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L’intention entrepreneuriale de
finalistes des établissements
d’enseignement supérieur et
universitaire de Bukavu
Epigraphe
« Quiconque est sérieusement engagé dans la recherche scientifique devient convaincu qu’une
intelligence est manifestement présente dans les lois de la nature, un esprit infiniment
supérieur à l’homme, devant lequel nous devons, nous, avec nos modestes pouvoirs,
reconnaitre humblement notre petitesse ».
Albert Einstein
III
Dédicace
Remerciements
Nous remercions de tout cœur tous ceux qui ont concouru à l’achèvement de
cette œuvre grandiose, laquelle a nécessitée beaucoup d’efforts et de sacrifices.
Sigles et abréviations
ACP : Analyse en Composantes Principales
AE : Attitudes Entrepreneuriales
BM : Banque Mondiale
BP : Business Plan
EE : Education Entrepreneuriale
EF : Environnement Familial
E-T : Ecart-type
H : Hypothèse
IE : Intention Entrepreneuriale
IP : Initiative Personnelle
VI
KMO : Kaiser-Meyer-Olkin
M : Moyennes
ML : Maximum de Vraissemblance
ME : Motivations Entrepreneuriales
N : Population totale
N° : Numéro
NS : Normes Subjectives
TP : Traits de personnalité
Var : Variables
VIII
Introduction générale
Les études récentes du Global Entrepreneurship Monitor1 révèlent l’importance de
l’entrepreneuriat des diplômés universitaires dans plusieurs pays (Baronet, 2011). La création
d’entreprise se présente comme une alternative pour contrecarrer les problèmes de chômage
particulièrement dans les pays en développement. Dans ces pays, la création d’emplois par
l’Etat et les grandes entreprises se rétrécit sensiblement à la suite de la crise économique et
politique qu’ils traversent (Mujinga, 2009). C’est ainsi que, dans un climat ambiant marqué
par le chômage des étudiants universitaires, il paraît nécessaire de comprendre au préalable
les perceptions et les croyances que les étudiants ont vis-à-vis de la création d’entreprise
comme perspective de carrière.
1
Le projet GEM est un projet de recherche international lancé conjointement dans les années 1990 par la
London Business School en Angleterre et le Babson College aux Etats-Unis. Le rapport global du GEM compare
les résultats obtenus dans différents pays participants au programme et les compare essentiellement avec ceux
des pays dont l’économie est aussi basée sur l’innovation. En outre, ce rapport met l’accent sur certains thèmes
particuliers, comme l’esprit d’entreprise, les activités et les ambitions, ainsi que les conditions cadres pour
entreprendre. Le projet de recherche GEM concentre ses intérêts sur trois grands objectifs:
• mesurer les différences relatives au niveau des activités entrepreneuriales entre les pays,
• déceler les facteurs qui influencent les activités entrepreneuriales au niveau national,
• identifier les conditions politiques à même de favoriser les activités entrepreneuriales.
2
d’autres reprennent presque le même argument en insistant sur l’inséparabilité des intentions
de l’acte entrepreneurial. L’intention traduit une véritable motivation à l’action, c’est un
indicateur de la volonté à essayer, de l’effort que l’on est prêt à consentir pour se comporter
d’une certaine façon, bon prédicteur du changement du comportement (Ajzen, 1991 ;
Kolvereid, 1997 ; Krueger et al, 1994 ; Krueger et al, 2000). Ceci témoigne donc de
l’importance de mesurer l’intention afin d’étudier les facteurs favorisant ou inhibant le
potentiel entrepreneurial d’une population très spécifique que chaque pays s’appuie pour son
développement, les jeunes2 (Saleh, 2011).
Plusieurs études ont été conduites pour comprendre l’intention d’entreprendre des
étudiants universitaires à travers le monde. Lee Wei Ni et al. (2012) et Keong (2008)
analysent l’intention entrepreneuriale des étudiants malaysiens. Saleh (2011) a analysé
l’intention entrepreneuriale des étudiantes libanaises. Tounès (2003) ; Mouloungui (2012) et
2
Nous employons parfois le concept « jeune » pour désigner les diplômés universitaires
3
Nous utilisons de façon synonyme les termes « créer une entreprise » et « poursuivre une carrière
indépendante ». Nous faisons référence à « l’auto-emploi » à travers ces deux concepts.
3
Wang (2012) ont étudié l’intention entrepreneuriale des étudiants français. Toutefois et
contrairement à d’autres pays, rares sont les recherches qui ont permis, à notre connaissance,
d’examiner l’intention entrepreneuriale des étudiants universitaires congolais et
particulièrement ceux de Bukavu. Par ailleurs, il existe des études plus générales centrées sur
les thématiques telles que la gestion des PME (Sadiki, 2002 ; Mukuku, 2003), la performance
des PME (Kanghe, 2002 ; Zirhumana, 2009), les déterminants de l’investissement dans les
PME (Zunguluka, 2001 ; Muzaliwa, 2002), l’entrepreneuriat et le développement économique
(Mwadi, 1996, Bungiasi, 2006) ; etc. Cette étude vise à montrer parmi les principaux
déterminants de l’intention entrepreneuriale le rôle primordial des aspirations professionnelles
et la motivation à atteindre les objectifs dans la décision de poursuivre la carrière
entrepreneuriale.
L’importance de cette étude est justifiée par la situation de sous-emploi des cadres en
RDC. La RDC traverse actuellement une situation socioéconomique difficile. La grande
majorité de la population congolaise fait face aujourd’hui à de nombreux défis dont les plus
importants sont la pauvreté et le chômage. En effet, environ 70,6% de la population
congolaise vit en dessous du seuil de pauvreté (OIM, 2012), seulement 4% de la population
active est employée dans le secteur formel de l’économie, tandis que 72% vit dans l’économie
informelle et 24 % est au chômage, les jeunes de 15 à 35 ans représentent 25% de la
population totale et enregistrent un taux de chômage de 28 % alors que la moyenne nationale
est de 9% (OIM, 2012). Pour la province du Sud-Kivu, le taux d’activité se situe à 50,5 % en
milieu urbain et 58,5 % en milieu rural. Le taux de chômage est de 29,1% en milieu urbain et
11,1% en milieu rural (Plan quinquennal de croissance et de l’emploi/Sud-Kivu 2011-2015).
La prévalence du chômage des jeunes est plus forte dans les zones urbaines et elle est
plus élevée parmi ceux qui ont un niveau d’instruction supérieur et ceux qui sont issus de
milieux aisés. En moyenne, le chômage des jeunes ayant un niveau d’instruction secondaire
(ou supérieur) est trois fois plus important que celui des jeunes n’ayant pas fait d’études (BM,
2009). Dans la ville de Bukavu, l’ONEM a enregistré sur une période de quatre ans soit de
2008 à 2011 un effectif de 16 546 diplômés à la recherche d’emploi pour seulement 2 966
offres disponibles4. Par conséquent, la recherche d’un emploi salarié est devenue une aventure
aléatoire, lassante et souvent décourageante. Le chômage ainsi installé peut avoir des
conséquences à long terme très négatives sur les individus, comme des revenus réduits et un
4
Suivant les rapports des exercices 2008, 2009, 2010 et 2011 de l’Office National de l’Emploi
4
sentiment d’exclusion sociale. Mais au-delà des coûts personnels élevés qu’il implique, le
chômage représente également un réservoir important de ressources économiques
inexploitées, réduisant la production et le potentiel de croissance économique (OCDE, 2012).
En effet, pour agir et développer ensemble des actions, plusieurs pays ont adopté une
politique volontariste de développement et de motivation de l’entrepreneuriat sous forme de
programmes, d’outils et de structures d’aide à la création d’entreprises (Firlas, 2012). Ainsi,
pour répondre à ce qui constitue véritablement un enjeu de société, le Gouvernement de la
RDC a décidé de faire de la jeunesse sa priorité. Dans ses programmes d’actions,
l’entrepreneuriat des jeunes constitue une réponse forte et adaptée pour offrir de nouvelles
opportunités d’insertion professionnelle aux jeunes peu ou pas qualifiés et/ou résidants sur des
territoires défavorisés, pour lesquels l’emploi se dérobe. Des réponses ont été apportées par le
Gouvernement via le programme PROYEN/ YEN5 (OIM, 2012).
Pour répondre à notre question, certains chercheurs (Bowen et al, 1986 ; Hisrich et
O’Cinneide, 1986 ; Aldrich et al, 1987 ; Filion, 1991 ; Casson, 1991) ont montré l’influence
de l’environnement socioculturel, du contexte familial, du milieu professionnel et du réseau
5
Le PROYEN (Programme national pour l’Emploi des Jeunes) a pour tâche « de proposer au gouvernement des
orientations à prendre pour la meilleure insertion professionnelle des jeunes ; d’encadrer les jeunes à travers le
groupe consultatif pour l’emploi des jeunes dans l’élaboration de leurs projets porteurs d’emploi et créateur de
revenus; de contribuer activement dans l’amélioration de l’employabilité des jeunes urbains et ruraux pour
l’acquisition de la qualification professionnelle adéquate recherchée par le marché de l’emploi ; et de faire le
plaidoyer auprès des partenaires pour la mobilisation d’autres ressources financières et matérielles, pouvant
contribuer à l’insertion professionnelle des jeunes dans la création des emplois, de leurs PME et PMI ainsi que la
formation professionnelle »
6
Expression empruntée de Tounès, 2003.
5
En considérant que le processus est en émergence plutôt que fondé uniquement sur un
raisonnement dans la mesure où plusieurs facteurs internes et externes sont susceptibles
d’influencer le déroulement de celui-ci. La dynamique personnelle et les contingences de
l’environnement interviennent dans les perceptions et la construction des idées nouvelles
(Mouloungui, 2012). A ce stade, le rôle du système éducatif se révèle indiscutablement
important. Si l’on conçoit l’entrepreneuriat comme un ensemble d’aptitudes et d’attitudes
s’exprimant par des perceptions, des intentions, des actes et des comportements, alors le
système éducatif, porteur et diffuseur des cultures, peut (doit) être le vecteur de ces diverses
composantes de la culture entrepreneuriale (Tounés, 2003).
Cette étude tente de répondre à la question générale suivante : Quels sont les facteurs
individuels et contextuels qui influencent l’intention entrepreneuriale des diplômés
universitaires de Bukavu ? La population cible est constituée de quatre établissements
académiques de Bukavu. Un échantillon de 353 étudiants a été extrait par un tirage non
probabiliste. Le traitement des données a été effectué à l’aide des logiciels SPSS Statistics 21
et SPSS Amos 21.
Neveu (1996) définit l’intention comme « une représentation cognitive à la fois d’un
objectif précis et des moyens pour l’atteindre ». Pour Krueger et Carsud (1993), et Tubbs et
Ekeberg (1991), l’intention est une structure cognitive qui inclut les fins et les moyens. Elle
structure et guide l’action (Bird, 1988 ; 1992 ; Krueger et al, 2000). Bird (1988) considère
l’intention comme un processus qui naît avec les besoins, les valeurs, les habitudes et les
croyances de l’individu. Bird (1992) écrit que la création d’entreprise est un résultat direct des
intentions des individus qui sont bien sûr influencées par les variables environnementales.
