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Innovation, valorisation et protection:

les chaînons déterminants


dans le succès de la R&D
Le monde animal et le monde végétal sont des innovateurs par excellence. Par
innovation, il faudrait entendre « Produire du changement ». Pourquoi ? Parce que
sans ce changement, la vie dans les écosystèmes naturels est vouée à la
disparition. Le moteur de ce changement est la biodiversité ou la diversité
biologique. Cette dernière est la propriété fondamentale que possèdent toutes les
catégories d'êtres vivants de se présenter dans la nature sous de nombreuses et
diverses formes. Cette diversité se manifeste à tous les niveaux de la hiérarchie
biologique, depuis les molécules jusqu'aux écosystèmes en passant par les cellules,
les organes, les organismes, les espèces et les populations. Elle ne s’arrête jamais
dans le sens où elle n’est pas limitée dans l’espace et dans le temps. Des espèces
disparaissent et d’autres apparaissent à tel point que la science n’est parvenue
jusqu’à présent à identifier et à connaître parmi celles-ci qu’une faible proportion
parmi des dizaines de millions. La biodiversité est indispensable à la continuité de la
vie, car elle confère aux êtres vivants la capacité de faire face aux changements de
l'environnement. Ainsi, plus un écosystème est riche en formes de vie, plus il a les
moyens de faire face à ces changements. On peut dire alors que pour faire face au
changement, la nature crée le changement. Elle innove !

Il en est de même de l’homme, de son activité et de son environnement. Si dans la


durée, aucun changement n’intervient au niveau de chacune de ces trois
composantes, c’est le cantonnement dans la routine, la monotonie et la lassitude.
Heureusement que l’homme ne se laisse pas dépasser par cette absence d’énergie,
d’ardeur et de vivacité. Depuis qu’il existe sur terre, il n’a pas cessé d’innover sous la
pression du besoin certes, mais également sous l’impulsion de la créativité. Il est
passé, à ce propos, par plusieurs stades d’innovation : Homme primitif, Homme
artisan, Homme industriel (Homo faber), Homme technologique, Homme
économique (Homo economicus) qui pourrait être considéré comme la fusion des
trois derniers types. À chaque stade de l’évolution de l’Homme correspondent de
très nombreuses innovations touchant tous les domaines de sa vie quotidienne. Ces
dernières peuvent être matérielles (Outils, instruments, appareils, engins, matériaux,
substances, etc.) ou immatérielles (Idées, théories, courants de pensée, etc.).

L’innovation est le moteur de la vie sociale et économique. Elle a donné lieu à partir
des années 90 à ce qui est désormais appelé « Économie du savoir ou de la
connaissance ». Il s’agit de connaissances à forte valeur ajoutée et à potentiel de
commercialisation élevé. Ces connaissances sont produites dans les institutions de
recherche (Centres et universités). Leur valeur ajoutée et leur potentiel de
commercialisation résident dans le fait qu’elles peuvent être transformées en
produits, en technologies, en savoir-faire, en procédés, en matériaux nouveaux, etc.
qui peuvent conduire à la création d’entreprises, donc d’emplois et de richesses.
C’est simple, les pays qui, actuellement, trônent sur la scène internationale sur les
plans scientifique, technologique et industriel ont depuis longtemps compris l’enjeu
de l’économie du savoir et de l’innovation. Ils ont alors investi intensément dans la
recherche-développement en consacrant à cette dernière une masse d’argent
énorme variant entre 2 et 4 % de leur PIB. Ils ont également développé une culture
de valorisation de la recherche, mais en même temps une culture de propriété
intellectuelle qui est indispensable à la protection du savoir produit. Innovation,
valorisation et propriété intellectuelle sont des facteurs essentiels indissociables et
incontournables pour le succès de toute R&D.

Cependant, il est à constater que, très souvent, ces chaînons (Innovation,


valorisation et propriété intellectuelle) garants du succès de la R&D, ne sont pas
toujours présents dans les systèmes nationaux de recherche surtout dans certains
pays en développement et ce, malgré l’existence d’institutions de recherche, d’un
grand nombre de chercheurs et parfois d’un financement adéquat.

