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Septembre 2013 - volume 29 n°3

Vulgarisation et conseil agricoles


Adresse AGRIDAPE Administration : Edition chinoise
IED Afrique Maïmouna Dieng Lagnane CBIK, 3rd Floor, Building A
24, Sacré Coeur III – Dakar Traduction : Bougouma Mbaye Fall Zhonghuandasha, Yanjiadi, Kunming
Yunnan. E-mail : renjian@cbik.sc.cn
BP : 5579 Dakar-Fann, Sénégal
Conception graphique - Impression :
Téléphone : +221 33 867 10 58 Imprimerie Graphi plus Édition espagnole
Fax : +221 33 867 10 59 Tél. : +221 33 869 10 16 La revista de agro-ecologia
E-mail : agridape@orange.sn Association ETC Andes, AP.18-0745,
Agriculture durable à faibles apports externes Site Web : www.iedafrique.org Edition Internationale Lima 18, Pérou
VOL. 29.1 - Avril 2013 E-mail : base-leisa@etcandes.com.pe
Coordonnatrice : Awa Faly Ba Mbow Farming Matters
AGRIDAPE est l’édition régionale
Afrique francophone des magazines ILEIA, P.O. Box 90 Édition indienne
Comité éditorial : Bara Guèye,
LEISA co-publiée par ILEIA et IED Afrique 6700 AB Wageningen LEISA India
Awa Faly Ba Mbow, Mamadou
ISSN n°0851-7932 The Netherlands. AME Foundation , PO Box 7836, Bangalore
Fall, E. Hadj Malick Cissé, Aly Faye, Tel: +31 (0) 317760010 560 085, Inde
Lancelot Soumelong-ehode, Fax: +31 (0) 334632410 E-mail : amebang@giasbg01.vsnl.net.in
Souleymane Cissé E: ileia@ileia.org
Marie Mamour Diop

18 Les visites d'échange : un outil de


SOMMAIRE promotion de la RNA au Mali
Drissa Gana . Mamadou Diakité

Les paysans du cercle de Bankass dans la région de Mopti au


Mali, font recours, depuis quelques décennies, à la Régéné-
4 Editorial ration naturelle assistée (RNA) pour faire face à la dégradation
de leurs ressources naturelles et aux effets de la sécheresse
6 Capitalisation de l’expérience de l’ANCAR dans l’appui conseil à la et du changement climatique. Pour amener les communautés
lutte contre la salinisation des rizières du département d’Oussouye villageoises des cercles voisins à adopter cette méthode agro-
(Région de Ziguinchor, Sénégal). Mohamed Simon Ndène écologique qui consiste à sélectionner et à suivre la croissance
de jeunes pousses d’arbres à l’intérieur des espaces de culture,
11 Transfert de technologies pour le développement des chaînes de
des ONGs ont organisé une visite d’échange d’expériences
valeur agricole au Mali. R. Dembélé , B. S. Camara1, B. Sissoko , F. Camara, A.
à Bankass. Cette visite d’échange a permis aux agriculteurs
Kanté, A. Diané et A. Berthé venus des autres villages de se faire leur propre opinion de la
15 Promouvoir la diversification agricole pour lutter contre l’insécurité RNA. Une opinion favorable qui facilité une large diffusion de
la méthode dans la région.
alimentaire dans le Centre-Nord du Sénégal
Ndiamé THIAM, Babacar MBAYE (FADEC/SUD)

18 Les visites d’échange : un outil de promotion de la RNA au Mali


Drissa Gana . Mamadou Diakité UN RÉSEAU, UNE DYNAMIQUE !
20 Formation des formateurs sur les techniques agro-écologiques au AgriCultureS est un réseau de diffusion et d’échange d’informations
Burkina Faso sur des approches agricoles respectueuses de l’environnement et
adaptées aux réalités agroécologiques et sociales. Ce nom marque
Fatou Batta, Tsuamba Bourgou, Clarisse Diasso
bien le fait que l’agriculture n’est pas juste un secteur économique de
22 Le dialogue social pour sécuriser les droits fonciers des femmes spéculation ou un ensemble de paquets technologiques, mais qu’elle
comporte une dimension culturelle intrinsèque dont la diversité est
rurales, au Burkina Faso
à valoriser et à protéger. Le réseau réunit sept éditions régionales,
Inoussa Maïga dont AGRIDAPE, représentant tous les continents. Ces éditions sont
25 Les femmes, vecteurs d’informations dans la Lutte contre les regroupées autour d’un secrétariat international pour renforcer la
promotion de l’agriculture durable comme réponse au défi alimentaire
pesticides agricoles nocifs, au Ghana. mondial. AgriCultureS dispose également d’une base de données
Rebecca A Sabri, Pognaa Patricia Dianon, May Asumpta Mwinsigtend (RUWFAG-Lawra) spécialisée et d’un site Internet interactif qui permet d’accéder à de
nombreuses informations et d’échanger sur le développement de
27 Des foires alimentaires traditionnelles pour valoriser les produits
l’agriculture durable dans le monde.
locaux au Ghana
Le Programme sur l’Agriculture Durable à Faibles Apports Externes
Center for Indigenous Knowledge and Organisational Development (CIKOD)
(AGRIDAPE) couvre l’Afrique francophone. Lancé en 2003, son objectif
29 Promouvoir l’élevage des chèvres à travers une approche intégrée est de promouvoir les bonnes pratiques en matière d’agriculture
pour lutter contre la pauvreté au Cameroun écologique durable. Il s’appuie sur la production d’un magazine
trimestriel tiré à 3500 exemplaires distribués dans 55 pays, la mise
Felix Meutchieye, Eliane Stephanie et Ebodiam Ebouelle en réseau des acteurs de l’agriculture durable au niveau national et le
31 Un système de recherche-vulgarisation intégré : exemple du projet renforcement des capacités en capitalisation des expériences.
cobayes au Cameroun AGRIDAPE est porté par Innovation, Environnement et Développement
Felix, Meutchieye, Idriss Gabriel, Nyebe Mvogo en Afrique (IED Afrique) dont la vision est que le développement
durable doit nécessairement s’appuyer sur le renforcement des
capacités des catégories les plus vulnérables et l’établissement de
34 Sites web
relations équitables entre les différents acteurs de façon à permettre
leur réelle participation à l’amélioration des conditions de vie et du
35 Bibliographie bien-être des populations. Ainsi, IED Afrique fait la promotion des
approches participatives à travers la recherche-action, l’analyse
38 AGRIDAPE Infos des politiques, la mise en réseau, la formation, la production et la
diffusion d’informations en Afrique francophone pour atteindre
le développement durable. Et, dans ce cadre, elle propose, aux
partenaires, différents supports accessibles à travers son site internet
(www.iedafrique.org ).
Édition brésilienne Agriculturas, Abonnements Photo de couverture :
experiencias em agroecologia AGRIDAPE est une revue gratuite, sur Campagne de sensibilisation contre
AS-PTA, Rio de Janero, RJ Brésil 20091-020 demande, pour les organisations et les pesticides au Ghana
E-mail : paulo@aspta.org.br personnes du sud. Pour les organisa- Source : n°3
Septembre 2013 - volume 29
tions internationales, l’abonnement est Ruwfag
ALIN (Arid Lands Information Network): de 45 USD (45 euro) et pour les autres
BAOBAB institutions du nord, le tarif est de 25 La rédaction a mis le plus grand soin à
AAYMCA Building, Ground Floor, USD (28 euro) par an. s’assurer que le contenu de la présente
State House Crescent off State House Ave- revue est aussi exact que possible. Mais,
nue Pour vous abonner, veuillez écrire à en dernier ressort, seuls les auteurs sont
PO Box 10098 - 00100 agridape@orange.sn responsables du contenu de chaque article.
Nairobi, Kenya La rédaction encourage les lecteurs à
E: info@alin.net Financement AGRIDAPE photocopier et à faire circuler ces articles.
Ce numéro a été réalisé avec l’appui Vous voudrez bien cependant citer l’auteur
Sites Web de ILEIA, de ASDI et de DGSI et la source et nous envoyer un exemplaire
oles
http://www.ileia.org de votre publication. Vulgarisation et conseil agric
http://www.iedafrique.org/agridape.
html

31 Un système de recherche-vulgarisation intégré :


exemple du projet cobayes au Cameroun
Felix Meutchieye, Idriss Gabriel, Nyebe Mvogo

Afin de contribuer au développement de l’élevage des cobayes


au Cameroun, une filière au potentiel énorme, des chercheurs
de l’université de Dschang ont initié un processus de vulgari-
sation dynamique basé sur la mise en place d’une plateforme
d’innovations où les producteurs s’expriment librement sur leurs
problèmes et planchent sur les actions prioritaires à mener pour
le développement de la filière Cobaye. L’initiative a suscité chez
les communautés un vif intérêt pour la production, la trans-
formation et la consommation de cobayes, favorisant ainsi un
développement rapide de la filière.

Chères lectrices, chers lecteurs,


20 Burkina Faso : Le dialogue social pour
sécuriser les droits fonciers des femmes La vulgarisation et le conseil agricoles jouent un
rurales rôle important dans le partage des résultats de la
recherche et des innovations technologiques avec les
Inoussa Maïga
exploitants familiaux. Ils leur apportent l’encadrement
Au Burkina Faso, les pesanteurs sociales font que les femmes nécessaire à l’amélioration de leur productivité et à
ont difficilement accès à la terre, malgré le rôle important l’accroissement de leurs revenus.
qu’elles jouent dans la production alimentaire. En juin 2009,
une loi sur le foncier a été votée au pour faciliter leur accès à Dès lors, le développement de l’agriculture familiale,
la propriété foncière. Le dialogue social engagé à travers des pour être efficient et durable, doit aller de pair avec
causeries-débats a facilité l’adhésion de tous, notamment les la mise en place de systèmes de vulgarisation et de
hommes, à cette nouvelle loi. Plusieurs propriétaires fonciers
conseil agricoles adaptés aux besoins des producteurs.
ont, par la suite, accepté de concéder des parcelles de leurs
terres à des femmes, ce qui a renforcé l’autonomie de ces der-
nières et leur contribution à l’autosuffisance alimentaire. Ce N° 29.3 d’AGRIDAPE, tout en mettant en lumière
les défis qui se posent aux vulgarisateurs et aux
conseillers agricoles, particulièrement dans un monde
qui est en perpétuelle mutation, s’intéresse à des
expériences réussies de vulgarisation et de conseils
agricoles développées en vue d’aider les exploitants
familiaux à accéder à des technologies innovantes
capables de porter leur productivité et leurs
productions à des niveaux plus élevés et d’asseoir une
sécurité alimentaire durable.

Bonne lecture…
ÉDITORIAL

Vulgarisation, conseil agricole et sécurité


alimentaire

Photo : Ruwfag
Un champ école au Ghana

L
’explosion démographique, qui induit pays en développement où l’accroissement lutter contre la pauvreté en créant les conditions
des besoins alimentaires de plus en plus démographique est le plus marqué, a besoin de d’amélioration des revenus et des conditions de
importants, et le changement climatique, qui se réajuster pour s’adapter à l’évolution constante vie des paysans.
dérègle les systèmes de production, ont rendu le de la demande en produits alimentaires. Mais, le Le conseil et la vulgarisation agricole valorisent,
défi d’une sécurité alimentaire durable encore plus rôle important joué par les services de conseil par ailleurs, les savoirs et savoirs faire locaux en
difficile à relever pour beaucoup de pays. Avec une et de vulgarisation agricoles donne des raisons mettant les communautés au cœur du dispositif de
population mondiale qui dépasse, aujourd’hui, les d’espérer que l’agriculture familiale pourrait conseil. Les technologies suggérées pour renforcer
7 milliards d’habitants et qui risque de grimper, contribuer de manière plus efficiente à la sécurité la productivité sont, le plus souvent, conçues par
dans les quatre décennies à venir, à près de 9 alimentaire si elle est mieux encadrée. En les communautés elles mêmes.
milliards, l’agriculture ne saurait soutenir plus effet, les conseillers et vulgarisateurs agricoles
longtemps une hausse continue de la demande assurent le rôle de courroies de transmission
alimentaire mondiale, à moins qu’un réajustement des résultats de la recherche et assurent le lien
Promouvoir l’innovation pour
des systèmes de production soit opéré de façon entre chercheurs, agriculteurs et communautés, vaincre la pauvreté
régulière avec le développement et la mise permettant ainsi la diffusion et la mise à l’échelle Faciliter l’accès à l’innovation est un gage de
à la disposition des agriculteurs de moyens, des connaissances scientifiques, des informations performance pour les exploitants familiaux.
de connaissances et de nouveaux systèmes utiles aux producteurs et des technologies les Dans ce cadre, les communautés locales sont
d’organisation pouvant leur permettre d’atteindre plus innovantes susceptibles de contribuer dépositaires d’un savoir et d’un savoir faire
des niveaux de productivité et de production de à l’amélioration de la productivité et de la insoupçonnés dont la valorisation pourrait
plus en plus importants. Il faut aussi s’assurer que production. permettre de trouver des réponses aux défits de
les moyens techniques utilisés n’engendrent pas
La vulgarisation et le conseil agricoles permettent la production.
une dégradation irréversible des écosystèmes
aux paysans de prendre en charge de manière Pour aider les agriculteurs de la région de Mopti, au
naturelles réceptacles de la production agricole,
plus efficiente, leurs besoins d’approvisionnement Mali, des ONGs ont organisé une visite d’échange
pour asseoir une sécurité alimentaire durable.
en intrants de toutes sortes, en équipement, en d’expériences qui a amené les producteurs du
L’agriculture familiale, base de la survie de transformation et commercialisation des produits cercle de Tominian à découvrir les vertus de la
50 à 80% des populations vivant dans les agricoles. De façon générale, ils permettent de Régénération naturelle assistée (RNA) chez leurs
homologues du cercle de Bankass. Depuis plus les services techniques agricoles de l’Etat et ont participé à l’exposition des aliments et des
d’une décennie, ces paysans développent cette les ONG partenaires locaux ont organisé une semences locales.
technique agro-écologique qui leur a permis de rencontre avec les représentants des villages pour
La foire a eu pour résultat de renouveler
régénérer les sols dans leurs parcelles de culture, approfondir l’analyse de la situation, convenir des
la popularité des mets traditionnels, tout
d’accroître leurs productions et de reverdir leur solutions à appliquer et élaborer un plan d’action.
spécialement le tubani, qui étaient autrefois
terroir. A l’issue de cette rencontre entre ces différents méprisés tout particulièrement par les jeunes.
Durant cette visite, les échanges d’expérience ont acteurs, il a été convenu d’un plan de formation Le directeur du ministère de l’Alimentation et de
permis aux paysans de Tominian de comprendre des formateurs qui permet de mettre à la l’Agriculture, séduit par cette initiative, a invité
la pertinence d’un tel système. De retour dans disposition de l’ensemble des villages des les acteurs à renouveler de telles initiatives qui
leurs villages respectifs, les paysans ont partagé personnes compétentes pour assurer la formation participent de manière efficace à la promotion des
ce qu’ils ont vu à Bankass. C'est ainsi qu'en peu de leurs pairs dans la promotion et la conduite des produits alimentaires locaux. (p.27).
de temps, la diffusion de la méthode de la RNA technologies agro-écologiques. (P.20)
Au Cameroun, les chèvres constituent une
s’est faite comme une trainée de poudre. Un des richesse encore peu exploitée. Le « Projet chèvres
facteurs de succès de cette visite a été l’implication Renforcer le rôle des femmes Cameroun  » a mis en place une plateforme
des femmes qui ont joué un rôle non négligeable d’innovation regroupant des acteurs clés des
dans la dissémination de la RNA. (p.18) Les femmes constituent d’excellents vecteurs
différents maillons de la filière à travers le
d’informations en partageant des messages
Intervenant toujours au Mali, l’association SAA/ Cameroun, à savoir le gouvernement, les
importants à d’autres membres de la communauté.
SG 2000, s’est distinguée dans l’appui qu’elle institutions de formation et de recherche agricoles,
Ce rôle important des femmes s’est illustré
apporte aux agriculteurs pour faciliter l’accès à des les organisations d’éleveurs de chèvres, les ONGs,
dans le cadre de la lutte, contre les pesticides,
équipements et aux matériels agricoles. Elle part les commerçants, les restaurateurs, les institutions
engagée dans le Nord du Ghana. Avec le support
des résultats de la recherche pour vulgariser des de micro-finance et le monde des médias,
de CIKOD, une ONG locale, elles ont lancé une
technologies prometteuses en vue d’améliorer la dont l’objectif est d’encourager et de structurer
initiative contre l’usage des pesticides dont la forte
productivité et la production des petits producteurs l’appropriation et le transfert de savoirs pour le
concentration dans les aliments peut être source
(semences améliorées, engrais, produits développement de la production caprine locale.
de maladie voire causer la mort. Cette campagne
phytosanitaires, bonnes pratiques agronomiques). Le but du projet est la réduction de la pauvreté
appelée ‘Nous sommes la solution’, a consisté à
en milieu rural par l’élevage des espèces locales.
L’intervention de SAA/SG 2000 est basée sur le organiser une foire alimentaire pour promouvoir
(p.29).
principe des plateformes d’apprentissage depuis les qualités nutritives des produits biologiques
les champs de production jusqu’aux opérations locaux mais aussi partager des histoires avec les Toujours, au Cameroun, un programme de
post-récolte et d’amélioration de la qualité des autres membres de la communauté (famille et recherche-action basé à l’Université de Dschang
produits destinés à la consommation et à la amis) à propos des effets négatifs de l’usage des essaie de promouvoir la consommation des petits
commercialisation. pesticides. cobayes afin de booster l’élevage caviacole et
contribuer au développement de cette filière aux

5
Les actions de l’association ont permis à plus Cette campagne menée par les femmes a
potentiels énormes.
de 30.000 petits producteurs des Régions de contribué à la diffusion des pratiques qui n’utilisent
Koulikoro Mopti, Ségou et Sikasso d’améliorer leurs pas de produits chimiques. Dans le village de Pour atteindre le plus grand nombre de
productivités et leur production et ainsi d’assurer Kunyukuo et Tongo, par exemple, les femmes consommateurs sur le plan géographique et les
leur sécurité alimentaire et d’améliorer leurs n’étendent plus de pesticides. Elles ramassent sensibiliser sur les qualités nutritives des ces
conditions de vie. (p.11). les excréments d’animaux et les utilisent comme petits animaux, le programme a mis en place une
insecticide et comme engrais biologique pour plateforme multi-acteurs et a impliqué les médias.
Au Sénégal, l’ANCAR a apporté un appui conseil
leurs cultures. (P.25). Des émissions radio et des documentaires TV ont
important aux riziculteurs de la région de
été diffusées, dont certaines dans les langues
Ziguinchor confrontés depuis quelques années à Dans le centre ouest du Burkina Faso, les
nationales. Des entrepreneurs de différentes
un problème de salinisation qui compromet la pesanteurs sociales font que les femmes, pourtant
échelles se sont mis au jeu explorant d’autres
culture du riz. L’ANCAR a procédé à un criblage jouant un rôle important dans la production
possibilités d’investissement inattendues. Les
des technologies de lutte anti-sel produites agricole, sont les laissées pour compte dans la
messages de vulgarisation diffusés par les
par la recherche et sur la base de déterminants distribution des terres. Dans la commune rurale de
mass-médias mettent en exergue les atouts de
d’acceptabilité socioculturelle, de pertinence Cassou par exemple tout le patrimoine foncier est
production et les possibilités de transformation et
scientifique, d’efficacité technique, de viabilité géré par les hommes. Mais depuis l’adoption de la
d’ouverture sur le marché. Des communicateurs
économique et de durabilité écologique, elle a loi sur le foncier rural en juin 2009, un dialogue
travaillent avec l’équipe du projet pour assurer
accompagné les riziculteurs dans la valorisation social très innovant a été engagé au sein de la
la meilleure continuation des actions en cours.
des technologies suivantes  : la digue anti-sel ; commune pour ouvrir la propriété foncière aux
(p.31).
le chaulage et le phosphatage ; le paillage/ femmes. Des causeries débats et des animations
mulching ; et la pépinière volante de vétiver pour impliquant l’ensemble des acteurs ont permis
la bio-ingénierie. (P.6). de sensibiliser les hommes sur l’importance de Quelques défis à relever 
renforcer l’autonomie foncière des femmes. Suite
La vulgarisation et le conseil agricoles revêtent
Renforcer l’autonomie des à ces débats, de nombreux propriétaires fonciers
une importance stratégique pour les agriculteurs
ont accepté de concéder une partie de leurs terres
agriculteurs par le biais de la à leurs femmes. (P.22).
familiaux. Ils constituent, pour les exploitations
familiales, des stimulants essentiels aux
formation changements nécessaires pour s’adapter à
Le renforcement des capacités des producteurs Promouvoir la souveraineté l’évolution constante du monde et à la transition
et de leurs organisations à les diffuser à grande alimentaire à travers la valori- vers des systèmes de production capables de
échelle permet la transition des systèmes de nourrir durablement le monde et surtout de lutter
production inefficaces vers des systèmes plus
sation des produits locaux efficacement contre la pauvreté, au niveau local.
durables et plus productifs. Dans le nord du Burkina Afin de favoriser la production de vivres pour Cependant, les dispositifs de conseil mis en œuvre
Faso, les producteurs des communes de Gayeri nourrir les familles, améliorer la diversité n’échappent pas toujours aux critiques. En effet,
et de Bilanga et certains de leurs partenaires des productions agricoles pour la nutrition et des outils et approches mal choisis et adaptés à
ont interpellé l’Association Nourrir Sans Détruire réduire les risques causés par les changements un contexte qui ne sied pas donne rarement des
(ANSD), une structure d’appui focalisée sur la climatiques, le Center for Indigenous Knowledge résultats probants. Il s’avère dès lors nécessaire
promotion des technologies agro-écologiques, and Organisational Development (CIKOD) du de relever le défi de l’adaptation de ces outils et
pour les aider à trouver des solutions appropriées Ghana a organisé une foire des mets traditionnels approches aux contextes présidant à leur mise en
à la dégradation avancées de leurs ressources en juin 2011 dans le district de Lawra. Plus de trois œuvre afin de guérir l’agriculture familiale de ses
naturelles et à la baisse de la productivité agricole. cents (300) femmes agricultrices et des centaines maux, d’asseoir une sécurité alimentaire durable
En réponse aux sollicitations des producteurs d’hommes et d’enfants des zones traditionnelles pour les paysans et lutter efficacement contre la
et productrices, l’ANSD, en partenariat avec de Lawra et Nandom dans la région Upper West pauvreté.
Capitalisation de l’expérience de l’ANCAR dans
l’appui conseil à la lutte contre la salinisation
des rizières du département d’Oussouye
(Région de Ziguinchor, Sénégal).
Mohamed Simon Ndène

Digue anti-sel Photo : Simon Ndène

Dans le département d’Oussouye (région de Ziguinchor, Sénégal), la culture du riz, une des principales activités agricoles de la zone,
est sérieusement compromise par la salinisation des terres. Pour aider les paysans à faire face à ce problème qui menace leur sécurité
alimentaire, l’Agence Nationale de conseil agricole et rural (ANCAR) a effectué un criblage des technologies de lutte anti-sel produites
par la recherche sur la base de déterminants d’acceptabilité socioculturelle, de pertinence scientifique, d’efficacité technique, de viabilité
économique et de durabilité écologique. De cet exercice de développement participatif de technologies, il a été retenu de valoriser dans
les activités du projet les technologies que sont : (i) la digue anti-sel ; (ii) le chaulage et le phosphatage ; (iii) le paillage/mulching ;
(iv) la pépinière volante de vétiver pour la bio-ingénierie.

