute
Saens et Allaire pour le piano, de M. Clément Loret pour l'orgue, de d'abord à l'Opéra-Comique, puis avait été appelé à Bruxelles pour y rempla-
M. Gigout pour l'harmonium, le plain-chant et le solfège; de M. l'abbé figuré brillamment
cer Chollet. Et c'est après avoir, pendant trois ans, assez
Laurier enfin.pour l'instruction religieuse et en qualité d'aumônier. Toutes au théâtre de la Monnaie qu'il était revenu à Paris et s'était fixé à l'Opéra-
LE MÉNESTREL 289
C'est, en quelques mois, le second artiste que l'apoplexie enlève à ce pour les débuts de la nouvelle basse, avec la continuation des débuts de
M11'Girard. ' '
théâtre.
Bardou aîné, l'ancien pensionnaire du Vaudeville, vient de mourir à La cantate qui sera exécutée, le 15 août, à l'Opéra-Comique, est de
Neuilly, âgé de soixante ans. D'abord clerc d'avoué dans l'étude d'un de M. Edouard Bouscatel pour les paroles, et de M. Lefébure-Wély pour la
frères, à Montpellier, il s'était essayé dans les théâtres de société musique. C'est Zampa qui fera les frais de la représentation du 15 août.
ses
comique en C'est donc au public populaire que Montaubry f.ra ses adieux, car il part
de cette ville. Tour à tour tragédien , choriste, premier
réputation le lendemain en congé.
diverses villes de province, il vint à Paris en 1829, et se fit une
les scènes de genre par son jeu plein de rondeur et de franchise. On se L'administration a eu le bon esprit de faire coïncider le départ de Mon-
sur
souvient de lui dans Passé minuit, où il partageait le succès d'Arnal. taubry avec la rentrée de Léon Achard. Les représentations de la Dame
Relatons les deux accidents de Mlle Marie Sax et de Mlle Mourawief, bien Blanche et à'Haydée vont aussitôt recommencer.
qu'ils n'aient eu, grâce à Dieu ! aucune suite grave. — Lundi dernier, L'engagement de M"0 Patti est enfin signé. La diva a fait apparition à
MUe Mourawief se donna une légère entorse
pendant le premier acte de
dan- Paris. Ainsi que nous l'avions dit plus d'une fois, la question de chiffres
Giselle. Malgré de vives douleurs, la courageuse artiste continua de devait être et a été résolue, à l'amiable : l'intérêt des parties l'exigeait. C'est
mais, à peine rentrée dans sa loge, elle s'évanouit. Ignorant cet acci-
ser; pour les mois de novembre, décembre, janvier et une partie d'avril que
dent, le public commençait à murmurer de la longueur de
l'entr'acte,
l'engagement est fait. Nous aurons de M1' 0 Patti quinze représentations, et
quand le danseur Rémond vint lui apprendre ce qui s'était passé, en ré-
une soirée à bénéfice; le théâtre de Madrid en aura autant.—Mais à quelles
clamant l'indulgence du public pour la jeune artiste. Elle n'en avait pas conditions ! 3,000 francs par soirée, sans compter les deux représentations
besoin, car elle a dansé le deuxième acte mieux que jamais, et plus que à bénéfice ! Et il faut s'estimer encore trop heureux que la diva tienne à
jamais aussi on l'a applaudie. honneur de reparaître à Paris, car d'autres théâtres offraient jusqu'à
C'est jeudi de l'autre semaine, en descendant de chez elle pour se 5,000 francs! En vérité, cela tourne à la démence! Nous devenons trop
rendre aux obsèques d'Emma Livry, que Mlle Marie Sax a fait une chute. Américains en fait de spectacle. Ne finira-t-on pas par trouver un moyen
contusions étaient assez graves pour qu'on n'ait pu donner le lendemain
Les d'arrêter ces surenchères théâtrales ? Il y a trente ans, on s'indignait que
les Vêpres Siciliennes, ainsi que l'affiche l'avait annoncé. Mais quelques
les chanteurs eussent des appointements de ministre. Si seulement on
jours de repos ont suffi, et Mlle Sax a pu reparaître cette semaine. pouvait les ramener maintenant à des prétentions aussi modestes !