I. Quelles seraient alors les raisons de cette absence ?

Avant d’apporter une réponse à cette question, il serait utile de lever toute confusion
pouvant déformer la signification des termes et expressions utilisés couramment
dans le langage ayant un rapport avec l’innovation à savoir : Découverte, invention,
système d’innovation, recherche fondamentale, recherche appliquée, valorisation de
la recherche, interface, propriété intellectuelle, gestion de la propriété intellectuelle,
brevet, licence, redevances. Commençons tout d’abord par le concept Innovation.

A. Innovation

Sur le plan linguistique


Innover c’est introduire une chose nouvelle pour remplacer quelque chose d’ancien.
Donc, quand on dit « innovation », il s’agit d’une chose nouvelle ou différente. Ici,
l’idée centrale à retenir est la nouveauté. Il ne s’agit pas de donner la Définition de
l’innovation puisque dans la littérature, plusieurs définitions sont proposées selon le
contexte dans lequel elles ont été élaborées à savoir :

Variante 1  : On parle d’innovation lorsque la chose nouvelle ou le nouvel


élément commence à être utilisé(e) et non au moment de sa conception, c’est-à-dire
lorsqu’elle acquiert une valeur économique.
Variante 2 : L’innovation est le processus qui débute avec la création de
connaissances grâce à la recherche et se poursuit jusqu’à leur mise en application
au profit de la société.
Variante 3  : L’innovation est le processus par lequel de nouveaux avantages
économiques et sociaux sont extraits du savoir.
Variante 4  : L’innovation est le processus permettant de transformer les
connaissances en nouveaux produits, nouveaux services ou d’accroître la
productivité grâce à de nouvelles méthodes.
Variante 5  : L’innovation est le processus suivi pour générer une valeur
économique et sociale à partir des nouvelles connaissances.
Variante 6 : Innover signifie introduire dans une organisation quelque chose
de nouveau et d’inconnu dans son domaine d’activité lui procurant un avantage
concurrentiel.

Sur le plan économique


L’innovation est le processus qui consiste à commercialiser de nouveaux produits ou
services ou le résultat de ce processus.
Sur le plan du produit
L’innovation équivaut à la commercialisation d’un bien ou d’un service.

Sur le plan du procédé


L’innovation est la nouvelle façon de faire quelque chose.

B. Découverte
La découverte est l’action de faire connaître un objet ou un phénomène jusque là
caché, ignoré ou n’ayant fait l’objet d’aucune activité intellectuelle humaine.

C. Invention

L’invention consiste en la conception d’une idée, d’un moyen ou d’un instrument


servant à obtenir un résultat. Une invention est fondée ou non sur une découverte.
L’invention est à la source de l’innovation sur le plan des produits et des procédés.
Les inventions sont lancées dans le circuit commercial où l’on tente d’en faire des
innovations.

D. Système d’innovation

Un système d’innovation est un réseau d’institutions appartenant aux secteurs public


et privé dont les activités et les interactions permettent de concevoir, d’importer, de
modifier, de diffuser et d’adopter de nouvelles technologies.
Il est constitué d’entités, en l’occurrence d’entreprises, d’établissements de
recherche publics et privés et des pouvoirs publics qui interagissent par voie de
maillage. Ces entités interagissent sur les plans juridique, politique, social,
économique et commercial en mettant en jeu une circulation de l’information, de
l’argent, de matériaux, de services et de personnes. Elles obéissent à divers facteurs
comme les marchés, les collaborations et les politiques en matière de sciences et
technologie.

E. Recherche fondamentale

La recherche fondamentale, dite aussi académique, est axée sur les découvertes,
elle repose sur l’état des connaissances dans le domaine concerné à l’échelle
mondiale. Son programme de travaux est défini par les chercheurs. Sa valeur réside
dans l’importance et l’excellence de ce programme. Ses résultats sont soumis à
l’examen des pairs et publiés sans délai. Elle donne la priorité à la découverte
beaucoup plus qu’à la propriété intellectuelle.