Le riz, un intrant socioculturel « Kassa » et contribue significativement à tées et éprouvées par la Recherche, est
la sécurité alimentaire locale et à procurer devenu une voie obligée pour aider à
menacé par la salinisation des revenus additionnels et substantiels. récupérer et valoriser ces rizières sulfatées
Dans le département d’Oussouye, le riz est Cependant, les rizières du département acides salées. En effet, la recherche a per-
un « intrant socioculturel » incontournable d’Oussouye et de la Casamance en géné- mis en Casamance, de mieux connaître :
dans les us et coutumes événementiels ral sont devenues sulfatées acides salées (i) les bas-fonds de la Casamance ainsi que
de ce milieu « Kassa » où : il participe au depuis quelques décennies à tel point que le fonctionnement saisonnier des milieux
cérémonial sacrificiel, au rituel coutumier le système traditionnel de dessalement de fluvio-marins adjacents aux rizières (MON-
et à l’office cultuel religieux. Il sert de pré- ces rizières par les producteurs ne donne TOROI, 1996 et DACOSTA, 2001) ; (ii) la
sent dotal et est utilisé pour le troc dans plus de résultats satisfaisants. dynamique de l’eau et des éléments géo-
certaines transactions. Le riz reste aussi chimiques des bassins versants aménagés
l’aliment de base de ces populations du Ainsi, le recours à de solides connaissances (BOIVIN, 1984 et MARIUS, 1985) ; (iii) la
scientifiques et techniques bien documen-
gestion des barrages anti-sel (ALBERGEL, Principaux problèmes de dégra-
1991) ; (iv) les caractéristiques physico- Causes identifiées
dation
chimiques des rizières (KHOUMA et al.,
2005). Les eaux de surface sont fortement sali-
Ces acquis de la recherche, transférés aux nisées. Au niveau du fleuve Casamance,
services de conseil agricole et rural, per- l'intrusion des eaux marines s'étend sur
près de 200 km (vers Diana Malari/Séd- Baisse de la pluviométrie
mettent de les faire adopter comme solu-
hiou) à partir de l'embouchure, entraî-
tions adéquates et durables pour récupérer nant ainsi une forte salinité notamment
et valoriser ces rizières. A ce titre, l’Agence en saison sèche.
Nationale de Conseil Agricole et Rural (AN-
CAR), par le biais de sa Direction régionale Les sols sont marqués par différentes
de Ziguinchor a joué le rôle de courroie formes de dégradation: salinisation,
de transmission entre la Recherche et la acidification, sulfatation des vasières
Les activités agricoles contribuent à la dégradation des
Fédération régionale des groupements de de bas-fonds, formation de tannes
ressources en sols
promotion féminine (FRGPF) de Ziguinchor (Moyenne et Basse Casamance), érosion
pour valoriser les acquis de la Recherche hydrique, éolienne et ensablement des
rizières.
en matière de lutte anti-sel dans les ri-
zières pour la « restauration des terres rizi- Défrichements, coupes, feux de brousse, exploitation
cultivables affectées par la salinité dans le des zones de riziculture, exploitation abusive et anar-
Dégradation de la végétation
département d’Oussouye ». chique de certaines espèces comme le Ptercarpus eri-
naceus et les palétuviers de la mangrove.
Stratégies d’intervention du
Tableau 1 : Problèmes et causes de dégradation (Source : Etude FAO/CSE Projet LADA, 2003).
projet de récupération des
terres Salées
La démarche d’appui conseil, adoptée par nants (1) d’acceptabilité socioculturelle, (2)
L’ANCAR a accompagné la FRGPF de
l’ANCAR pour retenir et faire adopter de de pertinence scientifique, (3) d’efficacité
Ziguinchor dans le cadre de ses activités
manière participative les technologies les technique, (4) de viabilité économique et
de conseil agricole et rural (appui conseil,
plus adaptées pour faire face au problème (5) de durabilité écologique. Pour ce faire,
intermédiation, fundraising, formation,
de la salinisation, s’est déroulée selon les un exercice de développement participatif
vulgarisation…) pour la mise en œuvre
étapes suivantes : de technologies avec les rizicultrices et ri-
de son projet de trois ans (Juillet 2006 à
Juin 2008) de « Lutte contre la salinisation Criblage des technologies de récupération
et valorisation des terres salées :
ziculteurs, nous avons appliqué la matrice
suivante conçue à cet effet.
7
des rizières dans la région de Ziguinchor »
financé par le Fonds pour l’Environnement Un criblage de technologies de lutte anti-
Mondial (FEM). sel a été effectué sur la base de détermi-

Déterminants pour l’Adoption de la technologie


Total
Types de technologies de lutte anti-sel
de la Ranking
préconisées Acceptabilité Pertinence Efficacité Viabilité Durabilité
socioculturelle scientifique technique économique écologique cotation

ème
Grands barrages anti-sel (exemple Affiniam) 0 01 0 0 0 01 11
ème
Micro-barrages avec vannes à crémaillères 0,5 01 0,5 0,5 0,5 03 10

er
Digues anti-sel en terres avec ouvrages d’évacuation 02 01,5 02 02 01,5 09 1
ème
Techniques de culture en billons (billonnage) 02 01 01 01 01 06 7

Semences améliorées de riz (variétés hâtives, ème


01,5 01,5 01,5 01 01 06,5 6
résistantes ou tolérantes au sel)
ème
Reboisement d’essences halophiles (halophytisme) 0,5 01 01 0,5 01 04 9
ème
2
Phosphatage (phosphate calcique, phosphogypse) 01,5 02 02 01 01,5 08,5
ex-aequo
ème
2
Chaulage (coquillage) 02 01,5 02 02 01 08,5
ex-aequo
ème
Paillage/mulching 01,5 01,5 01 02 01,5 07,5 4

Fumure du sol (parcage bétail, contrat de ème


01 01 01 01 01 05 8
fumure, kraalage…)

Consolidation des digues en terres (andropogon, ème


02 01,5 01,5 01 01 07 5
vétiver, panicum)

NOTA : Le total de la cotation est de 10, c’est-à-dire que chacun des cinq (05) déterminants est coté entre une note minimale de zéro (00) et une note maximale de deux (02).
Analyse discriminante des
facteurs d’adoption des
technologies par le corps
social :
Considérée comme une innovation,
chaque technologie de lutte anti-sel qui
a été retenue après le criblage a suivi le
schéma ci-après (NDENE, 2005) pour le
management sociotechnique du processus
de vulgarisation des innovations techno-
logiques dans le corps social du départe-
ment d’Oussouye.
C’est à la suite de cette analyse discrimi-
nante faite de manière participative, inte-
ractive et itérative avec les bénéficiaires
du projet que la FRGPF de Ziguinchor et la
Direction régionale de l’ANCAR de Ziguin-
chor1 ont convenu d’intégrer définitive-
ment quatre technologies de lutte anti-sel
dans le projet.
Résultats : présentation des technologies
de lutte anti-sel des rizières adoptées

Technologie n°1 : La digue anti-sel avec


ouvrage d’évacuation
Cette technologie provient des résul-
tats de recherche de l’IRD et de l’ISRA,
notamment à partir de programmes de
recherche multidisciplinaire menée sur
8 les terres sulfatées acides salées de Basse
Casamance.
En effet, pour freiner la sursalure due
à l’intrusion marine, la construction de
digues a été un impératif pour barrer les
chenaux de marées comme le montre la
cinquantaine de petits barrages aména-
gés dans les années 1990 par le PROGES
et le DERBAC en Casamance. Ces digues
sont construites en terre amassée, géné-
ralement par couches successives afin de
les rendre imperméables, sont compac-
tées et stabilisées par «végétalisation »
(avec de l’andropogon, du panicum ou du
vétiver). Elles sont équipées d’ouvrages
d’évacuation qui servent au début de la
©copyright, Mohamed Simon Ndène, 2005
saison des pluies à évacuer les eaux de
lessivage grâce aux premières pluies en
ouvrant l’ouvrage dans un sens et empê-
cher les eaux de la marée haute de péné-
lier des ouvrages à partir de la deuxième en valeur des rizières devait s’attaquer
trer. Durant la saison des pluies, l’ouvrage
année d’aménagement. Les coûts prohibi- d’abord à l’abaissement de l’acidité par la
est maintenu fermé pour stocker l’eau de
tifs sont aussi une contrainte majeure pour correction du pH4 à l’aide de techniques de
pluie et de ruissellement, qui peut servir
les paysans (Coût d’une digue anti-sel de chaulage ou d’apports de phosphates pour
d’irrigation de complément quand la pluie
1.000 m avec un ouvrage de crue en béton améliorer la mobilisation des sels dans le
est insuffisante ou quand la saison des
armé équipé de batardeau  : 2.808.200 F sol en vue de favoriser un dessalement
pluies se termine trop tôt et ce, jusqu’à la
Cfa). localisé des terres rizicultivables pour que
récolte.
le riz accomplisse son cycle végétatif sans
Elles provoquent la dissolution des sels Technologie n°2 : Chaulage et Phospha- subir de stress. Le chaulage comme le
par les eaux pluviales en vue de leur éva- tage des casiers rizicoles affectés par le phosphatage permettent un redressement
cuation périodique, l’accumulation des sel de la fertilité et de la qualité chimique des
matières organiques à l’amont et favorise De manière empirique, les paysans utili- sols dégradés.
le développement de la végétation, des saient des coquilles d’huîtres de palétu- Le chaulage est un apport de bases telles
crevettes et de certains types de poissons. viers broyées pour les épandre dans les que le calcaire ou la chaux. C’est une solu-
Ces digues exigent cependant une main rizières du fait de leur richesse en calcaire tion efficace pour une neutralisation de
d’œuvre abondante et un entretien régu- afin de permettre la neutralisation de l’aci- l’acidité des sols afin de maintenir un bon
dité du sol. potentiel de fertilité des rizières sulfatées
1 La direction régionale de l'ANCAR de Ziguinchor est devenue Direc-
tion de la zone de la Basse et Moyenne Casamance Les recherches ont montré que la mise acides salées. Quant au phosphatage, c’est
une technique agronomique de réhabilita- Les contraintes de cette technologie Effets et impacts de l’utili-
tion et d’amélioration des terres dégradées résident dans le fait qu’elle nécessite un
par des processus de salinisation et d’aci- respect scrupuleux des dosages de paille.
sation des technologies de
dification. Elle favorise aussi une augmentation de la lutte anti-sel
sensibilité des cultures au stress hydrique «Grâce à l’adoption de ces technologies,
Ce sont des techniques simples, accessibles
en raison d’une grande teneur en matière le projet a permis d’assurer (1) une meil-
et maîtrisables par les producteurs s’ils
organique mal décomposée. Il y a par ail- leure maîtrise des eaux et une gestion des
sont bien formés. Le gain de rendement
leurs des risques de parasitisme par des rizières ; (2) une amélioration du rende-
en riz avec le Chaulage seul est de 1,2 fois
insectes ‘‘nymphosant’’. ment en riz ; (3) une production rizicole
par ha et par an, tandis que la combinaison
Chaulage + Phosphatage accroît le rende- qui a contribué à accroître leur sécurité
Technologie n°4 : Pépinière volante de
ment de 1,5 fois par ha et par an. alimentaire. Ce qui, au plan quantitatif, se
vétiver pour la bio-ingénierie de digue
traduit par une récupération et protection
Les contraintes de ces techniques sont la anti-sel.
de : 388 ha dans la vallée d’Edioungou,
disponibilité de la chaux (calcaire) ou du Le Vétiver (Cepp en Wolof et Sodhordé en 413 ha dans la vallée d’Oussouye, 331 ha
phosphate. Il y a une certaine compétition Pulaar) est une technologie qui a montré dans la vallée de Kalobone, 280 ha dans la
entre riziculture et génie civil (habitat, son efficacité dans une diversité de condi- vallée Carounate et 210 ha dans la vallée
route) sur l’usage des coquilles d’huîtres tions pédoclimatiques (plus de 120 pays) Kahinda. Autrement dit, c’est un total de
(source de calcium). Le non respect des pour aider, avec facilité et à faible coût, à 1.622 hectares qui a été ainsi récupéré,
doses prescrites pour le contrôle des sels lutter contre les phénomènes érosifs, amé- soit un potentiel de rizières pouvant pro-
et de l’acidité peut également être source liorer l’efficience des pluies et contribuer à duire 2.433 tonnes de riz paddy et 1.641
de problèmes. Aussi, Le phosphogypse accroître les rendements agricoles. tonnes de riz blanc.
contient des éléments métalliques (mé-
Au Sénégal, le vétiver a été testé par l’ISRA On a aussi noté une régénération de la
taux lourds) (plomb, cadmium et chrome)
et la FAO. Cependant sa mobilisation dans mangrove et à une reconstitution du stock
qui peuvent être toxiques pour les plantes,
la lutte contre l’érosion n’a pu se faire cor- halieutique».
même à faible concentration, et partant
rectement faute d’une bonne diffusion.
pour l’homme (bioaccumulation), etc.
La pépinière volante de vetiver se définit Contraintes et Leçons
Technologie n°3 : Paillage/Mulching de comme étant un lieu d’élevage et de pro- apprises des stratégies de
casiers rizicoles affectés par le sel duction des plants à proximité des digues à
stabiliser par « végétalisation ». Le vétiver récupération et valorisation
Le paillage est une technique de récupé-
se multiplie par éclat de souche. Une pépi- des terres salées
9
ration des terres dégradées qui consiste
nière de 1 ha de vétiver peut produire 100
à couvrir le sol, en particulier les parties Contraintes
à 150 kilomètres linéaires de haies vives.
dégradées, de tiges de mil ou de sorgho, - Eloignement des chercheurs du fait de
de branchages ou de paille de riz. Il a été choisi grâce à ses capacités à se
la fermeture de la station de recherche
multiplier par division (la plante est sté-
Cette technologie a été retenue car elle de l’ISRA de Djibélor, ce qui a créé une
rile), à fixer le sol par ses racines longues,
permet de : (i) couvrir et protéger les ri- cassure de la chaîne entre la recherche
solides et descendantes. Elle s’adapte à une
zières contre les érosions éolienne et/ou et la vulgarisation ;
forte amplitude écologique (large gamme
hydrique ; (ii) favoriser l’infiltration de l’eau de pH et de salinité) qui lui donne un inté- - Cellule de Recherche Développement
de pluie dans les terres rizicultivables ; (iii) rêt en contexte de changements clima- (OP-Recherche-Conseil) non fonction-
favoriser la restitution et l’enrichissement tiques du fait de sa forte activité photosyn- nelle ;
organiques des sols sulfatés acides des thétique, et partant pour la séquestration - Investissement lourd pour la construc-
rizières ; (iv) conserver l’humidité du sol du carbone. Il contribue à la purification de tion de digues, voire coûts prohibitifs
et réduire l’évaporation de l’eau du sol ; l’eau, réduit sensiblement l’érosion grâce comparés au pouvoir d’achat des pay-
(v) augmenter les rendements de la rizi- à son système racinaire profond, massif sans dans un contexte de pauvreté.
culture pluviale en Casamance avec des et fibreux et peut être utilisé en artisanat
rendements moyens de l’ordre de 1 à 1,5 (vannerie) et pour la chaume des toits. Le - Indisponibilité de certains matériaux
tonne à hectare. vétiver est par ailleurs un excellent ferti- tels que la chaux, le phosphate, le
lisant (compost) en agissant comme une phosphogypse…
En outre, avec cette pratique le sol du
billon est moins salé que celui du sillon. pompe biologique qui remonte les sels - Compétition d’usage entre l’agriculture
La pédofaune de ce milieu rizicole creuse minéraux, mais aussi est utilisé pour le et l’élevage pour l’utilisation de la
dans le corps du billon des galeries qui paillage et peut servir de brise-vent ou de paille de riz
favorisent la circulation de l’eau et le les- haie vive en protégeant les cultures.
- Déficit en capacités analytiques (res-
sivage des sels. Par ailleurs, les études Son coût d’acquisition (+/-200 F Cfa par sources humaines, matériels) pour les
ont montré que pour empêcher la resali- éclat) et d’installation faible et son entre- analyses, mesures et suivi (avant, pen-
nisation des sols par remontée capillaire tien peu exigeant du fait de sa rusticité dant et après) de certains paramètres
pendant la saison sèche, il était impératif (résistance à la sécheresse, au feu, au
de protéger la surface par une couverture - Déficit d’intelligibilité du langage scien-
toxique, aux maladies) sont autant de
morte (paille de riz) ou par le travail de la tifique de la recherche pour les conseil-
raisons qui ont amené le projet à l’utiliser
couche superficielle du sol. lers et les paysans
afin d’aider à stabiliser les digues anti-sel
L’avantage d’une telle technologie est construites (« végétalisation »), mais aussi - Différences de perception et de repré-
qu’elle est simple et facilement maîtri- à protéger les vallées/bas fonds riziculti- sentation entre paysans, chercheurs et
vables et ouvrages d’évacuation contre le conseillers
sable par les producteurs (Coût du paillage
50.000 F Cfa/ha). Elle procure des rende- phénomène d’ensablement dû à l’érosion. - Pas de temps politique (projet) diffé-
ments supplémentaires de céréale (envi- Les seuls inconvénients de cette technique rent du pas de temps social (paysans),
ron 210 à 500 kg/ha/an) et des rende- sont qu’elles s’adaptent très peu aux sols qui est également différent du pas de
ments supplémentaires de paille (environ argileux de la région. La divagation du temps technique (recherche et conseil)
90 kg MS par ha et par an). bétail pose par ailleurs un problème de
croissance pour les plants.
Tableau 4 : Quelques pistes de recherches pour améliorer la performance des technologies de lutte anti-sel

Pépinière volante de
vétiver pour la bio-in-
La digue anti-sel avec ou- Chaulage et Phosphatage des casiers Paillage/Mulching de casiers rizi- génierie de digue anti-
vrage d'évacuation rizicoles affectés par le sel coles affectés par le sel sel

· Modélisation de la dynamique · Actualisation des normes agronomiques Chimie agricole des sols salés, notam- Etude de bio-ingénierie du
de salure et/ou d'acidification d'amendement phosphocalcique en rizi- ment sur les différentes formes5 du vétiver sur sols salés
des sols en relation avec la pro- culture sur sols sulfatés acides salés ; sodium, des anions sulfate, alumi-
blématique du dessalement ; nium et fer ;
· Sélection variétale d'espèces de riz (réac-
· Etude sur la digue comme tualisation de la carte variétale du riz) pour · Etude de la cinétique d'humification
investissement structurant du la mise en valeur agricole des sols sulfatés de la paille en milieu sulfaté acide
système agraire (ouvrage de acides salés des rizières salé, notamment l'influence des ions
génie rural d'aménagement sodium sur les mécanismes d'humifi-
· Mise en place d'essais à la parcelle et sur
hydro-agricole, infrastructure cation de la paille
bassin versant à long terme avec diverses
de protection contre l'avancée
combinaisons de méthodes de mise en · Géochimie isotopique des ions so-
de la langue salée, une voie de
valeur et de systèmes de cultures en pre- dium via des marqueurs tels que le
communication et de désencla-
nant compte le continuum soleau- plante Carbone 14. Dans ce cadre, la paille
vement…)
et la variabilité spatiotemporelle ; sera utilisée comme substrat carboné
marqué afin d'établir l'étude de cor-
· Programme de calcul (modélisation ma-
rélation (régression linéaire) entre la
thématique) pour la prédiction de la sali-
salinité exprimée par la conductivité
nisation et/ou de l'acidification des sols
électrique et le degré d'humification
des rizières.

Leçons apprises Conclusions et possible entre les logiques paysannes


(OPA) et techniciennes (Recherche) no-
En termes d’enseignements généraux, recommandations tamment grâce à une approche participa-
pour un taux d’adoption significatif d’une
innovation technologique, il est nécessaire Les phénomènes séparés et conjugués de tive et une ingénierie sociale pour la pro-

10 de considérer trois critères fondamentaux


ci-après :
salinité et d’acidité ont constitué de réelles
contraintes à la mise en valeur des rizières
motion d’un processus de développement
participatif de technologie. Autrement dit,
de Basse Casamance, et du département il faut comprendre le cadre de référence et
L’inventivité de la technologie qui est com- d’Oussouye en particulier. Ce qui s’est tra- d’analyse du paysan, appréhender son pro-
prise comme la combinaison de : (i) l’acui- duit par une régression de ces terres rizi- cessus décisionnel et sa logique d’action
té de la problématique que la technologie cultivables du fait d’une baisse de fertilité pour mieux saisir les raisons apparentes
est appelée à résoudre ; (ii) la crédibilité et de productivité des sols. et sous-jacentes à ses pratiques. Une telle
scientifique et technique de l’inventeur démarche permettra de l’aider à propo-
(concepteur ou initiateur) de la techno- Cependant, selon une approche pluridisci-
ser et adopter des solutions socialement
logie ; (iii) l’originalité de la technologie, plinaire, voire interdisciplinaire et une coo-
acceptables, économiquement viables et
c’est-à-dire le caractère innovant ou « in- pération inter institutionnelle, il est pos-
écologiquement durables.
novabilité » ; (iv) la qualité intrinsèque, à la sible de récupérer et valoriser ces terres
fois scientifique et technique, de la techno- salées en prenant en considération l’adage Au total, dans un contexte de change-
logie ; (v) de plasticité contextuelle et cir- qui veut que « si la pratique sans la science ments climatiques, la question est de sa-
constancielle qui permet une incorporation est un vain effort, la science sans la pra- voir qui de l’homme ou de la nature sera
spatiotemporelle dans le corps social ; tique, elle, est un vain trésor ». En effet, plus rapide pour gagner le combat pour la
selon PEDRO6 (2001), dans l’étude des valorisation agricole des terres salées ?
La viabilité de la technologie qui est sous sols, il est clair qu’il faut donc continuer à
tendue par : (i) la simplicité du protocole, faire de la science fondamentale, sans tou- Mohamed Simon Ndène
du procédé ou du ‘‘process’’ technologique tefois être coupé des problèmes pratiques Ancien Responsable Qualité et Environnement et ancien
; (ii) la facilité d’utilisation de la technolo- ; ceci est impératif en vue de la protection
Directeur technique par intérim de l’ANCAR
Actuel Responsable Technique du Fonds national de
gie ; (iii) l’autonomie des bénéficiaires et de cette ressource et de la mise en œuvre Développement agro-sylvo-pastoral
utilisateurs de la technologie ; (iv) l’attrac- d’une exploitation durable.
(FNDASP) / Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural
ndenesimon@yahoo.fr
tivité, c’est-à-dire de portée et audience Ce texte a fait l’objet d’une communication présentée par l’auteur
dans le corps social ; (v) la reproductibilité Toutefois, pour mener toute action de récu- lors d’un séminaire organisée par l’ISRA et le CRDI ;

(« imitabilité ») qui favoriserait le mimé- pération et de valorisation de terres salées, L’auteur remercie l’ANCAR, la Fédération régionale des
Groupement de promotion féminine (FRGPF) de Ziguinchor,
tisme par une masse critique qui peut ainsi l’enseignement majeur tiré de cette expé- le FEM qui a bien voulu financer le projet d’où sont tirés ces

la copier ou la répliquer ; rience d’appui conseil nous montre qu’il est résultats et les populations du département d’Oussouye à  qui
est dédié cet article ;
impératif de comprendre l’action à la fois
La gouvernabilité de la technologie qui différenciée et simultanée dans le temps
prendrait en compte les indicateurs : (i) et l’espace : (i) des facteurs pédoclima-
d’efficacité ou faculté à produire les résul- tiques et géochimiques qui conditionnent
tats attendus, et partant lever/atténuer la la fertilité ; (ii) la géomorphologie, notam-
contrainte identifiée ; (ii) d’efficience qui ment la topographie et la toposéquence
permet un rapport qualité/prix conforme ; (iii) l’hydrogéologie et la géochimie des
au pouvoir d’achat (coût supportable) ; éléments minéraux, en particulier des
(iii) de performance sociale ; (iv) de dura- sels…
bilité écologique ; (v) d’adaptabilité de la
technologie à la dynamique incessante de Dans ce cadre, le rôle du Conseil agricole
changement. et rural sera d’apporter une aide au produc-
teur pour construire le meilleur compromis
Transfert de technologies pour le
développement des chaînes de valeur
agricole au Mali

R. Dembélé1 , B. S. Camara1, B. Sissoko2 , F. Camara2, A. Kanté2, A. Diané2 et A. Berthé3

11

Photo : SAA/SG 2000


Formation des formateurs à Banamba

Au Mali, l’association Sasakawa pour l’Afrique (SAA/SG 2000) se base sur les résultats introduites à travers les Plateformes d’Ap-
de la recherche pour vulgariser des technologies prometteuses en vue d’améliorer la prentissage des entreprises post Récoltes
productivité et la production des petits producteurs (semences améliorées, engrais, (PHELP). Les producteurs sont organisés en
coopératives dont les capacités sont ren-
produits phytosanitaires, bonnes pratiques agronomiques). Cette dissémination
forcées en gestion coopérative et d’entre-
se fait avec l’appui des structures déconcentrées de la Direction Nationale de prise. L’encadrement et la formation des
l’Agriculture (DNA) notamment les Direction Régionales de l’Agriculture et les Offices acteurs se font à toutes les étapes selon le
dont le personnel de terrain est la cheville ouvrière. Ces interventions ont permis à principe du  «LearningbyDoing», basé sur
plus de 30.000 petits producteurs des Régions de Koulikoro Mopti, Ségou et Sikasso la gestion de l’information sur les inno-
d’améliorer leurs productivités et leur production et ainsi d’assurer leur sécurité vations techniques et les connaissances
alimentaire et d’améliorer leurs conditions de vie. qui permettent une adaptation, une modi-
fication et un transfert de compétences,

L
’association Sasakawa pour l’Afrique production jusqu’aux opérations de post- de technologies et d’approches, en vue
(SAA/SG 2000) intervient au Mali récolte et d’amélioration de la qualité des d’améliorer l’efficacité et les impacts à tra-
depuis 1996, sur la base d’un accord- produits destinés à la consommation et vers la communication et le partage des
cadre signé entre elle et le Ministère de à la commercialisation. Les Plateformes leçons apprises ainsi que les bonnes pra-
l’Administration Territoriale et de la Sécu- d’Apprentissage des Producteurs (FLP), tiques pour une prise de décisions oppor-
rité Intérieure, sous la tutelle du Ministère composées de Parcelles d’options Tech- tune et fondée sur l’évidence.
de l’Agriculture, avec comme principal nologique (TOP) et de Démonstration
partenaire la Direction Nationale de l’Agri- Gratuites pour les Femmes (WAD), sont La démarche
culture (DNA). utilisées pour la dissémination des tech-
Principal organisme de vulgarisation et de nologies prometteuses d’amélioration de Sélection de zones
conseil agricoles au Mali, son intervention la productivité agricoles des petits produc-
teurs. De même, les technologies de ges- La DNA à travers ses démembrements fait
est basée sur le principe des plateformes une proposition de zones d’intervention
d’apprentissage depuis les champs de tion post récolte et de transformation sont
selon des critères élaborés par SAA et sou-
mis à la DNA.
1 Chargés de Programme productivité agricole et gestion post récolte et transformation
2 Coordinateurs techniques productivité agricole, gestion post récolte et transformation, Developpement des ressources humaines et Suivi-évaluation
3 Directeur SG 2000 Mali
Diagnostic des besoins et des
contraintes
Suite à cette proposition, un diagnostic
participatif est effectué par le soin des
thématiques pour confirmer ou infirmer
les villages proposes. Ce diagnostic a pour
objectif majeur d’analyser les contraintes
du village pour en tirer des conclusions qui
sont développées sous forme de solutions
ou options, permettant un choix de tech-
nologie appropriée.