L’intention est, certes, avant tout une volonté personnelle, mais elle dépend des variables
contextuelles (Vesalainen et Pihkala, 1999).
En psychologie sociale, l’intention renvoie à une résolution par laquelle l’agent veut
réaliser un projet. Pour Ajzen (1991), les intentions sont des indicateurs de la volonté
d’essayer, d’une véritable motivation et des efforts que l’on est prêt à consentir pour se
comporter d’une certaine façon. Sans cette volonté d’agir, qui amène la personne à prendre
des dispositions pour favoriser l’avènement de son but, nous ne pouvons pas parler
7
d’intention entrepreneuriale mais de velléité (compris comme une intention fugitive, non
suivie d’acte), de rêve ou de fantasme (Moreau, 2006 cité par Saleh, 2011).
Bird (1988, 1992) cited in Boyd et al, 1994 defines intention as a state of mind that
focuses a person’s attention, experience, and behavior toward a specific object or method of
behaving. Bird further suggests that entrepreneurial intention directs critical strategic
thinking and decisions and operates as a perceptual screen for viewing relationships,
resources, and exchanges. According to Ajzen (1991), intention is an element which
dominates the motivation factors in influencing individual behaviour. Intention is closely
related with the real behaviour (Ajzen, 1991; Summer, 1998; Krueger et. al. 2000).
Abordé dans le même sens, certains auteurs rappellent que l’intention n’est pas stable
dans le temps (Audet, 2004 ; Moreau et Raveleau, 2006). Les travaux de Verzat et al. (2008)
et Wang et al. (2008) contribuent à confirmer cette instabilité de l’intention chez les élèves
ingénieurs. Il s’agit d’un processus évolutif qui ne conduit au comportement que si l’intention
8
reste stable dans le temps, ou si elle s’intensifie dans le temps (Wang, 2010). Les modèles
d’intention sont largement appliqués en entrepreneuriat pour prédire les comportements de
création d’entreprise. Mais « cette question du lien entre l’intention d’entreprendre et le
passage à l’acte reste largement ouverte de sorte que les modèles proposés aujourd’hui
s’avèrent incomplets et ne permettent pas vraiment d’expliquer et encore moins de prédire les
actions entrepreneuriales » (Danjou, 2004). Concernant la population des étudiants, il est
clair que le temps entre l’intention et l’engagement dans la création est particulièrement long.
Le passage de l’intention à l’acte est donc difficile à cerner. Danjou (2004) et Audet (2004)
ont avancé l’idée que l’intention évolue dans le temps. Sheeran et Abraham (2003) suggèrent
que c’est la stabilité de l’intention qui serait le principal médiateur de la relation intention-
comportement ; Bagozzi et Yi (1989) suggèrent qu’une intention d’intensité élevée (une
intention bien formée) est un médiateur puissant de la relation intention-comportement.
Moreau et Raveleau (2006) a effectué des entretiens semi-directifs avec 15 élèves dont
l’intention est forte, à qui il a demandé de tracer la trajectoire de leur propre intention
d’entreprendre depuis cinq ans sur un schéma. L’existence de différents schémas a prouvé
l’évolution de l’intention dans le temps. Le sens des facteurs et d’expériences qui ont causé le
changement de trajectoire est aussi donné par les élèves. Selon Moreau et Raveleau (2006),
l’intention d’entreprendre est en concurrence avec d’autres intentions chez les élèves. Bruyat
(1993), qui rejoint Shapero et Sokol (1982), souligne que l’engagement se réalise lorsque
l’action de créer est perçue comme préférable aux alternatives disponibles (Wang, 2010).
Plusieurs modèles ont été développés dans les recherches précédentes afin d’expliquer
l’intention entrepreneuriale et le choix de la carrière entrepreneuriale mais deux théories, celle
du comportement planifié développée par Ajzen (1991) et celle de l’événement
entrepreneurial de Shapero et Sokol (1982), sont les plus utilisées dans la littérature
entrepreneuriale comme guides théoriques. D’autres modèles ont été développés plus tard, par
exemple celui de Bandura (1997), Davidsson (1995), Bird (1988), Lüthje and Franke (2003),
etc. Notons que Kruger et Carsrud (1993) furent les premiers à appliquer la théorie du
comportement planifié au champ de l’entrepreneuriat, en essayant de rendre compatible le
modèle d’Ajzen avec d’autres cadres théoriques, en particulier celui de Shapero et Sokol
(1982).
9
Dans le cadre de notre étude les modèles ci-haut mentionnés, développés par Ajzen,
Shapero et Sokol nous intéresserons davantage du fait qu’ils ont déjà eu leur utilité justifiée
par plusieurs études empiriques pour comprendre l’intention entrepreneuriale d’étudiants
universitaires.
Croyances
comportementales Attitudes
et évaluation des
résultats
Croyances
normatives et Normes Intention Comportement
motivations à se sociales
conformer
Croyances de
contrôle et Contrôle
conditions perçu
facilitantes
Des recherches précédentes ont mis de l’avant certaines influences exercées par un
éventail de variables sur l’intention d’entreprendre de membres de divers groupes (Baronet,
2011). Pour ce faire, différents auteurs ont essayé de comprendre le phénomène
entrepreneurial en présentant des modèles conceptuels, évoquant les facteurs pouvant
expliquer ce phénomène (Colot et al, 2007). De plus, d’autres chercheurs ont étudié l’impact
de certaines variables sur divers éléments reliés au phénomène entrepreneurial.
Lee Wei Ni et al, 2012 analysent comment les attitudes, les normes subjectives et le
contrôle perçu, l’éducation entrepreneuriale et les traits de personnalité affectent l’intention
entrepreneuriale des diplômés. L’étude a été conduite sur un échantillon de 200 étudiants de
l’université Tunku Abdul Rahman, Campus de Perak. Pour ce faire, le test de l’Alpha de
Cronbach, le coefficient de corrélation de Pearson et l’analyse de la régression linéaire
multiple ont été effectués pour observer les variables indépendantes (i.e. les attitudes,
l’éducation entrepreneuriale et les traits de personnalité). Ils ont observé que toutes les
variables ont une relation significative avec l’intention entrepreneuriale.
Keong, 2008 a mené une étude sur les facteurs qui stimulent ou empêchent l’intention
entrepreneuriale des étudiants de l’Open University Malaysia (OUM). Il analyse comment les
facteurs démographiques et l’éducation entrepreneuriale affectent l’intention entrepreneuriale
des étudiants malaysiens en essayant de comprendre combien d’étudiants ont une intention
envers l’auto-emploi. En appliquant l’ANOVA et le coefficient de l’alpha de Cronbach pour
tester la fiabilité et la validité des variables, sur un échantillon de 80 étudiants pris au hasard,
l’étude a abouti aux conclusions suivantes :
13
Les études ci-haut exposées, appliquées tant dans les pays développés que dans les
pays en développement, considèrent l’intention d’entreprendre comme une variable
dépendante des facteurs sociodémographiques et des traits de personnalité spécifiques. En
général, ces études visent soit à mesurer l’impact des variables endogènes et exogènes sur la
formation et le développement de l’intention entrepreneuriale, soit à catégoriser les variables
qui influent sur l’intention entrepreneuriale des jeunes diplômés. Cependant d’autres
variables, n’étant pas pris en compte dans les modèles théoriques retenus, influencent aussi
significativement le développement du processus entrepreneurial. Dans ce paragraphe nous
essayerons d’énumérer ces variables en nous basant sur la littérature existant à ce propos et de
comprendre le rôle de chaque variable dans l’interaction entre l’environnement et la
personnalité.
Elles sont définies selon le Larousse, comme des dispositions profondes, durables et
d’intensité variable à produire un comportement donné. Pour Ajzen et al. (2003), les attitudes
sont la clé pour comprendre le comportement humain. Connaître les attitudes d’un individu
envers un autre ou envers un objet, devrait rendre possible de prédire son comportement.
Dans le cas spécifique de la présente étude, les attitudes se réfèrent à l’évaluation favorable ou
non de l’idée d’entreprendre. L’intention entrepreneuriale dépend des attitudes envers les
comportements que l’on souhaite atteindre. Ainsi, les individus qui manifestent des attitudes
entrepreneuriales fortes sont enclins de concrétiser leur idée d’entreprendre. Nous pouvons
donc énoncer notre première hypothèse selon laquelle :
H1 : Les attitudes envers le comportement entrepreneurial ont une relation positive avec
l’intention entrepreneuriale (Mouloungui, 2012 ; Saleh, 2011 ; Lee Wei Ni et al, 2012).
15
Elles sont des règles de conduite dictées par la société. Elles réfèrent à l’influence de
la société sur la décision de l’individu de se partir ou pas en affaire. L’influence sociale peut
amener les individus à changer leurs comportements ou leurs attitudes selon les schémas
dominants de la culture dans laquelle ils sont immergés (Tounès, 2003). Le fait de se trouver
dans un milieu culturel donné peut amener un individu à agir différemment, par l’observation
du comportement des autres. L’individu développe un état d’esprit, agit et se comporte suite à
ses envies et ses intentions, tout en tenant compte du milieu qui le limite, qui le contraint ou
qui le motive (Benredjem, 2012). Ainsi, nous pouvons donc supposer que :
H2 : Les normes subjectives entretiennent une relation positive avec l’intention de poursuivre
la carrière d’entrepreneur (Mouloungui, 2012 ; Saleh, 2011 ; Lee Wei Ni, 2012).
H5 : L’existence d’un projet d’entreprise ou business plan plus ou moins formalisé influence
positivement l’intention entrepreneuriale des étudiants (Tounès, 2003).
1.2.6. L’auto-efficacité
Dans notre contexte ce concept emprunté de Bandura renvoie « aux jugements que les
personnes font à propos de leurs capacités à organiser et réaliser des ensembles d’actions
requises pour atteindre des types de performances attendus » (Bandura, 1986) ainsi qu’aux
croyances à propos de leurs capacités à mobiliser la motivation, les ressources cognitives et
les comportements nécessaires pour exercer un contrôle sur les événements de la vie (Bandura
et al, 1989). Les comportements des individus sont fortement influencés par les capacités
qu’ils ont de les accomplir. Dans ce cadre nous avons supposé que, les étudiants qui
manifestent des capacités et compétences entrepreneuriales élevées, par exemple les
compétences en création d’entreprise, détection et exploitation d’opportunités d’affaires,
compétences managériales, compétences en gestion financière, compétences en gestion des
ressources humaines, compétences commerciales et marketing, etc., auront des intentions
18
fortes en faveur de la création de leur propre entreprise. Ainsi donc, l’hypothèse théorique
générale qui en découle est la suivante :
1.2.7. La motivation
C’est ainsi que dans notre cadre, nous avons supposé que les étudiants qui manifestent
des motivations élevées de poursuivre les objectifs qu’ils se sont fixés auront des fortes
probabilités de concrétiser leur comportement, ce qui nous amène à énoncer l’hypothèse selon
laquelle :
19
Bien qu’il n’existe pas de profil type, certains traits de personnalité sont
caractéristiques des entrepreneurs. L’ambition et la créativité en sont des exemples. Un
individu considérant avoir de tels traits de personnalité pourra se sentir davantage capable
d’entreprendre.
