Sunteți pe pagina 1din 225

N O R M E S IFRS

International Financial Reporting Standards

Conversion aux IFRS


Une illustration concrète des difficultés
de mise en œuvre
CONVERSION
Conversion
AUXauxIFRS
IFRS

Une illustration concrète


des difficultés de mise en œuvre
AV E RT I S S E M E N T

Avertissement

Cette publication contient nécessairement des informations résumées


qui ont une vocation d’information générale et qui ne peuvent
se substituer à l’exercice du jugement professionnel dans le cadre
d’une transaction particulière.

Cet ouvrage ne recense que les principales incidences, identifiées par


les entreprises participant au projet décrit ci-après, de la mise en œuvre
des normes IFRS*.
Les travaux des groupes de travail réunissant comptables d’entreprise et
associés et managers d’Ernst & Young se sont déroulés de juillet 2001 à
janvier 2003. Ils ont été menés sur la base du corps de normes existant ;
toutefois les évolutions attendues du référentiel IFRS au travers de
l’élaboration ou de la révision de certaines normes par l’IASB** ont été
prises en considération lorsqu’elles étaient connues à la date de
* International Financial Reporting
réalisation de ces travaux.
Standards.
La responsabilité d’Ernst & Young ne pourra être mise en cause en cas
* * International Accounting de dommages occasionnés par toute personne agissant ou s’abstenant
Standards Board. de toute action à la lecture de la présente publication.

2 CONVERSION AU X IFRS
E dEdito
ito
Mise en œuvre des normes
IFRS : quelles incidences
pour les entreprises ?

Dans sa démarche vers une Europe unifiée, l’Union


Européenne s’est toujours efforcée de rechercher
un consensus autour des problématiques politiques,
diplomatiques voire militaires, mais aussi économiques,
financières et comptables. La mise en place d’une monnaie
unique avec l’euro et la construction d’un marché unique
des capitaux sont des éléments majeurs de la construction
de l’Europe économique.

Dans ce cadre, l’adoption par l’Union Européenne


des normes comptables internationales IFRS – tout comme
la création du CESR, nouvel organisme regroupant
les régulateurs des marchés financiers des principaux
pays membres – sont des étapes clés donnant une réalité
à cette volonté politique.
Les entreprises françaises sont très attentives à ce mouvement
et suivent, au sein d’Actéo plus particulièrement,
le développement des normes IFRS. Pour les sociétés
cotées, ce mouvement vers une harmonisation des normes
de reporting financier répond à une attente du marché
pour une information financière plus complète et plus
transparente. Mais, au-delà de l’aspect comptable, l’enjeu
de ce changement de référentiel concerne l’organisation et
l’évaluation des performances de l’ensemble des directions
opérationnelles et fonctionnelles des entreprises.
Les professionnels de la finance et de la comptabilité
dans les entreprises et leurs directions générales vont

3
E D I TO

devoir expliquer et partager, en interne puis en externe,


les enjeux et les opportunités liés à la mise en place
des normes IFRS. Toutes les fonctions de l’entreprise –
Systèmes d’information, Marketing/Ventes, Juridique,
Fiscal, Ressources Humaines, Trésorerie ou encore,
Production ou Recherche et Développement – vont
être sollicitées pour leur mise en place.

Pour que chacun comprenne bien ces enjeux, il faut


disposer d’une interprétation concrète et pratique des
normes IFRS, faisant ressortir les différences notables
entre les normes et les méthodes utilisées aujourd’hui par
les entreprises françaises. Certes il existe déjà un certain
nombre d’analyses des différences théoriques entre
les référentiels français et IFRS mais peu d’études
analysent leurs impacts sur l’organisation
des entreprises alors que ces changements peuvent être
les plus longs et les plus difficiles à mettre en place.

Pour cela, il fallait qu’experts des normes françaises


et internationales d’un côté, responsables financiers
et comptables d’entreprise de l’autre, se rencontrent,
échangent et identifient les incidences pratiques
de la mise en œuvre future des nouvelles normes.
C’est l’objet du présent ouvrage.

Philippe Crouzet
Directeur-Général Adjoint du Groupe Saint-Gobain
Président d’Actéo

4 CONVERSION AU X IFRS
S O MSommaire
MAIRE
Avant-propos 7
Témoignage L’Oréal 15
IAS 2 - Stocks 17
IAS 11 - Contrats de construction 29
IAS 12 - Impôts sur le résultat 43
IAS 14 - Information sectorielle 59
IAS 16 - Immobilisations corporelles 75
IAS 17 - Contrats de location 89
IAS 18 - Produits des activités ordinaires 103
IAS 36 - Dépréciation d’actifs 119
IAS 37 - Provisions, passifs et actifs éventuels 135
IAS 38 - Immobilisations incorporelles 145
IAS 32, 39 - Instruments financiers 161
Annexe - Incidences des normes par fonction 209

5
Avant-propos

Le 7 juin dernier, l’Union Européenne finalisait


le règlement qui oblige toutes les sociétés européennes
cotées sur un marché réglementé, y compris les banques
et les sociétés d’assurance, à préparer leurs comptes
consolidés conformément aux normes IFRS* pour
les exercices ouverts à compter du 1er janvier 2005.

Pour comprendre et traiter tous les problèmes liés


au changement de référentiel comptable qui, notons-le,
était connu des entreprises depuis l’annonce faite par
la Commission Européenne dans une communication
en date du 13 février 2001**, notre cabinet a lancé, dès
juillet 2001, une grande étude qualitative qui nous a
permis de rencontrer près de 60 responsables financiers,
comptables ou responsables consolidation de grandes
entreprises cotées afin d’échanger et d’identifier avec
eux les impacts concrets et les difficultés majeures du
passage aux normes IFRS.

Ce travail, réunissant d’un côté les entreprises et,


de l’autre, nos experts des normes comptables françaises
* International Financial Reporting et internationales, a permis de mener une réflexion
Standards.
commune, non seulement sur le changement de
** Communication du 13 février 2001: référentiel comptable et ses conséquences en matière
Information financière : la Commission d’information financière, mais également en matière
propose que les sociétés cotées soient
tenues d'appliquer les normes comptables
d’impacts sur l’organisation, les processus et les
internationales d'ici à 2005. systèmes d’information des entreprises concernées.

7
AVA N T- P RO P O S

En premier lieu, il nous semblait qu’une comparaison


théorique, c’est-à-dire établie à partir des seuls textes,
entre les normes françaises et les normes IFRS était
un exercice qui ne permettait pas de mettre en lumière
les différences d’application pratique. Les normes françaises
sont, en effet, moins détaillées et laissent ouvertes certaines
options explicites ou implicites. C’est pourquoi, et pour aller
au-delà des différences théoriques identifiées uniquement
à partir d’une analyse des textes, nous avons voulu, au
travers de ces échanges, mettre en exergue les différences
entre les normes IFRS et les normes françaises telles
qu’appliquées par les entreprises françaises.
Ces différences et les incidences qu’elles engendrent font
l’objet de ce présent ouvrage.

Aujourd’hui, il existe un certain nombre d’analyses


des différences entre les référentiels français et IFRS
qui mentionnent les impacts sur les états financiers et donc
sur la communication financière. Mais peu d’analyses
recensent les impacts sur l’organisation et les processus
de l’entreprise ou encore sur ses systèmes d’information
alors que ces changements peuvent être les plus longs
et les plus difficiles à mettre en place. Pour l’adoption des
normes IFRS, se satisfaire d’une seule analyse «comptable»
pourrait placer les entreprises, au moment de la conversion,
face à d’autres difficultés, généralement négligées, qui
pourtant sont celles qui demanderont l’investissement le plus
lourd : il s’agit des difficultés d’organisation (essentiellement
en termes de transfert de responsabilités et de formation
des équipes), d’adaptation et de mise à jour des systèmes
d’information ainsi que du processus de reporting.

* La notion de résultat extraordinaire Les impacts sur l’organisation de l’entreprise doivent être
précisée par la norme IAS 8 (alors cependant traités de façon spécifique car il n’existe pas de
que les principes français ne précisent corrélation entre l’impact financier et la difficulté de mise en
pas la notion de résultat exceptionnel)
devrait être supprimée dans le cadre œuvre d’une norme. Par exemple, l’abandon de la notion de
du projet Improvement. résultat exceptionnel* sera douloureux pour certains groupes

8 CONVERSION AU X IFRS
français et devra être géré sur le plan de la communication
financière, mais cette suppression est techniquement
très «simple». En revanche, d’autres différences entre
les principes français et les principes IFRS n’auront
pour certaines entreprises que peu d’impact en matière
de communication financière alors que leur mise en
place peut s’avérer particulièrement difficile. Citons,
à titre d’exemple, l’activation obligatoire des dépenses
de développement quand certains critères sont respectés.
En vitesse de croisière, l’impact sur le résultat peut être
négligeable. En revanche, la mise en place d’un outil
de suivi des dépenses de développement est un projet à part
entière qui aura des impacts sur l’organisation de l’entreprise
et demandera le développement d’applications informatiques
spécifiques et importantes.

Normes ayant fait l’objet de l’étude

Les normes IFRS retenues dans le cadre de notre étude


comprennent, outre les paragraphes de «guidance»,
les interprétations du SIC*, ainsi que les annexes et exemples,
tels que repris dans les normes publiées par l’IASB. De plus,
nous avons essayé de tenir compte, autant que possible,
des éventuelles évolutions en cours des normes.

Normes IFRS étudiées :


N° de la Norme Intitulé
IAS 2 Stocks
IAS 11 Contrats de construction
IAS 12 Impôts sur le résultat
IAS 14 Information sectorielle
IAS 16 Immobilisations corporelles
IAS 17 Contrats de location
IAS 18 Produits des activités ordinaires
IAS 36 Dépréciation d’actifs
IAS 37 Provisions, passifs et actifs éventuels
IAS 38 Immobilisations incorporelles
IAS 32 et IAS 39 Instruments financiers

Dans le cadre de ce projet, toutes les normes en vigueur


* Standing Interpretations Committee. n’ont donc pas fait l’objet de groupes de travail.

9
AVA N T- P RO P O S

Les raisons qui ont conduit à ne pas étudier certaines


normes sont multiples.

Notamment, l’application de certaines normes ne devrait


poser que peu de problèmes aux entreprises industrielles
et commerciales, comme, par exemple, IAS 7 qui traite
du Tableau de flux de Trésorerie et qui est très proche
des principes établis par le Règlement 99-02. Cette remarque
n’est pas valable pour les banques, mais nous n’avons pas,
dans le cadre du projet, traité les problématiques spécifiques
du secteur bancaire. C’est pourquoi nous n’avons pas
travaillé sur la norme IAS 30, Informations à fournir
dans les états financiers des banques et les institutions
financières assimilées (cette norme est de plus en cours
de révision). Par ailleurs, d’autres normes ne poseront pas
de difficultés d’application, notamment au regard des impacts
en matière d’organisation et de systèmes d’information.
On peut entre autres citer IAS 33, Résultat par action,
qui peut être traitée par les seuls départements comptables
des holdings.

Première application des normes IFRS (appelée First Time


Application «FTA»)

La question de la première application (ou première


adoption*) devra être traitée par les entreprises
de façon spécifique car un certain nombre d’exceptions
à la rétroactivité totale devrait être prévu**, en particulier
sur la comptabilisation des regroupements d’entreprises
ayant eu lieu avant 2004.
Ce projet de norme n’a pas fait l’objet d’un groupe de
travail car il est difficile de travailler sur une norme non
«stabilisée». Cependant, nous pensons qu’il est important, dans
* Cf. compte-rendu du Board cette introduction, d’évoquer ce sujet car il représente un
de mars 2003. enjeu important dans le cadre de la conversion aux IFRS.
** Norme définitive attendue
pour juin 2003. La première application réussie démarrera avec la création

10 CONVERSION AU X IFRS
d’un bilan d’ouverture à la date de «transition». Pour bien
comprendre FTA, il nous semble important de retenir
les définitions suivantes :
• date de transition aux IFRS : 1er jour de la première
période comparative (1er janvier 2004 en général),
• date d’application : 1er jour de l’exercice au cours
duquel le passage aux IFRS est réalisé (1er janvier 2005
en général),
• date de reporting : date de clôture des premiers états
financiers, annuels ou intermédiaires le cas échéant,
présentés après la date d’application.

Le projet FTA prévoit que tous les actifs et passifs à la date


de transition (1er janvier 2004 pour la plupart des entreprises)
soient enregistrés et évalués en conformité avec les normes
IFRS. Concrètement, cela veut dire, par exemple, que tous
les contrats de location-financement devront être comptabilisés
conformément à IAS 17. Par ailleurs, pour être capable
de produire un comparatif 2004, certaines opérations devront
être analysées dès 2004 sous l’angle des IFRS car
le retraitement a posteriori sera très difficile. C’est le cas
des opérations de couverture de change par exemple.
Enfin, l’entreprise doit décider si elle opte pour les exceptions
autorisées pour la préparation du bilan d’ouverture, ce choix
ayant des conséquences sur la nature, l’étendue et le «timing»
des travaux de conversion.

L’ensemble de l’entreprise est concerné

L’analyse norme par norme sous différents angles


(information financière, organisation et systèmes
d’information) est, de l’avis de tous les participants à ce projet,
un point de passage obligé pour réussir l’exercice
de conversion aux normes IFRS. En effet, le passage
aux IFRS ne se limite pas à des travaux de réconciliation
comptable comme certains pourraient le penser.
La formation des équipes, l’évolution de la communication
financière, l’adaptation des systèmes d’information,
la réorganisation des processus de reporting et le transfert
de responsabilités sont autant de difficultés auxquelles
les entreprises seront confrontées, y compris celles
qui publiaient déjà des rapprochements avec les US GAAP.

11
AVA N T- P RO P O S

Il convient donc de poursuivre voire de démarrer l’exercice


de conversion avec le plus grand soin.

Une approche globale du changement doit ainsi être envisagée.


Ce changement affectera l'entreprise dans tous ses
aspects et son environnement : comptabilité, reporting
de gestion interne et information financière externe,
communication à l'égard des parties intéressées internes
et externes (actionnaires, salariés, analystes, investisseurs,
prêteurs, fournisseurs, clients, etc.), mesures de
performance, systèmes d'information, structures des
contrats et des transactions (notamment en matière
de fusions et acquisitions), ressources humaines, etc.
Le langage interne et externe de l'entreprise va donc évoluer.
C’est pourquoi les actions de formation ne doivent pas
concerner uniquement les équipes comptables mais tous ceux
qui contribuent à la production de l’information financière.

Afin de permettre l’identification et l’appréhension des


acteurs et fonctions concernés par le passage aux normes
IFRS, nous avons annexé à la fin de cet ouvrage
un tableau synoptique et une synthèse des différentes
incidences des normes étudiées dans cet ouvrage par
fonction (Financière, Juridique, Fiscale, Ressources
Humaines, Marketing/Vente, Trésorerie, Direction
générale/Communication Financière/Stratégie, Systèmes
d’information et Production/R&D).

Agir dès aujourd’hui pour saisir les opportunités

En conclusion, les entreprises doivent penser, selon nous,


à saisir les opportunités résultant du passage aux normes
IFRS et des évolutions plus générales en matière
d'information financière, en :
• redéfinissant leur stratégie globale de communication
afin que l’information, financière et non financière,

12 CONVERSION AU X IFRS
devienne un avantage concurrentiel,
• étudiant le caractère approprié des indicateurs
de performance clés utilisés pour gérer l'entreprise et,
le cas échéant, les modifier,
• harmonisant les systèmes d'information financière
interne et externe afin d'être capable de mesurer et de
communiquer sur les sujets importants plus souvent
et plus vite,
• adaptant les systèmes d'information afin de permettre
l’accélération du processus de clôture des comptes tout
en assurant l’intégrité de l’information produite.

Cet exercice exhaustif doit être entrepris dès maintenant,


d’autant, ce qui n’est pas pour simplifier, qu’il est peu
probable en France que les normes IFRS soient
directement et rapidement utilisables pour établir
les comptes individuels. Cela constitue une difficulté
supplémentaire pour les entreprises qui seront
contraintes de gérer plusieurs référentiels.

Nous espérons que cet ouvrage permettra aux entreprises


d’avoir une vision concrète et pratique des différentes
incidences du passage aux IFRS et leur fera gagner
un temps précieux lorsqu’elles devront aborder
leur projet de conversion.

Christian Mouillon Pascal Macioce

13
REMERCIEMENTS

Remerciements
Nous tenons à remercier les sociétés qui ont collaboré
à ce projet d’analyse des incidences de la conversion
aux IFRS sans lesquelles nous n’aurions pu apporter
un éclairage aussi pragmatique.

AIR LIQUIDE
ALCATEL
ALTADIS
Association Française des Sociétés Financières
AXA
BEAUFOUR IPSEN
BOUYGUES TELECOM
CDC-Compagnie financière EULIA
FRAIKIN
GROUPAMA-GAN
LAGARDERE
LESAFFRE
L'OREAL
PINAULT PRINTEMPS REDOUTE
PSB INDUSTRIES
SAINT GOBAIN
SNPE
SUEZ
THALES
THALES AVIONIQUE
THOMSON
VIVENDI ENVIRONNEMENT

14 CONVERSION AU X IFRS
Té m o iTémoignage
gnage
Dominique Donnart,
Directeur Comptabilité et Consolidation
de

«Ces groupes de travail ont débuté à un moment


où L’Oréal était en pleine réflexion sur le passage aux normes
IFRS. D’autre part, trois éléments essentiels et très importants
de notre point de vue ont motivé notre participation à ce
projet, à savoir la possibilité de bénéficier :
1. d’une analyse technique des normes par des experts
reconnus, eux-mêmes auditeurs, ayant une large
expérience des pratiques des sociétés,
2. d’une interprétation concrète des normes en vue de faciliter
leur mise en œuvre pratique au sein de notre groupe,
3. d’un réel partage d’expérience et d’interprétation avec
les autres entreprises cotées de la place.

Nous avons particulièrement


Nous avons obtenu apprécié de participer à
une interprétation ces groupes de travail dans
concrète des normes la mesure où ils nous ont
en vue de faciliter également permis, au travers
leur mise en œuvre. de réunions de synthèse,
d’acquérir rapidement une large
vision, aussi bien théorique
que pratique, de l’ensemble des impacts et enjeux liés
à la mise en œuvre réelle des normes IFRS.
Sur certains points, nous avons été sensibilisés à
des problématiques que nous n’avions pas identifiées
au départ. De même, nous avons également été amenés

15
T É M O I G NAG E

quelquefois à nous intéresser à des normes qui n’étaient


pas au cœur de nos préoccupations du moment.

Nous avons été sensibilisés à des problématiques


que nous n’avions pas identifiées au départ.

Enfin, la confrontation de nos propres interprétations


à celles des autres participants d’entreprise ou à celles
des managers et associés du cabinet Ernst & Young,
nous a permis de passer du cadre souvent très conceptuel
des normes à celui d’exemples extrêmement concrets
et pratiques pour l’entreprise.»

16 CONVERSION AU X IFRS
IAS 2
IAS 2

Stocks
IAS 2

IAS 2
Stocks*

RESUME DE LA NORME
Ce résumé doit permettre d’appréhender les incidences identifiées par le groupe
de travail mais il ne peut remplacer une lecture exhaustive de la norme.

• Les stocks sont des actifs détenus pour être vendus


dans le cours normal de l'activité, des actifs en cours
de production pour une telle vente ou des matières
premières ou fournitures devant être consommées
dans le processus de production ou de prestation
de services.

• Ils doivent être évalués au plus bas du coût et


de la valeur nette de réalisation.

• Le coût des stocks doit comprendre tous les coûts


d'acquisition, coûts de transformation et autres coûts
encourus pour amener les stocks à l'endroit et dans l'état
où ils se trouvent. Les frais généraux fixes de production
sont conformes à cette définition. Toutefois, en cas
de sous-activité ou de sous-utilisation de l'outil de
production, seule une partie de ces coûts fixes,
* SIC-1 : Cohérence des méthodes –
Différentes méthodes de
déterminée sur la base d'une capacité de production
détermination des coût des stocks. normale, est imputée à la valeur des stocks.

18 CONVERSION AU X IFRS
• Dans le cas des stocks d'éléments non interchangeables
et affectés à des projets spécifiques, le coût doit être
déterminé en procédant à une identification spécifique
des coûts individuels.

• Dans le cas où le coût de chaque élément n'est pas


clairement identifiable, le coût des stocks doit être
déterminé en utilisant soit la méthode du premier
entré - premier sorti (PEPS ou FIFO) soit celle du
coût moyen pondéré. Ces deux méthodes constituent
le traitement de référence. La méthode du dernier
entré - premier sorti* (DEPS ou LIFO) est l'autre
traitement autorisé par la norme. SIC-1, Cohérence
des méthodes - Différentes méthodes de
détermination du coût des stocks, précise qu'il est
possible d'appliquer des méthodes différentes pour
des stocks de nature et d'utilisation différente.

• La valeur nette de réalisation est le prix de vente


estimé dans le cours normal de l'activité, diminué
des coûts estimés pour l'achèvement et des coûts
estimés nécessaires pour réaliser la vente. Ces coûts
excluent toute marge sur la commercialisation.
L'évaluation de la valeur nette de réalisation est
fondée sur les éléments probants les plus fiables,
disponibles à la date à laquelle sont faites les
estimations du montant de stocks que l'on s'attend
à réaliser. Elles tiennent compte des événements
survenant après la fin de l'exercice dans la mesure
où de tels événements confirment les conditions
existant à la fin de l'exercice.
• Le calcul de la valeur nette de réalisation s'effectue
habituellement référence par référence mais il est
toutefois possible, sous certaines conditions, de
regrouper certaines références pour déterminer
une valeur nette de réalisation de la catégorie de
stocks considérée.

* Cette méthode devrait être • Lorsque les stocks sont vendus, leur valeur comptable
supprimée dans le cadre du projet
d’amélioration des normes
doit être comptabilisée en charges de l'exercice au cours
existantes. duquel les produits correspondant sont comptabilisés.

19
IAS 2

Le montant de toute dépréciation des stocks pour


les ramener à leur valeur nette de réalisation et toutes
les pertes de stocks doivent être comptabilisés en
charges de l'exercice au cours duquel la dépréciation
ou la perte se produit. Le montant de toute reprise
d'une dépréciation des stocks doit être enregistré
comme une réduction du montant des stocks
comptabilisé en charges dans l'exercice au cours
duquel la reprise intervient.

• En matière d'information à produire, les états


financiers doivent indiquer :

(a) les méthodes comptables adoptées pour évaluer


les stocks, y compris la méthode de détermination
du coût utilisée ;
(b) la valeur comptable totale des stocks et la valeur
comptable par catégories appropriées à l'entreprise ;
(c) la valeur comptable des stocks comptabilisés
à la valeur nette de réalisation ;
(d) le montant de toute reprise de dépréciation
comptabilisée ;
(e) les circonstances ou événements ayant conduit
à la reprise de la dépréciation des stocks ;
(f) la valeur comptable des stocks donnés en
nantissement de passifs ;
(g) soit le coût des stocks comptabilisés en charges
au cours de l'exercice ; soit les coûts opérationnels,
applicables aux produits comptabilisés en charges
au cours de l'exercice, classés selon leur nature.

PRINCIPALES DIFFÉRENCES AVEC LES NORMES FRANÇAISES

Dans leur ensemble, les principes du référentiel français


sont très proches de ceux d'IAS 2, les principaux points
de divergence concernant :

20 CONVERSION AU X IFRS
• la nature des coûts incorporables dans l'évaluation
des stocks qui, bien que similaire sur plusieurs aspects,
inclut en IFRS les différences de change dans des cas
très exceptionnels (situation de dévaluation de la
monnaie de l'entreprise par rapport à la devise dans
laquelle a été acquis le stock), alors que l'acquisition
de stocks en devises ne fait pas l'objet d'un traitement
spécifique en référentiel français ;
• la possibilité en IFRS d’utiliser la méthode du LIFO
alors que son utilisation est interdite dans le
référentiel français sauf sur option dans les comptes
consolidés. Dans ce dernier cas toutefois, les règles
françaises sont moins exigeantes en termes
d’informations à fournir. Cependant, on notera que
la méthode du LIFO devrait être supprimée dans
le cadre du projet d’amélioration des normes IFRS ;
• l’exclusion du champ d’application de la norme IAS 2 :
- des stocks de produits agricoles et forestiers, et
de minerais chez des producteurs dans la mesure
où, conformément à des pratiques bien établies
dans certains secteurs, ils sont évalués à leur
valeur nette de réalisation* ;
- des stocks d’actifs et de produits agricoles avant
récolte qui sont valorisés en application d’IAS 41,
Agriculture, à leur juste valeur après déduction
des commissions et taxes sur ventes ;
• l’obligation, en application d’IAS 16, Immobilisations
corporelles, de comptabiliser en immobilisations
plutôt qu’en stocks :
- les pièces de rechange principales et le stock de
pièces de sécurité dès lors que l’entreprise compte
* La valeur nette de réalisation les utiliser sur plus d’un exercice ;
est le prix de vente estimé dans - les pièces de rechange et les pièces d’entretien ne
le cours normal de l’activité, pouvant être utilisées qu’avec une immobilisation
diminué des coûts estimés pour
l’achèvement et des coûts estimés corporelle et dont l’utilisation attendue est
nécessaires pour réaliser la vente. irrégulière.

21
IAS 2

INCIDENCES SUR L’INFORMATION


FINANCIÈRE*

Les principales incidences de l’application d’IAS 2


sur l’information financière, identifiées dans le cadre
du groupe de travail, portent sur :
• la valeur brute des stocks,
• le reclassement des pièces détachées en
immobilisations corporelles,
• un critère unique de dépréciation : la valeur nette
de réalisation,
• les informations à fournir.

■ La valeur brute des stocks

Nature des coûts à incorporer


IAS 2 indique que «Le coût des stocks doit comprendre
tous les coûts d'acquisition, coûts de transformation et
autres coûts encourus pour amener les stocks à l'endroit
et dans l'état où ils se trouvent.»
Il est précisé que «les coûts d'acquisition des stocks
comprennent le prix d'achat, les droits de douane et autres
taxes (autres que les taxes ultérieurement récupérables par
l'entreprise auprès des administrations fiscales), ainsi que
les frais de transport, de manutention et autres coûts
directement attribuables à l'acquisition des produits finis,
des matières premières et des services». Par «endroit et
état» il faut, à notre avis, entendre «terme du processus
de production» ou du processus d’acheminement sur
les lieux de vente au sein de l’entreprise, les coûts
ultérieurs de stockage ou visant à amener le produit chez
* Cet ouvrage ne recense que
les principales incidences identifiées le client ne faisant pas partie des coûts incorporables.
par les entreprises participant En France, la pratique retient en général une notion
au projet. de coûts incorporables souvent plus restrictive, en se fondant

22 CONVERSION AU X IFRS
notamment sur des textes fiscaux. C’est le cas, notamment,
des coûts de transport entre des sites intermédiaires de
stockage et les magasins dans le cas d’une entreprise
à commerces multiples dont l’administration fiscale
refuse l’incorporation en stocks et qui sont, en général,
comptabilisées en charges de période par les entreprises
françaises.

Prise en compte des ristournes et rabais


IAS 2 indique également que «les rabais commerciaux,
remises et autres éléments similaires sont déduits pour
déterminer les coûts d'acquisition». L’application du
caractère de remise, rabais ou autre élément similaire
doit se faire en substance et pas seulement à la lumière
des conditions juridiques de la transaction. Ainsi,
un crédit fournisseur «gratuit» doit être assimilé
à un rabais obtenu et doit donc être considéré comme
une diminution du coût des stocks.

Prise en compte de la capacité normale et non de la capacité


budgétée
IAS 2 précise que «l'affectation des frais généraux fixes
de production aux coûts de transformation est fondée
sur la capacité normale des installations de production».
Cette définition pourra conduire à modifier l’affectation
des frais généraux et pourra avoir une incidence sur la
valeur brute des stocks. En effet, IAS 2 précise ce qu’il
faut entendre par capacité normale : c’est la production
moyenne que l’on s’attend à réaliser sur un certain
nombre d’exercices ou de saisons dans des circonstances
normales, en tenant compte de la perte de capacité
résultant de l'entretien planifié. Il est possible de retenir
le niveau réel de production s'il est proche de la capacité
de production normale. Les entreprises qui calculent
leurs coûts standards sur la base de la production
budgétée devront donc s’interroger sur le caractère
«normal» de la capacité budgétée.

23
IAS 2

■ Le reclassement des pièces détachées en immobilisations


corporelles

IAS 2 cite les trois formes de stocks possibles :


• des actifs détenus pour être vendus dans le cours
normal de l’activité,
• des actifs en cours de production destinés
à être vendus dans le cours normal de l’activité,
• des matières premières/fournitures devant être
consommées dans le processus de production
ou de prestation de services.

Pour des raisons pratiques, les stocks de pièces détachées


sont souvent gérés avec les stocks et comptabilisés
comme tels au bilan. Certaines pièces détachées (pièces
de rechange principales, stocks de pièces de sécurité si
l'entreprise compte les utiliser sur plus d'un exercice,
pièces de rechange et pièces d'entretien ne pouvant être
utilisées qu'avec une immobilisation corporelle et dont
on s'attend à ce que leur utilisation soit irrégulière)
devront être comptabilisées en immobilisations
corporelles selon IAS 16. Il appartient à chaque
entreprise, en fonction de l’importance du poste «pièces
détachées» et des amortissements qui s’y rattacheront,
de déterminer si ce reclassement aura un impact.

■ Un critère unique de dépréciation : la valeur nette de réalisation

IAS 2 indique que «la pratique consistant à déprécier


les stocks au-dessous du coût pour les ramener à
leur valeur nette de réalisation est cohérente avec
le principe suivant lequel les actifs ne doivent pas figurer
pour un montant supérieur au montant que l'on s'attend
à obtenir de leur vente ou de leur utilisation».

Il est également précisé que le coût des stocks peut ne

24 CONVERSION AU X IFRS
pas être recouvrable si ces stocks ont été endommagés,
s'ils sont devenus complètement ou partiellement
obsolètes ou si leur prix de vente a subi une baisse.

De nombreuses entreprises françaises déprécient leurs


stocks sur la base du critère de rotation. Le critère de
rotation est un indicateur qui peut être utilisé pour
identifier les stocks obsolètes dont la valeur de
réalisation pourrait être inférieure au coût mais ce seul
critère ne peut justifier une dépréciation conforme
aux principes établis par IAS 2. L’obligation de prendre
en considération le seul critère de la valeur nette de
réalisation peut donc avoir une incidence significative
sur la valeur d’inventaire des stocks.

■ Information à fournir : plus de transparence


dans les dépréciations

IAS 2 impose de fournir un certain nombre


d’informations (cf. résumé de la norme). Il convient
de souligner que les révisions proposées dans le cadre
de l’exposé-sondage de mai 2002, complètent
les informations à fournir en matière de dépréciation.
En particulier, il faudra fournir le montant de reprise
de provision provenant de la vente des stocks et celui
provenant de l’augmentation de la valeur nette
de réalisation distinctement.

Chaque entreprise devra donc déterminer si les incidences


résultant des analyses ci-dessus sont significatives et
si une évolution de sa communication financière
doit être envisagée.

25
IAS 2

INCIDENCES SUR LES PROCESSUS


ET SUR L’ORGANISATION

Il est important de relever qu’il n’existe pas de corrélation


systématique entre l’impact financier et la difficulté de
mise en œuvre d’une norme.

En effet, en ce qui concerne IAS 2 les impacts financiers ne


seront peut-être pas significatifs pour toutes les entreprises.
Cependant, celles-ci devront modifier leurs processus
et organisation pour :
• adapter leur calcul de coût de revient des stocks
(incorporation de tous les coûts, ristournes, rabais,
sur la base d’une capacité normale),
• collecter l’information relative à la valeur nette de
réalisation des stocks.

Ces dispositions de la norme conduiront nécessairement


à transférer vers les opérationnels (services achats,
production, marketing, commercial) des responsabilités
qui étaient antérieurement assumées par les seuls
comptables, voire par les fiscalistes.

En particulier, la détermination de la capacité normale


pour déterminer l’affectation des frais généraux fixes
de production nécessite l’implication des opérationnels
de production.
Par ailleurs, on imagine facilement qu’il est plus simple
de calculer une dépréciation sur la seule base d’un calcul
mathématique de rotation lente (slow moving) que
d’obtenir la valeur nette de réalisation, basée sur des
estimations de prix et/ou de coûts de vente auprès de
services qui ne sont pas toujours conscients d’être partie
prenante à la construction de l’information financière.

26 CONVERSION AU X IFRS
INCIDENCES SUR LES SYSTÈMES
D’INFORMATION

Pour les entreprises concernées, les problématiques


d’évaluation des stocks et de suivi des stocks de pièces
détachées concerneront principalement les applications
informatiques liées :

• à l’élaboration des prix de revient (réels, standards,


écarts) et de suivi des coûts d’achats,
• à l’analyse des ventes (statistiques commerciales),
• au calcul des provisions pour dépréciation des stocks
qui, pour une grande majorité d’entreprises, sont
orientés aujourd’hui vers une analyse des stocks à
rotation lente ou obsolètes,
• au suivi des immobilisations,
• à la gestion de la production,
• à la présentation des reportings industriels,
commerciaux et de gestion (formats de restitution).

Pouvoir disposer de nombreuses données issues


de différentes sources
• Mise en place de liens spécifiques (interfaces)
ou directs (paramétrages de progiciels intégrés,
codifications analytiques), entre les différentes
applications/modules.
• Développements et/ou fiabilisation des données
liées aux statistiques commerciales et
d’approvisionnement.
• Harmonisation des référentiels produits/familles
de produits et références en stock.
• Capacité des applications d’immobilisations à
intégrer un suivi des pièces détachées (codifications,
volumétrie, regroupements, amortissement…).
• Gestion d’un double référentiel (rotation lente et
valeur nette de réalisation) dans les outils amont
ou simple réconciliation des données.

27
IAS 2

Gérer un double référentiel


• Mise en place d’états de réconciliation avec
les données calculées en normes locales.

Adapter les formats de reporting


• Formatage des tableaux de bord et de reporting
à revoir (marges par produit/client, suivi des
mouvements de provisions par produit/famille).

28 CONVERSION AU X IFRS
IAS 11
IAS 11

Contrats de construction
IAS 11

IAS 11
Contrats de construction

RESUME DE LA NORME
Ce résumé doit permettre d’appréhender les incidences identifiées par le groupe
de travail mais il ne peut remplacer une lecture exhaustive de la norme.

IAS 11 traite de la comptabilisation des produits et coûts


relatifs aux contrats de construction dans les états financiers
des entrepreneurs.

Un contrat de construction est défini comme un contrat


spécifiquement négocié pour la construction d'un actif
ou d'un ensemble d’actifs qui sont étroitement liés ou
interdépendants en termes de conception, de technologie et
de fonction, de finalité ou d’utilisation.
Lorsqu’un contrat concerne plusieurs actifs, la construction de
chaque actif doit être traitée comme un contrat de construction
distinct lorsque (a) des propositions distinctes
ont été soumises pour chaque actif ; (b) chaque actif a fait
l'objet d'une négociation séparée et l'entrepreneur et le client
ont eu la possibilité d'accepter ou de rejeter la part du contrat
afférent à chaque actif et (c) les produits et les coûts de
chaque actif peuvent être identifiés.
A l’inverse, un ensemble de contrats (avec des clients
différents ou non) doit être traité comme un contrat de
construction unique lorsque (a) l’ensemble est négocié
comme un marché global ; (b) les contrats sont si étroitement

30 CONVERSION AU X IFRS
liés qu'ils font, de fait, partie d'un projet unique avec
une marge globale et (c) les contrats sont exécutés
simultanément ou à la suite l'un de l'autre, sans interruption.
• Lorsque le résultat d'un contrat de construction peut
être estimé de façon fiable, les produits du contrat et
les coûts associés au contrat de construction doivent
être comptabilisés respectivement en produits et
en charges, en fonction du degré d'avancement de
l’activité du contrat à la date de clôture. Une perte
attendue sur le contrat de construction doit être
immédiatement comptabilisée en charges.
• Si les résultats ne peuvent pas être évalués de façon
fiable, les coûts doivent être comptabilisés en charges
et les produits doivent être comptabilisés dans
la limite des coûts encourus et recouvrables
(méthode de recouvrement des coûts).
• Le degré d’avancement des travaux peut être
déterminé de différentes manières. Selon la nature
du contrat, il convient de retenir la méthode la plus
fiable permettant la mesure des travaux en cours.

Informations à fournir
• Le montant des produits du contrat comptabilisés
en produits dans l’exercice.
• Les méthodes utilisées pour déterminer les produits
comptabilisés dans l’exercice.
• Les méthodes utilisées pour déterminer le degré
d’avancement des contrats en cours.
• La présentation du cumul des coûts encourus et
des bénéfices comptabilisés , les avances reçues,
et les retenues (pour les contrats en cours).
• Le montant brut dû par les clients.
• Le montant brut dû aux clients.