F. Recherche appliquée

La recherche appliquée est une activité qui vise à résoudre un problème ou à obtenir
un résultat escompté, qui peut être précisé dans une large mesure, mais auquel on
ne peut parvenir dans l’état actuel des connaissances. Une recherche appliquée est
davantage conçue en fonction d’une activité économique et/ou industrielle qu’en
fonction d’une discipline. Elle peut donner lieu à des travaux de recherche relevant
de plusieurs disciplines. Son calendrier, ses étapes de réalisation, son budget, ses
produits livrables, etc. sont définis d’un commun accord par les chercheurs et leurs
partenaires. Ses résultats peuvent avoir une valeur économique et, par conséquent,
nécessiter une protection par le biais de la propriété intellectuelle.

G. Valorisation de la recherche

La valorisation de la recherche est le système grâce auquel se réalise le transfert de


technologies, de résultats ou de compétences des laboratoires vers le monde
socioéconomique. Autrement dit, c’est l’ensemble des activités mettant en relation
les laboratoires de recherche et la sphère économique et sociale.

H. Interface

Une interface est une structure, un dispositif ou un service qui a pour vocation de
prendre en charge l'ensemble des activités permettant la valorisation de la recherche
en établissant des relations mutuellement bénéfiques entre cette recherche et le
monde socio-économique. Elle a pour mission le transfert et la commercialisation
des technologies et des résultats de la recherche auprès de leurs utilisateurs
potentiels. Elle s’occupe également de la gestion financière et administrative et de
l’ingénierie des activités de valorisation de la recherche par un personnel
professionnel.

I. Propriété intellectuelle

D’une manière générale, la propriété intellectuelle (PI) est définie comme une
invention, une découverte ou une idée nouvelle qui nécessitent une protection en
vue d’une commercialisation ultérieure susceptible de générer des bénéfices pour
l’institution qui est derrière sa production. C’est un élément clé du commerce
mondial. Elle englobe :
- les inventions, les logiciels et les bases de données,
- les œuvres littéraires, artistiques, dramatiques ou musicales,
- les livres et les articles, le matériel pédagogique
- les dessins industriels, les marques de commerce,
- les topographies des circuits intégrés,
- les nouvelles obtentions végétales.

J. Gestion de la propriété intellectuelle

C’est l’ensemble des considérations et opérations qui garantissent une maîtrise et


une efficacité de la PI. Elle comprend l’appropriation des tenants et aboutissants de
la PI, la protection qui se concrétise par l’établissement de brevets, l’enregistrement
des dessins industriels, etc., la promotion qui se concrétise par les études de
marché, les plans d’affaires, les études de faisabilité, la conception de projets de
démonstration et de prototypes et enfin la commercialisation qui nécessite
l’exploitation de licence, les contrats de recherche, la consultation, etc.
K. Brevet

Le brevet est le document de reconnaissance de l’invention. C’est un titre délivré à


un inventeur pour une durée et un espace limités lui accordant une exclusivité
d’exploitation de son invention. Il permet de valoriser les résultats de la recherche et
les connaissances produites par le chercheur, de les transférer pour les mettre à la
disposition de leurs utilisateurs potentiels. Il existe deux types de brevets : brevet
d’invention et brevet d’amélioration. Le brevet est un véritable outil de
développement de la recherche. La valeur du brevet n’est pas la même dans le
monde de la recherche publique et le monde industriel. En industrie, le brevet est un
moyen pour la commercialisation des produits de la recherche. Dans le cas de la
recherche, le brevet donne lieu à une licence d’exploitation.

L. Licence

La licence est l’accord conclu avec un client en vue de l’utilisation de la PI d’une


institution moyennant le versement d’un droit ou d’une redevance ou d’autres
avantages par exemple une participation dans une société.

M. Redevance

D’une manière générale, la redevance est la somme due en contrepartie d’une


utilisation d’un service public. Dans le cas de la commercialisation des résultats de la
recherche, la redevance est le revenu produit par une licence.

