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Droit des obligations II

QUASI-CONTRATS – RESPONSABILITÉ CIVILE – RÉGIME GÉNÉRAL DES


OBLIGATIONS (SUITE)
Les obligations d’origine légale

 Pour rappel, le contrat, acte juridique, est une source d’obligations. Il


s’agit d’une manifestation de volonté qui crée des obligations: le débiteur
tout comme le créancier, a donné son consentement à se voir lié.
 Parallèlement à cette source conventionnelle, se trouvent des faits
juridiques qui créent également des obligations, sans que celles-ci ne
soient voulues par le débiteur. Celui-ci se trouve ainsi lié, non parce qu’il a
exprimé sa volonté, mais parce que la loi le lui impose. On parle alors
d’obligations d’origine légale.
 Les quasi-contrats (titre 1) et la responsabilité civile (titre 2), en sont les
composantes.

5/1/2019
Les obligations d’origine légale

 Après l’étude des obligations d’origine légale, nous nous intéresserons


dans un seconde partie au régime général des obligations. Il sera plus
spécifiquement question des obligations soumises à terme, à condition ou
encore plurales (titre 1) et de l’extinction de l’obligation (titre 2).

5/1/2019
Les quasi-contrats

5/1/2019
Les quasi-contrats

 La notion de « quasi-contrat » comporte le terme « quasi » signifiant


« presque » et le mot « contrat ».
 Le quasi-contrat est défini par l’article 1371 du Code civil comme étant un
« [fait] purement [volontaire] de l’homme, dont il résulte un engagement
quelconque envers un tiers, et quelquefois un engagement réciproque
des deux parties ».
 Il s’agit donc d’un fait juridique, c’est-à-dire un évènement duquel la loi
rattache des effets juridiques. Cet évènement est intentionnel, l’article
1371 utilise le terme « volontaire ». L’effet juridique rattaché par la loi
résulte de l’ « engagement » dont fait part l’article 1371.

5/1/2019
Les quasi-contrats

 Le quasi-contrat suppose qu’il y a absence de contrat, d’accord de


volontés, entre les parties. C’est la situation dans laquelle un individu, de
son plein gré, procure à autrui un avantage, lui rend par exemple un
service ou transfère dans son patrimoine une somme d’argent, en dehors
de tout lien contractuel. Le droit a alors imaginé un, ou plutôt des
mécanismes permettant à celui qui a tiré un avantage de la situation, de
restituer, d’indemniser ou de rembourser l’auteur du fait comme s’il y avait
un contrat entre eux.

5/1/2019
Les quasi-contrats

 Contrairement au délit, le fait dont il s’agit ne cause pas un dommage à


autrui, mais crée plutôt un avantage en sa faveur. De plus, il s’agit d’un
fait licite et intentionnel.
 Le quasi-contrat se distingue également du contrat car il n’ y a aucun
accord de volonté entre celui qui procure l’avantage et celui qui en
profite. Les obligations qui leur seront imposées le sont non pas parce qu’ils
y ont consenti, mais parce que la loi l’a jugé nécessaire.

5/1/2019
Les quasi-contrats

 Ainsi, lorsque, par exemple, votre voisin s’absente pendant plusieurs mois
et que vous réparez, par crainte des cambrioleurs, son mur qui menace de
s’effondrer ou sa porte qui ne ferme plus, vous agissez de manière
purement volontaire, en dehors de tout contrat avec votre voisin qui tire
un avantage direct de cette situation. Vous êtes dans le cadre d’un quasi-
contrat. La loi va, bien qu’il n’existe pas un contrat entre vous, imaginer un
mécanisme afin de vous permettre d’être remboursé pour les frais
occasionnés par la réparation du mur ou de la porte.

5/1/2019
Les quasi-contrats

 Ce mécanisme est, dans le cadre de notre exemple, celui de la gestion


d’affaires.
 Il existe deux catégories de quasi-contrats, du moins traditionnellement: la
gestion d’affaires et la répétition de l’indu.

5/1/2019
Les quasi-contrats

 La famille des quasi-contrats a beaucoup évolué. Sous l’action de la


jurisprudence, d’autres catégories ont été créées, comme le mécanisme
de l’enrichissement sans cause.
 La notion est en perpétuel mouvement à la faveur de l’évolution des
relations entre les hommes. Le juge, premier en prises avec la réalité
‘’sociétale’’ est alors intervenu et a découvert une toute nouvelle
catégorie de quasi-contrats qui ‘’brouille’’ les pistes tracées par le
législateur et la doctrine dans son effort de synthétisation. C’est que cette
catégorie dite celle de la « loterie publicitaire », rend de plus en plus
incertaine la frontière avec la responsabilité délictuelle.

5/1/2019
Les quasi-contrats

 Nous verrons donc dans un premier temps les quasi-contrats créés par la
loi (chapitre 1), avant de voir ceux issus de la jurisprudence (chapitre 2).

5/1/2019
Les quasi-contrats créés par la loi

5/1/2019
Les quasi-contrats créés par la loi

 Les quasi-contrats font l’objet des articles 1371 à 1381 du Code civil. Le
législateur entend, sous ce vocable, la gestion d’affaires (section 1) et la
répétition de l’indu (section 2).

5/1/2019
La gestion d’affaires

 La gestion d’affaires est régie par les articles 1372 à 1375 du Code civil.
Alors que l’article 1372 comporte des éléments de définition ainsi que des
obligations de l’auteur de la gestion, les articles 1373 et 1374 s’attachent
spécifiquement aux obligations de l’auteur de la gestion. L’article 1375
quant à lui traite des obligations de celui qui a profité de la gestion.

5/1/2019
La gestion d’affaires

 Selon l ’article 1372, « Lorsque volontairement on gère l'affaire d'autrui, soit


que le propriétaire connaisse la gestion, soit qu'il l'ignore, celui qui gère
contracte l'engagement tacite de continuer la gestion qu'il a
commencée, et de l'achever jusqu'à ce que le propriétaire soit en état d'y
pourvoir lui-même; Il doit se charger également de toutes les
dépendances de cette même affaire. Il se soumet à toutes les obligations
qui résulteraient d'un mandat exprès que lui aurait donné le propriétaire. »

5/1/2019
La gestion d’affaires

 La gestion d’affaires est courante dans les relations de famille et de


voisinage.

5/1/2019
La gestion d’affaires

 Elle consiste pour quelqu’un, à s’immiscer dans les affaires d’autrui en


dehors de tout pouvoir légal, judiciaire ou conventionnel et ce, dans
l’intérêt du tiers qui ne s’y est pas opposé. Cela revient à dire qu’aucun
contrat ne lie les protagonistes, pas plus qu’une obligation imposée par la
loi ou le juge. Celui qui gère l’affaire d’autrui (on l’appelle le gérant
d’affaires) a agi non pour exécuter une obligation légale (comme c’est le
cas du pompier qui éteindrait un incendie survenu dans un quartier) ou
judiciaire ( à l’instar d’une personne tenue, en vertu d’une décision de
justice, de réparer le dommage occasionné par sa faute à la propriété de
son voisin), mais de manière volontaire, de manière spontanée.

5/1/2019
La gestion d’affaires

 Le rapprochement est alors fait avec le contrat de mandat: tout se passe


comme si le gérant d’affaires avait été chargé par le maître de l’affaire
(c’est-à-dire celui qui tire profit de la gestion; on l’appelle encore le géré)
d’agir pour son compte.
 Prenons l’exemple où en période d’hivernage, je répare le toit de mon
voisin parti en vacances et ce afin de lui épargner la perte de ses biens :
c’est l’exemple classique de la gestion d’affaires.

5/1/2019
La gestion d’affaires

 Il peut paraître curieux que le droit autorise et encadre une telle immixtion
dans les affaires d’autrui. Surtout quand l’on sait que la vison du droit des
obligations est celle selon laquelle « chacun défend ses intérêts ».
 Pourquoi encourager alors l’homme de passage qui, voyant un
cambrioleur s’enfuir d’une maison, se met spontanément à sa poursuite
ou appelle la police?
 Comme le disaient certains auteurs (Capitant, Terré, Lequette et
Chenédé, Les grands arrêts de la jurisprudence civile, Dalloz, 13e édition,
2015, page 129), « le droit reste l’art du moins mauvais compromis ».

5/1/2019
La gestion d’affaires

 Etant donné qu’une telle entraide existe de facto, le législateur va


intervenir, moins pour encourager les immixtions intempestives dans la vie
d’autrui, que pour encadrer celles-ci.
 Il s’agit en quelques sortes de récompenser les personnes bien
intentionnées en leur assurant qu’elles ne s’appauvriront pas en cherchant
à ‘’rendre service’’, mais il s’agit aussi de dissuader celles qui sont animées
d’un mauvais dessein ou qui n’entendaient pas rendre service à autrui.

5/1/2019
La gestion d’affaires

 Comment le droit fait-il la part des choses?


 En encadrant la gestion d’affaires, ce qui consiste à en fixer les conditions
sans lesquelles on ne peut parler de gestion d’affaires (paragraphe 1),
mais en en fixant aussi les effets (paragraphe 2).

5/1/2019
Les conditions de la gestion d’affaires

 Certaines conditions sont relatives au gérant et au géré, d’autres à l’acte


de gestion.
 I - Les conditions relatives au gérant et au géré
 « Lorsque volontairement on gère l'affaire d'autrui, soit que le propriétaire
connaisse la gestion, soit qu'il l'ignore […] », nous dit l’article 1372. Cela
suppose de la part du gérant (A) et du géré (B) certaines conditions.

5/1/2019
Les conditions de la gestion d’affaires

 A) Les conditions relatives au gérant


 Le gérant doit agir en toute spontanéité et être animé du désir de rendre
service à autrui. Il ne doit donc pas s’agir pour lui de l’exécution d’une
obligation légale, judiciaire ou même conventionnelle, pas plus qu’il ne
doit poursuivre à travers la réalisation de l’acte un intérêt exclusivement
personnel.

5/1/2019
Les conditions de la gestion d’affaires

 Cela n’a pas toujours été ainsi. En effet, la jurisprudence n’exigeait pas un
tel désintéressement. Ainsi, en 1872 l’on estimait qu’« Attendu que les
obligations réciproques qui peuvent naître d’un quasi-contrat de gestion
d’affaires naissent du fait même de la gestion et de la loi et non de
l’intention des parties; qu’il importe peu que celui qui a fait l’acte de
gestion ait entendu agir à la fois dans son intérêt personnel et dans
l’intérêt d’un tiers, si en réalité ce tiers était intéressé et en a profité (Req.
18 juin 1872).
 En 1890, la gestion d’affaires a été reconnue pour un locataire qui a
construit sur le terrain loué qu’il croyait devoir lui appartenir. Le juge estima
qu’au titre de cette gestion d’affaires il pouvait réclamer un
remboursement au propriétaire qui en a profité.

5/1/2019
Les conditions de la gestion d’affaires

 La jurisprudence est désormais plus exigeante: le gérant d’affaires doit


être désintéressé et agir pour le compte d’autrui. La Cour de cassation
jugea en 1919 (25 juin) que l’éditeur qui a exploité des œuvres littéraires
uniquement dans l’intérêt de son commerce personnel et sans la volonté
de gérer l’affaire d’autrui ne peut invoquer l’action de gestion d’affaires
pour se faire allouer une rémunération par le tiers auquel cette
exploitation a profité.
 Dès lors, quand on est animé par son intérêt personnel ou parce qu’on se
croyait obligé par la loi ou par un contrat (civ. 28 août 1962), on ne peut
prétendre bénéficier du régime de la gestion d’affaires, même si au final
c’est un tiers qui en a profité.

5/1/2019
Les conditions de la gestion d’affaires

 Cela n’empêche toutefois pas que le gérant, en même temps qu’il gère
l’affaire d’autrui, gère également son affaire. C’est l’exemple d’un
indivisaire qui accomplit des actes dans l’intérêt de tous (Req. 20 déc.
1910).
 Il y a également gestion d’affaires quand le gérant va au-delà de son
obligation légale ou conventionnelle (com. 16 nov. 1976, civ. 8 juin 1977)
ou lorsqu’il paie sciemment la dette d’autrui « à la fois dans son intérêt et
dans celui du débiteur » (civ. 12 jan. 2012).

5/1/2019
Les conditions de la gestion d’affaires

 Néanmoins, quand il s’agit d’assistance à personne, une partie de la


jurisprudence écarte la gestion d’affaires et a recours plutôt à la notion de
convention d’assistance bénévole ( par exemple une personne qui a été
blessée en participant à l’arrestation d’un cambrioleur en fuite sur la place
publique: civ. 7 jan. 1971).
 Certaines conditions ont trait au géré.

5/1/2019
Les conditions de la gestion d’affaires

 B) Les conditions relatives au géré


 Le géré peut avoir ou non connaissance de la gestion d’affaires. Dans le
cas où il en a connaissance et qu’il garde le silence, ce silence ne saurait
équivaloir à une acceptation car dans ce cas on serait face à un contrat,
ce qui exclut la gestion d’affaires.
 Le cas le plus fréquent est celui où le géré ignore la gestion d’affaires.

5/1/2019
Les conditions de la gestion d’affaires

 La condition essentielle reste l’absence d’opposition du géré. On ne


saurait en effet rendre service à autrui contre son gré. En cas d’opposition,
même si l’acte a été utile au géré, il n’ y aura pas gestion d’affaires et le
gérant devra assumer les conséquences des actes passés. Il est vrai que la
jurisprudence considère parfois qu’il y a gestion d’affaires si l’opposition du
géré est illégitime (civ. 11 fév. 1986: un fils qui paie les échéances d’un
emprunt contracté par son père pour acheter un logement qu’il n’a pu
revendre).
 L’acte de gestion doit également remplir des conditions.

5/1/2019
Les conditions de la gestion d’affaires

 II- Les conditions relatives à l’acte de gestion d’affaires


 L’accomplissement de l’acte de gestion n’exige pas que le géré ait la
capacité juridique dans la mesure où il s’agit d’un fait juridique: il sera
engagé même s’il est mineur.
 L’acte de gestion peut être un acte matériel (qui n’est pas destiné à
produire un effet de droit); par exemple la construction d’un mur, la
réparation d’un toit ou un acte juridique (conclusion par le gérant d’un
contrat avec une entreprise afin de réparer le toit du voisin). On exclut
néanmoins l’introduction d’une action en justice et de manière générale
les actes rattachés exclusivement au géré (reconnaissance d’un enfant,
divorce etc.).