PRINCIPALES DIFFÉRENCES AVEC LES NORMES FRANÇAISES

Les normes françaises définies dans le Règlement CRC 99-08


sont proches mais moins détaillées que les dispositions
d’ IAS 11. Cependant, il faut souligner que la méthode à
l’avancement, bien que non obligatoire, est une méthode

31
IAS 11

préférentielle. Mais la méthode à l’achèvement qui consiste


à ne comptabiliser le chiffre d’affaires qu’au terme de
l’opération reste une méthode autorisée par les normes
françaises.

32 CONVERSION AU X IFRS
INCIDENCES SUR L’INFORMATION
FINANCIÈRE*

Les principales incidences de l’application d’IAS 11


sur l’information financière, identifiées dans le cadre
du groupe de travail, portent sur les points suivants :
• Une seule méthode : l’avancement.
• En cas d’incertitude sur le résultat à terminaison,
il faut limiter la reconnaissance du chiffre d’affaires
au montant des coûts encourus et recouvrables.
• Application des critères de regroupement et de
distinction des contrats prévus par IAS 11.
• Les produits du contrat doivent être actualisés
(si l’effet est significatif) et doivent inclure
les modifications, réclamations et primes de
performance.
• Le rattachement de certains coûts à un contrat
déterminé sera partiellement compensé par
l’exclusion d’autres coûts.
• Plus de transparence : de nombreuses informations
à fournir.

■ Une seule méthode : l’avancement

Selon IAS 11, «lorsque le résultat d'un contrat de


construction peut être estimé de façon fiable, les produits
du contrat et les coûts associés au contrat de construction
doivent être comptabilisés respectivement en produits
et en charges en fonction du degré d'avancement de
l’activité du contrat à la date de clôture». Les normes
françaises indiquent «qu’un contrat à long terme est
comptabilisé soit selon la méthode à l'achèvement, soit
selon la méthode à l'avancement», et la méthode à
l’avancement, bien que présentée comme une méthode
préférentielle, n’est pas obligatoire. En pratique, la
méthode à l’achèvement continue à être utilisée.
L’application d’IAS 11 aura une incidence immédiate
* Cet ouvrage ne recense que
les principales incidences identifiées sur les comptes des entreprises qui utilisent la méthode
par les entreprises participant au projet. à l’achèvement. Cette incidence sera double car,

33
IAS 11

d’une part, elle portera sur le bilan d’ouverture avec


retraitement des contrats en cours à la date de transition
sur la base de la méthode à l’avancement et, d’autre part,
elle aura une incidence récurrente sur la façon dont
l’entreprise mesure et présente son résultat.

■ En cas d’incertitude sur le résultat à terminaison,


il faut limiter la reconnaissance du chiffre d’affaires
au montant des coûts encourus et recouvrables

S’il existe une incertitude dans l’estimation des données


à terminaison, IAS 11 préconise d’utiliser la méthode du
recouvrement de coûts : les produits seront comptabilisés
à hauteur des coûts encourus et recouvrables.
Cette méthode n’est pas appliquée par la plupart
des entreprises. Sa mise en application n’aura pas
d’incidence sur le résultat net en comparaison avec
l’application de la méthode à l’achèvement, mais
modifiera produits et coûts enregistrés et donc le taux
de marge global de l’entreprise.

■ Application des critères de regroupement et


de distinction des contrats prévus par IAS 11

Selon IAS 11, le regroupement et la distinction de


contrats de construction dépendent essentiellement
de deux critères de base qui sont la nature des actifs
construits (au regard de la conception, technologie,
fonctionnalité de l’actif) et la négociation du prix.
Un ensemble de contrats est considéré comme un contrat
de construction unique lorsque ces contrats sont étroitement
liés par la conception, la technologie ou la fonction
des actifs et qu’ils sont négociés comme un marché
global (IAS 11.9). Ainsi, la construction d’un actif
supplémentaire sera traitée comme un contrat de

34 CONVERSION AU X IFRS
construction distinct si l’actif n’est pas de la même
nature que les actifs construits précédemment et si
le prix est renégocié (IAS 11.10). Certaines entreprises
enregistrent séparément des contrats d’étude et
des contrats de production. Elles considèrent également
qu’un actif supplémentaire ne fait pas partie du contrat
initial à partir du moment où il s’agit de contrats
distincts. L’application des critères de regroupement
et de distinction des contrats prévus par IAS 11 pourra
avoir une incidence sur le bilan d’ouverture et sur
les résultats suivants. En effet, le fait de comptabiliser
séparément ou de regrouper deux contrats conduit à
présenter des pourcentages d’avancements différents et
à apprécier la marge sur des ensembles différents et donc
des résultats différents. L’impact sur le résultat pourra
être plus ou moins significatif, selon les écarts de
rentabilité entre les deux contrats.

■ Les produits du contrat doivent être actualisés (si l’effet


est significatif) et doivent inclure les modifications,
réclamations et primes de performance

Les produits du contrat de construction doivent être


évalués à la juste valeur de la contrepartie reçue ou
à recevoir (IAS 11.12). En cas de paiement différé,
les produits, contrairement à la pratique française,
devront être actualisés.

Par ailleurs, les produits à prendre en compte dans


le contrat devront intégrer les réclamations (montant que
l’entreprise cherche à collecter auprès du client à titre
de remboursement de coûts non inclus dans le prix
du contrat), primes de performance (la prime de performance
est un supplément payé à l’entreprise par le client si
un niveau de performance spécifié est atteint ou dépassé
par le premier) ou autres modifications (IAS 11.13-15)
dans la mesure où il est probable qu’ils seront acceptés
par le client et qu’ils peuvent être estimés de façon
fiable. L’application d’IAS 11 pourrait conduire à
une modification des produits à prendre en compte
dans la mesure où ils peuvent être différents des seuls

35
IAS 11

montants contractuels généralement retenus par l’entreprise


ou des pratiques en matière de reconnaissance
des réclamations ou primes de performance.

■ Le rattachement de certains coûts à un contrat déterminé


sera partiellement compensé par l’exclusion d’autres coûts

IAS 11 indique les coûts qui doivent être rattachés à un


contrat déterminé et les coûts qui doivent être exclus des
coûts du contrat. Or, certains coûts font l’objet de
traitement différencié selon les entreprises en France.
Ainsi les coûts de conception et d’assistance technique
(IAS 11.17-18), certains frais de construction comme,
par exemple, les frais d’assurance qui peuvent être
attribués à l’activité du contrat (IAS 11.18) ne sont pas
toujours rattachés au contrat par les entreprises françaises
alors qu’ils devraient l’être selon IAS 11.
A contrario, l’amortissement des immobilisations non
utilisées dans le cadre du contrat (IAS 11.20) doit être
exclu des coûts du contrat de construction en IAS.
Cette analyse n’est pas toujours faite par les entreprises
qui utilisent des taux standards.
L’application d’IAS 11 pourra, donc, amener l’entreprise
à modifier les coûts imputés aux contrats et, par
conséquent, la marge dégagée sur ces contrats.

■ Plus de transparence : de nombreuses informations à


fournir

Les informations à fournir en application d’IAS 11


sont nombreuses et soulèvent de nombreuses
difficultés (voir annexe relative à l’IAS 11).
Par ailleurs, les entreprises devront indiquer dans
l’annexe le montant brut dû aux clients et le montant
brut dû par les clients (IAS 11.42). Ces informations

36 CONVERSION AU X IFRS
ne sont généralement pas fournies par les entreprises
en France et leur production va poser un certain nombre
de difficultés pratiques car les comptes de bilan ne sont
pas toujours ventilés de manière détaillée par contrat.

Chaque entreprise devra donc déterminer si les incidences


résultant des analyses ci-dessus sont significatives et
si une évolution de sa communication financière doit
être envisagée.

37
IAS 11

INCIDENCES SUR LES PROCESSUS


ET SUR L’ORGANISATION

Il est important de relever qu’il n’existe pas de


corrélation systématique entre l’impact financier et
la difficulté de mise en œuvre d’une norme.

Les incidences seront plus importantes pour les


entreprises qui utilisent actuellement la méthode de
l’achèvement. Les entreprises qui pratiquent la méthode
à l’avancement savent que le recours aux opérationnels/
chargés d’affaires est primordial pour permettre le suivi
de l’avancement des contrats et des calculs qui s’y
rattachent. En effet, l’intervention des opérationnels
est indispensable pour déterminer les coûts attribuables
à un contrat ainsi que son degré d’avancement.
L’application d’IAS 11 va renforcer le recours
à l’expertise et à la connaissance des opérationnels car
leur implication devient primordiale pour la séparation
ou le regroupement des contrats. Ils sont les seuls
à pouvoir correctement déterminer si la conception,
la technologie et la fonctionnalité des actifs en
construction sont différentes ou similaires. De la même
façon, les commerciaux devront être systématiquement
sollicités afin d’identifier les négociations afférentes
aux contrats, les facturations complémentaires et
les modalités de règlement négociées avec le client.

38 CONVERSION AU X IFRS
INCIDENCES SUR LES SYSTÈMES
D’INFORMATION

Pour les entreprises concernées, les problématiques


liées aux contrats de construction concerneront
principalement les applications informatiques liées :
• à la comptabilité générale et analytique,
• au système de gestion des affaires,
• aux outils de gestion des achats et des ventes.

La problématique système sera plus ou moins importante en


fonction de l’environnement système de la société (système
intégré ou non, applications standards ou spécifiques).

Disposer de véritables outils de suivi d’affaires


Le système ou module de gestion des affaires devra permettre :
• a minima, une valorisation à l'avancement ;
• un suivi dès l’enregistrement en carnet de commandes ;
• l’identification des éléments de trésorerie correspondants ;
• la production/mise à jour des données prévisionnelles
(budget initial, reprévisions…) à fin d’affaire (CA,
coûts, marge brute, marge nette).

En général, le processus de gestion des contrats


de construction n’est pas complètement automatisé,
et le système de gestion des affaires est souvent
un développement spécifique. Pour répondre aux exigences
de la norme IAS 11, les systèmes comptables et
de gestion des affaires devront être interfacés,
paramétrés de façon à calculer l'avancement par affaire,
valider et générer automatiquement les écritures
d'avancement (correspondance des produits avec
les charges de la période) et produire une information
de gestion détaillée.

Alors qu’en France, l’avancement était souvent calculé


en fonction de la facturation (ou du budget), il faudra,
dorénavant tenir compte de l’avancement opérationnel,
ce qui implique de disposer d’outils adaptés et
performants en matière de suivi d’affaires.

39
IAS 11

ANNEXE - EXEMPLE D’INFORMATION


À FOURNIR (extrait de la norme IAS 11)

Total

Produits du contrat comptabilisés 1.300


Charges du contrat comptabilisées 1.215
Pertes attendues comptabilisées 70
Bénéfices comptabilisés moins
pertes comptabilisées 15
Coûts du contrat encourus au cours de l'exercice 1.420
Coûts du contrat encourus comptabilisés
en charges de l'exercice 1.215
Coûts du contrat se rapportant à une activité
future comptabilisés en tant qu’actif 205
Produits du contrat (voir ci-dessus) 1.300
Facturations intermédiaires 1.235
Produits du contrat ne faisant pas
l'objet d'une facturation intermédiaire 65
Avances recues 125

Sur la base des données chiffrées ci-dessus,


les montants à indiquer selon la présente norme
sont les suivants :

40 CONVERSION AU X IFRS
Produits du contrat comptabilisés en
produits dans l’exervice (paragraphe 39(a)) 1.300
Coûts du contrat encourus et bénéfices
comptabilisés (moins pertes comptabilisées)
à la date considérée (paragraphe 40(a)) 1.435
Avances reçues (paragraphe 40(b)) 125
Montant brut dû par les clients
pour les travaux du contrat - présenté
en tant qu’actif selon le paragraphe 42(a) 220
Montant brut dû aux clients
pour les travaux du contrat - présenté
en tant que passif selon le paragraphe 42(b) (20)

Les montants devant être indiqués selon les paragraphes


40(a), 42(a) et 42(b) peuvent être présentés comme suit :

Coûts du contrat encourus 1.420


Bénéfices comptabilisés
moins pertes comptabilisées 15
Total : 1435
Facturations intermédiaires 1.235
Dû par les clients 220
Dû aux clients (20)

41
IAS 12
IAS 12

Impôts sur le résultat


IAS 12

IAS 12
Impôts sur le résultat*

RESUME DE LA NORME
Ce résumé doit permettre d’appréhender les incidences identifiées par le groupe
de travail mais il ne peut remplacer une lecture exhaustive de la norme.

Objectifs
IAS 12 traite de la comptabilisation de l'impôt sur les
bénéfices (exigible et différé) dans les états financiers.

La norme impose à une entreprise de comptabiliser


l'impôt différé en utilisant l'approche bilantielle de
la méthode du report variable. Cette méthode consiste
à calculer un impôt différé sur les différences temporelles
qui sont les différences entre la base fiscale d'un actif
ou d'un passif et sa valeur comptable au bilan.

Taux d'impôts à utiliser


Les actifs et passifs d'impôt différé doivent être évalués
aux taux d’impôt dont l’application est attendue sur
l’exercice au cours duquel l’actif sera réalisé ou le passif
réglé sur la base des taux d’impôt (et réglementations
fiscales) adoptés ou quasiment adoptés à la clôture.
* SIC 21 : Recouvrement des La norme précise que l'on ne doit utiliser les taux
actifs non amortissables réévalués.
pratiquement en vigueur que lorsque l'annonce d'un taux
SIC 25 : Changement de statut
fiscal d’une entreprise ou a, en pratique, la même valeur que la promulgation
de ses actionnaires. de la loi ou de tout autre texte réglementaire.

44 CONVERSION AU X IFRS
Comptabilisation des passifs d'impôt différé
Tous les passifs d'impôt différé doivent être
comptabilisés, avec des exceptions limitées qui sont :
• le goodwill lorsque son amortissement n'est pas
fiscalement déductible ;
• les différences temporelles générées par certains
actifs ou passifs acquis en dehors d'un regroupement
d'entreprises et dont la valeur comptable, lors de
leur comptabilisation initiale, diffère de leur base
fiscale initiale ;
• les différences temporelles résultant d'un investissement
dans des filiales, succursales, entreprises associées
et coentreprises lorsque l'investisseur contrôle
le renversement de cette différence et qu'il est
probable qu'il ne se produira pas dans un avenir
proche (réserves non distribuées par exemple).

Comptabilisation des actifs d'impôt différé


Avec les mêmes exceptions limitées que pour les passifs,
les actifs d'impôt différé doivent être comptabilisés
lorsqu'il est probable que des bénéfices imposables
seront disponibles dans le futur pour permettre à l'actif
d'impôt différé d'être utilisé. La notion de bénéfices
imposables futurs recouvre à la fois les différences
temporelles imposables qui s'inverseront dans le futur
et les bénéfices imposables (hors création de nouvelles
différences temporelles déductibles) qui seront générés
dans le futur. Lorsqu'une entreprise a un historique de
pertes fiscales récentes, elle ne comptabilise un actif
d’impôt différé que dans la mesure où elle a
des différences temporelles imposables suffisantes,
ou s'il y a d'autres éléments probants et convaincants
(«convincing evidence») qu'un bénéfice imposable
suffisant sera disponible au moment où les différences
temporelles déductibles s’inverseront.

Comptabilisation et évaluation des impôts différés


La norme requiert de comptabiliser les effets sur l’impôt
courant et différé comme la transaction sous-jacente,
à savoir dans le compte de résultat, dans les capitaux

45
IAS 12

propres ou, lors d'un regroupement d'entreprises,


en contrepartie du goodwill.

L'évaluation des actifs et des passifs d'impôt différé doit


refléter les conséquences fiscales qui résulteraient de
la façon dont l'entreprise s'attend à la date de clôture
à recouvrer ou à régler la valeur comptable des actifs
et passifs ayant généré les différences temporelles.

L'actualisation des impôts différés est interdite.

Présentation des impôts différés au bilan et au compte


de résultat
Les actifs et passifs d'impôt doivent être présentés
séparément au bilan en distinguant les actifs et passifs
d'impôt différé des actifs et passifs d'impôt exigible.
Par ailleurs, une entreprise doit compenser les actifs
et passifs d'impôts exigibles, d'une part, et les actifs
et passifs d’impôt différé, d'autre part, sous certaines
conditions (droit juridiquement exécutoire de
compensation, même autorité fiscale...).

La charge (le produit) d'impôt relatif au résultat


des activités ordinaires doit être présentée dans le compte
de résultat.

Informations à fournir dans les notes annexes


L'entreprise doit fournir de nombreuses informations
en annexe. On peut notamment citer :
• une présentation distincte des principales
composantes de la charge (produit) d'impôt ;
• un rapprochement entre le taux d'impôt théorique
et le taux d'impôt effectif ;
• le montant (et, si elle existe, la date d'expiration)
des différences temporelles déductibles, pertes
fiscales et crédits d'impôt non utilisés pour lesquels
aucun actif d'impôt différé n'a été comptabilisé au bilan ;

46 CONVERSION AU X IFRS
• la charge d'impôt relative aux activités abandonnées ;
• la justification de la comptabilisation d'actifs
d'impôt différé en cas d'historique de pertes
fiscales récentes.

PRINCIPALES DIFFÉRENCES AVEC LES NORMES FRANÇAISES

L'actualisation des impôts différés


Le Règlement CRC 99-02 sur les comptes consolidés
précise «que les impôts différés actifs et passifs doivent
être actualisés lorsque les effets de l'actualisation sont
significatifs et qu'un échéancier fiable de reversement
peut être établi (échéancier à établir par entité fiscale).
Il n'y a cependant pas lieu d'actualiser l'impôt différé
calculé sur une différence temporaire engendrée par
une opération enregistrée pour une valeur déjà actualisée,
par exemple sur les provisions pour retraite. Enfin,
des informations détaillées sur l'actualisation réalisée
doivent être fournies dans l'annexe.»

IAS 12 révisée interdit l'actualisation des impôts


différés.

Des exceptions complémentaires, en France,


à la comptabilisation de passifs d'impôt différé
En France, le Règlement CRC 99-02 précise que ne doivent
pas être pris en compte les passifs d'impôt différé provenant
de la comptabilisation d’écarts d'évaluation sur des actifs
incorporels généralement non amortis, ne pouvant être
cédés séparément de l'entreprise acquise (par exemple
certaines marques ou les parts de marché).
IAS 12 ne prévoit pas une telle exception, ce qui
est en ligne avec la norme IAS 38, Immobilisations
incorporelles, qui impose, pour la reconnaissance
d'un actif incorporel, que ce dernier soit séparable.
Ainsi, par exemple, les parts de marché sont explicitement
exclues des immobilisations incorporelles et sont
assimilables à du goodwill.

47
IAS 12

La reconnaissance ultérieure d'un actif d'impôt différé


d'une entreprise acquise
Selon les normes françaises, la reconnaissance ultérieure
d'un actif d'impôt différé qui n'avait pas été comptabilisé
lors de l'acquisition affecte le montant du goodwill
dans le délai d'affectation des actifs et passifs identifiables
et contribue aux résultats consolidés au-delà.

Selon IAS 12, quel que soit le délai dans lequel


intervient la reconnaissance de l'actif d'impôt différé,
l'acquéreur comptabilise l'avantage en produits, ajuste
la valeur comptable brute et le cumul des amortissements
du goodwill en fonction des montants qui auraient été
enregistrés si l'actif d'impôt différé avait été comptabilisé
en tant qu'actif identifiable à la date du regroupement
d'entreprises et, comptabilise en charges la réduction
de la valeur nette comptable du goodwill.

Des nuances dans les règles de comptabilisation des actifs


d'impôt différé
En France, il sera présumé qu'un bénéfice futur n'existera
pas lorsque l'entreprise a supporté des pertes récentes
au cours des deux derniers exercices, sauf à apporter
des éléments de preuve contraires (par exemple, si
ces pertes résultent de circonstances exceptionnelles
qui ne devraient pas se renouveler).
IAS 12 ne prévoit pas une telle présomption même
si elle indique que l'existence de pertes fiscales non
utilisées constitue une indication forte que les bénéfices
imposables futurs risquent de ne pas être disponibles.

La comptabilisation des effets de variation de taux d’impôt


Le Règlement CRC 99-02 prévoit que l’effet des variations
des taux d’impôt sur les actifs et passifs d’impôt différé
existants affecte le résultat même lorsque la contrepartie
de ceux-ci a été comptabilisée à l’origine directement
en capitaux propres.

48 CONVERSION AU X IFRS
IAS 12 impose dans ce cas de comptabiliser l’effet
comme le principal, à savoir dans les capitaux propres
lorsque la transaction d'origine avait été comptabilisée
dans les capitaux propres.

La comptabilisation d’impôts différés liés à la différence entre


la valeur fiscale et la valeur comptable des sociétés consolidées
Les normes françaises précisent que «Ne sont constatés
comme impôts différés que les impôts non récupérables
portant sur des distributions décidées et probables»
alors que la norme IAS 12 précise qu’une entreprise
doit comptabiliser un passif d’impôt différé pour toutes
différences temporelles imposables liées à des participations
dans des filiales, entreprises associées, coentreprises et
investissements dans des succursales, sauf si et dans la
mesure où les deux conditions suivantes sont remplies :
(a) la mère, l’investisseur ou le coentrepreneur est en
mesure de contrôler la date à laquelle la différence
temporelle s’inversera ; et
(b) il est probable que la différence temporelle ne
s’inversera pas dans un avenir prévisible.

L’impact théorique de l’application de la norme IAS 12


aux comptes des entreprises françaises ne devrait pas être très
significatif depuis l’application du Règlement CRC 99-02.
Conformément aux normes internationales, le Règlement
CRC 99-02 impose en effet l’approche bilantielle. Cette
approche est plus étendue que l’approche par le compte de
résultat utilisée jusque là en comptabilité française. Certes,
les deux approches conduisent à constater un impôt sur
les différences entre résultats comptable et fiscal, générées
par des opérations passées qui sont appelées à se manifester à
l’avenir. Toutefois, dans l’approche bilantielle, ce sont toutes
les différences entre valeur comptable et valeur fiscale (sauf
quelques exceptions) qui donnent lieu à la comptabilisation
d’un impôt différé, indépendamment de leur caractère latent
ou de leur échéance.

49
IAS 12

INCIDENCES SUR L’INFORMATION


FINANCIÈRE*

Nous avons vu que les principes français sont très proches


des principes énoncés dans IAS 12. Cependant, les travaux
menés ont mis en lumière un certain nombre de différences
entre l’application des principes français et IAS 12.

Les principales incidences de l’application d’IAS 12


sur l’information financière identifiées dans le cadre
du groupe de travail portent sur :
• la comptabilisation des actifs d’impôt différé dès lors
que leur recouvrement est probable ;
• une augmentation possible des impôts différés passifs
pour les groupes qui comptabilisent des marques
ou parts de marché ;
• une augmentation des impôts différés passifs liés
aux titres de participation lorsque ces titres sont
destinés à être cédés dans un avenir prévisible ;
• une modification ultérieure des actifs d’impôt différé
nés des regroupements d’entreprises ;
• l’actualisation des impôts différés ;
• la compensation des actifs et passifs d’impôt différé
sous certaines conditions ;
• des informations à fournir plus détaillées et plus
nombreuses.

■ Les actifs d’impôt différé doivent être comptabilisés


dès lors que leur recouvrement est probable

IAS 12 indique «qu’un actif d’impôt différé doit être


comptabilisé pour le report en avant des pertes fiscales
* Cet ouvrage ne recense que
les principales incidences identifiées et des crédits d’impôt non utilisés dès lors qu’il est
par les entreprises participant au projet. probable que l’entreprise disposera de bénéfices

50 CONVERSION AU X IFRS
imposables futurs sur lesquels ces pertes fiscales et
crédits d’impôt pourront être imputés.
Les critères de comptabilisation des actifs d’impôt différé
résultant du report en avant de pertes fiscales et
de crédits d’impôt non utilisés sont les mêmes que
ceux retenus pour la comptabilisation des actifs d’impôt
différé résultant de différences temporelles déductibles.
Toutefois, l’existence de pertes fiscales non utilisées
constitue une indication forte que des bénéfices
imposables futurs risquent de ne pas être disponibles.
Par conséquent, lorsqu’une entreprise a un historique
de pertes récentes, elle ne comptabilise un actif d’impôt
différé au titre de ces pertes fiscales ou crédits d'impôt
non utilisés que dans la mesure où elle dispose
de différences temporelles imposables suffisantes ou
d’autres indications convaincantes qu'elle disposera
de bénéfices imposables suffisants sur lesquels pourront
s’imputer les pertes fiscales et crédits d’impôt non utilisés.»

Le Règlement CRC 99-02 précise «qu’il est présumé


qu'un tel bénéfice n'existera pas lorsque l'entreprise a
supporté des pertes récentes au cours des deux derniers
exercices sauf à apporter des preuves contraires
convaincantes, par exemple si ces pertes résultent de
circonstances exceptionnelles qui ne devraient pas se
renouveler dans un avenir prévisible ou si des bénéfices
exceptionnels sont attendus.»
On note donc que les textes français ont voulu introduire
une limitation à l’activation des impôts différés en précisant
ce qu’il fallait entendre par des preuves convaincantes.
Mais il ne s’agit ici que d’un exemple que certaines
entreprises voulant rester prudentes dans l’activation
des impôts différés ont repris dans leurs principes.

La mise en place d’IAS 12 risque donc de se traduire soit :


• par une modification des pratiques des entreprises
vers moins de «prudence»,
• par la mise en place de justifications plus détaillées
visant à démontrer la probabilité ou l’absence de
probabilité de réalisation de bénéfices imposables
futurs suffisants.

51
IAS 12

■ Une augmentation possible des impôts différés passifs


pour les groupes qui comptabilisent des marques ou parts
de marché

IAS 12 prévoit la comptabilisation d’un impôt différé


pour toutes les différences temporelles imposables.
Certaines exceptions sont prévues, et en particulier IAS
12 précise que le passif d’impôt généré par un goodwill
dont l’amortissement n’est pas déductible fiscalement ne
doit pas être comptabilisé. Les textes français ajoutent
une exception supplémentaire relative «aux écarts
d'évaluation portant sur des actifs incorporels
généralement non amortis ne pouvant être cédés
séparément de l'entreprise acquise».

L’application d’ IAS 12 pourrait donc se traduire par une


augmentation des impôts différés passifs pour les
groupes qui présentent des marques ou parts de marché
à leur bilan. Cependant, cette incidence sera certainement
limitée car ces actifs incorporels seront souvent reclassés
en goodwill dans le cadre de la première application
des normes IFRS. En effet, les actifs incorporels
comptabilisés séparément du goodwill en application
des normes françaises devront être reclassés en goodwill
s’ils ne satisfont pas les critères d’identification définis
par la norme IAS 38.

■ Augmentation des impôts différés passifs liés aux titres de


participation lorsque ces titres sont destinés à être cédés
dans un avenir prévisible

IAS 12 précise «qu’une entreprise doit comptabiliser un


passif d’impôt différé pour toutes différences temporelles
imposables liées à des participations dans des filiales,
entreprises associées, coentreprises et investissements
dans des succursales, sauf si et dans la mesure où les

52 CONVERSION AU X IFRS
deux conditions suivantes sont remplies :
(a) la mère, l’investisseur ou le coentrepreneur est en
mesure de contrôler la date à laquelle la différence
temporelle s’inversera ; et
(b) il est probable que la différence temporelle ne
s’inversera pas dans un avenir prévisible.»

La plupart des entreprises françaises n’enregistrent pas


d’impôt différé pour des participations consolidées
en intégration globale ou proportionnelle, même si
des cessions sont probables, en application du Règlement
CRC 99-02 qui limite les impôts différés aux impôts
non récupérables portant sur des distributions
de dividendes décidées ou probables.
En conséquence, l’application d’IAS 12 se traduira
généralement par une augmentation des impôts différés
passifs liés aux titres de participation. En effet,
les entreprises devront comptabiliser un impôt différé sur
la différence entre la valeur comptable (qui correspond
à la valeur des titres augmentée de la différence de
consolidation et du goodwill éventuel) et la valeur fiscale
des titres de participation. En principe, en cas
de différence de consolidation négative, les entreprises
enregistrent une dépréciation des titres pour ramener
la valeur fiscale (et valeur dans les comptes individuels)
au niveau de la valeur comptable (dans les comptes
consolidés). On notera également que les entreprises
devront comptabiliser un impôt différé sur les titres mis
en équivalence dont la différence est positive, car elles ne
contrôlent pas la date à laquelle la différence s’inversera.
Aujourd’hui, seuls quelques groupes (notamment ceux
qui préparent des comptes US GAAP) procèdent ainsi.

■ Modification ultérieure des actifs d’impôt différé nés


dans des regroupements d’entreprises

IAS 12 indique que «lorsqu’un actif d’impôt différé


de l’entreprise acquise n’a pas été comptabilisé par
l’acquéreur en tant qu'actif identifiable à la date
d’un regroupement d’entreprises et est comptabilisé
ultérieurement dans les états financiers consolidés de

53
IAS 12

l'acquéreur, le produit d'impôt différé qui en résulte est


comptabilisé dans le compte de résultat. De plus,
l’acquéreur :
(a) ajuste la valeur comptable brute du goodwill et
les amortissements cumulés correspondants des
montants qui auraient été enregistrés si l'actif d'impôt
différé avait été comptabilisé en tant qu'actif identifiable
à la date du regroupement d'entreprises, et
(b) comptabilise la réduction de la valeur nette comptable
du goodwill en charges.
Au contraire, le Règlement CRC 99-02 précise que «les plus
ou moins-values, ainsi que les dotations ou les reprises
de provisions constatées par rapport aux valeurs
attribuées lors de la première consolidation, contribuent
au résultat consolidé, sans que l'écart d'acquisition en
soit affecté. Il en est de même pour les économies d'impôt
réalisées au-delà du délai d'un an prévu au paragraphe
2110 du fait que des actifs d'impôt différé n'avaient pas
été considérés comme identifiables lors de l'opération».
L’application d’IAS 12 n’aura pas nécessairement
d’incidence sur les premiers états financiers établis
conformément aux normes IFRS, mais dans tous les cas
les entreprises seront amenées à modifier leurs principes
et à être plus attentives aux évaluations des impôts
différés actifs dans le cadre d’acquisition d’entreprises.

■ Actualisation des impôts différés

IAS 12 interdit l’actualisation des actifs et passifs


d’impôt différé. Le Règlement CRC 99-02 précise que
«les actifs et passifs d'impôt différé sont actualisés
lorsque les effets de l'actualisation sont significatifs et
qu'un échéancier fiable de reversement peut être établi».
Cette différence n’a d’incidence que pour les groupes
qui procèdent à l’actualisation de leurs actifs ou passifs
d’impôt différé.

54 CONVERSION AU X IFRS
■ Sous certaines conditions les actifs et passifs d’impôt
doivent être compensés

IAS 12 impose de compenser les actifs et les passifs


d’impôt différé si l’entreprise a un droit juridiquement
exécutoire de le faire et si elle a l’intention de réaliser
les actifs et passifs d’impôt simultanément. Par exemple,
les actifs et passifs d’impôt à l’intérieur d’une même
entité fiscale ou à l’intérieur d’un groupe fiscal en cas
d’intégration peuvent être compensés. De même, dans
certains pays, les impôts sur le résultat sont composés
de plusieurs impôts (local et fédéral par exemple) ;
dans ce cas, ne peuvent être compensés que des actifs et
passifs juridiquement compensables.
Les dispositions prévues par le Règlement CRC 99-02
prévoient que «Les actifs et passifs d'impôt différé,
quelle que soit leur échéance, doivent être compensés
lorsqu'ils concernent une même entité fiscale.» Les
dispositions prévues par IAS 12 sont donc plus précises
et les entreprises devront examiner les modalités ou
critères qu’elles considèrent pour compenser leurs actifs
et passifs d’impôt différé.

■ Les informations à fournir sont plus détaillées et plus


nombreuses

Les informations requises par IAS 12 sont beaucoup plus


nombreuses que celles habituellement communiquées par
les groupes français. En particulier, les éléments suivants
doivent faire l’objet d’un détail plus important :
• une présentation distincte des principales
composantes de la charge (produit) d'impôt ;
• un rapprochement entre le taux d'impôt théorique
et le taux d'impôt effectif ;
• le montant (et, si elle existe, la date d'expiration) des
différences temporelles déductibles, pertes fiscales et
crédits d'impôt non utilisés pour lesquels aucun actif
d'impôt différé n'a été comptabilisé au bilan ;
• la charge d'impôt relative aux activités abandonnées ;
• la justification de la comptabilisation d'actifs d'impôt
différé en cas d'historique de pertes fiscales récentes.

55
IAS 12

Chaque entreprise devra donc déterminer si


les incidences résultant des analyses ci-dessus sont
significatives et si une évolution de sa communication
financière doit être envisagée.

56 CONVERSION AU X IFRS
INCIDENCES SUR LES PROCESSUS
ET SUR L’ORGANISATION

Il est important de relever qu’il n’existe pas de corrélation


systématique entre l’impact financier et la difficulté de
mise en œuvre d’une norme.

La mise en œuvre d’IAS 12 nécessite d’impliquer


le département fiscal.

Cette implication est nécessaire pour :


• suivre et évaluer les bases fiscales des actifs et
des passifs ;
• suivre les pertes fiscales et crédits d’impôts ;
• évaluer le caractère recouvrable des actifs d’impôt
différé ;
• déterminer les compensations possibles entre actifs
et passifs d’impôt différé par sous-groupe intégré
fiscalement ;
• suivre les changements de taux d’imposition,
collecter et centraliser les taux d’impôt applicables
en cas de cession d’actif afin de pouvoir déterminer
le montant d’impôt différé ;
• présenter un niveau d’information beaucoup plus
détaillé.

L’implication des équipes fiscales apparaît nécessaire tant


au niveau des holdings de groupe que dans les filiales.
En l’absence d’experts au niveau des filiales, des outils
(manuel comptable et fiscal dont des check-lists
permettant à toutes les entités du groupe d’évaluer
correctement leurs bases fiscales) et une formation
adéquats doivent être mis en place pour permettre
la préparation d’une information de qualité par
les comptables des filiales.

57
IAS 12

INCIDENCES SUR LES SYSTÈMES


D’INFORMATION

Pour les entreprises concernées, les problématiques liées


aux impôts sur le résultat concerneront principalement
les systèmes de comptabilité générale et de reporting.

Les impacts «systèmes» liés à la mise en œuvre de


cette norme ne sont pas très significatifs et concerneront
principalement le suivi et la restitution d’informations
fiscales.

Les domaines suivants devront notamment être couverts :

• Nécessité de suivre (sur outils existants ou à définir)


les bases fiscales (en sus des valeurs comptables).

• Certaines sociétés pourront également avoir besoin


de réaliser des simulations pour évaluer, dans
le temps, l’effet impôt (actuel + différé) de
leurs choix et des traitements fiscaux.

• Réaménagement du système de reporting afin de tenir


compte des nouvelles informations à fournir.

58 CONVERSION AU X IFRS
IAS 14
IAS 14

Information sectorielle
IAS 14

IAS 14
Information sectorielle

RESUME DE LA NORME
Ce résumé doit permettre d’appréhender les incidences identifiées par le groupe
de travail mais il ne peut remplacer une lecture exhaustive de la norme.

Champ d'application
Les entreprises dont les titres de capitaux propres ou
d'emprunts sont négociés sur un marché organisé, y
compris celles dont de tels titres sont en cours d'émission
sur un marché public de valeurs mobilières, doivent
présenter une information par secteur d'activité et par
secteur géographique. Les méthodes comptables retenues
pour la présentation de l'information sectorielle sont
les mêmes que celles des comptes consolidés.

Identification des secteurs à présenter


La norme impose deux niveaux de présentation
sectorielle : en fonction des risques et des taux de
rentabilité, une entreprise définit une répartition par
activité et une répartition géographique et doit
déterminer une analyse principale (premier niveau
d'information) et une analyse secondaire (deuxième
niveau d'information). Cette différenciation est
essentielle car elle conduit à présenter une information
obligatoirement détaillée autour de neuf indicateurs
sur le découpage principal et allégée autour de quatre

60 CONVERSION AU X IFRS
d'entre eux sur le découpage secondaire.

Dans le cas où l'analyse principale est la répartition


géographique, celle-ci peut être soit fondée sur la
localisation géographique des actifs, soit sur la
localisation géographique des clients. Dans le cas où ces
deux méthodes conduiraient à présenter des informations
différentes, la norme prévoit un complément
d'information.

Aucune indication n'est donnée quant au nombre de


secteurs à présenter ; une information sectorielle trop
détaillée pourrait manquer de lisibilité.

