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Rapport d’étude
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I. Contexte et objectifs de l’étude : un objectif méditerranéen
d’économies d’eau « économiquement » pertinent ?
La gestion de la demande en eau (GDE) est un concept développé à partir des années 1990 en réaction aux
politiques de développement de l’offre en eau, en particulier dans le secteur agricole, dont les coûts
économiques et environnementaux faisaient l’objet d’une opposition politique croissante dans les années 1980.
La GDE se définit comme un ensemble d’instruments techniques, politiques, institutionnels, économiques, de
formation, sensibilisation et communication, visant à inciter à un meilleur usage des offres en eau existantes,
avant d’envisager une augmentation de l’offre. La GDE englobe donc des mesures visant à améliorer
l’ « efficience » 1 d’utilisation de l’eau dans les différents usages mais aussi de la répartition de l’eau entre usages.
Depuis une dizaine d’année, elle est devenue une question centrale de la gestion de l’eau en Méditerranée.
Selon les études du Plan Bleu, la somme des prélèvements et des productions d’eau non conventionnelles a
doublé au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Des analyses prospectives suggèrent aussi que, dans un
scénario tendanciel, les pressions exercées sur les ressources devraient s’intensifier d’ici 2025. Dans ce
contexte, la mise en place d’instruments de GDE s’avère particulièrement utile pour contribuer à limiter ces
pressions.
S’appuyant sur ces analyses, la Stratégie Méditerranéenne pour le Développement Durable (SMDD) adoptée
par les vingt et un pays riverains et la Communauté européenne en 2005 s’est fixé un objectif de stabilisation
des prélèvements en eau d’ici 2025. Les recommandations de l’atelier régional « Gestion de la demande en eau
en Méditerranée, progrès et politiques » organisé par le Plan Bleu en 2007 à Saragosse (Espagne) ont insisté sur
le rôle des outils économiques dans la GDE. Enfin, les ministres Euro-méditerranéens de l’eau réunis à
Amman en décembre 2008, puis à Barcelone en avril 2010, ont demandé que la future Stratégie pour l’eau en
Méditerranée fixe un objectif d’économie d’eau à l’horizon 2025 et examine les outils les plus appropriés pour
l’atteindre.
Le Plan Bleu s’attache, en s’appuyant sur les dernières données disponibles sur l’état des ressources en eau et
sur une évolution tendancielle des prélèvements, à étudier les potentiels d’économie d’eau à l’horizon 2025
dans les pays du pourtour méditerranéen. La pertinence de ces économies d’eau potentielles est étudiée à partir
d’une analyse économique de différentes alternatives en matière de gestion de l’eau, prenant en compte les
objectifs des politiques environnementales et sociales des pays méditerranéens à court et moyen termes.
L’objectif général est d’évaluer et de comparer financièrement et économiquement:
• les coûts d’une eau économisée (politique de GDE) et ceux d’une eau nouvellement mobilisée (politique
d’augmentation de l’offre en eau),
• les avantages associés à la re-répartition de l’eau économisée et ceux associés à l’augmentation de l’offre en eau.
Ce rapport constitue la synthèse d’une étude menée entre juillet 2009 et février 2010 sur l’efficience du
transport, de la distribution et de l’usage de l’eau dans la région méditerranéenne. Centré sur l’analyse des
usages domestiques et agricoles, il s’intègre dans une réflexion plus large sur les mesures de GDE et s’appuie
sur une analyse comparée des méthodes d’évaluation économique déployées dans les études de cas recensées.
Les activités engagées par le Plan Bleu se divisent en 3 phases (période 2009-2010) :
• État de l’art des travaux conduits à l’échelle méditerranéenne (2009),
• Analyse critique et comparée des approches méthodologiques développées dans les études de cas disponibles sur
l’évaluation économique de mesures d’économies d’eau dans les pays méditerranéens (2009),
• Synthèse et valorisation des résultats (2010).
Elles ont été développées en partenariat avec des scientifiques des trois rives de la Méditerranée et des
expertises dans le domaine de l’eau et/ou de l’économie de l’environnement.
1L’efficience est une notion dérivée de l’anglais « efficiency » qui peut être traduit par rendement. Elle s’attache à l’atteinte d’un résultat avec le minimum de
moyens engagés.
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II. Cadre méthodologique de l’évaluation économique des
mesures de gestion de la demande en eau (GDE)
Dans les études considérées, deux outils sont utilisés pour l’évaluation économique des économies d’eau:
l’analyse coûts-avantages (ACA) et l’analyse coûts-efficacité (ACE). Ces outils sont associés à des ratios
utilisés pour évaluer l’intérêt économique et financier des mesures de GDE. Les résultats de l’évaluation
économique et du calcul de ces ratios sont nécessairement situés, dans l’espace et dans le temps car les coûts
et les avantages des mesures peuvent varier significativement selon le l’échelle de l’étude et la perspective
retenue pour les évaluer.
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Encadré 1 Actualisation des coûts d’investissement
Si on connaît la distribution des coûts tout au long de la durée de vie de la mesure, on peut calculer la valeur actualisée des
coûts avec la formule suivante (Equation 1):
Équation 2 : Coût actualisé d’une mesure dont le coût d’investissement a été annualisé
𝑎𝑎 × 𝐼𝐼0 × (1 + 𝑎𝑎)𝑇𝑇
𝐶𝐶𝐶𝐶û𝑡𝑡𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 é 𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 é = + 𝐶𝐶𝐶𝐶û𝑡𝑡 𝑜𝑜& 𝑀𝑀 𝑎𝑎𝑛𝑛𝑛𝑛𝑛𝑛𝑛𝑛𝑛𝑛 + 𝐸𝐸𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎
(1 + 𝑎𝑎)𝑇𝑇 − 1
Avec : a : taux d’actualisation. - T : durée de vie de la mesure.
Coût O&M annuel : le coût de fonctionnement et de maintenance de la mesure actualisé, supposé être le même d’une année à
l’autre.
Eannuelle : externalité (qui peut être positive ou négative) actualisée, supposée être la même d’une année à l’autre.
Le coût actualisé et annualisé pour un investissement donné (I0) sera ainsi d’autant plus élevé que a (taux d’actualisation) est
élevé et que T (durée de vie des équipements) est faible.
Le ratio coût-efficacité calculé est alors le suivant :
𝐶𝐶𝐶𝐶û𝑡𝑡𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 é 𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 é
𝐶𝐶𝐶𝐶 =
𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉 𝑑𝑑 ′ 𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒 𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝 𝑜𝑜𝑜𝑜 é𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐é 𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚 𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝 𝑎𝑎𝑎𝑎
La saisonnalité de la pluviométrie joue par ailleurs un rôle fondamental dans l’expression des tensions sur
l’eau, dès lors que les cultures choisies ont des demandes agronomiques en eau qui correspondent aux
périodes de plus faible pluviométrie et donc de faibles débits des cours d’eau et des nappes.
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Sur certains territoires, la part des prélèvements dédiés à la production d’électricité, via le stockage dans des
retenues hydroélectriques ou pour le refroidissement des centrales thermiques, peut également s’avérer
significative. Si une part très faible de ces prélèvements est consommée, ils impactent en revanche
sensiblement la qualité des hydrosystèmes en limitant le transit des sédiments et poissons, en générant des
risques de pollution (thermique pour les centrales, en limitant la capacité de dilution ou auto-épuratoire des
cours d’eau pour les barrages hydroélectriques si les lâchés ne correspondent pas aux périodes d’étiage, etc.).
L’utilisation de l’eau à des fins domestiques se caractérise elle aussi par une faible consommation finale. La
plupart de l’eau utilisée retourne en effet au milieu avec une qualité plus ou moins dégradée, selon le type de
traitement appliqué.
En 2007, selon les estimations du Plan Bleu, l’efficience hydraulique totale de l’utilisation de l’eau des pays
méditerranéens serait comprise entre 50 et 85% (Thivet & Blinda 2007).
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Figure 2 : Efficience de mobilisation et de distribution de l’eau et efficience d’utilisation de l’eau par l’usager dans les secteurs
de l’eau potable et de l’eau agricole (eau bleue)
Facturation
Demande en eau Eau potable Eau utilisée par
potable (V2) distribuée l’usager (V0)
Pertes lors de la à l’usager (V1) Pertes dans les Potentiel de diminution des
distribution dans canalisations des volumes d’eau utilisés et
le réseau immeubles renvoyés dans le réseau
(sous pression) d’assainissement (avec une
qualité dégradée)
Facturation
2 Dans une première approche, nous n’avons pas distingué le gestionnaire de l’autorité responsable du service, même si leurs stratégies peuvent être
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III. Evaluation économique et financière de la gestion de la
demande en eau potable
L’étude porte d’abord sur la quantification et le suivi des « pertes », puis sur les avantages associés à la mise
en œuvre de mesures d’économies d’eau, pour le gestionnaire, pour l’usager final et pour la collectivité. Elle
propose un cadre d’analyse à l’échelle du réseau collectif (section 1) et de l’usager final (section 2) des
services d’eau potable. Elle est ensuite illustrée par cinq études de cas (section 3).
Chercher à réduire les pertes, demande au préalable de pouvoir les quantifier, les mettre en variable et en
modèle.
• Les indicateurs hydrauliques de « pertes » les plus répandus, détaillés en Annexe 1, sont :
− l’efficience potentielle de distribution de l’eau potable, telle que définie par le Plan Bleu et utilisée pour le suivi
de la SMDD. Elle représente la part de l’eau potable produite et distribuée qui est effectivement payée par
l’usager.
− Le rendement du réseau, indicateur le plus utilisé par les gestionnaires des services d’eau potable.
3On peut difficilement considérer les volumes distribués non facturés pour des raisons sociales et politiques comme des « pertes », comme cela a été
envisagé pour construire les indicateurs d’efficience d’utilisation de l’eau par le Plan Bleu, puisqu’elles sont le résultat de choix politiques conscients.
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− Un indice linéaire de pertes constituant un indicateur de la performance physique du réseau, rapportant le
volume de pertes à la longueur du réseau.
• L’indicateur économique de « pertes » le plus répandu est le « niveau économique de fuite » (« Economic Level of
Leakage », ELL). L’ELL (Équation 3) se définit comme le niveau de fuites seuil à partir duquel il serait plus coûteux
de chercher à diminuer les pertes que de fournir de l’eau à partir d’une autre source (Pearson & Trow 2005),
(Fantozzi & al. 2005), (Brothers 2005). Il est tel que :
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Figure 4 : Valorisation des économies d’eau dans les réseaux d’eau potable
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explique que certaines municipalités en France ne souhaitent plus aujourd’hui inciter les usagers à utiliser moins
d’eau (Encadré 2).