Ainsi, les étudiants qui estiment avoir les caractéristiques nécessaires pour devenir
entrepreneur, par exemple la maturité d’entrepreneur, auront une intention élevée à l’égard de
la carrière entrepreneuriale et ceci nous permet d’énoncer l’hypothèse théorique suivante :
H8 : Les traits de personnalité ont une relation positive avec l’intention entrepreneuriale (Lee
Wei Ni, 2012).
1.2.9. Le genre
Les études empiriques dans le domaine sur le lien entre le genre et la réussite
d’entreprises aboutissent toutefois à des résultats contradictoires. Il y’a ceux qui ont observé
(Dahlqvist, 1999 et Jansson, 2006) un lien négatif entre le fait que l’entrepreneur soit de genre
féminin et la réussite, tandis que d’autres (Delmar, 1999) n’ont observé aucun lien significatif
entre ces variables (Hamidi, 2013). En outre, on constate une forte représentation des hommes
parmi les créateurs d’entreprises dans la plupart des pays du monde. Il a aussi été signalé un
intérêt élevé des hommes que des femmes par rapport à la création d’entreprise. En effet,
habituellement les femmes sont plus centrées sur la famille ou être salariées dans une
entreprise, et elles sont moins disposées à poursuivre des objectifs liés à la création
d’entreprise. Par rapport au genre et à l’intention, il a été démontré que les femmes ont une
faible perception d’auto-efficacité pour les carrières dans lesquelles elles sont faiblement
représentées. Par exemple, Baughn et al, 2006 ; Chen et al, 1998 ; Kristiansen et al, 2004 ; ou
Wilson et al, 2007 ont observé que les scores du sentiment d’auto-efficacité en entrepreneuriat
sont généralement plus élevés chez les hommes que chez les femmes, démontrant ainsi une
influence du genre sur le sentiment d’auto-efficacité en entrepreneuriat (Baronet, 2011). Sur
le plan cognitif, l’absence de confiance en soi, la peur de l’échec et l’aversion au risque sont
20
1.2.10. L’âge
L’âge constitue une des caractéristiques essentielles des individus qui ont réussi dans
leurs démarches entrepreneuriales. En effet, plusieurs études (Hambrik et al, 1994 ; Davidson,
1994 ; Weinzimmer, 1993) soulignent une très forte corrélation entre l’âge de l’individu et la
réussite de l’entreprise (Hamidi, 2013). Pour Criaco (2012) l’âge influe directement et
indirectement sur l’intention de créer une entreprise, pour lui l’âge est un déterminant
important de l’intention d’un individu de devenir entrepreneur. Il a été observé que l’intention
de créer sa propre entreprise augmente à partir de l’intervalle d’âge entre 21 et 26 ans et
diminue jusqu’à atteindre 5,94% d’individus dont l’âge dépasse 68 ans.
1.2.11. L’environnement
Il est malaisé sinon difficile de faire un état des lieux d’un domaine d’activités
totalement vide, pour ne pas dire inexistant. Il n’ya aucun texte juridique ni des mesures et
dispositions réglementaires spécifiques à l’entrepreneuriat des jeunes en RDC. Si le concept
est utilisé de temps à temps dans la littérature congolaise pour la rédaction des politiques et
programmes socio-économiques concernant la lutte contre la pauvreté et l’emploi7,
l’entrepreneuriat des jeunes ne revêt jusqu’à présent aucune connotation opérationnelle, dans
le sens de favoriser la prise en charge des jeunes par la création de leurs propres entreprises
(Mvemba, 2008). Si nous tenons à faire un état des lieux de l’entrepreneuriat des jeunes dans
le cadre de ce mémoire, c’est dû à la montée du taux de chômage observé dans cette couche
de la population et tenter de s’interroger ainsi sur les stratégies pouvant faciliter leur insertion
professionnelle. Nous sommes partis du constat selon lequel, dans un climat ambiant marqué
par le chômage, très peu de jeunes diplômés de Bukavu empruntent la voie entrepreneuriale
comme choix de carrière.
Guichard et al. (2006) cité par Engome (2012) observent que la montée du chômage a
fragilisé la situation professionnelle de nombreuses catégories de la population (personnes
âgées, femmes, immigrés, jeunes etc.). Les jeunes non protégés par des situations acquises et
devant se faire une place dans le monde de l’emploi ont été particulièrement touchés, et parmi
eux, ceux qui étaient les moins formés et les moins qualifiés. Les jeunes diplômés mettent de
plus en plus de temps à trouver un emploi. Les sérails d’installation dans la vie d’adulte se
sont trouvés brouillés et il n’y a plus de synchronie entre le départ de la famille et de l’école et
l’entrée dans le monde de l’emploi. Les parcours d’entrée dans la vie active se sont
7
Pour des amples renseignements consulter les annexes
23
diversifiés. En même temps, il devient de plus en plus difficile de prédire l’emploi occupé à
partir de la formation reçue ou de la qualification acquise. Comme le dit Tanguy (1986) cité
par Guichard et al, 2006 : « la relation formation –emploi est devenue introuvable ».
Selon le rapport annuel sur l’emploi de l’Office National de l’Emploi (ONEM), sur un
nombre d’arrivées annuelles sur le marché de l’emploi estimé à 1 245 demandeurs d’emploi
en 2007 seulement 28 emplois étaient disponibles. En 2008, sur 2 188 demandeurs d’emploi
enregistrés seulement 515 places étaient disponibles. L’année 2009 a connu un accroissement
de demandeurs inscrits à l’ONEM par rapport à 2007 et 2008 mais aussi un accroissement des
offres lancées par ses partenaires, sur 2 419 demandeurs 694 offres enregistrées avec 868
places vacantes. La situation s’est progressivement améliorée en 2010, sur 2 707 demandeurs
enregistrés 948 offres étaient enregistrées avec 1621 places vacantes. En 2011, sur 1 987
demandeurs d’emploi il y avait 781 offres dont 835 places vacantes.
Les pays à activité entrepreneuriale élevée, comme les USA (8,4%), le Canada (6,8%)
ou Israël (5,4%).
24
Il sied de constater de ce qui précède que malgré le spectre qui pèse sur les privés, un
certain nombre de commerçants ont décidé de mobiliser leurs capitaux dans l’investissement
productif. Le nombre de PME-PMI créées est de plus en plus croissant d’une année à une
autre. Dans ce cadre pour encourager l’initiative privée à travers la création d’entreprises
innovantes, le Ministère des petites et moyennes entreprises en collaboration avec les
organisations patronales et professionnelles des petites et moyennes entreprises et de
l’artisanat ont mis en œuvre, sur base du dialogue et du partenariat avec les opérateurs et les
institutions concernés, une charte des PMEA qui consiste à renforcer les capacités des
investisseurs locaux et de réglementer ainsi le secteur informel. Cette charte vise à atteindre
les objectifs suivants :
- Doter le pays d’une définition adoptée aux réalités congolaises et des critères de
catégorisation des PMEA ;
- Doter les PMEA d’un environnement favorable à leur expansion ;
- Organiser les relations des PMEA avec les grandes entreprises, notamment au niveau
de la sous-traitance ;
- Organiser les relations des PMEA entre elles pour plus de synergie et d’intégration du
secteur ;
- Faciliter aux PMEA l’accès aux marchés sur base des exigences compatibles avec les
objectifs prioritaires et d’intérêt général ;
- Promouvoir l’esprit d’entreprise, d’innovation et favoriser l’esprit associatif qui
permettra aux PMEA de faire face aux nouveaux défis de mondialisation, des
nouvelles technologies de l’information, des biotechnologies ;
- Réduire le taux d’informalité des PMEA ;
- Faciliter l’intégration des PMEA au secteur des banques classiques et des institutions
de micro finance.
26
Dans l’optique de bien de valider les construits de cette recherche, nous avons réalisé
des entrevues avec six experts dont deux professeurs d’universités, un responsable de
l’ONEM, un responsable de la division provinciale de l’IPMEA, un responsable de la division
provinciale de l’emploi et du travail et un entrepreneur actif de la ville de Bukavu. Les
entrevues avec ces experts se déroulaient au sein de leur lieu de travail (bureau) pendant les
heures de travail ou pendant la pause selon la disponibilité de notre interlocuteur. Elles ont été
dirigées à l’aide d’un guide d’entretien8 pour une durée variable entre 30 minutes et 1 heure
selon la disponibilité de l’interlocuteur et sa bonne foi de participer à notre étude. Nos
consultations portaient sur des thématiques comme l’intention entrepreneuriale, les facteurs
pouvant expliquer sa formation, l’insertion des jeunes dans la vie active et l’essor de
l’entrepreneuriat dans la ville de Bukavu. Ce processus a d’abord permis de clarifier et de
préciser le questionnaire9, ensuite il nous a permis d’améliorer la compréhensibilité et
l’intelligibilité des items en modifiant ceux qui sont mal adaptés, et également d’éliminer
ceux qui ne sont pas pertinents.
8
Voir annexes
9
Voir annexes
27
Ainsi, à l’aide des entretiens individuels effectués auprès des étudiants et experts en
entrepreneuriat, ce qui au total nous a donné un nombre de 19 enquêtés, et en s’inspirant de la
revue de littérature (Churchill, 1979), nous avons pu générer 156 items qui ont ensuite été
soumis à une seconde étape d’épuration. Celle-ci a consisté dans sa première phase à
comparer les items entre eux afin d’identifier ceux qui se répétaient dans plusieurs études et
les guides d’entretiens, après nous passons aux phases suivantes dont : éviter les doublons et
ne garder qu’une seule fois les items qui se répétaient, ensuite fusionner les items qui
décrivaient le même phénomène et, ajuster leur fréquence d’apparition et enfin supprimer les
items ambigus (Devellis, 2011; Churchill, 1979 cité par Balemba, 2013).
La population cible de notre recherche est constituée des étudiants finalistes inscrits
pour l’année académique 2013 – 201410, particulièrement ceux qui auraient suivi les facultés
de sciences économiques et celles de gestion dans les universités et institutions supérieures de
la ville de Bukavu. Pour mener à bien notre étude et pour des raisons logistiques, nous avons
été amenés à tiré un échantillon représentatif de la population concernée permettant
l’extrapolation sur la population totale.