Seuls les secteurs dont le chiffre d'affaires est réalisé


majoritairement avec des clients externes doivent être
présentés. Un secteur doit obligatoirement être présenté
s'il représente au moins 10 % du total consolidé du chiffre
d'affaires, du résultat ou des actifs. Dans le cas où l'ensemble
des secteurs ainsi identifiés représenterait moins de 75 %
du chiffre d'affaires consolidé, un seuil de signification
inférieur à 10 % doit être retenu pour identifier de nouveaux
secteurs à présenter.

Un secteur se distingue d'un autre par un niveau


d'exposition aux risques et un niveau de rentabilité
différents. Les facteurs à étudier pour déterminer si
les risques et la rentabilité sont différents de ceux
d'un autre secteur sont précisés, mais le terme différent
n'est pas quantifié (fourchette de taux de rentabilité
ou gradation des risques) par IAS 14 et aucune précision
ne permet d'aider les entreprises à appréhender
les différences de rentabilité et de risques ni même
de les évaluer.

L'entreprise doit étudier la structure de son organisation


interne et son système d'information interne pour
identifier les secteurs. Si les secteurs internes ne sont
établis ni sur la base de groupes de produits ou de
services liés, ni sur une base géographique, IAS 14
impose à l'entreprise d'examiner le niveau

61
IAS 14

immédiatement inférieur de segmentation interne pour


identifier les secteurs à présenter.

Les secteurs géographiques peuvent être établis soit


à partir du lieu d'implantation des actifs de l'entreprise
(origine des ventes) soit à partir de la localisation
des clients (destination des ventes). Toutefois, dans le cas
où la présentation des informations est sensiblement
différente dans l'une ou dans l'autre des méthodes, IAS
14 impose de présenter plusieurs éléments d'information
selon les deux méthodes.

IAS 14 impose que l'information sectorielle de l'exercice


antérieur présentée à titre de comparaison soit retraitée
pour prendre en compte une modification significative des
méthodes comptables sectorielles sauf si cela est infaisable.

Informations à fournir
Les informations à présenter pour le premier niveau
d'information sectorielle sont les suivantes :

• Les produits sectoriels, en isolant clients externes


et clients d'autres secteurs.
• Le résultat sectoriel.
• La valeur comptable des actifs sectoriels.
• Les passifs sectoriels.
• Les investissements sectoriels de l'exercice
(immobilisations corporelles et incorporelles).

Pour les entreprises qui ne fournissent pas d'information


sectorielle sur les flux de trésorerie :

• La dotation aux amortissements des actifs sectoriels


déduite du résultat sectoriel.
• Le montant global des autres charges sectorielles
significatives, sans contrepartie de trésorerie, déduites
du résultat sectoriel.

62 CONVERSION AU X IFRS
La norme encourage également à fournir une information
sur les éléments de produits et de charges sectoriels dont
le volume, la nature ou l'incidence sont tels qu'ils permettent
d'expliquer de façon pertinente la performance de chaque
secteur comme :
• la quote-part globale de l'entreprise dans le résultat
net des entreprises associées, des coentreprises ou
d'autres participations mises en équivalence si
l'essentiel des activités de ces entreprises se situe
dans ce seul et même secteur ou
• si le cumul des quotes-parts d'une entreprise dans
le résultat net d'entreprises associées, de coentreprises
ou d'entreprises mises en équivalence est indiqué
par secteur, le montant cumulé des participations
dans ces entreprises.

L’entreprise doit fournir un rapprochement entre les


informations fournies par secteur et les états financiers.

PRINCIPALES DIFFÉRENCES AVEC LES NORMES FRANÇAISES

L'information demandée par le référentiel français, dans


son état actuel, est très peu détaillée et, en cela, très
éloignée de celle requise par le référentiel international.

63
IAS 14

INCIDENCES SUR L’INFORMATION


FINANCIÈRE*

Les principales incidences de l’application d’IAS 14


sur l’information financière identifiées dans le cadre
du groupe de travail portent sur :
• des critères d’identification des secteurs d’activité et
des secteurs géographiques plus stricts que la pratique
actuelle,
• de nombreuses informations à fournir par secteur.

■ Des critères d’identification des secteurs d’activité et des


secteurs géographiques plus stricts que la pratique actuelle

IAS 14 impose de présenter distinctement un secteur


d’activité ou un secteur géographique lorsqu’il se
caractérise par des risques et une rentabilité différents
de ceux des autres secteurs. Il est également précisé
qu’un secteur doit être présenté, si la majorité de
ses produits provient de ventes à des clients externes
et s’il représente au moins 10 % :
• du total des produits externes et internes de tous
les secteurs,
• du résultat cumulé de l’ensemble des secteurs
déficitaires ou de l’ensemble des secteurs
bénéficiaires,
• du total des actifs de tous les secteurs.

Si le total des produits externes des secteurs présentés


n’atteint pas 75 % des produits totaux consolidés,
alors il faut identifier d’autres secteurs à présenter.
* Cet ouvrage ne recense que
les principales incidences identifiées Les entreprises en France n’appliquent généralement pas
par les entreprises participant au projet. des critères aussi précis pour identifier les secteurs

64 CONVERSION AU X IFRS
d’activité qui sont présentés dans leurs états financiers
(préparés selon les principes comptables français tels que
définis dans le Règlement CRC 99-02). Elles vont devoir
en faire l’analyse dans le cadre de l’application des IFRS
mais surtout, elles devront mener une réflexion commune
et globale sur la relation entre la communication financière
et le reporting financier.
Certains groupes fournissent des informations soit dans
leur plaquette soit aux analystes financiers qui ne sont pas
présentées selon la même grille d’analyse que l’information
sectorielle donnée dans les états financiers. Cette situation
ne nous paraît pas viable et doit être revue dans le cadre de
la conversion aux IFRS. En effet, l’information sectorielle
est l’un des axes majeurs de la communication financière
au sens large. C’est pourquoi l’absence de cohérence entre
les différentes informations communiquées et les états
financiers peut rendre confuse la lecture de ces informations.
A cet égard on notera que les régulateurs sont de plus en
plus vigilants sur cette question et demandent aux entreprises
de réconcilier toutes les informations publiées avec les
informations comptables. Bien que l’information sectorielle
ne soit pas directement visée, on peut penser que les
entreprises ne pourront pas continuer à présenter deux
informations sectorielles différentes.

■ De nombreuses informations à fournir par secteur

Actifs et passifs sectoriels


La valeur nette comptable totale des actifs et passifs
opérationnels doit être indiquée pour chaque secteur.
La pratique actuelle se limite à présenter les actifs
immobilisés par secteur.
Le total des coûts encourus au cours de l’exercice au titre
de l’acquisition d’actifs sectoriels (corporels et incorporels)
destinés à être utilisés durant plusieurs exercices doit également
être communiqué. Aujourd’hui, cette information est rarement
mentionnée par les groupes français. Il faut également
ajouter que la révision en cours d’IAS 22 prévoit
l’allocation des goodwills aux unités génératrices
de trésorerie et donc aux secteurs.

65
IAS 14

Résultat net sectoriel


La notion de résultat net sectoriel est différente de
la notion de résultat d’exploitation sectoriel utilisée
par les entreprises françaises. Le résultat net sectoriel
doit intégrer l’ensemble des éléments du résultat net
provenant des actifs ou passifs affectés au secteur,
y compris les éléments «exceptionnels» tels que
les impacts de mesures de restructuration. Toutes
les pertes de valeur sur des immobilisations incorporelles
et goodwills affectés au secteur devront également être
présentées dans le résultat du secteur.

Charges sans contrepartie en trésorerie


Le montant total des charges significatives sans
contrepartie en trésorerie doit être indiqué dans
les informations à fournir pour chaque secteur présenté.
Actuellement, les dotations aux provisions, par exemple,
ne font pas l’objet d’une mention explicite dans
l’explication de la formation du résultat des secteurs.

Informations géographiques à fournir lorsque


le premier niveau sectoriel est le secteur d’activité
• Les produits provenant des tiers par zone géographique
(en fonction de la localisation des clients) pour chaque
secteur géographique représentant 10 % au moins
des produits totaux externes.
• La valeur comptable totale des actifs sectoriels
par implantation géographique pour chaque secteur
géographique représentant 10 % au moins des actifs
totaux de tous les secteurs géographiques.
• Le montant total des coûts encourus au cours de
l’exercice pour l’acquisition d’actifs sectoriels destinés
à être utilisés durant plusieurs exercices pour chaque
secteur géographique représentant 10 % au moins
des actifs totaux de tous les secteurs géographiques.

66 CONVERSION AU X IFRS
Informations par activité à fournir lorsque le premier niveau
sectoriel est géographique (pour les secteurs d’activité
représentant 10 % au moins des produits totaux
provenant de tiers ou pour ceux représentant 10 %
au moins des actifs totaux de tous les secteurs d’activité)
• Les produits sectoriels provenant des tiers.
• La valeur comptable totale des actifs sectoriels.
• Le montant total des coûts encourus au cours de
l’exercice pour l’acquisition d’actifs sectoriels
destinés à être utilisés durant plusieurs exercices.
• Lorsque la localisation des clients est différente
de celle des actifs, un complément d’information
doit être fourni.

Chaque entreprise devra donc déterminer si les incidences


résultant des analyses ci-dessus sont significatives et
si une évolution de sa communication financière doit être
envisagée.

67
IAS 14

INCIDENCES SUR LES PROCESSUS


ET SUR L’ORGANISATION

Il est important de relever qu’il n’existe pas de corrélation


systématique entre l’impact financier et la difficulté de
mise en œuvre d’une norme.

Incidence sur la structure et l’organisation du reporting interne


Les entreprises devront mener une réflexion commune
et globale sur la relation entre la communication financière
et le reporting interne. Rappelons qu’un secteur d’activité
se caractérise par des risques et des conditions de rentabilité
différents de ceux des autres secteurs. De façon similaire,
un secteur géographique se distingue dès lors qu’il
est soumis à des risques et des conditions de rentabilité
différents de ceux de secteurs opérant dans d’autres
environnements économiques.
Par ailleurs, IAS 14 indique que «les sources de risques
prédominantes déterminent les modes d'organisation et
de gestion de la plupart des entreprises».

La norme indique également que la structure


d'organisation d'une entreprise et son système
d’information financière interne constituent la base
d'identification de ses secteurs. La définition des secteurs
est donc essentielle et déterminante. En effet, elle doit
être cohérente avec l’organisation interne et elle va
structurer la communication financière. Elle doit donc
être approuvée par la direction générale car ses impacts
vont bien au-delà des impacts strictement comptables.

Une autre raison qui peut conduire à des changements


d’organisation de reporting interne (avec ses conséquences en
matière de responsabilités opérationnelles) est la corrélation
qui est prévue dans le projet de révision sur l’évaluation des

68 CONVERSION AU X IFRS
immobilisations incorporelles. En effet, le projet en cours*
prévoit de restreindre le niveau d’analyse des valeurs
incorporelles au secteur défini selon IAS 14. Les goodwills
et les immobilisations incorporelles dont la durée de vie
est indéfinie devront être affectés aux unités génératrices
de trésorerie (cash generating units) et faire l’objet
d’un test de dépréciation systématique (impairment test).
Un regroupement est possible mais limité au secteur tel que
défini en application d’IAS 14.

Affectation de charges, produits, actifs et passifs aux secteurs


L’affectation aux secteurs de certains actifs, passifs,
produits ou charges aujourd’hui non affectés peut soulever
des problèmes spécifiques.

En effet, l’affectation des actifs et passifs est susceptible


d’entraîner des modifications d’organisation (nécessité de
clarifier les responsabilités) ou des difficultés
d’application. Les opérationnels ne sont pas toujours
sensibilisés à la gestion des actifs et passifs hors
exploitation comme les immobilisations incorporelles ou
la dette. Certaines charges telles que les dépenses
de recherche et développement ne sont pas toujours
réparties entre les secteurs.

Par ailleurs, certaines fonctions peu impliquées


habituellement dans les processus comptables (telles que
la R&D, le service achats ou le département commercial)
devront être mises à contribution afin d’alimenter les
outils de reporting.

Ceci implique un effort important de formation et de


motivation pour sensibiliser ces opérationnels aux
problématiques comptables et ce, afin d’assurer la
* Exposé-sondage Révision d’IAS 36. production d’une information de qualité.

69
IAS 14

INCIDENCES SUR LES SYSTÈMES


D’INFORMATION

Pour les entreprises concernées, les problématiques


d’information sectorielle doivent être gérées au niveau
le plus fin et concerneront principalement les applications
informatiques liées :
• à la comptabilité générale et analytique (bilan,
compte de résultat),
• au suivi des flux de trésorerie (tableau de flux
de trésorerie),
• à la gestion des immobilisations,
• aux outils de reporting et de consolidation.

Pouvoir traiter et restituer des données analytiques


très détaillées
Les réflexions devront notamment couvrir :
• Le paramétrage analytique des données :
- Rares sont les groupes qui disposent aujourd’hui
d’outils qui leur permettent d’identifier et de
suivre des informations sur les actifs/passifs
sectoriels (absence de codification).
- Les systèmes existants permettent surtout
la gestion des transactions intercompagnies et
ne permettent généralement pas de gérer les
transactions intersecteurs.
- Le périmètre des secteurs est un élément variable
dans le temps qui imposera aux systèmes d’être
suffisamment souples pour prendre en compte
d’éventuelles modifications de secteurs
d’une année sur l’autre.

• Les interfaces
- La modification des structures analytiques
dans les différents systèmes aura pour conséquence

70 CONVERSION AU X IFRS
la nécessité de revoir les interfaces entre les différents
systèmes d’information (systèmes comptables,
de gestion des immobilisations, de trésorerie avec
le système de consolidation/reporting, et plus
particulièrement dans le cas d’applications
spécifiques).
- Toute modification d’interface induira la définition
de nouvelles tables de correspondance.

Capacité des systèmes à «formater» l’information très en amont


• La mise en place de IAS 14 nécessitera également
une adaptation des outils de collecte d’informations
par secteur d’activité et par secteur géographique.
Il apparaît donc nécessaire de décentraliser les saisies
ou alimentations automatiques au niveau des secteurs.

Cette mise en œuvre, au niveau des outils de traitement,


sera d’autant plus complexe si l’organisation juridique
diffère significativement de l’organisation opérationnelle
(découpage des données et ventilation analytique).

Adapter les formats de reporting


• Les états de restitution et les tableaux de bord/reporting
et/ou de consolidation devront être reformatés afin d’être
adaptés au niveau de détail requis.

71
IAS 14

INFORMATIONS SUR LES SECTEURS


D’ACTIVITÉ
Exemple de présentation d’une information sectorielle (premier niveau)
(extrait de la norme IAS 14)
Produits Fournitures Edition Autres Eliminations Consolidé
en papier de bureau activités
20x2 20x1 20x2 20x1 20x2 20x1 20x2 20x1 20x2 20x1 20x2 20x1
PRODUITS DES ACTIVITES ORDINAIRES
Produits externes 55 50 20 17 19 16 7 7
Produits intrasecteurs 15 10 10 14 2 4 2 2 (29) (30)
Total 70 60 30 31 21 20 9 9 (29) (30) 101 90

RESULTAT
Résultat sectoriel 20 17 9 7 2 1 0 0 (1) (1) 30 24
Frais de siège non affectés (7) (9)
Résultat opérationnel 23 15
Intérêts payés (4) (4)
Intérêts reçus 1 1 1 1
Part du résultat net dans les entreprises associées 6 5 2 2 8 7
Impôts sur le résultat (7) (4)
Résultat de l'activité ordinaire 22 17
Perte extraordinaire : dommages non assurés causés
à l'usine par un tremblement de terre (3) (3)
Résultat net 22 14

AUTRES INFORMATIONS
Actifs sectoriels 54 50 34 30 10 10 10 9 108 99
Participation dans des entreprises associées mises en équivalence 20 16 12 10 32 26
Actifs du siège non affectés 35 30
Actif total consolidé 175 155
Passifs sectoriels 25 15 8 11 8 8 1 1 42 35
Passifs du siège non affectés 40 55
Passif total consolidé 82 90
Investissements 12 10 3 5 5 4 3
Amortissement 9 7 9 7 5 3 3 4
Charges sans contrepartie en trésorerie autres que l'amortissement 8 2 7 3 2 2 2 1

72 CONVERSION AU X IFRS 73
IAS 16
IAS 16

Immobilisations
corporelles
IAS 16

IAS 16*
Immobilisations
corporelles

RESUME DE LA NORME
Ce résumé doit permettre d’appréhender les incidences identifiées par le groupe
de travail mais il ne peut remplacer une lecture exhaustive de la norme.

Objectif
IAS 16 prescrit le traitement comptable des immobilisations
corporelles. Les principales questions traitées dans cette
norme portent sur la date de comptabilisation des actifs,
la détermination de leur valeur comptable ainsi que
la comptabilisation des dotations aux amortissements
correspondantes.

Définitions
Les immobilisations corporelles sont des biens par nature
durables détenus par l'entreprise pour être utilisés par
elle ou loués à des tiers. Elles sont inscrites à l'actif
du bilan s'il est probable que les avantages économiques
futurs associés à ces actifs iront à l'entreprise et que
leur coût peut être évalué de façon fiable.

Évaluation initiale
* SIC 14 : Indemnisation liée Lors de son entrée dans le patrimoine de l'entreprise,
à la dépréciation ou à la perte une immobilisation est évaluée à son coût, constitué
de biens.
SIC 23 : Coûts des inspections ou de son prix d'achat et de tous les frais directement
des révisions majeures. attribuables et nécessaires à sa mise en état de marche en

76 CONVERSION AU X IFRS
vue de l'utilisation prévue.

Dépenses ultérieures
Les dépenses ultérieures relatives à une immobilisation
corporelle déjà comptabilisée sont ajoutées à la valeur
comptable de l'actif lorsqu'il est probable que des
avantages économiques futurs, au-delà du niveau de
performance défini à l'origine pour l'actif, iront à
l'entreprise. Il en est de même, sous certaines conditions,
des dépenses d'inspection ou de révision majeures d'une
immobilisation corporelle effectuées à intervalle régulier
sur sa durée d'utilité pour permettre son utilisation
continue. Toutes les autres dépenses ultérieures doivent
être comptabilisées en charge de l'exercice au cours
duquel elles sont constatées.

Évaluation postérieure à la comptabilisation initiale


Postérieurement à leur comptabilisation initiale, les
immobilisations corporelles peuvent être comptabilisées :
• soit selon le traitement de référence, à leur coût diminué
du cumul d'amortissements et pertes de valeurs ;
• soit selon le traitement alternatif, à un montant
réévalué, correspondant à leur juste valeur, diminué
du cumul des amortissements et des pertes de valeurs.
Dans ce dernier cas, les réévaluations doivent être
réalisées périodiquement de manière à ce que
la valeur comptable reste proche de la juste valeur
à la date de clôture et ces réévaluations doivent
être réalisées pour toutes les immobilisations
d’une même catégorie.

Lorsqu'en application du traitement alternatif, la valeur


comptable d'un actif augmente suite à une réévaluation,
l'augmentation doit être créditée directement en capitaux
propres sous le libellé «écart de réévaluation».
Toutefois, une réévaluation positive doit être
comptabilisée en produit dans la mesure où elle
compense une réévaluation négative antérieure
du même actif, comptabilisée en charges.

77
IAS 16

Lorsque la valeur comptable d'un actif diminue à la suite


d'une réévaluation, cette diminution doit être comptabilisée
en charges. Toutefois, une réévaluation négative doit être
directement imputée en capitaux propres sur l'écart de
réévaluation dans la mesure où cette diminution compense
et n'excède pas une réévaluation antérieure du même actif
comptabilisé en écart de réévaluation.

Amortissement
Une immobilisation corporelle doit être amortie de façon
systématique sur sa durée d'utilité, de manière à refléter
le rythme de consommation des avantages économiques
générés par l'actif. Pour cela, la base amortissable doit tenir
compte de la valeur résiduelle. La dotation aux amortissements
de chaque exercice doit être comptabilisée en charges à moins
qu'elle ne soit incorporée dans la valeur comptable d'un autre
actif, par exemple un stock produit par l'entreprise.

Les durées et méthodes d'amortissement doivent être


revues périodiquement par l'entreprise. En cas de
révision de ces hypothèses, un changement d'estimation
comptable doit être comptabilisé, et les dotations aux
amortissements de l'exercice en cours et des exercices
futurs doivent être ajustées.

Mises hors service et sorties


Une immobilisation corporelle cédée, hors d'usage et dont
plus aucun avantage économique futur n'est attendu, doit être
éliminée du bilan. L'effet de cette sortie de l'immobilisation
doit être comptabilisé en net au compte de résultat, comme
la différence entre sa valeur comptable et les produits de
sortie nets estimés.

Informations à fournir
La norme requiert de fournir de nombreuses informations
pour chaque catégorie d’immobilisations corporelles.
Ces informations sont relatives aux méthodes comptables

78 CONVERSION AU X IFRS
retenues pour l’évaluation initiale, l’amortissement et
la dépréciation des immobilisations corporelles. La norme
requiert également des informations sur les principales
variations de chaque catégorie d’immobilisations (entrées,
sorties…).

PRINCIPALES DIFFÉRENCES AVEC LES NORMES FRANÇAISES

Les principales différences entre les normes françaises


et les normes IFRS en matière d’immobilisations corporelles
concernent la comptabilisation des provisions pour grosses
réparations et les conditions de réévaluation des
immobilisations corporelles.

Comptabilisation des dépenses de grosses réparations


En France, le Plan Comptable Général (PCG) autorise
la constitution de provisions pour dépenses de grosses
réparations alors que ces dernières sont interdites par
la norme IAS 37, Provisions, passifs éventuels et actifs
éventuels.

Le Comité d'Interprétation de l'IASC dans l'interprétation 23


prescrit que des dépenses de révisions ou d'inspections
majeures intervenant à intervalles réguliers pour permettre
l'utilisation normale de l'immobilisation, doivent être
comptabilisées en immobilisation corporelle lorsque
l'entreprise a identifié comme un composant distinct de
l'actif un montant correspondant à une inspection ou révision
majeure et l'a amorti sur la durée qui s'écoule entre
deux révisions ou inspections majeures. Il est également
nécessaire que les avantages économiques futurs associés
à l'actif iront à l'entreprise et que le coût de ce composant
puisse être évalué de façon fiable. Les évolutions
réglementaires en cours en France devraient conduire
à retenir les mêmes méthodes qu’en IFRS.

Réévaluation des immobilisations corporelles


Le Plan Comptable Général, comme IAS 16, autorise
la réévaluation des immobilisations corporelles. Cependant,
si, selon les normes IFRS, la réévaluation est un mode

79
IAS 16

d’évaluation des immobilisations, elle n’est en France


qu’une faculté accordée sous certaines conditions aux
entreprises.

Ainsi, contrairement à la norme internationale qui permet


de réévaluer les immobilisations corporelles par catégorie,
le référentiel français impose lorsqu’une réévaluation libre
est pratiquée, qu’elle le soit sur toutes les immobilisations
corporelles et financières (la réévaluation d’immobilisations
incorporelles est interdite selon les normes françaises).

Selon les normes françaises, l’écart de réévaluation


est porté au crédit des capitaux propres et il ne peut être
modifié ultérieurement. Ainsi, si une dépréciation (qui
doit être calculée sur la valeur réévaluée) doit être
comptabilisée, elle le sera par le compte de résultat.
La norme IAS 16 prévoit également la comptabilisation
de l’écart de réévaluation dans les capitaux propres mais
contrairement aux règles françaises, une provision pour
dépréciation constatée postérieurement à la réévaluation
sera imputée prioritairement sur l'écart de réévaluation.

S’agissant de la fréquence des réévaluations, IAS 16


impose, pour des immobilisations réévaluées, que le
processus d'évaluation se déroule périodiquement.
La norme précise que ce processus peut s'effectuer
chaque année pour des immobilisations dont la juste
valeur est soumise à de fréquentes variations.
Pour les autres immobilisations, une fréquence de trois
ou cinq ans est suffisante. Les normes françaises ne prévoient
pas de telles dispositions, la réévaluation n’étant pas
considérée en tant que telle comme un mode d’évaluation
des immobilisations.

80 CONVERSION AU X IFRS
INCIDENCES SUR L’INFORMATION
FINANCIÈRE*

Les principales incidences de l’application d’IAS 16


sur l’information financière, identifiées dans le cadre
du groupe de travail, portent sur les points suivants :

• Le montant des immobilisations brutes pourrait être


modifié.
• Toutes les dépenses qui prolongent la durée d’utilité
d’un actif doivent être immobilisées.
• Les immobilisations corporelles doivent être
découpées en «composants».
• Les durées d’amortissement et les bases de calcul
pourraient être modifiées.

■ Le montant des immobilisations brutes pourrait être modifié

Selon IAS 16, une immobilisation corporelle est un actif,


c’est-à-dire une «ressource contrôlée par une entreprise
et dont les avantages économiques futurs sont attendus par
l’entreprise». Cette définition qui ne fait pas référence à
la notion de patrimoine/propriété sous-jacente des principes
français peut conduire à l’augmentation ou la diminution
des immobilisations corporelles. En particulier :
• les coûts devront être immobilisés dès qu’ils peuvent
être évalués de façon fiable et qu’il est probable que
les avantages économiques futurs qu’ils procureront
iront à l’entreprise (IAS 16.7 et suivants) ;
• tous les frais directement attribuables font partie du
coût de l’immobilisation ( IAS 16.15), comme le coût
de préparation du site, les frais de livraison et de
manutention initiaux, les frais d'installation ;
les honoraires de professionnels tels qu’architectes
et ingénieurs, le coût estimé de démantèlement
et transport de l’actif, et de rénovation du site dans
la mesure où ce dernier est comptabilisé en tant que
provision selon IAS 37, Provisions, passifs éventuels
* Cet ouvrage ne recense que
les principales incidences identifiées et actifs éventuels ;
par les entreprises participant au projet. • les frais de démarrage et les frais similaires de

81
IAS 16

préexploitation n'entrent pas dans le coût d'un actif,


sauf s’ils sont nécessaires pour mettre l’actif en
état de fonctionnement. Les pertes opérationnelles
initiales encourues avant que l’actif parvienne
à la performance prévue sont comptabilisées en
charges (IAS 16.17);
• un crédit fournisseur «gratuit» ou avantageux
au regard des conditions de marché devra se traduire
par une diminution du coût (IAS 16.16).

Les entreprises en France comptabilisent, sur la base


de la facture d’achat, en immobilisations corporelles,
les biens dont ils sont juridiquement propriétaires et dont
la valeur unitaire excède un certain montant. Ce dernier
critère d’origine fiscale n’existe pas dans la norme et
le caractère significatif doit être analysé globalement.
Par ailleurs, certains coûts énumérés ci-dessus ne sont
pas retenus dans la base amortissable des immobilisations.
L’incidence sur la valeur des immobilisations peut donc
varier selon les entreprises.

■ Toutes les dépenses qui prolongent la durée d’utilité


d’un actif doivent être immobilisées

En application de la définition reprise ci-dessus, IAS


12.27 indique que «les dépenses ultérieures relatives à
une immobilisation corporelle déjà comptabilisée doivent
être ajoutées à la valeur comptable de l’actif lorsqu'il
est probable que des avantages économiques futurs,
au-delà du niveau de performance défini à l’origine
de l’actif existant, iront à l'entreprise».
Ce traitement peut conduire à comptabiliser de nombreuses
réparations actuellement comptabilisées en charges comme
des remplacements d’actifs. Dans ce cas, l’augmentation
des montants immobilisés se traduira par une augmentation
des charges d’amortissement. Toutefois, dans le même temps,

82 CONVERSION AU X IFRS
et en sens contraire, on observera une diminution des charges
d’entretien. En conséquence, l’application d’IAS 16 aura un
impact sur la nature des charges mais l’impact sur le résultat
net ne sera pas nécessairement significatif.

■ Les immobilisations corporelles doivent être découpées en


«composants»

IAS 16.12 impose de comptabiliser distinctement


les différents éléments constitutifs d’une immobilisation
appelés «composants» lorsqu’ils ont des durées d’utilité
différentes ou lorsqu’ils procureront des avantages
à l’entreprise qui seront consommés selon un rythme
différent. IAS 16 cite l’exemple d’un avion et ses moteurs
qui doivent être traités comme des actifs amortissables
distincts s'ils ont des durées d’utilité différentes.
Ce mode de comptabilisation aura des incidences
sur la gestion des immobilisations mais les incidences
sur les montants immobilisés varieront en fonction des
caractéristiques de l’activité et des actifs de l’entreprise.

■ Les durées d’amortissement et les bases de calcul


pourraient être modifiées

Une immobilisation doit être amortie sur sa durée


d’utilité et la base de calcul de l’amortissement doit tenir
compte de la valeur résiduelle attendue en fin d’utilisation
(IAS 16. 41 et suivants).
IAS 16 précise que la durée d’utilité est :
(a) soit la période pendant laquelle l'entreprise
s’attend à utiliser un actif ;
(b) soit le nombre d'unités de production ou d’unités
similaires que l'entreprise s’attend à obtenir de l'actif.
L’application de ces principes aura une incidence pour
la plupart des entreprises car les entreprises françaises
utilisent généralement les durées de vie (et non les durées
d’utilité) et ne tiennent pas comptent des valeurs
résiduelles, (on notera qu’un certain nombre d’entreprises
utilisent des durées «fiscales» qui sont souvent des durées
fondées sur des usages professionnels).

83
IAS 16

Ces deux dispositions ont des incidences nécessairement


inverses et chaque entreprise devra déterminer si l’impact
net est important.

■ Plus de transparence

Les informations demandées par IAS 16 sont


généralement fournies par les entreprises françaises.
Néanmoins, celles-ci devront développer
les informations sur les durées d’amortissement,
et distinguer amortissement et perte de valeur dans
la justification des variations d’immobilisations.

Chaque entreprise devra donc déterminer si les incidences


résultant des analyses ci-dessus sont significatives et
si une évolution de sa communication financière doit
être envisagée.

84 CONVERSION AU X IFRS
INCIDENCES SUR LES PROCESSUS
ET SUR L’ORGANISATION

Il est important de relever qu’il n’existe pas de corrélation


systématique entre l’impact financier et la difficulté de mise
en œuvre d’une norme.

Transfert de responsabilités
Plusieurs dispositions de la norme conduiront
nécessairement à transférer vers les opérationnels
des responsabilités qui étaient antérieurement assumées
par des comptables/fiscalistes.
En particulier, l’intervention des opérationnels sera
nécessaire pour :
• valider les composantes du coût des immobilisations
(frais directement attribuables),
• valider la durée et le mode d’amortissement des
immobilisations, voire de chacune des composantes
des immobilisations,
• déterminer si les dépenses engagées peuvent être
immobilisées,
• revoir régulièrement les durées et modes d’amortissement
et les valeurs résiduelles, ainsi que la valorisation
des immobilisations non utilisées.

85
IAS 16

INCIDENCES SUR LES SYSTÈMES


D’INFORMATION

Les incidences relatives aux immobilisations corporelles


concerneront principalement les applications informatiques
liées au suivi des immobilisations et au système de
consolidation/reporting.

Il faudra en effet tenir compte :


• de l’approche par «composants» (ventilation initiale
et comptabilisation des remplacements),
• de la valeur résiduelle,
• de l’intégration des éléments de faible valeur unitaire
(éventuellement regroupés).

Un impact majeur sur les applications de suivi et de gestion


des immobilisations
La mise à niveau des systèmes sera donc concentrée sur
le paramétrage des données (ex. : durées), la codification
des catégories d’immobilisations (lien avec la notion
de secteur développée dans IAS 14, Information
sectorielle), leur capacité à intégrer (volumétrie) de
nouveaux «sous-groupes» d’immobilisations.

Le système de gestion des immobilisations devra donc permettre :


• d’individualiser les immobilisations et de les rattacher à
des groupes (approche «par composants» d’immobilisation
avec des durées d’amortissement différentes) ;
• des multi-valorisations et des multi-dépréciations
(double référentiel) ;
• de suivre par secteur (selon IAS 14) les immobilisations
et les charges d’amortissement.

Gérer un double référentiel


Des considérations fiscales imposeront également
le plus souvent le maintien de deux référentiels, l’un

86 CONVERSION AU X IFRS
pour les comptes individuels et l’autre pour les comptes
consolidés (problématique des durées d’amortissement
ou des provisions pour grosses réparations, par exemple).

87
IAS 17
IAS 17

Contrats de location
IAS 17

IAS 17
Contrats de location*

RESUME DE LA NORME
Ce résumé doit permettre d’appréhender les incidences identifiées par le groupe
de travail mais il ne peut remplacer une lecture exhaustive de la norme.

Champ d’application
Un contrat de location est défini comme un accord dont
la substance inclut le transfert pour une durée déterminée
du droit d'utilisation d'un actif en échange d’un paiement
ou d’une série de paiements. Ce transfert de droit peut
résulter d’un contrat n’ayant pas la qualification
juridique d’un contrat de location (par exemple,
certains contrats de fourniture d’énergie).

IAS 17 s’applique à la comptabilisation de tous


les contrats de location autres que :
• les contrats de location portant sur l’exploration
ou l’utilisation de minerai, pétrole, gaz naturel
et de ressources non renouvelables similaires ;
• les accords de licence portant sur des éléments comme
des films cinématographiques, des enregistrements
* SIC 15 : Avantages dans
vidéo, des pièces de théâtre, des manuscrits, des brevets
les contrats de location simple. et des droits d’auteur.
SIC 27 : Evaluation de En outre, la norme ne s’applique pas à l’évaluation des
la substance des transactions
prenant la forme juridique d’un
immeubles de placement ou des actifs biologiques chez
contrat de location. le bailleur d’une location simple ou le preneur d’une

90 CONVERSION AU X IFRS
location-financement, qui font l’objet respectivement
des normes IAS 40, Immeubles de placement, et IAS 41,
Agriculture.

Classement des contrats de location


La norme distingue deux natures de contrats en fonction
du degré d’attribution au bailleur ou au preneur
des risques et des avantages inhérents à la propriété
de l'actif loué :
• Un contrat de location-financement transfère au
preneur la quasi-totalité des risques et avantages
inhérents à la propriété de l’actif loué.
• Un contrat de location simple est tout contrat
de location qui n’est pas un contrat de location-
financement.

Qu’un contrat soit un contrat de location-financement


ou un contrat de location simple dépend de la réalité de
la transaction plutôt que de la forme du contrat. L’absence
de transfert de propriété au terme du contrat ne conduit pas
nécessairement à la conclusion qu’un contrat de location
est une location simple.

En conséquence, même si la norme cite des exemples


de situations qui conduiraient normalement à ce qu’un contrat
soit classé en tant que contrat de location-financement,
la détermination de la nature d’un contrat de location ne peut
se limiter à l’examen de ces seuls exemples (non exhaustifs)
et doit toujours s’apprécier à l’examen des conditions
particulières du contrat.

L’interprétation SIC 27, «Evaluation de la substance


des transactions prenant la forme juridique d’un contrat
de location», précise en outre qu’une série de
transactions prenant la forme juridique d’un contrat de
location sont liées et doivent être comptabilisées comme
une transaction unique lorsque leur incidence
économique globale ne peut se comprendre sans faire
référence à la série de transactions comme un tout.
C’est le cas, par exemple, lorsque les transactions sont
étroitement liées, négociées comme une transaction

91
IAS 17

unique et qu’elles se produisent simultanément ou selon


une séquence continue. Ce texte vise en particulier
* Les paiements minimaux au titre
de la location sont les paiements certaines transactions structurées autour de la mise
que le preneur est, ou peut être, en location-financement d’un bien suivie de sa reprise
tenu d'effectuer pendant la durée en location simple, dont l’effet doit dorénavant
du contrat de location à
l'exclusion du loyer conditionnel, explicitement être appréhendé comme un tout.
du coût des services et des taxes à
payer ou à rembourser au bailleur Le classement du contrat de location doit être fait
ainsi que :
(a) pour le preneur, tous les à l’origine du contrat. Il n’est pas revu pendant la durée
montants garantis par lui ou par du contrat sauf dans les cas où le preneur et le bailleur
une personne qui lui est liée ou modifient ensuite les dispositions du contrat de telle sorte
(b) pour le bailleur, toute valeur
résiduelle dont le paiement qu’il aurait été classé différemment, si ces modifications
lui est garanti par : étaient intervenues au commencement de la location.
(i) le preneur,
(ii) une personne liée
au preneur ou Les contrats de location dans les états financiers du preneur
(iii) un tiers indépendant ayant Au bilan du preneur, les contrats de location-financement
la capacité financière d'honorer sont comptabilisés à l’actif et au passif pour
cette garantie.
Toutefois, si le preneur a la des montants égaux au commencement du contrat
possibilité d'acquérir l'actif à un à la juste valeur du bien loué ou, si celle-ci est inférieure,
prix qui devrait être suffisamment à la valeur actualisée des paiements minimaux au titre
inférieur à la juste valeur de l'actif
à la date à laquelle l'option peut du contrat*. Le taux d’actualisation à retenir correspond
être levée pour que l’on ait, au taux implicite** du contrat si celui-ci peut être
dès le commencement du contrat déterminé ou à défaut, au taux marginal d’endettement
de location, la certitude raisonnable
que l'option sera levée, les paiements du preneur.
minimaux au titre de la location
englobent les montants minimaux Les frais directs encourus par le preneur en vue du
à payer au titre de la location
sur la durée du contrat de location contrat sont intégrés dans la valeur de l’actif.
et le paiement à effectuer pour lever
ladite option d'achat. L’actif constaté est amorti selon une méthode cohérente
La définition n’étant pas symétrique
entre les deux parties (du fait de avec celle utilisée par le preneur pour les actifs dont
l’inclusion de la garantie de valeur il est propriétaire ou, en l’absence de certitude raisonnable
résiduelle consentie par un tiers que le preneur devienne propriétaire de l’actif à la fin
dans les paiements minimaux tels
que considérés pour le bailleur), du contrat de location, sur la durée la plus courte de
un contrat de location peut être la durée du contrat de location et de sa durée d’utilité.
considéré comme une location-
financement pour le bailleur,
tout en étant une location simple Les paiements au titre du contrat sont ventilés entre des
pour le preneur. charges d’intérêt et l’amortissement du solde de la dette,

92 CONVERSION AU X IFRS
** Le taux d’intérêt implicite du en appliquant un taux d’intérêt périodique constant tel
contrat est le taux d’actualisation que déterminé ci-dessus sur le solde de l’emprunt au titre
qui donne, au commencement
du contrat, une valeur actualisée de chaque période.
cumulée des paiements minimaux
au titre de la location et de la Les paiements au titre d’un contrat de location simple
valeur résiduelle non garantie
égale à la juste valeur du bien. sont comptabilisés en charges, sur une base en général
linéaire durant toute la durée du contrat. Le profit
cumulé des avantages reçus de la part du bailleur doit
être comptabilisé comme une diminution de charges
locatives sur la durée du bail sur la même base, en
application de l’interprétation SIC 15, «Avantages
dans les contrats de location simple».

