Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
RR
LUPUS ÉRYTHÉMATEUX
DISSÉMINÉ. SYNDROME DES
ANTI-PHOSPHOLIPIDES
Pr Olivier Fain1, Dr François Chasset2, Dr Amir Adedjouma1, Dr Arsène Mekinian1
1. Service de médecine interne, hôpital Saint-Antoine (AP-HP), Sorbonne Université, Paris, France
2. Service de dermatologie, hôpital Tenon, Sorbonne Université, Paris, France
olivier.fain@aphp.fr
L
e lupus érythémateux systémique (ou disséminé) est une
maladie auto-immune touchant préférentiellement la
Manifestations cliniques Fréquence (%)
femme jeune, et responsable d’une atteinte polyviscérale
(ou multisystémique). Fièvre 60
L’atteinte d’un ou plusieurs « systèmes » peut être simultanée Atteinte articulaire 90
ou apparaître au fur et à mesure. L’évolution se fait par poussées. Peau 80
Le lupus systémique est une maladie chronique prise en charge
Rein 70
dans le cadre des 30 affections de longue durée, au titre de
l’ALD21. Pleurésie 40
Péricardite 30
Manifestations articulaires
Elles sont inaugurales dans 50 % des cas. Il s’agit le plus sou-
vent d’arthralgies touchant préférentiellement les articulations
métacarpo-phalangiennes, interphalangiennes proximales, les
genoux, les chevilles ou de façon plus rare des arthrites pouvant
ressembler à une polyarthrite rhumatoïde. À la différence de la
polyarthrite rhumatoïde, les déformations sont exceptionnelles
(main de Jaccoud) et il n’y a jamais d’érosions ou de destruction
articulaire. Les anticorps antipeptides citrullinés (anti-CCP),
marqueurs caractéristiques de la polyarthrite rhumatoïde, sont
absents au cours du lupus.
Les ostéonécroses aseptiques (tête humérale ou fémorale)
surviennent dans 10 % des cas et sont essentiellement la consé-
quence de la corticothérapie, mais doivent faire rechercher la FIGURE 2 Lupus cutané subaigu avec plaques érythémateuses, annulaires,
présence d’anticorps antiphospholipides. associées à la présence d’anticorps anti-SSA.
Manifestations cutanées
Le lupus cutané subaigu est caractérisé par des lésions papulo-
Les manifestations cutanées sont la deuxième atteinte la plus squameuses ou annulaires, photosensibles, prédominant le plus
fréquente, après l’atteinte articulaire. Elles touchent jusqu’à 75- souvent dans le dos, sur le tronc et les parties externes des bras.
80 % des patients au cours du lupus érythémateux systémique (fig. 2) L’atteinte du visage est possible, mais la zone centrale du
et sont révélatrices dans 20 % des cas. Cependant, certains visage est le plus souvent épargnée. Les anticorps anti-SSA
patients présentent une atteinte cutanée isolée appelée lupus sont présents dans 80 % des cas. L’association à un lupus sys-
érythémateux cutané. La photosensibilité, fréquente, est plus le témique s’observe dans environ 50 % des cas et l’atteinte sys-
fait des ultraviolets de type B (UVB) que des UVA. Les atteintes témique est souvent de gravité modérée.
cutanées spécifiques sont classées en lupus aigu, subaigu et Le lupus discoïde est la principale forme de lupus chronique. Il se
chronique. présente par une éruption érythémato-squameuse, infiltrée et à
Le lupus aigu se présente le plus souvent par une atteinte du évolution cicatricielle et atrophique par rapport aux autres sous-
visage, œdémato-papuleuse, en aile de papillon (ou vespertilio), types de lupus cutané. Il peut se voir dans des lupus essentiel-
parfois discrètement squameuse siégeant sur le visage dans les lement cutanés et prédomine sur le visage.
régions malaires (fig. 1). En cas d’atteinte diffuse, les lésions L’alopécie cicatricielle est habituellement la conséquence d’une
touchent souvent le dos des mains en respectant la zone inter- localisation du lupus discoïde du cuir chevelu ; elle est circonscrite
articulaire. Une association à un lupus systémique s’observe dans en plaques (fig. 3). Le lupus aigu est responsable d’une alopécie
plus de 95 % des cas. diffuse (effluvium télogène).