Photo : SAA/SG 2000


Mise en place du Comite villageois de
développement
Dans le village retenu, on met en place
une structure appelée Comite villageois de
développement (CVD) dont le Président
est le chef du village ou son représentant
Prestataire privé ayant bénéficié de l'appui de SAA/SG 2000
et le comité comprend 7 membres dont
2 sous comités majeurs, celui de l’appren-
tissage et de la formation dont les rôles
consistent à diffuser les technologies ap- Quelques résultats
prises.
Tableau N° 1 : Zone d’intervention de SG 2000 de 2010 – 2012 au Mali
Mise en place des plateformes de dé- Nombres
monstration et d’apprentissage Régions
villages Producteurs TOPs4 WADs5 Vitrines6 PTP/PP7 PHELP8 OP9
La mise en place des plateformes suit Koulikoro 161 5 532 27 81 2 2832 0 154
une logique en donnant différentes alter- Sikasso 42 4 200 42 126 3 0 10 229
natives de technologies pour résoudre Ségou 127 5838 30 90 2 2838 1 104
les contraintes analysées. La plateforme Mopti 19 1 900 19 57 0 0 0 19
12 d’apprentissages des paysans ou FLP est
le support de résolution des contraintes
Kayes
Total
24
373
2 400
19 870
24
142
72
426
2
9
0
5 670
0
11
24
530
identifiées par le diagnostic participatif.
Elle est composée d’un TOP (résolution des
3 contraintes majeures identifiées) et de Les plateformes d’apprentissage visibles à l’entreprenariat rural, sont les Centres de Ges-
3 WAD (parcelle individuelle monoculture tion Post-Récolte et de commercialisation, qui ont permis à plus de 40 000 producteurs
en fonction d’une contrainte). Elle peut, et productrices d’adopterdes bonnes pratiques de post-récolte, qui diminuent les pertes
selon les besoins, comprendre des CVP, post-récolte et améliorent la qualité des produits.
des seed priming, etc… Cette plateforme
Ces Centres sont des structures physiques qui regroupent autour d’elles au moins 10 vil-
ou FLP est le lieu où les producteurs/trices
lages dont un village hôte et 09 villages satellites. Ils sont dotés d’un parc d’équipements
apprennent à voir, entendre parler et à
de post-récolte et de transformation et offrent une opportunité d’affaires pour les pro-
exécuter par eux même les options tech-
ducteurs et les femmes.
nologiques.
En plus des plateformes, SAA a eu à mettre à la disposition des producteurs une dizaine de
Formation batteuses multigrains, 10 décortiqueuses riz, 235 décortiqueuses d’arachide, 756 bâches,
956 palettes et 756 tamis trieurset a réhabilité 45 magasins de stockage et construit
La politique consiste en la formation des
235 aires de séchage dans le cadre du Projet d’Urgence d’Appui à la Campagne Agricole
formateurs et celle des producteurs/trices
2012-2013. .
au moyen de modules appropries sont
développés pour la formation ensuite des
producteurs par les formateurs formes. 4
TOP : Parcelle d’Option Technologique, incluant la proposition de solutions aux 3 contraintes majeures identifiées
Les formateurs formes sont deux ordres 5 WAD : woman assisted demonstration, c’est des parcelles individuelles incluant un résultat unique des contraintes au TOP
les paysans leaders et les agents de vul- 6 PTP/PP: c’est une parcelle à travers laquelle le producteur teste de sa propre initiative et à ses frais les technologies qu’il a adoptées des TOP
ou WAD.
garisation. Des séances de formations in- 7 PHELP :Postharvest Extension and Learning Plateform
tenses et des échanges inter paysans ainsi 8 OP : organisation paysanne
qu’une journée paysanne constituent des
approches de partage des expériences.
La politique consiste en la formation des
formateurs et celle des producteurs/trices Visitez
au moyen de modules appropries sont
développés pour la formation ensuite des la page web
producteurs par les formateurs formes.
Les formateurs formes sont deux ordres de AGRIDAPE
les paysans leaders et les agents de vul-
garisation. Des séances de formations in- http//www.iedafrique.org/
tenses et des échanges inter paysans ainsi agridape.html
qu’une journée paysanne constituent des
approches de partage des expériences.
Schéma du modèle de vulgarisation
des technologies post récolte par SAA

Ces centres de gestion post récolte et de commercialisation font de la prestation de services dans 110 villages impliqués les résultats
ci-dessous montrent les réalisations faites en 2013
Tableau N° 2 : Quantités de produits commercialisées par centre

Total
Plateformes Qté Mais (T6) Qté Mil (T) Qté Sorgho (T) Qté Riz (T) Qté Arachide (T)
(T)

Diomatene 31 2 2 5 0 40

Fanidiama 304,23 0 0 0 0 304,23 13


Kiffosso I 11 0 30 0 0 41
Koloni boundio 40 0 0 1 10 51
Kolonto 60 1,1 37,4 1 0 99,5
Lobougoula 127 0 0 200 1 328
Madina Kouroulamini 29,4 3,6 0 0 33
N’Golonianasso 65,4 2,7 36 0 0 104,1
Niamala 270,3 5 3 4 0 282,3
Selingue 80 0 0 5 0,5 85,5
Total 1018,33 216 11,5 1368,63
Source : Enquête diagnostic des OP par la thématique 3, 2013

Les centres ont permis l’adoption de cer- Leçons apprises Bibliographie


taines technologies par les producteurs
notamment l’achat de 20 décortiqueuses yy 88% des producteurs attestent que les 1. Rapports annuels des thèmes 1, 2, 3, 5,
d’arachide et d’une batteuse multi graines technologies introduites ont augmenté 2012
par les producteurs du centre de Fanidiama leurs rendements. 2. Rapport d’étude d’adoption, T5_SAA/
(cercle de Kadiolo, région de Sikasso). yy Les partenaires sont impliqués dans le MALI ; 2012
choix des nouveaux villages (diagnostic 3. Rapport diagnostic, T2 et T3 ; 2012
Contraintes et défis et l’identification des problèmes).
yy Quelques mésententes entre les autori- yy Les visites des agents de terrain sont
R. Dembélé1 , B. S. Camara1, B. Sissoko2 , F.
tés locales et les producteurs sur le choix fréquentes et régulières Camara2, A. Kanté2, A. Diané2 et A. Berthé3
et la gestion des plateformes; yy Les technologies démontrées ont été 1 Chargés de Programme productivité agricole et gestion post récolte
et transformation
yy La question d’appropriation de la plate- adoptées dans les zones d’intervention 2 Coordinateurs techniques productivité agricole, gestion post récolte
et transformation, Developpement des ressources humaines et
forme entre les groupes de femmes et yy les Magasins d'intrants et le système de Suivi-évaluation
les hommes; warrantage sont appréciés par bénéfi- 3 Directeur SG 2000 Mali
Email: bertheab@saa-safe.org
yy Le nombre des équipements fournis ne ciaires et sollicités par les villages voi-
permet pas de toucher un plus grand sins. http://www.saa-safe.org/www/mali.html

nombre de producteurs ; yy Les femmes sont fortement impliquées


yy L’instabilité des mains d’œuvre au ni- dans le programme
veau de certains villages due à la migra-
tion des jeunes sur les sites d’orpaillage.
SAA/SG 2000, Une ONG Internationale au service de la vulgarisation agricole

L’Association Sasakawa pour l’Afrique Direction Générale de ce programme yy Amélioration de la Gestion Post Ré-
est une Organisation Non Gouverne- est basée à Addis Abeba, en Ethiopie. colte et de la Transformation des Pro-
mentale (ONG) Internationale, enre- De sa création à 2005, des milliers de duits Agricoles
gistrée à Genève en Suisse en 1986. petits producteurs de 14 pays d‘Afrique yy Amélioration du Partenariat Public/
Elle fut créée par Feu Ryochi SASAKAWA ont bénéficié de l’appui de SAA pour Privé et de l’Accès au Marché
philanthrope japonais, Feu Dr. Norman assurer leur sécurité alimentaire, lutter
BORLAUG, Prix Nobel de la Paix et yy Renforcement des Capacités des Res-
contre la faim et bénéficier de soins sources Humaines
l’ancien Président des Etats Unis Jim- médicaux contre certaines endémies
my CARTER, suite aux longues années graves comme la lèpre au Mali. De yy Suivi Evaluation Apprentissage et
de sécheresse qui ont sévi en Afrique 2006 à nos jours SG 2000, a focalisé ses Partage
dans les années 1970 - 1980. Ces trois interventions sur seulement 4 pays : Avec cette stratégie, SG 2000 rêve d’une
grands bâtisseurs ont mis en synergie l’Ethiopie le Mali, le Nigéria et l’Ougan- Afrique rurale où fleurissent davantage
leurs ressources et leurs savoirs faire, da. de petits producteurs prospères avec
pour créer un programme de vulgari-
Depuis 2009, SAA/SG 2000 a adopté une participation plus rentable dans la
sation agricole connu sous le nom de
comme stratégie d’intervention, l’ap- conduite d’activités commerciales le
Sasakawa Global 2000 (SG 2000) dans
proche intégrée de développement de long de la chaîne de valeur des produits
les pays qui l’abritent, avec comme
la chaîne de valeur à travers cinq (5) agricoles, tout en respectant les res-
objectif de trouver une solution durable
Programmes Thématiques à savoir : sources naturelles et l’environnement.
au déficit alimentaire chronique en
Afrique subsaharienne en opérant une yy Amélioration de la Productivité des
«Révolution Verte sur le Continent». La Cultures

Développer un partenariat à long terme entre:

14

Producteurs agricoles Agrodealers et banques


Commerçants céréaliers

Transformateurs de produits
agricoles
« Allons Vers le Paysan » Feu Dr. Norman BORLAUG
Promouvoir la diversification agricole pour
lutter contre l’insécurité alimentaire dans le
Centre-Nord du Sénégal
FADEC/SUD
Ndiamé THIAM, Babacar MBAYE

15

Photo : FADEC/SUD
Production d'oignon dans un périmètre maraîcher

L’appui conseil et la vulgarisation de techniques agricoles innovantes constituent des axes importants de la stratégie d’intervention
de la FADEC/SUD, une organisation de producteurs intervenant dans le centre-nord du Sénégal. C’est ainsi que pour contribuer à
la revitalisation du secteur agricole mis à mal par une sécheresse chronique qui a engendré une baisse de la productivité dans
sa zone d’intervention, la FADEC/SUD a initié un projet de diversification agricole, à travers l’introduction du maraîchage. Elle a
par ailleurs développé un ambitieux programme de renouvellement semencier pour soustraire les paysans de la dépendance aux
fournisseurs d’intrants et améliorer la qualité de la production. Ces deux initiatives ont eu un impact très positif sur la vie des
populations.

Une activité agricole for- Elle développe une politique d’accompa- rendements céréaliers sont passés de 800
gnement des populations rurales de cette kg / ha à 500 kg /ha durant ces 5 der-
tement dépendante des zone à différents niveaux (santé, éduca- nières années.
cultures vivrières et de rente tion, accès à l’eau, artisanat et développe- Le potentiel hydraulique de la zone est
La Fédération des Associations de Déve- ment rural). constitué de centaines de puits-forages
loppement Communautaire (FADEC/SUD) La zone d’intervention de la FADEC/SUD construits par l’ONG World Vision. Faute
est une organisation de producteurs séné- est l’une des régions les plus pauvres du d’équipements d’exhaure, plusieurs de ces
galais créée il y a 14 ans. Mise en place Sénégal. Les populations tirent la majorité infrastructures étaient inexploitées.
par les populations de la zone centre-nord de leurs revenus des cultures céréalières Devant ce tableau très peu reluisant, un
du Sénégal, après le départ de l’ONG World et de rente effectuées pendant la saison exode important est noté notamment chez
Vision, elle compte, à son actif, 22  700 des pluies. les jeunes.
membres répartis dans 334 villages Or, il s’avère que ces productions voient
(départements de Tivaouane, Bambey, Face à cette situation, la FADEC / SUD a
leurs rendements baisser d’une façon re- développé des programmes innovants
Diourbel et Louga). Sa zone d’intervention marquable depuis plusieurs années suite à
couvre 18 collectivités locales principale- pour stopper cet exode et permettre d’une
l’appauvrissement des terres et à la baisse façon générale à ces populations d’amé-
ment rurales. de la pluviométrie. A titre d’exemple, les liorer leur sécurité alimentaire.
Photo : SFADEC/SUD
Production de semences de sorgho

16 Introduction du Maraîchage rité alimentaire. Ce processus de diffusion populations des 3 villages ne se sont pas
a été facilité par la présence d’eau pro- fait prier pour solliciter à leur tour l’accom-
pour diversifier l’activité ductive (excédent) des forages et la mise pagnement de la FADEC pour démarrer des
agricole en place d’intrants agricoles (semences, activités de maraîchage.
Promouvoir le maraîchage dans la zone engrais, fonds de roulement) et la dispo- Ce que l’organisation a fait, mais en adop-
continentale du Sénégal constituait un vé- nibilité d’un staff technique pour encadrer tant une démarche innovante. Contraire-
ritable défi. Défi, parce que traditionnelle- les paysans. La FADEC / SUD a développé ment aux organisations d’appui au déve-
ment les cultures maraichères au Sénégal une ligne de crédit à travers son institution loppement qui injectent de l’argent pour
sont l’apanage presque exclusif de zones de Microfinance (la MEC / FADEC KAJOOR) financer les activités des paysans, la FADEC
spécifiques caractérisées par une certaine très dynamique dans l’autopromotion du refuse d’instaurer une culture de dépen-
richesse de leurs sols et une nappe phréa- monde rural. dance financière des paysans vis-à-vis
tique à fleur de terre (les Niayes et la Casa- d’elle. En effet, au cours de la première an-
mance). Ici, dans la zone d’intervention de Stratégies d’intervention de née, appelée « année zéro », c’est le pay-
la FADEC/SUD, la nappe se situe à 40 m la FADEC/SUD san qui finance tout, de l’achat des intrants
sous terre. à l’exploitation. La FADEC ne fait que suivre
Depuis sa création, la FADEC/SUD s’efforce et apporte l’appui conseil nécessaire pour
Défi, aussi, parce que culturellement ces de démontrer aux communautés pay-
populations n’étaient habituées, depuis de amener le paysan à respecter toutes les
sannes de sa zone d’intervention qu’à étapes de la production. Elle peut aussi fa-
nombreuses générations, qu’à la culture force d’engagement et de volonté, elles
vivrière (mil, sorgho, niébé..) et de rente ciliter l’obtention de certains intrants grâce
peuvent développer sans grandes diffi- à son réseau de partenaires spécialisés
(arachide) pratiquée pendant la saison cultés des activités de maraîchage, quand
des pluies. Dans l’esprit des populations et dans la fourniture de semences et autres.
bien même les conditions pédoclimatiques
des autorités locales, la culture maraichère sont réputées peu propices. Elle a adopté Au bout de la deuxième année, le paysan
était inconcevable. la stratégie de la preuve par l’action pour a la possibilité de solliciter un prêt auprès
Il a fallu toute la détermination de la FA- amener les paysans à adopter le maraî- de la mutuelle mise en place par la FADEC,
DEC/SUD pour relever le défi et initier une chage. Au départ, elle a ciblé 3 paysans grâce aux cotisations des paysans. Mais
véritable révolution culturelle avec l’appui de 3 villages pilotes qu’elle a accompagnés au lieu de donner de l’argent liquide au
de quelques paysans pionniers. Avec ces dans la mise en œuvre des premières ex- paysan, la mutuelle procède à une évalua-
derniers, elle a lancé une politique de périences maraîchères. Il s’agit d’Ablaye tion des besoins en intrants et se charge
promotion de l’activité maraîchère avec le Gadiaga, du village de Ndop Gadiaga, de d’acheter ces intrants pour lui. Ce système
slogan «  un ménage, un périmètre ma- Cheikh diop de Darou Sam et de Maguette permet d’éviter le risque que le paysan
raîcher » qui a fini d’occuper plus de 580 Sarry de Gatt Yaram. Ces 3 paysans ont été utilise cet argent à d’autres fins.
ménages dans les arrondissements des formés aux techniques de maraîchage et En dépit de la pauvreté générale des popu-
Mérina Dakhar et Niakhène dans le dépar- suivis durant tout le processus de produc- lations, la plupart a adhéré à ce système.
tement de Tivaouane. tion.
Mais la mise à l’échelle de l’activité de
L’idée était que chaque ménage puisse Les premières récoltes enregistrées ont maraîchage a été surtout facilitée par
cultiver une parcelle et améliorer sa sécu- été tellement importantes que les autres l’organisation de visites d’échange dans
les stations de Tropica-Sem, une organi- est de l’ordre de 25 à 35 % par rapport à raîchage avec l’appui de la FADEC. Ancien
sation spécialisée dans la production de celui obtenu par les semences en vrac, la contrebandier, il revendait de la marchan-
semences. FADEC / SUD a constitué un réseau de 100 dise introduite frauduleusement des pays
Les paysans qui ont participé à cette visite producteurs semenciers qui occupent ac- voisins à Touba et dans d’autres villes du
d’échange sont des délégués villageois tuellement 147 ha de terres. Sa production Sénégal. Cette activité l’a conduit en prison
choisis à l’issue d’assemblées générales. est encore notoirement insuffisante. Elle et c’est à sa sortie qu’il a pris contact avec
Ils sont des paysans leaders qui jouissent couvre cependant déjà 34%des besoins en la FADEC qui l’a aidé à mettre en place un
d’un capital estime important au sein de semences certifiées de mil, de sorgho, de périmètre maraîcher qu’il exploite jusqu’à
leur village. Ils ont été choisis pour leur niébé de la zone d’intervention. maintenant.
intégrité, leur engagement en faveur de Certains villages (Thiambène, Lambène),
la communauté, leur capacité à porter la Des résultats satisfaisants presque totalement désertés par leurs
voix de toute la communauté. La visite a Le succès de cette initiative de la FADEC/ populations à cause de la pauvreté com-
permis aux paysans leaders d’échanger SUD ne se dément pas. Les premiers péri- mencent à reprendre vie grâce au maraî-
avec les techniciens de Tropica-Sem sur mètres ont été créés à partir de rien, il y a chage et à l’amélioration de la productivité
les méthodes de culture et d’entretien des à peine 7 ans. Aujourd’hui, la FADEC/SUD céréalière possible avec les semences pro-
périmètres. a mis en place une coopérative de Maraî- duits localement..
A la suite de cette visite, les paysans lea- chers du Cayor (CMC) constituée de 600
ders sont allés rendre compte aux habi- producteurs occupant 300 ha de cultures. Quelques obstacles
tants de leur village. La production annuelle moyenne s’élève Le succès de ces initiatives a parfois buté
Ces visites ont été complétées par des à 1.800 tonnes (réparties entre l’oignon, sur quelques obstacles :
sessions de formations dans de nombreux l’aubergine, le concombre, la tomate et le
chou). Psychologiques et culturels  : Les paysans
domaines notamment le maraîchage (ma- étant habitués à utiliser des semences en
ternité, civisme, etc., sont parmi les autres Dans le seul village de Touba Dior, plus de vrac, il manquait des paramètres de com-
domaines ciblés pour le renforcement de 100 tonnes d’oignon sont récoltées annuel- paraison entre les semences certifiées et
capacités). lement. Cet oignon alimente de nombreux celle « tout venant ».
Pour toucher le maximum de gens, les marchés du Sénégal, notamment Dakar.
De plus en plus de villageois veulent se Structurels : Il s’agit de la maîtrise de l’eau
modules de formation ont été traduits en liée à la réticence de certains gestionnaires
wolof, la langue locale et mis à la disposi- lancer maintenant dans l’exploitation ma-
raîchère, ayant pu constater de leurs yeux de forages quant à une éventuelle utilisa-
tion des populations. tion des excédents d’eau pour mener des
que cette expérience novatrice obtenait de
La collaboration avec les médias a aussi
eu un impact non négligeable sur la dif-
bons résultats et avait un impact réel sur le
pouvoir économique et social des popula-
activités maraîchères. Le prix de l’eau, qui
n’est pas harmonisé, constitue également 17
fusion du maraîchage dans la zone. De tions. En effet, les périmètres installés par un point de discorde.
nombreux organes de presse, principale- la FADEC/SUD prouvent sans équivoque
ment la télévision nationale du Sénégal qu’il est possible de retirer un revenu si- Enseignements
(RTS), ont contribué au décloisonnement gnificatif (de l’ordre de 350.000 FCFA par
des premières expériences à travers des L’enseignement majeur à retenir de ces
producteur sur 5 mois de campagne) de
émissions réalisées avec les paysans. Les expériences de la FADEC / SUD, c’est qu’il
la culture maraîchère alors même que
témoignages sur les bons résultats enre- est possible de faire face aux difficultés du
les conditions d’exploitation sont très loin
gistrés et sur les changements positifs monde rural (revenu économique, emploi,
d’être optimisées.
intervenus dans la vie de certains paysans sécurité alimentaire) en adoptant des solu-
depuis qu’ils ont commencé à pratiquer le Ces revenus viennent s’ajouter à ceux per- tions endogènes.
maraîchage, ont sonné comme un déclic çus de l’activité céréalière qui a, elle aussi
Cependant, il n’est pas toujours évident
pour beaucoup d’autres paysans qui désor- connu une nette amélioration grâce à la
d’obtenir de tels résultats, s’il n’ya pas une
mais manifestent un grand intérêt pour le production de semences de qualité. La vul-
appropriation parfaite de ces initiatives par
maraîchage. garisation des semences céréalières a su
les populations à la base.
garantir au producteur des certitudes sur la
germination, la productivité des cultures et Facilement réplicables et très peu coû-
Mise en place d’un pro- la qualité des produits récoltés. teuses, elles constituent la clé pour sous-
gramme de multiplication Il est à noter, aussi, le retour massif des
traire définitivement les régions du Sahel
semencière des affres de la famine. En permettant aux
jeunes dans leur terroir réduisant ainsi
populations d’améliorer leurs revenus, ces
l’exode vers les grandes villes (Dakar, Tou-
Pour promouvoir l’activité agricole dans démarches participent grandement à la
ba, Mbour, Saint-Louis…).
sa zone d’intervention, la FADEC /Sud ne lutte contre la pauvreté rurale.
se limite pas seulement à travailler à sa Un ancien apprenti chauffeur habitant
« En pensant local, nous réfléchissons
diversification à travers l’introduction, le village de Ndop Gadiaga, aujourd’hui
et agissons ensemble »
par exemple, du maraîchage. Elle tente reconverti en maraîcher grâce au projet
également de renforcer l’autonomie des de la FADEC/SUD témoigne : « grâce à ce FADEC/SUD
paysans dans la production d’intrants. nouveau travail, je gagne bien ma vie. Je http://www-fadecsud.asso-web.com