Puisque nous en sommes aux accidents, disons encore que MUe Augus- Le chef d'orchestre de la nouvelle troupe sera M. Caslagniari, artiste
tine Brohan, mal remise de sa terrible commotion de Montretout, est habile et prédécesseur de M. Bonetti dans ces fonctions au Théâtre-Italien.
partie mercredi pour les eaux de Kinsigen, en Bavière. Elle était depuis Le maestro Alaryrentrera également,en qualité de maître du chant.
rentrée au théâtre, et je laisse à penser avec quelle explosion de sympa-
thie on l'avait saluée. Mais les médecins ont jugé qu'un mois de repos était Voici ce qu'il y a jusqu'à présent d'officiellement arrêté pour la troupe
encore nécessaire. italienne :
La charmante Mlle Fix s'éloignerait aussi du Théâtre-Français, mais pour Prime donne. — Mmes de La Grange, Borghi-Mamo, de Méric-Lablache,
n'y plus rentrer, dit-on : un mariage magnifique l'enlèverait à son art. Il M11- Patti.
n'y a rien là que de vraisemblable,mais ce n'est pas la première fois que ce Ténors. — Frascbini, Baragli, Nicolini. (On reconnaîtra, sous ce nom
bruit est mis en circulation : nous attendrons quelques jours pour nous italien, le jeune ténor Nicolas, premier prix du Conservatoire, qui fit, il y
affliger à bon escient. — Il faudrait se réjouir et s'affliger tout ensemble a quelques années, de si brillants débuts à l'Opéra-Comique dans les
de cet autre bruit, non moins sujet à caution que le précédent, suivant Mousquetaires de la Reine et dans l'Éclair. Il s'est fait une réputation eu
lequel Mme Judith, sociétaire du Théâtre-Français, faisant valoir ses droits Italie.)
à la retraite, abandonnerait la carrière dramatique pour la carrière des Barytons. — Delle-Sedie, Irfré et Guicciardi.
lettres. Basse bouffe. — Scalese.
Les petits coups d'État se succèdent à I'OPÊRA : la démission de M. Mar- Première basse sérieuse.—Bouché. (Encore un Français; il a appartenu
tin, secrétaire général, aura suivi de près celle de M. Dietsch. Par déci- à l'Opéra, et a créé la Perle du Brésil au Théâtre Lyrique.)
sion ministérielle en date de lundi dernier, M. Guillet lui succède en ses Il y a encore des négociations avec d'autres artistes di primo cartello.
attributions, avec le titre d'administrateur général. Tous ceux qui ont Nous attendrons, pour en parler, qu'il y ait quelque chose de sérieux.
éprouvé la droiture de caractère et la courtoisie de M. Martin verront sa
Il est question, entre autres, de M 110 Lombia, jeune contralto, qui sort
retraite "avec regret.
du Conservatoire avec un second prix d'opéra; mais nous croyons qu'il n'en
Pour le moment, rien de nouveau... que les nouvelles, à l'Opéra comme
faut encore rien affirmer, non plus que de l'engagement du ténor Soustelle,
àl'Opéra-Comique. Il est maintenant certain que MlIe Titiens viendra nous
premier prix d'opéra, et de la basse Vidal, second prix, à l'Opéra. Mais
donner plusieurs représentations des Huguenots vers la fin de ce mois.
celui de MUe Ébrard, premier prix d'opéra comique, au Théâtre Lyrique,
M. Perrin s'est entendu sur tous les points avec le mandataire de la
cantatrice et le Théâtre de Sa Majesté. On assure que Meyerbeer viendra
est officiel et définitif; et nous pouvons affirmer absolument que le Théâtre-
Français doit s'attacher, en qualité d'élève et pour les petits rôles, le
assister aux débuts de Mlle Titiens, et que la partition de l'Africaine est au
bout... Voilà un début qui ne peut manquer d'exciter la curiosité.
jeune Seveste, premier prix de comédie. Seveste, qui n'a que dix-sept
Les répétitions de la reprise du charmant opéra-ballet le Dieu et la ans, et qui aurait bien préféré, nous assure-t-on, n'avoir qu'un second prix
Bayadère vont commencer. Warot chantera le rôle de Brahma, et c'est la pour rester un an de plus à l'École, est fils de celui des deux frères Seveste
jeune Laure Fonta qui fera Zoloé la bayadère.
qui fut directejr du Théâtre-Français, et non de l'ancien directeur du
Théâtre Lyrique, ainsi qu'on l'a dit.