Les contrats de location dans les états financiers du bailleur


Le bailleur comptabilise dans son bilan les actifs
qui font l’objet d’un contrat de location-financement
comme des créances pour un montant égal à la somme
des paiements minimaux au titre de la location et de
toute valeur résiduelle non garantie lui revenant, après
actualisation au taux implicite du contrat. Les paiements
reçus sont ventilés entre le remboursement de la créance
et les produits financiers par l’application de ce même
taux à l’encours de la créance du bailleur.

Les coûts directs initiaux encourus par le bailleur


sont soit comptabilisés immédiatement en charges,
soit amortis sur la durée du contrat.

Le bailleur qui est fabricant ou distributeur comptabilise


les contrats de location-financement comme des ventes,
sauf dans le cas où les taux d’intérêt du contrat de location
sont artificiellement bas. Dans ce cas, le profit doit être limité
à ce qu’il aurait été si l’on avait utilisé un taux d’intérêt
commercial. Les coûts directs initiaux sont comptabilisés
en charges au commencement du contrat.

Le bailleur comptabilise les actifs faisant l’objet d’un


contrat de location simple selon la nature de ces actifs.
Il comptabilise les revenus locatifs en produits, en général
sur une base linéaire sur toute la durée du contrat. Le coût
cumulé des avantages consentis au preneur est comptabilisé

93
IAS 17

comme une réduction des revenus locatifs, sur la même base,


en application de l’interprétation SIC 15, «Avantages dans
les contrats de location simple».

Transactions de cession-bail
Si une transaction de cession-bail débouche sur un
contrat de location-financement, toute plus-value de
cession doit être différée et amortie sur la durée du
contrat de location.

Si une transaction de cession-bail comporte une vente


suivie d’une location simple, et que la vente est réalisée
à la juste valeur de l’actif, tout profit ou perte réalisé
sur la cession est comptabilisé immédiatement.
Si le prix de vente est supérieur à la juste valeur
de l’actif, l’excédent est différé et amorti sur la durée
d’utilisation attendue de l’actif. Si le prix de vente
est inférieur à la juste valeur, tout profit ou perte
est comptabilisé immédiatement, sauf si la perte
est compensée par des loyers futurs inférieurs aux prix
de marché, auquel cas, elle est différée et amortie
proportionnellement aux paiements des loyers.

Informations à fournir
La norme impose de fournir des informations très
complètes sur les effets de tous les contrats de location
(y compris, les contrats de location simple) dans
l’exercice écoulé et les périodes futures, à travers
notamment des échéanciers des paiements minimaux
à effectuer ou à recevoir et la description des principales
dispositions des contrats de location.

94 CONVERSION AU X IFRS
INCIDENCES SUR L’INFORMATION
FINANCIÈRE*

La majorité des entreprises participant au projet traitent


les contrats de location-financement dans leurs comptes
consolidés comme des immobilisations. Cependant,
il faut rappeler que cette méthode de comptabilisation
est optionnelle en France**. En outre, certains contrats
considérés comme des locations simples en principes
français pourraient devoir être requalifiés de location-
financement en application d’IAS 17. Par ailleurs,
toutes les entreprises auront à compléter les informations
à fournir tant pour les contrats de location-financement
que pour les contrats de location simple.

Les principales incidences d’IAS 17 sur l’information


financière identifiées dans le cadre du groupe de travail
portent sur :
• l’identification d’un contrat de location en tant que
contrat de location-financement,
• la linéarisation des loyers et avantages dans le cas
des locations simples,
• des informations à fournir plus abondantes et plus
qualitatives,
• l’application des autres normes à l’actif comptabilisé
chez le preneur dans le cadre d’un contrat de
location-financement.

■ L’identification d’un contrat de location en tant que contrat


de location-financement

On notera que les normes françaises ne précisent pas


les critères de retraitement des locations-financements
* Cet ouvrage ne recense que et toutes les entreprises (y compris celles qui
les principales incidences identifiées
par les entreprises participant au projet. comptabilisent les immobilisations acquises en location-
financement à l’actif) doivent s’assurer que les critères
** Même si le retraitement des contrats qu’elles appliquent sont conformes à IAS 17.
de location-financement constitue
une méthode préférentielle dans
les comptes consolidés. Pour qu’un contrat de location soit considéré comme

95
IAS 17

un contrat de location-financement, un seul critère doit


être vérifié en application d’IAS 17 : il s’agit du transfert
de la quasi-totalité des risques et avantages inhérents
à la propriété de l’actif loué.
Le transfert de propriété in fine, critère primordial utilisé
par les entreprises participant au projet pour la distinction
des contrats de location, n’est qu’un des exemples
donnés par IAS 17 de situations qui conduiraient
normalement à ce qu’un contrat de location soit classé
en tant que contrat de location-financement. D’autres
exemples (non exhaustifs) comprennent : les contrats
donnant au preneur l’option d’acheter l’actif loué dans
des conditions telles que, dès le commencement du contrat,
il existe une raisonnable certitude que l’option sera levée ;
les contrats qui couvrent la majorité de la durée de vie
économique résiduelle de l’actif ; les contrats au titre desquels
la valeur actualisée des paiements minimaux s’élève au moins
à la quasi-totalité de la juste valeur de l’actif ; ou les contrats
concernant des actifs d’une nature tellement spécifique que
seul le preneur peut les utiliser sans leur apporter de
modifications majeures.
Compte tenu de l’application, en substance, du seul
critère énoncé ci-dessus d’identification des contrats
de location-financement en IFRS, il est très probable
que l’application d’IAS 17, même par les entreprises
qui retraitent déjà les contrats de location-financement
selon les textes français, conduise à retraiter de
nombreux contrats.
De la même manière, les précisions apportées par
IAS 17 dans la détermination d’éléments tels que le taux
d’actualisation à utiliser, les paiements minimaux ou
la durée d’un contrat pourraient aboutir au même résultat.
En effet, certaines entreprises françaises qui retraitent
les locations-financements, utilisent un taux d'actualisation
qui ne correspond ni au taux implicite du contrat
ni à leur taux d'endettement marginal. L’utilisation
d’un taux différent ou la modification de calcul

96 CONVERSION AU X IFRS
des paiements minimaux pourraient conduire à retraiter
comme des locations-financements certains contrats.
En conséquence, les entreprises pourraient connaître
des impacts importants suite à l’application d’IAS 17,
tant sur le bilan (et en particulier sur l’endettement)
que sur le résultat (par la substitution d’une charge
d’amortissement et d’une charge d’intérêt
à une charge de loyer).
Le retraitement d’un nombre plus important de contrats
en location-financement pourrait également avoir des
effets sur le respect par les entreprises des éventuelles
clauses d’exigibilité anticipée («covenants») de
leurs dettes financières et, d’une manière plus générale,
sur la mise en œuvre de toute clause contractuelle
fondée sur des éléments impactés par l’application
de la norme. Par exemple, en cas d’acquisition ou
de cession de société, l’impact de ces retraitements
pourrait avoir un effet sur le prix des transactions
lorsque les contrats prévoient des clauses d’ajustement
de prix déterminé en fonction de l’endettement (sauf à
avoir défini contractuellement des principes comptables
de référence autres que les IFRS dans les contrats
d’acquisition ou de cession).

■ Locations simples : linéarisation des loyers et


des avantages reçus

IAS 17 impose la linéarisation des loyers de locations


simples ou leur comptabilisation sur une autre base
systématique représentative de l'échelonnement dans
le temps des avantages qu'en retirera l'utilisateur,
même si les paiements ne sont pas effectués sur
cette base (par exemple dans le cas de loyers
progressifs ou différés). Le profit cumulé lié
aux avantages reçus de la part du bailleur doit être
comptabilisé comme une réduction de la charge
locative sur la durée du bail sur la même base,
en application de l’interprétation SIC-15, Avantages
dans les contrats de location simple.

97
IAS 17

■ Des informations à fournir plus abondantes et plus qualitatives

En ce qui concerne les locations-financement,


les informations requises par IAS 17 sont plus étendues que
celles requises par les normes françaises.
En particulier, IAS 17 demande de fournir une information
sur la valeur actualisée des paiements minimaux au titre
des contrats, l’indication séparée des loyers conditionnels
payés dans l’exercice ainsi que la description des principales
dispositions des contrats de location (notamment en ce qui
concerne la base de détermination des loyers conditionnels,
l’existence d’options de renouvellement ou d’achat et
leurs termes et conditions d’indexation, ou les restrictions
imposées par les contrats concernant les dividendes,
l’endettement complémentaire ou d’autres locations).

En ce qui concerne les contrats de location simple, la


norme IAS 17 exige un niveau d’information comparable
à celui donné pour les contrats de location-financement,
alors que les textes comptables français n’exigent en
revanche aucune information particulière les concernant.

■ Application des autres normes à l’actif comptabilisé


chez le preneur dans le cadre d’un contrat de
location-financement

Comme indiqué précédemment, IAS 17 impose chez


le preneur la comptabilisation d’un actif au bilan dans
le cas d’un contrat de location-financement. Cet actif
est soumis à toutes les règles applicables aux actifs selon
les normes IFRS. A ce titre, IAS 16, Immobilisations
corporelles, IAS 36, Dépréciation d’actifs et IAS 14,
Information sectorielle, s’appliquent donc à l’actif pris
en location-financement. Les difficultés relatives à
l’approche par composantes (IAS 16), au raisonnement
par unité génératrice de trésorerie (IAS 36) ou à

98 CONVERSION AU X IFRS
l’affectation des actifs aux secteurs (IAS 14) sont donc
soulevées pour l’immobilisation objet de la location au
même titre que pour tous les autres actifs de l’entreprise.

Chaque entreprise devra donc déterminer si les incidences


résultant des analyses ci-dessus sont significatives et
si une évolution de sa communication financière doit
être envisagée. En effet, un certain nombre d’indicateurs
comme, par exemple, le ratio dettes/capitaux propres,
la couverture des frais financiers par le résultat d’exploitation
ou le retour sur capitaux investis, peuvent être modifiés
de façon significative.

99
IAS 17

INCIDENCES SUR LES PROCESSUS


ET SUR L’ORGANISATION

Il est important de relever qu’il n’existe pas de


corrélation systématique entre l’impact financier
et la difficulté de mise en œuvre d’une norme.

Dans la perspective de la conversion aux IFRS,


les entreprises doivent dès aujourd’hui :

• procéder au recensement et à l’analyse de leurs


contrats en cours (un retraitement rétroactif complet
étant requis dans le cadre de la première application
des IFRS) ;
• analyser le traitement comptable des nouveaux
contrats à la lecture des IFRS ;
• préparer leur communication financière sur les
incidences de l’application de la norme IAS 17
sur la présentation de leurs états financiers et
leurs ratios clés ;
• procéder à la revue de leurs engagements contractuels
(notamment «covenants» sur l’endettement ou clauses
d’ajustement de prix en cas d’acquisition/cession
de sociétés) portant sur des éléments sur lesquels
l’application de la norme IAS 17 aura des incidences.

En termes d’organisation, ceci implique en particulier :


• la formation de tous les intervenants aux exigences
des normes IFRS et en particulier des opérationnels ;
• la participation des opérationnels à l’analyse des
contrats (ce qui peut conduire à la décentralisation
du retraitement comptable des contrats de location
effectué souvent en central), afin d’être en mesure
d’apprécier, au plus près des transactions, leur
substance et de déterminer les paiements minimaux ;

100 CONVERSION AU X IFRS


• la participation des opérationnels dans le traitement
par les équipes financières de ces contrats
et des problématiques liées (dépréciation, répartition
sectorielle notamment), y compris la collecte
des informations à fournir.

Mais ces nouvelles contraintes sont également porteuses


d’opportunités à travers un meilleur suivi :
• du retour sur investissements locatifs,
• et des engagements contractuels.

101
IAS 17

INCIDENCES SUR LES SYSTÈMES


D’INFORMATION

Pour les entreprises concernées, les problématiques liées


aux contrats de location concerneront principalement
les applications informatiques liées :
• à la gestion des immobilisations,
• à la comptabilité générale et analytique (reporting
sectoriel),
• au système de consolidation et de reporting groupe.

Gestion d’un «multi» référentiel


Les entreprises devront tenir compte en particulier de
la nécessité de gérer un triple référentiel (comptabilité
française, comptabilité IFRS et fiscalité).

Mettre en place les outils de suivi et de retraitement


des contrats de location-financement
Les réflexions devront couvrir, notamment, les domaines
suivants :
• Identification des contrats de location-financement
(immobilisation/dette).
• Prise en compte des actifs dans les systèmes de suivi
des immobilisations et des dettes financières.
• Calcul des retraitements des contrats de location-
financement.

Adapter les formats de reporting


Revue du système de reporting pour présenter les
informations (qualitatives et quantitatives) à fournir
pour les locations-financements et les locations simples.

102 CONVERSION AU X IFRS


IAS 18
IAS 18

Produits des activités


ordinaires
IAS 18

IAS 18*
Produits des activités
ordinaires

RÉSUMÉ DE LA NORME ET
DE SES INTERPRÉTATIONS
Ce résumé doit permettre d’appréhender les incidences identifiées par le groupe
de travail mais il ne peut remplacer une lecture exhaustive de la norme.

Champ d'application
IAS 18 expose les règles d'évaluation et de comptabilisation
des produits des activités ordinaires, ainsi que les
informations complémentaires à fournir en annexe.
Elle prescrit le traitement comptable des produits résultant
de la vente de biens, des prestations de services et de
l'utilisation par des tiers d'actifs de l'entreprise moyennant
le versement d'intérêts, de redevances ou de dividendes.

IAS 18 ne traite pas en revanche des produits des activités


ordinaires provenant :
• des contrats de location (IAS 17) ;
• des dividendes issus de participations comptabilisées
suivant la méthode de la mise en équivalence (IAS 28) ;
• des contrats d'assurance des entreprises d'assurances ;
• des changements de juste valeur des actifs et passifs
financiers ou de leur cession (IAS 39) ;
* SIC 31 : Trocs de prestations • de l’extraction minière ;
publicitaires. • de la comptabilisation initiale de produits agricoles

104 CONVERSION AU X IFRS


ou d’actifs biologiques et de leurs variations de valeur
(IAS 41) ;
• des contrats de construction (IAS 11).

Définition
Les produits des activités ordinaires sont les entrées brutes
d'avantages économiques au cours de l'exercice dans
le cadre des activités ordinaires d'une entreprise lorsque
ces entrées conduisent à des augmentations des capitaux
propres, autres que les augmentations relatives aux apports
des participants aux capitaux propres.

Les produits des activités ordinaires ne comprennent


que les entrées brutes d’avantages économiques reçus
ou à recevoir par l'entreprise pour son propre compte.

Les montants collectés pour le compte de tiers tels que


les taxes sur les ventes, les taxes sur les biens et services
et les taxes à la valeur ajoutée ne sont pas des avantages
économiques qui vont à l'entreprise et ils n'aboutissent pas
à une augmentation des capitaux propres. En conséquence,
ils sont exclus des produits des activités ordinaires.
De même, dans une relation de mandataire, les entrées
brutes d’avantages économiques comprennent des montants
collectés pour le compte du mandant et ne conduisent pas
à une augmentation des capitaux propres pour l'entreprise.
Les montants collectés pour le compte du mandant ne sont
pas des produits des activités ordinaires. Dans ce cas,
les produits des activités ordinaires correspondent au montant
des commissions.

Identification de la transaction
Les critères de comptabilisation de la norme IAS 18 sont
en général appliqués séparément à chaque transaction.

Toutefois, dans certaines circonstances, il est nécessaire


d'appliquer les critères de comptabilisation à des éléments
d'une transaction unique identifiables séparément afin de
refléter la substance de cette transaction. Par exemple,
lorsque le prix de vente d'un produit comprend un
montant identifiable au titre de services ultérieurs, ce

105
IAS 18

montant est différé et comptabilisé en produits des activités


ordinaires sur la période au cours de laquelle le service
sera exécuté.

A l'inverse, les critères de comptabilisation sont appliqués


à deux ou plusieurs transactions regroupées lorsque celles-ci
sont liées de telle façon que leur incidence commerciale
ne peut en être comprise sans faire référence à l’ensemble
des transactions considérées comme un tout. Par exemple,
une entreprise peut vendre des biens et, dans le même temps,
conclure un accord distinct visant à racheter ces biens à
une date ultérieure, niant de la sorte l'effet réel de
cette transaction ; dans ce cas, les deux transactions
sont traitées conjointement.

Evaluation des produits


Les produits doivent être évalués à la juste valeur de
la contrepartie reçue ou à recevoir, en tenant compte
de toute remise commerciale ou rabais pour quantités
consentis par l’entreprise.

Dans les cas d'échanges de biens ou services,


la transaction ne dégage un produit que lorsqu'il s'agit
de biens de nature ou de valeur dissemblables (et que
les conditions de comptabilisation exposées ci-après
sont respectées). Les produits des activités ordinaires
sont alors évalués à la juste valeur des biens ou services
reçus ajustée du montant de trésorerie ou de l'équivalent
de trésorerie transféré.

En ce qui concerne spécifiquement les opérations


de troc publicitaire, la comptabilisation et
l'évaluation des produits suivent des règles de
reconnaissance strictes exposées dans l'interprétation
SIC 31, Revenue – Barter Transactions Involving
Advertising Services.

106 CONVERSION AU X IFRS


Conditions de comptabilisation des produits des activités
ordinaires
La comptabilisation des produits des activités ordinaires,
qu'ils soient associés à la vente de biens, la réalisation
de prestations de services ou l'utilisation par d'autres d'actifs
productifs d'intérêts, de redevances ou de dividendes,
doit respecter les conditions générales suivantes :
• le montant des produits des activités ordinaires
peut être évalué de façon fiable ; et
• il est probable que des avantages économiques
associés à la transaction iront à l'entreprise.

En plus des conditions générales, les conditions


spécifiques suivantes s'appliquent lorsque les produits
sont associés à la vente de biens* :
• l'entreprise a transféré à l'acheteur les risques et avantages
importants inhérents à la propriété des biens ;
• l'entreprise ne continue à être impliquée ni dans la gestion,
telle qu'elle incombe normalement au propriétaire,
ni dans le contrôle effectif des biens cédés ;
• les coûts encourus ou à encourir concernant
la transaction peuvent être évalués de manière fiable.

* Selon IAS 18, les «biens»


Les produits associés à une prestation de services doivent
comprennent les biens produits par
l'entreprise en vue de leur vente être comptabilisés en fonction du degré d’avancement de
et les biens achetés en vue de leur la transaction lorsque le résultat de la transaction peut être
revente, tels que les marchandises
estimé de façon fiable et, en conséquence, si et seulement
achetées par un détaillant ou les
terrains et autres biens immobiliers si en plus des conditions générales :
détenus en vue de leur revente. • le degré d'avancement de la transaction à la date
La «Base des conclusions» de
de clôture peut être évalué de façon fiable ; et
l’interprétation SIC 27, Evaluation
de la substance des transactions • les coûts encourus pour la transaction et les coûts
prenant la forme juridique d’un pour achever la transaction peuvent être évalués
contrat de location, précise toutefois
de façon fiable.
que, même si le Cadre conceptuel
des IAS distingue les produits
des activités ordinaires (qui sont Les dispositions d'IAS 11, Contrats de construction,
traités par IAS 18) des autres gains,
sont en général applicables à la comptabilisation du produit
le paragraphe 75 du Cadre indique
que les gains ne diffèrent pas par des activités ordinaires et des charges y afférentes pour
nature des produits des activités une transaction impliquant une prestation de services.
ordinaires.
En conséquence, les dispositions
d’IAS 18 s’appliquent par analogie Lorsque le résultat d'une prestation de services ne
aux autres gains. peut être estimé de façon fiable, le produit ne doit être

107
IAS 18

comptabilisé qu'à hauteur des charges comptabilisées


qui sont recouvrables.

En ce qui concerne les produits résultant de l'utilisation


d'actifs, leur comptabilisation s'effectue sur les bases
suivantes :
• les intérêts : en fonction du temps écoulé en tenant
compte du rendement effectif de l'actif ;
• les redevances : au fur et à mesure qu'elles sont
acquises, conformément à la substance de l’accord
concerné ; et
• les dividendes : lorsque le droit de l'actionnaire
de percevoir le paiement est établi.

Informations à fournir
Une entreprise doit fournir les informations suivantes
sur les produits des activités ordinaires :
• les méthodes de comptabilisation du produit des activités
ordinaires, y compris les méthodes adoptées pour
déterminer le degré d'avancement des prestations
de services ;
• le montant de chaque catégorie importante de produits
des activités ordinaires comptabilisés au cours de
l'exercice (ventes de biens, prestations de services,
intérêts, redevances, dividendes); et
• le montant des produits provenant de l'échange de
biens ou de services figurant dans chaque catégorie
importante de produits des activités ordinaires.

PRINCIPALES DIFFÉRENCES AVEC LES NORMES FRANÇAISES

Les principales différences portent sur :


• la définition des produits des activités ordinaires, qui
est à la fois beaucoup plus large que la notion de chiffre
d'affaires et plus restrictive. En effet, s’agissant de
montants collectés pour le compte de tiers, les normes

108 CONVERSION AU X IFRS


françaises autorisent leur comptabilisation en chiffre
d’affaires lorsque les opérations traitées pour le compte
de tiers sont facturées au nom de l’entité alors que
les normes IFRS excluent ces montants des produits
des activités ordinaires ;
• les conditions de reconnaissance des produits
des activités ordinaires. Le référentiel français
est beaucoup moins explicite sur les conditions de
reconnaissance des produits.
S’agissant de ventes de biens, les produits doivent
être rattachés à l’exercice de la vente mais le transfert
de propriété juridique est le plus souvent retenu
comme fait générateur de l’enregistrement du chiffre
d’affaires* alors que ce transfert n’implique pas
nécessairement le transfert des risques et avantages
importants inhérents à la propriété des biens et le fait
que le vendeur ne continue à être impliqué ni dans
la gestion du bien telle qu’elle incombe normalement
au propriétaire ni dans le contrôle effectif des biens
cédés.
En outre, selon les normes IFRS, le produit
des activités ordinaires n’est comptabilisé que
s’il est probable que les avantages économiques
associés à la transaction iront à l’entreprise. Dans certains
* Sauf dans le cas des ventes cas, ceci peut être peu probable tant que la contrepartie
avec clause de réserve de propriété n’est pas reçue ou tant qu’une incertitude n’est pas
pour lesquelles les deux référentiels levée**. A l’inverse, dans les cas où la recouvrabilité
s’accordent pour considérer
l’absence de transfert de propriété de la créance serait compromise, il y aurait lieu,
comme ne remettant pas en cause dans le référentiel français, de comptabiliser
la reconnaissance d’un produit, le produit et de constituer simultanément
dès lors que les autres conditions
sont remplies. une provision pour dépréciation ;
• la reconnaissance des produits des activités ordinaires
** Toutefois, lorsqu’il y a une sur la base d’une analyse en substance de la transaction
incertitude sur la recouvrabilité
d’un montant qui a été reconnu en et non selon sa forme juridique.
produit des activités ordinaires dans Ce principe est renforcé en IFRS par la nécessité, dans
une période comptable antérieure, certains cas, d’appliquer les critères de comptabilisation
le montant irrécouvrable ou
le montant dont le caractère à deux ou plusieurs transactions regroupées lorsque
recouvrable a cessé d’être probable celles-ci sont liées de telle façon que leur incidence
est comptabilisé en charges plutôt commerciale ne peut en être comprise sans faire
qu’en ajustement du produit
des activités ordinaires comptabilisé référence à l’ensemble des transactions considérées
à l’origine. comme un tout. Ainsi, dans le cas de ventes dans

109
IAS 18

lesquelles le vendeur dispose d’une option de rachat


ou lorsque l’acheteur dispose d’une option pour
exiger le rachat des biens par le vendeur, les normes
IFRS imposent de déterminer si, en substance,
le vendeur a bien transféré à l’acheteur les risques
et avantages inhérents à la propriété plutôt que
conclu un accord de financement. Le principe
de prééminence de la substance sur l’apparence
n’est repris en principes français que dans
les comptes consolidés* ;
• la reconnaissance des produits des activités ordinaires
sur les ventes de biens immobiliers : l’annexe d’IAS
18 propose des exemples de situations dans lesquelles
des biens immobiliers sont vendus alors même que
le vendeur continue à être impliqué de telle sorte
que les risques et avantages inhérents à la propriété
n’ont pas été transférés. Les exemples cités incluent
les ventes sous condition de rachat qui comprennent
des options d'achat et de vente et des accords
en vertu desquels le vendeur garantit l'occupation
du bien immobilier pour une période spécifiée
ou garantit un rendement sur le placement
de l'acheteur pendant une période spécifiée.
Dans de tels cas, la comptabilisation de la transaction
est déterminée en fonction de la nature et de l'étendue
de l'implication que conserve le vendeur.
Elle peut être comptabilisée comme une vente,
un financement, un contrat de location ou un
quelque autre accord de partage des résultats.
Si elle est comptabilisée comme une vente, le fait que
le vendeur conserve une implication peut conduire
à différer la comptabilisation du produit des activités
ordinaires. En outre, un vendeur doit également
prendre en considération les moyens de paiement et
les preuves de l'engagement de l'acheteur à effectuer
* Dans l’article 300 de l’annexe l'intégralité du paiement. A titre d'exemple,
au règlement CRC 99-02. lorsque l'ensemble des paiements reçus, y compris

110 CONVERSION AU X IFRS


le paiement initial de l'acheteur ou les paiements
qui ont suivi, n'apporte pas de preuve suffisante
de l'engagement de l'acheteur à payer l'intégralité,
le produit des activités ordinaires n’est comptabilisé
qu'à concurrence de la trésorerie perçue ;
• la reconnaissance d’un produit en cas d’échange
de biens ou de services : les normes françaises imposent
de comptabiliser dans tous les cas la transaction par
référence à la valeur vénale de celui des deux lots dont
l’estimation est la plus sûre alors que les normes IFRS
interdisent la reconnaissance d’un produit lorsque
la transaction porte sur des échanges de biens ou
de services de nature et de valeur similaires* ;
• la notion de juste valeur de la contrepartie reçue
ou à recevoir qui constitue la base de l'évaluation
des produits des activités ordinaires dans le référentiel
international n'existe pas dans le référentiel français
(ceci peut être une divergence importante dans le cas
de la vente d'un bien avec un règlement différé ou
d’une vente à tempérament dans laquelle la contrepartie
est payée de façon échelonnée et dont l'effet de
l'actualisation est significatif) ;
• la reconnaissance des produits d’intérêts sur
* Les exemples cités par la norme la base d’un taux d’intérêt effectif en IFRS (incluant
IFRS de biens similaires concernent
des marchandises telles que les primes de remboursement ou d’émission ou
le pétrole ou le lait pour lesquelles les frais et commissions) et d’un taux facial
les fournisseurs échangent ou en principes français ;
troquent des stocks en divers endroits
pour satisfaire à la demande en • le principe de rattachement des charges aux produits,
temps voulu en un endroit donné. qui n’est repris en principes français que dans
les comptes consolidés.

111
IAS 18

INCIDENCES SUR L’INFORMATION


FINANCIÈRE*

Les principales incidences de l’application d’IAS 18


sur l’information financière identifiées dans le cadre
du groupe de travail portent sur :
• la présentation du compte de résultat,
• la réduction possible du montant des ventes de biens
et de prestations de services,
• plus de transparence car plus d’informations à fournir.

Modification de la présentation du compte de résultat


IAS 18 définit les produits des activités ordinaires comme
les produits résultant de la vente de biens, des prestations
de services et de l’utilisation par des tiers d’actifs
de l’entreprise productifs d’intérêts, de redevances et
de dividendes (IAS 18.1, 6 et 7). IAS 1, Présentation
des états financiers, indique que le produit des activités
ordinaires devra figurer sur une ligne séparée du compte de
résultat et les produits des principales catégories (vente de
biens, vente de prestations de services, intérêts, dividendes,
redevances) devront être fournis en annexe (IAS 18.35).
Les entreprises françaises présentent généralement
les produits qui correspondent à la définition donnée
par IAS 18 sur plusieurs lignes du compte de résultat ;
les ventes de biens et services produits par l’entreprise
sont présentés en produits d’exploitation et les intérêts
et les dividendes sont classés en résultat financier.
L’application d’IAS 18 modifiera donc la présentation
du compte de résultat.

Réduction possible du montant des ventes de biens


et de prestations de services
* Cet ouvrage ne recense que
les principales incidences identifiées Compte tenu des principales différences identifiées entre
par les entreprises participant au projet. les principes IFRS et les principes français, l’application

112 CONVERSION AU X IFRS


d’IAS 18 pourrait conduire à une réduction, parfois
significative, du montant des ventes de biens et de
prestations de services comptabilisé en principes
français, en ce qui concerne notamment :
• les montants collectés pour le compte de tiers ;
• le fait générateur de la reconnaissance des produits de
ventes de biens, et en particulier le critère de transfert
des risques et avantages ;
• la comptabilisation des échanges de biens
ou services similaires ;
• l’analyse en substance des transactions, y compris,
le cas échéant, en appliquant les critères de
comptabilisation à un ensemble de transactions
considérées comme un tout ;
• la comptabilisation des ventes de biens immobiliers ;
• la comptabilisation sur la base de la juste valeur
de la contrepartie reçue ou à recevoir.
Les entreprises participant au groupe de travail
ont notamment été sensibles aux conséquences
de l’application des conditions de comptabilisation
des produits des activités ordinaires et du principe
de juste valeur de la contrepartie reçue ou à recevoir.

En particulier, pour les entreprises ayant recours à


des transactions de financement dans le cadre de la vente
de biens et de services, l’impact de la comptabilisation
du produit de ces ventes à la juste valeur pourrait modifier
sensiblement la répartition des produits entre ventes de biens
ou de prestations de services (en diminution) et produits
financiers (en augmentation) liés à la désactualisation
de la créance.

Par ailleurs, nous avons vu que toutes les remises


commerciales et rabais devront être pris en compte
pour calculer la juste valeur de la contrepartie.
L’application de ce principe nécessite une analyse
économique de toute remise commerciale. En particulier,
les entreprises qui travaillent avec la grande distribution
devront s’interroger sur la nature des ristournes, rabais
ou toute somme versée aux distributeurs.

113
IAS 18

Plus de transparence car plus d’informations à fournir


IAS 18 impose de fournir un certain nombre d’informations
qui ne sont pas toujours présentées par les entreprises
en France (IAS 18.35). En particulier, IAS 18 impose
de décrire les méthodes comptables adoptées pour
la comptabilisation du produit des activités ordinaires,
y compris les méthodes adoptées pour déterminer le degré
d'avancement des transactions impliquant la prestation
de services.

Chaque entreprise devra donc déterminer si les incidences


résultant des analyses ci-dessus sont significatives et si
une évolution de sa communication financière doit
être envisagée.

114 CONVERSION AU X IFRS


INCIDENCES
SUR L’ORGANISATION

Il est important de relever qu’il n’existe pas de corrélation


systématique entre l’impact financier et la difficulté de mise
en œuvre d’une norme.

Transfert de responsabilités
L’application d’IAS 18 impose d’analyser les transactions
au regard des conditions requises pour leur comptabilisation.
Cette démarche nécessite l’implication de plusieurs
départements de l’entreprise. Ainsi, les juristes et
les départements marketing/ventes doivent être sensibilisés
et impliqués sur les critères relatifs au transfert des risques
et avantages inhérents à la propriété des biens et à la perte
du contrôle effectif des biens cédés. Il peut s’avérer
nécessaire de modifier les pratiques commerciales
et/ou de revoir les conditions générales de vente.
Par ailleurs, le suivi des critères de comptabilisation
des prestations de services peut rendre nécessaire la mise
en place d’un tableau de bord reprenant les coûts encourus
et à encourir pour achever la transaction ainsi que le suivi
du degré d’avancement de la transaction à la date de
clôture.
Seuls les opérationnels pourront fournir les informations
nécessaires à la production de ce tableau de bord.
Les opérationnels (commerciaux) devront également être
sensibilisés aux conséquences de la comptabilisation du
produit à la juste valeur de la contrepartie. Il est nécessaire
de prendre en compte ce principe en cas de négociation de
conditions de financement spécifiques sur une transaction.

115
IAS 18

INCIDENCES SUR LES SYSTÈMES


D’INFORMATION

Pour les entreprises concernées, les problématiques liées


aux règles d'évaluation et de comptabilisation des produits
des activités ordinaires concerneront principalement
les applications informatiques liées :

• à la comptabilité générale et analytique,


• à la gestion commerciale (clients/ventes),
• au reporting / consolidation.

■ Adapter les systèmes à la correcte présentation


et à l’évaluation de certaines transactions

Les réflexions devront couvrir, notamment,


les domaines suivants :

Suivi des créances :


Les systèmes doivent être adaptés aux modifications
des mécanismes de comptabilisation des produits et
des créances en intégrant, notamment et si cela
est significatif, les notions d’actualisation (adaptation
de la base de données clients, par exemple).

Suivi des ventes de prestations de services :


• Les systèmes doivent être paramétrés pour permettre
un suivi automatisé des produits des activités
ordinaires provenant de la vente de prestations
de services, en fonction de leur degré d’avancement ;
• Les outils de suivi des coûts (suivi des temps, par exemple)
doivent être optimisés pour permettre une facturation
basée sur un degré d’avancement effectif et une
comptabilisation correcte des produits correspondants.

116 CONVERSION AU X IFRS


Reclassement comptable
Le système doit prévoir la possibilité de reclasser
l’information comptable au niveau des comptes :
• individuels : gestion d’un double référentiel à définir
en fonction du volume des flux ;
• consolidés : définition de tables de correspondance.

■ Adapter les formats de reporting

• Prise en compte du reclassement d’informations


comptables existantes afin de se conformer
aux nouvelles règles de présentation.
• Reparamétrage et reformatage des états afin de faire
apparaître les «produits des activités ordinaires».
• Prise en compte des informations complémentaires
à fournir, comme par exemple le montant des produits
provenant de l’échange de biens ou de services :
- Informations qualitatives, par exemple : «transfert
des risques et avantages inhérents à la propriété :
oui/non»
- Informations quantitatives, par exemple :
évaluation des coûts encourus et à encourir pour
achever la transaction ou le degré d’avancement
à la date de clôture dans le cadre d’une vente
de prestations de services.

117
IAS 36
IAS 36

Dépréciation d’actifs
IAS 36

IAS 36
Dépréciation d’actifs

RÉSUMÉ DE LA NORME
Ce résumé doit permettre d’appréhender les incidences identifiées par le groupe
de travail mais il ne peut remplacer une lecture exhaustive de la norme.

Champ d’application
IAS 36 traite de l'identification, de l'évaluation,
de la comptabilisation et des informations à fournir
relatives à la dépréciation des actifs (y compris
les goodwills) à l'exception des stocks, des actifs d'impôt
différé, des actifs résultant des contrats de construction,
des actifs résultant d'avantages du personnel,
des actifs financiers, des immeubles de placement
lorsqu’ils sont évalués à leur juste valeur et des actifs
biologiques évalués à leur juste valeur (après déduction
des commissions et taxes sur ventes) qui sont traités
par d'autres normes internationales.