Elle a conçu, depuis quelques années, un n’ai plus besoin d’aller à Dakar pour me
Ndiamé THIAM
programme de production de semences faire de l’argent. J’ai même volé quand
Chargé de programme (Agriculture & Elevage) – FADEC/SUD
céréalières avec l’ISRA (Institut Sénégalais j’étais à Dakar pour avoir de quoi survivre. ndiamethiam@live.fr
de Recherche Agronomique). L’idée est Aujourd’hui je ne fait plus tout cela et je Babacar MBAYE
Coordonnateur FADEC/SUD
que les producteurs puissent disposer de gagne décemment ma vie ». bacargueye@yahoo.fr
semences de qualité qui leur offre un ren- Dans la même veine, un autre jeune confie
dement nettement supérieur à celui des ne plus sortir de son village qu’à l’occasion
semences « tout venant ». du «  Magal  » de Touba (fête religieuse).
Consciente que la hausse des rendements Sa vie a aujourd’hui pris un tournant très
liée à l’utilisation de semences certifiées positif depuis qu’il s’est lancé dans le ma-
Les visites d’échange : un outil de promotion
de la RNA au Mali

Drissa Gana . Mamadou Diakité

L’agriculture constitue l’une des


principales activités des populations
vivant dans la région de Mopti, au Mali.
Mais, à cause de la déforestation et de
la dégradation avancée des terres, la
productivité et la production agricoles
sont sérieusement compromises.
En réponse à ces problèmes qui
impactent négativement sur la sécurité
alimentaire, les communautés et les
ONG, ont travaillé à la promotion de la
régénération naturelle assistée (RNA),
une méthode éprouvée qui redonne
au sol sa vitalité productive et qui

Photo : Sahel Eco


contribue au reverdissement. La mise à

18 l’échelle de la RNA a été facilitée grâce


à l’organisation de visites d’échange à
l’intention des paysans, en vue de les
sensibiliser sur les avantages de cette
méthode agro-écologique.
Visite d'échanges à Bankass

S
ituée en plein cœur de la zone sahé- les paysans, sont d’excellents auxiliaires de Sahel Eco pour mieux amener les paysans
lienne, la région de Mopti, au Mali, culture contribuant à la fertilité et à la pro- du cercle de Tominian à comprendre et à
souffre d’une fragilité chronique des tection des sols. Avec la RNA, les commu- adopter massivement cette méthode agro
équilibres écologiques. Le changement nautés paysannes du village de Endé sont écologique. Voir de ses propres yeux et
climatique, ainsi que la sécheresse persis- devenues beaucoup plus résilientes face à échanger avec les acteurs à la base, il n’y
tante, ont engendré une dégradation très la sécheresse et au changement climatique. a pas meilleur moyen pour se convaincre
avancée des ressources naturelles, ampli- Les agriculteurs se sont regroupés au sein de l’importance et de la pertinence d’une
fiée par des facteurs anthropiques, tels d’une association inter-villageoise appelée technique agricole. Telle est la logique qui a
que la déforestation et le recours à des « Barahogon » pour mieux coordonner leurs présidé à l’adoption d’une telle stratégie de
méthodes culturales inappropriées. actions de promotion de la RNA. vulgarisation.
L’activité agricole, base de la survie des po- Les succès enregistrés par cette association C’est en Juin 2009 que Sahel Eco, a organisé
pulations locales, connait, ainsi, de sérieux ont suscité la curiosité de beaucoup d’autres une visite unique au profit des agriculteurs
problèmes. Les sols dénudés et soumis paysans d’autres districts qui n’hésitent plus du cercle de Tominian. Ils se sont rendus à
presque en permanence aux agents d’éro- à faire le déplacement pour voir cette expé- Bankass, pour visiter et apprendre de l’ex-
sion ne sont plus en mesure de soutenir rience et s’en inspirer pour inverser la ten- périence de Barahogon.
une productivité importante, d’où l’insécu- dance à la dégradation des ressources qui L’hypothèse était qu’en voyant la différence
rité alimentaire persistante. les affecte. entre les périmètres emblavées suivant les
Une telle situation a amené certaines principes de la RNA et les champs sans RNA
populations de la région à réfléchir à des Une visite d’échange pour et en échangeant directement avec leurs
solutions pouvant permettre d’atténuer les homologues de Bankass sur comment leur
effets et impacts de la sécheresse.
vulgariser l’expérience de est venue l’idée de faire la RNA et ce que
Bankass cela leur a rapporté, que les paysans venus
Dans le district de Bankass, les populations
de Tominian tombent sous le charme de
du village de Endé ont mis au point une Comprenant l’intérêt que les autres com-
cette méthode et décident de leur propre
stratégie innovante visant à régénérer les munautés paysannes tireraient à s’inspirer
chef de l’adopter dans leurs propres champs
ressources naturelles, notamment les sols. de leurs homologues de Bankass, Sahel
sans qu’on n’ait à les y convaincre.
Depuis plus de dix ans, elles développent Eco, une ONG d’appui à la gestion des res-
des activités de régénération naturelle sources naturelles et intervenant dans les
assistée (RNA), une méthode consistant à cercles de Tominian et de Bankass s’est Organisation et déroulement
laisser les arbres se développer dans les alors engagée dans une action de promo- de la visite d’échange
parcelles de culture. Ces arbres, dont la tion de la RNA dans sa zone d’intervention.
croissance est scrupuleusement suivie par La visite d’échange est l’option choisie par Cette visite a été réalisée en juin 2009 au
bénéfice de soixante un (61) membres
n
« Avant, o
dont vingt cinq (25) femmes de quatre ménage, et o rûlait.
n b cation des techniques de visualisation des
coupait et
(04) organisations paysannes de Tominian. i, on taille, jeunes pousses pendant les travaux cham-
yy la densité Aujourd'hu
plus, on pêtres et la pluviométrie abondante dans le
Par mini-bus, les agriculteurs sont venus de d’arbres par on ne brûle
le sol est cercle de Tominian ont joué favorablement
Tominian au village Endé, en passant par la hectare. protège et à l’atteinte des résultats cités ci-haut.
ville de Bankass. Ils ont visité des fermes et m ie u x  »
Les résultats
des familles d’agriculteurs qui ont démontré atteints sont :
les aspects techniques de la RNA. Les par- Quelques facteurs limitant.
ticipants ont discuté des aspects organisa- 40 - 50% des ménages pratiquent la RNA
dans tous les 20 villages membres des or- Certaines dispositions des textes législatifs
tionnels et réglementaires de la RNA avec et règlementaires de gestion des ressources
le comité directeur de l’association « Bara- ganisations paysannes
naturelles du Mali sont contraignantes. Ici,
hogon ». Elle a été suivie par une visite aux Chaque ménage a pratiqué la RNA sur une il s’agit surtout de l’ambiguïté du statut de
sites de fixation des dunes de sable, qui est superficie d’au moins un (01) hectare l’arbre champêtre et d’une mauvaise appli-
une technique de stabilisation des dunes de cation de la loi par les agents forestiers.
Sur les parcelles où la RNA a été pratiquée,
sable en plantant des arbustes d’euphorbes.
les densités des arbres vont de 25 à 50 Il faut noter également les séquelles des
Sur place, les visiteurs n’ont pas manqué de arbres par hectare paquets technologiques vulgarisés par la
s’émerveiller devant la profusion d’arbres Compagnie Malienne de Développement
dans les parcelles de culture. Naturelle-
Ce qui a fait de cette visite Textile (CMDT) tels que le dessouchage
ment, les langues se sont déliées et les des arbres dans les champs. Ces pratiques,
questions ont fusé de partout pour com- un succès.
contraires à la technique RNA persistent
prendre une telle différence entre les pay- toujours dans les zones de culture du coton.
sages lunaires des champs qu’ils ont lais- yy Le choix des participants
sés au village et les espaces boisés qu’ils L’insécurité foncière qui frappe certaines
Le choix des délégués était important pour catégories sociales (non propriétaires ter-
découvrent à Endé alors que les conditions
faire de cette visite un succès. Trois cri- riens) a été le facteur qui a limité la réa-
pédoclimatiques sont partout les mêmes.
tères ont été utilisés pour les sélectionner. lisation de la RNA sur des superficies plus
Une question posée par une femme par-
Les délégués devaient être des membres grandes.
ticipant à la visite et répondant au nom
actifs d’une organisation paysanne, être
de Naomie Démbélé, résume bien l’émer- Comme autres facteurs qui ont limité l’adop-
en mesure de communiquer les résultats
veillement des visiteurs qui tous, ont brûlé tion de la RNA dans le cercle de Tominian,
au niveau du village et de faciliter une dé-
d’envi de comprendre le secret des paysans il faut noter les effets négatifs de l’om-
monstration pratique à travers les champs-
de Endé. brage de certaines espèces d’arbres sur les
écoles.
« J’aimerai savoir comment vous avez fait
pour arroser une si large plantation alors yy Une importante participation des
cultures, l’interdiction d’élaguer les espèces
d’arbres par les forestiers et la perception
de certains paysans qui considèrent qu’une
19
que le point d’eau le plus proche est situé femmes
à plus de 4km ? » forte densité attire les oiseaux.
Dans le choix des participants à la visite, un
Le président du Barahogon a répondu en quota important fut réservé aux femmes.
ces termes : « Madame, les arbres que vous Conclusion :
Elles jouent, en effet, un rôle important
voyez là n’ont pas été plantés à plus forte dans les activités agricoles et leur participa- Cette visite nous permet de confirmer, s’il
raison d’être arrosés. Cette forêt est le fruit tion à cette visite a été déterminante dans en était encore besoin, un vieil adage qui
de deux activités: La protection de cette la contribution croissante des femmes à la dit  : «  Mieux vaut voir une fois que d’en-
zone contre les coupes abusives à travers production. Elle a favorisé l’adoption mas- tendre cent fois  ». Sans remettre les for-
un accord tactique avec le service forestier, sive de la RNA dans leurs champs et une mations classiques qui ont toute leur im-
et l’application par beaucoup de paysans de hausse importante de la productivité (ara- portance, il est conseillé de les compléter
la technique de la RNA.» chide, niébé, sésame). par les visites des réalisations qui sont des
S’ensuivront alors de longs échanges sur les cadres d’échanges mutuelles de paysans à
principes de la RNA, ses exigences, les es- yy La restitution des résultats paysans.
pèces les mieux adaptées à cette pratique, Les visites d’échanges d’expérience consti-
Le facteur le plus déterminant est la restitu-
les techniques d’élagage des arbres, les tuent des outils pertinents et puissants de
tion des résultats de la visite par les délé-
retombées en termes de productivité, etc. mise à l’échelle des nouvelles technologies.
gués dans tous les villages membres des
Suite à ces échanges, Madame Naomie a coopératives ayant participant à la visite. En Cependant, au delà de l’aspect technique,
reconnu la pertinence de la RNA et a invité effet, les restitutions villageoises ont per- il est nécessaire de prendre en compte
tous les délégués à faire une restitution afin mis d’informer et de former de nombreux les aspects institutionnels (organisation,
que le maximum de paysans adopte cette paysans aux techniques RNA dans le cercle législation, règlementation) qui peuvent
technologie. de Tominian. Au cours de ces séances de influencer positivement ou négativement
Au retour, les visiteurs ont fait la restitution restitution, les délégués ont animé des l’adoption de nouvelles technologies en
au sein de leurs organisations et villages. champs-écoles au cours desquels, des dé- matière d’agro écologie.
monstrations pratiques des techniques RNA
ont été faites.
Drissa Gana et Mamadou Diakité
Sahel Eco, Mali
Résultats: une large diffu- En mai 2013, des organisations de toute l’Afrique de
yy Une méthode simple aux
sion de la RNA avantages multiples
l’Ouest se sont réunies au Ghana pour participer à un
atelier portant sur l’amplification des solutions ’agro
Le suivi des résultats de la visite a porté sur écologiques. Cette histoire a été écrite durant l’atelier
Un autre facteur est que la RNA est per- par Sahel Eco du Mali. D’autres histoires peuvent
le taux d’adoption de la technique RNA par tinente et attractive. C’est une technique être trouvées sur les sites suivants: http://www.
les ménages à travers trois sous indicateurs endogène, simple et peu coûteuse et groundswellinternational.org/where-we-work/west-
à savoir : africa/
les bénéfices sont multiples (bois, fertilité www.ileia.org
yy le pourcentage de ménages ayant du sol, fruit, etc.). Enfin, l’abondance des
adopté la RNA, espèces de grande valeur économique
(karité, néré, raisin sauvage, etc.), l’appli-
yy la superficie des champs régénérée par
Formation des formateurs sur les techniques
agro-écologiques au Burkina Faso

Fatou Batta, Tsuamba Bourgou, Clarisse Diasso

20

Photo : ANSD
Des paysans formés à la technique des cordons pierreux

Pour faire face à la dégradation des ressources naturelles qui met en péril l’activité agricole, les communautés paysannes de l’Est
du Burkina Faso, appuyées par des organismes de développement, ont entrepris de mettre à l’échelle les meilleures technologies
agro-écologiques adaptées au contexte local, à travers la formation de formateurs locaux. Ces paysans formés devraient constituer
d’importants relais pour une large diffusion et une adoption massive de ces technologies innovante en vue d’assurer la transition
des systèmes de production actuels vers des systèmes plus durables et plus productifs.

L’agriculture au Burkina Faso Par ailleurs, la pression démographique qui des technologies agro-écologiques comme
a entrainé la réduction, voire la disparition une voie sure pour l’atteinte de l’objectif.
L’agriculture constitue la principale activité de la jachère, la persistance de l’agriculture De leur côté, les producteurs de la région
économique des populations de la région itinérante sur brûlis et diverses autres pra- de l’Est se mobilisent et cherchent de
de l’Est du Burkina Faso. Elle occupe en ef- tiques culturales, contribuent fortement à nouvelles solutions à l’intérieur, mais aussi
fet plus de 90% de la population active de la baisse de la fertilité des sols, à la dégra- à l’extérieur de leurs communautés. C’est
la région. C’est une agriculture de subsis- dation accélérée des ressources naturelles ainsi que les producteurs des communes
tance largement dominée par les cultures et à la baisse de la production agricole  : de Gayeri et de Bilanga et certains de leurs
pluviales dont les plus importantes restent ce qui a conduit la majorité des ménages partenaires ont interpellé l’Association
les céréales (sorgho, mil, maïs, riz) qui à une insécurité alimentaire quasi per- Nourrir Sans Détruire (ANSD), une struc-
constituent la base de l’alimentation de manente. Dans le même temps, les pro- ture d’appui focalisée sur la promotion des
la population et les légumineuses (niébé, ducteurs ont peu diversifié leurs moyens technologies agro-écologiques, pour les
arachides, sésame). A l’instar des régions d’existence pour mobiliser des ressources aider à inverser cette tendance.
sahéliennes, la région de l’Est, particuliè- alternatives. La combinaison de ces fac-
rement dans sa partie nord où intervient teurs a abouti à une paupérisation conti- Répondre aux
L’Association Nourrir Sans Détruire (ANSD), nue des ménages.
est confrontée aux aléas climatiques  : ir- préoccupations des
Conscient de cette situation, le gouverne-
régularité et baisse de la pluviométrie. ment, dans sa politique pour la sécurité producteurs
Inondations et sécheresses alternent de alimentaire, s’est engagé avec plusieurs Pourquoi les communautés ont fait appel
manière imprévisible dans le temps et organisations d’appui, dans l’intensification à ANSD? La réponse à cette question est
l’espace.
simple. En effet, l’expérience de ANSD commentées. Enfin, le site a été préparé, yy le choix des sites en fonction de leur
dans des zones agricoles similaires, l’ana- ce qui a consisté à y réunir tout le matériel visibilité et de leur accessibilité;
lyse du contexte et des pratiques agricoles et l’équipement nécessaires pour la forma- le choix des producteurs hommes et
locales lui ont permis d’identifier des sys- tion. femmes sur la base de leur engagement
tèmes de production viables qui, tout en
La formation pouvait, alors, commencer. pour l’application des technologies et de
assurant la sécurité alimentaire de toute
Elle s’est déroulée en trois étapes. La pre- leur prédisposition à partager leurs savoirs.
la population, préservent les ressources
mière a consisté en des échanges entre Malgré ces acquis, il y a eu des insuffi-
naturelles. II s’agit des technologies agro
participants et techniciens formateurs sur sances dans l’extension des technologies.
écologiques qui sont accessibles aux petits
l’importance de l’agro-écologie,  notam- En effet, le suivi effectué par ANSD a
producteurs familiaux et plus adaptées au
ment la gestion intégrée de la fertilité des montré que certains producteurs n’ont pas
contexte local. L’amélioration de ces tech-
sols ainsi que le rôle et les avantages de réalisé les technologies dans leurs propres
nologies et le renforcement des capacités
chaque technologie. La deuxième étape a exploitations agricoles et que d’autres pro-
des producteurs et de leurs organisations
consisté en la présentation et en la des- ducteurs qui ont réalisé les technologies
à les diffuser à grande échelle permettra
cription de la réalisation de chacune des n’ont pas respecté toutes les prescriptions
la transition des systèmes de production
technologies retenues. Les descriptions formulées lors de la formation.
actuels vers des systèmes plus durables et
étaient suivies de démonstrations. A la
plus productifs. Plusieurs facteurs ont contribué à ces insuf-
suite de ces présentations, les producteurs
Malheureusement, lesdites technologies, et productrices ont mis en application ce fisances : Certains des paysans formés n’ont
ne sont pas suffisamment adoptées par qu’ils ont appris. pas suffisamment maîtrisé les techniques
l’ensemble des communautés pour faire de réalisation. De nombreux paysans ont
face aux crises liées à la production ali- Enfin, à leur retour dans leurs villages, toujours l’esprit d’assistanat souvent favori-
mentaire, à la dégradation des sols et au plusieurs des producteurs et productrices sé par des interventions extérieures pater-
changement climatique. formés ont tenu des sessions pour rendre nalistes. Enfin, l’insuffisance du suivi par les
compte de ce qu’ils ont appris au cours de différents techniciens.
De même, la formation de produc- la formation. De plus, certains ont appliqué
teurs formateurs pour l’amélioration des la formation dans leurs propres champs.
connaissances de leurs pairs a été iden- D’autres encore ont assuré la formation Conclusions et recommanda-
tifiée comme une stratégie efficace pour à d’autres producteurs qui ont manifesté tions
une diffusion et une adoption à grande leur intérêt pour les technologies conve-
échelle des technologies. Par conséquent, nues. L’extension rapide des technologies dans
elle contribuera fortement à inverser la les villages confirme l’efficacité de la stra-
tendance et à améliorer la résilience des Par la suite, ANSD a organisé un suivi dans tégie de la formation des producteurs par
ménages des communautés partenaires
face aux effets du changement climatique.
les villages impliqués dans le processus
pour apprécier la suite réservée à la for-
mation. Il en ressort que l’application a
leurs pairs. Celle-ci augmente la disponi-
bilité des compétences endogènes dans
les villages et confère des responsabili-
21
C’est pourquoi la formation des formateurs commencé sur le terrain. tés dans la mise en œuvre des activités.
a été retenue d’un commun accord comme
L’introduction d’un quota pour les femmes
la meilleure stratégie pour atteindre cet
objectif. Facteurs de succès et dans le choix des producteurs formateurs
a permis leur implication dans une propor-
En réponse aux préoccupations des pro- quelques difficultés tion importante dans la formation.
ducteurs et productrices, ANSD et ses La stratégie de la formation des produc- L’approche multi-acteurs a favorisé une
partenaires (l’INERA à travers sa Direction teurs par leurs pairs a permis de former un synergie d’actions qui a permis l’appropria-
Régionale de l’Est), les services techniques grand nombre de producteurs dans chaque tion du projet par les différents acteurs qui
agricoles et les ONG partenaires locaux village et de toucher de nouveaux villages
ont organisé une rencontre avec les re- se sont, en conséquence, mobilisés pour le
dans un bref délai. succès des actions entreprises.
présentants des villages pour approfon-
dir l’analyse de la situation, convenir des Plusieurs facteurs sont à la base de cette Sur la base de ces constats, les recomman-
solutions à appliquer et élaborer un plan diffusion rapide des technologies dans les dations suivantes sont faites pour renforcer
d’action. villages : les résultats de la stratégie
A l’issue de cette rencontre entre ces diffé- yy le regain d’intérêt de la part du gouver- yy Renforcer le suivi des activités sur le ter-
rents acteurs, il a été convenu d’un plan de nement et de plusieurs organisations rain ;
formation des formateurs qui permet de d’appui, pour l’intensification des tech-
nologies agro-écologiques pour l’amé- yy Renforcer la formation des producteurs
mettre à la disposition de l’ensemble des
lioration de la sécurité alimentaire,  a formateurs par des formations/ recy-
villages des personnes compétentes pour
créé un environnement favorable pour clage ;
assurer la formation de leurs pairs dans la
promotion et la conduite des technologies la mobilisation des ressources pour l’ex- yy Organiser des visites d’échanges à
agro-écologiques. pansion de ces technologies. l’intention des paysans formateurs et
yy les producteurs ont pris conscience du d’autres producteurs
Préparation et mise en lien entre la productivité et la gestion
intégrée de la fertilité des sols ; ce qui a
œuvre de la formation augmenté leur engagement. Fatou Batta, Tsuamba Bourgou. Clarisse Diasso
Tout d’abord, il fallait identifier les tech- Association Nourrir sans Détruire. Burkina Faso
yy la disponibilité  de producteurs compé-
niques à diffuser. Ensuite, les participants tents à proximité (dans chacun des vil- En mai 2013, des organisations de toute l’Afrique de
ont été identifiés: les paysans y com- l’Ouest se sont réunies au Ghana pour participer à un
lages concernés) a permis la formation atelier portant sur l’amplification des solutions ’agro
pris les femmes productrices, en tenant en cascades et le suivi des réalisations ; écologiques. Cette histoire a été écrite durant l’atelier
compte de leur engagement pour l’appli- par l’Association Nourrir Sans Détruire le Burkina Faso.
cation des technologies agro-écologiques yy l’implication de l’ensemble des acteurs D’autres articles peuvent être trouvés sur les sites
et leur disponibilité à partager leurs savoirs concernés dès le départ dans l’analyse suivants: http://www.groundswellinternational.org/
des problèmes et dans la planification ; where-we-work/west-africa/
avec leurs pairs. Le site de formation a www.ileia.org
été sélectionné de sorte qu’il soit acces- yy l’existence d’expériences réussies dans
sible et à proximité d’une voie fréquentée certains villages de la zone ;
pour attirer l’attention et faciliter les visites
Le dialogue social pour sécuriser les droits
fonciers des femmes rurales, au Burkina Faso

Inoussa Maïga

22

Photo : I. Maïga
Une femme-relaie montrant à ses paires comment sensibiliser leur époux

Adopté en juin 2009, la loi sur le foncier portant Réorganisation agraire et foncière vaut et en tirer des enseignements  »,
rural au Burkina Faso ouvre la porte aux de 1984. Les collectivités territoriales et les explique Pierre Aimé Ouédraogo secré-
femmes à la propriété foncière. Profitant individus ont également leurs domaines taire exécutif du Graf. C’est ainsi qu’à la
de cette innovation, la commune rurale fonciers. demande de la commune rurale de Cas-
Habituellement marginalisées dans l’accès sou, dans le Centre-Ouest du Burkina, le
de Cassou au centre-ouest du Burkina,
aux terres rurales, les femmes ont désor- Graf met en œuvre depuis 2011 un projet
appuyée par le Groupe de recherche
mais voix au chapitre. La nouvelle loi fon- de « sécurisation foncière des femmes des
et d’action sur le foncier (GRAF), a villages de Panassian et Nessian ».
expérimenté avec succès la mise en cière reconnait explicitement leurs droits à
accéder aux terres rurales, au même titre Dramane Diassou, 1er adjoint au maire
œuvre de cette loi dans deux villages.
que les hommes. De nombreux experts du de Cassou explique le choix des deux vil-
Des hommes y ont accepté librement foncier s’accordent pour dire que cela est lages pilotes  : « Il faut savoir que notre
de céder définitivement des terres une grande avancée. Théoriquement, sur commune a enregistré beaucoup de cas
aux femmes qui en deviennent ainsi le terrain, les esprits encore très conser- de vente de terre ces dernières années,
propriétaires. vateurs vont-ils admettre cela ? Comment le plus souvent des ventes anarchiques.
traduire cette disposition légale en une Pour ce projet qui est expérimental, nous
réalité, surtout pour une question aussi cherchions deux villages où le problème

L
e 16 juin 2009, le Burkina Faso s’est controversée voire taboue que l’accès des de la vente de terre ne se posait pas. C’est
doté d’une nouvelle loi sur le foncier femmes à la propriété foncière rurale ? ainsi que nous avons choisi Panassian et
rural, la loi 034 portant Régime Foncier Niessian. On s’est dit que si l’expérience
Rural. C’est l’aboutissement de plusieurs
La loi à l’épreuve du terrain était concluante dans ces deux villages,
mois de consultations auxquelles a parti- cela pourrait faire tache d’huile dans les
cipé activement le Groupe de recherche et «  Dès l’adoption de la loi, le plus impor- autres villages et mêmes dans les com-
d’action sur le foncier (GRAF). Cette nou- tant pour nous au niveau du GRAF a été munes voisines ».
velle loi introduit plusieurs innovations. de concevoir une démarche et des ins-
truments afin de la mettre à l’épreuve du L’initiative bénéficie du financement du
Désormais, la terre n’est plus la propriété
terrain pour voir véritablement ce qu’elle Fonds Commun Genre (FCG), un consortium
exclusive de l’Etat comme l’indiquait la loi
Photo : I. Maïga
Les hommes adhèrent massivement à la loi et concèdent des terres à leurs épouses

de partenaires au développement. hectare à plus de cinq hectares au profit cutif du Graf.