Ce n'est plus dans le grand ballet de Don Juan que Mlle Amina Boschetti
doit débuter à l'Opéra. Don Juan ne sera que sa deuxième création. Le
Le VAUDEVILLE a repris, jeudi, les Faux Bonshommes, qui ont réussi
même trio d'auteurs, de qui l'on attend le Don Juan chorégraphique, trio aussi vivement que dans leur nouveauté. Félix et le bon Chaumont gar-
composé, comme on sait, de M. de Saint-Georges, du chorégraphe Rota, du dent les rôles qu'ils ont créés ; Parade remplace Delannoy dans le rôle de
maestro Giorza (ces deux derniers viennent d'arriver à Paris), s'est mis à Piponnet, et, suivant nous, avec avantage; Ariste continuait ses débuts
l'oeuvre et confectionne un autre ballet important, moins long à mettre en dans celui d'Octave, et il y a fort réussi ; le reste de l'interprétation va
scène, en trois ou quatre tableaux seulement, qui devra être livré au pu-
pour le mieux, et je pense que cette reprise fera un bon été à M. de Beau-
blic vers la fin de septembre ou au commencement d'octobre. fort.
Ce sont les vastes proportions du Don Juan projeté qui ont causé ce Faut-il prendre au sérieux le bruit qu'on a fait courir que le Vaudeville
retard. Ce vaste poëme chorégraphique, tiré de Byron, eût demandé mettrait à l'étude les Ressources de Quinola, la fameuse comédie de Balzac?
quatre ou cinq mois d'études, avec les habitudes de soins minutieux Rien de plus littéraire qu'un tel projet, mais rien de plus scabreux aussi;
et de sage lenteur qui sont propres à notre première scène. Et comme,
on n'a pas oublié quelle chute éclatante l'oeuvre de Ba'.zac eut à l'Odéon
d'autre part, la Boschetti n'est plus à nous à partir du 1er mars 1864, on a
en 1842.
jugé qu'il fallait, sans perdre de temps, mettre son talent en valeur. M. Hippolyte Cogniard vient de s'adjoindre notre spirituel confrère,
M. Jules Noriac, en qualité d'administrateur général du théâtre des VA-
L OPÉBA-COMIQOE
nous promet définitivement la première représentation RIÉTÉS. Il faut les en féliciter l'un-et l'autre. M. Noriac est entré en fonc-
s Arriour$ du Diable pour lundi. Aussitôt après, on fera passer le Caïd, tions le 1er août.
29D) LE MÉNESTREL
L'AMBIGU a donné enfin son drame historique à grand spectacle, la Sor- sentations à demi-prix, et'qui ira ainsi jusqu'en septembre, époque:deIa;
cière ou les États de Blois. L'impression qui reste après avoir vu ce grand' tournée en province.
spectacle, — l'affiche aie droit, en effet, d'employer ces mots,.—c'est une C'est un rude jouteur que M. Mapleson, et il l'a prouvé cette année, car
sorte d'accablement qui résulte de l'entassement exagéré des matières et des bien que Faust ait puissamment aidé à le relever, c!est surtout à son.éner-
éléments divers d'intérêt. Il y a dans ce drame deux drames qui peuvent gie, à l'activité qu'il a su communiquer à ses artistes que Majesty-Theatre
être complets l'un sans l'autre : celui de la Sorcière, et celui des États de doit la vie, et peut-être, qui sait? un avenir inquiétant pour son trop heu-
Blois de 1588. Après l'assassinat du duc de Guise, qui termine logique- reux rival. Une femme d'ailleurs a été l'âme de cette entreprise, femme
ment l'un, on a ajouté deux tableaux pour donner un dénoûment à l'au- vaillante par le coeur, d'une volonté et d'un entrain infatigables et prêté à
1
tre; et il faut avouer que c'est au drame historique qu'on s'intéressait le tout sacrifier, jusqu'à sa fortune, pour son directeur. Cette femme c'est
plus, malgré tout le talent de la sorcière, Mme Marie Laurent, à qui Mme Titiens.