5/1/2019
Les conditions de la gestion d’affaires

 L’acte de gestion peut être un acte d’administration, c’est-à-dire une


opération de gestion normale, d’exploitation d’un bien (achat de
semences, vente de marchandises ou de récolte, réparations, paiement
de dettes entraînant des pénalités). Ce peut être un acte de disposition
(cession en bourse, vente ou échange de parcelles, hypothèque sur un
immeuble, vente d’immeuble). Sur ce plan, il faut préciser que la
jurisprudence et la doctrine ne sont pas unanimes.
 Enfin, l’acte de gestion doit être utile. Cette utilité (qualifiée par d’aucuns
d’opportunité) est appréciée au moment de la gestion.
 Une fois reconnue la gestion entraine des conséquences juridiques.

5/1/2019
Les effets de la gestion d’affaires

 La gestion d’affaires fait naître des obligations à l’égard des deux parties.
 I) Les obligations du gérant
 Le gérant doit « continuer la gestion qu’il a commencée » et ne doit
l’achever que lorsque « le propriétaire est en état d’y pourvoir lui-même ».
Il y est tenu même en cas de décès du géré, avant que « l’affaire [ne] soit
consommée », et ce, jusqu’à ce que l’héritier ait pu en prendre la
direction (article 1373).
 Il doit également se charger de toutes les dépendances de l’affaire, c’est-
à-dire tous ses accessoires.

5/1/2019
Les effets de la gestion d’affaires

 Il doit y apporter tous les soins d’un bon père de famille (article 1374).
 S’il n’a pas fait savoir aux tiers qu’il agit pour le compte du géré (on parle
alors de gestion d’affaires sans représentation), il est personnellement tenu
à leur égard. Dans le cas contraire (il s’agit de la gestion d’affaires avec
représentation), le géré est directement tenu.
 Le maître de l’affaire se voit également imposer des obligations.

5/1/2019
Les effets de la gestion d’affaires

 II) Les obligations du géré


 L’article 1375 énonce que « Le maître dont l'affaire a été bien administrée
doit remplir les engagements que le gérant a contractés en son nom,
l'indemniser de tous les engagements personnels qu'il a pris, et lui
rembourser toutes les dépenses utiles ou nécessaires qu'il a faites. »
 Il s’agit en quelque sorte de ne pas occasionner de pertes au gérant,
d’empêcher un appauvrissement.

5/1/2019
Les effets de la gestion d’affaires

 Toutefois, le géré n’est pas tenu de rémunérer le gérant pour sa gestion


d’affaires. Cela constitue une différence avec le mandat qui peut être
salarié.
 La gestion d’affaires est, dans son régime juridique, calquée sur le contrat
de mandat. Mais ce n’est pas, et il faut le retenir, un contrat.
 Autre quasi-contrat prévu par le législateur, la répétition de l’indu a
également ses règles propres.

5/1/2019
La répétition de l’indu

 L’indu désigne ce qui n’est pas dû en vertu d’une obligation civile.


 Le paiement de l’indu est quant lui, la remise volontaire par une personne
d’une chose ou d’une somme d’argent dont on se croyait par erreur
débiteur. Il ouvre à l’auteur du paiement un droit à restitution: l’action en
répétition de l’indu.
 L’action en répétition de l’indu est l’action en justice ouverte à la
personne qui a effectué un paiement alors qu’elle n’en était pas
débitrice, en vue de reprendre la somme qu’elle a versée entre les mains
de celui qui l’a reçue.

5/1/2019
La répétition de l’indu

 La personne qui a effectué le paiement est appelée solvens, tandis que


celle qui l’a reçu est appelé accipiens.
 L’action en répétition de l’indu trouve son fondement dans l’article 1235,
alinéa 1er du Code civil (traitant du paiement) qui dispose que « Tout
paiement suppose une dette: ce qui a été payé sans être dû est sujet à
répétition. ».
 Néanmoins, c’est dans le chapitre consacré aux quasi-contrats que le
paiement de l’indu est régi. Il fait l’objet des articles 1376 à 1381 du Code
civil.

5/1/2019
La répétition de l’indu

 La répétition de l’indu se distingue de l’enrichissement sans cause. En


effet, dans le cadre de l’enrichissement sans cause, l’action est dirigée
contre le véritable débiteur alors que dans la répétition de l’indu elle est
dirigée contre l’accipiens. De plus, si le paiement était volontaire (le
solvens entendait faire une libéralité), le paiement est valable et l’action
en répétition de l’indu est écartée.
 Des exemples de paiement indu: la caisse de sécurité sociale verse des
prestations non dues; l’entreprise verse des salaires non dus; la banque
paie des intérêts non dus; l’assurance dédommage la victime d’un
accident alors que la police d’assurance ne comprenait pas la prise en
charge du sinistre.

5/1/2019
La répétition de l’indu

 La répétition de l’indu, régie par les articles relatifs aux quasi-contrats est
assimilée à un quasi-contrats de prêt. Ce n’est pas un contrat dans la
mesure où l’élément fondamental de celui-ci, c’est-à-dire l’accord de
volonté, fait défaut: c’est par erreur que le solvens a transféré la propriété
de la chose, ou de la somme d’argent à l’accipiens. Celui-ci se voit
imposer dès lors une obligation par la loi : restituer ce qu'il a indûment
reçu.
 La répétition de l’indu est régie par six articles du Code civil. C’est la
jurisprudence, ainsi que la doctrine qui a apporté des précisions tant
concernant ses conditions( paragraphe 1) que s’agissant de ses
effets(paragraphe 2).

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 Certaine conditions ont trait aux condition de fond et d’autres aux


conditions d’exercice de l’action.
 I - Les conditions de fond
 Les articles 1376 et 1377 alinéa 1 comportent certaines règles relatives aux
conditions de fond de la répétition de l’indu.
 L’article 1376 dispose que « celui qui reçoit par erreur ou sciemment ce qui
ne lui est pas dû s’oblige à le restituer à celui de qui il l’a indûment reçu ».
 Aux termes de l’alinéa 1er de l’article 1377, « Lorsqu’une personne qui, par
erreur, se croyait débitrice, a acquitté une dette, elle a le droit de
répétition contre le créancier ».

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 Ces articles renvoient à des situations différentes que la doctrine a tenté


de clarifier.
 Dans la première de ces hypothèses, la dette n’existe pas et dans la
seconde, la dette existe, mais pas entre le solvens et l’accipiens.
 Prenons le premier cas:
 Quand la dette n’existe pas, on parle d’indu objectif. Il s’agit en quelque
sorte d’une « dette imaginaire ». Dans la réalité, cette hypothèse est assez
rare. Par contre il se présente des cas ou l’on paie plus qu’on ne doit
(l’excédent correspond à ce moment-là à un indu); il se peut également
que la dette ait été annulée, résolue ou caduque du fait de la réalisation
d’une condition résolutoire.

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 Il s’agit alors d’un indu objectif plus précisément d’un indu a posteriori.
C’est le cas de figure envisagé à l’article 1376 qui énonce que « Celui qui
reçoit par erreur ou sciemment ce qui ne lui est pas dû s’oblige à le
restituer à celui de qui il l’a indûment reçu ».
 Prenons le deuxième cas:
 La dette existe, mais pas entre le solvens et l’accipiens. On parle d’indu
subjectif. A ce niveau il y a deux variantes :
 1 – Le solvens est débiteur, mais pas de l’accipiens(ce qui revient à dire
que l’accipiens n’est pas créancier ).

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 Il y a paiement à autrui: le solvens, par erreur, a effectué le paiement à


quelqu’un qui n’est pas son créancier.
 Par exemple: je verse une somme d’argent à Sani en pensant qu’il s’agit
de mon créancier alors que mon véritable créancier est Ali. Je suis le
solvens et Ali l’accipiens.
 2 – L’accipiens est créancier, mais pas du solvens (ce qui revient à dire
que le solvens n’est pas débiteur alors que l’accipiens est créancier). Dans
ce cas il y a paiement de la dette d’autrui: le solvens, par erreur , s’est cru
débiteur et a effectué le paiement à l’accipiens.

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 Par exemple l’assurance indemnise la victime d’un accident commis par


son client (assuré), alors que la police d’assurance excluait la prise en
charge de ce sinistre. Le solvens (l’assurance) n’est en réalité pas débiteur,
alors que l’accipiens ( la victime de l’accident qui a reçu le paiement), est
créancier mais son véritable débiteur, c’est le responsable de
l’accident, donc l’assuré.
 Cette situation est celle prévue par l’article 1377 alinéa 1er du Code civil
aux termes duquel « Lorsqu’une personne, qui par erreur, se croyait
débitrice, a acquitté une dette, elle a le droit de répétition contre le
créancier ».

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 Précisons que: pour que le paiement soit « indu », cela présuppose que le
solvens n’a pas entendu faire une libéralité ou exécuter une obligation
naturelle à l’instar de celui qui paierait une dette prescrite (néanmoins, en
droit des procédures collectives, constitue un paiement indu le paiement
irrégulier fait à un créancier dont la créance n’a pas été régulièrement
déclarée); dans ces cas là le paiement n’est pas indu, ce qui implique
une impossibilité de restitution.
 La répétition de l’indu exige que certaines conditions de fond soient
remplies : il faut un « paiement indu » qui a été fait par erreur.

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 A – Un paiement indu
 Le paiement s’entend de l’exécution d’une obligation, quel que soit
l’objet de celle-ci (somme d’argent, remise en nature d’un bien ou d’un
document, autre prestation). Il peut donc s’agir du transfert de propriété
d’une chose ou d’une somme d’argent.
 Quant à l’indu, il peut être objectif (la dette n’existe pas) ou subjectif (la
dette existe, mais pas entre le solvens et l’accipiens).
 La preuve du paiement indu est rapportée par celui qui réclame la
restitution.
 En plus d’être indu, le paiement doit avoir été fait par erreur.

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 B – (Un paiement indu) fait par erreur


 L’article 1377 alinéa 1er exige pour qu’il y ait répétition, une erreur du
solvens en cas de paiement de la dette d’autrui (hypothèse où l’accipiens
est créancier, mais pas du solvens). Car on considère que le solvens
pouvait avoir voulu payer la dette d’autrui, donc l’a fait
intentionnellement. Il lui revenait dès lors de prouver que son paiement a
été fait par erreur.
 Cette condition relative à la preuve d’une erreur, bien que circonscrite
par le législateur à l’hypothèse du paiement de la dette d’autrui, a été
transposée par la jurisprudence à toutes les hypothèses de paiement de
l’indu (indu objectif car dette inexistante ou indu subjectif, que ce soit le
paiement à autrui ou le paiement de la dette d’autrui).

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 Ainsi, la preuve de l’erreur devait toujours être apportée. Certains arrêts


ont par la suite retenu que le seul fait que le paiement ne se justifie pas
(aucune circonstance ne peut l’expliquer) implique une présomption
d’erreur. De ce fait, il n’est pas nécessaire d’apporter la preuve d’une
quelconque erreur: (cass.1ère civ, 17 juil.1984).
 De nos jours la jurisprudence établit une distinction:
 Lorsque l’indu est objectif (la dette n’existe pas) il suffit au demandeur de
prouver l’absence de dette: la Cour jugea en effet le 2 avril 1993 (URSSAF
de Valenciennes) que « Les cotisations litigieuses n’étant pas dues, la
société Jeumont-Schneider était en droit, sans être tenue à aucune autre
preuve, d’en obtenir la restitution ».

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 Il n’est donc plus exigé, en cas d’indu objectif la preuve d’une erreur du
solvens; la seule preuve de l’absence de dette suffit.
 Lorsque l’indu est subjectif, et plus particulièrement en cas de paiement
de la dette d’autrui, le solvens doit prouver que le paiement a été fait par
erreur.
 Afin de protéger le créancier, l’article 1377 alinéa 2 dispose que
« néanmoins [le droit de répétition contre le créancier] cesse dans le cas
où le créancier a supprimé son titre par suite du paiement[…] ». Cette
mesure est à saluer car la destruction du titre empêche le créancier-
accipiens d’intenter une action contre son véritable débiteur.

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 A cette suppression du titre, l’on assimile la perte des sûretés, qui rend la
créance dépourvue d’efficacité.
 Cela ne veut pas dire que le solvens s’expose à voir son paiement non
remboursé: l’alinéa 2 du même article énonce à la suite « […] sauf le
recours de celui qui a payé contre le véritable débiteur ». Le solvens
pourra dès lors se retourner contre le véritable débiteur, mais ce ne sera
plus une action en répétition de l’indu (puisque celle-ci ne peut être
dirigée que contre celui qui a reçu le paiement, c’est-à-dire l’accipiens),
mais une action en enrichissement sans cause.

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 La jurisprudence retient que la faute du solvens (sa négligence)


n’empêche pas l’exercice de l’action en répétition de l’indu mais engage
sa responsabilité vis-à-vis de l’accipiens si lui était de bonne foi et, si le
préjudice est anormal : cass. civ. 17 février 2010 (« l’absence de faute de
celui qui a payé ne constitue pas une condition de mise en œuvre de
l’action en répétition de l’indu, sauf à déduire, le cas échéant, de la
somme répétée, les dommages-intérêts destinés à réparer le préjudice
résultant pour l’accipiens de la faute commise par le solvens ».
 L’action en répétition de l’indu obéit à des conditions d’exercice.

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 II – Les conditions d’exercice


 L’action est dirigée contre l’accipiens et uniquement contre lui:
cass.soc.31 jan. 1996: « l’action en répétition de l’indu si elle peut être
engagé contre celui qui a reçu le paiement ou contre celui pour le
compte duquel il a été reçu, ne peut être dirigée contre celui pour le
compte duquel le paiement a été effectué ».
 En l’espèce, un employeur avait versé à une caisse de prévoyance une
fraction des salaires incombant aux salariés plus élevée que celle qui leur
incombait; les salariés avaient agi contre lui en répétition de l’indu; ils
furent déboutés.

5/1/2019
Les conditions de la répétition de
l’indu

 L’action en répétition de l’indu obéit à la prescription de droit commun


qui est de 5 ans. La jurisprudence avait quand même retenu cette
prescription plus courte s’agissant des salaires ( cass.civ.18 juin 1980) et de
la charge du locataire (cass. ch. mix., 12 avril 2002).
 L’action en répétition de l’indu produit des effets.