N. Incubateur

L’incubateur est l’outil d’accompagnement mis au service des porteurs de projets de


création d’entreprises. Cet accompagnement intervient au stade de l’idée pour
constituer l’équipe du projet, améliorer ce dernier et élaborer son plan d’affaires afin
de permettre à son porteur, d’aller vers les financiers, les bailleurs de fonds pour
lancer son entreprise.
Après cette clarification du vocabulaire ayant une relation avec l’innovation sur les
plans linguistique et conceptuel, reposons la question déjà soulevée ci-dessus à
savoir :

II. Quelles seraient alors les raisons de cette absence dans certains pays
en développement ?

L’absence des trois chaînons ci-dessus mentionnés (Innovation, valorisation,


propriété intellectuelle) est due à plusieurs facteurs parmi eux :

A. L’inexistence de système d’innovation tel qu’il a été défini plus haut

Si un tel système devait avoir une existence officielle, c’est-à-dire, avoir une
reconnaissance institutionnelle, ce serait sur la base d’une plate forme juridique. Or
si, dans la plupart des cas, la recherche elle-même n’a jamais fait l’objet d’une
reconnaissance institutionnelle, il est difficile, voire illusoire, de dire que ce système
existe. Ce n’est pas parce que quelque part dans une université ou un centre de
recherche, on est parvenu à une vraie innovation que l’on peut dire qu’il existe un
système d’innovation. Ce genre de situation, louable, est à mettre sur le compte de
l’initiative personnelle (heureusement qu’elle existe.) Ce sont des cas isolés et rares
qui sont le fruit de la volonté de personnes dévouées et actives et aucunement d’une
activité institutionnalisée. Par ailleurs, il est vraiment rarissime que ce genre
d’initiative débouche sur une quelconque commercialisation.
Par ailleurs, quand on parle de système d’innovation, on parle de réseau
d’institutions. Comment peut-on parler de réseau d’institutions alors que la recherche
elle-même ne fait l’objet d’aucune coordination que ce soit au niveau national et au
niveau de ces dernières elles-mêmes ? En tout cas, le système d’innovation tel qu’il
est défini internationalement peine à exister dans de nombreux pays en
développement. S’ajoute à cela qu’un système d’innovation pour être efficace
suppose l’existence de relations de collaboration étroites entre, d’une part, les
centres de recherche et les universités et, d’autre part, l’environnement
socioéconomique notamment le secteur privé. Or qui dit secteur privé dit recherche
appliquée.

B. La recherche appliquée est le parent pauvre des systèmes nationaux de


recherche

Comme cela a été précisé dans la définition ci-dessus, la recherche appliquée


n’existe pas sans partenaire social, économique, industriel, technologique, etc. Elle
répond à un besoin de solutions spécifiques recherchées par ce partenaire. Faire de
la recherche appliquée sans donneur d’ordre pourrait correspondre à une perte de
temps et d’argent. Sans preneur, cette recherche donnera lieu au mieux à une
publication. Quand on sait que le partenariat Université/Entreprise est faible dans de
nombreux pays en développement, il est difficile d’admettre que les universités
pratiquent la recherche appliquée. Là encore, des initiatives isolées louables
peuvent exister, mais elles se font rares et en dehors de tout cadre organisé
incitatives et motivantes.
Par ailleurs, par manque de confiance, les entreprises ont tendance à opter pour des
solutions clé en main en ayant recours aux services de partenaires étrangers. Les
centres de recherche doivent avoir des références et des success story solides en
matière de recherche appliquée pour gagner cette confiance. On est loin de cette
situation dans une majorité de cas.