MM. A. Bourgeois et J. Barbier ont fait un de ces rôles de mère où elle a Quant à son talent, à ses qualités artistiques, hautement appréciées en
des effets irrésistibles. Rouvière a composé la figure de Henri III avec Angleterre, vous en jugerez bientôt vous-mêmes. Mme Titiens est engagée,
l'originalité artistique qui l'inspire si bien une fois sur trois. Brindeau l'hiver prochain, pour quatre représentations d'essai au Grand'Opéra,àParis.
est le plus élégant et le plus brillant Balafré, et Castellano le plus coquet Et maintenant, cher Ménestrel, pour prendre congé de vous, je voudrais
spadassin gascon que l'on puisse voir. bien, moi aussi, trouver ma note de la fin.. — Au revoir! — A l'année'pro-
Nous parlions de la prodigalité des deux dramaturges : M. de Chilly n'a chaine! c'est bien banal, et puis, qui peut compter sur l'avenir? Si 'je vous
pas voulu être en reste : il a fait des frais de mise en scène incroyables et chantais le God save the Queen? Ma foi, puisque sans jamais siffler l'ar-
presque imprudents pour la saison : la vision du meurtre du duc de Guise, tiste, vous avez écouté sa cavatine jusqu'au bout, j'attaque avec enthou-
d'après le célèbre tableau de Delacroix, et l'inondation du dernier tableau siasme la cadence rossinienne : Félicita! — Félicita! — Fe-li-ci-tà!
sont deux fort belles choses. DE RETZ.
Le vent est plus que jamais aux féeries, et les fantômes eux-mêmes n'y
auront fait qu'une faible diversion. Pendant que les Pilules du Diable soutien-
nent leurs recettes, et que M. Marc Fournier se prépare à en fêter la millième NOUVELLES DIVERSES
représentation, — solennité des plus littéraires assurément, — la GAITÉ
met la dernière main aux études de Peau d'Ane, qui doit passer mardi,
ÉTRANGER
et le THÉÂTRE DU CHATELET presse les répétitions d'Aladin. Ajoutons à ce
grand trio de féeries les Voyages de la Vérité, aux VARIÉTÉS, les Diables Il Trovatore annonce que la Juive d'Halévy (l'Ebrea), sera prochainement
représentée au théâtre San-Carlo de Naples ; le Faust, de Gounod, est promis
roses, au PALAIS-ROYAL, et, soit dit sans leur faire tort, les Amours du en automne à la Pergola de Florence, avec M1Ie Leonilda Boschetti, pour Mar-
Diable, où la musique en vacances s'apprête à faire l'école buissonnière à guerite. On dit aussi que Parme veut le Faust, ainsi que Gênes et Turin, Dans!
travers le pays du merveilleux. cette dernière ville, on va donner la traduction du Caïd, d'Ambroise Thomas,
GUSTAVE BERTRAND.
ouvrage déjà représenté, en français au théâtre d'Angennes. Enfin, Lalla-Rouhh,
de Félicien David, serait monté à Santa-Radegonda pendant la saison d'hiver.
surtout signaler la présence de la célèbre Jenny Lynd, car on nous fait espérer — Mme Marie Petipa, remise de la longue indisposition qui l'a tenue éloignée
cette célèbre cantatrice se fera entendre dans quelque concert de bienfai- du théâtre pendant plusieurs mois, quitte Paris, demain lundi, pour se rendre
que
sance. à Vienne où elle est attendue. Saint-Pétersbourg reprendra ensuite sa danseuse
de prédilection pour la céder à Berlin, qui la redemande l'hiver prochain. Seul,.