FIGURE 1 Lupus aigu avec aspect en vespertilio apparu en fin de grossesse. FIGURE 3 Plaque d’alopécie au cours du lupus discoïde.
TABLEAU 2
D’autres manifestations cutanées non spécifiques sont décrites : Classification des atteintes rénales du lupus
le syndrome de Raynaud, l’urticaire ainsi que le livedo et des lésions (International Society of Nephrology, 2004), d’après le PNDS 2017
de vascularite, en particulier la vascularite urticarienne, et de façon
exceptionnelles les vascularites distales des mains. Classe I Glomérulonéphrite lupique avec atteinte mésangiale minime
La biopsie de lésions cutanées spécifiques met en évidence Glomérule normal en microscopie optique, avec dépôts mésangiaux
une dermite d’interface et un infiltrat inflammatoire lymphocytaire en IF
périvasculaire et péripilaire. L’étude en immunofluorescence révèle
Classe II Glomérulonéphrite lupique mésangiale proliférative
des dépôts d’immunoglobulines et de complément à la jonction Hypercellularité mésangiale pure en MO avec dépôts mésangiaux
dermo-épidermique en peau malade et en peau saine exposée en IF
(bande lupique).
Classe III Glomérulonéphrite lupique focale (= touchant moins de 50 %
des glomérules)
Manifestations rénales
Classe IV Glomérulonéphrite lupique diffuse (= touchant plus de 50 %
Les néphropathies lupiques sont associées à une augmentation des glomérules)
de la morbi-mortalité, avec une évolution vers l’insuffisance rénale Prolifération endocapillaire ± extracapillaire, typiquement
avec des dépôts sous-endothéliaux, active (A) et/ou inactive (C),
chronique terminale estimée à 20 % à 10 ans, ce qui en fait l’une
avec ou sans altérations mésangiales.
des atteintes d’organe les plus graves dans le lupus érythémateux
disséminé. L’atteinte histologique est très fréquente (70-80 % Classe V Glomérulonéphrite lupique extramembraneuse
des lupus) lorsque des biopsies rénales sont réalisées de façon Dépôts sous-épithéliaux, globaux ou segmentaires, en MO ou en IF
ou en microscopie électronique. Les dépôts sous-épithéliaux doivent
systématique (ce qui n’est pas justifié en l’absence de point
toucher plus de 50 % de la surface glomérulaire dans plus de 50 %
d’appel). L’atteinte rénale survient dans les premières années
des glomérules en microscopie optique
d’évolution (plus de 50 % la première année). Il s’agit essentiel-
lement de glomérulopathies révélées par une protéinurie (allant Classe VI Glomérulonéphrite lupique scléreuse avancée
jusqu’au syndrome néphrotique), une hématurie et plus rarement Plus de 90 % des glomérules sont globalement sclérosés sans
activité résiduelle.
une insuffisance rénale, une hypertension artérielle. Les signes
orientant vers une forme grave d’atteinte rénale (gloméruloné- Pour les classes IV, on distingue également le caractère :
phrite proliférative) sont la présence d’une hématurie, d’une insuf SEGMENTAIRE (S) : si la majorité des glomérules sont touchés sur moins
fisance rénale ou d’une hypertension artérielle associée à une de 50 % de leur surface, ou GLOBAL (G) : si la majorité des glomérules sont
augmentation des anticorps anti-ADN et un abaissement du touchés sur plus de 50 % de leur surface.
complément (C3). Cependant, il n’y a pas de corrélation absolue
entre la clinique, la biologie et l’histologie, d’où l’intérêt de réaliser
une biopsie rénale en cas d’insuffisance rénale ou d’anomalie du de la troponine ultrasensible. L’examen de référence est alors
sédiment urinaire (protéinurie, hématurie). l’imagerie par résonance magnétique (IRM) cardiaque qui permet
Six stades d’atteinte rénale sont décrits (tableau 2), avec leurs d’évaluer la viabilité du myocarde.
présentations cliniques (tableau 3). La gravité vient des formes
prolifératives de stades III et IV avec une évolution possible vers Manifestations neuropsychiatriques
l’insuffisance rénale terminale. Le traitement est fondé sur l’asso
ciation de corticoïdes et d’immunosuppresseurs (le mycophénolate Ce sont les crises comitiales, des troubles psychiatriques (psy-
tend à remplacer le cyclophosphamide). chose) et des complications du syndrome des antiphospholipides
(accident vasculaire cérébral, chorée, migraines, myélopathie).