« Sécuriser des femmes, c’est bien beau et
du moment où c’est une question d’équité
et de justice sociale, ça nous intéresse au
d’environ une centaine de femmes. Les
femmes bénéficiaires sont leurs épouses,
sœurs, filles, belles-filles, etc.
Des causeries-débats ont été organisées
dans les villages. Séance populaire d’ani- 23
mation et d’expression libre, la causerie
niveau du GRAF. Mais il fallait d’abord que Des hommes qui acceptent librement et en débat est marquée par trois temps forts.
l’on ait la preuve que le projet souhaité par toute connaissance de cause de céder défi- En premier lieu, il y a la projection d’un
la commune correspondait aux besoins nitivement des terres à des femmes, cela théâtre filmé d’environ 45 minutes en
des femmes de ces deux villages  », surprend plus d’un observateur. A com- langue locale titré «  La terre connait son
déclare Pierre Aimé Ouédraogo. Une étude mencer par les intervenants eux-mêmes. propriétaire  ». Le film traite d’un conflit
diagnostic de la situation socio foncière « Faire de la femme une propriétaire fon- qui oppose un vieux paysan et sa famille
a été réalisée dans les villages retenus cière en milieu rural au même titre que les à une riche femme d’affaire venue de la
par la commune. Les résultats ont permis hommes, ce n’était pas du tout évident. Je ville. Chacune des deux parties réclamant
au GRAF, en tant que structure d’appui peux même dire que personne n’y croyait la propriété d’une terre. Le conseil villa-
technique, de se convaincre davantage de au début », confie Pierre Aimé Ouédraogo geois est alors interpelé pour résoudre à
la pertinence de l’initiative de la commune. secrétaire exécutif du Graf. C’est donc sans l’amiable le conflit.
trop de conviction que le projet a démarré, A la fin de la projection, l’animateur fait la
Se lancer sans trop y croire ? mais avec la ferme intension d’expérimen- synthèse du film et revient sur les points
Après plus de deux ans de mise en œuvre, ter la mise en œuvre de la loi. Qu’est-ce essentiels de la loi en utilisant une boite
le projet prendra fin en décembre 2013. A qui a permis l’obtention de ces résultats ? à images titrée «  12 messages clé de la
ce jour, de nombreux acquis ont été enre- Comment expliquer le succès enregistré loi 034 ».
gistrés. Il s’agit entre autre de la mise en par le projet ?
Ensuite, la parole est donnée aux popula-
place dans les deux villages des structures tions pour réagir sur le comportement des
locales de gestion foncière conformément Faire connaitre la loi différents acteurs du film, poser des ques-
à la nouvelle loi. Il y a d’une part la com- La démarche du projet et le contexte local tions sur la loi, faire part de leurs inquié-
mission foncière villageoise (CVF) chargée des deux villages expliquent grandement tudes, etc. « A travers le film que le Graf
de la gestion des terres rurales à l’échelle les bons résultats obtenus par le projet. En a projeté, nous avons beaucoup appris sur
villageoise et d’autre par la commission effet le projet a mis en avant le dialogue ce que dit la loi. Je crois que dans la com-
de conciliation foncière villageoise (CCFV) social en vue de susciter la compréhen- mune de Cassou, nous sommes en avance
chargée du règlement des conflits fonciers sion et l’adhésion des populations autour en termes de connaissance de cette loi par
au niveau local. Au niveau de la commune, de ses actions. Les premières activités du rapport aux autres villages  », témoigne
le service foncier rural (SFR) a également projet ont consisté à informer et sensibili- Dominique Zizien, président de la commis-
été mis en place. Il est chargé, entre autres, ser les populations des deux villages sur sion foncière villageoise de Niessian. Paral-
de l’établissement des titres sur le foncier le contenu de la loi sur le foncier rural. lèlement, des émissions sur la loi ont été
à l’échelle communale. « Il était bon, dans ces deux villages, que produites et diffusées sur la radio Nemaro,
Dans les deux villages, une soixantaine les hommes et les femmes comprennent implantée dans la commune.
de possesseurs fonciers coutumiers ont mieux le contenu de la loi, le processus Après les séances d’information et de
été recensés. Réticents au départ, prati- d’obtention des titres sur le foncier, les sensibilisation sur la loi, place est faite à
quement tous ont accepté de céder à titre modalités de cession de droits sur des la communication sur le projet. «  Après
définitif des portions de terres allant d’un terres, etc.  », explique le secrétaire exé- que nous nous sommes assuré que
ces populations ont maitrisé, dans une Mais chaque possesseur foncier était libre les petites superficies ne suffisent plus aux
certaine mesure la loi, nous nous sommes de s’engager ou de ne pas s’engager. femmes. En ayant leurs propres terres, les
alors attelés à leur exposer la philosophie Pierre Aimé Ouédraogo précise  : «  Nous femmes pourront aider les hommes dans
du projet qui est de négocier auprès de avons proposé trois options aux posses- les dépenses familiales, dans la scolarité
tout possesseur foncier reconnu comme seurs fonciers des deux villages. Première des enfants. C’est pour cela que mon mari
tel dans les villages la cession de terres option, le projet ne les intéresse pas du m’a donné 2 ha. Depuis ce jour, il y a une
au profit des femmes », explique François tout et donc ils refusent de s’engager. amélioration dans mes activités car j’ar-
Louré, membre de l’équipe d’experts Deuxième option, le projet les intéresse et rive à avoir mes propres récoltes ».
mandaté pour conduire les activités du ils s’engagent à prêter une partie de leurs
projet dans les deux villages. La question terres aux femmes. Et troisième option Un contexte local favorable ?
qui revenait le plus souvent c’est «  si je le projet les intéresse et ils s’engagent
donne la terre à ma femme et qu’après à céder à titre définitif des terres aux Si le projet a pu obtenir de tels résultats,
elle me quitte, que devient cette terre » ? femmes  ». En guise d’encouragement, le c’est parce que le contexte local y était
Cela a fait l’objet de débats intenses projet s’est engagé à prendre en charge favorable. « D’abord ces deux villages dis-
dans les villages. Nous avons expliqué les frais d’établissement d’attestation de posent encore de réserves foncières consi-
et sensibilisé. C’est à l’issue de ça que possession foncière pour tous les proprié- dérables. Je crois que cela a été un élément
nous sommes partis pour la négociation taires fonciers qui consentent à donner ou déterminant. Quand il y a la ressource, on
à proprement parler », ajoute Rose-Marie à prêter des terres aux femmes. n’a pas de problème à céder une partie.
Sanwidi, également membre de l’équipe Mais lorsque la terre se fait rare, on a ten-
dance à privilégier une gestion plus parci-
d’experts. Des résultats surprenants monieuse qu’en temps d’abondance. Il y a
A l’issue des négociations, les possesseurs aussi que dans ce milieu les populations
Le dialogue social à l’œuvre fonciers du village de Niessian se sont semblent ouvertes et réceptives au mes-
Rose Marie Sanwidi, première femme in- presque tous engagés en faveur des prêts, sage. C’est aussi un élément sociologique
génieure agronome du Burkina aujourd’hui refusant ainsi de céder définitivement qui a milité en faveur du projet. Sinon au
à la retraite et Fatoumata Tall, juriste-pla- des terres aux femmes. «  Ils ont pensé départ, je partais avec suffisamment de
nificateur ont été mandatées par le GRAF que donner des terres aux femmes, c’est scepticisme. Parce que je sais qu’en me ré-
pour conduire les négociations entre les les rendre autonomes or de leur point de férant à ma localité d’origine, je me disais
possesseurs fonciers et les femmes des vue, les femmes autonomes sont difficiles que cela est impensable », explique Fran-
deux villages. «  L’un des défis majeurs à gérer », fait comprendre Fatoumata Tall. çois Louré, membre de l’équipe technique
c’était déjà d’obtenir l’accord de principe « Seuls quelques hommes avaient accepté du projet. Les femmes bénéficiaires ont

24 des hommes, qu’ils acceptent de s’enga-


ger dans le processus de sécurisation pour
eux-mêmes d’abord, en obtenant leur
de faire des dons et, là encore, les bé-
néficiaires étaient des femmes d’un âge
avancé, en se disant qu’elles ne peuvent
également joué un rôle déterminant. « Ce
qui m’a le plus marqué, c’est la négocia-
tion-relais que les femmes faisaient, une
attestation de possession foncière rurale, plus les quitter pour un autre homme  », fois qu’elles se retrouvent avec leurs maris
avant de pouvoir céder des portions de ajoute Rose Marie Sanwidi. Par contre, à la maison. Il est arrivé que des femmes
terres à leurs femmes. Cela ne semblait dans le village de Panassian, c’était la viennent le matin nous dire ne bougez
pas gagné au départ. A priori, les hommes situation inverse. Les hommes se sont pas mon mari va venir parce qu’on en a
étaient très réservés », explique Fatouma- presque tous engagés en faveur des ces- discuté toute la nuit. Le mari se présentait
ta Tall. sions définitives. «  Certains de nos collè- effectivement soit pour convertir le prêt en
Il a fallu adopter une démarche à la hau- gues consultants disaient que nous avons don ou pour augmenter la superficie pour
teur du défi à relever. « Nous rencontrions fait pression sur les hommes, tellement satisfaire la femme qui en demandait plus.
d’abord les femmes du village pour savoir cela leur paraissait impensable  », confie Cette implication des femmes nous a per-
quelles étaient leurs préoccupations par Rose Marie Sanwidi. Quelques semaines mis d’avancer plus vite », assure Fatouma-
rapport au foncier. On se renseignait aussi plus tard, l’équipe de négociatrices est ta Tall. « Ce que je tire comme conclusion
sur ce qui se passait dans leur coutume. repartie sur le terrain pour valider les posi- c’est qu’il faut toujours oser. Il ne faut pas
Après cela, nous allions à la rencontre des tions recueillies, en première instance, afin rester là avec des préjugés en se disant
propriétaires fonciers. Les femmes nous de s’assurer que certains ne sont pas reve- que les gens ne vont pas accepter ceci ou
avaient dit que si elles gagnent les dons nus sur leur décision. « Et là, au lieu que cela, il faut toujours y aller, informer, expli-
c’est bien, mais à défaut, des prêts de lon- ceux qui se sont engagés pour des dons quer, sensibiliser. On finit toujours par trou-
gues durées feront l’affaire. Ce qu’il fallait reviennent aux prêts, c’est plutôt ceux qui ver un terrain d’entente  », soutient Rose
que les propriétaires acceptent c’est que avaient opté pour des prêts qui ont voulu Marie Sanwidi.
les femmes aient un papier. Soit, c’est un passer aux dons. Dans le village Niessian, Une chose est de permettre aux femmes
don et elles ont l’attestation de possession où presque tous avaient décidé pour des d’avoir leurs propres terres, mais encore
foncière, soit, c’est un prêt et elles ont le prêts, tout le monde est passé aux dons faut-il leur offrir l’appui nécessaire pour
contrat de prêt qui précise la durée pour sauf deux personnes, le chef de terre aménager ses terres afin de les rendre
éviter des retraits intempestifs », résume et son frère. Ces deux là, aussi, quelque plus économiquement rentables. «  Il y a
Rose Marie Sanwidi. «  Nous parlons à temps après, ont souhaité passer aux encore beaucoup de choses à faire. Le pro-
l’homme, nous parlons à la femme et dons. C’était la surprise totale », rapporte jet devrait avoir une suite, autrement, sa
nous essayons de rapprocher les positions. Rose Marie Sanwidi. démarche serait incomplète pour espérer
La femme demande toujours un peu plus, Les hommes dans les deux villages ve- apporter un véritable changement dans la
le mari pense avoir fait suffisamment d’ef- naient ainsi d’ouvrir aux femmes la porte vie de ces femmes  », conclut Fatoumata
fort et est donc réticent à donner plus. Il à la propriété foncière. Le changement se Tall.
est arrivé que certains refusent carrément fait sentir chez certaines femmes. C’est le
le don, ils étaient plus favorables à des cas de Kayentié Ido du village de Niessian.
Inoussa Maïga
prêts en disant qu’ils laissent aux femmes Elle témoigne  : «  Le monde a changé. Consultant indépendant
les terres toute leur vie, à condition Tu dois inscrire ton enfant à l’école, si tu Médias & Communication participative pour le
qu’elles restent leurs épouses  », ajoute veux qu’il soit quelqu’un demain. Nous développement
Fatoumata Tall. maiga.inou@gmail.
sommes en train de vieillir. Et aujourd’hui,
Les femmes, vecteurs d’informations dans la
Lutte contre les pesticides agricoles nocifs,
au Ghana.
RUWFAG-Lawra
Rebecca A Sabri, Pognaa Patricia Dianon, May Asumpta Mwinsigtend

25

Photo : Ruwfag
Les femmes en première ligne dans la sensibilisation contre les pesticides

Pour contrer les effets pervers engendrés par la consommation de produits alimentaires contaminés par les pesticides chimiques,
Les femmes du district de Lawra dans le Nord du Ghana ont engagé une campagne de sensibilisation dénommée « nous sommes
la solution ». Cette initiative a contribué à la diffusion des pratiques agro-écologiques dans la région.

L
’incapacité des familles à s’assurer «  Nous avons été inspirées par les diri- une femme qui a décidé de goûter les
trois repas par jour est un problème geantes du Mali qui nous on dit com- légumes crus directement au marché de
particulièrement criant dans le district ment elles ont réussi à accroître la prise façon à vérifier si des pesticides ont été
de Lawra au Nord du Ghana. Pendant plu- de conscience des femmes des zones utilisés. En goûtant et en sentant, elle a
sieurs années, le gouvernement a fourni rurales. De retour dans nos communau- réalisé que des pesticides étaient utili-
des produits chimiques et des engrais aux tés, nous avons rencontré des dirigeantes sés. Après s’être plainte au marchand de
agriculteurs dans le cadre de la révolution traditionnelles, des femmes qui travaillent légumes, une autre femme qui se tenait là
verte en Afrique. Mais contrairement aux au marché, des groupes de femmes et a dit qu’elle avait remarqué le même pro-
attentes, la dégradation sévère des sols se des familles d’agriculteurs. Nous avons blème. Après avoir servi à sa famille une
poursuit, les terres agricoles sont dans un échangé des informations et partagé nos soupe de ‘légumes aux pesticides’, a-t-elle
état terrible et ne produisent plus assez de expériences à propos des effets des pes- partagée, ils ont eu des maux d’estomac
nourriture pour alimenter les familles. ticides sur nos légumes et nos cultures et ils ont dû aller à l’hôpital pour être trai-
L’idée de retourner à nos racines a émergé alimentaires. tés ».
suite à une conférence qui rassemblait des Dans le district de Lawra, une famille est
femmes des pays de l’Afrique de l’Ouest, morte à Wulli après avoir mangé des fèves Les femmes sont la solution
et à laquelle la région du Nord du Ghana bambara qui avaient été traitées avec des Donc, nous avons commencé à sensibiliser
était représentée. pesticides. Nous avons aussi parlé avec les femmes à propos des effets des pes-
ticides sur les légumes et les cultures ali-
mentaires. Avec le support de CIKOD, une
ONG basée au Ghana, nous avons lancé
une initiative contre l’usage des pesticides.
Une campagne appelée ‘Nous sommes
la solution’. Oui, les femmes sont la solu-
tion parce que nous pouvons agir comme
vecteurs d’information en partageant
d’importants messages avec d’autres.
Dans cet esprit, nous avons partagé des
histoires avec notre famille et nos amis à
propos des effets négatifs de l’usage des
pesticides.
Nous avons conseillé aux femmes de ne
pas acheter les légumes les plus verts et
les plus brillants (une indication que des
pesticides ont été utilisés). Nous les avons
aussi sensibilisées à propos de l’usage et
de l’importance des fumures organiques.
Comme point culminant de la campagne,

Photo : Ruwfag
nous avons organisé une foire alimentaire,
qui exposait nos aliments traditionnels et
sur lesquels aucun pesticide n’avait été
appliqué. À cette soi-disant Durbar, les
dirigeants traditionnels comme le Chef
Les femmes sensibilisées à l'agroécologie
suprême de la zone traditionnel de Lawra,
les Pognaamine suprêmes (les reines), et
les dignitaires des deux districts et régions
notre message de tout cœur. Son support des femmes que ces additifs sont meil-
étaient présents pour l’occasion. Ils ont
et son appui ont donné à notre campagne leurs et plus faciles à utiliser. Finalement,
exprimé leur support aux idées de RUW-
beaucoup plus de poids.
26 FAG. Nos groupes de femmes ont com- il y avait seulement un financement limité
posé et chanté des chansons à propos Les femmes ont apprécié que nous les pour les dépenses liées aux déplacements
des effets néfastes de l’usage des produits visitions dans leurs maisons, au lieu de les de RUWFAG pour aller visiter les groupes
chimiques sur les cultures alimentaires et convoquer à une réunion centrale. Généra- de femmes.
les légumes. lement, les femmes des zones rurales ont
Nos activités ont contribué à la diffusion
peu de temps libre. Elles sont occupées Préparer l’avenir
avec les tâches agricoles et domestiques,
des pratiques qui n’utilisent pas de pro- RUWFAG envisage avec enthousiasme de
la cuisine, le ménage et doivent s’occuper
duits chimiques. Dans le village de Kunyu- continuer à partager les meilleures pra-
de leurs familles. Nos visites ont facilité
kuo et Tongo par exemple, les femmes tiques avec les pays voisins pour l’amé-
la communication avec elles. Et nous ne
n’étendent plus de pesticides. Elles ra- lioration des pratiques agro-écologiques.
les avons pas visitées qu’une seule fois.
massent les excréments d’animaux et les Nous allons continuer à encourager la
En fait, nous avons travaillé en relation
utilisent comme insecticide et comme production, la conservation et l›usage des
étroite avec les femmes et nous les avons
engrais biologique pour leurs cultures. Il graines et aliments indigènes pour la sou-
visitées dans leurs maisons plusieurs fois
y a aussi eu une augmentation visible de veraineté alimentaire parmi les femmes
au cours de l’expérience. Ça a été une des
la disponibilité des cultures et aliments des communautés rurales, et faire la pro-
raisons expliquant notre succès.
traditionnels dans les marchés, comme motion de la consommation de légumes
le dawa-dawa, un condiment local qui a Les marchés sont des endroits impor- sains.
été abandonné pour les cubes de bouil- tants de rencontres informelles pour les
lon de fabrication industrielle Maggi. Un femmes. C›est ici que tous les légumes
RUWFAG-Lawra - Rebecca A Sabri - Coordinatrice,
des résultats inattendus de nos ‘conversa- des jardiniers commerciaux sont vendus.
Pognaa Patricia Dianon - présidente,
tions sur la santé’, a été d’observer une Cela en fait l›endroit le plus important May Asumpta Mwinsigtend - Membre
augmentation du nombre de groupe de pour l›enseignement en personne des
En mai 2013, des organisations de toute l’Afrique de
femmes membres de RUWFAG, qui est vendeurs et des consommateurs de lé- l’Ouest se sont réunies au Ghana pour participer à un
passé de 10 à 35 durant la période de gumes dans les communautés. Le marché atelier portant sur l’amplification des solutions ’agro
2011 à 2013. RUWFAG a réussi à rejoindre est un endroit plus efficace pour enseigner écologiques. Cette histoire a été écrite durant l’atelier
par les femmes agriculteurs de RUWFAG au Ghana.
ces groupes de femmes avec les mêmes aux femmes puisqu’ainsi on n’accapare pas D’autres histoires peuvent être trouvées sur les sites
messages. trop de leur temps. Elles sont capables de suivants: http://www.groundswellinternational.org/
vaquer à leurs activités normales tout en where-we-work/west-africa/
écoutant les intervenants. www.ileia.org
Les facteurs de réussite... et
les difficultés Par contre, les activités du ministère de
l›Agriculture se sont opposées à notre
Ce qui a aidé à convaincre les femmes a travail, puisqu›il travaille à faire la promo-
été notre approche du problème des pes- tion et fournit des insecticides chimiques
ticides centrée sur la santé. Comme les qui proviennent de l›étranger aux agricul-
femmes sont les principales gardiennes de teurs. Il est difficile pour les agriculteurs de
la santé de leurs familles, ce problème a résister à cette tendance. Une autre dif-
résonné en elles. Un jour, nous avons ren- ficulté a été l›offre importante d›additifs
contré la femme du chef au marché. Elle alimentaires bon marché et la perception
nous a écouté avec intérêt et a supporté
Des foires alimentaires traditionnelles pour
valoriser les produits locaux au Ghana

Center for Indigenous Knowledge and Organisational Development (CIKOD)

Les foires alimentaires traditionnelles


constituent à la fois un outil et un espace
importants pour la promotion de la
souveraineté alimentaire parce qu’elles
se déroulent dans le propre milieu de
vie des populations et donc dans leur
contexte socioculturel.
En 2011, le Center for Indigenous
Knowledge and Organisational
Development (CIKOD), a organisé une
foire alimentaire au cours de laquelle

27
les femmes agricultrices ont présenté
leurs productions agricoles et les mets
traditionnels dans l’objectif de rappeler
aux chefs traditionnels et dirigeants
politiques la valeur des aliments
traditionnels et leur importance pour la
souveraineté alimentaire.