Par conséquent, l’eau économisée est d’autant plus valorisée par le gestionnaire du réseau et par l’usager que
la demande, à dimensionnement du réseau constant, est en hausse.
Dans le cas où cette demande est constante ou en baisse, la réduction des « pertes » dans les réseaux ou au
niveau des usagers finaux génère des coûts supplémentaires significatifs associés à la gestion du service
d’eau. Cette eau libérée peut en revanche bénéficier au milieu ou à d’autres usagers aval.
Encadré 2 : Consommations unitaires et prix de l’eau en Méditerranée
La région méditerranéenne se caractérise par une grande diversité dans l’utilisation de l’eau potable et les enjeux qui
lui sont associés. Les déterminants de la demande en eau potable sont situés et complexes à analyser.
En France, et plus largement en Europe depuis 20 ans, l’utilisation d’eau par les ménages est en baisse tendancielle. A
Paris, la consommation unitaire a baissé de 2,2 % en moyenne entre 1991 et 1998. Cette baisse touche particulièrement
les grands consommateurs d’eau, mais pas seulement. Cependant, ce n’est le plus souvent pas le prix de l’eau qui
incite les ménages à renouveler leurs équipements en faveur d’équipements plus hydroéconomes. De même, c’est
plutôt à l’occasion d’une rénovation que les usagers urbains grands consommateurs d’eau potable (immeubles,
bureaux, industries, services publics) réduisent les fuites et renouvellent leurs équipements (Barraqué & Nercessian
2008).
On observe aussi, depuis le début des années 90, une tendance à la stagnation et à la baisse de la consommation
unitaire dans les grandes villes de certains pays du sud de la Méditerranée, tels que la Tunisie (Bennasr & Verdeil 2009)
et le Maroc (Maria & Giraud 2008). L’analyse de ces tendances moyennes, de leurs causes et de leurs répercussions à la
fois sur la gestion du service et l’utilisation globale de l’eau à des fins domestiques est complexe. Les moyennes
cachent de fortes disparités entre consommateurs (ménages les plus pauvres, classes moyennes, hôtels, bureaux et
administrations, industries, etc.).
Au Maroc et en Tunisie, la tendance à la baisse de la consommation unitaire des abonnés domestiques a été associée à
une augmentation du taux de raccordement, ce qui a pu signifier une redistribution des volumes économisés, en
limitant les coûts de développement et de fonctionnement des réseaux. Cependant, la baisse de consommation unitaire
la plus significative a touché les grands consommateurs (industries, bâtiments collectifs).
Les facteurs explicatifs sont multiples : renouvellement des équipements, incitation tarifaire, ressources alternatives.
A Casablanca (Maroc), la Lydec 4 a constaté une augmentation significative des prélèvements en nappe de la part des
hammams, des industriels et des grands consommateurs résidentiels, liés à des hausses significatives du prix de l’eau
en réseau. De même, à Sfax (Tunisie), les industriels se tournent de plus en plus vers les forages, voire la réutilisation
des eaux usées. Aujourd’hui, en Tunisie, la Sonede 5 fait ainsi face à une situation de transition pour le maintien de
l’équilibre financier de sa gestion. Les modalités de péréquations développées entre gros et petits consommateurs ou
encore entre espaces urbain et rural devaient permettre d’assurer l’équilibre financier tout en poursuivant des
objectifs sociaux et politiques particuliers. Cependant, aujourd’hui, la tendance à la baisse de la consommation des
« gros » consommateurs, soit du fait de l’augmentation de l’efficience de distribution ou d’usage de l’eau, soit du fait
de l’augmentation du prix de l’eau en réseau rendant plus attractives les pratiques hors réseau pénalisent la pérennité
financière des réseaux.
4 La Lyonnaise de Casablanca est une entreprise privée, dont le capital social inclut des actionnaires tels que Suez Environnement, Elyo, Endesar Europa, Aguas de
Barcelona. Depuis 1997, la gestion des services de distribution d’électricité, d’eau potable et d’assainissement liquide à Casablanca a été déléguée à la Lydec,
pour une durée de 30 ans. Le périmètre de la concession correspond à la communauté urbaine de Casablanca, soit environ 4 millions de personnes.
5 La Sonede a été créée en 1968. Il s’agit d’un établissement public à caractère non administratif, sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture et des
Ressources Hydrauliques. La Sonede est responsable du service de l’eau potable sue l’ensemble du territoire tunisien (production, traitement, transport,
distribution de l’eau, études, travaux)
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Figure 5 : Valorisation des économies d’eau chez l’usager d’eau potable
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Tableau 2 : Les études de cas sélectionnées pour le secteur de l’eau potable
Localisation de Type d’évaluation Échelle
Objectif Mesures engagées
l’étude de cas économique d’analyse
Évaluer les mesures permettant de
répondre à un déficit anticipé à l’horizon Estimation indirecte des
Région de À l’échelle des réseaux :
2030, dans un contexte de concurrence coûts incluant les coûts
Karditsa (Grèce) Réduction des fuites dans les réseaux.
des usages sur des ressources financiers évités (TdRI)
souterraines surexploitées. A l’échelle de l’usager
Installation d’équipements hydro économes
Évaluer les mesures permettant de Réduction des fuites dans Service
Bassin versant de
répondre à des pénuries saisonnières l’habitat collectif et individuel
l’Ardèche d’eau potable
(périodes de pointe), dans un contexte de Estimation des coûts
(France)
croissance de la demande. incluant les coûts
A l’échelle de l’usager : financiers de la mesure
Etablissement Évaluer les mesures permettant de réduire (CF et TdRI)
Installation d’équipements hydro économes
universitaire de les fuites et gaspillages chez le
Réduction des fuites dans le réseau inter
l’IPEST (Tunisie) consommateur collectif.
bâtiments
Réhabilitation des réseaux
Envisager des solutions pour l’alimentation Réaffectation de l’eau de
Bassin versant du en eau potable de Marrakech, en retenues existantes
Tensift (Maroc) analysant de possibles re-répartitions de Nouvelles retenues,
l’eau et ses conséquences. Transferts interbassins, Comparaison des
Dessalement de l’eau de mer différentes alternatives
selon des ratios coûts-
Réhabilitation des réseaux efficacité variables selon
Réduction de l’usage de l’eau Territoire
les types de coûts,
potable (fuites dans l’habitat financiers et/ou
Évaluer les mesures pour bâtir des collectif, équipements hydro économiques, inclus
Département de programmes cohérents afin d’atteindre les économes, tarification) dans le calcul : CF, CE1
l’Hérault (France) objectifs de la Directive cadre européenne Récupération de l’eau de pluie ou CE2.
sur l’eau (DCE). Réaffectation de l’eau de
retenues existantes
Transferts à partir du Rhône
Dessalement de l’eau de mer
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Tableau 3 : Caractérisation des mesures, de leurs avantages et des bénéficiaires (cas du bassin de l’Ardèche, France, de
l’IPEST, Tunisie, et de la région de Karditsa, Grèce)
Cas Mesure Avantages Perspective
A court terme :
Amélioration de l’efficience
Abaissement de la consommation.
Usagers du réseau d’eau potable
Abaissement de la facture d’eau et de la facture d’énergie.
(consommateur)
Amélioration de
réseau interne
l’efficience du
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Tableau 4 : Coûts des économies d’eau (cas du bassin de l’Ardèche-France, de la région de Karditsa-Grèce et de l’IPEST-
Tunisie)
Économies d’eau quantitatives et avantages Indicateurs financiers et
Cas Coût de l’eau économisée économiques utilisés dans l’étude
quantifiés
l’utilisation d’eau par les ménages). distribution) TdRI (ménages) < 1 an (3 mois)
Réduction globale des factures d’eau des ménages entre Coût pour les ménages : 1,51 M€
7 et 12 M€/an. (installation d’équipements hydro
(prix moyen de l’eau de 2,79 €/m3). économes)
Efficience des réseaux : 2,3 Mm3/an (10 % de la
RÉGION DE KARDITSA
demande).
Equipements hydro-économes : 2,3 Mm3/an (10 % de
l’utilisation d’eau par les ménages). TdRI (ménages) = [7 ans, 8 ans].
Non renseigné TdRI (réseau) = 10 ans
Réduction globale des factures d’eau des ménages : 3,2
M€/an.
(prix de l’eau pour la municipalité de Karditsa : 1,35
€/m3).
consommation) équipements hydroéconomes : Economie sur la facture d’eau estimée
Réduction globale de la facture d’eau (réseau) : 15 000 78 000 DT en 2000 (41 100 € à 60%
DT en 2000 (7900 € aujourd’hui) aujourd’hui) TdRI (réseau interne au bâtiment) < 1
Coût global : 90 000 DT (47 400 € aujourd’hui) an (10 mois)
Source : Ratios calculés à partir des données de (Strosser & al. 2007), (Khrouf 2001)
Tableau 5 : Estimation des ratios coût-efficacité des mesures envisagées sur le bassin de l’Ardèche (France)
Ratio coût-efficacité Ratio coût-efficacité Ratio coût-efficacité Ratio coût-efficacité
Bassin de Coût
Volumes / (T=2 ans) (€/m3) (T=5 ans) (€/m3) (T=10 ans) (€/m3) (T=20 ans) (€/m3)
l’Ardèche d’investissement
an (Mm3)
(France) (M€)
a=4% a=10% a=4% a=10% A=4% A=10% A=4% A=10%
Efficience des
2,4 0,23 0,051 0,055 0,022 0,025 0,012 0,015 0,007 0,011
réseaux
Utilisation de
l’eau par les 2,46 1,51 0,325 0,354 0,138 0,163 0,076 0,100 0,045 0,072
ménages
Source : Ratios calculés à partir des données de (Strosser & al. 2007)
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Tableau 6 : Évaluation coût-efficacité de différentes options de gestion de la demande en eau sur 2 territoires (Ouest Hérault
en France et Bassin du Tensift au Maroc)
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Tableau 7 : Évaluation coût-efficacité de différentes options de gestion de l’offre sur 2 territoires (Ouest Hérault en France et
Bassin du Tensift au Maroc)
Analyse coût-efficacité (CE1 ou CE2, €/m3)
Volumes économisés -Offre en eau supplémentaire Ou coût moyen annualisé de la mesure (CF,
Mesure Cas
(Mm3) et leur affectation €/m3)
Volume : 17 Mm3 (sur le barrage de Wirgane d’une CF = 0,21 €/m3 (2,3 Dh/m3)
Bassin du Tensift capacité de 70 M m3) Coûts pris en compte : les coûts financiers
Objectif : AEP (Marrakech) d’investissement et de fonctionnement.