Atteintes des séreuses D’autres manifestations sont plus rares (méningite aseptique
sous anti-inflammatoires non stéroïdiens [AINS], trouble de l’humeur
La pleurésie est habituellement unilatérale. La ponction pleurale et du comportement). Les neuropathies périphériques sont ex-
montre un exsudat lymphocytaire, les anticorps antinucléaires ceptionnelles (tableau 4).
(AAN) sont augmentés dans le liquide pleural et le complément
y est abaissé. Autres signes cliniques
La péricardite est responsable de douleurs thoraciques et est
objectivée par l’échographie cardiaque. Elle est exceptionnelle- Ce sont la fièvre, mais sa présence doit faire rechercher en
ment compliquée de tamponnade ou de constriction. Une myo- premier lieu une complication infectieuse, des adénopathies, une
péricardite doit être absolument recherchée, bien qu’exception- splénomégalie qui sont cependant rarement au premier plan et
nelle, car il s’agit d’une complication sévère. Il existe une élévation rarement volumineuses.
Syndrome néphrotique ❚❚Syndrome œdémateux ❚❚Protéinurie massive (> 3 g/24 h) ❚❚Glomérulonéphrite lupique
❚❚Complications thromboemboliques ❚❚Hypo-albuminémie (< 30 g/L) de classe V (parfois classe III ou IV)
❚❚Insuffisance rénale et hématurie
microscopique inconstantes
Syndrome de glomérulonéphrite ❚❚Symptômes extrarénaux du lupus ❚❚Dégradation rapide de la fonction rénale ❚❚Glomérulonéphrite lupique
rapidement progressive ❚❚Vascularite lupique ❚❚Hématurie microscopique et protéinurie de classe III (ou IV)
❚❚Oligo-anurie dans certains cas le plus souvent modeste (1-3 g/24 h)
Micro-angiopathie thrombotique ❚❚Hypertension artérielle sévère ❚❚Anémie hémolytique mécanique ❚❚Lésions de micro-angiopathie
et syndrome des antiphospholides ❚❚Signes neurologiques ❚❚Thrombopénie thrombotique
catastrophique ❚❚Thromboses artérielles ou veineuses ❚❚Présence d’anticorps anticardiolipine ❚❚Thromboses artériolaires
ou anti-b2GP1(parfois)
❚❚Protéinurie parfois minime, tout comme
l’hématurie
Néphropathie tubulo-interstitielle ❚❚Syndrome sec en rapport avec un ❚❚Protéinurie de faible débit, leucocyturie, ❚❚Infiltration cellulaire interstitielle
syndrome de Gougerot-Sjögren présence d’anticorps anti-SSA ou
anti-SSB
Anti-SAA : serum amyloid A ; anti-SSB : serum amyloid serum amyloid B ; anti-b2GP1 : anti-bêta2glycoprotéine 1.
TABLEAU 4
TABLEAU 6
rénale, notamment la fraction C3, ou du fait de la présence érythémateux systémique
d’une cryoglobulinémie : baisse du C4. Le C3 est inversement
(d’après le Protocole national de diagnostic et de soins, 2017)
corrélé au degré d’insuffisance rénale et à la protéinurie. La baisse
du C3 et l’augmentation des anticorps anti-ADN sont prédictifs 1 Rash malaire
d’une atteinte rénale. Les déficits congénitaux en certaines frac-
tions complément sont associés au lupus : le déficit en C4 s’ob- 2 Lupus discoïde
serve dans 50 % des lupus, le déficit en C2 est plus rare et es- 3 Photosensibilité
sentiellement le fait de lupus familiaux.