5/1/2019
Les effets de la répétition de l’indu

 La répétition de l’indu a pour effet d’obliger l’accipiens à restituer ce qu’il


a reçu. L’ampleur de cette obligation varie selon qu’il est de bonne ou de
mauvaise foi.
 S’il est de mauvaise foi il doit les revenus ou intérêts produits par la chose à
compter du paiement indu: cass.civ. 4 avril 1991(vente d’un véhicule
d’occasion par un garagiste sans informer l’acheteur des vices cachés. La
résolution fut obtenue par l’acheteur et le vendeur fut « tenu de restituer,
tant le capital que les intérêts du jour du paiement »). En effet, l’article1378
du Code civil dispose que « S’il y a eu mauvaise foi de la part de celui qui
a reçu, il est tenu de restituer tant le capital que les intérêts ou les fruits, du
jour du paiement ».

5/1/2019
Les effets de la répétition de l’indu

 Par ailleurs, même en cas de perte fortuite de la chose, l’accipiens de


mauvaise foi est garant (article 1379).
 Si l’accipiens est de bonne foi, il doit les revenus ou intérêts produits par la
chose à compter du jour de la demande en restitution. S’il a vendu la
chose, il ne doit restituer que le prix de vente(article 1380).
 Ainsi, il a été jugé que la douane, ayant indûment perçu des taxes, doit
rembourser outre le capital, les intérêts courant du jour du paiement indu
lorsqu’elle est de mauvaise foi( civ. 8 juin 1983); du jour de la demande en
restitution lorsqu’elle est de bonne foi (cass. 16 déc. 1980).
 A côté des quasi-contrats prévus par le législateur, la jurisprudence a créé
d’autres catégories.

5/1/2019
Les quasi-contrats créés par la
jurisprudence

 Il s’agit de l’enrichissement sans cause(section 1) et de l’annonce de gain


(section 2).
 L’enrichissement sans cause
 L’enrichissement sans cause est, tout comme la gestion d’affaires et la
répétition de l’indu, une source d’obligations. Il fait naître des obligations
en dehors de tout contrat.
 Il correspond à l’enrichissement d’une personne en relation directe avec
l’appauvrissement d’une autre, sans que ce déséquilibre ne soit
juridiquement justifié. On appelle « enrichi(e) », la personne qui a profité de
ce déséquilibre injustifié et « appauvri(e) », celle au détriment de qui a eu
lieu le déséquilibre.

5/1/2019
L’enrichissement sans cause

 En guise d’exemple, la propriété d’un immeuble a été acquise sans


paiement ou une dette éteinte sans paiement ou un terrain a été
amélioré sans contrepartie de la part du propriétaire.
 Pour que ces situations soient constitutives d’un enrichissement sans cause,
il faut que certaines conditions soient remplies.
 L’enrichissement sans cause donne à l’appauvri le bénéfice de
l’action « de in rem verso » qui veut dire littéralement « action en
restitution de la chose ». Cette action lui permet de rétablir l’équilibre
rompu en sa défaveur.

5/1/2019
L’enrichissement sans cause

 Théorie créée au 19e siècle par la jurisprudence, l’enrichissement sans


cause fait l’objet en France d’une légifération et ce, depuis la réforme du
droit des obligations de 2016 (il fait désormais l’objet des articles 1303 à
1303-4 du Code civil français Il est qualifié par le législateur
« d’enrichissement injustifié ».
 Au Niger, l’enrichissement sans cause n’a pas été codifié; on se base
donc toujours sur la jurisprudence (française) qui l’a consacré. Le Code
civil nigérien ne traite que de certains cas d’enrichissement sans cause
(ex: articles 555, 1433 et 1477).

5/1/2019
L’enrichissement sans cause

 L’action de in rem verso est considérée comme « la plus romantique des


actions » (J.Carbonnier). Elle est fondée sur un souci d’équité.
 A l’origine, son exercice n’était soumis à aucune condition déterminée.
Ce n’est que par la suite que la jurisprudence l’a strictement encadrée
jusqu’à la confiner.
 C’est ainsi qu’on est passé d’une « machine à faire sauter le droit »
(Jacques Flour ) à une action circonscrite: « les écluses que l’arrêt de 1892
avait largement ouvertes (selon l’expression de Jean Carbonnier) sont
presque entièrement fermées: « l’action de in rem verso n’est sans doute
plus un fleuve souterrain, elle est devenue un filet d’eau, une action
résiduelle » (P. Malaurie, L. Aynès, P. Stoffel-Munck).

5/1/2019
L’enrichissement sans cause

 L’enrichissement sans cause se distingue de la gestion d’affaires, tant dans


ses conditions que dans ses effets; même si Demolombe y a vu une
« gestion d’affaires anormale ».
 En effet l’enrichissement sans cause n’implique pas forcément
(contrairement à la gestion d’affaires), l’intention de gérer les affaires
d’autrui. L’intention de l’appauvri est sans importance.
 Par ailleurs, l’enrichissement sans cause ne fait naître d’obligations qu’à
l’égard de l’enrichi.
 De plus, l’obligation de restitution de ce dernier est soumise au double
plafond (alors que le maitre de l’affaire doit rembourser toutes les
dépenses utiles).

5/1/2019
L’enrichissement sans cause

 L’enrichissement sans cause se distingue également de la responsabilité


délictuelle, même si Planiol y a vu une faute causant un dommage et
impliquant réparation.
 En effet, souvent l’enrichi se trouve enrichi sans avoir rien fait ni voulu, ce
qui exclut la faute.
 En ce qui concerne la réparation, dans l’enrichissement sans cause, elle
peut être inférieure à l’appauvrissement si cet appauvrissement est
supérieur à l’enrichissement(c’est la règle du double plafond). Alors que la
réparation, en droit de la responsabilité, doit être intégrale.

5/1/2019
L’enrichissement sans cause

 C’est, en fin de compte, une règle morale qui explique la consécration de


l’action en enrichissement sans cause.
 En effet, d’après Ripert (1930), l’enrichissement revêt un caractère injuste.
La solution est alors inspirée par l’équité: un principe général de droit
oblige à restituer à l’appauvri l’enrichissement sans cause. Ce principe est
que « nul ne doit s’enrichir aux dépens d’autrui ».

5/1/2019
L’enrichissement sans cause

 L’action de in rem verso a cinq conditions: il faut un enrichissement, un


appauvrissement, un lien de causalité entre eux, une absence de
justification et d’alternative.
 On peut, à la suite des professeurs Malaurie, Aynès et stoffel-Munck,
regrouper ces éléments sous deux aspects.
 L’action a un aspect matériel( à travers le déplacement de valeurs exigé
comme condition de l’action et à travers la délimitation du montant de la
restitution qui est un des effets de l’action).
 Elle a aussi un aspect juridique(qui est la nécessité d’une absence de
justification et d’alternative).

5/1/2019
L’aspect matériel de l’action en
enrichissement sans cause

 L’action de in rem verso nécessite un déplacement de valeurs d’un


patrimoine à l’autre. Le montant de la restitution est quant à lui plafonné.
 I – Un déplacement de valeurs
 L’enrichissement d’un patrimoine et l’appauvrissement de l’autre doivent
avoir un lien de causalité.
 A) Un enrichissement et un appauvrissement
 L’enrichissement s’entend de tout avantage reçu pouvant être évalué en
argent.

5/1/2019
L’aspect matériel de l’action en
enrichissement sans cause

 Il peut être matériel, moral ou intellectuel, pourvu qu’il soit appréciable en


argent. Ce qui est assez aisé car, ainsi que l ’estiment certains auteurs
(Malaurie, Aynès, Stoffel-Munck), « dans une société aussi mercantile que la
nôtre, tout vaut tant, les larmes comme la vertu ».
 Cet avantage est apprécié de manière objective, quels que soient les besoins
ou les intérêts de l’enrichi.
 A titre illustratif: l’acquisition d’un bien sans contrepartie( la propriété d’un
immeuble sans payer, la propriété d’un immeuble amélioré), la jouissance d’un
bien sans contrepartie, de l’argent reçu sans contrepartie.
 Parallèlement à l’acquisition sans contrepartie, ce peut être la diminution du
passif (une dette éteinte sans paiement, des dépenses obligatoires évitées ou
diminuées etc.).

5/1/2019
L’aspect matériel de l’action en
enrichissement sans cause

 De l’autres côté, l’appauvrissement est une perte quelconque


appréciable en argent. Par exemple, une dépense ou une prestation de
services demeurée impayée (à ce titre, l’assistance d’un enfant à ses
parents à été jugée constitutive d’un appauvrissement).
 L’enrichissement et l’appauvrissement doivent avoir un lien de causalité.

5/1/2019
L’aspect matériel de l’action en
enrichissement sans cause

 B. Un lien de causalité

 L’appauvrissement doit être la cause de l’enrichissement. La causalité


peut être directement établie en cas de transfert d’un patrimoine à un
autre(à l’exemple du possesseur construisant sur le terrain d’autrui).

5/1/2019
L’aspect matériel de l’action en
enrichissement sans cause

 Le problème se pose quand la causalité est indirecte: dans le cas où


l’appauvrissement n’a enrichi un autre patrimoine que par l’intermédiaire
d’un tiers.
 Par exemple, dans l’affaire Patureau-Mirand de 1892, le marchand
d’engrais a enrichi le propriétaire parce qu’il avait conclu un contrat avec
le fermier. Il a alors réclamé une indemnité(au propriétaire) correspondant
à la plus-value donné par ses engrais à la terre du propriétaire(et non le
prix promis par le fermier dans le contrat, ce qui se heurte à l’effet relatif
des conventions).
 Le montant de la restitution a été plafonné par la jurisprudence.

5/1/2019
L’aspect matériel de l’action en
enrichissement sans cause

 II – Un plafonnement du montant de la restitution


 L’objet de l’action de in rem verso est de « rétablir l’équilibre faussé par
l’injuste déplacement de valeurs d’un patrimoine à l’autre ».
 Il existe un double plafonnement: le montant de la restitution correspond à
la plus faible des deux sommes si l’enrichissement et l’appauvrissement
sont inégaux.
 L’existence de l’enrichissement est appréciée à la date d’exercice de
l’action.

5/1/2019
L’aspect matériel de l’action en
enrichissement sans cause

 Quant à l’évaluation de l’enrichissement et l’appauvrissement, elle se fait au


jour de l’introduction de l’instance pour l’enrichissement et à la date ou
l’appauvrissement est né.
 Par exemple (Malaurie, Aynès, Stoffel-Munck) des travaux sont faits sur le
terrain d’autrui: j’ai en 2008 dépensé 1000 pour faire sur le terrain d’autrui des
constructions qui valent alors 800. En 2018, date d’exercice de l’action de in
rem verso, les constructions valent 9000 et si les travaux étaient à faire, il
coûteraient 15000.
 L’enrichissement est alors de 9000 et l’appauvrissement de 1000. D’après la
règle du double plafond, l’indemnité de l’appauvri est égale à la plus faible de
ces deux sommes, soit 1000.
 Le risque de dépréciation monétaire pèse sur l’appauvri.
 L’action de in rem verso a également des aspects juridiques.

5/1/2019
L’aspect juridique de l’action en
enrichissement sans cause

 Les éléments juridiques conditionnant l’exercice de l’action sont l’absence


de cause et d’alternative.
 I – L’injustice de l’enrichissement
 Le déplacement de valeurs doit être sans cause. La cause est le titre
juridique justifiant l’enrichissement ou l’appauvrissement.
 La preuve incombe au demandeur à l’action (l’appauvri); elle est difficile
si le passage de valeurs du patrimoine de l’enrichi à celui de l’appauvri
s’est fait par l’intermédiaire d’un tiers.

5/1/2019
L’aspect juridique de l’action en
enrichissement sans cause

 Exemples de cause faisant obstacle à l’exercice de l’action:


 - La faute ou le dol de l’appauvri ( même une imprudence ou une
négligence, et ce, depuis un revirement de jurisprudence).
 - L’intérêt du demandeur qui a agi à ses risques et périls et ce, quelle que
soit la bonne ou mauvaise foi de l’enrichi.
 - Le contrat entre l’appauvri et l’enrichi ( une donation, une vente à bas
prix).
 - Le contrat entre l’appauvri et le tiers. L’enrichissement a dès lors pour
cause le contrat. La jurisprudence Patureau-Mirand paraît abandonnée:
le bailleur n’a pas à répondre de l’insolvabilité de son locataire envers un
tiers.

5/1/2019
L’aspect juridique de l’action en
enrichissement sans cause

 Le demandeur ne doit pas, par ailleurs, avoir une autre alternative que
l’action de in rem verso.
 II – Le caractère subsidiaire de l’action
 L’action ne peut être exercée si l’appauvri dispose d’une autre action soit
contre un tiers( par exemple une caution), soit contre l’enrichi qui se
heurte à un obstacle de droit (et non de fait).
 C’est-à-dire que l’action ne peut être exercée pour mettre en échec une
règle de droit (par exemple la prescription d’une action contractuelle; la
cause de l’enrichissement est alors la prescription).

5/1/2019
L’aspect juridique de l’action en
enrichissement sans cause

 De même, l’action de in rem verso ne peut permettre le contournement


d’une règle impérative (par exemple l’exigence d’une preuve spéciale
par la loi).
 L’obstacle de fait, quant à lui, n’empêche pas l’exercice de l’action. Par
exemple l’insolvabilité du débiteur ou en cas d’échec de l’action
alternative faute de preuve alors que celle-ci est libre: cass.1ère civ. 4 mai
2017.

5/1/2019
L’annonce de gain

 Catégorie récemment rattachée à la famille des quasi-contrats,


l’annonce de gain ou encore la loterie publicitaire, ne fait pas l’unanimité.
 Le but que semble poursuivre le juge à travers une obligation de livrer le
gain promis, est de dissuader les organisateurs de loteries publicitaires de
recourir à des méthodes peu recommandables.
 Il s’agit, en effet, de faire croire à une personne déterminée qu’elle est
l’heureuse gagnante d’un prix alors que dans la réalité il n’en est rien.
 Le juge, à travers diverses qualifications juridiques, a alors imposé aux
utilisateurs de tels procédés une obligation de s’exécuter.

5/1/2019
L’annonce de gain

 Il faut noter que ce type de quasis- contrats, d’un genre nouveau, est
limité aux loteries publicitaires. Le juge n’a, en effet, pas transposé son
raisonnement à d’autres catégories. Et pour cause: il s’agit d’un
rattachement encore incertain et souvent critiqué avec les quasi-contrats.
 Le juge a d’abord rattaché cette catégorie au contrat, à l’engagement
unilatéral puis au délit (para.1), avant de la rattacher au quasi-contrat, ce
qui ne rencontre pas un assentiment unanime de la doctrine qui a
proposé d’autres voies (para.2).