Identification et évaluation des pertes de valeur


L’objectif de la norme est de prescrire les procédures
qu’une entreprise doit appliquer pour s’assurer que
la valeur nette comptable de ses actifs n’excède pas
leur «valeur recouvrable», c’est-à-dire le montant
qui sera recouvré par leur utilisation ou leur vente.

120 CONVERSION AU X IFRS


La valeur recouvrable est définie comme la valeur
la plus élevée entre le prix de vente net de l'actif et
sa valeur d'utilité :
• Le prix de vente net est le montant qui peut être
obtenu de la vente d'un actif lors d'une transaction
dans des conditions de concurrence normale entre
des parties bien informées et consentantes, moins
les coûts de sortie.
• La valeur d'utilité est la valeur actualisée des flux
de trésorerie futurs estimés attendus de l'utilisation
continue d'un actif et de sa sortie à la fin de son
utilisation prévue par l'entreprise.

L'estimation des flux de trésorerie futurs attendus


de l’utilisation continue de l’actif est fondée sur
des projections de flux de trésorerie, avant impôt et
financement, construites sur des hypothèses raisonnables
et documentées reflétant l'utilisation de l'actif dans
son état actuel et représentant la meilleure estimation
par la direction de l'ensemble des conditions économiques
qui existeront pendant la durée d'utilité restant à courir.

L’estimation des flux futurs de trésorerie nets à recevoir


lors de la sortie de l’actif tient compte du montant que
l’entreprise s’attend à obtenir de la vente de l’actif dans
des conditions de concurrence normale entre des parties
bien informées et consentantes, après déduction des coûts
de sortie, estimés sur la base du prix de vente d’un actif
similaire arrivé à la fin de sa durée d’utilité et exploité
dans des conditions similaires à celles dans lesquelles
l’actif sera utilisé.

Ces flux de trésorerie font l'objet d'une actualisation à


l'aide d'un taux d'actualisation avant impôt reflétant les
risques spécifiques de l'actif. Ce taux ne doit pas refléter
les risques pour lesquels les estimations de flux de
trésorerie futurs ont été ajustées.

La valeur recouvrable d'un actif doit être estimée chaque fois


qu'il existe un indice montrant que cet actif a pu perdre de
la valeur. De plus, les normes IAS 22, Regroupements

121
IAS 36

d’entreprises, et IAS 38, Immobilisations incorporelles,


imposent, même en l'absence d'indices de pertes
de valeur, de calculer chaque année la valeur recouvrable
d'une immobilisation incorporelle et d'un goodwill
amortis sur une durée supérieure à vingt ans.

Comptabilisation d’une perte de valeur


Une perte de valeur doit être immédiatement
comptabilisée en charges dans le compte de résultat
lorsque la valeur comptable d'un actif est supérieure
à sa valeur recouvrable, à moins que l’actif ne soit
comptabilisé pour son montant réévalué selon une autre
norme comptable internationale (par exemple, selon
l'autre traitement autorisé d’IAS 16, Immobilisations
corporelles). Toute perte de valeur d'un actif réévalué
doit être traitée comme une réévaluation négative selon
cette autre norme comptable internationale.

Après la comptabilisation d’une perte de valeur, la


dotation aux amortissements de l’actif doit être ajustée
pour les exercices futurs, afin que la valeur comptable
révisée de l'actif, moins sa valeur résiduelle (s'il y a lieu),
puisse être répartie de façon systématique sur sa durée
d’utilité restant à courir.

Unités génératrices de trésorerie


La valeur recouvrable doit être estimée pour chaque actif
isolé. Si cela n'est pas possible, il est alors nécessaire de
regrouper les actifs en unités génératrices de trésorerie (UGT)
et de déterminer la valeur recouvrable de l'unité génératrice
de trésorerie à laquelle l'actif appartient.

L'unité génératrice de trésorerie d'un actif est le plus


petit groupe d'actifs qui inclut l’actif et dont l'utilisation
continue génère des entrées de trésorerie qui sont largement
indépendantes des entrées de trésorerie générées
par d'autres actifs ou groupes d'actifs. L'identification

122 CONVERSION AU X IFRS


de l'unité génératrice de trésorerie d'un actif implique une
part de jugement.

Il convient d’identifier la plus petite unité génératrice de


trésorerie à laquelle les valeurs comptables des goodwills
et des actifs de support peuvent être affectées sur une base
raisonnable, cohérente et permanente dans le cadre de
la réalisation des tests de valeur.

La perte de valeur d’une unité génératrice de trésorerie doit


être répartie, afin de réduire la valeur comptable des actifs de
l’unité, en premier lieu sur le goodwill affecté, le cas échéant,
à cette unité, puis sur les autres actifs de l’unité au prorata
de la valeur comptable de chacun des actifs de l’unité.
Cette répartition ne doit pas avoir pour effet de ramener
la valeur comptable d’un actif en dessous du montant le plus
élevé entre son prix de vente net (si on peut le déterminer),
sa valeur d’utilité (si on peut la déterminer) et zéro.
Le montant de la perte de valeur qui, autrement, aurait été
affectée à l’actif doit être réparti au prorata entre
les autres actifs de l’unité.
Tout montant d’une perte de valeur d’une unité génératrice
de trésorerie qui n’a pu être affecté aux actifs de l’unité
doit donner lieu à la comptabilisation d’un passif si,
et seulement si, les conditions de comptabilisation
d’un passif selon IAS 37 sont remplies.

Reprise d’une perte de valeur


A chaque clôture, l’entreprise doit apprécier s’il existe
des indices montrant qu’une perte de valeur comptabilisée
pour un actif au cours d’exercices antérieurs n’existe
peut-être plus ou a diminué. S'il y a eu un changement
dans les estimations utilisées pour déterminer la valeur
recouvrable, une perte de valeur comptabilisée doit être
reprise. Toutefois, cette reprise ne doit pas conduire à
une augmentation de ce qu'aurait été la valeur nette
comptable (nette des amortissements) au bilan
si aucune perte de valeur n'avait été comptabilisée
pour cet actif au cours des exercices antérieurs.
Cette reprise de valeur est répartie sur les actifs de l’unité
génératrice de trésorerie dans l’ordre inverse de celui

123
IAS 36

retenu pour l’affectation de la perte de valeur initialement


comptabilisée. En d’autres termes, elle n’est affectée
au goodwill qu’après avoir d’abord réparti cette reprise
sur tous les autres actifs de l’unité au prorata de leur valeur
comptable. En outre, et par exception, une perte de valeur
comptabilisée pour un goodwill ne doit pas être reprise au
cours d’un exercice ultérieur, à moins que la perte de valeur
n’ait été provoquée par un événement externe spécifique,
de nature exceptionnelle et qui ne devrait pas se reproduire
et que des événements externes ultérieurs ne soient
intervenus pour annuler l’effet de cet événement*.

Après la comptabilisation d'une reprise de perte de


valeur, la dotation aux amortissements des actifs
concernés doit être ajustée pour les exercices futurs, afin
que les valeurs comptables révisées des actifs, moins leur
valeur résiduelle (s'il y a lieu), soient réparties de façon
systématique sur leur durée d’utilité restant à courir.

La reprise d'une perte de valeur d'un actif doit être


comptabilisée immédiatement en produits dans le compte
de résultat, à moins que l'actif ne soit comptabilisé
au montant réévalué selon une autre norme comptable
internationale (par exemple selon l'autre traitement
autorisé d’IAS 16, Immobilisations corporelles).
Toute reprise d'une perte de valeur d'un actif réévalué
doit être traitée comme une réévaluation positive
selon cette autre norme comptable internationale.

Informations à fournir
La norme impose la fourniture en annexe d’informations
sur les montants de pertes de valeurs comptabilisées
et reprises, et sur leur ventilation sectorielle, en
distinguant celles qui ont été comptabilisées en
* Ce qui rend, en pratique,
la reprise d’une perte de valeur capitaux propres (dans le cas d’actifs réévalués) et
sur un goodwill quasi impossible. celles comptabilisées au compte de résultat.

124 CONVERSION AU X IFRS


Au cas où des pertes de valeur significatives sont
comptabilisées ou reprises, l’entreprise doit en outre
indiquer les événements et circonstances qui ont conduit
à comptabiliser ou à reprendre ces pertes de valeur,
leur montant par catégorie d’actifs et par secteur.

La norme encourage mais n’impose pas la fourniture


d’informations concernant les principales hypothèses
utilisées pour déterminer la valeur recouvrable des actifs
ou des unités génératrices de trésorerie pendant l’exercice.
* La révision de la norme IAS 38,
Immobilisations incorporelles, Projet de révision en cours
prévoit de supprimer l’obligation
d’amortir systématiquement tous Les travaux en cours à l'IASB portent à la fois sur
les actifs incorporels, y compris la révision de la norme IAS 22, Regroupements
les goodwills, pour les actifs à d'entreprises, IAS 36, Dépréciation d’actifs et IAS 38,
durée de vie indéfinie («indéfinie»
voulant dire non pas «infinie» Immobilisations incorporelles.
mais dont on ne peut pas prévoir En particulier, la révision de la norme IAS 36 :
le terme, sur la base de l’ensemble • propose de rendre les tests de valeur obligatoires
des facteurs pertinents).
La révision de la norme IAS 22, sur une base annuelle, même en l’absence d’indices de
Regroupements d’entreprises, pertes de valeur, pour les goodwills et immobilisations
prévoit spécifiquement que le incorporelles à durée de vie indéfinie qui ne sont plus
goodwill ne soit plus amorti.
amortis* ;
** Cette juste valeur devant être • précise que le niveau auquel les tests de valeur sur
déterminée comme si ces actifs les goodwills doivent être réalisés doit correspondre
et passifs étaient acquis à la date
du test de perte de valeur. au niveau le plus fin auquel la direction procède
Cette valorisation n’est réalisée à l’analyse du retour sur investissement des actifs
que pour les besoins de la acquis dans un regroupement d’entreprises,
réalisation des tests de valeur,
les actifs et passifs continuant sans toutefois que ce niveau puisse être plus large
à être comptabilisés conformément que celui déterminé conformément à la norme IAS 14,
aux règles qui leur sont applicables Information sectorielle, pour l’information sectorielle
selon les normes en vigueur.
de premier niveau ;
*** La révision de la norme IAS 22, • modifie les règles de détermination d’une perte
Regroupements d’entreprises, de valeur sur les goodwills, dont le montant devrait
propose que les passifs éventuels
(«contingent liabilities») soient dorénavant être déterminé par référence
dorénavant comptabilisés à compter à la «valeur implicite» du goodwill, qui est définie
de la date du regroupement comme l’excédent de la valeur recouvrable de
d’entreprises à leur juste valeur,
les variations de juste valeur après l’unité génératrice de trésorerie à laquelle le
l’acquisition étant comptabilisées goodwill est alloué sur la juste valeur des actifs
au compte de résultat. Ces passifs et passifs identifiables** et des passifs éventuels***
ne sont, dans le cadre des normes
actuelles, pas comptabilisés tant que de cette unité à la date de réalisation du test
leur réalisation n’est pas probable. de valeur ;

125
IAS 36

• propose d’interdire toute reprise de perte de valeur


sur le goodwill ;
• propose de rendre obligatoire la fourniture d’informations
particulièrement détaillées pour les unités génératrices de
trésorerie auxquelles le goodwill a été affecté sur :
- les modalités de détermination de leur montant
recouvrable (valeur d’utilité ou prix de vente net) ;
- les valeurs retenues pour les principales
hypothèses utilisées (taux de croissance à long
terme, taux d’actualisation, détermination de la
marge brute, etc.) ; et
- la sensibilité de ces hypothèses (c’est-à-dire
la valeur que ces principales variables devraient
avoir pour rendre la valeur recouvrable égale
à la valeur nette comptable des actifs de l’unité
génératrice de trésorerie).

PRINCIPALES DIFFÉRENCES AVEC LES NORMES FRANÇAISES

Les normes françaises actuellement en vigueur sont peu


précises en ce qui concerne la dépréciation des actifs.

Le plan comptable* définit la valeur d'inventaire comme


suit : «La valeur d'inventaire est égale à la valeur
actuelle [...]. La valeur actuelle d’un bien s'apprécie en
fonction du marché et de l'utilité du bien pour l'entité.
Pour l'établissement de cette valeur, l'entreprise utilise
les références ou les techniques les mieux adaptées
à la nature du bien, telles que prix du marché, barèmes,
mercuriales, indices spécifiques.»
* Article 322-1. Il est précisé** que cette valeur doit être appréciée
** Article 322-2. à la date de clôture : «A la date de clôture, la valeur
Ce règlement n’est d’application nette comptable des éléments d'actif est comparée
obligatoire qu’à compter du à leur valeur d'inventaire à la même date».
1er janvier 2005, une application
anticipée dès le 1er janvier 2002 Toutefois, le plan comptable ne fournit aucune précision
étant toutefois possible. sur la détermination de la valeur d'inventaire des actifs.

126 CONVERSION AU X IFRS


Le CRC a toutefois adopté le 12 décembre 2002
le Règlement 2002-10 relatif à l'amortissement et
à la dépréciation des actifs* dont les principes généraux
s’inspirent d’IAS 36. Il prévoit en effet que la valeur
comptable de l’actif immobilisé soit comparée
à sa valeur actuelle, qui est définie comme la plus élevée
de sa valeur vénale ou de sa valeur d’usage.
Ce règlement indique cependant qu’une dépréciation
n'est comptabilisée que lorsque la valeur actuelle est
«notablement» inférieure à la valeur comptable. Cette
nuance n’existe pas dans IAS 36.

Par ailleurs le règlement définit la valeur d’usage d’un


actif comme «la valeur des avantages économiques futurs
attendus de son utilisation et de sa sortie. Elle est calculée
à partir des estimations des avantages économiques futurs
attendus. Dans la généralité des cas, elle est déterminée en
fonction des flux nets de trésorerie attendus. Si ces derniers
* Toutefois, parmi les indices ne sont pas pertinents pour l'entité, d'autres critères devront
externes dont l’existence conduit être retenus pour évaluer les avantages futurs attendus
à procéder à la comparaison entre (potentiel de services attendus par exemple)». Contrairement
la valeur nette comptable d’un
actif et sa valeur actuelle - test à IAS 36, ce texte ne donne ainsi aucune précision
de dépréciation - figurent les taux sur les modalités pratiques de détermination de la valeur
d’intérêt. d'usage, en particulier en ce qui concerne la notion
** La COB a pour sa part pris d'unités génératrices de trésorerie, ou d'exemples
le parti de demander aux sociétés d'application permettant de faciliter sa mise en œuvre.
cotées l’actualisation des flux En outre, contrairement à ce qui apparaissait dans
de trésorerie futurs dans les tests
de dépréciation mis en œuvre pour le projet, la valeur d'usage n'est plus explicitement
les actifs incorporels et les goodwills. actualisée**.

127
IAS 36

INCIDENCES SUR L’INFORMATION


FINANCIÈRE*

Les principales incidences de l’application d’IAS 36


sur l’information financière identifiées dans le cadre
du groupe de travail** portent sur :
• une augmentation probable des dépréciations
comptabilisées du fait, en particulier, du caractère
obligatoire des tests de valeur en cas d’indices de
perte de valeur, de modalités de calcul plus précises
et du niveau auquel l’existence de ces pertes
de valeur doit être recherchée ;
• une présentation différente des pertes de valeur
au compte de résultat ;
• plus de transparence car plus d’informations
à fournir.

■ Une augmentation probable des dépréciations


comptabilisées

Des critères précis qui rendent le test obligatoire


* Cet ouvrage ne recense que Les entreprises ont constaté que, compte tenu de
les principales incidences identifiées la précision avec laquelle les indices de déclenchement
par les entreprises participant au projet.
d’un test de perte de valeur sont décrits dans la norme,
** Les principes définis dans le les circonstances dans lesquelles elles seraient conduites
Règlement CRC 2002-10 du 12 décembre à comptabiliser des pertes de valeur seraient
2002 s’inspirent largement de la norme
IAS 36, bien que le règlement soit probablement beaucoup plus nombreuses qu’auparavant.
beaucoup moins précis que cette En effet, aujourd’hui, des pertes de valeur sur les actifs
dernière. Cependant, il faut souligner, corporels ne sont souvent comptabilisées que dans
d’une part, que le groupe de travail
s’est réuni avant la publication le cadre de restructurations et/ou d’abandons d’activités.
des travaux du CNC et du CRC et, Demain, les analyses devront être menées dès que
d’autre part, que l’application de certains indicateurs (changement dans l’environnement
ce règlement n’est obligatoire
qu’à compter des exercices ouverts technologique, économique ou juridique, variation
à compter du 1er janvier 2005. des taux d’intérêt…) laissent penser que les actifs

128 CONVERSION AU X IFRS


ont pu perdre de leur valeur.
Il faut en outre souligner que, si, en l’état actuel de
la norme, un test ne doit être systématiquement effectué
qu’en présence d’indices de perte de valeur ou pour
les immobilisations incorporelles en cours et
les immobilisations incorporelles amorties sur une durée
supérieure à 20 ans, les projets de révision de normes
en cours prévoient de généraliser cette obligation
pour les goodwills et les immobilisations incorporelles
à durée de vie indéfinie (qui ne seront plus amortis).

Des modalités de calcul plus détaillées


Le détail avec lequel les modalités d’évaluation, tant du
prix de vente net que de la valeur d’utilité, sont décrites,
conduira certainement à une plus grande rigueur dans
la détermination du montant des pertes de valeur,
en réduisant la place laissée à l’arbitraire et
à la subjectivité.

Un niveau d’analyse plus fin


Les analyses ne pourront plus être effectuées au niveau
global de l’entreprise mais devront être réalisées au
niveau des unités génératrices de trésorerie auxquelles
les actifs (corporels ou incorporels, y compris le goodwill)
peuvent être rattachés.
En affinant le niveau auquel les tests de valeur sont
réalisés, les normes internationales suppriment ainsi, en
pratique, la possibilité de compensation entre des pertes
de valeur et des appréciations de valeur et rendent en
conséquence obligatoire la comptabilisation de pertes
de valeur dans des circonstances dans lesquelles aucune
perte n’est comptabilisée en principes français.

* La définition donnée par les normes


■ Une présentation différente des pertes de valeur au compte
internationales actuelles du résultat de résultat
«extraordinaire» en exclut la très grande
majorité, sinon la totalité, des éléments
souvent présentés en résultat exceptionnel
Compte tenu des modèles de présentation du compte de
dans les principes comptables français. résultat proposés par la norme IAS 1, Présentation des états
En outre, le projet de révision de financiers, et de l’absence de résultat exceptionnel dans
la norme IAS 8 prévoit de supprimer
totalement la notion de résultat
les normes internationales*, l’ensemble des amortissements
extraordinaire. et des pertes de valeur comptabilisés doit être présenté

129
IAS 36

au sein du résultat des activités ordinaires dans le compte


de résultat.
Ceci représente une différence de présentation significative
par rapport aux principes français, notamment en ce qui
concerne l’amortissement des survaleurs qui est présenté
en France juste avant le résultat net de l’ensemble consolidé
dans les modèles de compte de résultat consolidé fournis
par le règlement sur les comptes consolidés.

■ Plus de transparence

IAS 36 impose de fournir de nombreuses informations


qui ne sont généralement pas fournies aujourd’hui par
les entreprises.
Il faut également souligner que les informations requises
par la norme en vigueur devraient être complétées
dans le projet de révision actuel. En effet les entreprises
devront fournir des informations nombreuses sur
les unités génératrices de trésorerie auxquelles
sont rattachés des goodwills et/ou des immobilisations
incorporelles à durée de vie indéfinie. En particulier,
des informations sur les estimations et hypothèses
utilisées devront être fournies.
Ce type d’informations est le plus souvent considéré
comme sensible par les entreprises.

Chaque entreprise devra donc déterminer si les incidences


résultant des analyses ci-dessus sont significatives et
si une évolution de sa communication financière
doit être envisagée.

130 CONVERSION AU X IFRS


INCIDENCES SUR LES PROCESSUS
ET SUR L’ORGANISATION

Il est important de relever qu’il n’existe pas de corrélation


systématique entre l’impact financier et la difficulté de mise
en œuvre d’une norme.

Transfert de responsabilités
L’application de la norme va demander la participation
de personnes n’appartenant le plus souvent ni
aux services comptables ni à la direction financière.

En effet, la mise en place d’unités génératrices de trésorerie


permettant de suivre les valeurs des actifs implique
la participation des opérationnels en sus de la participation
des services comptables et de la direction financière.
Le rôle des hommes du plan et de la stratégie, du contrôle
de gestion, voire des opérations devrait être primordial
pour l’identification et la composition des unités génératrices
de trésorerie, et la préparation des projections de flux de
trésorerie utilisées pour calculer les valeurs d’utilité.

Ces flux doivent être estimés pour un actif dans son état
actuel et ne doivent pas inclure des entrées ou des sorties de
trésorerie futures attendues des résultats d’une restructuration
envisagée dans laquelle l’entreprise n’est pas encore engagée
ou des dépenses d’investissement futures qui amélioreront
ou accroîtront le niveau de performance d’un actif au-delà
de son niveau de performance défini à l’origine. En cela, et,
le cas échéant, par le niveau de détermination des unités
génératrices de trésorerie, ces projections de flux de trésorerie
se distinguent des budgets opérationnels et prévisions
généralement disponibles dans les entreprises.

Les propositions de révision de la norme IAS 36 prévoyant


en outre de valoriser, pour les besoins de la réalisation des
tests de valeur, les actifs et les passifs des unités génératrices
de trésorerie auxquelles sont affectés des goodwill à
leur juste valeur, le rôle d’intervenants externes à
la direction financière devrait s’en trouver encore accru.

131
IAS 36

INCIDENCES SUR LES SYSTÈMES


D’INFORMATION

Pour les entreprises concernées, les problématiques liées


aux dépréciations d’actifs concerneront principalement
les applications informatiques liées :
• à la comptabilité générale et analytique,
• à la gestion des immobilisations,
• au reporting / consolidation.

Pouvoir disposer de données consolidées, issues de différentes


sources
Les réflexions devront couvrir, notamment, les domaines
suivants :

• Identification et synthèse des données constitutives


d’une UGT (comptabilité générale/comptabilité
analytique, budgets…).

• Eléments permettant d’identifier les immobilisations


corporelles et incorporelles concernées par d’éventuelles
dépréciations (gestion d’un double référentiel) et
leur suivi dans le temps.

Adapter les formats de reporting


D’une façon générale, les participants considèrent, que
la norme IAS 36 va les obliger à redéfinir ou mettre
en place un nouveau système de reporting avec toutes
les difficultés et contraintes liées à cet exercice :
- D’une part, par la nécessité de disposer d’un
reporting spécifique lié aux UGT et flux
prévisionnels. L’alimentation des données de
ce reporting nécessitera de revoir la collecte,
le paramétrage et le formatage des états.
- D’autre part, par la nécessité de remonter

132 CONVERSION AU X IFRS


des informations qualitatives (de type littéraire)
dans la «liasse de reporting», en particulier pour
l’indication des «événements et circonstances
qui ont conduit à comptabiliser ou à reprendre
[une] perte de valeur» importante ou des «pertes
de valeur [qui] sont globalement d’un montant
significatif». Il en est de même pour la «description
[des] unités génératrices de trésorerie».

133
IAS 37
IAS 37

Provisions, passifs et
actifs éventuels
IAS 37

IAS 37*
Provisions, passifs et actifs
éventuels

RÉSUMÉ DE LA NORME
Ce résumé doit permettre d’appréhender les incidences identifiées par le groupe
de travail mais il ne peut remplacer une lecture exhaustive de la norme.

IAS 37 définit un passif, un passif éventuel et une provision


pour risques et charges et fixe les règles de leur
comptabilisation ainsi que les informations à fournir
en annexe. Elle ne traite ni des instruments financiers
comptabilisés à la juste valeur, ni des passifs résultant
des contrats d'assurance, ni des impôts. Les principales
dispositions de cette norme sont les suivantes :

• Une provision, définie comme un passif dont


le montant ou l'échéance est incertain, doit être
comptabilisée si, et seulement si :
- l'entreprise a une obligation actuelle (juridique
ou implicite) résultant d'un événement passé ;
- il est probable qu'une sortie de ressources
représentatives d'avantages économiques sera
nécessaire pour éteindre l'obligation ; et
- le montant de l'obligation peut être estimé de
manière fiable, IAS 37 précisant cependant
qu'il est extrêmement rare de ne pas pouvoir
* SIC 6 : Coût de modification
effectuer une estimation fiable.
de logiciels existants. • Le montant comptabilisé en provision doit être

136 CONVERSION AU X IFRS


la meilleure estimation de la dépense nécessaire à
l'extinction de l'obligation actuelle à la date de clôture.
Ainsi, lors de l'évaluation d'une provision, l'entreprise doit :
- prendre en compte les risques et incertitudes.
Toutefois, une incertitude ne justifie pas
la constitution de provisions excessives ni
la surévaluation délibérée des passifs ;
- actualiser les provisions lorsque l'effet d'une telle
actualisation est significatif ;
- prendre en compte les événements futurs tels que
des modifications de la loi et des changements
technologiques lorsqu'il existe des indications
objectives suffisantes que ces événements se
produiront ; et
- ne pas prendre en compte les profits attendus
de la sortie d'actifs même si cette sortie
est directement liée à l'événement à l'origine
de la provision.

• Par la suite, les provisions doivent être revues à


chaque arrêté et ajustées pour refléter la meilleure
estimation à cette date.

• Des provisions ne doivent pas être comptabilisées


au titre des pertes d'exploitation futures.

• Si l'entreprise a un contrat déficitaire, l'obligation


résultant de ce contrat doit faire l'objet d'une
provision ; un contrat déficitaire est un contrat dont
les coûts inévitables nécessaires pour remplir les
obligations de l’entreprise dépassent les avantages
économiques attendus du contrat.

• Une provision pour restructuration n'est comptabilisée


que lorsque l'entreprise :
- a un plan formalisé et détaillé de restructuration ;
- a créé chez les personnes concernées une attente
fondée qu'elle mettra en œuvre la restructuration,
soit en commençant à exécuter le plan, soit en
leur annonçant ses principales caractéristiques.

137
IAS 37

Elle ne doit inclure que les dépenses qui lui sont


directement liées et qui ne sont pas liées aux activités
poursuivies par l'entreprise.

PRINCIPALES DIFFÉRENCES AVEC LES NORMES FRANÇAISES

Depuis l'entrée en vigueur en France du nouveau


règlement sur les passifs pour les exercices ouverts
à compter du 1er janvier 2002 (ce texte pouvait cependant
être anticipé à compter du 1er janvier 2000), les
dispositions comptables françaises de reconnaissance des
passifs sont proches de celles développées par IAS 37.
Toutefois et malgré cette convergence, deux différences
principales subsistent. En l'occurrence, le référentiel
français :

• reste muet quant à l'actualisation des provisions


pour risques et charges tandis que le référentiel
international l'impose si son effet est significatif ;
• maintient la possibilité de constituer des provisions
pour grosses réparations, ce qui n'est pas conforme
aux prescriptions du référentiel international.

Par ailleurs les provisions pour contrats déficitaires sont


constatées en principes français lorsqu’il est probable que
les coûts dépasseront les produits et en IFRS lorsque ces
coûts sont inévitables.

Enfin nous attirons votre attention sur le fait que


le Règlement CRC 2000-06 prévoit une exception sur
la comptabilisation des provisions pour retraites alors
qu’elles sont exclues du champ d’application d’IAS 37
car traitées par IAS 19.

138 CONVERSION AU X IFRS


INCIDENCES SUR L’INFORMATION
FINANCIÈRE*

Nous avons vu que les principes français sont très


proches des principes énoncés dans IAS 37. Cependant,
les travaux menés avec les entreprises ont mis en lumière
un certain nombre de différences entre l’application
des principes français et IAS 37.

Les principales incidences de l’application d’IAS 37


sur l’information financière identifiées dans le cadre
du groupe de travail portent sur :

• des provisions moins importantes (disparition


des provisions pour grosses réparations, actualisation
obligatoire…) ;
• des informations à fournir très nombreuses.

■ Des provisions moins importantes

Pour certaines entreprises, la disparition des provisions


pour grosses réparations va avoir un impact important sur
le montant des provisions et sur les équilibres bilantiels.
Par ailleurs, l’application obligatoire du principe
de l’actualisation dans l’évaluation des provisions
à constituer (IAS 37.45) peut conduire à une diminution
du montant de ces provisions.
En ce qui concerne les provisions pour restructuration,
certaines entreprises incluent les salaires des personnes
travaillant jusqu’à la fermeture d’une activité et les frais des
locaux non utilisés. IAS 37 indique comme le Règlement
CRC 2000-06 qu’une provision pour restructuration
ne doit inclure que les dépenses nécessairement entraînées
par celle-ci et qui ne sont pas liées aux activités futures.
Cependant, IAS 37 est plus précis que la norme française et
en particulier il y est précisé que «les pertes opérationnelles
* Cet ouvrage ne recense que
les principales incidences identifiées futures identifiables jusqu'à la date d'une restructuration
par les entreprises participant au projet. ne sont pas incluses dans une provision.»

139
IAS 37

■ Des informations à fournir très nombreuses

IAS 37 impose de fournir des informations nombreuses


dont la plupart sont requises par le Règlement CRC
2000-06. Mais on note une certaine réticence de
certaines entreprises à fournir toutes ces informations
sur des sujets jugés sensibles.

IAS 37 demande, pour chaque catégorie de provisions,


de fournir une information sur :
«(a)la valeur comptable à l’ouverture et à la clôture de
l'exercice ;
(b) les provisions supplémentaires constituées au cours
de l'exercice, y compris l'augmentation des provisions
existantes ;
(c) les montants utilisés (i.e. encourus et imputés sur
la provision) au cours de l'exercice ;
(d) les montants non utilisés repris au cours de l'exercice ; et
(e) l'augmentation au cours de l'exercice du montant
actualisé résultant de l'écoulement du temps et de
l'effet de toute modification du taux d'actualisation.»

On notera que les entreprises se limitent souvent à


fournir des tableaux de chiffres et que dans le cadre
d’IAS 37 elles vont devoir fournir une information plus
qualitative.
En effet, IAS 37 précise :
«Pour chaque catégorie de provisions, l’entreprise doit fournir :
(a) une brève description de la nature de l'obligation et de
l'échéance attendue des sorties d'avantages économiques
en résultant ;
(b) une indication des incertitudes relatives au montant
ou à l'échéance de ces sorties. Si cela est nécessaire à
la fourniture d’une information adéquate, l'entreprise
doit fournir les principales hypothèses retenues
concernant des événements futurs, comme indiqué
au paragraphe 48 ; et

140 CONVERSION AU X IFRS


(c) le montant de tout remboursement attendu, en indiquant
le montant de tout actif qui a été comptabilisé pour ce
remboursement attendu.»

Par ailleurs, une information sur les passifs éventuels est


demandée :
«A moins que la probabilité d’une sortie pour règlement
soit faible, l'entreprise doit fournir, pour chaque
catégorie de passif éventuel à la date de clôture, une
brève description de la nature de ce passif éventuel et,
dans la mesure du possible :
(a) une estimation de son effet financier, évalué selon
les paragraphes 36-52 ;
(b) une indication des incertitudes relatives au montant
ou à l'échéance de toute sortie ; et
(c) la possibilité de tout remboursement.»

Enfin, il est précisé que, dans des cas extrêmement rares,


l’indication de tout ou partie des informations imposées
par les paragraphes 84-89 peut causer un préjudice
sérieux à l'entreprise dans un litige l'opposant à des tiers
sur le sujet faisant l’objet de la provision, du passif
éventuel ou de l’actif éventuel. Dans ces cas, l'entreprise
n'a pas à fournir ces informations mais elle doit indiquer
la nature générale du litige, le fait que ces informations
n'ont pas été fournies, ainsi que la raison pour laquelle
elles ne l'ont pas été.

Chaque entreprise devra donc déterminer si les incidences


résultant des analyses ci-dessus sont significatives et
si une évolution de sa communication financière doit être
envisagée.

141
IAS 37

INCIDENCES
SUR L’ORGANISATION

Il est important de relever qu’il n’existe pas de corrélation


systématique entre l’impact financier et la difficulté
de mise en œuvre d’une norme.

Transfert de responsabilités
Les critères de comptabilisation et d’évaluation
des provisions devront être donnés par des personnes
n’appartenant ni aux services comptables ni à
la direction financière. En effet, les services juridiques
et les opérationnels sont les mieux placés pour identifier
les «obligations» et évaluer leur caractère «probable»
et «plus probable qu’improbable» (IAS 37.15).

Par ailleurs, le montant comptabilisé en provision devant


être la meilleure estimation de la dépense nécessaire
à l'extinction de l'obligation actuelle à la date de clôture,
les opérationnels sont les plus compétents pour évaluer
les provisions. Ainsi , IAS 37 précise que «les estimations
du résultat (outcome) et de l’effet financier sont déterminées
à partir du jugement de la direction de l'entreprise,
complétées par l'expérience de transactions similaires et,
dans certains cas, par des rapports d'experts indépendants.»

142 CONVERSION AU X IFRS


INCIDENCES SUR LES SYSTÈMES
D’INFORMATION

Pour les entreprises concernées, les problématiques liées


aux provisions, passifs et actifs éventuels concerneront
principalement les applications informatiques liées :
• à la comptabilité générale et analytique,
• au reporting/consolidation.

Les réflexions devront notamment couvrir les thèmes


suivants :

Fiabiliser les évaluations


• Détermination/documentation de la meilleure estimation :
- Recencement des méthodes de calcul
- Constitution et suivi des bases de données
statistiques.

Adapter le format de reporting


• Aménagement du système de reporting pour restituer
les informations complémentaires requises :
- quantitatives : liste des provisions, évolutions
dans le temps,…,
- qualitatives : éléments d’information nécessaires
à la justification de ces provisions.
Ces aménagements consisteront principalement
en une adaptation du paramétrage et du formatage
des états.

143
IAS 38
IAS 38

Immobilisations
incorporelles
IAS 38

IAS 38
Immobilisations
incorporelles

RÉSUMÉ DE LA NORME
Ce résumé doit permettre d’appréhender les incidences identifiées par le groupe
de travail mais il ne peut remplacer une lecture exhaustive de la norme.

Champ d'application
La norme IAS 38 prescrit le traitement comptable
des immobilisations incorporelles.
Elle exclut de son champ d'application les
immobilisations incorporelles suivantes :
• Les immobilisations incorporelles couvertes
par une autre norme internationale (actifs financiers,
goodwills résultant de regroupements d'entreprises,
actifs incorporels détenus en vue de leur vente dans
le cadre d'une activité normale,…).
• Les droits miniers et dépenses au titre de la prospection,
du développement et de l'extraction de minerais,
de pétrole, de gaz naturel et d'autres ressources
non renouvelables similaires, qui peuvent nécessiter
des traitements spécifiques.
• Les immobilisations incorporelles résultant
des contrats avec les assurés dans les compagnies
d'assurances.

Comptabilisation initiale d'une immobilisation incorporelle


Pour être comptabilisée, une immobilisation incorporelle

146 CONVERSION AU X IFRS


doit respecter la définition d'un actif et remplir certains
critères.

La définition d'un actif suppose le caractère identifiable


de l'actif, le contrôle d'une ressource et l'existence
d'avantages économiques futurs.

Une immobilisation incorporelle doit être comptabilisée


si et seulement si il est probable que les avantages
économiques futurs attribuables à l'actif iront à
l'entreprise et si le coût de cet actif peut être évalué
de façon fiable.

Ces critères de comptabilisation sont applicables


à la fois aux immobilisations incorporelles acquises
auprès de tiers et à celles générées en interne.

Si un élément incorporel ne répond pas à la fois à


la définition d'un actif et aux critères de comptabilisation
d'une immobilisation incorporelle, il doit être
comptabilisé en charges. Un traitement particulier
est prévu dans le cas des regroupements d'entreprises.

IAS 38 apporte les précisions suivantes sur le traitement


des dépenses de recherche et développement :
• Les dépenses de recherche ne doivent pas être
immobilisées.
• Les dépenses de développement doivent être
immobilisées si l'entreprise peut démontrer que
les critères de comptabilisation d'une immobilisation
incorporelle générée en interne sont respectés, en
particulier la faisabilité technique, la disponibilité
des ressources pour achever le développement,
l'existence d'un marché ou son utilité interne…
Si ces critères ne sont pas respectés, les dépenses
de développement sont comptabilisées en charges.

Évaluation postérieure à la comptabilisation initiale


Après sa comptabilisation initiale, une immobilisation
incorporelle doit être comptabilisée :
• soit à sa valeur nette comptable (traitement de référence),

147
IAS 38

• soit à sa juste valeur à la date de réévaluation


diminuée du cumul des amortissements et pertes
de valeur (autre traitement autorisé), la juste valeur
devant être déterminée par rapport à un marché
actif existant.