4 Ulcérations orales ou nasopharyngées
Diagnostic et diagnostics différentiels 5 Arthrites non érosives touchant au moins 2 articulations périphériques,
caractérisées par une douleur, un gonflement ou un épanchement
Le diagnostic est établi sur l’association de manifestations cli-
6 Pleurésie ou péricardite
niques et biologiques : 4 critères de classification de l’American
College of Rheumatology (ACR) sont requis (tableau 6). Ces critères 7 Protéinurie persistante > 0,5 g/j ou cylindrurie
ont été modifiés en 2012 (tableau 7). Le diagnostic peut être posé
8 Convulsions ou psychose (en l’absence de cause médicamenteuse ou
en cas de glomérulonéphrite lupique associé à la présence d’anti
métabolique)
corps antinucléaires (AAN) ou d’anti-ADN. À un instant donné, toutes
les manifestations ne sont pas présentes mais elles peuvent ap- 9 Atteinte hématologique :
paraître au cours de l’évolution. Il faut donc savoir évoquer ce ❚❚Anémie hémolytique, ou
diagnostic devant un certain nombre de situations : polyarthrite, ❚❚Leucopénie < 4 000/µL constatée à 2 reprises, ou
❚❚Lymphopénie < 1 500/µL constatée à 2 reprises, ou
glomérulopathie, cytopénie auto-immune, sérite… Se pose alors
❚❚Thrombopénie < 100 000/µL, en l’absence de drogues cytopéniantes
le problème des diagnostics différentiels de ces atteintes (tableau 8).
Certaines anomalies sont très spécifiques du lupus érythémateux 10 Titre anormal d’anticorps antinucléaires par immunofluorescence
systémiques : anti-ADN et anti-Sm, baisse du C3, dépôts d’immuno (en l’absence de drogues inductrices)
globulines et de complément sur la biopsie cutanée et rénale.
11 Perturbations immunologiques :
❚❚Titre anormal d’anticorps anti-ADN natif, anticorps anti-Sm, ou présence
Lupus, contraception et grossesse d’anticorps antiphospholipides : sérologie syphilitique dissociée constatée
à 2 reprises en 6 mois ou anticoagulant circulant de type lupique ou titre
Les œstrogènes et la grossesse entraînent des poussées lupiques. anormal d’anticorps anticardiolipine en IgG ou IgM
Le lupus peut être révélé au cours d’une grossesse ou dans le
La présence d’au moins 4 des 11 critères « de classification » proposés
post-partum. par l’American College of Rheumatology (ACR) permet d’affirmer
Habituellement, la fertilité des patientes lupiques est similaire l’existence d’un lupus systémique avec une sensibilité et une spécificité
à celle de la population générale, en dehors des traitements par de 96 %. Ces critères, qui surreprésentent les items dermatologiques, sont
cyclophosphamide ou en cas d’insuffisance rénale sévère. des critères de classification et ne doivent pas être utilisés dans un but
L’augmentation des pertes fœtales est essentiellement la consé- diagnostique à l’échelon individuel (par exemple : le diagnostic de lupus
systémique pourra être posé chez un patient avec une polyarthrite, des
quence d’un syndrome des antiphospholipides associés. anticorps antinucléaires et des anticorps anti-Sm alors qu’il n’a que
Une grossesse au cours du lupus est possible, mais elle doit 3 critères ACR). Ils ne sont notamment pas pertinents pour identifier un éventuel
être programmée. Un délai de 1 an après une poussée viscérale lupus systémique chez un malade porteur d’un syndrome des antiphospholipides.
sévère notamment rénale, et uniquement si la poussée est
contrôlée, est indispensable. La grossesse est contre-indiquée
en cas d’insuffisance rénale sévère, d’hypertension artérielle non La contraception œstroprogestative est contre-indiquée ; seuls
contrôlée et d’hypertension artérielle pulmonaire. Les traitements sont autorisés les macroprogestatifs. (acétate de chlormadinone
du lupus (prednisone et hydroxychloroquine) ne doivent pas être [Luteran]) et en second lieu les microprogestatifs. Le stérilet au
arrêtés, mais les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) et cuivre est plutôt déconseillé du fait du risque infectieux sous
le mycophénolate mofeétil sont contre-indiqués pendant la corticothérapie et traitement immunosuppresseur et du risque
grossesse. Le seul immunosuppresseur autorisé en cas de hémorragique sous anticoagulant (en cas de syndrome des
grossesse lupique est l’azathioprine. antiphospholipides [SAPL] associé). Le stérilet à la progestérone
La contraception est indispensable surtout lorsque la maladie et les implants progestatifs sont autorisés. Le traitement hormonal
n’est pas contrôlée et sous immunosuppresseurs (cyclophos- substitutif de la ménopause est contre-indiqué (risque de poussée
phamide et mycophénolate mofétil). lupique et risque thrombotique).