5/1/2019
Un rattachement antérieur au contrat
à l’engagement unilatéral et au délit

 Afin de condamner les organisateurs de loteries publicitaires mensongères


à s’exécuter, c’est-à-dire à livrer le gain promis à une personne
déterminée, le juge a d’abord eu recours à la notion de contrat.
 L’annonce de gain faite par la société correspondrait à une offre,
l’acceptation résultant de la demande de remise du prix par le
bénéficiaire. Elle peut consister pour le bénéficiaire à exécuter les
formalités demandées.

5/1/2019
Un rattachement antérieur au contrat
à l’engagement unilatéral et au délit

 Par exemple, renvoyer un document de validation avec une inscription


déterminée (dans l’affaire Bossa et UFC contre Maison française de distribution
du 6 septembre 2002, le bénéficiaire devait inscrire sur le document « je suis
gagnant du super grand prix de 105.750 francs, veuillez m’en informer et
effectuer le versement de cette somme dès la clôture du tirage » ; « si je suis
gagnant d’un des 1003 autres prix, veuillez me remettre le prix auquel j’ai
droit »).
 Une offre donc à laquelle répond une acceptation.
 Le problème est que l’offre doit être ferme. Elle doit traduire la volonté du
pollicitant de se voir engagé dès que survient une acceptation. Or les sociétés
organisatrices de ces loteries n’ont aucunement l’intention de s’engager, ce
que reflète le silence bien souvent gardé par elles lorsque le supposé gagnant
réclame son dû.

5/1/2019
Un rattachement antérieur au contrat
à l’engagement unilatéral et au délit

 Il y a donc un déphasage entres les termes de l’annonce de gain faite par


la société et son attitude réelle.
 Lequel faire alors prévaloir?
 L’article 1156 du Code civil répond à cette question: « on doit dans les
conventions rechercher quelle a été la commune intention des parties
contractantes, plutôt que de s’arrêter au sens littéral des termes ».
 L’intention réelle doit donc l’emporter.

5/1/2019
Un rattachement antérieur au contrat
à l’engagement unilatéral et au délit

 Or la société organisatrice n’a pas entendu se lier en réalité, donc l’offre


émise manque de fermeté, ce qui exclue cette qualification.

 On ne saurait dès lors y voir un accord de volontés, un contrat; pas plus


qu’on ne saurait y voir un engagement unilatéral.

5/1/2019
Un rattachement antérieur au contrat
à l’engagement unilatéral et au délit

 Selon M.Tchendjou, le recours aux loteries commerciales n’est « rien


d’autre qu’une opération commerciale et publicitaire, visant
principalement à tromper les destinataires des courriers, en leur faisant
croire qu’ils ont gagné un gros lot, dans le seul but de les inciter à conclure
une vente » ( « la responsabilité civile des organisateurs de loterie
publicitaires », mélanges J.-L.Aubert, 1005,p.312,spé.p.317).
 C’est d’ailleurs en se cachant derrière l’interprétation souveraine des juges
du fond que la Cour de cassation a conclu à l’existence d’un contrat:
civ.2e, 11févrirer 1998; civ.1ère, 26 nov.1991; civ.1ère, 12 juin 2001 et n’a fait
qu’une allusion à l’engagement unilatéral ( civ.1ère, 28 mars 1995).

5/1/2019
Un rattachement antérieur au contrat
à l’engagement unilatéral et au délit

 La Cour de cassation a également eu recours à la qualification de délit: la


faute de la société résulterait de la croyance erronée créée chez un
individu qu’il a gagné un lot alors qu’elle cherche à l’inciter à passer
commande ( civ.2e, 28juin 1995).
 Néanmoins, il est difficile d’établir l’existence d’un préjudice car le
supposé bénéficiaire s’il n’a en réalité rien gagné, il n’a en tous cas rien
perdu; du moins matériellement ( à moins qu’il n’ait engagé des dépenses
sur la base du gain annoncé).
 Le préjudice serait alors moral, un « préjudice de déception » selon les
termes de D.Mazeaud, la réparation est par hypothèse , moins élevée que
le gain promis de manière mensongère.

5/1/2019
Un rattachement antérieur au contrat
à l’engagement unilatéral et au délit

 Le recours à la responsabilité civile délictuelle a ainsi cet inconvénient de


ne pas permettre la condamnation de la société fautive à payer
l’intégralité du gain annoncé; il ne permet pas alors de dissuader les
sociétés indélicates d’avoir recours à de tels procédés.

 C’est alors que le 6 septembre 2002, la chambre mixte de la Cour de


cassation a qualifié la loterie publicitaire de quasi-contrat (arrêt M.Bossa et
UFC contre Maison française de distribution).

5/1/2019
Un rattachement postérieur au quasi-
contrat

 Dans l’arrêt du 6 septembre 2002, la Cour de cassation retient, en visant


l’article 1371 du Code civil définissant les quasi-contrats, que
« l’organisateur d’une loterie qui annonce un gain à une personne
dénommée sans mettre en évidence l’existence d’un aléa s’oblige, par
ce fait purement volontaire, à le délivrer ».
 Elle casse l’arrêt rendu par la Cour d’appel qui a retenu qu’en annonçant
de façon affirmative une simple éventualité, la société avait commis une
faute délictuelle constituée par la création de l’illusion d’un gain important
et que le préjudice ne saurait correspondre au prix que M.Bossa avait cru
gagner.

5/1/2019
Un rattachement postérieur au quasi-
contrat

 A travers le recours au quasi-contrats, la Cour de cassation permet au


bénéficiaire de se voir livrer le gain promis.
 L’obligation de livrer le gain promis résulte d’un fait purement volontaire de la
société organisatrice.
 Des arrêts furent rendus par la suite sur le même fondement « quasi-
contractuel » (civ.1ère, 18 mars 2010).
 Il faut une personne déterminée à qui est faite l’annonce de gain, sans que
l’existence d’un aléa ne soit mise en évidence (n’apparaisse « à première
lecture » comme le dit l’arrêt du 19 mars 2015).
 Bien qu’il permette d’atteindre les objectifs que n’ont pas pu permettre
d’atteindre les autres qualifications juridique, ce rattachement aux quasi-
contrats a été critiqué par la doctrine.

5/1/2019
Un rattachement postérieur au quasi-
contrat

 Ainsi, H.Capitant, F.Terré, Y.Lequette et F.Chénedé estiment que « si


l’organisateur de la loterie est tenu de respecter sa promesse fallacieuse,
bien que sa volonté de s’engager fasse défaut, c’est parce que le juge a
décidé de l’y contraindre, constat que masque partiellement la rédaction
maladroite de l’arrêt: celui qui annonce un gain à une personne
déterminée sans mettre en évidence l’existence d’un aléa ne s’oblige pas
à proprement parler à le délivrer; il y est contraint ( Les grands arrêts de la
jurisprudence civile, tome 2, Dalloz 2015, p. 539, n°7).
 De plus, l’on sait que le quasi-contrat, contrairement au délit, est un fait
licite qui engendre des obligations.
 Or, dans le cadre des loteries mensongères, on est dans le domaine de
l’illicite.

5/1/2019
Un rattachement postérieur au quasi-
contrat

 Certains auteurs( Ph.Le Tourneau et A.Zabalda) ont parlé de « quasi-contrat sui


generis », c’est-à-dire un quasi-contrat de type nouveau qui se fonde non sur
l’enrichissement injuste (comme dans le cas de la gestion d’affaires, de la
répétition de l’indu et de l’enrichissement sans cause), mais sur l’apparence.
 D'autres parlent d’un « quasi-engagement », nouvelle espèce de fait juridique
illicite.
 Dans ce sens, lire Geneviève Viney, JCP 1998, I 185, n°3; A Danis-Fatôme,
Apparence et contrat, thèse Paris I, éd.2 004, n°708 et s. ; C. Grimaldi Quasi-
engagement et engagement en droit privé, thèse Paris II, 2007, n°184 et s. ; A.
Danis-Fatôme, « Quasi-engagement et apparence: proximité ou identité? RDC
2009. 32.
 L’autre obligation d’origine égale à côté des quasi-contrats est la
responsabilité.

5/1/2019
La responsabilité

 La responsabilité civile (dont il est question) se distingue de la


responsabilité pénale qui est l’obligation de répondre de ses actes
délictueux en subissant une sanction pénale.
 La responsabilité civile est l’obligation de réparer le préjudice résultant soit
de l’inexécution d’un contrat (on parle alors de responsabilité
contractuelle), soit de la violation du devoir général de ne causer aucun
dommage à autrui (il s’agit de la responsabilité délictuelle).
 La mise en cause de la responsabilité contractuelle, tout comme de celle
délictuelle nécessite l’existence d’une faute (ou d’un risque), causant un
préjudice. Elle se résous en paiement de dommages-intérêts.

5/1/2019
La responsabilité

 Néanmoins, il faut savoir que la force majeure, le cas fortuit, la faute de la


victime ou le fait du tiers peuvent être des motifs d’exonération.
 Nous verrons dans un premier temps la responsabilité civile
contractuelle(chap.1) avant de voir la responsabilité civile délictuelle
(chap.2).

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 Sa mise en œuvre (section 2) obéit à des conditions (section1).


 Les conditions de mise en œuvre de la responsabilité contractuelle:
 On distingue les conditions de fond des conditions d’exercice.
 - Les conditions de fond:
 Il faut, comme dans le cadre de la responsabilité civile délictuelle une
faute entraînant un préjudice.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 I. l’existence d’une faute


 Dans le cadre de la responsabilité civile contractuelle, la faute consiste en
une inexécution du contrat. Afin de cerner la responsabilité encourue, trois
questions doivent être posées:
 1. Qu’est ce qui a été promis dans le contrat?
 2. L’inexécution est-elle grave?
 3. Le débiteur a-t-il une cause d’exonération?
 Envisageons à tour de rôle chacune de ces questions

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 1. Qu’est-ce qui a été promis par le débiteur de l’obligation inexécutée?


 Il s’agit ici de déterminer l’objet de l’obligation: s’agit-il d’une obligation
de moyens ou de résultat?
 L’obligation de moyens n’oblige le débiteur qu’à utiliser tous les moyens
afin d’atteindre le résultat espéré par le créancier. A l’exemple de
l’avocat qui met tout en œuvre pour innocenter son client.
 Dans le cadre d’une telle obligation, le créancier, s’il souhaite engager la
responsabilité du débiteur, devra prouver que celui-ci n’a pas mis tout en
œuvre pour atteindre le résultat escompté. La charge de la preuve de
l’inexécution incombe donc au créancier.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 De l’autre côté, si le débiteur avait promis d’atteindre un résultat


déterminé (à l’exemple du transporteur qui doit acheminer une personne
d’un point à un autre), le seul fait de ne pas atteindre le résultat fixé pose
une présomption de responsabilité: le débiteur est, sauf preuve contraire
de sa part, responsable de l’inexécution. Le créancier n’aura pas à
apporter d’autre preuve que celle de la non atteinte du résultat promis.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 Pour s’exonérer, le débiteur de l’obligation devra rapporter la preuve qu’il a


été empêché d’exécuter son obligation suite à un évènement de force
majeure ou un cas fortuit comme le disposent les articles 1147 et 1148 du Code
civil:
 « Le débiteur est condamné, s’il y a lieu, au payement de dommages-intérêts,
soit à raison de l’inexécution de l’obligation, soit à raison du retard dans
l’exécution, toutes les fois qu’il ne justifie pas que l’inexécution provient d’une
cause étrangère qui ne peut lui être imputée, encore qu’il n’y ait aucune
mauvaise foi de sa part » (article 1147).
 « Il n’y a lieu à aucuns dommages et intérêts lorsque, par suite d'une force
majeure ou d'un cas fortuit, le débiteur a été empêché de donner ou de faire
ce à quoi il était obligé ou a fait ce qui lui était interdit » (article 1148).

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 On devra donc déterminer la nature, ou plutôt l’objet, de l’obligation. Il


faut savoir que cette distinction entre obligations de moyens et de résultat
cache mal une réalité plus complexe. En effet, la doctrine opère une
distinction selon l’intensité de l’obligation, entre: (d’après Mainguy p. 234)
 - L’obligation de moyens ordinaire calquée sur l’obligation de soins du
médecin (civ.20 mai 1936). A l’exemple de l’obligation de conservation
envisagée dans l’article 1137 du Code civil.
 - L’obligation de moyens renforcée où le débiteur ne doit pas simplement
employer tous les moyens nécessaires, mais des moyens strictement définis
par la loi (lato sensu) ou la profession. L’obligation du médecin de fournir
des soins conformes aux données actuelles de la science est placée dans
cette catégorie.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 - L’obligation de résultat atténuée qui est une obligation de moyens où la


charge de la preuve a été renversée: il ne revient plus au créancier de
prouver que les moyens étaient insuffisants, c’est au débiteur de prouver
que ces moyens étaient suffisants. A l’exemple de l’obligation
d’information dont est débiteur le médecin vis-à-vis de son patient sur les
risques d’une opération. Un arrêt de 1997 a en effet retenu que le
médecin doit apporter la preuve de l’exécution de cette obligation alors
qu’antérieurement, c’était au patient de prouver qu’il n’a pas été informé
par le médecin.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 - L’obligation de résultat qui est traditionnellement celle du transporteur.


Pour le transport de personnes, la Cour parle d’obligation de sécurité de
résultat. A l’exemple de l’obligation de délivrance.
 - L’obligation de résultat renforcée dans laquelle le débiteur ne peut
s’exonérer qu’en invoquant certaines causes étrangères bien déterminées
(ex: article 1732).
 - L’obligation de garantie dans laquelle le débiteur ne peut invoquer
aucune cause étrangère pour s’exonérer car il garantit le résultat. A
l’exemple de l’obligation de garantie des vices cachés dans la vente.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 Parallèlement à l’intensité de l’obligation, on doit examiner la gravité de


l’inexécution.
 2. L’inexécution est-elle grave?
 Sur ce point on distingue la faute ordinaire de la faute lourde, dolosive ou
encore celle inexcusable.
 La faute inexcusable concerne les droits du transport, des accidents du
travail et de la circulation. Elle permet d’écarter les causes de limitation de
la responsabilité. Elle est également utilisée en droit des contrats. Il s’agit,
comme l’écrit Mainguy, d’« une inexécution très importante,
impardonnable ». Elle suppose la conscience du danger auquel le fautif
expose la victime (civ.2e, 27 janvier 2004).