Traitement des dépenses ultérieures


Les dépenses ultérieures liées à une immobilisation
incorporelle sont comptabilisées en charges sauf
s'il est probable que ces dépenses permettront à
l'immobilisation de générer des avantages économiques
futurs au-delà du niveau de performance défini à l'origine
et si ces dépenses peuvent être évaluées et attribuées
à l'immobilisation de façon fiable.

Si une dépense relative à un élément incorporel


a été initialement comptabilisée en charges lors
d'un arrêté comptable, elle ne peut jamais faire l'objet
d'une activation ultérieure, même si les critères
de comptabilisation d'une immobilisation incorporelle
sont alors remplis.

Amortissement et pertes de valeur


Une immobilisation incorporelle doit être systématiquement
amortie sur sa durée d'utilité. La durée d'utilité est présumée
ne pas excéder vingt ans à compter de la date à laquelle l'actif
sera prêt à être mis en service, sauf si, dans de rares cas,
une durée plus longue peut être justifiée.

Le mode d'amortissement doit traduire le rythme


de consommation par l'entreprise des avantages
économiques futurs estimés. Toutefois, si ce rythme
ne peut être déterminé de manière fiable, le mode
linéaire doit être appliqué.

Pour estimer si une immobilisation incorporelle a perdu


de la valeur, l'entreprise applique les dispositions de la norme

148 CONVERSION AU X IFRS


IAS 36, Dépréciation d'actifs, qui impose le calcul
de la valeur recouvrable de l'immobilisation incorporelle
lorsqu'il existe des indices de perte de valeur.

De plus, même en l'absence d'indices de perte de valeur,


une évaluation, au minimum une fois par an, de la valeur
recouvrable est obligatoire lorsqu'une immobilisation
incorporelle est amortie sur plus de vingt ans et lorsqu'une
immobilisation incorporelle n'est pas encore en service.

Révision en cours de la norme


Les travaux en cours à l'IASB portent à la fois
sur la révision de la norme IAS 22, Regroupements
d'entreprises, IAS 36, Dépréciation d’actifs, et IAS 38,
Immobilisations incorporelles.

Les révisions proposées portent sur les points suivants :


• Toutes les acquisitions d’entreprises sont
comptabilisées selon la méthode de l’acquisition
(purchase accounting).
• Traitement des actifs incorporels et distinction
du goodwill.
Un actif incorporel qui, soit existe en raison de droits
contractuels ou légaux, soit est séparable de l'activité,
doit être comptabilisé comme une immobilisation
incorporelle distincte du goodwill.
• Amortissement des immobilisations incorporelles
et du goodwill.

La présomption qui existe actuellement dans IAS 38


selon laquelle les actifs incorporels ont une durée d'utilité
maximale de vingt ans est supprimée dans le projet
de révision de la norme.
L'obligation d'amortir les immobilisations incorporelles
à durée de vie indéfinie et les goodwills est remplacée,
comme dans le référentiel américain, par l'obligation
de pratiquer un test de perte de valeur au minimum
une fois par an et à chaque fois qu'apparaît un indice
de perte de valeur.

149
IAS 38

PRINCIPALES DIFFÉRENCES AVEC LES NORMES FRANÇAISES*

■ Nature des actifs incorporels

Les normes françaises admettent que des fichiers clients


développés en interne puissent constituer des actifs
incorporels, alors que ceci est spécifiquement interdit
par IAS 38.
Certains actifs incorporels en normes françaises tels que
les parts de marché et les fonds de commerce ne peuvent
pas être reconnus selon IAS 38 car ils ne remplissent pas
les critères de reconnaissance d'un actif.

Le référentiel français permet sous certaines conditions


de différer ou d’étaler certaines charges telles que
des coûts de formation, des coûts d'installation ou
des charges publicitaires. Ces traitements (charges différées,
charges à étaler…) ne sont pas admis en normes
internationales car, selon le référentiel IFRS, des charges
différées ou des charges à étaler ne remplissent pas
la définition et les critères de reconnaissance d'un actif.

■ Dépenses de recherche et développement

Dépenses de recherche et développement dans les comptes


En règle générale, l'entreprise enregistre dans les charges
de l'exercice au cours duquel ils sont engagés les frais de
recherche et de développement, l'inscription en
immobilisations incorporelles ne pouvant se faire que si
certaines conditions sont remplies. Par ailleurs, seuls les
frais de recherche appliquée et de développement
* Ne tient pas compte des peuvent être inscrits à l'actif sous réserve que les
modifications présentées dans
conditions suivantes soient simultanément remplies :
l’exposé-sondage du CNC
en date du 22 octobre 2002 sur • Les projets sont nettement individualisés.
la comptabilisation des actifs. • Chaque projet doit avoir à la date de l'établissement

150 CONVERSION AU X IFRS


des situations comptables de sérieuses chances de
réussite technique et de rentabilité commerciale.
• Leur coût peut être distinctement établi.

L'approche d'IAS 38 est différente :


• Elle rend obligatoire l'activation des frais
de développement remplissant les critères
de reconnaissance d'un actif incorporel.
• Tous les frais de recherche et autres frais de
développement ne pouvant être portés à l'actif
doivent être comptabilisés en charges lorsqu’elles
sont encourues.

Dépenses de recherche et développement dans le cadre


d'un regroupement d'entreprises
La norme IAS 38 prévoit que, dans le cadre
d'un regroupement d'entreprises constituant une acquisition,
une dépense relative à un élément incorporel ne pouvant
pas être comptabilisée en tant qu'immobilisation incorporelle
doit être incorporée au montant constaté en goodwill
à la date d'acquisition. C’est notamment le cas
des dépenses de recherche.

■ Amortissement des immobilisations incorporelles

La pratique française admet le non-amortissement


de la plupart des actifs incorporels (marques, fonds
de commerce, fichiers clients…) alors que tous les actifs
incorporels font l'objet d'un amortissement en normes
IFRS sur une durée maximale présumée ne pas excéder
vingt ans (avant révision de la norme IAS 38).

■ Réévaluation des actifs incorporels

La réévaluation des immobilisations incorporelles


est interdite selon les normes françaises. IAS 38 autorise
la réévaluation des immobilisations incorporelles en tant
que traitement alternatif sous réserve que la juste valeur
soit déterminée en référence à un marché actif.

151
IAS 38

INCIDENCES SUR L’INFORMATION


FINANCIÈRE*

Les principales incidences de l’application d’IAS 38


sur l’information financière, identifiées dans le cadre
du groupe de travail, portent sur les points suivants :

• La valeur brute des immobilisations incorporelles


pourrait être modifiée.
• Amortissement et dépréciation des immobilisations
incorporelles.
• L’affectation des immobilisations incorporelles (et
des goodwills) aux unités génératrices de trésorerie
(UGT).
• L’activation obligatoire de toutes les dépenses
de développement respectant certains critères.
• Une information financière plus détaillée et
plus transparente.

■ La valeur brute des immobilisations incorporelles pourrait


être modifiée

Les immobilisations incorporelles selon IAS 38 doivent


répondre aux critères suivants :

• L’actif doit être identifiable et doit donc pouvoir être


clairement distingué du goodwill.
• Les coûts doivent être immobilisés dès qu’ils peuvent
être évalués de façon fiable et qu’il est probable que
les avantages économiques futurs qu’ils procureront
iront à l’entreprise (IAS 38.19 et suivants).
• En cas d’acquisition dans le cadre d’un regroupement
* Cet ouvrage ne recense que
les principales incidences identifiées d’entreprises, cet actif peut être évalué d’une façon
par les entreprises participant au projet. suffisamment fiable pour être comptabilisé séparément.

152 CONVERSION AU X IFRS


IAS 38 précise par ailleurs que les goodwills générés en
interne au même titre que les marques, titres de journaux,
magazines, listes de clients et autres éléments similaires
en substance ne peuvent être comptabilisés en tant qu’actifs
car leurs coûts associés ne peuvent être dissociés du coût de
développement de l’activité en tant que telle (IAS 38.52).

L’application de ces critères peut ainsi conduire à :

Reclasser certains actifs incorporels


En application des principes français, certaines entreprises
comptabilisent séparément du goodwill des actifs incorporels
(marques, parts de marché, fonds de commerce, fichiers
clients…) qui ne sont pas amortissables. Certaines de
ces immobilisations incorporelles ne seront pas considérées
comme «identifiables» au sens d’IAS 38 et devront
être regroupées avec le goodwill. Cependant, compte tenu
de la révision en cours d’IAS 22 qui prévoit la suppression
de l’amortissement du goodwill, les incidences sur
l’information financière et l’impact sur le résultat seront
souvent négligeables.

Modifier la comptabilisation initiale de ces actifs


IAS 38 précise que le coût d’entrée doit inclure tous
les coûts directement attribuables à l’actif y compris
les taxes non récupérables. Les immobilisations
incorporelles acquises sont en général comptabilisées sur
la base du seul prix d’achat. La valeur d’entrée devrait
donc être modifiée pour intégrer par exemple les droits
d’enregistrement, les frais de dépôt et certains honoraires
(«professional fees»).

Annuler les actifs incorporels créés en interne


Par ailleurs, certaines entreprises qui avaient reconnu
à leur actif des marques et autres éléments développés
en interne devront corriger leurs immobilisations
incorporelles car ces éléments créés en interne ne
peuvent pas être inscrits à l’actif selon IAS 38. En effet,
IAS 38 indique que les marques, titres de journaux, listes
de clients ou autres éléments similaires en substance
ne peuvent être comptabilisés en tant qu’immobilisations
incorporelles car ils ne peuvent être distingués du coût

153
IAS 38

de développement dans son ensemble.

Annuler les charges à répartir sur plusieurs exercices


Les diverses charges à répartir, appelées également
charges différées ou à étaler, devront également être
analysées à la lumière d’IAS 38 pour déterminer si elles
peuvent être reclassées en actifs incorporels ou annulées.
En effet, elles ne pourront être maintenues à l’actif que
si elles peuvent être qualifiées de coûts de développement
et si les critères d’inscription sont remplis. Dans tous
les cas, les dépenses de nature publicitaire ne pourront
être activées car elles ne peuvent être directement affectées
à un projet et contribuent au développement de l’entreprise
dans son ensemble.

■ Amortissement et dépréciation des immobilisations


incorporelles

IAS 38 en vigueur précise qu’une immobilisation


incorporelle doit être amortie sur sa durée d’utilité et qu’il
existe une présomption que la durée d’utilité n’excède pas
vingt ans. L’IASB propose de supprimer cette présomption
dans le projet de révision de la norme et de classer
les immobilisations en deux catégories selon leur durée
de vie qui peut être finie ou indéfinie. Les entreprises qui
ont des immobilisations incorporelles acquises non amorties
(comme des marques ou des parts de marché acquises)
à l’actif de leur bilan devront donc s’interroger sur la durée
d’utilité de ces immobilisations dans la mesure où
elles sont identifiables séparément du goodwill (voir infra).
Les immobilisations qui ont une durée de vie indéfinie
devront faire l’objet d’un test de valeur. L’application d’IAS
38 révisée n’aura pas systématiquement une incidence
sur les valeurs au bilan et sur le résultat car les principes
sous-jacents correspondent aux principes qui ont conduit
à ne pas amortir certaines immobilisations incorporelles

154 CONVERSION AU X IFRS


en France. En revanche, tout amortissement et/ou perte de
valeur (qui correspond à une consommation ou une perte
de valeur de l’actif) devra être classé en résultat opérationnel
et non sur la dernière ligne du compte de résultat.

■ Affectation des immobilisations incorporelles (et des


goodwills) aux unités génératrices de trésorerie (UGT)

Les immobilisations incorporelles à durée de vie


indéfinie et les goodwills doivent faire l’objet d’un test
de dépréciation (impairment test) systématique selon les
modalités prévues par IAS 36. Pour réaliser ce test, il est
nécessaire d’affecter aux unités génératrices de trésorerie
les immobilisations incorporelles et les goodwills.
Cependant, il est possible de regrouper les UGT pour
effectuer les tests de valeur, mais ce regroupement ne
peut se faire au-delà du segment (tel que défini par IAS
14, Information sectorielle). Cet exercice peut conduire
à modifier la valeur de certains actifs incorporels dans
le cadre de la première application des normes IFRS,
mais cette analyse menée à un niveau plus fin que celui
généralement pratiqué en référentiel français peut
également augmenter la comptabilisation de pertes de
valeur dans le futur. Cette affectation peut également
avoir une incidence sur la valeur des incorporels (y compris
goodwill) identifiés sur une entité étrangère car la variation
de change n’aura pas d’impact sur la valeur en devises
de ces incorporels.

■ Activation obligatoire de toutes les dépenses


de développement respectant certains critères

IAS 38 impose l’activation des coûts issus de la phase


de développement d’un projet si un certain nombre de
critères (voir infra) sont remplis. L’application d’IAS 38
aura une incidence pour toutes les entreprises qui
engagent des frais de recherche et développement. En
effet, les entreprises qui actuellement activent ces frais
vont devoir modifier leur base car le référentiel français
ne distingue pas les frais de recherche des frais de

155
IAS 38

développement et les critères d’IAS 38 sont plus précis.


Cette option offerte par les textes français reste cependant
peu utilisée et la plupart des entreprises industrielles
comptabilisent en charges toutes les dépenses de
développement. L’application d’IAS 38 se traduira
donc généralement par une augmentation du montant
des immobilisations incorporelles, avec une incidence
potentielle sur le résultat opérationnel (les charges de
développement seront remplacées par une charge
d’amortissement). Le décalage possible des charges
dans le temps est propre à chaque entreprise car il
dépendra des cycles de développement et de production.

■ Information financière plus détaillée et plus transparente

IAS 38 en cours de révision prévoit la publication


d’un certain nombre d’informations et, en particulier,
il convient d’indiquer le montant des immobilisations
générées en interne ou non, le montant des immobilisations
à durée de vie indéfinie et les immobilisations à durée
de vie finie, avec la durée d’utilité retenue. Il faut également
expliquer les variations dans un tableau (reprenant
le montant brut, les amortissements cumulés et la charge
de l’exercice). La norme prévoit également de distinguer
l’amortissement de la perte de valeur dans la justification
des variations d’immobilisations. Par ailleurs, des
informations sur les unités génératrices de trésorerie
et les tests de dépréciation devront être fournies
au titre d’IAS 36.

Chaque entreprise devra donc déterminer si les incidences


résultant des analyses ci-dessus sont significatives
et si une évolution de sa communication financière
doit être envisagée.

156 CONVERSION AU X IFRS


INCIDENCES SUR LES PROCESSUS
ET SUR L’ORGANISATION

Il est important de relever qu’il n’existe pas de corrélation


systématique entre l’impact financier et la difficulté de
mise en œuvre d’une norme.

Transfert de responsabilités
Plusieurs dispositions de la norme conduiront nécessairement
à transférer vers les opérationnels des responsabilités qui
étaient antérieurement uniquement assumées par des
comptables. En particulier, l’intervention des opérationnels
(juristes, responsables des entités opérationnelles, chercheurs,
etc.) sera nécessaire pour :

• déterminer la nature de l’immobilisation incorporelle


et en particulier définir sa durée d’utilité ;
• réaliser l’affectation des immobilisations incorporelles
aux UGT ;
• examiner au minimum à chaque clôture les durées
d’utilité des immobilisations incorporelles ;
• identifier, au sein d’un projet de recherche et
développement, les dépenses engagées au titre
de la phase de développement qui remplissent
les critères d’activation ;
• fournir les informations non comptables nécessaires.

157
IAS 38

INCIDENCES SUR LES SYSTÈMES


D’INFORMATION

Pour les entreprises concernées, les problématiques liées aux


immobilisations incorporelles concerneront principalement
les applications informatiques liées :
• à la comptabilité générale et analytique,
• à la gestion des immobilisations,
• au reporting/consolidation.

Les réflexions sur la mise en conformité des systèmes


d’information devront notamment couvrir les thèmes suivants :

Pouvoir identifier et isoler les données concernées

• Identification dans les systèmes des actifs concernés


par la norme et lien avec les impacts des normes
IAS 36 et IAS 14.

• Dès l’origine, identification dans les systèmes


de ce qui doit être comptabilisé au titre des coûts
de développement : coûts internes/coûts externes.

• Aptitude des outils existants à suivre et valoriser


les coûts de projets de développement activables
et amortissables.

Gestion de plusieurs référentiels

Les immobilisations incorporelles seront désormais


soumises à des traitements différents selon le référentiel
choisi (comptes individuels/comptes consolidés – IFRS,
US GAAP).

• L’application de gestion des immobilisations doit

158 CONVERSION AU X IFRS


donc permettre :
- la prise en compte et le suivi de la dépréciation de
valeur pour les immobilisations non amortissables,
- les multivalorisations et les multidépréciations
résultant de la gestion de plusieurs référentiels
y compris la saisie de champs complémentaires,
- l’affectation aux UGT pour permettre les tests
de dépréciation.

• La mise à niveau des systèmes sera donc concentrée sur :


- le paramétrage des données (ex. : durées),
la codification des catégories d’immobilisations
(lien avec la notion de secteur développée dans
IAS 14, Information sectorielle)… ;
- leur capacité à intégrer (volumétrie) de nouveaux
«sous-groupes» d’immobilisations.

• Des considérations fiscales imposeront également


le plus souvent le maintien de deux référentiels,
l’un pour les comptes individuels et l’autre pour
les comptes consolidés (problématique de la durée
d’amortissement, de la réévaluation des actifs,
par exemple).

Adapter le format de reporting


• Aménagement du système de collecte et remontée
des informations nécessaires à l’élaboration des
annexes.

159
I A S 3 2 /3 9
IAS 32/39

Instruments financiers
IAS 32/39

I A S 3 2 /3 9 *
Instruments financiers

RÉSUMÉ DES NORMES*


Ce résumé doit permettre d’appréhender les incidences identifiées par le groupe
de travail mais il ne peut remplacer une lecture exhaustive des normes.

Les normes IAS 32 et IAS 39 constituent un couple de


normes complémentaires sur les instruments financiers.

L’IAS 32 (publiée en mars 1995) traite de l’information


à fournir sur les instruments financiers et de
leur présentation dans le bilan. Elle couvre notamment
les 4 aspects suivants :
• Le classement des instruments financiers entre
«Dette» et «Capitaux propres» ; à ce titre,
la norme exige une séparation des instruments
dits composés contenant une composante dette
et une composante capitaux propres.
• Le classement des intérêts, dividendes et profits et
pertes correspondant à ces instruments.
* Y compris SIC 5 : Classification • La compensation des actifs et des passifs
des instruments financiers - Clauses
conditionnelles de règlement
financiers ; et
SIC 16 : Capital social - Propres • Les informations à fournir sur les instruments financiers.
instruments de capitaux propres
rachetés (actions propres)
SIC 17 : Capitaux propres - Coût
L’IAS 39 (publiée en mars 1999) traite de la comptabilisation
d’une transaction portant sur les et de l’évaluation des instruments financiers et complète
capitaux propres l’IAS 32 sur les informations à fournir. Elle couvre

162 CONVERSION AU X IFRS


les 4 thèmes suivants :
• la comptabilisation et l’évaluation des instruments
financiers «classiques» : actifs (titres de portefeuille,
prêts et créances commerciales) et passifs (dettes
financières et dettes d’exploitation) ;
• la comptabilisation et l’évaluation des produits
dérivés, désormais assimilés à des actifs ou passifs
financiers à enregistrer dans le bilan à la valeur
de marché ; le champ des produits dérivés est par
ailleurs étendu à certains dérivés incorporés dans
d’autres contrats ;
• le traitement comptable d’exception réservé aux
opérations de couverture ;
• les règles de sortie de bilan des actifs et des passifs
financiers.

La norme IAS 39 s’accompagne d’une série d’interprétations


sous forme de questions/réponses. Ces interprétations,
qui précisent certains principes de la norme et
développent des exemples d’application, ont été rédigées
par l’Implementation Guidance Committee (IGC), composé
d’experts nommés par l’IASB. Bien que ces interprétations
n’aient pas été formellement approuvées par l’IASB, elles
doivent être prises en compte lors de l’application d’IAS 39.

Par ailleurs, un projet d’amendement d’IAS 39 et IAS 32


a été publié en juin 2002 par l’IASB. Ce projet, qui était
soumis à commentaires jusqu’en octobre 2002, est
résumé dans la suite du document. La version définitive
des normes amendées est attendue pour la fin de l’année
2003.

■ IAS 39 - Instruments financiers : Comptabilisation et évaluation

Les principales évolutions introduites par IAS 39


sont les suivantes :
• tous les produits dérivés sont des actifs ou passifs
financiers qui doivent être enregistrés dans le bilan
à la valeur de marché ;
• les produits dérivés incorporés dans d’autres contrats

163
IAS 32/39

doivent être, dans certains cas, séparés du contrat hôte


et enregistrés de manière distincte ;
• la qualification de couverture est définie de manière
stricte (nécessité d’une documentation dès l’origine,
de tests de corrélation prospectifs et rétrospectifs…) ;
• l’utilisation de la juste valeur est étendue à tous les
actifs financiers, à l’exception des obligations
détenues jusqu’à l’échéance, des prêts/créances émis
et des actions non cotées dont la juste valeur ne peut
pas être évaluée de manière fiable ; les passifs sont
en revanche maintenus au coût (sauf les ventes à
découvert et les dérivés passifs) ;
• les variations de juste valeur sont enregistrées soit
directement en résultat, soit en capitaux propres (avec
un reclassement ultérieur en résultat) ;
• les intérêts courus (produits et charges) sont
enregistrés non pas selon le taux facial de la dette,
du prêt ou de l’obligation (éléments maintenus au coût),
mais selon la méthode du taux d’intérêt effectif (taux
actuariel incluant les frais, commissions et primes
de remboursement).

Catégories d’actifs et passifs financiers


La norme définit 4 catégories d’actifs financiers et 2
catégories de passifs financiers:
Actifs Passifs
(1) Obligations détenues jusqu’à (1) Passifs détenus à des fins
l’échéance (Held-To-Maturity ou de transaction : évaluation à
HTM) : évaluation au coût amorti la juste valeur et enregistrement
(taux d’intérêt effectif) avec test de des variations de valeur en résultat
dépréciation
(2) Autres passifs : évaluation au
(2) Actifs disponibles à la vente coût amorti (taux d’intérêt effectif)
(Available-For-Sale ou AFS) :
évaluation à la juste valeur (cours
coté s’il existe) et enregistrement
des variations de valeur en résultat
ou en capitaux propres (option
unique pour chaque entreprise)

164 CONVERSION AU X IFRS


(3) Actifs détenus à des fins de
transaction (Trading) : évaluation
à la juste valeur (cours coté s’il
existe) et enregistrement des
variations de valeur en résultat

(4) Prêts et créances émis par


l'entreprise : évaluation au coût
amorti (taux d’intérêt effectif)
avec test de dépréciation

On notera que :
• par défaut, tous les produits dérivés sont qualifiés
d’actifs ou passifs de «Trading» ;
• toutes les participations dans des sociétés non
consolidées doivent être réparties ente les «Actifs
disponibles à la vente» (AFS) et les actifs de
«Trading». Dans les 2 cas, la conséquence est une
évaluation systématique au cours coté (s’il existe) ;
• les actifs de «Trading» sont définis de manière stricte :
l’intention de prise de bénéfices à court terme doit être
affichée dès l’origine et aucun reclassement n’est
autorisé hors de cette catégorie ;
• la catégorie des contrats de dette «détenus jusqu’à
l’échéance» (HTM) est également définie de manière
stricte : l’intention doit être affichée dès l’origine et
toute cession avant l’échéance entraîne le déclassement
de l’ensemble du portefeuille et l’interdiction d’utiliser
cette catégorie pendant l’exercice en cours et les 2
exercices suivants (règle dite du «tainting») ;
• en revanche, la catégorie «Actifs disponibles à la vente»
(AFS) est définie par défaut : tous les titres qui ne sont
ni détenus à des fins de «Trading», ni détenus jusqu’à
l’échéance constituent des titres AFS ;
• les passifs de «Trading» sont limités aux ventes à
découvert (vente de titres empruntés) et aux dérivés
passifs.

Enregistrement initial des actifs et passifs financiers à la juste valeur


Tous les actifs et les passifs financiers doivent être rentrés
dans le bilan à leur juste valeur initiale; par conséquent,
une perte ou un gain est reconnu à l’origine si l’actif ou
le passif financier n’a pas été contracté aux conditions de

165
IAS 32/39

marché en vigueur à la date de souscription.


Par exemple, si un prêt est consenti à taux zéro, il doit être
enregistré à l’origine pour sa valeur actualisée au taux en
vigueur sur le marché lors de sa mise en place, la différence
constatée par rapport à sa valeur d’émission (cash prêté)
étant enregistrée immédiatement en charges.

Evaluation ultérieure des actifs financiers


Après leur comptabilisation initiale, tous les actifs financiers
doivent être réévalués à la juste valeur, à l’exception
des actifs ci-dessous qui doivent être comptabilisés
au coût amorti et soumis à un test de dépréciation :
• les obligations classées en HTM (détention jusqu’à
l’échéance) ;
• les prêts et créances émis par l’entreprise (et non
détenus à des fins de «Trading») ;
• les actions non cotées dont la juste valeur ne peut pas
être estimée de manière fiable.

La réévaluation des actifs financiers mesurés en juste


valeur (AFS, Trading et Dérivés actifs) est enregistrée
directement en résultat sauf dans les 2 cas suivants :
• Titres AFS : si l’entreprise a opté pour l’enregistrement
en capitaux propres des variations de juste valeur (avec
reclassement ultérieur en résultat lors de la vente des
titres ou la constatation d’une dépréciation) ; cette option
s’applique à l’ensemble des titres AFS (l’autre possibilité
étant de réévaluer directement les titres AFS en résultat).
• Dérivés actifs : si l’entreprise a désigné une relation
de couverture de flux futurs (Cash Flow Hedge),
les variations de juste valeur du dérivé sont enregistrées
en capitaux propres et sont reclassées en résultat lorsque
la transaction couverte affecte elle-même le résultat
(ce traitement est détaillé dans la suite du document).

Evaluation ultérieure des passifs financiers


La plupart des passifs financiers restent évalués au coût

166 CONVERSION AU X IFRS


amorti, qui correspond à :
(i) la valeur comptable initiale (nette des coûts de
transaction),
(ii) plus/moins les intérêts calculés sur la base
du taux d’intérêt effectif,
(iii)moins les sorties de cash (coupons et remboursements
de principal).

La charge d’intérêts courus est donc enregistrée, non pas


selon le taux facial de la dette, mais sur la base d’un taux
actuariel qui inclut les frais, commissions et primes de
remboursement (taux d’intérêt effectif). Coûts de
transaction et primes de remboursement sont donc
systématiquement étalés de manière actuarielle.

Les dettes classées en «Trading» sont réévaluées à leur


valeur de marché avec un impact direct en résultat. En
revanche, cette catégorie est limitée aux ventes à
découvert (obligations nées de la vente de titres
empruntés) et aux produits dérivés passifs non qualifiés
de couverture.

Produits dérivés
Tous les produits dérivés doivent être enregistrés dans
le bilan à leur valeur de marché, quelle que soit l’intention
de détention. Les variations de valeur sont directement
enregistrées en résultat, sauf dans 2 cas où elles sont
enregistrées en capitaux propres (traitement détaillé ci-après) :
• le dérivé est qualifié de couverture de flux futurs
(Cash Flow Hedge) ;
• le dérivé est qualifié de couverture d’un investissement
net (Net Investment Hedge), les variations de valeur
sont enregistrées en capitaux propres.

L’IAS 39 définit un «produit dérivé» comme étant


un contrat qui a les 3 caractéristiques suivantes :
(i) une variable sous-jacente qui fait varier la valeur
du contrat (taux d’intérêt, taux de change, prix
d’une action, prix d’une matière première, notation
de crédit…) ;
(ii) un investissement net initial nul ou faible ;

167
IAS 32/39

(iii)un règlement à une date future.

Cette définition englobe tous les produits dérivés «standards»


(achat/vente à terme, options, swaps, caps et floors). Mais
elle élargit potentiellement le champ des produits dérivés
à d’autres types de contrats, notamment les suivants :
• certains contrats sur matières premières : s’il existe
une possibilité de règlement net et que la livraison
physique ne peut pas être justifiée par l’activité
courante de la société (notion de «normal purchase
and sale») ;
• certaines garanties financières : si les paiements
sont déclenchés par une variable (plutôt qu’un événement
de défaut) ou si le détenteur n’est pas lui-même exposé
au risque de défaut du débiteur qui fait l’objet
de la garantie ;
• certains contrats d’assurance indexés sur des variables
de marché.

Produits dérivés incorporés


Le champ des produits dérivés est également étendu
aux dérivés incorporés, qui se présentent sous forme
de clauses assimilables à des produits dérivés intégrées
dans des contrats classiques (contrat hôte).

Un dérivé incorporé peut être identifié dans tout type


de contrats : instrument de dette émis ou détenu, contrat
commercial, contrat d’approvisionnement, d’assurance,
ou de location / vente. La présence d’un dérivé incorporé
se traduit en général par l’indexation du contrat
sur une ou plusieurs variables (taux d’intérêt, taux de
change, prix d’une action…).

Un enregistrement séparé du dérivé incorporé est exigé


par IAS 39 lorsque 3 conditions sont remplies :
(i) les caractéristiques économiques et les risques
associés au dérivé incorporé sont sans lien clair et

168 CONVERSION AU X IFRS


étroit avec ceux du contrat ;
(ii) le contrat dans son ensemble (dit contrat hybride)
n’est pas déjà réévalué à sa valeur de marché
(comme par exemple un titre classé en «Trading»); et
(iii)le dérivé incorporé répond à la définition d’un produit
dérivé (voir ci-dessus).

On peut citer, à titre d’exemple, 2 types de dérivés dont


la séparation est requise par IAS 39 :
• la composante change d’un contrat (vente ou
approvisionnement) libellé dans une devise
qui n’est ni celle de l’acheteur, ni celle du vendeur
(avec une exception, a priori limitée au cas
du pétrole, pour la devise d’échange international
du bien concerné) ;
• l’indexation d’une dette (détenue ou émise) sur le prix
d’une action (par exemple, une obligation échangeable
ou un BMTN CAC 40) ; on notera toutefois que
la composante action d’une obligation convertible
constitue du point de vue de l’émetteur un instrument
de capitaux propres hors du champ d’application
d’IAS 39 (voir ci-après).

Opérations de couverture : définitions et traitement comptable


IAS 39 définit 3 types de relation de couverture :
(i) Couverture d’un risque de prix («Fair Value Hedge»),
qui consiste à couvrir les variations de prix d’un actif
ou d’un passif.
Ex. : une action détenue en portefeuille ou une dette
à taux fixe.
(ii) Couverture d’un risque de variabilité des flux
futurs («Cash Flow Hedge»), qui consiste à fixer
les flux futurs d’un actif ou d’un passif, d’une
commande ferme ou d’une simple transaction future.
Ex. : une vente future en devises ou les flux d’intérêt
d’une dette à taux variable.
(iii)Couverture d’un investissement net («Net Investment
Hedge»), qui consiste à couvrir le risque de change
associé à une filiale étrangère.

169
IAS 32/39

On notera que le «Fair Value Hedge» et le «Cash Flow


Hedge» constituent 2 types de couvertures exclusives l’une
de l’autre : en couvrant un risque de prix (et en qualifiant
une relation de «Fair Value Hedge»), on s’expose à une
variabilité des flux futurs ; à l’inverse, en figeant des flux
futurs variables (et en qualifiant une relation de «Cash Flow
Hedge»), on s’expose alors à une variation de prix.

Chaque type de couverture fait l’objet d’un traitement


comptable spécifique :
• Dans le cas d’un Fair Value Hedge (couverture
d’une dette à taux fixe avec un swap par exemple),
le dérivé est réévalué à sa juste valeur avec impact
en résultat (traitement «standard»); en contrepartie,
par exception, la composante risque de l’élément couvert
désignée comme couverte est également réévaluée avec
impact en résultat ; ce traitement permet de neutraliser
les variations de valeur du dérivé dans le compte de
résultat (à la part inefficace près).
• Dans le cas d’un Cash Flow Hedge (couverture
d’une dette à taux variable avec un cap par exemple),
les variations de valeur du dérivé sont décomposées
entre (1) la part efficace, qui est enregistrée en
capitaux propres (sur une ligne spécifique), et
(2) la part inefficace, qui est immédiatement traduite
en résultat. Les montants stockés en capitaux propres
sont reclassés lors de la réalisation de la transaction
couverte :
(a) soit en résultat si la transaction couverte affecte
le résultat (ventes couvertes ou flux d’intérêts d’une
dette à taux variable),
(b) soit dans le coût d’entrée de l’actif ou du passif
(«Basis adjustment»), si la transaction couverte
conduit à comptabiliser un actif ou un passif
(émission de dette future ou acquisition future
d’une immobilisation).
• Dans le cas d’une couverture d’investissement net,

170 CONVERSION AU X IFRS


IAS 39 reprend les dispositions d’IAS 21 Effet des
variations des cours des monnaies étrangères :
les variations de valeur du dérivé sont décomposées
entre (1) la part efficace, qui est enregistrée en
capitaux propres (sur la même ligne que les écarts
de conversion constatés sur la filiale), et (2) la part
inefficace, qui est immédiatement traduite en résultat.
Les montants enregistrés en capitaux propres sont
reclassés en résultat lors de la cession de
l’investissement net couvert.

Opérations de couverture : critères de qualification


Seuls des produits dérivés peuvent être désignés comme
instruments de couverture. Une exception à ce principe :
un actif ou un passif financier en devises peut être
désigné comme couverture d’un risque de change.

Un élément couvert peut être un actif ou un passif du


bilan, un engagement ferme ou une transaction future.
Une quote-part d’élément peut également faire l’objet
d’une couverture. Par ailleurs, des éléments peuvent être
regroupés au sein d’une même relation de couverture
si chacun des éléments du groupe varie dans les mêmes
proportions que le groupe lui-même (ensembles
homogènes).

Différentes natures de risques peuvent être couvertes :


le risque de prix global, le risque de change, le risque
de taux d’intérêt et le risque de contrepartie (ou risque
de crédit). Ces différents types de risques peuvent être
désignés séparément ou ensemble dans une relation de
couverture. En revanche, dans le cas d’un actif ou d’un
passif non financier, seul le risque de change peut être
couvert séparément ; tout autre type de couverture doit
porter sur le risque de prix global.

Les principaux critères de qualification définis par IAS


39 sont les suivants :
• Une documentation formelle dès l’origine de la relation
de couverture, décrivant la stratégie de couverture,
l’élément couvert, la nature du risque couvert,

171
IAS 32/39

l’instrument de couverture et les modalités d'évaluation


de l'efficacité de la relation de couverture.
• La démonstration de l’efficacité de la couverture par
des tests d’efficacité prospectifs (à la mise en place de
la couverture) et rétrospectifs (à chaque date d’arrêté) ;
ces tests de corrélation ont un double objectif :
(a) valider la qualification de couverture, en démontrant
que les variations mesurées sur l’instrument
de couverture sont comprises entre 80% et 125%
des variations mesurées sur l’élément couvert ;
(b) mesurer la part inefficace qui doit être
immédiatement traduite en résultat.
• La démonstration du caractère hautement probable
de la transaction future couverte dans le cadre
d’un Cash Flow Hedge.
• Il n’y a pas de qualification possible pour les couvertures
de positions nettes (couverture d’une marge par exemple).
Ainsi, une vente forward de 20 USD ne peut pas être
désignée comme couverture de la position nette formée
par une vente de 100 USD et un achat de 80 USD : seule
une quote-part d’exposition brute (20% de la vente de
100 USD) peut être désignée comme élément couvert.
• Il n’y a pas de reconnaissance des contrats internes.
Ce point concerne plus particulièrement les banques et
les sociétés disposant d’une Trésorerie Centrale (TC) :
la relation de couverture ne pouvant être désignée
qu’à partir du dérivé externe au groupe, il est nécessaire
de lier chaque contrat externe mis en place par la TC
avec chacune des expositions des filiales couvertes.
• Il n’y a pas de qualification possible pour les ventes
d’option. A ce titre, toute combinaison d’options
(par exemple un tunnel) doit être analysée pour
vérifier si l’ensemble ne constitue pas une position
nette de vendeur.

Opérations de couverture : interruption d’une relation de couverture


Une relation de couverture doit être interrompue dans

172 CONVERSION AU X IFRS


les cas suivants :
• l’instrument de couverture est échu, exercé, revendu
ou résilié,
• les critères de qualification ne sont plus respectés,
• la transaction future couverte n’est plus hautement
probable.
A l’exception du dernier cas (disparition de la transaction
couverte), l’interruption de la relation de couverture ne
peut être que prospective : dans le cas d’un Fair Value
hedge, la part réévaluée de l’élément couvert doit être
amortie sur la durée résiduelle de l’élément couvert.
Dans le cas d’un Cash Flow Hedge, les montants stockés
en capitaux propres doivent être maintenus et reclassés
en résultat lorsque la transaction couverte affecte le
résultat.