Critères cliniques
1 Lupus cutané aigu (incluant au moins l’un des critères suivants) 7 Atteinte rénale :
❚❚Érythème malaire (ne compte pas si lupus discoïde), ❚❚Rapport protéinurie / créatinine urinaire (ou protéinurie des 24 h) représentant
❚❚Lupus bulleux, une protéinurie > 500 mg/24 h (la bandelette urinaire est supprimée)
❚❚Nécrolyse toxique épidermique lupique, OU cylindres hématiques
❚❚Éruption maculo-papuleuse lupique,
8 Atteinte neurologique
❚❚Éruption lupique photosensible en l’absence de dermatomyosite,
OU lupus cutané subaigu (lésions psoriasiformes ou polycycliques ❚❚Convulsions
non indurées résolutives sans cicatrices, ou parfois avec une dépigmentation ❚❚Psychose
post-inflammatoire ou des télangiectasies) ❚❚Mononévrite multiple en l’absence d’autre cause connue comme une
vascularite primitive
2 Lupus cutané chronique (incluant au moins l’un des critères suivants) ❚❚Myélite
❚❚Lupus discoïde classique : ❚❚Neuropathie périphérique ou atteinte des nerfs crâniens en l’absence
➙ localisé (au-dessus du cou) d’autre cause connue comme une vascularite primitive, infection et diabète,
➙ généralisé (au-dessus et en dessous du cou) ❚❚Syndrome confusionnel aigu en l’absence d’autres causes (toxique,
❚❚Lupus hypertrophique ou verruqueux métabolique, urémique, médicamenteuse)
❚❚Panniculite lupique ou lupus cutané profundus
9 Anémie hémolytique
❚❚Lupus chronique muqueux
❚❚Lupus tumidus 10 Leucopénie (< 4 000/mm3, un épisode suffit) en l’absence d’autre cause connue
❚❚Lupus engelure (syndrome de Felty, médicaments, hypertension portale…)
❚❚Forme frontière lupus discoïde / lichen plan OU lymphopénie (< 1 000/mm3 , un épisode suffit) en l’absence d’autre cause
3 (corticothérapie, médicaments, infections)
Ulcères buccaux
❚❚Palatins 11 Thrombopénie (< 100 000/mm3, un épisode suffit) en l’absence d’autre cause
❚❚Bouche (médicaments, hypertension portale, purpura thrombocytopénique thrombotique)
❚❚Langue
OU ulcérations nasales en l’absence d’autre cause telle que vascularite, Critères immunologiques
maladie de Behçet, infection (herpèsvirus), maladie inflammatoire chronique
1 Titre d’anticorps antinucléaires supérieurs à la norme du laboratoire
intestinale, arthrite réactionnelle et acides
2 Anticorps anti-ADN natif supérieurs à la norme du laboratoire (> 2 fois la dilution
4 Alopécie non cicatricielle (éclaircissement diffus de la chevelure ou fragilité
de référence si test ELISA)
capillaire avec mise en évidence de cheveux cassés) en l’absence d’autres
causes comme une pelade, des médicaments, une carence martiale et une 3 Présence d’un anticorps dirigé contre l’antigène Sm
alopécie androgénique
4 Anticorps antiphospholipides positifs déterminés par
5 Synovite impliquant plus de deux articulations, caractérisée par un gonflement ❚❚Présence d’un anticoagulant circulant
ou un épanchement ❚❚Sérologie syphilitique faussement positive
OU arthralgies de plus de 2 articulations avec dérouillage matinal ❚❚Anticorps anticardiolipine (IgA, IgG, or IgM) à un titre moyen ou fort
de plus de 30 minutes ❚❚Anticorps anti-ß2-glycoprotéine1 (IgA, IgG, or IgM)
AAN = anticorps antinucléaires ; anti-ADNdb = antiADN double brin ; ELISA = enzyme-linked immunosorbent assay ; RPR = rapid plasma reagin.