Un petit opéra en un acte et à deux personnages de M. J. Rosenhain, vient Paris serait privé de revoir cette piquante et gracieuse sylphide cet hiver. Fort
—
d'être joué à Bade, avec le plus grand succès. Volage et Jaloux, de T. Sauvage, heureusement, on sait qu'à défaut du grand Opéra, la salle Favart avait projeté
est le titre de cet ouvrage. Il a été chanté en perfection par Mme Faure- un opéra-ballet, poëme de M. de Saint-Georges, dans lequel Mme Marie Petipa
Lefeb.vre et Fromant. Cet opéra se compose d'une ouverture, de deux duos devait nous être rendue. Tout espoir de la revoir prochainement n'est donc
dontl'un est bouffe, de deux romances de ténor, d'une tyrolienne et d'un air point perdu.
de soprano qui a valu à Mmc Faure-Lefebvre une véritable ovation. Tous ces
-morceaux ont été vivement appréciés et font le plus grand honneur à M. Ro- — Le ténor Dulaurens quittera l'Opéra au 1" septembre prochain, bien que
senhain. son engagement ne finisse qu'en novembre; mais M. Delestange, directeur du
théâtre de Lyon, à qui l'Opéra vient de prendre son chef d'orchestre, M. Georges
Après une série de concerts-spectacles dans les villes thermales d'Alle- Hainl, a obtenu à l'amiable le droit d'enlever à l'Opéra, deux mois plus tôt le
—
magne, Levassor et son joyeux répertoire se dirigent vers les Pyrénées. C'est le ténor qui doit paraître, cette année, à la tête de la troupe lyonnaise.
plus intrépide et le plus heureux voyageur du genre. Les 'têtes-couronnées
s'empressent à son appel. A Bade, à Ems, à Wiesbadencomme à Kinsingen, Le-
— Les siffleurs de nos théâtres ont leur histoire en province. Bordeaux porte
vassor ne comptait jamais moins de dix princes, souverains ..ou-souveraines, l'im- en ce moment le deuil du roi de ses siffleurs, dilettante distingué et fort appré-
pératrice d'Autriche en tête, à chacune de ses séances, qui étaient de véritables ciateur du véritable talent. M. X. laisse après lui, nous écrit-on, jusqu'à trois
soirées de gala. sifflets à jamais mémorables dans la Gironde : le premier, en buis simple, se
trouvait exclusivement destiné aux chanteurs indignes de paraître sur une scène
Samedi dernier a eu lieu à Bruxelles l'audition'des cantates mises en mu-
— quelconque; le second, en ivoire, s'adressait de préférence aux artistes de quel-
sique pour le grand concours de composition. Il y avait quatre concurrents.,Le
que valeur, mais insuffisants pour la scène bordelaise; le troisième enfin, d'ar-
jury a décerné,le premier prix à M. Dupont ( frère du pianiste-compositeur de gent ciselé, brillait à la boutonnière de l'honnête défunt, comme la bannière
ce nom), et le second prix à M. Hùberti, tous deux élèves du Conservatoire de consécrative de son droit en entrant au théâtre. Les honneurs de ce troisième
Bruxelles. M. Gheluwe, élève du Conservatoire de Gand, a obtenu une mention sifflet n'étaient rendus qu'aux artistes démérite dans leurs moments de défail-
honorable. lance. Ce juge suprême n'est plus, mais il paraît que ses traditions ne sont mal-
lit dans les journaux belges que le mardi 21 juillet, à la suite du heureusement point perdues à Bordeaux, car nos correspondances'nous annon-
— On cent que jamais encore les sifflets n'avaient sévi aux débuts avec autant
Te Beum, à l'occasion de l'anniversaire du Roi, Mgr le duc de Brabant a reçu,
d'intensité. Privé du droit de protester à la première et à la deuxième soirée,
en audience particulière, au palais de Bruxelles, M. X. Van Elewyck, de Lou- mais libre d'exprimer son opinion à la troisième et dernière épreuve,le parterre
'Vâih, qui a eu l'honneur de remettre à S. A. R., un exemplaire, richement
relié, des oeuvres du célèbre compositeur belge, Matthias Van den Gheyn, dont bordelais se serait amplement dédommagé de la contrainte qui lui avait été
notre savant musicologue a fait la précieuse découverte dans différentes collec- temporairement imposée. Il aurait sifflé sur toute la ligne et durant toute la
tions particulières du pays, et dont MSI. Schott frères, viennent de publier une soirée. Quand donc la raison et la civilisation l'emporteront-elles sur cette ridi-
nouvelle édition. S. A. R. a examiné, avec le plus vif intérêt, la publication cule et barbare coutume?