Sortie d’actifs et de passifs financiers (Décomptabilisation)


Les critères de sortie de bilan définis par IAS 39 se fondent
sur la notion de perte de contrôle. Toutefois, cette notion
n’est pas pure puisqu’il est également précisé que la cession
doit s’accompagner d’un transfert des risques substantiels
pour permettre la sortie de bilan.

Ainsi, il n’y a pas de perte de contrôle si :


(i) le cédant a le droit de racheter l’actif à un prix
fixé à l’avance; seules échappent à cette condition
les possibilités de rachat portant sur des actifs
liquides («readily obtainable on the market») ou
se faisant à la valeur de marché à la date de rachat ;
(ii) le cédant s’engage à racheter ou rembourser
les actifs cédés dans des conditions qui confèrent
au cessionnaire un rendement de prêteur ;
(iii)le cédant conserve en substance tous les risques et
revenus liés aux actifs transférés (à travers un total
return swap par exemple), sauf s’il s’agit, là encore,
d‘actifs liquides.

Une interprétation stricte de la notion de transfert de risques


substantiels («substantial risks») entraîne une requalification
quasi-systématique des opérations de titrisation de créances
commerciales en emprunts garantis. Dans une titrisation,

173
IAS 32/39

le cédant conserve en substance la totalité des risques à


travers la garantie accordée au cessionnaire (cette dernière
étant en général largement surdimensionnée par rapport aux
pertes historiques constatées sur les créances cédées).

Si la perte de contrôle n’est pas reconnue, il n’y a pas


sortie des actifs cédés et la contrepartie du cash reçu
se traduit par l’enregistrement d’une dette financière
(«secured borrowing»).

En outre, lorsque la cession implique une entité ad-hoc,


les critères stricts définis par le SIC 12 conduisent
généralement le cédant à consolider cette dernière,
entraînant de facto le retour dans son bilan des actifs
cédés. Les critères définis par le SIC 12 sont relatifs (1)
au contrôle des activités ou des actifs de l’entité (partant
du principe qu’il y a en général contrôle en cas d’auto
pilotage), (2) à la conservation de la majorité des risques,
ou (3) à la conservation de la majorité des rendements.
Un seul des 3 critères suffit pour devoir consolider.
Rappelons, par ailleurs, qu’il n’est pas nécessaire
d’avoir un lien en capital (être associé ou actionnaire)
pour devoir consolider en normes IAS.

Distinction Dettes/Capitaux propres


La distinction entre un instrument de dette et un
instrument de capitaux propres est établie par IAS 32.
Cette norme impose par ailleurs la décomposition des
instruments dits composés («Compound instruments»)
qui contiennent à la fois une composante dette et une
composante capitaux propres.

Un instrument de capitaux propres est défini comme un


contrat mettant en évidence un intérêt résiduel dans
les actifs d'une entreprise après déduction de tous ses passifs.
A contrario, une dette est définie comme une obligation
contractuelle (a) de remettre du cash ou un autre actif

174 CONVERSION AU X IFRS


financier à une autre entreprise ; ou (b) d'échanger
des instruments financiers avec une autre entreprise à
des conditions potentiellement défavorables.

Le critère clé permettant de distinguer «Dette» et «Capitaux


propres» est l’existence ou non d’une obligation pour
l’émetteur de verser du cash à sa contrepartie : tout contrat
(ou toute partie d’un contrat) qui contraint l’émetteur à
verser du cash (intérêts ou principal) constitue une dette ;
sinon, il s'agit d'un instrument de capitaux propres.
A ce titre, le fait d’avoir ou non l'initiative d'un décaissement
(qu'il s'agisse d'un remboursement ou de l'obligation de
verser ou non une rémunération) constitue un critère
essentiel de distinction entre «Dette» et «Capitaux propres».

La classification entre «Dette» et «Capitaux propres» doit


s'effectuer selon la substance de l'engagement contractuel.
Ainsi, lorsqu’un instrument se dénoue par remise
d’actions propres, il doit être enregistré comme une dette si
le nombre d’actions propres à remettre varie de sorte que la
valeur totale des actions propres remises est toujours égale
au montant du remboursement. En effet, dans ce cas,
le porteur de l’instrument n'est pas exposé à un profit ou
à une perte résultant de la fluctuation du prix des titres et
a un simple profil de prêteur.

L’IAS 32 ne prévoit pas de rubrique intermédiaire entre


«Dette» et «Capitaux propres».

Les intérêts ou dividendes versés sur un instrument


financier enregistré en tant que dette doivent être
comptabilisés en charges dans le compte de résultat.
Les distributions faites aux porteurs d'un instrument
financier classé en capitaux propres doivent être
enregistrées directement en capitaux propres.

Instruments composés
Lorsqu'un instrument financier «composé» contient
à la fois une composante dette et une composante de capitaux
propres, l'émetteur doit enregistrer séparément chacune
des composantes de l'instrument suivant leur nature.

175
IAS 32/39

C’est le cas par exemple d’une obligation convertible en


actions propres qui devra être décomposée entre une dette
(contrat hôte) et une option sur actions propres (instrument
dérivé incorporé) enregistrée en capitaux propres.

Rachat d’actions propres


Les actions propres détenues directement par l'entreprise
émettrice ou par ses filiales consolidées, avec l'intention
ou non de les annuler, doivent être présentées en déduction
des capitaux propres. Leur acquisition est ainsi
comptabilisée comme une variation de capitaux propres.
La vente ou l’annulation ultérieure de ces actions
n’a aucun impact sur le compte de résultat.

IAS 39 / IAS 32 – PROJET D’AMENDEMENT (JUIN 2002)

L’IASB a publié en juin 2002 un exposé sondage


(Exposure Draft) modifiant les normes IAS 32 et IAS 39.
Les principaux objectifs des modifications proposées sont
les suivants :

• Faciliter l’application d’IAS 39, en permettant


notamment d’évaluer n’importe quel actif ou passif
financier à la juste valeur.
• Proposer une nouvelle approche sur les cessions d’actifs
financiers, fondée sur les notions de «continuing
involvement» et de «pass through arrangements».
• Permettre l’enregistrement d’une dépréciation sur
un groupe d’actifs sains (provision dynamique).
• Améliorer la convergence avec les US GAAP,
en modifiant notamment le traitement des actifs
disponibles à la vente (AFS) (suppression de l’option
pour une réévaluation en résultat et interdiction
de reprise des dépréciations) et des couvertures
de commandes fermes (désormais qualifiées
de «Fair Value Hedge»).

176 CONVERSION AU X IFRS


• Harmoniser le champ d’application d’IAS 39 et
d’IAS 32 et rassembler l’ensemble des disclosures
dans l’IAS 32.
• Compléter l’IAS 32 en précisant le traitement de
certains instruments composés Dette/Capitaux
propres et des produits dérivés sur actions propres.
• Intégrer dans l’IAS 32 certaines interprétations du
SIC (Standards Interpretation Committee) relatives
aux instruments de capitaux propres.

Les principales modifications proposées dans ce projet


sont résumées ci-après.

■ Champ d’application

Engagements de prêts («Loan commitments»)


Les engagements de prêts seraient désormais
explicitement exclus du champ d'application d'IAS 39
sauf s’il sont (i) désignés comme éléments de trading
ou (ii) peuvent donner lieu à un règlement net en cash.
Cette exclusion permet aux entités qui accordent
ou détiennent des engagements qui se traduiront
par la mise en place effective d’un prêt de ne pas
les comptabiliser comme des produits dérivés.

Les garanties financières («Financial Guarantee contracts»)


Toutes les garanties financières (et non plus seulement
celles-qui sont qualifiées de produits dérivés) entreraient
désormais dans le champ d’IAS 39 en ce qui concerne
leur enregistrement initial. Elles devraient donc être
enregistrées à leur juste valeur lors de leur mise en place.
En revanche, lors des arrêtés ultérieurs, les garanties qui
ne sont pas qualifiées de produits dérivés se verraient
appliquer les dispositions d'IAS 37 («Provisions,
Contingent Liabilities and Contingent Assets»).

Contrats de commodity (Achat/vente d'actifs non financiers)


Le projet d’amendement élargit la notion de «règlement net
en cash» d’un contrat de commodity au fait de prendre
livraison de l’actif et de le revendre immédiatement sur

177
IAS 32/39

le marché. Par ailleurs, la qualification de produit dérivé


est désormais fondée sur la pratique de l’entité (et non plus
sur les simples dispositions du contrat). En conséquence,
si l’entité a l’habitude de dénouer un certain type de contrats
par un règlement net en cash, ces mêmes contrats
seront qualifiés de produits dérivés.
L’objectif de cet amendement est de s’assurer que tous
les contrats de commodities contractés à des fins de
trading sont bien enregistrés comme des produits dérivés.
Il ne doit pas entraîner de changement pour les entités
dont l’activité suppose la livraison physique des biens.

■ Critères de cession d’actifs («Derecognition»)

Notion de «Continuing involvement» (maintien d’une implication)


La nouvelle approche proposée s'appuierait sur la seule
notion de «maintien d’une implication», qui empêcherait de
reconnaître une cession dès lors que le cédant continue à être
partie prenante dans l’actif ou une partie de l’actif transféré.
Il y aurait «maintien d’une implication» de la part du
cédant lorsque ce dernier :
(i) a le droit (call option) ou peut être obligé (put option)
de reprendre l’actif cédé ;
(ii) ou s’il peut être amené à payer (ou à recevoir) une
indemnité (rémunération) indexée sur la performance
de l’actif cédé.
Aucune exception à ce principe ne serait admise.
En particulier, disparaîtraient les notions de :
(i) conservation par le cédant de la quasi-totalité
des risques et revenus («substantially all»), et
(ii) le droit pour l’acheteur de vendre ou donner à son
tour en garantie l'actif cédé.

Notion de «Pass-through arrangements»


Le projet d’amendement propose de reconnaître la sortie de
bilan pour tous les actifs faisant l’objet d’un «pass-through

178 CONVERSION AU X IFRS


arrangement» (c’est à dire où les cash flows cédés continuent
d’être collectés par le cédant) dès lors que les trois
conditions suivantes sont respectées :
(i) le cédant n'a pas l'obligation de verser une somme
qui n'a pas été collectée sur les actifs cédés,
(ii) le cédant ne peut pas utiliser les actifs cédés pour
son propre compte, et
(iii)le cédant a l'obligation de reverser pratiquement
en temps réel («without material delay») tout flux
collecté sur les actifs cédés.

Collateral
L’IAS 39 actuel ne traite que des informations à donner
en annexe. Le traitement des actifs donnés en garantie
(«collateral») serait désormais précisé de la manière
suivante :
(i) le cédant enregistre sur une ligne à part tout «collateral»
que le cessionnaire a le droit de vendre ou de mettre en
garantie,
(ii) le cessionnaire enregistre une dette dès lors qu'il revend le
collateral reçu (pour refléter son obligation de le restituer),
(iii)si le cédant fait défaut et perd ses droits sur
le «collateral», il doit alors sortir les actifs donnés
en garantie de son bilan ; en contrepartie, le cessionnaire
enregistre ces mêmes actifs (reçus en garantie) à
son bilan.

Transition
Il n'y aurait pas de «grandfathering» pour les cessions
antérieures à la date de première application d’IAS 39
amendé. En conséquence, tous les actifs dont la cession
ne vérifierait pas les nouveaux critères d’IAS 39
devraient être réintégrés dans le bilan (même s’ils
vérifiaient les critères de cession de la version actuelle
d’IAS 39).
A contrario tous les actifs qui n’avaient pu être sortis,
mais qui répondraient aux nouveaux critères d’IAS 39
amendés (au moment de leur cession), pourraient être
sortis.

179
IAS 32/39

■ Évaluation

Extension de l’évaluation en juste valeur avec impact en résultat


Désormais, les entreprises auraient le droit d'évaluer en
juste valeur (avec impact en résultat) n'importe quel actif
ou passif financier, simplement en le désignant comme
tel dès l’origine.
Ce classement serait libre sans qu’il soit nécessaire
de justifier d’une quelconque stratégie ou d’une logique
de traitement par type d'instruments. En revanche un tel
classement serait irrévocable et aucun reclassement «de»
ou «vers» cette catégorie ne serait ultérieurement admis.
L’objectif de cet amendement est de simplifier le
traitement des instruments hybrides (pas de
décomposition nécessaire s’ils sont évalués globalement
à leur juste valeur) et des opérations d’arbitrage qui
combinent des actifs évalués mark-to-market et des
passifs de refinancement.

Suppression de l’option permettant de réévaluer en résultat


les «Available-For-Sale»
La possibilité d'évaluer n'importe quel actif ou passif
financier à sa juste valeur avec impact en résultat enlève
tout intérêt à l’option offerte d'enregistrer en résultat
les variations de valeur des titres classés en AFS.
Cette option serait donc supprimée.

Possibilité de classer un prêt émis (originated loan) en


«Available-For-Sale»
Il serait désormais permis de classer des prêts émis dans
la catégorie AFS. Ils pourraient alors être évalués à leur juste
valeur avec impact des variations de valeur en Capitaux
propres (Equity).
Cet amendement offre la possibilité de regrouper (et de
traiter de manière identique) l’ensemble des prêts émis,
des prêts acquis et des obligations cotées dans la catégorie
«Available-For-Sale» (AFS). A contrario, le classement

180 CONVERSION AU X IFRS


d’obligations cotées en prêts émis serait désormais interdit.

Précisions sur les modalités de calcul de la juste valeur


Le projet d’amendement apporte certaines précisions
sur l’utilisation de techniques d’évaluation :
(i) l’évaluation doit permettre d’établir le prix auquel des
parties bien informées et consentantes auraient conclu
la transaction dans des conditions normales d’activité
(principe général) ;
(ii) toute technique d’évaluation retenue doit (a) intégrer
tous les facteurs que d’autres acteurs du marché
auraient pris en compte et, (b) être cohérente avec
les méthodes de pricing couramment reconnues ;
(iii)les estimations et les hypothèses utilisées doivent être
cohérentes avec les estimations et les hypothèses que
les acteurs du marché utiliseraient s’ils avaient
à établir un prix pour le même instrument.

■ Modalités de dépréciation des actifs financiers

Dépréciation d’un groupe d’actifs sains


Le projet d’amendement introduit une nouvelle approche
permettant de déprécier globalement (sur base historique
et statistique) un groupe d’actifs sains. L’objectif
de cet amendement est de s’assurer qu’une dépréciation
qui existe à l’échelle d’un portefeuille d’actifs
sera bien reconnue quand bien même elle n’est
pas identifiable à l’échelle de chaque actif pris
individuellement.
Cet amendement a été pris à la demande des banques
qui souhaitaient voir reconnaître la pratique dite du
«provisionnement dynamique» consistant à provisionner
à l’avance et sur base statistique le risque de perte
d’un portefeuille de prêts.

Cas des actions : critères justifiant une dépréciation


Le projet d’amendement précise les situations nécessitant
la dépréciation d’un portefeuille d’actions cotées ou non
cotées. Il est ainsi précisé que :
(i) des changements significatifs sur le marché ou dans

181
IAS 32/39

l’environnement technologique, économique ou


juridique dans lequel évolue l’entité peuvent indiquer
que le coût de l’investissement ne sera jamais recouvré ;
(ii) une baisse de valeur «significative et prolongée»
des cours constitue également une preuve objective
de dépréciation.

Interdiction des reprises de dépréciation sur les actifs classés


en «Available-For-Sale»
Jugeant trop difficile de démontrer qu’un événement
justifie la reprise d’une dépréciation, le projet
d’amendement envisage de supprimer cette possibilité.
En conséquence, toute (ré)augmentation de valeur au-
delà de la valeur dépréciée d’un actif devra désormais
être enregistrée en Capitaux Propres (notion de «write-
off» définitif de la dépréciation initiale).

■ Opérations de couverture

Couvertures de commandes fermes («Firm commitments»)


Désormais, les couvertures de commandes fermes
seraient traitées comme des couvertures de juste valeur
(«Fair Value Hedge»). En conséquence, la composante
couverte de la commande serait réévaluée et enregistrée
dans le bilan, sa contrepartie venant s’inscrire en charge
ou en produit dans le compte de résultat de la période
(où elle viendrait compenser les variations de valeur
de l’instrument de couverture).

Suppression du «basis adjustment»


Désormais, les résultats de couverture accumulés en
Capitaux Propres seraient reclassés en résultat uniquement
lorsque l’actif acquis (ou le passif contracté) a lui-même un
impact en résultat. Par exemple, dans le cas de l’acquisition
d’une immobilisation, les résultats de couverture stockés
en Capitaux Propres ne seraient reclassés en résultat

182 CONVERSION AU X IFRS


qu’au fur et à mesure de l’amortissement de cette dernière.

Produits dérivés de change «incorporés» («embedded foreign


currency derivatives»)
Le projet d’amendement permettrait de ne pas isoler
de dérivé incorporé lorsque la devise du contrat
est couramment utilisée dans l’environnement où
se fait la transaction (devise stable et liquide utilisée
couramment dans les transactions locales).
Cet amendement a pour objectif d’alléger le traitement
des dérivés de change incorporés pour tous les contrats
signés dans des environnements économiques où
le recours à une devise internationale stable et liquide
est courant (par exemple, l’USD pour les transactions
effectuées dans les ex-pays soviétiques).

Information en annexe
Toutes les informations requises dans la version actuelle
d’IAS 39 seraient transférées dans la norme IAS 32 (voir
ci-après).

■ Classement des instruments composés Dette/Capitaux


Propres («compound instruments»)

L’IAS 32 propose actuellement 3 méthodes différentes


pour séparer les composantes d’un instrument composé
Dette/Capitaux Propres. Désormais, il serait obligatoire
de décomposer l’instrument à partir de la composante dette
et d'en déduire par différence la valeur de l'instrument
de capitaux propres.

■ Dérivés sur actions propres

Le projet d’amendement d’IAS 32 propose une approche


fondée sur les principes suivants :
• Un règlement net en actions («net share settlement»)
est assimilé à un règlement net en cash («net cash
settlement»). Dans ce cas en effet, la remise d'actions
(immédiatement échangeables sur le marché) est

183
IAS 32/39

considérée comme un simple moyen de paiement ;


• Un dérivé indexé sur actions propres est considéré
comme un instrument de capitaux propres s’il y a aucun
règlement net en cash (ou règlement net en actions)
possible.
• Un dérivé indexé sur actions propres n’est pas considéré
comme un instrument de capitaux propres (classement en
dettes) si le règlement net en cash (ou le règlement net en
actions) est obligatoire ou à l’initiative de l’investisseur.
• Lorsque le règlement net en cash (ou le règlement
net en actions) est à la seule initiative de l'émetteur,
le classement en capitaux propres n’est toutefois
possible que si la société justifie d'un historique
de règlement physique sur ce type de contrats.
• Lorsqu'un dérivé est classé en capitaux propres :
1. il n'a pas à être réévalué mark-to-market,
2. toutefois, s'il implique pour l'émetteur l'obligation
de payer un montant en cash contre la réception
d'actions propres (ex : vente d'un put), ce dernier
doit enregistrer une dette à hauteur du montant
qui sera ultérieurement versé (prix d'exercice dans
l'exemple du put vendu).

■ Intégration d’interprétations SIC dans l’IAS 32

Clauses conditionnelles de règlement («contingent settlement


provisions»)
Le projet d’amendement prévoit d’inclure dans la partie
«Présentation» d’IAS 32 les conclusions du SIC 5,
Classification des instruments financiers - Clauses
conditionnelles de règlement, qui stipule qu’un
instrument financier doit être classé en dettes dès lors
que son mode de règlement dépend de la réalisation
d’un événement extérieur hors du contrôle de l’émetteur.
La probabilité de réalisation de l’événement ne doit pas
intervenir dans l’analyse.

184 CONVERSION AU X IFRS


Rachat d’actions propres
Le projet d’amendement prévoit d’inclure dans la partie
«Présentation» d’IAS 32 les conclusions du SIC 16, Capital
social - Propres instruments de capitaux propres rachetés
(actions propres).
Cette interprétation précise que :
• toutes les actions propres («treasury shares») doivent
être présentées au bilan en déduction des capitaux
propres (quel que soit le motif de leur rachat) ;
• la contrepartie versée ou reçue lors de l’acquisition
ou de la revente de ce type d’actions est présentée
comme une variation de capitaux propres (pas
d’impact en résultat).

Coûts de transaction sur instruments de capitaux propres


Le projet d’amendement prévoit d’inclure les conclusions
du SIC 17, Capitaux propres - Coût d’une transaction portant
sur les capitaux propres, qui stipule que les coûts liés à une
augmentation ou une diminution nette des capitaux propres
doivent être comptabilisés en déduction de ces mêmes
capitaux propres, nets de tout avantage d’impôt sur le résultat
afférent. L’interprétation précise également que les coûts liés à
l’émission d’un instrument composé Dette/Capitaux Propres
doivent être répartis au prorata de la répartition
du produit de l’émission.

Actions ou parts remboursables à l'initiative du détenteur


(«puttable Instruments»)
Cette question vise essentiellement les «mutual funds»
ou «unit trusts» qui émettent des parts remboursables
à tout moment à l’initiative du porteur et dont la valeur de
remboursement est égale à une quote-part de l’actif net
du fonds. Le projet d’amendement prévoit d’inclure
les conclusions du projet d’interprétation SIC 34,
«Instruments or Rights Redeemable by the Holder», qui
précise qu’un instrument émis doit être enregistré en dettes
si son détenteur a le droit d'exiger son remboursement,
ce remboursement étant indexé sur un indice ou tout autre
élément variable.
Les entités qui n'ont pas de capitaux propres (comme les
«Open-ended mutual fund») auraient le droit de présenter

185
IAS 32 /39

dans leur bilan ce type d'instruments sur une ligne spéciale


intitulée «Valeur nette attribuable aux porteurs de parts» ;
les variations correspondantes étant alors également
enregistrées sur une ligne à part de leur compte de résultat
intitulée «Variations de valeur nette attribuable aux porteurs
de parts».

■ Informations en annexe («Disclosure»)

Le projet d’amendement prévoit de transférer dans IAS 32


toutes les informations exigées dans la version actuelle
d’IAS 39. Il prévoit également d’enrichir la demande
d’information sur les points suivants :

Juste valeur
• Importance du recours aux techniques de valorisation.
• Poids dans les valorisations des hypothèses retenues
qui ne sont pas des données de marché observables.
• Sensibilité des calculs à une variation de ces
hypothèses.
• Impact des instruments évalués à partir de techniques
de valorisation.

Instruments composés Dette/Capitaux Propres


• Caractéristiques de l’instrument (notamment clauses
de remboursement anticipé à l’initiative de l’émetteur
ou de l’investisseur).
• Taux de rendement effectif (TRI) de l’instrument
(composante dette).

Cessions d’actifs financiers


• Nature et importance des cessions d’actifs financiers
non reconnues en IAS 39.
• Risques inhérents aux portions d’actifs cédés
maintenues au bilan du cédant.

186 CONVERSION AU X IFRS


Dettes évaluées en juste valeur
Différence entre valeur au bilan et valeur de remboursement.

Emprunts remboursables
Défauts de paiement (principal ou intérêts), ruptures de
plan d’amortissement, clauses de remboursement et tout
autre type de clauses permettant au prêteur d’exiger
leur remboursement.

187
IAS 32/39

PRÉAMBULE

Le groupe de travail sur IAS 39 était composé exclusivement


de sociétés industrielles et commerciales. Les problématiques
relatives aux entreprises des secteurs de la banque et de
l’assurance ne sont donc pas abordées ci-après.

Les normes IAS 32 et 39 font partie des normes les plus


complexes à mettre en œuvre, leur application ayant des impacts
très significatifs, tant sur la communication financière, que sur
l’organisation de l’entreprise et les systèmes d’information.

Deux caractéristiques majeures de ces normes expliquent


ces impacts :
• L’ampleur du périmètre couvert : ces normes traitent en effet
de tous les actifs financiers (actions et obligations détenues
en portefeuille, prêts et créances émis), de tous les passifs
financiers (dettes financières et dettes commerciales), de
tous les produits dérivés (qualifiés de couverture ou non),
mais aussi des instruments de capitaux propres.
• La forte technicité du contenu et la relative
complexité des traitements comptables à mettre
en œuvre, par rapport aux principes comptables
actuellement appliqués en principes français.

Périmètre des normes IAS 32 et 39


IAS 32 IAS 39
Classement Dette/Capitaux Propres X
Actions propres (et dérivés sur actions propres) X
Portefeuilles titres X
Prêts/créances commerciales X
Dettes X
Produits dérivés X
Opérations de couverture X
Sortie d’actifs/passifs financiers (titrisation) X
Compensation (netting) X
Disclosure X

188 CONVERSION AU X IFRS


INCIDENCES SUR L’INFORMATION
FINANCIÈRE

Les principales incidences de l’application d’IAS 32 et


IAS 39 sur l’information financière sont les suivantes :
• une comptabilisation systématique de tous les instruments
financiers, source de volatilité dans le compte de résultat ;
• l’introduction de nouvelles variations dans les capitaux
propres ;
• des divergences potentielles entre couverture
économique et couverture comptable ;
• des impacts sur le montant de la dette ;
• un alourdissement substantiel des informations à fournir.

Une comptabilisation systématique de tous les instruments


financiers, source de volatilité dans le compte de résultat
IAS 39 prévoit la comptabilisation au bilan de tous les
instruments financiers, y compris les instruments dérivés.

Par ailleurs, IAS 39 prévoit une utilisation de la juste


valeur considérablement étendue par rapport à la pratique
française : l’évaluation en juste valeur s’applique non
seulement à tous les produits dérivés (quelle que soit
l’intention de détention), mais aussi à la plupart des
actifs financiers (sauf les obligations détenues jusqu’à
l’échéance, les prêts/créances émis et les actions non
cotées dont la juste valeur ne peut pas être évaluée
de manière fiable).

Cette comptabilisation systématique aura une incidence


sur les équilibres du bilan et sera une source potentielle
de volatilité dans le résultat ou les capitaux propres.
En effet, la réévaluation des instruments financiers mesurés
en juste valeur est enregistrée directement en résultat, à
l’exception des titres «Available-For-sale» (en cas d’option
pour la comptabilisation en capitaux propres) et des dérivés
qualifiés de «Cash Flow Hedge» ou de couverture
d’investissement net qui sont réévalués en capitaux propres.

La réévaluation des instruments dérivés en résultat est

189
IAS 32/39

relativement inhabituelle pour une entreprise française, qui


traite généralement ses produits dérivés de couverture
comme des engagements hors bilan, les gains et les pertes
réalisés sur la couverture étant directement intégrés dans
la valorisation des transactions couvertes (méthode
du cours garanti).
L’incidence de la comptabilisation des produits dérivés
dans le compte de résultat sera d’autant plus forte que :
• la notion de produit dérivé est élargie par rapport
à la pratique: en effet la définition d’IAS 39 englobe
certains contrats de matières premières, certains
contrats de garanties financières, mais aussi tous
les dérivés incorporés sans lien clair et étroit
avec le contrat hôte ;
• la qualification de couverture, qui seule permet de
neutraliser l’impact du produit dérivé dans le compte
de résultat, est définie de manière très stricte, rendant
son application difficile(voir infra) ;
• même lorsqu’une relation de couverture est qualifiée,
la nécessité de mesurer et traduire immédiatement en
résultat la part inefficace de la couverture peut avoir
une incidence sur le compte de résultat ; dans tous
les cas, l’enregistrement synthétique de la couverture
par utilisation d’un cours garanti doit être abandonné
en IAS 39.

A l’incidence induite par les produits dérivés sur


le compte de résultat s’ajouteront les éléments suivants :
• les actifs financiers classés en «Trading» (l’utilisation
de cette catégorie devrait toutefois être limitée pour
les entreprises industrielles et commerciales) ;
• les contrats hybrides pour lesquels la société se déclare
dans l’incapacité d’évaluer séparément le dérivé
incorporé : ces contrats doivent être intégralement
réévalués en juste valeur avec un impact direct dans
le compte de résultat («sanction») ;
• enfin, on notera que le projet d’amendement d’IAS 39

190 CONVERSION AU X IFRS


prévoit d’autoriser les entreprises à évaluer en juste
valeur (avec impact en résultat) n’importe quel actif
ou passif financier, simplement en le désignant
irrévocablement comme tel dès l’origine. Ce classement
serait libre sans qu’il soit nécessaire de justifier
d’une quelconque stratégie ou d’une logique de
traitement par instrument.

Cette comptabilisation systématique de tous les instruments


financiers et l’utilisation accrue de la juste valeur nécessitera
une adaptation de la communication financière sur
les politiques de distribution de dividendes ; en effet,
la distribution des dividendes continuant à s’appuyer
sur les comptes individuels (non soumis aux IFRS
pour l’instant), il conviendra de communiquer sur
la dissociation plus grande entre base de distribution
des dividendes (comptabilité sociale) et résultat
comptable consolidé établi en normes IFRS.

L’introduction de nouvelles variations dans les capitaux propres


Dans certains cas, la réévaluation des instruments
financiers en juste valeur n’est pas constatée directement
en résultat : elle est «stockée» dans les capitaux propres
en attendant un reclassement ultérieur dans le compte
de résultat.
Ce traitement introduit de nouvelles variations dans les
capitaux propres par rapport aux principes français pour
les 2 catégories d’opérations suivantes :
• les actifs disponibles à la vente («Available-For-Sale»),
qui sont réévalués à la juste valeur en capitaux
propres si cette option a été retenue par l’entreprise
(l’autre possibilité étant une réévaluation directe
en résultat*); les variations de valeur doivent être
reclassées en résultat lors de la vente des titres
ou lors de la constatation d’une dépréciation.
Cette catégorie concerne a priori toutes les
participations non consolidées, généralement évaluées
au coût historique en principes français ;
• les couvertures de flux futurs («Cash Flow Hedge»),
qui se traduisent par la réévaluation de l’instrument
* L’option pour résultat devrait être
supprimée dans le cadre de la révision
de couverture en capitaux propres, avec un reclassement
en cours d’IAS 39. ultérieur en résultat lorsque l’élément couvert affecte

191
IAS 32/39

lui-même le compte de résultat ; dans ce cas, il convient


de noter que la qualification de couverture permet
de «stocker» en capitaux propres la variation de valeur
de l’instrument de couverture. Ce traitement aura
a priori un impact significatif pour toutes les sociétés qui
couvrent des transactions futures (budgets par exemple).

Une comptabilisation systématique de tous les instruments financiers :


CATÉGORIE Evaluation initiale Evaluation ultérieure Impact
Actif finanicers Juste valeur Juste valeur Résultat
de «Trading»
Placements détenus jusqu’à Juste valeur Coût amorti N/A (produit
leur échéance («HTM») (méthode du taux d’intérêt en
d’intérêt effectif) résultat)
Prêts et créances Juste valeur Coût amorti N/A (produit
émis (méthode du taux d’intérêt en
d’intérêt effectif) résultat)
Actifs financiers disponibles Juste valeur Juste valeur Capitaux propres
à la vente («AFS») ou résultat
(option unique
pour l’entreprise)
Instruments dérivés Juste valeur Juste valeur Résultat sauf «Cash
Flow Hedge» ou
«Net Investment
Hedge»* :
Capitaux propres

* Les couvertures d’investissement


net constituent une dernière source
de variations dans les capitaux propres.
Mais il n’y a pas de différence de
traitement entre principes français et
IAS sur ce point et ces variations sont
donc déjà reflétées en principes français.

192 CONVERSION AU X IFRS


Des divergences potentielles entre couverture économique
et couverture comptable : une comptabilité de couverture
qui «se mérite»
La qualification d’un instrument «dérivé» comme
couverture est soumise à de nombreux critères qualitatifs
et quantitatifs. Parmi les principales conditions requises,
on peut rappeler :
• L’obligation de documentation dès l’origine de
la qualification de couverture ;
• La réalisation de tests d’efficacités prospectifs (à
l’origine) et rétrospectifs (à chaque date d’arrêté),
permettant de démontrer que les variations mesurées sur
l’instrument de couverture sont comprises entre 80 % et
125 % des variations mesurées sur l’élément couvert ;
• Pour les couvertures de flux de trésorerie futurs,
la démonstration du caractère «hautement probable»
des transactions couvertes;
• L’impossibilité de couvrir des expositions «nettes»
(sauf cas très spécifiques prévus dans le cas
de couvertures de change).

Ces conditions sont donc plus strictes que celles prévues


par les principes français. Des opérations qualifiées en
principes français devront donc éventuellement être
déqualifiées en application des principes IFRS, même si
elles sont justifiées sur le plan économique. Par ailleurs,
toute entreprise pourra décider, par simplification,
d’abandonner la qualification de couverture et renoncer
au respect de ces critères. Il sera donc nécessaire, dans
certains cas, de gérer une divergence entre la notion de
couverture «économique», et la qualification comptable
de couverture telle qu’envisagée de manière stricte par
IAS 39.

L’absence de qualification peut en effet avoir des impacts


très significatifs. Ainsi, une entreprise qui couvre globalement
son risque de change et enregistre ses couvertures selon
la méthode du cours garanti en principes français, devra
communiquer sur (1) l’inscription dans son bilan de la juste
valeur des couvertures, (2) la variation de juste valeur de
* L’option pour résultat devrait être ces mêmes couvertures en résultat en l’absence de
supprimée dans le cadre de la révision
en cours d’IAS 39.
qualification en IFRS et (3) l’incidence induite sur

193
IAS 32/39

ses ventes ou achats (qui ne sont plus comptabilisés au cours


garanti puisque le résultat des couvertures n’est plus dégagé,
ni sur la même période ni sur la même ligne du compte de
résultat).

Le schéma présenté ci-après synthétise l’impact général


de la comptabilisation des produits dérivés dans
les comptes (résultat et capitaux propres).

Des impacts sur le montant de la dette


Plusieurs dispositions des normes IAS 32 et 39
vont entraîner des changements substantiels dans
la présentation de la dette. En particulier :
• La présentation de la dette nette des coûts
de transaction et des primes de remboursement
éventuelles (qui sont incorporés dans le taux
d’intérêt effectif) ;

194 CONVERSION AU X IFRS


• L’analyse en substance du classement entre «Dette»
et «capitaux propres» : des éléments comptabilisés
en capitaux propres en principes français en accord avec
leur forme juridique (actions ou parts remboursables)
devront être dans certains cas reclassées en dettes ;
• La disparition d’une catégorie intermédiaire entre
«Dette» et «Capitaux Propres» ; les instruments
classés en «Autres Fonds Propres» en principes
français devront être entièrement reclassés en dette ou
en capitaux propres, ou être décomposés entre une
composante dette et une composante capitaux propres
(«split accounting») ;
• La décomposition des composantes capitaux propres
(IAS 32) : les obligations convertibles (et autres
instruments similaires) devront être systématiquement
décomposées. La valeur d’émission de ce type
d’instruments doit, en effet, être ventilée entre la juste
valeur de la composante dette (valeur actualisée des
coupons et du principal) et la valeur résiduelle de
la composante «capitaux propres». Cette décomposition
a un double impact : (1) elle réduit le montant de la dette
à l’origine et (2) elle alourdit la charge financière par
rapport au coupon minoré de l’obligation puisque le taux
d’intérêt effectif de la composante dette (recalculé après
la décomposition) est ramené à un taux de financement
«standard». La composante «capitaux propres»
enregistrée à l’origine ne fait, quant à elle, l’objet
d’aucune réévaluation.
• La décomposition des dérivés incorporés (IAS 39) :
les instruments de dette indexés sur le prix d’une
action, d’une matière première ou de tout autre indice
sans lien clair et étroit avec le contrat hôte devront
également être décomposés. Comme dans le cas
des obligations convertibles, cette décomposition
se traduit par (1) une réduction du montant de la dette
à l’origine et (2) un alourdissement de la charge
financière.
En outre, contrairement à la composante «capitaux
propres» extraite d’un obligation convertible, un
dérivé incorporé doit faire l’objet d’un réévaluation
systématique à la juste valeur avec un impact direct
dans le compte de résultat.

195
IA S 3 2 /3 9

• Le caractère extrêmement strict des conditions de


sortie de bilan des actifs financiers : certaines
opérations de cessions d’actifs financiers (cession
de créances commerciales en particulier) risquent
d’être requalifiées en emprunts garantis ; ce risque
est d’autant plus fort que les entités ad-hoc impliquées
dans ces opérations doivent généralement faire l’objet
d’une consolidation par le cédant conformément
aux critères stricts du SIC 12. Ce point est aujourd’hui
soumis à discussions ; toutefois, et d’une manière
générale, les critères fondés sur la substance utilisés
par les IFRS seront dans l’ensemble plus contraignants
que l’approche juridique souvent appliquée en principes
français. Toutes les opérations de cession d’actifs
financiers devront donc être analysées au cas par cas.
On notera par ailleurs que le risque de requalification
en emprunt garanti ne concerne pas seulement
les montages déconsolidants complexes mais toutes
les opérations plus classiques de sorties de créances
(escompte, Dailly ou affacturage…).