Traitement
TABLEAU 8
––SAPL avec thromboses veineuses ; Le syndrome catastrophique des antiphospholipides est une
––SAPL avec thromboses artérielles et atteintes microvasculaires défaillance multiviscérale, avec souvent hypertension artérielle
(livedo, comitialité, néphropathie, valvulopathies) ; maligne, secondaire à des thromboses multiples touchant dans
––SAPL obstétricaux. un délai de moins d’une semaine plus de trois organes (reins,
Un sujet ayant fait une thrombose veineuse est plus à risque poumons, système nerveux central, peau) associée à une
de récidive de thrombose veineuse ; de même pour les throm- thrombopénie, une coagulation intravasculaire disséminée. Les
boses artérielles et les manifestations obstétricales, bien qu’une facteurs déclenchants sont les infections, l’arrêt des traitements
même malade puisse faire des thromboses veineuses et des anticoagulants ou antiagrégants. La mortalité à court terme est
complications obstétricales. de 50 %.
2 Anticorps anticardiolipines (IgG et/ou IgM) présents à au moins 2 reprises, Intérêt de la recherche des anticorps
à un titre intermédiaire ou élevé (> 40 UGPL ou MPL, ou > 99e percentile), antiphospholipides et diagnostics différentiels
mesuré par une technique ELISA standardisée La recherche d’APL fait partie des examens à demander devant
3 Anticorps anti-b2GPI (IgG ou IgM) présents à un titre > au 99 percentile, à
e une thrombose artérielle ou veineuse sans facteur favorisant
au moins 2 reprises, à 12 semaines d’intervalle selon une technique ELISA surtout si la localisation est inhabituelle et qu’il s’agit d’un sujet
standardisée jeune, au même titre pour les thromboses veineuses que l’anti-
thrombine III, les protéines C et S, la mutations Leiden du facteur V
l Les critères de SAPL sont remplis si au moins 1 critère clinique et 1 critère
et la mutation de la prothrombine. Cette recherche est également
biologique sont présents.
utile devant des manifestations obstétricales (tableau 10), notam-
l Le critère biologique doit être présent sur 2 examens au moins à 12 semaines
d’intervalle, entre 12 semaines et 5 ans après l’événement clinique.
ment des pertes fœtales lorsqu’il n’existe pas de causes anato-
miques, hormonales ou chromosomiques évidentes. La présence
d’anticorps antiphospholipides se rencontre dans de nombreuses doses en présence d’APL asymptomatiques. La prévention des
circonstances (tableau 9). Leur persistance à 12 semaines est complications obstétricales fait appel à l’association aspirine à
nécessaire pour poser le diagnostic de SAPL. faibles doses et héparine de bas poids moléculaire à dose
Le traitement du syndrome des antiphospholipides est basé préventive à initier dès le début de la grossesse. L’efficacité est
sur le traitement anticoagulant et notamment les antivitamine-K. de l’ordre de 80 %.•
Le traitement des thromboses veineuses ou artérielles est le même
O. Fain déclare être conseiller scientifique auprès des laboratoires Shire, Behring ;
que celui de toute thrombose, avec cependant des durées très avoir reçu des financements pour des congrès à l’étranger par les laboratoires Shire,
Behring, GSK, Pfizer et Novartis.
prolongées (à vie) avec des objectifs d’INR entre 2 et 3 (2,5 dans les F. Chasset déclare avoir participé à un board organisé par GSK.
thromboses veineuses, 3 dans les thromboses artérielles). Il n’y a A. Adedjouma déclare n'avoir aucun lien d'intérêts.
A. Mekinian déclare avoir été pris en charge lors de congrès par LFB, Genzyme,
pas de consensus sur la prophylaxie primaire par aspirine à faibles Roche et Chugai.