dont les manuscrits ont été donnés par M. Van.Elewyck, à la maison Schott. Le
— A propos des derniers
sifflets de Bordeaux, Rossini racontait l'autre soir,
prince n'a pas hésité à qualifier l'édition du titre de magnifique et il a reconnu qu'en Italie, cette manie porte certains siffleurs jusqu'au paroxysme de la
que bien peu d'oeuvres ont été imprimées en Belgique avec cette exactitude fureur; qu'ainsi, ayant eu le malheur d'écrire une partie de tambour dans
et Cette irréprochable correction. M. Van Elewyck .s'est empressé d'attribuer à l'ouverture de la Gazza Ladra, un sévère disciple du non moins sévère Rolla
M. F. Kufferath, une bonne part dans la révision des épreuves et a signalé les
proféra en plein théâtre, le soir de la première représentation, jusqu'à des
mérites de ce professeur distingué.En résumé, l'accueil exceptionnel que M. Van
paroles de mort contre le pacifique introducteur du tambour dans les orchestres
Elewyck a reçu de Mgr le duc de Brabant, témoigne de la sollicitude de la
d'Italie. « Si je ne le tue pas, s'écriait ce forcené, il nous fera mourir avec son
famille royale de Belgique pour la propagation de l'art musical.
» tapage! Après le tambour ce sera le canon. H faut absolument en finir avec
tout un article des plusélogieux au Te » ces musiciens-là! » On eût mille peines à calmer ce furieux, et Rossini.dut
— Le Guide musical belge consacre lui demander un entretien pour lui expliquer la présence du tambour qui lui
Deum-Ae. M. Pierre Benoît, exécuté la semaine dernière, en l'église de Sainte-
Gudule,à Bruxelles. Il paraîtrait que cette grande composition a obtenu le meil- semblait être autorisé par le lieu et la scène. « Peu importe, c'est une infamie!
leur accueil, tant à la solennité même qu'à la répétition "générale, honorée de » s'écriait de nouveau l'irrascible disciple de Rolla, et je ne vous le pardonnerai
la présence et des applaudissements de M. Fétis. C'est avec l'assistance et sous » de ma vie.— Pourtant, répliqua gravement le cygne de Pesaro, si je vous
le patronage du gouvernement belge que M. Pierre Benoît est mis à même de » donnais ma parole de ne jamais plus employer le tambour dans mes partitions?
se faire connaîtreàses compatriotes comme compositeur. Après Bruxelles, Gand, » — C'est différent, lui répondit le siffleur désarmé en lui tendant la main. » Et
Anvers, Liège, puis la Hollande, seront conviées à entendreHes oeuvres or-» Rossini a tenu parole, mais d'autres se sont chargés, en Italie comme en Alle-
chestrales et vocales de ce compositeur, qui espère ensuite nous revenir à Paris magne et en France, de venger le tambour de la Gazza Ladra.
et s'y faire connaître définitivement.
— Les concours du Conservatoire ont fixé, cette année, l'attention générale
— On lit dans le Morning-Star : Le théâtre royal de Jersey a été détruit par de la presse. On sent chaque jour davantage l'importance de cette grande insti-
le feu dans la nuit de vendredi à samedi. Tout ce qu'il contenait à été brûlé. tution musicale et dramatique; diverses réformes et améliorations sont indiquées
Le théâtre n'était assuré que pour une faible somme. L'origine de l'incendie avec plus ou moins de raison et d'autorité. Nous citerons au nombre des docu-
est jusqu'à présent inconnue. ments intéressants à lire, sous ce dernier rapport, l'article de M. Révillon, in-
séré dans la Discussion, journal international, politique et littéraire, publié à
Bruxelles. Cet article renferme de judicieuses observations.