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 La faute dolosive est celle commise avec l’intention de nuire. Elle n’est pas
assurable. Elle supprime également les clauses limitatives de responsabilité.
 La faute lourde ne comporte pas nécessairement un élément intentionnel
(Stoffel-Munck ); elle témoigne soit d’un « écart de conduite du débiteur
soit de son inaptitude à s’acquitter de la mission dont il s’est chargé. Les
clauses limitatives de responsabilité ne s’appliquent pas dans ce cas.
 La faute ordinaire ou légère permet le jeu des limitations de responsabilité.
Elle correspond à l’inexécution simple d’une obligation.
 Il convient enfin de déterminer si le débiteur peut s’exonérer.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 3. Le débiteur a-t-il une cause d’exonération?


 Les causes d’exonération sont la force majeure, les faits du créancier, d’un
tiers ou du prince.
 Pour être constitutif de force majeure, l’évènement doit tout d’abord
produire des effets irrésistibles. L’exécution de l’obligation doit être
impossible (et non simplement difficile et ou plus onéreux).
 En guise d’exemple on peut citer un cyclone, un séisme, une révolution,
un attentat.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 L’appréciation de l’insurmontabilité se fait tantôt de manière abstraite (les


tribunaux parlent alors d’évènement « normalement irrésistible »; c’est-à-
dire qu’on se place par rapport à l’individu ordinaire, normalement
diligent), tantôt de manière concrète, au cas par cas, en prenant en
compte les « faiblesses personnelles au débiteur » (cette appréciation est
tout de même rare, par rapport à la première).

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 L’évènement constitutif de force majeure doit ensuite être imprévisible


lors de la conclusion du contrat. Les tribunaux parlent tantôt d’évènement
« normalement imprévisible », ce qui témoigne d’une appréciation par
rapport à l’homme raisonnable, au « bon père de famille ».
 L’appréciation de l’imprévisibilité se fait parfois in concreto, en prenant en
compte la situation personnelle du débiteur.
 Une dernière condition est traditionnellement exigée: celle de l’extériorité
de l’évènement; c’est dire donc qu’il ne doit pas être imputable au
débiteur. La tendance actuelle de la jurisprudence est d’abandonner
l’exigence de cette condition dès lors que les deux autres conditions(
irrésistibilité et imprévisibilité) sont remplies.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 Il a été jugé ainsi qu’une grève provoquée par une décision


gouvernementale et dont le dénouement dépend des pouvoirs publics et
non de la direction de l’entreprise, est constitutive de force majeure.
 Elle est en effet une cause extérieure à l’entreprise, est imprévisible lors de
la conclusion du contrat et irrésistible lors de son exécution (Stoffel-Munck,
n° 957). Il a également été jugé qu’une grève, bien qu’ayant une cause
interne à l’entreprise est constitutive de force majeure pour autant que
l’imprévisibilité et l’irrésistibilité puissent être caractérisées.
 Il faut savoir que les parties peuvent insérer dans leur contrat une clause
de force majeure fixant par exemple les conditions et les effets de celle-ci;
ainsi tel évènement pourra ou non-être qualifié de force majeure.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 Autre cause d’exonération de la responsabilité contractuelle, le fait du


créancier, d’un tiers ou du prince a sa définition propre.
 Le fait du créancier s’entend de la part jouée par la victime, le créancier
de l’obligation qui n’a pas été exécutée dans la réalisation du dommage,
donc de l’inexécution. Lorsqu’il est la cause exclusive du dommage, le fait
du créancier (qu’il soit fautif ou non) exonère totalement le débiteur.
 Lorsqu’il n’est pas la cause exclusive du dommage, il doit être fautif pour
exonérer partiellement le débiteur.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 Toutefois, les accidents de la circulation sont particuliers car la


jurisprudence est plus exigeante par rapport à l’exonération du débiteur.
 Le fait d’un tiers ou du prince est une variété de force majeure. Il exonère
le débiteur s’il a été irrésistible, imprévisible et si le débiteur ne devait pas
en répondre(Stoffel-Munck, n° 959).
 Le tiers ne doit pas être un préposé du débiteur et il doit en outre s’être
immiscé dans l’exécution du contrat contre la volonté du débiteur.
 A côté de la faute, l’existence d’un dommage est une condition de fond
exigée pour la mise en œuvre de la responsabilité contractuelle.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 II. L’existence d’un préjudice


 Le créancier doit subir un préjudice du fait de l’inexécution contractuelle.
Ce préjudice est l’impact économique et moral qu’a eu sur lui
l’inexécution par le débiteur de son obligation.
 L’article 1149 du Code civil dispose en effet que « les dommages et
intérêts dus au créancier sont, en général, de la perte qu’il a faite et du
gain dont il a été privé ».
 Le dommage doit être certain et non éventuel. La perte de chance est
également un préjudice certain.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 Le préjudice doit être prévisible (article 1150 du Code civil: « Le débiteur


n’est tenu que des dommages et intérêts qui ont été prévus ou qu’on a pu
prévoir lors du contrat, lorsque ce n’est point par son dol que l’obligation
n’est point exécutée ». C’est donc dire que tout dommage excédant ce
qui était prévisible dans le contrat ne saurait être indemnisé. Un
transporteur par exemple accepte d’acheminer un colis qui, sans qu’il ne
le sache, contient des valeurs précieuses: la perte du colis est un préjudice
prévisible, mais non la perte des valeurs précieuses.
 Le débiteur doit néanmoins réparer l’intégralité du dommage s’il a
commis une faute dolosive: lorsque c’est de manière délibérée qu’il n’a
pas exécuté son obligation.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 En outre, le préjudice doit être direct: l’article 1151 du Code civil dispose
en effet que « [-] les dommages et intérêts ne doivent comprendre [-] que
ce qui est une suite immédiate et directe de l’inexécution de la
convention ». Il faut donc un lien de causalité entre la faute et le préjudice
qui doit également être indemnisable.
 L’engagement de la responsabilité contractuelle obéit à des conditions
d’exercice.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 Les condition d’exercice


 Il s’agit de la mise en demeure. Celle-ci est l’acte par lequel le créancier
demande à son débiteur d’exécuter son obligation. Son effet principal est
de faire courir les dommages et intérêts. L’article 1156 du Code civil
dispose en effet que « les dommages et intérêts ne courent que lorsque le
débiteur est en demeure de remplir son obligation [-] ».
 On considère en effet que « le créancier qui ne proteste pas
solennellement à l’échéance est censé avoir consenti à son débiteur une
prorogation tacite d’échéance » (Stoffel-Munck). Il peut s’agir d’une
simple lettre ou d’un exploit d’huissier, l’essentiel étant que le créancier
fasse savoir au débiteur qu’il veut obtenir sans tarder l’exécution de
l’obligation (Stoffel-Munck).

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle fait naître une


obligation de réparation à la charge du débiteur.
 La mise en œuvre de la responsabilité contractuelle
 Le débiteur doit réparer le préjudice qu’il a causé du fait de son
inexécution. Cette réparation peut être pécuniaire (c’est la règle) ou en
nature.
 Les dommages-intérêts doivent permettre de placer le créancier dans la
situation qu’il aurait eue si le contrat avait été correctement exécuté
(Stoffel-Munck).

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 Les parties peuvent, de manière conventionnelle, fixer des clauses


relatives à la responsabilité contractuelle.
 Ces clauses sont de trois types: les clauses de garantie qui augmentent la
responsabilité du débiteur (1), certaines clauses qui allègent sa
responsabilité en délimitant l’obligation contractuelle ou en restreignant la
réparation(2); d’autres clauses qui fixent un forfait de réparation afin
d’inciter le débiteur à exécuter son obligation (les clauses pénales) (3).

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 1. Dans le cadre des clauses de garantie, le débiteur s’engage à


répondre des cas fortuits ou de certains cas fortuits. Il faut savoir que la loi
prévoit pour certains contrats une obligation de garantie (contrats de
vente et de bail par exemple; on parle de garantie des vices cachés). La
jurisprudence impose en général cette obligation de garantie au
professionnel dans sa relation avec le profane.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 2. Les clauses allégeant la responsabilité du débiteur sont de deux sortes:


d’une part il y a celles qui limitent l’obligation du débiteur par exemple la
clause selon laquelle le transporteur ne répond pas du chargement et du
déchargement de la marchandise et d’autre part celles qui restreignent
ou excluent la réparation.
 Les clauses délimitant l’obligation sont, sauf loi impérative, valables alors
que les clauses limitant ou exonérant la responsabilité sont souvent
invalides. Faute de prohibition expresse elles sont quand même valables.
Elles lient les parties et le juge qui ne peut ni les écarter ni les modifier.
Cependant dans le domaine du transport les clauses exonératoires de
responsabilité sont souvent prohibées.

5/1/2019
La responsabilité civile contractuelle

 3. La clause pénale est la clause par laquelle le débiteur, s’il manque à


son engagement ou l’exécute avec retard, devra verser au créancier une
somme d’argent dont le montant, fixé à l’avance, est indépendant du
préjudice causé. Il peut être inférieur ou supérieur au préjudice. La clause
pénale s’applique du seul fait de l’inexécution de son obligation par le
débiteur et ce, même si le créancier n’a subi aucun préjudice. Elle revêt
ainsi un caractère punitif.

5/1/2019
La responsabilité civile délictuelle

 La responsabilité civile délictuelle se distingue de la responsabilité civile


contractuelle. On a coutume de dire qu’elle est le droit commun; elle
traduit le devoir général de ne causer aucun préjudice à autrui. Elle est
régie par les articles 1382 à 1386 du Code civil.
 Plusieurs régimes de responsabilité civile délictuelle existent: le régime de
droit commun qui est la responsabilité du fait personnel et les régimes
spéciaux, c’est-à-dire la responsabilité du fait d’autrui et du fait des
choses. C’est ce qu’illustre l’article 1384 alinéa premier du Code civil: « On
est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son
propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes
dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde[-]. ».

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 - Le régime de droit commun: la responsabilité du fait personnel


 Les articles 1382 et 1383 du Code civil disposent que « Tout fait
quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par
la faute duquel il est arrivé à le réparer » ( article 1382) et « Chacun est
responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait mais
encore par sa négligence ou par son imprudence ».
 Il s’agit de la responsabilité du fait personnel qui a vocation à s’appliquer
à chaque fois qu’aucun régime spécial ne s’applique.
 La mise en œuvre de la responsabilité délictuelle du fait personnel
suppose l’existence d’une faute, d’un préjudice et d’un lien de causalité
entre eux.

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 L’existence d’une faute:


 La faute ne fait pas l’objet d’une définition dans le Code civil.
 La doctrine a essayé d’y suppléer en dégageant certains éléments la
caractérisant: un élément objectif ou matériel qui est constitué du
comportement répréhensible, un élément subjectif qui correspond à
l’imputabilité du comportement. A travers ces différents éléments, une
typologies des fautes a été proposée, qui prend en compte la gravité de
celle-ci.

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 I. Les éléments de la faute


 A) L’élément objectif
 La doctrine a vu, à travers la faute le manquement à une obligation
préexistante (Planiol). Les frères Mazeaud ont reproché à cette thèse le
fait qu’on ne peut pas définir ou déterminer cette obligation préexistante.
Ce manquement peut être un acte illicite, donc contraire aux lois et aux
usages, ce qui fait de la faute un comportement asocial. Mais qu’est-ce
qu’un comportement social et qui l’édicte?

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 La faute est encore considérée comme une erreur de conduite et une


défaillance.
 se pose alors la question de son appréciation: doit-elle être faite in
concreto (c’est-à-dire en prenant en compte les compétences de la
personne et sa situation particulière) ou in abstracto, donc en référence
au modèle d’un « bon père de famille, d’un homme « ordinaire
normalement soucieux de ses intérêts et de ceux des autres » (Mainguy).
 Les tribunaux ont opté pour cette dernière : la faute est une erreur de
conduite telle qu’elle n’aurait pas été commise par une personne
normalement avisée placée dans les mêmes circonstances extérieures
que l’auteur du dommage.

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 B) L’élément subjectif
 L’imputabilité de la faute à une personne permet d’engager sa
responsabilité. A contrario, la non imputabilité d’une faute suppose qu’on
ne peut rattacher celle-ci à la personne qui a agi ou s’est abstenue. La
question de l’imputabilité s’est posée avec une particulière acuité
s’agissant des personnes non conscientes de leurs actes et des personnes
morales.
 La Cour de cassation a retenu la responsabilité délictuelle d’enfants
mineurs et de majeurs incapables malgré l’absence de discernement.
Cette position a été adoptée dans 5 arrêts importants rendus en
assemblée plénière le 9 mai 1984.

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 Quant à la personne morale, elle est responsable des fautes commises par
ses organes et ses employés.
 La force majeure, l’exécution d’un ordre de la loi ou du commandement
de l’autorité légitime constituent des causes de non imputabilité.

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 II. La classification des fautes:


 Elle se fait selon la typologie et la gravité de la faute
 A) La typologie des fautes
 On distingue notamment la faute intentionnelle et la faute non
intentionnelle qui est constituée principalement de la faute par
négligence et par imprudence. L’intérêt de cette distinction réside dans le
fait que l’intention fait varier le montant de la réparation; de plus, la faute
non intentionnelle peut être assurée contrairement à celle intentionnelle.
Enfin la faute intentionnelle (contrairement à la faute non intentionnelle)
de la victime peut écarter son droit à réparation.

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 On distingue également les fautes de commission (qui traduisent un fait


positif, un comportement) et d’abstention (à l’exemple de l’absence
d’avertissement d’un danger sur la route). Comme le disait Loisel, « qui
peut et n’empêche, pêche ».
 B) La gravité de la faute
 Comme dans la responsabilité contractuelle, on distingue la faute légère
et ordinaire de la faute lourde, dolosive et inexcusable. La faute lourde,
dans ses effets, est assimilée à la faute dolosive(faute intentionnelle).
 Un dommage doit résulter de la faute.

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 L’existence d’un dommage


 Il est une atteinte aux intérêts patrimoniaux ou extrapatrimoniaux de la
victime. A ce titre il peut être matériel, corporel ou moral. Pour être
réparables il doit remplir certaines caractéristiques.
 I. La nature du dommage: matériel, corporel ou moral
 Le dommage matériel est de nature patrimoniale; il est économique et
correspond à la perte subie par la victime à l’exemple d’un contrat de
travail ou une maison détruite. Ce peut être également un manque à
gagner (conclusion impossible de contrats suite à la faute).