10
Voir le tableau n° 1 ci-dessous
29
Selon les filières d’étude les étudiants recensés sont répartis dans les proportions
suivantes :
30
Ce tableau ci-haut, récapitulatif des différentes filières d’étude, nous fait remarquer
que notre échantillon a pris en considération les étudiants des filières sciences économiques et
sciences de gestion des institutions retenues pour l’étude. Ainsi, nous verrons que les
étudiants de la filière Gestion financière sont dominants dans l’échantillon et représentent
47,592% de la population totale. Deuxièmement vient la filière Economie rurale qui
représente 26,062% de la population suivie en troisième position de la filière Economie
publique avec 12,747% de la population. En quatrième position, nous trouvons la filière
Comptabilité qui représente 5,382% de la population étudiée suivie en cinquième position de
la filière Douane avec 3,116%. En fin, nous trouvons la filière Gestion des Ressources
Humaines (GRH) en sixième position avec 0,566% de la population suivie en dernière
position de la filière Fiscalité avec 0,283% de la population totale.
Notre stratégie de collecte des données a consisté à obtenir une prise de contact avec le
doyen de la faculté ou le responsable disponible. Dès que nous réussissions à obtenir un
rendez-vous, nous nous efforcions de convaincre notre interlocuteur de l’intérêt de notre
étude. En cas d’avis favorable, nous devons, seul, planifier l’administration du questionnaire.
Notre présence nous a permis de communiquer avec les étudiants, répondre à leurs questions,
discuter leurs critiques. Notre recherche a suscité l’intérêt de plusieurs étudiants à savoir les
résultats de notre recherche. L’enquête s’est déroulée entre les mois d’août et de septembre
2014. Le taux de réponse varie selon les universités entre 72,727% et 95,698%. Au total, nous
avons recueilli 325 questionnaires soit un taux de réponse moyen de 92,067%. Les
questionnaires mal remplis étaient éliminés. Cette démarche méthodologique, toutefois
originale, nous a permis de répondre à nos questions de recherche et d’atteindre notre objectif.
Les détails sur le taux de réponse par établissement académique sont présentés dans le tableau
ci-dessous.
UCB 93 89 95,698%
UOB 96 91 94,791%
ISC 33 24 72,727%
Le questionnaire que nous avons utilisé pour recueillir les différentes opinions de nos
répondants est composé de plusieurs échelles bien détaillées construites sur des emprunts et
des constructions personnelles. Les construits de notre questionnaire sont évalués à l’aide
d’une échelle de type Likert offrant 5 choix de réponses qui vont de (1) « pas du tout
d’accord », (2) « plutôt pas d’accord », (3) « plutôt d’accord », (4) « ni en accord, ni en
désaccord » à (5) « tout à fait d’accord ». Ce choix se justifie par le fait que l’échelle de Likert
permet de graduer l’appréciation d’une série d’items.
Les variables indépendantes ont été inspirées de la littérature et des interviews. Elles
se rapportent à :
C’est une variable quantitative mesurée par neuf questions de type Likert à 5 niveaux
issues de la littérature et des entretiens, par exemple : « la carrière d’entrepreneur me
procurera la sécurité d’emploi » ; « la carrière d’entrepreneur me procurerait une grande
satisfaction ». Elle se rapporte au degré d’attraction ou de répulsion d’un individu envers un
comportement donné, en l’occurrence à s’engager dans une carrière entrepreneuriale. Plus le
score est élevé plus le répondant à une attitude favorable envers le métier d’entrepreneur. Les
résultats de la fiabilité indiquent que ces items décrivent convenablement les attitudes
entrepreneuriales avec un alpha de Cronbach de 0,866.
33
Elle est une variable quantitative évaluée par sept questions Likert à 5 niveaux,
exemple : « les personnes que je considère importantes m’encourageraient si je choisis la
carrière indépendante » ; « mes parents considèrent que je devrais poursuivre une carrière
d’entrepreneur ». La norme subjective correspond à la perception qu’un individu se fait quant
au degré auquel son entourage approuve ou désapprouve sa décision de devenir entrepreneur
c’est-à-dire ce que les gens importants pour lui pensent de sa réalisation. La pertinence de
l’entourage s’évalue au regard de son importance dans la décision d’action. Ce concept définit
l’acceptabilité par l’entourage de l’individu vis-à-vis du comportement envisagé par
l’individu. Les résultats de la fiabilité indiquent que ces items décrivent convenablement les
normes subjectives avec un alpha de Cronbach de 0,831.
C’est une variable quantitative. C’est un index moyen de neuf questions Likert à 5
niveaux, exemple : « je trouve que créer une entreprise étant étudiant ou à la fin de ses études
est facile » ; « l’environnement économique est favorable pour la création d’entreprises ». Ces
items sont issus de la littérature et des entretiens. Ils se rapportent à la facilité ou la difficulté
que le créateur potentiel perçoit dans la réalisation d’un comportement. Les résultats de la
fiabilité indiquent que ces items décrivent convenablement le contrôle comportemental perçu
avec un alpha de Cronbach de 0,845.
Le projet d’entreprise est une variable quantitative mesurée à partir de sept questions
Likert à 5 niveaux issues de la littérature et des entretiens auxquelles les répondants pouvaient
choisir une seule possibilité. Exemple : « mon instinct d’entrepreneur m’a permis d’élaborer
un projet d’entreprise » ; « mon projet d’entreprise est né après que j’ai suivi les
enseignements spécifiques en entrepreneuriat et en création d’entreprise ». Le projet d’affaire
se rapporte à la vision de l’entrepreneur. Les résultats de la fiabilité indiquent que ces items
décrivent convenablement le business plan avec un alpha de Cronbach de 0,868.
L’auto-efficacité est une variable quantitative. C’est un index moyen qui auto-évalue
les répondants à travers huit questions Likert à 5 niveaux, exemple : « je me sens capable de
rédiger un business plan efficace pour l’entreprise de A à Z » ; « je me sens capable d’estimer
les risques d’un projet et les anticiper ». Ces items sont issus de la littérature et des entretiens.
Ils évaluent le sentiment de compétences des individus dans le cadre spécifique des activités
entrepreneuriales. Les résultats de la fiabilité indiquent que ces items décrivent
convenablement l’auto-efficacité avec un alpha de Cronbach de 0,853.
Elle est une variable quantitative évaluée à travers un index moyen de cinq questions
Likert à 5 niveaux issues de la littérature et des entretiens, exemple : « je consacre
actuellement beaucoup de temps à la recherche d’information pour formaliser mon plan
d’affaire » ; « je consacre le temps à la recherche d’informations sur la création d’entreprises
dans ma région ». La motivation décrit le désir d’atteindre un but précis. Les résultats de la
fiabilité indiquent que ces items décrivent convenablement la motivation entrepreneuriale
avec un alpha de Cronbach de 0,821.
35
C’est une variable quantitative mesurée par un index moyen de six questions Likert à 5
niveaux issues de la littérature et des entretiens, exemple : « je me sens dynamique » ; « je me
sens créatif ». Elle évalue les caractéristiques personnelles de répondants à travers une auto-
évaluation. Les résultats de la fiabilité indiquent que ces items décrivent convenablement les
traits de personnalité avec un alpha de Cronbach de 0,828.
Pour atteindre notre objectif de comprendre quelles variables entre en jeu pour
expliquer l’intention entrepreneuriale des diplômés universitaires de Bukavu nous testerons
l’efficacité du modèle proposé par la figure n° 311 à l’aide des techniques des équations
structurelles et des régressions multiples.
Figure n° 3
Attitudes
Business plan
entrepreneuriales
Normes H1 H5
Auto-efficacité
subjectives
H2 H6
Intention
Contrôle H3 entrepreneuriale H7
Motivations
comportemental entrepreneuriales
perçu H4 H8
Education Traits de
entrepreneuriale personnalité
Comportement
entrepreneurial
11
Voir le modèle conceptuel de l’intention entrepreneuriale
36
La validité de critère nous a permis de vérifier si les relations entre les mesures de
différents concepts sont conformes aux prédictions issues de la théorie. Quant à la validité des
relations, nous avons apprécié deux types de signification. Nous avons évalué la signification
statistique grâce à des tests t effectués sur les corrélations. Ces tests se sont avérés
significatifs. Nous avons ensuite apprécié la signification pratique grâce à la valeur du R².
Celle-ci devrait être la plus élevée possible. Si un test de significativité de Fisher peut être
réalisé en cas d’utilisation d’une analyse de régression, aucun test n’est disponible à notre
connaissance pour les équations structurelles (Hair et al, 1998).
Nous allons maintenant préciser dans la section suivante les critères de qualité des
échelles de mesure, laquelle est vérifiée par les tests de la fiabilité et de validité.
a. La fiabilité
situent entre 0,50 et 0,70. Reconnaissant les divergences de la littérature, DeVellis (2003)
considère qu’une valeur inférieure à 0,60 est inacceptable, entre 0,60 et 0,65 est indésirable,
entre 0,65 et 0,70 est acceptable, entre 0,70 et 0,80 est respectable, entre 0,80 et 0,90 est très
satisfaisante, quand elle est supérieure à 0,90, on doit considérer de simplifier cette échelle.
Pour une étude exploratoire, nous acceptons en général des valeurs supérieures à 0,6.
b. La validité
La validité de trait vise à s’assurer « que les indicateurs construits sont une bonne
représentation du phénomène à étudier » (Evrard et al, 1997). Elle est satisfaite lorsque la
validité convergente et la validité discriminante sont satisfaisantes.
validité discriminante suppose que la variance partagée entre les construits est
inférieure à la variance partagée entre les construits et leurs mesures (Fornell et
Larker, 1981). On peut conclure à une validité discriminante par le fait que la valeur
du pvc d’un construit est supérieure aux carrés des corrélations entre ce construit et les
autres. L’autre méthode considère qu’en prenant un modèle sans contrainte de
corrélation entre les différents construits et un modèle où les corrélations entre
construits sont fixées à 1, la validité discriminante est prouvée si la différence entre les
valeurs du chi² de ces deux modèles est significative.
- La validité nomologique concerne la liaison entre les concepts. Il s’agit de savoir si les
relations entre les mesures de différents concepts sont en conformité avec les
prédictions issues de la théorie fondée sur les recherches précédentes. Dans le cas de la
mise en relation du concept avec des comportements, on utilise la notion de validité
prédictive qui permet de déterminer les indices d’adéquation du modèle, ainsi que le
test et la valeur des relations causales liant un construit testé à d’autres.
La méthode des équations structurelles est une pratique courante dans l’évaluation des
indices de validation des échelles. Nous avons retenu cette méthode pour analyser les effets
de causalité dans notre modèle. De nombreux indices permettent d’évaluer la validité, la
qualité et la pertinence d’un modèle de mesure et/ou un modèle structurel. Didellon et
Valette- Florence (1996) conseillent, d’une part, d’utiliser de préférence les indices associés à
un intervalle de confiance et, d’autre part, d’avoir recours à des indicateurs permettant de
comparer l’adéquation de plusieurs modèles entre eux lorsque c’est nécessaire. Les quelques
indices, que nous allons présenter dans le tableau n° 4 ci-dessous, sont ceux qui sont les plus
robustes et les plus capables de juger de la qualité d’un modèle d’équations structurelles. Ce
sont ceux, qui à la date d’aujourd’hui, sont les plus utilisés dans la recherche pour les modèles
structurels à variables latentes.