CF = 9,53 €/m3
Récupération d’eau de pluie par les particuliers : CE1= 8,96 €/m3
Bidons d’une capacité de 500 litres : Coûts pris en compte : le coût direct de la mesure
Volume : 0,033 Mm3 et
NOUVELLES Objectif : Arrosage des jardins privés (AEP sans les coûts évités de redimensionnement du réseau
RETENUES redimensionnement du réseau) par
rapport à la situation de référence.
« Ouest-Hérault »
Récupération d’eau de pluie par les particuliers : CE1=17 €/m3
Système de grande capacité : cuve enterrée (capacité de Coûts pris en compte : le coût direct de la mesure
9 m3) et
Volume : 0,18 Mm3 les coûts évités de redimensionnement du réseau
Objectif : Arrosage du jardin et alimentation des chasses par rapport à la situation de référence.
d’eau (AEP sans redimensionnement du réseau)
CE2 (période de pointe) = [1,14 €/m3, 2,03 €/m3]
Transfert de l’eau du Rhône (selon la taille de l’adducteur).
Volume : Entre 3,33 Mm3 et 7,793 Mm3 (moindres Coûts pris en compte : les coûts d’investissement
prélèvements dans l’Hérault, l’Orb ou la nappe de annualisés, les coûts de maintenance et de
MESURE DE GESTION DE L’OFFRE
Usine de dessalement sur le littoral (région d’Agde), CE2 (période de pointe)=1,545 €/m3
capacité de l’usine : 30 000 m3/j Coûts pris en compte : les coûts d’investissement
Volume : 4,05 Mm3/an dont 2,7 Mm3 en période de annualisés, les coûts de maintenance et de
pointe. fonctionnement et les coûts d’émission de CO2. Il
Objectif : AEP, avec redimensionnement du réseau et n’y
DESSALEMENT a pas de coût évité par rapport à la situation de
allègement des pressions exercées sur la nappe de
DE L’EAU DE MER référence
l’Astien
Projet « Ouest-
Hérault » CE2 (période de pointe)= 2,06 €/m3
Usine de dessalement sur le littoral (aval de l’Orb),
capacité de l’usine : 15 000 m3/j Coûts pris en compte : les coûts d’investissement
Volume : 2,025 Mm3 dont 1,35 Mm3 pendant la période annualisés, les coûts de maintenance et de
de pointe. fonctionnement et les coûts d’émission de CO2. Il
Objectif : AEP, avec redimensionnement du réseau, n’y
allègement des pressions exercées sur l’Orb et la nappe a pas de coût évité par rapport à la situation de
de l’Astien. référence.
Source : Ratios calculés à partir des données de (Agence française de développement 2008), (Rinaudo 2008)
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4. Conclusion
Les conclusions se fondent sur l’analyse du Tableau 4, du Tableau 5, du Tableau 6 et du Tableau 7 :
• Analyse comparée mesure par mesure, des résultats économiques unitaires:
− Les solutions les plus efficaces résident dans la réduction des fuites des réseaux de distribution lorsque le
rendement initial du réseau est faible.
− L’installation d’équipements hydro-économes est une solution efficace pour l’usager et le gestionnaire, dès lors
que la demande raccordable au réseau à dimensionnement constant est en hausse.
− La réduction des fuites au sein des habitats collectifs, ainsi que la récupération des eaux de pluie, semblent peu
efficaces.
− Les solutions visant une flexibilisation de l’usage de l’eau des retenues peuvent s’avérer efficaces.
− Les solutions visant à limiter les pollutions diffuses sont efficaces.
− Les solutions d’augmentation de l’offre du type transferts ou dessalement de l’eau de mer sont les moins
efficaces 6.
• Analyse globale des projets :
Les différentes mesures analysées ne sont pas toutes comparables en termes de volumes totaux qu’elles
peuvent permettre d’économiser.
♦ Selon les études de cas, la réduction des fuites dans les réseaux et l’installation d’équipements hydro-économes,
en plus d’être les mesures les plus coûts-efficaces, peuvent contribuer de façon significative à répondre à des
demandes futures en eau potable.
Au-delà de l’évaluation mesure par mesure, les études estiment aussi les ratios coûts-efficacité de différentes
combinaisons de mesures en fonction d’un objectif de volume d’eau disponible à atteindre, qui peut être
destiné soit à alléger les pressions sur le milieu, soit à satisfaire de nouvelles demandes anthropiques.
Les études de cas suggèrent aussi :
• une forte variabilité spatiale de l’efficacité de certaines mesures, à prendre en compte dans la définition des projets.
• Le poids de la variabilité saisonnière des relations offre/demande en eau dans l’efficacité des mesures. Le calcul réalisé
sur les périodes de pointe produit des ratios coûts-efficacité globalement plus faibles.
Enfin, seules les mesures dont le ratio est négatif sont susceptibles d’être spontanément mises en œuvre
puisqu’elles représentent un bénéfice net pour le bénéficiaire de la mesure, qui est clairement identifié. En
revanche, les mesures présentant des ratios faibles mais positifs demandent généralement un financement
collectif (public, financement international), en particulier celles qui relèvent d’investissements indivisibles, aux
coûts fixes élevés.
6Le dessalement semble moins couteux dans le cas Marocain, certainement parce que les coûts d’adduction n’ont pas été intégrés, et peut-être aussi parce
que les choix techniques ne sont pas les mêmes.
19
IV. Evaluation économique et financière de la gestion de la
demande en eau d’irrigation
Ce chapitre concerne les services d’eau d’irrigation (eau bleue) et la question de la productivité de l’eau agricole
(eau bleue et eau verte). Comme pour l’évaluation économique de la gestion de la demande en eau potable,
l’analyse discute des enjeux de mesure, suivi et de gestion de l’efficience de l’eau d’irrigation, à l’échelle du
réseau d’irrigation et à celle de la parcelle.
Le coût de l’irrigation dépend de la topographie et de la distance à la ressource. L’irrigation riveraine, d’un
cours d’eau ou d’une nappe, est la moins coûteuse. Par convention, on distingue souvent irrigation individuelle
et collective. En effet, elles ne structurent pas les acteurs de la même manière autour de la gestion de l’eau
d’irrigation et du partage de l’eau avec les autres usages. Cependant, cette distinction ne représente pas
toujours bien la réalité des systèmes agraires irrigués qui peuvent coupler les deux types d’irrigation.
L’évaluation des gains d’efficience dans le secteur d’utilisation de l’eau agricole est particulièrement complexe
parce que les facteurs explicatifs de la gestion de l’eau agricole s’inscrivent dans des champs hors du monde de
l’eau, tels que les politiques territoriales, agricoles.
L’efficience de l’eau d’irrigation se décompose en efficience « hydrologique », « hydraulique », « agronomique »
et « économique » (Bouaziz & Belabbes 2002), (Annexe 2).
1.1. Quantification et suivi des pertes dans les réseaux et dans l’application de l’eau à
la parcelle
Les « pertes » lors de la mobilisation et de la distribution d’eau d’irrigation par des canaux, individuels ou
collectifs, peuvent correspondre (Figure 6):
• à des fuites : eau mobilisée et distribuée, perdue dans les réseaux et qui retourne au milieu,
• à de l’eau détournée (« usagers clandestins ») ou à des défauts de comptage7,
• à de l’eau évaporée lors du transport de l’eau dans des réseaux à ciel ouvert (eau de pluie évaporée et ultérieurement
condensée sous forme de nuages).
Les principaux indicateurs de l’efficience hydraulique sont décrits en Annexe 2.1 : efficience du réseau
d’amenée, de distribution d’eau et d’application de l’eau. Les techniques d’irrigation contribuent à expliquer
l’efficience d’application de l’eau d’irrigation à la parcelle. Les choix en matière de technique d’irrigation
dépendent entre autres de contraintes (Tableau 13, Annexe 2.1) :
• physiques : climat, topographie,
• agronomiques : pratiques culturales, contraintes globales du système de production,
• économiques, humaines et organisationnelles: rapport entre coût de main d’œuvre et énergie, disponibilité de la
main d’œuvre (salariée, familiale), degré de développement industriel des techniques, technicité globale des
agriculteurs, organisation du travail, organisation du partage et de la distribution de l’eau (irrigation par tour d’eau,
à la demande, régularité du débit...).
La question du choix d’une technique d’irrigation s’insère dans une logique plus globale de profitabilité du
système de production, dont la valorisation du facteur « eau » constitue seulement l’un des éléments.
7 Comme pour l’eau potable, il semble difficile de considérer les volumes distribués non facturés pour des raisons sociales et politiques comme des
« pertes ».
20
Figure 6 : Pertes à l’échelle du service d’eau d’irrigation
21
Dans la mesure où l’utilisation de l’eau s’insère dans une activité productive, la valorisation des m3 d’eau
prélevés et consommés pour l’irrigation constitue aussi un élément de l’efficience de l’utilisation de l’eau.
Les indicateurs correspondants sont ceux qui permettent d’évaluer la richesse produite par m3 d’eau
consommé (valeur ajoutée/m3 consommé à l’échelle de l’exploitation, de la filière, marge brute/m3
consommé...).
Par conséquent :
• Pour le gestionnaire du réseau (différent de l’irrigant), l’eau économisée est d’autant plus valorisée qu’elle peut
répondre à une demande contrainte sur le réseau,
• Pour l’irrigant, l’eau économisée peut être source de revenus si elle est utilisée pour étendre ou intensifier
l’irrigation, en fonction de la valeur ajoutée des cultures irriguées ; sinon, les volumes économisés se traduiront par
une réduction de sa facture d’eau,
• Pour la collectivité, si les volumes économisés restent dans le milieu, ils peuvent être valorisés par des usagers à
l’aval ou par le milieu aquatique.