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 Le dommage corporel est une atteinte à l’intégrité physique de la


personne par exemple un handicap du fait d’une opération chirurgicale. Il
comporte un préjudice matériel (les frais dépensés en vue de l’opération
ainsi que le manque à gagner du fait de l’handicap qui privera la victime
de l’exercice de certaines activités génératrices de revenu) et un
préjudice moral (les souffrances éprouvées par la victime).
 Le préjudice moral est une atteinte aux sentiments, au bien-être, aux droits
de la personnalité (atteinte à la vie privée, à l’honneur etc.).
 Le dommage, afin d’être réparé, doit remplir certaines caractéristiques.

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 II. Les caractéristiques du dommage: certain, direct et légitime


 Le dommages doit être réel et non éventuel. La perte de chance est,
comme dans le cadre de la responsabilité contractuelle, prise en compte.
 Il a par exemple été jugé qu’une victime sollicitant une indemnité par
l’obligation dans laquelle elle se serait trouvée de renoncer à la carrière
de pharmacienne à laquelle elle prétendait se destiner du fait d’un
accident, ne pouvait avoir gain de cause car ce dommage est incertain
(la victime n’ayant pas réussi son examen de baccalauréat): civ. 2e, 12
mai 1966.

5/1/2019
La responsabilité du fait personnel

 Afin d’être réparable, le préjudice doit être légitime. Il ne doit pas être
illicite ou immoral. La jurisprudence a ainsi refusé d’indemniser une
prostituée qui a été obligée de changer de profession suite à un accident
(civ. 2e, 16 mars 1993) ou les parents du fait de la naissance d’un enfant
malgré l’IVG.
 Il doit y avoir un lien de causalité entre la faute et le préjudice. Le
préjudice doit être une conséquence immédiate et directe de la faute. La
victime doit donc rapporter non seulement la preuve d’une faute, mais
aussi celle du lien de causalité entre la faute et le préjudice.
 A côté du régime de droit commun se trouvent des régimes spéciaux.

5/1/2019
La responsabilité du fait d’autrui

 - Les régimes spéciaux: la responsabilité du fait d’autrui et la


responsabilité du fait des choses
 Nous verrons à tour de rôle chacun de ces régimes de responsabilité
 La responsabilité du fait d’autrui:
 On peut être responsable des faits commis par quelqu’un d’autre. C’est le
cas des parents qui sont responsables du fait de leurs enfants mineurs
(art.1384 al.3 du Code civil, des artisans responsables du fait de leurs
apprentis (art.1384 al.6), des instituteurs du fait de leurs élèves (art.1384 al.
5), des commettants du fait de leurs préposés(art.1384 al.4).

5/1/2019
La responsabilité du fait d’autrui

 I. La responsabilité des parents du fait de leurs enfants mineurs


 L’alinéa 3 de l’article 1384 dispose que « le père et la mère, […], sont
responsables du dommages causé par leurs enfants mineurs habitant avec
eux ».
 Pour cela, il est exigé que le mineur ait commis un fait dommageable
engageant sa responsabilité.
 Il doit en outre être sous l’autorité de ses parents. S’il est sous l’autorité d’un seul
parent, c’est celui-ci qui est responsable.
 Il faut enfin que l’enfant cohabite avec ses parents. Lorsqu’il y a cessation
temporaire (et légitime) de cohabitation (à l’exemple d’un enfant en
vacances chez ses grands-parents ou en pension dans une école), il y a
exonération des parents.

5/1/2019
La responsabilité du fait d’autrui

 A contrario, lorsque la cessation de cohabitation est illégitime (à


l’exemple d’une fugue), il y a maintien de la responsabilité des parents.
 Lorsque ces 3 conditions sont remplies, il y a présomption de faute des
parents. En cas de dommage causé par leur enfant les parents sont donc
automatiquement responsables. Pour s’exonérer, l’article 1384 alinéa 6
dispose que « la responsabilité[…] a lieu, à moins que les père et mère[…]
ne prouvent qu’ils n’ont pu empêcher le fait qui donne lieu à cette
responsabilité ».

5/1/2019
La responsabilité du fait d’autrui

 La Cour de cassation a par la suite opéré un revirement; elle retient en


effet que même en l’absence de faute, la responsabilité de plein droit des
parents exerçant l’autorité parentale sur un mineur habitant avec eux
peut être engagée dès lors que le dommage invoqué par la victime a été
directement causé par le fait même non fautif du mineur: Ass. Plén., 13
décembre 2002.
 Désormais, seule la force majeure ou la faute de la victime peuvent
exonérer les parents de leur responsabilité de plein droit et il est inutile de
rechercher l’existence d’un défaut de surveillance de leur part: Civ.2e, 19
février 1997.
 Les artisans sont également responsables du fait de leurs apprentis.

5/1/2019
La responsabilité du fait d’autrui

 II. La responsabilité des artisans du fait de leurs apprentis


 Selon l’alinéa 5 de l’article 1384, « [-] les artisans [sont responsables] du
dommage causé par [-] leurs apprentis pendant le temps qu’ils sont sous leur
surveillance ».
 L’artisan est celui qui exerce une activité manuelle en guise de profession
habituelle. Sa responsabilité est une responsabilité pour faute. Une présomption
de responsabilité est là aussi posée. C’est donc dire que dès lors que l’apprenti
commet un dommage, c’est l’artisan qui est responsable.
 Pour cela 3 conditions doivent être remplies:
 - L’apprenti doit avoir commis un fait dommageable.
 - Il faut une relation d’apprentissage, qu’il y ait contrat ou pas.
 - L’apprenti doit habiter chez l’artisan.

5/1/2019
La responsabilité du fait d’autrui

 Pour s’exonérer, l’artisan devra prouver qu’il n’a commis aucune faute
dans la surveillance ou la formation de l’apprenti. Il peut également
exciper de la survenance d’une force majeure.
 Les instituteurs sont eux responsables du fait de leurs élèves.
 III. La responsabilité des instituteurs du fait de leurs élèves
 C’est l’article 1384 alinéa 5 qui énonce la responsabilité des instituteurs du
fait des élèves placés sous leur surveillance. Celui qui souhaite engager
une telle responsabilité devra apporter les preuves d’une faute, d’une
imprudence ou une négligence ayant causé le dommage.

5/1/2019
La responsabilité du fait d’autrui

 Les membres de l’enseignement public voient la responsabilité de l’Etat


substituée à la leur. C’est donc dire qu’ils ne sauraient être attraits devant
les tribunaux par la victime ou ses représentants (alinéa 7). L’Etat pourra
par la suite intenter une action récursoire contre l’enseignant.
 Pour s’exonérer l’enseignant devra prouver la faute de la victime, le fait
du tiers ou la force majeure.
 Les commettants, enfin, sont responsables du fait de leurs préposés.

5/1/2019
La responsabilité du fait d’autrui

 IV. La responsabilité des commettants du fait de leurs préposés:


 La responsabilité des commettants découle de l’alinéa 4 de l’article 1384:
« Les maîtres et les commettants [ sont responsables] du dommage causé
par leurs domestiques et préposés dans les fonctions auxquelles ils les ont
employés ».
 Le commettant est la personne qui charge une autre d’exécuter une
mission en son nom.
 Le préposé est quant à lui la personne qui agit sous la direction du
commettant.

5/1/2019
La responsabilité du fait d’autrui

 Pour que la responsabilité du commettant soit engagée, il faut d’abord un lien


de subordination avec le préposé qui effectue sa tâche sous le contrôle et
sous les ordres du commettant. L’exemple classique est celui du contrat de
travail.
 Le préposé doit, ensuite, avoir commis un acte dommageable dans l’exercice
de ses fonctions. La faute du préposé devra être prouvée par la victime.
 Le commettant est responsable de plein droit si les conditions sont remplies.
 Pour s’exonérer, le commettant devra prouver que le préposé a agi en dehors
de ses fonctions, sans son autorisation et à des fins étrangères à ses attributions
(Ass.plén., 19 mai1988). La force majeure est également une cause
d’exonération.

5/1/2019
La responsabilité du fait d’autrui

 La jurisprudence a étendu le régime de responsabilité du fait d’autrui à


d’autres situations:
 - Le centre d’accueil pour handicapés mentaux à partir du moment où il
organise et contrôle à titre permanent le mode de vie de ses
pensionnaires (arrêt Blieck du 29 mars 1991).
 - Les associations sportives responsables des dommages causés par leurs
membres au cours de compétions sportives car elle organisent, dirigent et
contrôlent l’activité de leurs membres.( civ.2e, 22 mai 1995).

5/1/2019
La responsabilité du fait d’autrui

 - La commune jugée responsable des dommages causés par des


squatteurs ayant occupé un immeuble appartenant à la commune (civ.
2e, 22 mai 1995).
 - Les services éducatifs accueillant des mineurs en danger peuvent être
responsables des dommages causés par ceux-ci car ils sont chargés par le
juge pour enfants d’organiser, de diriger et de contrôler le mode de vie
des mineurs (Crim. 10 octobre 1996).
 Ce sont tous des cas de responsabilité de plein droit.
 La responsabilité du fait des choses est le dernier régime de responsabilité.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses

 Elle est prévue à l’article 1384- alinéa 1er du Code civil: « On est
responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre
fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on
doit répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde ».

 On distingue en la matière le régime général des régimes spéciaux.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
droit commun

 I - Le droit commun de la responsabilité du fait des choses


 «On est responsable […] du dommage […] causé par le fait des […]
choses que l'on a sous sa garde » (article 1384, alinéa 1er ).
 Il faut donc une chose, causant un dommage, dommage dont devra
répondre le gardien de la chose.
 A) Une chose
 Aucune distinction n’est faite quant à la nature de la chose. Il peut ainsi
s’agir d’un meuble ou d’un immeuble (voiture, ascenseur, escalier…), car,
ainsi que le dit l’arrêt Jeand’heur (1930), la responsabilité du fait des
choses se rattache « à la garde de la chose et non à la chose elle-
même ».

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
droit commun

 On ne prend pas en compte le fait que la chose comportait ou non un


vice qui serait à l’origine du dommage (arrêt précité), pas plus qu’on ne
tient compte de la dangerosité de la chose. Peu importe aussi que la
chose soit animée ou inerte, actionnée par la main de l’homme ou non
(arrêt précité).
 N’importe quelle chose est donc concernée, pour autant que la chose ne
soit pas soumise à un régime spécial.
 B) Le fait de la chose

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
droit commun

 Selon l’arrêt Jeand’heur, « la loi pour l’application de la présomption qu’elle


édicte, ne distingue pas suivant que la chose qui a causé le dommage était
ou non actionnée par la main de l’homme ». C’est donc la chose qui produit
la cause du dommage et non la main de l’homme.
 Considérons (exemples donnés par Mainguy) qu’un cycliste renverse une
personne qui traverse la rue et lui cause un dommage ou un piéton qui
marche sur le trottoir et heurte sur ce même vélo rangé le long d’un poteau et
se blesse. C’est la chose qui est donc « la cause génératrice du dommage »
(cass.civ.19 juillet 1939; cass.civ. 16 janvier 1940); elle doit, autrement dit,
être « l’instrument du dommage » : « l’application de l’article 1384 al.1 suppose
avant tout rapporté par la victime que la chose a été, en quelque manière et
ne fût-ce que pour partie, l’instrument du dommage (cass.civ. 2e,19 novembre
1964).

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
droit commun

 La victime devra dès lors prouver que la chose a été l’instrument du


dommage et que le dommage est le résultat d’une « intervention causale
d’une chose ». La question cruciale est celle de la détermination du
gardien de la chose.
 C) La garde de la chose
 L’article 1384, al 1er parle de « garde ». Le gardien est celui qui
détient « l’usage, la direction et le contrôle de la chose » (arrêt Franck du 2
décembre 1941).
 La notion de gardien n’est pas similaire à celle de propriétaire.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
droit commun

 Ainsi, en cas de vol d’une voiture par exemple, le gardien de la chose est
le voleur qui a la maîtrise matérielle et non le propriétaire qui a le pouvoir
juridique sur la chose. On considère que c’est celui qui a la maîtrise
matérielle car lui seul peut éviter la réalisation du dommage. Le
propriétaire est tout de même présumé gardien ( civ. 2e, 23 janvier 2003). Il
peut rapporter la preuve contraire.
 - La garde de la chose suppose l’usage, la direction et le contrôle de la
chose. Un mineur ou un majeur incapable peut être considéré comme
gardien.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
droit commun

 - Elle peut durer un certain temps ou un instant (ex: quelqu’un ouvre la


porte d’une voiture ce qui cause un dommage).
 - Elle est un pouvoir indépendant : le gardien de la chose ne doit être
soumis à aucun lien de subordination, il doit avoir la parfaite maîtrise de la
chose. C’est dire donc que le préposé ne peut être considéré comme
gardien.
 - Elle est en principe exercée par une seule personne. Mais la
jurisprudence retient les notions de garde collective ou garde en commun
(à l’exemple des joueurs utilisant un ballon) et le fractionnement de la
garde. On parle ainsi de garde de structure et de garde de
comportement. Le gardien de structure de la chose est le fabricant ou le
propriétaire tandis que l’utilisateur est le gardien du comportement.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
droit commun

 Le juge devra dès lors rattacher le dommage à la structure de la chose


(on parle alors de « dynamisme propre » ou à l’usage qui en a été fait.
 En cas de dommage causée par plusieurs choses( collision de véhicules)
ayant des gardiens différents, chaque gardien est responsable. Pour
s’exonérer, chacun devra apporter la preuve d’un cas fortuit, d’une force
majeure ou une cause étrangère qui ne lui soit pas imputable (civ. 20 mars
1933). On ne saurait dès lors dire qu’il y a neutralisation des présomptions
(ce qui impliquerait) que chaque partie supporterait la charge du
dommage que lui a causé l’accident.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
droit commun

 Une fois les condition remplies, la responsabilité du gardien de la chose est


de plein droit car c’est une présomption de responsabilité (notons qu’un
enfant en bas âge peut être considéré comme gardien).
 Pour s’exonérer, le gardien doit prouver un cas de force majeure, le fait du
tiers ou la faute de la victime. Si la faute de la victime a été irrésistible et
imprévisible, le gardien pourra bénéficier d’une exonération totale. A
l’exemple (Mainguy) du chasseur qui se place brusquement dans le
champ de tir de son compère (civ. 2e, 29 mars1984), du passant qui passe
trop près des pales d’un hélicoptère (civ. 2e, 4 mars1992), ou qui, trop près
de la voie ferrée se fait happer par le train qui entre en gare( civ. 2e, 25
juin 1998).