40
Le principe général de la démarche empirique est de mesurer les liens entre les
variables indépendantes et les variables dépendantes. Les variables explicatives sont dites
variables indépendantes ; les variables à expliquer sont dites variables dépendantes.
42
Dans cette étude, deux catégories de facteurs sont mises à contribution : les facteurs
individuels et les facteurs environnementaux. Les attitudes, la motivation, l’auto-efficacité ou
le sentiment de compétences, le contrôle comportemental, les traits de personnalité, le projet
professionnel et l’intention constituent les différentes variables personnelles. A ces éléments il
faut ajouter l’âge, le sexe, la formation ou l’éducation entrepreneuriale, la catégorie
socioprofessionnelle des parents ou l’environnement familial, l’existence d’un entrepreneur et
l’expérience professionnelle.
Sur le nombre total des répondants de cette étude (N=325), 49,8% d’entre eux sont
dans l’option Gestion Financière ; 26,8% dans l’option Economie Rurale ; 13,2% dans
l’option Economie Publique ; 5,2% dans l’option Comptabilité ; 2,5% dans l’option Gestion
Petites et Moyennes Entreprises ; 2,2% dans l’option Douane et enfin 0,3% dans l’option
Fiscalité. Pour le renseignement en ce qui concerne le métier du père, 27,1% des répondants
déclarent qu’ils ont un père fonctionnaire ; 18,8% déclarent avoir un père salarié d’une
entreprise privée ; 19,1% un père indépendant ; 15,4% ont un père dirigeant ou gérant
d’entreprise ; 14,2% dont les pères exercent une activité libérale ; 0,9% sans activité
professionnelle ; 2,8% ont un père retraité et enfin 1,8% estiment avoir un père qui exerce un
métier qui n’a été pris en considération dans le questionnaire.
45
Pour ce qui du métier de la mère, 27,4% estiment avoir une mère indépendante ;
18,2% estiment avoir une mère dans l’administration publique ; 17,2% ont une mère qui
travaille dans une entreprise privée ; 15,4% ont une mère qui exerce une activité libérale ;
12% déclarent avoir une mère sans activité professionnelle ; 5,8% ont une mère dirigeant ou
gérant d’entreprise ; 4% estiment avoir une mère qui exerce un métier autre que ceux
mentionnés dans le questionnaire.
Dans la première étape de nos analyses, nous avons procédé à l’analyse exploratoire
de données avec pour objectif principal de faire ressortir le nombre optimal des principales
dimensions de l’échelle de mesure. A l’aide du logiciel SPSS version 21 nous avons opté pour
la méthode d’analyse en composantes principales avec rotation varimax comme méthode
d’extraction, ce qui nous a permis de réduire le nombre de variables en rendant l’information
plus claire. Précisons que compte tenu que nous cherchions à identifier les facteurs qui soient
indépendants les uns des autres, l’utilisation d’une rotation orthogonale, telle la méthode
varimax était de plus appropriée puisque cette méthode préserve l’indépendance des facteurs.
Cette méthode de rotation a été utilisée avec la normalisation de Kaiser. Ainsi, l’analyse
factorielle exploratoire effectuée a fourni les résultats ci-après :
La mesure de Kaiser, Meyer et Olkin (KMO), le test de sphéricité de Barlett ainsi que
les résultats sur la significativité globale de la matrice de corrélations inter items prouvent de
la validité de nos données et permettent ainsi de vérifier la capacité de ces dernières à être
factorisées. Ces indices sont présentés dans le tableau suivant :
47
Deuxièmement, nous avons effectué une élimination des items dont la communauté
était inférieure à 0,50. L’analyse de communautés que nous avons menée a abouti à
l’élimination de 13 items. Nous avons également appliqué les critères relatifs à la valeur
propre (Eigen values > 1), au coefficient structurel (,35), celui relatif à la variance totale
expliquée (> 60) ainsi que celui relatif à l’observation de la courbe de Cattell en vue de
sélectionner les items et les dimensions devant constituer la structure finale de notre échelle.
Ces critères nous ont permis d’identifier la structure finale proposée par notre analyse
exploratoire, cette dernière se veut composée de huit facteurs et de 43 items. Ces derniers
permettent d’expliquer 62,689% de la variance totale. Précisons qu’à partir de ces
éliminations, aucune dimension n’a été supprimée de la base de données.
En effet, la structure finale de notre échelle montre qu’elle respecte tous les critères
nécessaires à la purification de l’échelle de mesure. Tous les items retenus présentent des
fortes corrélations entre eux et sont fortement corrélés à un seul et unique facteur avec des
poids factoriels > 0,5. Toutes les valeurs de la qualité de représentation et/ou communautés
sont > 0,50. Toutes les valeurs propres sont > 1. En observant le graphique des valeurs
propres, nous avons été amenés à retenir également huit dimensions. Selon cette approche, le
nombre de facteurs est déterminé en observant la courbe de Cattell et ne retenir que les
facteurs qui viennent avant le point d’inflexion. Les huit dimensions retenues permettent
d’expliquer 62,689% de la variance totale expliquée, ce qui est supérieur à la norme (> 60%).
A l’égard de tous ces critères nous pouvons conclure que l’échelle de mesure obtenue
mesure convenablement l’intention entrepreneuriale dans le contexte universitaire. Nous
pouvons ainsi nommer et classer les dimensions selon leur contribution à la variance totale
expliquée. Les résultats de l’analyse factorielle exploratoire montrent que la dimension
« Attitudes Entrepreneuriales » (AE) constitue la dimension la plus importante avec une
contribution de 12,662% à l’explication de la variance totale suivie en deuxième place de la
dimension « Normes Subjectives » (NS) avec un apport de 9,380% à la variance totale. La
48
Les valeurs propres qui nous ont permis de retenir les huit dimensions ont varié dans
les proportions allant de 1,602 à 6,078 dans l’ordre suivant : la dimension « Attitudes
Entrepreneuriales » avec 6,078 ; la dimension « Normes Subjectives » avec 4,503 ; la
dimension « Contrôle Comportemental Perçu » avec 3,932 ; la dimension « Education
Entrepreneuriale » avec 3,149 ; la dimension « Business Plan » avec 2,764 ; la dimension
« Auto-efficacité Entrepreneuriale » avec 2,449 ; la dimension « Motivations
Entrepreneuriales » avec 1,995 et la dimension « Traits de Personnalité » avec 1,602.
49
Var M E-T 1 2 3 4 5 6 7 8 9
IE 3,6949 ,92988 1
TP 2,5715 1,03193 -,060 ,050 -,046 ,004 ,216** ,124* -,009 -,062 1
Les résultats présentés dans le tableau ci-dessus indiquent que la corrélation entre les
attitudes entrepreneuriales et l’intention entrepreneuriale est de 0,571 au seuil de
significativité de 0,000 < 0,01. Ces résultats impliquent que les étudiants trouvent la carrière
entrepreneuriale intéressante. Ces résultats corroborent l’hypothèse selon laquelle il existe une
50
forte relation entre les attitudes envers le comportement et l’intention entrepreneuriale. Les
étudiants dont les attitudes entrepreneuriales sont fortes ont une intention entrepreneuriale
élevée. Le tableau fait également observer une relation positive et significative avec un
coefficient de 0,128 entre les normes subjectives et l’intention entrepreneuriale. Cependant,
les résultats font remarquer des relations négatives entre le contrôle comportemental perçu et
l’intention entrepreneuriale et, entre l’éducation entrepreneuriale et l’intention
entrepreneuriale avec des coefficients respectifs de -0,045 et -0,019. Le projet d’affaire
présente à son tour une relation positive avec l’intention entrepreneuriale avec un coefficient
de 0,167 significatif au seuil de 0,001. L’auto-efficacité présente également une relation
positive avec l’intention entrepreneuriale avec un coefficient de 0,172 significatif au seuil
critique de 0,001. La relation entre motivation entrepreneuriale et l’intention entrepreneuriale
s’est présentée positive avec un coefficient de 0,087 et en fin, les traits de personnalité ont
présentés une relation négative avec l’intention entrepreneuriale avec un coefficient de -0,060.
Cependant comme le note Rakotomalala (2011), la corrélation n’est pas causalité a-t-on
coutume de dire : ce n’est pas parce que deux variables varient de manière concomitante, dans
le même sens ou en sens opposé, qu’il faut y voir forcément une relation de cause à effet.
Parfois, la corrélation peut être totalement fortuite, il s’agit simplement d’un artefact
statistique auquel on ne peut donner aucune interprétation valable. L’idée de la corrélation
partielle justement est de mesurer le degré de liaison entre deux variables en neutralisant (en
contrôlant) les effets d’une troisième variable. Field (2005) surenchérit en soulignant :
correlations can be a very useful tool but they tell us nothing about the predictive power of
variables. Cette limite que présentent les analyses de corrélations pour prédire les relations
existantes entre les variables étudiées nous amène à aborder dans les sections suivantes la
question relative à l’analyse des équations structurelles et des régressions multiples.
51
Rappelons que les principaux types d’indicateurs retenus pour l’analyse sont les
suivants :
- Les indices absolus qui mesurent l’ajustement du modèle global ou plus précisément,
mesurant l’adéquation entre le modèle théorique proposé et les données collectées ;
- Les indices incrémentaux qui évaluent la différence d’ajustement entre le modèle
théorique et un modèle indépendant qui postule l’absence des corrélations entre
variables ;
- En fin, les indices de parcimonie qui mesurent la part de la variance des données qui
n’est pas prise en compte dans le modèle.
Ces indices sont ceux qui sont les plus robustes et les plus capables de juger de la
qualité d’un modèle d’équations structurelles. Ce sont ceux qui, à la date d’aujourd’hui, sont
les pus utilisés dans la recherche pour les modèles structurels à variables latentes par analyse
d’autres indices capables d’évaluer la qualité d’ajustement global du modèle mais qui ne sont
pas couramment utilisés dans la recherche pour les modèles structurels à variables latentes.
Sur ce graphique, les relations structurelles entre les différentes variables manifestes
représentent les corrélations entre elles et les relations structurelles entre les variables
manifestes et la variable latente représente les poids de régressions standardisés. Selon les
valeurs des coefficients structurels standardisés issus du modèle structurel, les résultats
indiquent que les attitudes des étudiants vis-à-vis de l’entrepreneuriat sont favorables avec un
coefficient structurel de 0,66. La contribution des normes subjectives à l’explication de
l’intention entrepreneuriale n’est pas aussi négligeable avec un coefficient faible de 0,7. Le
contrôle comportemental perçu des étudiants présente un coefficient positif de 0,9. Les
dimensions éducation entrepreneuriale, business plan, auto-efficacité, motivation et traits de
personnalité ont présenté des relations positives directes avec respectivement des coefficients
structurels faibles de 0,2 ; 14 ; 14 ; 0,9 et 0,6.