Photo : CIKOD
Le paradoxe alimentaire du
Ghana
Au CIKOD, l’oiseau Sankofa est un symbole Foire alimentaire de Lawra, séance de dégustation de plats traditionnels
institutionnel. L’image d’un oiseau qui
regarde en arrière tout en avançant fait
référence à l’idée d’apprendre du passé mentaire et la faim augmentent dans les ciers se trouvaient les femmes chefs tra-
pour améliorer le présent et le futur. Un ménages ruraux des régions du Nord. ditionnels, le chef suprême et LACERD, un
des objectifs principaux de CIKOD est de partenaire local de CIKOD.
promouvoir la souveraineté alimentaire et,
en ce sens, le symbole de l’oiseau est un
La foire alimentaire de Lawra Le ministre régional et le chef suprême se
rappel de l’importance d’apprendre de la Afin de favoriser la production de vivres sont remémorés, tour à tour, des aliments
production alimentaire traditionnelle dans pour nourrir les familles, améliorer la di- traditionnels qui sont maintenant en voie
notre travail d’amélioration de l’accès à l’ali- versité des productions agricoles pour la d’extinction.
mentation et à la sécurité alimentaire dans nutrition et réduire les risques causés par «Nous sommes conscients que nos produits
les communautés. les changements climatiques, le CIKOD a agricoles et les aliments que nous man-
Au Ghana, plusieurs politiques gouverne- organisé une foire des mets traditionnels gions et qui nous gardaient en bonne santé
mentales font actuellement, dans les zones en juin 2011 dans le district de Lawra. Plus disparaissent progressivement.» Les diri-
hautement productives, la promotion des de trois cents (300) femmes agricultrices et geants ont exprimé leur soutien à l’intro-
cultures de rente destinées à l›exportation, des centaines d’hommes et d’enfants des duction des produits traditionnels et des
plutôt que celle de la production destinée zones traditionnelles de Lawra et Nandom systèmes de production agro-écologique
à nourrir les familles, particulièrement dans la région Upper West ont participé à dans le plan national de souveraineté ali-
dans les régions du Nord qui sont les plus l’exposition des aliments et des semences mentaire.
affectées par les changements climatiques locales. Les agricultrices étaient accompa- La coordinatrice de l’Association des
et le déclin de la fertilité des sols. Cela a gnées des femmes chefs traditionnels. femmes agricultrices rurales (RUWFAG),
créé une situation paradoxale où le Ghana L’exposition a été précédée par des pré- Madame Rebecca Sebri, a décrit en détails
enregistre une accélération de sa crois- sentations du ministre régional, du chef du les effets négatifs des semences génétique-
sance économique grâce à l›agriculture district et du ministre de l’Alimentation et ment modifiées, des engrais chimiques et
alors qu’en même temps, l›insécurité ali- de l’Agriculture. Parmi les autres conféren- pesticides sur la santé des familles rurales.
Ceci a été corroboré par la représentante du spécialement le tubani, qui étaient autre- veut le dicton, « ce que les yeux voient, le
ministère de la Santé, Madame Doris Zieka. fois méprisés tout particulièrement par les cœur désire ».La dégustation a convaincu la
Des femmes de plusieurs villages dans les jeunes. Le directeur du ministère de l’Ali- population de l’importance des cultures tra-
deux zones traditionnelles se sont relayées mentation et de l’Agriculture a invité les ditionnelles et a éveillé des souvenirs pour
interprétant des chansons qui décrivent le femmes de RUWFAG à faire une exposition certains. La pognaa de Lawra, Pognaa Karbo
manque d’aliments sains et suffisants et les lors de la célébration de la journée des agri- a déploré que « lorsque j’étais jeune fille,
effets négatifs des méthodes de l’agricul- culteurs du district tenue en 2011. Elles ont le bengvaar et la soupe aux arachides avec
ture industrielle. Ces chansons spontanées accepté l›invitation, et ont reçu un prix pour kazion-saab était préparés pour alimenter
étaient accompagnées de danses et trans- leur contribution à la sécurité alimentaire les jeunes hommes qui venaient aider sur
mettaient des messages forts sur la valeur dans leur district. Par la suite, le directeur la ferme de mon père. Ce régime alimen-
des aliments traditionnels. Leurs chansons a invité les dirigeants de RUWFAG à ses taire traditionnel leur donnait la force et la
dénonçaient l’usage des semences généti- bureaux où ils ont discuté de la manière vitalité pour travailler fort sur la ferme. Cela
quement modifiées, des pesticides et des dont les ministères pourraient prendre en a maintenant été remplacé par le riz.»
engrais chimiques de même que les effets compte les projets des femmes dans la pla- Le programme a fait l’objet d’une grande
négatifs qu’ils ont sur la santé de la famille. nification du district. publicité à la radio, la télévision et dans
L’auteur Linus Kabobah a présenté une nou- Les jeunes de Tanchara, fort du succès la presse écrite. C’est là le résultat de nos
velle publication de CIKOD intitulée, «L’agri- des foires alimentaires traditionnelle sont efforts à construire de bonnes relations
culture indigène et la sécurité alimentaire organisé un jeu-questionnaire sur les pro- avec les médias. Ces publicités contenaient
dans le district de Lawra». Cette présenta- ductions et les mets traditionnels en tant des messages positifs encourageant le gou-
tion a été suivi d’une dégustation de plus qu’outil éducatif. vernement et la population à supporter les
de cinquante mets traditionnels par les La foire a aussi motivé les femmes agri- cultures et aliments traditionnels.
dignitaires et le grand public, dont le tuo, cultrices dans les régions traditionnelles Toutefois, le programme a été perturbé
bengsaab, tubani, perkpage, gbulyang, bir- de Lawra et Nandom à investir pour aug- par l’arrivée tardive des dignitaires. Ce dé-
neme, nyusaab, piereh, et bien d’autres. menter la production des cultures tradi- but tardif a eu pour conséquence un pro-
tionnelles dans leurs champs. Par exemple, gramme plutôt serré par la suite. De plus,
La contribution des productions les membres de RUWFAG ont mis en place certaines femmes n’ont pu participer en rai-
agricoles traditionnelles à la sécu- un programme d’épargne et de des prêts son des problèmes liés au transport.
rité alimentaire offrant des crédits, qui, bien que limités,
permettent aux agriculteurs d’acheter des Conclusions et
Le maïs est l’une des cultures dont on fait ac- semences et d’engager un certain nombre
recommandations
28 tuellement la promotion au Ghana. Bien que
sa productivité par hectare soit plus élevée
que celle des cultures traditionnelles comme
d’employés pour augmenter la production
des cultures traditionnelles. La saison sub- La foire alimentaire s’est avérée être une
séquente a vu un doublement de la produc- stratégie efficace pour stimuler une plus
le sorgho, le mil ou l’igname, l’obtention de tion des cultures traditionnelles comme le grande production et consommation de
hauts rendements pour le maïs nécessite une
kpur-womeh, piereh, songsogli, etc. aliments traditionnelles de même que
grande quantité d’engrais et des pluies régu-
lières. Cela en fait une culture plus risquée l’introduction des mets traditionnels dans
pour les agriculteurs dans les zones arides du Facteurs de réussite le programme national de sécurité ali-
Nord du Ghana parce que les engrais coûtent mentaire. Ce succès peut être expliqué
chers. Les précipitations irrégulières et peu Le succès des foires alimentaires peut être par le fait que les foires alimentaires tra-
fréquentes ont un impact sur le rendement. attribué à plusieurs facteurs. ditionnelles sont des espaces ouverts qui
L’augmentation de la productivité pour amé- Premièrement, nous avons suivi le proto- permettent la participation de toutes les
liorer la sécurité alimentaire doit s’opérer cole approprié pour impliquer les dirigeants catégories de personnes. CIKOD a fait usage
d’une manière durable: les cultures devraient politiques et traditionnels. Deuxièmement, des connaissances et des ressources locales
être résilientes au changement climatique, nous avons largement diffusé l’évènement. qui ont renforcé l’appropriation de la foire.
en même temps qu’elles devraient amélio-
Peu après la tenue des foires, des évène-
rer la nutrition et ne devraient pas requérir Au Ghana, le protocole traditionnel exige
ments similaires ont été organisés à Ko et
d’intrants agricoles coûteux. Les semences que le premier lieu de contact soit le palais
et les produits agricoles traditionnels, qui Tanchara par les femmes chefs traditionnels
du chef, à qui il faut offrir un cadeau sym-
faisaient autrefois partie du régime alimen- elles-mêmes. Dans la plupart des commu-
bolique pour montrer sa reconnaissance
taire de base au Nord du Ghana, présentaient nautés de l’Afrique de l’Ouest, il y a des fes-
pour son rôle. Ce fut la première chose
toutes ces caractéristiques. Leur culture réduit tivals de remerciements après les récoltes.
les risques économiques, augmente la santé
que l’équipe de CIKOD a faite lorsqu’ils ont
Ces festivals locaux sont des opportunités
des sols, économise les rares ressources en proposé les invitations à la foire alimen-
extraordinaires d’organiser des foires ali-
eau, maintient la biodiversité, renforce la taire. CIKOD avait au préalable envoyé une
mentaires traditionnelles qui éduquent la
confiance des agriculteurs en leurs capacités équipe plusieurs semaines à l’avance pour
population sur la valeur des cultures tra-
et améliore la nutrition. avertir le chef et pognaa de même que le
ditionnelles et les moyens de renforcer la
La réintégration des aliments traditionnels directeur de district (choisi par le président)
sécurité alimentaire.
dans le régime des populations rurales est des évènements planifiés. Cette relation
essentielle pour promouvoir la sécurité et bâtie sur la confiance a été une des raisons
la souveraineté alimentaire dans le Nord du qui a permis à CIKOD de convaincre facile- Center for Indigenous Knowledge and
Ghana, particulièrement quand elle est com- ment les autorités traditionnelles de partici- Organisational Development (CIKOD)
binée à une politique de production basée per au programme. Les foires alimentaires www.cikod.org
sur les pratiques agro-écologiques, comme la En mai 2013, des organisations de toute l’Afrique
ont été tenues dans le contexte sociocultu- de l’Ouest se sont réunies au Ghana pour participer
rotation des cultures, les cultures associées et
l›agroforesterie. rel favorable qui a contribué à mettre tout à un atelier portant sur l’amplification des solutions
le monde à l›aise. agro-écologiques. Cette histoire a été écrite durant
l›atelier par CIKOD, le Centre for Indigenous Knowledge
Résultats et incidences de la L›exposition et la dégustation publique d’ali- and Organisational Development au Ghana. D’autres
histoires peuvent être trouvées sur les sites suivants:
ments traditionnels par les dirigeants poli-
foire de Lawra tiques et traditionnels tout spécialement les
http://www.groundswellinternational.org/where-we-
work/west-africa/
La foire a eu pour résultat de renouveler chefs - ont convaincu le grand public de la www.ileia.org
la popularité des mets traditionnels, tout valeur des aliments traditionnels. Comme le
Promouvoir l’élevage des chèvres à travers
une approche intégrée pour lutter contre la
pauvreté au Cameroun

Felix Meutchieye, Eliane Stephanie et Ebodiam Ebouelle

29

Photo : Félix M.
Focus group à Manang

D
ans la sous région Afrique centrale, en entend plus parler. Que deviennent les avec le financement du gouvernement sué-
le Cameroun abrite l’une des plus échantillons prélevés  ? Ont-ils trouvé ce dois, et l’Université de Dschang (Cameroun)
grandes diversité génétique caprine, qu’ils cherchaient  ? Quel est l’intérêt pour mise sur une démarche intégrative et per-
allant des chèvres «  pygmées  », résis- nous ? » manente des composantes locales. Le for-
tantes aux conditions environnementales Le faisceau des intervenants directs s’est mat est une plateforme d’innovation dont
des zones humides, y compris les trypano- distendu et est devenu disparate et inopé- le fonctionnement est basé sur le concept
somes, aux énormes chèvres sahéliennes, rant. La plupart des résultats obtenus par de la « recherche agricole intégrée pour le
laitières et au cuir d’une finesse intéres- des équipes de scientifiques se trouvent développement (RAID) ».
sante. Cependant, ce potentiel économique dans des publications hors de portée des
établi déjà par diverses études, tarde à principaux utilisateurs et des potentiels La RAID, une innovation en
décoller. Les éleveurs ont presque perdu
l’espoir de trouver des solutions idoines
cadres des ONGs ou d’appui à l’élevage matière de vulgarisation
caprin. Le défaut de coordination des pro-
aux contraintes fréquentes qui pèsent sur jets de recherches caprines vient encore
agricole
leurs entreprises. La confiance aux institu- assombrir le tableau. Il s’agit d’une approche multidisciplinaire et
tions de formation et de recherche, ainsi
Intitulé «  Appui a l’étude de la diversité participative, mettant à contribution toutes
qu’aux équipes d’encadrement de l’élevage
génétique caprine comme moyen d’amé- les parties prenantes de la chaîne de va-
s’effrite au fil des questions pertinentes.
lioration de la productivité », le Projet pilote leurs. L’étape de base est l’identification
Quelques morceaux choisis : « Nous voyons
initié par Biosciences in eastern and cen- exhaustive et l’implication participative de
plusieurs équipes passer chaque années en
tral Africa (BecA- Hub) de International Re- toutes les parties prenantes. La plateforme
nous expliquant qu’ils font de la recherche,
search for Livestock Institute (ILRI, Kenya), d’innovation comme indique son appel-
mais une fois qu’ils ont quitté la ville, on
lation est une stratégie de facilitation des
changements, en misant sur des change-
ments psychologiques qui font des acteurs
des entités traitant sur base égalitaires,
l’expertise commune étant meilleure que
la somme parcellaire des résultats indivi-
duels. Cette démarche vise donc à faciliter
l’accès aux innovations technologiques, aux
stratégies de marketing, mais aussi aux
évolutions institutionnelles et sociales, pour
un meilleur rendu du système agropastoral.
La concertation et l’engagement volontaire,
mais représentatif, en sont les moteurs. Au
plan opérationnel, la facilitation actuelle
est constituée de la paire de 2 experts du
Ministère de l’élevage et de l’Université de
Dschang. Le responsable du programme
national d’appui a l’élevage des petits et la
responsable technique du projet assurent
l’organisation et le fonctionnement de
la plateforme. Au cours des rencontres, il

Photo : Félix M.
est question de discuter ensemble des
contraintes et des obstacles qui freinent
le développement de la filière caprine, et
d’aboutir à des plans d’action stratégiques
permettant de pallier aux problèmes exis- Atelier de fabrication de pierres à lécher animé par les étudiants à Kouoptamo (Chevres)
tants, chacun des maillons selon ses com-
pétences. en matière de besoins de technologies, claustration entravée, à la divagation per-
d’appui à l’organisation et de changements manente et les modèles intermédiaires.
La plateforme d’innovation institutionnels nécessaires, ont été discutés. Et parfois, il a fallu modifier les approches
« chèvres » Cameroun, un On évolue maintenant dans un système d’intervention, en tenant compte des pro-
30 outil au service de la lutte
de recherche-développement intégré. La
valorisation de pratiques innovatrices est
blématiques spécifiques pour chacun des
contextes. Des ateliers visant à renforcer les
contre la pauvreté aussi identifiée comme un outil important. capacités des acteurs de la plateforme dans
Il se constitue progressivement des cadres des domaines identifiés par ces derniers
Bien qu’encore dans sa phase de décol-
de concertations, facilitant la parole aux eux-mêmes, sont organisés à différents
lage, la plateforme d’innovation du projet
producteurs expérimentés qui seront dans niveaux pour permettre à chacun d’avoir
chèvres Cameroun résonne déjà de pro-
la chaîne, les leaders de changement. La une meilleure participation à la dynamique.
messes. Elle rassemble des acteurs clés des
planification participative est apparue aussi Cependant la mise en œuvre de ces activi-
différents maillons de la filière à travers le
au départ comme une démarche fonda- tés est souvent rendue difficile du fait de
Cameroun, à savoir le gouvernement par le
mentale. Les acteurs de la plateforme sont l’enclavement des communautés les plus
biais du ministère en charge de l’élevage
encouragés à s’investir à travers la proposi- concernées, tant du point de vue des in-
(MINEPIA), les institutions de formation et
tion de plans d’actions trimestriels et leurs frastructures routières que des moyens de
recherche agricoles (Université de Dschang
mises en application sur le terrain, avec communication.
et IRAD), les organisations d’éleveurs de
une contribution technique et financière de Le projet n’en est qu’à ses débuts et les
chèvres, les ONGs, les commerçants (ma-
la part du projet ; les activités menées au résultats devraient se traduire en ce qui
quignons, bouchers), les restaurateurs, les
sein de la plateforme d’innovation seront concerne les plateformes, par un change-
institutions de micro-finance et le monde
également soumises à une évaluation des ment global d’attitudes et un renforcement
des médias. Les actions de sensibilisations,
parties prenantes, afin de corriger les écarts réel des capacités des acteurs, mesurables
mises en place, concernent aussi bien le
pour les étapes suivantes. Le but du projet à travers l’augmentation de la productivité
niveau national, que les échelles régionale
étant la réduction de la pauvreté en milieu des animaux, et une meilleure organisation
et locale.
rural par l’élevage caprin, la responsabilisa- de la filière dans son ensemble, se tradui-
Selon les cas, ces plateformes peuvent être tion des acteurs passe par la consolidation sant par l’augmentation des revenus pour
virtuelles ou physiques, facilitant la com- des actions de durabilité. Les bénéficiaires les petits producteurs et des acteurs le long
munication et l’échange de savoirs-faires sont au centre du processus de développe- de la chaine des valeurs. Vous disiez que la
entre différents acteurs. La plateforme réu- ment, de sorte qu’une fois le projet arrêté, chèvre est la vache du pauvre ?
nie des personnes capables de mobiliser ils soient en mesure de poursuivre de façon
les petits producteurs qui exploitent plus de autonome. L’autonomie voulant aussi dire
5 millions de têtes. Elle encourage et struc- la recherche des moyens complémentaires Felix Meutchieye, Enseignant-Chercheur,
ture l’appropriation d’une vision commune pour le fonctionnement des plateformes à Coordonnateur du Projet Chèvres Cameroun
Eliane Stephanie, Ebodiam Ebouelle, Médecin-
pour le développement de la production différentes échelles. Vétérinaire, Assistante Technique du Projet
caprine. La première rencontre organisée
en Juillet 2013 à l’Université de Dschang, L’enclavement, un obstacle
a permis dans un premier temps, de faire
un état des lieux global de la filière, faisant majeur !
ressortir les contraintes et les opportunités Pour s’assurer de la pertinence des axes de
liées à l’industrie de la chèvre au Cameroun. recherche, il était important de considérer
Cela a permis aux principaux acteurs, d’ex- la variabilité des systèmes de productions,
primer leurs opinions réelles sur la base reparties dans les 05 régions agro écolo-
de la connaissance du terrain. Les axes, giques du Cameroun, allant a l’élevage en
Un système de recherche-vulgarisation
intégré : exemple du projet cobayes au
Cameroun

Felix, Meutchieye, Idriss Gabriel, Nyebe Mvogo

31

Photo : Félix M.
Reunion paysanne

L Au début, une chaine des Interaction limitée entre


e cobaye est un petit animal facile à
manipuler et dont l'alimentation de
valeurs inconnue acteurs et matériel
base est constituée de plantes four-
ragères à portée de main. Ce sont des La mise en œuvre d'une action de valori- génétique mal exploité
graminées locales (herbes à éléphant sation du secteur caviacole serait caduque Le secteur est caractérisé par une sous
par exemple), les feuilles de bananier, si la chaine de valeurs n'est pas clairement information de la part des acteurs sur
patate, et autres refus de cuisine. Ces schématisée. Comment vulgariser sans un les questions des débouchés. La majorité
atouts rendent cet élevage accessible aux minimum de données précises ? Comment des producteurs n’échange que du maté-
femmes et aux enfants qui constituent le vulgariser sans rassurer  ? Le dernier pro- riel génétique et, accessoirement, des
gramme officiel de recherche pour cette connaissances. Les techniques biomolécu-
gros des producteurs. Plusieurs bassins de
spéculation date d’au moins 20 ans, sans laires de pointe ont permis d’établir l’inci-
production existaient, mais n’étaient pas dence de la consanguinité et la prévalence
suite. Un programme pilote de vulgari-
identifiés d'où une sous estimation de l'ef- des mauvaises pratiques engendrant pas
sation des élevages non conventionnels,
fectif des producteurs et de la taille globale moins de 40% de mortalités pré sevrage
dont le cobaye, démontrait déjà un intérêt
du cheptel. Un programme de recherche- chez les plus de 200.000 producteurs
tardif pour cet animal dont la chair serait en activité. Des restaurants urbains sont
action basé à l'Université de Dschang, sous
parmi les plus hygiéniques et les plus demandeurs de cette viande fine, mais
financement du CSIRO-AusAID et le soutien
riches. Les inconnues nombreuses n'ont reste ignorants des circuits d’approvision-
du BecA-ILRI Hub, a mené des travaux
pas facilité le développement de cet éle- nement. La consommation urbaine tend
pour établir l'état des lieux dans un pre- vage toujours prometteur pour les popu- à faire de la viande de cobaye un substi-
mier temps. Depuis plus d'un an, ce projet lations aux ressources limitées, rurales ou tut profitable pour des petits producteurs
contribue au développement d'une filière périurbaines de la région méridionale du moyennant des améliorations adéquates
d'un petit animal aux potentiels énormes. Cameroun. et cohérentes.
Fondements de notre inter-
vention : la plateforme
d’innovation
Le Forum Africain pour la Recherche Agri-
cole (FARA) soutenu par d’autres initiatives
continentales a proposé un modèle de re-
cherche intégré qui sied avec le contexte
agricole africain et sa ruralité. Par le passé,
la diffusion de la connaissance et le trans-
fert de technologie se faisait selon l’ap-
proche top-down. Cette approche, encore
utilisée aujourd'hui, était caractérisée par
un cloisonnement entre les parties impli-
quées dans le processus. D’une part, le
chercheur, unique détenteur du savoir et
donc des solutions, d’autre part, le paysan,
ignorant qui attend, sagement, que des
solutions lui soient proposées. Nombre de
projets ont échoué sous ce modèle. Le dia-
logue véritable, il faut le dire, commence
quand chacune des parties est consciente
qu'elle peut recevoir et apprendre de Figure 1 : Théorie de changement mis en application dans le projet
l'autre. Ici, il s'agit d'un dialogue d'égal
à égal. Le concept de Recherche Agricole
Intégrée pour le Développement permet,
par une approche multi acteurs, de créer
un système d'échange et de dialogue
entre le chercheur et le producteur et,
d'une manière générale, entre tous les
maillons d'une chaine des valeurs.
32 Le processus est dynamique et intégré
comme le montre la figure 1. Tout ceci se
passe en quelques heures ou en plusieurs
semaines. La recherche, est naturellement
et de manière automatique, orientée vers
les problèmes techniques des producteurs.
La plateforme est le lieu où, les problèmes
techniques des producteurs et d'autres ac-
teurs clés sont formulés en thématiques.
Toute la chaîne est concernée. Une fois les
résultats obtenus, ils sont, soit validés soit
rejetés au sein de la plateforme d'innova-
tion.
Figure 2 : Processus d'identification des problèmes du secteur caviacole
Processus de vulgarisation
dynamique initié par
l'Université de Dschang
Proposer des solutions suppose que les l'intérêt de production, de transformation Sur plan local, les séances de vulgarisation
problèmes ont étés, au préalable, iden- et même de consommation. Les cibles et combinent la projection des documen-
tifiés. Le processus d'identification des les moyens de vulgarisation étant variés, taires avec des commentaires, des don-
problèmes du secteur s'est effectué par un plan media fut mis en œuvre. nées techniques (logement et fourrages),
la mise en place d'un système de com- la distribution des dépliants contenant des
Atteindre le plus grand nombre sur le plan
munication direct entre les chercheurs et messages simples et incitatifs, le recours
géographique implique l'usage de moyens
les acteurs du secteur. C'est au sein de la à des manuels pratiques. La participation
fiables et rapides. Des émissions radio et
plateforme d'innovation que les produc- des producteurs au processus de vulga-
des documentaires TV ont été diffusées,
teurs s'expriment sur leurs problèmes et risation en tant que vulgarisateurs est
dont certaines dans les langues nationales.
les actions prioritaires à mener. D'autres cruciale. A l'exemple de Jeremie Votio,
Des entrepreneurs de différentes échelles
acteurs tels que les pouvoirs publics et caviaculteur et restaurateur de Batcham
se sont mis au jeu explorant d'autres pos-
le secteur privé, dotés d'une expérience à l'Ouest Cameroun, des vulgarisateurs
sibilités d'investissement inattendues. Les
capitalisable, participent au processus et bénévoles participent activement à une
messages de vulgarisation diffusés par
font parties intégrante du système. Le pro- large sensibilisation en partageant leur
les mass-médias mettent en exergue les
cessus est illustré par la figure 2. expérience dans le secteur caviacole et
atouts de production et les possibilités de
L'un des constats issu des concertations transformation et d'ouverture sur le mar- en promouvant localement des pratiques
était la méconnaissance du cobaye et des ché. Des communicateurs travaillent avec tirées de leurs savoirs.
caractéristiques de sa viande. Il fallait créer l'équipe du projet pour assurer la meilleure
un mouvement, aussi bien, pour susciter continuation des actions en cours.
Conclusion
Intervenant dans 04 des 10 régions admi-
nistratives du Cameroun, le Projet a mo-
bilisé par contrat 04 ONGs compétentes
qui suivent les actions de formations,
soutiennent les organisations de produc-
teurs, identifient et communiquent les
circuits alternatifs de commercialisation
tout en identifiant avec les producteurs
de nouveaux défis. De nouvelles orga-
nisations de producteurs se mettent en
place. Des restaurateurs s’imprègnent des
modes de préparation et de présentation
(pour les nouveaux). L’intérêt des acteurs
de la recherche va croissant. Une station
de recherche vient de décider de mettre
sur pied une unité spécialisée pour les
cobayes, et la masse critique de jeunes
chercheurs traitant des questions aussi

Photo : Félix M.
bien biophysiques que socio économiques
se densifie. De nouvelles opportunités de
financement, direct ou indirect de la pro-
duction sont identifiées et certaines même
déjà actives. La demande d'encadrement
Un caviaculteur agissant en vulgarisateur lors d'une réunion rurale par les producteurs d'autres régions s’in-
tensifient, et les premiers résultats de
recherche sont appliquées, au grand bon-
La promotion du savoir et du savoir-faire problèmes et des moyens et méthodes heur des producteurs de petits animaux,
local fait partie intégrante du processus pouvant permettre d'exploiter tout le po- mais au revenu qui s’améliore. Et l’histoire
de vulgarisation. Il permet d’installer la tentiel du secteur cobayes et le mettre aux n’est pas encore finie…