22
3. Résultats des études de cas menées en Méditerranée
Huit études de cas ont été considérées : Bassin du Tensift (Agence française de développement 2008),
Département de l’Hérault (Maton 2008), (Rinaudo 2008), Bassin versant de l’Ardèche, région de Karditsa et
bassin du Guadalquivir (Strosser & al. 2007), bassin d’Amman-Zarqa (Aulong & al. 2008), oasis de Gabès
(Louhichi & al. 2000) (Tableau 8).
En ce qui concerne les mesures d’économies d’eau, les études de cas portent essentiellement sur des
mesures d’amélioration de l’efficience hydraulique à l’échelle des réseaux ou de la parcelle. Certaines études
de cas analysent aussi l’impact sur les économies d’eau:
• d’instruments économiques tels que la tarification,
• de changements d’assolement en faveur de cultures moins consommatrices d’eau.
Les études de cas proposent également des mesures d’augmentation de l’offre en eau : construction de
retenues, recours à des ressources alternatives aux eaux de surface telles que les nappes, transferts d’eau
interbassins.
Elles se fondent essentiellement sur le calcul de ratios de type CF, la seule étude analysant des ratios de type
CE2 est celle menée sur l’Ouest Hérault.
Le cadrage méthodologique définit dans les sections 1 et 2 est appliqué à l’analyse des études de cas (Tableau
9) pour déterminer, en fonction de la perspective et du type d’efficience considérés, les avantages associés
aux mesures de gestion de la demande en eau d’irrigation.
Équation 2.
L’analyse des études de cas suggère que (Tableau 10, Tableau 11, Tableau 12) :
1) Mesures de gestion de la demande en eau
• Mesures à l’échelle des réseaux
Les mesures d’étanchéisation des réseaux et les mesures de changement des types de canaux (de canaux gravitaires,
ouverts, à des canaux sous pression) présentent des ratios coût-efficacité du même ordre de grandeur. Les ratios
obtenus dépendent largement :
− Des types de coûts pris en compte, même lorsque la perspective n’est que financière ; chaque type de coût
pouvant présenter une forte variabilité spatiale.
− De la durée de vie des équipements retenue pour le calcul, que ce soit lorsqu’on compare différentes mesures à
l’échelle du réseau ou des mesures à l’échelle du réseau avec des mesures à l’échelle de la parcelle (Tableau 12).9
• Mesures à la parcelle
8Pour l’étude de cas de la région de Karditsa, les ratios coûts-efficacité ne peuvent être calculés car les coûts des mesures ne sont pas renseignés.
9Pour les mesures de réduction des pertes, les études ne précisent pas les périodes sur lesquelles les coûts des économies d’eau sont actualisés, ni les taux
d’actualisation retenus. Des hypothèses ont été faites (taux d’actualisation, durée de vie des équipements. Pour confirmer ces résultats, des études plus
détaillées sont nécessaires.
23
L’amélioration du rendement (efficience hydraulique) à la parcelle est d’autant plus coût-efficace que le rendement de
départ est faible. Ainsi le passage de l’aspersion à la micro-aspersion présente un ratio coût-efficacité plus élevé, c’est-
à-dire qu’il est moins efficace, qu’un passage du gravitaire à l’aspersion ou au goutte-à-goutte. Cependant, pour un
même changement de technique, les coûts de référence peuvent aussi varier sensiblement selon les études de cas.
Le changement d’assolement n’a pas fait l’objet d’une évaluation économique. Il s’agit pourtant des mesures parmi
les plus significatives en termes d’économies d’eau potentielles. L’évaluation de l’intérêt et des impacts d’un
changement d’assolement demande une analyse agro-économique spécifique. En effet, l’intérêt et la faisabilité d’un
changement d’assolement dépend essentiellement des caractéristiques du milieu (types de sols, températures, etc.),
des contraintes de l’exploitation (capacité d’investissement, amortissement des investissements passés) et de la
valorisation des produits.
• Mesures tarifaires
D’après deux des études de cas, les mesures tarifaires permettraient des économies d’eau significatives, avec un bon
ratio coût-efficacité. Ainsi, pour le bassin du fleuve Guadalquivir, une mesure tarifaire semble plus coût-efficace et
permet d’économiser des volumes plus importants qu’une mesure combinant un changement des canaux collectifs
pour leur mise sous pression et la conversion au goutte-à-goutte.
Pour parvenir à isoler l’impact d’un changement tarifaire sur une consommation d’eau de l’impact d’autres
mesures, une analyse approfondie, associant approches quantitatives et qualitatives, est cependant nécessaire.
• Mesure réglementaire : Police de l’eau
Le renforcement de la police de l’eau est l’une des mesures de gestion de la demande en eau avec le meilleur ratio
coût-efficacité. Elle n’est cependant analysée que dans une des sept études.
2) Mesures d’augmentation de l’offre en eau
Trois des études de cas analysent aussi des mesures de gestion par l’offre, dont les ratios coût-efficacité sont
relativement faibles lorsqu’ils sont comparés à l’ensemble des mesures étudiées.
Les études de cas illustrent que les ratios coûts-efficacité dépendent largement :
• De la période sur laquelle les coûts sont actualisés :
Selon l’étude de cas considérée, le ratio coût-efficacité d’un nouveau barrage peut s’avérer inférieur (cas d’Amman-
Zarqa, Jordanie), ou au contraire supérieur (cas de l’oasis de Gabès en Tunisie et du bassin du Tensift au Maroc
lorsque les impacts de l’envasement des ouvrages sont pris en compte) à celui de mesures de gestion par la
demande. Il faut cependant souligner que, pour l’étude sur le bassin d’Amman-Zarqa, le ratio coût-efficacité de la
mesure de police de l’eau est calculé à partir d’un coût total annualisé sur une période de 5 ans, alors que le coût de
la construction du barrage d’Al-Wahdah est annualisé sur toute la durée de vie du barrage, soit 80 ans. Si, au
contraire, on actualise les coûts en prenant en compte leur distribution réelle dans le temps, le ratio coût-efficacité
obtenu reflète alors le coût du capital annualisé élevé des premiers volumes d’eau produits. Dans cette
configuration, la mesure de renforcement de la police de l’eau devient plus intéressante que la construction d’un
barrage.
• Des coûts pris en compte dans l’évaluation économique :
Le ratio coût-efficacité de la construction du barrage de Wirgane (Bassin du Tensift au Maroc) est presque
multiplié par 3 lorsque les effets de l’envasement sont inclus dans les coûts. Les externalités environnementales
influencent donc sensiblement ce ratio.
• De la taille des ouvrages réalisés :
D’autres analyses conduites au sein de l’espace méditerranéen suggèrent aussi des économies d’échelle : le ratio
coût-efficacité est d’autant plus faible que la capacité de stockage est élevée, comme c’est le cas de la vingtaine de
barrages évaluée dans le cadre du Plan Stratégique Décennal établi par la Direction générale des ressources
hydrauliques et électriques du Liban (Comair 2008), avec des ratios coût-efficacité allant de 0,33 à 14,55 €/m3, pour
des ouvrages d’une capacité comprise entre 300 000 m3 et 120 Mm3.
• Du contexte géographique :
Les coûts, pour une même capacité de stockage, dépendent aussi des caractéristiques du site pour la construction
de l’ouvrage (variabilité spatiale).
24
Tableau 8 : Les études de cas sélectionnées pour le secteur de l’eau agricole
25
Tableau 9 : Caractérisation des mesures, de leurs avantages et des bénéficiaires
Efficience visée Devenir des volumes
Mesure Avantages/Coûts Perspective
par la mesure économisés
Moindres volumes prélevés et facturés (moindres coûts de
mobilisation et distribution), risques de pérennité financière Gestionnaire du service
liés à la structure des coûts du service et à la tarification de d’eau
Volumes non prélevés l’eau
A l’échelle du réseau collectif : Contribution aux débits d’étiage, à la qualité de l’eau
Milieu, usagers aval
Optimisation des réseaux (dilution/capacité auto épuratoire)
existants : réduction des fuites
Efficience hydraulique
Gestionnaire du service
Effet nul
d’eau
Gestionnaire du service
Effet nul
d’eau
Mêmes volumes (pas
d’effet incitatif de la Effet nul pour le milieu ou les usagers aval
Milieu, usagers aval,
mesure ou manque de Coût pour la collectivité associé à la mise en place de la
collectivité
contrôle des quotas, de la mesure
police de l’eau, ou
prélèvements clandestins) Mesure tarifaire : Hausse de la facture d’eau et baisse de
l’efficience économique. Irrigant
Quotas ou police de l’eau : effet nul
10Un mécanisme Pareto-améliorant permet d’améliorer le bien-être de certains agents sans impact négatif sur le bien-être d'autres agents: le bien-être collectif est accru suite à la mise en
œuvre du mécanisme.
26
Tableau 10 : Ratio coût-efficacité (CF) des mesures évaluées dans les études de cas pour le secteur de l’eau agricole (mesures
de gestion de la demande et mesures de gestion par l’offre)
Volumes économisés/Offre en
Mesure Cas Analyse coût-efficacité (CF)
eau supplémentaire (Mm3)
CF = [0,22 ; 1.73] €/m3
Les résultats sont présentés dans le Tableau 10
Passage de canaux gravitaires à Bassin versant de Volume : 0,11 Mm3 (76 ha, soit: (produits d’un calcul fait à partir d’hypothèses
canaux sous-pression l’Ardèche 1447 m3/ha) fixées et des données des études).