Nous avons ensuite vérifié la signification statistique du modèle à travers les valeurs
de R2. Le R² est le coefficient de détermination (de même que celui des régressions linéaires
multiples) et mesure la qualité du modèle interne. Il est calculé pour chaque variable
endogène, en fonction des variables latentes explicatives et permet d’évaluer le pouvoir
prédictif du modèle. Selon ce critère, nous avons remarqué que toutes les valeurs de R2 se
sont avérées acceptables en respectant la limite de 0,10, minimum suggéré par Santosa et al,
(2005), à l’exception de la dimension traits de personnalité qui présente un R2 de 0,06 < 0,10.
Les valeurs de R2 varient dans l’ordre allant de 0,06 à 0,92. La valeur la plus forte de R 2 est
celle de la dimension Attitudes Entrepreneuriales avec 0,92 ce qui indique que 92% de
l’Intention Entrepreneuriale peut être expliquée par cette variable. La seconde est la
dimension Education Entrepreneuriale avec 0,88 ce qui explique 88% de la variation de
l’Intention Entrepreneuriale suivie de la dimension Contrôle Comportemental Perçu avec
0,86. La dimension Business Plan présente également un R2 avec une valeur de 0,82 ce qui
permet d’expliquer 82% de la variation de l’Intention entrepreneuriale. Les dimensions
Motivations Entrepreneuriales, Normes Subjectives et Auto-efficacité Entrepreneuriale
viennent après avec des valeurs de R2 respectives de 0,72 ; 0,71 et 0,60 ce qui permet
d’expliquer respectivement 72%, 71% et 60% de la variation de l’Intention Entrepreneuriale.
Nous avons également vérifié la qualité d’ajustement structurel de notre modèle. Les
résultats des principaux indicateurs présentés dans le tableau ci-dessous indiquent que le
modèle s’ajuste correctement aux données.
54
149,50 14 0,534 0,847 0,077 0,988 0,944 0,999 0,007 0,925 0,969
Le tableau ci-haut présenté renseigne sur la robustesse liée aux ajustements de notre
modèle structurel. Premièrement, le test du chi-carré qui calcule la déviation entre
l’estimation à partir du modèle et la covariance réelle avec une unité de déviation standard, a
fourni un coefficient acceptable de 149,504 se situant sur l’intervalle ] -∞, ∞[. Le second test
qui a consisté en l’analyse de chi-carré de Satorra-Bentler s’est avéré également bon avec une
P-valeur de 0,534 > 0,05 et se trouvant sur l’intervalle ] 0, ∞[. Le test de chi-carré/degré de
liberté a présenté un coefficient de 0,847 qui s’avère aussi suffisant pour justifier la qualité du
modèle structurel ; Le RMR a fourni un coefficient de 0,077 0,10 ; le GFI qui donne la
proportion d’information expliquée par la matrice a présenté un coefficient de 0,988 0,90 se
trouvant sur l’intervalle [0, 1] ; pour l’AGFI qui mesure la proportion de l’information
(ajustée aux degrés de liberté) dans la matrice de covariance d’échantillon qui est expliquée
par le modèle a fourni un coefficient de 0,944 0,90 se situant sur l’intervalle [0, 1] et très
proche du GFI. Le CFI qui compare le modèle étudié au modèle d’indépendance complète a
présenté un coefficient de 0,999 0,90 ; le RMSEA qui mesure la racine carrée de la
déviation moyenne de la statistique du chi-carré de sa valeur prévue par le degré de liberté a
fourni à son tour un coefficient de 0,007 0,05 se trouvant sur l’intervalle [0, ∞[. Cet indice
est l’un des plus utilisés, il a été développé par Steiger et Lind (1980) et amélioré par Browne
et Cudeck (1993) et Steiger (2000). Le NFI a fourni un coefficient de 0,925 0,90. Le TLI
aussi appelé indice de Tucker-Lewis, NNFI, NNIFI, … qui mesure l’augmentation de la
qualité d’ajustement lorsqu’on passe du modèle de référence (null model) au modèle étudié, a
présenté un coefficient de 0,969 0,95. En analysant les coefficients de ces différents
indicateurs présentés par rapport à leur seuil critique fixé, nous pouvons alors conclure de
l’acceptation de notre modèle structurel.
suffisants pour justifier la robustesse de notre modèle global. Ces derniers sont présentés dans
le tableau n° 10 suivant :
PGF RFI IFI PRATI PNF PCFI NCP AIC BCC BIC ECV
I O I I
0,98 0,93 0,91 0,389 0,83 0,82 135,50 211,50 213,47 328,80 0,65
6 8 5 9 1 4 2 9 3 3
Les résultats présentés dans ce tableau indiquent également que le modèle s’ajuste
correctement aux données utilisées avec des indicateurs d’ajustement structurel d’une qualité
supérieure (PGFI = 0,986 ; RFI = 0,938 ; IFI = 0,915 ; PNFI = 0,839 > 0,60 ; PCFI = 0,821).
Conjointement, les principaux résultats générés par l’analyse des régressions sont
présentés dans les tableaux n° 11 ci-dessous :
Le tableau montre que le R-deux pour ce modèle est de 0,754, ce qui signifie que
75,4% de la variation de la variable dépendante (Intention entrepreneuriale) peut être
expliquée par les variables indépendantes (Attitudes Entrepreneuriales, Normes Subjectives,
Contrôle Comportemental Perçu, Education Entrepreneuriale, Business Plan, Auto-efficacité
Entrepreneuriale, Motivation Entrepreneuriale et Traits de Personnalité).
IE=3,994+0,588AE+0,203NS+0,322CCP+0,089EE+0,073BP+0,030AEE+0,101ME+0,024T
P
Personnalité pour lequel le niveau de significativité est supérieur au seuil critique fixé soit
0,05.
Les discussions que nous allons mener dans ce paragraphe portent sur les résultats des
analyses précédentes. En effet, nous avons respecté plusieurs étapes au cours de nos analyses.
La toute première étape de nos analyses a consisté à vérifier la dimensionnalité de nos
données. Dans cette partie d’analyse nous avons effectué l’analyse factorielle exploratoire
avec la méthode des analyses en composantes principales, ceci nous a permis de réduire le
modèle d’analyse en composantes principales. Nous nous sommes également assurés de
vérifier la structure et la cohérence interne pour chacune des variables mesurées, à travers
l’analyse de l’indice de KMO et de l’alpha de Cronbach. Globalement ces deux indices se
sont avérés bons car supérieurs à 7. La seconde étape a consisté en l’analyse des corrélations.
Les résultats fournis par cette analyse ont prouvé une variation positive entre les variables
indépendantes et la variable dépendante. Toutefois, les seuils de significativité pour certaines
variables ont paru insignifiants par rapport au niveau critique. La troisième étape fut l’analyse
factorielle confirmatoire à travers la méthode des équations structurelles. Elle a été utilisée
pour déterminer l’unidimensionnalité de l’échelle de mesure et pour examiner la validite
convergente, discriminante et nomologique (Karapete, Yavas et Babakus, 2005). L’échelle
provisoire issue de l’analyse factorielle exploratoire a été soumise a une analyse factorielle
confirmatoire en vue de « vérifier la stabilité de sa structure factorielle en comparant la qualité
d’ajustement entre les données empiriques et données estimées » (Roussel, 1996 cite par
Chauvet, 2003). Les résultats issus de l’analyse factorielle confirmatoire démontrent que
l’échelle composée de 48 items et subdivisée en 9 dimensions est bien ajustée aux données en
fonction des valeurs élevées trouvées à la fois pour les indices d’ajustements, de parcimonie et
de comparaison. Les valeurs de paramètres sont bonnes et permettent donc, pour une étude
exploratoire, de démontrer que les données représentent convenablement la structure
60
Globalement, ces différents résultats montrent que les diplômés universitaires trouvent
la carrière entrepreneuriale comme un bon choix de carrière avec des attitudes positives en
faveur de la création d’entreprise. Toutefois, malgré de fortes intentions de poursuivre une
carrière indépendante, la proportion des diplômés universitaires qui passent à la concrétisation
de leurs intentions est moins élevée. Ce phénomène s’explique statistiquement à travers nos
résultats qui suggèrent un lien insignifiant entre l’intention entrepreneuriale et d’autres
facteurs qui influencent son passage à l’action. Questionnés pour l’enquête, des experts en
entrepreneuriat et des créateurs actifs dans la ville de Bukavu estiment que les normes
subjectives, l’accès au financement, l’ouverture des marchés, l’enseignement et la formation
en entrepreneuriat, ne sont pas optimaux pour soutenir l’entrepreneuriat. Ils soulignent qu’il
faudrait améliorer particulièrement le soutien au démarrage de création des diplômés
universitaires ainsi que tous les jeunes porteurs de projet de création et les accompagner
progressivement jusqu’à l’établissement des entreprises pérennes. Ils ont également
mentionné l’intérêt d’améliorer les aptitudes et capacités de tous les citoyens congolais à
démarrer une entreprise. Par contre, ces mêmes experts pensent que globalement, les
programmes ainsi que les politiques gouvernementales sont plutôt favorables à
l’entrepreneuriat. Ils évaluent positivement l’aide à la création apportée par les institutions de
micro finance, la sensibilisation à l’entrepreneuriat chez les jeunes et le soutien aux
entreprises à fort potentiel de croissance. Statistiquement, nous avons observé qu’il n’ya pas
d’effet causal direct entre l’intention entrepreneuriale et le contrôle comportemental perçu, ce
qui nous amène à dire que le contrôle comportemental perçu affecte directement l’intention
entrepreneuriale. Des efforts devraient être menés pour améliorer les perceptions du contrôle
comportemental des jeunes diplômés car celles-ci sont liées à l’intention de créer et au
passage à l’action. Cette amélioration peut s’effectuer par la mise en contact des étudiants
61
universitaires avec des entrepreneurs de l’entourage qui ont réussi, ou par des actions de
formation et d’éducation.
Egalement, suite aux analyses effectuées, nous n’avons pas pu constater de relation
significative entre les variables liées à l’individu telles que l’âge, le sexe et celles liées à son
environnement familial avec l’intention d’entreprendre. L’effet de ces variables sur l’intention
entrepreneuriale et la mesure dans laquelle elles influent sur le passage à l’action peuvent
faire l’objet de recherches futures.
Cependant, empiriquement cette étude apporte une évidence soutenue que les attitudes
entrepreneuriales, les normes subjectives, le contrôle comportemental perçu, l’éducation
entrepreneuriale, le business plan, l’auto-efficacité, les motivations entrepreneuriales et les
traits de personnalité expliquent largement la variation de l’intention entrepreneuriale. Les
résultats de cette étude concordent avec ceux d’autres études déjà effectuées dans ce domaine.
Pour faire un lien avec les résultats de ces études, nous serons plus recentrés sur nos
hypothèses de recherche dans la discussion des implications de nos résultats. Notons que
certains de nos résultats auront le même sens que ceux des études retenues et d’autre par
contre diffèrent totalement. Ce phénomène s’explique empiriquement par le fait que
l’environnement dans lequel évolue l’individu i.e. sa région ou son pays et son niveau de
développement influent beaucoup sur sa perception de la carrière indépendante. Les études en
question ont été effectuées dans différents pays avec de différents niveaux de développement,
ils peuvent être en développement ou non, en émergence ou pas et développés ou pas.