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
droit commun

 Si la faute ne revêt pas ces caractéristiques, l’exonération ne sera que


partielle.
 A côté du droit commun de la responsabilité du fait des choses, se
trouvent les régimes particuliers prévus par la loi.
 II. Les régimes particuliers de responsabilité du fait des choses
 Il s’agit de la responsabilité du fait des animaux, de la ruine des bâtiments,
de la communication d’incendie. Nous dirons également un mot sur la
responsabilité du fait des produits défectueux, sur la responsabilité du fait
des accidents de circulation et sur la responsabilité médicale.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 A) La responsabilité du fait des animaux:


 Selon l’article 1385 du Code civil, « Le propriétaire d’un animal ou celui qui
s’en sert, pendant qu’il est à son usage, est responsable du dommage
que l’animal a causé, soit que l’animal fût égaré ou échappé ». Sont donc
concernés les animaux domestiques et non sauvages. Le dommage peut
être une morsure, une maladie transmise (civ. 2e, 21 juillet 1992)), une
frayeur ayant causé un accident. Si la victime avait été informée des
risques encourus, le gardien s’exonère dans certains cas. Par exemple
quelqu’un qui entre dans une maison malgré l’avertissement « chien
méchant » (civ. 2e, 25 janvier 1978).

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 Le gardien peut encore exciper de la force majeure ou de la faute de la


victime.
 Autre régime spécial: la responsabilité du fait des bâtiments en ruine.
 B) La responsabilité du fait des bâtiments en ruine :
 L’article 1386 du Code civil énonce que : « Le propriétaire d’un bâtiment
est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu’elle est arrivée
par la suite du défaut d’entretien ou par le vice de sa construction ».
 En cas de dommage de ce type, la victime n’a d’autre choix que de
fonder son action sur la base de l’article précité.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 Si le locataire est à l’origine de la ruine du bâtiment, le propriétaire devra


tout de même indemniser la victime à charge pour lui de se retourner
contre celui-là.
 La victime peut également intenter une action contre le gardien de la
chose sur le fondement de l’article 1384, al 1er.
 Pour s’exonérer, le propriétaire pourra invoquer la force majeure, le fait du
tiers ou la faute de la victime.
 Voyons la responsabilité du fait de la communication d’incendie.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 C) La responsabilité en cas de communication d’incendie:


 L’alinéa 2 de l’article 1384 dispose que « Celui qui détient, à un titre
quelconque, tout ou partie de l'immeuble ou des biens mobiliers dans
lesquels un incendie a pris naissance ne sera responsable, vis-à-vis des
tiers, des dommages causés par cet incendie que s'il est prouvé qu'il doit
être attribué à sa faute ou à la faute des personnes dont il est
responsable».
 Il faut d’abord un incendie d’un bien meuble ou immeuble dont une
personne est gardienne. N’a pas été considéré comme tel un feu
volontaire (civ. 2e, 17 décembre 1972) ou une explosion du fait d’une fuite
de gaz (civ. 2e, 5 décembre 1984).

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 Il faut ensuite une communication d’incendie, c’est-à-dire un feu déclaré


d’abord dans une chose appartenant au défendeur au procès et s’étant
propagé chez le demandeur. La Cour retient que si l’incendie s’est
d’abord déclaré chez le demandeur, l’alinéa 2 de l’article 1384 ne peut
être appliqué.
 Si la victime a commis une faute, cela peut écarter ou limiter son droit à
être réparée (civ. 1ère , 28 novembre 2007: victimes ayant amplifié la
puissance de l’incendie et l’importance des dégâts).
 La responsabilité du fait des produits défectueux est également prévue.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 D) La responsabilité du fait des produits défectueux


 Elle touche notamment le secteur alimentaire, pharmaceutique et la
consommation. Ce régime est applicable qu’un contrat existe ou pas
entre la victime et le producteur.
 Il est question de « producteur d’un produit dont le défaut a causé des
dommages aux personnes ou aux biens […] ».
 Quatre conditions sont fixées:

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 - Il faut des « produits », entendus comme des biens « meubles » même


« incorporés dans un immeuble, y compris les produits du sol, de l’élevage,
de la chasse ou de la pêche ».
 - Il faut un défaut du produit. L’alinéa 4 de l’article 1386 précise qu’« un
produit est défectueux lorsqu’il ne présente pas la sécurité à laquelle on
peut légitimement s’attendre » en tenant compte « de toutes les
circonstances et notamment de la présentation du produit, de l’usage qui
peut en être raisonnablement attendu et du moment de sa mise en
circulation ». Ainsi que le dit Mainguy, « ce n’est donc pas un produit
affecté d’un vice caché, erroné ou dangereux[---] ».

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 Un produit peut être dangereux sans être défectueux, tel le tabac ou certains
médicaments: La défectuosité se présente donc comme un défaut de sécurité
envisagé du point de vue de l’attente d’un usager raisonnable et sans doute
raisonnablement informé.
 - Le producteur est défini par l’alinéa 6 de l’article 1386 comme le fabricant
d’un produit fini, d’une matière première ou d’un composant. Sont aussi
concernés ceux qui apposent leur marque sur un produit fabriqué par
d’autres, les importateurs. Les constructeurs sont écartés (leur responsabilité est
régie par les articles 1792 et suivants). Les vendeurs, loueurs (hormis le crédit-
bailleur), professionnels ou « tout autre fournisseur professionnel » sont
concernés lorsque le producteur ne peut être identifié (al.7 de l’article 1386); ils
peuvent se retourner contre le producteur (prescription d’une année).

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 - Il faut enfin une victime et un dommage, que ce soit à sa personne ou à ses


biens.
 La responsabilité est encourue au jour de la mise en circulation du produit
(c’est-à-dire « lorsque le producteur s’en est dessaisi volontairement ». Elle
correspond à la présentation au public.) La responsabilité est soumise au délai
de prescription de 10 ans.
 Il revient à la victime de prouver l’existence du défaut, le dommage et le lien
de causalité (art.1386-9). Pour s’exonérer, le producteur peut invoquer le fait
qu’il n’a pas mis le produit en circulation, que le défaut est né après mise en
circulation, qu’il n’étai pas destiné à la vente, qu’u tiers a concouru à la
production du dommage, que le défaut provient d’un composant ou d’un
vice de conception imputable à autrui ou la faute de la victime (Mainguy).

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 Ce peut être le fait que le défaut est dû à la conformité du produit à une


norme impérative ou que « l’état des connaissance scientifiques et
technique » au moment de la mise en circulation n’a pas permis de
déceler le défaut (art.1386-11- 4e ). Sauf s’agissant d’un produit du corps
humain ou d’un élément (exemple du sang contaminé).
 Il a tout de même une obligation de « suivi » (mettre tout en œuvre pour
prévenir les conséquences dommageables).
 La responsabilité du fait des accidents de circulation sera abordée.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 E) La responsabilité du fait des accidents de la circulation:


 Elle est régie par le Code de la Conférence interafricaine des marchés
d’assurance (CIMA) créée le 10 juillet 1992 et qui regroupe 14 Etats
membres. La CIMA a adopté une législation unique applicable au régime
des assurances et qui prend en compte l’indemnisation des accidents de
circulation. C’est le « Code CIMA ».
 Ce Code comporte les règles relatives à la responsabilité du fait des
accidents de circulation: il en fixe les conditions ainsi que l’indemnisation
des victimes.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 L’article 200, alinéa 1er du Code CIMA fait obligation à toute personne
physique et morale (en dehors de l’Etat), dont la responsabilité civile peut
être engagée en raison de dommages subis par des tiers résultant
d’atteintes aux personnes ou aux biens et causés par un véhicule terrestre
à moteur ainsi que ses remorques ou semi-remorques, de souscrire, afin de
faire circuler ces véhicules, une assurance garantissant cette
responsabilité.
 Les garagistes et professionnels de l’automobile doivent quant à eux
souscrire une assurance couvrant leur responsabilité, celle des personnes
travaillant dans leur exploitation et des personnes ayant la garde ou la
conduite des véhicules sous leur responsabilité.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 Les risques couverts sont ceux liés à l’utilisation des véhicules qui leur sont
confiés (article 201 du Code CIMA).
 Le véhicule terrestre à moteur est défini comme étant « un engin à roues
mû par un force motrice autonome servant à transporter des hommes ou
des choses ». Sont exclus les trains et les tramways (article 203 du Code
CIMA).
 Les remorques et semi-remorques sont des véhicules terrestres destinés à
être attachés à un véhicule terrestre à moteur afin de transporter des
personnes ou des choses.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 L’assurance couvre les dommages corporels ou matériels résultant:


 « 1) des accidents, incendies ou explosions causés par le véhicule, les
accessoires et produits servant à son utilisation, les objets et substances
qu’il transporte;
 2) de la chute de ces accessoires, objets, substances ou produits ».
 Le véhicule doit avoir causé l’accident. La force majeure et le fait du tiers
ne sont pas des causes d’exonération. Quant à la faute de la victime, elle
ne joue que si elle a volontairement cherché les dommages subis. Dans le
cas où la victime était conductrice, sa faute permet de limiter ou
d’exclure l’indemnisation.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 Contrairement au droit commun de la responsabilité délictuelle, la


réparation n’est pas intégrale.
 En cas d’atteinte à la personne, l’assureur doit présenter une offre
d’indemnité à la victime (ou à ses ayants droits en cas de décès) dans un
délai de 12 mois depuis l’accident ou depuis le jour où il en est informé
(art. 231 du Code CIMA).
 La victime ou ses ayants droits peuvent refuser la transaction dans un délai
de 15 jours depuis la réception de l’offre. En cas de non aboutissement de
la transaction, le juge pourra être saisi.

5/1/2019
La responsabilité du fait des choses:
régimes spéciaux

 Les victimes dont l’auteur responsable de l’accident est non assuré et


insolvable ou celles dont l’auteur responsable ne peut être identifié, ne
sont pas bénéficiaires de l’offre.
 Le régime général des obligations constituera la 2nde partie de ce cours.

5/1/2019
Le régime général des obligations

 Le régime général des obligations désigne l’ensemble des règles


s’appliquant à l’obligation quelle que soit son origine (contractuelle,
légale…).
 Nous verrons dans un premier titre les obligations conditionnelles, à terme
et les obligations plurales, avant de voir les modalités d’extinction de
l’obligation dans un second titre.

5/1/2019
Les obligations conditionnelles, à
terme et les obligations plurales

 Les obligations conditionnelles et celles à terme seront d’abord vues,


avant les obligations plurales.
 Chap I:Les obligations conditionnelles et les obligations à terme
 Certaines obligations dépendent de la survenance d’un évènement qui
fait dépendre leur existence ou leur exigibilité. Il convient de distinguer le
terme de la condition
 1- La condition

5/1/2019
Les obligations conditionnelles

 L’article 1168 du Code civil dispose que « l’obligation est conditionnelle


lorsqu’on a fait dépendre d’un évènement futur et incertain, soit en la
résiliant, selon que l’évènement arrivera ou n’arrivera pas ».
 La condition est donc un évènement futur et incertain.
 Elle est suspensive lorsqu’elle conditionne la naissance de l’obligation.
 Elle est résolutoire lorsque son accomplissement a pour conséquence
l’anéantissement de l’obligation.
 Elle est facultative en ce sens que ce sont les parties qui par leur volonté,
l’insèrent dans le contrat. Un élément essentiel de formation du contrat
imposé par la loi (à l’exemple du consentement), ne peut être érigé en
condition suspensive ou résolutoire.

5/1/2019
Les obligations conditionnelles

 L’évènement doit être futur; il ne doit pas être déjà survenu (même si les
parties l’ignoraient: article 1181, al.2) dans son existence (et non dans sa
date).
 Le Code civil distingue la condition casuelle de la condition mixte et
potestative (articles 1169, 1170 et 1171).
 La condition casuelle est « celle qui dépend du hasard, et qui n’est
nullement au pouvoir du créancier ni du débiteur ». Ce type de condition
est valable.
 La condition mixte est « celle qui dépend tout à la fois de la volonté d’une
des parties contractantes et de la volonté d’un tiers ».

5/1/2019
Les obligations conditionnelles

 Elle est également valable.


 La condition potestative est quant à elle « celle qui fait dépendre
l’exécution de la convention d’un évènement qu’il est au pouvoir de l’une
ou de l’autre des parties contractantes de faire arriver ou d’empêcher ».
 Ce type de condition elle nulle lorsque c’est le débiteur qui a le pouvoir
de faire arriver l’évènement ou de l’empêcher: article 1174 (« Toute
obligation est nulle lorsqu’elle a été contractée sous une condition
potestative de la part de celui qui s’oblige »). Cette règle « permet de
s’assurer du sérieux et de la réalité du consentement; elle permet aussi de
protéger une partie contre le pouvoir arbitraire de l’autre »( Stoffel-Munck).

5/1/2019
Les obligations conditionnelles

 On veut par là éviter que le débiteur ne puisse se délier à sa guise.


 La sanction est la nullité de l’obligation qui entraîne la nullité du contrat
synallagmatique pour défaut de contrepartie. Il s’agit d’une nullité relative
ne pouvant être invoquée que par le créancier.
 La condition ne doit pas être impossible ou illicite sous peine de nullité
affectant l’obligation. Si elle est impossible (au moment de la conclusion
du contrat), cela veut dire que l’obligation ne serait jamais consolidée ou
jamais résolue: le contractant en réalité n’a pas voulu s’engager (Stoffel-
Munck).

5/1/2019
Les obligations conditionnelles

 On assimile à l’impossibilité absolue celle qu’on ne pourrait surmonter


qu’avec des moyens extraordinaires.
 L’article 1172 dispose que « Toute condition d’une chose impossible[…] est
nulle, et rend nulle la convention qui en dépend ».
 Le même article dispose que « Toutes condition d’une chose […] contraire
aux bonnes mœurs, ou prohibée par la loi, est nulle, et rend nulle la
convention qui en dépend ».
 Dès sa survenance, la condition produit des effets de plein droit, sans
nécessité de mise en demeure. Ses effets sont rétroactifs.