Coûts pris en compte : coût d’investissement
(4 342 €/ha)
CF = 0,05 €/m3
Volume : 4,8 Mm3 (20% des
Réseau collectif
CF = 0,38 €/m3
Volume : 429 Mm3 (375 000 ha,
Coûts pris en compte : coûts d’investissement (5
soit 1144 m3/ha)
Bassin du 000 €/ha pour le passage de canaux gravitaires
(375 000 ha, dont 278 000 ha
Guadalquivir à des canaux sous-pression et 3 000 €/ha pour
concernés par le passage au
Passage de canaux gravitaires à le passage de l’irrigation de surface au goutte-à-
goutte-à-goutte)
MESURES DE GESTION DE LA DEMANDE EN EAU
goutte)
Réseau et à la parcelle
CF =1,32 €/m3
Région de Volume : 0,292 Mm3 (35 000 ha,
Coûts pris en compte : coûts d’investissement
Karditsa soit 8m3/ha)
(250 €/ha)
27
Volumes économisés/Offre en
Mesure Cas Analyse coût-efficacité (CF)
eau supplémentaire (Mm3)
CF = 0,24 €/m3
Tarification volumétrique et Coûts pris en compte : Coût de gestion par
Bassin du
augmentation du prix de l’eau de Volume : 695 Mm3 l’administration associé au changement de
Guadalquivir
100%. structure tarifaire + coût pour l’irrigant d’une
augmentation du prix de l’eau (+ 0.012 €/m3)
CF = 0,069 €/m3 (1er type de ratio : calculé à
partir du coût actualisé annualisé)
Bassin d’Amman- Volume : réduction des CF = 0,034 €/m3 (2nd type de ratio : calculé à
Renforcement police de l’eau
Zarqa prélèvements privés de 60 Mm3 partir du coût actualisé)
Coûts pris en compte : coûts d’investissement +
gestion
CF = 0,051 €/m3 (1er type de ratio : calculé à
partir du coût actualisé annualisé)
Bassin d’Amman- CF = 0,101 €/m3 (2nd type de ratio : calculé à
Volume : 110 Mm3
Zarqa partir du coût actualisé)
Coûts pris en compte : coûts d’investissement +
fonctionnement
CF = 0,0376 €/m3
Volume : [100 ; 500] Mm3 selon le Coûts pris en compte : coûts d’investissement et
Oasis de Gabès
barrage de fonctionnement (obtenus à partir de l’étude
Nouvelles retenues de 18 barrages actuellement opérationnels)
CF = 0,22 €/m3
MESURES DE GESTION DE L’OFFRE
Tableau 11 : Estimation des ratios coût-efficacité des mesures envisagées sur le bassin de l’Ardèche (France)
Ratio coût- Ratio coût- Ratio coût- Ratio coût-
efficacité efficacité efficacité efficacité
Volume Coût (T = 2 ans) (T = 5 ans) (T = 10 ans) (T = 20 ans)
Bassin de l'Ardèche (France) Mm3/an investissement (M€) (€/m3) (€/m3) (€/m3) (€/m3)
28
Les hypothèses retenues sont les suivantes :
Taux d’actualisation (a) : Taux de 4%. C’est le taux retenu par le Commissariat général du Plan en 2005
(rapport Lebègue) pour les projets d’investissements publics,
Taux de 10 %. C’est le taux retenu pour l’étude de cas tunisienne (IPEST). Durée de vie des équipements
(T) : Les mesures proposées comportent des équipements à la durée de vie très variable. Nous avons ici
cherché à tester la sensibilité des ratios à la durée sur laquelle est réparti le coût de la mesure (T = 2 ans, 5
ans, 10 ans ou 20 ans).
Tableau 12 : Ratio coût-efficacité (CE2) des mesures évaluées dans les études de cas pour le secteur de l’eau agricole (mesures
de gestion de la demande et mesures de gestion par l’offre)
Volumes économisés/Offre en eau Analyse coût-efficacité (CE2, €/m3)
Mesure
supplémentaire (Mm3)
CE2 = 0,7 €/m3
Réseau collectif
Réduction des pertes dans les Volume : 5,3 Mm3/an (réduction des Coûts pris en compte : coûts d’investissement (1000 à 4000
MESURES DE GESTION DE LA DEMANDE EN EAU
réseaux sous pression prélèvements de l’ordre de 20% selon € selon état initial des canaux) + entretien + coûts d'étude et
existants l’état initial du réseau) d'administration + coût énergétique (par m3 économisé et
par m3 de CO2 émis)
Réseau et à la parcelle
Passage de l’irrigation par Volume : 2,62 Mm3/an (gains jusqu’à CE2 = 0,77 €/m3
Exploitation
aspersion à l’irrigation au 20% au niveau de la parcelle, d’autant Coûts pris en compte : coûts d’investissement (650 à 1500
goutte-à-goutte dans des plus efficace que le rendement initial du €/ha) + entretien + coût énergétique (par m3 économisé et
réseaux sous pression réseau au niveau de l’irrigant est faible) par m3 de CO2 émis)
l'adducteur
Volume : [5,79 ; 7,793] Mm3/an selon
MESURE DE
29
4. Conclusion
• A l’échelle des réseaux, l’optimisation du fonctionnement des canaux de distribution existants (gravitaires ou sous
pression) semble constituer une solution aussi coût-efficace que le changement des canaux collectifs (passage du
gravitaire au sous pression). De plus, les volumes économisés par rénovation/étanchéisation des réseaux sont
significatifs : ils peuvent représenter 30% des prélèvements sur la ressource.
• L’efficacité des mesures d’amélioration de l’efficience hydraulique à l’échelle du réseau collectif et de la parcelle
dépend largement du rendement hydraulique initial des réseaux et/ou des techniques d’irrigation. Ainsi, à titre
d’exemple, d’après l’étude Ouest-Hérault, le coût unitaire peut tripler (de 4 000 à près de 12 000 €/ha) selon le
réseau d’irrigation considéré.
Les études de cas illustrent également une forte variabilité spatiale des ratios coûts-efficacité, notamment
dans le cas de la conversion à des techniques d’irrigation localisée. Dans le cadre du Programme National
Syrien de la Conversion à l’Irrigation Moderne par exemple, alors que les coûts à l’hectare de conversion à
l’aspersion et au gravitaire amélioré restent sensiblement les mêmes d’un projet à l’autre, ils varient du
simple au double lorsqu’il s’agit de la conversion à l’irrigation localisée (Al-Azmeth 2008).
De plus, les analyses conduites dans le domaine de l’eau agricole se limitent généralement aux coûts
financiers, n’intégrant pas les externalités économiques et environnementales. Parmi les coûts financiers,
seuls les coûts d’investissement sont le plus souvent comptabilisés, les coûts de fonctionnement et de
maintenance étant ignorés. Pourtant, les différentes techniques d’irrigation se caractérisent aussi par
différents coûts de fonctionnement et de maintenance : ces coûts influencent aussi l’attractivité d’une
solution technique. Ainsi, par exemple, dans le bassin du Guadalquivir, les irrigants ayant des réseaux sous
pression consacrent en moyenne 10,5% de leur revenu brut aux coûts de l’eau, alors que pour les irrigants
avec des réseaux gravitaires, ce ratio est de l’ordre de 4% seulement environ. Enfin, aucune des évaluations
ne comptabilise les effets externes positifs qui peuvent être liés aux « pertes » dans les réseaux
(réalimentation de nappes…).
Pour l’irrigant, les mesures de gestion de la demande en eau peuvent représenter un intérêt économique,
parce qu’elles permettent une sécurisation des apports d’eau, une amélioration de l’efficience de l’utilisation
de l’eau, ou encore une augmentation des volumes alloués à l’agriculture, si l’eau est un facteur limitant.
Elles ne libèrent alors pas de l’eau pour d’autres usages ou le milieu. La re-répartition de l’eau vers d’autres
usages demande la mise en place de mesures d’incitation, contractuelles ou coercitives, permettant une
flexibilisation des droits d’eau. Les résultats obtenus sur l’une des études de cas suggèrent ainsi que le
renforcement de la police de l’eau peut s’avérer coût-efficace. Cependant, pour conclure, une analyse plus
détaillée et comparée des mesures devrait être menée à bien (les solutions contractuelles n’ont pas été
évaluées et les types de coûts inclus pour l’évaluation de la police de l’eau devraient être précisés).
30
V. Conclusion générale
Pour le secteur domestique comme pour le secteur agricole, l’analyse des études de cas démontre que les
mesures de gestion de la demande en eau sont souvent efficaces et peuvent permettre de libérer des
volumes d’eau significatifs.
C’est le cas principalement dans le secteur domestique des mesures visant l’efficience des réseaux et
l’installation d’équipements hydro-économes chez les ménages. Des mesures de sécurisation de l’offre, telles
que la gestion des pollutions diffuses, sont également efficaces. Les résultats suggèrent aussi que le coût et
l’efficacité des mesures dépend largement de l’état initial des réseaux et des caractéristiques de la demande
en eau urbaine.
Dans les situations où les services sont peu fiables, discontinus dans le temps, ne desservent pas l’ensemble
de la population ou de façon très inégale, la question des économies d’eau se pose différemment et constitue
un enjeu politique fort : la valorisation des volumes économisés en est d’autant plus importante.
Ainsi, les pays du sud et de l’est de la Méditerranée, en plus de questions quantitatives de disponibilité de
l’eau, font aussi face à des problèmes d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Dans la région
méditerranéenne, environ 20 millions de personnes situées principalement en zones rurales n’ont pas accès à
l’eau potable et plus du double, environ 47 millions de personnes, n’ont pas accès à un assainissement de
base. Dans cette région, l’amélioration de l’accès à ces services constitue donc un enjeu politique fort, du fait
en particulier des déséquilibres rural/urbain, des risques de dégradation de la qualité des ressources en eau
liés à un manque d’assainissement, pouvant générer des tensions avec les usagers à l’aval.
Dans le secteur agricole, les mesures de gestion de la demande en eau représentent un intérêt économique
pour l’irrigant si elles lui permettent de sécuriser ses apports d’eau, ce qui est l’objectif visé par les mesures
évaluées dans les études de cas sur le bassin du Tensift et dans la région de Karditsa, voire de les augmenter.
Des volumes annuels conséquents peuvent être dégagés (59 Mm3 grâce à la réduction des pertes dans les
réseaux de distribution collectifs, contre 17 Mm3 produits par le barrage de Wirgane dans le bassin du
Tensift). L’évaluation économique doit cependant s’insérer dans une logique plus globale, qui ne peut se
limiter à des approches marginalistes, intégrant les contraintes et opportunités des systèmes de production,
le revenu, l’aversion au risque, la qualité de vie, etc. Promouvoir des changements significatifs dans la
pression exercée par l’agriculture sur la ressource en eau suppose de mettre en place des incitations en
faveur de certaines productions agricoles ou des systèmes de contrôle et de partage de l’eau effectifs. Le seul
marché peut en effet aussi bien conduire à préférer des cultures faiblement ou fortement consommatrices
d’eau. C’est pourquoi les mesures incitatives et réglementaires sont des pistes à creuser.
L’analyse de ces études de cas a montré l’extrême sensibilité des résultats obtenus selon les méthodes
retenues, les types de coûts considérés, des durées de vie des équipements estimées, du taux
d’actualisation… A titre d’exemple, la prise en compte des effets induits ou encore les types de coûts
financiers considérés affectent sensiblement les résultats. Cette variabilité révèle le caractère nécessairement
« situé » de l’analyse économique : son contenu, ses orientations, les méthodes sur lesquelles elle s’appuie
sont en effet contingents au contexte dans lequel elle est développée.