H1 : les attitudes envers le comportement entrepreneurial ont une relation directe avec
l’intention entrepreneuriale.
H0 : les attitudes envers le comportement entrepreneurial n’ont pas une relation directe avec
l’intention entrepreneuriale.
62
Nous regardons ici la perception qu’un individu se fait quant au degré auquel son
entourage approuve ou désapprouve sa décision de devenir entrepreneur c’est-à-dire ce que
les gens importants pour lui pensent de sa réalisation.
H1 : les normes subjectives ont une relation directe avec l’intention entrepreneuriale
H0 : les normes indirectes ont une relation n’ont pas une relation directe avec l’intention
entrepreneuriale.
Les résultats montrent une relation positive directe et significative entre les normes
subjectives et l’intention entrepreneuriale. A un seuil de significativité de 0,000 < 0,01, les
résultats indiquent un coefficient de régression de 0,203 ; ce qui signifie une relation positive
et significative entre ces deux variables. Ces résultats sont suffisants pour décider du rejet ou
de l’acceptabilité de l’hypothèse. Ainsi, nous avons été amenés à rejeter l’hypothèse H0 au
63
profit de H1 qui stipule que les normes subjectives ont une relation directe et significative
avec l’intention entrepreneuriale. Ces résultats sont conformes à ceux trouvés par Lee Wei Ni
et al, 2012 et sont également soutenus par Reitan (1997) ; Krueger et al. (2000) ; Autio et al.
(2001) ; Liñán and Chen (2009), dans une étude menée auprès des étudiants universitaires
dans quatre pays différents et qui indiquent un lien positif entre les normes subjectives et
l’intention entrepreneuriale. Cependant, la significativité des normes subjectives est liée au
changement de l’environnement social des individus. La famille, les amis et les compagnons
devraient influencer positivement les individus dans la prise de décision. A cet effet, un fort
soutien social renforcera le désir de créer une entreprise des diplômés universitaires.
Il a été question ici d’évaluer la perception des individus sur la facilité ou la difficulté
dans la réalisation d’un comportement sous l’hypothèse selon laquelle :
l’intention entrepreneuriale. Dans notre cas, ce phénomène s’explique par les difficultés que
les créateurs éprouvent pour accéder au crédit des institutions financières, les tracasseries
administratives et fiscales liées à la création, le manque d’accompagnement et le manque de
soutien de l’environnent social. Malgré les compétences nécessaires acquises pour gérer
l’entreprise, l’environnement institutionnel, l’accès aux sources de financement,
l’accompagnement et l’ouverture des marchés seraient nécessaires pour faciliter la création
d’entreprise par les jeunes. Questionnés à ce sujet, les entrepreneurs en activité soulignent que
les facteurs qui freinent la création d’entreprises sont particulièrement liés à l’environnement
institutionnel, aux institutions financières et aux institutions d’accompagnement. Ils suggèrent
la réduction des taxes et des frais connexes à l’établissement d’entreprises, faciliter l’accès
aux sources de financement à des taux d’intérêts modérés, mettre en place des institutions
d’accompagnement pour les porteurs de projets et les créateurs potentiels. Si le contrôle
comportement perçu est élevé, il influencerait positivement les motivations entrepreneuriales
ensuite l’intention entrepreneuriale et par conséquent la création des entreprises pérennes.
Il consistait ici de décrire les aptitudes entrepreneuriales que les étudiants acquièrent
avec les programmes et les formations de spécialisation ou d’accompagnement en
entrepreneuriat ou en création d’entreprise sous l’hypothèse suivante :
Les résultats fournis par les analyses de corrélations indiquent une relation négative
avec une corrélation de -0,019 entre l’éducation entrepreneuriale et l’intention
entrepreneuriale au seuil de significativité supérieur à 0,05. Néanmoins, en analysant le
modèle par la technique des équations structurelles et des régressions linéaires multiples,
l’éducation entrepreneuriale affiche une relation positive et significative avec l’intention
entrepreneuriale avec un coefficient de régression de 0,089 au seuil de 0,003. Ces résultats
embrassent encore une fois ceux trouvés par Lee Wei Ni et al, 2012 ; Keong, 2008 ; Saleh,
2011 ; Tounés, 2003 ; Mouloungui, 2012 et Wang, 2012 et qui stipulent une relation positive
65
Nous cherchions à analyser ici dans quelle mesure l’existence d’une idée ou d’un
projet d’affaire influerait sur l’intention entrepreneuriale des diplômés universitaires sous
l’hypothèse que :
H1 : L’existence d’une idée ou d’un projet d’entreprise plus ou moins formalisé influence
positivement l’intention entrepreneuriale des étudiants.
H0 : L’existence d’une idée ou d’un projet d’entreprise plus ou moins formalisé n’influence
pas positivement l’intention entrepreneuriale des étudiants.
Selon les résultats des analyses de régressions, l’existence d’une idée ou d’un business
plan influe dans une proportion de 0,073 sur l’intention entrepreneuriale des diplômés
universitaires au seuil de significativité de 0,014 < 0,05. Ces résultats rencontrent ceux de
l’étude Tounés, 2003 qui décrit le lien positif et significatif qui existe entre l’idée ou le projet
d’entreprise et l’intention entrepreneuriale. Les résultats de Tounés, 2003 soulignent que
66
l’existence d’une idée ou d’un projet et la recherche d’informations en vue de les formaliser et
éventuellement de les concrétiser sont les facteurs qui contribuent le plus à l’explication et à
la prédiction de l’intention entrepreneuriale. Ils expriment un réel engagement des étudiants
dans le processus entrepreneurial amont. La significativité statistique de ces résultats est
suffisante pour conclure de sa validité. Empiriquement, sont peu nombreux les étudiants qui
ont un projet d’affaire formalisé. Ainsi, pour motiver les étudiants à formaliser leurs projets
d’affaire les universités doivent jouer un rôle décisif en instaurant des concours meilleur
projet d’affaire en leur sein. Notons que le projet aide les individus à se projeter dans le futur.
Il agit comme un filtre au travers duquel la relation à l’environnement est perçue, interprétée
et vécue par les individus. Le projet d’affaire concrétise la vision de l’entrepreneur. A l’égard
de ces résultats nous avons rejeté l’hypothèse H0 au profit de H1 et conclure que l’existence
d’une idée ou d’un projet d’entreprise plus ou moins formalisé influence positivement et
significativement l’intention entrepreneuriale des étudiants.
Nous essayons de décrire ici le désir des diplômés universitaires d’atteindre un but
précis et particulièrement celui de poursuivre une carrière entrepreneuriale sous l’hypothèse
selon laquelle :
Nous voulions mesurer ici, à travers une auto-évaluation, l’impact des caractéristiques
personnelles de répondants sur l’intention d’entreprendre de ces derniers sous l’hypothèse
que :
H1 : Les traits de personnalité ont une relation directe avec l’intention entrepreneuriale.
H0 : Les traits de personnalité n’ont de relation directe avec l’intention entrepreneuriale.
68
Les traits de personnalité ont paru peu significatifs avec un coefficient de corrélation
négatif de -0,60 à un seuil supérieur à 0,05. Les techniques des équations structurelles et des
régressions linéaires multiples ont prouvé des résultats contraires avec un coefficient de
régression de 0,024 au seuil de significativité de 0,424. Ces résultats sont en concordance
avec ceux des études précédentes (Zain et al, 2010 ; Costa & McCrae, 1984 ; Singh &
DeNoble, 2003 ; Taramisi Sama-Ae, 2009 ; Tong et al, 2011 ; Lee Wei Ni et al, 2012) qui
postulent une relation positive et significative entre les traits de personnalité et l’intention
entrepreneuriale. Ces résultats nous font remarquer que les étudiants qui développent
certaines caractéristiques comme la créativité, la prise de risque, relever le défis, le
dynamisme, etc. présentent des intentions fortes en faveur de l’entrepreneuriat.
Hypothèses
Décision
Les attitudes envers le comportement entrepreneurial sont en
H1 relation avec l’intention entrepreneuriale. Validée
Les normes subjectives sont en relation avec l’intention
H2 entrepreneuriale. Validée
Le contrôle comportemental perçu est en relation avec
H3 l’intention entrepreneuriale. Validée
Les programmes d’enseignement en entrepreneuriat et les
opinions influencent positivement l’intention d’entreprendre des
H4 Validée
étudiants.
L’existence d’une idée ou d’un projet d’entreprise plus ou
H5 moins formalisé influence positivement l’intention Validée
entrepreneuriale des étudiants.
69
Les résultats de cette recherche et les hypothèses ci-haut montrent que les institutions
académiques sont appelées à jouer un rôle de plus en plus actif, notamment en offrant
formation et support à leurs étudiants de façon à rendre la carrière entrepreneuriale plus
accessible. Les institutions gouvernementales de leur part sont appelées à renforcer les
capacités des institutions d’enseignement pour instaurer les cours d’entrepreneuriat à tous les
niveaux de scolarité et offrir un environnement favorable au développement de la culture
entrepreneuriale chez les étudiants ainsi que les conditions facilitantes à la création
d’entreprise. D’autre part les institutions gouvernementales sont appelées à instaurer des
programmes et politiques de sensibilisation des jeunes à l’égard de l’entrepreneuriat à travers
la création des institutions d’accompagnement et de renforcement de capacités de créateurs
d’entreprises et des porteurs de projets. Les institutions financières trouvent également
l’accomplissement de leur mission financière et sociale ici en rendant accessibles les crédits
pour le financement de PME nouvellement crées.
L’échantillon de cette étude a été très discriminatoire et son terrain de recherche était
également très réduit. Par conséquent, conclure de la représentativité des opinions de tous les
étudiants à partir de ses résultats serait difficile. Pour ces raisons, nous relevons quelques
limites qui ont été repérées pendant la réalisation de cette recherche lesquelles pouvant fournir
des pistes éventuelles pour de futures recherches.
En effet, dans cette étude nous nous sommes limités seulement à étudier l’intention
entrepreneuriale des étudiants finalistes suivant de facultés des sciences économiques et de
70
gestion de trois universités et une institution supérieure de la ville de Bukavu. Vu, qu’à travers
l’étude de l’intention entrepreneuriale les chercheurs et les hommes politiques peuvent
facilement identifier les activités entrepreneuriales dans un pays ou dans une région donnée
et vu son importance dans un pays qui souhaite relancer son économie à travers ses citoyens,
une étude qui prendrait en considération tous les établissements académiques de la ville de
Bukavu, de la province du Sud-Kivu voire même de toute la République serait plus
significative afin de faire ressortir le rôle des activités entrepreneuriales dans le
développement de l’économie de la province du Sud-Kivu en particulier et de la République
Démocratique du Congo en général.
Deuxièmement, cette étude est purement longitudinale. Nous nous sommes limités à
identifier les variables pouvant influencer le développement de l’intention entrepreneuriale et
son passage à l’action mais nous n’avons pas pris en compte les différences entre les individus
de la population étudiée, ce qui ferait une étude comparative intéressante. Toutefois, il a été
démontré que les facteurs qui influencent l’intention entrepreneuriale des individus de se
partir en affaire diffèrent selon l’appartenance ethnique, en somme des facteurs socioculturels.