33
confiance et une meilleure appropriation services des populations.
de l’objet de la sensibilisation et facilite
ainsi une meilleure implication des pro- Quelques contraintes Félix Meutchieye, Enseignant-Chercheur,
Coordonnateur du Projet Cobayes Cameroun
ducteurs. Ces exercices de sensibilisation Les contraintes identifiées de manière col- fmeutchieye@gmail.com
ont pour but de placer les producteurs légiale avec les producteurs montrent clai- Idriss Gabriel, Nyebe Mvogo, Ingénieur Agro
dans des conditions favorables d'attitude rement la nécessité de revoir les pratiques Economiste, Manager de la Plateforme Cobayes
pour l'adoption de l'innovation et les mul- d'élevage. Quelques uns de ces problèmes
tiples dimensions du progrès et du déve- sont la prédation (due à un système de lo-
loppement. gement inapproprié), les mortalités subites
Au-delà de cette sensibilisation, les pro- imputables au taux élevé de consanguinité
ducteurs sont formés aux méthodes d'en- (due aussi à un système de logement et
tretien de leur élevage. Le modèle de for- de gestion du stock génétique inappro-
mation dépend du module de formation. prié). L'objectif de la plateforme d'innova-
Dans le cas du logement, les formations tion est de promouvoir et d’encourager le
engagées se font sur un site de produc- changement. Le logement est un aspect
tion, en général, chez un caviaculteur. crucial. Plusieurs caviaculteurs laissent
Une loge, financée parfois par le bénéfi- leur cobaye se mouvoir librement dans la
ciaire, est construite devant un ensemble cuisine. Les animaux sont à la merci des
de producteurs et d'autres intéressés. Les prédateurs tels que les chats, les chiens,
séances sont gratuites et ouvertes au pu- les serpents.
blic. Le processus, va de l'identification des
SIT ES WEB
http://www.ancar.sn/  http://www.g-fras.org/fr/ des ménages, à l’amélioration de leur sécurité ali-
mentaire et  à la restauration et gestion durable
Ce site est dédié à la nouvelle approche de Ce site web vous informe des produits et ser- des ressources naturelles.
conseil agricole et rural développée par l’Agence vices qu’offre le Forum mondial pour le conseil
Nationale (Sénégal) de Conseil Agricole et Rural rural (GFRAS, sigle en anglais). Le GFRAS a pour Dans sa démarche, le projet mène beaucoup d’ac-
(ANCAR). Cette démarche de conseil agricole et mission d’offrir un espace de plaidoyer et de lea- tions de conseil et de vulgarisation agricoles. Les
rural est basée sur l’approche OP et constitue une dership pour un conseil rural diversifié et fondé sur documents produits dans le cadre des interven-
rupture avec l’ancien système d’encadrement du la demande. tions du projet sont disponibles sur le site.
monde rural.
Les services de conseil rural (SCR) proposés ici sont
L’objectif de l’ANCAR est de « promouvoir, animer une composante importante du développement http://www.agrimaroc.net/broch_
et piloter un service de conseil agricole et rural rural. Ils contribuent à renforcer les capacités des
décentralisé à la demande, permettant aux petits
arab.htm
ruraux, favorisent leur autonomisation, et visent
producteurs d’améliorer durablement la produc- à promouvoir les innovations. Ces SCR assurent Ce site gouvernemental du Maroc vous propose
tivité, les productions, la sécurité alimentaire et des fonctions d’appui aux populations rurales pour des fiches techniques sur les projets et pro-
les revenus.  » A cet effet, l’ANCAR joue un rôle qu’elles aient accès à l’information et renforcent grammes mis en œuvre dans le royaume chérifien
essentiel dans la promotion de l’innovation tech- leurs compétences. Au final, il s’agit de relever les pour développer le secteur agricole, protéger les
nique agricole, le développement des bonnes défis afin que ces populations puissent améliorer ressources naturelles et l’environnement. Parmi
pratiques agricoles et rurales (BPA), l’information leurs moyens de subsistance et leur bien-être. les fiches techniques que vous pouvez y trouver
et la formation des producteurs. Elle intervient figurent, une fiche sur la stratégie innovante pour
dans la majorité des communautés rurales, couvre le développement de l’agriculture, une fiche sur la
toutes les filières agricoles et travaille avec toutes http://www.cta.int/fr/ stratégie de développement de la filière céréales
les catégories sociales de la population agricole et
En plus de vous permettre d’être régulièrement et une autre sur la stratégie de développement de
rurale.
informé sur l’actualité du développement dans le la filière animale.
monde, particulièrement dans les pays ACP, ce site La vulgarisation et le conseil agricole sont des élé-
http://www.abcduconseiller.qc.ca/ vous permet d’accéder à des publications de réfé- ments clés de ces stratégies destinées à lever les
L’ABC du conseiller agricole est un site Internet qui rence sur la question du développement agricole. contraintes techniques et organisationnelles qui
s’adresse à tous les conseillers et conseillères qui Vous pouvez accéder facilement au magazine d’in- pèsent sur ces différentes filières.
formation bimestriel Spore, consacré au dévelop-
34
offrent des services-conseils aux entreprises agri-
coles. Il contient de l’information adaptée à leurs pement agricole et rural des pays d’Afrique, des
besoins et est conçu pour faciliter leur intégration Caraïbes et du Pacifique. On y trouve, notamment, http://www.agrireseau.qc.ca/
dans leur nouveau milieu professionnel, que ce le point de vue des experts, l’analyse des der-
nières tendances, la présentation des innovations Vous recherchez de l’information de nature scien-
soit dans l’exercice de leurs fonctions ou dans l’ac-
techniques, et toute l’actualité de l’agriculture, de tifique et technique? Choisissez le site d’Agri-Ré-
complissement des diverses tâches qui leur sont
confiées.  L’ABC du conseiller agricole  deviendra l’élevage et de la pêche, de la recherche, de l’envi- seau pour le secteur qui vous intéresse et vous
rapidement une référence incontournable.   ronnement, des entreprises... trouverez des articles de vulgarisation, des fiches
techniques, des statistiques, des rapports de re-
Ce site a été réalisé dans le cadre du programme CTA Éditions est aussi un autre magazine dispo- cherche et une foule d’autres documents sur des
Initiative d’appui aux conseillers agricoles nible sur ce site et qui vous propose plus de 600 thématiques telles que la vulgarisation et d’autres
(IACA)  selon les termes de l’Entente Canada- titres couvrant différents sujets dans le domaine questions en rapport avec le développement agri-
Québec sur le Renouveau du Cadre stratégique de l’agriculture et du développement. Les visiteurs cole et rural.
agricole et a été développé par les clubs-conseils peuvent effectuer une recherche par catégorie,
en agroenvironnement avec la collaboration du titre, auteur, numéro d’ISBN ou texte libre. Il est L’information diffusée sur Agri-Réseau est princi-
Centre de référence en agriculture et agroalimen- également possible d’obtenir des informations palement à caractère scientifique ou technique. Il
taire du Québec (CRAAQ). sur la disponibilité d’un titre. Certaines publica- vous propose des liens vers d’autres sites Internet
tions sont téléchargeables. Enfin, ICTupdate est un pour vous permettre d’avoir des informations com-
magazine multimédia disponible à la fois sur ce plémentaires sur les sujets qui vous intéressent.
http://www.inter-reseaux.org
site. ICTupdate paraît tous les deux mois. Chaque
GT Conseil agricole et rural (CAR) et Conseil à l’ex- numéro se concentre sur un thème particulier lié http://www.fao.org/docrep/011/
ploitation familiale (CEF) aux TIC pour le développement agricole et rural
a0219f/a0219f00.htm
Ce groupe de travail porte sur le Conseil Agri- dans les pays ACP.
cole et Rural (et en particulier le Conseil à Cette page web archive les documents produits
l’exploitation Familiale) en Afrique de l’Ouest par la FAO. Ces documents téléchargeables vous
http://www.phbm.mg/appuiauxini-
et du Centre principalement. Il se veut être le livrent toute une série de connaissances sur des
prolongement thématique du «Pôle CEF» ani- tiatives/vulgarisation.htm sujets aussi divers que la vulgarisation et le conseil
mé par Inter-réseaux et AFDI jusqu’à fin 2007.  agricoles, l’agriculture durables, la sécurité alimen-
Ce site est la propriété du projet de mise en va-
Vous trouverez l’intégralité du fonds documentaire taire, etc.
du «Pôle CEF» ainsi que plus largement les ré- leur du haut bassin du Mandrare (PHBM). C’est
flexions antérieures sur les Services agricoles dans un projet de développement rural multisectoriel Un guide pratique à l’intention des  décideurs
la rubrique «Ressources thématiques», en cliquant intégré rattaché au Ministère de l’agriculture, de politiques des pays en développement sur la
sur «Ressources sur les services agricoles (en parti- l’élevage et de la pêche. Financé par un prêt du vulgarisation est disponible et téléchargeable en
culier CEF)» CEF » (conseil à l’exploitation familiale) Fonds International pour le Développement Agri- format PDF sur cette page. Ce document intitulé
cole (FIDA) et les ressources propres du Gouverne- « Moderniser les systèmes nationaux de vulgarisa-
Bienvenu dans le nouvel espace web consacré au ment de Madagascar, il a été conçu sur l’initiative tion », retrace l’évolution et analyse les systèmes
Conseil agricole et rural ! Inter-Réseaux relance un de ce dernier suite à la disette de 1991 (Kéré) qui de vulgarisation et de conseil agricoles dans les
Groupe de Travail sur le Conseil Agricole et Rural a affecté le Sud de la grande île. L’objectif visait
(et en particulier le Conseil à l’exploitation Fami- pays en développement. Il propose des solutions
essentiellement à arrêter le processus de paupé- pertinentes permettant de relever les défis de la
liale) en Afrique de l’Ouest et du Centre principale-
risation qui avait atteint une ampleur inquiétante vulgarisation agricole en partageant des expé-
ment. Il se veut être le prolongement thématique
dans la zone en contribuant à la diversification et riences innovantes et réussies qui pourraient servir
du «Pôle CEF» animé par Inter-réseaux et AFDI
jusqu’à fin 2007. l’accroissement de manière durable les revenus de modèles à d’autres.
BIBLIOGRAPHIE
L'information stratégique par l’Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la
agricole en Afrique : L'échec de
demande de la Communauté économique
la vulgarisation et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC)
Jean-Félix Makosso Kibaya à travers son Secrétariat exécutif.
• 247 pages
Elle a consisté à faire un diagnostic du
• Editeur : L'Harmattan (1 juillet 2006)
• Collection : Etudes africaines système congolais de recherche et de vul-
• Langue : Français • ISBN-10: 2296010113 garisation en matière de production et de
• ISBN-13: 978-2296010116 diffusion des connaissances et technolo-
Plus de quatre décennies de pratique, gies agricoles. Il ressort de cette étude les
constats suivants:
AU NIVEAU DE LA RECHERCHE
s'accentue. Il leur faut donc améliorer leurs
connaissances professionnelles, pour rele- yy existence de plusieurs structures impli-
ver les défis d'une économie qui se mon- quées dans la recherche agricole. Ces
dialise. Pour ce faire, le rôle des services structures sont aujourd’hui dans un état
de vulgarisation devient d'une importance de délabrement avancé et sont caracté-
cruciale. Cet ouvrage, écrit par quatre spé- risées par un manque criard d’équipe-
cialistes de la vulgarisation rurale (agro- ments scientifiques;
nomes et sociologues), propose une vision yy existence des acquis scientifiques en-
de la vulgarisation rurale fondée sur la core non valorisés;
communication. La vulgarisation, pour
être efficace, doit être un lien entre la re- yy faiblesse notoire des liens de fonction-
cherche agricole, les sources d'information nalité avec le développement.

35
agricoles et les paysans. De même, elle AU NIVEAU DE LA VULGARISATION
doit faciliter les échanges entre les pay-
quelques résultats sporadiques et une yy absence ou insuffisance des institutions
sans eux-mêmes.
évidence : la vulgarisation de l'informa- officielles de vulgarisation des acquis
tion stratégique agricole en Afrique est scientifiques en dehors de quelques
un échec. Ce constat, certes sévère, est DIAGNOSTIC DU SYSTÈME structures privées, organisation non
une réalité. La plupart des spécialistes NATIONAL DE RECHERCHE ET DE gouvernementale (ONG) et associa-
en communication du développement en VULGARISATION tions, assurant de façon sporadique, les
conviennent, et la véracité des faits sur le fonctions de vulgarisation dans le cadre
AGRICOLES DU CONGO Et stratégie de renforce-
terrain le prouve. Pourtant son intérêt et de certains projets de développement;
ment des capacités pour la dissémination des
son utilité sont reconnus, aussi bien par yy important besoin d’encadrement des
connaissances et des technologies agricoles
les gouvernements que les organisations FAO CEMAC. Editeurs: Abdoul Aziz Sy (Fonction- paysans.
internationales d'aide au développement. naire Principal/FAO-NRRR)
De nombreuses initiatives sont prises pour Moise Houssou (Consultant international/Chef
en faire un instrument au service du dé- Le Système National de
d’Equipe) Steve Mapangu-Divassa (Consultant
veloppement agricole, mais sans succès. National) Vulgarisation et d’appui Conseil
Quelles sont les raisons de cet échec ? Et, 2008- 98 pages Agricoles BURKINA FASO
surtout, comment en sortir ? Telles sont (SNVACA)
les interrogations qui constituent l'essence
Décembre 2010
de cet ouvrage. Il restitue l'évolution his-
torique de cette pratique en Afrique, ana-
lyse les entraves socio-économiques et
politiques spécifiques aux pays africains et
propose de nouvelles approches suscep-
tibles d'être explorées par les différents
protagonistes du secteur

La vulgarisation rurale en
Afrique
KARTHALA Editions - 1 févr. 2005
Pour satisfaire les besoins croissants d'une
population en constante augmentation, les
paysans africains doivent produire toujours L’étude, objet de ce rapport, a été réalisée
plus, alors que les terres cultivables se dans le cadre du projet «Appui à la dissé-
dégradent et diminuent, que l'environne- Cet ouvrage retrace l’historique et l’évolu-
mination des connaissances et technolo-
ment se fragilise et surtout que la concur- tion de la vulgarisation agricole au Burkina
gies agricoles pour la sécurité alimentaire
rence des produits agricoles importés Faso. il tire les leçons des démarches de
et le développement durable», financé
BIBLIOGRAPHIE
vulgarisation et de conseil agricoles mises Développement agricole et
en œuvre depuis des décennies pour
sécurité alimentaire durable
transmettre les résultats de la recherche
aux producteurs à la base. dans l’espace CEMAC :
il met un focus sur les acquis et les insuf- Stratégies sous-régionale pour
fisances des approches précédentes de l’organisation et la mise en
vulgarisation agricole et jette un regard œuvre d’un réseau d’échange
critique sur la situation actuelle de la vul-
garisation et de l’appui conseil agricole
de connaissances et de
(SNVACA). technologies agricoles
Abdoul Aziz SY ; Timothée MEZOM ; Moïse
MODERNISER LES SYSTÈMES HOUSSOU - 2009
NATIONAUX DE VULGARISATION
AGRICOLE : GUIDE PRATIQUE À Dans le contexte des menaces de crises
L'INTENTION DES DÉCIDEURS alimentaires mondiales, la mise en place
et la gestion durable de formations profes-
POLITIQUES DES PAYS EN sionnelles et techniques de qualité consti-
DÉVELOPPEMENT tuent pour le secteur rural l’un des enjeux
M. Kalim Qamar majeurs pour relever les défi s de lutte
CTA, FAO 2007 contre la faim et la pauvreté et pour as-
86 pages surer l’insertion sociale et professionnelle
des populations rurales.
Plusieurs types de partenaires sont concer-

36
nés par la création et le fonctionnement
des dispositifs de formation : l’état, les
collectivités territoriales, les fonds de for-
Ce document fait partie d’une série d’ou- mation, les organisations professionnelles,
vrages produits par la CEMAC et desti- les organismes de développement, les ins-
nés non seulement aux acteurs de la titutions de formations, les agriculteurs, les
recherche et de la vulgarisation agricoles artisans, les commerçants, organisations
mais également à tous les partenaires nationales et internationales de dévelop-
publiques ou privés régionaux/interna- pement…
tionaux engagés dans le processus de
Se fondant sur l’analyse des situations et
développement durable, de lutte contre la
expériences le FAR recommande, dans ce
pauvreté et soucieux de l’amélioration du
rapport, que la formation professionnelle,
statut de la sécurité alimentaire à travers
par sa dimension technique et éducative,
Dans un premier temps, ce document un partenariat motivé et efficient.. Après
s’inscrive au cœur des dynamiques et des
définit le concept-clé de vulgarisation. Il une présentation des contextes nationaux
politiques de développement agricole et
évoque ensuite les évolutions mondiales (i.e. état des lieux décrivant la situation
rural ; que le dialogue entre les acteurs et
qui remettent en question les approches géographique, contexte socio-économique
partenaires concernés par l’ensemble des
et méthodes traditionnelles utilisées par spécifique, description et analyse du sec-
activités en milieu rural pour construire des
les organismes de vulgarisation et propose teur agricole pour chaque pays membre
un cadre simple qui permettra aux déci- etc.), cette étude fait le diagnostic des politiques nationales, régionales et locales
deurs politiques d’estimer s’il est opportun situations nationales en matière de re- de formation professionnelle agricole et
ou non de réformer leurs systèmes de cherche et de vulgarisation agricoles avant rurale ; la création de cadres de concer-
vulgarisation. Il recommande ensuite une de formuler une stratégie de renforcement tation nationaux, régionaux et locaux au
série de directives, accompagnées des ac- des capacités en matière de dissémination sein desquels les différents acteurs parti-
tions-clés correspondantes, qui pourraient des connaissances et des technologies cipent à l’élaboration, au pilotage et à la
permettre, si elles sont appliquées correc- agricoles dans l’espace CEMAC. régulation des dispositifs de formation pro-
tement, la transformation du système tra- fessionnelle en optimisant l’utilisation des
ditionnel de vulgarisation agricole en une ressources ; le renforcement des capacités
force moderne et viable capable de relever Rôle des acteurs dans le des différents acteurs de la formation pro-
fessionnelle.
les nouveaux défis mondiaux. Compte tenu fonctionnement et l’orientation
de l’engagement de certains pays dans des dispositifs de formation Les TIC transforment-elles la
le processus de réforme, un autre cadre vulgarisation agricole ?
agricole et rural pour le
normatif a été inclus dans ce document
afin d’évaluer la portée de la réforme de développement Sixième Réunion consultative d’experts de
l’Observatoire du CTA sur les TIC Don Richard-
tout système de vulgarisation et d’appui- Rapport de la 2ème conférence internationale
son, TeleCommons Development Group CTA
conseil. du réseau «formation agricole et rurale» (FAR)
Working Document Numéro 8035
Tunis mai 2008 - 130 pages
Décembre 2006
BIBLIOGRAPHIE
de la CEDEAO pour faciliter leur collabo- ce document produit à l’issue de la Confé-
ration dans la mise en œuvre des straté- rence internationale de Nairobi sur la
gies agricoles nationales et régionales en revitalisation des services de vulgarisation
matière de développement et de transfert et de conseil (novembre 2011). Le thème
des technologies. Coordonné au niveau central de la Conférence était axé sur les
sous régional par le CORAF/WECARD, bras innovations dans les services de vulga-
technique de la CEDEAO, ce programme risation. Les participants ont pu partager
vise en sa première composante le ren- leurs connaissances et leurs expériences,
forcement des mécanismes et des procé- et identifier les moyens de réformer les
dures permettant aux pays de bénéficier services de vulgarisation et de conseil au
entièrement de la coopération régionale. profit des petits exploitants agricoles.
La présente étude entre dans le cadre de Le document nous présente, en appen-
Le présent rapport de synthèse offre un cette logique et porte sur l’identification dice, la déclaration finale de Nairobi sur
aperçu des principales questions, muta- des contraintes limitant la coopération ré- les services de vulgarisation et de conseil
tions et tendances du secteur de la vulga- gionale en matière de développement et agricoles.
risation agricole, en relation avec les TIC, de transfert de technologies améliorées et
avec un accent particulier sur l’améliora- d’innovations. Elle a pour objectif d’identi- Impact de l’intervention de
tion des conditions de vie des populations fier les contraintes majeures qui entravent l’Agence Nationale de Conseil
rurales. Le rapport s’inspire des exposés, le transfert et l’adoption des technologies
améliorées dans la sous région Afrique de
Agricole et Rural sur les
études de cas et débats de l’Observatoire
du CTA. Ce faisant, il met en évidence les l’Ouest et de proposer des mécanismes Organisations de Producteurs de
possibilités d’utilisation des TIC dans la permettant de les lever. la Communauté Rurale de Mpal.
communication et l’échange d’informa- Mémoire de DEA
tions agricoles, ainsi que les contraintes y Vulgarisation agricole : Le Dr Yacine Ngom
afférentes, en même temps qu’il identifie
les implications de ces questions pour le
temps du changement
Mettre les connaissances au service de l’action
76 pages - 2005/2006
Ce 37
CTA.
politique pour une meilleure production ali-
Analyse des mécanismes de mentaire
32 pages
diffusion des technologies CTA 2012
agricoles améliorées et
innovations dans l'espace
CEDEAO
Dr Kaboré P. Daniel
87 pages - Février 2011

travail de recherche analyse l’impact de


l’intervention de l’Agence nationale de
conseil agricole et rural (ANCAR) sur les
Organisations de Producteurs membres du
Cadre Local de Concertation des Organisa-
tions de Producteurs de la Communauté
Après des décennies de sous-investis- Rurale de Mpal (Région de Saint louis,
sement dans l’agriculture, les gouverne-
Sénégal). Il commence d’abord par le dia-
ments et les donateurs s’accordent désor-
gnostic des différentes activités menées
mais à reconnaître la nécessité d’établir
en matière de conseil agricole et rural et
des politiques et institutions adéquates,
étudie leurs incidences sur les OP.
Pour appuyer les institutions sous régio- d’accroître le soutien financier, d’améliorer
nales dans leur démarche, la Banque Mon- l’accès aux nouvelles connaissances, aux Le document révèle que ces incidences
diale, par le biais de son programme de compétences et aux marchés. La réforme ont été très positives car ayant permis de
renforcement de l’intégration régionale des services de vulgarisation devrait faire renforcer les capacités d’organisation et
a mis en place un programme dénom- partie intégrante d’une série de mesures d’action des Organisation de Producteurs.
mé Programme de Productivité Agricole pour aider les petits exploitants agricoles Aussi, les activités de conseil agricole et
en Afrique de l’Ouest (PPAAO) ; ce pro- à améliorer leur productivité, accroître rural de l’ANCAR ont impacté très positi-
gramme cherche, entre autres objectifs,
leurs revenus et contribuer à la sécurité vement sur l’amélioration des techniques
à établir un cadre régional qui apportera
alimentaire. c’est l’analyse qui ressort de de production et les revenus des paysans.
des éléments de base aux pays membres
OPINION
L’année 2014 a été décrétée « année internationale de l’agriculture familiale ». En perspective de cet évènement international,
l’ONG IED Afrique a organisé, le 26 Août 2013 à Dakar, un atelier thématique multi-acteurs sur « agriculture familiale durable :
défis et opportunités d’un monde qui change. Cette rencontre, qui a vu la participation de nombreuses Organisations Paysannes,
des acteurs de la société civile, des chercheurs, des représentants de l’Etat du Sénégal, des membres du Réseaux AgriCultures,
etc., a été un intense moment d’échange qui a permis de passer en revue les problèmes qui gangrènent l’agriculture familiale et
de trouver des pistes collaboratives en vue de la promotion et de la valorisation de cette d’agriculture qui nourrit une bonne partie
de l’humanité.