Elle propose une grille d’analyse qui pourrait être retenue pour conduire de nouvelles études et qui
permettrait de faire des comparaisons robustes et souligne le caractère stratégique et politique de l’évaluation
économique et la nécessité de clarifier les choix méthodologiques faits.
31
Principaux messages
Relatifs aux mesures de gestion de la demande en eau domestique et agricole :
• La réduction des fuites dans les réseaux de distribution d’eau potable et l’installation d’équipements hydro-économes chez les usagers
sont les mesures les plus coûts-efficaces et peuvent, en outre, contribuer de façon significative à répondre à des demandes futures en
eau potable,
• A l’échelle des réseaux et des usages finaux, les mesures d’économie d’eau sont d’autant plus efficaces que la demande raccordable au
réseau et non satisfaite est importante,
• Les mesures d’amélioration de l’efficience hydraulique présentent des ratios coûts-efficacité intéressants mais qui dépendent du
rendement hydraulique initial des réseaux et/ou des techniques d’irrigation,
• Dans le secteur de l’eau potable, la réduction des fuites au sein des habitats collectifs, ainsi que la récupération des eaux de pluie sont
des mesures peu coûts-efficaces,
• Il convient de faire la distinction entre les « pertes sèches » et les « pertes fictives » dans l’évaluation à l’échelle des bassins versants,
• Les mesures tarifaires et réglementaires semblent être coûts-efficaces et nécessitent des analyses plus approfondies.
Relatifs aux mesures de gestion par l’offre :
• L’évaluation de la construction de nouveaux ouvrages dépend largement de la prise en compte des externalités environnementales et
sociales,
• Les solutions d’augmentation de l’offre du type transferts interbassins ou dessalement de l’eau de mer sont les moins coûts-efficaces,
• Les solutions visant une flexibilisation de l’usage de l’eau des retenues peuvent s’avérer efficaces,
• Les solutions visant à gérer les pollutions diffuses sont efficaces.
Relatifs à la méthode d’évaluation économique :
• Les ratios coûts-efficacité présentent une forte variabilité selon les échelles de temps et d’espace retenues pour l’évaluation et le type
de coûts (financiers, coûts induits, externalités) pris en compte,
• Seules les mesures dont le ratio est négatif sont susceptibles d’être spontanément mises en œuvre puisqu’elles représentent un
bénéfice net pour le bénéficiaire de la mesure. En revanche, les mesures présentant des ratios faibles mais positifs demandent
généralement un financement collectif (public, financement international), en particulier celles qui relèvent d’investissements
indivisibles, aux coûts fixes élevés.
32
Annexe 1 : Indicateurs d’efficience de l’eau domestique
33
Annexe 2 : Indicateurs de l’efficience de l’eau agricole
34
• L’efficience de distribution d’eau (Équation 8)
Équation 8 : Efficience de distribution d’eau d’irrigation
(𝑉𝑉𝑓𝑓 + 𝑉𝑉3 )
𝐸𝐸𝑑𝑑 =
𝑉𝑉𝑑𝑑
Avec :
Vf= Volume d’eau distribué aux parcelles
Vd= Volume d’eau distribué au réseau primaire
V3= Volume d’eau distribué à des usages non agricoles au niveau du réseau secondaire ou tertiaire
• L’efficience du réseau d’amenée et de distribution d’eau (Équation 9)
Équation 9 : Efficience du réseau d’amenée et de distribution d’eau d’irrigation
𝑉𝑉2 + 𝑉𝑉3 + 𝑉𝑉𝑓𝑓
𝐸𝐸𝑟𝑟 = 𝐸𝐸𝑚𝑚 × 𝐸𝐸𝑑𝑑 =
𝑉𝑉1 + 𝑉𝑉𝑝𝑝
• L’efficience du réseau d’amenée, de distribution d’eau et d’application de l’eau (Équation 10)
De façon plus synthétique, la Stratégie méditerranéenne pour le développement durable (SMDD) propose
un indicateur pour refléter globalement l’efficience d’utilisation de l’eau depuis sa mobilisation jusqu’à son
application (PNUE/PAM 2005) :
EIrrigation = EDistribution x EParcelle
Avec :
EDistribution = Va/Vb
EDistribution : rapport entre le volume d’eau effectivement distribué aux parcelles (Va) et le volume d’eau total
alloué à l’irrigation (ou demande en eau d’irrigation) en amont des réseaux, incluant les pertes dans les
réseaux (Vb).
EParcelle : somme des efficiences à la parcelle de chaque mode d’irrigation (irrigation de surface, irrigation par
aspersion, micro-irrigation…), multipliée par les proportions respectives des différents modes dans le pays
et estimée comme le rapport entre les quantités d’eau effectivement consommées par les plantes et les
quantités d’eau apportées à la parcelle.
Équation 10 : Efficience d’utilisation de l’eau d’irrigation selon le Plan Bleu
S m ×E m
EParcelle = ∑𝑛𝑛𝑚𝑚 =1 S
Avec :
n : nombre de modes d’irrigation utilisés
Sm : surface irriguée par le mode m
Em : efficience du mode m
S : surface totale irriguée selon l’ensemble des modes
Commentaires :
De nombreuses études ont montré que l’adoption de techniques d’irrigation plus efficientes contribue
essentiellement à modifier les contraintes des systèmes de production, en particulier en termes de besoins en
main d’œuvre. Dans des situations où la disponibilité des terres irrigables n’est pas un facteur limitant, le
changement de technique s’est traduit par une augmentation des prélèvements par actif agricole. C’est ce qui a
pu être observé dans la région de Gabès en Tunisie, dans la région des Niayes au Sénégal, en Californie ou
dans le Nordeste Brésilien (Fernandez 2001), (Molle & Turral 2004).
Le critère le plus déterminant est en effet celui de la technicité globale des agriculteurs et de la fiabilité de
l’accès à la ressource en eau. Il détermine significativement la productivité hydrique.
Généralement, l’irrigation gravitaire présente une certaine rigidité liée aux contraintes techniques de
distribution d’eau, et à la façon dont les droits d’eau sont définis. Ceci peut se traduire par des tendances à la
sur-irrigation, si les cultures ont des systèmes racinaires superficiels et/ou si les sols ont une faible capacité de
rétention d’eau. L’irrigation localisée peut permettre une meilleure conduite de l’irrigation dans le temps avec
35
un contrôle accru de l’eau appliquée (durée, fréquence et quantité), permettant, potentiellement, une
augmentation de la productivité hydrique et des rendements (Pereira 1999).
Cependant, le changement d’une technique d’irrigation à une autre (avec des potentiels d’uniformité de la
distribution de l’eau plus élevés par exemple) est coûteux en capital et n’est pas toujours justifié. Il demande un
développement technique et industriel qui rende facilement accessibles les composants nécessaires au
fonctionnement des systèmes sous pression. L’amélioration de systèmes existants peut présenter des potentiels
de gain d’efficience plus élevés (fondés sur une amélioration des calendriers d’irrigation, etc.) que
l’investissement dans de nouvelles infrastructures.
Tableau 13 : Comparaison des coûts et productivité globale des techniques d’irrigation
Points positifs :
Peu de contraintes topographiques
Développement technologique nécessaire Fertirrigation
Goutte-à-goutte (irrigation localisée, basse coûts d’énergie plus faibles L’irrigation n’est pas affectée par le vent
pression, canal ? qui peut être enterré) Entretien, maintenance et réglage Contraintes :
importants (fragilité du système) Fragilité du système d’irrigation
Mise en pression nécessaire
36
L’eau évapotranspirée par une plante cultivée irriguée est issue à la fois (i) de l’eau d’irrigation (eau bleue) et (ii)
de l’eau de pluie, ou plus précisément de la pluie « efficace » (eau verte), c’est-à-dire la fraction des
précipitations qui contribue à reconstituer la réserve du sol en eau utilisable par la plante cultivée 11 :
𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸 = 𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝 𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒 + 𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒 𝑑𝑑′ 𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖 é𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣é𝑒𝑒
Équation 12 : Efficience classique d’application d’eau d’irrigation à la parcelle (2)
L’indicateur devient alors :
𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸– (𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝 𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒)
𝐸𝐸𝑎𝑎 (2) =
(1 − 𝐿𝐿𝐿𝐿) × 𝑉𝑉𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 é à 𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝
Avec :
Ea (2) : efficience classique d’application de l’eau d’irrigation (2)
ETR = évapotranspiration réelle (fonction de la culture, du climat, des pratiques et des caractéristiques du
substrat) pour une culture c.
Vappliqué à la parcelle = Volume d’eau appliqué à la parcelle.
L’évapotranspiration réelle est cependant difficile à appréhender à grande échelle. Elle n’est, le plus souvent,
estimée que sur des parcelles expérimentales.
De façon pratique, plusieurs auteurs ont défini des approximations fondées sur des coefficients qui sont des
produits de l’expérimentation et qui sont aussi calculés à partir d’hypothèses de conditions idéales non
contraintes. Ces approximations sont utiles pour la conduite de l’irrigation. En revanche, elles ne permettent
pas d’estimer les efficiences réelles de l’application de l’eau d’irrigation.
L’évapotranspiration maximale (ETM) est ainsi définie pour une culture donnée poussant dans des
conditions agronomiques (hydriques) optimales (Équation 13) :
Équation 13 : Évapotranspiration maximale
𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸 = 𝐾𝐾𝑐𝑐 × 𝐸𝐸𝐸𝐸0
Avec :
Kc = coefficient cultural qui varie avec le stade de développement de la culture,
ET0 = évapotranspiration potentielle (Il s’agit de l’évapotranspiration maximale d’un gazon, pour lequel
l’eau n’est pas limitante), coefficient climatique.
La FAO a développé deux méthodes de calcul, à un ou deux coefficients. Avec deux coefficients, Kc
s’exprime comme la somme de ces deux coefficients dont l’un est associé au processus d’évaporation par le
sol, l’autre à la transpiration par les plantes cultivées (Allen & al. 1998).
La différence entre eau appliquée et eau effectivement consommée dépend de la technique d’irrigation, des
conditions environnementales, et des caractéristiques du sol.