PARIS ET DÉPARTEMENTS
— M1,e Gaycard, élève de Mme Coche, la toute jeune et jolie personne qui a
Roger; de retour de ses .pérégrinations en Suisse et aux Pyrénées, vient partagé lesecônd; prix de piano avec Ml'es Jungk et de Biéville, est fille du sta-
de sïnstaller dans l'avenue Frochot,. au sein àe la cité artistique, fondéelpar tuaire Gayrard, enlevé si prématurément à son art, et petite-fille du doyen
Isafcey, Vïâal, Routibonne, Philippe Rousseau, Henri Scheffer, Victor Massé et
des éditeurs de musique Pariai. M''e Gayrard alu comme une musicienne et joué
tant d'autres dont les noms échappent à notre souvenir. On assure que Roger en artiste qu'elle est déjà.
va se livrer au professorat et ouvrir des cours de chant lyrique dans sa nouvelle Cherbourg, compositeur déjà couronné aux
résidence de l'avenue Frochot. C'est là une bonne nouvelle que nous nous em- — C'est M. José Barrière, de
concours de Paris, Bordeaux, Angoulême et Caen, qui vient d'obtenir la mé-
pressons de transmettre aux jeunes artistes qui veulent faire une étude sérieuse daille en or (premier prix), au concours de composition musicale de la Société
de leur art. Impériale des Arts et des Sciences de Valenciennes. A ce propos, l'Union chorate
Naudin, Délle-Sedie et M11" Marie Battu, de retour de Londres,, se sont fait "remarquer combien tous ces concours révèlent de vrais musiciens, de vrais
— MM. compositeurs, non-seulement à Paris, mais aussi dans nos départements. En
aussitôt dirigés sur Bade où M. Benazet va ouvrir sa saison italienne. Désormais,
les artistes-voyageurs de effet, MM. Bouleau-Neldy, de Saumur, José Barrière, de Cherbourg, ainsi que
nos théâtres italiens auront une grande étape d'été, M. Charles Alwens, de Chaumont, ont su prouver par leurs succès, dans nos
celle de Bade qui manquait à leur fortune ! Cet accroissement de revenus les
rendra-t-il plus traitables en automne, en hiver et au printemps ? Le contraire concours de ces cinq dernières années, que leur place réelle est indiquée à
est à craindre : M. Benazet fait trop bien les choses pour inspirer le goût des Paris. Mais n'est-il pas préférable de voir ces excellents musiciens inspirer et
modestes émargements. propager le goût de la bonne musique en province ? Sous ce rapport, combien
nos départements doivent aussi de remercîments à l'École de musique reli-
— Mlle Adelina Patti dont les journaux anglais annoncent la prochaine rési- gieuse, fondée par L. Niedermeyer? Chaque année, cette école envoie dans nos
dence en Suisse,
a traversé Paris cette semaine pour se rendre à Ostende et y départements des organistes dignes de ce nom, de vrais musiciens qui ont fait
prendre les?baîns de'met, d'après 'Ordonnance de la Faculté. Elle se rendra en- une étude approfondie de leur art, et en propagent les saines doctrines. Ces or-
suite à Hambourg où l'appelle son premier engagement d'automne. ganistes sont aussi des compositeurs et préparent pacifiquement, en France, la
décentralisation musicale qui a produit, en Allemagne et en Italie, de si re-
— Les journaux allemands et français annoncent la mort, à Vienne, de la marquables résultats.
oigne mère de M. L. Lacombe, le virtuose-compositeur, aussi estimé en
Allemagne qu'en France. M. Louis Lacombe, retenu 4,Paris élèves'de l'ÉcolevMedermeyer qui popularisent l'art mu-
.par l'état de santé — Au nombre.des
de Mme L. Lacombe, la douleur de pouvoir rendre à Vienne, sical dans nos départements, nous citerons M. Alfred Yung, de Bar-le-Duc, au
a eu ne se
"ou les dernières dépêches ne pouvaient d'ailleurs lui laisser prévoir un, double titre d'organiste distingué et d'habile compositeur de musique de salon,
inalheur aussi prochain. Les ainsi qu'en témoignent ses récentes productions pour le chant et pour le piano.
marques de la plus vive sympathie lui ont été
i^es. Bar ses amis,, jaloux de luijprouver encetta douloureuse circonstance On ne saurait trop •encourager les artistes démérite, qui se dévouent â la pro-
toute leur estime
pour son talent élevé et l'honorabilité de son caractère. vince.