« Il faut prendre en compte la multifonctionnalité des exploitations


familiales pour pouvoir les appuyer durablement »

38
Pour régler la crise de l’agriculture, en ment un système économique. Il y a certes trouver les politiques les plus adaptées
Afrique, il faut forcément passer par un une fonction économique très importante, pour appuyer de manière efficiente les
soutien conséquent et accru aux exploi- mais au delà, de cette fonction écono- exploitations familiales.
tations agricoles familiales, parce qu’elles mique, les exploitations familiales sont Aussi, l’investissement destiné à l’agricul-
sont responsables de plus de 80% de la des organisations sociales et comportent ture devrait être affecté sur la base d’une
production alimentaire dans beaucoup de une dimension culturelle importante. Elles bonne perception de l’agriculture qu’on
pays. vivent des réseaux sociaux qui jouent un veut promouvoir. Je crois que si cette per-
Et pour des raisons simplement liées au rôle important dans le renforcement de ception est claire, on pourrait avoir des
bon sens économique, on ne peut pas la résilience des exploitations familiales systèmes d’investissement beaucoup plus
envisager un développement du secteur et dans la gestion durable des ressources ciblés pour prendre en compte les besoins
agricole sans passer par le renforcement naturelles. des exploitations familiales.
des exploitations familiales. C’est donc toute cette multifonctionnalité Mamadou Bara Guèye
L’agriculture familiale n’est pas simple- qu’il faut prendre en compte pour pouvoir Directeur de l’ONG IED Afrique

« Le développement du Sénégal doit s’appuyer sur le potentiel endogène »


Nous vivons dans un pays (Sénégal) où Tout développement doit s’articuler autour chose pour les fruits et les légumes. Au-
75% de la population vivent de l’agricul- du potentiel endogène qui existe dans le jourd’hui, si vous allez dans la région natu-
ture. Cela veut dire que si on veut pro- pays. Il faut faire en sorte que ce potentiel relle de la Casamance, elle est submergée
mouvoir le développement économique soit valorisé et mis au service de la grande de fruits (mangues notamment). Mais ils
et social équilibré de ce pays, on ne peut masse de la population. Nous devons pourrissent sur place au moment où les
pas ignorer les ¾ de la population dont les nous débarrasser de cette dépendance hôtels et les grandes surfaces de distribu-
activités tournent autour de l’agriculture alimentaire qui nous oblige à importer tion proposent à leurs clients des produits
familiale. annuellement plus de 800.000 tonne de importés.
Si on prend l’exemple de pays tels que riz alors que la facture laitière de notre Le rôle de l’Etat devrait être de d’appuyer
l’Inde ou encore le Brésil, ils ont aujourd’hui pays s’élève à 100 milliards de F Cfa par les agriculteurs familiaux, de les aider à
dépassé le stade de pays émergents, alors an. Et pourtant dans la même période, il y se moderniser et à accéder aux crédits et
qu’il y a de cela quelques années, on était a des zones où le lait est déversé faute de d’organiser les OP, etc.
au même niveau de développement. C’est pouvoir être écoulé.
Le levier essentiel du développement du
parce qu’ils ont osé miser sur les exploita- Il faut trouver des mécanismes qui nous Sénégal doit être adossé à l’agriculture
tions familiales et ont créé les conditions permettent de transformer ce lait, produit familiale.
de leur renforcement qu’ils sont arrivés à localement et qui est de grande qualité,
Ousmane Badiane
ce qu’ils sont maintenant. et de le rendre accessible. C’est la même 1er vice président du Conseil régional de Dakar
Suivi pour vous

Le CORAF opte pour une prise en compte du genre dans les activités du
PPAAO/WAAPP
La question de la prise en compte effective
du Genre dans le secteur de la recherche
et développement agricoles dans l’espace
CEDEAO et plus précisément dans les activi-
tés du Programme de Productivité Agricole
en Afrique de l’Ouest (WAAPP/PPAAO) a
fait l’objet d’un atelier régional de forma-
tion à Lomé du 19 au 23 aout 2013.
Initiée par la Coordination régionale du
WAAPP et placée sous la coordination du
Conseil Ouest et Centre Africain pour la Re-
cherche et Développement Agricoles (CO-
RAF/WECARD), cette formation permettra
de renforcer les capacités des coordonna-
teurs et des points focaux genre, pour une
meilleure mise en œuvre de la politique
genre régionale et du plan d’action genre
régionale du PPAAO.
Les données de la FAO 2003 révèlent que
les femmes jouent un rôle déterminant
dans la sécurité alimentaire dans notre sibilisés et formés d’où l’opportunité de axe transversal majeur dans la program-
sous-région ouest africaine, puisqu’elles partager les expériences dans la prise en mation et la réalisation des activités du
produisent à elles seules 80% de la pro- compte du genre » a expliqué Dr. Mariame secteur » a t-il précisé.
duction agricole destinée à la consomma-
39
MAIGA. Au Togo, la prise en compte du genre dans
tion des ménages et au marché, et de 50
à 60% des produits de l’élevage. D’après Mindi LAMBONI, Secrétaire Géné- le Programme national d’investissement
ral du Ministère de l’Agriculture, le Togo, agricole et de sécurité alimentaire (PNIA-
« Malgré cette prouesse salutaire des dans la prise en compte SA) a contribué progressivement à l’amé-
femmes, elles ne bénéficient pas d’accès lioration de la production agricole des
équitable aux ressources agricoles néces- par le PPAAO-Togo s’aligne sur la politique
genre du CORAF, fait des efforts pour une groupes vulnérables tels que les femmes
saires à une bonne productivité » a indi- et les jeunes. Et pour preuve, le Prix Inter-
qué Dr. Mariame MAIGA, Représentant, le meilleure prise en compte du genre dans
les orientations politiques et macro-éco- national décerné en juin dernier au Togo
Directeur Exécutif du CORAF/WECARD. par la FAO pour ses bonnes performances
nomiques nationale dans le domaine du
« Dans les réalisations des projets PPAAO développement agricole. en matière de sécurité alimentaire.
en vue d’améliorer et renforcer la re- Sources : http://horizon-news.info/article.
cherche et développement agricoles à « Dans les documents de référence de la php?lirearticle=1842
l’émergence de la souveraineté alimen- politique nationale de développement de
taire en Afrique de l’Ouest, il est impéra- l’agriculture togolaise (PNDAT 2012), la di-
tif que les acteurs impliqués soient sen- mension genre est considérée comme un

Le New York Forum Africa plaide pour une énergie propre


Les questions de développement se que les pays de l’hémisphère sud ont pro- porté sur le plan vert de l’agriculture du
posent aujourd’hui à l’échelle transnatio- bablement moins contribué à détériorer la Maroc, l’objectif étant d’encourager le dé-
nale. C’est face à ce constat que l’homme couche d’ozone que ceux du G8, ils pour- veloppement agricole durable au Gabon.
d’influence Richard Attias a souhaité orga- raient être les premières victimes. Le Ministère de l’agriculture a notamment
niser le NYFA 2013, en partenariat avec la C’est notamment la raison pour laquelle le signé un contrat avec la firme Valliance
fondation Omar Bongo. Ce sommet a réuni président Gabonais a réuni conjointement Consulting. C’est sans doute en multipliant
plusieurs chefs d’Etats Africains au Gabon les chefs d’Etat de la Communauté éco- les partenariats que l’Afrique parviendra à
afin d’apporter des réponses aux nouveaux nomique et monétaire d’Afrique centrale ce que Richard Attias appelle « le chemin
enjeux contemporains et définitivement « (CEMAC). Pour répondre à l’ensemble de d’une croissance verte soutenue «. 
sortir de la spirale du sous-développement ces préoccupations modernes, les partici- http://www.mediaterre.org/afrique/
« selon les termes de Monsieur Bongo. pants avait conscience du caractère global
actu,20130905111859.html

On le sait, les frontières ne protègent plus des solutions attendues. C’est pourquoi
des nouvelles menaces qui pèsent sur nos leurs propositions ne se sont pas limitées
sociétés globalisées. Les phénomènes à des mesures pour l’emploi, cette réunion
climatiques, ou encore les épidémies, est également l’occasion de créer un véri-
ne font pas de distinction entre les pays. table « hub de l’énergie « qui desservira
L’exemple du réchauffement climatique toute la façade Atlantique du continent.
est symptomatique de ce constat. Tandis Dans un même temps les réflexions ont
Suivi pour vous
Afrique de l'Ouest : Douze pays harmonisent leur vision sur le développement durable
Une quarantaine d'experts de douze pays tive de la conférence internationale sur le Elle a estimé que la société civile, une fois
de l'Afrique de l'Ouest ont débattu du changement climatique qui se tiendra en bien outillée, pourra influencer le proces-
changement climatique et du programme novembre 2013 à Varsovie en Pologne. sus de négociation en favorisant davan-
de développement durable des OMD pour Aussi, les 40 experts ont-ils débattu no- tage de financement au profit des com-
la période post-2015, au cours d'un atelier tamment des défis du changement clima- munautés vulnérables pour la lutte contre
sous-régional les 13 et 14 août dans la tique et de l'environnement, du secteur le changement climatique en Afrique de
capitale togolaise. agricole et du développement durable l'Ouest. La rencontre de Lomé a été or-
La rencontre de Lomé a été un cadre de et examiné les stratégies d'urgence au ganisée par l'Alliance panafricaine pour
réflexion sur les nouvelles stratégies qui niveau des communautés vulnérables de le changement (PACJA) en collaboration
pourront promouvoir le développement l'Afrique de l'Ouest à l'épreuve du chan- avec l'Association des conseils chrétiens
durable en Afrique face aux défis du chan- gement climatique. Selon la ministre et églises en Afrique de l'Ouest (ACCEAO).
gement climatique. de l'Environnement et des Ressources Elle a regroupé des pays dont le Bénin, le
forestières du Togo, Mme Dédé Ekoué, le Niger, la Gambie, la Guinée, le Ghana, la
Elle s'est tenue en prélude à la conférence Côte d'Ivoire et le Togo.
africaine sur l'environnement prévue au renforcement des capacités de la société
civile face à cette problématique est une http://www.radioguineesud.com/articles/1823-
Botswana et pour dégager une position afrique-de-l-ouest--douze-pays-harmonisent-leur-
commune de l'Afrique, dans la perspec- question fondamentale et se pose avec
vision-sur-le-developpement-durable-apres-2015
urgence.

Journée internationale de la protection de la couche d'ozone 2013


En 1994, l’Assemblée générale a proclamé Pourquoi devons nous prendre soin de
le 16 septembre, date anniversaire de celle l'ozone?
de la signature, en 1987, du Protocole de L'ozone qui se trouve dans la stratosphère
Montréal relatif à des substances qui appau- absorbe certaines radiations d'ultraviolets du
vrissent la couche d’ozone, Journée interna- Soleil qui peuvent se révéler dangereuses
tionale de la protection de la couche d’ozone pour la santé. Grâce à ce rôle bénéfique,

40 (résolution 49/114).
Elle a invité tous les États Membres à consa-
l'ozone stratosphérique est considéré comme
étant une « bonne » ozone. Par opposition,
l'excès d'ozone à la surface de la Terre qui
crer cette journée à l’encouragement d’activi- est formée à partir des polluants est consi- préconisé une diminution des émissions de
tés concrètes conformes aux objectifs du Pro- dérée comme une « mauvaise » ozone parce 50 % en dix ans. Sa ratification universelle
tocole de Montréal et de ses amendements. qu'elle peut être nuisible aux hommes, aux (196 pays) a été atteinte en 2009, ce qui
Elle a souligné l’importance de la couche plantes et aux animaux. L'ozone qui apparait constitue un évènement puisqu'il est le pre-
d’ozone, qui, en filtrant la lumière solaire, naturellement près de la surface de la Terre mier traité environnemental international à
empêche les effets néfastes de rayonne- et dans la basse atmosphère est également atteindre ce statut.
ments ultraviolets atteignant la surface de la profitable car elle participe à l'élimination
Terre, et préserve ainsi la vie sur notre pla- des polluants de l'atmosphère. • L'Union européenne a proposé en 1989
nète. une interdiction totale de l'utilisation des CFC
Trou dans la couche d'ozone (gaz fluorés faisant partie de la famille des
L'ozone est une forme spéciale d'oxygène
A la suite de la publication d'un article sur halogénoalcanes) durant les années 1990,
avec la formule chimique O3. L'oxygène que
la découverte du British Antarctic Survey en qui fut approuvée par les États-Unis. L'Union
nous respirons et qui est si importante pour le
mai 1985, le phénomène de dégradation Européenne s'est ensuite dotée d'outils juri-
maintien de la vie a la formule chimique O2.
de la couche d'ozone sur l'Antarctique a été diques, dont le récent règlement européen
La majorité de l'ozone se trouve en altitude,
nommé « trou d'ozone », une expression (1005/2009), visant à transposer le Proto-
dans l'atmosphère, entre 10 et 40 kilomètres cole de Montréal en droit européen, tout en
au dessus de la surface de la Terre. Cette ré- attribuée au Prix Nobel Sherwood Rowland.
L'image satellite du trou dans la couche fixant des objectifs plus ambitieux de réduc-
gion est appelée stratosphère et représente tion ou d'interdiction de certains gaz détrui-
d'ozone est devenue le symbole global de
environ 90% de toute l'ozone contenue dans sant la couche d'ozone.
cette menace environnementale qui a aidé à
l'atmosphère. L'ozone constitue une toute
mobiliser et à remporter l'adhésion du public "Alors que nous essayons d'atténuer et de
petite partie de notre atmosphère, mais sa
pour le Protocole de Montréal. nous adapter au changement climatique,
présence est néanmoins vitale pour le bien-
être des hommes et de la biosphère. Le travail des scientifiques atmosphériques et que nous faisons face à d'autres menaces
des chercheurs liés à l'environnement conti- environnementales et que nous mettons en
L’abandon progressif des utilisations régle- nue de jouer un rôle prépondérant en ma- oeuvre les résultats de la conférence de Rio
mentées de substances qui appauvrissent la tière d'information quant à la politique suivie +20 sur le développement durable, l'histoire
couche d’ozone et les diminutions connexes par le Protocole de Montréal. Les images et du Protocole de Montréal met en évidence
de ces substances ont non seulement aidé les bulletins scientifiques au sujet de l'appau- les avantages d'une économie verte inclu-
à protéger la couche d’ozone pour les géné- vrissement en ozone sont des outils de com- sive. Ce succès démontre que, en agissant
rations actuelles et futures mais ont, égale- munication utiles pour faire part des progrès sur un aspect spécifique, nous pouvons avoir
ment, contribué de manière non négligeable accomplis et renseigner sur les défis à venir. un impact positif parallèle sur d'autres as-
aux efforts déployés par la communauté pects.", Ban Ki-moon, Secrétaire général de
internationale pour faire face aux change- Mesures prises l'ONU.
ments climatiques; de plus, l’élimination de Source : Programme des Nations Unies pour l'Environ-
ces substances a protégé la santé humaine et • Le protocole de Montréal, signé en sep- nement
les écosystèmes en limitant le rayonnement tembre 1987, puis révisé à Londres, Copen- http://www.un.org/fr/events/ozoneday/
ultraviolet nocif qui atteint la Terre. hague, Montréal et Pékin jusqu'en 1999, a
Lu pour vous
Amélioration des statistiques relatives à la
sécurité alimentaire, à l’agriculture durable et au
développement rural : Plan d’action pour l’Afrique
(2011-2015)
BAD, UA, CEA, FAO
Mai 2011
157 pages

L’agriculture joue un rôle clé dans le dé- culture des Nations Unies (FAO) et l’Union
veloppement de l’Afrique en termes de africaine (CUA). Le plan d’action s’inscrit
croissance économique, d'amélioration du dans une perspective à long terme de 10
niveau de vie, de réduction de la pauvreté à 15 ans, avec une approche graduelle, la
et de la sécurité alimentaire. Raisons pour première phase couvrant la période 2011-
lesquelles, les chefs d’Etat et de gouver- 2015.
nement ont adopté une initiative africaine, La disponibilité de données précises et
visant à aider les pays africains à relancer cohérentes aura certains effets positifs. Il phares. Le plan d’exécution global sera
la croissance agricole, en vue de combattre permettra aux agriculteurs d'effectuer de finance par un fonds d’affectation spéciale
la faim et la pauvreté. meilleurs choix dans l'ensemencement multi donateurs mondiale de la statistique
En réponse à la baisse de la qualité et de et dans les ventes, et d’accroître la pro- agricole (GMDTFAS), hébergé par la FAO et
la quantité des statistiques agricoles dans ductivité agricole ainsi que les revenus. Il la Banque mondiale. Ce fonds permettra
les pays en voie de développement, la permettra également aux gouvernements d’allouer des ressources à des régions où
Commission des Nations Unies pour la d’élaborer des plans socio-économiques et la mobilisation de fonds est plus faible.
Statistique (CSNU) a élaboré une straté- de suivre les progrès accomplis. Un Fonds fiduciaire régional pour l’Afrique
gie globale pour l’amélioration des statis- sera géré par la Banque africaine de déve-
La mise en œuvre du plan procédera d'une
tiques agricoles et rurales en février 2010. loppement. L’estimation initiale pour la
double approche : une première approche
L’objectif de la Stratégie globale était de première phase (2011-2015) devrait être
consistera à l’évaluation des pays, le ren-
fournir un cadre et une méthodologie qui en moyenne de 13,2 millions de dollars
forcement des capacités, le développe-
permettrait d’améliorer la disponibilité et par année pour soutenir tous les pays afri-
la qualité des statistiques internationales
en matière d'alimentation et d'agriculture.
ment de l’infrastructure statistique durable
et de la recherche. La seconde approche
portera sur la formation et l'assistance
cains sur cinq ans.
Le financement total requis devrait être
41
L’Afrique a été la première région à mettre technique. mobilisé par les donateurs. Les structures
en œuvre la Stratégie mondiale et le Plan régionales de mise en œuvre peut être en
Un programme de travail du Plan d’action
d’action pour l’Afrique, conçu par la Banque mesure de fournir entre 15 et 20 pour cent
pour l’Afrique a été mis en place pour
africaine de développement (BAD), en par- du budget. Le Secrétariat régional de mise
assurer de meilleurs résultats, la réduc-
tenariat avec la Commission économique en œuvre sera hébergé par la BAD et le
tion des coûts et des efforts harmonisés
des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), Bureau mondial par la FAO.
et créer des synergies entre les institutions
l’Organisation pour l’alimentation et l’agri-

Main basse sur la terre : Land grabbing et nouveau colonialisme


Auteur : Stefano Liberti
Editeur : Rue de l'échiquier
Date de parution : 21 mars 2013
Nombre de pages : 244

Depuis quelques années, les fonds de pension et l’industrie agroalimentaire des


pays riches se sont lancés dans une véritable ruée sur la terre, négociant l’achat
ou la location de millions d’hectares de terres arables en Afrique et en Amérique
du Sud.
Après la grave crise alimentaire de 2008, certaines nations arabes et asiatiques, ne
disposant pas de surfaces agricoles suffisantes pour nourrir leurs populations, se
sont tournées vers l’acquisition de terres à l’étranger – tout comme de nombreuses
multinationales, qui cherchent à augmenter leur production d’agrocarburants dans
une période où l’énergie soi-disant « verte » est en plein essor.
Entre autres conséquences : les ressources locales sont souvent exploitées de façon
excessive et les relations entre les investisseurs et les gouvernements locaux enta-
chées de faits de corruption.
AN Infos

Rencontre Internationale du Réseaux AgriCultures (AIM 2013)


IED Afrique hôte d'un atelier thématique multi-acteurs sur l’agriculture
familiale durable

42

Photo : IED
Atelier thématique sur l'agriculture familiale durable

L'agriculture familiale contribue de façon rité alimentaire, n'a pas attendu 2014 pour et leurs services techniques ainsi que des
substantielle à l'essor économique de engager un débat soutenu sur l'agriculture membres du réseau AgriCultures venus des
nombreux États. Elle demeure, cependant, familiale. En effet, dans le cadre de sa ren- Pays-Bas, du Brésil, du Pérou, du Chili, du
insuffisamment promue et valorisée. Sa ca- contre annuelle organisée cette année au Kenya et de l'Inde ont pris part à cet ate-
pacité à nourrir le monde et à jouer un rôle Sénégal (AIM 2013), le Réseau AgriCultures lier qui a permis de passer en revue les
prépondérant dans la sécurité alimentaire et l'ONG IED Afrique, membre du Réseau contraintes du développement de l'agri-
continue de susciter des débats alimentés et hôte de cette rencontre, ont organisé culture familiale, qui pour l'essentiel gra-
par les crises alimentaires récurrentes à le lundi 26 août 2013 à Dakar un atelier vitent autour de l'absence de soutien de la
travers le monde et plus particulièrement thématique multi-acteurs sur «  Agriculture part des décideurs politiques, de la faible
dans les pays du Sud. L'année internatio- durable et familiale : défis et opportunités capacité organisationnelle des paysans, du
nale de l'agriculture familiale (2014) sera d'un monde qui change ! ». manque d'information sur les marchés, des
l'occasion de pousser la réflexion sur les L’objectif de l’atelier était d'explorer les dé- problèmes d'accès à la terre, de l'absence
défis qui se posent à l'agriculture familiale fis et opportunités des pratiques agricoles de cadres juridiques et institutionnels adap-
et les opportunités que les États pourraient familiales durables dans différentes régions té, etc.
tirer à assurer son efficience et sa durabilité. du monde dont l'Afrique de l'ouest, l'Asie, L'atelier a également permis de partager
Le réseau AgriCultures, une plateforme l'Amérique Latine, afin de formuler des les connaissances et les expériences les
d'acteurs unis par leur passion commune orientations stratégiques collaboratives en plus innovantes développées dans les pays
pour l'agro-écologie et convaincus que vue de l'année internationale de l'agricul- respectifs, et de montrer le potentiel impor-
l'agriculture familiale peut constituer une ture familiale. De nombreuses organisations tant l'agriculture familiale et sa forte capa-
excellente alternative aux systèmes agri- paysannes, des institutions de recherche et cité à contribuer à la sécurité alimentaire
coles dominants incapables à ce jour de de la société civile, les ministères de l'agri- lorsqu'elle est valorisée et repose sur des
faire face de manière durable à l'insécu- culture et de l'environnement du Sénégal systèmes de production durable.
AN Infos
Promotion de la RNA au Sénégal
Les paysans de Khatre Sy partagent leur expérience avec les membres du
Réseau AgriCultures
Confrontées depuis longtemps à une dégra- Le contraste frappant entre les paysages de la localité, qui ont relaté le processus qui
dation continue de leurs sols qui impacte verdoyants de Khatre Sy et la désolation qui a abouti à la mise en place d'une telle ini-
négativement sur la productivité et la pro- caractérise les paysages des villages envi- tiative. Ces échanges ont surtout permis de
duction agricoles, les populations de Khatre ronnants et les plants de mil, d'arachide et mettre à jour un certain nombre de défis
Sy (un village situé au centre du Sénégal de niébé qui s'épanouissent à l'ombre de (l’accès à l'eau, le déficit infrastructurel, etc.).
à 130 km de Dakar) explorent, depuis jeunes arbres bien entretenus, ont été par- Partant des expériences développées dans
quelques années, la solution de la Régéné- mi les aspects qui ont marqué les membres leurs pays d'origine, les membres du réseau
ration naturelle assistée (RNA) pour inver- du Réseau. ont formulé des orientations et des recom-
ser cette dégradation, redynamiser l'agri- Pour Samuel Mwangi de l’organisation Arid mandations pour aider les populations de
culture et assurer leur sécurité alimentaire. Lands Information Network (ALIN) du Ke- Khatre Sy à relever ces défis et assurer la
L'expérience initiée par le  Projet de refo- nya, « une telle initiative est à encourager durabilité de l'agriculture dans le Village.
restation dans le nord du bassin arachidier  pour, non seulement, renforcer la produc- C'est ainsi que concernant le problème de
(PREVINOBA) et capitalisée par IED Afrique tivité des sols et assurer une sécurité ali- l'accès à l'eau, Prasad, de LEISA India a re-
dans le cadre du programme « African Re- mentaire durable aux populations de cette commandé d'aménager de grands bassins
greening Initiative » (ARI), a connu un suc- localité perdue dans le centre du Sénégal, permettant de récupérer l'eau de pluie et
cès indéniable qui dépasse désormais les mais aussi, pour reverdir cette zone me- de la conserver pour l'irrigation et l'approvi-
frontières nationales du Sénégal. nacée par une dégradation avancée des sionnement en eau du bétail.

Après le Réseau des parlementaires séné- ressources naturelles, notamment les res- Enfin, le Réseau à suggéré aux populations
galais en environnement (REPES) en mars sources forestières ». de Khatre Sy, de maintenir la dynamique
2012, c'est au tour des membres du Réseau Selon Samuel Mwangi,  une telle visite lui a qu'elles ont engagée car elles sont deve-
international AgriCultures (AgriCultures permis de s'imprégner de ce qui se fait en nues de véritables références en matière
Network) de visiter cette expérience le 28 matière d'agro-écologie au Sénégal. « Cela de pratique de la RNA. En effet, l’expé-
août dernier. Cette visite organisée par IED est d’autant plus important que le Sénégal rience de Khatre Sy a aujourd'hui traversé
Afrique (hôte de la rencontre annuelle 2013 et le Kenya sont confrontés aux mêmes les frontières du Sénégal et est donnée, en

43
du Réseau) a permis aux autres membres problèmes sur les plans agricole et envi- exemple, à l'occasion de nombreuses ren-
du Réseau venus du Brésil, des Pays Bas, ronnementale. Cette visite permet donc contres internationales, particulièrement,
du Pérou, du Kenya, du Chili et de l'Inde de d'échanger sur nos expériences respectives lors de la Conférence Rio+20.
constater les efforts déployés par les com- et  d’apprendre les uns des autres».
munautés locales pour reverdir leur terroir En effet, la visite de terrain a été suivie
et renforcer le niveau de productivité des d'échanges fructueux avec les populations
sols.

Photo : IED

Zone de mise en défens de Khatre Sy


AgriCultures Network
« Faciliter le dialogue entre acteurs pour
renforcer les exploitations familiales »

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Le Réseau AgriCultures réunit plusieurs organisations de l’Amérique latine, de l’Asie, de l’Europe et de


l’Afrique engagées dans la promotion de l’agriculture durable. Son rôle est de mettre en place un certain
nombre d’activités qui consistent à :
‰‰ Repérer l’essentiel des connaissances et des pratiques durables d’agriculture et de mettre en place des
supports et des outils de communication en vue de leur partage à grande échelle.
‰‰ Organiser des dialogues pour faciliter les interactions entre les différents acteurs qui sont impliqués
dans les activités agricoles, les producteurs, les décideurs, les organisations de la société civile, afin
de convenir ensemble de politiques qui soient adaptées pour répondre aux défis auxquels l’agriculture
familiale fait face.

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