Une alourdissement substantiel des informations à fournir


IAS 32 (et dans une moindre mesure IAS 39) demandent
une information très complète sur les instruments financiers
et, plus généralement, sur les risques financiers auxquels
l’entreprise est exposée, et sur la manière dont elle gère
ces risques.

En premier lieu, une information exhaustive sur la juste


valeur des instruments financiers doit être affichée dans
les états financiers. Lorsque cette juste valeur n’est pas
inscrite directement dans le bilan, cette information doit être
fournie en annexe (c’est le cas pour les dettes, les placements
détenus jusqu’à l’échéance et les prêts/créances émis).
En outre, même si l’entreprise détient des actions non cotées
qu’elle déclare ne pas pouvoir évaluer de manière fiable,
elle doit fournir une information détaillée sur l’actif,

196 CONVERSION AU X IFRS


les impacts des cessions éventuellement réalisées et,
si possible, une indication de l’amplitude constatée entre
les différentes valorisations.
Aujourd’hui, seule la juste valeur des produits dérivés
est communiquée en principes français. Les entreprises
devront donc gérer l’impact de cette communication
exhaustive de la juste valeur, en particulier en ce qui
concerne la juste valeur de leur propre endettement.

Par ailleurs, une information complète doit être donnée


sur les risques financiers et la manière dont ils sont
gérés. On peut citer les principaux points suivants :
• Termes et conditions des instruments financiers
(y compris covenants et restrictions éventuelles à
l’utilisation des fonds, la distribution de dividendes…) ;
• Description des risques financiers et méthodes de
gestion de ces risques, avec une distinction entre
risque de taux d’intérêt (dates d’échéance, dates de
refixation des taux, taux d’intérêt effectifs, sensibilité),
risque de crédit (exposition maximum et concentrations
importantes de risque) et risque de liquidité ;
• Description des opérations de couverture par
catégorie («Fair Value Hedge», «Cash Flow Hedge»,
«Net Investment Hedge») : instruments de couverture
utilisés, nature des risques couverts et, pour
les couvertures de transactions futures, exercices
au cours desquels ces transactions sont attendues.
• Décomposition des mouvements enregistrés en
capitaux propres sur les couvertures de «Cash Flow
Hedge» et sur les titres disponibles à la vente (AFS) ;
• Principaux produits et charges générés par
des instruments financiers : produits et charges
d’intérêt, les profits et pertes reclassés en résultat sur
les actifs disponibles à la vente (AFS), et intérêts
courus sur prêts dépréciés ;
• Opérations de titrisation : nature et étendue de
ces transactions (garanties données et informations
quantitatives sur les hypothèses retenues pour valoriser
les participations nouvelles ou conservées) et
description des actifs sortis du bilan ;
• Nature et montant des dépréciations constatées pour
chaque catégorie importante d’actifs ;

197
IAS 32/39

• Valeur comptable des actifs financiers donnés en


garantie au titre des dettes, juste valeur des garanties
acceptées que la société peut revendre ou donner
en garantie à son tour, juste valeur des garanties
reçues, cédées ou redonnées en garantie, termes et
conditions significatifs associés à l’utilisation de ces
garanties.
• Comparaison entre la valeur comptable et la juste
valeur des actifs financiers comptabilisés pour
un montant supérieur à la juste valeur et raisons
justifiant l’absence de dépréciation.

L’application des normes IAS 32 et IAS 39 peut


donc avoir des incidences fondamentales en matière
de communication financière (incidences sur le résultat
et les capitaux propres, divergence entre couverture
économique et couverture comptable, modification
du montant de la dette…). Chaque entreprise devra
donc déterminer si les incidences résultant des analyses
ci-dessus sont significatives et si une évolution
de sa communication financière doit être envisagée.

La communication financière doit permettre une bonne


compréhension par le lecteur des états financiers,
à la fois des informations volumineuses fournies
en annexe, mais aussi des nouveaux impacts reflétés
dans les comptes. A ce titre, plus ces impacts seront
importants, et plus il sera fondamental de communiquer
clairement sur leur nature et l’origine des fluctuations
observées.

198 CONVERSION AU X IFRS


INCIDENCES SUR LES PROCESSUS ET
SUR L’ORGANISATION

Il est important de relever qu’il n’existe pas de corrélation


systématique entre l’impact financier et la difficulté de mise
en œuvre d’une norme.

L’application des normes IAS 39 et IAS 32, en changeant


fondamentalement l’approche des entreprises sur des thèmes
clés comme l’identification et l’enregistrement des
instruments dérivés, la qualification des opérations de
couverture ou la décomposition des instruments hybrides,
aura des incidences transversales sur l’organisation. En
particulier, les entreprises ayant mis en place une Trésorerie
Centrale seront confrontées à de nombreuses réflexions
sur leur mode de fonctionnement et ses implications sur le
traitement comptable des opérations de couverture.

■ La mise en œuvre d’IAS 32 et IAS 39 n’est pas


qu’une «affaire de comptables»

La mise en œuvre de ces normes, nécessite l’implication,


non seulement des équipes comptables, mais également
des opérationnels au sens large, et en particulier :
• Les équipes de trésorerie (Front-Office, Back-Office
et Middle-Office),
• Les commerciaux responsables de la négociation
des contrats,
• Les personnes en charge des achats,
• Le service juridique.

L’identification des produits dérivés : un processus transversal.


La notion d’«instrument dérivé» est plus vaste en IAS 39
que dans le référentiel comptable français dans la mesure où
elle repose sur une définition fondée sur 3 critères (existence
d’une variable sous-jacente, investissement initial nul ou
faible et règlement à une date future). Cette notion englobe,
non seulement tous les dérivés «standards» (swaps, forwards,
options), mais également certains contrats de matières

199
IAS 32/39

premières, de garanties financières ou d’assurance.


Par ailleurs, le champ des produits dérivés est étendu aux
dérivés «incorporés» qui doivent être comptabilisés
séparément de leur contrat hôte (dettes ou contrats
commerciaux). Aussi, certains contrats qui, en principes
comptables français, ne sont pas considérés comme des
instruments dérivés pourront être qualifiés comme tels en
IAS 39, entraînant leur évaluation à la juste valeur (avec
impact des variations en résultat).

L’application d’IAS 39 devra donc se traduire par une


première phase d’identification des dérivés. Cette première
phase devra mobiliser :
• La fonction Trésorerie pour l’analyse de tous les contrats
financiers, en particulier les contrats de dette.
• Les commerciaux pour identifier d’éventuels dérivés
incorporés sous formes d’indexations sur une devise,
un taux d’intérêt ou toute autre variable sans lien clair
et étroit avec le contrat hôte.
• Les directions en charge des achats pour mener une
analyse similaire sur les contrats d’approvisionnement,
en particulier sur les éventuelles clauses d’indexation dans
les contrats de matières premières.

Une fois le premier recensement effectué, il conviendra


par la suite d’intégrer ces critères d’analyse en amont dans
la négociation, non seulement des instruments financiers,
mais également des contrats commerciaux et
d’approvisionnement.

La maîtrise des engagements juridiques (de type covenants)


dans un nouvel environnement comptable.
Ce point concerne d’abord la Direction Financière qui
devra intégrer les concepts clés de la norme sur les critères
de classement entre «Dette» et «Capitaux Propres»,
les implications du «split accounting» et la précision des
informations à fournir en annexe sur les risques financiers.

200 CONVERSION AU X IFRS


Par ailleurs, la Direction financière (en particulier le
département chargé des financements), en collaboration étroite
avec le service juridique, devra être vigilante sur l’incidence
des IFRS sur tous les «covenants» pris par l’entreprise,
au regard de la volatilité potentielle induite par ce nouveau
référentiel.

Une documentation des couvertures impliquant davantage


les opérationnels
L’alourdissement considérable de la documentation et
des preuves de l’efficacité des opérations de couverture
va nécessiter une plus grande implication des
opérationnels dans le processus de gestion des risques :
• Il conviendra de documenter de manière précise les
flux à couvrir (budgets ou commandes) pour
permettre un suivi des adossements des éléments
couverts avec les instruments de couverture.
• Un suivi de l’historique des flux à couvrir sera
nécessaire pour justifier le caractère hautement
probable des flux couverts.
• Enfin, la nécessité de suivre à part l’inefficacité des
couvertures et l’obligation de lier précisément chaque
couverture à un flux couvert rendra impossible
l’utilisation d’un simple cours moyen garanti :
l’impact des couvertures sera donc plus complexe à
appréhender pour les opérationnels (on peut citer à
titre d’exemple la nécessité dans certains cas de
suivre à part le report/déport des contrats à terme
ferme).

La documentation du lien entre les flux à couvrir et


les instruments de couverture nécessitera également
d’importants travaux d’analyse et de formalisation au
niveau du Front Office, qui devra suivre et actualiser
ce lien au fur et à mesure de l’évolution des couvertures.

Une nécessaire sensibilisation du Front-Office aux contraintes d’IAS 39


Outre les contraintes de documentation et de suivi des
adossements, le Front-Office devra intégrer de manière plus
générale l’ensemble des critères de qualification
des opérations de couverture. En effet, sans la prise
en compte de ces critères dans la gestion opérationnelle

201
IAS 32/39

des risques, le Front-Office risque de faire peser une forte


incertitude sur l’impact dans les comptes des instruments mis
en place. En particulier, l’impossibilité de qualifier des ventes
nettes d’options et la difficulté de prouver l’efficacité de
produits dérivés complexes (avec, par exemple, des barrières
activantes ou désactivantes) devront être attentivement étudiés
par le Front-Office.

Le Front-Office sera également confronté à des choix


significatifs :
• En fonction des instruments utilisés et de la précision
des adossements, il devra déterminer si certaines
composantes des instruments de couverture (valeur
temps pour les options, et report/déport pour les
contrats à terme ferme) doivent être exclues de la
relation de couverture ;
• Par ailleurs, il devra choisir les méthodes de mesure
de l’efficacité (comparaison des variations de valeur
de la période, dite «dollar offset method» ou
approche statistique) ;
• Plus généralement, il appartiendra au Front-Office
de guider la décision du management sur l’opportunité de
mettre en œuvre les travaux requis pour la qualification
comptable des opérations de couverture.

Enfin, outre la problématique des couvertures, le Front-Office


devra considérer l’opportunité de certains placements ou
de certaines émissions sous forme d’instruments complexes
à la lumière des contraintes de décomposition («split
accounting») imposées par la norme.

Valorisation, documentation et enregistrements comptables :


une coordination indispensable entre Front/Middle/Back Office
et Comptabilité

Une fois que les décisions fondamentales auront été prises en


terme d’instruments de couverture, de qualification et de

202 CONVERSION AU X IFRS


mesure de l’efficacité, il conviendra d’organiser le suivi et la
gestion des couvertures entre les différentes fonctions de la
trésorerie. Le Middle-Office et/ou le Back-Office (selon les
organisations) devront documenter et suivre la qualification
de couverture en collaboration avec le Front Office, et
vérifier le respect de tous les critères prévus par la norme.
Le Front-Office devra procéder à chaque arrêté à
une évaluation de la juste valeur de tous les dérivés
(y compris incorporés) et communiquer ces valorisations
aux Middle-Office et/ou au Back-Office pour le suivi
et le traitement des opérations.
Enfin, le département comptable devra mettre en place
des schémas comptables adaptés à la qualification retenue
pour chaque instrument. Ces schémas et leurs implications
potentielles sur les états financiers devront être compris et
intégrés par chaque fonction du département Trésorerie.

■ Des réflexions à mener sur l’organisation de la gestion de


trésorerie

De nombreux groupes français ont, au cours des dernières


années, progressivement centralisé leur gestion de trésorerie
dans un objectif d’optimisation globale de la gestion des
risques. Ce type d’organisation repose sur la désignation
d’une ou plusieurs entités de trésorerie centrale, qui ont
vocation à couvrir l’ensemble des filiales du groupe
exposées à un risque de change, de taux ou de matières
premières. Ces couvertures intra-groupe sont plus ou moins
formalisées selon les groupes (contrats internes ou simple
communication d’un cours moyen garanti aux filiales).
Les entités centrales «retournent» ensuite sur le marché - de
façon en général globale - l’exposition nette totale résultant
de toutes les opérations conclues avec les filiales.

Les critères stricts de qualification de couverture en IAS


39 rendent difficiles la qualification des opérations
gérées par une Trésorerie Centrale.
Les difficultés soulevées par ce type d’organisation
sont de 2 types :
(i) La notion de contrat interne n’est pas reconnue
sur le plan comptable : en matière de contrats

203
IAS 32/39

internes, le principe général est l’élimination pure


et simple, comme pour toute opération intra-groupe.
Il est donc impossible de fonder la qualification
et l’enregistrement des couvertures sur les contrats
internes formalisés entre la Trésorerie Centrale et
les filiales. Le seul moyen d’obtenir la qualification
de couverture au niveau consolidé consiste donc à
établir un lien de micro-couverture entre, d’un côté,
le retournement sur le marché du contrat interne
par la Trésorerie Centrale, et de l’autre, l’exposition
du groupe identifiée au niveau de la filiale ;
(ii) La notion de macro-couverture n’est pas reconnue par
IAS 39 : Seuls des éléments similaires peuvent être
regroupés au sein d’une même relation de couverture
(ensembles homogènes). En particulier, deux
positions de sens inverse (un achat et une vente)
ne peuvent pas être couvertes ensemble. Il en résulte
que toutes les couvertures externes mises en place
* L’Implementation Guidance d’IAS 39 par la Trésorerie Centrale après regroupement et
semble admettre certaines ouvertures compensation des contrats internes ne permettent
sur le retournement des contrats
internes. Dans le cas du change pas de désigner des relations de micro-couvertures*.
en particulier, il est démontré que,
à l’exception des couvertures dont Compte tenu des enjeux financiers potentiellement
l’impact est enregistré directement
dans le coût d’entrée d’un actif ou significatifs, il sera donc nécessaire, dans certains
d’un passif (« basis adjustment »), groupes, d’envisager une adaptation de l’organisation
le retraitement des contrats internes de la gestion de trésorerie pour faciliter la qualification
n’a pas d’impact dans les comptes,
y compris lorsque (1) les contrats de couverture. Cette adaptation nécessitera généralement
internes retournés globalement ont un retournement des contrats internes :
des qualifications de couverture (i) sur une base individuelle («one-to-one») ;
différentes (Fair Value ou Cash Flow
Hedge) et (2) des contrats internes (ii) ou par groupes de contrats (y compris de sens inverse)
de sens inverse sont compensés avant mais avec un regroupement minimum par type de
retournement. L’absence d’impact lié couverture (Fair Value, Cash Flow Hedge).
au retraitement des contrats internes
doit toutefois être démontrée, ce qui
peut s’avérer relativement complexe
lorsque les contrats nettés ont des
qualifications différentes (Fair Value
ou Cash Flow hedge).

204 CONVERSION AU X IFRS


INCIDENCES SUR LES SYSTÈMES
D’INFORMATION

Pour les entreprises concernées, les problématiques liées


à l’application des normes IAS 39 et IAS 32 vont entraîner
de nombreux aménagements en terme de systèmes
d’information. Ces aménagements sont d’autant plus
importants que les outils du marché disponibles aujourd’hui
ne couvrent pas la totalité des fonctionnalités attendues.

Les réflexions de mise en conformité des systèmes


d’information ou de développement spécifique devront
notamment couvrir les thèmes suivants :

Mise en place d’outils de valorisation


L’application d’IAS 39 et IAS 32 se traduit par des
contraintes lourdes en terme de valorisation. En effet,
les entreprises devront gérer l’ensemble des évaluations
suivantes :
• L’évaluation de la juste valeur de l’ensemble
des instruments financiers (pour inscription au bilan
ou information en annexe) : les titres, les dettes
et les produits dérivés ;
• L’évaluation par composantes de tous les instruments
hybrides devant faire l’objet d’un «split accounting» ;
• L’évaluation des composantes risques couvertes dans
le cadre de «Fair Value Hedge» (par exemple, dans le
cas d’un contrat de dette, seule la composante crédit
ou taux sera réévaluée selon le risque couvert) ;
• La décomposition de la valeur temps des options ou
de la composante report/déport des contrats à terme
ferme pour la mesure de l’efficacité des couvertures;
• La mise en place de tests d’efficacité pour mesurer
la corrélation entre variations de l’instrument de
couverture et variations de l’élément couvert ;
• Enfin, il sera sans doute opportun d’être en mesure
d’effectuer des simulations sous forme de tests de
sensibilité pour anticiper l’impact dans les comptes
des instruments utilisés.

205
IAS 32/39

Outre l’exercice de valorisation, il sera nécessaire


d’organiser la disponibilité des données de marché et leur
archivage pour constituer des bases de données historiques.

Outils de suivi des couvertures


La documentation des couvertures nécessite des outils
spécifiques permettant de suivre :
• La documentation initiale des couvertures, son
archivage et son suivi;
• L’échéancier des flux couverts (initial et actualisé),
avec un historique permettant de valider la fiabilité
et la précision de ces prévisions ;
• Pour toutes les organisations centralisées, le lien entre
l’exposition des filiales couvertes, les contrats
internes et les contrats externes ;
• L’historique des tests permettant de valider le maintien de
la qualification sur toute la durée de la couverture.

En fonction du volume de dérivés traités, il pourra


s’avérer nécessaire d’automatiser le processus de
justification de la qualification. Cette automatisation
pourra notamment porter sur l’identification de la nature
des relations de couverture (Fair Value Hedge, Cash Flow
Hedge, Net Investment Hedge), la documentation
des tests d’efficacité (prospectifs et rétrospectifs), et
la production de fiches de stratégie standards décrivant
les instruments et la couverture.

Chaînes comptables
Les chaînes comptables devront être considérablement
aménagées. En particulier, les aspects suivants devront
être pris en compte :
• «Split accounting» des composantes «capitaux
propres» et des produits dérivés incorporés.
• Utilisation d’un taux d’intérêt effectif dans le calcul
des produits et charges d’intérêts (avec prise en compte
des frais d’émission, des primes de remboursement

206 CONVERSION AU X IFRS


et des impacts du «split accounting»).
• Suivi des mouvements de capitaux propres sur les
titres disponibles à la vente (AFS).
• Traitement des couvertures de type «Cash Flow hedge»
: mesure de la part inefficace, enregistrement de la part
inefficace en résultat (sauf si la variation du dérivé est
inférieure à celle de l’élément couvert), enregistrement
de la part efficace en capitaux propres, reclassement
en résultat des montants stockés en capitaux propres.
• Traitement des couvertures de type «Fair Value hedge» :
enregistrement des variations de valeur du dérivé en
résultat, réévaluation de la composante risque couverte
sur l’élément couvert, amortissement de la part
réévaluée de l’élément couvert.
• Traitement des interruptions de couvertures :
suivi et reclassement des montants stockés en
capitaux (reclassement immédiat uniquement
en cas de disparition de la transaction couverte),
amortissement de la part réévaluée des éléments
couverts.
• Mise en œuvre d’un système de reporting conforme
aux exigences d’IAS 32 et IAS 39 en terme
d’informations à fournir.

Les participants au sous-groupe ont souligné la nécessité


de mettre en place un dispositif d’identification
des dérivés et dérivés incorporés qui, en fonction
de la volumétrie des opérations concernées, devra
s’appuyer sur un outil informatique spécifique.

A l’issue d’un premier travail d’inventaire et de collecte des


dérivés et des dérivés cachés, deux principales stratégies de
mise en œuvre ont été mises en évidence par les entreprises :
• Certaines souhaitent conserver un mode de
fonctionnement centralisé (stratégie homogène et
commune) et attendent la sortie d’une version de leur
outil central de trésorerie adaptée aux normes IFRS,
afin de limiter les développements spécifiques,
• D’autres souhaitent au contraire gérer les instruments
financiers de manière décentralisée (stratégies
différentes selon les filiales du Groupe) et lancent un
projet spécifique incluant la recherche d’un nouvel

207
IAS 32/39

applicatif qui sera installé dans chaque entité locale.

L’application des normes IAS 32 et 39 va bouleverser


un certain nombre de pratiques. Toutefois, au-delà
des difficultés de mise en œuvre et d’adaptation de
la communication financière, ces normes donnent
aux entreprises une opportunité unique pour procéder
à un recensement exhaustif des risques auxquels
elles sont exposées et pour mener une réflexion
sur leurs politiques et leurs outils de gestion des risques.
Si certains points spécifiques de la norme sont encore soumis
à discussions (comme la sortie de bilan des actifs financiers),
la plupart des concepts clés de la norme sont désormais figés
de manière certaine ; il est donc fondamental d’anticiper
dès aujourd’hui les impacts potentiels de ces normes
pour initier les réflexions nécessaires à l’adaptation de
l’organisation et des systèmes.

208 CONVERSION AU X IFRS


Annexe
Annexe

Incidences des normes


par fonction
210
INCIDENCES CONVERSION IFRS - Fonctions impactées par le passage aux normes IFRS
Le tableau ci-dessous a pour objectif de présenter les impacts des normes faisant l’objet de la présente étude sur les différentes
fonctions au sein de l’entreprise. Certaines normes n’ayant pas été abordées dans le cadre de cet ouvrage pour les raisons exposées
dans l’avant-propos, ce tableau synoptique n’a pas vocation à donner une vision exhaustive des impacts de la mise en œuvre
du référentiel IFRS sur les fonctions de l’entreprise.

CONVERSION
Fonctions IAS 2 IAS 11 IAS 12 IAS 14 IAS 16 IAS 17 IAS 18 IAS 36 IAS 37 IAS 38 IAS 32/39

AU X
Financière X X X X X X X X X X X

IFRS
Systèmes d’information X X X X X X X X X X X
DG/Stratégie/Communication financière X X X X X X X

Juridique X X X X X X

Fiscale X X X X X X X X X

Ressources Humaines X

Marketing/Ventes X X X X X X X

Trésorerie X X X

Production/R&D X X X X X X X
Les incidences de la conversion aux normes IFRS
relatives aux fonctions financières et systèmes
d’information ne sont pas recensées ci-dessous car elles
sont développées par norme dans le cadre de cet ouvrage.

DIRECTION GÉNÉRALE/STRATÉGIE/
COMMUNICATION FINANCIÈRE

L’application des normes IFRS aura un impact sur le reporting


financier et donc sur la communication financière.

Cet impact se situe à deux niveaux :


• Un impact direct sur les états financiers et par conséquent
sur les ratios et les indicateurs de performance.
• Un impact sur les informations à fournir qui seront
plus nombreuses mais aussi plus sensibles voire
stratégiques. On peut ainsi citer :
- l’information sectorielle par zone géographique
et par activité (IAS 14) ;
- l’information sur les hypothèses retenues pour suivre
les valeurs des goodwills (IAS 22 en cours de
révision) et des immobilisations incorporelles (IAS
38), les dépréciations de certains actifs (IAS 36) ;
- l’information sur les provisions et passifs
éventuels (IAS 37) ;
- l’information sur la gestion des risques et les
effets de la couverture des transactions futures
(IAS 39) ;
- les informations sur les contrats de construction
(IAS 11) ;
- les informations relatives aux contrats de location
(IAS 17).

Les groupes vont, ainsi, devoir adapter leur communication


et préparer cette transition avec les différentes parties
prenantes (actionnaires, analystes, médias, partenaires,
clients, fournisseurs, collaborateurs, etc.).

Toutes les opérations d’acquisition doivent être, désormais,

211
INCIDENCES DES NORMES
PA R F O N C T I O N

analysées à la lumière des normes IFRS. En effet,


les acquisitions devront être comptabilisées suivant
les normes IFRS qui n’autorisent que la méthode dite
du «purchase» selon laquelle les actifs et passifs
identifiables doivent être évalués à leur juste valeur.
Par ailleurs, il conviendra de mettre en place
un suivi des goodwills/survaleurs (et, selon les cas,
des immobilisations incorporelles non amorties) car
ils ne devraient plus être amortis, conformément
au projet de révision des normes IAS 22, 38 et 36.

Enfin, la Direction Générale devra s’interroger sur


l’opportunité d’harmonisation du reporting interne et
externe au niveau du langage utilisé et de l’organisation
en place (les IFRS deviennent le langage financier
unique).

212 CONVERSION AU X IFRS


DIRECTION JURIDIQUE

Selon les principes français, la comptabilisation


d’un actif ou d’un passif est fortement liée à sa forme
juridique. En revanche, c’est la substance économique
qui prévaut dans le référentiel IFRS. Par exemple,
un actif sera inscrit au bilan si l’entreprise porte
l’ensemble des risques et avantages liés à cet actif, bien
qu’elle n’en soit pas propriétaire au sens juridique.

Les juristes doivent donc connaître les principes IFRS


pour pouvoir aider les comptables et les opérationnels à
«traduire» les termes d’un contrat dans le langage IFRS.
En particulier, les juristes devront analyser les contrats
ou clauses relatifs aux :

• opérations de location-financement et de location


simple : le critère de distinction entre les deux types
de contrat est le transfert de la quasi-totalité des
risques et avantages inhérents à l’actif. Les juristes
participeront à l’analyse des contrats de location
par rapport à ce critère (IAS 17) ;
• produits des activités ordinaires relatifs à la vente
de biens : les juristes, de par leur connaissance des
contrats et l’examen des conditions générales de
vente, doivent notamment vérifier que l'entreprise a
transféré à l'acheteur les risques et avantages importants
inhérents à la propriété des biens et qu’elle ne continue
à être impliquée ni dans la gestion (telle qu'elle incombe
normalement au propriétaire), ni dans le contrôle effectif
des biens cédés (IAS 18) ;
• produits d’un contrat de construction : analyse
des clauses contractuelles/prise en compte
des primes de performance et pénalités (IAS 11) ;
• immobilisations incorporelles : protection juridique
(brevets, licences, etc.) (IAS 38) ;
• dérivés et dérivés cachés : revue des contrats
en collaboration avec les commerciaux et
les responsables du service «achats» (IAS 39) ;

213
INCIDENCES DES NORMES
PA R F O N C T I O N

Les juristes ne seront pas toujours les plus concernés


par les problématiques décrites ci-dessus, mais ils
devront avoir un rôle essentiel d’identification en amont
des problématiques induites par l’existence de clauses
contractuelles au regard du référentiel IFRS. Ils devront
également être vigilants lors de la rédaction des contrats.

La direction juridique sera directement impliquée


dans l’évaluation des provisions notamment pour
déterminer le caractère «plus probable qu’improbable»
de la réalisation du risque afférent. Une provision ne pourra
en effet être constatée que si cette probabilité est vérifiée.
Une deuxième condition pour la constatation d’une provision
est la capacité de l’entreprise à estimer, de façon fiable,
les ressources nécessaires pour l’extinction d’une obligation.
Les juristes indiqueront, en fonction de chaque contrat,
si une sortie de ressources est nécessaire à l’extinction
de l’obligation (née du risque) et s’il est possible d’en fournir
une estimation fiable (IAS 37). Ils devront également être
sollicités pour confirmer l’existence de passifs éventuels
(IAS 37).

214 CONVERSION AU X IFRS


DIRECTION FISCALE

La participation de la direction fiscale est essentielle


pour l’application de la norme IAS 12, Impôts sur
le résultat. En effet, la direction fiscale doit assister
la direction financière dans le cadre de :

• l’identification des différences entre les bases comptables


(dans les comptes consolidés) et les bases fiscales.
Ces différences seront plus ou moins nombreuses
suivant les options qui seront prises pour établir
les comptes individuels et donc les comptes fiscaux.
En effet, certaines entreprises peuvent choisir de
limiter ces écarts au regard des options offertes.
Parmi les différences possibles, on peut citer
par exemple la comptabilisation à l’actif des biens
en location-financement (IAS 17), l’évaluation et
la dépréciation des stocks (IAS 2), la constatation
des profits et pertes dans les contrats de construction
(IAS 11), l’amortissement des immobilisations
corporelles et des composantes d’immobilisations
corporelles (IAS 16), les produits des activités ordinaires
(IAS 18), l’amortissement des immobilisations
incorporelles (IAS 38) et la dépréciation des
immobilisations corporelles et incorporelles (IAS 36) ;

• l’évaluation du caractère recouvrable des impôts


différés actifs et en particulier ceux résultant des
reports déficitaires ;

• le suivi par échéance des reports déficitaires consolidés ;

• la détermination des compensations possibles entre


les actifs et les passifs d’impôt ;

• l’évaluation du taux d’impôt pour les arrêtés intermédiaires.

Par ailleurs, en cas de risque fiscal, la direction fiscale devra


évaluer le caractère probable ou non du risque et fournir
une estimation fiable de la provision éventuelle (IAS 37).

215
INCIDENCES DES NORMES
PA R F O N C T I O N

RESSOURCES HUMAINES

La Direction des Ressources Humaines sera impliquée


à 3 niveaux :

• Formation
• Rémunérations
• Litiges

Formation
La mise en place des IFRS correspond à un changement
de langage financier et les différents acteurs doivent
être formés pour être capables d’utiliser ce référentiel.
La formation aux IFRS devra être à la fois :

• technique : pour répondre aux besoins des équipes


comptables et financières,

mais aussi

• généraliste : pour former les équipes des autres


fonctions qui doivent appréhender les normes afin de
comprendre les «interférences» (comme par exemple
l’identification en amont d’une clause contractuelle
par le département juridique susceptible d’impacter
la reconnaissance des revenus) et être à même de
répondre aux demandes de la direction financière.

Rémunérations
L’utilisation des IFRS aura un impact sur les indicateurs
financiers qui sont utilisés comme base des rémunérations
variables (intéressement, bonus sur objectifs, etc.).
La Direction des Ressources Humaines devra donc
analyser l’ensemble des impacts possibles pour appécier

216 CONVERSION AU X IFRS


la pertinence des bases de calcul de certaines rémunérations.
Le cas échéant, cela pourra la conduire à établir
des avenants aux contrats de travail existants ; de même,
les contrats relatifs aux futurs recrutements impliquant
des rémunérations variables devront également être
adaptés.
Par ailleurs, les charges de personnel doivent s’entendre
de façon globale, c’est-à-dire qu’elles doivent intégrer
toutes les charges de retraite (IAS 19) et les charges liées à
l’attribution de stock options (norme en cours d’élaboration).

Litiges
Enfin, la Direction des Ressources Humaines est souvent
impliquée dans la gestion des litiges avec le personnel.
Elle devra donc être impliquée dans le suivi des provisions
et passifs éventuels (IAS 37) liés au personnel.

217
INCIDENCES DES NORMES
PA R F O N C T I O N

DIRECTION MARKETING/VENTES

En prenant en considération les fameux 4 «P»


du marketing mix (Prix, Produit, Place, Promotion)
et la gestion de la marque et des incorporels,
nous pouvons reprendre les différentes incidences
des normes IFRS sur les directions Marketing/Vente.

■ Prix

Revue des contrats commerciaux afin de permettre


l’identification d’actifs, de passifs, de produits et de charges :

• Collaboration avec la direction juridique : vérification


des critères de comptabilisation des produits des activités
ordinaires (ventes de biens) – prise en compte des risques
et avantages inhérents à l’actif (IAS 18).

• Modification éventuelle des pratiques commerciales –


revue des conditions générales de vente, des conditions
spécifiques des services après-vente et des contrats
d’assurance (IAS 18).

• Prise en considération des dérivés et dérivés incorporés


dans les négociations commerciales : par exemple,
indexation sur un prix de marchandise, sur un taux
de change, sur un taux d’intérêt, etc. (IAS 39).

L’évaluation de certains actifs et passifs sera basée sur


des estimations de ventes et coûts futurs (IAS 36 et 37).
Les commerciaux seront donc amenés à calculer
et à fournir aux comptables plus d’informations
qu’ils ne le faisaient par le passé.

218 CONVERSION AU X IFRS


■ Produit

• Stocks :
Les stocks doivent être valorisés à la valeur la plus
faible du coût et de la valeur nette de réalisation,
celle-ci étant égale au prix de vente estimé dans le
cours normal de l'activité, diminué des coûts estimés
pour l'achèvement et des coûts estimés nécessaires
pour réaliser la vente (IAS 2).

• Dans le cadre de la construction d’un actif


supplémentaire au titre d’un contrat de construction :
il convient de déterminer si une négociation séparée
du prix a eu lieu, car ceci est l’un des critères pour
la séparation ou le regroupement des contrats de
construction (IAS 11).

■ Place (Distribution)

Circuits de distribution :
Il faudra anticiper et mesurer l’incidence comptable
d’un changement de réseau de distribution exclusif suite à
l’acquisition d’un nouveau réseau de distribution,
d’une entreprise ou d’une marque (IAS 38).

Secteurs :
La définition et la communication sur les secteurs (IAS
14) est un point important pour les normes IFRS ; il faut
pouvoir harmoniser le positionnement et la segmentation
sectorielle marketing avec la typologie des secteurs
retenus.

■ Promotion

Les opérations de PLV (Promotion sur le Lieu de Vente)


devront être réalisées et avérées et non pas assimilables
à des RFA (Remises de Fin d’Année) ou marges arrières
qui devront, elles, être soustraites du chiffre d’affaires
et non constituer des charges. Le secteur de la grande
distribution sera vraisemblablement très attentif à
ces problématiques.

219
INCIDENCES DES NORMES
PA R F O N C T I O N

■ Gestion de la marque et des incorporels

La révision en cours d’IAS 38, qui prévoit


le non-amortissement de certaines immobilisations
incorporelles à durée de vie indéfinie, permettra dans
certains cas de ne pas remettre en cause la pratique
française qui consiste à ne pas amortir les marques ou
les parts de marché. Cependant l’absence de durée de vie
devra être «documentée» et un test de valeur devra être
effectué de façon systématique sur une base d’analyse
plus fine que la pratique actuelle. Les directions
Marketing devront connaître ces nouvelles règles
pour être sensibilisées aux enjeux financiers liés à des
révisions de stratégie marketing (comme le changement
ou l’arrêt d’une marque).

220 CONVERSION AU X IFRS


DIRECTION TRÉSORERIE/FINANCEMENT

La mise en place d’IAS 39, Instruments Financiers, doit


être réalisée par une équipe qui regroupe des comptables
et des trésoriers. Ce travail d’équipe est particulièrement
important pour la mise en place d’une comptabilité de
couverture des opérations futures. Il convient également
de rappeler que tous les dérivés incorporés devront être
comptabilisés au bilan. A cet égard, la trésorerie devra,
par exemple, analyser tous les contrats de construction
(IAS 11) pour identifier les dérivés incorporés éventuels
et revoir les conditions de financement pour procéder
aux retraitements nécessaires.

La Direction Trésorerie Financière devra également


analyser toutes les opérations de financement sous
l’angle des IFRS car la présentation économique de
certaines opérations peut remettre en cause le bien-fondé
de certains choix. Par exemple, la comptabilisation par
composantes des instruments hybrides dettes/capitaux
propres (IAS 32) a pour conséquence le retraitement
des intérêts financiers qui sont recalculés selon
la méthode du Taux Effectif.
Ainsi, un financement qui semble peu «coûteux»
dans les comptes établis selon les principes français,
risque de ne plus présenter les mêmes avantages dans
les comptes IFRS.

Nous avons également vu que les locations-financement


(IAS 17) seront plus souvent comptabilisées au bilan,
c’est-à-dire comme des financements.

221
INCIDENCES DES NORMES
PA R F O N C T I O N

DIRECTION PRODUCTION/R&D

Cette direction sera impliquée dans la mise en application


de quasiment toutes les normes. En particulier, elle devra
fournir des informations pour :
• la valorisation des stocks : définition de l’activité
normale (IAS 2),
• la comptabilisation des contrats de construction
(IAS 11) : séparation/regroupement des contrats de
construction, détermination du degré d’avancement
des travaux, coûts à terminaison et distinction des
coûts attribuables à chaque contrat de construction,
• la ventilation des différents actifs par secteur (IAS 14)
et leur affectation aux Unités Générales de Trésorerie
(IAS 36),
• la détermination des différentes composantes
des immobilisations et de leur durée/mode
d’amortissement(IAS 16),
• la détermination de l’état d’avancement des prestations
de services pour la comptabilisation des produits
des activités ordinaires (IAS 18),
• la distinction entre les phases de recherche et
de développement (IAS 38), le respect des critères
d’activation des frais de développement et
leur affectation sectorielle (IAS 14).

222 CONVERSION AU X IFRS


223
Contacts :

Yvon Salaün Pascale Mourvillier


Associé Tél. : 01 55 61 73 15
Tél. : 01 55 61 04 74 E-mail : pascale.mourvillier@fr.ey.com
E-mail : yvon.salaun@fr.ey.com

Frédéric Thomas
Associé
Tél. : 01 46 93 73 77
E-mail : frederic_thomas@ernst-young.fr

E R N S T & YO U N G www.ey.com/fr
Crédit photos : Delagarde Inc.

© 2003 Ernst & Young


Tous droits réservés
Pôle Graphique et Visuel
402437 - Avril 2003
Ernst & Young est
une marque déposée.

S-ar putea să vă placă și