292 LE MÉNESTREL
PERGOLÈSE
"*•— Le Casino de Saint-Malô vient de rouvrir ses'portes à la musique. Le vio- ET FLOQUET
loniste Sarasate a eu les honneurs de cette réouverture par ses Souvenirs de
Faust, grande fantaisie de concert dans laquelle son archet prouve non-seule- Lorsque Pergolëse mourut en 1735, on attribua sa mort à un empoisonnement
ment la virtuosité, mais aussi, ce qui est infiniment plus rare, un virtuose qui et, pendant longtemps, cette erreur fut répandue en Italie. Loin de là! Sa mort
devient réellement compositeur. Or, on sait qu'il y a tout à faire, c'est-à-dire toute naturelle fut le résultat d'une pulmonie dont cet homme célèbre était
tout à refaire dans le domaine du soliste moderne. S'inspirer de bonne musique, attaqué, et c'est lorsque la maladie avait atteint son dernier degré que voulant
achever son Salve Regina et se sentant très-faible, il demanda à son domestique
lui donner la forme, qui, sans avilir la pensée première, vient cependantservir une tasse de chocolat. Celui-ci la lui refusa d'abord; mais il dut enfin céder aus
l'instrument appelé à la traduire, voilà des qualités, chaque jour plus introu- instances et aux ordres de son maître. Pergolèse, après l'avoir bue, se sentitphis
vables chez nos virtuoses. Que M. Sarasate entre résolument dans cette voie, fort et termina son hymne; mais une heure après, une violente hémorrnagie
et il aura bien mérité de la musique qui ne veut plus être sacrifiée à d'inter- l'étouffa. On soupçonna le domestique : de là vint l'erreur sur les causes de sa
minables et ridicules tours de force. mort, erreur qui se propagea et dont le temps seul à fait justice.
A l'époque de cet événement, Floquet, musicien, qui fit jouer avec le plus
grand succès, en 1775, l'opéra de l'Union de l'amour et des arts, enflé par les
— Les eaux d'Enghien qui ont repris cet été toute leur ancienne splendeur, louanges, jusqu'à en perdre la raison, se figura qu'il avait à craindre le sort de
appellent à elles les concerts et les bals pour distraire leurs nombreux buveurs Pergolèse. Se trouvant un jour à dîner chez la marquise de Montalembertavec
et baigneurs. Les deux derniers samedis ont été signalés dans l'établissement Marmoi.tel, celui-ci, .après lui avoir donné quelques louanges, l'encouragea
d'Enghien par un grand bal et un concert avec intermède desIVbces de Jeannette, à poursuivre sa carrière.
jouées par Mm 0 de Hennzel (Augusta Colas) et le baryton du Ti-let, qui a aussi «Ah! monsieur, dit Floquet, j'ai tout lieu de craindre qu'elle ne soit pas
longue!
chanté l'oeuvre posthume de Méhul : les Adieux du Pèlerin. Le violonisteWhite Vous êtes jeune et paraissez jouir d'une bonne santé.
et le pianiste Klemcynski ont fait les honneurs de la partie instrumentale. — Eh! pourquoi?mais
— Cela est vrai : vous n'ignorez pas que Pergolèse a été empoisonnné
par des ennemis jaloux.
La fête du 15 août se prépare sur toute la ligne. Les théâtres en plein air — Quoi, c'est là votre crainte? Rassurez-vous, monsieur. Le pape Ganganelli
— Clément XIV, vient aussi d'être empoisonné ; mais le vicaire de Saint-Sulpicé
vont s'ouvrir, ceux de Paris composent leurs représentations gratis. Les illumi-
nations des Champs-Elysées et du Parc Monceaux seront, dit-on, plus éblouis- ne tremble pas pour cela; il vit dans une tranquillité parfaite, et je vous invite
à en faire autant. » (Entr'acte.)
santes que jamais cette année. Bref, tout l'éclat possible sera donné à la pro- A. DUPLESSIS.
chaine fête du 15 août. Aussi les étrangers arrivent-ils déjà en grand nombre
à Paris. L'idée du bal public annoncé, salle du Palais de l'Industrie, a dû être Conditions d'abonnement au MÉNESTREL
abandonnée, l'essai d'un éclairage électrique n'ayant pas réussi.