Les facteurs liés à l’individu comme l’âge et également le sexe influencent aussi
significativement les perceptions des individus vis-à-vis de la carrière indépendante. Ainsi,
une étude comparative qui prendrait en compte les différences entre les individus donnerait
des résultats très intéressants.
En plus, une autre limite est liée aux enquêtés. Les gens ne disent pas souvent ce qu’ils
pensent réellement par peur d’être jugés. Ce qui fait que les niveaux d’appréciation d’un seul
individu sont très divergents et créent ainsi des problèmes d’incohérence.
Conclusion générale
Ce travail intitulé « L’intention entrepreneuriale de finalistes des universités publiques
et privées à Bukavu » s’est assigné comme objectif de répondre à la question générale
suivante :
71
Le premier chapitre qui portait sur la revue de la littérature a analysé les concepts liés
à l’intention entrepreneuriale sous les modèles théoriques d’Ajzen et de Shapero. Ces deux
théories empruntées respectivement de la psychologie sociale et de l’économie mettent en
évidence les facteurs liés à l’individu et à l’environnement comme générateurs de l’intention
entrepreneuriale. En plus, nous avons évoqué d’autres facteurs susceptibles d’influencer
l’intention entrepreneuriale mais qui ne sont pas pris en compte dans ces modèles théoriques.
Après avoir mis en exergue les différents concepts liés à l’intention entrepreneuriale, nous
avons ensuite adapté un modèle d’intention à notre contexte d’étude pour ainsi énoncer les
hypothèses de recherche. Nous avons présenté également dans la dernière section le
développement de l’entrepreneuriat des jeunes dans le contexte de la ville de Bukavu.
Enfin, le troisième chapitre a présenté et interprété les résultats issus des analyses
économétriques. Premièrement, les analyses descriptives effectuées font ressortir que notre
population estudiantine est constituée des hommes qui représentent 58,2% de la population et
des femmes qui en représentent 41,8% avec un âge moyen qui varie entre 23 et plus de 25
72
ans. Les caractéristiques principales des étudiants prouvent que ces derniers suivent des
facultés de sciences économiques et sciences de gestion dans les établissements académiques
de la ville de Bukavu dont l’UCB, l’UEA, l’UOB et l’ISC. Deuxièmement, les analyses
factorielles exploratoires effectuées sous SPSS 21 prouvent de la factorabilité de nos items et
de la fiabilité de notre échelle de mesure avec un indice de KMO de 0,792 et un alpha de
Cronbach global de 0,807. La fiabilité interne de notre échelle s’est également avérée bonne
avec des indices d’alpha de Cronbach variant entre 0,821 et 0,897. La structure finale de notre
solution factorielle présente 43 items répartis entre 8 composantes, ce qui permet d’expliquer
62,689% de la variance totale. Troisièmement, les résultats issus des corrélations, des
équations structurelles et des régressions multiples ont aboutit aux conclusions selon
lesquelles les attitudes envers le comportement entrepreneurial, les normes subjectives et le
contrôle comportemental perçu combinés avec l’éducation entrepreneuriale, l’existence d’un
projet d’affaire, l’auto-efficacité, la motivation et les traits de personnalité influencent
positivement l’intention entrepreneuriale des diplômés universitaires. Cependant, des efforts
sont à consentir dans le chef des établissements académiques pour offrir éducation, formation
et soutien aux étudiants dans le but de susciter les attitudes de ces derniers envers la carrière
entrepreneuriale.
73
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74
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42. RDC (2004), Charte des Petites, Moyennes Entreprises et Artisanat en République
Démocratique du Congo, Kinshasa.
43. RDC, Plan quinquennal de croissance et de l’emploi 2011 – 2015/Province du Sud-
Kivu.
76
ANNEXES
78
Guide d’entretien
I. Interview auprès des étudiants dans le cadre d’une recherche scientifique
1. Quelle carrière professionnelle envisagez-vous de poursuivre à la fin de vos études ?
2. Les enseignements que vous avez suivis au cours de votre formation académique ont
eu une influence sur votre choix de carrière professionnelle ?
3. Quelles expériences ou rencontres, scolaires ou extrascolaires, vous ont inspiré et vous
ont aidé à orienter votre choix de carrière ?
4. Comment vous situez-vous par rapport à la création d’entreprise comme choix de
carrière ?
5. Selon vous quels sont les facteurs qui vous influencerez de créer votre propre
entreprise ?
6. Selon vous quels sont les facteurs qui freinent la création d’entreprises par les jeunes
dans la ville de Bukavu ?
7. Connaissez-vous une institution qui accompagne les jeunes entrepreneurs dans la ville
de Bukavu ?
8. Suivant votre formation, qu’attendez-vous par le concept « intention
entrepreneuriale »
9. Quels peuvent être, selon vous, les facteurs qui influencent l’intention entrepreneuriale
des étudiants
3. Selon votre expérience, quelles sont les stratégies qui stimuleraient les jeunes à la
création d’entreprise ?
4. Dans votre division, avez-vous une branche qui s’intéresse à l’accompagnement des
entrepreneurs actifs et des porteurs de projets ?
5. Comment entendez-vous les termes « intention entrepreneuriale »
6. Quels facteurs, croyez-vous, sont susceptibles d’influencer l’intention entrepreneuriale
des jeunes dans la ville de Bukavu
QUESTIONNAIRE D’ENQUETE
Cette recherche porte sur l’analyse des facteurs qui influencent votre choix de carrière.
Son but est de comprendre le lien entre votre formation et votre projet professionnel. La
qualité et la précision de vos réponses en assureront la réussite. Les informations fournies,
ainsi que toutes vos réponses à ce questionnaire, seront gardées strictement confidentielles. Il
n’y a ni bonnes ni mauvaises réponses. Nous nous intéressons à ce que vous pensez vraiment.
Veuillez donc répondre librement à toutes les questions.
7. Une ou plusieurs personnes de votre famille et/ou de votre entourage proche ont créé
et/ou ont dirigé une entreprise.
Oui Non
8. Etes-vous et/ou avez-vous été membre d’une association, une organisation ou une
entreprise à l’université ou à l’extérieur de l’université ?
Oui Non
Veuillez répondre à toutes ces questions en considérant 1 comme pas du tout d’accord, 2
comme plutôt pas d’accord, 3 comme plutôt d’accord, 4 comme d’accord et 5 comme tout à
fait d’accord. Il n’y a ni bonnes ni mauvaises réponses. Nous nous intéressons à ce que vous
pensez vraiment. Veuillez donc répondre librement à toutes les questions.
Intention entrepreneuriale 1 2 3 4 5
1 J’ai l’intention de créer ma propre entreprise
2 Mon but professionnel est de devenir entrepreneur
3 L’idée de créer ma propre entreprise me semble attractive
4 L’idée de créer ma propre entreprise me semble réalisable
Je mobiliserai toutes mes énergies pour concrétiser mon
5
idée
Attitudes 1 2 3 4 5
La carrière d’entrepreneur me procurera la sécurité
6
d’emploi
Je préfère être mon propre chef que d’être chef dans une
7
organisation existante
La carrière d’entrepreneur me procurera beaucoup de
8
satisfaction
9 Le statut de créateur d’entreprise garantira ma position
83
financière
Etant entrepreneur, je créerai des emplois pour les
10
chômeurs et/ou étudiants finalistes
11 Je serai utile à ma collectivité
Je prendrai beaucoup de risques pour atteindre mes
12
objectifs
Je participerai de A à Z au projet de création de mon
13
entreprise
Je saurai détecter les opportunités offertes par mon
14
environnement
Je mettrai en œuvre de la créativité (innovation) pour me
15
distinguer des concurrents
Normes subjectives 1 2 3 4 5
Mon environnement familial est favorable et incitatif à la
16
création d’entreprise
Les personnes que je considère importantes
17
m’encourageraient si je choisis la carrière d’indépendant
18 Mes amis trouvent la carrière entrepreneuriale intéressante
Mes parents considèrent que je devrais poursuivre une
19
carrière d’entrepreneur
Le milieu universitaire dans lequel j’évolue soutient les
20
nouvelles initiatives
Mon université accompagne les étudiants qui souhaitent
21
créer une entreprise
22 La ville dans laquelle je vis soutient ses entrepreneurs
Education entrepreneuriale 1 2 3 4 5
Le cours d’entrepreneuriat est un sujet important dans mon
33
cursus académique
Je crois que l’enseignement entrepreneurial et les
34 différentes formations en entrepreneuriat aident les
étudiants à développer l’esprit d’entreprise
Les enseignements en entrepreneuriat que j’avais suivis me
35
confèrent des atouts pour devenir entrepreneur
Je pense qu’il est de la mission des universités de former à
36
la création d’entreprises
Je pense qu’il est de la mission des universités
37 d’accompagner les candidats entrepreneurs à la création
d’entreprises
Projet d’entreprise 1 2 3 4 5
Mon instinct d’entrepreneur m’a permis d’élaborer un
38
projet d’entreprise
Mon projet d’entreprise est né après que j’ai suivi les
39 enseignements spécifiques en entrepreneuriat et en création
d’entreprise
Mon projet d’entreprise est né suite à des rencontres avec
40
des entrepreneurs
41 Mon projet d’entreprise est né suite à un emploi, un stage
Mon projet d’entreprise est né en lisant la presse
42
spécialisée
43 Mon projet d’entreprise est né suite à un séjour à l’étranger
Auto-efficacité 1 2 3 4 5
Si je crée mon entreprise, j’aurai beaucoup de contrôle sur
44
son développement
Je sais comment maintenir longtemps une entreprise
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rentable
Je me sens capable de rédiger un business plan efficace
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pour l’entreprise de A à Z
Je connais toutes les étapes nécessaires du processus de
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création d’une entreprise
48 Je me sens capable d’estimer les risques d’un projet
49 Je me sens capable d’anticiper les risques d’un projet
Je sais comment trouver les personnes compétentes pour
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m’aider
Je dispose des compétences nécessaires en matière de
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gestion et de management d’entreprise
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Motivation 1 2 3 4 5
Je consacre actuellement beaucoup de temps à la recherche
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d’informations pour formaliser mon plan d’affaire
53 Je consacre le temps à réviser mes objectifs à atteindre
Je consacre le temps à la recherche d’informations sur la
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création d’entreprise dans ma région
Je consacre le temps à la recherche d’informations sur mon
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marché futur
Je consacre le temps à la recherche d’informations sur les
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produits à commercialiser
Traits de personnalité 1 2 3 4 5
57 Je me sens dynamique
58 je me sens créatif
59 Je me sens ambitieux
60 Je me sens visionnaire
61 J’aime relever les défis
Merci vivement d’avoir participé à cette étude et du temps consacré à remplir ce formulaire.
Pour des amples renseignements, veillez nous contacter au 0997772470.
Modèle global testé
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ANNEXES ...................................................................................................................................................77