5/1/2019
Les obligations conditionnelles

 S’il s’agit d’une condition suspensive, l’obligation est censée avoir toujours
existé.
 S’il s’agit d’une condition résolutoire, l’obligation est censée n’avoir jamais
existé.
 Selon l’article 1178, « La condition est réputée accomplie lorsque c’est le
débiteur, obligé sous cette condition, qui en a empêché
l’accomplissement ».
 Le terme est l’autre modalité pouvant affecter une obligation.

5/1/2019
Les obligations à terme

 2- Le terme
 Les obligations à terme font l’objet des articles 1185 à 1188 du Code civil.
 Il s’agit d’un évènement futur et certain.
 L’échéance du terme, c’est-à-dire sa survenance, fixe le moment où le
créancier pourra exiger l’exécution de l’obligation (c’est le terme
suspensif) ou le moment où le débiteur sera délié de l’obligation pour
l’avenir (terme extinctif).

5/1/2019
Les obligations à terme

 Le terme suspensif suspend l’exigibilité de l’obligation.


 Le terme extinctif éteint l’obligation pour l’avenir (par exemple le bailleur
ne peut plus exiger de nouveaux loyers (Stoffel-Munck). Contrairement à
la condition dont la survenance est incertaine, le terme se réalisera dans
tous les cas. On parle tout de même de « terme certain » et de « terme
incertain ».
 Le terme certain est celui dont la date d’échéance est connue (par
exemple un délai fixé de 3 mois ou le 5 septembre 2021).
 Le terme incertain est celui dont on ignore la date à laquelle se produira
l’évènement.

5/1/2019
Les obligations à terme

 Par exemple le décès d’une personne est un évènement futur et certain


(ce qui le distingue d’une condition); il s’agit donc d’un terme, mais dont
la date et inconnue: c’est un terme incertain.
 Le terme peut être exprès ou tacite (lorsque les partie se sont seulement
mises d’accord sur le principe d’un terme sans avoir défini avec précision
l’évènement qui le caractérisera (Stoffel-Munck). Il appartiendra au juge
de le fixer.
 L’article 1187 du Code civil présume que le terme a été stipulé dans
l’intérêt du débiteur.

5/1/2019
Les obligations à terme

 L’intérêt qui s’y rattache est lié à la renonciation de son bénéfice (ainsi le
débiteur pourra par exemple s’acquitter de sa dette avant la date fixée).
 Le terme produit un effet sur l’exigibilité de l’obligation (qu’il suspend ou
éteint) et non sur l’existence de celle-ci (comme la condition).
 Certains évènements entraînent la déchéance du terme; la dette devient
donc exigible avant la date du terme.

5/1/2019
Les obligations à terme

 Ces évènements sont:


 - La liquidation judiciaire du débiteur;
 - Quand le débiteur diminue les sûretés du créancier (art. 1188);
 - Une cause prévue par le contrat.
 Autre catégorie d’obligations, les obligations plurales feront l’objet du
deuxième chapitre.

5/1/2019
Les obligations plurales

 Chap 2: Les obligations plurales


 Il s’agit des obligations conjointes, solidaires et indivisibles.
 1- Les obligations conjointes
 C’est une obligation à sujets multiples. Il peut y avoir plusieurs créanciers
(appelés cocréanciers) ou plusieurs débiteurs (appelés codébiteurs).
L’obligation se divise entre eux en principe par parts égales: « Chacune de
ces obligations a son objet particulier, une existence distincte et est
soumise à ses propres conditions de validité: si l’une est nulle ou éteinte, les
autres n’en sont pas affectées » ( Stoffel-Munck).

5/1/2019
Les obligations plurales

 S’il y’a codébiteurs, le créancier devra exiger le paiement à chacun. En


cas d’insolvabilité de l’un, les autres débiteurs ne sont pas obligés de
payer à sa place.
 L’exemple courant est celui d’un débiteur ou d’un créancier unique d’une
dette qui décède en laissant plusieurs héritiers entres lesquels l’obligation
se fractionne (Stoffel-Munck).
 Les obligations solidaires sont aussi des obligations à sujets multiples.

5/1/2019
Les obligations plurales

 2- Les obligations solidaires


 Elles font l’objet des articles 1197 à 1216 du Code civil. On distingue la
solidarité active de la solidarité passive.
 La solidarité active est la situation où un débiteur a, pour la même
obligation, plusieurs créanciers dont chacun a un droit sur le tout (articles
1197à 1199 du Code civil); c’est-à-dire que chacun peut exiger le
paiement de toute la créance.
 La solidarité passive est la situation où il y’a plusieurs débiteurs principaux
(ou des cautions) d’une même dette.

5/1/2019
Les obligations plurales

 Elle est une garantie de paiement pour le créancier qui lui permet de se
prémunir de l’insolvabilité d’un débiteur (Stoffel-Munck). Le créancier peut
réclamer le paiement à l’un quelconque des débiteurs. Son paiement
libère les autres.
 La solidarité peut être conventionnelle ou légale.
 La dernière catégorie d’obligations plurales est celle des obligations
indivisibles.

5/1/2019
Les obligations plurales

 3- Les obligations indivisibles


 Elles font l’objet des articles 1217 à 1225 du Code civil.
 Une obligation indivisible ne peut être exécutée qu’en totalité. Ainsi que
l’écrivaient Stoffel-Munck et alii., elle prend de l’intérêt lorsqu’existent
plusieurs créanciers ou plusieurs débiteurs car elle empêche le
fractionnement de la dette en permettant à chaque créancier d’exiger
de chaque débiteur le paiement de la totalité de la dette. Elle empêche
la division de la dette.

5/1/2019
Les obligations plurales

 En cas de pluralité de débiteurs, chacun est tenu d’exécuter


intégralement et en une seule fois (exemple des cohéritiers du débiteur);
en cas de pluralité de créanciers, chacun peut réclamer un paiement
total (exemple des cohéritiers du créancier).
 L’extinction de l’obligation fera l’objet du titre 2.

5/1/2019
L’extinction de l’obligation

 L’extinction de l’obligation
 L’obligation est éteinte soit en raison d’une exécution normale, soit en
raison d’une exécution forcée.
 Chap.1: L’exécution normale de l’obligation
 Elle correspond au paiement.
 Le paiement est toute exécution d’une obligation par un débiteur.
 Nous nous intéresserons au droit commun du paiement, et plus
précisément aux règles relatives à ses conditions, à sa preuve et aux
incidents y liés.

5/1/2019
L’exécution normale de l’obligation

 Les conditions subjectives:


 Elles sont relatives au solvens et à l’accipiens.
Le solvens :
Dans des cas exceptionnels, le créancier a intérêt à l’exécution personnelle
de l’obligation par le débiteur.
Dans toutes les autres hypothèses, le solvens peut être le débiteur lui-même
ou un tiers (même contre la volonté du créancier). Ce peut être le donateur,
la caution, le gérant d’affaires .
A défaut d’intention libérale, le débiteur paiera le solvens.

5/1/2019
L’exécution normale de l’obligation

L’Accipiens:
Entre les mains de qui faut-il payer?
 Entre les mains du créancier ou de son mandataire (conventionnel, légal
ou judiciaire);
 ou entre les mains du créancier apparent ( notamment en cas de cession
de créance non signifiée).

5/1/2019
L’exécution normale de l’obligation

 Les conditions objectives:


L’objet du paiement
Le solvens doit acquitter la chose convenue mais cela est souvent difficile en
pratique. On considère donc que s’il s’agit d’une chose de genre, il devra
fournir une chose de qualité moyenne.
Le principe de l’indivisibilité du paiement s’applique, sauf accord du
créancier. Il admet une exception en cas de pluralité de débiteurs, si le
tribunal accorde un délai de grâce pour une partie de la dette ou s’il y a
compensation avec extinction réciproque des obligations jusqu’à la hauteur
du montant le plus faible.

5/1/2019
L’exécution normale de l’obligation

 Si une somme d’argent a été versée sans détermination de l’objet de la


prestation fournie, cette somme correspond aux arrhes. S’agit-il dès lors
d’un acompte ou d’une clause de dédit?
 L’acompte correspondant à une exécution anticipée de l’obligation qui
donne lieu à restitution en cas d’inexécution, tandis que la clause de
dédit est une garantie d’exécution de l’obligation. En cas d’inexécution
de la faute du débiteur, celui-ci perdra le montant correspondant au
dédit; si l’inexécution est due à la faute du créancier, il devra payer le
double de la somme.

5/1/2019
L’exécution normale de l’obligation

 On considère qu’à l’égard du contractant le plus faible, cette somme


correspond à un dédit, tandis qu’à l’égard du plus fort il s’agit d’un
acompte.
Les obligations alternatives et facultatives
 L’article 1189 dispose que « Le débiteur d'une obligation alternative est
libéré par la délivrance de l'une des deux choses qui étaient comprises
dans l'obligation ».
 L’article 1190 précise que le choix appartient au débiteur, s'il n'a pas été
expressément accordé au créancier.
L’obligation est facultative lorsque le débiteur doit exécuter une obligation
A ou à défaut une obligation B.

5/1/2019
L’exécution normale de l’obligation

L’imputation du paiement
 C’est la situation où le débiteur a une ou plusieurs dettes à l’égard d’un
créancier et le paiement ne suffit pas pour toutes les couvrir.
 Si le solvens ne précise pas laquelle des obligations est éteinte, il existe des
règles supplétives:
- Si la dette produit des intérêts, le paiement s’impute d’abord sur les
intérêts puis sur la partie de la dette non cautionnée.
- S’il y a plusieurs dettes, on considère payées d’abord celles produisant des
intérêts ou les dettes échues.

5/1/2019
L’exécution normale de l’obligation

Les circonstances du paiement:


* Le moment du paiement: il a lieu à l’échéance et suppose la mise en
demeure du débiteur (c’est l’acte par lequel le créancier demande
paiement). Le juge peut accorder des délais.
* Le lieu du paiement: si l’objet est un corps certain, le paiement est réputé
fait à l’endroit où se situe l’objet.
S’il s’agit d’un bien fongible, le créancier se doit d’aller récupérer le
paiement sauf s’il s’agit d’une dette alimentaire.

5/1/2019
L’exécution normale de l’obligation

 La preuve et les incidents de paiement:


 * La preuve dépend de la nature juridique du paiement.
 Il est souvent considéré (même implicitement) comme un acte juridique, ce
qui nécessite un écrit lorsque la valeur est supérieure ou égale au montant fixé
dans le Code civil.
 La charge de la preuve incombe au débiteur. Mais s’il s’agit d’une obligation
négative, il reviendra au créancier de prouver l’inexécution.
 On pose des présomptions (si la preuve directe du paiement est impossible) en
cas de:
 - Remise volontaire par le créancier du titre de créance;
 - Non manifestation du créancier au-delà d’une certaine date pour demander
paiement.

5/1/2019
L’exécution normale de l’obligation

 * Les incidents de paiement: c’est le cas où le créancier n’est pas satisfait par
la prestation du débiteur : le débiteur fait alors une offre de paiement; si le
créancier ne l’accepte pas, il y a consignation de la prestation entre les mains
d’un tiers.
 L’exécution de l’obligation peut être forcée.
 Chap.2: L’exécution forcée
 Il y a des mesures d’exécution et des mesures préalables à l’exécution forcée.
 Les mesures d’exécution:
 * Les conditions préalables: La créance doit être certaine dans son principe et
son montant, doit être liquide, exigible et constatée par un titre exécutoire.

5/1/2019
L’exécution forcée de l’obligation

 * Les procédés de contrainte:


 Les procédés directs sont la saisie de certains biens appartenant au
débiteur (c’est une procédure Individuelle; si le débiteur insolvable est un
commerçant, on parle de procédures collectives).
 Si l’obligation inexécutée est une obligation de faire, le créancier peut
demander à un tiers d’exécuter l’obligation à la place du débiteur aux
frais de celui-ci.
 Les procédés indirects sont des moyens de pression comme l’astreinte qui
est une condamnation pécuniaire mise à la charge du débiteur par le
juge et dont le montant est indépendant du dommage réalisé par
l’inexécution.

5/1/2019
L’exécution forcée de l’obligation

 L’astreinte provisoire: à l’issue d’un délai, le débiteur devra s’acquitter de


la somme.
 L’astreinte définitive: le débiteur doit payer à chaque constatation de
l’inexécution (par exemple par jour de retard).
 Les mesure préparatoires à l’exécution:
 Préalablement à la mise en œuvre des mesures d’exécution forcée, le
créancier pourra soit exercer une action du débiteur, soit exercer une
action en inopposabilité contre le débiteur.

5/1/2019
L’exécution forcée de l’obligation

 * L’exercice d’une action du débiteur


 Il est un moyen de pallier l’inertie du débiteur.
 L’action oblique: toute action appartenant au débiteur qui va être
exercée à son nom par le créancier.
 Les conditions:
 1)Le débiteur doit avoir négligé d’intenter l’action en justice;
 2) L’action ne doit pas être attachée à la personne du débiteur.

5/1/2019
L’exécution forcée de l’obligation

 Les effets: le créancier n’a pas plus de droit que son débiteur ou que les
autres créanciers: il s’agit d’un résultat collectif; il agit au nom du
débiteur..
 L’action directe: le créancier agit en son nom, ce qui implique que le bien
est affecté au créancier agissant. Mais l’action directe n’est accordée
qu’à certains créanciers. Il s’agit d’un action intentée contre le débiteur
de leur débiteur.
 * L’action en inopposabilité contre le débiteur:
 Il s’agit de l’action paulienne. Elle obéit à des conditions.

5/1/2019
L’exécution forcée de l’obligation

 - Il faut un dommage: l’acte crée ou augmente l’insolvabilité du débiteur;


 - causé au créancier: le dommage doit être postérieur à la créance;
 - fait en fraude des droits du créancier: avant il était exigé une intention de
nuire, mais dorénavant, il faut la simple connaissance par le débiteur du
préjudice causé au créancier.
 S’il y a collusion frauduleuse, le tiers subit aussi l’action paulienne. Si un
acte à titre gratuit a été conclu entre le débiteur et le tiers, la bonne ou la
mauvaise foi de ce dernier est indifférente. S’il s’agit d’un acte à titre
onéreux, il est nécessaire d’établir la connaissance du préjudice chez le
tiers.

5/1/2019
L’exécution forcée de l’obligation

 Les effets de l’action paulienne:


 C’est l’inopposabilité de l’acte au créancier agissant seulement (entre les
parties qui l’ont passé, l’acte est parfait; il est également opposable aux
autres créanciers.

5/1/2019

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