• Les indicateurs de l’efficience «réelle » d’application de l’eau d’irrigation (Équation 14) :
Il s’agit de proposer une évaluation de l’efficience qui tienne compte de la réutilisation possible de l’eau
« perdue » à l’échelle d’une parcelle donnée (Wichelns 2002) :
Équation 14 : Efficience effective d’application d’eau d’irrigation à la parcelle
𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸– (𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝 𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒)
𝐸𝐸𝑎𝑎 𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒 =
𝐹𝐹
Avec :
Ea effective : efficience effective d’application de l’eau d’irrigation,
F = l’usage effectif de l’eau d’irrigation. F correspond aux flux entrants « effectifs » moins les flux sortants
« effectifs ». On déduit des flux sortants ceux qui sont réutilisés par ailleurs. Ces flux ne représentent alors
11 La pluie « efficace » de l’agronome est en fait la pluie « inefficace » de l’hydrologue. En effet, la pluie « efficace » dans son acception hydrologique elle est
définie de la façon suivante : "Les précipitations efficaces représentent la quantité d'eau fournie par les précipitations qui reste disponible, à la surface du sol,
après soustraction des pertes par évapotranspiration réelle. Les précipitations efficaces sont égales à la différence entre les précipitations et
l'évapotranspiration réelle".
37
une perte, diminuant l’efficience effective d’utilisation de l’eau d’irrigation, que s’ils ne sont pas réutilisés à
l’aval ou si leur qualité est tellement dégradée qu’ils ne peuvent être réutilisés à l’aval.
Ainsi, dans le cas de la vallée du Nil en Égypte, les indicateurs Ea (1) ou Ea (2) donnent une efficience de
l’ordre de 40 ou 50 % alors que l’indicateur Ea effective, est lui, au contraire, très élevé, avec des valeurs de
l’ordre de 80 %, du fait d’un important recyclage de l’eau (Wichelns 2002).
L’indicateur Ea effective permet d’introduire dans l’évaluation de la performance d’utilisation de l’eau
d’irrigation la réutilisation de l’eau infiltrée ou ruisselée à l’échelle de la parcelle, ainsi que les impacts de
l’irrigation sur la qualité de l’eau, puisque la réutilisation potentielle est conditionnée par l’état qualitatif dans
lequel l’eau retourne au milieu.
Cet indicateur permet une analyse de l’efficience hydrologique, à l’échelle des bassins versants, et donc des
coûts et des avantages associés à la réallocation de l’eau entre usages.
Ainsi, si un bassin est « fermé », il n’y a pas de potentiels de gain d’efficience d’un point de vue hydraulique.
Il y a seulement des potentiels de gain d’efficience agronomique et économique, entre usages ou au sein
d’un même usage, en fonction de leur valorisation de l’eau. Ces gains réels d’efficience relèvent d’une
amélioration de la productivité hydrique des cultures, d’une réduction des pollutions diffuses agricoles, de
modifications d’assolements, de mécanismes de réallocation de l’eau vers des usages qui la valorisent le plus.
• Efficience d’utilisation de l’eau d’irrigation par rapport au rendement agronomique (Équation 15, Équation 16) :
Il s’agit d’évaluer le gain de rendement apporté par l’irrigation, en comparant les performances
agronomiques d’une culture donnée selon qu’elle est irriguée ou non (Howell 2001), (Crepin & al 2001).
On peut distinguer deux types d’indicateurs : ceux qui prennent en compte l’eau d’irrigation appliquée
(Équation 15), et ceux qui prennent en compte l’eau d’irrigation effectivement consommée (Équation 16) :
Équation 15 : Efficience de l’eau d’irrigation consommée dans la formation du rendement agronomique
(𝑌𝑌𝑖𝑖 − 𝑌𝑌𝑑𝑑 )
𝐸𝐸𝐸𝐸𝑊𝑊𝑊𝑊𝑊𝑊 =
𝐸𝐸𝐸𝐸𝑖𝑖 − 𝐸𝐸𝐸𝐸𝑑𝑑
Équation 16 : Efficience de l’eau d’irrigation appliquée dans la formation du rendement agronomique
(𝑌𝑌𝑖𝑖 − 𝑌𝑌𝑑𝑑 )
𝐼𝐼𝑊𝑊𝑊𝑊𝑊𝑊 =
𝐼𝐼𝑖𝑖
Avec :
Yi = rendement pour un niveau d’irrigation i,
ETi = évapotranspiration pour un niveau d’irrigation i,
Yd = rendement pour une parcelle équivalente mais non irriguée (eau verte seule ou agriculture pluviale),
ETd = évapotranspiration pour une parcelle équivalente mais non irriguée (eau verte seule ou agriculture
pluviale),
Ii = quantité d’eau d’irrigation appliquée au niveau d’irrigation i,
ETWUE traduit la productivité hydrique de la culture d’un point de vue agronomique. IWUE donne des
informations sur l’efficience des techniques d’irrigation.
Les deux indicateurs sont généralement optimisés pour un léger déficit en eau, lorsque ce déficit permet de
réduire l’évaporation de l’eau sans réduire la transpiration de l’eau par la plante cultivée. En d’autres termes,
on cherche à maximiser le gain de carbone (CO2 assimilé par le couvert végétal) en minimisant les pertes
d’eau.
Pour un même Yi et Yd, la comparaison entre ETWUE et IWUE permet d’évaluer l’efficience de la
technique d’irrigation à la parcelle.
Pour une culture donnée, ces indicateurs permettent de mener une réflexion sur l’efficacité de l’irrigation par
rapport à une conduite pluviale, en fonction non seulement de la technique d’irrigation mais aussi des
caractéristiques agronomiques de la culture, des relations eau-sol-plante. En d’autres termes, elle permet de
comparer l’efficacité de l’utilisation de l’eau bleue pour la production agricole par rapport à la seule eau
verte.
38
Du point de vue du gestionnaire, ces indicateurs peuvent permettre de mieux connaître la demande en eau
d’irrigation et donc de mieux adapter la gestion tactique de l’offre en eau.
Du point de vue du gestionnaire ou de l’irrigant, ils peuvent aussi permettre de mieux raisonner les
investissements hydro agricoles, structurants et coûteux.
Commentaires :
Les potentiels d’économie d’eau à l’échelle du système agraire irrigué résident dans plusieurs stratégies. On
peut ainsi distinguer les stratégies (Amigues & al. 2006), (Mediterra 2009) :
• Qui portent essentiellement sur les caractéristiques physiologiques ou la conduite culturale d’une plante
donnée :
− Celles qui reviennent à réduire le risque de perte de rendement, en acceptant une réduction du rendement
maximum atteignable :
♦ L'esquive qui consiste à décaler le cycle de développement de la culture pendant des périodes pluvieuses
et/ou à demande climatique faible, ou à raccourcir le cycle cultural.
Les modifications dans les pratiques culturales influent sur la valeur de l’évapotranspiration réelle (ETR) des
cultures considérées, comparée à l’évapotranspiration potentielle (ETM). Les changements de variétés se traduisent
quant à eux par de nouvelles ETM et ETR des cultures considérées. Il est à noter que le changement climatique
pourrait accentuer les décalages entre calendriers culturaux et tensions sur la ressource.
♦ L'évitement qui consiste à augmenter la résistance de la plante cultivée au stress hydrique (réduction de la
conductance stomatique et de la croissance foliaire, réduction de la transpiration qui s'ensuit économise l'eau
du sol, accroissement du développement racinaire, etc).
♦ L’amélioration de l'efficience de l'eau c’est-à-dire du rapport entre la quantité de biomasse produite et la
quantité d'eau transpirée. Ce rapport est particulièrement élevé chez les espèces en C4 telles que le maïs ou
le sorgho. Il dépend aussi de l’efficience d’application de l’eau d’irrigation, fonction des relations eau-sol-
plante.
− Celles qui reviennent à maintenir le rendement maximum atteignable, en acceptant d’augmenter le risque de
perte de rendement. Il s’agit de la tolérance qui consiste à maintenir les fonctions de la plante (croissance,
nombre d'organes, transpiration, photosynthèse).
• Qui portent sur l’organisation de la production agricole : choix d’assolement
En effet, les variations inter-saisonnières et interrégionales de l’évapotranspiration de référence (ET0) sont bien
plus significatives que les variations de l’ETM entre cultures dont les cycles se déroulent pendant les mêmes
saisons (Seckler 1996). Ce sont donc les assolements qui pèsent significativement sur les quantités d’eau prélevées
dans le milieu. La question est donc de savoir quelles sont les cultures alternatives, qui répondraient à une demande
alimentaire et ayant une rentabilité économique suffisante, et qui pourraient être envisagées pendant les périodes
où la ressource est la plus abondante. Dans les pays où le climat est variable sur le territoire, il pourrait s’agir de
faire une planification territoriale qui tienne compte de l’ET0.
Dans la mesure où l’utilisation de l’eau s’insère dans une activité productive, la valorisation des m3 d’eau prélevés et consommés
pour l’irrigation constitue aussi un élément de l’efficience de l’utilisation de l’eau. Les indicateurs correspondants sont ceux qui
permettent d’évaluer la richesse produite par m3 d’eau consommé (valeur ajoutée/m3 consommé soit à l’échelle de l’exploitation,
soit à l’échelle de la filière, Marge brute/m3 consommé, etc.).
39
Annexe 2.3 : Indicateurs d’efficience économique
Les indicateurs cherchant à représenter l’efficience économique de l’utilisation de l’eau par l’agriculture
irriguée se fondent généralement sur le type de ratio suivant (Burke & al. 1999), (Cai & al. 2001), en
s’appuyant donc sur des indicateurs d’efficience agronomique (Équation 17) :
Équation 17 : Indicateur d’efficience économique de valorisation de l’eau d’irrigation
𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉 ($)/ℎ𝑎𝑎
𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸𝐸 é𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐 =
𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉𝑉 𝑑𝑑′ 𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒 𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐é/ℎ𝑎𝑎
L’estimation du volume d’eau bleue consommé se fonde sur les indicateurs agronomiques définis
précédemment.
En ce qui concerne la valeur monétarisée créée par la consommation de l’eau, elle est généralement
approchée :
• Soit par la valeur ajoutée de la production agricole (qui ne tient pas compte des subventions),
• Soit par la marge brute ou encore le revenu agricole (qui tient compte des subventions).