C. La culture de la valorisation de la recherche ne trouve pas la place


qu’elle mérite dans les systèmes nationaux de recherche

Parler d’une culture de valorisation de la recherche, c’est évoquer des savoirs et des
savoir-faire en la matière, qui devraient traverser tout système national de recherche
en long et en large. C’est dire aussi que c’est une préoccupation des responsables
des institutions de recherche et des producteurs du savoir. Avec toute la bonne
volonté de ces responsables, cette culture peine à s’installer dans les habitudes.
Cette situation est tout à fait normale puisqu’il est difficile d’imaginer une valorisation
des résultats d’une recherche appliquée quand cette dernière est balbutiante voire à
l’état embryonnaire.
Par ailleurs, la valorisation, en tant que fonction faisant partie intégrante du système
d’innovation, ne peut être viable en dehors de ce système. Toutes les tentatives,
malgré l’acharnement des responsables et des chercheurs, n’ont pas abouti pour la
simple raison qu’elles ont été engagées dans un environnement non structuré. Là
encore, les initiatives rarissimes éminemment louables sont à mettre sur le compte
de prérogatives personnelles.
Comme cela a été signalé pour la recherche appliquée, il n’y a pas de valorisation
sans partenaires socioéconomiques. Ces derniers préfèrent la sous-traitance en
faisant appel aux compétences et expertises étrangères.

D. Manque ou défaillance des structures d’interface

L’absence d’une culture de valorisation et d’un système d’innovation ne favorise


aucunement la mise en place des structures d’interface. Cependant, des tentatives
ont eu lieu çà et là, mais pour plusieurs raisons, elles n’ont pas réussi à remplir leur
mission ou si elles continuent d’exister, ce n’est en tout cas pas pour la valorisation
de la recherche.
L’une des raisons réside dans le fait qu’elles ont été implantées dans un
environnement qui ne leur est pas favorable (Absence de base juridique, situation
floue dans la structure administrative, recherche très peu structurée, rapports non
clairs avec l’administration, avec les chercheurs, etc.). Autrement dit, ce sont des
structures introduites dans un milieu où la valorisation de la recherche n’est pas une
priorité.
S’ajoute à tout cela le manque de professionnalisme que nécessite ce genre de
structures pour la réussite de leurs missions. Il se trouve que le personnel qui gère
les interfaces se compose de cadres purement administratifs qui n’ont pas le recul
nécessaire ni dans le domaine de la gestion de la recherche ni dans celui de la
commercialisation de ses résultats. Il est bien dit dans la définition ci-dessus
mentionnée que parmi les fonctions de l’interface, il y a : le transfert et la
commercialisation des technologies et des résultats de la recherche, la gestion
financière et administrative et de l’ingénierie des activités de valorisation (Études de
marché, plans d’affaires, études de faisabilité, projets de démonstration, prototypes,
exploitation de licence, etc.). Même un enseignant chercheur ne peut s’acquitter de
ces missions sans une formation spécialisée approfondie. Par ailleurs, même si le
personnel est bien formé, sans incitations et sans motivations, il ne sera pas
productif dans une structure non réglementée. Faire des interfaces des structures
purement administratives est en contradiction avec leur principale mission de
démarchage.

E. La propriété intellectuelle, loin d’être une culture, est une affaire


d’individus

La valorisation de la recherche et la propriété intellectuelle sont deux éléments


indissociables. Des centres de recherche et des universités ont bien déposé des
brevets, aussi rares soient-ils, auprès des structures compétentes. Mais de là à dire
qu’il existe une culture de la propriété intellectuelle, cela revient à ne pas reconnaître
la situation réelle dans laquelle, elle se trouve.
En effet, déposer un brevet est une opération nécessaire et obligatoire dans la
perspective de son exploitation. Cependant, dans un contexte où la propriété
intellectuelle n’est pas encadrée, il est difficile de savoir qui fait quoi. Un flou persiste
quant au propriétaire du brevet. Juridiquement parlant, est-ce le chercheur, l’équipe,
le laboratoire, l’établissement, l’université ? Tantôt, le brevet est déposé au nom du
chercheur, tantôt au nom du laboratoire, de l’établissement, de l’université, etc. Qui
va bénéficier des royalties, des redevances ? Tout cela est laissé à l’initiative des
uns et des autres.