Les indicateurs intermédiaires utilisés sont (Équation 18) :
Équation 18 : Produit brut, valeur ajoutée et revenu par hectare
𝑃𝑃𝑃𝑃/ℎ𝑎𝑎 = 𝑅𝑅 ∗ 𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝 𝑑𝑑𝑑𝑑 𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣𝑣 𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢
𝑉𝑉𝑉𝑉� 𝑃𝑃𝑃𝑃 𝐶𝐶𝐶𝐶 𝐴𝐴𝐴𝐴�
ℎ𝑎𝑎 = �ℎ𝑎𝑎 − �ℎ𝑎𝑎 − ℎ𝑎𝑎
𝑀𝑀𝑀𝑀1� 𝑉𝑉𝑉𝑉
ℎ𝑎𝑎 = �ℎ𝑎𝑎 − 𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅𝑅 + 𝐴𝐴𝐴𝐴𝐴𝐴𝐴𝐴𝐴𝐴
𝑀𝑀𝑀𝑀� 𝑅𝑅1 𝑀𝑀𝑀𝑀 𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓𝑓�
ℎ𝑎𝑎 = �ℎ𝑎𝑎 − ℎ𝑎𝑎
Avec :
PB : Produit brut ($),
R= rendement (tonnes/hectares),
Prix de vente unitaire : $/tonnes,
VA : valeur ajoutée($),
CI: consommations intermédiaires (charges en intrants, équipement loué, assurances, entretien des
équipements, frais d’électricité, d’eau, etc.),
Am : Amortissements économiques,
Red : Redistribution : Elle représente le fait que l’exploitant n’est pas propriétaire de la totalité de ses
moyens de production (rente foncière : frais de fermages, taxes foncières, frais financiers liés aux emprunts,
cotisations sociales, salaires et les charges sociales liées à l’emploi de main d’œuvre salariée,
Aides : subventions,
MOfamiliale : main d’œuvre familiale,
MB1 (ou R1): revenu ou marge brute,
MB2 (ou R2): revenu ou marge brute.
Ces différents indicateurs peuvent être ramenés au volume d’eau utilisé, en connaissant les volumes
distribués, appliqués ou consommés par hectare (indicateurs physiques et agronomiques), pour obtenir des
indicateurs de la productivité hydrique, exprimée en $/m3.
L’évaluation peut :
• Comparer la valeur créée par m3 d’eau consommée (eau d’irrigation seulement ou eau bleue et eau verte) pour
différentes productions agricoles alternatives possibles (Équation 19).
40
Équation 19 : Valeur de l’eau comparée entre cultures
𝑀𝑀𝑀𝑀𝑎𝑎 𝑀𝑀𝑀𝑀 𝑏𝑏
𝑉𝑉𝑎𝑎 = 𝐼𝐼
comparé à 𝑉𝑉𝑏𝑏 = 𝐼𝐼
Ou :
𝑀𝑀𝑀𝑀𝑎𝑎 𝑀𝑀𝑀𝑀 𝑏𝑏
𝑉𝑉𝑎𝑎′ = 𝐸𝐸
comparé à 𝑉𝑉𝑏𝑏′ = 𝐸𝐸
Avec :
a, b : cultures possibles,
V : valeur de l’eau ($/m3),
MB : marge brute ($/ha),
I : eau d’irrigation distribuée, appliquée ou consommée (m3/ha),
E : eau bleue et eau verte évapotranspirée (m3/ha).
• Comparer la valeur de l’irrigation en comparant la valeur créée par une culture irriguée à celle de la même culture
en pluvial (Équation 20) :
Équation 20 : Valeur stratégique de l’eau d’irrigation, d’après (Tardieu 1999) modifié
𝑀𝑀𝑀𝑀𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖𝑖 é − 𝑀𝑀𝑀𝑀𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝
𝑉𝑉𝑉𝑉 =
𝐼𝐼
Avec :
Vs : Valeur stratégique de l’eau d’irrigation ($/m3),
MBirrigué : Marge brute de la culture irriguée ($/ha),
MBpluvial : Marge brute de la culture pluviale qu’il est possible de faire en substitution (soit la même
culture, soit une autre), ($/ha),
I : eau d’irrigation distribuée, appliquée ou consommée (m3/ha).
Commentaires :
Dans le contexte européen ou étasunien par exemple, la plupart des productions céréalières ont une valeur
ajoutée négative, seul le revenu (ou encore la marge brute par hectare) est positif. En effet, les politiques
agricoles de l’après-guerre visaient à sécuriser l’accès à l’alimentation et éviter les pénuries, libérer un
maximum de force de travail pour l’industrie et les services, fournir des débouchés aux industries d’amont et
des matières premières pour les industries agro-alimentaires. L’abaissement des coûts de l’alimentation
constituait un moyen indirect de favoriser la compétitivité du secteur industriel. Dans le secteur des céréales,
la valeur ajoutée se crée donc essentiellement à l’amont et à l’aval de la production agricole.
L’analyse économique néoclassique se fonde, quant à elle, sur la recherche d’un équilibre parétien, qui
revient à optimiser la répartition de l’eau (ressource rare), sous contrainte, entre différents usages.
L’optimum est atteint lorsque coûts et gains marginaux s’égalisent, c’est-à-dire lorsque l'organisation des
droits et des devoirs est telle qu'il est impossible de modifier les règles et de redéfinir le système des droits et
des devoirs de façon à augmenter les attentes d'un individu représentatif sans, en même temps, diminuer les
attentes d'un autre.
L’enjeu est donc de définir les coûts économiques et financiers associés à des changements de cultures ou
de pratiques.
41
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43
VII. Table des illustrations
Encadré 1 Actualisation des coûts d’investissement .......................................................................................................................... 6
Encadré 2 : Consommations unitaires et prix de l’eau en Méditerranée ...................................................................................... 12
Équation 1 : Coût actualisé d’une mesure ............................................................................................................................................ 6
Équation 2 : Coût actualisé d’une mesure dont le coût d’investissement a été annualisé ........................................................... 6
Équation 3 : Niveau économique de fuite (ELL) ............................................................................................................................. 10
Équation 4 : L’efficience de distribution de l’eau potable selon le Plan Bleu .............................................................................. 33
Équation 5 : Le rendement des réseaux d’eau potable .................................................................................................................... 33
Équation 6 : Indicateur de performance physique des réseaux d’eau potable ............................................................................. 33
Équation 7 : Efficience d’amenée d’eau d’irrigation ........................................................................................................................ 34
Équation 8 : Efficience de distribution d’eau d’irrigation ............................................................................................................... 35
Équation 9 : Efficience du réseau d’amenée et de distribution d’eau d’irrigation....................................................................... 35
Équation 10 : Efficience d’utilisation de l’eau d’irrigation selon le Plan Bleu ............................................................................. 35
Équation 11 : Efficience classique d’application d’eau d’irrigation à la parcelle (1) ................................................................... 36
Équation 12 : Efficience classique d’application d’eau d’irrigation à la parcelle (2) ................................................................... 37
Équation 13 : Évapotranspiration maximale ..................................................................................................................................... 37
Équation 14 : Efficience effective d’application d’eau d’irrigation à la parcelle .......................................................................... 37
Équation 15 : Efficience de l’eau d’irrigation consommée dans la formation du rendement agronomique .......................... 38
Équation 16 : Efficience de l’eau d’irrigation appliquée dans la formation du rendement agronomique .............................. 38
Équation 17 : Indicateur d’efficience économique de valorisation de l’eau d’irrigation ............................................................ 40
Équation 18 : Produit brut, valeur ajoutée et revenu par hectare .................................................................................................. 40
Équation 19 : Valeur de l’eau comparée entre cultures ................................................................................................................... 41
Équation 20 : Valeur stratégique de l’eau d’irrigation, d’après (Tardieu 1999) modifié ............................................................. 41
Figure 1 : Bilan schématique du cycle de l’eau à l’échelle du bassin versant .................................................................................. 7
Figure 2 : Efficience de mobilisation et de distribution de l’eau et efficience d’utilisation de l’eau par l’usager dans les
secteurs de l’eau potable et de l’eau agricole (eau bleue) ............................................................................................................ 8
Figure 3 : Pertes à l’échelle du service d’eau potable ......................................................................................................................... 9
Figure 4 : Valorisation des économies d’eau dans les réseaux d’eau potable ............................................................................... 11
Figure 5 : Valorisation des économies d’eau chez l’usager d’eau potable .................................................................................... 13
Figure 6 : Pertes à l’échelle du service d’eau d’irrigation ................................................................................................................. 21
Tableau 1 : Part relative des prélèvements anthropiques en Méditerranée .................................................................................... 6
Tableau 2 : Les études de cas sélectionnées pour le secteur de l’eau potable .............................................................................. 14
Tableau 3 : Caractérisation des mesures, de leurs avantages et des bénéficiaires (cas du bassin de l’Ardèche, France, de
l’IPEST, Tunisie, et de la région de Karditsa, Grèce) ............................................................................................................... 15
Tableau 4 : Coûts des économies d’eau (cas du bassin de l’Ardèche-France, de la région de Karditsa-Grèce et de
l’IPEST-Tunisie) .............................................................................................................................................................................. 16
Tableau 5 : Estimation des ratios coût-efficacité des mesures envisagées sur le bassin de l’Ardèche (France) .................... 16
Tableau 6 : Évaluation coût-efficacité de différentes options de gestion de la demande en eau sur 2 territoires (Ouest
Hérault en France et Bassin du Tensift au Maroc) .................................................................................................................... 17
Tableau 7 : Évaluation coût-efficacité de différentes options de gestion de l’offre sur 2 territoires (Ouest Hérault en
France et Bassin du Tensift au Maroc) ........................................................................................................................................ 18
Tableau 8 : Les études de cas sélectionnées pour le secteur de l’eau agricole ............................................................................. 25
Tableau 9 : Caractérisation des mesures, de leurs avantages et des bénéficiaires ....................................................................... 26
Tableau 10 : Ratio coût-efficacité (CF) des mesures évaluées dans les études de cas pour le secteur de l’eau agricole
(mesures de gestion de la demande et mesures de gestion par l’offre) .................................................................................. 27
Tableau 11 : Estimation des ratios coût-efficacité des mesures envisagées sur le bassin de l’Ardèche (France) .................. 28
Tableau 12 : Ratio coût-efficacité (CE2) des mesures évaluées dans les études de cas pour le secteur de l’eau agricole
(mesures de gestion de la demande et mesures de gestion par l’offre) .................................................................................. 29
Tableau 13 : Comparaison des coûts et productivité globale des techniques d’irrigation ......................................................... 36
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