Cette situation inconfortable est tout à fait normale dans un environnement où la


culture de la propriété intellectuelle est absente. Quand on dit culture, il s’agit de
mécanismes et de processus qui doivent concerner l’ensemble des universités et
centres de recherche dans le sens de la maîtrise de ces mécanismes et processus
en amont et en aval du brevet. En d’autres termes, il ne suffit pas de déposer un
brevet. L’étape la plus importante sur le plan des profits qu’on peut en tirer est son
exploitation. Là encore, des tentatives très rarissimes et timides ont eu lieu, mais
sans aller loin.

En conclusion, il est difficile de parler d’innovation en tant que système au sein


d’institutions de recherche. La première exigence d’un tel système est l’existence
d’un partenariat fort notamment avec le secteur privé et où les intérêts sont mutuels.
Or ce partenariat en matière de recherche est forcément faible pour la simple raison
que les acteurs économiques et industriels ne considèrent pas la contribution au
financement de cette recherche comme un investissement à rendement immédiat
surtout dans un environnement où celle-ci apparaît comme une fonction
partiellement ou pas du tout reconnue. La deuxième exigence est l’implication
gouvernementale à travers la mise en place d’incitations encourageant les donneurs
d’ordre privés à recourir aux services des universités et des centres de recherche.
Malgré ces incitations, il ne faut pas perdre de vue que le secteur privé ne
déboursera aucun sou au profit de la recherche tant qu’il n’est pas convaincu que
l’innovation est un enjeu économique et politique. Économique parce que les
retombées de l’innovation promue dans un cadre partenarial concerté sont énormes.
Politique parce que, d’une part, l’engagement gouvernemental est déterminant et
rassurant vis-à-vis des acteurs économiques et, d’autre part, l’innovation est une
richesse ou une marchandise susceptible d’être exportée. Convaincre le secteur
privé passe par l’instauration d’un dialogue profond entre celui-ci, les autorités
gouvernementales concernées, les universités et les centres de recherche.

En plus des incitations fiscales ou autres, les gouvernements devraient également


s’engager à élaborer une politique de l’innovation en concertation avec les acteurs
publics et privés. Il devrait aussi aider les universités et les centres de recherche à
promouvoir la culture de la valorisation de la recherche et de la propriété
intellectuelle. Les universités et les centres de recherche devraient de leur côté
professionnaliser ces deux dernières fonctions ou les externaliser et orienter la
recherche vers le regroupement des chercheurs, la masse critique, la
complémentarité, la pluridisciplinarité et la mutualisation. Ils devraient également
pousser les chercheurs à s’intéresser à l’innovation et à la valorisation en prenant
par exemple en compte cette dernière dans les plans de carrière et en la considérant
comme un critère d’évaluation. Sans oublier la distribution équitable des revenus de
la propriété intellectuelle.

Tout cela devrait se faire sur fond de reconnaissance de la recherche comme un


bien générateur de richesses, et ce, en la dotant d’un cadre juridique (donc d’un
statut) visant son organisation, sa structuration, son orientation, sa planification, son
financement, sa valorisation, son évaluation et sa coordination. Le statut de la
recherche est un tout. Vouloir le traiter en donnant de l’importance à une partie de ce
tout au détriment des autres, c’est camoufler la réalité.

C’est malheureusement ce qui se passe actuellement où le dysfonctionnement de la


recherche est imputé au seul financement. Faut-il le dire et le répéter que le
problème de la recherche dans de nombreux pays en développement est un
problème de gouvernance (Statuts de la recherche, de l’enseignant chercheur, du
chercheur, régulation, organisation, structuration, masse critique, planification,
orientation [articulation avec les besoins nationaux], coordination, évaluation,
motivation, valorisation, coopération gagnant-gagnant, etc. Le financement seul ne
résoudra pas les problèmes de la recherche. Bien au contraire, il risque, s’il est
accordé dans un cadre désorganisé, de se transformer en financement à fonds
perdu. Agir ainsi, c’est retarder et pour longtemps l’adhésion des pays en
développement à la société du savoir.

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